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La démone dépressive

Summary:

Tomioka Giyuu et Himejima Gyomei tombent par hasard sur Sumiko Kamado ( = Femme Tanjiro ), un démon, qu'ils tentent de tuer. Cependant, leurs lames casse et le fleau de Gyomei n'atteint pas la démone à cause d'un bouclier invisible qui l'entour en permanance. Sumiko les ignores totallement. C'est en discutant avec un groupe de matagi qu'ils comprennent ce qu'il se passe : ce démon à été tellement traumatisé d'avoir vus sa famille mourir qu'il s'est figé et est en pleine dépression. Pourront-ils sortir Sumiko de cette dépression ? Arriveront-ils à trouver un moyen de la tuer ou d'annuler son bouclier ?

Chapter 1: Chapitre 1

Chapter Text

Chapitre I 



Himejima et Giyuu couraient. Ils avaient une mission commune, une lune supérieure se cachait dans la forêt du mont Kumotori. Ils n’avaient, pour l'instant, rien trouvé. Himejima tourna la tête, informant Giyuu qu’il sentait une présence démoniaque. Il tourna à droite, Giyuu sur ses talons.

Ils arrivèrent ensuite à un petit cottage perdu dans les bois, l’endroit idéal pour un démon. Les deux piliers entrent. L’endroit était sombre, peu éclairé. Il le vit alors au fond de la pièce : un démon, une fille encore adolescente, allongé sur un futon sous des draps se tenait un démon. Elle n’avait pas relevé la tête en entendant leurs entrées fracassantes, elle ne les regardait pas.

Giyuu fut le premier à dégainer son sabre, il s’approcha du démon, brandissant son épée; celle-ci fendit l’air et s'abattit sur le coup de démon, prêt à le décapiter. Mais à peine sa lame eut-elle frôlé le coup du démon qu’elle rencontra une résistance invisible, non pas dure comme du métal, mais élastique comme un filet indéchirable, et l’épée se brisa net, le choc remontant douloureusement dans son bras. Giyuu écarquilla les yeux, cela faisait bien longtemps que sa lame n’avait pas été cassée. Le démon tourna juste la tête de l’autre côté comme s’il avait juste perturber son sommeil et qu’elle cherchait à se rendormir.

Himejima arriva, faisant tourner son fléau qu’il lâcha sur la tête du démon, mais quelque chose repoussa l'arme qui s’écrasa sur le sol dans un bruit retentissant. Il brandit alors sa hache nichirin vers le coup du démon, mais la lame, comme celle de Giyuu, se brisa.

Les deux pourfendeurs étaient choqués de ce qui s’était passé. Giyuu regarda le démon avec attention. Celle-ci continue à les ignorer, comme si rien ne s’était passé. Elle n’avait pas cherché à les attaquer ni même ne s’était montrée agressive envers eux. Elle semblait… Éteinte, aux prises d’une douleur incommensurable.

 

“ Serait-ce son pouvoir sanguinaire ? ” - Demanda doucement Himejima.

 

“ Sûrement.” - Répondit doucement Giyuu tout en étudiant le démon.

 

“ Elle est étrange.” - Repris Himejima - “ Je ne sens pas de malice, ni le sang en elle. De plus, cette maison est propre et entretenue, mais je ne pense pas que ce soit le démon qui soit à l’origine de l'hygiène du lieu”

 

C’est vrai : la maison était étonnamment propre et rangée, aucune poussière ne recouvrait les sols et les meubles. L’odeur des produits ménagers était encore dans l’air, mais subtil, signe que la maison avait été nettoyée depuis quelques jours. Ce démon aurait-il mangé ses occupants ? Peu probable, Himejima et Giyuu ne percevaient pas le sang sur ce démon.

 Il remarqua alors les urnes au pied du lit : sept urnes funéraires étaient posées devant elle.

Giyuu tenta de s’approcher d’elle, le démon le regardant avec attention. Il eut envie de tester le démon. Giyuu s’approcha alors d’elle, prudemment et remarqua que l’attention du démon se faisait de plus en plus accrue. Il s’agenouilla au niveau des urnes, Sumiko réagit enfin. Elle ne bougea pas son corps, mais son cou s’étira lentement, ses yeux vides se fixant sur la main de Giyuu qui était dangereusement proche des restes de sa famille. Un faible grognement, presque un sanglot étouffé, s’échappa de ses lèvres.

Des pas et des voix se firent entendre à l'extérieur, cela figea momentanément les deux piliers. Giyuu se redressa et se dirigea vers la porte, il devait éloigner les civils de ce lieu.

 

“ Sumiko ! C’est nous ! “ - Entendirent-il depuis l’intérieur.

 

Giyuu regarda le démon, voulant savoir si c’était son nom, mais celle-ci s’était à nouveau avachi sur le futon, les yeux dans le vide, comme si rien ne s’était passé.

 

“ Ont t’a apporté de la viande d’ours !” - Continue la voix. Trois coups suivirent sur la porte. - “ J’entre.”

 

La porte shoji coulissa et Giyuu se retrouva devant un petit groupe de matagis qui tiraient derrière eux un gros ours qu’ils avaient dû abattre à peine quelques minutes plus tôt. Giyuu et les matagis se regardèrent surpris, avant que l’un d’eux ne se saisit de son arme et ne la pointe sur Giyuu.

 

“ Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ?! “ - Cria-t-il tout en le menaçant.

 

L’un d’entre eux, le plus jeune, le contourna, paniquant.

 

“ Sumiko ! “ - Il entra et regarda le démon, semblant presque soulagé quand elle cligna des yeux. Les yeux du plus jeune matagi remarquèrent alors l’imposante silhouette de Gyomei. Il pâlit.

 

“ Nous ne sommes pas là pour nous battre.” - Fit calmant le plus fort des piliers. - “ Vous connaissez ce démon, n'est-ce pas ? Pourquoi la protégez-vous ? ”

 

Les chasseurs se crispèrent. La tension était à son comble, Giyuu les regarda intensément.

 

“ Allons, allons, calmez-vous tous voulez-vous ? Sumiko ne peut pas mourir je vous rappelle.”

 

“ Akira-sama !” - Présentèrent les autres matagis en regardant le plus vieux du groupe qui se fraya un chemin pour entrer dans la demeure, Giyuu tendis la main pour l’arrêter, mais l’un des matagi le menaça de son arme. Akira s’approcha doucement du démon, sous le regard vigilant de Gyomei. Personne ne parla ni ne bougea. Le vieil homme s’agenouilla devant le démon qui l’ignora, mais cela ne sembla pas déranger le matagi, il posa le gros morceau de viande non loin d’elle et lui caressa la tête.

 

“ Je vois que les urnes sont toujours en place. C’est bien. Sumiko, ils vont bien. Mange un peu s’il te plait. Il ne voudraient pas te voirent comme ça, tu le sais.” - Dit-il doucement en continuant de caresser la tête du démon comme un père le ferait pour son enfant. Mais Sumiko s’en fichait.

 

Les deux Hashira étaient dépassées et ne pouvaient que regarder la scène se jouer devant eux : un démon ne réagissait pas à la chair et au sang. Le démon n'attaque pas l’humain. L’humain caressait la tête d’un démon qui l’ignorait.

 

“ Akira-san n’est-ce pas ?” - Parla doucement Gyomei. - “ Vous connaissez ce démon… Sumiko… Pourriez-vous… Nous en dire plus sur son sujet ? ”

 

Le vieux matagi ne parla pas tout de suite, préférant continuer de caresser doucement la tête du démon.

 

“Quel importance ?” Finit-il par demander avec lassitude.

 

“ Nous devons comprendre pourquoi ce démon est comme ça.” - Repris Gyomei. - “ Je suppose que vous savez ce que nous sommes, des chasseurs de démon. Pourtant, vous ne semblez pas faire grand cas de notre présence et vous êtes même à l’aise en présence de ce démon. Dans toute ma carrière, c’est la première fois que je vois un démon aussi passif et docile. Savez-vous ce qu’il lui est arrivé ? ”

 

La main du matagi bougea de moins en moins vite sur la tête de Sumiko, comme s’il pesait le pour et le contre. Puis, finalement, il arrêta et se releva, leur faisant face.

 

“ Je vais vous racontez ce que me disait ma grand-mère. Il y a 150 ans vivait ici la famille Kamado.”

 

Les yeux de Giyuu s'écarquillèrent légèrement. Himejima cessa de frotter ses perles un instant. Cent cinquante ans… La longévité suggérait un lien direct avec Muzan et pourtant, elle était passive.

 

“ C'étaient des charbonniers.” - Poursuivit Akira - “ Ils n'étaient pas bien riches mais c'étaient des gens profondément bons. Et humble. C’était le genre de personne disposée à donner leurs propre vêtement à autrui s’il le fallait. Ils vivaient ici depuis des générations et étaient très bien intégrés ici, participant activement à la vie du village. Sumiko était l’aînée des enfants. Tout comme ses parents, elle était profondément gentille et compatissante. Sa bonté était égale à son sourire, grand, ensoleillé et chaleureux. Elle s’occupait de ses frères et sœurs et de son père malade avec douceur et chaleur, des fois, elle descendait la montagne avec sa mère pour s’occuper des personnes âgées et handicapées du village. Tout le monde les admiraient. Ils n'avaient pas besoin d’être riche pour être heureux, leur bonté et leur amour fusionnel comblait ce vide sans peine. Nous n’avons jamais su ce qu’il s’était passé mais… Inquiet de ne pas les voir, des villageois sont montés chez eux. C’est là qu’ils ont découvert Sumiko, devenue démon, prenant soin des cadavres de sa famille : Elle les avaient lavé et habillé, ils étaient positionné comme s’ils continuaient de vivre : Tanjuro, le père était assis en tailleur dans sa chambre, la mère était dans la cuisine, un petit couteau qui tenait à peine dans une main et un oignon dans l’autre. Ses plus jeunes frères et sœurs étaient en cercle devant un jeu et Nezuko, la deuxième enfant de la fille, était assise en seiza dans sa chambre, un vêtement posé sur ses genoux et une aiguille et du fil dans la main. Sumiko berçait le cadavre de Rokuta, son plus jeune frère, il n’avait que 3 ans. Les villageois de l'époque ont dû se mettre à plusieurs pour retenir physiquement Sumiko afin de récupérer les corps pour les emmener au crématorium. D’après ma grand-mère, qui essayait de résonner Sumiko, ses cris et ses pleurs furent déchirants, elle se débattait et, quand elle a vu la fumée et sentit l’odeur des corps brûlés de sa famille, ma grand-mère put voir son regard s’éteindre. Elle a cessé de se débattre et à été ramenée docilement chez elles avec les urnes. Elle n’a plus jamais été la même après ça.”

 

Un petit silence s'ensuivit, rompus par Gyomei frottant son mala de prière tout en murmurant doucement une prière pour Sumiko et sa famille, en pleurs. Les piliers ne pouvaient pas rester indifférents face à ce récit. Ils comprennent la douleur du démon. Quelque part, ils avaient échoué, les Kamado était exactement l'archétype de personne que les pourfendeurs devait protéger. Mais ce démon était la preuve de leurs échecs.

 

Akira soupira et repris : - “ Depuis, Sumiko reste vautré dans le futon, elle veille sur les urnes comme si sa vie en dépendait. Elle à essayer de les rejoindre, mais rien n’y a fait. Elle ne s’est même jamais nourrie, le traumatisme et le désespoir sont si grands que toutes nos tentatives pour la distraire ont échoué. Ont à bien essayer de retirer les urnes mais Sumiko est encore plus dévastée, comme si on lui arrachait sa famille une seconde fois. Ont ne sais plus quoi faire.”

 

L’un des matagi, le plus agressif, celui qui avait menacé Giyuu fit un pas en avant.

 

“ Sumiko est un bon démon ! Elle n’a rien fait de mal, elle nous protège !”

 

Les deux pourfendeurs le regardèrent surpris : “ bon démon ? ” Si l'histoire de Sumiko n’était pas si émotionnellement percutante, ils se seraient inquiétés pour la santé mentale de ce chasseur d’ours.

 

Le matagi repris : - “ Quand elle sent la présence d’un démon, elle l’attaque et le tient loin du village ! Elle ramène les enfants et les égarés au village ! A part ça… Elle ne sort pas de chez elle…”

 

Giyuu ne savait même pas pourquoi il était si surpris par un récit aussi absurde et logique concernant ce démon.

 

Himejima décida de reprendre la conversation : - “ Vous avez dit qu’elle avait tenté de se donner la mort. Comment ? ”

 

“ Elle voulut marcher au soleil, mais il ne l’a pas incendier. Elle à également tenté d'ingurgiter de la glycine, quand il y en avait, mais ça n’a pas marcher non plus, ça n’a pas non plus réveiller son appétit, au contraire, ses échecs l’enfonce dans sa peine et sa douleur émotionnelle. L’un des nôtres, alors que je n’avait que quelques mois ne supportait plus de la voir dans cet état, il a tenté de la tuer mais la protection a fait rebondir les balles et cassé les lames des sasumata.”

 

Les piliers étaient statufiés : un démon a vaincu le soleil. Un démon n’est pas révulsé ni empoisonné par la glycine. Incroyable ! Impensable ! Ils regardèrent le démon qui continua de les ignorer. Un démon qui souffre, qui demande la mort mais qui ironiquement ne peux pas mourir. Comment tuer un démon qui ne peut pas l’être ? Le fait que ce démon soit si passif était en soit une chance ! Elle était trop dangereuse pour être laissée sans surveillance. Il fallait qu’Oyakata-sama en soit informé !


 

Rapport de mission

 

Rédacteur : Giyuu Tomioka, Pilier de l’eau

Date : XX/XX

Localisation : Mont Kumotori, demeur Kamado

Objectif initial : Extermination du démon signalé par erreur

Démon cible : Anomalie de classe inconnu ( Nom du démon : Sumiko )

Résultat de la mission : Échec

 

Nous avons localisé le démon dans une maison de montagne. Le démon, Sumiko, était immobile et inerte, allongé dans un futon au fond de la pièce entouré de sept urnes funéraires.

Tentative d'exécution de Giyuu Tomioka : J’ai engagé une attaque frontale. Ma lame ( souffle de l’eau ) s’est brisée net au contact du cou du démon. Sumiko n’a montré aucune réaction défensive autre que le bouclier.

Tentative d'exécution de Gyomei Himejima ( transcripteur : Tomioka Giyuu ) : J’ai attaqué Sumiko en utilisant la puissance maximale ( souffle de la roche ). Mon fléau a été repoussé et ma hache s’est brisée par une force invisible et imprévue sans qu’aucun dommage ne soit infligée au démon.

Pouvoir Sanguinaire : Le démon Sumiko est enveloppé en permanence par une barrière invisible et impénétrable, désigné par les villageois comme “ la protection ”. Ce pouvoir semble être involontaire et ne peut être désactivé par Sumiko.

Conclusion de l’engagement : Le démon est invulnérable aux techniques d'exécution par décapitation et aux assauts physiques par Nichirin. Sumiko n’a montré aucune agressivité.

 

L’engagement à été interrompu par l'arrivée de matagis locaux, qui ont défendu le démon contre nous en brandissant leurs armes.

Un villageois âgé, dont la grand-mère fut témoin de la tragédie original, à livré un témoignage sous serment, soutenue par ses pairs :

 

Origine de la transformation : Il y a environ 150 ans, Sumiko, alors humaine, à perdu toute sa famille dans un massacre démoniaque. Le choc de la perte à été si grand qu’il à figé Sumiko dans le déni totale au moment de sa transformation en démon.

Comportement post transformation : Sumiko fut retrouvée s’occupant des cadavres de sa famille ( nettoyage, habillage, bercement du plus jeune ). Le village à procédé à l’incinération et à remis les urnes à Sumiko qui, depuis, veille sur ses restes comme si sa famille vivait encore.

Alimentation : Les villageois et les piliers attestent que Sumiko n’a consommé aucune forme d’alimentation ( ni humaine, ni animal, ni nourriture ) depuis sa transformation.

Action protectrice : Sumiko agit comme une entité protectrice pour la communauté. Elle traque et élimine tous les démons qui pénètrent dans leurs zones forestière et villageoise. De plus, elle aide régulièrement les enfants ou les voyageurs perdus à retrouver leurs chemins sans jamais les attaquer.

État actuel : Sumiko désire manifestement la mort. Son immobilité et son regard vide sont ceux d’une dépression catatonique. Elle ne cille pas et ne résiste pas à la tentative d'exécution, le bouclier étant son seul et involontaire rempart. De plus, les matagi ont rapporté que Sumiko avait tenté de se suicidé en se mettant sous le soleil et en mangeant de la glycine. Sans succès.

 

Requête et recommandation du pilier Tomioka Giyuu : Ce démon est une anomalie sans précédent avec une tristesse et un désespoir profondément ancré. Elle ne représente aucune menace pour l’humanité et son existence est un fardeau qu’elle n’arrive pas à décharger.

Requête et recommandation du pilier Gyomei Himejima ( retranscrite par Tomioka Giyuu ) : J’ai été témoin d’une souffrance spirituelle insondable. Sumiko est une âme maudite par le mal de Muzan, retenue contre son gré à l’immortalité par le pouvoir de protection involontaire et son métabolisme rare. Je pleure pour son destin.

Recommandation unanime : Nous demandons à Oyakata-sama d’accorder une audience secrète et personnelle à ce démon. Nous recommandons de garder l'existence de Sumiko secrète et de la considérer comme une victime figée plutôt que comme une cible. Nous attendons vos ordres concernant la conduite à tenir face à cette impasse éthique et physique.

 

Gyomei Himejima et Tomioka Giyuu

 


 

Tomioka relut le rapport avant de le tendre à son corbeau pour qu’il le remette au maître. Ils étaient toujours dans la maison Kamado. Les matagis leurs avaient proposé l’auberge du village, mais ils avaient poliment refusé, voulant rester auprès du démon. Ont ne sait jamais. Akira leur avait alors dit qu’ils pouvaient rester dans la maison Kamado, s’ils ne touchaient pas aux urnes et également à Sumiko. Ils avaient allumé des lampes à pétrole. Une douce lumière tamisée emplit la pièce. Sumiko continuait de les ignorer. Himejima lui caressa distraitement la tête. La démone ne lui accorda pas un regard. Himejima informa son coéquipier qu’il prendrait le premier tour de garde, Tomioka acquiesça et partit se coucher. Sumiko le regarda entrer dans la petite chambre de ses parents et refermer la porte. Une larme coula sur sa joue.

Chapter 2: Chapitre II

Summary:

Giyuu se retrouve seul avec Sumiko

Chapter Text

 

 

Chapitre II



Himejima partis tôt le lendemain matin, ils avaient reçu une réponse du maître, acceptant de rencontrer Sumiko. Le pilier de la roche est donc parti le chercher, laissant seul Giyuu et Sumiko. Les villageois étaient monté au cottage, apporté des repas au pourfendeur de garde et s’était également assuré de la santé de Sumiko, allant la voire, lui parlant et lui caressant la tête. Giyuu ne pouvait s’empêcher de la comparer à un chien très bien dressé. Le fait que les villageois soit si familier avec un démon l'ennuyait. Sumiko était une anomalie, une erreur dans la matrice qui n’aurait jamais dû exister. Pourtant, il était là, veillant un démon qu’il comparait à une statue qu'on aurait posé machinalement sur le côté pour ne pas entraver la circulation dans la pièce, la couverture, épaisse en fourrure de bête ( gracieuseté d’un matagis ), posé sur son dos, rendait le tout comme une masse informe et grossière.

Que devait-il faire ? ce demanda Giyuu. C’était la première fois qu’il devait veiller sur un démon qu’il ne pouvait pas tuer. A vrais dire, c'était la première fois qu’il voyait un démon si passive. Un démon qui l’ignorait. Il s’assit finalement au milieu de la pièce et se mit alors à méditer, décidant d'ignorer le démon à son tour. Le silence s’installa, épais, seulement perturber par le crépitement lointain de la neige tombant des pins à l’extérieur. Giyuu se concentra sur sa respiration, cherchant l’onde de calme plat. Il tenta d’effacer la présence de Sumiko de son esprit, mais elle était trop présente, trop illogique.

Au bout d’un temps indéfini, Giyuu perçu un changement dans la pièce. Ce n’était pas un danger, ni une odeur de sang, mais une altération de la pression de l’air. Il rompit sa méditation.

Le pilier ouvrit les yeux et découvrit Sumiko le regardant. Elle n’ignorait plus son existence. Son regard s’est détaché du vide pour se fixer, non sur son visage, mais sur son haori deux tons. La partie rouge, celle qui symbolisait le souvenir et le deuil, captait toute son attention. Lentement, Sumiko retira la main de sous l’épaisse couverture de fourrure de bête. Sa peau était pâle, presque translucide, et ses ongles n'étaient pas acérés, mais semblaient émoussés par l’inaction. Elle étendit son bras vers Giyuu dans un geste lent et hésitant, non pas une menace mais une requête muette.

Giyuu resta figé. Il était habitué aux assauts, pas à la confusion. Il ne dégaina pas son sabre - il savait que c’était inutile. Il choisit la seule arme qui lui restait : la parole clinique.

 

“ Que veux-tu ? ” - Demanda-t-il, sa voix d’une neutralité parfaite. Il n’utilisa pas le ton acerbe qu’il aurait eu avec un autre démon.

 

Sumiko ne répondit pas; elle cligna lentement des yeux, laissant sa main retomber lourdement sur le futon, mais un son s’échappa de ses lèvres; un son qu’Himejima n’avait pas perçu la veille. C’était un faible gémissement qui ressemblait moins à un démon qu’à un faible enfant pleurant dans son sommeil.

Giyuu sentit son estomac se nouer, c’était le bruit de la souffrance spirituelle, un son qu’il avait entendu bien trop souvent. Il ne pouvait pas la laisser ainsi.

 

“ Tu ne mange pas.” - Articula Giyuu en se redressant légèrement. Il fixa le morceau de viande d’ours posé près d’elle. Tu as passé cent cinquante ans à ne rien consommer, tu souffre d’une famine constante. Pourquoi tu ne touche pas à la chair ? Pourquoi ? ”

 

Sumiko tourna son regard vide vers la viande, puis vers les urnes funéraires devant elle. Elle leva à peine la main et fit un petit geste de dénégation. Comme si manger était une offense à ceux qui ne pouvaient plus le faire.

Giyuu se pinça les lèvres. Ce démon n’était pas une statue, c’était un tombeau vivant.

Il regarda le corps recroquevillé de Sumiko. Le pilier se releva et fit quelques pas, gardant une bonne distance avec les urnes pour s'assurer qu’il ne provoquerait pas son bouclier involontaire. Il s’appuya contre le mur froid. Giyuu observa longuement le démon, puis son regard se porta sur la partie rouge du haori qu’il n’avait jamais quitté. Il parla, non pas pour l’instruire mais pour vider un sac vieux de plusieurs années.

 

“ J’ai perdu ma soeur. Quand j’étais enfant.” - Sa voix était basse, à peine audible dans le silence du chalet.- “ J’ai perdu Sabito aussi. Mon meilleur ami, la personne qui m’a sauvé. Ils ont tous les deux été tués par des démons.”

 

Il s’arrêta, se demandant pourquoi il révélait tout ça à une abomination. Mais le visage de Sumiko, déformé par la douleur silencieuse, exigeait la vérité.

 

“ Ta souffrance…Cette douleur de la perte. De la solitude. Je la connais.” - Continua Giyuu, son propre cœur se serrant.- “ Mais ce n’est pas une raison de s’éteindre. De se figer.”

 

Sumiko, qui était restée immobile, tourna légèrement la tête vers lui. Son expression ne changea pas, mais le léger mouvement était, pour Giyuu, un signe de reconnaissance, d’écoute.

 

“ Tu à été transformer en démon, mais tu n’a pas mangée. Tu n'as pas attaqué. Tu as protéger les villageois même si tu ne pouvais pas te protéger toi-même. Ta gentillesse est restée. C’est pour ça que nous sommes restés, Sumiko; pour comprendre comment une telle humanité… peut exister dans le corps d’un tel monstre.”

 

Il se redressa, le mur entre eux était tombé. Giyuu ne pouvait plus la tuer, car elle était le reflet de son propre deuil figé. Il avait enfin quelqu’un à qui parler de son cœur brisé, même si c’était un démon.

Pour Sumiko, les paroles de cette étranger endeuiller - Giyuu - pleine d’une tristesse aussi profonde que la sienne, furent la goutte d’eau. Sumiko ne pouvait plus contenir le barrage. Les larmes, contenues depuis plus de cent cinquante ans, coulèrent le long de ses joues. Son corp fut pris de tremblement et elle se recroquevilla violemment sous la couverture de fourrure.

Soudain, la réalité de la petite pièce se brisa. Giyuu sentit un froid mordant et une odeur de sang l’envahir. Sa tête tournait. Devant ses yeux, le monde se déforma en une vision floue et rapide.

 

Il vit une petite main ensanglantée tenir une poupée… Il entendit les cris d’un homme et d’une femme… Le visage déformé d’un démon avec des yeux rouge, froid et sadique… Puis, il vit Sumiko, encore humaine, semblant protéger quelqu’un derrière elle, arborant une grimace d’horreur absolue. La vue du dernier souffle de son petit frère fut insoutenable.

 

La vision cessa aussi vite qu’elle était apparue, laissant Giyuu haletant, le cœur battant à tout rompre. Il se souvenait de la terreur, de l’odeur du sang et du sentiment de perte totale.

Il fixa Sumiko, elle était une boule sous la couverture, secouée par des sanglots silencieux. Il comprit. Ce n’était pas un pouvoir sanguinaire, c’était le partage d’un traumatisme. Elle pleurait. Giyuu rampa sur le sol. Le pilier de l’eau, celui qui ne permettait jamais le contact, s’approcha du démon. Il posa sa main, hésitante, sur le sommet de la masse informe.

 

“ Je suis… désolé. Je suis tellement désolé pour ce qui t’est arriver Sumiko.” - Il se souvenait de chaque détail et la perte de sa propre sœur résonna.- “ Tu n’es pas seule.” - Murmura-t-il, un aveu qu’il ne s’était jamais fait à lui-même.- “ Tu n’es plus seule.”

 

Lentement, les sanglots de Sumiko s’arrêtèrent. Sous le toucher du pilier, sa respiration devient régulière et elle glissa finalement dans un sommeil profond, épuisée d’avoir enfin libéré une parcelle de sa peine. Giyuu resta ainsi, sa main posée sur elle, veillant pour la première fois non pas sur une cible, mais sur une âme brisée.

Giyuu retira doucement sa main. Le silence était revenu dans la pièce, mais ce n’était plus un silence du déni, c’était le calme de l’épuisement. Il était encore secoué par la vision et la douleur partager.

 

Un craquement sec dans le foyer attira son attention. Il se tourna mais ce n’était pas un danger.

C’était Kanzaburo, son corbeau qui venait d’arriver par la fenêtre. Le vieux corbeau, notoirement malvoyant et confus, atterrit avec un flop maladroit. Il se pencha sur le sommet de la masse de couverture en fourrure qui cachait la tête de Sumiko, la prenant manifestement pour son propre maître.

Giyuu fronça les sourcils, il ouvrit la bouche pour rappeler son corbeau mais se figea.

Sous lui, Sumiko, réveillé, bougea légèrement. une main glissa hors de la couverture. Doucement, sans réveiller le corbeau, elle effleura son bec, puis caressa son plumage noir. Kanzaburo, loin de s’envoler de panique comme il l’aurait fait avec n’importe quel démon, se contenta de se gonfler, acceptant la caresse avec une douceur surprenante.

Giyuu pinça les lèvres, il n’avait jamais vu Kanzaburo aussi docile, sauf parfois, après une très longue et dangereuse mission. Le corbeau de Giyuu… Était en train de se faire cajoler par une anomalie démoniaque. Le pilier soupira, mais le coin de sa bouche se releva imperceptiblement. Ce démon n’était vraiment pas comme les autres.

 

“ Kanzaburo. Reste ici. Veille sur elle… Et ne fait pas de bêtises.”

Chapter 3: Chapitre 3

Summary:

Oyakata-sama vient voir Sumiko avec Himejima.
Gyomei est réveiller par les grognements de Sumiko et tue un démon.
Sumiko montre son attachement à Giyuu... A sa façon ! ^^

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

 

 

 

Chapitre III



Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Himejima arriva au village, accompagné du maître. Comme à son habitude, les habitants parlaient déjà entre eux, se donnant des nouvelles ou s’entraidant.

 

“ Ah ! Le pourfendeur géant. “ - S'exclama l’un des villageois en repérant et saluant joyeusement Gyomei. - “ Bon retour ! Le voyage n’a pas été trop pénible ?”

 

Gyomei discuta un peu avec les villageois, qui saluèrent également le maître. C’était doux et chaleureux de se retrouver dans ce genre d’environnement, comme si les démons n’avaient jamais existé. Le maître leur révéla le but de la visite, leurs demandant de lui parler de Sumiko, ce que les villageois firent en sentant la bienveillance du malade. Chaque villageois interrogé, y compris les anciens, racontant des souvenirs et anecdotes sur Sumiko et son altitude en tant que démons. Si la forme de leurs récits diffèrent, le fond restait le même, ce qui prouve que les villageois n'étaient pas manipulés par le démon. Certains parlaient de leur vie avec Sumiko, notamment les femmes qui parlaient de la docilité de Sumiko quand elles la manipulaient pour la laver ou la changer ou changer les draps et le futon ou même quand elles faisaient le ménage. Les hommes parlèrent de son refus de s’alimenter ou de son combat contre d’autres démons auxquels ils avaient assistés ou entendus parler ou encore de Sumiko, qui se rendait à l’oré du village avec les égarés qui rôdaient près de chez elle avant de repartir sans rien attendre.

 

Le témoignage frappant fut celui d’Akimasa, le doyen du village, qui venait de fêter ses cent trois ans il y a quelques jours : il leurs confia que, quand il était petit, le chef du village de l’époque avait voulu se débarrasser d’un brigand en le donnant en pâture au démon. L’homme avait été écorché vif pour que le démon se jette plus facilement dessus et les villageois avaient été forcés d’assister à cette mise à mort. Mais Sumiko leur avait juste tourner le dos, ce qui rendit le chef absolument furieux. Il voulut brûler la maison des Kamado, mais les villageois s’y opposèrent farouchement et le chassèrent du village.

 

Fort de ses témoignages, Gyomei et le maître, accompagnés d’Akira, se mirent en route pour la maison Kamado. Ils saluèrent Saburo qui était à sa fenêtre, puis poursuivirent leur chemin.

 

Quand ils furent arriver, le matagi s’annonça : - “ Sumiko ? C’est Akira, je suis avec Himejima-san et Ubuyashiki-san, j’entre.” - Il frappa à la porte et l’ouvrit.

 

Sumiko, comme à son habitude, ne réagit pas. Giyuu, son humain, était parti il y a quelques heures pour une mission, la laissant seul à nouveau mais lui promettant de revenir. Le grand ours bizarre ( = Himejima ) était revenu avec un homme malade.

 

Akira était parti chercher des coussins qu’il disposait à une distance raisonnable des urnes et de Sumiko, puis avait pris la direction de la cuisine, disant qu’ils allaient leur préparer des boissons au cas où. Il s’empara du morceau d’ours, qui avait tourné, l’emportant avec lui. Sumiko n’y avait pas touché, comme ils s’y attendaient.

 

“ Il y a de la nourriture et des aliments ici ? ” - Questionna Oyakata-sama, surpris par ce fait.

 

“ Ont en stock toujours.” - Répondit Akira -” Ils nous arrivent d’être coincés en montagne sans pouvoir redescendre, quand nous sommes pris par la neige ou par la nuit. Ce lieu est devenu un refuge de montagne, d'autres y vont pour distraire et parler à Sumiko et repartent le lendemain. C’est plus facile de laisser de la nourriture de façon permanente ici que de voyager tout le temps avec; il y a même une trousse de secours.”

 

“ Bien, je vois.” - Répondit le maître.

 

Les pas du matagi se firent entendre, il posa le plateau entre eux trois et repartis, emportant un onigiri avec lui pour le chemin.

 

“ Bonjour, Sumiko.” - Commença le maître en s’asseyant. Himejima lui emboitant le pas.

 

Sumiko regarda Kagaya, fascinée par son calme et son aura.

 

“ Je me présente, je suis Ubuyashiki Kagaya, je suis le chef de l'armée des pourfendeurs, je suis ici pour toi.”

 

Sumiko le fixe, son aura et sa maladie la fascinent. Elle est habituée aux cris de douleur mais pas à un calme si profond.

 

“ J’ai entendu ton histoire Sumiko.” - Continua Kagaya.- “ C’est un conte de douleur si profond que mon cœur saigne pour toi. La perte de ta famille… De tous ceux que tu aimais… C’est une tragédie pour nous, les pourfendeurs, nous n’avons pas pu l’empêcher. Pour cela, je te présente mes excuses.”

 

Il s’incline légèrement, un geste qui frappe Sumiko par sa sincérité. Gyomei murmure une prière.

 

Il reprit : - “ Tu à été maudite par Kibutsuji Muzan, contrainte à une existence sans fin. Pourtant, même après ta transformation, la lumière de ton humanité n’a pas été éteinte. Tu as fait le choix de ne pas te nourrir, de ne pas devenir le monstre qu’il voulait que tu sois. Tu as choisis de veiller sur les restes de ta famille et de protéger les villageois qui t’on tendu la main. C’est un courage et une bonté que je n’ai jamais vus chez un démon.” - Le maître tendit doucement la main vers elle, sans la toucher. - “ Mais tu es épuisé, n’est-ce pas, Sumiko ? Tu as passé cent cinquante ans à te punir, à te figer dans le deuil. Tu as tenté de rejoindre ta famille, mais la vie démoniaque te l’a refusée. Tu es une âme en peine, retenue prisonnière. Moi je t’offre une autre voie. Le corps des pourfendeurs n’est pas ton ennemi. Nous ne pouvons pas te tuer mais nous pouvons te rendre ton humanité. Pour ce faire nous devons t'étudier. Nous devons comprendre comment ton corps fait pour résister au soleil et à la famine. C’est la seule façon d’obtenir un antidote qui sauvera d’autres victimes et, peut-être, de te libéré. Si tu acceptes de nous suivre, tu auras une nouvelle mission : devenir la clef qui sauvera toutes les autres. Tu ne devras plus veiller seule sur la tristesse. Mais en échange, tu devra faire confiance à un autre être humain, la scientifique qui te prendra en charge : Kocho Shinobu. Sumiko, tu as perdu ta famille. Nous ne pouvons pas les remplacer mais nous sommes tous brisés par le deuil. Nous sommes une famille imparfaite mais nous sommes unis par la détermination à éradiquer le mal qui t’a fait tant souffrir. Viens avec nous, laisse-nous t’aider à te reposer et à te battre.”

 

Sumiko le regarda, admirative. Il lui faisait un peu penser à son père. Il avait aussi ce même sourir calme et doux. Lui aussi était malade. Le souvenir de son père, sa mort, son sacrifice vain… Les larmes lui montèrent aux yeux et son pouvoir sanguinaire, la vision rétroactive s’activa. Kagaya et Gyomei virent alors, et ceux depuis longtemps, un endroit, une maison… Et des cadavres. Des cadavres jonchent le sol.  Un homme se tenant debout avec une hache faisant face au démon qui le démembra, les cris de l’homme s'ensuivirent, et le massacre se poursuivit. La scène changea. Des haletant de peur de la personne - de Sumiko - devenue démon qui regardaient les corps de sa familles, perdu, refusant d’accepter la perte, ils la virent prendre un garçonnet, un enfant qui n’avait même pas quatre ans, le tenir contre elle et le bercer comme pour le rassurer, comme s’il était en vie.

 

Le vision s’arrêta aussi vite qu’elle était venue. Kagaya sentit ensuite une petite main enserrer la sienne. Il sourit en comprenant de qui il s’agissait.

 

“ Merci, Sumiko.”

 

La jeune démone le lâcha et reprit sa position, tournant la tête pour regarder la petite fenêtre de l’autre côté de la pièce. Une main immense se posa sur sa tête, celle d’Himejima qui pleurait en souriant doucement pour la réconforter.

 

“ Ne t’inquiète pas, Sumiko, tu n'es plus seule à présent.”

 

Quand il retira sa main, ses cheveux étaient tout emmêlés, ce qui fit froncer les sourcils de la démone.

 

Himejima referma la porte du cottage derrière lui, puis il se remit en route avec Kagaya dans un silence grave et complet.

 

“ C’est la victime la plus poignante de Muzan.” - Commença Oyakata-sama. - “ Nous devons la protéger. Des autres pourfendeurs inclus, pour l’instant.”

 

Himejima acquiesça. - “ Si mes collègues piliers apprennent l'existence d’un démon impossible à tuer et possèdent un tel pouvoir, cela sèmerait un véritable chaos au sein de notre faction et surtout dans l’armé en général.”

 

Kagaya releva la tête : - “ Tout se sait dans la vie. Reste à savoir quand et comment Sumiko sera découverte de mes autres enfants… J'enverrai un message à Shinobu à notre retour. Pourrais-tu veiller sur elle avec Giyuu jusque là ? ”

 

“ Bien sûr ” - Acquiesça le pilier.

 

Himejima accompagna le maître jusqu’à la sortie du village ou un groupe de Kakushi les attendait. Il dit au revoir au maître, l’informant qu’il prierait pour qu’aucun démon en croise son chemin et qu’il rentre sain et sauf. Le maître le remercia et tous deux repartirent dans des directions opposées. Le maître rentra au Corp et Himejima repartis pour la maison Kamado.


 

Il faisait nuit, deux heures du matin n’allait pas tarder à sonner quand Himejima se redressa de sur le futon qu’il avait mis à côté de celui de Sumiko. Des grognements, ceux d’un prédateur se firent entendre, ceux de Sumiko. Himejima se tendit. Sumiko était debout, les poings serré. Le pilier le plus fort saisit son fléau, les sourcils froncés; c’était la première fois qu’il entendait et percevait le démon devenir si agressif et il avait apprit à connaître Sumiko, ce démon passive, presque invisible, il n’était pas dans ses habitude d’être si en colère. Il repensa aux histoires des villageois, il voulut étendre ses sens pour savoir si la démone avait perçu l’aura démoniaque, mais il n’en eut pas le temps, Sumiko s’élança à l’extérieur de la maison, le pilier de la pierre sur ses talons. La démone était rapide, ses gestes étaient fluides, elle connaissait parfaitement la forêt, mais Himejima arrivait tout de même à la suivre, c’est là qu’il la perçut enfin : une aura démoniaque, lourde et malicieuse. Sumiko l’avait effectivement sentit et était bien sorti pour protéger son territoire et les habitants du village. Elle s’élança, sauta dans les aires et donna un violent et puissant coup de pied dans la tête du démon qui se détacha de son corps. Himejima se concentra et lança son fléau qui s’écrasa sur la tête du démon, qui se dissout immédiatement. Sumiko redevient calme et se mit à observer l’ours bizarre qui logeait chez elle. Elle était reconnaissante d’avoir tué le démon instantanément. Elle prit doucement sa main et le guida jusqu’à la maison, comprenant qu’il ne fallait pas le ramener au village. Himejima se laissa faire, la félicitant pour son flair. Quand ils arrivèrent enfin au cottage, Sumiko lacha la main du pourfendeur et se glissa dans son lit comme si rien de tout ça n’avait eu lieu. Son village était protégé grâce à lui. Elle s’endormit.

 

Le lendemain, Himejima lui fit ses adieux, Sumiko l’ignora à moitié.

 

“ Ne sois pas triste, Giyuu arrive dans deux heures environ. Moi, je serai de retour dans cinq jours si Shinobu n’est pas encore arrivé.”

 

Sumiko grogna faiblement. Himejima partit. Quand la porte se referma et que le pourfendeur fut assez loin, la tête de Sumiko se releva. Elle n’avait pas eu à attendre le levé du jour pour tuer le méchant démon comme d'habitude. Le gros ours bizarre avait écrasé la tête du démont avec son ballon piquant. Pour Sumiko, qui avait la mentalité d'une enfant, il n'y avait qu'une seule explication possible : Cet ours bizarre devait être magique !


 

“ Sumiko ? C’est Giyuu, j’entre.”

 

Le pourfendeur au souffle de l’eau frappa trois fois sur la porte et entra. La première chose qu’il vit fut la tête de Sumiko, tourné de l’autre côté de la vitre, un rayon malicieux du soleil devait sûrement la gêner. Il ne dit rien, mais s’avança doucement, tirant les rideaux. L’effet fut instantané, Sumiko tourna à nouveau la tête de son côté, toujours sans expression. Giyuu n’en avait pas besoin, il savait ce qu’elle voulait. Il s’avança et s’assit en tailleur à un mètre d’elle.

 

“ Le maître est venu hier ” - Commença Giyuu - “ Il à rencontré les villageois. Il a accepté de te prendre sous la protection du corps des pourfendeurs.”

 

Sumiko incline à peine la tête, absorbant l’information. Son regard glisse de son visage à son haori, comme toujours.

 

“ Tu ne seras plus seule.” - Continue-t-il, parlant à peine au-dessus d’un murmure - “ Oyakata-sama t’a donné une mission : être la clé de l'antidote qui sauvera d’autres victimes de Muzan.”

 

Il s'arrêta, il devait lui expliquer la suite, mais aussi lui faire sentir qu’elle était son allié.

 

“ Une de mes collègues, le pilier de l’insecte, Shinobu Kocho, arrivera bientôt. Elle est médecin. C’est elle qui t’aidera. Elle posera beaucoup de questions. Elle fera des tests.” - Giyuu fronça légèrement les sourcils. - “ Elle est… Petite, mais dangereuse. Mais elle est aussi très gentille et se soucie profondément des gens.”

 

Il attend la réaction de Sumiko, mais elle reste impassible. Il se sent obligé de la rassurer personnellement.

 

“ Il y a quelques jours, tu m’a montré tes souvenirs,” - Dit Giyuu faisant directement référence à la vision - “ Je sais ce qu’il t’es arrivé, nous ne permettrons plus jamais que cela se reproduise. Quand tu seras avec le Corp, je serai ton gardien. Himejima-san aussi, nous veillerons sur toi.”

 

Il y a un court silence, Giyuu se sent stupide d’avoir parlé autant.

 

“ Y a-t-il quelque chose que tu veux Sumiko ?” - Demanda-t-il enfin, se concentrant sur le concret. - “ Des vêtements différents ? De la nourriture que tu aimes, même si tu ne peux pas la manger ? ”

 

Sumiko bouge finalement, elle tend la main vers l’une des sept urnes funéraires devant elle, comme pour s’y accrocher.

 

“ Giyuu comprend instantanément : - “ Les pots ? Ils viendront avec nous. Où que tu ailles, ils iront avec toi, je te le promets.”

 

La tension du corps de Sumiko se relâcha visiblement. Les traits de son visage, bien que vide, s’adoucirent. Giyuu, qui la regardait attentivement, vit ses paupières se fermer. Sa tête s’inclina doucement sur le futon et elle glissa dans un profond sommeil.

 

Giyuu resta figé, abasourdi. Il ne parvenait jamais à se détendre aussi rapidement pour s’endormir, et encore moins en quelques secondes. Une pensée s'infiltre, froide et acerbe dans son esprit : Je dois être terriblement ennuyeux. Le souvenir des moqueries de Kocho Shinobu sur sa nature froide et taciturne le frappa de plein fouet. Avait-il été si monotone qu’il avait réussi à endormir un démon qui n’avait pas dormi depuis des années ?

 

Juste à ce moment, des pas se firent entendre dehors. Akira, le vieux matagi, frappa légèrement à la porte coulissante.

 

“ Sumiko ? C’est Akira, Oba-san à fait des dango en trop, elle m’a chargé de t’en apporter. J’entre.” - Annonça-t-il avant de pousser doucement la porte.

 

Il s’arrêta en voyant le démon endormi et Giyuu assis, la mine sombre. Un sourire apparut sur le visage ridé d’Akira.

 

“ Oh, regardez-moi ça,” - murmura-t-il - “ La petite s’est enfin endormie. Vous savez, Tomioka-san, c’est la première fois qu’elle s'endort aussi vite devant un étranger.”

 

Giyuu garda son expression stoïque, mais son sourcil tressaillit : - “ Elle ne dors pas parce que je suis ennuyeux ? ”

 

Akira rit doucement : - “ Non, Tomioka-san, elle dort parce que… Elle n’a plus besoin de veiller. Elle sait que vous êtes là. Elle vous fait confiance. Quand elle à été transformée, elle s’est donnée un devoir : garder sa famille. Maintenant, elle sait que quelqu’un d’autre le fait.”

 

La chaleur monta dans la poitrine de Giyuu. Il baissa la tête, fixant ses mains. La honte et la solitude qui l’accompagnait toujours reculèrent face à cette reconnaissance simple. Il n’était plus un ennui, il était un gardien digne de confiance.

 

Il leva les yeux vers Akira : - “ Merci.” - Ce seul mot valait mille phrases.

 

Akira hocha la tête, posa les dango et se retira, laissant Giyuu veiller, non plus avec un sentiment de fardeau, mais avec une mission claire et un cœur réchauffé.

Notes:

Prochain chapitre Vendredi 14 Novembre 2025 ^^

Chapter 4: Chapitre IV

Summary:

Shinobu entre en scène, Le Hashira de l'insecte et de l'eau la transporte au domaine de Giyuu, Sumiko panique.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

 

 

 

 

Chapitre IV



          — Domaine Ubuyashiki —

 

Shinobu Kocho s’inclina devant le maître, arborant son sourire parfait et éternel. Devant l’ordre de prendre en charge un démon, elle ne laissa transparaître aucune émotion.

 

“ Je suis honoré de la confiance que vous placé en moi, Oyakata-sama,” - Commença Shinobu - “ Cependant, ma première question est d’ordre scientifique : s’agit-il d’un démon qui ne peut être tué par décapitation, ou d’un démon qui ne peut pas être tué du tout ? ”

 

“ Les deux, Shinobu. Mes enfants, Giyuu et Gyomei ont vu leurs lames se briser sur une protection involontaire. Et… Elle à déjà marché au soleil.”

 

Le sourire de Shinobu se figea un instant, un muscle à peine visible tressaillant près de son œil. C’est l’information qui brise sa logique.

 

“ C’est… Une anomalie sans précédent.” - Repris la pourfendeuse - “ Cela contredit tout ce que nous savons sur la biologie des démons. Vous êtes certain, maître ? ”

 

“ Je le suis, Shinobu. De plus, elle n’a jamais dévoré d’humain en cent cinquante ans et à agit comme une protectrice pour les villageois. Elle est la victime la plus douloureuse de Muzan, figée par le deuil.” - Le maître se tue un instant avant de reprendre, reliant Sumiko à la sœur du pilier de l’insecte. - “ Je sais que tu as du mal à contenir ta fureur contre ses créatures, ma chère enfant. Mais Sumiko est la preuve vivante qu’une humanité subsiste dans le corps d’un démon. C’est un test pour ta gentillesse. C’est la chance de réaliser, à travers la science, le rêve que Kanaé à toujours eu.”

 

Shinobu ferma les yeux un instant. Son sourire revint, un peu plus forcé.

 

“ Pour Kanae-nee-san, alors. Je prendrai le risque. Cependant, nous aurons besoin d’une protection et d’une confidentialité absolues. Si Shinazugawa-san ou Obanai-san apprennent ça, ils la décapitons sans hésiter...”

 

“ C’est pourquoi Giyuu, qui lui a déjà offert sa confiance, t’assistera. Il sera son gardien. Tu sera son médecin. Prend soin d’elle mon enfant.”

 

Shinobu opina. Elle s’inclina respectueusement devant le maître et sortit, retrouvant Giyuu qui l’attendait à la sorti du domaine Ubuyashiki.

 

“ Bonjour Tomioka-san, j’ai lu votre rapport. ” - Shinobu s’approcha, son sourire devenant plus aiguisé - “ J’espère que vous avez réussi à maintenir la conversation avec notre spécimen. Échanger des idées avec un démon en état catatonique doit être un summum de l’interaction sociale pour vous, non ? Ne la laissez pas se sentir ignorée.”

 

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et passa devant lui, son haori de papillon flottant derrière elle.

 

“ Nous partons. Dépêchez-vous, Tomioka-san. Plus vite nous ramenons notre “ anomalie de classe inconnue ” au Domaine de l'eau, plus vite je pourrais commencer mes recherches.”

 

Ils voyagèrent silencieusement jusqu’au mont Kumotori.

 

Giyuu frappa et se présenta : - “ Sumiko ? C’est Giyuu, je suis de retour.”

 

Shinobu posa une main sur le bras de Giyuu et lui murmura avec un sourire tendu : - “ Je dois m’assurer que son bouclier est réel et non une simple ruse, Tomioka-san. Vous entrez.”

 

Elle poussa doucement la porte et, avant que Giyuu n’entre, laissa tomber une petite aiguille à poison de sa manche visant le sol à quelques centimètres de la couverture de Sumiko. Giyuu se tendit. La petite aiguille, chargée d’une dose minime de poison, flotta quelques instants, comme si elle avait heurté une masse d’air très dense. Puis, avec un son cristallin, elle rebondit violemment contre un mur invisible et s’écrasa loin derrière.

 

Shinobu émit un sifflement impressionné : - “ Le bouclier est bien réel Giyuu, et involontaire, la science l’accepte.”

 

Elle se tourna vers Sumiko, qui n’avait absolument pas réagi à la tentative. 

 

“ Très bien,” - reprit Shinobu, - “ passons à l’étape suivante. Je ne la touche pas. C’est vous qui lui avez promis protection, Tomioka-san. Vous la déplacez. Vous la portez. Elle ne doit sentir la main de personne d’autre que la vôtre.”

 

Giyuu acquiesça. Ça ne le dérangeait pas. Il s’avança, s’agenouilla à côté du futon et commença délicatement à faire glisser les sept urnes funéraires dans une boîte de transport qu’il avait préparée.

 

Une fois les sept urnes sécurisées, il se tourna vers Sumiko, toujours en sommeil profond. Il glissa un bras sur ses genoux et l'autre sous ses épaules, soulevant la figure mince et étonnamment légère avec une douceur et une précaution qu’il n’aurait jamais montrées à quiconque d’autre.

 

Le sourire de Shinobu devient plus doux en voyant l’affection de Giyuu : - “ Impressionnant. Vous êtes vraiment son gardien, Tomioka-san. Marchons.”

 

Giyuu portrait Sumiko à travers la forêt silencieuse. La boîte d’urne était attachée à son dos, assurant une proximité. Shinobu marchait à côté, son aura tendu par la présence du démon.

 

Après une bonne heure de marche, Sumiko bougea. Ce n’était pas un sursaut, mais une agitation soudaine. Ses yeux s’ouvrirent. La première chose qu’elle vit fut l’épaule de Giyuu, mais la seconde chose qu’elle remarqua fut l'absence de son lit et, surtout, de ses urnes. Elle ne sentit pas le poid familier de son fardeau. Une panique froide la submergea. Elle était déplacée. Sa famille n’était plus à ses côtés. Elle se débattit dans les bras de Giyuu. Ce n’était pas une lutte pour tuer mais pour s’échapper. Un gémissement aigu et rauque lui échappa. La première expression vocale de détresse que Giyuu entendait.

 

“ Calme-toi, Sumiko ! “ - La voix du pilier de l’eau était ferme mais sans colère - “ Il resserra doucement son étreinte, puis s’arrêta. Il détacha la boite de transport sécurisé de son dos, la déplaçant de manière à ce que Sumiko puisse la voir - “ Tout va bien. Tes pots sont là.”

 

Il la posa doucement sur le sol puis s’agenouilla à côté d’elle. Il lui tendit la boîte. Sumiko se jeta sur la boite, la serrant immédiatement contre elle avec une force démoniaque. Elle ne regarda plus Giyuu ni Shinobu; toute son attention était focalisée sur le bois et le poids de son trésor. Sa panique retomba instantanément, remplacée par un silence total.

 

Shinobu observa la scène avec une neutralité professionnelle : - “ Fascinant. L’attachement à ses reliques est son seul instinct de survie. Son bouclier n’a pas réagi. Elle cherche seulement à retrouver l’objet de son deuil.” - “ Elle s’approcha. - “ Tomioka-san, la discrétion est vitale. Il faut nous rendre au domaine de l’eau, il est plus isolé et personne, à part toi, n’y met les pieds. Ce sera mon centre d’étude. Tes quartiers seront les siens.”

 

Giyuu acquiesça. Il s’avança et tendit la main vers Sumiko : - “ Nous allons à ma maison, Sumiko. C’est un endroit sûr.”

 

Sumiko le regarda, puis regarda la boîte. Elle se laissa soulever sans résistance, gardant la boîte fermement serrée contre sa poitrine pendant qu’il la tenait. Elle ferma les yeux, sa tête reposant contre son épaule, acceptant la situation et le transport. Le silence revint. Lourd de la nouvelle mission du pilier.

Giyuu se remit en route, Sumiko serrant la boîte d’urne contre elle, sa tête posée sur l’épaule du pilier de l’eau.

 

“ Bien,” - repris Shinobu, - “ L’installation au domaine de l’eau doit être immédiate. C’est l’endroit le plus sûr.” - Elle s'arrêta au bord du chemin forestier. - “ Je n’irais pas plus loin aujourd’hui Tomioka-san, je dois préparer l’équipement nécessaire et rédiger un rapport pour le maître qui rendra cette mission la plus logique possible, même si elle contredit toute ma science.” - Elle se tourna, son haori de papillon tourbillonnant - “ Profitez de votre soirée, Tomioka-san. Prenez bien soin de notre précieux spécimen. Je serai là demain matin, au lever du soleil. Ne vous inquiétez pas, je n'apporterai que mes instruments. Et peut-être un peu de glycine, juste pour vérifier.”

 

Elle disparaît dans la forêt, laissant Giyuu seul avec la lourde responsabilité. Le pilier de l’eau regarda la direction où elle était partie. Il ne répondit pas à la pique sur la glycine. Au lieu de cela, il resserra doucement sa prise sur Sumiko et continua de marcher vers le nord. Le silence ne le dérangeait pas, il était le pilier de l’eau; le silence et la solitude était son élément. Mais maintenant, il n’était plus seul. Il avait une charge, une mission et un secret à protéger.

 

 

 

Notes:

Prochain chapitre Samadi 22 ^^