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Language:
Français
Stats:
Published:
2021-12-21
Completed:
2021-12-23
Words:
8,983
Chapters:
2/2
Comments:
2
Kudos:
8
Hits:
107

L'espoir d'une réponse

Summary:

Il est toujours risqué de garder espoir, car un espoir qui se brise peut être des plus douloureux. Malgré tout, Haruka veut garder espoir. L'espoir que ses sentiments n'ont pas tout gâché. L'espoir qu'il pourra continuer de nager avec Rin. Et aussi... le minuscule espoir que, peut-être, Rin finira par lui donner une réponse.

Notes:

Hello ! Me revoilà avec une nouvelle fic, et cette fois-ci je retourne sur Free!, parce ça reste quand même mon fandom favori. :)

Bon, à la base, ce qui va suivre était censé être un one-shot, et pour être honnête, ça aurait PU tenir en un seul (très gros) chapitre, mais c'était plus simple à gérer en le découpant en deux, donc ... Voici un two-shot ! Bien sûr, qui dit Free! avec moi dit HaruRin. Juste... peut-être un peu différent que ce que j'écris d'habitude. Pas pour rien que j'ai choisi de mettre Angst dans les genres de cette fic, même si je trouve que l'angst reste ici assez faible... Enfin, je crois.

Bref, comme d'habitude, bonne lecture !

Également posté sur Fanfiction.net

Chapter 1

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Certaines choses ne changeaient jamais.

Ce fut la première pensée de Haruka, lorsque Rin le défia à une course en nage libre. Et parce que certaines choses ne changeaient pas, il accepta. Et quand bien même ce n’était ni la première, ni la dernière fois qu’il cédait à une requête de Rin, ce dernier lui adressa un sourire éclatant. Comme si cela représentait tout pour lui. Comme si cette course allait avoir la même importance que la toute première qu’ils avaient faite en primaire.

Au bord de la piscine, quelques nageurs se rassemblèrent pour suivre leur course. Mikoshiba se tenait également là, prêt à donner le signal.

Haruka prit place sur son plot de départ. Il repéra Rin en faire de même, à sa droite. C’était toujours à sa droite. Sans raison particulière, juste une habitude. Le même genre d’habitude qui poussa Rin à faire claquer l’élastique de ses lunettes de piscine. Puis, d’un mouvement synchrone, selon un rituel bien connu d’eux deux, ils échangèrent un regard. Encore une chose qui n’avait jamais changé. Un léger sourire carnassier étira les lèvres de Rin, signe d’impatience que Haruka connaissait par cœur, et auquel il retourna l’ombre d’un sourire.

Et là s’arrêtait ce qui ne changeait pas, et ne changerait jamais.

La voix de Mikoshiba résonna une première fois, et Haruka se mit en position de départ. La sensation du plot de départ sous ses doigts était celle qu’il avait toujours connue. La manière dont l’eau ondulait légèrement devant lui était aussi familière qu’au premier jour. Les lignes d’eau formaient une délimitation qu’il connaissait par cœur. Rien de tout cela n’avait changé.

Mais...

Ce sentiment né lorsque leurs regards s’étaient croisés... Cette émotion qui avait flamboyé en lui lors de cette échange d’à peine une seconde... Voilà ce qui avait changé.

Une seconde fois, la voix de Mikoshiba s’éleva, et Haruka se tendit légèrement, en attente du dernier mot qui les autoriserait, lui et Rin, à plonger.

Haruka ne se rappelait pas quand ça avait commencé. Peut-être parce qu’il n’y avait jamais eu de début. Dans le fond... ne l’avait-il pas toujours su ? Oui. Non. Peut-être. Haruka ne savait pas. Ne savait plus. Il avait juste eu besoin de temps, supposait-il. Du temps pour grandir, et comprendre. Mettre des mots sur ses émotions. Admettre qu’il avait toujours vu Rin différemment des autres. C’était juste ça, en fait : être honnête avec lui-même.

La voix de Mikoshiba claqua une dernière fois. Ils plongèrent.

Tout ça n’avait pas vraiment d’importance, honnêtement. Là, en cet instant, il savait. Et c’était peut-être bien tout ce qui lui importait. Alors que son corps fendait l’eau avec aisance, et que chacun de ses mouvements aiguisaient son esprit au point où il prenait conscience plus que jamais de la présence de Rin dans le couloir de nage adjacent, il savait.

Il arriva au bout de la première longueur. Rin aussi, il pouvait le dire sans même avoir besoin de regarder. Haruka prépara son virage. Ses pieds prirent appuis sur le mur, et il se lança avec force. Il ne lâcha rien, sachant pertinemment que Rin donnait tout de son côté, et attendait de lui qu’il fasse de même. Même si ce n’était qu’une simple course amicale. Même si ce n’était ni la première, ni la dernière de leur vie. Parce que certaines choses ne changeaient jamais, tous deux nagèrent comme si c’était la dernière course qu’ils partageaient.

Haruka aimait Rin. Il l’aimait sans savoir que faire de ce sentiment. Car c’était nouveau sans l’être. Un changement qui n’en était pas un. Quelque chose qui, à partir de maintenant, ne changerait jamais. Une nouvelle certitude dans l’univers de Haruka.

La main de Haruka frappa le mur avec force. Il se redressa, inspirant une grande bouffée d’air, essoufflé après avoir autant forcé sur la course. Puis, doucement, toujours selon une vieille habitude, il se tourna vers Rin. Ce dernier avait tourné la tête en même temps que Haruka, et semblait tout aussi essoufflé que lui.

Aucun d’eux ne savait qui avait gagné la course. Mais à en juger par les applaudissements des autres nageurs, et l’expression plutôt désabusée de Mikoshiba, ça devait être une égalité. Pour ne pas changer, Rin se rapprocha de la ligne d’eau avant de placer son bras autour des épaules de Haruka. Puis il lui sourit à nouveau. Et encore une fois, Haruka sentit ses émotions le brûler intérieurement.

Il manquait de temps. Rin n’allait pas rester éternellement à Tokyo. Demain, il reprendrait l’avion pour l’Australie. Sa présence n’avait jamais eu qu’une durée limitée. La venue de Rin ici, et le partage de l’appartement de Haruka, alors qu’il hébergeait son ami le temps des compétitions, n’était que temporaire. L’échéance se rapprochait, et Haruka n’avait toujours pas pris de décision. Il ignorait encore quoi faire de ses sentiments. Il lui fallait cependant faire un choix, et vite. Car Rin ne serait bientôt plus là. Mais que décider ? Que voulait-il vraiment ?

Voulait-il à jamais passer sous silence cette émotion...

... ou prendre le risque de l’exprimer ?


Rin s’effondra sans la moindre grâce dans le canapé de Haru. Ils avaient passé pour ainsi dire l’intégralité de ce samedi à la piscine, à enchaîner les courses. En rentrant le soir à l’appartement de Haru, l’un comme l’autre était au bout du rouleau, et ils s’étaient contentés d’un repas frugal, avant que Rin ne prenne la direction du saint canapé. Il entendit vaguement Haru faire du bruit dans la cuisine alors qu’il préparait le thé.

Son regard dériva dans l’appartement, mais les lieux étaient particulièrement vides, et inévitablement, il finit à nouveau par regarder le cadre posé sur la table basse, devant lui. Il s’agissait d’un des rares souvenirs que Haru avait emmené avec lui à Tokyo : la photo de leur relais en deuxième année de lycée. Et même s’il avait vu cette photo un nombre déjà infini de fois, Rin se retrouva encore à sourire comme un idiot en l’observant.

Tout avait été assez chaotique ce jour-là, mais Rin se souvenait de chaque détails très clairement. Et plus que tout, il se souvenait de l’expression de Haru, capturée par la photo : un sourire honnête, flamboyant de sincérité et de bonheur, et des yeux qui semblaient briller d’une émotion nouvelle, sur laquelle Rin n’avait jamais pu mettre de mot.

Rin distingua un mouvement à la périphérie de sa vision, et il se tourna juste à temps pour voir Haru déposer le plateau à thé sur la table, avant de le rejoindre sur le canapé. Il jeta lui aussi un coup d’œil à la photo, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Rin retint un léger rire, ne laissant échapper qu’un petit bruit étouffé, mais qui fut quand même suffisant pour attirer l’attention de l‘autre nageur sur lui.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Haru.

Rin haussa les épaules, ouvertement amusé... et peut-être un peu attendri aussi.

« Rien. C’est juste que... Ça fait quelques jours que je suis ici, et j’ai remarqué que toi aussi, tu ne peux pas t’empêcher de sourire à chaque fois que tu regardes cette photo.

— Ah..., fut la seule réponse de Haru avant de détourner les yeux et d’attraper sa tasse de thé.

— Quoi, gêné ? » le taquina Rin, avant d’imiter son ami et de se saisir de sa tasse.

Haru lui lança un regard en biais tout en buvant une gorgée de thé, clairement peu impressionné.

« Non, répondit le nageur. Ce relais représente beaucoup pour nous. Il serait plus étonnant que je n’ai aucune réaction devant un tel souvenir. »

Face à cette réponse particulièrement honnête, Rin se sentit pris de court.

« Je... suppose que oui.

— Et puis, tu peux parler, poursuivit Haru. Ton visage semble s’illuminer à chaque fois que tes yeux se posent sur la photo.

— C’est- ! Je n’y peux rien si je suis particulièrement expressif !

— Tu ne veux pas plutôt dire émotif ? »

Le sourire de Haru était devenu légèrement suffisant, et Rin préféra ne pas répondre, se rabattant à la place sur sa tasse de thé pour dissimuler sa gêne. Du coin de l’œil, il vit Haru reposer quant à lui sa tasse, son sourire s’adoucissant alors que son regard était toujours posé sur la photographie. Lentement, son visage laissa transparaître une autre émotion, une sur laquelle Rin n’arrivait pas à mettre de mot... D’ailleurs, en y réfléchissant, c’était exactement la même émotion inconnue qu’il distinguait dans les yeux de Haru sur la photo. Quelque chose de calme, et en même temps incroyablement puissant.

Et de manière confuse, Rin sentait qu’il valait mieux ne pas interroger Haru à ce sujet.


Il ne fallut pas longtemps à Rin pour commencer à dodeliner de la tête, et pour être honnête, Haruka avait lui aussi du mal à garder les yeux ouverts. Mais, c’était la dernière soirée qu’il pouvait passer avec Rin, vu que ce dernier repartait demain en Australie. Alors, même si ce n’était que pour quelques minutes supplémentaires, Haruka fit de son mieux pour rester éveillé. Il laissa un silence confortable s’installer dans la pièce, et observa simplement son ami, réprimant l’envie de tendre la main pour remonter une mèche de cheveux qui tombait devant le visage de Rin.

C’était agréable d’être ainsi, en compagnie de Rin, sans rien faire, à juste profiter de la présence de l’autre. Les retours de Rin au Japon n’étaient jamais que ponctuels, le temps des compétitions, et Haruka profitait de chaque instant possible en sa présence. Il appréciait ces moments de silence, où le temps semblait en pause pendant un court instant, installant brièvement l’illusion d’une éternité au côté de Rin. Un doux rêve, simple mais suffisant.

Haruka haussa cependant les sourcils en voyant que Rin semblait lentement glisser de sa position, se rapprochant peu à peu de lui, et...

Ah.

Haruka se figea quand la tête de Rin finit par reposer sur son épaule, le nageur visiblement inconscient de son environnement alors qu’il dormait à moitié.

Le contact était agréable, mais aussi douloureux, alors qu’il ramenait toutes les questions et insécurités de Haruka à la surface. Car dans ce genre de moment, Rin faisait preuve d’une innocence et d’une confiance toute particulière envers lui. Et Haruka ne pouvait s’empêcher de songer qu’il trahissait Rin en le laissant agir ainsi, alors même qu’il ignorait tout des sentiments de Haruka à son égard. C’est pourquoi il ne laissa pas le contact se prolonger plus de quelques secondes, le temps qu’il lui fallut pour ralentir les battements frénétiques de son cœur.

« Rin, murmura Haruka en lui secouant doucement l’épaule. Rin, ne t’endort pas tout de suite. »

Le nageur eut un léger gémissement endormi avant d’ouvrir les yeux, et finalement de se redresser.

« D’solé, Haru... Temps d’aller se coucher, hein ? »

Haruka hocha doucement la tête.

« Va dormir Rin. Tu dois te lever tôt demain.

— Et toi ? demanda Rin dans un bâillement.

— Je vais juste débarrasser le thé.

— ‘kay. »

Les deux nageurs se levèrent, Rin prenant la direction de la chambre où son futon était déjà installé, tandis que Haruka se saisit du plateau avec leurs tasses. Il rejoignit la petite kitchenette de son appartement, plaça les deux tasses dans l’évier, et expira longuement pour se calmer.

Ça ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait qu’il le dise. Il fallait qu’il parle à Rin.

Sa décision était prise : demain, avant le départ de Rin, il allait se montrer honnête.


S’il y avait bien une chose que Rin n’aimait pas à propos des trajets en avion... eh bien, ce n’était pas le trajet, mais plutôt les horaires indécents de départ. Pourquoi fallait-il toujours que ça soit aussi tôt ?! Quel genre de malade avait décrété que c’était une bonne idée de faire partir les vols à 6h du matin, obligeant les passagers à venir alors que le soleil ne s’était même pas encore levé ?!

Urgh. Peu importe. Au moins, il n’était pas le seul à souffrir. Haruka avait tenu à se lever en même temps que lui pour lui dire au revoir avant qu’il ne prenne son taxi. Et Dieu sait qu’ils avaient eu tous les deux du mal à se lever ! À cet égard, ils pouvaient remercier la journée passée entièrement à la piscine la veille, qui les avait tant vidés de leur énergie que même une nuit complète de sommeil n’aurait pas été suffisante pour récupérer. Peut-être qu’ils n’auraient pas dû autant enchaîner les courses.

Bah, ce qui était fait était fait, songea Rin en attrapant sa casquette dans le couloir d’entrée. Et puis, nager contre Haru, ça en valait toujours le coup. Chaque course lui offrait tout le temps un sentiment de plénitude sans équivalent.

À ses côtés, Haru finissait d’enfiler une veste. Rin lui avait dit qu’il n’était pas obligé de l’accompagner jusque dans la rue, mais Haru s’était contenté de sourire, avant de n’en faire qu’à sa tête – comme d’habitude, quoi. Le nageur attrapa les clés de son appartement avant de se tourner vers lui.

« Tu as tout, Rin ?

— Ouaip, j’ai tout. »

Haru hocha simplement la tête, avant d’ouvrir la porte et de sortir. Rin se saisit de sa valise, et quitta lui aussi l’appartement, fermant la porte derrière lui. La fraîcheur du matin le saisit un peu brutalement, mais c’était agréable, et avait l’avantage de finir de le réveiller. Il se tourna vers Haru, attendant que ce dernier ferme la porte à clé... avant de se rappeler que c’était de Haru dont il parlait, le garçon qui ne fermait jamais sa porte à clé à Iwatobi. En l’occurrence, son ami se dirigeait déjà vers les escaliers, avant de s’arrêter, attendant visiblement que Rin le rejoigne. Rin lâcha un léger soupir désabusé, puis le rejoignit. De toute façon, Haru allait tout de suite retourner à son appartement une fois que Rin serait monté dans le taxi, alors...

La descente des escaliers du complexe se fit dans le silence, comme Rin s’y était attendu. Ce n’est pas comme si Haru était la personne la plus bavarde au monde, et Rin avait appris à apprécier les silences en sa compagnie. C’était agréable, en un sens, de simplement profiter de la présence de l’autre. C’était un peu comme une constante, quelque chose de rassurant. Dans une discussion, le sujet n’était jamais le même, et les mots différaient tout le temps, mais... le sentiment de calme en présence de Haru, c’était quelque chose qui ne changerait sans doute jamais. Qu’importe le temps qui s’écoulait entre deux retours de Rin au Japon, être à côté de Haru était toujours aussi apaisant.

Ils s’arrêtèrent finalement sur le trottoir, prêt à attendre l’arrivée du taxi, et Haru se tourna vers Rin :

« Combien de temps avant l’arrivée de ton taxi ? »

Rin jeta un rapide coup d’œil à sa montre.

« Moins de 5 minutes. »

Haru acquiesça d’un léger hochement de tête, avant de retomber dans le silence. Rin leva les yeux vers le ciel encore sombre à cette heure si matinale. 5h30 du matin, franchement... Il détestait vraiment les compagnies aériennes pour ça...

« Rin. »

Rin manqua de sursauter en entendant à nouveau la voix de Haru. Il tourna la tête, et fut surpris de voir à quel point Haru semblait soudainement à la fois sérieux et hésitant, légèrement tendu dans sa posture. Dans son regard brillait à nouveau cette émotion inconnue dont Rin avait souvent été témoin.

Une fois l’attention de Rin capturée, Haru reprit la parole.

« Je t’aime. »

... quoi ?

Clignant des yeux, Rin ne put rien faire d’autre qu’observer Haru, se demandant s’il avait bien entendu. Leurs yeux se croisèrent une nouvelle fois, et... Merde.

Rin pouvait le voir dans le regard de Haru. Ce regard bleuté qui semblait actuellement être un mélange d’affection, de mélancolie, d’abandon, et... de tant d’autres sentiments que Rin se sentait étourdi juste en maintenant ce contact visuel. Car Haru n’avait pas prononcé ces mots à la légère. Et le poids et la signification qu’il y avait derrière étaient si importants, que Rin ne se sentait soudainement pas à sa place, ici, à côté de Haru. Car le sentiment que Haru venait de transmettre était trop pur, trop brillant. C’était étouffant. Quand Rin ouvrit enfin la bouche pour répondre, le son de sa propre voix lui sembla à des kilomètres :

« Je vois... »

Il ne pouvait rien dire de plus pour l’instant. Il venait enfin d’apprendre quel était ce dernier sentiment inconnu qu’il avait toujours observé dans le regard de Haru. Et il se demandait s’il n’aurait pas été préférable de rester dans l’ignorance.

Soudainement, être à côté de Haru n’était plus aussi calme et apaisant.


Quand il retourna à son appartement, Haruka se sentit étrangement déconnecté de la réalité. Tout lui semblait enveloppé de brume, et ce n’est que lorsqu’il fit claquer la porte derrière lui qu’il reprit pied avec la réalité. Il tituba un peu, son dos finissant par cogner la porte d’entrée, et il se laissa glisser au sol. Il se sentait épuisé, comme drainé mentalement, et en même temps extrêmement tendu, comme incapable de relâcher la pression qui s’était accumulé ces derniers temps, même après avoir enfin osé exprimer ses sentiments à Rin. Pourtant, ça s’était... relativement bien passé. Peut-être. En vrai, il n’en savait rien. Rin ne lui avait pas vraiment donné une réponse claire, se contentant d’un simple « je vois », unique reconnaissance qu’il avait compris ce que Haruka avait dit.

Honnêtement, Haruka ne savait pas vraiment à quoi il s’attendait. Il ne savait pas non plus quelle réponse il espérait. Peut-être même qu’il n’en attendait pas. En un sens, c’était sans doute pour ça qu’il avait décidé de dire la vérité juste avant le départ de Rin. De cette manière, il avait offert à Rin une échappatoire, un moyen de s’éloigner pour réfléchir... ou juste de fuir définitivement.

Alors qu’ils étaient face à face, dans un silence devenu gênant, le taxi était arrivé, faisant sursauter Rin. Un peu agité, et évitant de regarder Haru, Rin avait chargé sa valise dans le coffre. Haru pensait que Rin allait simplement partir comme ça, sans un mot, ni rien, mais... Rin était revenu vers lui, quoique hésitant. Il s’était tordu les mains, visiblement indécis, et puis, sans avertissement, il avait attiré Haruka dans une étreinte. Une étreinte hésitante, maladroite, et un peu tendu, comme si Rin n’était pas certain de ce qu’il faisait, ou tout simplement doutait d’être autorisé d’agir ainsi.

Puis, il l’avait lâché. Il lui avait adressé un sourire forcé, plus proche d’une grimace qu’autre chose, avant de monter dans le taxi. Et juste comme ça, c’était fini. Rin était parti.

Haruka sentit sa gorge se serrer rien qu’en y repensant. Il sentit quelque chose d’humide glisser sur ses joues, et il lui fallut un instant pour comprendre qu’il pleurait. Il passa rapidement son bras sur ses joues, les essuyant rapidement avec sa veste. Il n’arrivait pas à se calmer, et se sentait soudainement beaucoup trop seul dans son appartement, qui lui semblait maintenant horriblement vide sans Rin. Même le silence, dont il était si coutumier, lui était insupportable en cet instant. D’une main tremblante, il sortit son téléphone de sa poche, et composa un numéro qu’il connaissait par cœur.

Il était tôt. Beaucoup trop tôt, même pas encore 6h du matin. Pourtant, il ne fallut que 2 sonneries avant que ça ne décroche.

« Haru-chan ?  répondit une voix qui, même ensommeillée, réussissait à transmettre de l’inquiétude.

— Makoto, répondit Haruka d’une voix à moitié étranglée.

Qu’est-ce qui se passe Haru ? s’alarma Makoto en entendant le ton brisé dans la voix de son ami.

— Je... J’ai... C’est juste... Rin... je lui ai dit que je l’aimais, et... je crois... enfin... j’ai peur d’avoir à nouveau tout gâché... »

Il y eut un court moment de silence, durant lequel Haruka renifla, n’arrivant tout simplement pas à retenir ces stupides larmes qui ne voulaient pas s’arrêter de couler, avant que Makoto ne réponde à nouveau, d’une voix parfaitement réveillée cette fois.

« D’accord. Attends-moi, j’arrive tout de suite. »

Haruka hocha la tête, oubliant que son ami ne pouvait pas le voir. Un léger bip retentit dans le portable, annonçant que Makoto venait de raccrocher, et Haruka laissa retomber son bras, avant de se recroqueviller sur lui-même. Et il attendit.

Notes:

Voilà pour ce premier chapitre, le suivant arrive bientôt vu qu'il est déjà quasi-fini. C'est aussi pour ça que je poste celui-ci, ça va (normalement) me donner le petit coup de pression/motivation nécessaire pour finir rapidement le prochain chapitre, et pas d'ici plusieurs semaines (la procrastination, vous connaissez ? XD ). Du coup... à très vite j'espère ! :)

Chapter 2

Notes:

Et voilà le deuxième chapitre ! Je m'étonne moi-même en voyant la rapidité à laquelle j'ai fini de l'écrire... Surtout que, au moment de poster le premier chapitre, celui-ci devait s'élever à 2500 mots... et maintenant, il en fait presque 6000... Donc bon, rétrospectivement, il était sans doute pas aussi « quasi-fini » que je le pensais et l'annonçais. Mais là où j'ai eu raison, c'est que, poster le premier chapitre, ça a été la motivation nécessaire pour me pousser à travailler celui-ci ! :)

Bref, ce chapitre est peut-être... un peu plus décousu que le premier, à cause des nombreux sauts dans le temps, contrairement au premier chapitre qui était continu, temporellement parlant.

Allez, j'espère que vous aimerez ! :)

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Plonger dans l’eau fut libérateur, pour Rin. Depuis son retour en Australie la veille, il avait attendu avec impatience le moment où il pourrait se rendre à la piscine pour l’entraînement. Plus que jamais, il avait ressenti le besoin de nager, alors que cela lui semblait être la seule solution pour se calmer, et oublier, ne serait-ce que momentanément, l’événement précédent son départ. Il ne voulait pas se rappeler le visage de Haru quand il...

Stop. Ne pas y penser, ne pas y penser.

Inconsciemment, Rin accéléra sa nage, alors que ce n’était que des longueurs d’échauffement.

Nager. Il devait juste nager. Éliminer les pensées parasites, se concentrer sur ses mouvements. Il aurait tout le temps de réfléchir plus tard. Pour le moment, il devait juste nager. C’était quelque chose qu’il savait faire, et de rassurant dans la familiarité de chaque mouvement effectué dans l’eau.

Lentement, Rin finit par réussir à se vider l’esprit. Quand il eut fini ses longueurs d’échauffement, et tourna la tête vers Mikhail pour connaître le programme d’aujourd’hui, son entraîneur le regarda cependant d’un air particulièrement critique. Rin se contenta de hausser un sourcil, et Mikhail lâcha un soupir, avant de lui expliquer les exercices pour l’entraînement du jour.


La semaine commençait, sans Rin cette fois. Et alors que Haruka aurait dû avoir l’impression que tout était revenu à la normal, c’était exactement l’inverse. La vie sans Rin lui paraissait comme incomplète. C’était étrange comment, en un laps de temps très court, Rin avait réussi à se faire une place dans la vie d’étudiant de Haruka, donnant l’impression qu’il avait toujours été là, comme une évidence toute simple. Maintenant, il ne restait plus qu’un vide étrange, à l’image de celui dans le cœur de Haruka, et un sentiment d’amertume persistant avec les souvenirs du départ.

Haruka ne gardait honnêtement pas beaucoup de souvenirs de la veille. C’est à peine s’il se rappelait la venue de Makoto après son appel téléphonique un peu désordonné. Son ami n’avait pas dit grand-chose de toute façon. En arrivant à l’appartement de Haruka, il s’était contenté de le prendre dans ses bras, et de le laisser pleurer sur son épaule. Avec n’importe qui d’autre, Haruka se serait senti particulièrement embarrassé d’avoir agi ainsi, de s’effondrer de manière aussi lamentable alors qu’il était celui qui avait décidé de prendre le risque de parler et d’exprimer ses sentiments pour Rin. Mais c’était Makoto. Makoto, son meilleur ami, qui ne l’avait jamais jugé, et n’avait fait aucun commentaire cette fois-ci non plus, ne remettant nullement en question les sentiments de Haruka pour Rin, et acceptant simplement et calmement la situation. Comme toujours, il s’était dégagé de Makoto une confiance et une stabilité qui avaient réussi à atténuer un peu, juste un peu, les angoisses de Haruka.

Maintenant, il fallait qu’il se reprenne. Qu’il aille de l’avant, et se concentre à nouveau sur la natation. Il ne servait à rien de s’attarder sur ce qui avait été dit ou fait, car ça ne changerait rien. Haruka ne pouvait rien faire d’autre que nager, et attendre. Attendre une réponse qui ne viendrait peut-être jamais, et qu’il n’était de toute façon pas certain de vouloir entendre. Non pas que Haruka ne garde aucun espoir pour cette réponse. Au contraire. Et c’était stupide, vraiment. Garder espoir ne ferait que prolonger inutilement ses souffrances. Mais Haruka n’avait jamais pu se montrer rationnel quand il s’agissait de Rin. Alors, même si c’était dangereux... il s’autorisait à garder une minuscule lueur d’espoir, tout en se tenant prêt à l’abandonner à tout moment. Et en attendant, il s’accrochait à d’autres espoirs moins dangereux... ou à peine. L’espoir qu’il n’avait pas créé un fossé aussi grand qu’il le croyait entre lui et Rin. L’espoir que peut-être qu’avec un peu de temps, même si Rin ne lui donnait jamais de réponse, ils pourraient toujours être proches. L’espoir que leur amitié perdure. Et dans tous les cas... qu’importe ce qui allait se passer, qu’importe quels espoirs deviendraient réalité, qu’importe lesquels n’auraient été au final rien d’autre que du poison, Haruka ne voulait pas abandonner la natation et son rêve de nager avec Rin en se tenant au sommet – les Jeux Olympiques.

Quand Haruka entra dans les vestiaires de la piscine universitaire, il se focalisa sur cette pensée, cet objectif qui faisait actuellement office de bouée de sauvetage dans le chaos de sa vie émotionnelle. Natation. Jeux Olympiques. Au moins, ça, il pouvait gérer, il savait comment travailler pour atteindre cet objectif.

Nager. Il devait juste nager.


Une semaine. Ça faisait juste une semaine. Est-ce que ce n’était pas trop tôt ?

Rin se sentait comme un idiot à rester planté devant son ordinateur, un message déjà tapé sur Line, et qu’il aurait déjà envoyé s’il n’y avait pas eu cette stupide hésitation. Pas à propos du contenu de son message, qui n’était au final qu’un rapide résumé de sa semaine, mais plutôt à propos du timing. Après seulement une semaine, est-ce qu’il faisait bien de déjà envoyer un message à Haru ? Est-ce qu’il avait raison de ne serait-ce que vouloir envoyer un message à Haru ? Après ce qui s’était passé le jour de son départ, est-ce qu’il y était seulement autorisé ? Il n’avait donné aucune réponse à Haru, et ne voulait pas pour le moment ne serait-ce que réfléchir à ce que Haru lui avait dit – il avait soigneusement évité d’y penser pendant toute la semaine ! Mais faisait-il bien de laisser ainsi l’incertitude planer ? Était-ce juste de sa part de faire ainsi traîner les choses ? Et en envoyant un message dans cette situation... comment Haru allait-il l’interpréter ?

Argh, c’était trop compliqué !

Exaspéré, Rin finit par appuyer avec force sur la touche Entrée pour faire partir son message. Au diable les conséquences, merde quoi ! Il voulait juste éviter que Haru pense que Rin voulait couper les ponts, car ce n’était définitivement pas le cas. Rin ne savait tout simplement pas trop comment il était censé agir pour le moment. Et il allait falloir qu’il réfléchisse sérieusement à toute cette situation. Juste... pas maintenant.


Le message de Rin fut... une surprise sans en être une.

Haruka et Rin avaient pris cette habitude d’échanger régulièrement sur Line après le lycée, promesse tacite de ne pas perdre contact comme ça avait été le cas en primaire. Il ne s’agissait la plupart du temps que de messages assez courts, mais qui leur permettaient de garder un lien, et éviter de lentement devenir des étrangers l’un pour l’autre. Il avait fallu... un petit temps d’adaptation pour Haruka, qui n’était guère plus habitué à s’exprimer à l’écrit qu’à l’oral. Ses premiers messages avaient été, il devait bien l’avouer, atrocement maladroits. Et puis, peu à peu, il s’y était fait. C’était facile, en un sens : le sujet de la natation composait majoritairement le message, agrémenté de quelques détails anodins, tels que Rin visitant sa famille d’accueil, ou Haruka ayant testé n’importe quel nouveau restaurant proposant du maquereau sur sa carte.

Recevoir un message de Rin, surtout aussi rapidement, fut un soulagement. C’était comme avoir un début de réponse, alimentant l’espoir que leur lien survivrait quoi qu’il arrive. Restait maintenant à connaître le contenu dudit message. Quels mots Rin avait-il employé ? Quels phrases avait-il formulé ? Quelle intention avait-il mis dans ce message ? Ce fut pratiquement en retenant son souffle que Haruka ouvrit la conversation sur Line. Lentement, ses yeux parcoururent le message, et une fois à la fin, il se laissa retomber en arrière sur son siège. Et seulement alors il s’autorisa enfin à prendre une profonde respiration, avant d’expirer lentement.

Rin avait à la fois très peu et beaucoup écrit. Il avait complétement évité d’évoquer ce non-dit s’attardant maintenant entre eux, cette incertitude sur ce qu’allait maintenant être leur relation, et avait préféré se focaliser sur un simple retour de sa semaine, et de ses entraînements à la piscine. La structure et la formulation était un peu trop carré, comme si Rin avait rédigé un rapport plutôt qu’un message à un ami. Le texte renvoyait une impression de maladresse et d’hésitation, comme si à certains moments, Rin avait voulu écrire quelque chose de différent, avant de changer d’avis, pour revenir sur un contenu un peu plus... formel.

Malgré tout... Il s’agissait d’un premier pas, un appel à rester en contact, et à ne pas s’exclure mutuellement de leurs vies respectives malgré le malaise pour le moment présent entre eux. Rin venait de tendre une main incertaine, et Haruka comptait bien la saisir.

Prenant une nouvelle inspiration, Haruka commença à taper sa réponse au message.


Les semaines s’écoulaient, se transformant en un mois complet, mais Rin avait l’impression de stagner. Pour lui, son départ du Japon aurait tout aussi bien pu avoir eu lieu la veille. Il n’arrivait pas à avancer, son esprit se débattant toujours dans le chaos formé par les mots de Haru. Rin fuyait la situation autant qu’il essayait d’y faire face, indécis dans la manière dont il devrait y réfléchir, de comment il pourrait arriver à une réponse qui soit honnête, autant pour lui que pour Haru. Il voulait vraiment arriver à une conclusion. Il ne souhaitait rien de plus que mettre fin à ce malaise entre lui et Haru, et arrêter le simulacre de normalité qu’ils avaient instauré entre eux, continuant de s’envoyer des messages comme si rien ne s’était jamais passé, mais évitant tout appel vidéo. Rin voulait mettre un terme à cette situation particulièrement absurde. Mais il n’y arrivait pas. Il se tenait dans une impasse, et n’avait aucune idée de comment en sortir.

« Rin-kun ! »

Une tape sur la tête lui fit relever les yeux. Au bord de la piscine, Mikhail le regardait d’un air mécontent.

« Tu étais encore distrait ! Concentre-toi un peu !

— Ah... Désolé coach...

— Tch... Sérieusement, soupira Mikhail. Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ces derniers temps ? Depuis la compétition il y a un mois, tu alternes entre performance et médiocrité : un jour tu me bats ton record personnel d’une bonne seconde entière, et le lendemain tu es presque à trois secondes au-dessus de tes temps moyens ! »

Ouch, Mikhail savait exactement frapper là où ça faisait mal... mais Rin devait bien reconnaître que sa natation était un peu chaotique en ce moment. Nager avait cet avantage d’être un excellent moyen d’évacuer toute la frustration et la tension qu’il ne cessait d’accumuler ces derniers temps, tout en ayant l’inconvénient de lui rappeler purement et simplement Haru. Résultat, il était inconstant dans ses efforts, ce qui était particulièrement frustrant.

« Vraiment, Rin-kun. Qu’est-ce qui ne va pas ?

— ... ce n’est rien, coach » répondit distraitement Rin avant de se tourner pour refaire une longueur. « Je vais rester nager un peu...

— Non ! » l’interrompit Mikhail.

Surpris, Rin lui fit face, observant avec étonnement la manière dont Mikhail semblait particulièrement irrité.

« Non... ?

— Non ! Dans l’état où tu es, ça ne sert strictement à rien que tu restes après ta séance d’entraînement pour faire des longueurs supplémentaires. Tu es si peu concentré que tu vas juste t’épuiser inutilement, sans que ça te soit bénéfique. Alors tu sors de cette piscine, c’est un ordre ! »

Pendant une seconde, Rin réfléchit à peut-être insister pour rester nager, mais l’expression ferme et sans appel sur le visage de Mikhail lui ôta rapidement l’idée. En retenant un grognement mécontent, il se hissa sur le bord avant de se lever.

« Rin-kun, reprit Mikhail. Je ne sais pas ce qui te tracasse à ce point depuis un mois, mais ça empire depuis une semaine. Je ne sais pas si tu as essayé d’en parler à quelqu’un, mais si ce n’est pas le cas, tu devrais. Tout garder pour soi n’est jamais une bonne solution.

— En parler à quelqu’un... Comme si c’était si simple, murmura Rin. Je ne saurais même pas vers qui me tourner... Et je ne suis même pas sûr que quiconque puisse m’aider à y voir plus clair...

— Oh, allons, ne dis pas ça ! Si tu veux, je me porte volontaire pour écouter tout ce que tu as à dire ! »

Rin se retint de lever les yeux au ciel devant l’enthousiasme de Mikhail. Ce dernier était plein de bonne volonté, mais il était quand même la dernière personne à qui Rin voudrait se confier. Et puis, en parler, en parler... Rin ne saurait même pas par où commencer, ni comment expliquer quel était vraiment le problème. Tout dans cette situation était beaucoup trop confus, Rin ne savait même plus pourquoi il était si hésitant. Était-ce parce que lui et Haru étaient deux garçons ? Le regard de la société... en avait-il peur ? Si oui, était-il alors possible qu’il se voile la face inconsciemment ? Et dans ce cas... sous toutes les couches de normalités auto-imposées, qu’était vraiment son amitié avec Haru ? Où donc se situait la frontière entre amitié et amour ? Rin avait beau essayé d’y réfléchir, il n’arrivait à rien. Il avait même essayé de se renseigner sur des forums, mais sans résultat. Rien ne lui paraissait réel sur le net, tout était trop distant, et malgré la multitude de conseils et de récits, Rin n’arrivait pas à s’y retrouver. Comment le pourrait-il quand ses propres sentiments lui semblaient inatteignables, impossible à déchiffrer sans aide, et...

Oh.

« Coach...

— Hm ? »

C’était ça en fait.

« En fait, vous avez raison. J’ai besoin d’en parler. »

Pour parler à quelqu’un, il fallait quelqu’un qui soit réel, humain. En parler en face à face, et pas juste au travers de phrases écrites dans un forum sur le net.

« Vraiment ?! Dans ce cas, je suis tout ouïe ! Allez, raconte-moi tou-

— À plus, coach » lança Rin avant de s’éloigner, manquant la façon dont le visage de Mikhail s’effondrait dans un mélange de déception et trahison.

Et ce n’était pas grave si la personne à qui il parlait ne pouvait pas tout comprendre. Tant qu’il y avait un point commun entre eux, une ressemblance à laquelle se raccrocher... Ce serait suffisant.

« Hey, Joshua ! » appela Rin en se rapprochant d’un groupe de nageurs.

Un étudiant au cheveux blonds releva la tête, un air surpris en voyant qui s’approchait.

« Rin ? Qu’est-ce qu’il y a ?

— Erh... Juste... Tu aurais un peu de temps ce soir pour qu’on puisse discuter ? »


« Dis, Haru-chan...

— ... »

Relevant la tête de ses fiches, Haruka envoya à Makoto un regard traduisant son agacement face à l’ajout du « chan » à son prénom. Mais comme d’habitude, son meilleur ami se contenta de sourire, nullement décontenancé, et continua comme si de rien n’était.

« Est-ce que continues d’avoir des nouvelles de Rin ? »

Retenant un soupir, Haruka retourna à sa feuille, et répondit tout en continuant de compléter ses fiches de vocabulaires d’anglais.

« Toujours, oui. Une fois par semaine, le week-end. On échange sur Line.

— Ah, tant mieux.

— Hm. »

Haruka évita soigneusement de développer davantage. Un mois après le départ de Rin, Makoto se montrait toujours aussi prudent quand il voulait évoquer le sujet, ce dont Haruka lui était reconnaissant, mais il lui serait encore plus reconnaissant s’il évitait complétement de parler de Rin. Ce qui, bien sûr, était trop demander à Makoto, et Haruka savait qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il l’avait appelé sur un coup de tête après le départ de Rin, complétement en larme, et aurait dû se douter qu’à partir de là, Makoto allait automatiquement passer en mode mère-poule : toujours au petit soin, ce qui était appréciable, mais aussi extrêmement intrusif, se renseignant sur le moindre petit signe d’amélioration dans la relation entre Haruka et Rin. Bon, pas tout le temps, heureusement. Il y avait des jours où Makoto respectait son silence, et ne le pressait pas de questions.

Aujourd’hui n’était malheureusement pas ce genre de jour. Et Haruka commençait déjà à regretter d’avoir invité son meilleur ami à son appartement pour une séance de révision en commun.

« Et... vous avez eu l’occasion de vous parler en appel vidéo ? » poursuivit Makoto.

Pendant une seconde, Haruka arrêta d’écrire, sa main se figeant, avant qu’il ne se reprenne et continue de travailler ses fiches. Mais Makoto n’était pas aveugle, et Haruka savait que son meilleur ami avait tout enregistré de sa réaction.

« Non, répondit Haruka d’une vois plate. On en a pas eu l’occasion.

— Oh, Haru-chan... »

Haruka retint une grimace face au ton désolé qu’il entendait dans la voix de son meilleur ami. Avant que Makoto ne puisse passer au niveau supérieur de son mode mère-poule, consistant en une séance câlin particulièrement gênante et étouffante, Haruka reprit la parole pour le rassurer du mieux qu’il le pouvait.

« C’est bon, Makoto. Je... Ça va, vraiment. Je continue de parler avec Rin. Il n’a pas coupé les ponts, et... c’est normal que tout ne soit pas comme avant. Ça ne fait qu’un mois. »

Ça fait déjà un mois, murmura une voix dans sa tête, mais Haruka l’ignora. En face de lui, Makoto fit une petite moue, apparemment pas entièrement convaincu, mais décidant tout de même de laisser tomber l’affaire, au grand soulagement de Haruka.

« Si tu le dis, Haru-chan... »

Hochant la tête, Haruka retourna à ses fiches d’anglais, peu désireux de poursuivre la conversation. Et heureusement, Makoto n’insista pas davantage.


Trois mois. Un temps qui, selon le contexte, pouvait aussi bien être considéré comme très long qu’incroyablement court. Mais en l’occurrence, du point de vue de Rin, considérant la situation, ça avait été très long. Il avait pris son temps, et même s’il avait conscience que ça avait été nécessaire, que tenter de vouloir tout régler trop rapidement n’aurait conduit qu’à une catastrophe, il se sentait quand même un peu coupable d’avoir autant fait traîner les choses. Mais au moins, maintenant, il avait les idées un peu plus claire, et avait une idée globale d’où il voulait se diriger. Et toutes ces améliorations, il devait bien reconnaître qu’il les devait à Joshua.

Honnêtement, au début, ça avait été un peu... gênant. Lui et Joshua ne se connaissaient que de vue, n’ayant jamais vraiment interagi l’un avec l’autre, et l’unique raison poussant Rin à vouloir lui parler était que Joshua était le seul mec gay qu’il connaissait (de loin) et à qui il pouvait donc demander conseil. Du coup, ouais, comme début, on avait déjà fait mieux. La manière franche et un peu brute de Joshua pour résumer la situation n’avait pas non plus été des plus engageantes...

« Donc, tu te crois hétéro, mais ton pote t’as dit qu’il t’aimait, résultat tu sais plus où t’en es avec lui, t’as essayé de te renseigner, mais ça t’a servi à rien, et maintenant tu te tournes vers moi car je suis le seul mec gay que tu connaisses, et tu penses que je pourrais t’aider à y voir plus clair. C’est bon, j’ai tout juste ? »

Mais au final, cette façon un peu directe de présenter les choses, ça s’était retrouvé dans la manière de Joshua d’aborder les problèmes, de s’y attaquer, et ça avait été plutôt efficace pour aider Rin. Donc bon, ça valait bien quelques moments gênants, pas vrai ?

S’allongeant sur son lit, épuisé après sa séance d’entraînement à la piscine, Rin s’autorisa à flemmarder cinq minutes, avant de se relever pour éviter de tout de suite s’endormir. Ces trois derniers mois, il avait souvent discuté avec Joshua, ce dernier se révélant particulièrement à l’écoute, et surtout très patient. Il avait su bousculer Rin quand il le fallait, et quand il était préférable de lui donner un temps de réflexion. Même si au final, il l’avait plus souvent bousculé dans ses réflexions que laissé en paix. Mais, comme déjà dit, ça avait été une méthode efficace. Malgré tout, même après tout ce temps, Rin n’était pas certain d’avoir atteint une conclusion satisfaisante. Mais il avait quand même un début de réponse, qu’il souhaitait offrir à Haru.

Rin se sentait capable d’être sincère dans les sentiments qu’il souhaitait exprimer, et il comptait bien aller de l’avant.


Les vacances approchaient, et Haruka se demandait s’il avait fait le bon choix en prévoyant de retourner une semaine à Iwatobi. En un sens, il aurait préféré pouvoir s’isoler un peu pendant son temps libre, et ça allait être complétement impossible là-bas considérant la présence de Rei et Nagisa. Surtout de ce dernier, en fait. Mais d’un autre côté, c’était peut-être un peu ce qu’il recherchait. La compagnie survoltée du blond serait sans doute un bon changement d’environnement. Et puis, Makoto semblait particulièrement enthousiaste à l’idée de retourner dans leur ville natale pendant les vacances. Vu tous les problèmes que Haruka lui avait causé ces trois derniers mois, il considérait qu’il pouvait bien faire une petite faveur à son meilleur ami...

Le seul problème... c’était que Haru n’avait aucune idée de ce que Rin avait prévu de faire pour les vacances, s’il restait en Australie ou revenait au Japon pour voir sa famille. Leurs derniers échanges sur Line s’étaient améliorés : Rin semblait un peu plus à l’aise, recommençant à partager de petites anecdotes. La seule chose que l’un comme l’autre continuait d’éviter, c’étaient les appels vidéo. Et aussi, ils ne se posaient pas de questions quand ils échangeaient, comme si c’était là une limite, un moyen de garder une distance de sécurité en ne donnant pas l’impression de trop s’intéresser à l’autre. C’est pourquoi Haruka ne demandait pas à Rin quels étaient ses projets pour les vacances. Rin n’avait rien dit à ce sujet, et Haruka se sentait obligé d’accepter ce silence-là.

Parfois, Haruka ne savait plus trop où ils en étaient : est-ce que la distance entre eux avait diminué, ou bien au contraire s’était-elle agrandie ?


Cette fois-ci, retourner à Iwatobi avait... une signification assez particulière. C’était ici que tout avait commencé, dans cette ville. C’était ici que tout allait se terminer. Et c’était également ici que peut-être il y aurait un nouveau début. C’était sans doute pourquoi, depuis son retour la veille, Rin se sentait étrangement fébrile, une certaine nervosité transparaissant dans son attitude. Ce soir, il allait revoir Haru. Et cette seule idée le maintenait dans un état de tension extrême. Il n’arrivait pas à tenir en place, alors il attrapa une casquette et une veste, et sortit de sa chambre.

« Maman ? Je vais attendre l’arrivée de Haru devant chez lui, lança-t-il en direction de la cuisine.

— Oh ? D’accord. Est-ce que tu seras de retour pour le dîner ?

— Pas sûr... Je t’enverrai un message pour te tenir au courant. »

Attrapant ses chaussures, Rin faillit manquer l’apparition de Gou, qui avait un air plutôt boudeur sur le visage.

« Eeeh, onii-chan, tu es rentré depuis hier seulement, et déjà tu nous abandonnes pour la soirée ?

— Haha, désolé, Gou, mais il y a un petit truc que je dois régler avec Haru.

— Un truc... à régler ? répéta sa sœur en fronçant les sourcils. Et ça ne peut pas attendre ?

— Hm... disons que je préfère me dépêcher de mettre fin au froid qu’il y a entre nous deux.

— Quoi ?! Ne me dis pas que vous vous êtes disputés tous les deux !

— Mais non ! Enfin... pas exactement.

— Comment ça, pas exactement ?! »

Levant les yeux au ciel, Rin finit de lacer ses chaussures et se releva, prêt à partir.

« Ça va, Gou, ne t’en fais pas. On a juste... besoin de clarifier certaines choses. »

Gou lui lança un regard dubitatif, mais n’insista pas, et Rin sortit enfin dehors. D’après ce que lui avait dit Makoto par message, Haruka allait arriver à Iwatobi aux environs de 20h. Un coup d’œil à sa montre informa Rin qu’il était 19h30 passé, il avait donc largement le temps de rejoindre la maison de Haru. Après quoi, il n’aurait plus qu’à attendre l’arrivée du nageur. Prenant une profonde inspiration, Rin partit d’un pas rapide.

Après trois mois à hésiter et tergiverser, il allait enfin faire face correctement aux sentiments de Haru.


Haruka avait toujours su que Rin pouvait se montrer extrêmement imprévisible. Il n’y avait qu’à voir comment Rin avait réussi à le traîner en Australie l’an dernier, et ce avec un départ organisé plus qu’à la dernière minute. Et franchement, après ça, Haruka s’était toujours dit que plus rien ne pourrait sans doute jamais le surprendre quand Rin était impliqué.

Oh, comme il avait tort.

Là, en cet instant, Rin se tenait assis dans les escaliers menant à la maison de Haruka, démontrant une nouvelle fois son imprévisibilité par sa simple présence. Le nageur pianotait sur son téléphone, un air distrait sur le visage. Puis, il leva la tête, et aperçu Haruka, en bas des escaliers. Un sourire étrangement calme s’installa sur ses lèvres, et il commença à descendre pour rejoindre Haruka, fourrant son téléphone dans la poche de son pantalon. Quand enfin il s’arrêta en face de lui, Haruka se demandait vraiment s’il n’était pas tout simplement en train d’halluciner. Puis, la voix de Rin s’éleva, brisant le silence de la nuit qui commençait à tomber.

« Salut, Haru. »

Plus que jamais, Haruka avait l’impression que les mots lui échappaient, et il se contenta de hocher doucement la tête en guise de réponse pour saluer Rin. Heureusement, ce dernier ne sembla pas lui en tenir rigueur, se contentant de désigner de sa main la valise de Haruka.

« Besoin d’aide pour la monter ? »

Question un peu superflue, Haruka n’avait pris que peu de bagages avec lui pour revenir à Iwatobi, et le trajet à pied depuis la gare ne l’avait nullement épuisé – il était un athlète, quand même ! Mais il comprenait aussi que Rin demandait surtout pour pouvoir meubler le silence qui menaçait de s’installer. Et parce que le silence serait définitivement trop lourd à supporter vu les circonstances, Haruka finit par réussir à répondre.

« Oui, s’il te plaît. »

Rin se saisit de l’anse de la valise, et se décala du chemin, laissant Haruka prendre les devants. Le cœur battant, Haruka commença à monter les escaliers. Chaque pas qu’il faisait lui semblait un instant lourd, puis léger l’instant suivant. Rapidement, trop rapidement même, il se retrouva devant la porte, et fouilla dans ses poches pour en sortir les clés. Ses mains étaient légèrement tremblantes, et Haruka se trouvait stupide de surréagir comme il le faisait. Finalement, enfin, il put déverrouiller la porte, et entra dans le couloir. Rin le suivit, fermant la porte derrière eux tandis que Haruka se dirigeait vers le tableau de fusibles pour remettre le courant dans la maison. Puis, après ce qui lui sembla une éternité, Haruka se tourna vers Rin.

« Il... doit rester du thé dans l’un des placards de la cuisine. Est-ce que tu veux que j’en prépare ?

— Hm, pourquoi pas. Mais je m’en charge. Prend le temps de monter ta valise et de ranger tes affaires.

— D’accord... Le thé se trouve normalement dans le placard supérieur, à gauche de l’évier.

— ‘kay. »

Rin s’éloigna, au grand soulagement de Haruka. Chaque phrase qu’il prononçait sonnait horriblement fausse à ses oreilles, et toute la conversation lui semblait vide, dénuée de sens et d’utilité. Ce fut presque en mode automatique qu’il monta à l’étage, pour déballer le peu d’affaires qu’il avait amenés avec lui pour sa semaine de vacances à Iwatobi. Et quand il redescendit, il lui semblait avancer dans un épais brouillard. Il finit par s’assoir dans le canapé, écoutant distraitement les légers bruits en provenance de la cuisine. Rapidement, il se demanda si Rin se souvenait où était rangé le service pour le thé, mais Rin coupa court à ses pensées en apparaissant dans l’encadrement de la porte, plateau en main. Silencieusement, il le posa sur la table en face du canapé, avant de s’assoir à côté de Haruka.

Haruka trouvait une certaine résonnance avec la veille du départ de Rin il y trois mois. C’était similaire, mais différent. Ils étaient à Iwatobi, pas à Tokyo. C’était Rin qui avait préparé le thé, pas Haruka. Et le silence n’allait sans doute pas se prolonger, ce soir.

Tout comme Haruka le pensait, Rin finit par briser le silence.

« Désolé. Je sais que c’est un peu brusque, que je m’impose un peu.

— ... ce n’est pas un problème. Ne t’en fais pas pour ça. »

Rin lui adressa un doux sourire de remerciement, et Haruka se retint de détourner le regard. Avant de se sentir encore plus mal à l’aise qu’il ne l’était actuellement, Haruka reprit la parole :

« Comment... as-tu su que je revenais à Iwatobi ce soir ? On... avait pas parlé de nos projets de vacances, sur Line.

— Ah, ça. J’ai demandé à Makoto. »

Rin eut la décence de paraître gêné en avouant être passé par le meilleur ami de Haruka plutôt que le principal concerné, qui retint d’ailleurs un froncement de sourcil. Makoto, ce sale traître... Est-ce que c’était pour ça qu’il lui avait dit qu’il ne le rejoindrait à Iwatobi que demain, ayant soi-disant des affaires de dernière minute à régler sur Tokyo pour la fac ? Il savait sans doute pour la venue de Rin, et pourtant ne lui avait rien dit... Tu parles d’un meilleur ami...

« Ce matin-là, poursuivit Rin. Tu m’as dit que tu m’aimais, et... j’ai un peu fui. Désolé. »

Haruka retint presque son souffle. Il savait vers où se dirigeait la conversation, mais il n’était pas sûr d’être prêt mentalement à entendre la suite. Il se sentait tendu comme la corde d’un arc, et avait les paumes moites tant il stressait.

« Mais en même temps, qu’est-ce qui t’as pris de me le dire juste avant l’arrivée de mon taxi ?! C’est à peine si j’ai eu une seconde pour correctement intégrer ce que tu m’avais dit, et je n’avais pas du tout le temps de me poser pour réfléchir ! »

Rin semblait presque outré alors qu’il parlait, et il y avait une certaine forme de légèreté dans ses paroles, sans que ça soit forcé, ce qui aida Haruka à se détendre. Il offrit un sourire contrit à son ami.

« Désolé, Rin... Je pensais te laisser une porte de sortie comme ça. »

Il reçut un coup de coude amical en retour, et enfin, Haruka finit par relâcher une bonne partie de sa tension. Il se sentait enfin prêt, vraiment, à écouter la suite.

« Tu sais, repris Rin. Même si je suis souvent très romantique... je ne me suis jamais vraiment intéressé à la romance pour mon propre cas. Et je me suis encore moins questionné sur mon orientation sexuelle. Est-ce que je veux tomber amoureux, et de qui... Ce sont des questions que j’ai toujours un peu évitées. Avec la natation, et mon rêve de progresser jusqu’au jeux olympiques... je crois qu’inconsciemment, je me suis plus ou moins interdit de songer sérieusement à une relation amoureuse quelle qu’elle soit. »

Rin fit une pause, semblant chercher ses mots, avant de lâcher un soupir un peu frustré.

« Désolé Haru. Je... ne peux pas encore te donner de réponse claire et définitive. »

Haruka sentit une pointe de déception le transpercer, mais s’efforça de ne rien laisser paraître. Rin n’avait pas dit non n’est-ce pas ? Il pouvait toujours-

« Mais, il y a quand même certaines choses que je peux affirmer maintenant » continua Rin, le coupant dans ses pensées.

Surpris, Haruka le regarda fixement, et manqua de sursauter quand Rin lui saisit la main.

« Je ne veux pas te dire non simplement parce que nous sommes deux hommes. Je ne veux pas te dire non simplement parce que je n’avais jamais réfléchi avant à la possibilité qu’on puisse être plus qu’amis. Je... J’ai remis beaucoup de choses en perspectives ces derniers temps. On m’a pas mal aidé à ce niveau-là, d’ailleurs... Et je ne sais pas exactement ce que sont vraiment mes sentiments pour toi. J’essaie toujours de resituer ma propre frontière entre amour et amitié, pour savoir de quel côté se situe mon affection pour toi. Je suppose... que je t’ai toujours aimé, Haru, je ne sais juste pas, plus, dans quel sens. En plus, il y a la natation, et le fait que j’ai peut-être toujours un peu vu l’amour comme un obstacle à mes objectifs, mais... je me dis aussi que... si c’est toi... ça ne me dérangerait pas de tomber amoureux... »

La dernière phrase de Rin sembla planer longuement dans la pièce, résonnant sans fin dans les oreilles de Haruka. Il sentait une multitude d’émotions le bousculer intérieurement, et il était incapable de parler. Rin se laissa un peu tomber vers lui, sa tête reposant soudainement sur son épaule, et Haruka ne put rien faire d’autre que rester immobile, continuant d’écouter Rin.

« Désolé Haru... J’ai l’impression d’être un putain d’égoïste en t’offrant cette réponse qui n’en est même pas une. C’est juste... je veux être honnête avec toi, et m’assurer que quand je te donnerai une réponse, elle sera sincère parce que... juste... tu comptes beaucoup pour moi... »

La gorge nouée, Haruka eut besoin de quelques secondes pour retrouver l’usage de la parole. Il avait l’impression que son cœur allait exploser alors qu’il comprenait ce que venait exactement de lui offrir Rin. Doucement, il secoua la tête, alors que des larmes commençaient à glisser le long de ses joues :

« Non, Rin, ce... ce n’est pas égoïste, tu... je crois que tu ne te rends même pas compte à quel point ta réponse représente beaucoup pour moi... »

Rin se recula, et se figea un instant en le voyant pleurer, avant de laisser place à une expression attendrie. Lentement, Rin leva une main pour essuyer les larmes sur le visage de Haruka. Puis, doucement, il se pencha, et déposa un baiser très léger au coin des lèvres de Haruka, avant de le serrer dans ses bras, dans une étreinte sincère, bien différente de celle extrêmement maladroite qu’ils avaient partagée lors du départ de Rin il y a trois mois. C’est pourquoi Haruka n’hésita pas à rendre lui aussi l’étreinte, serrant fort Rin contre lui, ses mains s’accrochant et froissant le dos du t-shirt du nageur.

Rin venait de lui donner, non, de LEUR donner une chance. Il prenait les choses au sérieux, et avait implicitement demandé à Haruka de ne pas abandonner. Alors, Haruka n’allait pas abandonner. Il allait s’autoriser à espérer. Jusqu’au bout, il allait se raccrocher à cet espoir fragile mais sincère.

L’espoir de la réponse reçue aujourd’hui.

Et l’espoir d’une réponse future.

FIN

Notes:

Voilà, fini ! Eh oui, une fin ambigüe, et très ouverte, que voulez-vous, ça me semblait très adapté pour cette fic (j'espère que je n'ai déçu personne...).

En fait, l'idée de base m'est venue en lisant le manga Love Stories, de Tagura Tohru (un manga que j'adore, même si, bordel de merde, c'est quand qu'il va arriver le prochain tome ?!). À un moment, un des personnages se pose une question assez particulière : combien de mecs, n'ayant pas d'à priori envers les gays, seraient prêts à sortir avec un gars qui leur fait une déclaration ? C'est une question que je trouve à la fois pertinente et stupide, et du coup, voilà, c'est un peu là-dessus que repose cette fic.

Merci d'avoir lu !