Actions

Work Header

Rating:
Archive Warning:
Category:
Fandom:
Relationship:
Characters:
Additional Tags:
Language:
Français
Stats:
Published:
2021-10-31
Completed:
2021-10-31
Words:
3,785
Chapters:
5/5
Comments:
34
Kudos:
55
Bookmarks:
5
Hits:
836

Les Yeux dans la Nuit

Summary:

fic illustrée d'Halloween en collaboration avec tumblr user @pigeonneaux !

Chapter Text

- Mais enfin qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, moi ! C’est quand même pas de chez moi qu’ils viennent les loups que je sache !

- Alors là sire, si vous comptez nous rembarrer comme ça, je vous préviens hein, ça va être révolte du monde paysan et pis ça va être vite vu hein !

Arthur se passa la main sur le visage. Des histoires de chèvres à n’en plus finir, des digressions à s’en râper les noyaux sur du crépi… Il en avait marre, c’était la fin de l’après-midi, un vent frais s’était levé et la nuit commençait déjà à tomber. La fin de l’automne serait rude. Surtout si les paysans commençaient à faire du grabuge.

- Mais l’écoutez pas sire, depuis le début je vous dis qu’il raconte que des fadaises avec ses chèvres.

- Comment des fadaises ?! Non mais sire, non mais alors mais c’est inadmissible d’entendre des choses pareilles ! Vous vous êtes pas fait bouffer vos chèvres vous ? Qu’est-ce vous foutez là alors ?

- Si m’sieur, merci bien ! Mais je sais très bien que c’est vous qui envoyez vos clebs moisis sur mes biquettes, et alors là ya affront ! Sire, vous allez faire quelque chose ou bien ?

- Merde ! Là.

Roparzh et Guethenoc se regardèrent. Laissant à peine à Arthur le temps de souffler, Guethenoc reprit :

- Sire, y a non assistance, là, y a non assistance ! Une bestiole grande trois fois comme moi qui vient rôder sur les fermes ! Un machin immense, dégénéré, le naseau fumant vous avez jamais vu ça !

- Mais qu’est-ce que vous me racontez avec votre naseau fumant, dit Arthur, un loup c’est un loup, je vois à quand même à quoi ça ressemble !

- Ah non mais là, attendez, là je vous parle pas d’un loup normal, là ! Là je vous parle d’une monstruosité, les crocs acérés, l’œil rouge du démon, le pelage-

- Ouais ouais c’est bon c’est bon j’ai compris, coupa Arthur. Mais je comprends pas, vous l’avez vu, vous, votre loup ? Vous êtes sûr que c’est un loup, déjà ?

 

- Ben c’est-à-dire euh, je l’ai entraperçu, ‘voyez. Nous aut’ dans le monde agricole, on n’a p’tetre pas bien de courage, mais quand il s’agit de prendre soin de nos bêtes, alors là ! Là ça fait ni une ni deux ! Alors voilà une nuit, je sais plus, le mois dernier, peu près, j’entends du bruit, je sors derrière vers l’enclos, et là, mais alors là sire, mais j’ai cru faire une attaque ! Un carnage, que c’était ! Une abomination !

- Il vous baragouine, sire, c’est pour intimider la concurrence !

- Comment, j’peux tout aussi bien vous intimider avec une claque dans le bec !

Arthur soupira. Il se demanda ce qu’il y avait pour le dîner.

- Bon. Ben je verrai ce qu’on peut faire, on vous enverra deux trois gars dans les jours qui viennent.

- Ils ont intérêt de pas trembler des guibolles vos gars ! Avec tout le respect, sire.

Chapter Text

Guenièvre s’agitait sous les couvertures.

- Je sais pas ce que j’ai ce soir, je ne me sens pas très bien.

Comme Arthur ne répondait pas, non parce qu’il était particulièrement absorbé par le parchemin qu’il lisait, mais parce qu’il ne savait pas vraiment quoi lui dire, elle continua à gesticuler. La nuit était encore plus froide que ce qu’il avait anticipé, et la lumière de la lune était obscurcie par des nuages qui avaient passé toute l’après-midi à s’agglutiner les uns contre les autres et menaçaient de crever à tout instant. Il cala un de ses pieds sous son genou pour le réchauffer.

Après quelques minutes, elle reprit :

- C’est vraiment bizarre, depuis tout à l’heure quand on était à table, j’ai comme un… Je sais pas comment dire.

- Y a quelque chose qui vous tracasse ?

- Pas vraiment qui me tracasse, c’est plus comme… Comme un poids sur la poitrine. Et puis j’ai chaud…

- Chaud ? C’est pourtant bizarre, moi je me les pèle… Vous voulez que j’ouvre une fenêtre deux minutes ?

- Oh non ! Non non, on est bien, à l’intérieur comme ça ! C’est la nuit qui m’inquiète, j’ai l’impression qu’on nous observe, ça me fait des espèces de palpitations…

- Qu’on nous observe ?

Il la dévisagea. Elle avait la mine pâle et soucieuse, ses sourcils froncés par une inquiétude sincère, et se tordait les mains en jetant de temps à autres des regards nerveux vers la fenêtre.

- Oui, je sais pas, qu’on nous observe, je saurais pas vous expliquer… Vous croyez que c’est vrai, ce que disaient les paysans tout à l’heure ? Le seigneur Bohort m’a raconté… Les créatures de la nuit, un loup monstrueux qui vient directement des enfers pour attaquer les troupeaux…

- Oh nan mais vous allez pas commencer vous aussi ! Vous en faites une de belle vous, de créature de la nuit ! On a pas de troupeaux dans le château que je sache, et pis on est au troisième étage, qu’est-ce que vous voulez qu’un loup vienne nous attaquer ici ?

- Mais je sais pas, moi ! Je vous dis juste que je me sens patraque !

- Bon. C’est juste une petite angoisse, vous inquiétez pas, respirez ça va passer.

Il fit mine de se replonger dans son parchemin, attentif pourtant à l’état de sa femme, qui continuait à gigoter sous les draps, s’efforçant de prendre de grands inspirations. Elle finit par lui jeter un coup d’œil gêné et par demander :

- Dites, vous voulez pas regarder si j’ai de la fièvre ?

- Si vous aviez de la fièvre vous auriez froid, plutôt, non ? dit-il en tendant néanmoins la main vers le front de Guenièvre.

Il retira sa main, perplexe. Elle était effectivement brûlante, et ses tempes étaient moites de sueur.

- Ah la vache ! Oui on peut dire que vous avez de la fièvre oui !

- Je me sens toute bizarre…

- J’irais bien chercher Merlin mais il est parti à son congrès des druides de la pleine lune de mes deux… Ça va aller jusqu’à ce qu’il revienne demain ?

Elle hocha la tête, courageuse.

- Venez là.

- Vous êtes sûr ?

Elle accepta sans rechigner l’invitation des bras ouverts d’Arthur, et se cala contre lui. Le vent soufflait et faisait battre les fenêtres dans la nuit orageuse. Le corps brûlant de Guenièvre le réchauffait un peu, mais il ne pouvait tout de même pas se réjouir d’avoir cette bouillotte humaine sous les couvertures, quand il voyait l’état dans lequel elle était.

- Après une bonne nuit de sommeil je suis sûr que la fièvre sera retombée et que ça ira mieux.

Il repoussa de son front une mèche collée par la sueur, quand il remarqua soudain une trace étrange sur son avant-bras.

- C’est quoi que vous avez, là ?

- Oh pas grand-chose… Vous vous souvenez le petit chiot que j’avais trouvé sur le bord de la route en revenant de Carmélide l’autre fois ?

- Ah oui c’est vrai ça, qu’est-ce qu’il est devenu ce clebs ?

- Ben il m’a mordue et puis il a disparu avant même le lendemain matin… Il ne devait pas être habitué à vivre dans un château avec des humains, pauvre bête, mais j’espère qu’il a survécu, quand même ?

- Il vous a mordue ? dit Arthur, interloqué. Il vous aurait pas refilé la rage ou une connerie comme ça, des fois ?

Comment s’était-il débrouillé pour ne même pas entendre parler de cette histoire ? Il prit la main de Guenièvre pour regarder son bras de plus près.

- Oh pensez-vous, Merlin m’a rafistolée en moins de deux, et puis c’était il y a plus de trois semaines cette histoire.

En effet, elle n’avait plus qu’une petite cicatrice, pas encore tout à fait blanchie. Si une infection avait dû se déclarer, elle n’aurait pas attendu un mois. Oubliant déjà le chiot, Arthur la serra à nouveau contre lui, espérant que ses mains froides apaisaient un peu sa fièvre. L’orage éclata juste avant qu’ils ne s’endorment.

Chapter Text

Il se réveilla en sursaut sous le fracas d’un coup de tonnerre qui fit vaciller les vitres. Tentant de retrouver ses esprits et de calmer les battements de son cœur, il s’assit dans le lit et se passa la main sur le visage. Le froid qui le saisit quand la couverture glissa de ses épaules lui fit froncer les sourcils, l’alertant de quelque chose d’étrange.

La porte de la chambre était ouverte. La lumière de la pleine lune baignait la pièce d’un éclat blanchâtre et sinistre. Le vent qui sifflait avec force, faisant battre la pluie presque horizontalement contre les carreaux, semblait faire bouger les rideaux qui étaient restés ouverts. Au sol, des lambeaux de tissus épars. Une partie des draps était déchirée, comme arrachés avec une violence qu’il ne parvenait pas à s’expliquer. Et Guenièvre avait disparu.

 

 

En temps normal, il aurait à peine remarqué son absence. Mais pour elle qui avait peur de l’orage, et qui était malade la veille au soir, quitter son lit sous les coups de tonnerre et les éclairs déchaînés n’était pas normal. Il saisit entre ses doigts un morceau de tissu. Aurait-il dû reconnaître ce tissu, les vêtements dont il provenait ? Il s’emmitoufla dans des fourrures, enfila même des chaussures à la hâte, attrapa un petit poignard par acquit de conscience, et sortit de la chambre.

Les couloirs de Kaamelott étaient parcourus d’un courant d’air glacial. Pas une âme en vue. Il frissonna. Toute la cour devait être terrée sous d’épaisses couvertures à l’heure qu’il était – quelle heure était-il ? – et il était debout en train de chercher sa femme qui n’était pas fichue de rester au lit avec sa grippe. Sans trop savoir dans quelle direction chercher, il descendit les escaliers, assourdi par le bruit de l’orage qui ne faiblissait pas. Au pied de l’escalier, il comprit d’où venait vent. La porte qui menait à l’arrière-cour était grande ouverte, et battait contre les pierres du mur. Étrange qu’aucun grouillot n’ait été dérangé par le bruit.

La lune, parfaitement ronde, déversait ses pâles rayons jusque dans le couloir, à travers les minces filaments de nuages qui passaient lentement devant elle. Arthur s’avança jusque sur le pas de la porte, les sourcils froncés. Difficile de distinguer quoi que ce soit par ce temps, mais il crut voir à l’étrange lumière de la nuit, un mouvement juste derrière l’orée du bois qui entourait le château.

Pourquoi ces choses-là tombaient toujours sur lui ?

 

 

Mais il devait aller voir, ne serait-ce que parce qu’il était curieux. Ce ne fut que lorsqu’il se trouva sous la pluie battante à quelques mètres des premiers arbres, trempé jusqu’aux os et frigorifié sous ses fourrures, qu’il remarqua subitement d'étranges traces dans la boue qui s’était formée. Il aurait peut-être dû emporter Excalibur au lieu du vague coutelas qu’il gardait contre son avant-bras. Des formes sombres continuaient à bouger derrière les arbres. Trop intrigué pour faire demi-tour, il avança.

 

 

- Y a quelqu’un ? cria-t-il – mais sa voix ne parvint pas à passer par-dessus le bruit de la pluie.

Il fit quelques pas précautionneux et dégaina son poignard en s’enfonçant dans la forêt. Les arbres semblaient se pencher vers lui en un ballet inquiétant.

 

 

 

- Eh oh ? Qu’est-ce qui se passe par ici ?

Le rugissement de l’orage se rapprochait tandis que la pluie s’abattait sans pitié à travers la canopée. Peut-être avait-il rêvé, peut-être avait-il simplement cru voir des formes bouger. Peut-être Guenièvre était-elle seulement allée faire un tour à la salle de bains, et qu’elle était de nouveau dans leur lit à se demander où il était passé. Une branche basse dans laquelle ses chausses s’accrochèrent le fit sursauter. Il plissa les yeux, tentant de sonder les ténèbres.

Un éclair illumina la forêt. Un loup gigantesque se tenait devant lui.

 

 

Arthur recula de quelques pas, et trébucha dans la panique. Mais le loup n’attaqua pas tout de suite. Ils se regardèrent pendant quelques secondes qui s’étirèrent, et s’étirèrent encore - les secondes les plus longues de sa vie, perdu dans le regard jaune et profond de la bête. Puis, le loup plaça tout son poids sur ses pattes arrières, et bondit.

 

 

Il rouvrit les yeux. Il n’était pas mort. Il fit volte-face. Ce n’était pas un tour que son imagination lui jouait : les formes qu’il avait vues bouger derrière les arbres n’étaient pas des bandits en train d’enlever sa femme, mais un gigantesque loup en train d’affronter l’ours le plus colossal qu’il ait jamais vu et qu’il verrait jamais. Une lutte dans laquelle tout homme sain d’esprit éviterait à tout prix de s’interposer. Mais Arthur s’était aventuré dans la forêt au beau milieu de la nuit, un poignard ridicule à la ceinture, sans même que le danger ne lui effleure l’esprit, et les deux monstres féroces étaient à peine à quelques pieds de lui. Incrédule, il ne put détacher le regard du déchaînement de violence sans merci qui remuait la forêt sous ses yeux.

 

 

Renversé par l’attaque du loup, l’ours s’était relevé sans attendre et avait bondi à son tour, toutes griffes dehors, faisant reculer le loup presque jusque sur Arthur. Le souffle lui manqua. Il était au milieu de la bataille, et, où qu’il regardât autour de lui, la forêt indifférente refermait sur lui des portes de ronces et de branchages. Son seul espoir était d’essayer de se faire tout petit, de disparaître le temps que les deux monstres aient fini de s’étriper.

Au milieu du cauchemar, le loup s’immobilisa soudain. Un nuage s’écarta et laissa passer les rayons de la pleine lune, au contact desquels la bête immense leva la tête, et, les yeux brillant d’un éclat surnaturel dans la nuit, laissa échapper un long hurlement qui glaça le sang d’Arthur et parut arrêter le temps. Au loin, une autre plainte répondit - ou bien n’était-ce que le sinistre écho des collines solitaires qui entouraient le bois ?

Il en profita pour essayer de repérer un arbre jusqu’au pied duquel ramper, se cacher, essayer de grimper sans attirer l’attention sur lui - mais avant qu’il n’ait eu le temps d’agir, un éclair de crocs. Un tourbillon de griffes. L’ours lâcha un rugissement féroce de fauve blessé et animé d’une rage vengeresse. Les canines acérées passèrent à quelques centimètres du visage d’Arthur, qui laissa échapper un bref cri de terreur, avant de se retrouver violemment projeté par un coup de patte du loup, qui l’envoya s’écraser contre un arbre. L’arrière de sa tête heurta le tronc. Tout devint noir.

Chapter Text

Quand il reprit connaissance, la pluie avait cessé, et il n’avait étonnamment pas si froid. Endolori, le dos en compote et une douleur lancinante à l’arrière du crâne, il étendit ses jambes. Et rencontra un obstacle. Le cœur battant, il se figea ouvrit les yeux en grand.

Il avait un problème.

La raison pour laquelle il n’avait pas été frigorifié par les dernières heures humides de la nuit, était que le loup géant, la bête féroce qui avait failli le tuer, était paisiblement recroquevillé autour d’Arthur. Les poils bruns et rugueux de la bête étaient encore parsemés de quelques gouttes de pluie sur le dessus, mais sur son flanc, tout contre lequel Arthur était paralysé par la peur, sa fourrure était douce et chaude - elle eût presque été réconfortante si son contact n’avait pas signifié une mort sanglante pour les proies du monstre parmi lesquelles Arthur compterait très prochainement s’il ne décampait pas. En jetant des regards fébriles autour de lui, il remarqua que le loup était une louve. Au moins, ce n’était ni la saison des amours, ni la saison des petits.

L’aube n’était plus très loin. S’il attendait encore assez longtemps, moins d’une heure probablement, de deux choses l’une : ou bien la louve se réveillerait et retournerait vaquer à ses occupations farouches ; ou bien la louve se réveillerait, et s’apercevrait qu’Arthur était peut-être plus appétissant que ce qu’elle avait initialement envisagé. Il avait eu de la chance une fois - probablement pas deux.

Il bougea un peu, essayant de jauger si la bête avait le sommeil assez lourd. Il commença à se redresser, atténua très légèrement le contact avec le flanc du monstre. Un profond grognement résonna contre lui, et il se figea, le cœur battant. D’un mouvement de patte, la louve referma le cercle que formait son corps et au centre duquel Arthur était prisonnier.

Bon.

S’il continuait très lentement le mouvement pour se décoller du flanc contre lequel il était endormi, qu’il se relevait sans faire le moindre bruit, et qu’il enjambait la patte arrière de la louve il pouvait-

Mais l’animal grogna à nouveau, découvrant ses crocs dans son sommeil, et rabattit sa queue puissante contre Arthur, qui retomba contre le ventre gigantesque de la louve. Super. Génial. Il était désormais coincé sous la queue de la louve, condamné à attendre d’être dégusté au petit-déjeuner. Il essaya de toutes ses forces de ne pas imaginer la louve le fixer à nouveau de ses yeux fous, avant de l’écorcher de ses griffes et de se repaître de ses entrailles. La forêt drue avait conservé son air macabre et impassible, et l’éclat blanchâtre de la lune prenait son temps pour tirer sa révérence.

Il attendit. Il attendit encore. La nuit lugubre ne semblait pas vouloir prendre fin, laissant la louve ronfler doucement et Arthur se morfondre sur son sort, persuadé d’y passer quand le jour se lèverait. Un écureuil passa et le toisa sans le prendre en pitié, avant de faire demi-tour et de grimper nonchalamment à un arbre pour déguster une noisette. Arthur ne put s’empêcher de lui faire une grimace. C’était facile aussi, quand on était celui qui grignotait, et pas celui qui était sur le point de se faire grignoter. Il attendit, encore longtemps, sans sentir la peur s’apaiser. Inexplicablement, il finit par se rendormir.

 

 

Il se réveilla en sursaut et cligna des paupières, tentant de comprendre où il était. Il était couché sur la terre meuble et froide. Le soleil filtrait entre les branches des arbres, et la louve avait disparu. Mais à côté d’Arthur, une silhouette nue, étendue par terre - une silhouette qu’il ne prit que quelques secondes à reconnaître, incrédule. Sa femme.

- Vous ? Mais qu’est-ce que vous fichez là bon Dieu, et à poil dans la forêt en plus de ça !

Guenièvre lui jeta un regard confus. Elle tremblait de tous ses membres, recroquevillée sur elle-même, et Arthur, de la voir ainsi, oublia un peu la nuit qu’il venait de passer et sa propre terreur.

- Attendez, mettez ça, dit-il en ramassant l’épaisse fourrure qu’il avait attrapée avant de sortir du château et qui gisait au pied d’un arbre.

Il l’enveloppa dans la fourrure, essayant de la couvrir le plus possible, et lui frotta vigoureusement les épaules en continuant :

- Vous étiez dans la forêt toute la nuit ? Vous avez vu le loup ? Il vous a pas attaquée ? Parce que moi je peux vous dire que je me suis fait une bile ! Enfin il a l’air d’être barré je sais pas où maintenant…

- Euh ben, c’est-à-dire que…

Elle s’interrompit, plus embarrassée qu’effrayée, et Arthur fronça les sourcils. Guenièvre leva vers lui des yeux étranges, des yeux jaunes et ensauvagés. Les yeux du loup.

 

- Qu- ?!

- Oh c’est affreux ! s’exclama-t-elle. Je ne vous ai pas fait trop de mal ? Je n’étais plus moi-même, je suis navrée, si vous saviez comme je m’en veux !

- Ah nan nan ! Nan nan mais tout va bien regardez ! Bon, j’ai failli crever de trouille mais tout va bien. D’ailleurs en y repensant… sans vous je me serais probablement fait bouffer par ce con d’ours, alors…

- Ah oui l’ours… Vous croyez pas qu’il va revenir ?

- Ben croyez-moi qu’on va pas attendre de voir ! Mais vous ça va ? dit-il en l’aidant à se relever. Ça vous arrive souvent de vous transformer en animal sauvage ou c’est juste quand vous vous emmerdez ?

- Je sais pas mais je peux vous dire que j’ai pas hâte de reconduire l’expérience ! La soif de sang et de violence passe encore, mais tous ces crocs… Et marcher à quatre pattes, c’est quand même pas pratique pour la vie de tous les jours…

 

Tout en parlant, elle s’appuyait sur lui, et à nouveau la chaleur de son corps contre le sien apaisa Arthur tandis qu’ils faisaient les premiers pas en direction de l’orée de la forêt pour rentrer au château, lui dans sa fine chemise de nuit, elle engoncée sous une épaisse fourrure mais les jambes et les pieds nus. Ils avaient bien mérité une grasse matinée sous des couvertures bien chaudes. En l’écoutant, il remarqua aussi qu’elle se frottait machinalement l’avant-bras, comme si quelque chose la grattait. La petite cicatrice qu’il avait vue pour la première fois la veille au soir.

- Dites donc. Le petit chiot tout mignon qui vous a mordue le mois dernier, vous êtes certaine que c’était vraiment un petit chiot ?

Chapter 5

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

- Mais euh, vous avez pas dit, c’était comment ? demanda Merlin, l’œil brillant d’excitation. C’est pas mal hein, sans déconner ?

- Ben je dois dire que j’ai connu mieux.

- Bon, vous vous grouillez, là ?

- Voilà, voilà, c’est bon. Tenez, avec ça vous devriez être parée.

Merlin tendit à Guenièvre une petite fiole emplie d’un liquide vaguement rose, qu’elle saisit et examina.

- Vous êtes sûr de vous ? dit Arthur, qui se tenait les bras croisés dans un coin du laboratoire.

- Quoi, vous me faites pas confiance, c’est ça ? protesta le druide.

- Donc si je bois la fiole tout redeviendra normal ? dit Guenièvre.

 

 

- Oui, vous prenez la moitié maintenant et l’autre moitié après dîner, mais après il faudra attendre la prochaine pleine lune pour vérifier que vous vous retransformez pas. Vous avez eu du pot de tomber sur un bébé, parce que sinon j’aurais rien pu faire, ça aurait été toutes les pleines lunes pour le reste de votre vie ! Pas sûr de comprendre pourquoi vous voulez laisser passer cette opportunité, mais enfin…

Guenièvre déboucha la fiole et avala la moitié de son contenu d’un air dubitatif.

- Après c’est vrai que c’est un gros aménagement à faire dans son quotidien, mais pour ce que ça apporte de sérénité et de communion avec la nature et les éléments, c’est largement…

- Oui enfin j’aimerais bien vous y voir, vous, quand même, dit Guenièvre en grimaçant au goût de la potion.

- Nan mais moi c’est pas pareil aussi, je suis druide, nous les druides on est plus…

- Ouais ouais c’est ça, vous nous raconterez demain.

En sortant du laboratoire, Guenièvre prit le bras d’Arthur.

- Vous savez, dit-elle, je vois ce qu’il veut dire, à propos de cette histoire de communion avec la nature. C’était comme si je pouvais sentir la présence de toute la vie de la forêt.

- Quoi, vous êtes en train de me dire que vous voulez rester comme ça ? Parce que j’imagine que si vous buvez pas la fin de la fiole…

- Oh non non, une fois ça m’a largement suffi !

- Ah oui, d’accord, bon. Nan parce que pour les miquettes que ça m’a collées, tout seul dans cette forêt de mes deux là, ça vaut carrément pas le coup, quoi.

- Ah oui, non, c’est sûr. Ça vaut pas le coup.

Notes:

J'espère que ça vous a plus, hésitez pas à aller voir sur tumblr pour voir plus de dessins de la merveilleuse @pigeonneaux 🥰