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Super Mario Bros Collection FR

Summary:

Ici vous trouverez une succession d'histoires dans l'univers de Mario centré sur du BowserxSolfège (BowserxOC), un livre qui fait directement suite à mon histoire "Chante pour moi".
Possibilité de participer à la création d'histoires ! Vous êtes tous les bienvenus.
Principalement de la romance/famille/humour. Mais ça sera varié, avec l'intégration de plusieurs personnages de la license suivant vos suggestions.
Plus d'informations à l'intérieur !

**ATTENTION** il faut connaître la première histoire avant de venir ici !

Chapter 1: Le commencement

Chapter Text

Voici un nouveau livre qui prend place dans l’univers de Mario, et plus particulièrement celui du film "Super Mario Bros 2023".

Succession d’histoires après les évènements de mon histoire "Chante pour moi", à lire impérativement avant de venir dans cette collection ! C’est important, sinon vous risquez de ne pas comprendre grand-chose étant donné que c’est centré sur le couple BowserxSolfège.

Comme son nom l’indique, vous trouverez ici des OS "One-Shots" sur l’univers de Mario, le film avec un mélange des jeux vidéo suivant nos idées. Il y aura un peu de tout là-dedans, autant de situations différentes que des apparitions de personnages relatifs à l’univers. Une collection de petites histoires sans forcément avoir de lien direct entre elles (sauf contre-indication de ma part, par ex un OS en deux chapitres) jusqu’à ce que je trouve une idée de suite. En attendant que Nintendo ne sorte le second film par exemple. Et qu’est-ce que je l’attends avec impatience !

Ici, vous avez aussi le droit de participer ! C’est chose courante chez moi. A chaque ouverture de Collection/Imagine, je vous donne la possibilité de me faire part de vos idées ou envies sous forme de petits défis. Vous voulez voir une situation particulière se produire ? Un personnage que vous voudriez voir apparaître ? Une parodie ? Surtout n’hésitez pas, je me fais toujours un malin plaisir à créer des histoires avec mes lecteurs 😊 Bien sûr dans le respect de l’univers que j’ai implanté, c’est-à-dire en prenant en compte que le BowserxSolfège (BowserxOC) restera le point central. Tout comme les autres relations/évènements précédents.

Mais s’il vous plaît, ne me demandez pas la proposition de Bowser ou le mariage ! Car elles seront d’office dans ce livre et ce, dès les premières histoires.

Disclaimer : Rien ne m’appartient de l’univers de Nintendo, sauf mes personnages inventés.

Principalement humour/famille/romance, avec éventuellement du drame et de la parodie. De toute façon, à chaque début d’histoire je vous renseignerai sur sa nature. Nous sommes avant tout ici pour rigoler et passer un bon moment en compagnie des personnages de Mario !

Et j’ouvre donc cette nouvelle collection avec cette première histoire faisant directement suite à "Chante pour moi".


Le commencement

Solfège était face au grand vide sidéral. Là, devant elle, toute une galaxie silencieuse se dressait. Les magnifiques couleurs vertes, bleues et roses de la nébuleuse éclairait son visage fasciné par la beauté de cet endroit offrant mondes et merveilles à perte de vu. Ne connaissant aucune limite, l’univers s’étendait à des milliers de kilomètres à la ronde et donnait aux êtres vivants un refuge parmi toutes ces planètes en perpétuel mouvement. Dans ce silence accueillant qu’était l’infiniment grand. Les yeux fixés à ces nombreuses petites planètes à la dérive, la jeune femme écoutait, à la recherche d’un son unique produit par l’univers. Une voix, un bruit, une mélodie. A la recherche d’un écho … Quelque chose qui résonnerait jusque dans son âme comme la toute première fois qu’elle avait mis les pieds ici. Prenant une profonde inspiration, elle ferma un instant les yeux pour ensuite les rouvrir d’un sourire admiratif lorsqu’elle plongea son regard dans cette merveilleuse palette de couleurs qui l’apaisait.

C’était ici que tout avait commencé.

Ici qu’elle avait trouvé refuge du Roi Tic-Tac, de sa vanité et de sa perfidie, loin de sa prison en haut de cette sombre horloge. Loin de toute cette convoitise pour un don aussi innocent que le chant. Elle avait chanté pour cette galaxie, elle avait offert sa voix à ce vide sans jamais attendre de retour … Une chanson exprimant sa mélancolie qui avait attiré le destin sous la forme d’une tortue cracheuse de feu, un être connu pour être maléfique et cruel mais aussi doté de la capacité à aimer. Sur sa petite planète à la dérive dans le cosmos, la vie de Solfège avait pris un tout nouveau tournant en l’espace d’un seul instant. Une fraction de seconde. Une voix, une ombre, puis un nouveau monde. La vie était parfois cruelle et injuste cependant elle réservait aussi beaucoup de surprises, bonnes comme mauvaises mais jamais elle n’aurait imaginé un jour se retrouver ici.

Libre.

Les cheveux emportés par le vent, Solfège était émue par la beauté du paysage. Ses yeux verts s’humidifiaient par les larmes alors qu’elle croisait les mains devant elle pour sentir la douce caresse de la brise sur son visage. Le cœur se serrant dans la poitrine au parfum flottant des fleurs, elle se retourna pour en cueillir une dans sa main. Les pétales étaient d’un blanc soyeux. De toutes petites fleurs parcouraient le sol de cette minuscule planète parmi cette herbe verte chatoyante aux brins courts. L’herbe caressait ses chevilles tandis qu’elle se retournait à nouveau vers cette immensité sans fin avec la petite fleur blanche sous son nez. Cette odeur délicate lui rappelait des souvenirs … C’était l’une des toutes premières fois qu’elle avait senti le parfum d’une fleur. Touchant les pétales du bout des doigts, la jeune femme profita de cet instant pour mémoriser ce moment, voulant le garder en mémoire pour le restant de sa vie. Jusqu’à ce qu’une voix grondante n’intervienne.

«Il n’y a rien sur ce caillou minuscule !» Soupira Bowser derrière elle après avoir croisé ses grands bras d’un petit grognement d’ennui. L’imposante tortue paraissait immense comparée à cette planète, ne se rappelant pas qu’elle était aussi petite la première fois qu’il avait atterrit ici. Quand il avait capturé l’humaine à cause de la puissance de son chant, après avoir été attiré par la force de sa voix … Rien qu’à ce souvenir, il eut la chair de poule.

Solfège se retourna vers le Koopa irrité pour voir qu’il se dirigeait à pas lourds vers le magnifique parterre de fleurs où elle avait cueilli la sienne afin de s’y assoir lourdement. Ecrasant les petites fleurs avec indifférence. Croisant les bras sur ses genoux, Bowser regarda avec lassitude le vide intersidéral qui les entourait, ne comprenant pas vraiment l’intérêt de revenir dans un endroit tel que celui-ci. En plus il n’y avait rien ! Pas une âme ne vivait ici. A part de l’herbe, de la terre et des fleurs, il n’y avait rien qui méritait une attention particulière selon lui. Pas de grandes planètes à conquérir, pas de peuples à victimiser, pas de palais à anéantir … Il ne pouvait exercer son pouvoir d’intimidation étant donné qu’ils étaient les seuls sur cette planète où il n’entendait que l’écho de sa grosse voix.

«C’est désertique, sans intérêt ! Il n’y a que des planètes vides remplies de poussières autour de nous.» Insista ce dernier d’un faible haussement d’épaules lorsque la jeune femme face à lui pencha la tête sur le côté pour l’observer avec attention. Puis elle s’avança vers lui après avoir baissé les yeux sur la petite fleur qu’elle tenait précieusement dans ses mains.

«Toutes choses petites ne signifient pas insignifiantes.» Récita-t-elle doucement alors qu’elle s’arrêtait juste devant le grand Koopa qui lui haussa un sourcil intrigué en réponse. D’un sourire émerveillé jouant à ses lèvres, elle finit par lever les yeux dans sa direction.

«Le monde qui nous entoure est vaste et rempli de merveilles ! Il y a tout un tas de choses à découvrir derrière ces frontières ! Jusqu’où va cette galaxie ? Qui s’y trouve de l’autre côté ? Regardez autour de nous,» En même temps qu’elle parlait, Solfège levait les bras pour désigner les nombreuses petites planètes inhabitées ; «c’est un privilège. Changez votre perception du monde, et le monde s’ouvrira à vous …»

Le front de Bowser se sillonna lorsque l’humaine aux paroles mystérieuses posa sa précieuse fleur au centre de sa paume gauche. Elle était si petite et fragile … Si incroyablement minuscule dans sa grande main jaune. Il pourrait tout aussi bien l’écraser en serrant juste son poing, la détruire d’une simple traction de ses doigts ! La réduire en poussières sans même y mettre sa force. Mais au fur et à mesure qu’il fixait cette innocente fleur posée au centre de sa paume, sans défense, il ressentit bientôt de la compassion. C’était une métaphore. Il représentait la cupidité du monde et cette fleur, sa fragilité. Tandis qu’il la regardait avec une étrange pression derrière son plastron, le grand Koopa en pleine introspection sentit tout à coup une main froide se poser sur la peau chaude de son avant-bras. Comme toujours à ces contacts, il ressentit plusieurs petits picotements agréables alors qu’il levait les yeux sur Solfège pour voir qu’elle était concentrée sur la fleur blanche qu’il tenait presque avec soin.

«Ce sont vos actes qui déterminent qui vous êtes. Vous aurez toujours le choix, quoi qu’il arrive.» Acquiesça doucement cette dernière avant de poser ses deux mains sur le pouce de la tortue.

Non, il s’était trompé. La fleur représentait Solfège.

Il l’avait cueilli sur cette petite planète qu’il trouvait sans importance. Il s’était emparé d’elle quand elle cherchait juste un refuge, un endroit où elle pourrait se sentir libre et en sécurité. Il l’avait emprisonnée, effrayée et menacée, il avait fait d’elle l’esclave de son fils puis son esclave personnel pour séduire une princesse … Pour obtenir le pouvoir et atteindre son bonheur sans jamais se soucier du mal qu’il pourrait causer autour de lui. Aveuglé par cette colère et cette soif de pouvoir insatiable ! Car après tout, il était le terrible Roi des Koopas avec une réputation à défendre. Jusqu’à ce qu’il la rencontre enfin. Cette fragile créature au chant qui pouvait apaiser toutes les sombres pensées et transformer les mauvaises émotions en quelque chose d’agréable … Et maintenant que leur destin était scellé à jamais, il avait plusieurs choix qui s’offraient à lui représentés sous la forme de cette petite fleur au centre de sa paume.

Solfège étudia son expression songeuse tandis qu’il contemplait la fleur d’un sourcil rouge arqué, se demandant ce qu’il allait faire de celle-ci. Allait-il l’écraser ? La jeter ? Ou tout simplement la laisser là ? Curieuse et quelque peu anxieuse, la jeune femme attendit patiemment son choix d’un sourire bienveillant. Ses doigts s’attardant sur les siens, elle examina attentivement son visage. Des papillons flottaient dans son ventre pendant que ses yeux parcouraient ses écailles vertes puis sa belle chevelure rouge flamboyante et sauvage qu’elle aimait tant, s’imaginant brièvement leur texture sous ses doigts. Ses cornes qui lui donnaient cet air si féroce ainsi que ce collier noir de piques qu’il portait toujours autour du cou. Son grand museau qui avait l’air si doux au toucher ! Si moelleux … Mais ce qu’elle préférait chez lui, c’était son regard expressif et son sourire sincère à l’origine de son incroyable charme.

Puis finalement après quelques hésitations, le Roi s’exprima.

«Bon d’accord, je crois que je commence à apprécier cette petite planète insignifiante.» Admit-il d’un ton solennel rapidement suivit d’un petit sourire en coin qui accéléra naturellement son cœur.

«La vue est superbe.» Solfège ne décrocha pas son regard de Bowser, le sourire s’agrandissant à ce sentiment qui ne cessait de croitre en elle. Une chaleur qui se propageait jusque dans ses joues surtout lorsqu’il la regardait de cette façon, avec tendresse et quelque chose d’autre qu’elle pourrait décrire comme passionnel. Un regard bien différent de tous ceux qu’elle avait connus jusqu’ici.

Assis sur ce parterre de fleurs blanches, Bowser et Solfège observèrent côte à côte la majestueuse galaxie avec le sentiment d’être aimé.

Fin


Vivement la prochaine histoire ! Des idées ? Ecrivez-les en commentaires 😊

Chapter 2: La demande

Chapter Text

OS qui fait suite à "Chante pour moi" et qui va (peut-être ?) marquer un tournant décisif dans la relation entre Bowser et Solfège. Ça, je vous laisse le découvrir ! Car vous savez à quel point le destin peut mettre des bâtons dans les roues.

Romance/fluff ! Préparez-vous.


La demande

Bowser était constamment accaparé par ses pensées.

Depuis quelques jours, l’esprit du grand et respecté Koopa était occupé à imaginer des scénarios où la plupart finissaient mal, très mal. Une simple question d’habitude ! Il n’avait de cesse de penser à Solfège et à ce que ça donnerait si elle devenait sa Reine … La Reine de son empire. S’il n’était plus seul au pouvoir à la tête de sa puissante armée, s’il avait quelqu’un qui le seconderait au quotidien. Que pourraient-ils accomplir tous les deux ensembles ? Main dans la main ? Chaque jour il y pensait, et chaque jour il imaginait ce que serait sa vie avec elle à ses côtés en tant qu’épouse et Reine de son royaume de lave. Sa douceur et sa bienveillance face à sa force de caractère parfois explosive pourraient être une combinaison intéressante, peut-être même bénéfique dans certaines situations. Il n’avait pas froid aux yeux et il resterait celui qui prenait toutes les décisions, mais un peu de diplomatie de temps en temps ne ferait pas de mal s’il voulait un jour conquérir le reste de l’univers.

«Sir, il serait peut-être temps de songer à lui demander sa main … Je suis d’ailleurs assez surpris que vous ne l’ayez pas encore fait ! D’habitude vous ne manquez pas une occasion pour déclarer votre flamme ! A une certaine époque, vous ne vous souciez pas de la réponse.» Kamek intervint dans son train de pensées pour lui dire ce qu’il en pensait après avoir écouté un long monologue de son Roi à priori rempli d’incertitudes. Reniflant lorsque le Koopa géant se leva de son trône, le Magikoopa toucha la pierre rose de sa baguette quand il reprit avec ce même ton indécis qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre chez son Maître d’ordinaire sûr de lui en toute circonstance.

«Oui mais si elle refuse ?» S’inquiéta aussitôt ce dernier qui jouait avec ses griffes, son regard nerveux tombant au sol.

«Si vous n’essayez pas, alors vous ne pouvez pas le savoir ! Allons votre Altesse, où est passé votre confiance en vous ? Vous avez tous les atouts nécessaires pour réussir votre demande ! Vous vous êtes longuement entraîné, la cible à juste changé en cours de route. Rien de dramatique ! Je suis positivement certain qu’elle vous dira oui, j’ai un sixième sens pour ces choses-là. N’avez-vous pas remarqué la façon dont elle vous regardait ? Cette étincelle qui anime son regard dès qu’elle pose les yeux sur vous ? Ce sourire qui illumine son visage quand elle vous voit … Elle est follement amoureuse de vous, ça ne fait aucun doute ! Comment vous résister ?» Rappela Kamek d’un petit rebond rapidement suivit d’un sourire rêveur, plaçant ses mains jointes à sa joue gauche à ce romantisme. Tout le monde ici avait remarqué à quel point Solfège était amoureuse de lui ! Sauf le principal concerné.

Et puis, comment pouvait-il même douter de sa capacité de séduction ? Son charme était irrésistible et il le savait parfaitement ! Pourtant il continuait de douter, d’avoir peur d’un potentiel rejet … Ce que ni Kamek, ni les autres n’arrivaient à comprendre après avoir vu la détermination de Bowser pour conquérir le cœur de Peach malgré les nombreux échecs essuyés. C’était quoi la différence ?

«Et si je ne suis pas à la hauteur ? Si après elle me déteste ? Comme avec Peach ?» La voix anxieuse, la grande tortue commença à faire les cent pas devant son trône ce qui agaça vite le Magikoopa en contrebas.

«Regardez-vous votre Majesté ! Vous êtes parfait ! Il n’y a pas plus parfait que vous. Mais s’il vous plaît arrêtez de comparer Solfège à la princesse Peach ... Elles sont toutes les deux différentes et à bien des égards ! Vous ne pouvez pas rester focalisé sur elle, sinon vous n’avancerez pas dans la vie et vous resterez toujours dans le doute.» Révéla-t-il d’un petit haussement d’épaules au moment où le Roi se retourna pour le regarder avec désarroi, ce qui le motiva à poursuivre avec cette fois-ci un ton plus convaincant.

«Faites-moi confiance ! Vous avez toutes vos chances avec elle. Alors soyez confiant et faites-lui votre demande !» Encouragea vivement Kamek d’un pouce levé dans sa direction.

Malgré tout, Bowser continuait de nourrir des insécurités au fond de lui. Ce qui était particulièrement frustrant pour quelqu’un qui se fichait pas mal des avis ! Par exemple avec Peach, il n’avait jamais eu peur de se prendre un refus, même si certes sur le coup ça lui faisait mal il s’en remettait toujours rapidement pour recommencer à espérer l’obtenir un jour. Là, c’était encore une fois complètement différent. Comme depuis le jour où il avait rencontré Solfège … Rien n’était pareil, tout semblait tellement plus compliqué à présent. La peur du faux pas, de lui faire peur, de voir du dégoût dans son regard si tendre … Dans ce regard qui ne portait aucun jugement. Alors qu’il pourrait tout aussi bien lui faire les mêmes déclarations que Peach ! S’étant longuement entraîné avec Solfège pour justement obtenir une réponse positive, il avait donc toutes les cartes en main pour mettre les chances de son côté et réussir. Comme elle le lui avait si bien appris.

Mais alors, pourquoi ?

Depuis son retour du royaume du Temps après la défaite de Tic-Tac, il passait la majeure partie de son temps avec elle comme conseillère. C’était plus fort que lui, il trouvait toujours des excuses. Il avait besoin de la voir, de sentir sa présence ! Car dès qu’il n’était pas avec elle, ses pensées étaient toutes focalisées sur la jeune femme aux cheveux de feu et à ce sourire qui l’ensorcelait … Qui étreignait systématiquement son cœur dans une douce chaleur. Oubliant presque qu’il avait des obligations et une armée à motiver pour un jour dominer les huit mondes comme il leur avait promis depuis si longtemps. Mais elle habitait son esprit, constamment. Il lui arrivait même de ressentir une terrible jalousie à cette proximité qu’elle avait avec son fils, un sentiment incontrôlable qui le prenait aux tripes quand il voyait ses sourires et ses rires destinés à Junior. C’était tellement agaçant !

Alors lorsqu’il avait besoin de réfléchir ou de simplement se retrouver un peu seul, le Roi Koopa se retirait dans ses quartiers là où il pourrait retrouver de la tranquillité. Sa petite bibliothèque privée était le meilleur endroit pour faire le point.

Face à cette grande armoire présentoir qui autrefois arborait fièrement des photos de Peach, Bowser étudia les toutes dernières photos qui avaient été ajoutées à sa collection de souvenirs. L’une était un portrait de Solfège souriante, l’autre son fils retenu dans les bras de cette dernière. Personne à part lui ne connaissait l’existence de cette pièce. C’était son jardin secret … Un endroit pour se recueillir loin du monde extérieur et de cette carapace de dure à cuire qu’il devait porter en permanence pour garder sa réputation de méchant intacte. Les bras croisés, il regarda toutes ces photos qu’il exposait sur cette armoire où des bougies brûlaient à l’infini. Un bref résumé de sa vie y était affiché. Sa première rencontre avec Kamek lorsqu’il était enfant, son tout premier tour de magie noire, son couronnement, l’arrivée de son fils Junior par les cigognes … L’un des plus beaux jours de sa vie. D’un petit sourire émotif, le Koopa effleura le cadre vert du bout d’une griffe à l’adorable bouille de Junior alors âgé de quelques semaines à peine.

Evidemment, il n’y avait plus aucun cadre avec la photo de Peach pour des raisons évidentes. N’ayant plus aucun sentiment pour elle, pas même l’envie de réduire son château en cendres pour l’instant, il ne voyait donc plus l’intérêt d’en exposer. Cependant il avait décidé de garder la copie de son diadème car il le trouvait tellement joli ! Et il faisait beau sur son présentoir. Bowser récupéra ensuite la bague de fiançailles qu’il avait faite faire sur mesure pour Peach, ses sourcils se fronçant de dédain à l’apparence de cette dernière. Il ne l’aimait pas avec son gros diamant incrusté et ses petites pierres roses tout autour de l’anneau. Il ne l’avait jamais aimée, mais il pensait que cette bague allait plaire à Peach à l’époque. Il voulut s’en débarrasser sauf qu’il eut une idée de dernière minute pour plutôt la ranger dans sa carapace en attendant de rendre visite à un certain forgeron.

Jour après jour, les incertitudes de Bowser se multipliaient tandis qu’il attendait le bon moment pour lui proposer de devenir son épouse. Le moment opportun ! Cherchant une occasion idéale pour l’aborder, il perdait toujours son courage au tout dernier moment pour plutôt partir sur d’autres sujets de conversation. Qu’est-ce qu’on s’en fichait d’où était pêché le Cheep Cheep ! Il était ridicule et il le savait ! Et ce manque de confiance en lui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs au point où il avait des accès de colère sans réelle raison, hurlant sur ses gardes ou sur Kamek dès qu’ils avaient la désobligeance de dire quelque chose qui ne lui plaisait pas. Allant d’un simple compliment à une suggestion pour un plan d’attaque. Des choses qui pourtant étaient agréables à entendre mais avec son anxiété et ses doutes, il n’avait plus de stabilité émotionnelle donc il extériorisait sa frustration par la colère.

Comme toujours.

La seule qui arrivait encore à contenir cette colère noire n’était nulle autre que Solfège. Lorsqu’il était avec elle, elle disparaissait. Sans laisser de trace. Sans même devoir chanter pour l’apaiser ... C’était de la magie ! Il n’avait jamais ressenti ça avec qui que ce soit d’autre et il voulait la rendre heureuse. La combler ! Faire en sorte qu’elle soit bien ici dans le château avec lui en compagnie de ses Koopas. Alors quand il avait appris qu’elle déprimait à cause du manque de verdure, ayant sans doute le mal du pays après avoir vu le royaume verdoyant de Peach, il ordonna à ses Koopas bâtisseurs de lui faire une place spéciale. Un petit coin rien que pour elle pour cultiver des fleurs. Un sublime jardin accessible depuis la porte Ouest du château au milieu des terres infertiles, protégé par une barrière de rochers. Il avait assigné un Koopa jardinier juste pour s’occuper de ce petit coin de paradis qui avait pris vie en même pas deux jours de travail ! Un exploit avec cette chaleur étouffante et ces conditions de vie inadaptées.

«C’est magnifique ! C’est à peine croyable ! Vous avez fait tout ça pour moi ? Mais, comment ?» S’émerveilla Solfège quand la main qui couvrait son visage se leva pour dévoiler le petit jardin fleuri. La bouche grande ouverte de saisissement, elle s’avança lentement sur le chemin de pierre menant directement au centre du jardin pour voir qu’il s’y trouvait un banc de marbre blanc sous une arche remplie de fleurs violettes.

«J’ai trouvé qu’il manquait un peu de décorations. Vraiment pas de quoi en faire tout un plat. J’avais juste envie de voir pousser des fleurs dans ce château …» Commenta Bowser derrière elle qui frappait dans ses grandes mains d’un petit rire embarrassé. C’était la pire excuse du siècle !

«Il y a aussi des fleurs blanches en forme de clochettes ? Comment avez-vous su qu’il s’agissait de mes préférées ?» S’étonna ensuite Solfège avec de grands yeux lorsqu’elle se pencha vers les fameuses fleurs qui sentaient si bon. Les mêmes qu’elle avait une fois reçue de la part d’un charmant Koopa. S’accroupissant dans l’herbe fraîchement coupée, elle approcha son visage ravi de l’une de ces fleurs pour sentir leur parfum exceptionnel, laissant sortir un petit gémissement de bonheur. Derrière elle, le Roi feignait la surprise.

«Vraiment ? Je l’ignorais. Je trouvais qu’elles allaient bien avec la couleur de la lave et celle de la roche sombre … Et l’odeur couvre un peu le parfum délicat du souffre.» Rétorqua-t-il d’un haussement d’épaules nonchalant, préférant de loin l’odeur du souffre plutôt que celle des fleurs. Des fleurs dans son château ? Pff, n’importe quoi ! Il n’y voyait aucun intérêt car non seulement c’était inutile mais en plus elles étaient d’une fragilité insultante. Pas de place pour les faibles ici ! Sans parler de l’entretien que ça demandait ces petites choses. Toutefois le merveilleux sourire de Solfège méritait qu’il fasse un effort pour une fois.

«Vous êtes incroyable.» Solfège se mit à rire. Evidemment qu’elle voyait qu’il mentait ! C’était inscrit sur son visage qu’il cherchait des excuses pour expliquer son choix. Il essayait tant bien que mal de se cacher derrière cet air désintéressé, mais c’était un échec total surtout quand elle le regardait avec ce sourire radieux qui brisait cette fameuse facette.

«Je sais oui.» Dit-il d’un ton las en levant un sourcil tandis que le Koopa jardinier volait jusqu’à eux.

«Je vous souhaite la bienvenue Milady ! Aimez-vous votre jardin ? J’y ai mis vos fleurs préférées sous la demande personnelle du Roi ! J’espère que ça vous convient.» Déclara gentiment le Koopa ailé à la carapace bleue d’un petit arc élégant. Il ne se rendit même pas compte qu’il venait de dévoiler une information embarrassante tant il était absorbé par l’humaine face à lui. Il espérait secrètement qu’elle se souvienne que c’était lui qui lui avait offert le bouquet de fleurs la dernière fois.

«Oh que oui, je l’adore ! Encore plus maintenant que je connais l’origine de ces fleurs …» Amusée, Solfège croisa les bras puis regarda discrètement derrière son épaule à Bowser sous le choc. Elle esquissa un sourire espiègle ; «en tout cas, je viendrai ici tous les jours pour me recueillir. C’est un cadeau vraiment exceptionnel ! Merci.»

«M-mais je vous en prie ! J’en prendrai grand soin pour vous.» Balbutia le Koopa jardinier d’un rougissement à ses joues lorsqu’il sentit les lèvres de l’humaine se poser sur son front. Ses remerciements étaient si chaleureux qu’il lui donnait envie de faire des pirouettes dans les airs ! Souriant joyeusement, son expression ravie se transforma rapidement en terreur quand il posa les yeux sur son monarque derrière Solfège. Le Koopa à épines le toisait avec haine, les griffes et les dents en évidence pendant que son imposante carrure se dessinait au-dessus de l’humaine. De la fumée sortait de son museau.

Il avait récolté tous les lauriers alors qu’il s’agissait de SON idée !

«Eh bien je crois que je vais y aller …» Nerveusement, le Koopa ailé frappa dans ses mains avant de se tourner d’un sourire maladroit pour prendre son envol loin du jardin. Terrifié à l’idée de se faire rôtir par son Roi beaucoup trop jaloux. Néanmoins il repartait avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand pour quelqu’un de spécial !

«Quant à vous …» Débuta Solfège après s’être levée pour se retourner vers Bowser qui arrêta immédiatement de montrer les dents pour se racler la gorge d’un sourire gêné. Oups. Passant sa main droite dans ses cheveux et sur le point de chercher une autre excuse bidon, le grand Koopa sentit son cœur battre plus vite au visage reconnaissant de la jeune femme.

«Vous ne cesserez jamais de m’étonner. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous faites pour moi … Pour tout ce que vous avez fait. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de vous le dire, mais je vous en suis extrêmement reconnaissante. Pour tout. Vous m’avez rendue ma liberté, vous avez fait de moi votre conseillère et j’ai adoré chaque seconde passée à vos côtés. Vous m’avez offert un toit et une chambre. Une famille. Et maintenant ça ? Vous me comblez ! Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie !» D’un élan de joie, elle tourna sur elle-même pour lever les bras à ce jardin féérique avec des roseraies et des arches qui cachaient l’endroit des regards indiscrets. Son sourire était si grand qu’il pourrait atteindre ses oreilles cependant il disparut quand elle remarqua l’expression indéchiffrable de la tortue.

Bowser était à court de mot. Il avait l’habitude de recevoir des compliments et des remerciements à longueur de journée, là n’était pas le problème. Mais de l’entendre de la bouche de cette humaine qui faisait tant chavirer son cœur … Le rendait muet pour une raison étrange. Quelque peu frustré par son soudain manque d’éloquence, le Roi noua ses doigts devant lui de nervosité pendant que Solfège continuait d’admirer le joli jardin fleuri qu’il avait spécialement fait faire pour elle. Il jeta un coup d’œil à gauche puis à droite lorsqu’il eut tout à coup une idée derrière la tête, maintenant qu’ils étaient tous les deux seuls. C’était enfin le moment ! Son moment de gloire ! Il allait la demander en mariage. Le cadre était idyllique, la vue magnifique et il avait la nouvelle bague cachée dans sa carapace prête à être dévoilée à sa future épouse ! Tous les éléments étaient réunis.

Ses yeux rouges suivant les mouvements de la fille accaparée par ses fleurs, Bowser s’approcha de quelques pas en toussotant dans son poing pour attirer son attention.

«Je …» Mais sa gorge devint tout à coup sèche quand il recroisa le regard de Solfège.

Et comme à chaque fois, toute son assurance se volatilisa en un claquement de doigts. Le laissant planté là sans savoir quoi dire ou faire … Son cœur commença à prendre de la vitesse tandis que ses mains devinrent moites. Une drôle de sensation inconfortable qui se répertoria jusque dans sa nuque où il sentit des gouttes de sueur s’y former à son soudain stress. Il pouvait suer ?! Il avait appris quelque chose. Lui qui voulait la perfection, il avait surtout l’air d’un idiot incapable de s’exprimer sur ses sentiments ! Voilà qui était inconcevable pour lui. Cette peur irrationnelle allait finir par le rendre fou ! Sa colère remplaça vite son état de stupeur et avant même que la jeune femme perplexe ne puisse dire quoi que ce soit, il mit aussitôt un terme à ce moment gênant.

«Je dois m’en aller. J’ai du travail qui m’attend !» S’agaça-t-il entre ses dents alors qu’il se détournait sans un dernier regard en arrière pour quitter le jardin avec des pas lourds.

Confuse et triste après avoir vu son expression irritée, Solfège leva sa main vers lui mais il était déjà parti.

En haut de la tour Ouest du château, quatre figures s’y dessinaient dont Kamek, Junior et ses deux gardes Koopas attitrés qui avaient tous les deux gardé leur prénom inventé de la dernière partie de thé. Respectivement Marwin et Charlie. Tous accoudés sur le rebord de cette dernière, le Magikoopa avait une paire de jumelles qu’il braquait sur le couple dans le jardin. Observant discrètement le Roi Koopa et Solfège en contrebas, ils frappèrent leur main à leur front d’un soupir collectif quand Bowser s’éloigna sans avoir même fait sa déclaration.

«C’est pas vrai …» Se plaignit Bowser Jr tout en levant le museau au ciel d’une main sur son front. Ils y étaient presque ! Pourquoi son père avait abandonné au dernier moment ? En plus Solfège avait l’air dépitée, c’était encore pire !

«Changement de tactique !» Annonça ensuite Kamek d’un doigt pointé en l’air.

Leur Roi avait juste besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire !

Le jour suivant, Bowser faisait tout pour éviter de croiser Solfège. Evitant carrément les couloirs principaux où il savait qu’elle passait à des heures précises. Il resta concentré sur ses plans d’invasion et ses prochaines conquêtes dans les galaxies voisines, gardait son esprit occupé en permanence. Aux côtés de son chef des armées borgne, il écoutait ou du moins essayait d’écouter ce qu’il lui proposait en termes de stratégie militaire pour assaillir un temple qui contiendrait un grand trésor de pièces d’or. Ce temple serait apparemment englouti dans une grande bulle d’eau avec au centre un noyau de lave qui contiendrait le fameux trésor. Ou quelque chose comme ça … Il n’en était plus vraiment sûr étant donné qu’il avait beaucoup de mal à suivre ses explications avec cette baisse de concentration. Ce que son fidèle général sembla vite remarquer car il le sortit de sa rêverie passagère après avoir bruyamment libéré sa gorge.

«Quelque chose vous préoccupe mon Seigneur ? Vous semblez distrait par quelque chose.» Interrogea ce dernier suspicieux en posant les mains à ses hanches pour plisser son œil à Bowser. Penchés au-dessus d’une carte, il s’apprêta à poursuivre mais son chef adoré le coupa brusquement avec une question inattendue.

«Est-ce que tu me trouves repoussant ?» Demanda-t-il d’une grimace, se désignant lui-même de la tête aux pieds avec ses deux mains.

«C’est une question piège ?» Méfiant, le général leva un sourcil puis croisa les bras, certain qu’il s’agissait d’un test à l’absurdité de cette situation. Il se moquait de lui ? C’était bien la première fois ! Cependant au visage incertain de son Roi apparemment en pleine remise en question, il reprit avec maladresse ; «Votre Majesté, avec tout mon respect, nous avons des priorités plus urgentes à traiter.»

«Continue.» Grommela Bowser alors que ses épaules tombaient de défaite. Décidément, son général ne lui était pas d’un grand soutien … Démoralisé, il essaya de rester concentré sur le reste du débrief jusqu’à l’heure du souper.

Libérant un soupir de soulagement lorsqu’il sorti enfin de cette réunion à mourir d’ennui, le grand Koopa se dirigea machinalement vers la salle à manger pour y croiser son fils Junior à la prochaine intersection. Ce dernier semblait essoufflé alors qu’il se ruait dans sa direction pour lui prendre sa grande main dans les siennes afin de l’entraîner avec lui dans un tout autre couloir. Bowser s’indigna mais son petit garnement de fils n’en avait que faire pendant qu’il le tirait avec lui dans la précipitation pour l’emmener dans sa chambre où l’attendait le chef des Magikoopas. Incrédule, la tortue à épines fronça les sourcils quand il remarqua que son nœud papillon violet de cérémonie était posé sur son lit à côté d’un peigne noir. Il lança aussitôt un regard dubitatif à Kamek lorsque celui-ci s’exprima enfin pour mettre un terme à ce suspense.

«Vous êtes invité à un repas royal ! Mais avant de vous y rendre, je vais faire en sorte que vous soyez présentable et irrésistible. Vous l’êtes déjà bien sûr, mais je veux mettre toutes vos chances de votre côté pour ce diner spécial en compagnie de Solfège. Il faut juste rajouter une petite touche de couleur pour égayer votre teint !» S’empressa de dire le magicien en robe bleue qui parlait du nez tandis qu’il utilisa sa magie pour nouer le nœud autour du collier de Bowser prit par surprise.

«Quoi ?! C’est quoi cette histoire !» S’hébéta-t-il d’un petit sursaut mais le Magikoopa poursuivit ses tours de magie sans prendre en compte le regard massacreur que son Roi lui lança.

«Vous verrez, vous serez au top ! Nous allons tout faire pour que ça marche !» Excité, Kamek sautilla sur son petit tabouret d’un grand sourire enthousiaste.

«Ça va être génial papa ! Je sais que tu peux le faire ! Aller !» Junior frappa dans ses mains après avoir croisé le regard anxieux de son paternel plus aussi sûr de lui depuis quelques jours. Les encouragements de son fils redonnèrent à Bowser ce qui lui manquait tant, du courage. L’admiration contenue dans les petits yeux noirs de Junior ainsi que cette détermination dans sa voix étaient tout ce dont il avait besoin pour retrouver toute son assurance et affronter ses peurs.

«Aieuh !» Grogna Bowser lorsque le peigne tira méchamment sur sa crinière flamboyante, le faisant presque tomber en arrière. Il voulait lui arracher la tignasse ou quoi ?! Il avait carrément senti son visage se déformer.

«Un petit coup de peigne par-ci … Un autre par-là …» Marmonna Kamek sur son tabouret tout en faisant des gestes dans le vide pour contrôler le peigne virevoltant dans les airs. Les cheveux de son Altesse étaient vraiment sauvages ! Difficilement apprivoisables mais après quelques essais infructueux, il réussit enfin à les rendre plus dociles.

«Tada !» S’écria-t-il une fois le travail achevé.

«Est-ce qu’elle sera impressionnée ? Et si elle ne me trouve pas assez élégant ?» Incertain, Bowser se détourna du miroir pour regarder son conseiller et son fils tous les deux en train de l’examiner de haut en bas. D’un doigt replié sous leur menton, ils s’échangèrent un regard avant de se mettre à sourire de satisfaction.

«Vous êtes beau comme un cœur ! Nul doute que vous allez faire forte impression ce soir.» Acquiesça finalement le Magikoopa vraiment fier du résultat.

«Elle te trouve déjà beau sans accessoires.» Révéla Junior à la légère d’un petit haussement d’épaules tandis qu’il laissait traîner son pied sur le tapis rouge, cette information transformant l’incertitude de son père en stupéfaction.

«Elle a dit ça ?» D’un air ahuri, Bowser leva les sourcils mais son fils se contenta de ricaner comme un petit coquin.

«On se dit tout un tas de trucs elle et moi ! Et ouais, je suis son confident ! On a aucun secret. Elle m’a même dit qu’elle te trouvait brave et que ton sourire lui donnait des papillons dans le ventre … Ou quelque chose comme ça. Je trouve ça juste bizarre qu’elle mange des papillons quand elle pense à toi … Je me demande quel goût ça a ? Oh zut !» Se rendant compte de sa bêtise, Bowser Junior plaça rapidement ses mains sur son museau après avoir dévoilé des confidences mais évidemment il était trop tard pour revenir en arrière. Il n’était vraiment pas doué pour garder des secrets !

«Le diner ne va pas tarder à commencer. Laissons au Roi quelques minutes pour reprendre ses esprits et ensuite nous irons au lieu de rendez-vous.» Kamek chassa le jeune prince à la langue bien pendue avant de se retourner vers Bowser pour s’apercevoir que son expression abasourdie n’était toujours pas partie. Avait-il une crampe ? Le Magikoopa se dirigea vers la porte mais avant de la franchir, il se retourna une dernière fois ; «et n’oubliez pas, soyez naturel !»

Être naturel … Attendez, c’était quoi déjà ?!

A vingt heures précises, Solfège fût escortée par les deux gardes Koopas Marwin et Charlie jusqu’au lieu de rendez-vous. Ne sachant pas exactement ce qui l’attendait étant donné que tout le monde s’était gardé de lui donner des explications, la jeune femme en élégante robe rouge à manches longues se dirigea vers une immense porte en métal. Cette porte lui était étrangement familière. Elle avait déjà eu l’occasion de la traverser une fois, mais elle était incapable de se souvenir ce qui se trouvait derrière. Avalant nerveusement, elle laissa ses deux amis Koopas lui ouvrir la porte pour dévoiler une longue passerelle en pierre qui rejoignait une autre porte se trouvant de l’autre côté du vide. Une mer de feu plusieurs centaines de mètres plus bas. Sur sa gauche coulait un gigantesque mur de lave, chauffant cette impressionnante salle reliant deux parties du château par cette unique passerelle.

Maintenant ses souvenirs lui revenaient. C’était ici que son plus grand cauchemar avait eu lieu …

Mais au milieu de la grande et longue passerelle elle pouvait y voir une petite table avec un chandelier et des bougies au milieu de cette dernière recouverte d’une nappe blanche. S’avançant prudemment dans la salle, les yeux de Solfège s’arrêtèrent ensuite sur une tortue familière se tenant derrière le plus grand fauteuil face à elle. Immobile, il attendait sa venue. Les gardes Koopas refermèrent la porte dans son sillage quand elle se retrouva à mi-chemin, son regard s’attardant sur le Roi qui avait l’air aussi nerveux qu’elle ne l’était. Une fois arrivée à la hauteur de la table, elle put voir qu’elle était magnifiquement dressée avec de l’argenterie, des assiettes blanche et or, des verres de cristal, des serviettes rouges soyeuses, le fameux ensemble à thé qu’elle avait utilisé avec Junior … Cette dernière constatation la fit sourire.

«Bonsoir votre Altesse. Vous êtes très élégant ce soir.» Salua poliment Solfège d’une courte révérence après avoir remarqué l’aspect soigné de Bowser. Elle le trouvait très beau avec ses cheveux en arrière, très séduisant.

«Ah oui vous trouvez ?» S’interrogea le Roi Koopa d’un haussement d’épaules hésitant, croisant les mains devant lui pour les empêcher de trembler. Il ne manquerait plus qu’elle ne remarque sa nervosité !

Le petit hochement de tête de l’humaine fit courir son cœur plus vite dans son plastron, au point de le faire rire maladroitement. Être naturel, c‘était le mot d’ordre de la soirée ! Alors concentration. Retrouvant vite son sérieux, la tortue géante s’empressa de contourner la petite table pour tirer la chaise à Solfège afin de l’inviter à s’assoir d’un geste de son bras. Ce qu’elle fit d’un rapide remerciement. Les deux désormais assis face à face, un silence à rallonge s’installa aussitôt tandis qu’ils cherchaient un sujet de conversation pour rompre ce soudain malaise. Nouant timidement ses mains sur ses genoux, le sourire de Solfège mourut peu à peu quand elle se souvint de la scène du jardin et à quel point elle avait été attristée par son départ inopiné. Certaine qu’il avait été sur le point de lui dire quelque chose d’important. Elle se sentait fautive … Persuadée que c’était de sa faute s’il était parti fâché hier après-midi.

«Je voulais vous présenter mes excuses pour hier … Je suis désolée si j’ai dit quelque chose qui vous a contrarié.» S’engagea-t-elle tout en gardant les yeux baissés sur ses mains jointes, affectée par ses évitements.

«Je n’étais pas contrarié !» Réfuta Bowser un peu trop rapidement car il ne contrôla pas le ton de sa voix qui paraissait bien trop menaçante pour ce qu’il pensait réellement. Il avait juste été surpris par ses excuses et il ne voulait surtout pas qu’elle croit que c’était de sa faute s’il avait pris ses jambes à son cou … Jamais. Se raclant la gorge, il reprit avec plus de calme au regard incrédule de son interlocutrice ; «je voulais dire pas contrarié contre vous, hé hé.»

Il ricana bêtement après avoir inséré deux doigts autour de son collier qui lui paraissait soudainement beaucoup trop serré. Il faisait chaud ici ou c’était son imagination ?! Il avait l’impression de fondre, c’était un comble ! Heureusement qu’il n’avait pas endossé tout le reste de son costume où il ne serait même plus en état de parler … Irrité par sa perte de contrôle, le Koopa géant tenta de desserrer un peu le nœud autour de son cou alors qu’il esquissait des sourires maladroits en direction de la jeune femme qui se contentait de le regarder avec compassion. Il se perdit dans ses grands yeux verts, ce qui accéléra naturellement le rythme de ses battements de cœur. Une fois satisfait de la position du nœud violet, Bowser attrapa le rebord de la table trop petite pour s’y accouder lorsque la porte se rouvrit derrière le fauteuil de Solfège pour faire apparaitre une jeune tortue en tenue de servant.

«Messire et gente Dame, voici votre diner !» Déclara Junior d’une voix hautaine tout en gardant le menton haut pendant qu’il marchait vers la table avec des manières. Se concentrant sur ses pas, il faillit trébucher quand son orteil entra en contact avec une pierre, lâchant un petit cri de surprise aux deux plats sous cloche qui tanguaient dangereusement d’un côté à l’autre. Néanmoins il réussit à retrouver son équilibre sans faire de casse.

«La spécialité du Chef ! Cheep Cheep rôti accompagné de sa tarte aux légumes. J’espère que votre repas en amoureux se passe pour le mieux. Si vous avez besoin de moi, je serai dans le couloir !» S’exclama joyeusement Bowser Jr après avoir posé les plaques chaudes devant les deux individus à table, ne se rendant même pas compte de l’impact de ses paroles.

Solfège remercia Junior d’un sourire alors que Bowser essayait de ne pas rire de la situation embarrassante car il avait la fâcheuse tendance à extérioriser son stress par le rire. D’une serviette blanche drapée sur son bras gauche, Junior se pencha vers son père pour lui faire un petit clin d’œil avant de tourner les talons pour rejoindre la sortie. Ce qui fit apparaître Kamek dans son petit nuage rose de magie avec une bonne bouteille de vin de melon, une spécialité du désert Sec-Sec ! Une bouteille inestimable. Resserrant son petit nœud noir autour de son cou, le Magikoopa à lunettes en servit dans les verres de cristal en veillant à mettre quelques gouttes supplémentaires chez Solfège. Comme ça, elle sera encore plus détendue ! D’un petit rire fourbe, Kamek disparu aussitôt pour les laisser tranquille en tête à tête.

«Ça a l’air délicieux !» S’enchanta Solfège qui retira la cloche pour sentir cette incroyable odeur de légumes chauds et de poisson cuit au feu de bois. La vapeur balaya ses cheveux de son visage. Il n’y avait pas à dire, Koopa Cuistot savait comment réaliser cette tarte à la perfection ! Son plat préféré.

En revanche, Bowser ne suivit pas le mouvement malgré l’odeur exquise de son plat. L’observant pensivement de l’autre côté de la table, il joua avec ses couverts jusqu’à ce qu’il ne fasse malencontreusement tomber sa fourchette sur le sol. Cette dernière ricocha plus loin, l’obligeant ainsi à se lever pour aller la chercher. Malheureusement à son mouvement brusque, il arracha presque toute la table avec sa queue après que la nappe s’accrocha à l’un de ses piques. Les verres renversèrent un peu de ce précieux liquide couleur miel tandis que toute l’argenterie tinta à la violente secousse, mais rien ne tomba par miracle. Les épaules de Bowser s’affaissèrent d’un soupir exaspéré alors que Solfège se mit à rire à gorge déployée. Cette table était beaucoup trop petite pour lui ! Agacé par sa maladresse, le Roi sentit cependant une agréable émotion l’envahir aux éclats de rire chaleureux de la jeune femme à priori amusée par tout ça.

Chassant toute colère en un instant.

«Humpf, ce n’est pas adapté pour un Roi de ma grandeur ! Je me demande qui est l’idiot qui a fait ça !» Rouspéta Bowser une fois de retour dans son fauteuil pour croiser les bras d’une petite moue.

«Vous avez raison, vous méritez mieux.» Accorda Solfège d’un hochement de tête, le sourire toujours bien en place. Ce n’était vraiment pas confortable pour un Koopa de sa taille car non seulement il devait faire attention à ses mouvements, mais en plus tout était trop petit pour lui.

Le regard ennuyé de Bowser s’arrêta sur Solfège après cette réponse qui regonfla son égo. Il voulait lui dire qu’il ferait tout pour la mériter, même les plus grands sacrifices, mais il se ravisa après s’être souvenu de ses conseils. Retombant dans un silence cette fois-ci agréable, les deux se fixèrent à l’autre bout de la table sans prêter attention à leur plat. Solfège pouvait sentir ses joues chauffer à son regard insistant contenant une certaine forme d’admiration, peut-être même de l’affection. Il était comme un livre ouvert … Mais il arrivait parfois qu’elle ne puisse pas déchiffrer son visage. La sensation d’avoir des papillons dans le ventre revint tout à coup pendant qu’elle l’admirait d’un sourire évasif, pendant qu’elle contemplait la tortue assise face à elle dépourvu de malice. Elle voyait derrière son masque de méchant, elle voyait le Koopa caché dans sa carapace. Levant brièvement les yeux sur le pique cassé au-dessus de son épaule gauche, elle déglutit à ce douloureux souvenir d’une bataille acharnée avant de reprendre la parole pour alléger l’atmosphère.

«Junior est un enfant formidable. Il possède une grande intelligence pour son âge et il déborde d’imagination avec ses prototypes. Par exemple ce matin il m’a présentée son nouveau vaisseau galactique qui aura la capacité de voyager deux fois plus vite ! Il ne cesse de m’impressionner avec ses talents. Je crois qu’il a un don pour ça.» Admit-elle d’un léger rire, son sourire s’agrandissant à ce qu’il avait réussi à créer pour dissimuler le château et le rendre indétectable aux radars. Elle était si fière de son génie.

«Rien de plus normal, il a hérité ça de son père. Mon fils est brillant et il fera un Roi digne de ce nom lorsqu’il aura atteint l’âge pour diriger.» Rétorqua Bowser en inspectant l’état de ses griffes d’un air supérieur, intérieurement flatté. Toutefois il s’arrêta de les admirer lorsqu’elle reprit dans ce même timbre de voix attendrit.

«J’aime vivre dans ce château. Il n’a peut-être pas les fleurs ni l’air pur de la vallée Champignon, mais je m’y sens bien. Avec vous, avec tout le monde ici. Je n’ai jamais connu d’endroit comme celui-là. Et je dois aussi vous avouer quelque chose …» Solfège s’arrêta au beau milieu de sa phrase pour regarder ses mains et chercher le courage de lui dire ce qui lui pesait sur le cœur. Levant timidement les yeux vers lui, elle vit qu’il attendait impatiemment qu’elle finisse ce qu’elle avait commencé. Son regard brillait avec espoir alors elle laissa parler ses émotions ; «Je … J’ai des sentiments pour vous.»

Dès que ces quelques mots furent prononcés, l’expression surprise de Bowser changea radicalement. Elle voulait poursuivre sur sa lancée mais il semblait préoccupé par quelque chose, sous pression tandis qu’il tirait nerveusement sur son nœud violet pendant que son autre main fouillait rapidement sur son côté droit. Inquiète, elle haussa les sourcils au Koopa qui avait adopté un comportement étrange à sa déclaration. C’était le bon moment ! Maintenant il ne pouvait plus reculer. Sa confession venait de lui donner le courage de se lancer à son tour ! Son cœur tambourinant férocement d’appréhension dans sa poitrine, il en eu presque le tournis alors qu’il se redressait sur son fauteuil mauve pour ensuite poser sa main sur son plastron. Fermant un instant les yeux, il les rouvrit pour faire une expression passionnée.

«Eh bien nous y voilà. Je crois que c’est le moment pour moi de vous dire ce que j’ai sur le cœur depuis si longtemps !» Se mettant à rire d’inconfort, Bowser tendit sa main vers Solfège qui le regardait avec de grands yeux choqués. Il ne se laissa pas déstabiliser pour autant.

«Vous êtes la plus belle créature qui m’a été donné de voir dans ce monde, dans l’univers tout entier ! Les constellations ne rivalisent pas avec vous. Vos yeux sont comme des joyaux, votre voix si douce me guide à travers les ténèbres … Quand je pense à vous, mon cœur s’emballe ! Avant vous, j’ignorai ce qu’était le véritable amour. Jamais je n’aurai envisagé éprouver un tel sentiment pour qui que ce soit ! C’est si fort, ma passion ne connait aucune limite. Je veux pouvoir vivre à vos côtés, à jamais … Voudriez-vous m’épouser ?» Bowser fit enfin sa déclaration en détournant les yeux après avoir timidement sourit à l’humaine immobile sur sa chaise, interprétant son expression béate pour de l’hésitation, le poussant à continuer.

«Je sais que je n’ai pas toujours été très tendre …» Il s’empressa de dire à cette peur qui le prenait aux tripes, tellement plongé dans ses propos qu’il n’entendit même pas la réponse de Solfège.

«Oui !» Coupa-t-elle rapidement d’un large sourire toutefois le Roi ne fit pas attention.

«Que j’ai parfois des sautes d’humeur incontrôlables …» Poursuivit Bowser en gardant les yeux rivés au sol d’une petite pointe de tristesse.

«Oui.»

«Mais vous avez capturé mon cœur le jour où j’ai posé les yeux sur vous !»

«Oui.»

«Ensemble, nous règnerons sur un monde meilleur ! Nous le façonnerons à notre image. Main dans la main … Pour la vie.»

«Oui !»

Enfin à cette dernière exclamation, le Koopa hébété releva les yeux dans la direction de l’humaine émue.

«Oui ?» Répéta-t-il d’une voix hésitante, pas certain d’avoir compris.

«Oui ! Bien sûr que je vous épouserai !» Solfège se mit à rire lorsque les sourcils de Bowser se levèrent si haut qu’ils touchaient presque ses cheveux. Sa bouche était grande ouverte de stupeur, sa main toujours tendue avec l’autre posée au-dessus de son cœur pendant qu’il s’exprimait ouvertement sur ses sentiments.

Oui.

Elle avait dit oui … Il avait enfin obtenu un oui dans sa vie ! Il n’en revenait tout simplement pas. Il était encore sous le choc. Après toutes ces longues années de solitude, tout ce temps où il rêvait de connaître le vrai bonheur, il allait enfin l’expérimenter. Il allait enfin avoir son propre conte de fée avec celle qu’il aimait. Avec sa belle Solfège, sa personnalité bienveillante, sa patience et sa générosité qui l’avaient fait tomber amoureux d’elle. Celle qui avait apporté tant de positivité dans sa vie, celle qui lui avait montré qu’il n’existait pas que la haine et la colère dans ce monde. Elle était un tout. Elle était sa perfection. D’un sourire authentique, Bowser dévoila enfin ce qu’il cachait sous la table pour le présenter à l’humaine qui avait les yeux brillants d’un intense bonheur. Une petite boite noire qu’il ouvrit lentement face à elle pour montrer la magnifique bague à l’intérieur soigneusement posée sur un coussin rouge. Argentée, elle arborait une jolie pierre émeraude taillée en trillion.

Son souffle se prenant à la beauté de cette bague, Solfège se laissa prendre la main gauche pour permettre à Bowser de doucement enfiler la bague à son annulaire. Faisant preuve de beaucoup de prudence avec ses griffes pour ne pas la blesser au passage, une réussite. La bague lui allait à la perfection ! Le joyau émeraude scintillait à la lumière rouge de la lave, serrant à peine son doigt pour ne pas glisser. Petit à petit, les larmes remplissaient ses beaux yeux verts tandis qu’elle regardait la grande tortue face à elle qui jouait nerveusement avec ses mains, lui offrant son magnifique sourire qu’elle aimait tant quand leurs regards se croisèrent. Un sourire véritable … L’émotion était là.

Posant sa main sur ses doigts, Solfège se redressa puis attrapa son menton pour délicatement poser ses lèvres sur les siennes.

Fin


Je crois que tous ceux qui suivent cette histoire depuis le début l’attendait, cette fin. Pas vrai ? Moi la première. Dites-vous que j’ai cette déclaration en tête depuis que j’avais commencé mon histoire principale, pour vous dire à quel point j’attendais de l’écrire ! Une vraie torture haha

Je les trouve beaucoup trop mignons … Mais si j’ai un jour une autre idée de proposition me viens, je l’écrirai sûrement ici. En attendant je continue les histoires que j’ai en tête et vos petits défis d’écriture 😊 la prochaine histoire fera lien avec celle-ci.

MARIAGE ! AHHHHHHHHH ! Trop hâte d’y être car vous serez tous invités !

A bientôt, VP

Chapter 3: Un mariage presque parfait

Chapter Text

Bonjour chers amis lecteurs ! Aujourd’hui est un grand jour ! Prenez place, installez-vous *indique les bancs de libres* la cérémonie ne va pas tarder à commencer.

Avant toute chose, oui, je me suis grandement inspirée d’une série très connue pour une certaine scène. C’est donc normal si certains d’entre vous ont un sentiment de déjà-vu, mais quand j’ai vu ce passage, j’ai instantanément pensé à Solfège et Bowser. C’était plus fort que moi, je devais la refaire pour eux car c’était beaucoup trop mignon !

Alors si vous avez la série en question, marquez simplement un "j’ai !" dans la section commentaire 😊


Un mariage presque parfait

Il avait ressorti le grand jeu pour cette occasion.

Le ciel était d’un beau bleu turquoise sans la moindre trace de nuage à l’horizon, juste ceux en lévitation autour du château mais ils étaient suffisamment éloignés pour ne pas gâcher la beauté du cadre. Le soleil brillait de mille feux sur la plateforme ronde tandis que les bancs blancs et bleus avaient été remis à leur place face à l’autel où une immense arche en forme de cœur ailé orné de roses blanches et de lumières se dressait. En contre-bas, l’habituelle lave en fusion menaçait quiconque essayerait de descendre, gardant jalousement l’ensemble du territoire de Bowser. De jolis arrangements floraux avaient été conçus pour chaque rangée de banc. Des guirlandes fleuries, des nœuds et des couronnes étaient accrochés, le grand tapis bleu et blanc partant des doubles portes jusqu’à l’autel avait été déployé, une table débordante de cadeaux en tout genre attendaient d’être déballés ... En haut des six marches se tenaient deux grands chandeliers en fer forgé ainsi que Kamek d’ores et déjà en position pour commencer la cérémonie.

Bowser regardait impatiemment les invités prendre place sur les bancs d’une légère pointe de nervosité se traduisant en gestes répétitifs. Serrant les bords de sa veste pailletée, il pianota avec sa griffe alors qu’il regardait chaque personnage s’installer sur son siège. Les frère Marto, des Hériss, des Koopas vivants et en os, deux plantes piranhas, des Maskass, des Goombas, des Bob-ombs, Voyous, les Koopalings volontairement placés tout au fond pour éviter un maximum de désordre … Et même le Roi Boo qui avait accepté de venir après avoir été sauvé par Kamek de sa transformation en pierre chez le Roi Tic-Tac. De son côté, le Roi Bob-omb avait décliné l’invitation car il n’avait pas du tout apprécié se faire exploser par la princesse Peach la dernière fois, ayant désormais une rancune contre elle. Elle l’avait fait exploser devant tout le monde ! D’accord il était décrit comme un personnage orgueilleux mais ce n’était pas une raison pour le ridiculiser en public.

Heureusement pour lui, le Roi des Koopas ne lui en tiendra pas rigueur pour une simple question de sécurité.

Au bas des marches menant à l’autel se dressait un grand présentoir sur pied en métal avec une belle pièce montée arborant des carapaces vertes à épines, des cornes, des notes de musique, un coulis de fruits rouges, et un dressage à la chantilly de couleur violet. L’immense gâteau blanc rappelait la veste blanche de Bowser avec les petits clous sur les plis, une réalisation parfaite signée par le talentueux Koopa Cuistot. C’était d’ailleurs un miracle qu’il ne fonde pas avec cette chaleur extrême ! Mais bien sûr, que serait un aussi beau gâteau de mariage sans les deux personnages trônant en son sommet ? Au lieu que Peach lui tienne le bras d’un sourire admirateur, c’était une représentation de Solfège qui tenait la main de Bowser pendant que les deux se regardaient amoureusement. La différence, même ici, était flagrante. A croire que Koopa Cuistot l’avait senti depuis bien longtemps déjà que cette pièce montée allait voir le jour très prochainement.

Tout semblait parfait. Les invités étaient presque déjà tous là et Bowser commençait enfin à se détendre d’un petit soupir discret pour relâcher ses muscles rapidement suivit par un sourire suffisant qu’il esquissa. Il voulait que ce mariage reste à jamais gravé dans les esprits ! Qu’il soit le plus beau et le plus spectaculaire possible afin que tout le monde sache qu’il était sur le point d’atteindre son objectif premier. Cependant son sourire satisfait mourut instantanément quand ses yeux se posèrent sur quatre figures qui venaient tout juste d’apparaître au bout de l’allée pour chercher une place. De les voir ici après tout ce qui c’était passé … De savoir qu’ils allaient être témoins de ses noces sans pouvoir dire ou faire quoi que ce soit le rendait presque malade. Cette impuissance l’insupportait. Mais il le faisait pour Solfège, pour lui prouver qu’il pouvait faire des efforts de tolérance rien que pour elle.

Car si ça ne tenait qu’à lui, il aurait déjà fait un scandale devant tout le monde.

D’un léger grognement de désapprobation, Bowser se contenta de garder la bouche fermée, le menton levé. Il devait prendre son mal en patience, ce qui relevait du défi. Le grand Koopa toisa avec méfiance les trois humains qui se frayaient timidement un chemin pour atteindre le premier banc de droite. Accompagnés de ce Toad bavard aux sourires agaçants, ils s’installèrent rapidement à ces places qui leur avaient été attribuées sous la demande de Solfège. Enfin, plutôt sous ses supplications étant donné qu’il avait fallu le convaincre de les laisser marcher sur son territoire en ce jour sacré … Ce qui n’était pas une mince affaire. Mais encore une fois, il le faisait pour sa future femme, pour qu’elle ait au moins quelques amis à son mariage car mise à part ces quatre énergumènes il n’y avait personne d’autre du côté de la mariée. Les amis et les fréquentations de Bowser prenaient littéralement tous les bancs disponibles !

«Mario, qu’est-ce qu’on fiche ici … Je n’aime pas du tout cet endroit, il me donne la chair de poule ! Il y a des ennemis partout. Tu te souviens la dernière fois qu’on a mis les pieds ici ? Et s’il nous fait prisonniers ? Qu’est-ce qu’on va devenir ?» S’affola Luigi à côté de son frère en grinçant des dents à tous ces visages effrayants qui les entouraient. Il glapit lorsqu’une plante piranha se lécha les babines quand elle le regarda, ou plutôt quand elle sentit l’odeur de la peur car elle était dépourvue d’œil. Cette observation lui donna des frissons dans le dos.

«Tout va bien se passer. Détend-toi Lu, je ne laisserai personne te faire du mal, tu as ma parole ! Tu ne seras plus jamais le prisonnier de qui que ce soit. Moi et la princesse on s’en assurera.» Tenta de rassurer Mario après s’être tourné vers son frère tremblant de peur et recroquevillé sur le banc. Déposant sa main gantée sur son épaule, ce geste eut un effet immédiat sur Luigi qui se mit à rire anxieusement.

«Tu as raison … Tant que nous sommes ensemble il ne peut rien nous arriver. On le fait pour notre amie.» Répéta ce dernier plus confiant dorénavant, les poings serrés d’un regard convaincu. Même si intérieurement il restait mort de trouille à l’idée de se retrouver dans le château de son pire ennemi, là où il avait failli mourir plus d’une fois ... Il déglutit bruyamment ce qui amena Peach à parler.

«Nous devons être présents pour Solfège au cas où elle aurait besoin de notre aide. Dis-toi que nous sommes ses gardes du corps en mission secrète. Au moindre signe, nous interviendrons !» Déclara-t-elle d’un clin d’œil ludique tout en montrant son biceps à Luigi pour appuyer ses mots.

En effet, ils gardaient toujours quelques doutes sur l’authenticité de ce mariage, mais à priori Solfège était bien amoureuse de cette tortue maléfique et cet amour était réciproque. Ou du moins le semblait ... Même si c’était toujours difficile pour eux de l’admettre après ces multiples chantages pour obtenir la main de la princesse. Car ils ne savaient jamais à quoi s’attendre avec Bowser ! Ni quels étaient ses plans diaboliques pour arriver à ses fins. Toutefois quoi qu’il se passe à ce mariage, ils resteront aux aguets puis protégeront leur amie si la situation le demandait. Souriante aux deux garçons côte à côte sur le banc, les beaux yeux bleus de Peach s’arrêtèrent ensuite sur le Toad le plus courageux qu’elle connaisse quand celui-ci s’exprima à son tour.

«Une mission secrète ? Trop cool ! J’adore ça le danger. Je suis le meilleur en infiltration ! Personne ne me fait peur ici, je ne crains pas tous ces gros moches ! Je les découperai en petits morceaux puis je les cuisinerai avec des oignons fris et de l’ail, vous verrez c’est succulent ! Je n’ai peur de rien.» Toad gonfla la poitrine d’un regard déterminé, cette vive exclamation faisant peur aux trois humains à sa gauche qui le fixait avec de grands yeux choqués. C’était une grande menace, ils ne s’y attendaient pas du tout venant d’un si petit bonhomme plein de joie. Tout à coup Toad perdit son expression presque effrayante pour la troquer contre un sourire joyeux qu’il offrit à quelqu’un de l’autre côté de l’allée principale.

«Hey, frangin ! Coucou ! Par ici !» Salua-t-il en faisant de grands signes à un autre Toad avec une cicatrice assis sur le premier banc entre deux Koopas. Portant une veste noire à piques, une chaine en or ainsi que des lunettes de soleil suspendues, ce dernier s’enfonça plus loin dans son siège.

«Oh pitié …» Grommela Terry d’une main couvrant sa vision périphérique à son idiot de frère qui lui mettait la honte devant tout le monde. Pourquoi il était là, lui ?! C’était le jour le plus important pour son monarque adoré et il fallait que cet imbécile soit là pour tout gâcher ! Il avait envie de tout casser, d’évacuer sa colère dans un grand cri de rage sauf qu’il se résigna au dernier moment.

«Psst, c’est qui la mariée ? C’est une princesse de quelle contrée cette fois-ci ?» Questionna une petite bombe derrière lui. Néanmoins ce fût le Koopa à gauche de Terry qui répondit d’un sourire.

«Ce n’est pas une princesse. Et elle vient du royaume du Temps.» Rappela Charlie d’un coup d’œil à son frère Marwin lorsqu’il y eut un soupir collectif à cette information.

«Pas une princesse ?!» S’ébahi un Maskass.

«Du royaume du Temps ? Pourquoi Bowser s’intéresse à elle alors si elle n’a rien à lui offrir ?» S’interrogea un Boo déconcerté dans sa voix fluette fantomatique, levant ses petits bras pour marquer son désarroi. Depuis quand le terrifiant Bowser s’intéressait à quelqu’un d’autre que la princesse Peach ? Et sans la promesse d’obtenir plus de pouvoir ? C’était le monde à l’envers !

«Du moment qu’elle nous fait pas un scandale … Et qu’elle essaye pas de tous nous congeler, moi ça me va.» Soupira un frère Forgeron à moitié affalé sur le banc, se grattant le ventre d’un long bâillement.

«En priant pour que ce soit le dernier mariage.» Grogna de lassitude un Skelerex tout en croisant les bras sous son museau squelette. C’était celui qui avait été rôti par son chef lorsqu’il avait posé une question qui fâchait concernant la réponse de Peach à l’époque.

«Vous êtes bêtes ou quoi ? Le plus important c’est que notre boss soit heureux et comblé ! Qu’elle a du pouvoir ou pas on s’en fiche du moment qu’elle remplit correctement son rôle d’épouse. Notre puissant Roi a besoin d’être épanoui pour nous guider vers la victoire ! Pour pouvoir tous les écraser jusqu’aux derniers !» Enflammé, Terry serra les poings devant lui d’un sourire démoniaque alors que Marwin et Charlie s’échangeaient des regards perplexes à cette soudaine prise de parole en faveur de leur monarque. Rien d’étonnant quand on connaissait Terry et son allégeance irréprochable.

Il n’existait pas plus fidèle que lui, un fervent adorateur de Bowser.

Les premières notes de la marche nuptiale débutèrent aussitôt que tout le monde était installé, coupant net toute interaction entre les invités. Chaque personnage se tourna vers les doubles portes en attendant de voir apparaître la future mariée au bout de l’allée. Le suspense était à son comble. Tous les regards sans exception se rivèrent sur ces portes qui n’allaient pas tarder à s’ouvrir et dévoiler celle qui allait devenir l’épouse du Roi Bowser. Celle dont tout le monde parlait depuis quelques temps, aussi mystérieuse soit-elle. Qui donc avait enfin accepté la demande en mariage du plus cruel et craint de tous les Koopas ? Les célèbres notes résonnèrent sur la plateforme dorénavant silencieuse tandis que Bowser attendait fièrement Solfège en haut des marches, sa confiance en lui se lisant sur son visage ravi. Il croisa brièvement le regard de Peach sur le banc puis son sourire s’estompa pour faire un petit froncement de sourcils au geste de la blonde.

Elle pointa deux doigts devant ses yeux avant de les diriger dans sa direction afin de lui faire comprendre qu’elle le surveillait. Evidemment de loin, mais elle sera toujours là. Il avait envie de ricaner à cette menace absurde toutefois sa nervosité le regagna vite quand les portes ne s’ouvrirent toujours pas alors que la musique continuait normalement. Se balançant sur ses pieds, la grande tortue à épines lorgna les trois humains en diagonal de sa position. Mario et son frère étaient tous les deux vêtus d’un smoking noir, sans leur casquette colorée qu’il trouvait ridicule. Heureusement ! Sinon il les aurait vite chassés de son mariage pour faute de goût. Fusillant du regard Luigi qui redressait frénétiquement son nœud autour de son cou, il passa ensuite au Toad qui le défiait ouvertement du regard, prenant exemple sur la princesse qui n’avait pas froid aux yeux.

Puis il revint à Peach qui elle, avait opté pour une jolie robe rose avec des tons blancs, de soyeux gants blancs courts, une grande ombrelle avec des cœurs et sa coiffure habituelle. Tout comme les deux frères, elle avait fait un effort vestimentaire pour l’occasion, ce que Bowser devait reconnaître malgré son aversion pour ces trois-là. Il n’arrivait toujours pas à se dire qu’ils étaient tous là et en liberté … Assis sur un banc au lieu d’être enfermés dans une cage en train de frire au-dessus de la lave. Commençait-il déjà à se ramollir avant même d’avoir été marié pour de bon ? Bowser se le demandait alors qu’il croisait les bras sous son museau à cet instant qui s’éternisait.

La musique venait tout juste de recommencer tandis que les minutes défilaient sans un signe de sa bien-aimée Solfège. Mais où était-elle ?! Derrière lui, Kamek se racla la gorge quand des murmures de confusion commencèrent à s’élever parmi les rangs. Les invités se regardèrent avec incrédulité en se demandant ce qui se passait et pourquoi il n’y avait toujours pas de mariée à l’horizon, pensant carrément que la future épouse avait finalement prit ses jambes à son cou après réflexions. Ce qui ne serait même pas étonnant au final … Rien de bien nouveau. La seule chose qui les inquiétait vraiment c’était la réaction du Roi colérique, certains Koopas se cachant déjà dans leur carapace en prévision de la possible explosion. Toute l’assurance de Bowser venait de se volatiliser alors qu’il voyait l’intégralité de ses invités chercher une explication sur l’absence de mariée, son expression s’alarmant à ce sentiment d’inquiétude qui rampait dans son estomac.

Où était Solfège ?

«Hum, je crois qu’il y a un petit souci …» Commenta le Magikoopa devant l’autel après s’être léché le doigt pour tourner une page de son livre. A aucun moment c’était écrit que la mariée devait venir en retard !

«Qu’est-ce qui se passe !» Somma Bowser dans sa grosse voix effrayante.

Peach se leva rapidement du banc en confiant son ombrelle à Mario pour marcher dans l’allée en direction des portes fermées. Elle avait l’intention de mettre toute cette histoire au clair ! Ramassant ses jupons, elle se dépêcha de disparaître des regards pour trouver son amie à l’intérieur du château. Les secondes passèrent, puis les minutes, et enfin un long quart d’heure sans que qui que ce soit ne revienne. Les chuchotements se transformèrent bientôt en interrogatoire pour Kamek qui devait faire tout le nécessaire pour calmer les invités de plus en plus irrités par cette attente interminable. Était-ce une mauvaise blague ? Pourtant le Roi Koopa paraissait déconcerté, voir même désemparé ... Finalement Bowser reprit son souffle pour descendre les marches et rejoindre à son tour les portes en trombe, fulminant tout le chemin jusqu’au vestibule pour le retrouver complètement vide.

Il haussa un sourcil intrigué. Pas la moindre trace des deux filles, mais où pouvaient-elles bien être ? Avançant jusqu’aux prochaines portes menant au couloir principal, Bowser s’arrêta dans ses pas lorsqu’il crut entendre des bruits de l’autre côté. Cela ressemblait à des voix ... Il attrapa son haut de forme pour éviter qu’il ne tombe de sa tête quand il se pencha curieusement contre le bois pour écouter ce qui se passait derrière, les yeux plissés dans la concentration. C’était étouffé par l’épaisseur des portes néanmoins il pouvait entendre des petits reniflements ainsi que la voix de Peach.

«Tu sais, il n’est jamais trop tard pour renoncer. Si tu n’es pas prête, il ne faut pas te forcer à faire quoi que ce soit. Ce choix t’appartiendra toujours ! Et si vraiment il t’aime …» La princesse s’arrêta un instant après ce mot qui avait eu du mal à sortir de sa bouche ; «alors il attendra ! C’est aussi simple que ça.»

Derrière la porte, les sourcils de Bowser se froncèrent à la colère qui prenait vie à l’intérieur de lui.

«Tu veux que je te trouve une fleur de gèle ? Ça peut s’avérer utile dans ce genre de situation, j’en sais quelque chose ! Mais tu n’as pas besoin d’avoir peur, il ne t’arrivera rien tant que nous serons là. Je t’en donne ma parole de princesse.» Rigola Peach.

Cette phrase était la phrase de trop. Il voyait carrément rouge. Était-elle en train d’essayer de saccager son mariage avec Solfège ?! Serait-ce une espèce de vengeance ou quelque chose comme ça ? Pourquoi Peach voulait faire douter sa future épouse ? Et évidemment qu’il l’aimait, quelle question ! Les poings se serrant violemment, le Koopa serra les dents à cette montée de rage qui l’envahissait au point de faire sortir de la fumée par ses narines. Il avait envie de tout détruire, de brûler cette porte et de faire déguerpir toutes ces personnes qui attendaient dehors sous le soleil. Il avait honte, il se sentait humilié ! Encore une fois. Grognant de haine, Bowser cessa subitement de trembler quand il entendit les pleurs de Solfège derrière la porte, ce qui le calma instantanément. Son cœur se brisait à ces sons déchirants … Alors calmement, il prit la poignée pour l’ouvrir et ainsi faire irruption dans le couloir qui contenait seulement les deux jeunes filles.

«Que faites-vous ici ?! Vous n’avez pas le droit de voir la mariée avant la cérémonie !» S’indigna aussitôt Peach agenouillée devant Solfège en larmes.

Bowser ne lui prêta pas attention car ses yeux étaient rivés sur la belle humaine en robe de mariée assise sur un petit banc de pierre sur sa gauche. Entre deux chandeliers apportant un peu de lumière à ce couloir sinistre, la blancheur de sa robe la faisait ressortir de ces murs grisonnants, sa longue traîne tombant sur le côté comme une cascade. Elle ressemblait à un ange tombé du ciel. Son visage était enterré entre ses mains pendant qu’elle pleurait à chaudes larmes, les coudes posés sur ses genoux. Ses épaules tremblaient alors que la princesse tentait en vain de la consoler de quelques petites tapes amicales sur son genou, ses yeux bleus soucieux cherchant à établir un contact visuel avec cette dernière inconsolable pour une raison inconnue.

«Elle avait besoin de réconfort ! D’une présence bienveillante qui la soutienne dans un moment aussi dur. Pas de quelqu’un qui lui rajoute encore plus de pression !» Insista une Peach remontée après avoir fusillé du regard le grand Koopa à l’embrasure de la porte. Elle avait presque réussi à faire cesser les larmes de Solfège avant qu’il n’entre dans la pièce … Elle avait envie de lui crier dessus pour son manque de tact ! Cependant son regard fielleux faiblit légèrement lorsque le Roi en costume lui plissa les yeux d’avertissement.

«Dehors ! Avant que je ne lance un nouveau Bill Ball sur le royaume Champignon et tous ces idiots de Toads !» Menaça-t-il d’un ton qui ne laissait place à aucun argument. Et cette menace était suffisamment efficace pour décourager Peach de lui tenir tête plus longtemps. Jetant son pouce derrière son épaule, il suivit du regard la princesse d’un haussement de sourcils dédaigneux lorsque cette dernière recommença son drôle de geste pour lui dire qu’elle le surveillait au moment où elle passa à côté de lui. Il attendit que la porte se referme pour revenir à Solfège.

Mais la jeune femme en question refusait de lever les yeux vers lui. Par chance, elle avait refusé de se faire maquiller par Wendy car elle avait voulu rester au naturel, donc ses larmes ne laissaient aucune trace sur ses joues. Cachant toujours son visage dans ses mains, elle renifla tristement lorsque la grande tortue s’approcha d’elle pour délicatement poser une griffe sous son menton afin qu’elle le regarde enfin. Il fût frappé par le désespoir contenu dans ses beaux yeux verts humides. Était-elle à ce point-là malheureuse ? Incertaine concernant ce mariage ? Pourtant elle avait l’air ravie quand il lui avait fait la proposition … Bowser ne comprenait pas mais il ne pouvait s’y résoudre à être en colère contre elle malgré la déception qu’il éprouvait. Son regard peiné le frappait en plein cœur, chassant toute l’irritation amassée tandis qu’il posait un genou au sol pour essayer de capter son regard fuyant. Le doigt replié sous son menton, il haussa les sourcils d’un sourire penaud quand il reprit la parole.

«J’ignore quels propos la princesse Peach a tenu à mon sujet, mais je pensais que ce mariage était ce que vous vouliez !» Assura-t-il d’un hochement de tête dubitatif. De rester calme dans cette situation lui demandait un effort inimaginable. Toutefois au regard choqué de Solfège à la suite de ses mots, il cligna rapidement des yeux.

«Bien sûr que je le veux !» S’écria-t-elle abruptement tout en prenant sa main dans la sienne pour l’étreindre. Ses écailles étaient lisses et chaudes sous son toucher. Elle l’avait surpris avec son cri, mais elle ne voulait surtout pas qu’il croit qu’elle n’était plus intéressée, loin de là. Et un quiproquo n’était pas nécessaire en ce jour. Chassant les larmes au coin de ses yeux avec le dos de sa main, elle renifla avant de reprendre avec une touche d’embarras dans sa voix affectée par son état émotionnel.

«J’ai déchiré mon voile … J’ai tout gâché.» Solfège attrapa le magnifique voile blanc qui traînait dans son dos pour montrer à Bowser le fameux morceau déchiré. La tortue agenouillée face à elle ne dit rien alors qu’il étudiait ce morceau de tissu avec désinvolture, l’obligeant à poursuivre.

«La princesse m’a dit que c’était un mauvais présage … Qu’un voile déchiré était porteur de malheurs. J’ai essayé de le réparer !» Dévoila ensuite l’humaine tout en jouant avec son voile. Gardant ses yeux baissés sur le tissu gâché, elle sourit amèrement à ce sentiment d’échec ; «je n’y suis pas parvenue. Et je ne veux pas vous rendre malheureux. Pas après tout ce que vous avez fait pour moi. Vous méritez de connaître le bonheur, d’avoir quelqu’un à vos côtés qui vous rend heureux. Dans les bons comme les mauvais moments.»

Face à elle, Bowser protesta.

«Ce ne sont que des sornettes ! De vulgaires rumeurs. Une panoplie de mensonges dans le but de procurer de la peur aux futurs mariés. Un voile ne peut pas avoir le pouvoir de déterminer le sort d’un mariage, c’est ridicule et insensé !» Consterné par ces propos, le Roi secoua la tête, son chapeau haut de forme manquant de peu de basculer si ses cornes ne le tenaient pas en place. Ce n’était que ça le problème ? Il gloussa un peu à cette étrange croyance cependant le regard anxieux de la jeune femme retira tout amusement de son visage.

Alors Bowser fit une chose totalement improbable. Il attrapa les bords de son joli nœud violet puis il tira violemment dessus jusqu’à entendre la déchirure familière du tissu.

«Que faites-vous !» Solfège s’horrifia.

«Comme ça, nous serons tous les deux maudits pour la vie. Je ne laisserai pas une croyance se mettre en travers de notre bonheur.» Expliqua-t-il tandis qu’il agrandissait la déchirure jusqu’à correspondre à celle du voile de sa future épouse en émoi. Se redressant ensuite d’un large sourire satisfait, il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine à l’étincelle qui se manifesta dans le regard de Solfège après son geste. Elle le regardait avec adoration et amour, un regard qu’il ne pensait jamais recevoir un jour surtout pas pour quelque chose d’aussi banal.

Et pourtant, ce geste avait tout une signification aux yeux de Solfège.

«Tous les deux maudits.» Répéta-t-elle avec émotion, sa main se posant sur les doigts de l’étonnant Koopa. Il la surprendra toujours !

Bowser esquissa un charmant sourire lorsqu’il prit quelques secondes pour admirer l’humaine sur le banc. Elle était si belle … Elle était toujours belle, mais de la voir en robe de mariée rendait sa beauté encore plus exceptionnelle. Surtout de savoir qu’elle sera bientôt sienne le remplissait d’un incroyable bonheur qu’il était incapable de cacher au fond de lui, ses émotions se retranscrivant sur son visage radieux. Touchant pensivement ses cheveux rouges du bout d’une griffe, le Koopa se délecta de la texture soyeuse, intérieurement ravi qu’elle les avait laissés libres. Il adorait voir ses cheveux tomber ainsi sur ses bras, il lui rappelait les cascades de lave de son château. Puis il recroisa à nouveau ses yeux verts encore humides mais son chagrin avait été remplacé par l’un de ses merveilleux sourires. Ceux qui réchauffaient son cœur de pierre, ceux qui lui apportaient un sentiment de sérénité inégalable.

«Les invités vont finir par s’impatienter. Il ne manquerait plus qu’ils ne gâchent nôtre mariage !» Rouspéta Bowser après avoir retiré sa griffe des cheveux de Solfège pour poser les poings à ses hanches. Il pourrait rester ici des heures à la regarder, mais il y avait plus urgent à faire et il voulait conclure cette cérémonie au plus vite.

«Ils ne peuvent pas rater le plus beau mariage de tous les temps …» Rit doucement Solfège tandis qu’elle posait ses mains sur sa chemise violette pour ensuite glisser ses doigts autour du nœud abimé qu’elle repositionna correctement autour de son cou. Elle le trouvait très élégant avec son haut de forme blanc portant fièrement son emblème, sa veste satinée et ses anneaux de couleur argentée. Elle n’en revenait toujours pas qu’il portait ce magnifique costume en son honneur.

«Je leur promet du grand spectacle !» Acquiesça rapidement ce dernier.

«Pas de sacrifices.» Alertée, Solfège plissa suspicieusement les yeux à la tortue qui semblait tout à coup suspecte avec cet air exalté propre à Bowser. Elle se méfiait quand il avait ce regard, sachant à quel point il aimait être le centre de l’attention quitte à faire du grand spectacle comme il le disait. Elle tapota gentiment son plastron au moment où il fit un petit grognement d’abattement.

«Très bien, pas de sacrifices.» Soupira Bowser tout en levant les yeux au plafond. Il avait retenu la leçon, même si certains de ses prisonniers mériteraient de faire un plongeon de la mort dans la lave pour divertir ses invités. Il voulut essayer de négocier mais Solfège lui lança un regard dissuasif avant même qu’il n’ouvre la bouche pour argumenter, ce qui se résultat par un autre rire maladroit.

Zut !

Bowser offrit son bras à la jeune mariée une fois certain qu’elle était prête à franchir le pas avec lui, pour affronter le monde extérieur et ses regards à ses côtés. Elle était nerveuse, il le sentait. Ses doigts s’accrochaient résolument à son avant-bras alors qu’ils se dirigeaient vers les doubles portes où attendaient les deux gardes Koopas faisant office de portiers. Il voyait du coin de l’œil qu’elle essayait de se rendre le plus présentable possible en passant sa main libre dans ses cheveux puis sur sa robe, sa nervosité de plus en plus forte maintenant qu’ils étaient sur le point de faire le grand pas. Sa respiration était presque suffocante. Il ne fallut qu’un signe de tête pour plonger le vestibule dans la lumière du jour alors Bowser en profita pour lui glisser un dernier mot.

«Tu es magnifique.» Lui dit-il après s’être penché vers elle, tapotant ses doigts sur sa main moite pour la rassurer.

Tout de même stressée, Solfège le remercia d’un faible murmure avant de se redresser pour esquisser un sourire lorsque les deux s’engagèrent dans l’allée avec la musique en fond. Ses joues chauffaient naturellement à tous ces regards qui se posèrent sur eux. Les visages étaient émerveillés et tous ces sourires lui donnaient du baume au cœur, sa peur se volatilisant. Le bas de sa robe était d’un vert discret qui se fondait dans le blanc du tissu, son voile descendant jusqu’au milieu de son dos nu flottant derrière elle. Elle croisa brièvement le regard du Koopa jardinier accoudé au banc de droite qui l’admirait d’une expression rêveuse. Elle lui fit vaguement signe tandis qu’ils s’approchaient de l’autel où Kamek avait failli s’endormir à force d’attendre dans la même position. Frémissant lorsque Bowser fit un bruit agacé, le Magikoopa se dépêcha de reprendre son livre en main pour enfin débuter cette cérémonie.

«Très chers amis, nous sommes réunis ici aujourd’hui pour célébrer l’union du grand Roi Koopa …» Kamek marqua un temps de pause pour jeter un coup d’œil méfiant à Solfège au cas où une envie de le frapper la prendrait. Simple précaution. Or cette dernière n’avait d’yeux que pour Bowser, alors il continua sur sa lancée avec plus de confiance cette fois-ci ; «avec la charmante Solfège ici présente.»

Au fur et à mesure que le discours avançait, les mains de Solfège se resserrèrent autour de celles de la tortue cracheuse de feu qui ne cessait de lui sourire. La joie était inscrite sur son visage écailleux. Un bonheur véritable qui ne connaissait aucune limite alors que Kamek poursuivait le rappel des engagements, ou quelque chose comme ça car Solfège avait du mal à se concentrer sur ce qu’il racontait étant donné que Bowser lui volait toute l’attention. Comment lui résister ? Imitant son expression adorable, elle entendit à peine les prochaines paroles du maître de cérémonie qui demandait si quelqu’un voulait s’opposer à ce mariage avant qu’il ne soit trop tard. Etrangement à cette demande, la tête du Roi se tourna brusquement vers les trois humains assis devant et plus particulièrement sur Peach comme s’il s’attendait à ce qu’elle ne dise quelque chose.

Mais la princesse se contenta de croiser les bras d’un regard redoutable.

«Personne ? Ouf.» Kamek était vraiment soulagé pendant qu’il passait sa main sur son front en sueur. Enfin un mariage qui se concrétisait ! Il n’y croyait plus. Redressant ses lunettes loupes sur son museau, il poursuivit impatiemment juste au cas où quelqu’un se désisterait à la dernière seconde.

«Dans ce cas-là par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare officiellement mari et femme ! Unis à jamais par les liens sacrés du mariage. Pour le meilleur et surtout pour le pire ! Et grâce à cette union, le Pays-Noir a désormais une Reine à sa tête. Allez, vous pouvez embrasser la mariée.» Déclara-t-il solennellement d’un geste invitant vers l’humaine, voyant à quel point son Roi en mourrait d’envie.

Et Bowser ne se fit pas prier. Maintenant que tout était officiel, il posa rapidement sa main derrière la tête de Solfège puis plaça ses lèvres sur les siennes dans un tendre baiser. Ils se retrouvèrent bientôt sous un tonnerre d’applaudissements. Des Koopas ailés survolèrent la plateforme pour lancer des pétales de fleurs pendant que Junior faisait enfin son entrée. Vêtu lui aussi d’un élégant costume et d’un nœud noir autour du cou, le jeune prince s’activa pour rejoindre les nouveaux époux avec les deux alliances sur un grand coussin rouge qu’il tenait avec ses deux mains. Il n’avait surtout pas envie de les faire tomber à cause de sa maladresse ! Il ne manquerait plus que son père soit en colère après lui. Habilement, il monta les marches tout en veillant à ne pas trébucher tant il était surexcité pour enfin atteindre l’autel et présenter les bagues d’un arc élégant.

Solfège se laissa prendre la main gauche pour que Bowser puisse glisser l’anneau autour de son doigt. Différente de la bague de fiançailles, celle-ci était complètement noire. Sans superflu. Elle enfila à son tour la bague plus grande à Bowser d’un sourire à lui en faire mal aux joues, les vives acclamations du public résonnant sur la plateforme en lévitation au-dessus de la lave. Elle se tourna lentement vers eux pendant que le Koopa géant incitait les autres à acclamer plus forts tout en montrant ses muscles à ce sentiment d’accomplissement qu’il ressentait enfin. Il riait d’euphorie, appelant les invités à commencer à faire la fête qui n’était pas prête de s’arrêter.

Emue, le regard de Solfège se posa sur ses quatre amis qui lui souriaient sciemment sur le banc. Peach applaudissait, Mario lui faisait un signe de tête respectueux, Luigi montrait ses pouces alors que Toad hurlait à plein poumons en réalisant une petite danse endiablée pour exprimer sa joie.

Elle était désormais l’épouse du Roi des Koopas et Reine du Pays-Noir.

Fin


C’était si beau, j’ai presque versé ma petite larme ! Ils sont enfin réunis avec la promesse d’un avenir meilleur. Bowser restera toujours le même au fond, mais avec Solfège à ses côtés, il ne peut que s’améliorer.

Je vais changer de registre pour la prochaine histoire 😊 je vais me pencher sur l’amitié. Mais je n’en ai pas fini avec Bowser et Solfège, loin de là ! J’ai beaucoup trop d’idées et si peu de temps … C’est agaçant !

A bientôt, VP

Chapter 4: Hello Brooklyn !

Chapter Text

Cette fois-ci une histoire un peu différente. J’aime explorer cet univers, utiliser toutes les informations mises à notre disposition grâce au film. C’est amusant et ça me permets de m’évader un peu !

Encore une fois, je vous invite à me dire ce que vous en pensez, c’est très important pour moi. C’est ce qu’il y a de plus motivant ! Je vous remercie d’avance pour votre coopération.

L’amitié est mise en avant dans cet OS. Aucune ambiguïté !


Hello Brooklyn !

«Prête ?»

Solfège regardait fixement le trou noir du tuyau vert face à elle. Comme absorbée par lui, elle ne pouvait détourner les yeux de cette noirceur infinie qui conduisait à un tout autre monde. Un endroit où elle n’avait encore jamais mis les pieds. Existait-il plus excitant que l’inconnu ? A la fois effrayant et intriguant … Un lieu où l’imagination était permise, où tout n’était qu’interprétation après ces nombreux récits rapportés du monde d’en haut comme elle aimait l’appeler. Là où les gens ne roulaient pas sur les arcs-en-ciel ni n’avaient de grands châteaux colorés … Un monde rempli de mystères. Sa grande curiosité finit par avoir raison sur sa peur alors qu’elle prit enfin un pas décisif en avant. Avalant nerveusement à cette appréhension qui commençait lentement à la gagner, la fille aux cheveux de feu décala son regard sur les deux frères tous deux de chaque côté de ce tuyau source de nombreuses interrogations.

«Prête.» Elle hocha une fois la tête d’un regard déterminé.

Sans hésitation, Solfège attrapa les deux mains tendues de Luigi et de Mario pour tous les trois s’enfoncer dans le tube vert qui les aspira d’un son familier. Le chemin jusqu’à ce monde était assez long, mais loin d’être ennuyeux. Ils voyagèrent rapidement à travers les nébuleuses multicolores et les nuages blancs jusqu’à atterrir sur un sol dur et humide d’un petit glapissement de douleur à la brutalité de leur chute. Affalée sur les deux garçons face contre terre, Solfège se redressa lentement pour regarder autour d’elle avec de grands yeux fascinés. Elle libéra un petit "oh" de surprise lorsqu’elle remarqua à quel point l’endroit dans lequel elle avait atterrir était sombre et inhospitalier. Mais où avait-elle atterrit ? Se décalant sur le côté une fois de retour à ses pieds, elle lissa les plis de sa robe rouge légère pendant que les frères gémissants s’étiraient le dos.

«C’est donc à ça que ressemble Brooklyn ? C’est plutôt lugubre comme endroit.» Déconcertée, Solfège tourna sur elle-même pour regarder au-dessus d’elle à ces nombreux escaliers métalliques qui montaient. Elle ne voulait pas être négative, mais elle ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi … Austère à vrai dire. Surtout pas après ce que les garçons lui avaient racontés concernant leur monde. Où étaient ces tours atteignant presque le ciel ? Les marchands de nourriture ? Les habitants ? Les mains à ses hanches, elle se mit à froncer les sourcils pendant que Mario redressait sa salopette bleue d’un petit rictus à la douleur au bas de son dos. 

«Non, nous sommes sous Brooklyn. Ici c’est les égouts. Et tout ce que tu vois là, ce sont les canalisations de toute la ville.» Indiqua-t-il d’une pointe de fierté tout en repositionnant sa casquette rouge sur sa tête.

«Alors un conseil, ne respire pas trop fort !» Luigi claqua deux doigts d’un petit clin d’œil lorsque le visage de Solfège se contracta de dégoût.

«Beurk, c’est quoi cette odeur répugnante …» Elle gémit puis couvrit immédiatement sa bouche avec ses deux mains tandis qu’elle se mit à suivre les deux plombiers vers les escaliers. Elle préférait largement l’odeur du souffre du château de Bowser plutôt que celle-là !

«Je te l’avais dit !» Ricana Luigi devant elle.

«La surface n’est pas très loin. On devrait se dépêcher de l’atteindre avant qu’un accident ne se produise !» Mario haussa les sourcils d’un petit sourire espiègle quand il remarqua à quel point Solfège était devenue pâle, enfin plus que d’habitude. Il ne manquerait plus qu’elle ne tombe dans les pommes à cause de l’odeur infecte étant donné qu’elle n’avait jamais mis les pieds dans un égout …  Attrapant la rampe des escaliers, les trois gravirent les nombreuses marches vers les portes de sortie qui se trouvaient à quelques mètres au-dessus de leur tête.

«Est-ce que quelqu’un habite ici ? Dans les égouts ?» Questionna Solfège intriguée en se tournant sur la gauche lorsqu’un tuyau libéra de la fumée blanche d’un bruissement inquiétant. Cet endroit lui donnait la chair de poule.

«Mhmm, non, pas à ma connaissance. Qui voudrait vivre dans les égouts ?» Répondit Luigi qui était passé derrière elle pour fermer la marche et s’assurer qu’elle suivait bien Mario dans ce labyrinthe de tuyaux. Il haussa les épaules avant de se mettre à faire un sourire taquin quand il se souvint de quelque chose d’amusant ; «enfin sauf peut-être les tortues Ninjas … Mais on n’en a encore jamais croisé par ici. Pas une seule fois depuis qu’on fait des allers et retours entre les deux mondes. Pas vrai Mario ?»

«Je pense qu’ils se cachent mais ils nous observent, j’en suis sûr. Ils sont sans doute quelque part dans les égouts à regarder chacun de nos faits et gestes … Tapis dans l’ombre.» Mario joua le jeu alors qu’il plissait les yeux d’un geste vague de sa main à l’immensité de cet endroit qui cachait sans doute bien des mystères.

«Des tortues Ninjas ? Sont-ils des cousins des Koopas ?» Hébétée mais curieuse, Solfège s’arrêta au beau milieu des marches pour regarder le moustachu devant elle, les yeux larges de stupéfaction. Elle n’osait regarder à ses pieds car le vide sous les marches lui donnait des hauts le cœur terribles à cause de cette noirceur.

«Je ne crois pas ?» Hésita Mario d’une grimace incertaine à son frère en contre-bas. Il leva les mains à ce dernier pour l’inciter à l’aider à sortir de cette impasse.

«Ils sont mi humains mi tortues, alors je ne pense pas qu’ils aient un quelconque lien de parenté avec les Koopas … Tu imagines ? Le mélange serait plutôt bizarre, voire carrément effrayant.» Rit nerveusement Luigi tout en imitant le haussement d’épaules de son frère plus haut.

L’expression hébétée de Solfège s’approfondit davantage à cette réplique. Elle ignorait que le mélange tortue et humain était même possible ! Elle venait d’apprendre quelque chose d’intéressant … Cependant à cette dernière pensée, ses joues prirent une teinte foncée tandis qu’elle reprit la marche juste derrière Mario. Voilà qui était assez embarrassant car elle ne s’était encore jamais posée la question jusqu’ici. En tout cas elle aurait adoré rencontrer ces tortues de Brooklyn ! Peut-être que Bowser les connaissait ? Solfège grimaça à la froideur et à l’humidité de la rampe quand elle l’attrapa pour se hisser sur les prochains escaliers, n’aimant pas spécialement cet endroit sinistre où seul le bruit de la vapeur résonnait. C’était terne, brumeux. Inquiétant. Lorsqu’ils arrivèrent enfin à la porte de sortie après une ascension de plusieurs minutes, Solfège couvrit son visage de la lumière aveuglante dès l’instant où Mario poussa la porte.

Il y eut un vent chaud qui caressa son visage puis qui souffla ses longs cheveux bouclés en arrière à cet appel d’air provoqué par l’ouverture. La toute première chose qui l’interpela fût le parfum de cet air bien plus frais. Un mélange sucré mélangé à quelque chose qu’elle n’avait jamais senti auparavant … Mais qui n’était pas désagréable. Juste curieux. Solfège retira son bras de son visage pour enfin prendre en compte les éléments qui l’entouraient tandis que les deux frères l’emmenaient avec eux pour faire son tout premier pas dans la ville de Brooklyn. Son regard s’émerveilla face à tous ces gratte-ciels et ces boutiques en tout genre peuplant la grande rue. Elle fût surprise par le raffut produit par les étranges véhicules qui circulaient et ces voix qui parlaient toutes en même temps mais la vie pullulait dans chaque coin et recoin de la ville gigantesque. Fascinée par cette architecture bien différente de celle du monde d’en bas, sa bouche s’ouvrit de saisissement alors que la chaleur étouffante réchauffait ses bras engourdis par le froid des égouts.

«C’est quoi cet endroit ?» Se retrouva-t-elle à dire sans s’adresser à qui que ce soit en particulier, accaparée par toutes ces nouvelles choses qu’elle découvrait en même temps. A force d’avoir été tenue dans l’ignorance, c’était pour elle une première.

«Bienvenue à Brooklyn ! Aller vient ! On a tant de choses à te faire découvrir !» Mario et Luigi lui firent signe de la main de les suivre après qu’ils se mirent à courir dans une rue animée.

Solfège se dépêcha de les rattraper pour ne pas se perdre dans la foule de passants. Il y avait énormément d’humains dans les parages ! Elle n‘en avait jamais vue autant, la princesse Peach et les deux frères étant les seuls qu’elle ait croisé jusqu’à présent. Curieusement, elle ne vit aucune autre créature … Pas un seul Koopa, ni un Toad ou encore l’un de ces petits bonhommes en tunique rouge et masque blanc. Personne d’autre n’habitait dans ce monde extraordinaire ? Pourtant c’était très accueillant ! S’excusant brièvement lorsqu’elle bouscula une jeune femme par mégarde, elle s’arrêta devant des stands de fruits et de légumes qu’un marchand exposait dans la rue. Ses yeux vert pomme s’écarquillèrent à tous ces délicieux fruits qui dégageaient une odeur divine, leur couleur éclatante les rendant encore plus appétissants.

«Comment un tel monde peut exister au-dessus du nôtre sans que personne ne l’ait jamais découvert ?» Se questionna Solfège qui avait récupéré une pomme rouge pour l’admirer sous toutes les coutures. Haussant les épaules de perplexité, Mario récupéra vite la pomme pour la remettre à sa place sur l’étalage d’un regard d’excuse au marchand mécontent.

«C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Mais peut-être que c’est mieux ainsi ? Que chaque monde reste à sa place. Au moins, ça vous fait une destination touristique supplémentaire.» Rétorqua ce dernier d’un sourire en coin, son regard attendrit se posant sur la jeune femme qui avait plein d’étoiles dans les yeux. Elle s’émerveillait pour chaque petite chose, passant d’un simple fruit au chat errant qui passa entre ses jambes. Cela lui faisait chaud au cœur de savoir qu’elle appréciait autant leur monde qui à leurs yeux était plutôt terne et morose, ce qui offrait une toute nouvelle perspective.

«C’est formidable !» Se réjouit Solfège tout en écartant les bras, manquant de peu de frapper quelqu’un au passage.

«Et tu n’as pas encore tout vu ! Il faut absolument qu’on te montre le pont, tu vas adorer c’est certain !» Assura Luigi d’un hochement de tête assuré, son sourire s’élargissant lorsqu’il croisa le regard lumineux de son amie.

Les trois se dirigèrent à la hâte vers ce fameux pont historique qui reliait Manhattan à Brooklyn. Le trafic était dense, la hauteur vertigineuse, la vue exceptionnelle. Etant le pont en acier le plus long du monde, il faisait la fierté de ses habitants et plus particulièrement de Luigi et de Mario qui ne cessaient d’en faire les éloges. Solfège se pencha au-dessus de la barrière pour regarder l’eau turquoise ici-bas où passaient des bateaux, les bourrasques irrégulières soufflant ses cheveux et sa robe. Elle avait un peu le vertige et même si elle avait l’habitude des hauteurs avec le château de Bower, elle trouvait que c’était une sensation différente. Ce pont n’était pas entouré de nuages noirs qui empêchaient de voir le sol ! La vue était à couper le souffle … Son cœur s’étreignait à la beauté de ce monde, à cette particularité qu’il avait d’instaurer un sentiment de sérénité en elle à chaque fois qu’elle levait les yeux sur ces tours argentées dans le lointain.

Les frères l’emmenèrent ensuite dans une autre rue un peu moins bondée cette-fois ci où il y avait des boutiques de vêtements diverses et variés. Intriguée par l’une d’entre elles où l’enseigne était l’emblème de la ville, Solfège s’approcha de la vitrine pour regarder les mannequins qui portaient des t-shirts et des pantalons amples de couleur pastel. Elle aimait beaucoup la couleur. Ça avait l’air d’être drôlement confortable ! N’étant pas vraiment familière avec ce type de vêtements, elle se sentit donc confuse lorsque Luigi lui prit la main pour l’emmener avec lui à l’intérieur. Pour ensuite ressortir quelques minutes plus tard avec un nouvel ensemble de vêtements que les deux lui avaient acheté pour lui faire plaisir. Et effectivement, ces vêtements étaient incroyablement confortables à porter ! Etirant son nouveau t-shirt blanc ample à manches courtes pour regarder le dessin dessus, elle admira les grandes lettres écrites en bleu pastel ainsi que ce cœur rouge qu’elle trouvait adorable.

I love Brooklyn y était inscrit.

«Maintenant on dirait une vraie touriste. Tu passes carrément inaperçue avec ça !» Satisfait, Luigi acquiesça rapidement suivit par Mario.

«Et si on allait manger un morceau ? C’est que ça creuse de faire des visites guidées ! Je connais un coin sympa où tu pourras goûter la meilleure cuisine italienne de Brooklyn !» Annonça le frère à la casquette rouge tout en entortillant son doigt ganté autour de sa jolie moustache taillée. Puis il esquissa un sourire quand son homologue plus fin s’exclama joyeusement à ses côtés.

«Pizza Punchout ! Mama mia … J’en salive déjà ! Oh Mario, il faut qu’elle goûte la pizza peppéroni … Ce petit goût de tomate fraiche est unique, ces rondelles de saucisses sont coupées aux millimètres près pour que chaque morceau soit d’une épaisseur parfaite ... C’’est de l’art à consommer sans modération.» Rêvassa-t-il tout en positionnant ses mains à ses joues, son regard se perdant dans le ciel bleu lorsqu’il imagina la délicieuse pizza qu’il allait commander. Il était sur le point de gémir d’impatience cependant le regard confus de Solfège le coupa.

«Pizza peppéroni ?» S’interrogea-t-elle en penchant la tête sur le côté, n’étant pas certaine de comprendre à quoi ils faisaient allusion.

«Quoi ?! Tu ne connais pas les pizzas peppéroni ?» S’horrifièrent les deux frères avec de grands yeux choqués, leurs expressions consternées se creusant à la secousse négative de sa tête.

«Dans ce cas, il n’y a pas une minute à perdre ! Nous allons te faire découvrir notre cuisine traditionnelle, une expérience culinaire que tu n’es pas prête d’oublier. Let’s-a-go !» Mario sautilla en l’air avant d’entrainer la jeune femme avec lui pour s’enfoncer dans des ruelles jusqu’à atteindre une place qu’ils avaient pour habitude de fréquenter étant donné qu’ils vivaient à seulement quelques pâtés de maisons de là. Un endroit plus tranquille loin du centre.

A peine arrivés que Solfège sentit immédiatement une odeur savoureuse flotter dans l’air, quelque chose qui lui rappelait de la cuisine de Koopa Cuistot mais avec des aromates qu’elle ne saurait identifier. C’était un charmant petit restaurant ou plutôt pizzéria de ce qu’elle pouvait lire sur la devanture atypique rouge et verte alors qu’ils entraient à l’intérieur du bâtiment accueillant. Mario et Luigi saluèrent chaleureusement le pizzaiolo derrière une alcôve sur la gauche pendant que Solfège prenait notes des lieux d’une bouche légèrement béate. Les murs étaient faits de pierre rouge, des petits fanions aux couleurs de l’Italie étaient suspendus, le sol ressemblait à un damier noir et blanc, les fauteuils avaient une banquette rouge moelleuse, une multitude de cadres de sportifs et de célébrités décoraient les murs, d’anciennes bornes de jeu … Il n’y avait pas à dire, cet endroit respirait la joie de vivre.

Les frères moustachus se dépêchèrent ensuite d’atteindre le mur du fond pour fièrement indiquer une empreinte rectangulaire qui avait décoloré le mur jaune, juste au-dessus d’un morceau de journal encadré où les deux figuraient comme étant les sauveurs de Brooklyn.

«C’est sur ce mur que nous sommes devenus célèbres !» Expliqua Mario d’un sourire ravi.

«Nous avons visionné notre toute première pub ici-même, sur cet écran !» Poursuivit Luigi avec enthousiasme tout en faisant un geste vers cette fameuse forme plus claire. Se rendant vite compte qu’il manquait quelque chose pour qu’elle comprenne, il se mit à rire d’embarras ; «hé hé, enfin avant il y avait une télévision sur ce mur … Mais Pablo n’en a pas encore racheté depuis la bataille. C’est dommage, on aurait pu te montrer nos tous premiers pas dans le cinéma !»

«En tout cas, c’est là que tout a commencé …» Mario passa lentement ses doigts sur le mur où se trouvait autrefois la télévision, son regard s’attardant sur le journal où lui et son frère se tenaient par les épaules face au photographe. Les sauveurs de Brooklyn … Bien des choses s’étaient passées depuis ce temps-là.

Solfège fronça les sourcils aux visages nostalgiques de ses deux amis. Apparemment, cet endroit regorgeait de souvenirs pour eux, bons comme mauvais. Ce lieu avait une grande signification et elle se demandait si un jour, ils lui expliqueront tout depuis le début car leur histoire l’intéressait énormément. Après quelques brèves explications supplémentaires sur l’origine de cette pizzéria, les trois s’installèrent sur l’une des banquettes disponibles puis commandèrent les fameuses pizzas peppéroni. Lui ayant vendu du rêve depuis bientôt vingt longues minutes, qu’elle fût sa surprise lorsqu’elle reçu enfin son plat qui dégageait cette incroyable odeur à l’en faire saliver. Ils avaient raison ! Elle n’avait encore jamais mangé quelque chose d’aussi exquis. Elle avait hâte d’en parler à Koopa Cuistot pour partager cette trouvaille à Bowser et Junior. Sans bien sûr leur dire l’origine de ce plat ni qui le lui avait conseillé, sinon ils pourraient se sentir offensés ou pire ! Carrément ne pas goûter à ce met délicat par fierté.

Une vraie tragédie !

Ils se mirent à discuter puis à rire de tout et de rien, les éclats de rire de Solfège emplissant vite le restaurant. Luigi lui raconta comment lui et son frère avaient tourné leur pub tandis que Mario se contenta de commenter de temps à autre le récit palpitant. Les bras croisés, sa moustache frétilla quand Luigi parla avec entrain de leur affaire qui fonctionnait à merveille depuis qu’ils avaient sauvé Brooklyn. Mine de rien, c’était un énorme coup de pub pour eux ! Battre Bowser devant tout le monde avait plus d’un point positif. Après avoir dégusté leur pizza, ils emmenèrent Solfège au jardin botanique pour qu’elle puisse voir à quel point leur monde pouvait être beau avec des fleurs. La jeune femme était aux anges. Des cerisiers en fleurs, une rivière, une serre chauffée avec des plantes exotiques ainsi que de curieuses structures placées un peu partout. Mario lui expliqua qu’il s’agissait de petites répliques de monuments historiques.

Passant ses mains sur son pantalon mauve, Solfège s’accroupit pour caresser un petit chien blanc d’un regard doux à la créature qui remuait joyeusement la queue. Heureux d’avoir de l’attention. Derrière elle, Luigi se cacha dans le dos de son frère à l’animal qui ne lui inspirait aucune confiance. Depuis Francis, il avait encore plus peur des chiens car ces derniers pouvaient vraiment se montrer imprévisibles et fourbes. Et il détestait l’imprévisibilité … Attrapant le bras de Solfège pour l’empêcher de s’arrêter tous les dix mètres pour caresser chaque chien qui passait, Mario l’entraîna avec lui pour continuer la visite. Ils avaient tant de choses à lui faire découvrir … Et si peu de temps. Luigi pointa du doigt une haute tour symbole de New-York. Dommage qu’ils n’avaient pas pensé à prendre un appareil photo car les expressions enchantées de Solfège méritaient vraiment d’être immortalisées, rien que pour lui laisser un souvenir de cette sortie mémorable.

S’enfonçant ensuite dans une autre rue où le style des bâtiments était un peu plus vieillot, elle s’arrêta subitement devant une vitrine pour regarder avec de grands yeux ébahis tous ces écrans qui reflétaient tous la même chose. En simultané. Un groupe de musique qui jouait une chanson, le rythme endiablé lui donnant presque l’envie de se trémousser avec eux. Dès que Mario et Luigi la rattrapèrent, à bout de souffle, elle s’exclama.

«Qu’est-ce que c’est que ça ?» Solfège indiqua les écrans du doigt.

«Des télévisions. Et ça, c’est un groupe de rock très connu.» Répondit Mario à la hâte d’un haussement d’épaules perplexe à son manque de connaissance avant de se souvenir que là où elle venait, ils ne devaient sans doute pas connaître ce genre de technologie.

«Hey, ça vous dit un donut ?» Appela soudainement Luigi qui gesticulait d’impatience à l’idée de se prendre un donut nappage fraise, son préféré ! Toutefois au coup d’œil sceptique de son frère, il se plaignit ; «oh aller Mario, il faut absolument qu’on lui fasse goûter ça ! Tu ne veux quand même pas passer à côté de cette occasion ? Ce dessert est un incontournable ! Une explosion de saveurs qui ravira nos papilles en cet après-midi chaud et ensoleillé.»

«Bon d’accord. Mais juste un ! Je dois faire attention à mon cholestérol …» Soupira Mario de défaite alors que ses épaules s’affaissaient, ce qui fit rire Solfège à ses côtés. Son frère avait toujours les bons arguments de toute façon.

«J’ai hâte d’y goûter !» S’enthousiasma leur amie d’un petit rebond d’excitation rapidement rejoint par Luigi tout aussi impatient qu’elle.

De l’autre côté de la rue, un marchand ambulant réalisait des donuts de toutes les couleurs suivant les demandes. Du bleu, du rose, du blanc, du brun, du vert … Il y avait absolument de tout ! Avec ou sans garniture, ces petits beignets dorés fris dans l’huile avec un trou au milieu intriguèrent Solfège qui se pencha au-dessus de la petite vitrine pour admirer les jolis desserts apparemment typiques de ce quartier réputé pour la Street Food. Il y avait un monde fou autour d’eux, mais plus particulièrement des enfants surexcités en attendant d’avoir leur propre donut personnalisé. Certains de ces enfants lui faisaient penser à Junior … Et à la simple pensée de la petite tortue qu’elle affectionnait, son cœur se serra dans sa poitrine car elle aurait adoré l’emmener avec elle dans ce monde fabuleux pour lui faire découvrir toutes ces choses. Mais malheureusement, c’était trop dangereux. Il ne passerait pas inaperçu.

«Mhmmm, celui-là !» Choisit Solfège après avoir désigné un donut couleur bleu avec des petites vermicelles roses. Frappant dans ses mains, elle remercia gracieusement le vendeur puis attrapa le donut pour regarder à travers le trou béant au milieu.

«On dirait un cyclope !» Commenta Luigi d’un ricanement lorsqu’il reçut le sien pour imiter les idioties de son amie aux cheveux rouges. Regardant son frère via le trou du donut glaçage fraise, ce dernier croqua à pleines dents dans son beignet d’un petit gémissement de bonheur à ce doux goût de sucre saupoudré.

En effet, ce dessert était tout aussi délicieux que la pizza !

Solfège se lécha les doigts tandis que les deux frères moustachus dévorèrent leur donut en seulement quelques bouchées. S’essuyant la moustache pour retirer le sucre, ils eurent subitement une idée derrière la tête lorsqu’ils virent une machine à l’angle de la rue sous un voile d’ombrage d’un magasin médiatique. Ils s’échangèrent un regard complice puis attrapèrent Solfège pour la conduire jusqu’à cet étrange appareil avec un rideau vert foncé et des photos en présentation sur la devanture. Ni une, ni deux, ils s’engouffrèrent à l’intérieur du photomaton. D’abord confuse, la jeune femme finit par comprendre de quoi il s’agissait après que les premiers flashs illuminèrent la cabine pour prendre une série de photos. Désormais assise entre les deux garçons faisant des grimaces, elle les imita pour faire des clichés comiques à leurs côtés, trouvant cette activité particulièrement amusante à faire. Oh, si seulement elle pouvait avoir quelque chose comme ça dans son monde ! Elle s’amuserait avec Bowser Jr et les Koopalings à faire le clown.

Riants à gorge déployée à toutes ces photos plus ridicules les unes que les autres, Solfège regarda chaque visage déformé avec une touche d’adoration. Son sourire émotif joua à ses lèvres alors qu’elle passait délicatement son pouce sur les quelques photos que Mario et Luigi lui avaient offertes en guise de souvenir de leur voyage à tous les trois. Elle était vraiment gâtée. Non seulement ils lui avaient offert des vêtements spéciaux pour venir ici, mais en plus ils lui donnaient des souvenirs qu’elle gardera précieusement une fois de retour chez elle. Evidemment, là où personne ne les trouvera … Question de précaution. Remerciant les frères d’une douce accolade, elle rangea ses précieuses photos dans le petit sac contenant ses anciens vêtements.

«Grâce à vous, ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire. J’adore votre monde ! Il est rempli de surprises et de douceurs. Il est merveilleux ... Et les gens sont si gentils ! Je suis heureuse de vous avoir comme amis. Merci pour tous ces moments.» Remercia Solfège d’un faible hochement de tête quand les joues des deux garçons en salopette commencèrent à devenir rose à tous ces compliments.

«Avec plaisir ! Sache que tu seras toujours la bienvenue ici à Brooklyn.» Répliqua aussitôt Mario tout en jouant avec sa moustache d’un torse bombé, l’autre main en poing à sa hanche.

«Et que nous serons toujours là pour t’en faire la visite !» Luigi hocha frénétiquement la tête, son sourire s’élargissant au petit rire de son amie.

«Je n’en doute pas.» Amusée, elle croisa timidement les bras derrière son dos lorsque soudainement, une ombre la recouvrit.

«Hey, mais ne serait-ce pas les supers Mario bros ?» Prononça une voix masculine. Les yeux de Solfège s’écarquillèrent à ce timbre rempli de sarcasme.

«Salut, Spike.» Maugréa Mario qui croisa les bras d’un petit reniflement dédaigneux, insistant bien sur le prénom de son ex-employeur détestable. Génial, il ne manquait plus que lui …

«Mais qui est donc cette charmante demoiselle ?» Spike s’abaissa vers Solfège pour mettre son bras autour de ses épaules afin de la tirer contre son flanc gauche, son sourire narquois crispant la jeune femme désormais prise au piège. Rigide, elle serra la mâchoire à ce parfum désagréable qui lui piquait le nez, évitant de croiser le regard de l’homme barbu au-dessus d’elle.

«Mêle-toi un peu de tes affaires Spike. Ça ne te regarde pas.» Contesta Mario entre ses dents tandis que le regard soucieux de Luigi se posait sur son amie mal à l’aise.

«Tu ne devrais pas traîner avec ces deux loosers ma jolie.» S’acharna Spike en abaissant ses lunettes de soleil jaune sur la fille qu’il détenait avant de pointer du doigt les deux moustachus agacés.

«Et c’est reparti pour un tour …» Soupira Mario, les yeux au ciel.

«Ce sont mes amis et je ne connais pas plus braves qu’eux.» Solfège décida de prendre la parole pour faire connaître son désaccord, grimaçante à cette proximité et aux outils à sa ceinture qui rentraient douloureusement dans sa hanche. Non seulement il empiétait dans son espace personnel sans aucune retenue, mais en plus il insultait ses amis devant elle ? Quel grossier personnage. Réussissant enfin à sortir de son emprise après plusieurs essais, elle se glissa hors de sa portée pour se rendre compte qu’il lisait ce qu’il y avait sur son T-shirt. Alors elle leva les pouces d’un sourire radieux.

«J’adore Brooklyn !» S’écria-t-elle.

«Mais bien sûr, t’es une touriste ! J’aurais dû le deviner. Je t’avais jamais vu dans le coin avant. J’aime bien les rousses. Moi, j’connais un tas d’endroits sympas où je pourrais t’emmener sans ces deux lèches-bottes, si tu vois ce que je veux dire. Ici il n’y a jamais rien qui se passe, c’est à mourir d’ennui. Ces gars-là sont pas intéressants. Ce sont des minus ! Ils n’ont rien à faire avec les gens comme nous.» Se moqua allègrement Spike d’un ricanement si fort qu’il serra son estomac avec son bras.

«Merci mais non merci, sans façon.» Refusa instantanément Solfège en passant ses mains sur ses vêtements froissés par l’accolade indésirée. Elle ne voulait surtout pas les salir ! Elle tenait beaucoup trop à ce cadeau pour qu’un idiot de son genre l’abime.

«Il n’y a encore pas si longtemps que ça tu nous respectais en nous remerciant d’avoir sauvé tes fesses. Tu te souviens ? Voyons, je crois même t’avoir entendu nous faire de la pub la semaine dernière. Où est donc passée cette reconnaissance ?» Mario haussa les épaules d’un sourcil arqué, ennuyé d’avoir croisé la route de Spike car sans lui cette journée aurait été parfaite.

Chouette.

«Et même que j’étais là !» Luigi pointa fièrement son torse avec son pouce, le menton levé.

«Fais un petit effort, c’est la première fois qu’elle vient ici.» Encouragea Mario sans cette petite pointe de sarcasme après avoir haussé les épaules de lassitude.

«J’aimais bien cette période-là quand tu étais gentil avec nous ! Dommage qu’elle ait été si courte …» Admit ensuite Luigi, sa voix sortant plus nerveuse qu’il ne l’aurait voulu. S’écartant de son frère plus courageux, il se mit aux côtés de Solfège pour s’assurer qu’elle n’avait rien après cette petite altercation. Mais celle-ci le rassura vite d’un autre de ses sourires réconfortants.

«Quoi ? Pff, je ne vois vraiment pas de quoi ils parlent !» S’offusqua Spike en se tournant vers Solfège pour lui hausser les sourcils derrière ses lunettes jaunes. Il se mit à rire d’embarras avant de reprendre son sérieux d’un raclement de gorge, le doigt tendu vers Mario imperturbable ; «et puis d’abord je n’en aurais fait qu’une bouchée de tous ces monstres ! Sans l’aide de personne !»

«Ah oui ? Tu veux que je rappelle le gros balèze pour qu’on règle ça ?» Provoqua Mario d’un sourire effronté.

«Tu me parles de cette grosse tortue ? Ha ! Elle est bien bonne. Je me bat pas contre les animaux de compagnie mais les vrais hommes.» Se glorifia Spike tout en montrant ses muscles d’un sourire à pleines dents, espérant impressionner la jeune femme par la même occasion. Toutefois il ne s’attendit pas à recevoir un regard échauffé ni à cette réplique indignée.

«Vous ne ferez jamais le poids contre Bowser. Il n’y a pas plus fort, plus puissant et plus féroce que lui. Face à lui, vous êtes minuscule. Un grain de poussière ! Un moins que rien. Sa colère vous réduirait en cendres avant même que vous ne puissiez dire ouf. C’est un grand Roi et un-» Se révolta Solfège, l’index pointé vers Spike mais malheureusement elle ne put terminer sa phrase car Mario et Luigi s’interposèrent vite d’un sourire maladroit qui ressemblait plus à une grimace.

«Oh mais il se fait tard ? On va y aller maintenant. Ravi de t’avoir parlé !» Se dépêcha de dire le moustachu à la casquette rouge d’un claquement de doigts.

«A plus Spike !» Salua Luigi en prenant Solfège par les bras en même temps que son frère pour s’éloigner le plus vite possible de Spike.

Elle avait été sur le point de dévoiler des informations importantes ! Des choses qu’il vaudrait mieux garder secrètes. De plus que Spike n’était vraiment pas une personne de confiance … S’assurant qu’ils n’étaient pas suivis une fois adossés contre le mur d’une ruelle à l’opposé, les trois se mirent à rire de la situation ridicule, encore gênés par cette rencontre. Lorsqu’ils retrouvèrent leur calme, Mario et Luigi prirent la décision de montrer le coucher de soleil de leur monde avant de retourner dans les profondeurs. Solfège aimait ça, alors c’était une bonne idée pour conclure leur journée mouvementée. Tous les trois accoudés contre une rambarde d’un pont, ils attendirent que les derniers rayons du soleil ne disparaissent derrière les tours en argent à l’horizon. Dans un silence satisfait, ils admirèrent le spectacle de couleurs qu’apportait ce moment précis de la journée. Du jaune, de l’orange avec quelques notes de rose dans ce ciel épuré, les couleurs se mélangeaient pour faire de ce coucher de soleil quelque chose d’unique.

Elle aura tout un tas de choses à raconter une fois à la maison.

Fin


Honnêtement, j’aimerais pouvoir être à la place de Solfège ! J’espère un jour pouvoir visiter cet endroit pour de vrai. Qui sait, peut-être vais-je croiser les frères dans cette pizzéria ?

Peut-être que la prochaine fois, ça sera avec Peach 😉

En tout cas, j’ai beaucoup aimé écrire cette histoire et j’espère sincèrement que ça vous a plu ! Merci pour vos commentaires et votre soutien.

VP

Chapter 5: Le caprice

Chapter Text

Un petit peu d’humour avec Junior car ça faisait longtemps que je n’avais rien fait avec lui ! Pour cette histoire, je me suis inspirée d’une vidéo YouTube 😊 Qui je trouvais était vraiment drôle.

Par ailleurs sachez que chacun de vos défis sont notés. Pour le moment j’écris des histoires que j’ai en tête avant de les oublier, mais vos défis arrivent très prochainement.

En attendant, je vous encourage à participer !


Le caprice

Bowser Junior toucha ses œufs brouillés du bout de sa fourchette. La joue posée contre son poing, la jeune tortue n’avait pas vraiment d’appétit ce matin-là. Il s’était réveillé du mauvais pied après avoir fait un cauchemar impliquant, encore une fois, des Toads. Comme s’il ne les détestait pas déjà assez … Il fallait en plus qu’ils hantent son sommeil ! Irrité, le petit Koopa poussa un soupir plaintif avant de s’enfoncer plus loin dans son siège d’un petit rictus de dégoût à sa nourriture. Non pas qu’elle n’était pas appétissante, bien au contraire ! Son assiette était bien garnie avec donc des œufs brouillés, du bacon grillé, de la compote de poire, des tartines beurrées avec des fruits, des pancakes recouverts d’un délicieux sirop de durian directement importé de l’Ile aux Yoshis. Comme à son habitude, il avait pris un peu de chaque sur la table pour pouvoir se remplir la panse pour une nouvelle journée bien mouvementée à faire des jeux et des conceptions de vaisseaux.

Sauf qu’après sa toute première bouchée, il n’eut soudainement plus faim. Comme s’il était déjà repu. Ce qui était particulièrement frustrant pour quelqu’un qui adorait manger … N’étant pas habitué à ressentir cette sensation qu’il classifierait de désagréable. Affalé paresseusement dans son siège avec son poing contre sa joue, les petits yeux noirs ennuyés de Junior parcoururent la table remplie de nourritures en tout genre pour le petit-déjeuner. S’attardant sur les plats en argent contenant des croissants dorés et autres viennoiseries, il redressa ensuite son museau en direction de son père assis dans son grand fauteuil vert. En bout de table comme toujours, il lisait le journal quotidien pour rester informé sur les récents évènements. Question de tactique qu’il disait. Car s’il savait ce qui se passait dans le monde, alors il pouvait œuvrer en conséquence et ainsi avoir un tour d’avance sur ses ennemis ! Portant ses lunettes noires rectangulaires pour mieux lire les petites lignes, il restait plongé dans sa lecture même lorsqu’un Koopa ailé s’approcha sur sa droite pour lui verser une autre tasse de café noir.

Curieusement, depuis que Solfège lui avait dit qu’il était séduisant avec ces lunettes, il les portait beaucoup plus souvent …

«Papa ?» Appela doucement Bowser Jr pour attirer l’attention de son paternel.

«Mhm ?» Marmonna Bowser qui prit sa tasse de café pour la boire mais ne détourna pas les yeux de son journal pour autant.

«Je peux venir avec toi faire la guerre ?» Questionna son fils d’une petite voix remplie d’espoir, ce qui attira aussitôt l’attention de tout le monde autour de la table. Surpris par sa demande inattendue, Bowser cligna des yeux puis regarda Junior au-dessus de ses lunettes, sa tasse à mi-chemin vers sa bouche. Avait-il correctement entendu ? A côté de lui, Solfège avala de travers.

«La guerre ce n’est pas un jeu et encore moins pour les enfants.» Répondit-il simplement avant de secouer son journal pour à nouveau l’étendre et retrouver sa ligne qui parlait de l’assaut des Voyous mené par le prince Voyou lui-même sur le royaume Libella.

«Mais je veux venir avec toi ! Pourquoi Ludwig, Lemmy et les autres ont le droit eux ?» Se révolta Junior tout en croisant les bras sous son petit museau, les joues bientôt rouges de colère. En face de lui juste à côté de l’humaine toussotant dans son poing, Kamek posa délicatement sa tasse de thé sur la soucoupe après avoir déglutit.

«Votre Altesse, vous êtes bien trop jeune pour exercer ce genre d’activité. Ne préférez-vous pas plutôt construire un nouveau château à détruire ? Vous êtes très doué pour l’élaboration de plans, vous pourriez faire un nouveau croquis ?» Proposa-t-il d’un sourire maladroit cependant le prince audacieux en décida autrement.

«Non ! Je m’en fiche des châteaux pourris ! La construction m’ennuie. C’est pas aussi amusant que d’aller se bagarrer et faire flamber un vrai château. Je suis plus un bébé. J’ai déjà montré que j’étais capable de sauver Solfège comme un grand ! Sans l’aide de personne. Je suis prêt à faire régner la terreur ! Alors quand est-ce que je pourrais venir avec toi ?» S’apitoya ce dernier faisant la moue quand son père ne montra pas plus d’enthousiasme.

«Quand tu seras en âge de venir.» Encore une fois, Bowser resta calme alors qu’il présentait machinalement sa main gauche à son épouse pour lui prendre la main sur la table, restant absorbé par son journal.

«Junior, tu ne dois pas être triste. Je ne supporterai pas l’idée de te voir blessé … Il y aura encore beaucoup d’occasions pour faire tes preuves ! Chaque chose en son temps. Tu finiras par trouver ta place, j’en suis sûre. Et quand ce jour viendra, je serai la première à en être fière.» Soutint Solfège à l’autre bout de la table après avoir vu le visage tombant de la petite tortue broyant du noir depuis sa venue ce matin. Elle avait remarqué qu’il n’était pas vraiment en forme, qu’il touchait à peine à son assiette … Cette constatation l’avait inquiétée au point de se demander s’il n’avait pas fait un nouveau cauchemar effrayant impliquant des Toads car elle savait à quel point ces rêves pouvaient nuire à son humeur.

Sans même le savoir, elle avait mis le doigt pile sur le problème.

«Oui mais-» Insista Junior, sauf que son père perdit finalement patience.

«Il n’y a pas de mais qui tienne ! Quand c’est non, c’est non ! Fin de la discussion.» Somma le Roi dans sa grosse voix grave effrayante en fronçant les sourcils d’exaspération, son regard lançant un avertissement silencieux à son fils se montrant particulièrement capricieux. Encore un mot, et il lui mettait la fessée ! Une fessée qui lui rappellera qui commandait ici.

Fusillant du regard le jeune Koopa boudant pour le dissuader d’insister, il baissa les yeux sur Solfège lorsque celle-ci effleura doucement son bras. La jeune femme lui souriait gentiment tandis que son pouce passait sur ses écailles jaunes pour essayer de le détendre, sentant sa soudaine colère émaner de son corps massif. Quand il était en colère, il pouvait dire ou faire des choses sans réfléchir ... Et ce n’était pas la bonne solution. Elle ne voulait pas que Junior se fasse gronder juste parce qu’il voulait accompagner son père sur le terrain car cela partait d’une bonne intention. Il voulait marcher sur les traces de son idole, il voulait le rendre fier ! C’était une évidence. Même si cette demande ne lui plaisait guère. N’étant pas spécialement adepte de la violence, elle aurait préféré éviter que son époux déclare la guerre aux pays voisins, alors si en plus Bowser Jr se mettait volontairement en danger … Elle n’osait l’imaginer. Un petit frisson parcourut son dos donc elle s’empressa de penser à autre chose pour ne pas commencer à ressentir de l’inquiétude inutilement.

Ayant été intimidé par le regard noir de son père, Junior se contenta d’observer les deux se faire les yeux doux comme si personne d’autre n’existait autour de cette table. Les bras croisés, il plissa les yeux à son paternel lorsqu’il sourit amoureusement à Solfège, leur main toujours jointes sur la table. Son visage s’illuminait à chaque fois qu’elle lui souriait … Beurk. Il ressemblait à un idiot à sourire comme ça. D’une grimace répugnée, il décala son regard irrité sur le chef des Magikoopas qui étalait soigneusement son beurre sur une tartine de pain grillé. Ne prêtant aucune attention aux deux tourtereaux. Il regarda comment le Koopa à lunettes se lécha les lèvres d’appétit avant de prendre un croc de sa tartine avec de la confiture de fraise qu’il renversa par mégarde sur sa tunique bleue. Junior ne cacha pas son sourire moqueur au petit gémissement d’abattement qu’il poussa après avoir jeté sa tête en arrière, dépité. C’était très drôle à voir !

Il revint ensuite à Bowser quand celui-ci redressa ses lunettes pour retourner à son journal. C’était extrêmement rare que son père lui dise non pour quelque chose, surtout pour lui proposer son aide pour conquérir le monde … Il était pourtant motivé à prendre la relève ! A anéantir leurs ennemis jusqu’aux derniers, rien que pour recevoir une petite tape sur la tête. En temps normal, il ne lui aurait jamais refusé quelque chose comme ça, à se demander s’il n’avait pas changé de comportement juste pour impressionner Solfège. Ce qui ne l’étonnerait même pas étant donné qu’il cherchait à donner une meilleure image de lui-même. Son père avait beaucoup changé depuis qu’elle était entrée dans leur vie, la plupart du temps en positif. Moins d’agressivité, plus d’affection. Toutefois il se ramollissait aussi car il partait bien moins souvent en guerre contre les autres pays et ne cherchait plus autant la bagarre comme il le faisait dès que quelque chose lui déplaisait, ne s’emparant plus de force du pouvoir et de la gloire. N’étant plus le terrible et violent Bowser mais une version améliorée que Junior aimait beaucoup, malgré son nouveau comportement parfois agaçant.

Depuis quand lui refusait-il quelque chose ?! On ne lui refusait jamais rien à lui ! Jamais !

Mais il n’avait pas dit son dernier mot.

Après le petit déjeuner qui s’était terminé par une discussion animée entre son père et Kamek, Bowser Junior retourna à sa chambre dans l’espoir de trouver de l’occupation. Un peu grognon, il balança ses peluches maltraitées dans un coin de la pièce parce qu’elles l’énervaient à le regarder comme ça … Il avait l’impression qu’elles se moquaient de sa mauvaise humeur. Il tenta de faire une nouvelle construction en imitant le château de Peach pour ensuite mieux le détruire, mais même dans cette activité pourtant amusante il n’y trouvait pas son compte. Alors il testa la peinture. Il dessina des Skelerex dans la lave, une terre désolée où régnaient le feu, la désolation et les arbres morts, mais après quelques coups de pinceau supplémentaires il abandonna sa toile d’un soupir excédé. Désormais couché sur sa carapace en position étoile face au plafond, il commença à chantonner pensivement.

Ce refus lui trottait en tête. Constamment. Il le hantait ! Il n’avait pas le droit d’être aussi sévère avec lui sous prétexte qu’il voulait faire des efforts de comportement. C’était injuste ! Depuis quand c’était bien de dire non ? Junior grogna, ce qui fit ressortir sa petite canine tandis qu’il se releva pour commencer à frapper ses pieds dans tout ce qui se trouvait à proximité. Cubes, peintures, peluches, figurines, coussins … Jusqu’à ce que son orteil n’entre durement en contact avec une boîte à musique en métal. D’un cri perçant de douleur, il sautilla à ses pieds avec les mains en poings, de la vapeur sortant par ses oreilles invisibles. Il ressemblait à une cocote minute sur le point d’imploser ! Il avait besoin d’évacuer sa frustration d’une façon ou d’une autre. Tout en massant son orteil douloureux, Junior leva les yeux vers le mur où il y avait autrefois l’horloge comtoise qui faisait si peur à sa mama. C’était grâce à elle s’il avait pu la rejoindre au Royaume du Temps, grâce au portail magique.

Mais depuis que Solfège était devenue Reine, son père avait banni toutes les horloges comtoises du royaume ! Il n’en restait plus une seule à des kilomètres à la ronde.

«Ha ! Bien fait ! Prends ça ! Mwahahaha !» Ricana sournoisement la petite tortue après avoir jeté son vieux lapin pelucheux vers le mur en imaginant le Roi Tic-Tac à la place. La créature inanimée rebondit sur la pierre pour ensuite s’écraser dans une pile de prototypes pendant que Bowser Jr jetait d’autres trucs en s’inventant un scénario de guerre avec son ennemi juré. Un scénario où c’était lui le héros de l’histoire et personne d’autre ! Où tout le monde l’acclamait à son retour, où Solfège et son père n’avaient d’yeux que pour lui et sa force colossale.

Après deux trois bagarres imaginaires dans les airs, l’ennui regagna vite Junior ce qui le poussa à sortir de sa chambre en quête d’une autre activité amusante. Sur le chemin pour aller embêter les Koopalings, il recommença à chantonner un petit air qu’il trouvait cool et drôle à la fois. D’où sortait cette chanson étrange ? Eh bien, de son imagination enfantine. Bondissant d’un pied à l’autre tout en enfilant son bandana denté sur son museau pour espérer paraître menaçant, le petit Koopa à houppette sauta sur les statues puis les armures entreposées dans le hall principal tout en chantant sa chanson répétitive. En boucle, inlassablement. Certains Goombas qui passaient par là prirent la fuite à ces paroles redondantes qui une fois rentrées en tête n’en sortaient plus pour le restant de la journée … Le couloir bientôt déserté par tous les occupants à l’approche du Bowser miniature.

«Moi je cherche des pommes de pin, didou, dida !» Junior arrêta de se pavaner lorsqu’il vit au loin l’imposante silhouette de son paternel adoré. Refermant aussitôt la bouche d’un claquement, il eut soudainement une idée en tête alors qu’un sourire mesquin étirait sa bouche. Il se dépêcha de rejoindre son père à l’autre bout du couloir pour s’arrêter à côté de lui après qu’il referma une porte d’un tour de poignet.

«Papa, je veux une pomme de pin !» Réclama-t-il fortement.

«Non, pas de pomme de pin. Et où veux-tu que je cherche ça ?» Etourdi par la demande de son fils, Bowser haussa les épaules d’un sourcil levé.

«Mais je voulais une pomme de pin !» Pleurnicha Junior, les bras lui tombant de désespoir à ce nouveau refus.

«J’ai dit non !» S’impatienta Bowser tout en levant son index au visage fâché de son fils avant qu’il ne pique l’une de ses célèbres crises de colère au beau milieu du couloir. Il n’avait pas particulièrement envie de gérer une crise aujourd’hui.

L’expression contrariée du prince s’intensifia quand le Roi des Koopas lui tourna délibérément le dos pour disparaître dans un autre couloir, sans même lancer un regard en arrière. Un deuxième refus ? En une seule journée ?! Il n’en revenait pas. Sidéré et irrité, il décida qu’il n’allait pas laisser son père gagner la bataille. Il détestait perdre plus que tout au monde, ce n’était même pas envisageable. Alors il le suivit discrètement dans le château dans le but d’obtenir son oui, qu’importe la façon mais il l’aura ! Il réussira à l’avoir. Même s’il devait se prendre une engueulade monumentale il n’abandonnera pas avant d’avoir obtenu ce qu’il désirait, car il pouvait se montrer aussi têtu que son père quand il le voulait ! Si pas plus. La tortue obstinée se dépêcha donc de suivre l’immense Koopa épineux d’un petit rire de chafouin, déterminé à gagner.

Il le suivit dans la cuisine.

«Papa, je peux avoir un couteau ?»

«Non.»

A l’extérieur sur la plateforme centrale.

«Je peux avoir une armée à moi tout seul ?»

«Non.»

Dans le jardin qu’il avait fait faire pour Solfège quand il alla l’examiner.

«Tu veux prendre une photo de moi ?»

«Non !»

Dans son bain.

«Tu me donnes un canon à Bill Ball ?»

«Non !»

Au moment où il retourna à sa chambre pour se faire beau, il était à sa porte.

«Alors une bistouquette !»

«Je pense que tu veux dire une bicyclette, mon fils.» Répondit Bowser d’un coup d’œil blasé à Junior via le miroir.

«Ça veut dire oui ?» Sourit largement ce dernier.

«Non !»

Et même lorsqu’il retourna face à son armée pour leur aboyer des ordres.

«Papa ?»

«Non ! Non ! Non !»

«Mais-»

«NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !» Rugit Bowser tout en levant les bras de désespoir, ne supportant plus d’entendre les demandes incessantes de son fils tout au long de la journée. Sur le point de s’écrouler devant son armée de Koopas en rangées à cette soudaine fatigue qu’il ressentît, il ordonna à Junior de quitter les lieux sur le champ au risque de se faire punir. Il n’allait pas lui donner ce qu’il voulait ! Oh que non, il ne s’avouera pas vaincu.

«M’en fou, je finirai par avoir ce que je veux.» Marmonna Junior d’un petit reniflement dédaigneux.

«Qu’est-ce que tu marmonnes encore !» S’agaça Bowser en suivant du regard son fils insolent, les Koopas effrayés immobiles s’attendant à une explosion de leur chef.

«Je disais que tu étais le meilleur et le plus gentil des papas !» S’écria Junior d’un air faussement innocent juste pour mettre la honte à son père devant son armée, un succès car s’ensuivirent des petits ricanements plus ou moins discrets.

«Aller file !» Bowser, tout de même touché par ses paroles malgré son embarras, leva son bras en direction de la porte pour chasser l’opportuniste.

Malgré tout, la petite tortue entêtée n’avait toujours pas dit son dernier mot.

Une fois le soir arrivé, quand la plupart des habitants du château étaient allés se coucher pour ne laisser que des couloirs vides et silencieux, une seule petite silhouette se glissait dans la pénombre. Pour atteindre une porte dans le couloir à droite de sa chambre sans se faire remarquer, Junior avait mis son bandana sur sa tête. Dans l’espoir de passer incognito. Avec des pas furtifs dignes d’un ninja, il s’enfonça entre ces murs jusqu’à arriver devant une porte entre-ouverte menant à une petite bibliothèque avec une cheminée à l’intérieur. Assis dans de grands fauteuils violets autour d’une table ronde, Solfège et Bowser lisaient au centre de ces immenses étagères de bouquins. L’horloge murale derrière eux indiquait les vingt-heures tandis que les flammes de la cheminée virevoltaient sur le sol, dessinant leurs ombres aux pieds de Junior qui entrait timidement dans la pièce cosy. Immédiatement, le regard mécontent du Roi Koopa se posa sur lui alors il s’empressa de s’exprimer avant de se faire gronder.

«Est-ce que je peux avoir un bisou ?» Demanda-t-il d’une petite voix, jouant avec ses doigts d’un regard trainant au sol. Sa bouille de chien battu fit tout de suite effet sur Solfège au plus grand désarroi de Bowser.

«Mais oui bien sûr !» Répondit-elle chaleureusement en abandonnant son bouquin sur la table pour se diriger vers le petit Koopa adorable réclamant de l’affection.

S’abaissant vers Junior pour lui prendre le visage entre ses mains chaudes, elle lui embrassa la joue à plusieurs reprises sous le regard hébété de la plus grande tortue qui n’en croyait tout simplement pas ses yeux. Comment avait-il fait ? Elle tombait dans le panneau rien qu’avec son regard, il avait réussi à la faire tomber sous son charme en une fraction de seconde à peine. Sa bouche s’ouvrant de stupéfaction, le Roi des Koopas regarda comment Solfège plaçait des bisous sur la tête de son fils heureux d’avoir reçu l’attention qu’il cherchait. Non seulement il avait finalement obtenu un oui, mais en plus il récoltait le gros lot. C’était à peine croyable … D’une fourberie sans nom ! Les sourcils atteignant presque ses cheveux flamboyants, Bowser remarqua ensuite le petit sourire effronté que son fils arborait alors qu’il encerclait ses bras de manière protectrice autour de Solfège pendant qu’il le regardait avec triomphe.

Il avait gagné.

Fin


Junior gagne toujours 😉

Chapter 6: Il était une fois

Chapter Text

Nouvelle petite histoire dans la catégorie romance/fluff.

Juste une idée comme ça qui m’avait une fois traversé l’esprit … J’avais vraiment envie de faire un moment de tendresse, de complicité (Si ça ne tenait qu’à moi, j’en ferai tout le temps !).

Je vous souhaite une bonne lecture.


Il était une fois

Il était une fois, une Princesse connue pour sa beauté et sa générosité. Elle faisait la fierté du Royaume et de ses parents. Depuis le jour de sa naissance, elle se faisait appeler le petit rayon de soleil par tous ceux qui la côtoyaient. Celle qui apportait de la joie et du bonheur dans les cœurs de chacun, rendait ce monde plus serein. Chaque jour, cette princesse descendait au village pour s’amuser avec les autres enfants et ainsi se faire des amis.

Mais cette princesse avait une particularité, un don inné. Elle pouvait transmettre sa joie de vivre rien qu’avec ses éclats de rires, ce qui faisait d’elle quelqu’un de très unique et appréciée de tous.

La princesse chérissait la musique par-dessus tout. Car la musique apportait de la joie, tout comme ses rires elle redonnait de la foi. Lorsqu’une troupe entrait dans le Royaume, elle était la première à les accueillir et à leur offrir l’hospitalité. Elle ne manquait jamais aucune prestation. Jamais une occasion de s’entrainer à jouer du violon avec la violoniste, à apprendre cette magie perfectionniste. Elle rêvait désormais de devenir musicienne et d’intégrer une troupe de troubadours afin de contribuer à ce bonheur inépuisable sous forme de notes joyeuses.

Au fil des années, quand elle atteignit enfin l’âge de dix-sept ans, elle annonça à ses parents qu’elle voulait partir pour découvrir le monde jusqu’alors ignoré. Pour voyager, jouer du violon et faire de nouvelles rencontres amusantes. Un rêve d’enfance qu’elle voulait enfin réaliser à cet âge où la sagesse était recherchée. Cependant le Roi ne l’entendit pas de la même oreille.

Fou de rage que sa précieuse fille veuille partir à l’aventure au lieu d’honorer les traditions, il ordonna à ses bâtisseurs de construire la plus haute tour du Royaume. Sans moyen d’entrer ni de sortir. A l’écart du peuple, dans les terres désolées, la princesse fût emprisonnée. Comme les autres princesses avant elle, la belle devait trouver l’amour éternel. Isolée du reste du monde, isolée du bonheur et de la joie, elle perdit ses éclats de rires. Désormais coincée dans la plus haute salle de la plus haute tour, elle gisait à son unique fenêtre en attendant un signe …

«Laisse-moi deviner, elle doit attendre de se faire secourir par le prince charmant ?»

Solfège s’arrêta soudainement dans sa lecture à cette voix ennuyée qui s’exclama. Levant les yeux de son livre de velours violet aux bordures dorées, son regard s’attarda un instant sur les rideaux à la grande fenêtre de droite soufflés par la brise chaude de l’après-midi. Pensive et quelque peu évasive après ces quelques lignes, un petit sourire se forma sur son visage alors que ses yeux vert pomme fixaient la fenêtre du château. Elle se perdit dans sa réflexion, immobile, jusqu’à ce qu’elle ne se souvienne qu’elle n’était pas toute seule dans la pièce. D’une brève secousse de sa tête, la jeune femme laissa retomber son regard sur le livre ouvert qu’elle tenait dans ses mains pour le décaler sur le côté et dévoiler un large museau derrière. Immédiatement, son sourire revint tandis qu’elle reprit la parole pour enfin répondre à son interlocuteur à moitié endormi.

«Les princes charmants ne courent pas les rues … Ça se saurait. Et puis d’ailleurs, qu’est-ce qui définit un prince charmant ? Sa beauté, sa générosité, sa bravoure ? Un mélange de toutes ces qualités ? Honnêtement, je ne pense pas qu’un tel personnage puisse exister dans la vraie vie. La perfection n’existe que dans l’imaginaire, et elle prend plusieurs formes. Les princes charmants ne vivent que dans les contes.» S’interrogea-t-elle d’un léger gloussement suivit par un petit haussement d’épaules penaud, ce mouvement faisant basculer sa chevelure rouge sur ses bras nus.

«Regarde-moi, je suis un mélange de tout ça. Je suis la preuve vivante que toutes ces qualités réunies existent bel et bien.» Répondit aussitôt l’immense Koopa tout en secouant ses sourcils broussailleux de haut en bas d’un petit sourire séducteur, amusé par l’analyse de l’humaine.

«Peut-être, mais il est ici question de prince et non pas de Roi conquérant au tempérament sulfureux.» Rappela rapidement Solfège qui imita son mouvement de sourcils malicieux. Evidemment, elle avait soigneusement choisi ses mots pour ne pas carrément dire qu’il avait aussi des défauts parmi ces qualités, au risque de s’attirer les foudres du colérique et impulsif Bowser facilement vexé.

Le contredire ? Très peu pour elle !

Même s’il avait raison, elle le trouvait parfait.

«Continue.» Ronronna ce dernier après avoir refermé les yeux puis retrouvé sa position confortable d’origine.

Allongé sur le ventre sur l’immense lit royal, la grande tortue à épines écoutait attentivement l’histoire racontée par sa femme en cet après-midi chaud et ensoleillé. A l’heure de la sieste, il lui avait réclamé une histoire comme elle le faisait très régulièrement à son fils Junior pour l’aider à s’endormir le soir lorsqu’il ne trouvait pas tout de suite le sommeil. Il voulait l’expérimenter à son tour. Car intrigué par cet étrange rituel qu’ils avaient tous les deux adoptés depuis un moment, il s’était posé la question sur les bénéfices d’une telle pratique. Alors, sous les encouragements répétitifs de Bowser Jr et après maintes réflexions sur l’utilité d’écouter des contes tous plus ridicules les uns que les autres, le Koopa menaçant avait finalement cédé à la tentation. C’était surtout un prétexte. Mais finalement il se rendit compte que ce n’était pas si mal … Il pourrait même devenir friand de ces moments de tendresse et de repos.

Car non seulement il écoutait la douce voix de son épouse, mais il profitait aussi de sa proximité dans un moment intime. Loin de ses obligations en tant que souverain et chef suprême. Les yeux clos, un sourire se dessina sur son museau lorsqu’il sentit les doigts de la jeune femme sur ses pommettes saillantes. Il aimait la douceur de ses caresses, la fragilité de ses doigts sur ses écailles rugueuses. Bowser n’avait jamais réellement connu la définition du mot bonheur, mais il pourrait facilement dire que ces moments-là étaient ses préférés. Chaque moment passé avec Solfège étaient des instants qu’il souhaiterait ne jamais oublier, au même titre que son fils Junior depuis qu’il était entré dans sa vie. Ces deux-là contribuaient à son bonheur au quotidien, ils lui apprenaient ce qu’il signifiait. Il ne pouvait pas être plus heureux. Il avait une femme merveilleuse, un fils adorable, un Royaume à son image, une armée immense et fidèle … Bon, même s’il avait tout ce dont un Roi pouvait rêver il aimerait encore pouvoir conquérir l’univers tout entier pour que son bonheur atteigne son summum !

Solfège récupéra son livre pour chercher la ligne qu’elle avait laissé en suspens. Adossée contre les oreillers rouges moelleux, elle était prisonnière des bras de Bowser qui l’entouraient, ses mains griffues encadrant ses côtes. Les jambes étendues sous l’imposante tortue à la crinière flamboyante, elle ne ressentait presque pas son poids étant donné qu’il faisait en sorte de ne pas l’écraser complètement. La tête posée sur son bassin, son grand museau touchait le dos de ses doigts quand elle reprit le bouquin pour reprendre là où son histoire s’était arrêtée après avoir été interrompue par le Koopa somnolant. Grâce au ciel, il avait retiré son collier et ses bracelets piquants ! Pour plus de confort, avait-il dit, mais Solfège savait que c’était pour ne pas la blesser par mégarde. Sa massive carapace verte à épines l’empêchait de voir la porte derrière lui et mise à part la fenêtre et la coiffeuse situées à sa gauche, elle ne voyait pas grand-chose de la pièce pourtant très spacieuse. Une chambre si grande qu’elle pourrait presque s’y perdre.

«Le signe de sa liberté. Mais pour que le futur prince vaillant puisse prouver sa valeur, le Roi fit garder cette tour par un dragon cracheur de flammes. Un monstre doté de puissantes ailes et de crocs aiguisés, repoussant quiconque essayera de s’emparer de la belle séquestrée.» Récita Solfège tout en jetant quelques coups d’œil au visage de Bowser lorsqu’il se contracta d’amusement.

«Pourquoi est-ce que les princesses dans les contes sont toujours des jeunes filles en détresse ?» Ricana-t-il.

«Elles ne le sont pas toujours. Tout dépend de leur condition. La suite de l’histoire déterminera si effectivement, c’est une jeune fille en détresse gardée par une bête assoiffée de sang ... En attente de son véritable amour. Ou si les rôles seront inversés.» Rétorqua la jeune femme tout en laissant volontairement planer le suspense d’un timbre de voix mystérieux, suffisant pour faire rouvrir un œil à Bowser désormais interpellé.

«Une princesse face à un dragon cracheur de flammes ?! Humpf, elle n’aura aucune chance ! C’est perdu d’avance. On sait déjà comment tout ça va se terminer. Il n’y a aucune surprise.» Se moqua-t-il allègrement après avoir lourdement soupiré, le long souffle d’air poussant les cheveux de l’humaine en arrière.

«Princesse Peach a bien tenu tête au terrible Bowser.» Rappela ensuite Solfège sans y réfléchir à deux fois, son sourire taquin s’agrandissant quand les yeux du Koopa s’écarquillèrent avant de contester.

«Hey ! Je ne suis pas une stupide bête cracheuse de flammes ! Je ne passe pas mon temps à dormir et à grogner !» S’indigna-t-il d’un sourcil rouge levé, le rire de son épouse emplissant bientôt la pièce. Le son était une mélodie à ses oreilles ... Il aimait en être à l’origine. Mais perplexe par sa réaction, il s’apprêta à l’interrompre toutefois elle se calma vite pour ensuite rappeler ce qu’était exactement cette créature mythique.

«Les dragons sont nobles et puissants. Ils n’ont peur de rien ! Ils crachent un feu incandescent, sillonnent les contrées pour étendre leur territoire au-delà de ses limites … Ils gardent jalousement leurs précieux trésors à l’abri des regards. Ils n’hésitent pas à repousser les intrus et à prendre part à la bagarre. Souvent mal jugés, ils sont considérés comme des êtres maléfiques par leur nature solitaire et leur caractère belliqueux. Mais lorsqu’on prend un instant pour les regarder,» Solfège marqua un temps de pause pour se pencher vers le museau jaune de Bowser d’un sourire tendre, effleurant son doigt sur le bout de son nez ; «l’on peut voir qu’ils ne sont qu’en réalité des créatures incomprises, avec des insécurités, juste à la recherche d’un peu d’attention. Des êtres dotés de sentiments qui cachent leur vulnérabilité derrière cette facette de monstre destructeur sans cœur.»

A cette déclaration, le cœur de Bowser se serra derrière son plastron, car il avait l’impression qu’elle s’adressait directement à lui. Qu’il était comme ces créatures. Considérés à tort comme des criminels, juste parce qu’ils étaient effrayants et prétendument monstrueux … D’accord il avait fait d’horribles choses, oui il avait des méthodes quelque peu barbares, mais au fond il n’était pas si mauvais. Du moins, c’était ce qu’essayait de lui faire comprendre Solfège jour après jour. Il s’améliorait, il avait cette volonté de devenir une meilleure version de lui-même depuis qu’il avait ouvert les yeux. Rien que pour voir ses sourires, sa fierté et ressentir son bonheur. Ça n’avait pas de prix. Reniflant un peu au doigt de Solfège sur son nez, il se racla la gorge à cette émotion qui l’avait envahi quelques secondes. Il reprit son air habituel car il n’avait pas envie de passer pour un être trop sensible non plus, malgré l’impact que ces quelques paroles avaient sur lui.

«Je prends ça pour un compliment. Mais que ce soit bien clair …» Encore perturbé, le Roi des Koopas s’exprima avec une touche d’avertissement dans sa voix grave. Puis il plissa les yeux à la jeune femme qui se stoppa dans son geste pour le regarder avec incertitude pour finalement terminer sa phrase d’un léger grognement d’exaspération.

«Peach ne m’a jamais tenu tête.» Prévint-il platement entre ses dents, n’ayant que moyennement apprécié cette affirmation qu’il considérait comme étant fausse. Elle avait juste été têtue ! Rien de plus.

Cette petite indignation qui ressemblait plus à un caprice fit rire Solfège qui ne pouvait s’empêcher d’imaginer la princesse du Royaume champignon s’opposer à la volonté de la créature la plus craint de tous. Elle était courageuse, cela ne faisait aucun doute. Elle admirait Peach pour cette force de caractère qui la rendait aussi respectable, même si leurs avis divergeaient sur certains points. Notamment leur opinion sur Bowser et ses actes parfois discutables. Néanmoins il était clair que l’orgueil de la grande tortue avait été sévèrement atteint au fil de ces années à se prendre constamment des refus d’une humaine quatre fois plus petite que lui, ne cédant jamais à l’un de ses chantages pour toujours protéger son peuple. Oui, Bowser n’avait jamais réussi à surmonter ces échecs personnels mais peut-être qu’avec le temps et l’amour, il y parviendra enfin. En attendant, Solfège reprit son histoire pour espérer un jour pouvoir la finir car son époux n’était pas près de s’endormir …

Tel fils, tel père.

«Les jours défilèrent, les larmes la noyèrent. Personne n’était à l’horizon. Piégée en haut de cette tour sans âme à la pierre grisonnante, la princesse demeurait impatiente. Plus bas, la créature se reposait au pied de sa prison sans jamais lever ses yeux vermeils vers son unique fenêtre. Au loin, elle pouvait apercevoir ce qu’elle appelait jadis sa maison. Baigné dans une douce lumière, le château blanc se moquait d’elle chaque jour qui passait.» Continua-t-elle calmement, les yeux plongés dans ces lignes écrites à l’encre noire dans de jolies courbes. Elle pouvait sentir la respiration forte de Bowser sur le dos de ses doigts, le poids de son plastron sur ses jambes cachées sous la couverture duveteuse.

«Mais cette solitude lui permit également de réfléchir. Qui avait le droit de contrôler son destin ? Pourquoi fallait-il qu’elle attende un prince qui ne viendra sans doute jamais pour la délivrer ? Les princesses étaient-elles donc toutes destinées à vivre un soi-disant conte de fée ? La belle se questionnait, et un nouveau rêve prit vie. Elle rêvait de devenir une luciole pour pouvoir quitter ce lieu de ses propres ailes sans jamais sombrer dans la noirceur de la nuit. De pouvoir voler où bon lui semblait … Là où son cœur la menait.» Emotive, Solfège baissa un instant les yeux sur le visage du Koopa pour voir qu’il avait fermé les yeux pour l’écouter. Il avait l’air si paisible, si détendu … Ses grandes mains l’entouraient comme une barrière protectrice au monde extérieur. La légère brise de la fenêtre déplaçait quelques-unes de ses mèches sauvages mais rien ne le perturbait. Esquissant un sourire adorateur à cette image, elle poursuivit son histoire.

«La bête était incomprise, tout comme la belle. Ce monstre que tout le monde craignait avait été placé là de force, pour assurer un rôle qui lui était injustement prédestiné. Condamné à être hais pour toujours. Peinée, la jeune fille se pencha à la fenêtre pour appeler la bête. La créature féroce leva curieusement les yeux vers elle, mais elle ne vit aucune trace de malveillance, simplement de la confusion.» Toutefois Solfège fût à nouveau interrompue par Bowser, les timbres de sa grosse voix faisant vibrer ses jambes.

«Si j’étais dans cette histoire dans le rôle du héros, j’aurais déjà réduit cette tour en cendres depuis bien longtemps ! J’aurais combattu ce "dragon" de mes propres mains et l’aurais ensuite fait prisonnier pour le mettre à mon service. Un bon chien de garde pour repousser les petits nuisibles. Un jet de flammes sur tout ce qui bouge, il n’y a que ça de vrai !» Commenta celui-ci sans rouvrir les yeux, les coins de son museau s’étirant dans un sourire conquis au scénario parfait qui se formait dans sa tête.

Quand il pensait à nuisibles, il pensait bien évidemment au genre moustachu.

«La servitude n’est pas toujours le seul moyen d’obtenir l’objet de nos désirs.» Récita ensuite Solfège tout en passant amoureusement ses pouces sur la mâchoire du Koopa tyrannique, traçant ses quelques cicatrices de guerre. Surpris par cette déclaration, Bowser leva les yeux vers elle pour la regarder avec scepticisme jusqu’à ce qu’elle ne reprenne sa lecture pour l’aider à mieux comprendre où elle voulait en venir. Les douces caresses sur son visage l’apaisaient, lui donnait l’envie de ronronner à chaque fois que ses doigts effleuraient ses écailles. Il ne voulait pas que ça s’arrête. Cette tendresse lui causait des difficultés à se concentrer toutefois cette histoire l’intriguait vraiment car elle ne se déroulait pas comme les autres alors il fit l’effort de tendre une oreille même si à cet instant il aurait préféré rester là à la regarder plutôt que le dos du livre.

«La princesse parla à la bête pour la rassurer. Au fil des jours, la confiance s’installa, et une amitié naquit entre la jeune fille et le dragon. Rêvant tous les deux de liberté, ils ne s’attendirent pas à voir un jeune prince arriver sur son cheval blanc. Son armure argent étincelait aux rayons du soleil couchant. Prêt à défier le monstre pour sauver la belle de ses griffes.» Raconta Solfège tout en levant le doigt pour marquer le suspense, le front sillonné.

«Il trancha le cou du monstre puis ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Blah blah blah …» Ennuyé par la tournure des évènements, Bowser regarda le plafond d’une petite secousse de sa tête mais la jeune femme n’avait toujours pas fini de l’étonner.

«Et la bête prit son envol. Toujours plus haut, ses ailes couvrirent les rayons du soleil, faisant de l’ombre au cavalier armé d’une épée … Jusqu’à atteindre la fenêtre de la princesse. La belle monta sur le cou de la créature et sans un regard au chevalier, ils s’envolèrent tous les deux vers le soleil couchant. Partant à la conquête de leurs rêves, ensemble. Fin !» S’exclama-t-elle joyeusement après avoir refermé le livre pour le poser sur le côté, surprenant la tortue allongée.

«Quoi ?! C’est tout ? Pas de combat ? Pas d’effusion de sang ? C’est quoi l’intérêt de cette histoire s’il n’y a pas de combat pour déterminer le plus fort ! C’est ridicule !» S’étonna-t-il, les yeux larges d’incrédulité et la bouche entre ouverte. Il s’attendait à une bataille épique, lui ! Quelque chose qui donnerait du sens à l’histoire et aussi un peu d’action. Pas une fin aussi étrange ou personne ne meurt !

«Chaque histoire a sa moralité. La violence ne résout pas toujours tout.» Solfège haussa les épaules d’un sourire timide au regard dubitatif que lui offrait le Koopa à priori déçu.

«Il n’y a aucune moralité ! C’est une histoire nulle.» Rouspéta-t-il d’une grimace.

«Eh bien si, il y en a une.» Assura l’humaine qui se pencha lentement vers lui. Cette soudaine proximité chassa l’agacement du visage de Bowser alors qu’il la regardait droit dans les yeux, sentant son rythme cardiaque faire une embardée à sa beauté naturelle qui le frappait toujours. Il ne s’en lassera jamais de la regarder … D’écouter sa voix mélodieuse, d’entendre ses rires et de voir ses sourires. Ses cheveux semblables à de la lave tombèrent sur ses bras pour chatouiller ses écailles pendant qu’elle lui embrassait le bout du nez, emprisonnant son visage entre ses mains chaudes quand elle reprit à voix basse.

«Le destin nous appartient. Nous seuls pouvons le déterminer. Il est important d’écouter son cœur et de suivre ses rêves Il faut savoir aussi regarder au-delà des apparences qui sont parfois trompeuses, se faire son propre avis. Ne jamais juger un livre sur sa couverture.» Révéla Solfège, ses pouces réalisant de petits cercles sur les joues du Koopa demeurant sans voix tout à coup. Cette phrase, elle le lui avait déjà dit à l’époque où elle n’était qu’une conseillère en séduction, quand il n’avait d’yeux que pour Peach et son Royaume. Cette dernière pensée contracta douloureusement son cœur, mais une chaleur se propagea aussitôt dans son corps lorsque les mains de Bowser se resserrèrent autour d’elle.

Comme s’il avait lu dans son esprit à ce moment-là.

«J’aime cette histoire.» Finit-il par dire en conclusion après avoir attiré la jeune femme contre sa tête pour une étreinte affectueuse.

«Moi aussi.» Murmura Solfège qui entoura ses bras autour de la tête massive du Koopa pour le bercer contre elle, la joue posée sur son museau chaud. Curieusement, la texture à cet endroit-là était beaucoup plus douce que le reste de son corps rugueux malgré les quelques cicatrices s’y trouvant. Elle aimait son contact, elle aimait être dans ses bras. Elle ne se sentait en sécurité nulle part ailleurs. Passant lentement sa main dans ses cheveux rouges à la texture soyeuse, elle ferma les yeux pour profiter de cet instant, heureuse d’être à ses côtés et d’avoir connu son propre conte de fée.

Et ils restèrent ainsi l’un contre l’autre, le sentiment d’être aimés pour l’éternité.

Fin


J’espère que vous avez apprécié ! Pour ma part, j’ai adoré l’écrire. C’est tellement tendre et touchant … J’aime imaginer ce genre de scènes.

Concernant la prochaine histoire, j’hésite encore sur le sujet, mais nous retournerons certainement dans la catégorie humour et peut-être aventure.

A bientôt, VP

Chapter 7: Journée compétitive - Partie 1

Chapter Text

Toute nouvelle histoire qui sera coupée en deux parties parce qu’elle est trop longue pour laisser en une seule. C’est juste une histoire de confort de lecture, mais aussi afin que je puisse détailler comme bon me semble sans avoir le stress du nombre de mots (oui, passé un certain seuil, je me stresse toute seule).

Dans tous les cas, aujourd’hui je vous présente cette nouvelle histoire qui accueillera un plus large panel de personnages relatifs à l’univers Mario bien entendu. Un peu d’aventure et un plongeon dans l’un des jeux les plus connus de la franchise, je vous laisse deviner lequel 😉

Bonne lecture !


Journée compétitive Partie 1

Il avait une mission de la plus haute importance.

Tenant précieusement une enveloppe blanche contre son plastron, le Koopa ailé se dirigeait en trombe vers la salle du trône dans les profondeurs du château maléfique où la lave en fusion côtoyait la pierre. Pressé et impatient de remettre ce qu’on lui avait confié de si bon matin, il ne se laissa pas distraire par ses camarades curieux de connaître la raison de cette soudaine précipitation. Pas même pour leur adresser un simple regard ni même un bonjour. Le chef des Koopas connu pour son intransigeance, sa rigueur et sa fidélité sillonnait rapidement les couloirs à la recherche de son Roi tout puissant. Certes sa mission consistait à remettre une simple enveloppe, mais il tenait à la remettre en personne pour prouver, encore une fois, qu’il était non seulement digne de confiance mais aussi assidu.

Adoptant un rythme de pas régulier cependant hâtif, il s’élança entre les gardes et autres créatures peuplant ce château pour arriver sur une passerelle rejoignant une autre partie de la forteresse. Il n’avait pas le temps de répondre aux questions ni de ralentir le pas. Car c’était d’une urgence capitale ! Les distractions devaient attendre. Sans même jeter un coup d’œil aux deux gardes à la carapace rouge qui redressèrent leurs lances en signe de respect, il poussa les grandes portes d’un grincement inquiétant pour se retrouver dans un immense corridor. Statues avantageuses à l’image du Roi, chandeliers bariolés et autres tableaux représentatifs, il s’enfonçait dans le couloir principal menant directement à la salle du trône bien gardé. Le claquement répétitif de ses semelles était étouffé par le long tapis rouge. La lumière des lustres était tamisée dans cette partie du château, tout comme à l’étage supérieur où se trouvaient les chambres royales, donnant ainsi des airs sinistres à ce couloir. Même s’il empruntait quotidiennement ce chemin, le général avait toujours des frissons qui lui parcourait la carapace quand il mettait les pieds ici.

Sur le point de faire connaître sa présence, le Koopa rangea correctement ses ailes puis s’arrêta brièvement devant les portes fermées. Il resserra sa prise sur l’enveloppe qu’il protégeait, ses yeux noisette tombant un instant sur les moulures en pierre présentes à son niveau. C’était toujours un grand moment que d’apporter des nouvelles à son chef bien aimé ! Mais il espérait sincèrement qu’il s’agissait de bonnes nouvelles … Au risque d’en faire les frais s’il était mal luné aujourd’hui. Néanmoins déterminé, il ne lui fallut que quelques secondes de plus pour retrouver son courage pour pousser les lourdes portes d’une expression confiante, ses sourcils invisibles se creusant lorsqu’il vit la longue allée vide menant au trône. Enfin pas totalement. Au fur et à mesure qu’il s’approchait, il constata que Bowser était avec le jeune prince à lui apprendre à former des boules de feu en bas des marches. Le Koopa célèbre pour sa tyrannie souriait joyeusement à son fils quand ce dernier l’imitait, gonflant sa poitrine pour prendre un profond souffle avant de se pencher de toutes ses forces pour rugir.

Rugissement qui par ailleurs ressemblait plus à un croassement.

Imperturbable par ce raffut, le général continua de s’approcher tandis qu’il prenait toute la scène en compte. Il remarqua presqu’immédiatement la présence de la Reine Solfège assise sur le trône plus petit à gauche de celui de Bowser. Construit rien que pour elle sous ses ordres. Les jolies pierres vertes et jaunes de son diadème argenté scintillaient à la lumière des chandeliers pendant qu’elle applaudissait à chaque tentative de Junior, son sourire bienveillant réchauffant naturellement son cœur. Sa longue robe rouge traînait au pied du trône adapté à sa taille depuis qu’elle était devenue l’épouse du Roi des Koopas, faisant d’elle un monarque respecté et apprécié pour sa douceur innée. Cette gentillesse était la qualité que tout le monde ici aimait chez elle, même les plus grosses brutes qui finissaient toujours par s’adoucir en sa compagnie. Le concernant, il appréciait surtout les conversations qu’il pouvait avoir avec la Reine d’une oreille attentive mais plus particulièrement ses conseils avisés. En plus de ne jamais porter aucun jugement, une autre grande qualité qu’il reconnaissait chez elle.

Quelque peu épris par sa beauté et son charme naturel, le Général Koopa secoua rapidement la tête pour ne pas se laisser distraire tant qu’il n’avait pas achevé sa mission. C’était son unique objectif, ensuite seulement il pourra rêvasser. Kamek aussi était présent dans la salle du trône alors que Junior s’entraînait avec sa version adulte à la voix grondante. Le Magikoopa utilisait sa magie pour faire apparaître des pancartes en carton de Toads ou de Mario et Luigi pour lui trouver une bonne motivation pour former ses boules de feu. Tous ses essais étaient pour le moment infructueux, mais Bowser ne baissait pas les bras pour autant. Il se montrait très patient. Encourageant son fils de plusieurs gestes avec de belles paroles, ses yeux pétillaient de fierté à chaque fois qu’il gonflait son petit plastron pour tenter de faire sortir du feu. Un héritage familial qu’il aimerait bien voir naître chez son fils adoré. Afin qu’il puisse montrer l’étendue de sa force à ses côtés ! Qu’il puisse enfin rejoindre les Koopalings en tant que chef et devenir un membre à part entière de son armée.

Rien que de voir l’excitation dans ses petits yeux noirs le remplissait d’un incommensurable bonheur.

«Ahem. Pardonnez-moi de vous interrompre en si bon matin, mais j’ai une lettre en ma possession qui doit être remise dans les plus brefs délais. C’est urgent.» Insista le général tout en se raclant la gorge quand il vit que personne ne faisait attention à lui, trop occupés à encourager la jeune tortue remplie de bonne volonté. Mais immédiatement après cette déclaration solennelle, les trois figures se tournèrent enfin dans sa direction.

«Oui bon donne là moi et ensuite disparaît de ma vue ! J’ai autre chose à faire que de lire des lettres de menaces de mes fans.» S’agaça le Roi interrompu dans son moment père fils. D’un soupir exagéré, il croisa les bras puis commença à taper impatiemment du pied sur le sol tandis que Junior l’imitait dans sa posture renfrognée. Toutefois il fût surpris lorsque le Koopa à la carapace bleue refusa d’obéir.

«Je suis profondément navré, mais je ne peux pas vous la remettre. Elle est à l’attention de la Reine.» Regretta le général qui secoua dramatiquement la tête alors que les expressions de Bowser et de Kamek se décomposèrent en simultanées.

«Quoi ?!» S’exclamèrent-ils à l’unisson. Le Magikoopa disparut dans son nuage rose de magie avant de réapparaître aux côtés du général pour lui prendre la lettre des mains d’un petit reniflement de dédain. Ignorant son cri de consternation, il repositionna ses lunettes sur son nez quand il se pencha sur les lettres écrites grossièrement sur la face avant de l’enveloppe.

«Voilà qui est curieux. Il dit bien la vérité, Sir ! Cette lettre est destinée à la Reine, et non pas à vous.» Affirma ce dernier incrédule alors qu’il passait sa langue sur son museau jaune en même temps qu’il relevait la tête vers Solfège toujours assise à son trône. Lui offrant un coup d’œil hébété. La jeune femme semblait surprise, mais pas autant que Bowser.

«Impossible ! Donne-moi ça !» Le Roi Koopa arracha la lettre des mains de Kamek pour regarder par lui-même d’un profond froncement de sourcils. Et effectivement, il ne s’était pas trompé ! Cette lettre était bel et bien à l’attention de sa femme.

«Je viens de vous le dire. C’est un message pour la Reine du Pays-Noir. Et avant que vous ne me le demandiez, j’ignore qui en est l’auteur. Je ne faisais que mon devoir de messager.» Soupira le général qui leva discrètement les yeux au plafond haut, les poings à ses hanches car il avait l’impression de parler à un mur. Ils venaient tous de gâcher son entrée spectaculaire ! Lui qui voulait faire durer le suspense … En haut des marches, l’humaine se leva pour commencer à se rapprocher, l’air perplexe pendant que son époux arrachait l’enveloppe pour voir quelle était la nature de son contenu.

Comment ça ce n’était pas à son attention ! Qui avait osé envoyer une lettre à sa femme ?! Qui avait osé le défier ? Qui était son admirateur secret ? Il devait le savoir !

«Montrez-moi je vais vous la lire !» Kamek récupéra la lettre avant que son supérieur ne la déchire sous le coup de la colère. Ou plutôt de la jalousie … Au choix. Respirant bruyamment par le nez pour tenter de calmer ses nerfs, Bowser laissa le Koopa prendre la lettre froissée pour qu’il commence à la lire sauf que Junior décida de faire son caprice. Le jeune prince sautilla jusqu’à eux puis d’un revers de son bras, il s’empara de la lettre des mains du Koopa en robe bleue après lui avoir tiré la langue.

«Laisse-moi lire en premier ! Je sais mieux lire que toi et j’ai pas besoin de lunettes de bigleux pour ça.» D’un sourire insolent spécialement pour Kamek, il se pencha sur les lignes écrites de cette même façon grossière, comme si la personne avait tremblé lors de sa rédaction. Tournant la lettre dans tous les sens, ses sourcils se froncèrent lorsqu’il plissa les yeux dans la concentration, le suspense bientôt à son comble ; «Alors, voyons voir … Mhmm, tiens tiens. C’est une suite de lettres, bizarre …»

«C’est ce qu’on appelle couramment une phrase, votre Altesse.» Révéla platement Kamek en levant le doigt en l’air.

«C’est bon, je le savais ! Je ne suis pas complètement idiot non plus !» Se vexa le plus jeune Koopa tout en montrant sa canine proéminente, posant ses poings à ses hanches quand ses joues commencèrent à virer au rouge.

Sur le point de rétorquer sur le même ton, le chef des Magikoopas referma aussitôt la bouche lorsque Solfège le dépassa pour prendre la lettre des mains de Junior. Ce qui mit vite un terme à la discussion après un petit "hey !" de protestation. Le silence s’installa dans la salle alors qu’elle se mit à lire la lettre qui lui était initialement adressée, ses yeux verts fixés à cette succession de mots qui formaient effectivement des phrases.

À l’attention de la Reine des Koopas,

C’est avec une immense joie que je déclare officiellement la compétition ouverte. Chaque année, nous organisons une course de karts au sein du Royaume de la Jungle pour déterminer qui sera le meilleur pilote de tous les Royaumes et qui sera digne de ramener la coupe. Des récompenses d’une très grande valeur que seuls les plus courageux d’entre vous pourront remporter. Tout le monde s’affrontera sur la piste dans une course inoubliable où le divertissement se mêlera à notre esprit compétitif. La politique sera mise de côté dans l’esprit de nous réunir pour cette grande occasion qui me tiens personnellement à cœur.

Moi, Roi Cranky Kong, dirigeant du Royaume de la Jungle et protecteur du Royaume Champignon vous invite à cet événement annuel d’envergure.

Solfège ne pouvait contenir son excitation plus longtemps. Au fur et à mesure qu’elle lisait les lignes à haute voix, son front se lissait alors qu’elle réalisait enfin ce que cette lettre signifiait et qui était à son origine. C’était un immense honneur que d’être invitée à cette compétition chez l’un des plus grands Rois de ce monde ! Sautillant à ses pieds, elle faillit perdre sa couronne dans le processus, ses cheveux rouges rebondissant sur ses bras à la joie qui la consumait. Une occasion pour elle de découvrir le Royaume de la Jungle et ses habitants à la réputation festive ! Car elle n’avait encore jamais eu l’occasion de rencontrer le Roi singe en personne, et d’après ce que des Koopas lui avait raconté, ce royaume était d’une beauté à couper le souffle en plus d’avoir des airs paradisiaques. Ne jetant aucun coup d’œil à Kamek et Bowser sur sa gauche tant elle était plongée dans sa lecture, elle pouvait néanmoins sentir leurs regards insistants pendant qu’elle reprennait.

Cette année, nous avons décidé de vous mettre une épreuve supplémentaire en demandant aux participants de faire équipe avec un pilote que nous avons préalablement choisi.

«Un deuxième pilote ? C’est une compétition qui se réalisera en duo ?» S’interrogea la jeune femme tout en tapotant son doigt à ses lèvres dans la réflexion. Qui avaient-ils choisi ? Incertaine, elle leva les yeux du papier pour examiner les Koopas immobiles et nerveux à tour de rôle. Dans la logique, ça serait avec Bowser qu’elle devrait faire cette compétition étant donné qu’ils formaient déjà un duo. Mais elle avait l’intuition que ce n’était pas l’heureux élu cette fois-ci car avec son caractère parfois égoïste, il n’accepterait jamais de faire conduite à deux surtout lors d’un évènement officiel comme celui-ci où l’honneur était mis en jeu. Puis elle passa à Kamek, l’idée même d’être sur le même kart que lui l’inquiétait étrangement … Le général ? Pourquoi pas, après tout elle s’entendait plutôt bien avec lui et ils avaient des idéologies similaires.

Nous sommes heureux d’annoncer que vous ferez équipe avec le jeune prince Koopa, Bowser Junior, fils du Roi du Pays-Noir et héritier du trône.

«YES !» Hurla Junior en serrant les poings de joie.

«C’est une plaisanterie j’espère ?! Mon fils, dans une course de kart ? C’est un enfant ! Et il ne connaît même pas les règles. C’est ridicule ! Il doit y avoir une erreur.» S’indigna Bowser avec de grands yeux choqués, perdant aussitôt son expression confiante pour la troquer contre de la stupéfaction. Il était pourtant certain que c’était lui qui avait été choisi ! Logiquement le Roi du Pays-Noir et non pas son héritier encore trop jeune pour ce genre d’activité qui demandait adresse et expérience ! Bon, il faisait preuve de mauvaise foi mais tout de même ! Une coupe était en jeu.

À l’issue de cette compétition, les grands gagnants se verront attribuer une coupe banane en or massif ainsi que le titre de meilleurs pilotes de l’année.

Le coup d’envoi sera lancé dès demain matin. En attendant je vous invite à me rejoindre au Royaume de la Jungle où vous sera offert l’hospitalité pendant votre séjour parmi nous. Un chauffeur vous attendra aux portes pour vous y conduire.

Ne soyez pas en retard !

«Nous allons au Royaume de la Jungle ! Nous allons au Royaume de la Jungle ! C’est trop cool ! On va tous les massacrer ! T’inquiète p’pa, je vais assurer !» S’émerveilla un Bowser Jr surexcité qui sautait à ses pieds à l’idée de participer à cette compétition pour la toute première fois, certain qu’ils allaient gagner. Les autres n’avaient aucune chance contre eux ! La victoire était à leur portée.

Il détestait la défaite par-dessus tout donc ils n’avaient d’autre choix que de remporter la victoire de toute façon.

«Je suis … Sans voix.» Le bec de Kamek tomba tandis que la paupière gauche de Bowser se mit à trembler, sa mâchoire se décrochant presque. La Reine arrêta d’exprimer sa joie lorsqu’elle s’aperçu qu’il restait une toute petite ligne tout en bas de la lettre. Presque cachée par le pli.

«PS : le fou furieux n’est pas invité …» Dit-elle doucement d’un froncement de sourcils, sa voix s’éteignant à la fin de sa phrase quand elle comprit à qui il faisait référence. Oups. Une grimace étira son visage puis elle leva prudemment les yeux vers le Koopa à épines qui ne semblait pas avoir réalisé ce qu’elle venait de lire, à contrario de Kamek qui ne perdit pas une seule seconde pour exprimer sa contrariété.

«C’est grossier ! Un manque de respect intolérable ! Sa Méchanceté ici présente n’est pas un fou ! Furieux peut-être, mais il a encore toute sa tête ça je peux vous l’assurer. C’est le Roi du Pays-Noir, le plus grand Koopa de tous les temps, il mérite d’être invité à cet évènement et de participer à cette course grotesque !» Se révolta-t-il tout en posant ses mains à ses hanches pour dévisager la lettre derrière ses lunettes loupes. Non mais ! Quelle audace !

«T’inquiète pas papa, on t’enverra une carte postale !» Rassura Junior d’un petit rire narquois en saluant son père après avoir pris la main de l’humaine pour l’emmener avec lui faire ses bagages.

Solfège était bien trop excitée pour commencer à trouver des solutions donc elle se contenta de suivre l’enfant jusqu’à sa chambre pour l’aider à mettre des affaires dans sa valise qu’il remplissait de peluches et autres trucs inutiles. Sous les babillages incessants, les deux rêvassaient sur la façon dont ils allaient conduire ensemble pour remporter la victoire face à des concurrents pugnaces. Ils allaient devoir mettre toute une stratégie en place ! Mais en attendant, il fallait faire les valises pour partir le plus vite possible en direction du Royaume de la Jungle. C’était tellement excitant que Solfège arrivait à peine à réfléchir ! Elle avait tellement hâte de découvrir ceux qu’ils affronteront, hâte de découvrir cette magnifique ile qui avait une véritable renommée. C’était la toute première fois qu’elle partait en vacances, enfin en quelque sorte car ce n’était pas vraiment des vacances mais pour elle c’était l’occasion de changer un peu de paysages.

«Pas si vite ! N’oublie pas ta brosse à dent, jeune Koopa ! L’hygiène reste importante malgré tout. Compétition, ou non !» Gronda gentiment Solfège lorsqu’elle vit que Junior s’empressait de rejoindre la porte sans emmener l’essentiel. En dépit d’être survoltée par cette annonce, elle faisait tout de même attention aux petits détails au grand damne de son jeune ami qui pensait échapper à son œil vigilant. Haussant un sourcil à sa mine tombante, elle sourit de satisfaction au moment où il soupira puis qu’il alla chercher sa brosse à dent pour l’enfourner dans une ouverture de sa valise sans chercher à négocier. Et lorsqu’il passa à côté d’elle pour rejoindre le couloir, elle ébouriffa sa houppette rouge pour le féliciter de son obéissance.

C’était de plus en plus rare qu’il lui tenait tête, quelque chose que Solfège appréciait grandement.

Après plusieurs longues minutes à cogiter, Bowser retrouva finalement ses esprits quand il entendit les voix de son épouse et de Junior proche des portes de sorties de son château. Les deux bavardaient gaiement, riaient aux éclats pendant qu’ils tiraient leurs valises pour rejoindre l’escorte qui attendait patiemment à l’entrée pour les conduire jusqu’au Royaume de la jungle. Tels des invités prestigieux. Les grandes portes en fer forgé étant grandes ouvertes, il pouvait voir la silhouette d’un singe blond avec des lunettes de soleil et une chemise blanche ouverte assis paresseusement contre le flanc de son véhicule à quatre roues. L’expression de ce dernier était renfrognée, presque arrogante … Non mais quel culot ces singes prétentieux ! Se pointer ainsi devant son château sans invitation ! Se disait-il d’un froncement de sourcils alors qu’il s’approchait des deux sur le point de quitter les lieux, ouvrant la bouche pour exprimer son mécontentement sauf que son fils fût plus rapide que lui.

«Dépêche-toi ! Cette course ne va pas se faire toute seule ! Allez, il faut partir tout de suite !» Pressa Bowser Jr sautillant sur ses petits pieds d’un large sourire conquis. Comme toujours, il avait du mal à contenir ses émotions qui se manifestaient par de la gestuelle. Il avait hâte de prouver à tout le monde qu’il était le meilleur pilote de tous les temps et qu’il pouvait se débrouiller tout seul comme un grand pour gagner. Toutefois son sourire s’estompa lorsqu’il vit de l’hésitation dans le regard de Solfège qui faisait des allers et retours entre le singe en attente puis Bowser à côté de Kamek planté au milieu du hall principal.

«On y va maintenant ! Je veux jouer moi ! On leur racontera quand on rentrera avec la coupe. Promis !» Exaspéré par l’attente à rallonge, Junior finit par prendre la main de l’humaine dans la sienne pour la tirer avec lui vers la sortie.

Bowser ramassa la lettre que Solfège avait lâché par mégarde après avoir été brusquement happée par le petit Koopa se montrant impatient. Se redressant avec le papier froissé entre ses griffes, la vive lumière du jour l’éblouissait tandis que le moteur rugissant marquait leur départ précipité. S’éloignant toujours plus dans ce paysage de lave et de roches jusqu’à n’être plus qu’un écho lointain, le Roi des Koopas baissa les yeux sur les lignes pour relire la lettre que Cranky Kong avait adressé à Solfège et Junior. Il avait osé spécifier qu’il n’était pas invité ! C’était humiliant et surtout très irrespectueux de la part du vieux singe avec qui il avait toujours eu une mauvaise relation certes, mais ce n’était pas une raison non plus pour le prendre pour un idiot ! Au fur et à mesure que son regard descendait sur les lignes, une rage se mit à grandir en lui, à le consumer petit à petit. Comme une vague de chaleur qui se propageait du fond de son estomac jusqu’à ses joues.

Kamek réapparut à côté de lui pour le regarder avec inquiétude tout en jouant nerveusement avec sa baguette magique, voyant qu’il était sur le point d’exploser s’il ne trouvait pas les bons mots à temps. Après plusieurs déglutissements, il se lança.

«Sir, si je peux me permettre, vous n’avez pas besoin de participer à cette course pour savoir que vous êtes le plus grand et le meilleur d’entre eux ! Personne ne vous arrive à la cheville ! Votre grandeur dépasse de loin toute cette bande d’ingrats qui refusent de voir vos qualités de champion. Ils sont juste jaloux ! Ils ne vous ont pas invité car ils savent que vous allez gagner ! Cette compétition n’est rien d’autre qu’une vulgaire course de karts dans un Royaume sans importance avec un dirigeant qui n’a plus toute sa tête. Rien de sérieux, je vous assure, vous perdrez votre précieux temps.» Débuta-t-il un peu dans la panique par peur de se prendre sa colère en pleine face mais une autre réaction l’interrompit.

Tout à coup sans crier gare, Bowser se mit à rire machiavéliquement. Un son abrupt et glaçant. Les bras levés pendant qu’il riait à gorge déployée, il serra le poing pour écraser la lettre entre ses griffes acérées, effrayant le pauvre Kamek spectateur de sa soudaine hilarité. Il ne savait pas ce qui était le pire dans cette situation … Voir un Bowser sur le point d’évacuer sa colère par les cris et les coups, ou faire face à ce rire des plus diaboliques ? De la buée se forma derrière ses lunettes alors qu’il regardait impuissant son supérieur prit dans cette vague de rires incontrôlables, le rejoignant bientôt après quelques hésitations. Pourquoi ils riaient ? Il n’en avait aucune idée ! Mais c’était drôle. Hilares, le magicien en robe bleue s’arrêta subitement d’un autre sursaut lorsque le Koopa géant referma bruyamment la mâchoire puis qu’il balança la boule de papier au loin pour se pencher vers lui. Son ombre le recouvrit totalement tandis qu’il levait les sourcils d’une expression redoutable, un visage que Kamek reconnaissait que trop bien et qui signifiait généralement qu’il avait un plan.

«Oh, ils veulent jouer à ça ? Alors nous allons jouer.» Dévoila sombrement ce dernier d’un sourire carnassier.

«Que comptez-vous faire ?» S’inquiéta Kamek, les doigts noués à ce regard troublant. La dernière fois qu’il avait vu cette expression sur son visage, c’était quand il avait appris que Peach, Mario et l’armée Kong voulaient le prendre par surprise en empruntant la route arc-en-ciel. Grimaçant lorsque son Roi grogna puis qu’il jeta son bras en arrière, le Magikoopa plissa les yeux en serrant sa baguette pour la vie chère.

«On va voir qui sera le plus grand trouble-fête ! Déploie mon armée sur le champ ! Nous avons un rendez-vous à ne surtout pas manquer !» Aboya Bowser qui perdit son sourire pour le troquer contre son habituel profil menaçant. Le doigt toujours tendu vers la porte menant au reste du château, il suivit du regard Kamek qui s’exécuta d’un faible petit "oui votre Méchanceté" pour aller chercher le Général Koopa.

«Qu’ils contemplent l’étendue de ma colère quand on ose défier le plus puissant de tous les Rois !» Poursuivit-il tout en serrant violemment le poing, de la fumée s’échappant de son nez à cette colère qui n’avait de cesse de prendre de l’ampleur.

Colère ou jalousie ? Car il ne pouvait lutter contre l’image de Solfège entourée de singes dragueurs, de concurrents frivoles puis de Mario avec son frère, ces derniers ayant une solide amitié avec son épouse. D’imaginer des prétendants assez fous pour s’approcher d’elle, des coureurs de jupons pressés de croiser la route de la mort … Le rendait furieux et plus possessif que la normale. Son imagination avait toujours été débordante ce qui, la majeure partie du temps, amplifiait nettement son agressivité naturelle. Malgré leur union par le mariage, les promesses de Solfège ainsi que sa confiance, il envisageait le pire des scénarios quand il n’était pas là. C’était plus fort que lui … Cela faisait partie de sa nature impulsive. Il aimait avoir le contrôle, être sous les projecteurs, reconnu et aimé ! Surtout respecté. Alors quand quelque chose comme ça se produisait, Bowser n’arrivait tout simplement plus à se contenir et encore moins à se raisonner. Désormais en effervescence à l’idée que quelqu’un d’autre puisse voler des sourires à Solfège, le Koopa hérissé s’empressa de rejoindre à son tour les bas-fonds de son château. Là où il stockait ses précieux trésors …

Déterminé à faire entendre sa colère.

Bowser Junior et Solfège arrivèrent en fin d’après-midi au Royaume de la Jungle après une bonne heure de route à pleine allure. Jamais elle n’avait vu un aussi grand assortiment de plantes ! Diverses et variées, les fleurs de toutes les couleurs embellissaient la route qu’ils empruntaient pour atteindre les grandes portes massives gardant jalousement le pays des singes derrière une impressionnante muraille. Un peu cachée par toute cette végétation dense, les gravures dans la pierre ancienne d’un temple antique racontaient une histoire sur une bataille légendaire. Les plantes grimpantes ayant pris le dessus avec les années, il était difficile de comprendre ces glyphes ... Pourtant, Solfège avait la sensation que ce lieu abritait de grands et braves récits sur des années de règne. Aucun des deux ne s’attendaient à voir une flopée de pistes qui partaient dans toutes les directions après avoir franchi l’entrée principale, ni toutes ces maisonnettes en bois sur pilotis dans un paysage paradisiaque où le soleil couchant se mariait parfaitement à la plage et aux bananiers.

«Wow …» S’ébahirent les deux invités désormais bouches-béates sur le siège arrière du véhicule jaune et vert.

Leur escorte au poil atypique s’arrêta après la porte, juste devant deux gardes lourdement armés pour leur signaler la venue de nouveaux concurrents. Parlant à voix basses, les grands singes se retournèrent discrètement pour regarder l’humaine émerveillée redressant sa couronne et le petit Koopa aux traits similaires à sa version adulte d’un œil critique. Ils ne leur faisaient pas confiance, pour des raisons évidentes. Amener le fils de Bowser dans leur Royaume ne faisait pas l’unanimité.

«Avancez, le Roi veut impérativement vous voir avant le coucher du soleil.» Annonça froidement le singe blond tout en pointant du doigt le soleil qui commençait à disparaître derrière les collines verdoyantes. Il observa la femme en robe rouge derrière ses lunettes de soleil puis haussa un sourcil lorsqu’elle hocha poliment la tête d’un sourire.

«Dans ce cas, ne faisons pas attendre sa Majesté plus longtemps que nécessaire.» Répondit Solfège après avoir pris la main de Junior dans la sienne avant qu’il ne commence à s’éloigner pour explorer les lieux. Sans surveillance, il aurait fait tout un tas de bêtises qui auraient certainement conduites à leur expulsion … Hors de question !

«Souviens-toi de ce que je t’ai dit.» Murmura-t-elle à son oreille dès que l’escorte se retourna pour ouvrir la voie vers le palais en feuilles d’or surplombant le majestueux royaume.

«Euh, j’ai oublié … Tu avais dit quoi déjà ? Oh regarde !» S’écria soudainement Bowser Jr alors qu’il indiquait d’une griffe des caisses avec des feux d’artifice à l’intérieur. Un sourire malicieux se dessina aussitôt sur son visage rond ; «et si on en faisait exploser quelques-uns ? Ça pourrait être marrant. Roh aller juste deux trois !»

«Non ! Il faut se montrer exemplaire. Faisons bonne figure et nous pourrons peut-être revenir pour d’autres grandes occasions, peut-être même avec ton père cette fois-ci. Et Kamek, et les Koopalings ! Tous ceux du château qui rêveraient de participer à une course comme celle-ci. Ce serait merveilleux tu ne trouves pas ?» Rappela Solfège en se baissant à son niveau pour qu’il comprenne à quel point c’était important pour elle de ne pas faire de bêtises. À quel point elle aimerait pouvoir revenir avec Bowser … Dans cet endroit aussi beau ! Avec un peu de chance, le Roi constatera les efforts de comportement et verra qu’effectivement, il pouvait à nouveau faire confiance à la race des Koopas.

C’était son objectif premier.

«Oh … Oui, oui je vois ! Tu veux les manipuler pour qu’ensuite ils nous fassent confiance puis qu’ensuite ils nous ouvrent les portes sans se douter de rien ! Nous sommes en infiltration. C’est brillant, j’adore ton plan ! Papa sera fier de nous.» Le sourire mauvais de Bowser Jr s’allongea pendant qu’il se frottait les mains à l’idée de rendre son père fier. Bon, lui aurait plutôt opté pour l’entrée fracassante mais jouer le gentil n’était pas si mal non plus …

«Eh bien, pas exactement … Mais s’il te plaît, ne fais aucune bêtise. C’est important pour moi, d’accord ?» Plaida Solfège hésitante car elle craignait qu’il fasse tout l’inverse de ce qu’elle lui demandait. Le connaissant, il en serait tout à fait capable.

«Hey vous deux ! Arrêtez de conspirer, je vous vois ! Maintenant avancez. J’ai pas toute la journée.» Soupira le singe derrière eux après avoir croisé les bras d’un grognement.

«Je te file des bonbons si tu te tiens à carreau !» Souffla rapidement Solfège avant de se redresser d’un nouveau sourire maladroit en espérant que leur escorte méfiante ne se doute de rien.

«Sage comme une image !» Junior accepta aussitôt le deal.

Il ferait tout pour une poignée de bonbons !

La vallée était immense. Chaque maisonnette en paille était reliée par un chemin en bois au-dessus de l’eau turquoise aux reflets brillants. La chaleur n’était pas étouffante grâce à un petit vent frais qui soufflait de temps à autre entre les collines, faisant frémir les feuilles vertes des nombreux bananiers à l’origine de la renommée de cet endroit. La plupart des singes qu’ils croisaient leur jetait des regards obliques, parfois même accusateurs. C’était douloureux d’être jugé à tort, mais comment leur en vouloir ? Leur peuple était en guerre contre les Koopas depuis que Bowser avait essayé de se marier de force à Peach en menaçant de les détruire à chaque occasion qui se présentait. Leur méfiance était perceptible et totalement justifiée mais Solfège n’allait pas se laisser abattre car les temps avaient changés. Cette invitation était une première main tendue vers un traité de paix, alors il ne fallait surtout pas la manquer ! Néanmoins mal à l’aise par tous ces regards scrutateurs, elle avala nerveusement puis resserra sa main autour de celle de Junior pour se concentrer sur le chemin qui montait pour rejoindre le temple impérial.

«Pourquoi ils nous regardent tous comme ça ? Ils veulent ma photo ou quoi ?» S’agaça Bowser Jr à ses côtés tandis qu’il fronçait les sourcils en tirant la langue à un singe en train de pêcher. Ce dernier s’estomaqua.

«Ils attendent beaucoup de nous. Prenons ça comme un défi. Soyons irréprochables ! Montrons-leur que nous sommes à la hauteur de leurs attentes et qu’ils peuvent nous faire confiance. Mais plus important encore, ramenons la coupe à la maison … Pour l’honneur de la famille Koopa.» Sourit Solfège tout en baissant les yeux vers Junior pour l’encourager à suivre son exemple, même si c’était loin d’être évident.

«Pwah ! On va gagner les doigts dans le nez. Ils n’ont aucune chance contre nous ! Ils vont pleurer quand ils verront que je suis le meilleur pilote de tous les temps.» Rétorqua la petite tortue effrontée d’un bond d’excitation, son bandana denté s’envolant dans son mouvement.

En effet, Solfège devait admettre que Bowser Junior avait un véritable don pour la conduite de vaisseau clown, alors sur piste elle doutait qu’il y aura une grande différence si ce n’était les roues au lieu des hélices. Etant très doué en construction ainsi qu’en élaboration de nouveaux gadgets, elle voyait en lui tout le potentiel d’un grand inventeur dans le domaine de la mécanique. Mais peut-être que grâce à cette course, il révèlera une nouvelle compétence ou alors carrément une vocation ? Il allait devoir prouver beaucoup de choses ces prochaines heures.

Gravissant les marches jusqu’au palais en or massif représentant un masque de singe, les deux invités tant attendus passèrent des portes s’ouvrant à la force des bras de quatre singes en armure pour entrer dans un immense hall. De grandes pierres vertes et rouges taillées flottaient dans les airs desquelles sortaient des lianes pour serpenter sur les murs gravés de symboles étranges. Le sol était bariolé de ces mêmes couleurs pour se fondre à l’or éclairé par des braséros sur des piédestaux en pierre. De chaque côté de la longue allée se tenait une rangée de singes armés d’une massue qu’ils tenaient tous parfaitement immobiles à l’entrée des visiteurs. Se sentant intimidée par cet accueil, Solfège regarda avec crainte ces nombreux gardes qui les suivait du regard jusqu’au trône en hauteur où siégeait actuellement leur Roi vénéré. Assis paresseusement avec un cocktail de fruits rouges en main, il le sirotait tranquillement pendant qu’il examinait l’humaine et la tortue semblable au terrible Bowser que tout le monde ou presque craignait. Ce qui n’était pas du tout son cas.

«Approchez, approchez ! Soyez les bienvenus ! N’ayez pas peur.» Il les encouragea quand il vit leur hésitation.

«J’ai pas peur.» Marmonna Junior entre ses dents, faisant mine de ne pas être intimidé par cette mise en scène. Par précaution, il resserra ses doigts autour de la main de Solfège juste au cas où elle aurait envie de le lâcher … Juste au cas où.

«Je vois que vous êtes parvenus à venir jusqu’ici sans cette tête brûlée capricieuse. C’est un exploit !» Félicita Cranky Kong d’un hochement de tête épaté, faisant bien sûr référence à Bowser. Il était pourtant certain qu’il allait venir se plaindre ! Ou pire. Voilà qui était inattendu … Inespéré même ! Sa première impression sur cette humaine était bonne, car cela confirmait les rumeurs qui circulaient disant que le Roi diabolique du Pays-Noir avait montré des changements positifs depuis ses épousailles. Qu’il s’améliorait en présence de cette femme aux cheveux de lave, de jour en jour.

Mhm, il avait hâte de tester la véracité de ces propos.

«Roi Cranky Kong, je vous remercie pour cette invitation. C’est un honneur de vous rencontrer enfin.» Répondit poliment Solfège même si la petite insulte subtile à l’égard de son époux la piquait. Cependant elle savait que ce Roi avait la réputation de ne pas garder sa langue dans sa bouche et que sa sagesse faisait de lui quelqu’un de très respecté, donc elle se contenta de sourire.

«Tout l’honneur est pour moi. J’avais hâte de rencontrer celle qui avait perdu l’esprit en disant oui de son plein gré au Roi tyrannique. Qui était assez fou pour devenir l’épouse de cet être égoïste et égocentrique, et je dois dire que je ne suis pas déçu ! Je m’attendais à pire, mais vous êtes une bien charmante demoiselle avec des manières, ça me change un peu !» Cranky Kong leva les yeux au plafond d’un petit soupir. Forcément, il repensait à Peach quand elle avait débarqué ici en lui sommant de lui prêter son armée sans sourciller une seule fois. Son vieux dos craqua lorsqu’il se redressa sur son siège puis qu’il entama la descente avec sa canne pour rejoindre les deux nouveaux venus au pied de son trône. Il reprit quand la jeune femme fit de son mieux pour cacher sa déception.

Elle était douée pour encaisser, mais il comptait bien la mettre à l’épreuve.

«J’espère que le voyage n’a pas été trop long et mouvementé avec Marcus. Je sais que sa conduite peut parfois être … Hum comme qui dirait, brusque. Mais vous êtes les premiers participants à avoir franchis les portes de mon royaume. Certains sont attendus demain à la première heure pour l’ouverture de la compétition ! Nous allons vivre une expérience inoubliable !» S’écria-t-il tout en brandissant sa canne en l’air d’un cri de joie, s’étouffant presque dans une quinte de toux. Solfège se précipita à ses côtés pour lui tapoter le dos afin de l’aider à respirer mais à ce mouvement pourtant innocent, les gardes rabaissèrent leurs massues dans sa direction en guise de menace. Ce qui ne l’empêcha pas pour autant de porter secours au Roi en détresse respiratoire.

«Ça va, tout va bien ! Cessez immédiatement de menacer mes invités ! Voyons, je suis assez vieux pour me défendre s’il le faut !» Rouspéta Cranky Kong d’un geste las de sa main en direction de ses gardes un peu trop tendus à son goût. Passant sa main dans sa longue barbe blanche tout en leur jetant un regard noir, il revint ensuite à Solfège qui le regardait avec inquiétude. Non mais ! Il tenait encore sur ses vieilles guiboles, pas besoin d’un faire tout un plat.

«Enfin bref. Quoi qu’il en soit, vous êtes ici comme chez vous. Vous pouvez profiter de toutes nos installations et ce, jusqu’au coup d’envoi qui se fera demain à l’aube. Aucun retard ne sera toléré ! Une grande compétition de karts nous attend et dans les règles de l’art ! Alors j’attends de mes invités de la ponctualité. Ça va être du grand spectacle !» S’enchanta Cranky Kong tout en se frottant les mains d’appréhension, rapidement interloqué par l’expression remplie d’effroi de l’humaine face à lui.

«Oh, mais nous n’avons pas de kart !» S’exclama cette dernière, les mains sur sa bouche et les yeux écarquillés. Derrière elle, Junior pouffa de rire en même temps que le vieux Roi.

«Haha, j’aime cette fille, elle est marrante ! A se demander ce qu’elle fabrique avec un type d’un aussi mauvais caractère … J’en aurais deux trois à vous présenter tiens.» Déclara-t-il avec amusement, regardant ses gardes qui se retenaient de rire. Elle était charmante, mais elle manquait cruellement d’informations à priori. Était-elle séquestrée ? Il se racla la gorge derrière son poing pour retrouver son calme et son sérieux quand il remarqua que la jeune femme ne riait pas. Posant sa main dans son dos, il poursuivit.

«Ma chère, il n’était pas précisé dans la lettre que vous deviez amener un kart dans vos bagages. Vous êtes ici au royaume de la Jungle, ne l’oubliez pas ! Vous ne trouverez pas de meilleurs constructeurs automobiles ailleurs, ça, vous pouvez me croire sur parole. Nous défendons notre renommée !» Insista-t-il d’un sourire sympathique au moment où l’expression de la Reine Koopa s’illumina.

«Attendez, vous faites vos propres karts ? Mais c’est fabuleux ! Décidément, votre royaume regorge de trésors en tout genre. Cet endroit est tellement magnifique … On se croirait dans un rêve. Je ne peux contenir mon impatience d’être à demain ! Nous allons avoir notre propre kart !» Eberluée, Solfège se retourna vers Junior pour exprimer sa joie avec lui, tous deux surexcités de fabriquer leur tout premier kart ensemble.

«J’aime vraiment cette fille !» Cranky Kong la pointa du doigt d’un hochement de tête, ravi d’entendre tous ces éloges sur son royaume. Ricanant de leur réaction, il poursuivit d’un clin d’œil ludique ; «ça doit vous changer de la lave en fusion et de la roche ennuyeuse à perte de vue. Profitez du sable blanc et de l’eau pure, mon fils se chargera de vous montrer votre chambre pendant votre séjour. Et un conseil, goûtez aux cocktails du bar Copabanana ! Ils y sont excellents.»

«Je n’y manquerais pas !» Acquiesça joyeusement Solfège.

«Très bien. Dans ce cas, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne soirée à tous les deux. Et ne manquez pas le réveil !» Gronda gentiment Cranky Kong qui secoua son index d’avertissement, ses yeux se rétrécissant derrière ses lunettes qu’il portait au bout du nez. Sur le point d’ajouter quelque chose, il fût interrompu par l’entrée fracassante de son fils.

«Désolé pour le retard, p’pa ! Je devais montrer un truc à Diddy à l’arène et … Hey qui je vois là ?» Donkey Kong s’arrêta au beau milieu de sa phrase quand il remarqua la présence de Solfège et de Bowser miniature au milieu de l’allée. Aussitôt, un large sourire étira ses lèvres puis il accourut vers eux pour les saluer chaleureusement, au désarroi de son père.

«Mais ça fait un bail ! Héhé, comment ça va la dompteuse de dragon ? Le travail pour dresser le reptile cracheur de flammes avance ? De ce que je vois tu n’as pas perdu ton courage pour venir te frotter aux grands durs sur la piste ! J’aime ça !» Ricana la star du royaume après avoir redressé sa cravate rouge à son effigie pour montrer ses biceps musclés et ainsi impressionner l’humaine. Contours qu’il accentua en posant volontairement ses mains à ses hanches d’un clin d’œil. Evidemment, il la taquinait même s’il espérait secrètement qu’elle réussisse à apaiser la colère de la tortue cornue.

«Eh oh ! Pas touche à Solfège ou tu auras affaire à moi et à papa ! C’est ma mama, pas la tienne. Trouve-toi en une autre !» S’indigna Bowser Jr à côté de la jeune femme tout en gonflant le torse, imitant la posture du grand singe dans l’espoir de paraître plus intimidant. La petite canine en évidence, son froncement de sourcils se creusa lorsqu’il pouffa de rire.

«Attend attend, c’est à moi que tu causes, demi-portion ? Fais gaffe, je t’ai à l’œil. Ici, c’est mon domaine ! C’est moi le Roi. Enfin mon père c’est le Roi, mais moi je suis le Roi du spectacle. Le Roi de la jungle ! Alors n’essaie pas de nous causer d’ennuis ou c’est à Donkey Kong que tu auras affaire !» Répliqua ce dernier nettement moins amusé désormais. Il plissa suspicieusement les yeux à la petite tortue téméraire qui n’en démordait pas, le trouvant bien arrogant pour son jeune âge.

Il avait l’impression de se revoir plus jeune …

«Même pas peur d’abord ! Si papa était là il te pulvériserait en un claquement de doigts !» Furieux, Junior grinça des dents en même temps qu’il mimait le geste. Non mais ! Comment osait-il ce macaque prétentieux ?!

«Je crois qu’on y va un peu fort sur les mots …» Rit nerveusement Solfège en essayant de faire taire Junior. Malheureusement elle fût ignorée par le fils du Roi qui n’avait d’yeux que pour l’enfant insolent.

«Pourtant tu devrais. Des comme toi, j’en mange quatre au petit déjeuner ! Je les trempe dans mon jus de banane et ensuite je m’en sers de cure dent !» D’un hurlement, Donkey Kong leva les bras au-dessus du petit Koopa qui se réfugia vite derrière Solfège en s’agrippant à sa robe.

«Mama …» Junior gémit jusqu’à ressentir le bras de l’humaine autour de lui.

«Ça suffit les singeries ! Tu ne vois pas que tu lui fais une peur bleue avec tes bêtises ?! Ce n’est qu’un enfant.» Rouspéta le vieux Cranky Kong d’une secousse désespérée de sa tête après avoir levé sa canne pour menacer son fils avec. Il fallait toujours qu’il en fasse des tonnes.

«Roh ça va, je plaisante ! Je voulais juste savoir si le p’tit avait du cran ...» Donkey Kong calma le jeu d’un rire gêné rapidement suivit d’un haussement d’épaules au regard désapprobateur de son père. Raté. Il poursuivit sur le même ton défaitiste pour se défendre.

«Quoi ? S’il a le même sale caractère que sa brute de père, voilà ! C’est pour ça que je ne voulais pas qu’il mette les pieds ici. Regarde-le ! Il est diabolique ! Une copie conforme ! Exactement comme je l’imaginais. On ne peut pas lui faire confiance. C’était une mauvaise idée !» Il jeta ses mains vers Bowser Junior qui le narguait derrière Solfège, la langue dehors et la paupière du bas tiré. Jusqu’à ce que la jeune femme ne se redresse d’un regard noir à en faire pâlir plus d’un.

«Vous plaisantez j’espère ? Junior n’a pas besoin de ressembler à son père pour être unique. Ils ont tous les deux des qualités et des différences que vous ne voulez pas reconnaître ! Sous prétexte qu’ils sont juste mauvais. C’est un enfant intelligent avec des rêves et nous avons actuellement le même rêve, c’est de pouvoir participer à une course sans être jugés à tort. Nous ne naissons pas méchants et nous allons vous le prouver demain sur la piste que tout le monde a le droit à sa chance ! À quel point vous vous trompez. Maintenant si vous le permettez, nous aimerions rejoindre notre chambre pour une bonne nuit de sommeil.» Solfège prit instantanément la défense de Junior car elle ne supportait pas l’injustice et encore moins les jugements hâtifs. Enervée mais surtout déçue par cette première impression, la jeune femme leva le menton puis tira le petit Koopa avec elle en direction de la sortie.

«Mais il fait encore jour ?» S’hébéta Donkey Kong d’un geste de sa main à la lumière du jour. Son père tapa aussitôt son épaule d’un claquement de sa langue pour qu’il se taise.

«Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse plus longtemps. Je crois que notre présence pose problème, alors nous allons nous débrouiller à partir de là. Merci.» Attristée, elle poussa la tortue devant elle d’un dernier coup d’œil aux deux singes embarrassés. En revanche la voix coupable du Roi la stoppa dans son mouvement.

«C’est absurde ! Vous êtes les bienvenus ici. Je suis vraiment désolé pour cet accueil quelque peu … Glacial. Sachez que vous n’y êtes pour rien. Mais il est vrai que nous avons quelques antécédents assez fâcheux avec la famille royale Koopa qui altère notre jugement mais je suis certain que vous saurez détruire cette image. D’une manière, ou d’une autre ! Votre présence bienveillante ne peut qu’apporter la paix, avec le temps.» Accorda le Roi singe avec sincérité tout en joignant ses mains sur sa canne, véritablement navré parce qu’il sentait que l’humaine faisait de son mieux pour défendre l’honneur de son mari au passé peu glorieux. C’était quelqu’un de bien, il n'avait pas de doute là-dessus. Toutefois une bien gentille personne avec une créature telle que Bowser le laissait … Perplexe.

Pour ne pas dire dans l’incompréhension totale.

«Maintenant mon fils va se montrer exemplaire et prendre en maturité ! N’est-ce pas ?» Cranky Kong se racla la gorge d’un coup de coude dans les côtes de son fils boudeur.

«Aieuh ! Oui, oui … Exemplaire et mature. Je vais vous montrer le chemin. Je ne voudrais surtout pas que vous vous perdiez sur la route. Le royaume est vaste et rempli de dangers !» Se moqua Donkey Kong en levant les yeux au plafond coloré. Néanmoins gêné par son comportement puéril, il retrouva son sérieux puis se dépêcha de rejoindre le duo pour les escorter.

Cranky Kong plissa les yeux tout en passant lentement sa main dans sa longue barbe pendant qu’il les observait en silence. Ce n’était pas par hasard qu’il avait choisi ce duo en particulier, et ce n’était pas pour rien non plus toute cette mise en scène. Car il avait quelque chose derrière la tête qu’il comptait vérifier dès demain sur la piste en compagnie des autres concurrents. En attendant, il se contentera d’observer et d’attendre …

L’inévitable se produire.

Les trois se dirigèrent à la sortie du palais impérial pour redescendre les escaliers jusqu’au village des singes au centre de la vallée. Protégé par des montagnes et des plantes grimpantes, personne ne pourrait se douter qu’il y avait de la vie dans cette jungle foisonnante ni qu’une piste complète de course s’y cachait. Slalomant entre les collines, les bananiers, les rochers, surfant sur l’eau claire, la longue piste commençait à la porte Ouest du village puis s’enfonçait dans la forêt pour finir par disparaître dans la végétation. Mais impossible de voir la suite. Pas de triche, leur avait dit Donkey Kong d’une secousse de son index. C’était mystérieux ! Et tellement palpitant. L’excitation gagnant un cran de plus, Solfège et Junior firent de leur mieux pour suivre et écouter leur interlocuteur quand il leur présenta les différents cabanons ouverts au public. Une petite restauration, un marchand de glace à la banane, le fameux bar à cocktails tropicaux, une boutique de casquettes à l’effigie de DK, beaucoup de boutiques de cadeaux …

D’abord d’une humeur taquine avec un soupçon de reproche, Donkey Kong finit par apprécier la compagnie de la tortue miniature lorsque cette dernière s’intéressa aux cravates rouges brodées de ses initiales. Curieusement, il en voulait une, ce qui avait pris de court le grand singe qui décida de lui en offrir. Son sourire était adorable, il devait bien l’admettre … Alors quelle fût sa surprise lorsqu’il reçut carrément un merci en retour ! C’était inimaginable d’entendre quelque chose comme ça sortir de la bouche du fils à Bowser, jetant un bref regard à l’humaine qui lui tapotait doucement la houppette. Elle faisait vraiment du bon travail. Donkey Kong se détendit pour le reste de la balade pour carrément prendre un verre au bar avec Solfège tandis que Junior reçu un jus de fruits de durian, de papaye avec un soupçon de Bomb Berry, un breuvage exceptionnellement rare mais divinement bon. Ce goût doux-sucré laissa Bowser Jr sans voix pendant qu’il se délectait de ce cocktail entre Donkey Kong et Solfège, tous deux discutant de choses et d’autres. Notamment sur la façon dont la course allait se dérouler, mais également des problèmes quotidiens que pouvaient rencontrer les souverains.

«À demain sur la piste !» Salua Donkey Kong après plus de deux heures à bavarder.

Solfège décida qu’il était également temps pour eux d’aller prendre du repos pour être en forme le lendemain matin. Le soleil avait désormais complètement disparu derrière les collines vertes et les lumières colorées du village avaient remplacé sa douce lueur. Saluant le grand Donkey Kong d’un chaleureux sourire, les deux se dirigèrent vers leur petite cabane en paille pour y découvrir deux hamacs disposés de chaque côté de l’entrée, des fenêtres ovales leur offrant une vue imparable sur le village. Un petit bureau avec un panier de fruits étaient posés en face de l’entrée avec une carte de bienvenue. Un tapis tressé jaune et rouge accueilli leurs pieds lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur du cabanon plutôt petit cependant très cosy. Une lampe à huile faisant office de veilleuse dévoilait un mur rempli de photos sur la région et ses environs. C’était sans conteste l’endroit le plus beau du monde selon Solfège qui ne se lassa pas de regarder chacune d’entre elles avec beaucoup d’admiration, les bras croisés dans son dos jusqu’à ce qu’elle n’entende Junior se plaindre derrière elle.

«J’ai pas envie d’aller dormir ! Je ne suis pas fatigué. C’est trop long jusqu’à demain ! Je veux mon kart et tout de suite !» Le jeune Koopa jeta sa tête en arrière après avoir frappé son petit pied sur le sol de mécontentement.

«La vie ne fonctionne pas comme ça. Tout vient à point à qui sait attendre !» Récita tranquillement Solfège en croquant dans une pomme savoureuse. Toutefois à l’expression confuse de la tortue, elle se dirigea vers la petite table ronde avec deux chaises pour s’assoir sur l’une d’elles tout en proposant à Bowser Jr de prendre place sur celle d’en face ; «que dirais-tu d’établir une stratégie ? Ou d’imaginer à quoi pourrait ressembler notre kart ?»

«Yay ! Grâce à mon intellect, je vais nous construire le meilleur kart qui puisse exister. Alors pour commencer je veux des réacteurs, de gros réacteurs super ultra puissants ! Pour que notre vitesse de pointe atteigne son maximum en un temps record. Et un canon à bananes ! Non, deux canons ! Rotatifs, comme ça on peut viser sur les côtés et protéger nos flancs. Et aussi des piques en métal sur les jantes comme la voiture à papa ! Oh et je veux des-» Immédiatement séduit par cette proposition, le petit Koopa se perdit dans son imagination débordante après que Solfège lui tendit des crayons de couleur et des feuilles qu’elle avait trouvé dans le tiroir du bureau.

Il y gribouilla toutes sortes de croquis tous plus fantaisistes les uns que les autres. À réacteurs, en forme de banane pour l’aérodynamisme, avec des ailes recourbées, un pissenlit géant pour faire parachute … Les deux tentèrent de créer le kart parfait, à leur image. Celui qui leur permettra de gagner cette compétition. Tous les deux. Evidemment, ce n’était qu’un prétexte pour permettre à Junior d’exprimer sa créativité mais Solfège aimait passer ce genre de moment avec lui pour voir à quel point son inventivité était étonnante et sans limite. Faire des jeux avec lui, c’était son passe-temps favori. De plus chacun de ses rires ou sourires, cette joie contenue dans ses petits yeux noirs à chaque fois qu’ils faisaient quelque chose ensemble était la plus belle des récompenses. Même si parfois il était compliqué à gérer ou à satisfaire et que son mauvais caractère prenait le dessus, Solfège n’échangerait pour rien au monde sa place en tant qu’amie et maman de substitution.

Pour rien au monde.

Pas moins d’une demi-heure plus tard, alors que la table était ensevelie de croquis et qu’il approchait lentement des vingt-deux heures, elle demanda à Junior de se brosser les dents quand une idée lui traversa soudainement l’esprit. D’un sourire malicieux, elle l’appela à l’extérieur après avoir simulé un cri de surprise. En moins d’une seconde, le jeune Koopa se précipita sur le petit ponton avec encore de la mousse blanche débordant de sa bouche. La brosse à dent tenue dans une main et dans l’autre un verre d’eau. Les sourcils hissés sur son front, il regarda la jeune femme penchée au-dessus de l’eau, ses cheveux rouges frôlant la surface translucide. Par réflexe, il attrapa son bandana qu’il ne quittait jamais pour s’essuyer la bouche tandis qu’il se rapprochait d’un regard hébété jusqu’à se tenir à côté d’elle. Sur le point de lui demander ce qui n’allait pas, il glapit de surprise au moment où il sentit les mains de Solfège s’enrouler autour de ses bras avant d’être directement propulsé dans l’eau.

«AHHHHHHHHHH !» Il libéra un cri à la froideur de l’eau sur ses écailles, le verre volant d’un côté puis la brosse à dent de l’autre.

«Ça mouille ! Je vais me noyer !» Se débattant dans l’eau, il s’arrêta d’un coup lorsqu’il se rendit compte qu’en fait il avait parfaitement pied. Zut, il avait paniqué pour rien ... En plus l’eau était plutôt rafraichissante après avoir fait travailler ses méninges pour faire la meilleure conception de kart possible, cependant son irritation prit vite le dessus aux rires de l’humaine agenouillée sur le ponton.

«C’est pas marrant ! Arrête de rire ! J’aime pas l’eau, c’est humide et froid ! Et en plus ça rentre dans ma carapace. Mes bracelets vont rouiller maintenant ...» Grommela-t-il tout en jouant avec ses fameux bracelets métalliques à ses poignets qu’il ne quittait jamais, un cadeau que son père lui avait fait pour son premier anniversaire. D’accord, il exagérait car ils résistaient à l’eau … Mais les rires de Solfège l’agaçait.

«Hey !» Elle se plaignit quand elle sentit des éclaboussures sur elle. Les mains en avant d’un sourire extatique, elle tenta de couvrir son visage des projectiles d’eau que lui envoyait Junior avec sa queue en tournoyant sur lui-même. Pour finir par atterrir dans l’eau avec la tortue plus si grognonne que ça désormais.

Leurs éclats de rires et leurs chamailleries emplissaient bientôt la vallée tout entière, sans se douter un seul instant qu’ils étaient observés de loin.

A suivre …


Merci pour votre soutien !

J’espère que vous avez apprécié cette première partie et je vous attends donc sur la seconde qui devrait être un peu plus dynamique notamment avec cette course que tout le monde attend avec impatience.

Alors, qui seront les duos selon vous ? Qui aimeriez-vous voir apparaître dans cette course sur la piste de la jungle ? Quoi comme karts ? Des idées ? Partagez-moi vos expériences Mario Kart !

En attendant, qu’est-ce qui pourrait bien troubler cette compétition ? Mhm, je me demande …

À bientôt, VP

Chapter 8: Journée compétitive - Partie 2

Chapter Text

Et voici la seconde partie, tout aussi longue que la première mais plus forte en intensité.

La prochaine histoire sera beaucoup plus courte afin de rééquilibrer un peu. Je fais en sorte de varier mes histoires pour faire plaisir à tout le monde avec des sujets, des tailles et des registres différents.

Merci à ceux qui prendront le temps de lire mon travail.


Journée compétitive - Partie 2

Le lendemain matin, Solfège et Bowser Junior rejoignirent un immense hangar non loin de la porte Ouest du royaume. L’odeur forte de cambouis était la toute première chose qui les interpella alors qu’ils avançaient prudemment dans cet imposant hall où des caisses débordantes de pièces détachées étaient entreposées. Des plateformes faisant le tour de l’entrepôt géant permettaient aux singes mécaniciens de se déplacer sans contrainte et sans déranger la piste se remplissant au fur et à mesure du temps. Chacun était à son poste. La circulation se faisait grâce à des singes signaleurs qui utilisaient des sticks colorés pour guider les karts déjà prêts à se ranger sur le départ. Un casque sur leurs oreilles pour se préserver du raffut produit par tous ces moteurs dans un lieu mal insonorisé tel que celui-ci.

Des véhicules en cours de construction étaient suspendus au-dessus de leurs têtes par des câbles tirés par de grandes grues jaunes qui les déplaçaient d’un stand à l’autre de chaque côté du hangar. La conception se faisait sur des tableaux de bords interactifs des plus originaux puis des singes s’occupaient de chercher les pièces dans les caisses pour les apporter aux soudeurs qui se chargeaient de reproduire à l’identique les modèles soigneusement choisis. Et vint en dernier la couleuse réalisée au pistolet à peinture dans une zone à part pour éviter les inhalations toxiques de produits.

Tout un cheminement parfaitement réalisé dans un ordre précis qui laissa Solfège littéralement bouche-bée, fascinée par cette coordination sans égal qu’elle n’avait vu nulle part ailleurs. Tout était millimétré, orchestré pour ne perdre aucune précieuse seconde sur le planning chargé. Les karts et les motos défilaient devant eux pour attendre sur cette large piste le coup d’envoi tant attendu par les nombreux concurrents. Absorbée par son environnement, Solfège sursauta en arrière lorsqu’un singe passa devant elle d’une rapide excuse avec les bras chargés de pneus neufs qu’il emmena vers une alcôve où attendait son coéquipier. Apparemment nerveux car il regardait sans arrêt sa montre au poignet. Les mécaniciens grouillaient de partout, s’afféraient à leurs tâches respectives et le brouhaha produit par toutes ces voix réunies donnait presque le tournis ! C’était vivant, c’était surtout impressionnant. Elle ne savait même plus quelle direction prendre jusqu’à ce qu’elle ne se rende compte qu’il manquait quelqu’un à côté d’elle.

«Junior ?» Appela Solfège d’une touche d’angoisse à l’absence de la petite tortue. Il était pourtant là il y a à peine une seconde ! Comment avait-il pu disparaître de son champ de vision aussi vite ?

La réalisation qu’il n’était effectivement plus avec elle entraina son cœur à courir à une vitesse folle tandis que son regard inquiet scrutait chaque singe à la recherche du prince Koopa volatilisé. Pour se rendre compte qu’il n’était finalement qu’à quelques mètres d’elle en train de taper la discussion avec un mécanicien … Assis sur un pneu, le grand singe tournait sa clef pour resserrer des boulons sur une carcasse de kart pendant que Junior secouait une feuille dans les airs. Feuille qu’elle reconnue comme étant le croquis qu’ils avaient choisi pour être celui qu’ils utiliseraient pour modèle. Dans les grandes lignes. Posant les mains à ses hanches avec la tête penchée, Solfège leva un sourcil au Koopa qui réclamait l’attention du singe en insistant sur le fait qu’il voulait un kart exactement pareil. Plus précisément avec des réacteurs, un lance-bombe, des ailes de planeur, une tête de Bowser à l’avant, un lance-flamme et une herse portative … Rien que ça.

Solfège regarda le plafond haut d’une secousse ironique de sa tête. Il ne manquait pas de culot celui-là ! Une chose était sûre, il n’avait pas froid aux yeux car personne n’intimidait le petit bonhomme téméraire. Pas même les créatures plus grandes et plus imposantes que lui. Déplaçant une mèche de ses cheveux rouges derrière son oreille, la jeune femme tapota son autre main sur son vêtement pour y retirer la poussière invisible avant de prendre un pas décisif pour chercher la petite tornade du nom de Junior. Plus tôt ce matin-là, elle avait abandonné sa robe et sa couronne contre une combinaison orange et noire spécialement conçue pour l’évènement. Quelque chose qu’elle n’avait encore jamais porté de sa vie, mais qui était plutôt confortable elle devait bien le reconnaître. Ça lui changeait la vie !

«Je veux ce kart, pas un autre ! Il doit exactement être de cette forme avec les mêmes options de customisation. Je veux celui-là ! Non négociable. Et je le veux tout de suite ! Sinon-» Sur le point d’exprimer sa menace en incluant son père, Bowser Junior fût brusquement coupé par le mécanicien.

«Sinon quoi ?» S’exaspéra ce dernier en abandonnant sa tâche pour fusiller du regard le petit insolent qui le dérangeait en plein travail, pour un kart impossible à réaliser en plus ! Adoptant une posture plus intimidante, le singe plissa les yeux d’avertissement quand le Koopa avec son bandana leva le doigt pour reprendre la parole. Sauf qu’il fût interrompu.

In extremis.

«Junior ! Ne t’éloigne pas comme ça !» Accourut Solfège en l’attrapant par les épaules pour l’écarter du singe irrité. Toujours secouée par sa courte frayeur, la jeune femme examina la tortue pour être sûre qu’il n’avait rien. Même si ce n’était qu’une question de secondes d’inadvertance.

«C’est bon, je vais bien ...» Rechigna Junior d’une petite voix, le menton bas et les épaules affaissées de déception. Son croquis touchait le sol alors qu’il jouait avec son pied qu’il trouvait beaucoup plus intéressant tout à coup. Il n’aimait pas qu’on lui dise non ! Il détestait ça … Pourtant ce singe l’avait fait et sans aucune retenue ! Faisant la moue, il sentit tout à coup les doigts de sa mama sous son menton pour l’obliger à lever la tête puis à la regarder. Un sourire affectueux était dessiné à son doux visage.

«On l’aura notre kart, ne t’en fait pas. Mais il faut que tu comprennes que dans une course comme celle-là, il y a des règles, et on ne peut pas faire comme on veut. Certains accessoires ne pourront pas être fusionnés à notre véhicule, parce qu’ils … Sont dangereux. Inadaptés.» Hésita l’humaine qui cherchait ses mots. Agenouillée devant la tortue à la mine tombante, elle tenta de capter son regard fuyant ; «mais je suis sûre que nous aurons le meilleur kart malgré tout. J’ai confiance en toi pour nous faire quelque chose d’extraordinaire sans tous ces artifices.»

«On pourra au moins mettre un réacteur ?» Demanda soudainement Junior, ses petits yeux noirs brillant dans l’espoir qu’elle accepte. Serrant son croquis froissé contre sa poitrine, son museau s’étira dans un sourire excité lorsqu’elle commença à réfléchir à sa proposition en regardant en l’air d’un doigt à ses lèvres, sachant que cette expression voulait généralement dire oui.

«Mhm, et si nous allions voir ce qui est possible de faire ? Je crois bien que c’est à notre tour.» Indiqua Solfège en tournant le Koopa démoralisé vers les bornes qui servaient de conception de véhicules. L’une d’entre elles étant désormais disponible après qu’un singe participant valida sa commande.

Fonctionnant un peu comme les bornes d’un casino, trois fenêtres affichaient les parties ouvertes à la customisation. À gauche les parachutes et planeurs, au milieu la carrosserie puis à droite les roues. Les deux firent tourner les trois mécanismes accompagnés d’une mélodie amusante jusqu’à trouver le parfait équilibre entre la vitesse, l’accélération et la tenue de route. Faire en sorte que Junior soit satisfait n’était pas une mince affaire … Loin de là. Entre ses canons, ses pics et ses réacteurs, il était difficile de le convaincre de prendre ce qui était disponible pour cette course. Ils trouvèrent des compromis puis après avoir enfoncé le bouton pour valider leur customisation, ils observèrent le singe se trouvant aux manettes s’activer pour créer leur véhicule. Ils étaient tellement impatients de voir leur quad fini ! Sautillant à toutes ces pièces qui se rejoignaient pour former la carcasse, leurs yeux pétillèrent de bonheur lorsque le revêtement fut appliqué sur toute la partie centrale du quad. Orange, noir et vert, un rappel de leur couleur avec un tout nouveau logo représentant le visage de Junior avec sa houppette.

«Mortel !» S’extasia ce dernier d’un petit rire dément. Gloussant à ce rire atypique, Solfège entendit soudainement quelqu’un l’appeler dans son dos.

«Solfège !» S’écria cette voix qu’elle connaissait bien. 

«Princesse Peach ! Vous ici ?» Répondit-elle aussitôt quand elle se retourna vers l’humaine aux cheveux blonds et grands yeux bleus qui la saluait au loin. Déjà vêtue de sa combinaison de moto blanche et rose, elle avait attaché ses cheveux en arrière pour libérer son joli visage. Les deux jeunes femmes se rejoignirent rapidement au centre du hangar pour se prendre dans les bras dans une chaleureuse accolade. Peach profita de ce câlin pour aussi attacher les cheveux de la rousse dans une queue de cheval afin de libérer son visage pour une meilleure visibilité. D’une main à son épaule, elle exprima sa gratitude.

«Je suis si heureuse que tu sois l’une de mes concurrentes ! J’ai fait tout le voyage jusqu’au Royaume de la Jungle en me demandant avec qui je disputerai cette course et voilà que je te croise en train de faire ton propre véhicule ! Si ce n’est pas un coup du destin. C’est formidable !» S’enchanta la princesse tout en frappant dans ses mains gantées à la joie qui la consumait de voir Solfège parmi les participants.

«Plaisir partagé ! Je suis sûre que nous allons passer un incroyable moment.» Acquiesça l’humaine aux cheveux rouge d’un sourire qui ne cessait de grandir pour imiter celui de Peach.

«Mama et moi, on est là pour gagner ! Le reste, on s’en moque.» Bowser Jr fit soudainement connaître sa présence, le pouce pointé sur son torse d’une expression redoutable. La blonde se mit à rire.

«Toujours aussi vaillant à ce que je vois.» Remarqua-t-elle avec humour en posant sa main à sa hanche d’un regard admiratif au petit Koopa ne se laissant pas intimider malgré la difficulté de l’épreuve qui les attendait tous. Il n’avait pas peur, c’était certain ! Cette volonté de gagner était admirable. Sa mama et lui s’échangèrent un regard complice avant qu’une nouvelle voix criarde ne s’exprime joyeusement aux côtés de Mario et de Luigi.

«Solfège, eh oh ! Par ici !» Toad secoua vigoureusement sa main en l’air tandis que les frères moustachus se contentèrent de sourire aux deux jeunes femmes. Courant comme un dératé jusqu’à elles, le champignon parlant lâcha son sac dans un gros bruit sourd pour se mettre à danser.

«On est reparti pour une nouvelle aventure ! Tididou, dadidoudida ! Yeah, l’équipe de choc est dans la place !» Chanta Toad fou de joie tout en jetant ses doigts d’un côté à l’autre. Sa bonne humeur fit rire Peach et Solfège mais pas tant que ça Junior qui se contenta de grogner d’agacement. Le champignon se calma puis reprit après sa courte démonstration de chant.

«Salut Solfège, salut Bowser miniature. Comment ça va les copains ? Alors comme ça, vous faites équipe tous les deux ?» Questionna-t-il alors qu’il passait son regard de Solfège au Koopa de sa taille qui refusait catégoriquement de le regarder dans les yeux, les bras croisés.

«Nous allons faire équipe, oui. Les jeux, ça nous connait. Et nous sommes déterminés à remporter la victoire !» D’un hochement de tête ferme, la Reine des Koopas serra le poing pendant que Toad plongea dans un long monologue sur la stratégie qu’il avait mis en place toute la nuit précédente. Apparemment infatigable tant son excitation était forte. À côté de lui, Mario hocha les épaules suivit d’un soupir d’abattement.

«Et voilà que ça recommence … On a eu le droit à ça toute la matinée. Il ne s’arrête jamais. Je sens que ma tête va exploser !» Gémit-il en posant ses mains à sa tête, les yeux plissés et les dents serrées à la douleur lancinante dans ses tempes. Toad était son ami proche, mais il ne s’arrêtait jamais de parler ! Et ce dès les premières lueurs matinales. Luigi se gratta l’arrière de la tête d’une grimace gênée avant de finalement prendre la parole après quelques hésitations, Toad poursuivant ses babillages incessants sans jamais se rendre compte que personne ne l’écoutait.

«Et vous, quels sont vos coéquipiers ? Moi je n’ai pas eu le droit de choisir le mien et … Je dois dire que je suis un petit peu inquiet.» Il rit nerveusement en regardant la Princesse Peach à qui il esquissa un sourire maladroit. Bien évidemment il savait que personne n’avait eu le droit de choisir, mais il aurait vraiment voulu disputer cette course avec son frère pour montrer ce dont ils étaient capables de faire ensemble.

«Luigi et moi, nous formerons la meilleure équipe ! Une fois sur la piste, nous serons imbattables.» Encouragea Peach qui serra le poing de détermination pour tenter de motiver son coéquipier en manque cruel de confiance.

«Je fais équipe avec le gros macaque.» Répliqua sereinement Mario, utilisant le surnom affectif de son ami de longue date Donkey Kong.

«Nous faisons équipe.» Solfège attira un Junior étrangement silencieux contre son flanc.

«Et moi-» Prenant une profonde inspiration, Toad ouvrit la bouche pour donner le nom de son coéquipier cependant un cri l’empêcha de finir.

«C’est quoi cet engin de mes deux ! Ça ressemble à rien ce truc-là. C’est quoi ces roues miniatures ?! Et où est le moteur ? Même les limaces sont plus rapides que cette chose d’une laideur sans nom !» Rouspéta un deuxième Toad à la voix grave se trouvant à proximité d’un étrange véhicule ressemblant curieusement à une poussette. Une poussette sportive … Les poings à ses hanches, sa veste noire à piques, ses bijoux dorés et ses chaussures crantés changeaient de l’apparence habituelle des autres Toads beaucoup plus souriant.

«Coucou frangin ! Je suis là ! Ne t’inquiète pas j’arrive tout de suite.» Appela joyeusement Toad d’une grande secousse de sa main à son frère faisant le tour de leur véhicule qui n’était à priori pas à son goût. Voilà qui était plutôt étonnant … Toutefois aux regards perplexes des humains, il se pencha vers eux pour un peu plus de discrétion, la main à côté de sa bouche ; «on dirait que Tyty n’est pas très content. Je devrais vite aller le voir avant le début de la course. À plus les gars !»

«Euh …» Hésita Peach lorsque Toad se retourna puis qu’il courut rapidement en direction de son frère grincheux.

«Huston, je crois que nous avons un problème. Au moins il s’est donné de la peine, le pauvre ...» Commenta Mario alors qu’il observait le Toad metalleux renfrogné qui dévisageait le véhicule original, son regard s’attardant un instant à la cicatrice sur son chapeau. Une irritation qui devint plus évidente au moment où son frère l’atteignit pour demander ce qui le mettait autant en colère.

«Il a l’air … Charmant.» Confuse, la princesse en combinaison rose et blanche haussa les épaules avant de jeter un coup d’œil incertain à Solfège. Elle aimait tous ses Toads qu’elle considérait comme ses enfants mais celui-là avait une apparence bien particulière qui lui rappelait quelqu’un qu’elle haïssait avec passion … Et ce quelqu’un était justement marié avec son amie silencieuse. Elle fit un petit bruit de dégoût à l’image.

Était-elle supposément censée dire quelque chose ? Solfège savait qui était Terry le Terrible, mais reconsidérant le fait qu’il était aux ordres de Bowser, elle n’était pas prête à souffler sa couverture. Et encore moins à se prendre les remontrances de son mari s’il venait à l’apprendre. Car s’il était là, c’était sans doute pour une bonne raison, pas vrai ? Etant le plus fidèle des espions de Bowser ainsi que son premier informateur, Solfège se doutait qu’il y avait une raison à sa présence et que s’il avait été invité à cette compétition c’était qu’il avait de bons contacts avec le Royaume de la Jungle. Non, elle n’était pas prête à trahir qui que ce soit. Même si elle respectait la princesse, elle préférait lui mentir plutôt que d’aller à l’encontre de son époux. Du moment que Terry ne faisait de mal à personne, elle n’en voyait tout simplement pas l’utilité.

Peut-être était-il là juste pour s’amuser finalement ?

«Tu me fous la honte !»

«Mais Tyty, je pensais que ça te ferait plaisir de conduire une réplique de notre poussette ! Souviens-toi, quand on était petits. Tu adorais les longues balades ! Avec ta petite totote trop mignonne.»

«Par pitié, dis-moi qu’il y a un siège éjectable intégré …»

«Bah pourquoi il y en aurait un ?»

«Je vais exploser …»

Ou peut-être pas.

Les quatre humains se mirent à rire à cette discussion très animée entre les deux Toads un peu plus loin. Il était clair qu’ils ne s’entendaient pas très bien … Néanmoins ils saluaient les efforts de Toad qui cherchait juste à faire plaisir à son frère d’une nature beaucoup plus solitaire et sérieuse que ses semblables. De quoi déstabiliser Peach inhabituée à ce genre de personnalité forte. Mais n’étant pas là pour faire des investigations ni pour porter un jugement, ils rejoignirent la piste après que le commentateur appela les participants à rejoindre leur véhicule pour le départ. Dernière ligne droite, le suspense était à son apogée. Solfège courut après Bowser Jr entre les karts et autres motos pour atteindre leur magnifique quad "de la mort qui tue" selon les mots du Koopa à gauche de la porte principale. Un panneau digital faisait le décompte des minutes restantes.

La plupart des véhicules étaient utilisés par des singes, mais il y avait également un Maskass avec une autre créature violette inconnue, une petite étoile blanche avec une jeune femme aux cheveux bruns en combinaison jaune ainsi que ses amis déjà en place.

Peach et Luigi sur une moto rose, Mario et Donkey Kong sur un large kart rouge et vert puis Toad et Terry dans leur adorable poussette aux vives couleurs bleu, rouge et or. Junior s’installa rapidement sur le siège arrière du quad sans même essayer de négocier pour prendre le volant, prenant ainsi Solfège de court. Une minute, c’était elle qui devait conduire cet engin ?! La réalisation la frappa comme une tonne de briques. Les yeux écarquillés, la jeune femme regarda entre les pédales puis Bowser Jr qui lui faisait signe de s’assoir sur le siège avant avec sa main. Toutefois elle recula de quelques pas après que la peur s’empara de son cœur battant la chamade, n’ayant encore jamais conduit de véhicules auparavant. Elle n’avait jamais pris le volant de sa vie ! Elle ne connaissait pas ce genre de véhicules ni les techniques de conduite. Et s’ils faisaient un accident ? Si elle perdait le contrôle ? Au fur et à mesure de sa remise en question, Bowser Junior perdit patience jusqu’au moment où il s’exclama pour attirer l’attention de Solfège.

«Tu peux le faire ! Souviens-toi de mes leçons de conduite avec les vaisseaux clown, eh bah là c’est exactement pareil. Sauf qu’au lieu des hélices, tu as quatre roues. Occupe-toi de rester sur la piste, moi, je m’occupe du reste !» Dévoila-t-il après avoir sorti des lunettes d’aviateur de nulle part pour les placer sur ses petits yeux noirs d’un sourire espiègle.

«D’accord, tu as raison. C’est facile ! Je sais conduire. Je sais conduire … J’ai appris à conduire.» Répéta Solfège d’une profonde inhalation pour calmer ses nerfs.

Attrapant le guidon d’une main tremblante mais ferme, elle chevaucha la selle du quad pour s’installer correctement sur les pédales. Sentant aussitôt la vibration de l’excitation la parcourir. Ça y est, ils étaient en piste. Cependant nerveuse, elle passa quelques coups d’œil de gauche à droite pour regarder les autres concurrents attendant impatiemment l’ouverture du hangar. La plupart des singes les regardait en chuchotant entre eux et en les dévisageant, surtout le jeune Koopa auteur de leurs inquiétudes. Elle pouvait sentir tous ces regards désapprobateurs sur eux, mais elle ne se laissa pas déstabiliser pour autant car ils étaient là pour participer et surtout s’amuser. Pour montrer qu’ils étaient tout à fait capables de jouer sans faire de grabuge ! Les sourcils froncés à toutes ces messes basses autour d’eux, elle tourna le rétroviseur pour regarder Junior assis dans le siège arrière qui ne prêtait absolument aucune attention aux autres participants indiscrets. Trop occupé à checker son canon banane et l’unique réacteur qu’il avait eu droit d’installer.

Il était temps de détruire tous ces préjugés.

Le bip à la fin du temps imparti retentit dans le hall puis la gigantesque porte coulissa pour dévoiler le reste de la piste jusqu’à la ligne de départ se situant plusieurs mètres devant eux. Les moteurs se mirent à rugir alors que les vingt véhicules à l’arrêt s’avancèrent au pas dans un raffut impressionnant en direction de la ligne. Après seulement quelques petits zigzags et un calage magistral, Solfège réussi à comprendre le fonctionnement du quad pour avancer aux côtés de Mario et de Donkey Kong. Peach et Luigi de l’autre côté. Nerveuse, elle resserra ses doigts autour du guidon après un souffle moite qui embruma la visière de son casque mais ne l’empêcha pas de garder le bon rythme entre les deux autres véhicules à la même vitesse. Ce n’était qu’une histoire d’adaptation, comme le lui avait dit Junior tout à l’heure. Heureusement qu’il lui avait donné des cours de vol en vaisseau clown ! Maintenant elle en voyait l’utilité.

«Coucou papounet ! Regarde-moi, je suis là ! Bisous ! Je vais tout faire pour te rendre fier !» Hurla Donkey Kong derrière Mario après avoir repéré son papa dans les gradins impériaux. Assis en hauteur accompagné de ses plus valeureux guerriers, Cranky Kong sirotait son cocktail favori en usant de son pied droit comme d’une main. Affalé dans son siège coloré où il profitait du courant d’air d’un éventail feuille de bananier, il baissa les yeux sur son fils qui lui faisait de grands signes en contre bas.

«Ha ha ha, quel gros bébé !» Se moqua allégrement Junior au singe se donnant en spectacle. Sur de grands piliers en bois se trouvaient des écrans plats qui filmaient en direct l’avancement de la course et de ses participants, se voyant à travers l’un d’eux ce qui lui vola un petit sourire prétentieux.

Il était une star !

«C’est à moi que tu parles, avorton ? N’oublie pas que je t’ai à l’œil. Et que je vais pas te lâcher d’une semelle !» Rappela Donkey Kong tout en plaçant deux doigts devant ses yeux avant de les diriger vers le Koopa derrière Solfège.

«Fais gaffe de ne pas perdre ta tétine sur la route.» L’insolent Bowser Jr en rajouta une couche, ravi de pouvoir embêter l’icône du Royaume de la Jungle facilement irritable. Bingo !

«C’était nul. T’es un gros nul !» Répéta Donkey Kong après une courte réflexion. Devant lui, Mario soupira avant de murmurer quelque chose d’inintelligible qui ressemblait à ; «et c’est reparti pour un tour».

«Singe qui pue.» Vint l’insulte suivante.

«Tête à claque !» Le grand singe ne se laissa pas intimider par un enfant.

«Espèce de …» Toutefois la voix de Junior s’éteignit lorsqu’il attrapa le regard d’avertissement de Solfège via le rétroviseur droit du quad, le forçant à changer la fin de sa phrase au dernier moment ; «patate !»

«Pwah ! Patate toi-même ! Tu gagneras jamais cette course ! C’est un truc de gentil ça. En plus tu es haut comme trois pommes, tu fais trop pitié.» Désormais amusé, Donkey Kong s’installa mieux dans son siège arrière pour faire danser ses pectoraux en guise de victoire quand les joues de Bowser Junior devinrent rouges de colère.

«Je vais le dire à papa ! Comme ça il t’écrasera toi et tes copains schlingueurs ! Il n’existe pas plus fort que lui dans tout l’univers tout entier et même plus ! Tu ne lui arrives pas à la cheville !» Se défendit-il, furieux.

«Attends, tu parles bien du paternel à qui j’ai flanqué une bonne correction la dernière fois ? Lui ?» Gloussa DK au souvenir de ce combat mémorable qui lui avait laissé une jolie cicatrice à l’épaule. D’un sourire enjôleur, il croisa les bras derrière sa tête mais se tût au moment où l’humaine aux cheveux de lave parla.

«Ça suffit les garçons ! S’il vous plaît. Tout ça ne mène à rien. Cette course est pour tout le monde, alors apprenons à nous entendre et soyons avant tout fairplay.» Solfège devança le grand singe à cravate avant qu’il ne dise quelque chose d’autre qui pourrait blesser le prince Koopa déjà bien touché dans l’orgueil. Il ne manquerait plus qu’il ne fasse une scène juste parce qu’il n’avait pas eu le dernier mot et ce n’était vraiment pas quelque chose dont elle aimerait y faire face aujourd’hui.

«Elle a raison. Nous sommes là pour nous amuser !» Soutint Peach de l’autre côté, Luigi tenant fermement la selle d’une main et sa casquette de l’autre.

«D’accord, d’accord, je m’excuse si j’ai dépassé les bornes. Alors sans rancune p’tit ?» Proposa Donkey Kong tout en se penchant vers la tortue boudeuse à l’arrière du quad. À son manque de réaction, il fit la vague avec ses monosourcils pour tenter de le faire rire.

«Humpf ! Même pas en rêve.» Refusa platement Junior. Les bras croisés et les lèvres pincées, il ignora le macaque qui cherchait à faire une trêve avec lui pour plutôt mettre son bandana menaçant sur son museau.

«Bah alors, pourquoi vous boudez les amis ? C’est l’aventure ! Il faut se détendre.» S’égaya un certain Toad quand il rattrapa la petite troupe sur le côté gauche de la piste. Au volant de sa poussette qui n’avait pas fait que des heureux, il zigzagua sans se préoccuper de Terry qui essayait de ne pas basculer hors de son siège à chaque coup de volant brusque de son frère.

«Moi j’ai peur de rien.» Déclara ce dernier sans émotions.

«Hey ! Mais c’est mon slogan ça !» S’écria Toad scandalisé d’un autre coup de volant qui avait failli les faire rentrer dans le kart de Mario.

«Wow ! Mama mia !» Le bonhomme moustachu reprit rapidement le contrôle de son véhicule avant qu’un accident en chaine ne se produise juste avant le départ. C’était moins une … Les mains arrachant presque son volant de peur, il jeta un regard alarmé aux deux Toads qui étaient de vrais dangers sur la route.

«Mario ?» S’inquiéta son frère qui s’était couvert les yeux derrière sa main gantée pour ne pas voir le désastre.

«Toujours vivant !» Répondit Toad à la place de son meilleur ami en salopette sous le choc. Cependant Peach décida d’intervenir avant de franchir la ligne de départ pour faire une dernière annonce.

«En avant toute ! Pour la plus grande course de l’année ! Et que les meilleurs gagnent !» S’écria-t-elle d’un poing en l’air et d’un grand sourire pour motiver tout le monde, son bandana rose flottant au vent. Elle entendit vaguement Luigi lui demander de garder les deux mains sur le guidon avant de mettre les gaz pour atteindre cette ligne survolée par un Lakitu dans son nuage blanc faisant office d’arbitre. C’était d’ailleurs l’un des seuls Koopa autorisé lors de cet événement.

3, 2, 1 … GO !

Tous les véhicules filèrent à toute allure au top départ. Dans les tribunes, les spectateurs hurlèrent d’euphorie à ce début de course qui promettait d’être inoubliable. Lancés à plein régime, les motos filèrent entre les karts et autres engins originaux aux couleurs amusantes sur une piste qui faisait d’abord le tour complet du village avant de disparaître dans la végétation dense de la jungle. Suivis de près par le Lakitu, celui-ci filmait la progression des participants là où les caméras fixes ne pouvaient pas capturer les moments croustillants au public. Le vacarme produit par tous ces moteurs était assourdissant, une délicieuse mélodie aux oreilles de ceux qui vénéraient les courses comme celle-là. Notamment Cranky Kong qui avait volontairement décidé de ne pas participer car il s’autoproclamait déjà comme étant le meilleur pilote de tous les temps. Un titre que personne n’osait disputer ! Pas même son propre fils.

«J’ai hâte de voir comment vont se débrouiller les deux. Ils ont une nouvelle réputation à défendre. J’espère que je ne vais pas être déçu, j’ai horreur d’être déçu !» Grogna Cranky Kong d’un soupir nonchalant en faisant bien évidemment référence à Solfège et Bowser Junior. Il ne parlait à personne en particulier, mais ses interrogations se multipliaient au fil du temps qui passait sans que rien de fâcheux ne se produise. Leur épreuve n’était toujours pas terminée en revanche, pour le moment, c’était un véritable sans faute !

«Impressionnant. Tout semble se dérouler correctement. Pas de débordements ni de visite surprise. S’en est presque décevant …» Passant son pied dans sa barbe blanche, le vieux singe regarda avec ennui les écrans plats où les visages des concurrents étaient affichés individuellement dans de petites cases. Il s’arrêta plus particulièrement sur le duo Solfège/Junior.

«Qu’ils me montrent de quoi ils sont capables.» Pensif, il se mit à imiter le sourire contagieux de la jeune femme à l’écran sans même s’en rendre compte.

De quoi ils étaient capables pour détruire cette mauvaise réputation forgée par un Bowser assoiffé de pouvoir. À quel point ils étaient déterminés à faire évoluer les opinions sur la race des Koopas jusque-là mal aimée à cause d’une guerre de territoire rondement menée par un tyran. Il les avait observés en secret hier soir. Il avait vu cette complicité entre eux, à quel point ils étaient soudés et à quel point Solfège influençait le jeune Bowser Jr avec sa bienveillance naturelle. La confiance du Royaume de la Jungle était en jeu sur cette piste, beaucoup de poids reposait sur ses épaules. Elle le savait, alors c’était le moment de se donner à fond pour montrer à tous ce qu’il avait vu. Un changement. Le singe barbu leva les yeux au-dessus de ses lunettes pour regarder le chronomètre qui défilait lentement, presque avec paresse, pendant que les engins bruyants se disputaient les premières places en contre-bas.

Ils étaient sur le point de gagner son respect.

De son côté, Solfège tentait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi les dizaines de véhicules qui lui bloquaient la route. La piste étant majoritairement faite d’un mélange de poussières et de terre, des nuages se formaient à chaque passage ce qui rendait difficile la visibilité. Or, elle parvint quand même à dépasser les quatre singes pour foncer en direction de la jeune femme en combinaison jaune. Le petit Luma blanc dans son dos la prévint de son arrivée imminente pour lui permettre de changer la rotation de ses pneus puis d’emprunter le chemin sur le mur du temple dans l’espoir de les distancer. Dans son dos, Solfège sentit Junior lui taper l’épaule pour lui demander de les suivre car il avait une idée. D’après son ton, cette idée l’excitait beaucoup. C’était presque inquiétant … Néanmoins elle lui obéit sans discuter, surprise de voir que ses roues changeaient de sens pour pouvoir suivre la courbe du mur de pierres.

«CANON BANANES ! PIOU PIOU PIOU !» Hurla le Koopa après avoir tourné son gros canon chéri pour tirer au-dessus de Solfège sur la piste à la verticale. Ils n’avaient pas le droit de jeter autre chose de toute façon, mais c’était très amusant quand même !

«Bouuuuuuuuuuuuuuuuuuh !» Ridiculisa le Luma quand les bananes furent esquivées par sa coéquipière très adroite sur une moto. Tirant sa paupière du bas pour se moquer, l’étoile tournoya avant de récupérer sa propre banane puis de la balancer directement sur le visage de Junior.

«Ouch !» Surpris par cette réplique, Bowser Jr faillit trébucher de son siège s’il n’avait pas empoigné son canon à l’aide de sa queue. Les joues se gonflant de frustration, il jeta la peau de banane sur le côté. Ce qui déstabilisa le kart qui voulait les doubler par la gauche.

«Bwah ha ha ha ! T’as vu ça ? Hein, t’as vu ça ? En plein dans le mille !» S’enchanta aussitôt ce dernier qui tapota ses fesses dans la provocation.

«Un coup de Maître !» Félicita Solfège d’un petit rire après avoir fait un check avec lui par-dessus son épaule.

À travers la jungle, c’était une tout autre épreuve pour les participants novices livrés à eux-mêmes. Les singes et les habitués connaissaient cette zone, mais ce n’était pas le cas de Mario, Luigi, Solfège et Bowser Junior découvrant pour la toute première fois cette piste escarpée. Entre les arbres, les rochers et autres obstacles, ils roulaient totalement à l’aveugle. Obligés de suivre ceux qui avaient déjà participé à une course dans le passé pour ne pas se faire avoir par le terrain. Des tonneaux avec les initiales de Donkey Kong étaient placés à des endroits stratégiques pour forcer les coureurs à utiliser des passages beaucoup plus serrés, et donc impossible à emprunter à deux. Ceux qui rentraient malencontreusement en contact avec l’un de ces fameux tonneaux perdaient leur vitesse en plus de se prendre une pluie de vieilles peaux de bananes. Répugnant ... Mais avantageux !

Solfège et Junior passèrent rapidement entre deux véhicules pour ensuite s’engouffrer sur une piste reculée où la végétation bloquait la lumière du soleil, les contraignant à se diriger rien qu’à la lumière de leurs phares. Il n’y avait pas plus stressant comme situation ! De devoir se guider à l’instinct sur une piste inconnue au beau milieu d’une jungle capricieuse. Penchée sur son épaule, la petite tortue aux aguets indiquait à Solfège quelle trajectoire prendre pour tenter de rejoindre la piste principale quelque part sur la droite. Ils pouvaient entendre les véhicules et les cris de ce côté-ci. Roulant sur des lianes, des troncs d’arbres renversés puis des tas de feuilles mortes, les deux réalisèrent un dérapage maîtrisé pour gagner un super boost de vitesse afin de leur permettre de rejoindre les autres.

«Par ici le raccourci ! Mwahahahaha ! Et bim, à nous les places supplémentaires !» S’extasia Junior quand il remarqua qu’ils avaient, grâce à l’emprunt de ce chemin, réussi à rattraper cinq places. Désormais ils côtoyaient Mario et Donkey Kong.

«Bah alors, pas trop la trouille ? Qu’est-ce que vous faites ici ? Les nuls c’est derrière normalement !» Charia le singe occupé à jeter des bananes dans le sillage du kart conduit par le moustachu concentré.

«Que veux-tu, personne ne nous résiste !» Répondit Solfège d’un sourire amusé, ce qui amena le Koopa à se manifester.

«Si vous voulez gagner, il va d’abord falloir vous débarrasser de moi ! Dommage, zéro chance !» Ricana grossièrement Junior tout en rechargeant son imposant canon à bananes en même temps. Il ne lui restait plus beaucoup de munitions, mais il comptait bien s’en servir sur Mario et Donkey Kong pour leur flanquer une bonne râclée. Pour l’honneur de son père !

«Ça, ça m’étonnerait !» Voulant à tout prix gagner, Mario fronça les sourcils d’un sourire déterminé quand il appuya sur l’accélérateur pour mettre de la distance avec le duo sauf qu’à ce moment précis, un hurlement plutôt aigu retentit derrière eux.

«STOP ! Moins vite, moins vite ! J’ai la tête qui tourne ! je vais vomir ! Tu roules comme un taré !» S’égosilla Terry lorsqu’il sentit son arrière-train se décoller du siège de la poussette à moteur. S’agrippant de toutes ses forces à tout ce qu’il pouvait trouver, il serra les dents lorsque son frère détesté réalisa plusieurs dérapages plus ou moins contrôlés entre les arbres, les tonneaux et autres véhicules sans se soucier un seul instant de faire un carambolage. Ils rentrèrent violemment en contact avec un kart qui se retrouva propulsé de l’autre côté de la route avant de rouler sur des racines puis de contourner Bowser Jr et Solfège.

«Whouhouuuu c’est trop géniaaaaal !» Toad était complètement extatique au volant de sa poussette adorée. Inarrêtable ! Les yeux pétillants de bonheur avec un sourire démesurément grand, il changea aléatoirement de trajectoire pour essayer d’acquérir de nouveaux boosts.

«Derrière toi … Devant toi !» Ricana-t-il lorsqu’il dépassa sans effort Mario et Donkey Kong tous les deux bouches béates par cette accélération fulgurante totalement improvisée. Et tout ça dans une poussette ridicule ! C’était quoi l’astuce ?! Ils n’en revenaient pas.

«Vous entendez ça ? C'est le bruit de la défaite ! Allez à plus Mario ! On se reverra à la ligne d’arrivée.» Se moqua Toad qui les distançait de plus en plus pour bientôt se retrouver aux côtés de la Princesse Peach et de Luigi actuellement en quatrième position.

Le point commun entre Luigi et Terry ? Ils étaient tous les deux morts de trouille.

«Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais ...» Admit Mario assez fort pour se faire entendre dans ce vacarme. Il pensait vraiment que le kart qu’il avait choisi avec DK allait être le meilleur et le plus puissant de tous ! Il était donc un peu déçu d’avoir été doublé par une simple poussette. Toutefois au rire de Solfège, il tourna la tête vers elle pour lui sourire timidement.

«Moi non plus ! Mais c’est tellement amusant. Allez, on peut le faire ! L’important c’est de participer.» S’exclama-t-elle avec enthousiasme, de quoi réchauffer le cœur du moustachu en salopette.

«Et surtout de gagner contre cette grosse banane parlante.» Ajouta rapidement Junior d’un ton paresseux, masquant son sourire victorieux derrière son bandana à la réaction de ladite banane poilue.

«Quoi ? Où ça ?» Immédiatement, Donkey Kong se retourna pour chercher du regard où était cette fameuse grosse banane. Il ne savait pas que les bananes pouvaient conduire !

«C’est toi la banane qui va perdre !» Bowser Junior ricana à la tête du grand singe en cravate qui ne pensait qu’à satisfaire son appétit. Encore un point qu’ils avaient en commun.

«La course n’est pas terminée ! Je n’ai pas encore utilisé ma botte secrète.» Chantonna ce dernier après avoir trituré son réacteur de secours en forme de fusée d’un haussement ironique de ses sourcils ; «rien n’est perdu. On va leur montrer de quels boulons notre kart se chauffe !»

«Hein ?» Inquiet de la signification de cette expression, Mario arqua un sourcil.

«T’auras aucune chance face à MON réacteur !» Bowser Jr se redressa vite sur son siège pour imiter le grand singe dans la préparation du réacteur utilisable qu’une seule fois pendant la course et seulement cinq secondes. La houppette flottante au vent, il plissa les yeux derrière ses lunettes d’aviateur tandis qu’il appuyait rapidement sur une série de boutons pour activer son réacteur en même temps que le kart voisin.

«À fond les gamelles !» Rigola Donkey Kong après avoir enfoncé son poing sur le bouton rouge principal.

Pendant ce temps-là, quelque part entre les collines verdoyantes en dehors des remparts du Royaume de la Jungle, une ombre se dessinait parmi les arbres. Une ombre menaçante très célèbre. Tenant une paire de jumelles devant ses yeux plissés, le Roi des Koopas observait avec attention la course qui se déroulait en contre-bas sur une piste à n’en plus finir. Son regard suivait chacun des mouvements d’un véhicule bien spécifique depuis le top départ. Il tapota sa griffe sur ses jumelles d’impatience quand le duo disparût de sa vue pour réapparaitre plus loin sur la piste après être sorti de la jungle. Ils venaient tout juste de franchir la ligne d’arrivée pour débuter le second tour toujours aux côtés de Mario et de Donkey Kong, sixième et septième respectivement. Son fils Junior avait permis à Solfège de récupérer deux autres précieuses places grâce à son réacteur mais malheureusement, son rival avait eu la même idée … À croire qu’il passait le plus clair de son temps à copier les idées de génie de son fils ! Rien qu’un tricheur en manque d’imagination.

Ruminant son agacement, le Koopa géant fronça les sourcils lorsqu’il vit Donkey Kong réaliser un check avec Junior avant de s’apercevoir que sa femme rigolait avec ce crétin en salopette. Son sang ne fit qu’un tour. Elle rigolait avec son plus grand rival ?! Zoomant afin d’être sûr de ce qu’il venait de voir, un grognement guttural s’échappa de lui quand il eut la confirmation que ses yeux ne lui jouaient pas de mauvais tour. Cette image le hanta aussitôt tandis qu’une pression énorme se forma dans son plastron. Quelque chose se propagea rapidement dans son ventre jusqu’à atteindre ses joues qui devinrent soudainement beaucoup plus chaudes sous la tension, sa peau écailleuse frissonnant à la brise qui souffla entre les collines. Il chauffait, et elle était froide ! Les cheveux au vent, la grande tortue en ébullition s’attarda encore un peu sur les deux véhicules côte à côte comme pour se convaincre qu’il hallucinait.

C’était la goutte de trop.

«Tu viens de signer ton arrêt de mort Mario.» Grogna Bowser entre ses dents, ses yeux rougeoyants de colère fixés sur la silhouette du moustachu riant innocemment avec son épouse. Il ne pouvait pas s’en empêcher, il fallait que ce sale nabot à casquette chemine avec toutes les jolies filles qu’il croisait ! Et plus particulièrement celle dont il était fou amoureux, comme s’il le faisait exprès.

«Il semblerait que vous soyez en colère.» Constata tranquillement Kamek derrière lui.

«Et ça t’étonnes ?!» Rugit-il à son visage, sa réaction brutale lui faisant presque perdre ses propres jumelles d’un petit cri aigu effrayé. Recroquevillé sur lui-même, le magicien sentait ses jambes flageller alors qu’il couvrait spontanément sa tête avec ses jumelles au cas où son Maître déciderait d’évacuer sa colère dévastatrice sur lui.

«Mais Sir, ils sont en train de gagner, n’est-ce pas une bonne chose ?» Remarqua Kamek d’une petite voix craintive après avoir redressé ses lunettes pour regarder la tortue fâchée pour une raison qui lui échappait. N’était-il pas content de leur parcours ? Mais il l’ignora, bien trop absorbé par son rival potentiellement dangereux pour ses plans.

«Ça ne va pas se passer comme ça.» Furieux et surtout jaloux, Bowser resserra brusquement sa prise sur ses jumelles jusqu’à entendre un petit craquement avant de se tourner vers son fidèle général ailé.

«Lâchez les Koopalings ! Tout le monde en piste et ramenez-moi cette coupe !» Ordonna-t-il à ce dernier d’une griffe tendue vers la piste plus bas. Les vibrations violentes de sa profonde voix donnèrent un frisson de peur au Magikoopa à ses côtés qui se mit à ricaner d’excitation. Mario ne devait en aucun cas remporter la coupe ! Il allait s’en assurer personnellement.

«Lâchez les Koopalings !» Répéta le Koopa à la carapace bleue en faisant signe à ses gardes de se mettre rapidement en action pour ne pas ajouter plus d’huile sur le feu. Ils avaient hâte de faire entendre leur mécontentement après des heures à rester discrets ! Et aussi de récupérer la coupe, accessoirement.

«Yee-Haw ! C’est parti !» S’exclama Ludwig dans son petit accent tout en jetant son poing en avant quand il entama à la hâte la descente avec ses coéquipiers. Prêts à combattre.

«À nous de jouer !» Morton réalisa un drift impressionnant entre les rochers jusqu’à atterrir sur la piste derrière des singes surpris. Horrifiés de les voir, ils firent de grands écarts jusqu’à complètement sortir de la piste pour s’écraser dans les arbres voisins, permettant aux Koopalings de se frayer un chemin beaucoup plus facilement.

Ludwig avec Larry, Morton et Wendy puis Roy en trio avec Lemmy et Iggy sur le plus gros véhicule de la bande. Argentés et noirs avec de grands pics parcourant l’entièreté de la carrosserie, leurs karts effrayants ne passait pas du tout inaperçus tant bien chez le public que chez les participants abasourdis. Les caméras étaient dorénavant toutes focalisées sur eux. Impossible de ne pas voir l’emblème de Bowser porté fièrement à l’avant tandis qu’ils bousculaient tout le monde hors de leur chemin pour récupérer toutes les places qu’ils avaient en retard. La première étant leur seul objectif. Iggy en profitait pour utiliser son canon à carapaces pour viser chaque concurrent qu’ils dépassaient d’un rire fou pendant que Lemmy sortait des bombes qu’il jetait au hasard sur la piste. Rapidement, le chaos s’installa. Entre les explosions, les accrochages et les coups-bas, bientôt leur présence se fit connaître chez ceux se trouvant tout à l’avant du cortège jusque-là épargné.

«Oh oh, papa est de la partie. Vas-y, t’arrête pas surtout ! Fonce ! Concentre-toi sur la route.» Motiva Junior en attrapant les épaules de Solfège pour qu’elle ne se retourne pas. Anxieux, il jeta un coup d’œil aux Koopalings qui se rapprochaient dangereusement de leur position en écartant tous ceux sur leur chemin. Il grogna ; «pas question ! Elle est à moi cette coupe !»

Aussitôt dit, il tourna son canon à bananes dans leur direction pour tenter de déstabiliser leur trajectoire. Morton et Wendy d’un côté puis Ludwig et Larry de l’autre, les quatre riaient diaboliquement alors qu’ils esquivaient plutôt aisément toutes ces bananes jetées sur la piste. Se moquant de Bowser Junior de plusieurs ricanements niais, l’un d’eux voulu balancer une carapace rouge mais au même moment Peach leur fonça dedans d’un petit cri de guerre. Morton et Wendy firent plusieurs tours sur eux-mêmes pour finalement tomber dans un petit ravin, les mettant définitivement hors compétition. Une fois dans le passage du temple Kong, la princesse se dépêcha de rejoindre Solfège pour leur demander si tout allait bien mais elle fût prise en grippe par le trio diabolique Roy, Lemmy et Iggy. Leur jetant un regard noir à tour de rôle, elle emprunta vite le chemin sur le mur dans l’espoir de les éloigner.

«Oh non, non non non ! Ils vont nous faire faire un accident ! Ne me touchez pas !» Paniqua Luigi à l’approche du kart maléfique ayant pris la même route qu’eux. Les trois désormais collés à la moto à pleine vitesse, il ferma les yeux tout en jetant ses mains au hasard vers Iggy pour le repousser quand il essaya de le faire tomber de la selle.

Si la situation n’était pas aussi dramatique, cette scène serait plutôt comique à regarder.

«Solfège ! Regarde, nous y sommes presque !» S’écria Junior de soulagement lorsqu’il vit la ligne d’arrivée à quelques mètres à peine de leur position, et ils étaient premiers ! Peach et Luigi deuxième puis ensuite le trio de Koopalings cherchant juste à leur mettre des bâtons dans les roues. Sans jeu de mot.

«Hey attention !» Alerta Donkey Kong dès l’instant où Mario et lui les rattrapa pour voir que Larry était sur le point de balancer une bombe sur eux.

Malheureusement, ils arrivèrent trop tard car la bombe fût projetée dans les airs pour exploser juste devant le quad de Solfège et de Bowser Jr incapables de l’esquiver à temps. Le souffle de l’explosion les firent perdre le contrôle du véhicule qui réalisa plusieurs zigzags incontrôlables avant que Solfège ne réussisse à l’arrêter complètement sur le bas-côté de la route. C’était moins une ... Les mains moites et la respiration erratique, elle tourna ses yeux écarquillés vers le petit Koopa pour s’assurer qu’il allait bien après cet arrêt d’urgence. Junior avait la tête qui tournait mais mise à part ça, il allait bien. Témoins de tout ça, Mario et Donkey Kong s’arrêtèrent à quelques mètres de là puis descendirent précipitamment de leur kart pour aller s’assurer que les deux n’avaient rien de cassé. Heureusement, cette bombe n’avait fait aucun blessé cependant son explosion avait propagé le feu aux alentours … Détruisant les arbres et la pancarte ligne d’arrivée pour finalement atteindre le cabanon le plus proche.

C’était une terrible réaction en chaine qui fit rapidement réagir Donkey Kong qui alla chercher de l’eau dans le ruisseau le plus proche pour éteindre les flammes. Il ne fallait surtout pas qu’elles se propagent jusqu’au village ! Sinon, il risquerait de disparaître dans un immense brasier incontrôlable. Hors de question ! Mario se dépêcha d’éloigner Solfège et Junior juste avant que le véhicule ne s’embrase à son tour pour finir par faire une grande explosion sous les visages abattus des participants contraints de s’arrêter. Bloquant définitivement la route pour finir la course.

«La compétition est officiellement annulée ! Je répète, la compétition est annulée. Le duo gagnant est disqualifié.» Annonça le Lakitu sur son nuage en secouant sa main devant son visage à toute cette fumée.

«Quoi ?! Mais c’est pas juste !» Se plaignirent Larry et Ludwig de l’autre côté de la ligne d’arrivée. Ils avaient pourtant franchi la ligne avant les autres ! Ils étaient par conséquent les grands gagnants. Toutefois ils se recroquevillèrent sur eux-mêmes quand une foule en colère de plus en plus dense se forma autour d’eux.

«Tricheries !»

«Bouuuuuuuuuuuuh !»

«C’est un scandale !»

«Vous n’avez pas honte ?»

«Chassez-les de notre cité !»

«Ils n’ont pas leur place ici !»

Peach et Luigi descendirent de leur moto pour rejoindre les autres entourés de singes indignés demandant leur exclusion. Ce n’était pas bon signe du tout ... Les poings levés pour réclamer justice, la tension était à son comble alors que Donkey Kong et Mario faisaient tout leur nécessaire pour éteindre les flammes avant qu’elles ne se répandent dans la jungle. La princesse faisait de son mieux pour faire entendre raison aux villageois en tentant de les repousser or ils étaient tous entêtés, scandalisés. Prenant instinctivement Junior dans ses bras pour le protéger, Solfège regarda tous ces visages en colère où elle pouvait y voir du dégoût et de la déception. Elle commençait à avoir peur d’eux mais heureusement, Cranky Kong décida d’intervenir pile à ce moment-là. Juste avant que la situation ne dégénère complètement. Transporté dans son palanquin coloré, le vieux Roi singe descendit lentement à l’aide d’un garde pour calmer la population en effervescence.

«Calmez-vous, allez du calme ! Ça suffit maintenant. La compétition a été annulée ça ne sert à rien de s’énerver.» Irrité par ce mouvement de foule, Cranky Kong leva sa canne pour se faire entendre par son peuple sourd d’oreille. Certains discutèrent, d’autres râlèrent mais la majorité s’éparpilla de déception. Ce n’était encore jamais arrivé que leur Roi prenne la décision de tout annuler ! Une première que personne ici n’approuvait.

«Je suis sincèrement désolée … Nous avons échoué.» Renifla tristement Solfège agenouillée sur le sol poussiéreux avec le Koopa tenu précieusement dans ses bras. La mine tombante et aux bords des larmes, la jeune femme n’osait regarder le Roi dans les yeux par peur d’y trouver la même chose que les habitants. Un mélange de haine et de rancœur. Cet échec lui pesait lourdement sur la conscience, alors qu’elle fût sa surprise lorsque Cranky Kong s’exprima d’une touche d’admiration dans sa voix.

«Non, vous avez réussi. Enfin d’une certaine manière.» Il hocha calmement la tête d’un sourire pensif tout en joignant ses mains sur sa canne dorée. Il attendit que l’humaine lève les yeux d’incrédulité pour poursuivre sur le même ton.

«D’habitude je ne félicite que mon fils, mais votre coopération était remarquable. Ce lien qui vous uni est fort. Il vous a permis d’arriver en première place sans aucune tricherie comme on aurait pu s’y attendre d’un certain Koopa connu pour sa mauvaise foi.» D’un coup d’œil insistant à la tortue face cachée, il revint ensuite à Solfège pour voir que son visage s’illuminait peu à peu. Il redressa ses lunettes sur son nez ; «à vous deux, vous avez réussi à démontrer qu’une réputation ne détermine pas qui on est et ni ce que nous sommes. Je vous félicite pour ce parcours. Même si le destin sous forme de brute sans cervelle a décidé d’intervenir au pire moment possible …»

Tandis qu’il disait cette phrase d’une secousse navrée de sa tête, il sentit subitement la terre se mettre à trembler sous les pas lourds de celui qu’il s’attendait à rencontrer. Le grand Koopa à épines s’avançait sur la piste entre les Koopalings pleurnichant qu’ils étaient victimes d’injustice après l’annulation de la course à la toute dernière seconde. Si proche de la victoire … Pointant du doigt Cranky Kong et les autres, Larry et Ludwig les accusaient d’avoir tous trichés pour les empêcher d’atteindre la coupe après s’être donné autant de mal pour y parvenir. En incluant les bombes interdites et les canons à carapaces bien sûr. Cependant le Roi Koopa n’avait d’yeux que pour Mario qui s’activait aux côtés de Donkey Kong pour éteindre l’incendie créé par ses Koopalings. Il les félicitera plus tard pour ça, il avait d’abord deux trois choses à régler ainsi qu’une coupe à récupérer. Les mains à ses hanches d’un grognement de désapprobation, l’immense Koopa fusilla du regard Cranky Kong qui ne se laissa pas du tout intimider par son regard fielleux.

«Cette coupe est à moi ! Nous l’avons gagnée, elle nous revient de droit. Donnez-là-moi si vous ne voulez pas dormir à la belle étoile ce soir.» Bowser réclama son dû d’un petit sourire provocateur, ce qui fit rire les Koopalings dans son dos.

«Mais dites-moi, de quel droit parlez-vous ? Oh, celui de quitter mon royaume peut-être ?» S’interrogea Cranky Kong en faisant mine de réfléchir d’une main dans sa barbe. Bowser se mit à rire sombrement en retour.

«Sans surprise, une résistance. Malheureusement je ne suis pas quelqu’un de patient alors donnez-la-moi si vous ne voulez pas le regretter ! Ensuite, je repartirai. C’est aussi simple que ça.» Il tenta de négocier tout en limant deux de ses griffes d’un sourcil rouge levé, le petit sourire persistant au coin du museau.

«Une petite minute. Vous vous pointez comme ça dans une compétition officielle sans aucune invitation ? C’est franchement pas poli. Ensuite vous pensez vraiment que je vais vous donner cette coupe faite en or massif par les plus grands artisans du pays après ce que vous avez fait ?! Après tout ce cirque ? Auriez-vous par hasard perdu l’esprit en cours de route ?» S’indigna Cranky Kong en le regardant de haut en bas d’un air ahuri, pas certain d’avoir correctement entendu ce qu’il exigeait. Néanmoins il ne laissa pas Bowser en placer une car lui aussi avait deux mots à lui dire.

«Vous n’êtes même pas capable de tenir un jour sans semer la zizanie ! C’est pour ça que vous n’êtes jamais invité. Personne ne vous fait confiance. Partout où vous allez vous faites régner le désordre et le chaos.» Déplora le Roi tandis qu’il levait le bras pour montrer le feu et la fumée bientôt maitrisés par ses gardes expérimentés. Oui, ils avaient l’habitude des débordements quotidiens avec les crashs de karts mais jamais durant un évènement d’envergure où la rigueur était de mise.

«Deux jours !» Bowser insista sur les mots de deux griffes levées.

«Rah mais on s’en moque ! Vous êtes tellement obsédé par le pouvoir et le contrôle que vous n’avez même pas remarqué le bonheur de votre épouse et de votre fils ! À quel point c’était important pour eux de participer aujourd’hui pour prouver leur valeur.» Poursuivit le Roi singe d’un ton exaspéré tout en montrant du doigt Solfège et Junior quelques mètres plus loin.

Le regard rougeoyant de Bowser se déporta quelques instants sur le duo en question qu’il n’avait même pas remarqué parmi ce désastre. Solfège tenait un Junior pleurant à chaudes larmes contre elle en passant sa main sur sa houppette dans l’espoir de le réconforter. Avant qu’il ne remplisse entièrement ses lunettes d’aviateur. Son visage était triste, concerné, toute la joie avait été drainée alors qu’elle cherchait un moyen de calmer la détresse émotionnelle de son fils dévasté d’avoir perdu. Leur quad à l’abandon après avoir explosé sur le bas-côté se moquant d’eux et de ce qu’ils avaient presque réussi à accomplir ensemble. Cette image d’eux assis dans la poussière entourée de fumée changea radicalement la vision de Bowser sur le problème et sur ses propres émotions contradictoires se bousculant en lui comme s’il était sur des montagnes russes. Ses yeux devinrent ronds à la soudaine tristesse qu’il ressentit … À cette pression douloureuse dans son plastron face à ce désespoir, à cet échec dont il avait été la principale cause.

Tout ça était de sa faute, il avait été aveuglé par sa colère et sa jalousie absurde à cause de son rival. Encore. Et le pire, ils avaient failli se faire blesser à cause de sa stupide quête de vengeance ! Son égoïsme avait eu raison de lui au lieu de leur faire confiance pour ramener la coupe à la maison ... Au lieu de les soutenir pour qu’ils réussissent, sa fierté aurait été d’autant plus grande. La boulette. Les épaules s’affaissantes à cette prise de conscience qui chassa son amertume, il baissa honteusement les yeux au sol à la recherche d’une solution pour réparer son erreur pendant que le vieux singe l’observait avec satisfaction. Puis comme tout à l’heure, il ne permit pas au grand Koopa odieux d’en placer une car il n’avait toujours pas fini de vider son sac maintenant qu’il en avait enfin l’occasion.

«C’est honteux ! Même mon fils fait moins de caprices que vous. Vous rendez-vous compte ?! Vous ne vous souciez que de votre propre petite personne et de ce que vous, vous ressentez. Le reste, vous vous en fichez. Votre égocentrisme surpasse de loin votre raison ! Enfin, si raison il y a. Il finira par vous porter préjudice, croyez-moi. Un jour viendra où tous vos mauvais actes entraîneront des conséquences. Ça vous pend au nez mon gros !» Fustigea-t-il. Secouant son index au visage peiné du Roi des Koopas, Cranky Kong remonta ses lunettes du bout des doigts pour ensuite fusiller du regard celui qui s’était permis d’intervenir dans cette compétition. Bowser serra les poings d’un souffle bruyant à la colère qui revint de plein fouet.

Il venait de se prendre les remontrances d’un vieux singe dément … À quoi bon de toute façon. Il ne réparait jamais rien, il cassait !

«Petit insolent … Je n’ai pas de morale à recevoir d’un vieux croulant ni de personne d’autre ! Est-ce clair ?! JE SUIS le Roi Bowser ! Vous m’avez cruellement manqué de respect ! Je pourrais tous vous détruire jusqu’aux derniers pour ce manque de considération ! Faire sonner mon moment de gloire par ce chaos qui vous effraie tant. Détruire votre ridicule petit royaume et vous remettre en cage pour un prochain sacrifice. Un dernier spectacle pour les singes farceurs que vous êtes ... Pendant un banquet où j’inviterai toutes les plus grandes crapules à festoyer en mon honneur.» Alors qu’il exprimait sa rage, il se mit à imaginer un scénario idéal d’un sourire rêveur, la main effleurant les airs.

«Oh oui, en voilà une idée. Je raserai chaque centimètre de ce village paradisiaque pour étendre mon territoire jusqu’aux frontières de l’océan. J’utiliserai votre trône pour me couper les ongles de pieds ! Je transformerai ce palais minable en garderie pour stocker mes bébés plantes piranhas qui deviendront vos pires cauchemars ! Et cette fois-ci, il n’y aura personne pour vous sauver la peau. Je m’en assurerais !» Gronda bassement Bowser qui termina sa phrase par un vil sourire, son regard s’assombrissant quand le singe ankylosé leva les sourcils d’incrédulité pour avoir choisi volontairement ou non le mot paradisiaque. Ce qui était plutôt bizarre pour de l’intimidation …

«Vous osez profaner des menaces dans mon propre royaume ?!» Se stupéfia-t-il.

«Ça y ressemble.» Bowser hocha doucement la tête sans perdre son expression menaçante, sauf que son sourire disparu à la réponse du vieux Roi à priori pas impressionné.

«Eh bien je vous conseille de ne pas essayer ! Certes, vous aviez réussi à nous devancer sur cette route arc-en-ciel l’autre fois, mais j’ai pris des mesures. Vous êtes beaucoup trop prévisible !» Déclara-t-il d’un ton las au moment où ses soldats entourèrent Bowser et les Koopalings fauteurs de troubles pour les empêcher de fuir. Il s’était douté que cette course allait se finir ainsi, et il se sentait horriblement déçu d’avoir eu raison. C’était vraiment dommage d’en arriver là … Après tous les efforts de Solfège et de Junior pour changer la perception des singes sur les Koopas. Il soupira de défaite tout en se frottant les yeux.

«Conformément aux règles de la compétition, je vous ordonne de quitter les lieux. Vous êtes bannis du Royaume de la Jungle et exclus des prochains évènements !» Annonça-t-il d’un claquement de doigts pour activer ses soldats. Ils descendirent leur puissante massue vers Bowser et les Koopalings se serrant les uns les autres de crainte afin de les forcer à coopérer sans devoir user de la force. Cranky Kong soupira encore puis jeta sa main en direction de la sortie ; «allez, du balai maintenant. Escortez-les jusqu’aux portes que je ne les vois plus.»

«Koopalings, Solfège, Junior, repli !» Dicta fermement Bowser piqué dans l’égo cependant incapable de rivaliser avec tous ces soldats lourdement armés. Il n’était pas venu ici pour déclencher une guerre, mais ça ne saurait tarder ! Les tensions étant presque palpables entre leurs deux peuples. Un jour, il reviendra avec une plus grande armée pour effacer ce petit sourire du visage de Cranky Kong !

Oui, un jour quand il aura une puissance militaire supérieure à la sienne il fera moins le malin avec lui.

Solfège continua d’épauler le petit Koopa reniflant pendant qu’elle regardait avec inquiétude l’escorte reconduire son époux furieux vers la sortie du Royaume de la Jungle. Elle n’avait pas manqué son regard douloureux, et encore moins ses mots derrière lesquels se cachaient un véritable mal-être. Était-elle donc la seule à le voir ? À voir ce qui se cachait dans cette carapace de dur ? Qu’il ne demandait qu’à avoir sa chance de prouver qu’il s’était amélioré tout en démontrant qu’il était tout à fait capable de participer à des jeux sans semer le trouble … Bowser avait toujours eu du mal à s’exprimer, à faire comprendre ses émotions, et bien souvent cette incapacité se transformait en frustration voir même en violence verbale ou physique. C’était tellement dommage qu’il n’arrivait pas à maitriser cette colère qui lui faisait bien plus de mal que de bien, avant de faire du mal aux autres.

Solfège restait persuadée qu’il ne le faisait pas exprès, qu’il ne savait juste pas comment s’y prendre avec cette réputation qui lui collait depuis sa naissance. Elle le connaissait mieux que quiconque désormais et il n’était pas celui qu’il prétendait être. Du moins pas toujours. Pourtant elle faisait de son mieux pour l’aider à détruire cette image mais si personne ne faisait jamais d’efforts, alors cette boucle sans fin ne serait jamais détruite et les mauvais jugements perdureront. Encore fallait-il commencer par la confiance ! Ce qui n’était pas son fort non plus. Tout était si compliqué, délicat. Peinée par la tournure des évènements, la jeune femme resserra ses bras autour de Junior tandis qu’elle suivait tristement du regard l’ombre du Roi Koopa abattu mais restant digne.

Plus tard le soir, après que tout le monde était rentré dans la sécurité du château flottant, Bowser resta enfermé dans sa pièce secrète plus si secrète que ça. À se morfondre sur ce qui s’était passé. À se demander pourquoi tout le monde le détestait alors qu’il aurait juste voulu s’amuser avec les autres. Quelque chose qu’il n’oserait jamais admettre au risque de mettre sa précieuse réputation de grosse brute en péril ! Toutefois il le souhaitait vraiment. Oui il aurait participé à cette compétition pour gagner la coupe coûte que coûte, mais il l’aurait fait avec plaisir et dans les règles de l’art comme le voulait si chèrement le Roi singe. Il avait même passé un savon à ses Koopalings pour avoir mis Solfège et Junior en danger ! Mais personne ne lui laissait jamais sa chance. Frustré, il balança la seule coupe qu’il avait sur le côté d’un grognement. Une coupe en bronze qu’il avait une fois gagnée lorsqu’il était petit quand Kamek lui avait fait faire un concours du plus moche bébé de tous les temps. Et il était tout de même arrivé troisième ! Une fierté.

Assis dans son fauteuil velouteux vert, le Koopa démoralisé plissa les yeux à la porte quand il entendit quatre petits coups sur le bois. Hésitant d’abord à chasser celui qui voulait le déranger en pleine déprime, il finit par inviter la personne à entrer dans sa pièce fétiche. La porte s’ouvrit d’un grincement puis deux petites frimousses passèrent leurs têtes à l’intérieur pour voir que Bowser faisait face à son armoire de trophées comportant pleins d’objets de tout genre. Allant des cadres photos à des trucs inutiles comme des mouchoirs ou des crayons qui avaient une véritable valeur sentimentale pour le propriétaire de cette collection personnelle. Certaines des photos étaient des images de Solfège et de Junior prises à des moments joyeux, puis d’autres étaient des représentations de lui bébé aux côtés de Kamek et des autres Magikoopas.

Toujours enfermé dans sa cage pour apporter de la lumière à la pièce, le petit Luma jaune dépourvu de parole tournoyait tranquillement à l’approche de l’humaine en robe rouge comme s’il était heureux de la revoir. La jeune femme lui fit rapidement signe de se taire d’un doigt sur ses lèvres, car son époux n’était pas censé savoir qu’elle était déjà venue ici par le passé ! D’ailleurs, il faudrait qu’elle trouve de bons arguments pour libérer ce pauvre Luma enfermé dans cette pièce sombre depuis des lustres … L’une de ses priorités depuis qu’elle était devenue Reine. Le saluant discrètement d’une vague de sa main, elle se dépêcha de rejoindre Bowser Junior qui gardait ses mains cachées derrière son dos d’un petit sourire réjoui quand son père lui haussa un sourcil intrigué. Tous les deux côtes à côtes devant un Bowser perplexe, ils comptèrent ensemble jusqu’à trois avant de dévoiler d’un petit "tada !" ce qu’il cachait.

Il s’agissait d’un origami de couleur jaune, ses plis formant une coupe en or. Depuis leur retour dans le château de Bowser, ils avaient travaillé d’arrache-pied pour lui faire quelque chose pour lui remonter le moral après cette défaite. Et Solfège avait eu l’idée de l’origami ! Une idée qui avait instantanément plu à Junior qui s’était rapidement mit au travail.

«Félicitations ! Tu as gagné la coupe du meilleur papa de tous les temps !» S’exclama Bowser Jr d’un sourire radieux lorsque son père récupéra la petite coupe faite en papier colorié par ses soins. Un peu nerveux que son cadeau ne lui plaise pas ou qu’il le trouve ridicule, il se tordit nerveusement les griffes en attendant une réaction.

«Je sais que ça ne vaut pas une vraie coupe en or … Et que tu voulais gagner cette course par tous les moyens, mais on voulait te fabriquer quelque chose pour te remonter le moral. Parce que pour nous, tu es le vrai vainqueur.» Admit doucement la petite tortue au museau tombant, inquiet par le silence de son paternel. Il détestait voir son papa aussi triste autant que Solfège, alors c’était tout naturellement qu’ils lui avaient fabriqué cette coupe malgré leur déception de ne pas avoir fini la compétition.

Car au final, le plus important était de participer.

Solfège sourit doucement à Junior en posant sa main sur sa carapace verte pour lui apporter son soutien. Elle était vraiment fière de lui et de son comportement plus qu’exemplaire ces deux derniers jours. Elle savait à quel point la reconnaissance de son père était importante pour lui, en dépit de son propre bonheur. Jetant un coup d’œil en direction de Bowser lorsque celui-ci ne dit toujours rien, elle suivit sa main griffue du regard quand il se pencha pour récupérer sa coupe en origami qu’il tint précieusement au centre de sa paume. Quelques secondes passèrent dans un silence tendu où il se contenta de regarder l’objet. Puis tout à coup, le grand Roi cruel et machiavélique attrapa les deux pour les emprisonner dans ses grands bras forts dans un câlin étouffant. Tout sourire, leurs éclats de rires remplissaient rapidement la pièce où se morfondait plus tôt Bowser désormais heureux et comblé. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais pour lui, c’était le plus beau cadeau du monde.

Une coupe décernée par son fils et sa femme, ça n’avait pas de valeur !

Après quelques rires supplémentaires et câlins affectueux échangés, Solfège et Junior laissèrent le Roi se changer les idées avec son tout nouveau trophée pour aller voir Koopa Cuistot afin de faire un plat digne de cette victoire. Bowser attendit qu’ils quittent la pièce pour se lever de son fauteuil puis délicatement placer sa coupe en papier sur l’étagère du haut, entre deux cadres photos. L’un de son fils, et l’autre de la jeune femme souriant sciemment le jour de leur mariage. Passant avec tendresse une griffe sur le bord du cadre à ce merveilleux souvenir du plus beau jour de sa vie, après l’arrivée de Junior bien sûr, un sourire évasif étira les coins de son museau jusqu’à ce qu’il n’entende un autre coup à sa porte qui le sortit de sa rêverie. Cette fois-ci plus franc. Décidemment !

«Quoi encore ?» S’agaça-t-il d’une voix ébranlée par la piqure familière des larmes. Il n’était pas du tout sentimental ! C’était la poussière sur les bibelots. Embarrassé par son état, il se racla la gorge pour se tourner vers celui qui venait encore le déranger en pleine réflexion solitaire. Quelle fût sa surprise de voir Terry à l’embrasure de la porte.

«Pssst !» Appela le Toad en noir tout en regardant de gauche à droite avant d’entrer sans permission en claquant la porte avec son pied. Une fois certain qu’ils étaient bien seuls, le petit champignon qui idolâtrait Bowser sortit quelque chose de sous son blouson noir. C’était la coupe banane.

«Regardez ce que je rapporte pour mon Maître adoré ! Ha ha, ces gros nazes ne se sont rendu compte de rien ! Au fait, bravo pour la diversion, c’était du grand art. Ils n’ont rien vus venir. Le plus difficile a été de tromper la vigilance du pot de colle qui me sert de frère …» Rouspéta Terry d’un soupir excédé au souvenir de cet éprouvant tour de passe-passe. Il n’y avait pas à dire, il était le meilleur au jeu de la tromperie ! Il s’épatait lui-même. Avant de tendre la coupe, il l’embua pour polir sa surface avec sa manche.

«Alors ? C’est qui le meilleur pickpocket de tous les temps ? Hein, qui ?» Se glorifia-t-il d’un sourire présomptueux quand son supérieur récupéra la grande coupe d’une expression émerveillée.

«Mwahahahaha ! Oui, elle est à moi ! Je l’ai enfin en ma possession …» Ravi, Bowser admira son reflet dans l’or de la coupe qui ne pesait pas si lourd que ça, bizarrement. Riant diaboliquement avec Terry, il se tut lorsqu’il la plaça dans son armoire en veillant à la poser derrière l’origami, pas devant. Car la coupe faite maison était quand même plus précieuse à ses yeux qu’une simple coupe en métal rare. Une remarque que Terry se garda de relever.

Puis les deux recommencèrent à glousser à ce vilain tour qui marqua la fin de cette journée chaotique, le sentiment d’avoir remporté la plus belle des victoires.

Fin


Et voilà, j’espère que ces péripéties dans le Royaume de la Jungle vous ont plus ! Il y aura peut-être un jour une autre OS sur Mario Kart, mais pas dans l’immédiat car j’ai d’autres projets qui mériteraient de voir le jour. En tout cas, j’adore ce jeu !

Ensuite l’OC Terry le Terrible appartient à ODemonKillO, je lui ai juste emprunté !

À bientôt, et encore bonne rentrée/reprise à tous.

VP

Chapter 9: Je te souhaite un Joyeux Noël

Chapter Text

Voici une petite histoire spécialement pour Noël ! Quelque chose d’attendrissant et de festif dans l’univers de Mario qui sort un peu du contexte habituel. Une interprétation de comment les personnages fêtent cette période de l’année symbolique, et plus précisément du côté de Bowser et compagnie 😊

Une continuation de ma fanfiction "Chante pour moi".

Préparez-vous, ça va être joyeux ! Bonne lecture !


Je te souhaite un Joyeux Noël

Quelque part au-dessus du Pays-Noir, là où très peu osaient s’aventurer, flottait une immense masse noire ténébreuse. Trônant paresseusement parmi les nuages et la foudre noire des volcans en éruption, le château de Bowser gravitait au-dessus de son Royaume de cendres. Immobile à une centaine de mètres du sol poussiéreux arpenté par des Skelerex perdus. Les sillons de lave creusaient la terre infertile tandis qu’un épais brouillard recouvrait les traces d’un ancien château délabré désormais habité par des Swoopers. Les arbres calcinés distordus créaient cette ambiance sinistre qui apparaissait dans les histoires racontées par les rares survivants ayant échappés au Pays-Noir, devenant ainsi l’endroit le plus inhospitalier de tous les huit mondes réunis.

Avec cette réputation des plus véridiques faisant la fierté de son Roi, l’on pouvait entendre des cris provenir des profondeurs du château lugubre en échos dans la vallée. Non pas des cris de peur, mais des cris de joie accompagnés par des rires d’enfants. Entre ces murs de pierre, l’ambiance différait totalement du monde d’en bas. Les soldats Koopas discutaient joyeusement entre eux en ne se souciant qu’à moitié de remplir leur fonction de garde. Qui viendrait les attaquer en cette période très spéciale de toute façon ? Les Koopas ailés s’occupaient de terminer de mettre en place les dernières décorations dans les zones inaccessibles depuis le sol, étendant de grands draps rouges soyeux au plafond pour égayer la pierre maussade. Dans les couloirs finement décorés, les Koopalings poursuivaient Bowser Junior dans le jeu du chat et de la souris, déterminés à remporter cette manche après en avoir perdu deux autres contre le jeune prince rusé.

Et parmi toute cette agitation, Solfège errait paisiblement d’un sourire contemplatif. Elle n’avait encore jamais vu le château autant en action pour célébrer une fête ! Et pas n’importe laquelle qui plus est. La fête de Noël était une tradition perpétuée depuis des générations, d’après les bouquins qu’elle avait pu lire sur la question. Une fête où une sorte de trêve était établie entre les Royaumes. Durant deux jours consécutifs, les armes étaient abandonnées pour les remplacer par des bonnets rouges et autres babioles colorées tandis que l’ambiance générale devenait nettement plus légère et enfantine. Solfège pouvait ressentir la joie et l’excitation dans l’air. Les bras croisés dans le dos, la jeune femme pensive déambulait dans les longs couloirs à admirer les magnifiques décorations dédiées à cette drôle de fête qu’ils nommaient tous affectueusement Noël.

Même Bowser.

Si le terrifiant Roi des Koopas se pliait aussi à cette trêve, alors cela signifiait que ce moment de l’année était particulièrement important pour eux. Et de voir la joie que procurait une telle fête d’apparence anodine, il était clair que tout le monde attendait impatiemment d’entrer dans cette période festive pour pouvoir se détendre. Tous ces sourires réchauffaient son cœur … Mais lui procuraient aussi un sentiment de tristesse. Car de toute son existence, Solfège n’avait jamais eu l’occasion de fêter un seul Noël dans le Royaume du Temps. Elle en avait juste vaguement entendu parler lorsque deux gardes qui gardaient sa "chambre" ont évoqué cette fête pas comme les autres et à quel point le Roi Tic-Tac la haïssait pour des raisons évidentes à présent. Faire une trêve ? Impossible. Pourtant, même les plus grands méchants le faisaient ! À croire que rien n’atteignait son cœur de pierre.

Solfège poussa un soupir découragé. Depuis toute petite elle avait toujours rêvé de pouvoir célébrer Noël aux côtés de celui qui se rapprochait le plus d’une figure paternelle à l’époque, à savoir Tic-Tac le maléfique. C’était quelque chose qui lui avait toujours tenu très à cœur malgré les années de solitude au sommet de l’horloge à imaginer à quoi ressemblait le monde extérieur, désireuse de découvrir autre chose que ce Royaume ennuyant aux couleurs ternies par le temps. Mais la désillusion fût rapide quand elle comprit qu’elle n’y aurait jamais droit. Mélancolique à ce souvenir, la femme aux cheveux de feu perdit un instant son sourire radieux pour baisser la tête au sol, le cœur étreint par la douleur. Malgré toute la volonté du monde, il y avait certains souvenirs qu’elle souhaiterait pouvoir oublier.

Pourtant jamais elle n’aurait imaginé avoir la chance un jour de pouvoir célébrer cette fête ici, au Pays-Noir ! Qui l’aurait cru que le terrible Bowser pouvait se ramollir au point de laisser ses différends de côté pour pouvoir célébrer dignement Noël ? Apparemment, le Roi appréciait grandement cette période de l’année car non seulement ses Koopas étaient heureux, mais c’était aussi très important pour son fils. Un autre jour de l’année où il pouvait le gâter ! Elle n’avait jamais vu Junior aussi réjoui, aussi survolté … La petite tortue au bandana denté courait partout dans le château sans jamais manquer de souffle, manquant de peu de renverser les gardes et autres créatures sur son passage. Une vraie tornade ! Il ne cessait de demander quand il allait enfin pouvoir ouvrir ses cadeaux tout en réclamant des biscuits au chef cuisinier toutes les dix minutes. Avec l’aide des Koopalings, les négociations étaient assez courtes.

Retrouvant son sourire pensif, Solfège effleura du bout des doigts le tissu vert du rideau de la fenêtre donnant sur les nuages noirs remplis d’électricité. Même les rideaux étaient dans le thème de Noël ! Leurs dorures délicatement courbées ainsi que leur texture épaisse unique étaient des plus incroyables … D’une douceur inégalable. Dehors, elle pouvait voir de petits flocons de neige tranquillement tomber pour se mélanger à la cendre sur le rebord de la grande fenêtre avant de disparaître. Bowser avait fait installer des canons à neige sur le toit pour permettre à Junior de s’amuser dans la neige. Une installation que Solfège et Bowser Jr avaient immédiatement approuvée et rentabilisée en des heures de batailles épiques, de bonhommes et anges de neige.

Des sapins avaient été éparpillés un peu partout dans le château avec quelques guirlandes accrochées à leurs branches touffues, des boules multicolores et des étoiles sur leur sommet. Une décoration qui contrastait beaucoup avec les torches, armures et grands lustres menaçants. Au moins, cela rendait les couloirs beaucoup plus chaleureux. Une délicieuse odeur de pain d’épice mélangée à celle des sapins naturels flottait dans l’air … Remplissant Solfège d’une vive émotion. Dans quelques heures à peine, ils allaient célébrer Noël tous ensemble ! Excitée, la Reine des Koopas leva ses jupons puis commença à courir en direction des cuisines, sa couronne argentée basculant presque de sa tête dans sa précipitation. Pas de temps à perdre. Elle allait donner un coup de main à Koopa Cuistot pour préparer le banquet de ce soir pour que tout soit parfait avant l’arrivée des invités de prestiges, selon les propres mots de Bowser.

Tartes aux légumes, courges gratinées au fromage, Cheep Cheep fris, rôti cuit à l’étouffé, dinde farcie aux champitruffes, méli-mélo de carottes glacées, des dizaines de plats de résistances étaient au programme. Tout le monde s’afférait dans la cuisine avec précision pour que personne ne se marche sur les pieds. Koopas ailés, Koopas à la carapace verte, Koopa Cuistot ainsi qu’une étrange créature s’activaient aux quatre coins de l’immense cuisine. Un invité de marque, lui avait-il confié. Une espèce de poule au regard confus qui venait d’un autre Royaume s’était exprès déplacé pour assurer la réception aux côtés de Koopa Cuistot, son ami de longue date. Munie d’un tablier blanc, Solfège donnait un coup de main pour étaler les pâtes sur le plan de travail pendant qu’un Koopa l’aidait à disperser les différents aliments.

L’organisation était drastique dans cette cuisine. Concentrés sur leur travail, ils ne remarquèrent même pas l’entrée précipitée de Junior et des Koopalings rapidement suivit par des éclats de rires tandis qu’ils tournaient autour du comptoir principal. Esquivant les jeunes tortues intenables, l’un des Koopas faillit renverser un plat chaud s’il n’avait pas eu les bons réflexes. D’un regard d’avertissement lancé en direction des petites canailles, ces derniers se moquèrent de lui puis tentèrent de grimper sur le comptoir à la recherche des succulents petits gâteaux de Noël tout juste sortis du four. Cette odeur les faisait saliver ! Il y en avait de toutes formes et de plusieurs nappages. Avec l’aide de Morton et de Roy, les deux plus costauds, le reste de la bande se hissa sur le comptoir pour fourrer un maximum de gâteaux encore chauds dans leur bouche.

«Du balais ! Allez ouste, on a du travail !» S’exclama un Koopa Cuistot mécontent de leur intrusion, les mains à ses hanches et les ailes battantes furieusement.

«Je veux un bonhomme de neige !» S’écria tout à coup Junior quand cette idée lui traversa l’esprit, ignorant délibérément le Koopa fâché et son regard noir.

«Allons sur le toit !» Hurla théâtralement Ludwig.

Chargeant leurs bras de gâteaux en un temps record, ils se ruèrent vers la sortie en laissant derrière eux une traînée de miettes. Cette attitude amusait beaucoup Solfège à contrario de Koopa Cuistot qui semblait éreinté tout à coup. Après tout, c’était déjà la quatrième fournée qu’il recommençait … Et si ça continuait comme ça, il n’aura même plus de gâteaux de Noël pour le banquet ! D’un soupir découragé, le Koopa volant s’empressa de reprendre ses ingrédients tout en ruminant d’agacement sur les petites tortues incorrigibles qui manquaient cruellement d’éducation. Heureusement, l’ambiance dans la cuisine redevint rapidement joyeuse alors qu’ils passaient désormais à l’élaboration des desserts. La partie préférée de Koopa Cuistot semblerait-il parce qu’il avait vite retrouvé le sourire, une réaction qui fit rire Solfège couverte de farine de la tête aux pieds.

Lorsque la nuit tomba puis que tout le monde se changea pour les festivités, l’ensemble du château se regroupa dans la salle de réception. Se trouvant au centre même du château volant, cette pièce était si grande avec un plafond si haut qu’un énorme sapin avait été placé en haut des trois marches du fond de la salle. Son étoile jaune brillait de mille feux tandis que ses guirlandes colorées rouges et argents égayaient ses branches touffues. Les boules multicolores reflétaient les lumières des somptueux lustres dorés et des chandeliers méticuleusement posés sur la table centrale. Elle était si longue qu’elle pouvait accueillir beaucoup de monde autour d’elle. Un tapis rouge épais se frayait un chemin jusqu’aux marches menant à l’impressionnant sapin de Noël ainsi qu’à des piles de cadeaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs.

Il y en avait vraiment une tonne.

Attablés pour débuter le repas du réveillon, tous les plus grands méchants avaient été invité pour l’occasion la plus spéciale de l’année. Des créatures que la plupart redoutaient à cause de leur tempérament et de leurs actes. Le Roi Boo le Roi Bob-omb, les frères Marto, Terry, Flora Piranha, un Whomp, des Maskass, des Goombas, frère Sumo, deux Skelerex, des Koopas de chaque sorte et bien sûr les Koopalings aussi exaspérants soient-ils. Bowser en bout de table avec son fils Junior à sa droite puis Solfège à sa gauche avec Kamek assis de l’autre côté. En face de lui, il y avait Terry. Le Magikoopa avait d’ailleurs rechigné sur le fait qu’il n’avait pas eu le droit d’avoir la place d’honneur à côté de son Roi. Mais après avoir été soumis au regard noir de son Maître vénéré dès le premier argument, il avait vite changé d’avis pour plutôt se contenter de la place à côté de la Reine. Il n’avait pas envie de s’attirer les foudres le jour de Noël !

Les chuchotements s’élevèrent dans la salle lorsque Koopa Cuistot et son équipe de cuisiniers entrèrent par la grande porte avec des chariots chargés en nourritures diverses et variées. Les plats circulaient rapidement entre les chaises, dans une disposition précise pour que tout soit parfait. Impeccable. Costards cravates, les Koopas ailés traversaient rapidement la pièce pour servir les verres des invités munis d’une serviette blanche immaculée à leur bras. Faisant des allers et retours entre les chariots blindés et la table, bientôt tous les plats fumants étaient sous les yeux des invités impatients de commencer le repas. Roi Boo se léchait les babines d’un rire typique pendant que le whomp en bout de table louchait sur le grand Cheep-Cheep rôti et caramélisé au miel du Royaume des abeilles. Son regard abruti faisait rire les Koopalings qui se donnaient des coups de coude sous la table.

«Hum hum …» Bowser prit la parole en toussotant dans son poing pour attirer l’attention de toute la table sur lui. Il s’était vêtu d’un de ses plus beaux costumes pour l’occasion. Anneaux argentés, chapeau haut de forme noir et veston blanc satiné, ses cheveux rouges avaient été coiffés en arrière à l’aide de Solfège qui avait presque passé une heure à les dompter. Donc une fois certain qu’il était le centre de l’attention, il se redressa sur son fauteuil d’un verre en cristal en main, l’autre jouant avec sa cravate verte à motif autour de son cou.

«Mes très chers amis, Koopas et autres trucs, je vous souhaite à tous la bienvenue à mon banquet royal. Aujourd’hui est un jour de fête. Nous célébrons tout ce que nous avons réussi à accomplir durant l’année ! Alors mangez jusqu’à plus faim. Buvez jusqu’à plus soif ! Chantez et dansez s’il le faut. En tant qu’invités d’honneur, je vous ordonne de vous amuser !» Somma-t-il dans sa grosse voix tout en mettant un pied sur la table d’un large sourire, faisant tinter l’argenterie à son mouvement brusque. Le verre levé en direction des invités, il entraîna tout le monde à suivre son mouvement.

«Ouais !»

«À la santé du Roi et de la Reine Koopa !»

«Vivement les cadeaux !»

«Joyeux Noël !»

«Yay, on va tous vomir ce soir !»

À cette phrase sortie de nulle part, tous les yeux se rivèrent sur Terry qui perdit instantanément son sourire.

«Ben quoi ?» Il haussa les épaules, perplexe par tous ces regards ahuris. Ils étaient là pour s’amuser non ?

«Moi aussi je peux en avoir un peu ?» Demanda soudainement Bowser Jr en faisant son regard de chien battu qui avait un incroyable pouvoir de persuasion. Du moins, ça fonctionnait presque à chaque fois ! Secouant son verre vide de gauche à droite au museau de son père à nouveau assis, il remua ses sourcils rouges d’un sourire adorable dans l’espoir de le faire céder. La grande tortue le regarda simplement du coin de l’œil avant de renifler de dédain.

«Pas question !» Finit-il par dire après avoir fait languir son fils durant de longues secondes. Il ricana sous son souffle lorsqu’il se laissa mollement retomber dans sa chaise, le menton levé au plafond et la bouche grande ouverte de désespoir.

«Mais euh ! C’est pas juste … Je veux faire comme les grands ! Moi aussi je veux trinquer, je suis un grand garçon maintenant. Allez papa, juste une goutte ! S’il te plaît.» Plaida ce dernier après avoir joint les mains entre elles dans une supplication.

À sa formule de politesse inattendue, les yeux de Bowser s’écarquillèrent légèrement. Depuis quand son fils était poli ?! Jetant un petit coup d’œil suspicieux en direction de Solfège et de Kamek, il vit que les deux cachaient leur visage derrière leur propre verre de jus de durian fermenté. Son regard inquisiteur s’attarda un instant sur sa douce et tendre épouse en robe de Noël rouge et blanche qui faisait de son mieux pour masquer son sourire coupable. Evidemment, qui d’autre aurait pu être derrière cette amélioration ? Il n’y avait qu’une seule personne ici capable d’apprendre à son fils les bonnes manières. Avant, ce genre de chose l’agaçait mais maintenant il trouvait ça plutôt agréable ... Bowser attrapa donc la bouteille de durian pétillant puis sous les yeux émerveillés de son fils, il en versa très exactement une petite goutte comme il le lui avait demandé.

Sur le point de s’emparer de la coupe, le sourire rayonnant de Junior disparu aussitôt lorsque son père en profita pour remplir son verre à ras bord de jus d’orange à la cannelle.

«Bwahahaha !» S’esclaffa le Roi Koopa des deux mains sur son ventre. La tête que tirait son fils était mémorable ! Il était vraiment diabolique. Pensait-il réellement qu’il recevrait le même traitement de faveur que les adultes ? Même pas en rêve.

Tout le monde riait à gorge déployée pendant qu’ils se servaient dans les nombreux plats appétissants. Solfège récupéra un bout de tarte aux légumes, sa favorite, un morceau de dinde glouglou, de la purée de carotte et quelques haricots. À sa gauche, Kamek venait tout juste de mettre sa serviette autour de son cou pour ensuite se frotter les mains à son assiette bien garnie. Cette odeur … Elle était exquise ! Ricanant d’excitation après avoir attrapé sa fourchette pour la piquer dans son morceau de viande juteux, il se lécha le bec mais s’arrêta à mi-chemin lorsqu’un truc vert atterrit dans son assiette. Plouch. Le brocoli éparpilla de la sauce sur sa serviette jusque-là propre et sur ses lunettes épaisses, lui faisant perdre son sourire pour le troquer contre un froncement de sourcils au cochon assis face à lui.

Junior engloutissait de grosses quantités de nourriture en une fois tout en se resservant sans même finir ce qu’il avait dans l’assiette ni même dans la bouche. Il piochait dans tout et n’importe quoi, amassant une grande pile de nourritures. Et dès qu’il tombait sur un truc vert inidentifiable, il tirait la langue puis le balançait au hasard sur la table. Cela ne semblait en aucun cas déranger Terry car ce dernier se contentait de manger sans jeter le moindre regard à son voisin goinfre. Même si au bout d’un moment, il utilisa le dos de sa fourchette pour repousser un machin mâchouillé d’une grimace quand la plante à côté de lui l’engloutit sans savoir de quoi il s’agissait à l’origine. C’était répugnant. Il finit par noyer son désarroi dans son verre de jus pétillant en fixant son assiette avec lassitude, faisant rire les frères Marto.

Plus loin à la table, les Koopalings avaient un comportement similaire à Bowser Jr sauf pour la petite Wendy qui mangeait proprement en utilisant des couverts. La seule fille du groupe à avoir un comportement exemplaire … Sans surprise. Son nœud rose à pois avait été remplacé par un nœud blanc avec des ronds rouges et verts brillants, adapté à la couleur de ses ongles. Jetant des regards de désapprobation à Roy et Ludwig qui faisaient un concours de joues d’hamster avec frère Sumo, elle renifla de dégoût quand Lemmy montra aux autres sa bouche remplie de purée. Ce comportement amusait beaucoup le Roi Boo qui réalisait des pirouettes sur sa chaise, les aliments tournoyants dans son corps quasiment transparent.

À force de manger comme un glouton, Junior finit par attirer l’attention de son père prit dans une discussion avec le Roi Bob-omb et son ancienne altercation avec Peach. Il avait mis un temps fou à recoller les morceaux après son explosion ! Il avait une dent contre la princesse depuis lors. Tout en poursuivant la discussion, Bowser se pencha vers son fils pour lui couper sa viande en petits morceaux qu’il tentait d’arracher avec sa seule petite dent apparente. Soigneusement, un par un, il coupa des bouts sous le regard attendrit de son épouse et celui soulagé de Kamek. Des petites attentions qui, même après tout ce temps, faisait toujours chaud au cœur à la nouvelle Reine du Pays-Noir spectatrice de ces instants père fils. Mais son attention se déporta rapidement sur Flora Piranha et des Maskass qui essayaient de protéger leur assiette de l’immense planta affamée.

Pour un repas animé, c’était un repas animé !

Plus d’une heure plus tard, une fois que tout le monde était repu, Koopa Cuistot réapparut avec son acolyte Toque-toque. Ils s’empressèrent de débarrasser la table et tous les détritus s’y trouvant. C’était un véritable carnage, il n’y avait plus un centimètre de nappe propre. Poussant un petit soupir dépité, la tortue à la toque claqua des doigts pour que son équipe se charge de ramener les chariots débordant d’assiettes sales en cuisine pour commencer le long et périlleux nettoyage. Pas de répit pour eux ! L’honneur de la famille Koopa était en jeu. Grimaçant au filet de bave qui accrocha ses doigts lorsqu’il récupéra ce qui restait de l’assiette de Flora Piranha, Koopa Cuistot s’inclina brièvement avant de refermer les portes massives dans son sillage.

Pour les rouvrir à nouveau cinq minutes plus tard avec les desserts.

«OUI ! Les desserts ! Ils sont à moi, À MOI !» Rugit Bowser Junior tout en se tenant le ventre rond, la langue pendante au coin du museau. Il avait englouti des kilos de nourritures mais il trouvera bien une petite place pour un gâteau entier ! Il n’était plus à ça près.

Sous les regards stupéfiés des invités, les Koopas se précipitèrent pour déposer les desserts sur une autre table dressée d’une nappe dorée, en bas des marches conduisant au sapin. Il en défilait une dizaine, tous plus appétissants les uns que les autres. La plus grande pièce montée avait carrément un petit feu d’artifice sur son sommet. Bob-Omb félicita Bowser pour son service remarquable tout en se frottant le ventre à l’idée d’engloutir deux ou trois de ces profiteroles à la vanille cœur fondant noisette qui lui faisait de l’œil. Des pièces montées à la crème ornées de fruits découpés, des petits gâteaux de Noël, de la glace au chocolat et des cupcakes alléchants … Une farandole de desserts qui ne laissa personne indifférent.

Désormais, de la musique classique jouait en sourdine grâce au gramophone posé sur un petit meuble en bois dans le coin de la pièce. Une autre petite attention de Koopa Cuistot qui appréciait tout particulièrement ce style de musique, en espérant qu’elle fasse aussi effet sur les invités. Surtout sur les nerfs de son Roi facilement atteint pour un oui ou pour un non, même avec quelques verres dans le nez.

«Passons à l’ouverture des cadeaux !» Déclara fortement ce dernier lorsque les desserts disparurent intégralement. Attrapant les bords de sa veste satinée, il esquissa un sourire suffisant quand les enfants s’écrièrent de joie à son annonce tant attendue.

Les papiers d’emballages colorés volèrent dans tous les sens dans de grosses déchirures alors que les Koopalings et Junior plongèrent dans les piles de paquets. À la recherche de la perle rare. Assis dans son gros fauteuil de velours à côté de la fenêtre, face au grand sapin, Bowser admirait la scène aux côtés de son épouse assise à même le sol. Légèrement penchée en avant d’un sourire heureux lorsque Bowser Jr brandit un cadeau, la jeune femme rit de bon cœur à son expression ravie quand il découvrit son contenu. Il s’agissait d’un avion télécommandé, quelque chose qu’il avait toujours rêvé d’avoir. Au-dessus d’elle flottait tranquillement le Roi Boo qui venait de déchirer son propre paquet bleu pour y sortir un nouveau tableau horrifique. Un autre qui s’ajoutera à sa collection !

Le Whomp s’assit lourdement puis ria grossièrement après avoir carrément avalé son cadeau tout rond. Il n’avait pas vraiment compris le concept de cadeau mais en tout cas, c’était un bon dessert ! De l’autre côté du sapin s’était installé le Roi Bob-omb dans un autre fauteuil avec à ses pieds, des Koopas et des Maskass qui avaient tous reçu un cadeau sans exception. Le Roi bombe avait reçu un livre sur comment contrôler ses émotions en société, un ouvrage joignant l’utilité à la sécurité. Bowser quant à lui reçut un nouveau chapeau, une petite statuette en bronze de la part de Terry, les mêmes lunettes de soleil que son fils, des chaussons et plein d’autres petites babioles. De Solfège il reçu une montre à gousset en or gravée de ses initiales. Sans doute le cadeau le plus cher à ses yeux avec sa signification particulière, mais jamais il ne le dirait à haute voix devant les invités.

Même si son sourire le trahissait.

Ressurgissant des montagnes de papiers, Bowser Jr se dépêcha d’aller sur les genoux de Solfège au moment où il mit la main sur le cadeau de sa mama. Il ne quitta pas la boîte des yeux tandis qu’il s’installait sur la jolie robe rouge aux ourlets blancs dans les bras de l’humaine. C’était une boîte assez grande et assez lourde avec un gros nœud rouge et un papier cadeau vert aux motifs de sapin. Intriguée, la petite tortue pencha la tête sur le côté avant de commencer à déballer son précieux sous le regard bienveillant de Solfège. Son expression devint surprise dès l’instant où le haut de la boite se retira toute seule comme si quelque chose de vivant était à l’intérieur. Comment était-ce possible ? Les sourcils se levant de stupéfaction, les petits yeux noirs de Bowser Junior s’écarquillèrent à la petite créature assise innocemment au fond de la boite.

«Ohhhhh ! Un bébé Bob-omb ! Génial !» S’écria-t-il, le couvercle tombant.

À défaut de lui offrir un nouveau bébé Chomb qui une fois adulte pourrait le croquer comme cette plante piranha géante, Solfège et Bowser avaient eu l’idée de lui offrir quelque chose de plus petit et de surtout plus docile. Avec la complicité du Roi Bob-omb, ce dernier se mit à rire aux éclats au visage enchanté de Junior. Il savait que ce cadeau allait plaire au fils du Roi Koopa ! À ses pieds, les Koopalings ensevelis de cadeaux se mirent à râler comme quoi ils voulaient la même chose que le jeune prince. Ce à quoi Junior leur répondit d’une langue tendue dans leur direction. C’était son cadeau ! Et il allait très bien s’occuper de son nouvel animal de compagnie. Son père ne se priva pas de lui faire la morale devant tout le monde comme quoi il avait plutôt intérêt de régulièrement changer sa litière et de ne pas le laisser à l’abandon comme ses centaines d’autres jouets.

«Oui oui, je sais papa … Pas besoin de me le rappeler.» Rechigna Junior alors qu’il s’amusait déjà avec son nouveau compagnon plus petit et beaucoup trop mignon avec ses yeux blancs. Il toucha sa mèche du bout d’une griffe, ce qui entraina la petite bombe à se tortiller.

Le Roi Boo réapparut derrière le Roi Bob-omb pour discrètement lui accrocher un bonnet de père noël au bout de sa couronne massive. La grande bombe ne remarqua rien puis passa ses doigts dans sa moustache bien garnie, le sourire espiègle du fantôme étant la dernière chose à disparaître dans les airs. Kamek essayait déjà sa nouvelle tasse avec écrit dessus "le meilleur magicien du monde". Affalé dans son siège, ses pieds pendaient alors qu’il dégustait sa boisson chaude d’un sourire à pleine dents. Plus loin, Terry s’admirait dans un miroir après avoir reçu une toute nouvelle chaine en or. Solfège lui avait même offert une bague avec le logo de Bowser imprimé à l’intérieur, un autre super ajout à son look de méchant. Il avait trop la classe !

Cependant la jeune femme remarqua qu’il restait toujours des paquets à ouvrir et que personne ne semblait décider à le faire. Cachés sous les branches du sapin, les derniers cadeaux attendaient patiemment d’avoir leur contenu déballé au grand jour. Les Koopalings jouaient déjà avec leurs nouveaux objets, le Whomp mangeait le papier avec les Goombas, le Roi Boo était invisible, Bob-omb géant somnolait, les Maskass se disputaient les chocolats …

«Junior, si tu allais ouvrir tes derniers cadeaux ? Regarde, il en reste.» Motiva Solfège d’une petite caresse sur sa houppette pour qu’il quitte un instant des yeux son nouvel ami. En retour, il lui lança un regard confus.

«Mais ce ne sont pas mes cadeaux ? Ils sont à toi ceux-là mama !» Répondit-il sur le ton de l’évidence d’un petit rire moqueur lorsque le visage de l’humaine se lissa.

«Mes cadeaux ?» Répéta-t-elle d’un air hébété. Autour d’elle, tout le monde la regardait avec un petit sourire. Bowser Jr se contenta simplement d’hocher la tête avant de se lever pour aller chercher les fameux paquets qu’il déposa sur les genoux de Solfège toujours sous le choc. Elle ne pensait pas recevoir de cadeaux elle aussi !

Décidemment, cette fête était pleine de surprises.

Déballant soigneusement les emballages un à un sous les regards curieux des spectateurs, la jeune femme aux cheveux ondulés était émue par tous ces présents. Certaines de ses mèches tombaient sur son visage mais elle était tellement absorbée par ses cadeaux qu’elle ne prit pas la peine de les retirer ni de replacer son diadème. Elle reçu une palette de maquillage de Wendy, une pierre du Whomp, un marteau des frères Marto, un portrait horrifique d’elle de Boo, ses chocolats préférés de Kamek, des patins à glace de Bob-omb, un masque de Maskass et des chaussettes fourrées des Koopas. Mais il y avait aussi quatre cadeaux qui venaient du Royaume Champignon. Jetant un regard perplexe en direction de Bowser, ce dernier leva innocemment les yeux au plafond d’un petit raclement de gorge, les bras croisés.

«On les a reçus ce matin. C’est l’un de nos soldats qui s’est proposé pour les récupérer.» Annonça Kamek qui sirotait tranquillement son chocolat chaud en veillant bien à ce que tout le monde voit ce qu’il y avait écrit sur sa tasse. À la fin de son explication, un Koopa sauta en l’air en criant que c’était lui.

Solfège n’en revenait pas … À quel point elle était gâtée et aimée ! De Peach, elle reçut un parfum à la rose. De Mario un kit pour faire des pizzas, Luigi deux T-shirts tout droit en provenance de Brooklyn. Puis le dernier venait du frère de Terry, Toad l’aventurier. C’était un mini barbecue de poche pour pouvoir faire la cuisine en plein air partout où elle en avait envie avec un petit mot disant qu’il serait toujours prêt à partir à l’aventure avec elle.

«Quel fayot.» Grommela Terry en arrière-plan.

Emue jusqu’aux larmes, la jeune femme couvrit sa bouche avec sa main, profondément touchée par tous ces merveilleux cadeaux. C’était la première fois. Tous ici présent lui avait offert quelque chose pour lui faire plaisir et elle leur sera à jamais reconnaissante. Elle les remercia chaleureusement un par un, leur volant des sourires gênés et quelques rougissements. Elle était la Reine des Koopas après tout ! Mais également quelqu’un avec un grand cœur qui en avait aidé plus d’un. Pour eux, c’était normal de la remercier. Derrière elle, Bowser se racla à nouveau la gorge lorsqu’il sortit de l’intérieur de sa carapace une petite boite rouge de velours pour la tendre dans sa direction. Curieusement, en présence des autres grands méchants, la grande tortue à épines paraissait beaucoup plus timide quand il s’agissait d’être démonstrative.

Après un court suspense, elle ouvrit la boite pour y dévoiler une perle. Ronde, parfaite. Ni trop petite ni trop grande. Sa teinte nacrée singulière scintillait à la lumière des bougies, bloquant le souffle de Solfège à sa beauté. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi magnifique … Une perle véritable, c’était d’une rareté exceptionnelle. Un cadeau inestimable qu’elle toucha délicatement du bout des doigts pour voir qu’il y avait comme des vagues à l’intérieur de la perle. C’était un effet hypnotisant, quelque chose de reposant et de fascinant à la fois. À côté d’elle, Bowser esquissa un sourire en voyant son expression émerveillée devant son cadeau qu’il avait mis plusieurs mois à dénicher. Il tenait vraiment à lui offrir une perle précieuse car elle était aussi précieuse qu’elle à ses yeux, c’était son joyau.

«Mon tour, mon tour !» Junior sautilla à ses pieds avec un petit paquet entre les mains. Son sourire excité était contagieux alors qu’il déposait précipitamment la boite carrée sur les genoux de Solfège. L’attente était insoutenable pendant qu’elle déchirait le papier cadeau pour ouvrir la boite et enfin sortir l’objet à l’intérieur.

«C’est une boule à neige ! Et dedans, c’est le château de papa ! Comme ça quoi qu’il arrive, tu sauras toujours où est ta vraie maison.» Dévoila le jeune Koopa incapable de tenir sa langue plus longtemps. Croisant les bras dans son dos, il attendit de voir la réaction de sa mama absorbée par la jolie boule à neige. Un cadeau artisanal qu’il avait confectionné avec l’aide de Kamek. 

Les deux avaient passé deux semaines à le faire. Et des chamailleries, il y en avait eu.

Solfège admira l’intérieur de la boule où flottaient de petits flocons de neige autour d’un château menaçant familier. De petits Koopas en figurines avaient été placés au niveau des tours pour représenter les trois sortes de gardes. La boule tenait facilement dans ses mains, elle n’était pas très grande mais suffisamment pour lui permettre de voir tous les petits détails. Deux Goombas et deux Skelerex étaient dans la neige tandis qu’un Chomb rentrait et sortait d’une espèce de niche gardant l’entrée. La réplique de la tête de Bowser à l’avant du château était très réaliste, lui rappelant le vrai Bowser assis dans son fauteuil à côté d’elle. N’étant pas au courant de l’existence de ce cadeau, il devait admettre que c’était très réussi pour du fait main. Kamek et son fils avaient réussi à faire quelque chose ensemble sans s’entretuer, c’était un exploit !

«Je te souhaite un Joyeux Noël.» Dit tendrement une Solfège remplie d’émotion en attrapant le jeune prince pour le serrer contre elle. La boule à neige dans une main et l’autre sur la carapace verte tremblotante à la joie qui consumait Junior.

Plus tard, quand la fête repris de plus belle et que la plupart profitait de leur cadeau, Solfège prépara une assiette de gâteaux de Noël pour ensuite discrètement la confier à un garde.

Alors que Bowser décida de jouer du piano pour accompagner la musique du gramophone, Solfège poussa la chansonnette à ses côtés. Les éclats de rire et les chansons faisaient écho jusque dans les tréfonds du château. Pratiquement toutes les pièces et couloirs étaient désertés sauf par les quelques gardes qui réalisaient des rondes à tour de rôle. Mais qui viendrait les attaquer en ce jour de fête ? Personne. Deux Koopas à la carapace rouge discutaient tandis qu’ils descendaient les longs escaliers en colimaçon menant aux cachots, une assiette de petits gâteaux en mains. Hilares après un souvenir, ils arrivèrent à la fin des marches puis se dirigèrent vers le rebord de la prison où des geysers de lave dansaient plus bas. La majorité des cages en suspension étaient vides, mais l’une d’elles contenait un dangereux spécimen.

«C’est quoi tous ces rires ?! Qu’est-ce qui se passe encore là-haut ? Oh, mais ne serait-ce pas la merveilleuse voix de ma petite étoile que j’entends ? Je la reconnaîtrais entre mille. Et ça, c’est des gâteaux ?!»

S’arrêtant aussitôt de rire à cette voix criarde agaçante, les deux gardes Koopas se tournèrent vers l’auteur de toutes ces questions. Assis au fond de sa cage trop petite avec ses longues jambes ballantes dans le vide, le pantin vêtu d’une veste bleue élégante souriait exagérément à l’assiette bien garnie dans la main du garde de droite. Le haut de forme penché sur sa tête de montre où un horrible sourire fourbe s’y dessinait n’avait plus la splendeur de ses heures de gloire. Ses gants blancs plus aussi blancs qu’avant serraient les barreaux rouillés dans un étau, ses petits yeux se rétrécissant comme si un plan machiavélique se formait dans son esprit. Enfermé dans ces cachots où il y faisait une chaleur atroce, le Roi Tic-Tac souriait largement aux deux tortues munies d’un casque et d’une lance, l’odeur des délicieux gâteaux atteignant sa cellule suspendue.

Puis comme si une réalisation le frappait, ses yeux s’écarquillèrent.

«Est-ce que c’est un cadeau de ma petite étoile adorée ? Oh oui, j’en suis sûr et certain. Contrairement à son balourd de mari, elle, elle ne m’oublie pas ! Whoohoo !» Se vanta l’ancien Roi du Royaume du temps d’un petit rire ridicule, se balançant paresseusement dans le vide. Il s’ennuyait à mourir dans cette prison vide … Sans pouvoir faire la conversation à qui que ce soit. Toutefois au manque de réaction des deux gardes immobiles au bord du précipice, il perdit patience.

«Donnez-moi ça ! Ils sont à moi ! Obéissez bande de petits sous fifres, ou croyez-moi qu’un jour vous le regretterez ! Vous savez qui je suis ? Ou plutôt, qui j’étais avant d’être enfermé dans ce lieu sinistre ? Je m’ennuie ici ! Je ne mérite pas d’être traité comme ça, comme un vulgaire pantin ! Comment osez-vous me manquer de respect à moi … Le puissant Roi Tic-Tac.» Maugréât ce dernier d’un rictus amer, ses sourcils se fronçant à la colère qui pulsait dans son corps fait de bois. Ses jointures craquaient à la pression qu’il exerçait sur les barreaux puis en une fraction de seconde, son expression terrifiante redevint malicieuse lorsqu’une idée lui vint.

«Et si je vous proposais un petit contrat qui ferait de vous de puissants guerriers ? En échange de ma liberté, je vous rendrai riches et forts ! Vous deviendrez mes gardes personnels … Ouh la la, j’en tremble déjà d’excitation !» Mimant ses paroles par des gestes, Tic-Tac se frotta les bras mais la réaction des deux gardes blasés n’était pas celle attendue.

«Tu as entendu quelque chose toi ?» Demanda celui de gauche avec ennui à cette énième tentative de les corrompre.

«Non, rien d’autre que des jérémiades.» Répondit l’autre tout en se débouchant une oreille avec une griffe.

«Alors on remonte ?» Haussant les épaules d’indifférence, son coéquipier commença à se retourner vers les escaliers en emportant avec lui la précieuse assiette.

«On remonte. J’ai envie de m’amuser moi. Mais avant, je vais goûter les gâteaux car ça serait dommage de les gaspiller ! Celui-là a l’air vraiment délicieux.» Le Koopa se lécha le bec alors qu’il piochait dans l’assiette pour mettre en bouche le gâteau qu’il convoitait, faisant en sorte que le prisonnier puisse voir toute la scène depuis sa cage.

Une véritable torture.

«Hey ! Revenez ici bande de radins ! Vous n’allez quand même pas me laisser ici tout seul le soir du réveillon ? Ces gâteaux sont à moi ! À moi j’ai dit ! REVENEZ !» Rugit Tic-Tac à la grille qui le séparait de la liberté. Il fixa méchamment les deux gardes qui remontaient les escaliers sans état d’âme et qui emportaient avec eux son seul réconfort. Ils osaient carrément ignorer ses cris de protestation les petites vermines !

«JE DETESTE NOËL !» Était la toute dernière phrase qui fit écho dans les escaliers, élargissant les sourires des deux gardes justiciers qui profitaient des gâteaux.

Fin


Eh oui, certains ne changeront jamais. La magie de Noël n’opère pas sur tout le monde malheureusement, et les conséquences des actes finissent toujours par retomber. Quoi qu’il arrive !

Restez toujours proche de ceux que vous aimez, amusez-vous, restez en bonne santé et passez surtout de bonnes fêtes de fin d’année ! Joyeux Noël à tous ! 

PS : L’OC Terry appartient à DemonKill

VP

Chapter 10: Une bataille mémorable

Chapter Text

Bonjour à tous !

Voici une autre petite histoire dans la continuité de "Chante pour moi" et des autres histoires ici présentes.

Toujours dans le thème de l’hiver. Un peu de légèreté avant que nous passions à un autre sujet plus sérieux avec son lot d’interrogations. Un registre que je souhaitais explorer depuis la création de cet univers alternatif et qui, selon moi, sera très intéressant à mettre en lumière. Tout en soulevant une grande question sur l’univers même de Mario et plus précisément sur ses personnages. J’ai hâte de connaître vos avis !

En attendant, je vous présente cette nouvelle histoire qui j’espère vous plaira !


Une bataille mémorable

Royaume des Neiges, 7h38

Une tempête glaciale faisait rage.

La fureur du vent du Nord balayait tout sur son passage, créant des nuages compactes de flocons de neige jusqu’à obstruer toute visibilité. Une véritable purée de pois s’abattait sur le Royaume prit par les forces de la nature parfois impitoyables dans ce monde isolé où seuls certaines créatures y trouvaient refuge. Les plus coriaces, les plus rigoureux, les plus acclimatés pouvaient vivre dans de telles conditions extrêmes. Là où personne ne mettait jamais les pieds, à quelques exceptions près. Car il n’y avait que les plus téméraires qui osaient défier le froid et la glace se côtoyant quotidiennement dans des températures en dessous de zéro degré en permanence, faisant de ce monde le monde le moins accueillant après le Pays-Noir.

Des courageux, ou alors de grands imbéciles … Tout dépendait du point de vue.

Pourtant, dans ce climat hostile aux bourrasques frigorifiant, de petites créatures bleues et blanches s’activaient sans craindre la morsure du froid. Acharnés, les nombreux penguins bâtisseurs montaient de grands blocs de glace rien qu’à la force de leurs nageoires pour réparer leur Royaume adoré. Tirés par des cordes, ces blocs lourds faisaient jusqu’à trois fois leur taille mais rien ne semblait les effrayer. Car les dégâts causés par l’abominable Bowser étaient nombreux ! Voilà des mois qu’ils travaillaient d’arrache palmes pour retrouver la magnificence de leur château de glace durement touché par la folie d’un être diabolique. Un travail d’orfèvre que chacun d’entre eux étaient déterminés à finir afin d’exposer à nouveau fièrement leur suprématie aux yeux de tous ! Que leur Roi respectable puisse une fois de plus compter parmi les plus grands.

«Ho ! Hisse ! Ho ! Hisse !»

Criaient-ils tous en chœur pour chaque bloc de glace transporté puis hissé en haut des tours en reconstruction. La tempête ne jouait pas en faveur des penguins qui peinaient à se repérer, alors ils utilisaient leur voix pour fendre ces nuages de flocons. Les sentinelles faisaient de leur mieux pour observer les environs et détecter les potentiels envahisseurs. Mais avec ce voile blanc de plus en plus épais, il devenait même difficile de voir les tours de guets voisines, exposant les travailleurs à tout type de danger. Cependant la cadence ne ralentissait pas. Au contraire, ils étaient tenaces ! Inarrêtables tandis que les penguins tailleurs taillaient la glace en des coups de piquets en parfaite synchronisation, donnant un rythme à tous ces travailleurs aguerris.

«Plus haut !» Hurla un bâtisseur en faisant un mouvement de sa nageoire pour que les penguins en haut de la tour utilisent toute leur force pour dresser un pique de glace où sera accroché leur drapeau.

Essuyant son front d’un soupir éreinté, le petit penguin esquissa un sourire de contentement lorsque le pique se dressa enfin. D’une tape dans la nageoire de son compagnon, ils s’empressèrent de hisser le fameux drapeau du Royaume des Neiges, symbole de leur toute puissance. C’était un grand moment ! Enfin, après tous ces mois de travail pénible ils retrouvaient leur maison ! D’un cri de victoire, les deux penguins débutèrent une petite danse de la joie qui fût rapidement interrompu par un phénomène étrange. Le drapeau en haut du pique se replia soudainement en absence de vent avant de brusquement changer de direction d’un bruissement de tissu. Perplexes, ils se regardèrent avec de grands yeux ronds quand un grondement sourd résonna tout à coup dans la vallée, faisant trembler le sol sous leurs pattes jaunes.

Quelque chose de gigantesque approchait.

Les gros blocs de glaces tintaient sous les vibrations, un long silence s’installa aussitôt alors qu’ils tendaient tous l’oreille à l’étrange bruit qui leur semblait curieusement familier … Il n’y avait pas de doute possible sur l’origine de ce grondement. Les bâtisseurs au sol lâchèrent immédiatement leurs outils pour commencer à courir de terreur mais avec cette tempête, il était difficile de voir où ils se dirigeaient. Leurs cris de peur résonnaient tandis que les gardes faisaient de leur mieux pour diriger la foule vers la sécurité du château facilement repérable grâce aux lumières du palais entièrement constitué de glace. C’était la panique générale. Au fur et à mesure que le grondement approchait et s’intensifiait, les penguins se dispersaient pour trouver rapidement un refuge à travers cet épais voile hivernal.

D’énormes et inquiétantes lumières rougeoyantes perçaient les bourrasques de flocons. Celles-ci se rapprochaient dangereusement des dernières tours reconstruites où se trouvaient quelques instants auparavant les penguins bâtisseurs. Le sol tremblait tellement fort que des fissures apparurent dans la glace sous les pieds des soldats en état d’alerte, leurs yeux plissés à la menace qui approchait. Resserrant leurs nageoires autour de leur lance de métal, ils prirent quelques pas en arrière par précaution lorsqu’ils comprirent que ces fameuses lumières étaient en faites des cascades de lave tombant d’un titanesque château volant. L’un d’eux soupira d’une claque sur son front. Encore lui … Il ne pouvait pas aller embêter quelqu’un d’autre pour une fois ?! Ils en avaient assez de réparer les dégâts après son passage !

«En position !» Cria le chef des soldats après avoir établi un stratagème tout en suivant du regard l’imposant vaisseau apparaissant au travers de la tempête.

Il déglutit lorsque l’ombre du château maléfique recouvrit les premières tours de guets puis enfin les soldats se sentant ridiculement petits et impuissants. Refusant toutefois de se laisser impressionner pour l’honneur de leur patrie, ils prirent tous position pour faire face à la menace imminente des Koopas. La fureur inscrite sur leur visage rond adorable. Sur le point d’hurler leur cri de guerre à l’approche des boulets d’amarrage, ils furent confus lorsque le vaisseau de feu s’arrêta tout d’un coup pour commencer à faire machine arrière de quelques mètres. Suffisamment loin pour ne rien abimer lors de l’ancrage. Désormais à bonne distance des premières tours, les boulets menaçants s’enfoncèrent brutalement dans le sol de glace, surprenant d’autant plus les gardes qui ne comprenaient rien à la situation. Que se passait-il ?

D’abord immobile dans les airs, le château flottant finit par entamer sa longue descente jusqu’au sol pour permettre à la grande gueule de Bowser de s’ouvrir sur le terrain enneigé. La terre se mit à trembler violemment à cause de la tractation des chaînes massives fermement plantées dans le sol. Le bruit était assourdissant … Il résonnait jusque dans les cœurs des gardiens angoissés à l’idée d’avoir de nouveaux ennuis. La neige qui se souleva à l’atterrissage du vaisseau énorme engloba l’entièreté du château de pierre et de lave alors que le grondement se faisait de plus en plus fort. Un peu comme un mauvais présage, la silhouette menaçante du navire se dessinait bientôt derrière l’épais voile blanc. Deux yeux rougeoyants brillaient intensément, des cornes et un large museau faisait face aux soldats qui malgré la peur tenaient bon.

L’arrivée de Bowser était proche.

Couvrant leurs yeux de la neige qui retombaient doucement, les penguins levèrent leur tête pour toiser la masse noire à présent solidement amarrée sur leur terrain sacré. Un long silence s’ensuit. Personne ne bougea ni ne parla pendant quelques secondes durant lesquelles la peur prit le dessus sur la détermination. Ils étaient entraînés pour ce genre de situation, mais sachant qui venait leur rendre visite, les braves penguins finirent par prendre plusieurs pas en arrière. Surtout lorsque la gueule du Bowser de pierre s’ouvrit lentement puis que la lumière rouge orangé du feu dansa sur le blanc immaculé de la neige à leurs pattes. Néanmoins malgré la terreur, ils pointèrent rapidement leurs lances en direction de plusieurs petites silhouettes qui se ruaient à l’extérieur de la gueule pour former deux rangées de chaque côté de l’entrée principale. Le chef des armées arriva en bout de file pour jeter un regard noir à ses rivaux avec son unique œil, rigide et imperturbable.

Drapeaux flottant à l’effigie de Bowser, les gardes Koopas placèrent leur main à leur casque en signe de respect au moment où le chef des Magikoopas apparut dans un nuage rose. Marchant tranquillement entre les rangs silencieux, le magicien en robe bleue arborait un petit sourire suffisant tandis qu’il se rapprochait des soldats penguins intimidés. Les créatures bleues et blanches voyaient leur propre terreur dans le reflet des lunettes opaques du Koopa sorcier. Ils étaient pathétiques … Mais ils ne flancheront pas ! Jamais devant un ennemi de cette envergure. Leur honneur était en jeu ! Serrant les dents et fusillant du regard Kamek, ils pointèrent le bout de leur lance vers lui. Pourtant dès l’instant où il forma une boule de magie violette à l’aide de sa baguette, les soldats laissèrent vite tomber leurs armes pour faire marche arrière.

«Allez prévenir le Roi que nous avons des intrus !» S’égosilla le chef d’un signe aux autres qui partirent en trombe en direction du château de glace.

«Mais oui, faites donc cela ...» Parla lassement Kamek d’un petit soupir tout en admirant ses griffes, les cris des penguins horrifiés s’éloignant dans la tempête de neige.

Il ne fallut que quelques minutes de plus pour voir apparaître à l’horizon un grand cortège de penguins. Une armada de créatures bipèdes accompagnant et protégeant leur Roi bien aimé qui se prenait de haut avec sa couronne trop grande et sa cape trop longue. Tss, il était ridicule ! Pensait Kamek d’une petite secousse de sa tête pendant que plusieurs lignes défensives se formaient derrière le Roi Penguin au regard impitoyable. Lui, contrairement aux soldats de tout à l’heure ne dégageait pas une once de peur, un peu comme un mur de glace infranchissable. Il avait l’air redoutable mais surtout très remonté, sans surprise. Attendant patiemment que les penguins s’installent, Kamek effleura la pierre rouge de sa baguette, trouvant toute cette situation vraiment comique. Tous ces efforts pour rien … Tout ce déploiement militaire pour tenter d’impressionner.

Mais impressionner qui, exactement ?

«Que voulez-vous ?!» Pressa le Roi Penguin dans sa grosse voix grave, faisant de son mieux pour avoir l’air redoutable face à l’ennemi. Il avait un mauvais pressentiment et surtout beaucoup d’inquiétude ... Car il ne voulait pas se retrouver une fois de plus dans cette cage en compagnie de ce tordu de Luma dépressif ! Sinon il deviendrait fou à lier.

«Et si vous posiez cette question pertinente à la bonne personne ?» Répondit Kamek d’un autre de ses petits sourires prétentieux alors qu’il se retournait pour pointer sa baguette vers l’entrée du château. Il reprit aussitôt d’un raclement de gorge.

«Hum hum, faites place à son Altesse Bowser le Roi des Koopas et à la Reine Solfège !» Annonça-t-il fièrement en désignant les deux souverains apparaissant enfin dans la gueule grande ouverte.

L’une des silhouettes était immense avec une carapace remplie de piques tandis que l’autre était plus petite et svelte. L’une portait un long manteau rouge chaud et l’autre n’avait pas pris la peine de se couvrir du vent hivernal, ayant juste revêtu ses habituels bracelets métalliques noirs. Après tout, le feu vivait en lui ! Les pas lourds de la grande tortue intimidante faisaient trembler le sol pendant qu’ils se rapprochaient pour aller à la rencontre du Roi du Pays des Neiges. L’autre silhouette qui l’accompagnait paraissait vraiment minuscule à côté de cette carrure monstrueuse. Le visage caché par une capuche, les bras serrés pour garder la chaleur, de longs cheveux ondulés carmin flottaient à la brise. Celle qui se faisait couramment appeler la femme aux cheveux de lave et qui était devenu l’épouse du Roi tyrannique posait pour la première fois les pieds dans ce pays.

Ils continuèrent de marcher dans la neige épaisse jusqu’à arriver aux côtés de Kamek qui n’avait toujours pas perdu son sourire mauvais. Le Magikoopa redressa ses lunettes sur son bec puis après avoir fait une courte révérence à son Maître, il s’éclipsa aux côtés du chef des armées Koopa intransigeant. Pas le moins du monde perturbé par la température frigorifique de ce pays de malheur comme il aimait l’appeler. Bowser s’arrêta juste en face du Roi bleu et blanc qui le fusillait du regard sans jamais baisser les yeux, sa couronne trop grande penchant sur le côté droit de sa tête ronde. À ce regard farouche presque effrayant, son sourcil rouge touffu se hissa sur son front alors qu’un vil sourire étirait les coins de son large museau.

Mais le souverain de ce Royaume ne se laissa pas démonter par toute cette mise en scène ridicule dans le seul but d’instaurer la peur dans leur cœur vaillant. Non, il n’allait pas se laisser faire ! Plissant d’abord les yeux à l’humaine mystérieusement calme, son regard défiant se leva ensuite pour rencontrer les yeux remplis de convoitise de Bowser. Il y vit l’un de ses célèbres sourires malveillants sur un visage cauchemardesque. Ce qui provoqua un frisson à remonter le long de son épine dorsale. Il avait l’impression que ce suspense insoutenable durait une éternité … Qu’il ne se finirait jamais. Que voulait-il à la fin ?! Pourquoi était-il ici ? Ravalant ses nombreuses craintes, il se redressa fièrement lorsqu’il décida enfin de prendre la parole pour briser ce silence.

«Infâme Roi Bowser, comment osez-vous fouler nos terres après ce que vous avez fait ! C’est un déshonneur !» Se plaignit le Roi Penguin qui dévisageait le Koopa géant de la tête aux pieds. Cette nouvelle rencontre lui laissait déjà un goût amer en bec !

«Roi des penguins, comme on se retrouve ! Pourquoi cet accueil ? Nous voulons simplement faire la paix. Comment ça va depuis la dernière fois ? Sans rancune ?» Commença la grande tortue à épines tout en levant les bras à ses côtés d’un air faussement désolé. Sa voix était presque mélodieuse alors qu’il jouait sur les mots pour agacer son minuscule mais téméraire rival.

«Maudite tortue … Il n’y a rien de valeur ici pour vous ! Rien qui pourrait attiser votre insatiable convoitise. Nous n’avons plus de super étoile ! Vous nous avez déjà humilier une fois par le passé, mais je ne permettrais pas une deuxième humiliation. Alors repartez d’où vous venez et ne revenez jamais ici !» Somma aussitôt le Roi Penguin d’un geste de sa nageoire vers ses soldats furieux pour qu’ils n’interviennent pas.

«Oh si, détrompe-toi penguin. Il y a bien un but à ma venue et je ne repartirai pas sans avoir récupéré ce qui est à moi ! Tu sais que ton fragile petit palais de glace ne résistera pas à ma fureur, alors je te conseille d’obéir sans faire d’histoires.» Menaça tranquillement Bowser après avoir croisé les bras d’un regard dédaigneux. Les menaces, c’était sa spécialité et si ça ne tenait qu’à lui, il les aurait déjà appliquées.

«Notre majestueux palais repoussera les grosses brutes tel que vous ! Nous l’avons renforcé et nous vous battrons jusqu’aux derniers. Jamais nous ne nous soumettrons.» Grogna son interlocuteur plus petit qui refusait catégoriquement de se laisser marcher sur les palmes, son regard noir pouvant effrayer un Thwomp.

«Bwahahaha !» Bowser se mit à rire aux éclats, dévoilant ses dents tranchantes comme des rasoirs. Cette soudaine hilarité entraîna ses soldats Koopas à l’imiter même s’ils ignoraient pourquoi il fallait rire tout à coup. Avait-il dit quelque chose d’amusant ?

Peu importe. C’était drôle !

«Vous et votre organisation maléfique … N’avez-vous donc aucune pitié ?!» S’époumona le chef des penguins tout en resserrant sa cape alors qu’il regardait à toutes ces tortues qui riaient sans véritable raison.

«Ils sont vraiment pathétiques.» Regretta un soldat à sa droite d’une secousse de sa tête. Ce qui eut pour effet d’arrêter le rire machiavélique de Bowser pour qu’une expression terrifiante n’envahisse chaque trait de son visage.

«Tu vas voir qui est le plus pathétique de nous deux !» Vociféra ce dernier en serrant violemment les poings, bientôt rouge de colère.

«Assez ! Un peu de dignité. Arrêtez de tergiverser et dites-nous plutôt ce que vous voulez. J’ai une partie de glisse-glisse qui m’attends, alors abrégeons cette entrevue qui devient vraiment pénible à supporter. Votre haleine sulfureuse finira par tous nous achevez !» Le Roi courageux posa son aile sur son front d’un gémissement théâtral, rapidement imiter par ses soldats.

«Je devrais peut-être te rafraîchir la mémoire ?!» Grogna Bowser faisant mine de ne pas avoir entendu l’insulte futile. Il tendit sa griffe dans sa direction, ce qui provoqua un soupir de choc collectif.

«Han ! Ne tendez pas votre vilain doigt vers notre vénéré Roi ! C’est grossier !» S’insurgea l’un des soldats penguins en tentant de se débattre des autres pour atteindre la grande tortue malpolie et lui faire regretter son geste.

«Gros pignouf jaune !» Se révolta un autre.

«Va te brosser les dents !» S’écria un penguin quelque part dans la foule en effervescence, prenant exemple sur leur brave souverain qui ne se laissait pas impressionner.

Le chef borgne des Koopas leva les yeux au ciel. Dialogue de sourds …

Soutenu par ses nombreux fidèles sujets, le Roi croisa les nageoires puis esquissa un sourire audacieux tout en faisant la vague avec ses sourcils invisibles. Au plus grand damne de Bowser désormais moqué par tous ces volatiles incapables de voler. Un comble ! Faisant face à un raz de marée d’insultes, la colère n’arrêtait plus de grandir en lui, horrifié d’être humilier devant sa compagne et ses Koopas. Son feu intérieur alimenté par sa fureur, le picotement des flammes lui chatouillait bientôt la gorge au point où de la fumée s’évacuait par ses narines. Il pouvait carrément entendre certains de ses propres soldats rires à toutes ces moqueries ! En dépit de Kamek et du chef des armées qui essayaient tant bien que mal de faire régner l’ordre dans les troupes.

D’un grognement guttural, le corps tout entier de Bowser se mit à trembler sous la pression. Il se faisait ridiculiser devant tout le monde, devant sa Reine ! Alors qu’il faisait tous les efforts du monde pour la rendre fière de lui en adoptant une meilleure conduite. C’était quoi le problème dans ses méthodes de paix ? Que leur fallait-il de plus ? Des excuses ? Une formule de politesse ? Un bisou magique ? Et puis quoi encore ! Il n’allait certainement pas prendre l’exemple sur son fils Junior, il avait encore un minimum de dignité. D’autant plus que sa patience avait des limites et sa limite venait d’être atteinte.

«Espèce de petits-» En revanche il n’eut pas la possibilité de finir sa phrase car une main se posa rapidement sur son bras gauche.

«Ce que mon époux essaye de vous dire, c’est qu’il aimerait beaucoup récupérer les soldats que vous avez fait prisonniers pendant le conflit opposant les Koopas au reste des mondes. Nous ne sommes pas là pour déclarer la guerre.» Solfège décida vite d’intervenir avant que la situation ne dégénère pour de bon. Il avait été très maladroit jusque-là, malgré les heures de répétition … Regardant avec insistance le visage rouge de colère de Bowser, elle serra les doigts autour de son bras pour qu’il se calme.

«Oh, mais il fallait le dire plus tôt ! Pourquoi tout ce suspense ?» Railla l’un des soldats adverses qui se gratta le haut de la tête, dubitatif.

Le Roi des Penguins quant à lui plissa suspicieusement les yeux à la jeune femme qui se dévoilait enfin. Oui, définitivement une autre humaine. Il avait eu vent de sa bienveillance et de son courage, mais il n’avait jamais eu l’occasion de la rencontrer en personne. Et pour être honnête, il aurait préféré que leur rencontre se fasse dans d’autres circonstances et sans cette tête brûlée qui lui servait de mari. Mais avec ce qui se racontait dans les huit mondes, une telle chose aurait été impossible étant donné la possessivité de Bowser. Dommage. La capuche de la femme avec glissé de sa tête pour déployer sa longue chevelure dites de lave sur lesquels se dressait un diadème en argent scintillant. Les rumeurs disaient donc vraies ... Elle était assez jolie pour une humaine, avec ses grands yeux vert pomme ainsi que cette douceur naturelle.

En tout cas, elle avait un sacré pouvoir d’apaisement sur le terrible Roi du Pays-Noir.

«Je suis vraiment heureuse de pouvoir faire votre connaissance, Ô grand Roi Penguin ! J’ai beaucoup entendu parler de vous et de votre infinie bonté. Votre peuple est puissant.» Et vous êtes incroyablement adorables, aurait-elle voulu ajouter si l’enjeu n’était pas aussi grand. Croisant soigneusement les mains sur ses jambes, elle poursuivit dans ce même ton enjoué.

«Votre Royaume est splendide, et d’une beauté à couper le souffle ! Il est à la hauteur de sa renommée.» S’enchanta-t-elle d’un petit hochement de tête conquis. À côté d’elle, Bowser écarquilla les yeux d’un air hébété. Mais avant qu’il ne puisse faire un commentaire désobligeant, Kamek rejoignit le petit stratagème de Solfège.

«Oh que oui, c’est le paradis ici. La destination de vacances de rêve ! Il y a de la glace à perte de vue. On ne pourrait pas rêver mieux !» Le Magikoopa sourit exagérément en joignant les mains sur son bâton. À travers ses dents serrées, il souffla à son Maître de ne plus rien dire et de les laisser faire.

«Eh bien, merci. Il est vrai que nous ayons le plus beau Royaume.» Toujours méfiant, le Roi Penguin se racla la gorge tout en gardant les nageoires croisées. Il n’allait pas se laisser amadouer par son regard bienveillant ni son sourire charmeur ! Il savait très bien ce qu’ils essayaient de faire sauf qu’elle se heurtait à un mur ...

De glace.

«Je vous prie d’excusez mon époux. Il a le sang chaud, surtout quand il s’agit de ses Koopas. Vous savez, nous sommes comme une grande famille. Alors quand l’un de nous est en danger, il ferait tout pour nous sauver.» Dévoila Solfège avec cette fois-ci beaucoup plus de tendresse, effleurant le bras de la tortue faisant la moue à côté d’elle. Et quand il baissa les yeux vers elle, elle lui offrit un sourire rempli de sincérité et d’amour qui ne passa pas inaperçu aux penguins.

«C’est bien mignon tout ça mais ni la flatterie ni les sentiments ne vous seront utiles. Je regrette, la réponse est non.» Le Roi secoua la tête puis soupira d’abattement.

Le muscle sous la main de Solfège se tendit brusquement alors qu’elle pouvait presque ressentir la chaleur émaner du corps de Bowser. Oups. Il détestait avec passion qu’on lui dise non ! C’était un peu comme une déclaration de guerre, une provocation. Songeuse, elle se mit à réfléchir à une solution pour que tout le monde puisse trouver un terrain d’entente sans envenimer la situation … Elle n’aimait pas le voir comme ça, aussi hostile et violent alors qu’il cherchait juste à réparer les dégâts. Bien loin du Bowser qu’elle avait appris à connaître au fil du temps passé à ses côtés. Un personnage réservé sur ses émotions mais des plus touchants, désireux de vivre dans le bonheur et l’amour partagé au sein d’un foyer où il pouvait être lui-même. Sans jugement.

Elle se le dira à chaque fois, mais elle continuait d’espérer que les autres finiraient par voir ce que elle, elle voyait. Quelqu’un d’incompris et d’extrêmement maladroit qui n’avait pourtant pas mauvais fond. Juste de la malchance et peut-être un peu trop d’égo … Bon d’accord, beaucoup d’égo.

«Votre grandeur, si vous me permettez-» Se léchant le bec, Kamek leva le doigt pour prendre la parole seulement pour être coupé par le Roi de ce Royaume.

«J’ai dit non et je serais inflexible sur ma décision. J’ai entendu ces fameuses rumeurs qui disaient que le Roi du Pays-Noir faisait désormais preuve de tolérance et d’empathie, mais ce ne sont que des rumeurs ! Je n’y crois pas. Vous débarquez ainsi dans mon Royaume en écrasant notre précieuse neige sous vos grands pieds et vous pensez que je vais vous accueillir ? Nous avons eu de la chance la dernière fois de pas mourir en sacrifice pour cette cérémonie ridicule ... Néanmoins nous avons retenu la leçon.» Frissonna le penguin après avoir redressé sa grosse couronne sur le point de dégringoler.

«Tu vois ? Je t’avais dit que la diplomatie ne mènerait nulle part !» Murmura précipitamment Bowser tout en se penchant vers Solfège pensive. Il termina d’un grognement ; «ils sont tous bornés.»

«Attends, laisse-moi faire !» Chuchota-t-elle en réponse d’un doigt tapotant sa lèvre inférieure dans la réflexion. Elle ne pouvait ignorer le malaise du parti adverse, car il était évident qu’ils aient soufferts de la tyrannie de Bowser lorsqu’il convoitait encore la main de Peach. Mais comment leur expliquer que cette époque était révolue ?

«Et si …» Débuta Solfège, ce qui stoppa instantanément les chuchotements dans les deux camps.

«Et si on les faisait tous prisonniers ?» Poursuivit joyeusement Kamek d’un grand sourire d’excitation. En retour, il obtint un regard noir de la Reine.

«Euh, non … Ce n’était pas vraiment à ça que je pensais.» Embarrassée, Solfège rangea quelques mèches de cheveux derrière son oreille avant que son visage ne s’illumine à nouveau.

«Et si on réglait ça par un jeu ?» Proposa-t-elle mais aux regards sceptiques, elle s’empressa de continuer sur sa lancé.

«Je vous propose qu’on fasse une bataille de boules de neige. La famille Koopa contre les Penguins. Celui qui remportera la bataille décidera du sort des prisonniers. Qu’en dites-vous ?» Solfège arrêta de faire les cents pas dans la neige pour se tourner vers les petites créatures qui la regardaient étrangement. Elle esquissa un sourire penaud, ayant eu l’idée quand une fois elle avait dû régler un conflit entre Junior et les Koopalings en combinant amusement à compétition. S’étant documenté sur les Penguins avant de venir, elle savait donc qu’ils avaient un fort esprit compétitif.

«C’est absurde !» Se scandalisa le chef des armées Koopa à cette proposition farfelue. Jetant un regard obtus à Solfège avec son unique œil, il tressaillit lorsque le Magikoopa enroula sa main autour de son bec pour le faire taire.

«Ne dis rien ! C’est très malin. Ils ne vont pas pouvoir refuser une telle proposition. On a toute nos chances de gagner.» Rétorqua Kamek à voix basse d’un doigt levé.

«Un instant.» Le Roi des Penguins qui avait l’air de prendre sa proposition en considération se retourna rapidement vers ses soldats puis leur fit signe de se rapprocher pour faire une sorte de conseil improvisé.

Bowser croisa les bras sur son plastron tandis que les penguins faisaient des messes basses entre eux en levant leur tête de temps à autre pour les toiser sévèrement. Jamais il n’aurait eu une idée pareille ! C’était certes très farfelue, mais il aimait beaucoup l’idée d’une bataille car non seulement il excellait dans l’art de faire la guerre, mais il adorait aussi la compétition. Le feu contre la glace ? Pff, il était certain de gagner ! La dernière fois leurs minuscules boules de neige ne lui avait rien fait quand il était venu s’emparer de l’étoile. D’un petit ricanement confiant, Bowser bomba le torse avant de regarder son épouse qui attendait nerveusement leur réponse. Le Koopa géant laissa apparaître un sourire en coin au moment où les petites créatures bleues et blanches se dispersèrent pour laisser la parole à leur Roi débordant d’assurance.

«C’est d’accord. Nous acceptons votre défi !» Ils hochèrent tous la tête à l’unisson.

«Alors que la bataille commence !» Annonça Bowser avec empressement, la certitude qu’il allait remporter la victoire haut la main face à ces petits crétins palmés.

«C’est la guerre ! Mettez-vous tous en position !» Ordonna le Roi Penguin tout en activant ses troupes motivées à leur en faire voir de toutes les couleurs. Sans plus attendre, une grande cage en acier sur roulette contenant les dix prisonniers Koopas fût amenée pour qu’ils assistent eux aussi à la bataille.

«Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?» Désemparé par cette décision inattendue, le chef des armées leva les bras, n’étant pas sûr de la marche à suivre.

«On gagne la guerre !» S’écria Solfège en serrant le poing, heureuse que sa proposition ait été accepté aussi facilement. Pour finir, il n’en fallait pas beaucoup pour les faire changer d’avis … Maintenant il ne restait plus qu’à remporter la bataille.

Et quand elle vit que d’immenses catapultes étaient tirées par des dizaines de penguins jusqu’aux niveaux des tours de guets, elle se demanda si son idée était aussi bonne que ça finalement. Ce n’était pas les Koopalings en face ! Déglutissant à l’ombre de ces catapultes en bois ainsi qu’à la détermination que montrait le camp adverse, Solfège recula pour rejoindre les Koopas qui faisaient des piles de boules de neige en réserve. Tout le monde s’activait. Mais ce n’était rien comparé à l’organisation qu’avait les penguins ! Ils étaient habitués aux jeux, mais encore plus à ce type d’activité qui demandait adresse, précision et force. Sur un piédestal en forme de cube de glace, le Roi du pays des Neiges dictait à ses soldats où et comment se placer pour avoir l’avantage sur le terrain tout en faisant rebondir une boule de neige dans sa nageoire.

«Ils sont cuits. Chargez !» Hurla ce dernier en faisant signe à ses valeureux soldats de passer à l’attaque.

«Koopas, pas de quartiers !» Beugla Bowser de l’autre côté du champ de bataille bientôt recouvert de penguins féroces prêts à en découvre.

Les boules de neige volaient dans les airs pour s’écraser contre des têtes, carapaces, bras, jambes et tout ce qui passait à leur portée. Les cris de guerre et les impacts étaient les seules choses que l’on pouvait entendre dans ce froid glacial où la météo avait décidé d’être un peu plus clémente. La brume avait disparue pour laisser place à des éclaircies ainsi que de petits flocons de neige libéré des bourrasques. À effectif à peu près égal, les Koopas volants plongeaient pour bombarder les penguins via les airs là où il était difficile de les viser. Malheureusement, les lance-pierres combinés aux meilleurs tireurs touchèrent la plupart des Koopas ailés qui s’écrasèrent dans la neige la tête la première.

Kamek de son côté riait comme un fou. Cela faisait des années qu’il ne s’était pas autant amusé dans une bataille ! Il avait oublié à quel point cela pouvait être divertissant. Usant de sa précieuse magie pour propulser ses boules de neige, il les faisait léviter avant de les envoyer sur ses adversaires qui rencontraient des difficultés à l’esquiver. Il était peut-être vieux, mais il ne manquait sûrement pas de dextérité ! Il se souvenait que lorsque Bowser était enfant ils s’amusaient parfois à faire des lancés de balle dans la cour arrière du château. Bon, c’était plus souvent lui qui faisait office de balle mais c’était tout de même de bons souvenirs qui aujourd’hui lui permettait d’atteindre ses cibles mouvantes. Sacré Bowser … Il lui en avait fait voir de toutes les couleurs, et aujourd’hui encore d’ailleurs.

«Prends ça ! Et ça, et ça !» Cria-t-il entre ses gloussements à chaque fois qu’il touchait un penguin avec ses projectiles magiques. De plusieurs pirouettes gracieuses, le magicien à lunettes claqua des doigts pour dévier une énorme boule de neige qui allait l’ensevelir.

Au même moment, Bowser se mit à courir en direction du Roi sur son bloc de glace en prenant une profonde inspiration pour lui cracher son puissant feu ravageur mais dès l’instant où il ouvrit la gueule, quelque chose le percuta de plein fouet. Une grosse boule de neige entra pile poil dans sa bouche grande ouverte. Les yeux écarquillés de surprise et sur le point de s’étouffer, la grande tortue trébucha au sol pour finir par glisser à plat ventre. Sa tête s’enfonça sous la neige tandis qu’il laissa un gros cratère derrière lui pendant sa chute spectaculaire, renversant quelques Koopas qui se trouvaient malheureusement sur son passage comme des quilles.

«Ha ha ! Mange ça mon gros !» Blaguèrent deux penguins après avoir claqué leurs nageoires pour ce coup de maître. Même s’il semblait avoir été dévié de sa trajectoire … Hissés sur l’une des catapultes géantes, ils se moquèrent du Roi des Koopas face contre terre en frappant leur derrière de plusieurs petits "nanaères".

Expirant un long soupir de frustration, Bowser leva lentement la tête de la neige lorsqu’il senti une présence sur sa gauche. Solfège était assise à côté de lui pour s’assurer qu’il allait bien après cette énième douloureuse humiliation. La jeune femme avait retiré ses gants pour toucher ses cheveux du bout des doigts afin d’y retirer la neige. Son autre main se glissa sous son menton pour qu’il tourne la tête vers elle et qu’il constate son sourire attendrit, ses longs cheveux lui chatouillant le bras. Son expression heureuse chassa immédiatement toute la colère de son cœur pour être remplacé par un sentiment de légèreté, comme s’il flottait sur un petit nuage de neige ... Les mains devant sa tête, il tenta de lui rendre son sourire d’un petit rire embarrassé, appréciant son doux contact.

Il aimait chacun de ses contacts, peu importe la situation !

Solfège pencha la tête sur le côté pendant que ses doigts passaient dans ses cheveux rouges flamboyants pour essayer de le recoiffer un petit peu. Il avait fait une sacrée chute ! Il était couvert de neige et pourtant il ne frissonnait toujours pas. De son corps émanait cette chaleur naturelle qui pénétrait jusque dans ses mains, l’empêchant de ressentir la morsure du froid. Chacune de ses écailles jaunes étaient chaudes sous son touché alors qu’elle caressait tendrement son menton saillant, perdu dans son regard dépourvu de toute amertume. Elle aimait ce regard si spécial, tout comme son sourire maladroit adorable. Sa main s’attardant sur sa joue, Bowser sentit comme de petits picotements laissé sur sa peau au passage de ses doigts si chauds. Paradoxalement, il avait froid sans avoir froid.

Mais cet instant fût brusquement interrompu au moment où une boule de neige entra en contact avec la tête de Solfège qui laissa s’échapper un petit "ouch ! " de surprise.

«QUI A FAIT ÇA !» Rugit aussitôt Bowser en bondissant à ses pieds pour chercher du regard celui qui était à l’origine de cette attaque furtive. Comment osait-il interrompre un moment pareil avec sa bien aimé !

Solfège se mit à rire puis se pencha en arrière sur ses mains pour observer la scène distraitement. Assise les jambes croisées, elle ne prit pas la peine de retirer la neige qui restait collé à ses cheveux ni à son manteau duveteux rouge. Après tout, elle avait l’habitude avec les petites canailles du château et généralement ils n’y allaient pas de main morte quand il s’agissait de bataille de boules de neige. Son sourire contemplatif ne faiblit jamais tandis qu’elle observait la grande tortue menaçante envoyer d’énormes quantité de neige en direction de leurs adversaires dans le but de faire un immense mur de protection. Ce qui la motiva à reprendre le combat à ses côtés.

«À l’attaque !» Brandissant son poing en l’air, Solfège remit ses gants puis courut en direction des soldats Koopas qui faisaient la chaine pour apporter des boules toutes faites à la ligne défensive.

C’était une bataille épique. Les deux camps ne prenaient bientôt plus cette compétition au sérieux mais plutôt comme une immense cour de récréation où ils pouvaient rires et s’amuser tout en se moquant des uns et des autres. Dommage que les enfants aient reçus l’ordre de rester en arrière, car ils auraient été d’une aide précieuse ! Surtout avec le robot catapulteur de Junior. Durant une trentaine de minutes environ, les deux partis s’affrontèrent sans relâche jusqu’à avoir les doigts gelés pour les Koopas et de la fatigue dans les nageoires pour les penguins. Qui allait finir par capituler ? Telle était la question. Jusqu’à ce qu’un petit drapeau blanc sorti de nulle part flotta au vent pour marquer la fin de la guerre. Aussitôt, le champ de bataille devint silencieux alors que tous les yeux se rivèrent sur ce petit drapeau de la paix.

«Je me rends …» Epuisé, le Roi du Pays des Neiges était étendu sur son bloc de glace avec la couronne couvrant la moitié de son visage. Usant de ses dernières forces pour tendre le drapeau en l’air.

«On a gagné !» S’extasièrent les derniers Koopas encore debout en se prenant dans les bras de plusieurs petits cris de victoire.

«Nous sommes les plus forts.» Se félicita le chef des armées d’un petit sourire satisfait. L’un des rares qu’il se permettait de faire.

«Votre Méchanceté, vous avez gagné cette bataille !» Soulagé mais surtout incroyablement fier, Kamek joignit les mains sous son bec pour regarder son souverain encore sous le choc.

«On a gagné, mwahahaha !» Répéta Bowser qui serra les poings de bonheur, extatique.

«Je savais qu’on y arriverait.» Les joues rougis, Solfège poussa un profond soupir d’épuisement mais était heureuse d’avoir remporté cette victoire. Ce soir, elle allait prendre un bon bain chaud !

«C’était fabuleux Sir, vous étiez au top du top !» En rajouta Kamek tout en levant ses pouces en direction du grand Koopa qui se faisait acclamer par ses troupes frénétiques. Logique, étant donné que c’était l’une des rares fois où ils remportaient quelque chose !

«Bravo patron !» Félicitèrent les Koopas de toutes les couleurs tandis qu’ils se dirigeaient tranquillement vers le château en arrière-plan.

Bowser prenaient absolument toutes les louanges de ses fidèles soldats en les incitants à l’acclamer davantage, ignorant désormais leurs adversaires palmés gémissants de défaite. Il avait gagné, il n’en avait que faire de ces misérables perdants ! Qu’ils acceptent leur défaite pour une fois. Survolté, le Roi cracheur de feu marcha pour retourner dans son château avec tous ces braves à ses trousses, soufflant quelques critiques stratégiques à l’égard des penguins. Une belle bande d’idiots qui pensaient véritablement gagner contre eux ? Ha, la belle affaire ! Tous occupés à se féliciter pour ce combat mémorable, ils remontèrent dans la gueule ouverte du vaisseau pour continuer la célébration sans faire attention à un dernier petit détail …

«Et nous alors ?» S’interrogèrent les Koopas prisonniers dans leur cage d’acier laissé à l’abandon.

Fin


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