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Les Contes de Coxpocalypse

Summary:

Un ensemble de petits OS se passant dans l'univers de Coxpocalypse, une autre fanfic RPZ. Tout ce qu'il y a à savoir : Cox est revenu se venger avec des pouvoirs magiques et une armée d'autruches. Los Santos est dans un état post-apocalyptique divisé entre le LSPD, l'école de magie du LSMS, l'église, la forteresse Montazac-Torez et la prison fédérale communiste. Cox a ouvert le multivers, et des variants de tous les personnages venant de fanfics et AU de tout le fandom sont arrivés dans cette réalité. C'est la merde.

Notes:

TW : violence, mention de mort, mention de poison, mention de suicide, mention de manipulation

Chapter 1: La véritable histoire du Docteur Maison

Chapter Text

L’alarme retentissait depuis maintenant de longues minutes dans la prison du refuge de la LSPD. Les échanges de tirs qui résonnaient dehors étaient étouffés par les murs dans la prison, où tous les variants des Vagos étaient progressivement libérés. La prison du LSPD n’avait plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était auparavant. Désormais un immense pénitencier souterrain de plusieurs niveaux, il possédait des dizaines de cellules, où trônaient variants multiversels Vagos, Families, autres factions et indépendants, et enfin, une porte verrouillée menant vers une portion plus profonde encore. Lenny Johnson, qui encourageait tous les variants Vagos à sortir de leur cellule afin de fuir, vit cette porte, et s’arrêta un instant. Il fronça les sourcils et réfléchi : derrière devaient se trouver les pires variants, les plus dangereux, les plus grands criminels, mages, surhumains et créatures. Des destructeurs, responsables de la mort de dizaines. De quoi donner aux Wargos un avantage immense. Il avança vers la porte, où le garde, un variant robotique de Harris, gisait sur le sol, tressaillant de temps en temps avec quelques étincelles sortant de son torse. Lenny sortit alors un pack de C4 de sa veste de cuir et le colla sur la porte avant de se reculer. La porte fut rapidement pulvérisée, projetée dans le noir, et le son de l’explosion ne fit qu’ajouter au vacarme et à la panique ambiante. Lenny avança lentement, arme en main, une lampe torche allumée pour y voir dans la prison à l’électricité coupée. Les cellules, ici, étaient murées, sans barreau, avec une porte de métal devant chaque, et une simple fente pour nourrir les prisonniers. Lenny y regarda, les unes après les autres. Un Cox aux yeux lumineux. Un Cox au casque à cornes doré, entouré de lumière verte. Un Cox en pull bleu et violet portant dans ses bras un petit pot en terre, où était plantée une fleur jaune portant en son centre un visage à l’horrible sourire malfaisant. N’y avait-il ici que des Cox ? Au fond du couloir se trouvait une dernière cellule, plus protégée encore que les autres. Regardant par la fente, Lenny vit alors que s’y trouvait le docteur Maison. Un Maison classique, tout ce qu’il y avait de plus normal, le vieillard que tous connaissaient. Tirant dans la serrure, le Wargos ouvrit alors la porte et s’approcha du vieil homme. Ce dernier était immobile, les yeux fermés, agenouillé au centre de la pièce sombre et humide, des chaînes retenant ses bras vers les murs. Lenny demanda alors :

« Eh, le vieux ? T’as fait quoi pour venir ici ? Ça te dirait de venir avec moi ? »

Maison ouvrit les yeux et le regarda d’un air indifférent. Lenny se répéta, articulant plus clairement :

« Hé oh ? T’es sourd, l’âge te fait pas de bien ? J’ai besoin de criminels pour mon équipe, ça te dis de sortir d’ici ? Pourquoi t’es là, t’as tué quelqu’un ? T’as des pouvoirs ?

– Non. »

Maison avait parlé d’une voix grave, fatiguée, mais teintée de colère et d’un petit quelque chose que Lenny ne parvenait pas à saisir, un petit élément en plus.

« Alors pourquoi t’es là si t’as pas de pouvoirs ? T’as fait quoi ?

– J’ai détruit Los Santos. »

Surpris par cette déclaration, Lenny resta un instant silencieux, avant de sourire. Peut-être ce Maison serait-il bien utile, après tout. Il l’interrogea :

« Et comment t’as fait ton compte ? Et pourquoi ?

– Pour la même raison que tous les autres Maison. J’ai simplement été le seul à en avoir le courage, cher ami. »

La façon dont il avait dit ce « cher ami » était si acide, si désagréable, que Lenny fut pris d’un frisson involontaire. De dégoût, mais aussi de peur. Il sentait que ce Maison ne mentait pas. Il avait devant lui un homme responsable de la chute d’une ville entière.

« Tu veux pas développer ?

– En 1963, j’ai décidé de quitter Los Santos, de m’enrôler dans l’armée américaine, et d’aller me battre au Vietnam. Contrairement à tant d’autres, j’y suis allé volontairement. J’y suis allé car j’étais un jeune enthousiaste, patriote. Je voulais défendre les intérêts de mon pays. Et je me suis battu, des années durant. J’ai appris à piloter un hélicoptère, j’ai appris à me battre, j’ai été tireur d’élite. J’ai appris à soigner, également. J’ai même été un grand docteur, en plus de mes prouesses de combat. Si vous m’aviez vu, cher ami. Le plus grand soldat de la guerre. Si un seul survivant rentrait de la jungle, c’était moi. Si un seul hélicoptère n’était pas fauché au vol, c’était le mien. Si un seul blessé survivait, c’était celui que j’avais soigné.

– C’est vachement intéressant tout ça, en vrai ça peut m’être utile. Mais ça m’explique pas pourquoi ou comment t’as détruit Los Santos.

– En 1968, si vous m’aviez vu à Saïgon. Comme j’étais fort. Comme je me sentais invincible. Puis, on m’a eu. J’ai échoué. D’une seconde à l’autre, mes rêves de gloire s’étaient envolés. D’une seconde à l’autre, j’avais presque perdu l’usage de ma jambe, et mes poumons étaient fichus. On m’a greffé. On m’a opéré, tant que je n’ai pas pu compter. Je suis passé près de la mort, si près de la mort. Mais elle n’a pas voulu de moi. Et on m’a renvoyé au pays, sans honneur, sans un merci. Je suis revenu à Los Santos, boiteux, incapable de dormir la nuit. Et en 1973, les USA sont partis du Vietnam. Ces dix ans avaient été inutiles, entièrement inutiles. Si j’avais réussi, si j’étais resté, j’aurais été décoré, j’aurais fait carrière. Mais non. J’étais désormais un médecin dans une ville miteuse de la côte ouest, une ville que je haïssais et qui me le rendait bien. Honteux, j’ai fini par mentir sur ma jambe, prétendant que je boitais à cause d’une attaque de sangliers au domaine Pastac. Parfois j’affirmais qu’elle avait eu lieu en 1963, l’année de mon engagement. Parfois en 1973, année de la défaite américaine. Aucune importance, ces deux années sont de toute façon autant symboliques de mon échec que cette ville ne l’est. Au fil des ans, j’ai continué de mentir. J’ai affirmé avoir fait toutes les guerres existantes, chaque conflit j’affirmais avoir été un participant actif. Et jamais personne ne l’a remis en question. La ville avait cessé de me détester, elle était désormais indifférente. Je n’étais que le docteur Maison, ce boiteux qui délirait. Alors j’ai cessé d’être honteux. J’ai pris cette colère, et j’ai décidé de la serrer dans mon poing jusqu’à en saigner, et d’un jour me venger. Je suis devenu ce cher ami de docteur Maison. Je me suis fait l’ami de tout le monde. Mais jamais personne ne me l’a reproché, car j’étais toujours ce cher ami de docteur Maison. Un vieux niais, pas dangereux. J’ai commencé à fournir du matériel aux gangs. Mais ça vous le savez. Combien de fois vous ai-je donné des trousses médicales en vous disant que cette conversation n’avait jamais eu lieu ? Avant de simplement laisser mes collègues corrompus s’en charger, prétendant ne rien voir, leur conseillant simplement de ne pas se faire remarquer.

– Oui bah tout ça je confirme, effectivement, vous filez du matos, et alors ?

– Renforcer les gangs n’est pas assez. Il fallait aussi déstabiliser la police. Et lorsque le commissaire Boid a été nommé… J’ai cru en pleurer de joie. Quel imbécile, quel idiot, que ce Boid. Un abruti tête brûlée, et surtout suicidaire. C’était parfait. La personne idéale. Je me suis progressivement formé une immunité au cyanure, en en prenant chaque matin. Cela était de notoriété publique, je l’ai souvent affirmé. Et pourtant, lorsque j’ai dit à Boid qu’un jour nous allions boire du cyanure ensemble et en finir ensemble, il a accepté. Je venais de m’assurer que le chef de la police allait mourir, mais en plus par ma main. Je me suis donc assuré de renforcer les gangs à grande échelle, et d’avoir un moyen de déstabiliser la police lorsque j’en aurais besoin. Puis, est arrivé le moment de mettre mon plan à exécution, avec deux pions. Lucy, cette jeune idiote mais parfaite dans son rôle, et Cox, un imbécile manipulable. J’ai poussé Cox à bout, le laissant continuer dans sa voie avec le traitement de Lucy, et sa ‘’famille’’ de tarés, puis je l’ai fait basculer en le renvoyant du LSMS. J’ai affirmé à la police que j’allais rassembler des preuves pour l’envoyer en prison, ce que je n’ai évidemment jamais fait. Je me suis arrangé pour qu’il pense que son renvoi était de la faute de Lucy, qui aurait balancé son usage de substances illégales, alors même qu’elle n’en avait rien fait. J’avais donc désormais un Cox et sa bande dans la nature, avec une rancune contre Lucy. Lucy était alliée des Vagos et cela n’a pas manqué, comme prévu, Cox a cherché à se venger et s’est allié aux Families. J’ai continué d’alimenter les rumeurs, d’exciter l’imagination de chacun, augmentant les tensions. Puis, le jour où tout s’est déclenché, et où j’ai été le seul à réussir parmi tous mes variants. L’élection municipale. Deux jours auparavant, les Families avaient enlevé Lucy. La veille, Cox avait enlevé Antoine. Les tensions n’ont jamais été si hautes. Et j’ai vu ma fille, 3pac, habillée comme Lucy. J’ai donc averti Ted de cela, en affirmant qu’elle voulait se faire passer pour Lucy et provoquer des problèmes. J’ai averti Ted, volontairement et explicitement, et non par hasard. J’ai ensuite affirmé à tous ceux voulant l’entendre que Montazac était en danger, de façon vague, mais tous les idiots de la ville m’ont cru. Mais bien évidemment quand Donatien m’a appelé, je ne lui ai rien dit. C’est ici que mes variants ratent, à cause de deux coups de malchance : Cox et ses idiots ont enlevé Ted bien trop tôt, sous leurs yeux, sans que les Maisons ne puissent rien y faire. Dans le même temps, les Families étaient dans un braquage. Par conséquent, les Vagos ont eu le champ libre, et aucun jeu d’alliance ne s’est lancé, et donc aucune guerre. Lucy, moins idiote que d’habitude, devine presque mon plan, mais cela n’a aucune conséquence. Et dans le même temps, ma fille se fait presque tuer. Mes variants s’arrêtent à cela, coupés dans leur élan. Mais moi… J’ai vu Cox. Je l’ai tenu à distance juste assez de temps pour que le braquage se termine, prétendant négocier avec lui. Le braquage terminé, les Families étaient alors libres, avec leurs armes. J’ai laissé Cox enlever Lucy. Et là, les Families sont venues à son aide, tandis que les Vagos arrivaient. Une fusillade s’est lancée. Lucy est morte. Le capitaine, déjà déprimé, était au bord du gouffre. Il n’a suffit que d’une petite suggestion et le plan cyanure était lancé. J’ai évidemment survécu. Kuck ne s’en est pas remis, et n’a pas su gérer la crise. La guerre était lancée. Tous les jeux d’alliance se sont mis en branle. Les Pichon face au Domaine, les verts face aux jaunes, Cox en agent du chaos, et les autres gangs qui tiraient leur épingle du jeu face à une police débordée aux agents tiraillés entre leurs loyautés. Le Domaine est tombé en premier, Antoine rejoignant Cox, suivi par Daniel qui ne voulait pas le perdre. Avec la guerre en cours, les Vagos ne protégeaient plus Montazac, et les Pichon en ont vite fait leur casse croute. Puis les Pichon ont vu leur établissement tomber. Bientôt, la police n’avait plus que quelques agents loyaux, dont plusieurs sont vite morts. Avec moi à la tête du LSMS, il était évidemment très simple de soigner les gangsters et d’empêcher les interventions pour la police. La ville était à feu et à sang, dans une guerre de gang et un cycle de violence jamais terminé. Et j’observais cela d’en haut, en riant. J’avais pris ma revanche sur cette ville qui symbolisait l’échec de ma vie. Je n’y avais jamais été heureux, et jamais personne n’y serait heureux. »

Lenny l’observa en silence. Un sentiment d’angoisse l’avait pris. Tout ce qu’avait dit Maison était vrai. Tous les actes qu’il avait cité étaient arrivés, tout jusqu’à ce point de divergence le jour de l’élection. Et il n’avait rien vu, alors que cela semblait si évident désormais. Le plus terrifiant, certainement, était le fait que cela n’était pas le fait que d’un seul univers, mais d’une grande partie, dont celui qui existait avant la Coxpocalypse. Et cette Coxpocalypse, d’ailleurs, et tout ce qui arrivait actuellement, était la faute de Maison, si ce qu’il venait de dire était vrai. Il demanda :

« Et vous dites que tous les Maison sont comme ça ?

– Tous ceux appartenant à ce que vous appelez Réalité Principale Zygote, ou RPZ pour faire court. Tous. J’ai simplement été le seul qui a su faire ce qui devait être fait. Si vous en êtes là aujourd’hui, c’est grâce à moi. Au fond, que je réussisse ou non, la ville finit par tomber en conséquence de mes actions. Cela prend juste quelques années de plus. Et cela me ravit, cher ami.

– Et les autres Maison, tous ceux qui ont échoué, est-ce qu’ils sont toujours dans cette volonté de vengeance ?

– Je ne saurais le dire. Mais ce que je sais, c’est que beaucoup, au fond du fond de leur cœur, n’ont pas perdu cette colère. Peut-être est-ce pour cela que le Maison de cette réalité, dirigeant de l’école de magie, se démène tant pour vous sauver. Peut-être qu’il compense quelque chose. Peut-être qu’il tente de se prouver à lui-même qu’il a dépassé sa colère, qu’il peut sauver cette ville. Mais lorsque Cox sera vaincu, s’il l’est, et que les choses retourneront à la normale, je vous conseille de faire bien attention à lui. On ne sait jamais ce qui se cache dans le cœur de ce bon vieux docteur Maison. »

Le vieillard lui fit alors un clin d’œil lugubre avant de se mettre à glousser, puis rire, avant de tomber à genoux dans une hilarité terrifiante. Lenny avala sa salive puis ressortit de la cellule sans dire un mot de plus, une infinité de questions tournoyant dans sa tête mais préférant rester dans l’ignorance que rester une seconde de plus avec cet être infernal.

Chapter 2: Le maléfique résident

Summary:

TW : armes à feu, sang, blessures, mort, cadavre, maladie, zombies, body horror

Chapter Text

L’un des humers noirs du refuge du LSPD fonçait dans la nuit sur l’autoroute Est de l’île, parsemée de carcasses de voitures et squelettes d’autruches. Peu de véhicules y avaient circulé depuis l’arrivée de Cox, à l’exception de quelques camions Wargos en recherche de ressources. Dans le humer se trouvaient le capitaine Panis, Michael Rambo, un Guy robotique à la diode circulaire bleue illuminant sa tempe, ainsi qu’un Jean poney bleu à la crinière rose, rapetissé pour tenir dans le véhicule par Vanessa, qui avait accepté de prêter main forte à la mission et qui volait désormais au-dessus du véhicule grâce à sa cape magique, surveillant les alentours. Ils avaient choisi la nuit afin d’être moins facilement repérés dans leur mission de reconnaissance. Suite à l’ouverture du multivers, une petite communauté entièrement composée de variants s’était constituée dans le laboratoire de recherche Humane, après être apparus à proximité sans possibilité de rejoindre de communauté plus proche. Des échanges radios s’étaient alors tenus entre le laboratoire et le refuge du LSPD, où étaient échangées des informations sur les différents univers, les états des ressources, et les nouveaux variants arrivant de temps à autre après avoir erré dans la nature. Cependant, depuis maintenant trois jours, les échanges radios avaient cessé, et il avait été décidé de monter une petite équipe afin d’aller voir ce qui se passait, malgré la dangerosité du voyage.

Arrivant en vue du laboratoire, ils se préparèrent tous à sortir, et le capitaine Panis les gara alors doucement devant la grille principale du laboratoire, fermée. Ils sortirent tous du véhicule, Jean reprenant sa taille initiale, et Vanessa atterrissant à côté d’eux. Michael brandit ses deux imposantes mitrailleuses, prêt à se battre, mais Alain alla d’abord sonner à l’entrée. Cependant, l’interphone ne marchait pas. Il n’y avait aucune énergie dans le bâtiment. Aucune lumière n’en provenait, même venant de bougies ou de feux, ce qui était étonnant. Il semblait que personne ne se trouvait là, alors même que plus d’une trentaine de variants avaient été recensés. La preuve de leur présence était pourtant bien là, avec de nombreux cadavres d’autruches parsemant les abords de la clôture qui entourait le parking du laboratoire, ainsi que des barricades de fortune. Alain appela :

« Eh ! Y a quelqu’un là-dedans ? Ça fait trois jours que vous avez cessé toute transmission. »

Seul l’écho de sa voix lui répondit. Il se tourna vers Vanessa, qui hocha la tête et fit s’ouvrir la clôture par magie, leur permettant d’entrer. Le parking était désert, pas l’ombre d’une seule personne ne s’y trouvait. Les quelques voitures étaient vides, drainées de leur carburant pour un probable générateur électrique. Se dispersant sans aller trop loin, ils cherchèrent chaque véhicule sans succès. Michael les appela alors de sa voix rauque :

« J’ai un truc ici ! »

S’approchant de lui, ils constatèrent qu’un corps gisait au sol. Probablement un variant de Johnny dont le gilet orange était vert, le plus frappant dans son apparence restait l’impact de balle sur son front qui l’avait de toute évidence tué.

« T’appelles ça un truc ? » s’agaça Jean « C’est un cadavre ! Un type est mort !

– Ouais bah en attendant il va difficilement s’en offenser, si ?

– Nan mais c’est une question de morale…

– On peut arrêter les conneries ? » s’agaça Panis « Vanessa, vous en pensez quoi ?

– C’est la balle qui a causé sa mort » répondit la médecin magicienne « Mais aucune idée de pourquoi on lui a tiré dessus.

– C’est peut-être une attaque de Cox ? » proposa Guy

– Non. » fit Panis en secouant la tête « Sinon la clôture serait déjà ouverte, et y aurait des autruches, ou au moins le corps d’autruches sur le parking. Mais là y a rien. Quoi qu’il soit arrivé, c’est arrivé de l’intérieur.

– On devrait continuer d’inspecter les lieux » affirma Vanessa « On devrait en apprendre davantage, je serais étonnée que ce pauvre homme soit la seule trace de ce qui est arrivé. »

Ils approuvèrent et s’avancèrent alors vers la porte principale, la poussant, et débouchant sur le hall d’accueil du laboratoire. Ici, un autre cadavre impossible à identifier gisait au sol, et du sang maculait les murs, bien trop pour ne provenir que de cet unique mort. Michael leva alors ses armes, prêt à tirer à la moindre occasion, imité par Guy et Alain. Vanessa, elle, fit apparaître des symboles lumineux orangés autour de ses poings. Ils se séparèrent alors en deux groupes, afin de couvrir les deux ailes du laboratoire. Jean, Guy et Michael d’un côté, Vanessa et Panis de l’autre. Marchant lentement dans les couloirs, ouvrant salle après salle pour ne trouver que d’autres pièces en désordre et remplies de sang, ainsi que quelques autres cadavres morts de façon violente. Enfin, l’une d’entre elle était bloquée de l’intérieur. Non pas verrouillée, mais véritablement barricadée par des objets lourds. Panis tenta un peu de pousser sans succès, mais alors que Vanessa allait user de ses pouvoirs pour leur ouvrir le passage, ils entendirent des cris dans l’autre aile, et se précipitèrent dans sa direction. Sur le chemin, des coups de feu retentirent, et ils arrivèrent alors devant le deuxième groupe. Autour d’eux, une quinzaine de cadavres gisaient au sol, plusieurs empilés à la sortie d’une salle sans avoir pu passer le pas de la porte. Panis cria :

« Mais il s’est passé quoi, pourquoi vous les avez tués ?!

– Vous croyez qu’on allait se laisser bouffer ? » répliqua Michael, du sang sur le visage « Regardez un peu la tronche de ces trucs ! »

En y regardant de plus près, il était évident que tous ces variants n’étaient pas dans leur état normal – ou du moins dans l’état normal d’un mort venant d’être abattu. Leur décomposition avait déjà commencée, et tous présentaient une peau tirée, pâle, des lèvres fines autour de dents jaunes. Vanessa soupira, tentant visiblement de contrôler sa peur :

« C’est des zombies ces trucs, on est d’accord ?

– Ouais, on va pas passer par quatre chemins » confirma Panis « C’est clairement des zombies. Tout le monde va bien ?

– J’ai été mordu » affirma l’androïde Guy en montrant une profonde trace sur son bras « Mais c’est pas comme si je pouvais être infecté.

– Moi j’ai rien » renchérit Michael « J’ai vu leur tronche et direct j’ai tiré. On me la fait pas à moi. »

Cependant, devant le silence de Jean, tous se tournèrent vers lui. Avec des yeux tristes, il leur montra alors une marque de morsure sur le flanc et affirma :

« Si on avait pu savoir quel type de mission c’était avant de venir, je me serais peut-être pas proposé finalement. »

Tous s’éloignèrent alors d’un pas, et Vanessa ordonna :

« Quarantaine immédiate. Vous allez vous isoler dans une salle tout de suite, et Guy va vous surveiller, comme il ne peut pas être infecté. En cas d’évolution des symptômes, alertez nous. Mais tant qu’on ne sait pas comment fonctionne cette infection, on ne peut pas se permettre de vous ramener pour vous soigner, les risques sont trop grands.

– Allez-y, Guy » indiqua Panis. « On va former un groupe unique avec Michael, et explorer le reste du bâtiment à trois, tenter de comprendre comment tout a pu commencer. Si c’est une nouvelle arme de Cox, on doit se préparer. »

Jean et Guy entrèrent alors dans une salle de serveurs informatiques, et Guy se plaça devant la porte, la fermant derrière lui. Panis continua :

« Michael, vous venez avec nous. On a trouvé une pièce bloquée, on va tenter d’y entrer. »

Ils s’éloignèrent alors de la salle de quarantaine de fortune, retournant vers la porte bloquée. Vanessa agita alors les mains, faisant bouger un imposant meuble qui la bloquait, tandis que Michael et Panis se tenaient prêts à réagir. Une fois le meuble bougé, cependant, rien ne se passa, pas un bruit, et Vanessa ouvrit la porte à distance. À peine un interstice s’était-il créé qu’une flèche passa à un cheveu de la tête de Michael, s’enfonçant dans le mur derrière eux. Alors que l’a-mé-ri-cain levait son arme, Panis l’en empêcha et cria :

« On est venu aider ! Ne tirez pas !

– Vous êtes combien ? » demanda une voix grave familière

– On est trois ! » répondit Vanessa « On est envoyés par le LSPD pour comprendre pourquoi les communications ont cessé ! »

Le silence se fit un instant, puis leur interlocuteur répondit :

« Ok, vous pouvez rentrer, mais les mains en l’air. »

Panis leva les mains et poussa lentement la porte, suivit de Vanessa et Michael. En face d’eux se trouvait MT, un foulard noir autour du cou, une arbalète en main, qui les tenait en joue. Panis s’exclama :

« MT ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

– Alors c’est toujours pas MT mon reuf » répondit le survivant « Moi c’est Daryl.

– Ok, Daryl, il s’est passé quoi ici ?

– Y a trois jours y a un nouveau variant qui est arrivé. Il avait une sale tronche donc les gars lui ont ouvert pour l’aider, mais il les a attaqués et les a infectés. En même pas six heures tout le monde avait soit cané, soit avait été infecté. On a pas eu le temps d’appeler de l’aide, la radio a été détruite avant. J’ai réussi à enfermer les derniers zombies dans une salle de l’autre côté, et je suis venu me barricader ici en attendant de l’aide. Et voilà.

– Donc les zombies qu’on a tué dans l’autre aile étaient les derniers ? » demanda Michael

– Ouais mon reuf. Je pouvais pas en buter quinze, j’ai même pas assez de flèches, donc je les ai attirés dans la salle et je l’ai fermée. Vous les avez tous butés ?

– Ouais, tous » répondit fièrement Michael.

– Donc y a plus de danger.

– Je dirais pas ça » rétorqua Vanessa « Notre collègue s’est fait mordre. Est-ce qu’il y a un quelconque moyen de ralentir l’infection ?

– J’en sais rien moi, j’ai l’air d’un intello ? Je sais juste qu’en deux heures t’y passes. »

Au même moment des coups de feu retentirent au loin dans le couloir, et Daryl affirma :

« Peut-être moins, dans son cas. »

Ils sortirent en vitesse de la pièce et coururent dans le couloir en direction de l’autre aile. Là, alors qu’ils arrivaient, la tête de Guy fut projetée sur un mur dans une gerbe d’étincelles et roula à leurs pieds. Panis la récupéra et la mit dans son sac :

« Si on s’en sort on devrait pouvoir utiliser sa mémoire pour le re-télécharger dans un nouveau corps.

– Pour ça faudrait qu’on parte d’ici, mon reuf » répliqua Daryl.

– On va tenter notre chance, alors » affirma Vanessa.

Lentement, depuis la salle de quarantaine, sortit alors Jean. Cependant, il n’avait plus son apparence d’auparavant. Ni même l’apparence d’un poney de mauvais poil.

– C’est vrai que j’savais pas c’que ça faisait l’infection sur un petit poney » observa Daryl, en levant son arbalète.

Ce qui avait été Jean n’avait plus grand-chose de reconnaissable. Ses membres s’étaient allongés, atteignant chacun plusieurs mètres. Une grande partie de sa fourrure était tombée, laissant persister des patchs bleus sur une peau blanche maladive distendue sur des os qui se mouvaient à chaque seconde. Les poils de sa crinière rose avaient, pour ceux qui restaient, viré au noir, enduits d’un liquide huileux. Sa colonne vertébrale avait percé la peau de son dos, ressortant grossièrement, dégoulinant de pus. Son cou s’était également allongé, atteignant plus d’un mètre, et supportant une tête dont la mâchoire inférieure pendait vers le sol, laissant apparaître des dents pointues jaunâtres à l’implantation chaotique. Une langue boursouflée et bien trop longue en sortait, si longue qu’elle traînait sur le sol en laissant une trace de bave visqueuse et grise. Ses yeux semblaient devenus immenses, blancs et dotés d’une pupille noire minuscule en leur centre, et ne regardant pas dans la même direction l’un-l’autre. La créature respirait difficilement, chaque inspiration semblable à un râle. Lorsqu’elle les vit, elle poussa alors un cri terrifiant, strident et ponctué de gargouillements immondes. Michael marmonna alors, révulsé :

« Jean, t’as pas une gueule de porte-bonheur… »

L’infecté se jeta alors dans leur direction, recevant une flèche de Daryl dans le torse ainsi qu’une salve de balles de Michael et Panis sans ralentir. Pour autant, les gerbes de sang et le craquement des os qui en résulta indiqua clairement qu’ils avaient atteint leur cible. Cette dernière semblait simplement vouloir attaque quoi qu’il en coûte. Ils se mirent à courir vers la sortie, Vanessa faisant s’effondrer le plafond pour leur laisser un peu plus de temps. Ils défoncèrent presque la porte du hall, sortant sur le parking avant de se préparer à riposter. Panis cria :

« Bon, tout le monde : on peut pas laisser ce truc fuir d’ici, sinon l’île est perdue, ou au minimum il y aura bien trop de victimes. Alors on se laisse pas faire ! Compris ? »

Tous répondirent par l’affirmative, tandis que dans une explosion de béton et de poussière, la chose squelettique immense émergeait du laboratoire, poussant un cri plus immonde encore que le précédent, une barre de fer en travers de la gorge. Dans un festival d’éclaboussures de mucus noir et de morceaux de chair tombant en lambeau, elle se traîna jusqu’à eux de mouvements chaotiques mais horriblement rapides. Vanessa s’envola alors, écartant les bras et faisant apparaître des chaînes lumineuses rouges qui sortirent du sol et entourèrent la chose. Tandis qu’elle se débattait de leur étreinte, les deux policiers et Daryl se mirent à tirer le plus possible, Michael se mettant même à hurler, les bras secoués du recul de ses deux mitrailleuses tirant en simultané. Dans un mélange de gargouillements, gémissements et craquements d’os, la créature commença à cesser de bouger, perdant de plus en plus sa forme déjà peu claire pour ne devenir qu’un tas de chair mutilée. Ils continuèrent ainsi de l’arroser durant près d’une minute, Vanessa y allant de ses propres sortilèges. Lorsqu’ils furent à cours de munition, ils restèrent vigilants, attentifs au moindre signe que la créature était encore en vie. Mais rien ne vint. Il ne restait qu’un tas immobile de chair distendue, d’os brisés, de poils huileux et de sang noir. Vanessa fit alors disparaître les chaînes, et fit apparaître quelques symboles lumineux dans les airs, qui flottèrent lentement jusqu’à la chose. Lorsqu’ils s’y collèrent, ils brillèrent plus fort durant quelques instants, avant de s’embraser, engouffrant le cadavre dans un bûcher qui illumina la façade du laboratoire.

Chapter 3: C'est pas normal

Summary:

Chapitre pour le jour 16 du rpztober, avec le thème obsession !

La Docteur Vanessa et sa compagne Sally font une étrange découverte dans le désert

TW : insultes, intimidation, déréalisation

Chapter Text

Un vent léger faisait danser les buissons secs du désert de Los Santos. La chaleur du soleil en ce milieu d’après-midi faisait vibrer l’air, donnant un aspect flou à l’horizon. Au milieu des rochers, une ouverture discrète menant sous terre était à moitié cachée derrière une plante déshydratée. Alors que seul le chuintement du vent se faisait entendre, un autre bruit se fit entendre. Comme un raclement, un râle artificiel, une respiration profonde. Et un camion Montazac-Torez se mit lentement à apparaître devant les rochers, translucide au départ, puis gagnant en consistance, avant d’enfin se fixer dans un son métallique. Après quelques secondes, ses portes arrière s’ouvrirent et la Docteur Vanessa en sortit, toujours habillée de sa veste en cuir rouge. Elle sauta dans le sable et regarda autour d’elle avec un sourire, les mains sur les hanches. Du camion sortit ensuite Sally, l’air déroutée. Elle regarda autour d’elle un instant avant de demander :

« Je ne comprend pas, docteur ! Vous aviez dit que vous aviez quelque chose à me montrer mais cet endroit semble bien vide !

- Il le semble, Sally ! Mais tous les outils du TARDIS l’indiquent, quelque chose cloche ici ! Les niveaux d’énergie sont anormaux, et ce n’est pas la faute de Cox. Aucune magie n’est impliquée, c’est… quelque chose d’autre. Attendez, je vais analyser tout ça. »

La Docteur sortit alors une sorte de tournevis de sa poche, dont la pointe s’alluma en bleu avec un grésillement. Elle le fit tourner autour d’elle, le pointant dans différentes directions, avant de le regarder de plus près et d’affirmer d’un air victorieux :

« Ah ha ! Comme je le pensais ! »

Elle s’approcha alors de l’ouverture dissimulée dans la roche et commença à y entrer. Sally intervint :

« Vous êtes sûre qu’on pourra ressortir de ça sans problème ? Ça a l’air très étroit.

- Sans problème Sally ! »

La journaliste hésita un instant puis suivit la Docteur. L’ouverture, bien qu’étroite, donnait sur un tunnel souterrain creusé dans la roche, offrant une fraîcheur agréable après la chaleur du désert. Ce tunnel devenait de plus en plus large à mesure qu’il s’enfonçait sous terre, et la lumière du soleil laissa rapidement place à une obscurité totale. Sally sortit alors son téléphone et alluma la lampe torche. Le tunnel, bien que dissimulé, ne semblait rien avoir de particulier. Les deux femmes marchèrent ainsi durant plusieurs minutes dans le noir. Cependant, le son du sable et du gravier sous leurs chaussures laissa progressivement place à un bruit bien plus étouffé, et une texture artificielle. Sally fronça les sourcils et baissa sa lampe pour regarder à ses pieds.

« Mais… Docteur, c’est moi ou on dirait du PVC ? »

La Docteur s’accroupit et analysa le sol avec son tournevis, avant de se relever :

« C’est bien du PVC, un PVC gris foncé, Sally… Mais pourquoi y a-t-il du PVC dans un tunnel au milieu du désert ? »

Durant un instant, elle sembla vouloir ajouter quelque chose mais se contenta de froncer les sourcils. Une sensation étrange tournait dans le fond des pensées de Sally, mais elle était incapable de mettre le doigt dessus. Elles reprirent alors leur chemin, mais s’interrompirent quelques minutes plus tard, remarquant que la texture des parois avait changées. Au lieu de l’irrégularité de la roche, se trouvaient maintenant des murs bien droits, constitués de briques peintes d’un blanc éclatant et moderne. En bas de ce mur se trouvait également une plinthe en bois peinte d’un bleu-gris foncé, à la couleur proche du sol en PVC. La Docteur murmura :

« J’ai déjà vu ça quelque part, mais où ? »

Elle analysa le mur, mais laissa échapper un petit grognement de frustration lorsque le résultat n’indiqua rien d’anormal. Tout était parfaitement classique et banal dans ces briques blanches au fin fond d’une caverne. Sally affirma :

« Je sais pas pourquoi, ça me trotte dans la tête, mais j’ai l’impression de connaître ces murs.

- Moi aussi, Sally. C’est très étrange. Pourtant nous ne sommes jamais venues ici. »

Elles continuèrent leur progression, jusqu’à apercevoir, au loin, de la lumière. Autour d’elles, les murs s’étaient élargis, ne formant plus un couloir mais une pièce entière, arborant parfois même d’autres éléments architecturaux comme un pilier de brique ou une porte ne menant sur rien. S’approchant de la lumière, elles constatèrent qu’elle venait du plafond. Quatre carrés lumineux, probablement des néons, projetaient une lumière blanche et froide, artificielle. Autour d’eux, à la place de la roche, se trouvait maintenant un faux plafond blanc. Lui aussi était délimité du mur par une plinthe bleu-gris. Le tunnel de roche s’était désormais transformé en un véritable lieu artificiel, comme un immeuble de bureaux vide. Un peu plus loin, une porte trônait, seule façon de poursuivre leur exploration. Elles s’y engagèrent, arrivant alors dans un open-space vide. Si elles ne se rappelaient pas d’où elles étaient arrivées, elle auraient pu croire être dans un véritable espace de travail tout ce qu’il y avait de plus classique. Les lampes à néon éclairaient les lieux dans un léger grésillement à peine perceptible, et les locaux semblaient s’étendre dans toutes les directions. Sally ne sut pas se retenir :

« Docteur, j’ai déjà vu cet endroit.

- Moi aussi. Moi aussi, et je ne comprend pas pourquoi. Et je déteste ne pas comprendre.

- Est-ce qu’il pourrait s’agir de ces Backrooms, dont vous m’aviez parlé ?

- Bien observé, mais non. Les Backrooms ont un sol en moquette, des murs en papier peint, et le tout dans un jaune qui donne la migraine. Et on sent une odeur d’humidité et de poussière. Ici, non. Ici tout est parfaitement propre, frais, blanc, on a l’impression que quelqu’un vient de passer la serpillière, on pourrait presque sentir les produits ménagers. Et malgré ça, je suis déjà venue ici. Je le sais. Ce n’est pas normal. Enfin, toute cette histoire n’est pas normale, un tel décor ne devrait pas se trouver ici, mais le plus bizarre est que nous ayons l’impression d’avoir déjà vu cela.

- J’ai la sensation d’avoir vu ces lieux chaque jour de ma vie. Il y a une telle familiarité, c’en est déroutant. Et votre tournevis sonique ne dit rien ?

- Non. On pourrait être en plein centre ville dans le plus barbant des bureaux et les analyses seraient les mêmes. »

Elles se remirent à avancer, la sensation de déjà-vu toujours plus forte, presque obsédante. Malgré la familiarité des lieux, un profond sentiment de malaise les habitait. Comme si elles n’étaient pas censées voir cet endroit. Un détail sur un pilier attira l’attention de Sally :

« Docteur ! Regardez ! »

Elle le pointa du doigt et elles s’en approchèrent. Le pilier semblait parfaitement normal, une colonne de soutient comme dans n’importe quel local d’entreprise, et pourtant, à sa base, seul l’une des faces étaient présentes. Les autres étaient simplement absentes. Et celle présente, était fine. Plus que fine, elle était en deux dimensions seulement. La Docteur la toucha, retrouvant bien sous sa main la sensation froide des briques peintes. Et pourtant ses yeux ne lui jouaient pas des tours. Elle tenta d’analyser, sans résultat. Et pourtant, même cela, elles l’avaient déjà vu. Plus loin, une porte semblait donner sur un mur gris clair. La Docteur se leva et s’y dirigea, avant de s’arrêter. Ce n’était pas un mur. C’était tout. Lorsqu’elle levait les yeux, elle voyait la surface, vue d’en dessous, comme translucide, comme en deux dimensions. Et en dessous d’elle, un gouffre, qui s’étendait jusqu’à l’horizon. Et du gris, seulement du gris. Comme si l’île entière n’était qu’un décor. Dans le lointain, flottant sans bouger dans ce même vide incolore, se trouvait une pompe à essence jaune, traversée d’une clôture de fer.

« C’est impossible… Je ne comprend pas. »

Sally, derrière elle, était silencieuse. Elle n’avait jamais vu tout cela, et pourtant elle avait l’impression que chaque jour, la première chose qu’elle voyait, était cet endroit.

« On devrait partir, Docteur. J’ai… J’ai l’impression qu’on ne devrait pas être là. C’est pas normal.

- Non, je dois comprendre, Sally ! »

La Docteur cessa d’observer le gouffre immense et se mit à réfléchir.

« Avec ce qu’on voit ici, c’est comme si notre univers n’était que textures, et non matière. Comme si le monde n’était qu’un décor. Pas un décor de télévision, mais quelque chose de plus grand encore. Comme si tout était artificiel, une construction qui nous dépasse. Comme si… »

Un détail sembla lui attirer l’œil avant de se précipiter dans sa direction, suivie de près par Sally. Plus loin, après des portes et couloirs, se trouvait la solution. Une pièce, modeste. Deux fois plus longue que large. Un miroir sans tain sur un mur, qui permettait d’y regarder. Une porte sur un autre mur. Sur le mur du fond, opposé au miroir, se trouvait une échelle graduée, indiquant la hauteur, comme celles permettant de mesurer les criminels avant leur mugshot. Et sur le mur opposé à la porte, inscrit d’une grande lettre verte, trônait un Z, décoré d’une petite bannière noire indiquant RP. Elles avaient déjà vu cette pièce. Elles la voyaient chaque jour en se réveillant. Pour une fraction de seconde, avant que tout ne revienne à la normale. Chaque habitant de l’île la voyait. Sally commença à paniquer :

« Docteur ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que c’est tout ça ? »

Mais la Docteur ne répondait pas. Elle était figée. Au sens littéral du terme, ses yeux ne clignaient plus, son torse ne se soulevait plus au rythme de sa respiration. Sally regarda autour d’elles, pour tenter de comprendre ce qui se passait, et lorsqu’elle voulut regarder la Docteur à nouveau, cette dernière avait disparu. Progressivement, les murs, le plafond, le sol, tout disparut. Le RPZ persista un instant avant de disparaître à son tour. Un immense serpent lumineux passa autour de Sally, sortant de nulle-part, et l’éblouit. Elle ferma les yeux un instant, n’y voyant plus rien d’autre que cette lumière blanche. Lorsqu’elle les rouvrit, elle se trouvait face à Earl Bailey, dans un vide gris, sans rien d’autre autour d’elle.

« Patron ? Qu’est-ce qui se passe ? Je ne comprend pas ! Où sommes nous ?

- Toujours pareil avec toi, Sally.

- Quoi ? Mais qu’est-ce que vous voulez dire ? Je ne comprend pas ! »

Des larmes se mettaient à envahir ses yeux, tandis qu’elle cédait à la panique.

« Tu ne comprend jamais, c’est bien ça qui est étrange. Tu ne comprends jamais, et pourtant, c’est toujours toi qui pose problème. Toujours toi qui va fouiner là où tu ne devrais pas pouvoir. Toujours toi qui déniches ce que tu ne devrais pas savoir.

- S’il vous plaît, patron, dites moi ce qui se passe ! »

Elle retenait désormais des sanglots de terreur.

« A quoi bon, Sally ? Tu vas oublier, comme toutes les autres fois. Et comme toutes les autres fois, tu finiras bien sur tomber sur ce qui ne te concerne pas, et nous aurons à nouveau cette petite conversation pitoyable. »

La journaliste répondit piteusement, d’une voix basse, le menton tremblant :

« Je ne comprend pas.

- Et tu ne comprendras jamais. »

Earl Bailey claqua des doigts. Sally tomba dans le gouffre. Tout devint noir.

Une salle blanche, marquée d’un RPZ vert, flasha devant les yeux de Sally, tandis qu’elle se redressait au milieu d’une route en ville. La Docteur Vanessa en faisait de même à côté d’elle. Le TARDIS Montazac-Torez était garé en travers de la route abandonnée, non-loin. Se frottant les tempes, Sally demanda :

« Docteur ? Il vient de se passer quoi ? On était à peine entrée dans le tunnel qu’on se retrouve ici.

- Je… Je ne sais pas, Sally. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. »

Elle regarda le soleil, qui se rapprochait doucement de l’horizon.

« Entre le moment où nous sommes entrées et maintenant, trois heures sont passées. Il est arrivé quelque chose. Et nous avons oublié. Vous n’avez aucun souvenir, Sally ?

- Non, rien. »

Et elle avait la désagréable sensation qu’il ne fallait pas qu’elle cherche à en savoir plus.

Chapter 4: Il n'existe pas

Summary:

Jour 28 du RPZtober, au thème "Perte de mémoire" ! J'espère que ça vous plaira !

Chapter Text

Docteur Maison, l’un des innombrables docteurs Maison travaillant dans le sous-sol du LSMS, patientait dans l’ascenseur, attendant son étage. Sur le panneau, le dernier sous-sol fut atteint, mais l’ascenseur ne s’arrêta pas. Le docteur allait plus bas encore. Plus profondément, dans un lieu plus secret. Après de longs instants, la porte s’ouvrit finalement sur un open-space, où des dizaines de variants travaillaient. Sur le mur du fond, écrit en gros, se trouvaient les lettres SCP. Secure, Contain, Protect. Alors que Maison allait sortir de l’ascenseur, il remarqua, inscrit en petit sur le côté de la cage, trois mots. « Il n’existe pas ». Étrange, mais dans le fond pas le plus étrange que ce lieu lui avait donné à voir. Avec l’ouverture du multivers et son déversement dans cette réalité, d’innombrables anomalies s’étaient retrouvées lâchées sans limite. Tous les habitants de l’île étaient familiers de la magie et de la haute technologie, désormais. Mais des choses bien plus sombres, bien plus dangereuses, et inexplicables par les sciences magiques ou avancées, y compris celles tenues secrètes, hantaient les terres envahies d’autruches. La mission de SCP était de les répertorier, les étudier, et si possible, de les contenir afin d’éviter qu’elles ne fassent du mal.

Maison entra dans l’open-space, se dirigeant vers son bureau. Il salua ses collègues en passant, et un variant de Bazil le fixa longuement, comme s’il voulait lui dire quelque chose sans oser. Le docteur alla alors s’installer à son bureau, afin de continuer le travail de la veille. Alors qu’il allait allumer l’écran de son ordinateur, il vit qu’un post-it y était collé. Avec un petit schéma, et encore les trois mêmes mots. « Il n’existe pas ». Dans n’importe quelle condition, Maison aurait tenté de retrouver à qui appartenait cette écriture, mais il était évident qu’il s’agissait de la sienne, et donc de celle de dizaines de ses collègues. Fronçant les sourcils, il prit le post-it et observa le petit dessin. Il ressemblait à un plan, avec une sorte de gribouillis à côté. Il reposa le post-it, qui par sa texture semblait avoir été écrit il y avait maintenant plusieurs semaines et manipulé de nombreuses fois, et alluma enfin son ordinateur. Observant l’écran de démarrage, il se remit dans un espace mental efficace afin de travailler. De travailler sur… sur quoi ? En quoi consistait son travail ? Sur quoi avait-il travaillé la veille ? Tentant de s’en rappeler, il se rendit compte qu’il n’avait aucune idée de ce sur quoi il avait travaillé depuis plusieurs semaines. Il saisit le post-it, se leva de sa chaise, et commença à aller vers le bureau de son supérieur d’un pas rapide. De quoi pouvait-il s’agir ? Une attaque amnésique ? Un filtre anti-mémétique mal réglé ? Avait-il obtenu des informations classifiées ayant demandé l’effacement de sa mémoire afin de garder le secret ?

Il arriva devant le bureau de son supérieur, et s’apprêta à toquer, lorsqu’une voix lui chuchota à l’oreille « Il n’existe pas ». Se retournant, Maison eut tout juste le temps de voir Bazil, celui qui l’avait observé, partir d’un pas rapide. Posant la main sur son arme, Maison se mit à le suivre. Bazil s’enfonça dans les couloirs de la structure. Corridor stérile après corridor stérile. Il finit par s’arrêter à une intersection, et se retourna vers Maison, avant de demander comme s’ils poursuivaient une conversation interrompue.

« Alors, on va où maintenant ?

- Pardon ?

- Où on va ? C’est vous qu’avez le plan pour la suite.

- Quoi ? Mais… Attendez, qu’est-ce qui se passe, là ?

- Vot’ papier, y a la suite du plan dessus, non ? Moi, j’ai l’début, et vous la fin. »

Bazil montra un post-it qu’il tenait dans sa main. Lui aussi, avec une sorte de plan et un gribouillis, mais différent. Maison l’interrogea :

« Qu’est-ce que c’est que cette histoire, cher ami ? Pourquoi ne pas m’en dire plus, je ne comprend pas ce qui se passe.

- Vous croyez qu’j’en sais plus ? Bah non ! C’matin j’ai vu que j’savais pas sur quoi je bossais depuis un bail, et y avait ça sur mon ordi. J’ai r’gardé autour, et y avait pareil sur le votre. J’vous ai attendu, et maintenant j’attend que vous de disiez où aller.

- Vous ne croyez pas que nous allons dans un piège ? Qui nous dit que la personne ayant écrit ces papiers nous veut du bien ?

- Aucune idée, mais j’veux savoir. »

Maison soupira, puis regarda le plan sur son post-it. Effectivement, ce dernier semblait commencer à l’intersection où ils étaient. L’information avait été séparée entre les deux, afin que de façon séparée, aucun ne puisse savoir où aller. Pour un piège, cela semblait très alambiqué. Il demanda :

« Et cette phrase… ce Il n’existe pas. Je suppose que vous n’êtes pas plus avancé que moi ?

- Coupable ! J’en ai aucune idée de c’que ça veut dire. »

Maison regarda à nouveau le plan, réfléchit un instant, puis annonça :

« Bon… Allons-y. »

Ils continuèrent le chemin en se fiant au papier. Ils traversèrent encore couloir après couloir, plus loin qu’ils n’allaient habituellement. Bazil fit remarquer :

« Je savais même pas que c’était si grand ici. Vous v’nez souvent ?

- Non, c’est ma première fois… Dites, vous vous rappelez de la dernière fois qu’on a croisé quelqu’un ? »

Bazil réfléchit un instant avant de répondre :

« Non ! Ça fait un moment qu’on a vu personne. »

Maison réfléchit de longs instants :

« Je pense que le plan n’est pas tant un plan qu’une combinaison magique. Le chemin que nous avons pris n’est pas pour nous rendre quelque part. C’est plutôt des gestes, comme ceux des lanceurs de sorts, mais ici sous forme de trajet. En suivant le trajet du plan, nous avons lancé un sort. Mais j’ignore sa fonction. Nous sommes maintenant isolés du reste de la fondation. Mais est-ce pour nous protéger, pour protéger nos collègues, ou au contraire pour s’assurer que nous ne puissions aider personne ou que personne ne puisse nous aider ?

- Bah, autant continuer maintenant qu’on est là. »

Maison hocha la tête, méfiant, observant autour d’eux, et ils continuèrent leur trajet durant encore quelques minutes, arrivant finalement à une porte protégée par un code. Bazil affirma immédiatement :

« Ah, ça, j’ai ! »

Il posa son doigt sur le digicode et entra une suite de six chiffres sans problème, déverrouillant la porte. Maison fronça les sourcils :

« Comment avez-vous fait ça ? Comment connaissiez vous la combinaison ?

- Avec ça ! »

S’exclama Bazil, en montrant le post-it. Devant l’incompréhension de son interlocuteur, il tapota le gribouillis. Maison réalisa alors qu’il s’agissait du trajet du doigt sur le digicode qui devait être réalisé.

« Allez, on entre ? »

Il n’attendit pas de réponse et ouvrit la porte, arrivant dans une pièce mal éclairée, semblable à un sas. Une autre porte, quelques mètres plus loin, donnait sur un petit laboratoire. Ses murs étaient couverts de papiers remplis de calculs. Des piles de dossiers traînaient partout, désordonnées. Des disques durs avaient été mis en désordre dans une boite en plastique, et plusieurs d’entre eux étaient reliés à un ordinateur dont les parois étaient couvertes de post-its. Derrière cet ordinateur, écrit en grandes lettres rouges à la fois sur les feuilles et directement sur le mur, apparaissait encore la phrase, comme un mantra. « Il n’existe pas. » Maison alluma l’ordinateur, et ce dernier demanda alors un mot de passe. Devinant la suite, il regarda son post-it et reproduisit sur le clavier le gribouillage. L’accès fut autorisé, et l’ordinateur afficha de nombreux dossiers, aux noms étranges et incomplets. Au centre de l’écran, l’icone d’un logiciel. Maison cliqua dessus, Bazil observant par dessus son épaule. Le logiciel s’ouvrit, et une barre de chargement s’activa. Tous les fichiers de l’ordinateurs furent rassemblés, donnant alors une longue liste de données. Une fenêtre s’afficha : « lire les données ? ». Maison cliqua sur oui. Les données furent alors converties en une vidéo. Sur la miniature, Maison et Bazil. Eux. Pas d’autres variants, mais eux, précisément. Il cliqua sur la vidéo, qui se lança. Leurs voix sortirent des hauts parleurs.

« Bonjour, chers amis » fit le Maison de la vidéo « J’ignore combien de fois vous avez vu et oublié cette vidéo. J’ignore même si elle changera quoi que ce soit. Mais j’espère que vous avancez, que vous n’êtes plus dans le même état de désespoir que nous.

- Y a quelques temps » poursuivit le Bazil « On s’est rendus compte d’un truc bizarre avec Cox. Dans toutes nos analyses, tous ses variants, tout. Dans toutes nos recherches sur le multivers. Y avait un truc qui clochait avec Cox, et lui seulement. C’est le seul, peu importe son univers d’origine, qui donnait des résultats aussi… bizarres.

- À force de recherches, nous avons fini par comprendre ce qui se passait. Nous n’avons pas cru nos résultats au début. Mais il a bien fallu nous faire à l’idée, après avoir recommencé nos calculs trois fois et obtenu toujours la même finalité. Cox…

- Il n’existe pas.

- Voilà. Cox n’existe pas. »

Regardant la vidéo, Maison et Bazil échangèrent un regard interrogatif et sceptique.

« Mes chers amis, cela ne signifie pas que vous ne faites pas face à Cox et ses armées maléfiques. Celles-ci sont bien réelles. Mais Cox, en tant que personne, n’existe pas. Il ne fait pas partie de nos univers, d’un quelconque univers. Il est un étranger, une anomalie, une émanation d’une force extérieure. Chacune de ses itérations possède la même origine, peu importe sa forme. Il peut être un simple psychiatre, un maître du monde, un policier, un dieu, une légende locale, un personnage fictionnel. Mais toutes ces formes ne sont pas des variants, contrairement à nous. Toutes ces formes sont la même entité. Comme des champignons perçant la terre en des endroits différents mais provenant du même mycélium. Vaincre Cox physiquement, le détruire dans chaque univers, n’est pas suffisant pour le vaincre, ce serait comme penser que vous avez vaincu l’océan car vous vous êtes séché après une baignade. Nous devons trouver comment vaincre Cox en tant que concept. Nous devons trouver comment vaincre Cox non dans ses itérations, mais en parvenant à vaincre la force extraverselle qui le crée. Une force tellement maléfique, tellement au-delà de toute conception humaine, que sa simple existence au travers des variants de Cox dans chaque univers parvient à semer chaos et destruction. Une force infectieuse. Car à partir du moment où Cox est considéré en tant que concept et non en tant qu’individu, alors la force qui le crée commence à s’infiltrer. C’est pour cela que vous avez eu besoin de rassembler les données éparpillées de cette vidéo afin de la lire, et c’est pour cela que vous devrez à nouveau l’éparpiller après l’avoir finie. Sans cela, le simple fait que Cox, au sein de celle-ci, soit considéré comme concept et non individu, suffirait à infecter l’ordinateur. Et surtout, cette force extraverselle saurait que nous savons. Et elle nous détruirait. Après la fin de cette vidéo, vous aurez deux heures et vingt-huit minutes pour vous familiariser avec les recherches présentes dans cette pièce, avancer dans les travaux réalisés, et retourner dans le sas afin de recevoir une dose de gaz amnésique. Leurs effets seront progressifs, afin que vous retourniez sur vos pas, et colliez les post-it sur vos écrans, afin de continuer ce travail. Si vous prenez davantage de temps, votre connaissance du Concept Cox commencera à vous infecter. En quelques jours, vous ne serez plus qu’un pion, votre esprit annihilé. Nous étions cinq, au départ. Nous ne sommes plus que deux, car nous ne connaissions pas les risques. Bonne chance, chers amis. J’espère que nous arriverons à gagner cette guerre dont nous devons en permanence oublier l’existence. »

Maison entra dans l’open-space, se dirigeant vers son bureau. Il salua ses collègues en passant, et un variant de Bazil le fixa longuement, comme s’il voulait lui dire quelque chose sans oser. Le docteur alla alors s’installer à son bureau, afin de continuer le travail de la veille. Alors qu’il allait allumer l’écran de son ordinateur, il vit qu’un post-it y était collé. Avec un petit schéma, et trois mots. « Il n’existe pas ».

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