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Quitte à communier avec les âmes de ses anciens amants un jour de Saint Valentin, il aurait voulu que cela se passe autrement. Mais après tout la vie, c’était souvent s’adapter aux circonstances, et il ne pouvait pas non plus nier se trouver à l’endroit idéal.
Remus rassembla les saletés du sol de sa cellule, composées en grande partie des bris des murs d’Azkaban. Il était le seul captif de l’étage et il régnait dans la prison un silence de mort.
Avec un bout de métal, il dessina mélancoliquement un N pour Nymphadora, la représentante de l’ordre, suivit d’une étoile pour Sirius, le perturbateur, bannissant après réflexion un S trop réminiscent des sssserpents.
Sombre, sincère, surexcité et séduisant Sirius.
Noble et naturelle, ncatastrophe notoire Nymphadora.
- Bonsoir, l’interrompit une voix grave et profonde, amplifiée par l’acoustique.
Il sursauta et provoqua une grosse indentation dans la poussière qu’il était occupé à graver.
- Kingsley ?
- Reste assis, ordonna le ministre de la magie en s’installant confortablement en tailleur par terre, les genoux appuyés contre le métal des barreaux.
Sans plus d’explications sur sa soudaine apparition, il posa un paquet et s’affaira à des préparatifs obscurs. Remus s’approcha et glissa à l’aveugle ses doigts sur le poignet de son compagnon, remontant sa paume et s’accrochant à l’objet qu’il tenait.
- Des pétales. Une fleur ?
- Des géraniums roses.
- Il y a une lime cachée dans la tige ?
Kingsley sourit dans le noir et serra gentiment la main restée dans la sienne.
- Non.
- Viens-tu célébrer ma mémoire de façon extrêmement anticipée ou ai-je obtenu la grâce ministérielle pour sortir de là ? demanda-t-il quelque peu sarcastique.
- Et bien, en fonction des lenteurs de l’administration, mais cela devrait être aux alentours de minuit, tu pourras partir dignement par la porte. En attendant, il faudra se contenter de ma pauvre tentative d’embellissement de ton espace.
Remus ne prit pas la peine de mentionner l’inutilité du projet, encore plus avec le peu de luminosité ambiante. Il haussa les épaules et se laissa tomber vers l’avant, le front contre les barreaux et contempla le paquet ; une bouteille et des verres.
Il n’était pas bon en matière de sentiments, et sa relation avec Kingsley s’était toujours difficilement mise en mots.
- Mon environnement est déjà très, très charmant, dit-il lentement en relevant les yeux vers lui.
Son vis-à-vis renifla avec amusement. Il poursuivit :
- Doit-on également remercier ta très, très grande compétence de prévention contre la délinquance pour notre surprenante intimité ?
Kingsley lui plaça un géranium derrière l’oreille, toujours aussi concentré sur sa tâche.
- Tu peux remercier mon sérénissime bras long, avoua-t-il distraitement, j’ai privatisé l’étage.
- Je dois être un grand criminel…
- Tu t’es fait arrêté au détecteur de métal par un officier d’accueil du ministère trop zélé, qui méprend les bijoux pour des poignards, et assurément lycantrophobe. D’où venait la bague ?
Ah oui…Ça…
Il posa inconsciemment son regard sur le N, partiellement détruit par son faux mouvement.
- Teddy s’est mis en tête que je devais te faire ma déclaration. Il a dû voler l’alliance d’Harry et la glisser dans ma poche.
Il passa une main sur le sol froid, pensif.
- J’avais aussi une montre et des pièces si tu veux vraiment le savoir. Ce n’est pas comme si avant de partir ce midi, j’avais pu anticiper la soudaine lubie de la sécurité de venir me cueillir à la porte de ton bureau.
À nouveau, Kingsley entrelaça ses doigts avec les siens, serein et confortable, avant de lui rajouter une énième fleur.
- Je vais ressembler à Ombrage si tu continues avec ton rose.
- Ils voulaient te placer dans la cellule en face de la sienne. C’est pour ça que j’ai privatisé. Et finalement ? Que nous donne cette déclaration ?
Remus le regarda, se sentant étrangement surpris par la question. Il ferma les yeux et considéra sérieusement son meilleur ami. Son calme. Sa patience.
Son immédiate compréhension des besoins d’un homme cassé.
Les chants de l’harmonie symbiotique.
Il posa deux géraniums sur le N et l’étoile avant d’en voler un dernier, qu’il fit tourner entre ses doigts un moment. Faute de cheveux à exploiter et maladroit dans sa position, il le passa du mieux qu’il le pu dans la boucle du piercing de Kingsley, qui eut l’amabilité d’aller poser son front près du sien. Il avait passé le temps des contrats de mariage, et ils étaient deux ici à connaître le langage des fleurs.
- Tu sais déjà.