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CHAPITRE 1
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- Attention ! Un akuma !
A peine Alya avait-elle crié que la plateforme du premier étage de la Tour Eiffel sur laquelle elle se tenait se mit à trembler violemment. Des cris de terreur fusèrent, et son premier réflexe fut de s'agripper à la poutre métallique la plus proche. Le sol semblait se dérober sous ses pieds, et elle priait pour que la plateforme tienne le choc. Elle jeta un regard à la fois déterminé et légèrement inquiet autour d'elle tout en essayant de garder une stabilité relative face aux secousses qui menaçaient à tout moment de l'envoyer par-dessus la rambarde du monument : les touristes qui étaient venus visiter la Tour Eiffel étaient en train de se disperser comme une traînée de poudre en poussant des hurlements effrayés, et le reste de sa classe tentait tant bien que mal de se regrouper pour fuir et regagner la terre ferme le plus rapidement possible.
Un mouvement en hauteur lui fit lever vivement les yeux : une femme à la peau verte vêtue d'une robe de la même couleur venait de bondir sur la plateforme, et le sourire cruel suspendu à ses lèvres ne lui disait rien qui vaille. Elle tendit sa main devant elle et une énorme ronce en sortit : la tentacule végétale s'abattit sur la plateforme, détruisant tout sur son passage.
- Mon travail était parfait ! vociférait la personne akumatisée. De quel droit osez-vous me dire que mon aménagement des jardins du Trocadéro n'est pas à la hauteur !? Et devant tout le monde en plus ! Vous n'avez pas le droit de me virer comme ça ! Je mérite le respect !
L'akumatisée scannait vivement les alentours du regard : elle semblait chercher quelqu'un.
Alya se redressa et tourna la tête de droite à gauche tout en se demandant à qui l'akuma pouvait bien s'adresser. La réponse ne se fit pas attendre.
- Je sais que vous êtes là, Monsieur le Directeur ! Je vous ai vu grimper ici ! Vous allez voir, je vais faire de Paris un immense jardin de ronces. Toutes les créations dont vous êtes si fier seront détruites, ensevelies sous mes magnifiques plantes que vous n'avez fait que dénigrer ! Les humains ne peuvent rien contre la nature, elle reprend toujours ses droits !
Un petit homme au crâne dégarni apparut de nulle part et se précipita vers l'escalier de secours dans une tentative d'escapade qu'il avait espéré discrète. Un rire dément sortit de la gorge de l'akuma. De nouvelles ronces s'abattirent violemment autour de lui et s'enroulèrent progressivement autour de la structure métallique de la Tour Eiffel qui commençait à pencher dangereusement. La plateforme était à présent complètement déformée et continuait de trembler sous les attaques répétées des ronces. Le petit homme se retrouva rapidement changé en mauvaise herbe et l'akuma poussa un cri de triomphe avant de s'élancer plus haut encore.
- ALYA !!
Alya se retourna d'un bond et aperçut Nino à quatre pattes non loin d'elle. Les secousses de plus en plus violentes provoquées par l'akuma ne faisaient que le déstabiliser, et il peinait à se remettre debout sur ses jambes. Alya lui tendit sa main et l'aida à se redresser tout en agrippant fermement la rambarde contre laquelle elle s'était appuyée.
- Ça va aller ? lui demanda-t-elle avant de reporter son attention sur le chaos qui régnait.
Pour toute réponse, Nino acquiesça avant de passer son bras autour d'elle pour se stabiliser.
Un vent de panique général soufflait parmi les derniers visiteurs et élèves présents sur la plateforme, et Alya et Nino cherchaient frénétiquement du regard un moyen de s'échapper tout en évitant de mourir piétinés par la cohue que l'attaque de l'akuma avait provoquée. La créature à la peau verte se déplaçait à l'aide de ses ronces et scannait les alentours avec un sourire satisfait. A chaque fois qu'elle touchait quelqu'un, la personne atteinte se transformait en une énorme plante, et chaque recoin de la Tour Eiffel était à présent envahi de mauvaises herbes.
Alya et Nino s'accroupirent derrière les cages d'ascenseurs encore intactes, espérant ainsi gagner du temps sans se faire repérer. Nino se rendit compte qu'Alya avait sorti son téléphone et cherchait du regard un moyen de se rapprocher de la scène.
- Non Alya, je t'en prie n'y va pas, c'est bien trop dangereux ! l'arrêta-t-il en resserrant son étreinte autour de sa taille.
- Je veux juste prendre une vidéo pour le Ladyblog, je te promets d'être prudente !
- Hors de question ! Tu-
Une secousse coupa court à leur dispute et les envoya au sol.
- Tu vois que c'est dangereux ! fit Nino en lui tendant sa main pour l'aider à se relever. Reste avec moi s'il te plaît !
- Hey ! Ça va ? Vous n'avez rien ? fit soudain une voix derrière eux.
Adrien venait de les retrouver et s'approchait prudemment en s'aidant de la moindre poutre ou rambarde qui lui paraissait encore un minimum solide.
- Ça va. Et toi, tout va bien ? lui demanda Nino.
Adrien acquiesça et reporta son attention sur ce qui se passait autour d'eux. Une lueur d'inquiétude s'alluma dans ses grands yeux verts.
- Vous n'êtes pas avec Marinette ? s'alarma-t-il en constatant l'absence de son amie.
Alya secoua négativement la tête.
- Je pensais qu'elle était avec toi, elle s'est éloignée au moment où l'akuma est apparu, paniqua-t-elle en scannant frénétiquement les alentours du regard.
- J'espère qu'elle a réussi à descendre de la Tour Eiffel et qu'elle est à l'abri, espéra-t-il à haute voix, de plus en plus inquiet à l'idée qu'elle ait été touchée par l'akuma.
Adrien sortit son téléphone de sa poche comme s'il pêchait un saumon à mains nues, mais avant d'avoir pu composer le numéro de Marinette, la jeune fille apparut comme par magie à leurs côtés.
- Marinette !!
Avant même que Marinette n'ait pu ouvrir la bouche, Adrien s'était jeté sur elle et il la serra dans ses bras avec un soupir de soulagement. Marinette se figea d'un coup à ce contact et son cœur manqua un battement.
- Tu vas bien, l'entendit-elle murmurer tout contre elle.
Elle sentit Adrien resserrer son étreinte autour d'elle et son rythme cardiaque s'affola de se retrouver ainsi blottie tout contre lui malgré la situation critique dans laquelle ils se trouvaient. Elle voulut reculer d'un pas mais Adrien semblait ne pas vouloir la lâcher, et Marinette sentit le rouge lui monter aux joues ; elle dû faire un effort surhumain pour prendre sur elle et ne pas partir en courant tant elle était à la fois extatique et paralysée de stupeur d'être dans ses bras.
Le jeune homme accaparait son cœur un peu plus chaque jour, et elle avait beau tenter de lutter contre ses sentiments, son palpitant la trahissait toujours lorsqu'ils étaient à proximité l'un de l'autre. Elle se répétait régulièrement qu'elle ne devait rien ressentir pour lui et qu'il fallait qu'elle tourne enfin la page, mais certaines habitudes restaient tenaces.
Le regard lumineux et attendri qu'Adrien posa sur elle fit fondre le peu de sens logique qu'il lui restait, et elle ne dut son salut qu'à la plateforme qui s'était remise à trembler, la sortant instantanément de son moment d'effarement. Adrien la libéra de son étreinte à regret sans pour autant s'écarter totalement d'elle, et Marinette dû attendre que les battements de son cœur aient repris un rythme à peu près normal pour réussir à s'exprimer de façon intelligible.
Une nouvelle racine s'abattit non loin d'eux, ce qui fit enfin réagir la jeune fille : il était grand temps que Ladybug entre en scène. Mais pour cela, elle devait d'abord mettre ses amis en sécurité avant de leur fausser compagnie. Elle se planta devant eux avec une assurance et une détermination qu'elle était bien loin de ressentir quelques instants auparavant, puisant dans la force de son alter-ego masqué pour reprendre le contrôle et se focaliser sur le danger immédiat. Ses sentiments conflictuels à l'égard d'Adrien allaient devoir attendre.
- Alya, Nino, Adrien, annonça-t-elle d'un ton doux mais ferme. Il faut absolument que vous arriviez à rejoindre l'autre côté de la plateforme derrière vous : il y a un escalier de secours qui vous ramènera directement en bas. L'akuma est parti dans l'autre sens et les vibrations se sont calmées, c'est le moment de s'échapper d'ici.
- Mais... Et toi ? objecta Alya avec un regard lourd de sens.
- Je vais aller chercher de l'aide, je vous retrouve en bas. A tout à l'heure, répondit-elle immédiatement avant de faire volte-face et de se précipiter de l'autre côté des ascenseurs.
- MARINETTE !! cria Adrien en réalisant ce qu'elle s'apprêtait à faire.
Il tenta de saisir son poignet au passage pour l'empêcher de foncer tête baissée vers le danger mais Marinette était déjà partie en courant.
- Marinette !! répéta Nino en lui faisant écho. Mais qu'est-ce qu'elle fait !?
- Je vais la rattraper ! décida soudain Adrien en partant en courant à sa suite.
- Non ! Adrien !! Laisse-la, elle va se débrouiller !! REVIENS !! cria Alya, paniquée.
Mais c'était peine perdue : Adrien était déjà loin.
- Ils sont complètement fous tous les deux ! s'affola Nino.
Il voulut se relever mais la plateforme s'était remise à trembler de toutes parts, le renversant au passage. Alya le rattrapa avant qu'il ne se blesse et ceintura sa taille de son bras pour s'assurer qu'il n'irait pas plus loin. Nino s'agrippa à un morceau encore entier et stable de la plateforme et serra de toutes ses forces.
- On ne pourra jamais les rattraper, se lamenta-t-il.
- Il n'y a plus qu'à espérer que Chat Noir arrive à temps, murmura Alya en se mordant la lèvre inférieure.
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CHAPITRE 2
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Adrien courait toujours, son regard rivé sur Marinette pour ne pas la perdre. Pourquoi diable fonçait-elle tout droit vers l'akuma ? Quelle idée avait-elle derrière la tête ? A sa trajectoire, Adrien se doutait qu'elle devait vouloir atteindre l'autre côté de la plateforme et rejoindre un escalier de service. Mais pourquoi n'était-elle pas restée avec eux au lieu de vouloir emprunter un autre escalier complètement à l'opposé de la plateforme et s'exposer ainsi au danger ?
Marinette semblait discuter avec quelqu'un mais Adrien ne voyait personne à proximité. Se parlait-elle à voix haute ? Les sourcils froncés, il priait pour que l'akuma ne la repère pas avant qu'il n'ait pu trouver un endroit pour se transformer et la mettre à l'abri, mais il n'eut pas le temps de mettre son plan à exécution : une des énormes ronces de l'akuma s'abattit sur la plateforme et Marinette l'évita de justesse avant de trébucher sur les débris. Elle s'étala de tout son long et le sang d'Adrien ne fit qu'un tour en voyant les racines se rapprocher d'elle. Il redoubla de vitesse, les poumons en feu et le cœur battant à tout rompre. S'il arrivait quelque chose à Marinette, il était certain qu'il s'en voudrait toute sa vie.
Marinette peinait à se remettre debout sur le sol instable, et Adrien se rendit compte qu'elle cherchait à regagner le bord de la plateforme, sans succès.
Haletant, il arriva à sa hauteur et s'empressa de l'aider à se relever avant de l'attirer le long d'une rambarde encore intacte.
- Marinette ! Ça va ? lui demanda-t-il, son cœur menaçant de fracasser sa cage thoracique.
Lorsque Marinette réalisa qu'elle se trouvait dans les bras d'Adrien, elle sursauta violemment et s'écarta maladroitement de lui, à la fois agacée et complètement paniquée.
- A-Adrien ! Mais... Mais p-pourquoi est-ce que tu m'as suivie ! le gronda-t-elle d'un ton plus sec qu'elle ne l'aurait voulu. Sauve-toi vite !
La présence d'Adrien contrecarrait totalement ses plans, d'autant plus qu'il était à présent complètement exposé au danger.
- Justement ! lui rétorqua-t-il en faisant de grands gestes. C'est beaucoup trop dangereux ! Il ne faut pas que tu restes ici ! Viens avec moi, il faut qu'on descende le plus vite possible, dit-il en lui tendant sa main ouverte.
Marinette considéra sa main tendue, hésitante : si elle acceptait de le suivre, cela signifiait qu'elle ne pourrait pas se transformer, et cet akuma avait déjà créé beaucoup trop de dégâts pour que l'apparition de Ladybug soit encore retardée. D'autant plus que Chat Noir ne semblait pas encore être arrivé sur les lieux de l'attaque. Le seul problème était que Marinette était bien trop paniquée à l'idée qu'il arrive quelque chose à Adrien pour avoir les idées claires et inventer une excuse pour se séparer de lui.
La racine qui s'abattit à côté d'eux coupa court à son tourment intérieur, et elle ne dut son salut qu'aux réflexes d'Adrien : le jeune homme l'attira vers lui et se mit à courir dans l'autre sens, sa main agrippant fermement la sienne comme pour la dissuader de lui fausser compagnie à nouveau.
- Tiens donc ! Deux petites vermines, fit la personne akumatisée en les découvrant. On va voir si vous allez courir longtemps !
L'akuma fit apparaître de nouvelles racines qui se dirigèrent tout droit vers eux. Marinette et Adrien se lancèrent un regard entendu et se mirent à courir en zig zag, sans se lâcher la main. Ils esquivèrent plusieurs tentacules recouvertes d'épines mais une nouvelle ronce s'abattit sur eux, les obligeant à se séparer.
Lorsqu'Adrien sentit la main de Marinette glisser de la sienne, il continua de courir tout en vérifiant que la jeune fille pouvait s'en sortir de son côté. Il lui serait bien plus utile une fois transformé. Mais Marinette continuait à zigzaguer entre les ronces et peinait à trouver une échappatoire pour se mettre à l'abri. Adrien prit soudain une décision : il stoppa net et fit volte-face, prêt à servir d'appât. Tant pis pour Chat Noir, c'était d'Adrien dont Marinette avait besoin dans l'immédiat.
- Marinette ! Cours jusqu'à l'escalier ! Je vais attirer son attention !
- Q-Quoi ?! C'est hors de question ! lui rétorqua-t-elle, le sang cognant dans ses tempes.
Marinette tournait vivement la tête de droite à gauche, cherchant désespérément un moyen de se sortir de cette situation, tout en se maudissant d'avoir entraîné Adrien malgré lui dans cette histoire. De son côté, Adrien se mit à courir en faisant de grands gestes pour attirer l'akuma, et le cœur de Marinette se serra douloureusement en le voyant aussi déterminé à la protéger.
L'akuma semblait suivre Adrien, aussi se décida-t-elle à se mettre à l'abri pour se transformer, mais au moment où elle franchit une racine d'un bond, l'akuma se retourna brusquement et lança une de ses ronces dans sa direction. Marinette l'évita de peu et se plaqua rapidement au sol derrière une pile de débris métalliques. A bout de souffle, elle fit volte face et s'apprêtait à repartir, mais elle stoppa net lorsque son regard se posa sur Adrien : le jeune homme était encerclé par plusieurs racines qui rampaient dans sa direction d'un air menaçant, et à la façon dont il scannait frénétiquement les alentours du regard, Marinette comprit rapidement qu'il était complètement coincé.
Son sang pulsant sourdement dans ses tempes, Marinette n'écouta que son courage et attrapa un lourd morceau de fer avant de le lancer de toutes ses forces sur la racine qui s'apprêtait à attaquer Adrien. Son geste eut l'effet escompté : la ronce touchée se recroquevilla sur elle-même avec un bruit semblable à de la craie crissant sur un tableau noir et battit en retraite sans demander son reste. Marinette lança un regard à Adrien et lui fit signe de s'échapper, mais les autres ronces, énervées par cette attaque, s'agitèrent soudain autour d'Adrien qui fut forcé de reculer de quelques pas. Son dos butta soudain contre la structure de métal de la Tour Eiffel qui tenait encore debout comme par miracle et son sang se figea ; il était bel et bien pris au piège.
Il échangea un nouveau regard affolé avec Marinette ; la jeune fille semblait déterminée à affronter à nouveau les racines à mains nues, et la panique le gagna face à une telle obstination.
- Marinette, sauve-toi, je t'en prie ! la supplia Adrien.
Pour toute réponse, Marinette secoua vivement la tête de droite à gauche, incapable d'émettre le moindre son : sa gorge était complètement nouée, et elle peinait à garder les idées claires.
Tout était de sa faute.
Tout était de sa faute et il était hors de question qu'elle abandonne Adrien à son sort.
Elle craignait que si elle s'éclipsait ne serait-ce qu'un instant pour se transformer, l'akuma en profiterait pour l'attaquer. Son estomac se serra douloureusement à cette idée.
Marinette leva les yeux en direction de la personne akumatisée, et elle se rendit compte qu'un masque violet était apparu sur son visage : Papillombre était visiblement en train de s'entretenir avec elle. La jeune fille voulut profiter de ce moment de répit pour rejoindre Adrien et l'aider à s'enfuir, mais lorsqu'elle se retourna vers lui, elle sentit son coeur s'arrêter : une des ronces s'était brusquement dressée et attaqua Adrien frontalement, ne lui laissant aucune possibilité de repli. Les yeux d'Adrien étaient écarquillés par la peur et il n'eut que pour réflexe de se protéger avec ses deux bras croisés devant lui.
- NOOON !! hurla Marinette à s'en casser la voix.
Tout son être se figea d'horreur ; elle voulut détourner le regard mais son corps paralysé fixait Adrien, redoutant l'impact. Sans qu'elle ne s'en rende compte, des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Elle s'attendait à tout moment à voir la racine transpercer Adrien de part en part, et cette image lui était insoutenable.
Elle avait échoué.
Elle n'avait pas su protéger une des personnes qu'elle aimait le plus au monde.
Au moment où elle crut que tout était fini, la racine changea brutalement de trajectoire et s'enroula autour d'Adrien, le plaquant au pilier métallique derrière lui. L'instant de surprise passé d'être toujours en vie, Adrien essaya de résister et se débattit violemment, mais la ronce épineuse le maintenait fermement cloué au pilier et l'empêchait de bouger.
Les autres tentacules s'éloignèrent momentanément et Marinette en profita pour courir vers lui, la boule au ventre. Adrien se démenait mais c'était peine perdue. Il lança un regard inquiet à Marinette qui arriva à sa hauteur et posa ses mains sur la racine qui le ligotait.
- Je vais te libérer Adrien, je te le promets, je vais trouver une solution, hoqueta-t-elle en essuyant ses yeux du dos de sa main.
- Marinette, écoute-moi, la coupa Adrien le plus calmement possible. Il faut que tu partes, tu es en danger ! Descends vite retrouver Alya et Nino et éloignez-vous le plus possible de la Tour Eiffel. Je m'en sortirai, ne t'inquiète pas.
- Il est hors de question que je te laisse ici ! Tout est de ma faute ! répliqua Marinette, sentant sa gorge se liquéfier à nouveau.
Elle secoua brièvement la tête, comme pour se remettre les idées en place et plongea son regard d'azur dans les yeux d'émeraude d'Adrien.
- Je te promets que je vais te sortir de là.
- Marinette, je t'en prie, mets-toi à l'abri ! répéta-t-il en guise de réponse, une vive inquiétude se lisant sur son visage.
Marinette s'échignait à tirer sur la ronce qui retenait Adrien prisonnier mais la racine ne bougeait pas d'un iota. Sa détermination ne vacilla pas pour autant : elle refusait d'abandonner Adrien à son sort et continuait de tirer dessus de toutes ses forces. Son cœur battait sourdement dans ses oreilles et des gouttes de sueur perlaient sur son front mais elle n'en avait que faire. Elle voulait libérer Adrien à tout prix.
- MARINETTE ATTENTION !! hurla soudain Adrien, les yeux agrandis d'horreur.
Marinette n'eut pas le temps de comprendre la mise en garde d'Adrien : elle sentit soudain quelque chose s'enrouler autour d'elle et l'immobiliser sur place. Elle poussa un cri de surprise et s'agita mais la ronce avait l'avantage et la ligota fermement avant de l'entraîner en hauteur.
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En voyant Marinette se faire enlever sous ses yeux, l'estomac d'Adrien se noua violemment ; il hurla son nom à s'en déchirer la gorge, son sang pulsant sourdement dans ses tempes. Il avait beau se démener pour tenter de s'échapper, la racine semblait s'être solidifiée autour de lui et il lui était impossible de se libérer. Il ne put que lever les yeux d'un air désespéré, son regard fixé sur la silhouette de Marinette qui s'éloignait à vitesse exponentielle vers les derniers étages de la Tour Eiffel branlante.
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Les pieds de Marinette ne touchaient plus terre ; elle jeta un regard en contrebas et constata avec effroi qu'elle était suspendue à une centaine de mètres au-dessus du sol, uniquement retenue par la racine de l'akuma qui semblait se délecter du spectacle.
- Alors petit insecte répugnant, comment oses-tu abîmer mes magnifiques plantes ??
Marinette déglutit et refocalisa son attention sur l'akuma.
- Ecoutez-moi, répondit-t-elle avec aplomb. Ne laissez pas vos pensées négatives prendre le dessus et laisser le contrôle à Papillombre. Vous pouvez rejeter l'akuma et réparer tout ça, vous p-
Mais Marinette ne put finir sa phrase : l'akuma l'avait bâillonnée à l'aide d'une autre racine. Marinette poussa un cri de protestation, mais seul un son étouffé sortit de sa bouche. Elle s'agita mais l'akuma avait clairement l'avantage. Marinette sentit son estomac se nouer douloureusement et son esprit se mit à carburer à toute vitesse pour trouver une solution pour se sortir de là.
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A l'étage inférieur, Adrien paniquait de se sentir aussi impuissant ; Marinette était en grand danger, et il devait absolument se libérer avant que l'akuma n'ait le temps d'agir.
- Dire que mon père avait accepté de me laisser faire cette excursion avec la classe pour une fois, il ne me laissera plus jamais sortir quand il apprendra ce qu'il s'est passé, maugréa-t-il avec agacement.
Il se tortilla à nouveau, même s'il savait que c'était en vain. La racine le ligotait fermement et semblait aussi dure que de la pierre.
Plagg apparut soudain, dans une décontraction qui détonnait grandement au milieu du chaos qui régnait.
- Plagg ! Aide-moi, le supplia Adrien. Marinette est en danger !
- Je vois que tu t’inquiètes pour ton amoureuse, lança Plagg avec un sourire taquin suspendu aux lèvres.
- Ce n’est vraiment pas le moment Plagg !! lui rétorqua-t-il sèchement, furieux que son kwami puisse trouver la situation amusante. E-Et... ce n’est pas mon amoureuse ! se défendit-il en détournant la tête, les pommettes légèrement rouges.
- Vu la façon dont tu ne la quittes jamais vraiment des yeux, j’émettrais quelques réserves. Tu la regardes de la même façon que je regarde mon camembert coulant affiné depuis 6 mois.
- Arrête ! Tu sais à quel point je tiens à elle ! Je m’en voudrais toute ma vie s’il lui arrivait quelque chose !
- Moui, bien sûr, lâcha Plagg pour toute réponse, visiblement peu convaincu.
Adrien lâcha un grognement et s'apprêtait à répliquer mais Plagg voleta vers la racine qui l'immobilisait et activa son cataclysme : la ronce tomba en poussière.
Une fois libéré, Adrien inspira profondément ; sa cage thoracique était légèrement douloureuse à cause de la pression exercée par la racine, et il eut du mal à reprendre son souffle. La sensation de pouvoir à nouveau bouger et respirer correctement était loin d'être désagréable. A présent libre, Adrien lança un regard inquiet au-dessus de lui en direction de Marinette et il s'empressa de quitter les lieux, Plagg dans son sillage.
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Marinette se démenait, ligotée et bâillonnée par la ronce de l'akuma qui semblait de très bonne humeur de l'avoir capturée. Une autre racine s'éleva au niveau de son visage et commença à s'enrouler autour de son cou.
- Alors, petit insecte, que vais-je faire de toi ? Peut-être que je peux t'utiliser pour attirer Ladybug et Chat Noir dans mon piège.
La pression autour du cou de Marinette s'intensifia ; la jeune fille se débattait toujours mais elle avait de plus en plus de mal à respirer. Son rythme cardiaque s'intensifia malgré elle et la panique commença à la gagner. Dans son sac, Tikki était de plus en plus inquiète et se demandait comment intervenir pour sauver sa porteuse, sans pour autant trouver de solution.
- Ces deux super-héros de pacotille ne laisseraient tout de même pas une punaise dans ton genre s'écraser au sol sans rien faire, n'est-ce pas ? susurra l'akuma d'un ton mielleux.
Les yeux de Marinette s'agrandirent en comprenant ce que l'akuma s'apprêtait à faire.
Le super vilain s'éleva jusqu'à la dernière plateforme de la Tour Eiffel, entraînant Marinette dans son sillage. Lorsqu'il aperçut l'hélicoptère de TVi News en train survoler le monument, le sourire maléfique de l'akuma s'étendit ; les racines qui retenaient Marinette prisonnière s'immobilisèrent au-dessus du vide, et l'akuma s'adressa à la caméra braqué sur lui :
- Ladybug ! Chat Noir ! Je sais que vous vous planquez quelque part, bande de poules mouillées ! Montrez-vous et donnez-moi vos Miraculous sans faire d'histoires ! Sinon, cette jeune fille périra !
La personne akumatisée se tourna vers Marinette et lui adressa un sourire mauvais qui provoqua un frisson involontaire à la jeune fille prise au piège.
- On va voir si provoquer le destin va les faire venir.
Sans crier gare, la racine libéra Marinette et la lâcha au-dessus du vide.
Notes:
Alors à votre avis, est-ce que Chat Noir va arriver à temps pour la sauver ou bien est-ce que j'ai laissé Marinette s'écraser en contrebas (avec toutes les conséquences dramatiques et psychologiques qui vont en découler) ? ¬‿¬
(oui je sais, je suis un peu sadique, j'aime voir les personnages souffrir 😢)
Réponse dans le prochain chapitre ! (La fic est terminée donc j'ai prévu de poster un chapitre par semaine si tout va bien !)
Chapter 3
Notes:
Miraculous repose sur le principe de l'équilibre.
Le bien et le mal.
Le Yin et le Yang.
L'émotion et la raison.Dans la série, Adrien et Ladybug sont la raison et l'ordre, contrairement à Marinette et Chat Noir qui représentent l'émotion et le désordre.
En déroulant cette histoire sous mes doigts, il m'est apparu évident que l'émotion allait clairement prendre le pas sur la raison de chaque côté de cette balance bien équilibrée, et moi qui n'aime habituellement pas vraiment écrire des histoires qui ne sont pas "canon", j'ai dérogé à cette règle pour répandre le chaos. L'occasion était trop belle pour ne pas exploiter l'aspect de leurs personnalités qui ne transparaît normalement pas sous leur autre forme.(Et clairement, j'adore les voir faire n'importe quoi).
On rentre dans le vif du sujet dans ce chapitre, accrochez-vous !
(See the end of the chapter for more notes.)
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CHAPITRE 3
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Marinette tomba dans le vide en poussant un cri d'horreur ; elle avait l'impression que son cœur était remonté dans sa gorge et elle agitait vivement ses bras et ses jambes tout en sachant pertinemment qu'il n'y avait rien pour la retenir de s'écraser 300 mètres plus bas. Elle se retrouva face à un problème de taille : devait-elle se transformer pour sauver sa peau, mais par la même occasion dévoiler son identité à Papillombre et à tout Paris ? Le sol se rapprochait à une vitesse vertigineuse et elle n'arrivait plus à être rationnelle. Que devait-elle faire ?
Avant qu'elle n'ait pu décider si elle devait se transformer, quelqu'un rentra en collision avec elle et la rattrapa, interrompant brutalement sa chute libre. Marinette sentit des bras se nouer fermement autour d'elle et elle fut entraînée d'un bond sur l'une des plateformes encore intacte de la Tour Eiffel.
Stupéfaite, elle leva les yeux et reconnut instantanément le visage masqué de son coéquipier.
- Ch-Chat N-Noir ?
Son cœur battait à tout rompre, mais à présent que son partenaire était là, la peur qu'elle avait ressentie quelques instants plus tôt s'était envolée. Haletante, elle ferma momentanément les yeux et posa sa tête contre lui pour reprendre son souffle.
Chat Noir atterrit sur la plateforme la plus proche encore intacte et tourna sa tête vers elle, sans la lâcher.
- Tout va bien Marinette ? lui demanda-t-il d'un air inquiet en resserrant son étreinte.
Il s'accroupit et la déposa délicatement à cheval sur ses genoux tout en la maintenant contre lui. Son cœur semblait vouloir fracasser sa cage thoracique pour s'en échapper ; l’idée qu’il aurait pu ne pas arriver à temps pour la rattraper lui provoqua un violent frisson qui parcourut sa colonne vertébrale.
Pour toute réponse, Marinette acquiesça en prenant de grandes inspirations ; elle passa sa main sur sa gorge à l'endroit où la ronce avait tenté de l'étrangler, et ce geste inquiéta encore plus Chat Noir.
- Je vais t'emmener à l'hôpital, décida-t-il tout en se redressant, un bras toujours autour de ses épaules.
Il s'apprêtait à bondir mais Marinette l'interrompit.
- Non Chat Noir, je t'assure que ça va, affirma-t-elle.
- Tu es sûre ? répondit-il, peu convaincu en la voyant respirer avec difficulté.
Marinette acquiesça fermement ; elle savait que son coéquipier pouvait se montrer têtu, et elle ne pouvait pas se permettre de lui faire perdre autant de temps avec un akuma qui semait la terreur autour d'eux.
- Certaine, acquiesça-t-elle avec une assurance qu'elle était loin de ressentir. Merci de m'avoir rattrapée, ajouta-t-elle avec un sourire reconnaissant.
Chat Noir acquiesça faiblement pour lui indiquer qu'il respectait sa décision, mais une lueur d'inquiétude persistait dans son regard d'un vert surnaturel. Il vérifia que l'akuma ne les avait pas suivis mais le super vilain semblait avoir momentanément perdu leur trace.
Marinette se redressa dans les bras de Chat Noir, et jeta un coup d'œil anxieux aux étages inférieurs. Ses craintes se confirmèrent lorsqu'elle repéra l'akuma en train de semer le chaos sur la plateforme sur laquelle était retenu Adrien. Son sang ne fit qu'un tour et elle se tourna vivement vers Chat Noir.
- Chat Noir, il faut que tu m'aides, s'il te plaît ! Il faut qu'on redescende !
Bien décidé à la mettre à l'abri, Chat Noir acquiesça d'un mouvement de tête et passa son bras autour de la taille de Marinette tandis qu'elle s’agrippait fermement à son cou.
Chat Noir ne pouvait s'empêcher d'admirer le sang froid dont Marinette faisait toujours preuve lorsqu’il la transportait à une si grande altitude. N'importe qui d'autre se retrouverait paralysé, terrifié par la hauteur. Mais Marinette, elle, semblait toujours à l’aise, même suspendue à 300 mètres au-dessus du sol. D'autant plus après une telle chute.
Inconsciemment, il resserra son étreinte autour de la taille de la jeune fille qui ne semblait pas le moins du monde perturbée par la hauteur à laquelle ils se trouvaient. Chat Noir eut un élan d’affection pour elle de voir à quel point elle lui faisait confiance alors qu’il n’y avait que son bras pour la retenir de s’écraser en contrebas.
En quelques bonds, Chat Noir descendit le long d'un pilier encore intact, pressé de mettre le plus de distance possible entre Marinette et l'akuma qui semblait lui en vouloir personnellement.
- Arrête-toi là ! s'écria soudain Marinette avec un mouvement de la main lorsqu'ils atteignirent le premier étage de la tour.
- Q-Quoi ? bégaya-t-il, complètement pris au dépourvu par sa demande. Non Marinette, c'est trop dangereux !
- Mes amis sont en danger, il faut que j'aille les aider !
- Marinette, je ne peux pas te laisser t’approcher plus, ce serait de la folie ! Surtout après ce qui vient de se passer ! Je te dépose plus loin. Rentre chez toi le plus vite possible.
- Non, laisse-moi sur cette plateforme. Je te promets que ça va aller ! insista Marinette, de plus en plus inquiète par la tournure que prenaient les choses.
La plateforme se désagrégeait de plus en plus ; il fallait qu'elle se dépêche si elle voulait sauver Adrien.
- Hors de question ! répondit fermement Chat Noir en resserrant son bras qui entourait sa taille.
Marinette lâcha un grognement de frustration, sentant la panique la gagner.
- Chat Noir, tu ne comprends pas, Adrien est en danger !! cria-t-elle, à la fois énervée et angoissée. C'est de ma faute s'il s'est retrouvé prisonnier de l'akuma, il faut que je le sorte de là avant qu'il ne s'en prenne à lui ! S’il te plaît Chat Noir !
Lorsqu’il entendit son nom, le coeur de Chat Noir manqua un battement : c’était lui l’ami qui inquiétait tant Marinette ?
- J'espère qu'il n'est pas déjà trop tard... Chat Noir, s'il te plaît, je dois y aller ! Je dois le retrouver avant qu'il ne lui arrive quelque chose !
Ne constatant aucune réaction de la part de Chat Noir, Marinette poussa un soupir de frustration. Elle n'avait plus la force d'argumenter. Adrien s'était obstiné à vouloir la mettre à l'abri au péril de sa vie, et voilà que maintenant Chat Noir s'entêtait à son tour. Elle appréciait l'opiniâtreté des deux garçons mais le temps pressait.
Elle se retourna vers Chat Noir qui ne l'avait pas lâchée et lui adressa un regard décidé. Mais son partenaire, lui, ne put que la fixer avec étonnement, soudain pleinement conscient des puissants battements de son cœur qui résonnaient dans ses oreilles humaines.
Adrien n'avait décidément pas l'habitude que quelqu'un s'inquiète pour lui, et de voir Marinette si déterminée à le retrouver pour l'aider diffusa une douce chaleur sous sa poitrine. Pris de court, il s'éclaircit la gorge pour masquer son trouble et feignit l'indifférence.
- Adrien Agreste ? Le mannequin qui est dans ta classe ? Oh ne t'inquiète pas pour lui, il doit être en lieu sûr.
- Mais qu'est-ce que tu en sais ? répliqua-t-elle vivement. Tu l'as vu ? Tu l'as mis à l'abri ?
Chat Noir ne sut quoi répondre ; son premier réflexe fut d'inventer un bobard pour lui expliquer qu'elle n'avait pas à s'en faire pour lui et qu'Adrien était bel et bien à l'abri, mais en la voyant aussi inquiète, il sut tout au fond de lui qu'il ne réussirait pas à lui mentir. Il se contenta de la fixer du regard, sans savoir quoi dire.
Son mutisme inquiéta d'autant plus Marinette qui s'agita à nouveau.
- Il faut absolument que je le retrouve, si l'akuma s'en prend à lui, je-
Elle s'interrompit en voyant Chat Noir hausser les épaules.
- Pourquoi est-ce que tu t'inquiètes autant pour lui ? demanda-t-il.
Sans vouloir se l'avouer, une petite part de lui était sincèrement curieuse d'avoir la réponse.
- Remarque je comprends que toutes les filles n'en aient que pour lui, il est beau, riche et célèbre, continua-t-il avec une désinvolture forcée.
Il regretta instantanément ses propos face à l'air choqué de Marinette. La jeune fille se redressa subitement, son regard d'azur lançant des éclairs.
- Tu crois vraiment que j’en ai quelque chose à faire de tout ça ?? lui rétorqua-t-elle avec une fureur que Chat Noir lui avait rarement vue. Comment est-ce que tu peux le juger comme ça alors que tu ne le connais pas ?? C'est un des garçons les plus gentils, sincères, intelligents et simples que je connaisse. Il a un cœur en or, il pense toujours aux autres avant de penser à lui. Ce n’est pas parce qu’il est beau, riche, et célèbre comme tu dis qu’il mérite d’être traité comme un mannequin superficiel et un fils à papa. Il n'est pas du tout comme ça !
Lorsque la tirade de Marinette prit sens dans son esprit, le cœur de Chat Noir manqua un battement et ses joues se colorèrent instantanément. Marinette pensait-elle réellement tout ce qu'elle venait de dire ? Comment la jeune fille habituellement si timide face à son alter ego pouvait-elle le défendre avec autant de ferveur et de conviction dans sa voix ?
Chat Noir se reprit rapidement : Marinette détestait les mensonges, et sa tirade était bien trop spontanée pour ne pas être complètement sincère. Mais il avait du mal à croire que son amie puisse avoir une aussi haute opinion de lui. Bien évidemment, Marinette ne pouvait pas savoir qu'Adrien Agreste se tenait présentement là, devant elle, et bien qu'il ait beaucoup de mal à comprendre comment elle pouvait lui trouver autant de qualités, sa plaidoirie en sa faveur lui remplit le coeur d'un sentiment de bonheur et de félicité qu'il n'avait jamais ressenti avant.
Sentant que Chat Noir avait baissé sa garde après son accès de fureur, Marinette en profita pour tenter de s'échapper de l'étreinte de son coéquipier et courir au secours d'Adrien. Ce mouvement eut le mérite de ramener Chat Noir à la réalité et il s'empressa de la rattraper avant qu'elle ne réussisse à s'éloigner et qu'elle ne se jette tête baissée dans la bagarre. Il était hors de question qu'il la laisse sciemment s'exposer à nouveau au danger. Il noua fermement ses deux bras autour d'elle et la plaqua contre lui, prêt à repartir dans l'autre sens.
- Non, non, Marinette ! Reste avec moi, je t'en prie. Il faut que je te dépose en lieu sûr.
Marinette se débattit, les yeux brillants de larmes qui ne demandaient qu'à couler le long de ses joues, et le coeur de Chat Noir se serra douloureusement sous sa poitrine de la voir dans cet état. Elle semblait terriblement inquiète et Chat Noir culpabilisait. Mais il savait qu'il ne devait pas céder, il devait la mettre à l'abri le plus vite possible.
Comme pour corroborer ses dires, une racine s'abattit à l'autre bout de la plateforme, faisant trembler l'édifice. Marinette s'accrocha à lui, le souffle court, et Chat Noir la serra plus fort contre lui pour la rassurer. Peut-être était-ce pour se rassurer lui-même ?
Il scanna rapidement les lieux du regard : l'akuma ne semblait pas les avoir repérés, ce qui était tout à son avantage, mais il était inquiet de ne pas voir Ladybug. Peut-être que sa coéquipière avait eu un empêchement de dernière minute ? Chat Noir priait pour que Ladybug arrive le plus rapidement possible : des centaines de personnes se trouvaient encore sur la Tour Eiffel - ou plutôt de ce qui en restait - et il ne savait plus comment gérer les urgences. L'édifice penchait dangereusement, et sans Ladybug pour réparer les dégâts, les conséquences de cette attaque d'akuma risquaient d'être dévastatrices.
Marinette s'agita à nouveau dans ses bras et Chat Noir reporta son attention sur elle.
- Marinette, je vais te déposer chez toi, lui dit-il d'un ton qui se voulait ferme.
- Je ne peux pas partir avant d'avoir retrouvé Adrien, s'écria-t-elle, la gorge nouée. S’il te plaît Chat Noir !
Chat Noir relâcha son étreinte et se tourna vers elle, en prenant bien garde à ce que son corps fasse écran entre son amie et le champ de bataille.
- Marinette, regarde-moi, lui demanda-t-il le plus posément et doucement possible pour ne pas la brusquer. Est-ce que tu me fais confiance ?
Le souffle court, Marinette acquiesça sans hésiter, et le visage de Chat Noir s'éclaira légèrement. Il posa ses deux mains sur ses épaules et plongea son regard dans le sien pour l'assurer de la sincérité de ses propos.
- Je te promets qu'on va mettre Adrien à l'abri, mais il faut que tu nous laisses nous en occuper avec Ladybug. Tu n'as pas de pouvoirs magiques, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Reste à l'écart. S'il te plaît.
Les paroles de son coéquipier lui firent prendre brutalement conscience que, dans sa panique et sa confusion à l’idée qu’Adrien soit en grand danger, elle n'avait même pas songé à se transformer.
Elle lança un regard empli de culpabilité à Chat Noir : il avait raison. Elle était en train de faire n'importe quoi. Elle devait le laisser s'occuper de l'akuma et se transformer pour lui prêter main forte le plus vite possible.
Il y avait tellement d'inquiétude dans le regard de Chat Noir qu'elle sentit ses joues chauffer. Ce genre de regard profond et sincère était habituellement réservé à Ladybug, mais Chat Noir n'avait encore jamais regardé Marinette ainsi. Ce regard la troubla bien plus que raison et sema encore plus de confusion dans son esprit déjà bien éprouvé.
Alors que Marinette s'apprêtait à lui répondre, un mouvement dans sa vision périphérique l'obligea à redresser la tête : les ronces semblaient s'être remises en activité et attaquèrent de nouveau la Tour Eiffel. Marinette ne put retenir un hoquet de terreur. Tout son être se figea en comprenant ce qui allait se produire mais elle n'eut pas le temps de réagir : les racines s'abattirent violemment sur la plateforme où était retenu Adrien, réduisant ce qui en restait en poussière.
Le cœur de Marinette s'arrêta.
- Adrien... fit-elle d'une voix fantomatique, le visage blanc comme la craie.
La plateforme se détacha complètement de la structure métallique de la Tour Eiffel et s'écrasa en contrebas, emportant tout sur son passage.
Marinette sentit son estomac se tordre si violemment qu'elle était à deux doigts de rendre.
C'était un véritable cauchemar.
Ses oreilles bourdonnaient. Elle ne pouvait plus respirer.
- ADRIEN !! hurla-t-elle à en déchirer son âme, suffoquant à travers ses larmes qui coulaient à présent librement sur ses joues.
Le cri qu'elle poussa brisa le coeur de Chat Noir qui la serra le plus fort qu'il put contre lui pour la rassurer.
- Marinette, tu-
- POURQUOI ?? le coupa-t-elle, le cœur en miettes. POURQUOI EST-CE QUE TU M'AS RETENUE ?? Adrien... Il e-est-
- Marinette !
- T-Tout ça c'est d-de ta f-faute Chat N-Noir ! hoqueta-t-elle à travers ses larmes. Si t-tu ne m'av-avais pas retenue, j'aurais pu l-le sauver ! J'aurais p-pu...
- MARINETTE !! cria Chat Noir si fort que Marinette se tut, choquée.
- Marinette, reprit Chat Noir plus calmement à présent qu'il avait son attention. Regarde-moi. Écoute-moi s'il te plaît. S'il te plaît. Respire.
Pour toute réponse, Marinette se pinça les lèvres et fit une pause pour inspirer un grand coup. Chat Noir lui lança un regard encourageant ; l'akuma continuait de tout détruire autour d'eux mais Chat Noir n'en avait que faire. Plus rien n'existait d'autre que Marinette à l'instant présent. Il se devait de la consoler, de la rassurer. Il s'occuperait des dégâts plus tard.
Il posa tendrement les paumes de ses deux mains gantées sur les joues de Marinette qui se mit à pleurer de plus belle. Elle semblait réellement inconsolable à l'idée qu'Adrien ait disparu, (à l'idée qu' il ait disparu !), et son cœur se remplit douloureusement d'un mélange de bonheur et de tristesse de constater qu'il était la cause de son chagrin.
- J'aurais pu le sauver, répétait-t-elle en boucle. J'aurais dû le sauver. Tout est de ma faute, j'ai fait n'importe quoi et maintenant il est-
- Marinette, je t'assure que tout va bien se passer. Regarde-moi. Même s’il lui était arrivé quelque chose, le pouvoir de Ladybug va tout réparer, alors il n’y a pas de raison de s’inquiéter, argumenta-t-il d'une voix la plus douce possible pour ne pas la brusquer.
- Mais le pouvoir de Ladybug a ses limites, il ne peut pas ressusciter les gens ! objecta-t-elle, sa voix emplie de désespoir.
- Je te promets qu'il va bien et que tout va bien se passer, la rassura-t-il. On va s'occuper de l'akuma avec Ladybug et tu retrouveras Adrien.
Mais Marinette ne l'écoutait plus. Elle enfouit son visage dans ses deux mains, ses épaules secouées par de violents sanglots qui déchiraient chaque fois un peu plus le coeur de Chat Noir.
- Qu’est-ce q-que je vais d-devenir s-sans lui... hoqueta-t-elle d'une voix cassée, brisée par le chagrin qui lui étreignait la poitrine.
Le rythme cardiaque de Chat Noir accéléra.
- Je ne pensais pas que tu tenais à lui à ce point-là, s'étonna-t-il, les joues légèrement roses.
- Bien sûr que je tiens à lui, dit-elle du bout des lèvres, le regard fixé au sol.
Avant que Chat Noir n'ait pu ajouter quoi que ce soit, Marinette termina sa phrase d'un ton quasiment inaudible.
- ... Je l'aime.
.oOo.
Chat Noir en resta interdit.
« Je l'aime ».
Marinette avait prononcé ces mots si faiblement que sans son ouïe surdéveloppée, Chat Noir ne les aurait probablement pas entendus.
Cette déclaration lui coupa le souffle. Son rythme cardiaque accéléra d'un seul coup et il avait l'impression de ne plus savoir comment respirer. Il déglutit.
- Tu... Tu l'aimes ? risqua-t-il, les joues en feu.
Il voulait être certain que son ouïe ne lui avait pas joué des tours. Que Marinette avait bien prononcé ces mots.
Marinette, quant à elle, était dans un tel état de détresse qu'elle ne remarqua même pas les pommettes cramoisies et l'émotion de son coéquipier. Incapable d'émettre le moindre son, elle acquiesça avant de cacher son visage brûlant dans ses mains, troublée d'avoir osé avouer malgré elle ce secret à Chat Noir.
- Tu aimes Adrien Agreste, murmura Chat Noir pour lui-même, sonné comme s'il avait été victime d'un uppercut.
Marinette était amoureuse d'Adrien Agreste.
Marinette était amoureuse de lui.
C'était trop beau pour être vrai.
Une scène qui s'était déroulée sur la terrasse de son amie quelques jours plus tôt lui revint subitement en mémoire. Des papillons s'agitèrent dans son estomac.
- « Bouton d'or », lâcha-t-il dans un souffle en se remémorant la scène d'une toute autre façon à présent. C'est... m-... C'est Adrien ?
Marinette acquiesça à nouveau timidement, les joues toujours cramoisies et le visage baigné de larmes.
Le coeur de Chat Noir semblait vouloir fracasser sa cage thoracique pour s'échapper. Cette information diffusa une douce chaleur dans tout son corps et un immense sourire un peu idiot apparut sur ses lèvres.
Marinette l'aimait.
Il en était certain à présent.
La mystérieuse personne à qui Marinette n'arrivait pas à avouer ses sentiments n'était autre que... lui-même.
Comment ne s'était-il jamais rendu compte que son amie avait des sentiments pour lui ? Bien sûr, elle avait toujours été adorable avec lui, et d'un soutien sans faille, mais elle lui avait plusieurs fois assuré qu'elle le considérait uniquement comme un ami.
Adrien, quant à lui, n'était plus si sûr de la considérer uniquement comme une amie.
Ces dernières semaines lui avaient ouvert les yeux sur la nature de ses sentiments pour elle, et bien qu'il savait qu'il lui faudrait du temps avant de réussir à complètement tirer un trait sur ce qu'il ressentait pour Ladybug, Marinette avait pris tellement de place dans sa vie et dans son coeur depuis qu'il l'avait rencontrée qu'il lui était de plus en plus facile d'ignorer tout le reste et de se concentrer sur le doux sentiment de bonheur qui flottait sous sa poitrine à chaque fois qu'il pensait à elle. Plagg avait beau se moquer de lui, Adrien venait de réaliser que son kwami avait raison : Adrien avait toujours été intimement persuadé que Marinette n'était qu'une amie pour lui, mais elle était en réalité bien plus que ça à ses yeux. Ses sentiments plus que confus dernièrement semblaient enfin faire sens, et Adrien savait qu'il ne pouvait plus se voiler la face à présent : il était bel et bien tombé amoureux de Marinette sans s'en rendre compte.
De voir la jeune fille aussi anxieuse et de constater à quel point elle semblait tenir à lui fit accélérer son rythme cardiaque. Sans réfléchir, il l'attira un peu plus contre lui. Le cœur battant à mille à l'heure, il fit quelque chose qu'il rêvait de faire depuis longtemps sans oser se l'avouer : il déposa un baiser sur ses lèvres.
Ce baiser eut l'effet d'un Big Bang sous sa poitrine et retentit dans tout son corps. Un sentiment de félicité indescriptible le parcourut de la tête aux pieds, et il se sentit soudain flotter à mille pieds au-dessus du sol. C'était donc ça, l'amour ?
.oOo.
Lorsque les lèvres de Chat Noir se posèrent sur les siennes, Marinette se raidit de surprise dans une confusion la plus totale. En la sentant se figer dans ses bras, Chat Noir redescendit brutalement de son nuage. Il s'écarta d'elle et lui lança un regard incertain, une boule au ventre ; Marinette avait beau lui avoir indirectement avoué ses sentiments, Chat Noir réalisa avec horreur qu'il avait réagi de façon beaucoup trop impulsive et qu'il venait de commettre une grossière erreur : il n'était pas Adrien à l'instant présent, mais Chat Noir. Et Marinette n'était pas censée savoir que les deux garçons n'étaient en réalité qu'une seule et même personne. De l'avoir embrassée en tant que Chat Noir ne faisait aucun sens.
Un bloc de plomb tomba dans son estomac et son visage perdit toutes ses couleurs. Quel idiot ! Jamais il n'aurait dû embrasser Marinette. Il venait de tout ruiner entre eux. Jamais il n'allait pouvoir rattraper une telle bêtise.
De son côté, Marinette n'osait plus le regarder. Elle passa maladroitement ses doigts sur ses lèvres d'un air hébété, encore sous le choc de ce qui venait de se produire.
- ... C-Chat Noir... ? articula-t-elle d'une toute petite voix, ne comprenant visiblement pas son geste.
La couleur de ses joues n'avait rien à envier à celle du costume de son alter ego. Son cœur tambourinait sous sa poitrine et elle avait bien du mal à avoir les idées claires ; ce baiser avait fait fondre le peu de sens logique qui lui restait comme de la neige en plein soleil.
Chat Noir lui lança un regard soucieux, ne sachant plus du tout comment se comporter. Il regrettait de l'avoir embrassée à présent : Marinette semblait complètement perdue.
- Oh non, j'ai cassé Marinette, se dit-il, la panique le gagnant.
Un horrible craquement coupa court à leur tourment : la Tour Eiffel était en train de s'effondrer, et le sol s'affaissait petit à petit sous leurs pieds. Chat Noir vérifia d'un coup d'oeil que le public avait entièrement déserté les lieux et sans attendre, il prit Marinette dans ses bras et bondit en direction du Trocadéro pour la mettre à l'abri. Il était grand temps de s'occuper de cet akuma. Ses problèmes de cœur allaient devoir attendre.
Chat Noir déposa rapidement Marinette sur le toit du Palais de Chaillot sans un mot et s'apprêtait à repartir mais le visage plus qu'inquiet de son amie le stoppa dans son élan.
- Chat Noir, il faut... Adrien... Il est... Il faut... s’il te plaît... bégaya-t-elle, incapable de former une seule pensée cohérente.
Le coeur de Chat Noir se serra à nouveau ; il ne l'avait jamais vue dans un tel état. Il voulait la rassurer, lui dire qu'il allait bien et que tout ce qu'elle avait dit, ce qu'elle avait fait pour lui l'avait touché plus que raison, mais d'un autre côté, il avait déjà bien trop perdu de temps et il devait rejoindre le champ de bataille le plus rapidement possible.
- Où es-tu Ladybug ?? pensa-t-il très fort, comme si le fait d'invoquer mentalement sa partenaire allait la faire apparaître.
Complètement indécis vis-à-vis de la situation, il lança un regard hésitant à Marinette. Il y avait tant de douleur dans ses grands yeux bleus que Chat Noir prit une décision : il ne pouvait pas la laisser s'inquiéter plus longtemps pour lui. Il prit sa main dans la sienne et lui adressa un tendre sourire qui se voulait rassurant.
- Je te promets qu’Adrien va bien.
Les yeux de Marinette s'écarquillèrent d'étonnement.
- T-tu en es sûr ? bégaya-t-elle.
Chat Noir acquiesça. Un maelström d'émotions lui étreignit le cœur.
- Et merci, ajouta-t-il en la serrant contre lui, le cœur battant. Merci de faire partie de ma vie. Tu es l'une des meilleures choses qui me soit arrivée. Toi aussi tu comptes plus que tout pour moi.
Marinette lui lança un regard empli d'incompréhension et le sourire de Chat Noir s'étira.
- Ladybug va me balancer du haut de la Tour Eiffel quand elle saura ce que j’ai fait, mais je ne peux pas te laisser dans cet état. Et puis j’ai une confiance absolue en toi, et je te promets de ne pas te mettre en danger.
Marinette comprenait de moins en moins.
Chat Noir prit une longue inspiration avec l'air de quelqu'un qui s'apprêtait à sauter du haut de la Tour Eiffel sans élastique ni pouvoirs magiques, et sans autre préambule, il se détransforma.
Marinette poussa un cri de surprise et voulut immédiatement fermer les yeux mais il était trop tard. Le costume de son coéquipier s'évanouit dans un flash de lumière verte et la jeune fille ne put retenir une nouvelle exclamation en découvrant l'identité du garçon qui se trouvait derrière le masque de Chat Noir.
Adrien se tenait à présent devant elle, ses deux mains dans les siennes, un sourire à la fois doux et vulnérable illuminant son visage.
Plagg apparut, et en découvrant Adrien et Marinette main dans la main, il se contenta de lancer un regard entendu à son porteur avant de plonger dans sa poche à la recherche d'un morceau de camembert.
.oOo.
Marinette était pétrifiée.
Elle ne comprenait plus rien.
Chat Noir ne pouvait pas être Adrien, cette histoire n'avait aucun sens.
Et pourtant Adrien se tenait bien là, devant elle, là où son coéquipier se tenait deux secondes plus tôt. Ses joues étaient légèrement rouges et il avait l'air à la fois embarrassé et empli d'espoir. Lorsqu'elle réalisa qu'il tenait toujours ses mains dans les siennes, sa respiration s'accéléra et elle se mit à rougir violemment. Il y eut un moment de flottement pendant lequel aucun des deux n'osa prendre la parole, jusqu'à ce qu'un détail ne revienne brutalement à l'esprit de Marinette : Adrien était vraiment là, devant elle, et surtout... il allait bien. Adrien était vivant et c'était tout ce qui comptait pour elle à l'instant présent.
Sentant un poids s'ôter de ses épaules, elle fondit en larmes et se jeta à son cou pour le serrer dans ses bras.
- T-tu vas b-bien, articula-t-elle, entre deux sanglots.
Plus que touché par sa réaction, Adrien referma ses bras autour d'elle et la serra tout contre son cœur, enivré par cette proximité. Tous deux avaient complètement oublié le monde alentour, bouleversés par ce moment totalement inattendu, et ni l'un ni l'autre ne souhaitait rompre ce contact.
.oOo.
Un énorme bruit retentit non loin d'eux, les obligeant à réagir. Adrien se redressa à contrecœur : il aurait largement préféré rester blotti dans les bras de Marinette, mais il avait un akuma à mettre hors d’état de nuire.
Il se tourna vers elle sans complètement la lâcher.
- Ça va aller Marinette ? lui demanda-t-il avec une infinie douceur.
Marinette semblait avoir beaucoup de mal à réagir : son visage avait pris une teinte de rouge encore plus soutenue et elle restait maladroitement plantée devant lui sans oser le regarder en face.
- Je dois vraiment m'occuper de l'akuma, dit-il à regret. Tu me promets de rester à l'abri ? On se retrouve après pour discuter, d'accord ? Tu ne bouges pas, je reviens. Plagg, tu es prêt ?
Son kwami lui fit un signe positif de la tête et Adrien se retransforma sans attendre. Clouée sur place, Marinette ne pouvait s'empêcher de dévisager Chat Noir comme si elle avait vu un fantôme. Elle avait beau avoir eu la preuve que Chat Noir et Adrien n'étaient qu'une seule et même personne, son cerveau semblait complètement hermétique à cette idée. La jeune fille se balançait d'un pied à l'autre, n'ayant plus aucune notion de la façon dont elle devait se comporter.
Chat Noir lui adressa un dernier regard et s'apprêtait à bondir mais une tension sur sa ceinture l'en empêcha. Il se retourna et se retrouva nez-à-nez avec une Marinette cramoisie qui fixait le bout de ses ballerines.
- ... Fais attention à toi, dit-elle d'une voix quasi-inaudible, et Chat Noir sentit son coeur fondre sous sa poitrine.
Il esquissa un sourire qui se voulait rassurant et lui déposa un baiser aérien sur le front avant de déplier son bâton et de disparaître vers ce qui restait de la structure de la Tour Eiffel avec un clin d'œil.
.oOo.
Marinette resta perchée sur le toit du Palais de Chaillot, complètement sonnée.
Elle était très certainement en train de rêver, elle ne voyait pas d'autre explication à ce qui venait de se passer. Son cerveau malade avait superposé deux informations contradictoires et elle avait eu une brève hallucination dans laquelle elle découvrait que son coéquipier était en réalité le garçon dont elle était amoureuse depuis le début de l'année.
Marinette essuya ses joues encore humides et secoua sa tête de droite à gauche, comme pour tenter de se remettre les idées en place ; elle avait eu beaucoup trop d'émotions pour avoir les idées claires.
Tikki apparut soudain.
- Marinette ! Chat Noir a besoin de Ladybug ! s'écria-t-elle de sa voix haut perchée.
- Chat Noir... répéta mécaniquement Marinette, complètement perdue dans ses pensées.
- Marinette ! répéta Tikki pour tenter de la faire réagir.
- Adri... Chat N-Noir, balbutia-t-elle pour toute réponse avant de lancer un regard perdu à son kwami qui commençait sérieusement à s'inquiéter : Marinette allait-elle être capable de gérer le combat qui se profilait à l'horizon dans son état ?
- MARINETTE ! cria-t-elle une nouvelle fois pour attirer son attention.
La voix de Tikki sembla enfin la sortir de sa spirale d'angoisse et Marinette se ressaisit.
- Oui Tikki. Je suis là. Je suis désolée, j'ai vraiment fait n'importe quoi. Il faut que je reste concentrée. On réglera tout ça plus tard.
Le regard bienveillant de son kwami lui donna du courage et la recentra.
Paris avait besoin de Ladybug. Elle avait une mission à remplir.
- TIKKI ! TRANSFORME-MOI !
Notes:
Et non, vous voilà rassuré.e.s, je n'ai pas laissé Marinette s'éclater comme une crêpe sur le parvis de la Tour Eiffel (mais j'avoue tout de même avoir considéré l'idée 😈).
(Au passage, je mets des ratings et des tags à mes fanfictions mais en vérité, ce ne sont pas vraiment des indices. Par exemple, si Marinette était réellement décédée, je n'aurais absolument pas mis de tag "major character death" par exemple) (Je sais que ce n'est pas bien et que certains préfèrent des trigger warnings, mais perso je trouve que certains tags et ratings spoilent beaucoup trop les histoires, désolée 🙈)
Chapter Text
oOo
CHAPITRE 4
oOo
Lorsque Ladybug arriva sur les lieux de l'attaque, l'akuma était en train de semer la terreur parmi les gens qui flânaient sur le Champ-de-Mars. Elle aperçut son coéquipier qui tentait vaillamment de distraire l'akuma et de l'éloigner des promeneurs et son cœur tressauta sous sa poitrine.
« Concentre-toi Marinette, ce n'est pas le moment ! » se réprimanda-t-elle.
Chat Noir essayait tant bien que mal de repousser les racines mais Ladybug pouvait voir qu'il fatiguait rapidement et qu'il avait grand besoin de renfort. Elle essaya de bloquer de son esprit le fait que c'était Adrien - Adrien ! - qui était en train de combattre l'akuma pour rester le plus concentrée possible. Paris avait besoin de Ladybug. Pas des problèmes de cœur d'une collégienne. Elle avait une mission à remplir.
Ladybug évaluait la situation du regard tout en gardant un œil sur son coéquipier, son cerveau carburant à toute vitesse. Une racine se dressa soudain derrière Chat Noir sans qu'il ne s'en rende compte et le sang de Ladybug ne fit qu'un tour. Elle lança vivement son yo-yo qui s'enroula autour d'une des poutrelles métalliques de la Tour Eiffel et bondit sur les lieux de l'action. Chat Noir eut à peine le temps de comprendre qu'une racine s'apprêtait à l'attaquer qu'il se sentit soulevé dans les airs. Ladybug se posa avec son coéquipier dans les bras sur un immeuble à proximité, et le visage de Chat Noir s'illumina.
- Ladybug ! fit-il en se redressant, visiblement soulagé de la voir.
Ladybug se sentit rougir et elle se maudit intérieurement.
- Désolée Chadri... euh... Chat - CHAT ! - ( Wow, calme-toi Marinette ) Chat Noir, j'ai été- enfin... J'ai eu un contretemps, bafouilla-t-elle, complètement agacée de constater qu'elle n'arrivait plus à se comporter normalement avec son coéquipier.
Pourquoi cet idiot de Chat Noir lui avait-il révélé son identité ? Ils étaient perdus à présent. Papillombre allait s'emparer de leurs Miraculous, et tout serait de sa faute car Chat Noir était Adrien, ( oh mon Dieu, Chat Noir était Adrien ! ) ( et elle venait de traiter mentalement Adrien d'idiot ! ), et qu'elle faisait toujours n'importe quoi lorsqu'Adrien était dans les parages, et que tout-
- Ladybug, tout va bien ? demanda Chat Noir, coupant court au scénario dramatique dans lequel elle était en train de s'enfoncer malgré elle.
Le regard doux et légèrement inquiet avec lequel Chat Noir la dévisageait criait tellement Adrien qu'elle se demandait comment elle n'avait pas fait le rapprochement plus tôt. Ses joues s'empourprèrent et elle secoua la tête de droite à gauche pour se remettre les idées en place.
- Oui oui, t-tout... tout va bien, s'empressa-t-elle de répondre, alors que toutes ses convictions s'effondraient intérieurement.
Tout au fond d'elle-même, elle se demandait sincèrement comment elle allait réussir à se lancer dans cette bataille tant elle était perturbée par la révélation de l'identité de son partenaire. L'idée qu'elle avait combattu aux côtés d'Adrien depuis tout ce temps lui paraissait complètement absurde, mais plus elle s'ancrait dans son esprit, et plus Ladybug était confuse.
Chat Noir était assis devant elle en cours.
Adrien combattait le Papillon à ses côtés depuis le début de l'année.
Chat Noir était un top model mondialement connu.
Adrien possédait un Miraculous.
Chat Noir était le fils d'un couturier et designer mondialement connu.
Adrien s'était battu contre son propre père akumatisé.
Marinette avait des dizaines de photos de Chat Noir affichées sur les murs de sa chambre.
Adrien s'était battu contre son propre père akumatisé !
Chat Noir n'avait jamais mis les pieds dans une école publique ni n'avait eu d'amis avant ses treize ans.
Adrien aimait faire des jeux de mots, surtout au pire moment qui soit.
Chat Noir était venu s'entraîner chez elle pour le concours de jeux vidéo.
Adrien avait flirté avec elle en live pendant une émission télévisée.
Chat Noir l'avait invitée à danser à la fête de Chloé.
Adrien avait failli finir congelé dans l'un des frigos du Grand Hôtel de Paris.
Chat Noir était venu à sa rescousse comme traducteur le jour où son oncle était arrivé de Chine pour le concours de cuisine du Grand Paris.
Adrien avait été capturé par Antibug et Chloé ne saura jamais qu'elle était à deux doigts de réduire en bouillie son ami d'enfance.
Chat Noir avait dansé avec elle sur un toit de New York au clair de lune après avoir partagé un hot-dog magique.
Adrien s'était sacrifié un nombre incalculable de fois pour lui permettre de rétablir l'ordre dans Paris.
Et Chat Noir était allergique aux plumes, comme Adrien !
Et Ladybug avait balancé Adrien du haut de la Tour Montparnasse !
Et... Chat Noir lui avait offert son parapluie le premier soir après les cours pour s'excuser alors qu'elle n'avait fait qu'être désagréable avec lui !
Et... Et... Elle avait embrassé Adrien pour rompre le sort du Dislocoeur !
Et Chat Blanc...
Ladybug s'interrompit un instant.
Chat Blanc. Cela expliquait comment Chat Noir avait découvert son identité.
Ladybug était à deux doigts de défaillir. Toutes ces nouvelles informations lui donnaient le tournis. Son estomac se contracta violemment et elle dut prendre une grande inspiration pour se calmer.
- Cet akuma est dévastateur, la prévint Chat Noir avec un regard déterminé, ignorant tout de son tourment intérieur. Il faut qu'on l'arrête au plus vite avant qu'il ne cause encore plus de dégâts. Ce n'est pas le moment de prendre racine.
Ladybug se contenta d'acquiescer ; les mots restaient coincés dans sa gorge. Chat Noir lui lança un drôle de regard.
- Ladybug, tu es sûre que ça va ?
- Oui oui, tout va bien ! Je fète la porme... Euh... je pète la forme ! répondit-elle aussitôt d'une voix suraiguë avec de grands mouvements de bras pour se donner une contenance.
Chat Noir lui lança un regard qui signifiait clairement qu'il ne la croyait pas mais il se contenta de cette réponse. Il se focalisa à nouveau sur la scène qui se déroulait sous ses yeux, prenant une posture de défense.
Ladybug fixait son yo-yo qu'elle tenait dans sa main d'un air vide, ses pensées emmêlées comme une pelote de laine sur laquelle quelqu'un avait trop tiré. Il fallait qu'elle trouve un plan. Et vite.
- Lucky Charm ! cria-t-elle, à défaut d'avoir trouvé mieux.
Dans l'état de fébrilité et de confusion dans lequel elle se trouvait, un peu de chance ne pouvait pas lui faire de mal. Son expression jusqu'alors emplie d'espoir s'effondra lorsqu'une petite cuillère rouge à pois noirs tomba dans sa main. Sa respiration s'intensifia et elle avait beau scanner les alentours, elle ne voyait aucune solution pour le moment. Tant pis, ils allaient devoir faire sans.
- Je crois que j'ai réussi à repérer où était l'akuma, lui annonça Chat Noir, et l'estomac jusqu'alors serré de Ladybug se dénoua légèrement.
Heureusement que son coéquipier avait réussi à garder la tête sur ses épaules dans un moment pareil. Elle ne l'avait jamais vu aussi sérieux et concentré lors d'un combat, et il avait beau ne rien laisser paraître, Ladybug pouvait sentir qu'il était très nerveux.
La jeune héroïne prit une grande inspiration pour se recentrer et elle lança un regard déterminé à son partenaire qui lui répondit avec un sourire féroce.
- Allons-y, répondit-elle avec un mouvement de tête.
Il était grand temps de mettre cet akuma définitivement hors d'état de nuire.
Notes:
Vous pensiez vraiment qu'ils allaient enfin arrêter de faire n'importe quoi ? C'est bien mal les connaître 😏
Petit petit chapitre, je posterai le suivant en début de semaine prochaine pour compenser.
Merci de suivre les histoires qui sortent de mon cerveau avec des personnages qui ne sont pas les miens ! ❤️
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, j'adore lire et répondre à vos commentaires ❤️
Chapter Text
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CHAPITRE 5
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La bataille s'avéra bien plus compliquée que prévue : d'ordinaire, seulement quelques minutes leur auraient été nécessaires pour vaincre cet akuma, mais contre toute attente, les deux coéquipiers étaient complètement désorganisés bien malgré eux. Ladybug ne pouvait s'empêcher de protéger Chat Noir plus que raison et elle lui mettait systématiquement des bâtons dans les roues en voulant intervenir là où elle aurait mieux fait de le laisser gérer la situation. De son côté, elle voyait bien que Chat Noir était distrait lui aussi, et Ladybug le surprenait régulièrement à lancer des regards en coin en direction du Palais de Chaillot, les joues légèrement roses. Chat Noir semblait plus qu'inquiet pour son alter ego, et cette idée déréglait complètement son rythme cardiaque. A chaque fois qu'elle repensait au baiser qu'ils avaient échangé, Ladybug était à deux doigts de s'évanouir sur place : le fait que Chat Noir l'ait spontanément embrassée l'avait troublée, mais de savoir à présent que c'était en réalité Adrien qui avait pressé ses lèvres sur les siennes la plongeait dans une transe qui lui provoquait à la fois des papillons dans l'estomac et des sueurs froides dans le dos. Jamais elle n'allait réussir à venir à bout de cet akuma dans ces conditions.
- LADYBUG ATTENTION !!
Avant même d'avoir pu réagir, elle sentit les bras de son coéquipier se nouer autour d'elle et l'entraîner plus loin d'un bond vif. Elle comprit rapidement son geste lorsqu'une racine s'abattit violemment à l'endroit exact où elle se trouvait une demie seconde plus tôt ; elle l'avait échappé belle. Son estomac se noua de stress et elle se flagella mentalement.
« Reste concentrée Marinette ! » se fustigea-t-elle intérieurement.
Elle se tourna vers son coéquipier qui lui adressa un sourire qui se voulait rassurant ; Chat Noir voyait bien que quelque chose la travaillait, et Ladybug le remercia intérieurement de ne pas la pousser à parler de ce qui la tourmentait. Elle n'aurait pas su gérer cette discussion, en plus de tout le reste. Elle lui lança un regard à la dérobée pour essayer de se calmer, mais le visage d'Adrien se superposa soudain à celui de Chat Noir et elle paniqua à nouveau malgré elle. Le fait d'être aussi proche de lui la rendait complètement fébrile et elle ne savait absolument plus comment gérer les sentiments totalement contradictoires qui l'assaillaient. Elle voulut s'extirper maladroitement de l'étreinte de son coéquipier pour s'écarter de lui et retrouver un semblant de paix intérieure, mais elle se prit les pieds dans son bâton déplié et elle trébucha. Sans les réflexes de Chat Noir, elle se serait étalée de tout son long la tête la première. Son partenaire l'aida à se redresser ; il restait silencieux, ne sachant comment interpréter l'attitude plus qu'étrange et déroutante de sa coéquipière.
Un sentiment de honte s'empara de Ladybug : elle était une super-héroïne, elle était censée avoir la tête sur les épaules. Son but était de faire régner l'ordre et la paix et de protéger les habitants de Paris. Ses sentiments et ses états d'âme n'avaient rien à faire au cœur de la bataille.
Elle prit une longue inspiration en fermant les yeux, son cœur tambourinant sous sa poitrine. Cette bataille avait véritablement assez duré.
.oOo.
Au bout de longues et pénibles heures entrecoupées de plusieurs détransformations forcées après avoir utilisé leurs pouvoirs sans succès, Ladybug et Chat Noir réussirent enfin à capturer l'akuma. Un poids se leva de leurs épaules lorsque le papillon d'un blanc immaculé sortit du yo-yo de Ladybug qui poussa un long soupir de soulagement. Elle se tourna vers son coéquipier le poing levé mais celui-ci avait déjà saisi son bâton, prêt à bondir. Il interrompit son mouvement presque à contrecœur et vint rapidement poser son poing contre celui de Ladybug avec un sourire d'excuse.
- Bien joué ! lancèrent-ils de concert.
- Je suis désolé, je dois me dépêcher, annonça Chat Noir d'un air pressé tout en agrandissant son bâton.
En le voyant prêt à partir, Ladybug hésita un instant avant de s'avancer vers lui, fébrile.
- Attends Chat Noir, je-j'aimerais te parler ! bégaya-t-elle.
A ce moment précis, le Miraculous de Chat Noir se mit à bipper, signe qu'il allait bientôt se détransformer.
- Je suis désolé Ladybug, mais je dois vraiment y aller, il faut que je retrouve quelqu’un. Et puis si tu ne veux pas découvrir accidentellement qui je suis sous mon masque... répondit-il avec un sourire gêné en désignant du doigt son Miraculous qui clignotait.
- Non, attends ! fit Ladybug en tendant sa main vers lui, le cœur tambourinant sous sa poitrine.
Tout dans le langage corporel de Chat Noir indiquait son départ imminent, mais elle refusait de le laisser partir sur cette sensation de conversation inachevée.
Ce fut le moment que choisit son propre Miraculous pour biper à son tour. Le temps pressait et elle n'arrivait plus à être rationnelle. Elle fit un pas en avant.
- Je sais déjà qui tu es ! lâcha-t-elle sans réfléchir.
Chat Noir se figea sur place. Le cœur de Ladybug s'arrêta au même moment, presque surprise par son propre aveu. Tous deux se dévisagèrent, sans trop savoir comment réagir après une telle bombe lâchée au pire moment qui soit. Que faire ? Prétendre que ce moment n'avait jamais existé ? Ladybug secoua vivement la tête de gauche à droite. Impossible de faire marche arrière à présent, elle devait aller jusqu'au bout.
- T-tu es A-Adrien. Adrien Agreste, continua-t-elle vaillamment, se sentant de moins en moins bien à mesure qu'elle parlait.
Elle avait l'impression que des vannes avaient été ouvertes sans qu'elle ne sache comment les refermer.
Le visage de Chat Noir perdit toutes ses couleurs, et son bâton lui glissa des mains avant de s'écraser avec fracas sur les ardoises du toit sur lequel ils se trouvaient.
- C-Comment... Comment est-ce que tu l'as su ? demanda-t-il, blême.
- Crois-moi, continua-t-elle sur sa lancée, ignorant complètement sa question. Si... Si j’avais su que... Que tu étais lui, enfin, que tu étais Adrien - oui, parce que je sais déjà que tu es Chat Noir, haha, ajouta-t-elle rapidement dans une tentative d'alléger l'atmosphère pour masquer le fait qu'elle était mortifiée par la tournure que prenait la situation. Enfin, si j'avais su... ça... ça aurait changé tellement de choses.
« Tais-toi Marinette ! » lui criait une petite voix intérieure, mais il était déjà trop tard.
Ladybug ne maîtrisait plus rien. Une partie d'elle-même regrettait d'avoir lancé cette conversation et d'avoir déversé ces informations, mais elle avait la conviction d'avoir fait le bon choix malgré tout. Chat Noir lui avait révélé son identité sans savoir qu'il s'était détransformé devant Ladybug elle-même, et en tant que Gardienne, elle ne pouvait plus agir comme si de rien n'était. Sans parler du fait que son coéquipier était en réalité le garçon qui faisait battre son cœur depuis la rentrée scolaire.
« Tikki va sûrement être furieuse » se dit-elle en se pinçant les lèvres.
Elle prit son courage à deux mains et elle s'approcha de son coéquipier qui était pétrifié sur place ; Chat Noir avait la sensation que son coeur était remonté dans sa gorge. Comment diable Ladybug pouvait-elle être au courant ? Il était sûr et certain que la seule personne qui connaissait son identité était Marinette, et la révélation était beaucoup trop récente pour que l'information ait eu le temps d'arriver jusqu'aux oreilles de Ladybug. D'autant plus qu'il avait une confiance absolue en Marinette : jamais son amie ne se serait précipitée pour dévoiler son secret à Ladybug à peine avait-il eu le dos tourné. Non, toute cette histoire n'avait aucun sens. Et pourquoi sa coéquipière lui avait-elle révélé qu'elle connaissait son identité, elle qui avait toujours mis un point d'honneur à préserver ce secret coûte que coûte ?
Le coeur de Chat Noir descendit d'un étage. Allait-elle lui confisquer son Miraculous à présent que son identité avait été dévoilée ? L'idée de perdre Plagg le plongea dans une détresse presque palpable et il se préparait mentalement à devoir faire face à cette éventualité tout en ayant le cœur brisé d'avance.
Chat Noir se sentit soudain immensément vide. Lui qui avait souvent imaginé la façon dont ils se révèleraient leurs identités une fois le Papillon vaincu, aucun de ses scénarios n'impliquait un moment aussi étrange après une fin de combat hasardeuse et une Ladybug qui semblait si nerveuse qu'elle était à deux doigts de se dissoudre dans une combustion spontanée. Dans le coeur de Chat Noir, la révélation aurait dû être un moment spécial, baigné de bonheur et de joie d'enfin savoir qui se cachait derrière leurs masques et savoir que jamais ils ne pourraient se perdre à présent, et non pas ce moment de confusion totale et complètement imprévu qui le prenait tellement de court qu'il ne savait plus comment se comporter.
Un long soupir dégonfla sa poitrine et il détourna le regard.
- Je suis vraiment désolé Ladybug, je pensais pourtant avoir fait attention, je croyais que personne n'était au courant, je-
- Non, non ! Ce n'est pas ça, ne t'inquiète pas, le coupa Ladybug d'une voix suraiguë. Je voulais te parler parce que, enfin... Je... Maintenant que je sais que tu es toi... enfin... que tu es Adrien, ça change tout !
Un autre bip provenant du Miraculous de Chat Noir fit accélérer son rythme cardiaque. Sa respiration était complètement hachée, et elle avait bien du mal à garder son calme. Elle voulait rassurer son coéquipier, lui montrer que la révélation de son identité ne changerait rien entre eux, bien au contraire. Ladybug savait qu'il lui faudrait plus de temps pour accepter l'idée que Chat Noir et Adrien n'était qu'une seule et même personne, mais tout au fond d'elle-même, malgré tous les scénarios catastrophe que son cerveau avait commencé à monter de toutes pièces, cette révélation la remplissait d'une joie indescriptible.
Avant de perdre son impulsion, elle s'approcha de lui et prit timidement ses deux mains dans les siennes en entrelaçant leurs doigts, comme pour le dissuader de s'échapper avant qu'elle n'ait pu s'éclaircir les idées et articuler ses pensées incohérentes qui se bousculaient dans sa boîte crânienne. Elle releva les yeux et lança un regard empli d'espoir doublé d'une telle intensité à son coéquipier que la gorge de Chat Noir se noua. Ladybug s'apprêtait à lui ouvrir son coeur, mais Chat Noir comprit brutalement ce qu'elle voulait lui signifier par ces gestes maladroits. Il eut la sensation qu'un bloc de plomb venait de tomber dans son estomac, dévastant tout sur son passage. Sa posture changea, et il dénoua rapidement leurs doigts avant de reculer de quelques pas, le regard soudain froid et dur.
- Je rêve, lâcha-t-il, à la fois incrédule et un peu énervé. Ça fait des années que tu me rejettes, que tu me brises le cœur à chaque fois que je te parle de ce que j'éprouve pour toi, et maintenant que tu sais qui je suis, je t’intéresse subitement ? Je ne te croyais pas aussi superficielle.
Il y avait un tel dégoût dans sa voix, une telle déception dans son regard, que le cœur de Ladybug descendit d'un étage, et son ventre se contracta violemment. L'expression à la fois amère et glaciale de son coéquipier lui fit prendre conscience de la gravité de la situation : elle n'était pas Marinette à l'instant présent, mais Ladybug.
Ladybug n'était pas censée connaître l'identité secrète de Chat Noir.
Et Chat Noir n'était pas censé savoir qu'il avait embrassé Ladybug.
Chat Noir ne pouvait pas comprendre pourquoi la révélation de son identité avait complètement chamboulé leurs deux mondes jusqu'à présent bien nettement séparés.
Le sourire de Ladybug s'effondra en voyant son partenaire se pencher pour récupérer son bâton. Il le déplia d'un geste brusque et il fit volte-face sans lui adresser un seul regard avant de se propulser dans les airs.
- Chat Noir ! cria-t-elle en le voyant disparaître au loin, mais il était déjà trop tard.
Notes:
Oh no. 😬
Chapter Text
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CHAPITRE 6
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Ladybug regrettait vraiment d'avoir agi aussi impulsivement à présent.
Dans sa hâte de vouloir mettre les choses à plat le plus vite possible, elle n'avait fait qu'envenimer la situation.
Ladybug ne pouvait pas en vouloir à son partenaire d'avoir mal interprété ses intentions, mais sa froideur l'avait déstabilisée. Le regard triste et blessé que Chat Noir lui adressa avant de s'enfuir la hantait. Lui avait-elle fait tant de mal à repousser ses avances ?
De savoir qu'il y avait Adrien sous ce masque la plongeait dans un désarroi indescriptible et donnait une profondeur à son partenaire et à ses sentiments qu'elle était incapable de gérer sereinement.
Elle avait tout ruiné entre eux. Comment allait-elle pouvoir rattraper ses erreurs ?
Ladybug réalisa qu’elle ne pouvait plus garder sa propre identité secrète à présent. Cette idée ne lui plaisait guère, mais ils devaient s'expliquer à visage découvert.
Elle appréhendait réellement la réaction de Chat Noir : elle était terrifiée qu’il rejette également Marinette après tant de quiproquos et de mensonges, et l'idée d'avoir déçu Adrien lui nouait tellement l'estomac qu'elle en avait la nausée.
Le bip de son Miraculous la sortit de la spirale d'angoisse dans laquelle elle était en train de s'enfoncer et elle réalisa qu'elle devait absolument repasser chez elle après le combat à rallonge qui venait d'avoir lieu car elle n'avait plus aucun macaron dans son sac pour nourrir Tikki. Sans attendre, elle lança son yo-yo en direction de la rue Gotlib, l'esprit brumeux et le ventre serré.
.oOo.
Lorsqu'elle arriva en vue de son balcon, une surprise l'y attendait : Chat Noir s'y trouvait déjà. Il se tenait accroupi, penché au-dessus de sa lucarne et semblait fébrile. Ladybug sentit ses épaules s'affaisser : elle aurait dû se douter que son partenaire serait allé se réfugier auprès de son alter-ego, surtout après l'altercation qu’ils venaient d’avoir.
Chat Noir ne l'avait pas encore aperçue, et Ladybug ne savait pas si c'était une bonne ou bien une mauvaise chose.
Sa dernière conversation avec Adrien lui revint brutalement à l'esprit :
« Tu me promets de rester à l'abri ? » lui avait-il demandé. « On se retrouve après pour discuter, d'accord ? Tu ne bouges pas, je reviens ».
La culpabilité lui tenaillait l'estomac : Chat Noir était visiblement retourné au Palais de Chaillot, et il devait être terriblement inquiet de ne pas l'avoir retrouvée à l'endroit où il l'avait déposée.
Le ventre de Ladybug se noua de stress et d'angoisse lorsque le regard froid et déçu de son partenaire réapparut dans ses pensées. Elle hésita à s'approcher plus, ne sachant plus du tout quelle attitude adopter : sa raison lui dictait de s'expliquer avec Chat Noir mais la peur qu'elle ressentait à l'idée qu'il lui en veuille vraiment et qu'il ne lui adresse plus jamais la parole la paralysait sur place.
Elle n'eut pas le temps de prendre une décision : Chat Noir l'avait aperçue, et son air contrarié lui indiquait qu'il semblait plutôt mécontent de la retrouver ici. Ladybug s'avança et atterrit timidement sur sa terrasse, la boule au ventre.
- Pourquoi est-ce que tu m'as suivi, Ladybug ? asséna Chat Noir d'une voix aussi tranchante qu'un rasoir qui entailla légèrement le coeur de sa partenaire.
De savoir qu'il y avait Adrien derrière ce masque et ce regard glacial lui noua la gorge : elle avait beau se dire que ce n'était qu'un immense malentendu et qu'elle allait réparer ses erreurs, elle était malgré tout déstabilisée par son ton sec.
- J-Je ne t’ai pas suivi C-Chat Noir, je rentrais chez moi, bafouilla-t-elle.
Ne constatant aucune réaction de sa part, elle continua vaillamment.
- Je ne pensais pas te trouver là, je te promets que-
- Laisse-moi tranquille, coupa-t-il en se tournant à nouveau vers la lucarne.
Ladybug encaissa le coup mais elle ne voulait pas abandonner aussi facilement. Si son Chaton était têtu, elle l'était encore plus. Elle inspira profondément.
- Chat Noir, il faut vraiment qu’on parle, reprit-elle d'une voix plus posée.
- Je n’ai vraiment pas envie de parler, j'ai d'autres chats à fouetter, lui rétorqua immédiatement Chat Noir qui se redressa en croisant les bras d'un air agacé.
Malgré son jeu de mots, Ladybug voyait bien que son partenaire était loin de plaisanter.
Constatant qu'elle ne semblait pas disposée à partir, Chat Noir insista :
- Ladybug, s’il te plaît, laisse-moi tranquille et rentre chez toi, feula-t-il en s'accroupissant à nouveau au-dessus de la lucarne.
Ladybug se pinça les lèvres, ne sachant plus comment se comporter. Ce fut le moment que choisit son Miraculous pour biper.
Plus qu'un point noir.
Ladybug prit une décision.
Elle rassembla tout son courage et s’avança vers Chat Noir, un sourire d’excuse suspendu à ses lèvres.
- Je suis chez moi, répondit-elle simplement.
Le regard interloqué de Chat Noir eut pour effet d’étirer son sourire teinté d'anxiété. Elle lui lança un regard empli de tendresse et s’agenouilla face à lui, les joues très rouges.
- Comment ça, tu es chez toi ? répliqua Chat Noir sans comprendre. C’est chez Marinette Dupain-Cheng ici, c'est sa terrasse. C’est elle que je venais voir. Elle a disparu après la bataille, il faut absolument que je la retrouve. Elle- Elle n'était plus à l'endroit où elle aurait dû être, je pensais qu'elle serait rentrée chez elle mais elle n'est pas dans sa chambre non plus. Normalement ton Miraculous Ladybug aurait dû tout restaurer, non ?? paniqua-t-il.
Chat Noir semblait réellement inquiet pour elle et son attitude toucha Ladybug au plus profond d'elle-même.
Chat Noir tenait à elle.
Non.
Adrien tenait à elle.
Adrien tenait à elle, et elle ne savait plus quoi ressentir face à cette information.
Une myriade de pensées plus contradictoires les unes que les autres l'assaillait sans relâche, lui donnant la sensation de se noyer complètement. Sa vie venait d'être totalement bouleversée de A à Z, mais ce qui lui importait le plus à présent était d'arranger les choses avec son partenaire. Il méritait une explication. Elle se devait de le réconforter le plus rapidement possible, et ce, même s'il venait à ne plus jamais lui adresser la parole. Mais tout au fond d'elle-même, d'envisager l'idée de ne plus avoir ni Chat Noir ni Adrien dans sa vie la dévastait complètement.
Ladybug se força à focaliser ses pensées et arrêter de dramatiser. Elle inspira profondément et adressa un sourire timide à son partenaire.
- Chat Noir, je te promets que tu n'as pas à t'inquiéter pour Marinette, tenta-t-elle de le rassurer.
Cette scène avait une sensation de déjà-vu, et Ladybug en aurait ri si la situation n'était pas aussi compliquée.
- Bien sûr que si je m'inquiète pour Marinette !! explosa Chat Noir. Je tiens énormément à elle ! C'est quelqu'un de génial, et j'ai toujours pu compter sur elle ! Et elle, elle m’apprécie pour ce que je suis, contrairement à toi, lança-t-il, acerbe.
Au lieu de se sentir prise en faute, Ladybug esquissa un sourire désabusé et plongea son regard dans les yeux d'émeraudes de son coéquipier. Elle serra ses mains dans les siennes, fébrile comme elle ne l'avait jamais été.
- Tu vas vite comprendre, répondit-elle doucement en détournant le regard, les joues de la même couleur que son costume.
Chat Noir se tut, l’air toujours renfrogné. Il fut tenté de retirer ses mains des siennes mais il n'eut pas le temps d'agir. Ladybug prit une grande inspiration comme si elle s’apprêtait à sauter dans le vide.
- Détransformation, murmura du bout des lèvres, sans oser le regarder dans les yeux.
Complètement surpris et choqué, Chat Noir s’agita ; jamais il n'aurait pu imaginer Ladybug se détransformer ainsi sans crier gare et lui révéler son identité de la façon la plus chaotique qui soit, encore moins après leur altercation. Son premier réflexe fut de se relever d'un bond et de s'enfuir en fermant les yeux pour ne pas découvrir son identité, mais la pression sur ses mains s’accentua et il ne put que fixer la détransformation de Ladybug d’un air hypnotisé. Le costume de sa coéquipière s'évanouit dans une aveuglante lumière rose, dévoilant une Marinette cramoisie et peu sûre d'elle, mais malgré tout déterminée à arranger les choses entre eux.
Chat Noir en resta interdit.
Marinette... ?
Sa respiration s'emballa. Son cœur semblait vouloir fracasser sa poitrine et il avait bien du mal à se contenir.
Marinette leva craintivement les yeux, mais là où elle redoutait de croiser le regard toujours furieux de son coéquipier, l'expression de Chat Noir bouleversa ses entrailles : un mélange de stupeur et d'émerveillement se lisait sur son visage, et Marinette sentit son coeur manquer un battement.
- Marinette... murmura-t-il du bout des lèvres, les pupilles écarquillées et le souffle court.
Le rythme cardiaque de Marinette accéléra, et elle sentit ses joues prendre feu. Il y eut un moment de flottement entre eux. La jeune fille ne savait plus comment se comporter face au regard intense de Chat Noir, mais la réaction de son coéquipier coupa court à son tourment intérieur : Chat Noir se jeta sur elle, ses deux bras en avant, et la serra tout contre lui dans une étreinte à lui en briser les os. Il enfouit son visage dans le creux de son cou, visiblement envahi par l'émotion.
- C'est toi... articula-t-il tout contre elle avec un petit rire humide. C'est vraiment toi ma Ladybug.
Il la serra encore plus fort dans ses bras et la boule qui s'était logée dans la gorge de Marinette se liquéfia complètement ; elle fondit en larmes et lui rendit son étreinte, à la fois émue et soulagée par sa réaction.
Chat Noir finit par se redresser sans la lâcher et la dévisagea avec une intensité nouvelle, comme s'il la découvrait pour la première fois de sa vie. Un doux sourire apparut sur ses lèvres, et il essuya tendrement la joue de Marinette du bout du pouce, comme pour dissuader ses larmes de continuer de couler.
- Deux filles extraordinaires sont en fait une seule fille encore plus extraordinaire, dit-il d'un air ébloui, comme si cette réalisation venait de le frapper de plein fouet.
A la fois touchée et embarrassée par un tel compliment, Marinette se mit à rire à travers ses larmes, et enfouit son visage cramoisi contre le torse de Chat Noir qui se mit à ronronner de bonheur.
- Ma Lady... ronronna-t-il tout en passant sa main gantée dans le dos de Marinette pour tenter de l'apaiser. Ma Lady Marinette. C’était toi depuis le début, je n’en reviens pas !
Avant même que Marinette n'ait pu réagir, Chat Noir se détransforma, et Marinette se figea dans ses bras lorsqu'Adrien réapparut. Le regard empli d'affection qu'il posa sur elle dérégla complètement son rythme cardiaque et elle cacha son visage brûlant dans ses mains, redevenant soudain complètement timide. Adrien laissa échapper un petit rire attendri et ne put s'empêcher de lui déposer un baiser sur le haut du crâne. Ce geste sembla soudain crisper Marinette, et Adrien s'écarta légèrement d'elle à contrecœur pour vérifier si tout allait bien. Le regard fuyant de sa coéquipière lui indiqua que tout était loin d'être résolu entre eux, et cette idée serra le cœur d'Adrien.
- Tu voulais qu'on parle, ma Lady ? lui demanda-t-il avec toute la douceur dont il put faire preuve pour ne pas la brusquer.
Sentant sa voix coincée au fond de sa gorge, Marinette se contenta d'acquiescer. Si Adrien continuait à l'appeler aussi naturellement « Ma Lady », elle était certaine de bientôt se dissoudre dans une combustion spontanée.
Tous ses sens en fusion, Marinette fit signe à Adrien de descendre dans sa chambre avec des gestes contenus. Adrien avait remarqué la façon dont Marinette évitait soigneusement son regard, et une vague de tristesse lui étreignit le cœur à l'idée que quelque chose soit peut-être définitivement brisé entre eux.
Adrien atterrit avec souplesse sur le lit, mais lorsqu'il se retourna, son regard accrocha celui de Marinette qui était en train de se laisser glisser par la trappe. Lorsqu'elle se rendit compte qu'Adrien la regardait, Marinette paniqua et sa main glissa. Elle lâcha malgré elle le rebord de la lucarne à mi-chemin sans pouvoir se retenir et tomba plutôt rudement sur Adrien qui se tenait juste en dessous. Leurs têtes entrèrent en collision et ils se retrouvèrent tous les deux allongés sur le lit l'un sur l'autre dans un entremêlement de bras et de jambes, à moitié assommés. Un gémissement de douleur leur échappa et ils portèrent une main à leur front d'un même mouvement, légèrement sonnés.
Ce choc eut le mérite de leur remettre les idées en place : tous deux se lancèrent un drôle de regard, leurs visages rougissant à vue d'œil, avant de brutalement éclater de rire. Ce fou-rire détendit l'atmosphère et ils se redressèrent sur le lit, sans réellement s'éloigner l'un de l'autre, le cœur un peu plus léger. Malgré tout, Adrien voyait bien que Marinette était encore gênée par sa présence.
La scène qui venait de se dérouler à l'instant sur le balcon lui revint brutalement en mémoire et il baissa les yeux, soudain embarrassé.
- Je... je suis vraiment désolé pour tout ce que je t'ai dit tout à l'heure, s'excusa-t-il sans oser la regarder. Je n'aurais jamais dû t'accuser ainsi, je me suis braqué sans même essayer de t'écouter. Je m'en veux d'avoir pu penser ça de toi, je...
- Non non, c'est moi qui suis désolée, le coupa gentiment Marinette, les joues roses. J'ai fait n'importe quoi. Quand tu m'as révélé qui tu étais, je... j'ai complètement paniqué. Un vrai court-circuit je crois.
Cette confession accrocha un sourire d'excuse sur les lèvres d'Adrien qui ne put s'empêcher de passer sa main sur la joue de Marinette, essuyant ses dernières larmes du bout des doigts.
- Je suis désolé de t'avoir fait pleurer.
- M-Mais non A-Adrien, le gronda-t-elle en bafouillant, son cœur au bord de l'implosion à cause de son geste. Ce n-n'est pas de ta faute, c'est moi.
- Je suis quand même désolé de t'avoir fait pleurer, ma Lady. C'est moi qui ai fait n'importe quoi. Je sais bien que je n'aurais pas dû me détransformer devant toi. Mais je ne regrette absolument pas de l'avoir fait. Tu étais si inquiète que... je ne sais pas, je cherchais un moyen de te rassurer à tout prix. Ca me faisait mal au cœur de voir que j'étais la cause de ton chagrin. Mais si j'avais su que j'allais révéler mon identité à ma Lady elle-même... lâcha-t-il avec un petit rire désabusé.
Pour toute réponse, Marinette laissa échapper un petit rire humide et essuya du dos de sa main quelques larmes qui baignaient toujours ses joues. Elle ne savait plus quoi faire de ce maelström d'émotions qui tourbillonnait en elle, et la présence d'Adrien la rendait nerveuse.
« C'est Chat Noir ! Ton coéquipier ! » se sermonna-t-elle intérieurement. « Tu n'as jamais été nerveuse en sa présence, alors pourquoi ça changerait quelque chose maintenant que tu sais qu'il est Adrien ? »
Marinette avait beau tenter de se convaincre, elle avait encore du mal à réconcilier l'image des deux garçons dans son esprit. Mais ce qui la frappait le plus était de voir à quel point Adrien ne semblait pas du tout surpris qu'elle soit Ladybug : il avait l'air d'avoir instantanément accepté le fait que sa camarade de classe timide et maladroite était également la justicière masquée avec qui il combattait le crime depuis presque un an.
Marinette sursauta légèrement lorsqu'elle sentit la main d'Adrien envelopper la sienne et ce contact la sortit instantanément de ses pensées. Elle leva timidement les yeux vers lui et le doux sourire empli de soulagement qu'il lui adressa remua quelque chose au plus profond d'elle-même.
- Je suis soulagé que tu n'aies rien, avoua-t-il. Quand je ne t'ai pas retrouvée là où je t'avais laissée, je me suis vraiment inquiété.
- Désolée, fit Marinette du bout des lèvres. Mais je ne pouvais pas faire autrement.
Sentant qu'elle risquait de s'enfoncer dans une spirale de culpabilité, Adrien s'empressa de la rassurer d'une pression de sa main en laissant échapper un petit rire.
- Je comprends mieux comment tu as fait pour descendre du toit du Palais de Chaillot, dit-il d'un ton léger, ce qui arracha un faible sourire à sa coéquipière.
Son regard se mit soudain à briller.
- C'est fou quand même, continua-t-il, l'expression rêveuse. On aurait pu être deux étrangers l'un pour l'autre, et en réalité, ma Lady est...
Adrien s'interrompit. Il ne savait plus comment qualifier Marinette. La jeune fille avait pris tellement d'importance dans sa vie et dans son cœur ces derniers mois qu'il ne pouvait plus la considérer comme une amie. Mais était-il prêt à lui confier toute l'étendue de ses sentiments alors que leurs vies venaient d'être complètement chamboulées ? Marinette semblait totalement désorientée, et la dernière chose qu'il souhaitait était de la perturber encore plus après tout ce qu'il s'était passé. Il était hors de question de tout ruiner entre eux alors que leur relation était aussi fragile. Ils allaient devoir rebâtir tout ce qu'ils avaient construit depuis leur rencontre, et Adrien n'avait aucune idée du temps que cela prendrait. Malgré tout, il restait confiant, et sentait au plus profond de lui-même que leur relation - leurs relations! - avai(en)t été bouleversée(s) de la meilleure façon qui soit. Adrien n'avait aucun doute sur le fait qu'ils réussiraient à surmonter ce nouvel obstacle ensemble, comme toujours.
A défaut de trouver les mots, Adrien lui adressa un regard empli de tendresse et serra ses deux mains dans les siennes, le cœur battant légèrement plus rapidement que d'ordinaire. Il observait Marinette et essayait de décrypter sans grand succès ses expressions. Un mélange d'émotions contradictoires se lisait sur le visage de sa coéquipière, et Adrien ne savait comment interpréter sa réaction.
Le téléphone de Marinette se mit à vibrer dans son sac, coupant court à ses réflexions intérieures. Marinette lâcha à contrecoeur les deux mains d'Adrien pour récupérer son téléphone et poussa un soupir de soulagement en voyant le nom de sa meilleure amie s'afficher à l'écran.
- MARINETTE !! s'écria Alya à l'autre bout du fil, en criant si fort qu'Adrien pouvait l'entendre également. Tout va bien ??
- Tout va bien, Alya, répondit-elle le plus calmement possible alors que son cœur menaçait de fracasser sa cage thoracique pour s'en échapper. Et toi ? Tout va bien ? Nino va bien aussi ? Et le reste de la classe ?
- Tout le monde va bien, ne t'inquiète pas. Le pouvoir de Ladybug a tout réparé, et la Tour Eiffel est comme neuve.
Marinette sentit son corps se détendre légèrement après cette confirmation.
- Par contre, Adrien est introuvable. Il ne répond pas à son portable, Nino est plus qu'inquiet, et moi aussi. Est-ce que tu sais où il est ? demanda Alya.
- Je-Je suis avec lui, articula-t-elle, son cœur pulsant plus rapidement que la normale. On est chez moi. Il va b-bien, ne vous inquiétez pas.
Cette conversation fit réagir Adrien qui sortit son téléphone de sa poche et esquissa une grimace d'excuse en constatant les nombreux appels en absence de son meilleur ami alors que son téléphone était en mode silencieux. Il s'empressa de rétablir le vibreur au cas où et il envoya un message à Nino pour le rassurer.
- Tu es avec Adrien ?? CHEZ TOI ?? CHEZ TOI AVEC ADRIEN ?? continua Alya à l'autre bout du fil, et Marinette pouvait tout à fait imaginer l'air à la fois extatique et conspirateur de sa meilleure amie rien qu'au ton de sa voix.
Marinette se doutait qu'Alya n'en resterait pas là et lui demanderait des informations croustillantes dès leur retour au collège le lendemain, informations que Marinette n'était pas certaine de pouvoir lui fournir tant la situation était compliquée. Alya avait beau connaître son identité secrète, la révélation de celle de Chat Noir ne devait se propager sous aucun prétexte, et Marinette redoutait plus que tout ce que cette découverte impliquait.
Voyant que Marinette semblait à nouveau sur le point de paniquer, Adrien posa délicatement une main sur son épaule pour la rassurer et se pencha vers le téléphone pour apparaître à l'écran.
- Tout va bien Alya, ne t'inquiète pas ! fit-il d'une voix suffisamment forte pour qu'Alya puisse l'entendre. Je suis heureux que tout aille bien de votre côté. Je viens d'envoyer un message à Nino mais tu peux le rassurer de vive voix de ma part. On se voit demain au collège !
- Oui Alya, on se voit demain ! renchérit Marinette en insistant bien sur le dernier mot avant de raccrocher.
Marinette avait beau adorer sa meilleure amie et savait qu'elle pouvait compter sur elle à 100%, elle ne se sentait pas capable de la confronter dans l'immédiat. Pas tant qu'elle n'avait pas les idées claires sur la situation dans laquelle elle se trouvait.
- Marinette ? C'est toi ? fit soudain une voix qui provenait de l'étage inférieur, faisant sursauter les deux adolescents.
Marinette n'eut pas le temps de réagir que la tête de sa mère apparut par la trappe de sa chambre. Sa discussion téléphonique avec Alya l'avait visiblement alertée.
Sabine cherchait sa fille du regard, et son air surpris en la découvrant avec Adrien sur sa mezzanine se mua rapidement en un regard préoccupé.
- Vous allez bien les enfants ? Je vous croyais à la Tour Eiffel, on était si inquiets avec tout ce qui s'est passé cette après-midi. Comment est-ce que vous êtes rentrés ? On ne vous a pas du tout entendus.
Adrien jeta un bref regard en direction de Marinette mais sa coéquipière semblait perdue, comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Ses yeux étaient encore rougis, et elle ne semblait plus avoir les idées claires. La voyant fixer sa mère du regard sans savoir quoi dire, Adrien descendit de la mezzanine, tout en entraînant délicatement Marinette à sa suite dans l'espoir de la faire réagir sans pour autant la brusquer.
- Oui, désolé Madame Dupain-Cheng, s'excusa-t-il d'un air contrit. Toute la classe a été attaquée par un akuma pendant notre sortie au Trocadéro, mais heureusement Ladybug et Chat Noir nous ont sortis de là. Ce sont eux qui nous ont déposés sur la terrasse de Marinette pour nous mettre à l'abri avant de repartir rapidement pour s'occuper de l'akuma. Je suis vraiment désolé d’avoir fait irruption chez vous comme ça, je vous promets que j'utiliserai votre porte d'entrée la prochaine fois, ajouta-t-il dans une tentative de plaisanterie.
Il vit le visage de Marinette s'éclairer légèrement à cette remarque et son cœur s'allégea considérablement.
Pour toute réponse, Sabine secoua la tête de droite à gauche d'un air désapprobateur et serra Adrien dans ses bras. L'instant de surprise passé, Adrien se laissa faire, mille émotions tourbillonnant sous sa poitrine.
- Ne t'inquiète pas pour ça, mon grand, le rassura Sabine. Tant que vous allez bien, c'est l'essentiel. Ladybug et Chat Noir ont bien fait de te déposer chez nous avec Marinette. Vous êtes à l'abri ici. Et tu sais que tu es toujours le bienvenu.
Sabine se tourna vers sa fille qui prit une grande inspiration avant de se composer un visage souriant ; Marinette avait eu beaucoup trop d'émotions dans la même journée et ne rêvait que de se blottir sous sa couette et de disparaître de la surface de la Terre jusqu'au lendemain matin.
- Ça va aller, ma chérie ? demanda Sabine en passant tendrement le dos de sa main sur la joue de sa fille. Et votre classe, tout le monde va bien ?
Marinette et Adrien acquiescèrent vivement.
- Oui, tout le monde va bien, l'informa Adrien. Le pouvoir de Ladybug a tout réparé.
- Il faudra vraiment que je la remercie la prochaine fois que je la croise. Et Chat Noir aussi. Heureusement qu'ils sont là, ils sont tellement formidables.
Sabine s'interrompit un instant, pensive.
- Les pauvres enfants, ajouta-t-elle d'un air inquiet. J’espère qu’ils sont bien entourés, ce n’est pas humain de devoir supporter tout ça tout seuls.
A ces mots, Marinette et Adrien se lancèrent un regard à la fois complice et plein d’empathie, et Adrien ne put s'empêcher de prendre la main de Marinette et de la serrer dans la sienne.
- Je suis certain qu’ils sont bien entourés, dit-il avec une émotion à peine contenue.
Ce fut le moment que choisit Tom pour passer sa tête par la trappe de la chambre.
- Ahhhh, c'est vous les enfants ! Adrien, fiston, tu es pile à l'heure pour prendre un petit goûter. Est-ce que ça te dit ? proposa-t-il, pas le moins du monde troublé par la présence du jeune homme sous son toit.
L'estomac d'Adrien se manifesta bruyamment à l'idée de partager un goûter avec cette famille qu'il appréciait tous les jours un peu plus et il se tourna vivement vers Marinette, dont les joues étaient toujours cramoisies.
- Ça te dit Marinette ? Est-ce que ça t'embête si je reste un peu avec vous avant de rentrer chez moi ? lui demanda-t-il d'un air embarrassé.
Ne pas savoir sur quel pied danser le mettait légèrement mal à l'aise, et la dernière chose qu'il souhaitait était de la braquer complètement après une telle journée en s'imposant chez elle contre son gré. Malgré tout, le sourire timide que Marinette esquissa l'encouragea, et il pressa légèrement sa main avec un sourire.
- Oui, ç-ça... ça me dit, répondit-elle en fixant le bout de ses ballerines, les joues encore bien rouges.
Tom et Sabine acquiescèrent avec un sourire radieux et tous descendirent s'installer dans la cuisine. Adrien semblait ne plus pouvoir marcher sans sautiller sur place tant il était heureux. Mais son allégresse retomba brutalement lorsqu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit à contrecœur et son estomac se noua instantanément en voyant le nom de Nathalie s'afficher. Il décrocha malgré tout, toute trace de bonne humeur ayant disparu de son visage.
- Allo, Nathalie ? Oui, tout va bien, je suis chez mon amie Marinette. Ladybug et Chat Noir nous ont déposé chez elle pour nous mettre à l'abri. E-Est-ce que je peux-
Adrien se tut pour laisser Nathalie parler, mais son expression était loin d'être encourageante. Il finit par se tourner vers Tom, Sabine et Marinette.
- Je suis désolé, mon père veut que je rentre immédiatement, annonça-t-il d'un air si triste que le cœur de Marinette se serra. Nathalie- enfin, son assistante m'envoie une voiture pour venir me chercher, je-
Adrien s'interrompit en voyant Sabine s'approcher de lui ; elle lui fit gentiment signe de lui passer son téléphone, et Adrien le lui tendit d'un geste hésitant.
- Madame Sancœur ? fit-elle d'une voix polie. Bonjour Madame, Sabine Dupain-Cheng à l'appareil. Oui, Adrien vient de nous informer que son père souhaite qu'il rentre immédiatement, mais nous nous apprêtions à prendre un goûter tous ensemble. Après tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, il vaudrait mieux qu'il reste à l'abri chez nous pour le moment, vous ne croyez pas ?
Adrien entendit Nathalie formuler une objection inintelligible à l'autre bout du fil mais Sabine la coupa poliment.
- Est-ce qu'Adrien avait quelque chose d'autre de prévu cet après-midi ? Et est-ce que son père dînera avec lui ce soir ? Non plus ? Dans ce cas, pouvons-nous le garder à dîner également ? insista Sabine, sans se départir de son ton aimable.
A ces mots, Adrien ressentit une douce chaleur se diffuser sous sa poitrine et son moral remonta en flèche.
Nathalie prononça une nouvelle phrase inaudible aux oreilles d'Adrien, mais son ton semblait beaucoup moins véhément.
- D'accord, conclut Sabine en acquiesçant, bien que son interlocutrice ne puisse la voir. 20h. C'est entendu Madame Sancœur. Merci beaucoup. Bonne fin de journée à vous aussi.
Sabine raccrocha sous le regard médusé d'Adrien.
- Il va falloir que vous m'appreniez à faire ça, fit Adrien d'un air admiratif qui fit rire Tom et Sabine. Merci de m'accueillir comme ça alors que je suis presque rentré chez vous par effraction, ajouta-t-il en passant sa main sur sa nuque d'un air timide.
- Mais il n'y a pas de quoi, fiston, tu es le bienvenu ici quand tu veux. Tu sais qu'on est toujours heureux de t'avoir avec nous ! lui assura Tom avec un sourire ravi qui remplit le cœur d'Adrien.
- Moi aussi ça me fait plaisir de pouvoir rester un peu avec vous, répondit Adrien avec un grand sourire.
Il ne put s'empêcher de ponctuer la fin de sa phrase avec un regard appuyé en direction de Marinette dont les joues ne semblaient plus vouloir retrouver leur couleur normale.
L'idée de passer le reste de la journée avec Sabine, Tom, et Marinette après une telle matinée au lieu de rester enfermé dans sa chambre et de devoir dîner seul face à une table immensément vide le remplissait de joie, et il espérait de tout coeur que ce moment puisse apaiser les tensions et démêler les choses entre Marinette et lui. Adrien refusait de partir sans avoir pu lui parler et essayer d'arranger la situation. Il voyait bien que Marinette était encore très mal à l'aise et ne savait plus sur quel pied danser depuis la révélation de leurs identités, et il s'était donné pour mission personnelle de lui rendre les choses plus faciles.
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CHAPITRE 7
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L'après-midi qu'ils passèrent ensemble leur permit de reprendre doucement leurs esprits. Adrien ne pouvait s'empêcher de remarquer à quel point Marinette restait timide avec lui ; elle n'osait pas le regarder mais elle lui lançait régulièrement des regards en coin, comme si elle venait de découvrir une bête curieuse. A chaque fois qu'Adrien esquissait un sourire dans sa direction, le visage de sa coéquipière prenait la couleur du soleil levant et elle se mettait à bafouiller avec de grands gestes qui provoquaient une fois sur deux des catastrophes.
Marinette s'en voulait de réagir ainsi, mais elle avait beaucoup de mal à rassembler ses idées et ne pas paniquer en présence d'Adrien. Le jeune homme avait beau tenter de masquer ses émotions et se composer un visage encourageant, elle voyait bien à quel point il avait l'air peiné par son attitude.
Lorsque leurs regards se croisèrent une énième fois, Marinette prit une grande inspiration et se força à ne pas détourner brusquement la tête ; elle se sentit rougir mais soutint le regard incroyablement vert de son coéquipier, et lorsqu'Adrien esquissa un sourire, elle se força à sourire à son tour. Sa réaction sembla encourager Adrien dont le visage s'éclaira et il lui adressa un clin d'œil avant de reporter son attention sur le contenu de son assiette fumante, le cœur plus léger.
Malgré tout, le repas passa beaucoup trop vite à son goût, et son sourire jusqu'alors lumineux disparut lorsqu'il constata qu'il était bientôt l'heure de rentrer chez lui. Il aurait aimé rester avec eux plus longtemps (pour toujours, s'il osait se l'avouer), mais il savait qu'il devait se faire une raison. Ses privilèges avaient déjà été étendus grâce à l'intervention providentielle de Sabine, et Adrien ne voulait pas que son père le retire définitivement du collège si jamais il débordait du créneau horaire qui lui avait été alloué. Retenant un léger soupir, il rassembla ses affaires et se dirigea sans entrain vers la porte d'entrée après avoir profusément remercié Tom et Sabine pour l'après-midi passé en leur compagnie et le repas merveilleux qu'ils avaient partagé. Tom et Sabine insistèrent pour qu'il ne reparte pas les mains vides et lui fourrèrent un énorme sachet de chouquettes dans les mains. Cette petite attention le toucha plus que raison, et il se surprit à se demander quelle aurait été sa vie s'il avait été élevé par Sabine et Tom plutôt que par Gabriel Agreste.
Ne voulant pas se miner le moral avec de telles pensées, Adrien secoua la tête de gauche à droite pour se remettre les idées en place et il se tourna vers Marinette dont les pommettes rougirent instantanément. Il s'apprêtait à lui faire la bise avant de partir, mais à sa grande surprise, sa coéquipière hocha la tête de haut en bas d'un air déterminé qui en aurait été presque comique si Adrien n'avait pas remarqué tous les efforts qu'elle faisait pour essayer de canaliser sa panique.
- J-Je te raccompagne à la porte, annonça-t-elle d'une voix la plus sûre possible, et Adrien lui adressa un sourire reconnaissant.
Lui aussi avait désespérément besoin de prolonger ce moment.
Une fois dans le hall d'entrée, tous deux restèrent un instant silencieux, ne sachant pas bien comment rebondir sur le sujet qui leur tenait à cœur après une telle pause. Adrien plongea son regard dans celui de Marinette et lui adressa un sourire si sincère et empli d'espoir que le rythme cardiaque de Marinette accéléra d'un coup. Elle ne pouvait pas le laisser repartir ainsi, il fallait qu'elle dise quelque chose. Mais avant qu'elle n'ait pu formuler une pensée intelligible, Adrien s'approcha d'elle et passa ses bras autour de ses épaules pour l'attirer tout contre lui. Le moment de surprise passé, Marinette se détendit et lui rendit son étreinte, s'agrippant à lui comme si sa vie en dépendait. Son cœur semblait vouloir fracasser sa cage thoracique pour s'échapper tant il battait fort sous sa poitrine. Adrien pouvait sentir à quel point elle était nerveuse et il la serra plus fort contre elle, tout son être se liquéfiant de tendresse à ce contact. Leur avenir était plus qu'incertain à l'instant présent, mais dans les non-dits qui planaient à travers cette étreinte, il y avait cette confiance aveugle, ce lien indestructible et unique qu'ils avaient tissé depuis le premier jour et que rien ni personne ne pourrait briser.
- Merci pour cet après-midi, ma Lady, dit-il tout contre elle. Et pour tout le reste.
Appeler Marinette « Ma Lady » était en passe de devenir sa façon préférée de la surnommer. A présent qu'il connaissait son identité, Adrien se demandait comment il avait pu ne pas comprendre plus tôt que sa fantastique amie était aussi sa partenaire qu'il admirait depuis le tout premier jour.
Marinette enfouit son visage dans le creux de son épaule et un doux sourire apparut sur les lèvres d'Adrien. Tous deux restèrent un instant dans les bras l'un de l'autre, puisant de la force dans cette étreinte.
Adrien finit par se redresser à regret sans pour autant lâcher complètement sa coéquipière et lui lança un regard incertain.
- Qu'est-ce... Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? osa-t-il demander, une lueur d'inquiétude brillant dans son regard incroyablement vert.
Pour toute réponse, Marinette détourna le regard.
- J-Je ne sais pas, avoua-t-elle en fixant le sol. J'ai peur que tout devienne encore plus compliqué maintenant que nos identités sont révélées. Les combats, nos vies à côté... Il va falloir qu'on soit très prudents. Nos Miraculous sont encore plus en danger à présent, dit-elle en lançant un regard à leurs kwamis qui voletaient autour d'eux. Il faut qu'on trouve une solution.
A ces mots, Adrien ne put retenir un long soupir de résignation.
- Tu vas me reprendre mon Miraculous, c'est ça ? demanda-t-il, tout en craignant la réponse.
Il y avait tellement de tristesse dans le regard d'Adrien que Marinette sentit son estomac se nouer. A présent qu'elle savait que Chat Noir était Adrien, elle entrevoyait une myriade d'autres facettes de la personnalité de son coéquipier, et elle réalisait à quel point elle ne le connaissait finalement pas aussi bien qu'elle n'aimait le croire. Les réactions de Chat Noir et la façon dont il se comportait prenaient sens à présent, et l'esprit de Marinette carburait à vive allure pour recomposer un puzzle bien plus grand et plus complet du garçon qui se tenait devant elle.
Son exubérance. Sa désinvolture. Sa façon de toujours se sacrifier et de faire passer les autres en premier au détriment de ses propres sentiments. Son cœur grand comme tout l'univers et son soutien sans faille.
Marinette avait la sensation de redécouvrir complètement les deux garçons, sans savoir vraiment comment gérer ces nouvelles informations.
La jeune fille voyait bien à quel point Plagg et Adrien étaient liés. Cette journée avait été plus qu'éprouvante et avait laissé Marinette totalement confuse, mais elle était sûre d'une chose : jamais elle ne pourrait combattre aux côtés d'un autre porteur. Quoi qu'il allait se passer, Adrien était son Chat Noir, et personne d'autre ne pourrait tenir ce rôle.
- Non, je ne veux pas te reprendre ton Miraculous, lui répondit-elle avec une assurance qu'elle était bien loin de ressentir.
La façon dont le visage d'Adrien s'éclaira instantanément l'attrista légèrement.
Elle inspira profondément et prit la main d'Adrien, comme pour se donner le courage de continuer.
- Je ne veux pas d'un autre partenaire, Chat Noir. J-J'ai besoin de toi. Jamais je ne pourrai battre Papillombre sans toi. On est une équipe, et ça, ça ne changera jamais.
A cette confession, le cœur d'Adrien manqua un battement. Les mots de Marinette le touchèrent bien plus que raison et avant d'avoir pu se retenir, il l'attira contre lui et la serra à nouveau dans ses bras.
- Merci ma Lady, dit-il, la voix gorgée d'émotion. Merci de me laisser Plagg. Et moi aussi j'ai besoin de toi. Bien plus que tu ne le crois.
Adrien se redressa et lui adressa un sourire éclatant.
- Par contre, je ne suis pas d'accord avec toi quand tu dis que tu ne pourras pas battre Papillombre sans moi. Tu es la personne la plus extraordinaire que je n'ai jamais rencontré Marinette, et tu es plus que capable d'arrêter Papillombre toute seule.
A ces mots, Marinette secoua sa tête de droite à gauche, désapprouvant visiblement le discours d'Adrien.
- Je ne pourrai pas être Ladybug sans toi, objecta-t-elle, la gorge légèrement nouée.
Cette phrase résonna soudain au plus profond de leur être, les replongeant dans ce moment à New-York où Marinette avait cru perdre son coéquipier pour toujours. Tous les deux réalisaient petit à petit à quel point leur lien était bien plus complexe et plus profond que tout ce qu'ils avaient pu imaginer, et leurs souvenirs communs prenaient une toute autre dimension à présent. Leurs vies jusqu'alors soigneusement séparées s'étaient brutalement emmêlées, et ils allaient devoir composer avec tout ce que cette révélation impliquait. Malgré tout, Marinette ressentait tout au fond d'elle un sentiment de sérénité qu'elle n'avait jamais éprouvé auparavant, et ce sentiment la rassura.
Elle leva la tête vers Adrien et lui adressa un regard déterminé.
- C'est toi et moi contre le reste du monde, mon Chaton, affirma-t-elle en lui tendant son poing fermé, avec la même expression que lorsqu'elle s'apprêtait à mettre un des super vilains de Papillombre au tapis.
Le geste agrandit le sourire déjà radieux d'Adrien, et il s'empressa de poser son poing contre le sien.
- Toi et moi contre le reste du monde, ma Lady.
Un klaxon à l'extérieur rompit le moment, et la joie d'Adrien retomba comme un soufflet. Marinette ne put s'empêcher de remarquer la lueur de tristesse qui voila un instant le regard d'émeraude d'Adrien et elle lui adressa un sourire timide.
- On se voit demain au collège, lui dit-elle, comme une promesse implicite que, même si leurs vies venaient d'être complètement bouleversées par cette journée, certaines choses ne changeraient pas.
Adrien lui rendit son sourire et la serra une dernière fois contre lui avec émotion avant de s'échapper par la porte avec un signe de la main.
- A demain au collège !
Marinette ne put s'empêcher de suivre Adrien du regard jusqu'à ce qu'il se soit engouffré dans la voiture, et ses joues se colorèrent en constatant que lui non plus ne l'avait pas quittée des yeux une seule seconde.
Lorsque la voiture disparut au coin de la rue, Marinette se résigna à refermer la porte et courut se réfugier dans sa chambre. Elle resta un long moment allongée sur son lit, entourée des kwamis qui virevoltaient avec excitation tandis qu'elle se posait mille questions. L'épuisement physique et émotionnel de la journée tomba d'un seul coup sur ses épaules et sans même sans rendre compte, elle se mit à pleurer. Des larmes de joie, de stress, de peur, et de confusion perlèrent le long de ses joues et elle se roula en boule sous sa couette pour pleurer de tout son saoul. Un peu inquiète, Tikki vint se poser sur son épaule et câlina sa joue.
- Marinette, qu'est-ce qui ne va pas ?
Marinette se redressa légèrement et posa sa main sur la minuscule tête de Tikki en esquissant un sourire à travers ses larmes.
- Ne t'inquiète pas Tikki, ça va aller, répondit-elle d'une voix qui se voulait sûre, mais Tikki voyait bien à quel point cette journée l'avait éprouvée.
Les kwamis qui virevoltaient toujours dans la pièce se calmèrent d'un coup en constatant l'état de Marinette et ils se lancèrent un regard incertain.
- Notre Gardienne pleure ! s'exclama Ziggy.
- Il faut faire quelque chose, renchérit Barkk.
- Je sais ! Quand elle est triste, elle aime les câlins ! fit Daizzi.
A ces mots, tous les kwamis se regroupèrent et fondirent sur Marinette qui laissa échapper un petit rire attendri et les accueillit à bras ouverts.
- Merci, vous êtes adorables, fit-elle, le cœur gonflé d'amour par ce geste. Mais je vous assure que ça va aller. C'est juste que... ça fait beaucoup de choses à digérer d'un coup.
Tikki lui lança un regard compatissant et se roula en boule dans le creux de son cou, comme pour lui signifier son soutien silencieux.
Marinette inspira profondément pour essayer de se calmer et ferma les yeux un instant. Toute cette journée tourbillonnait sans relâche dans son esprit et elle avait bien du mal à stopper son flot de pensées. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à son coéquipier ainsi qu'à la révélation chaotique de leurs identités respectives, et elle sentait son visage chauffer à chaque fois qu'elle se remémorait le moment où ils avaient échangé un baiser. A quoi pouvait bien penser Adrien à l'instant présent ? Était-il aussi troublé qu'elle par toute cette histoire ?
Les vibrations de son portable l'obligèrent à rouvrir les yeux, et son cœur manqua un battement en découvrant la provenance du message qui s'afficha sur son écran d'accueil. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses joues se parèrent d'une jolie teinte de rose et un sourire ému éclaira son visage encore baigné de larmes. Elle le déverrouilla avec des gestes fébriles et son cœur se liquéfia de tendresse en déchiffrant le message de son coéquipier.
Le rythme cardiaque de Marinette accéléra d'un coup, et elle étouffa un cri sous son oreiller qu'elle plaqua sur son visage, le cœur traversé par mille émotions.
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A peine arrivé chez lui, Adrien n'avait pu s'empêcher de lui envoyer un message pour lui exprimer ce qu'il ressentait en cet instant. Son coeur pulsait douloureusement de bonheur et ses joues se paraient de rose à chaque fois qu'il se remémorait cette journée à la fois décousue et extraordinaire. Tout au fond de lui, Adrien espérait de tout son coeur que cet épisode renforcerait non seulement le lien entre Chat Noir et Ladybug, mais rapprocherait également Marinette et Adrien. Lui qui avait maintes fois rêvé de connaître l'identité de sa Lady, et à présent qu'il savait qu'elle n'était autre que Marinette, Adrien ne voyait que des avantages à la situation. Là où Marinette semblait douter horriblement, Adrien, lui, était intimement persuadé que cette révélation ne les rendrait que plus forts.
Il ralluma l'écran de son téléphone avec un soupir bienheureux et fut légèrement déçu de constater que Marinette n'avait pas répondu à son message.
« Laisse-lui du temps » se raisonna-t-il.
Il avait beau être excité de commencer ce nouveau chapitre dans leur relation, il s'était également promis qu'il lui laisserait le temps qu'il faudrait pour accepter la situation et digérer la révélation de leurs identités. Marinette était beaucoup trop importante pour lui pour qu'il ne veuille brusquer les choses et tout ruiner entre eux.
- Marinette... soupira-t-il, les joues légèrement roses.
Son esprit flottait à mille lieux et son cœur s'emballait à chaque fois qu'il repensait au moment où il avait pressé ses lèvres sur les siennes. Qu'est-ce que Marinette pouvait bien ressentir pour lui ? A présent qu'il savait que Marinette était Ladybug, il se demandait s'il n'avait pas commis une erreur en l'embrassant de cette façon au beau milieu d'un combat, et surtout, sans réfléchir. Marinette lui avait avoué malgré elle qu'elle avait des sentiments pour lui, Adrien, mais elle n'avait jamais montré un quelconque intérêt sentimental pour Chat Noir et avait toujours repoussé ses avances. Peut-être était-elle déçue que le garçon qu'elle aimait se soit révélé être son coéquipier. Peut-être même que cette révélation remettait totalement en cause ce qu'elle éprouvait pour lui.
Le cœur d'Adrien se serra à cette idée. Ladybug ou Marinette, Adrien avait compris à quel point il s'était voilé la face, et qu'en essayant de faire taire ses sentiments pour sa coéquipière, il ne s'était pas rendu compte qu'il était en réalité tombé amoureux d'elle sous ses deux identités. Quel idiot il avait été.
Avec un soupir, il fixa un instant son téléphone dont l'écran restait désespérément noir avant de se résigner : Marinette ne lui répondrait pas ce soir. Sa seule consolation était de savoir qu'il allait la revoir le lendemain au collège, et il avait beaucoup de mal à contenir son impatience. Il songea un court instant à se transformer et à foncer chez elle pour la retrouver, mais il se doutait qu'elle avait besoin de temps pour digérer cette journée, et il ne voulait pas l'importuner, encore moins l'étouffer.
- Toi aussi tu devrais prendre le temps de digérer tout ça au lieu de vouloir jouer les jolis coeurs, intervint soudain Plagg, comme lisant dans ses pensées.
La remarque éclaira légèrement le visage d'Adrien qui se résigna avec un soupir et il s'installa sans grand entrain à son bureau. Il avait encore énormément de devoirs à finir, et ses activités extrascolaires de super-héros ne pouvaient clairement pas être considérées comme une excuse valable pour l'éducation nationale en cas de travail non fait. D'autant plus qu'il ne voulait pas risquer de voir sa moyenne baisser à cause d'une mauvaise note et donner une bonne raison à son père pour le retirer du collège. Il s'était battu pour pouvoir avoir une scolarité normale, et il ne supporterait pas d'être coupé de ses amis et de ne plus les voir tous les jours.
« De ne plus voir Marinette tous les jours », ajouta une petite voix dans sa tête.
Adrien poussa un léger soupir.
Son regard se posa sur le sachet de chouquettes qui portait le logo de la boulangerie de Tom et Sabine et il sentit une douce chaleur se diffuser sous sa poitrine à l'idée que les parents de Marinette l'appréciaient au point de lui offrir des friandises et de lui assurer qu'il était toujours le bienvenu chez eux, au sein de ce foyer qui distribuait toujours beaucoup d'amour sans compter.
Le cœur léger, Adrien reporta son attention sur ses devoirs sans grande motivation, mais alors qu'il allait entamer ses exercices de mathématiques, une notification fit vibrer son téléphone. Son cœur manqua un battement, et il déverrouilla l'écran d'un geste vif. Lorsque le nom de Marinette s'afficha, un grand sourire illumina son visage et une volée de papillons s'agita dans son estomac.
Notes:
Gniiiiiii (pardon).On approche de la fin, les trois derniers chapitres sont l'épilogue (oui oui, trois chapitres l'épilogue) (je rappelle que cette fic devait être un one shot à la base).
Merci de suivre cette histoire, n'hésitez pas à laisser des commentaires, ça donne envie de continuer à écrire et à poster !
Chapter Text
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CHAPITRE 8
EPILOGUE PARTIE 1
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Quelques semaines plus tard...
Il était encore tôt lorsque la clochette suspendue au-dessus de la porte de la boulangerie de Tom et Sabine tinta joyeusement, annonçant l'entrée d'un client.
- Bonjour Sabine ! Bonjour Tom ! fit une voix enjouée.
- Bonjour Adrien, comment vas-tu ? l'accueillit Sabine avec un grand sourire.
- Ça va et vous ? répondit le jeune homme en lui rendant son sourire.
- Ça va mon grand, je te remercie. Marinette ne va pas tarder, elle termine son petit-déjeuner.
- Oh, je ne veux pas la presser, je suis un peu en avance ce matin. On a encore le temps avant que la cloche du collège ne sonne, fit Adrien en laissant traîner son regard autour de lui, sans se départir de son expression rayonnante.
Adrien avait toujours aimé venir à la boulangerie, mais depuis quelque temps, il ne pouvait s'empêcher de s'y rendre dès qu'il en avait l'occasion. Notamment dans l'espoir de pouvoir passer un peu plus de temps avec une certaine personne en particulier.
A cause de leurs identités secrètes, Adrien avait toujours eu cette peur inconsciente de l'éventualité de perdre sa coéquipière s'il lui arrivait de disparaître du jour au lendemain. Ce secret les protégeait, certes, mais il les protégeait également d'eux-mêmes. A présent qu'Adrien savait où la trouver, il la suivait comme son ombre. Adrien craignait parfois d'être un peu trop collant avec elle, d'autant plus que Marinette restait toujours un peu timide avec lui et il ne voulait pas la brusquer, mais il avait pu voir une réelle différence dans son comportement ces dernières semaines : Marinette bégayait beaucoup moins, et elle semblait beaucoup plus calme et posée en sa présence. Adrien adorait la taquiner, et lorsque Marinette levait les yeux au ciel suite à l'un de ses jeux de mots qu'elle estimait atroce, son expression criait tellement « Ladybug » que le cœur d'Adrien se remplissait de joie. Leurs alter egos masqués transparaissaient de plus en plus dans leurs échanges, pour le plus grand bonheur du jeune homme qui se mentirait s'il affirmait que son cœur ne manquait pas parfois un battement lorsque Marinette posait ses grands yeux immensément bleus sur lui.
Adrien sentait que leur relation était en train de muer en un lien à la fois nouveau et familier : ils n'étaient plus Ladybug et Chat Noir, ni Marinette et Adrien. La complicité sans faille de leurs alter egos masqués se mêlait à la relation douce et réservée qu'ils avaient au collège, et pour rien au monde Adrien n'aurait voulu revenir en arrière. Il adorait passer du temps avec Marinette, apprendre à la connaître avec ou sans masque, et malgré la menace qui planait en permanence au-dessus d'eux, il savait que rien de grave ne pourrait arriver tant qu'ils étaient ensemble.
- Tiens, des chouquettes pour la journée ! Je sais que tu adores ça, annonça Tom en lui fourrant un gros sachet dans les mains, interrompant sa rêverie.
- Oh merci beaucoup Tom, répondit Adrien d'un ton empli de gratitude en s'empressant de plonger sa main dedans pour en ressortir une chouquette.
Tom vérifia d'un regard les alentours et il se pencha vers lui d'un air conspirateur.
- Entre nous fiston, depuis que tu viens régulièrement chercher Marinette le matin, elle a bizarrement beaucoup moins de mal à se lever, si tu vois ce que je veux dire, lui glissa-t-il sur le ton de la confidence.
A ces mots, Adrien manqua de s'étrangler avec sa chouquette et piqua un fard monumental tout en laissant échapper un petit rire gêné. Il avait effectivement remarqué que sa coéquipière était bien plus à l'heure le matin depuis qu'ils avaient naturellement instauré ce petit rituel, mais d'entendre Tom le lui confirmer de vive voix couplé à l'idée qu'il en soit la raison enveloppa son cœur dans un doux sentiment de félicité qui était loin d'être désagréable.
- Tom, arrête d'embarrasser le pauvre garçon, intervint Sabine d'un ton de reproche, mais une lueur espiègle brillait dans ses yeux gris.
- Oh ce n'est rien, ça ne me dérange pas. Je-j'aime beaucoup faire le chemin avec Marinette le matin, répondit Adrien en fixant le bout de ses sempiternelles baskets orange, les joues toujours cramoisies.
- Elle aussi aime beaucoup faire le chemin avec toi le matin, lui confirma Sabine avec un clin d'œil.
- PAPA !! MAMAN !! s'écria une voix suraiguë et scandalisée qui provenait de l'arrière-boutique.
Adrien eut à peine le temps de réaliser que Marinette venait de descendre qu'elle l'avait déjà empoigné par le bras et l'avait attiré vers la sortie.
- Ohlala mais tu as vu l'heure Adrien ?? Il faut qu'on se dépêche, on va être en retard !! Désolée Papa, Maman, on doit filer. A ce soiiiir ! s'exclama-t-elle avec un débit de paroles qui n'avait rien à envier à celui de Busta Rhymes* tout en entraînant Adrien hors de la boulangerie avant que ses parents n'aient pu ajouter quoi que ce soit.
Il était encore beaucoup trop tôt pour commencer la journée par une humiliation cuisante de la part de ses géniteurs en présence de son coéquipier sous son propre toit.
Marinette se doutait bien que ses parents avaient remarqué leur rapprochement et elle voulait à tout prix les empêcher de se mêler de leur histoire tant que les choses étaient encore fragiles avec Adrien. Leur relation avait évolué, certes, mais Marinette ne savait plus sur quel pied danser : Adrien avait beau être de plus en plus présent dans sa vie - avec ou sans masque - les contours de leur relation demeuraient complètement flous, dans un entre-deux dont ni l'un ni l'autre ne semblait savoir comment sortir. Depuis leur baiser et la révélation de leurs identités, Marinette n'avait jamais osé réaborder le sujet avec lui, et plus les jours passaient, moins elle savait comment se comporter en sa présence. Ce baiser lui avait laissé un souvenir indélébile, et une partie d'elle mourait d'envie de presser à nouveau ses lèvres sur celle d'Adrien tout en étant paradoxalement terrifiée à l'idée de tout ruiner entre eux. Adrien semblait se contenter de leur relation actuelle, et Marinette ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou non.
Perdue dans ses pensées, Marinette continuait de tirer Adrien derrière elle d'une poigne ferme sans s'en rendre compte, et Adrien ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire empli d'affection.
- Bonjour à toi aussi Marinette, lança-t-il, ses grands yeux verts pétillant d'espièglerie.
A ces mots, Marinette stoppa net dans son élan et son cœur manqua un battement. Elle était tellement préoccupée par la potentielle réaction de ses parents qu'elle en avait oublié ses bonnes manières.
Il lui fallut quelques instants pour retrouver son calme, et elle prit une grande inspiration avant de se tourner timidement vers lui.
- Bonjour Adrien, répondit-elle d'une toute petite voix.
En réponse, Adrien exerça une légère pression sur sa main et le visage de Marinette prit une couleur d'un rouge soutenu ; Adrien ne put s'empêcher de penser que cette couleur sur ses joues ne la rendait que plus jolie encore. Ce fut le moment que choisit son cœur pour le trahir et tressauter sous sa poitrine.
- Tu es prête pour le contrôle de physique ? lui demanda-t-il pour tenter de masquer son trouble.
Marinette eut une légère hésitation puis acquiesça en relâchant un soupir de soulagement.
- Oui. Ça devrait aller. Merci beaucoup d'avoir pris sur ton temps libre pour m'expliquer les dernières leçons, je n'avais rien compris du tout. Grâce à toi, je vais peut-être m'en tirer avec une note plus qu'honorable.
- Comment ça, « plus qu'honorable » ?? Tu vas assurer, tu veux dire ! la corrigea instantanément Adrien, un grand sourire suspendu à ses lèvres. Et puis avec un professeur particulier aussi génial et compétent, tu ne peux qu'avoir la meilleure note de la classe. Que dis-je de la classe ? De tout le collège ! ajouta-t-il d'un ton théâtral.
- Ta modestie est vraiment ta plus grande qualité, mon Chaton, lâcha Marinette d'un air blasé qui ne fit qu'agrandir le sourire déjà taquin d'Adrien.
Sans attendre la sonnerie, elle se dirigea d'un pas décidé vers les marches du collège, et Adrien ne put s'empêcher de remarquer qu'elle n'avait pas lâché sa main. Il s'empressa de lui emboîter le pas, tout en espérant secrètement pouvoir prolonger ce contact le plus longtemps possible.
.oOo.
- J'ai une bonne nouvelle pour vous les enfants, annonça Mademoiselle Bustier à la fin du cours en se tournant vers la classe. La date que vous aviez choisie pour la soirée de fin d'année a bien été validée !
Cette nouvelle fut accueillie par une éruption de joie parmi les élèves ; tous attendaient cette soirée avec impatience.
- Génial ! s'exclama Alya avec un sourire éclatant en direction de Marinette avant d'empoigner son téléphone.
De son côté, Adrien se tourna vivement vers Nino qui souriait de toutes ses dents, et Marinette le vit se pencher vers son meilleur ami et lui glisser quelque chose à l'oreille.
La jeune fille se tourna vers Alya qui pianotait frénétiquement sur son téléphone comme si elle s'apprêtait à faire décoller une fusée grâce à des codes secrets à rallonge.
- Il n'y a plus qu'à valider tout ce qu'on avait prévu et la soirée sera lancée ! dit-elle avec une excitation non dissimulée. Tu sais ce que tu vas porter pour le bal ??
Pour toute réponse, Marinette esquissa une légère grimace.
- J'ai une idée de robe mais je ne sais pas si je vais avoir le temps de la coudre d'ici la semaine prochaine. Je crois que je vais foncer acheter du tissu dès qu'on sort du collège, j'aurai peut-être une chance de la terminer à temps si je m'y mets tout de suite.
Comme pour corroborer ses dires, ce fut le moment que choisit la sonnerie annonçant la fin des cours pour retentir.
- Tu veux venir avec moi ? proposa Marinette en rangeant ses affaires dans son sac avec hâte.
Avant qu'Alya n'ait pu répondre, Nino se retourna vivement et se leva d'un bond.
- Ah ! Euh... désolé Marinette, s'excusa-t-il en se plantant à côté d'Alya. On a quelque chose de prévu après les cours, j'espère que tu ne nous en veux pas.
Le regard empli d'incompréhension que lui lança Alya obligea Nino à la tirer par le bras pour la forcer à se lever tout en lui faisant des signes de tête très peu discrets en direction d'Adrien qui semblait étrangement fasciné par le contenu de son sac de cours posé devant lui. Alya compris rapidement que quelque chose se tramait et se leva à sa suite tout en attrapant maladroitement ses propres affaires.
- Oui, c'est vrai, j'avais oublié qu'on avait quelque chose de prévu, renchérit-elle d'une voix presque convaincante. Vraiment désolée Marinette.
Avant que Marinette n'ait pu répondre, Alya sursauta vivement et claqua des doigts, comme touchée par une intervention divine.
- Mais je sais ! s'exclama-t-elle. Tu n'es pas obligée d'y aller toute seule Marinette, Adrien peut t'accompagner ! C'est parfait, je me demande même pourquoi on n'y avait pas pensé plus tôt. Allez, on vous laisse. A plus tard !
Marinette n'eut pas le temps de réagir que Alya et Nino avaient déjà décampé.
- Mais Alya ! Attends ! s'écria Marinette avec étonnement en les voyant s'éclipser ainsi.
- On se voit demain ! cria Alya depuis la porte en guise de réponse avant de disparaître.
Les derniers élèves étaient en train de sortir de la classe, et Marinette ne put s'empêcher de remarquer qu'Adrien ne semblait pas du tout pressé de partir : il faisait semblant de fouiller dans son sac pour se donner une contenance mais sa posture très raide et sa nuque légèrement rouge le trahissaient. Il était visiblement embarrassé par la suggestion d'Alya.
La poitrine de Marinette se dégonfla. Pourquoi Alya et Nino avaient-ils mis Adrien au pied du mur de cette façon ? Le pauvre n'avait rien demandé, et il n'avait certainement pas envie de l'accompagner acheter du tissu et de l'entendre parler de couture pendant des heures. D'autant plus qu'il avait certainement d'autres choses à faire.
- Adrien, commença-t-elle, sans tout à fait parvenir à masquer la déception qu'elle ressentait dans le ton de sa voix. Tu sais, tu n'es pas obligé de-
- Marinette, est-ce que je peux te parler ? la coupa-t-il soudain d'un air timide.
Adrien semblait nerveux. Ses joues s'étaient parées d'une jolie teinte de rose et Marinette sentit son visage prendre la même couleur. L'air entre eux se fit plus chargé. Qu'était-il en train de se passer ?
Sentant que sa voix risquait de dérailler, Marinette se contenta d'acquiescer. Adrien esquissa un sourire et s'éclaircit la voix.
- Je voulais te demander si... enfin, maintenant qu'on sait que la soirée va avoir lieu... et mon père a accepté que j'y aille en plus, je...
Adrien devenait de plus en plus rouge à mesure qu'il parlait, et Marinette aurait certainement trouvé son attitude adorable si elle-même n'était pas au bord de la crise d'apoplexie. Pourquoi était-il aussi nerveux ? La fébrilité de son partenaire ne faisait qu'accroître son anxiété, et Marinette essayait tant bien que mal de garder son calme. Elle voyait bien qu'Adrien avait quelque chose à lui dire qui semblait lui tenir à coeur, et la dernière chose qu'elle voulait était de ruiner ce moment.
Adrien plongea soudain son regard d'émeraude dans celui de Marinette, espérant se donner du courage ainsi avant de se dégonfler totalement. Il prit une grande inspiration, comme s'il s'apprêtait à sauter dans le vide, son cœur battant à mille à l'heure.
- Marinette, est-ce que tu veux être ma cavalière pour le bal ? lui demanda-t-il, le regard empli d'espoir.
La bombe était lâchée.
Lorsque les mots d'Adrien prirent sens dans son esprit, le cœur de Marinette manqua un battement sous sa poitrine. Un déséquilibre se produisit en elle, comme si la Terre venait de s'arrêter brutalement de tourner.
Adrien voulait aller au bal de fin d'année avec elle ?
Elle était en train de rêver, elle ne voyait pas d'autre explication.
Marinette savait de source sûre que beaucoup de filles du collège attendaient le bal de fin d'année uniquement pour demander à Adrien de les accompagner, Chloé et Lila en tête. Et pourtant, c'était à elle, Marinette, qu'Adrien venait de poser la question. Son expression un peu timide était adorable, et elle ne put s'empêcher de fondre face à son regard empli de tendresse et d'affection pour elle.
Adrien voulait aller au bal de fin d'année avec elle.
Cette idée lui réchauffa le cœur et elle ne put s'empêcher de lui répondre par un sourire éclatant avant d'acquiescer timidement. La réponse positive de Marinette illumina le visage d'Adrien et il s'empressa de la prendre dans ses bras. Ne s'attendant pas à un tel geste de sa part, Marinette se raidit l'espace d'un instant avant de se détendre et de se cramponner à lui, ses deux bras autour de sa taille. Le cœur d'Adrien se liquéfia de tendresse et il la serra tout contre lui, tout son être rayonnant de bonheur.
Ils restèrent un instant dans cette position, dans les bras l'un de l'autre, et aucun ne semblait vouloir rompre cette étreinte. Ils ne remarquèrent absolument pas Alya qui passa sa tête par l'entrebâillement de la porte et immortalisa ce moment avec son téléphone, un sourire espiègle suspendu à ses lèvres.
Notes:
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On arrive dans la partie que je préfère ❤️
N'hésitez pas à laisser des commentaires, un petit mot, ça fait toujours plaisir et ça donne l'impression que je ne poste pas ces histoires pour rien ❤️*Si jamais vous ne connaissez pas Busta Rhymes, voici un aperçu de son débit 🙃
Chapter Text
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CHAPITRE 9
EPILOGUE PARTIE 2
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Adrien faisait les cent pas dans la boulangerie de Tom et Sabine qui avait été exceptionnellement fermée pour l'occasion. Les parents de Marinette avaient passé la journée à cuisiner et préparer gâteaux et pâtisseries en tous genres pour le bal de fin d'année des élèves du collège Françoise Dupont, et Adrien salivait d'avance à l'idée de goûter toutes les bonnes choses qu'ils avaient concoctées. Mais ce qu'il attendait plus que tout, c'était de passer la soirée avec Marinette.
Vêtu de son plus beau costume, il triturait nerveusement dans sa poche le bracelet porte bonheur que Marinette lui avait offert au début de l'année et qu'il ne quittait jamais. S'il avait su à l'époque que c'était sa Lady elle-même qui lui en avait fait cadeau, il l'aurait très certainement mis sous cloche sur sa table de nuit ou bien il l'aurait fait encadrer pour ne pas risquer de le perdre. Malgré tout, ce cadeau que Marinette lui avait offert alors qu'ils se connaissaient à peine à l'époque lui avait souvent réchauffé le cœur dans des moments un peu sombres et il aimait l'avoir toujours sur lui, comme une assurance que tout allait bien se passer car Marinette pensait à lui. Ce bracelet avait d'autant plus de signification à présent qu'il savait que Marinette était sa Lady.
Adrien réprima un petit rire lorsqu'il prit soudain conscience de l'ironie de la chose : qui d'autre que Ladybug aurait pu lui offrir un Lucky Charm ?
- Marinette arrive ! l'informa Tom avec un sourire rayonnant, sortant Adrien de sa rêverie.
Le jeune homme ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à son tour et se redressa, dans un réflexe inconscient de vouloir faire bonne impression. Il se doutait que Marinette avait mis le plus grand soin dans la confection de sa tenue, et son cœur pulsait avec anticipation. Son attention était fixée sur le claquement léger des talons qui descendaient prudemment les escaliers.
Les pas se rapprochaient.
Adrien retint son souffle.
Plus que trois marches.
Deux.
Une...
Le cœur d'Adrien s'arrêta lorsque Marinette passa la porte de service de la boulangerie.
La jeune fille était tout simplement sublime. Sa robe d'un rouge éclatant n'avait rien à envier à la couleur de son costume de super-héroïne, et la coupe du vêtement était parfaitement maîtrisée et habillait sa silhouette à la perfection. La jupe patineuse virevoltait autour d'elle au moindre de ses mouvements, et l'encolure de la robe savamment travaillée aux manches tombantes dévoilait légèrement ses frêles épaules qui étaient parsemées d'une constellation de taches de rousseur, détail qui fit accélérer le rythme cardiaque du jeune homme. Les petits talons noirs qu'elle portait complétaient magnifiquement la tenue, et Adrien ne put s'empêcher de remarquer qu'elle avait laissé ses cheveux complètement lâchés.
Si Adrien n'était pas déjà tombé amoureux d'elle, il était sûr et certain qu'il aurait été foudroyé sur le champ.
- Un ange, pensa-t-il. Cette fille est un ange.
Marinette s'avança timidement vers lui avec des gestes contenus, et ses joues se parèrent d'une jolie teinte de rose lorsque leurs regards se croisèrent. Adrien se doutait que ses propres joues avaient pris la même couleur, mais il dépassa sa soudaine timidité pour venir à sa rencontre, un doux sourire suspendu à ses lèvres. Il la détaillait du regard comme s'il se trouvait devant l'une des plus belles peintures du Louvre, et il y avait tellement d'admiration et d'amour dans ses yeux incroyablement verts que Marinette sentit son visage s'enflammer.
- Tu es magnifique Marinette ! s'exclama Adrien lorsqu'il eut retrouvé sa voix.
- M-Merci, bafouilla-t-elle, à la fois extatique et complètement embarrassée par ce compliment. Toi aussi, tu es si beau... ajouta-t-elle du bout des lèvres avant même d'en avoir conscience.
Son compliment sortit dans un souffle, alors qu'elle gardait les yeux rivés sur le bout de ses escarpins sans pour autant parvenir à masquer son doux sourire rêveur. Lorsqu'elle réalisa ce qu'elle venait de dire, un vent de panique s'empara d'elle et elle se mit à bafouiller.
- Enfin, je-je voulais dire- non, c'est pas ce que je voulais dire, enfin si, bien sûr que tu- tu es b-beau, c'est pas... je- raaaah !
Mortifiée par son discours totalement décousu, elle cacha son visage dans ses mains en priant intérieurement qu'Adrien ne la déteste pas et qu'il ne change pas d'avis pour le bal. Ce n'est que lorsqu'elle l'entendit rire qu'elle se risqua à ouvrir les yeux et elle lui lança un regard incertain à travers ses doigts écartés. Le visage d'Adrien avait pris une teinte rouge brique mais son sourire était si éclatant que le cœur de Marinette fit un looping sous sa poitrine. Il passa sa main sur sa nuque, comme toujours lorsqu'il était gêné.
- Merci beaucoup princesse, répondit-il d'un air timide.
Lorsqu'il se rendit compte que le surnom lui avait échappé, il adressa un regard d'excuse à sa coéquipière ; il espérait de tout cœur ne pas l'avoir embarrassée, mais le sourire empli de tendresse qu'elle lui adressa le rassura. Se sentant en confiance, Adrien lui tendit sa main et Marinette s'empressa de la prendre, le visage rayonnant malgré ses joues cramoisies.
- Qu'est-ce que vous êtes beaux les enfants ! s'exclama Sabine tandis que les deux intéressés piquaient un fard monumental.
Marinette était tellement obnubilée par Adrien qu'elle en avait presque oublié la présence de ses parents. Eux, par contre, n'avaient pas raté une seule miette de la scène et se lançaient à présent des regards entendus. Marinette ne connaissait que trop bien ce genre de regards, et son cerveau se mit à carburer à toute vitesse afin de trouver une excuse pour s'échapper rapidement avant que ses parents ne lancent des sujets embarrassants (comme planifier leur mariage par exemple). Elle esquissa un pas vers la sortie mais ce fut peine perdue.
- Ne vous sauvez pas aussi vite ! fit Tom en sortant son téléphone de la poche de son tablier. Il faut immortaliser ce moment ! Venez !
Marinette et Adrien se lancèrent un regard à la fois amusé et gêné mais Adrien semblait si sincèrement ravi de pouvoir apparaître sur une photo avec elle que Marinette capitula et finit par se plier de bonne grâce à la séance photo improvisée.
Alors qu'ils prenaient la pose devant l'objectif de Tom, Marinette observait son coéquipier du coin de l'œil et elle ne put s'empêcher de constater à quel point il rayonnait.
Avant de savoir qu'Adrien et Chat Noir n'étaient qu'une seule et même personne, Marinette aurait pu jurer que les deux garçons n'avaient rien en commun. Mais à présent qu'elle le côtoyait tous les jours et qu'ils étaient devenus bien plus proches qu'avant, elle découvrait toutes ses nuances, toutes ses facettes qu'il ne dévoilait qu'à une très petite poignée d'initiés et dont elle avait l'immense chance de faire partie. Les sourires habituellement réservés et polis d'Adrien étaient à présent si éclatants qu'ils auraient pu alimenter toute la ville de Paris en électricité, tandis que l'exubérance de Chat Noir, elle, était diluée d'un légère vulnérabilité aussi désarmante qu'attendrissante. Il n'était plus Adrien, ni Chat Noir. Ses deux identités avaient enfin fusionné dans l'esprit de Marinette, créant ainsi un garçon totalement nouveau et familier à la fois.
Des éclats de rire la sortirent de sa rêverie ; Adrien plaisantait avec Tom et renchérissait sur ses jeux de mots les plus atroces, pour le plus grand bonheur de son père. D'ordinaire, cette scène aurait irrité Marinette qui aurait levé les yeux au ciel, mais de voir Adrien aussi détendu en train de rire ainsi avec son père lui déclencha une envolée de papillons dans l'estomac sans qu'elle n'en comprenne bien la raison.
Une fois la mémoire du téléphone de Tom saturée de clichés, les parents de Marinette consentirent à les laisser partir, non sans les avoir complimentés encore mille fois à grand renfort de superlatifs, la voix tremblante et les yeux larmoyants. Marinette ne savait clairement plus où se mettre, mais Adrien, lui, aimait cette attention aussi sincère qu'adorable.
Il tendit sa main ouverte en direction de Marinette et lui adressa un grand sourire empli de tendresse.
- On y va ?
Marinette s'empressa de prendre sa main et lui rendit son sourire.
- On y va, acquiesça-t-elle, pour le plus grand bonheur de son partenaire.
Notes:
La fin de l'histoire sera postée ce week-end, un grand merci à celleux qui lisent mes histoires ❤️
Et comme toujours, n'hésitez pas à me laisser un petit mot ❤️
Chapter 10
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
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CHAPITRE 10
EPILOGUE PARTIE 3
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La soirée battait son plein et tout le monde semblait passer un moment mémorable. Tous les élèves du collège avaient œuvré pour que ce bal soit une réussite, et tous étaient fiers du travail accompli et pouvaient à présent profiter à fond de la fête.
Alya et Marinette s'étaient retranchées dans un coin pour discuter tranquillement tandis que Nino et Adrien, en parfaits gentlemen, faisaient la queue du côté du buffet pour ramener de quoi se sustenter à leurs cavalières.
Alya voyait bien que quelque chose travaillait Marinette, et elle avait une petite idée du sujet. Alya connaissait la propension qu'avait sa meilleure amie à tout intellectualiser et trop analyser là où elle devrait plutôt ressentir, et elle espérait enfin pouvoir l'aider à débloquer la situation une bonne fois pour toutes. Marinette et Adrien étaient faits l'un pour l'autre, Alya en était persuadée. Seuls les deux intéressés semblaient encore en douter.
- Marinette, quand est-ce que tu vas être enfin honnête avec toi-même et avouer tes sentiments à Adrien ? lui demanda-t-elle abruptement, profitant de ce moment en tête à tête avec sa meilleure amie pour mettre les pieds dans le plat.
Marinette ne put s'empêcher de relâcher un grognement doublé d'un long soupir en guise de réponse. Si seulement les choses étaient aussi simples.
- Alya, tu sais bien que c'est bien plus compliqué que ça, vocalisa-t-elle avec une grimace de défaite.
Alya leva les yeux au ciel. Combien de fois avait-elle entendu cette phrase depuis que les deux filles se connaissaient ?
- Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que vous vous aimez ! Vous êtes faits l'un pour l'autre, il n'y a que vous deux qui ne vous en êtes pas encore rendu compte ! répondit-elle d'un ton légèrement exaspéré.
- Qu'est-ce que tu en sais ? répondit Marinette, sur la défensive.
- Marinette, tout le monde le sait, répliqua Alya d'un ton mi amusé mi blasé. Tout le monde a remarqué à quel point vous étiez de plus en plus proches ces derniers temps.
- Mais justement ! J'adore la relation qu'on a maintenant, je ne vais quand même pas tout ruiner entre nous en lui avouant mes sentiments, comme ça, sorti de nulle part ! objecta Marinette en croisant les bras sur sa poitrine. Je ne suis qu'une amie pour lui, il est hors de question que-
- Une amie ?? Une amie ?? s'étrangla Alya qui avait du mal à en croire ses oreilles. Non mais tu as vu comment il te regarde ?? Comment il est toujours collé à toi ?? Il te suit comme ton ombre ! Il n'a que ton prénom à la bouche ! Si tu n'es pas là, la première chose qu'il demande, c'est où tu es !
Face à l'air peu convaincu de sa meilleure amie, Alya ajouta :
- Il passe son temps à te faire des compliments avec des étoiles dans les yeux ! Il est toujours prêt à t'aider ou bien te défendre si besoin ! Et quand tu n'es pas avec lui, ça se voit immédiatement sur sa tête, il ressemble à un bébé labrador qui aurait perdu toute sa joie de vivre, c'en est presque adorable d'ailleurs. Et il t'offre des roses quasiment tous les jours, il doit y avoir un fleuriste qui est subitement devenu ultra riche dans le quartier. Tu ne vas pas me faire croire qu'il ne ressent que de l'amitié pour toi !
Marinette s'apprêtait à répliquer mais elle se tut, gênée. Elle ne pouvait pas expliquer à Alya pourquoi Adrien et elle étaient bien plus proches aujourd'hui, ni pourquoi ses sentiments pour son coéquipier étaient encore plus confus qu'avant à cause de ce fameux jour où leurs identités secrètes avaient volé en éclat. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle avait déjà indirectement avoué ses sentiments à Adrien, ni que Chat Noir - Adrien ! - l'avait embrassée au beau milieu d'une attaque d'akuma. D'autant plus que depuis ce jour, Adrien n'avait jamais réabordé le sujet depuis qu'il savait qu'elle était Ladybug, et Marinette ne voulait pas admettre que son silence sur le sujet la blessait. Où était passé le Chat Noir qui déclamait nuit et jour son amour pour son alter ego masqué ? Peut-être que d'avoir découvert que sa coéquipière qu'il idéalisait n'était qu'en réalité que sa camarade de classe étourdie et maladroite l'avait refroidi.
« Il t'a dit qu'il était heureux que ce soit toi Ladybug ! Tu sais à quel point il t'apprécie ! » objecta une petite voix dans sa tête.
- Il m'apprécie peut-être mais ça ne veut pas dire qu'il est amoureux de moi, dit-elle d'un ton défaitiste.
- Tu te trompes, répondit Alya avec assurance, et Marinette réalisa qu'elle avait prononcé cette phrase à voix haute.
Malgré l'affirmation d'Alya, Marinette était bien loin d'être convaincue. Sans parler de l'autre petite voix, bien plus insidieuse, qui ne faisait que lui répéter qu'ils étaient à présent en danger à cause de la révélation de leurs identités, et Marinette ne savait plus quoi penser face à ce maelström d'émotions contradictoires qui l'assaillait depuis quelques semaines.
Voyant sa meilleure amie en proie à un conflit intérieur, Alya se radoucit.
- Marinette, reprit-t-elle en posant une main compatissante sur son épaule. Je peux t'assurer que-
- Chuuuut, les garçons reviennent ! l'interrompit soudain Marinette avec urgence tout en se recomposant un visage enjoué à l'approche de Nino et Adrien.
Alya se tut, mais le regard qu'elle lui adressa indiquait que la conversation était loin d'être finie, et cette idée noua l'estomac de Marinette. Elle baissa la tête, son regard obstinément fixé sur ses mains qu'elle tortillait sur ses genoux. Cette discussion lui avait laissé un goût amer en travers de la gorge et elle sentit ses yeux picoter. Tout le monde s'amusait autour d'elle mais elle n'avait soudain plus le cœur à la fête et n'avait qu'une envie : courir jusque chez elle et se rouler en boule sous sa couette.
- Tout va bien Marinette ? demanda soudain une voix douce à côté d'elle qui la fit légèrement sursauter.
Lorsqu'elle leva la tête, son regard d'azur rencontra les yeux d'émeraude d'Adrien, dans lesquels brillait une lueur d'inquiétude. Il lui tendit un verre rempli d'une boisson pétillante et s'assit à côté d'elle avec un sourire rassurant.
- Merci, fit Marinette, sa voix coincée au fond de sa gorge.
Le regard empli d'affection que lui adressa Adrien en retour lui remua l'estomac, et elle hésitait entre lui sourire ou bien fondre en larmes. Elle opta pour la première solution, mais elle voyait bien qu'Adrien n'y croyait pas. Malgré tout, il ne fit aucun commentaire et plaça simplement son bras autour de ses épaules en guise de réconfort. De sa main libre, il lui tendit une serviette en papier dans laquelle était emballée une pâtisserie, et Marinette reconnut l'un des macarons à la fraise de ses parents.
- Tout le monde s'est jeté sur le buffet mais j'ai réussi à te sauver le dernier, je sais que c'est ton parfum préféré, dit-il simplement avec un sourire encourageant, et cette petite attention fit accélérer le rythme cardiaque de Marinette.
- Merci, c'est adorable de ta part, répondit-elle timidement, ses joues prenant la couleur du soleil levant.
Marinette grignotait son macaron du bout des lèvres, pensive ; elle se sentait déjà un peu mieux. Adrien n'avait pas enlevé son bras de ses épaules, et elle réalisait à quel point elle avait besoin de ce contact qui lui faisait beaucoup de bien. Elle ne put s'empêcher de poser sa tête contre lui, et elle sentit Adrien resserrer son étreinte. Ils restèrent un long moment ainsi, dans les bras l'un de l'autre, oubliant complètement leurs camarades qui s'amusaient et dansaient autour d'eux. Marinette sirotait lentement son verre, espérant secrètement prolonger ce moment le plus longtemps possible. Lorsqu'elle leva les yeux en direction d'Adrien, elle ne put s'empêcher de remarquer son expression béate ; il semblait perdu dans un état second, les yeux à moitié fermés et un sourire rêveur suspendu à ses lèvres. Lorsqu'il se rendit compte que Marinette l'observait, son sourire s'étendit et son expression emplie d'affection fit accélérer le rythme cardiaque de Marinette. A quoi pouvait-il bien être en train de penser ? Était-il en train de penser à elle ? Une petite voix tout au fond d'elle lui sommait d'arrêter de se faire des films, mais une autre petite voix, plus optimiste, se posait un milliard de questions. Marinette maudissait intérieurement Alya d'avoir fait germer ce doute en elle.
De dépit, elle mordit avidement dans son macaron et prit une gorgée de son verre pour tenter de refocaliser son attention sur la soirée.
Adrien attendait patiemment que Marinette ait fini de se sustenter ; il mourait d'envie de l'inviter à danser mais il se sentait un peu nerveux, et de surcroît, il ne voulait pas la brusquer.
Lorsque Marinette engloutit la dernière bouchée de sa pâtisserie, il n'y tint plus et lui tendit cérémonieusement sa main.
- Est-ce que tu veux bien m'accorder cette danse, princesse ? lui demanda-t-il, ses grands yeux verts pétillants de bonheur et d'espièglerie.
Cette demande eut le mérite de sortir Marinette de son tourbillon d'angoisse et de déprime dans lequel elle était en train de s'enfoncer. Elle releva la tête si vite qu'elle manqua de se bloquer la nuque, et son regard se perdit dans les yeux incroyablement verts de son coéquipier. Adrien la dévisageait avec une telle adoration dans le regard que son pouls dérailla complètement.
Sentant un tout autre genre de panique la gagner, Marinette eut pour seul réflexe de chercher sa meilleure amie du regard, comme pour se rassurer qu'elle n'était pas en train de rêver. Elle tourna vivement la tête de droite à gauche avant de la trouver dans les bras de Nino, tous deux en train de discuter avec animation. Lorsqu'Alya sentit le regard de sa meilleure amie posé sur elle, elle leva les yeux et son visage s'éclaira en constatant qu'Adrien venait d'inviter Marinette à danser. Alya espérait de tout coeur que cette soirée serait enfin celle où Marinette oserait avouer ses sentiments à Adrien, et son souhait semblait plutôt bien amorcé. Ravie de la tournure que prenaient les choses, Alya lui adressa un clin d'œil insistant avant de se tourner vers Nino et de l'embrasser à pleine bouche, message très peu subtil à l'attention de sa meilleure amie désoeuvrée.
A la fois amusée et excédée, Marinette leva les yeux au ciel. Tout semblait si simple pour sa meilleure amie, alors pourquoi est-ce que les choses étaient si compliquées lorsqu'il s'agissait de ses sentiments et d'Adrien ? Malgré tout, son cœur ne pouvait s'empêcher d'espérer.
Et si Alya avait raison ? Et si Adrien éprouvait plus que de l'amitié pour elle ? Marinette avait encore beaucoup de mal à y croire, mais une petite partie d'elle-même commençait à envisager cette éventualité.
Le regard empli d'espoir avec lequel Adrien la regardait fit disjoncter son rythme cardiaque. La main toujours tendue, il attendait patiemment sa réponse, un grand sourire suspendu à ses lèvres. Le cœur de Marinette se mit à pulser sourdement dans ses tempes et avant même d'en avoir conscience, elle prit sa main, ses joues se parant de leur plus belle teinte de rouge. Rayonnant de tout son être, Adrien l'invita à se lever, mais lorsque Marinette se mit debout, la stabilité relative de ses escarpins lui fit perdre l'équilibre. Elle trébucha et ne put retenir un cri en tombant en avant. Redoutant l'impact avec le bitume, elle ferma ses yeux très fort, mais Adrien la rattrapa immédiatement pour l'empêcher de s'écraser au sol la tête la première. Étonnée de ne pas avoir fini lamentablement étalée de tout son long sur le sol de la cour, elle rouvrit les yeux et se retrouva nez à nez avec le visage d'Adrien qui la tenait tout contre lui, comme s'il craignait qu'elle ne s'évapore dans la nuit si jamais il rompait le contact. Le moment de surprise passé, Marinette se redressa dans ses bras et Adrien ne consentit à la lâcher qu'une fois assuré qu'elle était bien stable sur ses talons. Il garda malgré tout une main dans son dos par précaution, et le sourire empli de gratitude que Marinette lui adressa fit fondre son cœur comme de la neige au soleil.
- Ne t'inquiète pas, tu sais que je serai toujours là pour te rattraper, ma Lady, lui glissa-t-il à l'oreille, ce qui eut pour effet d'accentuer le rouge déjà soutenu qui colorait les joues de la jeune fille.
Elle puisa une bonne dose d'assurance tout au fond d'elle et elle lui adressa un sourire à la fois attendri et rayonnant de gratitude.
- Merci mon Chaton, murmura-t-elle en retour, avec un regard si tendre que le cœur d'Adrien manqua un battement.
Enhardi par l'attitude plus que positive de sa coéquipière, Adrien lui adressa un clin d'œil complice avant de l'attirer vivement vers le centre de la piste de danse. Il se tourna vers elle sans la lâcher ne serait-ce qu'une seule seconde, et ses mains se posèrent délicatement sur ses hanches avec des gestes contenus. Cette proximité fit dérailler le pouls de Marinette mais elle brava sa timidité et passa ses bras autour du cou d'Adrien avant de poser sa tête dans le creux de son épaule, tout contre son cœur. Toute la tension qui l'habitait jusque-là s'envola et la pression qu'elle ressentait depuis le début de la soirée retomba d'un coup. Être dans les bras d'Adrien lui conférait un sentiment de paix et de sérénité qu'elle n'avait que très peu ressenti auparavant, et ce sentiment était loin d'être désagréable. Se sentant en confiance, elle se laissa aller tout contre lui en fermant les yeux. Attendri, Adrien ne put s'empêcher de nouer ses bras autour d'elle et il posa sa tête contre la sienne, le cœur battant et les joues légèrement roses. Un doux sourire habillait ses lèvres, et il se demandait vaguement s'il s'était déjà senti aussi bien. Il se doutait que la petite personne qu'il tenait dans ses bras et qui avait enfoui son visage dans le creux de son cou y était pour beaucoup, et il la serra un peu plus fort contre lui, espérant ainsi lui transmettre toute la tendresse et l'amour qu'il ressentait pour elle.
Tous deux semblaient perdus dans leur monde, enfermés dans leur propre bulle alors que le monde continuait de tourner autour d'eux. Les autres élèves présents les dévisageaient tout en se faisant des messes basses avec de grands sourires mais Adrien et Marinette n'en avaient absolument pas conscience.
Nino profita de ce moment pour retourner discrètement à ses platines et lancer un morceau avec la complicité d'Alya. Une mélodie qu'Adrien et Marinette connaissaient bien s'éleva soudain dans la salle : le fameux morceau sur lequel ils avaient déjà dansé ensemble à la fête qu'avait organisée Chloé et sur lequel ils s'étaient littéralement envolés au clair de lune sur un toit à New-York résonna entre les murs du collège Françoise Dupont. Cette musique les replongea instantanément dans leurs souvenirs qui avaient pris une toute autre dimension depuis la révélation de leurs identités, et ils se blottirent inconsciemment un peu plus l'un contre l'autre, savourant cette proximité les yeux fermés. Alya ne perdit pas une seconde pour immortaliser ce moment avec son téléphone, mais ni Adrien ni Marinette ne s'en rendirent compte tant ils étaient absorbés l'un par l'autre, enfouis dans un cocon de douceur et d'amour. Ils se mouvaient tous les deux en parfaite harmonie au rythme doux et lent de la musique, profitant de ce moment au maximum. Leurs yeux étaient clos, comme pour préserver leurs sens et se focaliser sur l'instant présent, et leur expression était emplie d'un mélange de félicité, de tendresse et d'apaisement. Cette étreinte engendra un bouleversement sans précédent dans leurs cœurs, et ni l'un ni l'autre ne voulait rompre ce contact qui leur faisait tant de bien.
Le morceau prit fin beaucoup trop tôt à leur goût ; tous deux se redressèrent à contrecœur et ils se lancèrent un regard dans lequel se bousculait une foule de sentiments plus intenses les uns que les autres.
Adrien esquissa un doux sourire, ses bras toujours noués autour de la taille de Marinette. Son regard d'émeraude scintillait avec affection.
- Tu es vraiment magnifique ce soir, la complimenta-t-il soudain, les joues légèrement rouges. Enfin, tu es toujours magnifique, mais cette robe te va tellement bien, tu as encore créé une merveille. Tu as tellement de talent Marinette.
Ne s'attendant pas à de telles louanges, Marinette piqua un fard et détourna le regard. Adrien sentit sa gêne et s'écarta légèrement d'elle de peur de l'avoir blessée ou bien mise mal à l'aise sans le vouloir.
Adrien voyait bien que Marinette semblait toujours embarrassée en sa présence par moments, et il se doutait que son attitude avait certainement à voir avec un sujet qu'ils n'avaient pas abordé depuis la révélation de leurs identités respectives. Adrien craignait d'avoir brisé quelque chose entre eux avec ce baiser aussi spontané que stupide, et il voulait tout faire pour réparer leur relation. Et ce, même s'il devait faire face à une énième rejection.
Il risqua un regard vers sa coéquipière qui n'osait plus le regarder en face et il savait qu'il ne pouvait plus reculer. Il ne pouvait plus se mentir. Ils devaient avoir cette discussion, au risque de bouleverser leur relation à jamais.
Les mains légèrement moites, Adrien rassembla tout son courage et prit une grande inspiration.
- Marinette, est-ce que je peux te parler de quelque chose ? commença-t-il.
Marinette leva les yeux et lui lança un regard incertain, une lueur d'inquiétude s'allumant dans ses grands yeux bleus.
- Je vois bien que c'est quelque chose qui t'a mis mal à l'aise et je voulais m'excuser, dit-il en détournant le regard.
La respiration de Marinette se fit plus hachée. Adrien déglutit.
- Je voulais te dire que... Je suis désolé de t'avoir embrassée. Le jour où l'akuma nous a attaqué sur la Tour Eiffel, précisa-t-il tout en sachant pertinemment que Marinette savait très bien de quel moment il voulait parler.
- J'espère que tu ne m'en veux pas trop, continua-t-il en fixant le bout de ses chaussures, les joues cramoisies. Mais j-je... enfin...
Ne sachant pas comment terminer sa phrase, il relâcha un long soupir pour se recentrer avant de continuer. Il refusait de tourner la page sans avoir pu lui ouvrir son cœur une dernière fois.
- Tout ce que tu as dit sur moi m’a tellement touché. Personne ne m'avait jamais dit de telles choses, j'ai même vraiment du mal à croire que tu aies pu penser tout ça de moi, je...
Il laissa échapper un petit rire dans lequel transparaissait une pointe d'amertume, comme s'il venait de prendre conscience que la réponse qu'il cherchait depuis des années était en réalité juste sous son nez.
- Ça fait un bon moment que je me voile la face, continua-t-il, le cœur serré. Que je me dis que tu n’es qu’une amie pour moi (Plagg n’arrêtait pas de se moquer de moi), mais tu as toujours été bien plus que ça. Je suis tombé amoureux de Ladybug dès le premier jour, mais la vérité, c'est que toi, Marinette, tu as toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Je ne m'en rendais simplement pas compte.
Il planta son regard dans celui de Marinette dont les joues étaient cramoisies.
- Tu ne peux pas savoir ce que j'ai ressenti en découvrant qui tu étais, confessa-t-il dans un souffle.
Sentant qu'il commençait à perdre ses moyens, il s'interrompit brutalement.
Comment pouvait-il être aussi désinvolte, taquin, et loquace en plein combat aux côtés de Ladybug, et perdre à ce point la face et ne plus trouver ses mots face à Marinette ?
La jeune fille continuait de le dévisager sans un mot, les yeux écarquillés et les joues rouges, et Adrien se demandait s'il ne devait pas faire marche arrière tant le silence qui était tombé entre eux était pesant. Peut-être pouvait-il prétendre à un accès de folie, ou bien peut-être pouvait-il simplement lui demander d'oublier tout ce qu'il venait de lui dire et de continuer sa vie sans se préoccuper de lui.
Malgré tout, une petite voix tout au fond de lui lui sommait d'aller jusqu'au bout.
Il prit une grande inspiration.
Un silence résonna, prémices d'une explosion imminente.
- Je t'aime Marinette, confessa-t-il d'une voix tremblante, le cœur au bord des lèvres. Je t'aime plus que tout. Mais je ne veux pas que mes sentiments pour toi créent de malaise entre nous. Je vois bien que tu ne ressens pas la même chose pour moi, alors je te promets d'essayer de ne plus t'importuner avec tout ça. Je sais bien à quel point ça t'a toujours énervée que je te déclame mon amour alors que tu ne me vois pas de la même façon, et je te promets que j'ai compris la leçon.
Adrien serra sa main un peu plus fort et la contempla un instant d'un air si doux que Marinette était à deux doigts de se dissoudre dans une combustion spontanée.
- Tu es la plus belle rencontre de ma vie, continua-t-il la gorge nouée. Je suis tellement heureux quand je suis avec toi, tu ne peux pas savoir à quel point. Alors si tu préfères que l'on reste amis, je- je le comprendrai et l'accepterai. Parce que je ne veux pas te perdre.
Au fur et à mesure qu'Adrien parlait, sa voix se liquéfiait, et il luttait vaillamment contre les larmes qui menaçaient de couler librement sur ses joues. Ce n'était pas le moment de craquer.
- Nous deux, on est une équipe avant tout, pas vrai ? ajouta-t-il avec un sourire teinté de tristesse. Toi et moi contre le reste du monde, et ça, ça ne changera jamais. Enfin, je l'espère.
Ne constatant aucune réaction de la part de sa coéquipière, Adrien s'interrompit, de peur d'envenimer les choses et de ne plus savoir comment trouver les mots justes. Il se mordit les lèvres, les joues rouges et le cœur au bord de l'implosion de s'être ainsi mis à nu devant la personne qui comptait le plus pour lui.
De son côté, le cœur de Marinette menaçait de fracasser sa cage thoracique tant il battait fort sous sa poitrine.
La jeune fille n'en croyait pas ses oreilles.
Adrien l'aimait.
Adrien l'aimait et il venait de lui faire la plus belle déclaration d'amour qu'elle n'avait jamais entendue.*
Une petite partie d'elle-même était toujours légèrement incrédule qu'Adrien puisse avoir des sentiments pour elle mais tout son être rayonnait de bonheur devant une aussi jolie confession. Elle était immensément touchée par les mots de son coéquipier, et elle voulait plus que tout le rassurer, lui assurer qu'ils seraient toujours une équipe, quoi qu'il arrive. Elle mourait d'envie de lui ouvrir son cœur à son tour, mais elle était terrifiée. Terrifiée à l'idée de lui dire ce qu'elle ressentait pour lui, terrifiée de gâcher ce moment magique et leur relation unique. Et cette idée l'effrayait bien plus que de perdre son Miraculous et de laisser Paris aux mains du Papillon.
Face à l'apparente hésitation et le mutisme de sa partenaire, Adrien baissa les yeux et relâcha la pression qu'il exerçait malgré lui sur les mains de Marinette. Lorsque la jeune fille sentit les doigts d'Adrien glisser entre les siens, elle les entrelaça et les serra de toutes ses forces, comme pour le dissuader de s'éloigner. Surpris, Adrien redressa vivement la tête et lui lança un regard empli de questions.
Marinette rassembla tout son courage et prit une grande inspiration.
- C-Comment est-ce que tu fais pour parler aussi facilement de ce que tu ressens ? lui demanda-t-elle au lieu de répondre à sa déclaration qui semblait avoir complètement détraqué son rythme cardiaque.
A ces mots, l'expression d'Adrien s'adoucit et un sourire compréhensif éclaira son visage.
- C'est parce que je trouve que c'est important de dire ce que tu ressens quand une personne compte pour toi, dit-il en caressant le dos de ses mains du bout du pouce, comme pour rassurer sa coéquipière.
La respiration de Marinette s'emballa.
- Je... Je...
Les mots restèrent coincés dans sa gorge.
Adrien lui lança un regard encourageant, mais Marinette détourna la tête et poussa un grognement, visiblement contrariée.
- Pourquoi est-ce que je suis terrifiée comme ça ! lâcha-t-elle avec une frustration évidente. Pourquoi je n'y arrive pas ?? Ça a l'air si simple pour toi !
Pour toute réponse, Adrien noua délicatement ses bras autour de la taille de Marinette et l'attira vers lui pour lui déposer un baiser sur la tempe qui la calma instantanément.
- De quoi est-ce que tu as peur ma Lady ? lui demanda-t-il d'un ton qui se voulait rassurant.
- De tellement de choses ! répondit-elle instantanément avec de grands mouvements de bras.
Sa frustration retomba et elle posa ses mains sur le torse d'Adrien, comme pour se donner du courage.
- Depuis la révélation de nos identités secrètes, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'une catastrophe va se produire, avoua-t-elle à voix basse sans oser le regarder. Papillombre est de plus en plus puissant, si jamais il s'empare de nos Miraculous, c'est la fin !
- Il ne gagnera pas. Tant qu'on est ensemble, on est plus forts, lui assura Adrien avec un regard déterminé.
Malgré l'assurance que dégageait son coéquipier, Marinette ne pouvait s'empêcher de se laisser ronger par le doute.
- Tu ne te rends pas compte, Adrien. Maintenant que l'on sait qui nous sommes l'un pour l'autre, si jamais le Papillon capture l’un de nous deux, c'en est fini des Miraculous, il gagnera sans problème ! Alors imagine ce qui se passera si je laisse parler mon coeur.
Un frisson involontaire parcourut son échine ; le cauchemar qu'elle avait vécu avec Chat Blanc et l'akumatisation de son coéquipier lui avaient déjà donné un avant-goût indélébile de ce qui pourrait potentiellement se produire s'ils laissaient libre court à leurs sentiments. Mais à présent, le fait de connaître leurs identités respectives peignait une cible monumentale sur leur dos et les rendait extrêmement vulnérables. Si par malheur Papillombre découvrait que Ladybug et Chat Noir étaient non seulement en couple mais qu'en plus, ils connaissaient également leurs identités respectives, leurs Miraculous seraient en grand danger et leurs vies deviendraient un véritable cauchemar.
Malgré tout, une lueur d'espoir commençait à se loger dans un coin de son cœur. Un espoir que tout finisse bien malgré tout. Car s'il y avait bien une personne en qui elle avait aveuglément confiance, c'était son coéquipier. Si Adrien lui assurait que tout allait bien se passer, elle n'avait aucune raison de douter.
Marinette secoua soudain la tête de droite à gauche, comme pour se remettre les idées en place. Son estomac se noua et elle leva les yeux vers Adrien, l'inquiétude se lisant clairement sur ses traits.
- Non non, je ne peux pas, ça implique trop de choses, asséna-t-elle, plus pour elle-même qu'autre chose. Ça serait une catastrophe.
- Ma Lady, je te promets que tout ira bien. Je sais à quel point ton rôle de gardienne est important et à quel point tu te bats pour faire régner l'ordre et la justice.
Le sourire d'Adrien s'étendit et son regard d'émeraude se fit plus doux.
- Depuis que je sais que c'est toi derrière le masque, je t'admire encore plus, tu sais. Tu es quelqu'un d'incroyable Marinette. Et j'ai une confiance absolue en toi. Je sais qu'un jour où l'autre, Papillombre ne sera plus qu'un mauvais souvenir, et ce sera grâce à toi.
Marinette sentit ses joues chauffer, et elle se doutait que son visage avait pris la même couleur que celle de sa robe.
- Tu n'as pas besoin d'enfermer ton cœur à double tour pour que tout aille bien, dit sagement Adrien. Ça te fera plus de mal qu'autre chose sur le long terme. J'en sais quelque chose, ajouta-t-il en détournant les yeux, le cœur serré.
Le regard teinté de tristesse de Marinette lui noua l'estomac. Malgré tout, un élan d'espoir le prit aux tripes et il plongea son regard incroyablement vert dans les yeux d'azur de sa coéquipière, comme s'il essayait de lire son âme.
- Qu'est-ce que tu en penses ? Est-ce que tu veux essayer de me parler de ce que tu as sur le cœur ? lui proposa-t-il avec une infinie tendresse qui fit enfin tomber les dernières barrières que Marinette avait érigées autour d'elle pour s'empêcher de souffrir.
Au bout d'une longue hésitation, Marinette prit une décision ; elle ne pouvait plus continuer ainsi à avoir peur.
Elle acquiesça timidement et le cœur d'Adrien tressauta sous sa poitrine. Il resserra inconsciemment son étreinte autour de sa taille, comme s'il pressentait que cette discussion allait bouleverser le cours de sa vie.
Marinette s'agrippa à ses épaules et prit une grande inspiration. Son cœur pulsait sourdement dans ses tempes et elle ne put empêcher une larme de couler le long de sa joue.
- J-J-Je t’aime Adrien, avoua-t-elle enfin du bout des lèvres.
Lorsque ces mots prirent sens dans l'esprit d'Adrien, son cœur s'arrêta. Un Big Bang de la plus haute magnitude se produisit tout au fond de son âme et une nuée de papillons s'envola dans son estomac.
Le visage de Marinette était cramoisi mais son regard, lui, était déterminé, à la fois teinté d'angoisse et d'une douceur presque palpable qui fit disjoncter le rythme cardiaque de son coéquipier.
- J-Je suis tombée amoureuse de toi le jour où tu m’as donné ton parapluie à la rentrée, continua-t-elle, tremblante de la tête aux pieds. Tu... Tu étais déterminé à arranger les choses entre nous alors que je n’avais fait qu’être horrible avec toi parce que je pensais que tu étais comme Chloé. Mais tu m'as démontré le contraire, et le garçon que j’ai découvert ce jour-là a instantanément pris toute la place dans mon cœur.
Marinette s'interrompit pour relâcher son souffle qu'elle n'avait pas conscience d'avoir retenu tout ce temps.
Complètement surpris, Adrien la fixait d'un air à la fois ému et choqué par cette révélation à laquelle il ne s'attendait pas.
- D-Depuis tout ce temps ?? bégaya-t-il, incrédule.
Pour toute réponse, Marinette acquiesça timidement et laissa échapper un petit rire humide. Si la déclaration de sa partenaire lui avait coupé le souffle, le regard à la fois timide et empli d'amour qu'elle lui lança le bouleversa complètement. Adrien n'en revenait pas. Son cœur pulsait sourdement dans ses oreilles et il avait bien du mal à garder son calme. Envahi par l'émotion, il la dévisageait d’une expression si émerveillée que Marinette piqua un fard et enfouit son visage dans les plis de sa chemise, arrachant un petit rire empli de tendresse à son coéquipier.
- Tu m'aimes, lâcha-t-il dans un souffle en articulant chaque syllabe, comme pour mieux en savourer le sens des mots.
L'expression éblouie qu'Adrien affichait à présent fit accélérer le rythme cardiaque de Marinette qui sentait ses joues chauffer. Sans crier garde, Adrien noua ses bras autour d'elle et la fit décoller du sol en tournant sur lui-même ; tout son être irradiait de bonheur. Marinette laissa échapper un glapissement de surprise et s'agrippa à lui avant de se laisser contaminer par la joie de vivre plus que contagieuse du garçon qu'elle aimait plus que tout. Elle éclata de rire et le serra dans ses bras, le visage enfoui dans le creux de son cou.
Autour d'eux, leur petit manège n'avait pas échappé au reste de la classe qui les observait de loin depuis le début de leur danse, mais Marinette et Adrien étaient bien trop absorbés l'un par l'autre pour remarquer quoi que ce soit.
Le sourire qu'affichait à présent Marinette contrastait grandement avec l'angoisse qu'elle avait pu ressentir quelques instants auparavant ; le cœur un peu plus léger, elle se blottit tout contre Adrien qui la reposa délicatement à terre sans rompre leur contact ne serait-ce qu'une seconde. Il la serra dans ses bras, et tous les deux s'abandonnèrent dans cette étreinte qui pansa toutes leurs blessures et balaya leurs derniers doutes.
- Je t'aime tellement Marinette, lui murmura-t-il au creux de l'oreille.
- Moi aussi je t'aime Adrien, répondit-elle aussitôt, le souffle court et les joues roses de bonheur.
Malgré la peur qui lui tenaillait toujours les entrailles, elle ne pouvait plus se mentir, ni refouler ses sentiments.
Elle aimait Adrien.
Elle l'aimait plus que tout et voulait passer le reste de ses jours à ses côtés.
Leurs visages étaient de plus en plus proches ; Adrien plongea son regard dans celui de Marinette, semblant lui demander la permission. Pour toute réponse, Marinette approcha un peu plus son visage, et le maelström d'émotions qu'Adrien pouvait lire dans ses yeux le bouleversa jusqu'au plus profond de son être. D'un seul mouvement, il combla le vide entre eux, et il pressa tendrement ses lèvres sur celles de sa coéquipière, tout son être explosant de bonheur à ce contact. Marinette répondit à son baiser et ferma les yeux, transportée dans une autre dimension.
Le temps se figea l'espace d'un instant.
Plus rien n'existait autour d'eux. Ce baiser était si doux et empli d'amour qu'ils flottaient tous les deux dans une bulle de douceur et de tendresse, un sentiment de félicité et d'apaisement coulant dans leurs veines.
Si Adrien pensait être tombé amoureux de Marinette depuis bien longtemps, ce qu'il ressentait à présent pour elle dépassait l'entendement. Une myriade d'émotions plus extraordinaires les unes que les autres parcourait son corps et étreignait son cœur de la plus belle façon qui soit, et il avait bien du mal à garder les pieds sur Terre.
Il venait d'embrasser sa partenaire, sa meilleure amie, la personne en qui il avait une confiance absolue et à laquelle il vouait une admiration sans bornes, et son coeur pulsait douloureusement de bonheur de savoir que ses sentiments étaient réciproques.
Cette extraordinaire amie qui était à ses côtés depuis le début, qui combattait les akumas de Papillombre avec ingéniosité et détermination tout en étant d'un soutien sans faille dans sa vie de tous les jours avait ravi son cœur de la plus belle façon qui soit. Cette jeune fille qui avait pansé ses blessures et qui savait lui redonner le sourire rien que par sa présence et sa chaleur.
Marinette leva les yeux vers lui et Adrien ne put s'empêcher de l'embrasser à nouveau avant d'enfouir son visage dans le creux de son cou, comblé comme il ne l'avait jamais été.
Des cris de joie et des sifflements autour d’eux les ramènent brutalement à la réalité. Ils réalisèrent avec embarras que toute la classe avait assisté à leur petite scène et tous poussaient des hurlements de joie et bondissaient littéralement sur place.
- ENFIN !! criaient certains, extatiques.
- C'EST PAS TROP TÔT !! renchérissaient d'autres avec de grands mouvements de bras.
Gênée d'être ainsi au centre de l'attention, Marinette enfouit son visage dans la chemise d'Adrien qui la serra contre lui avec un éclat de rire affectueux. Il lui déposa un baiser sur la tempe et lui murmura plusieurs "Je t'aime" à l'oreille qui détraquèrent complètement le rythme cardiaque de sa coéquipière. Combien de fois Marinette avait-elle rêvé d'entendre ces mots sortir de la bouche d'Adrien ? Combien de fois s'était-elle fait des films en séances très privées dans sa tête tout en étant persuadée que tous ses scénarios dignes de comédies romantiques hollywoodiennes ne se produiraient jamais ?
De voir Adrien aussi heureux après leurs confessions respectives lui donnait des ailes et elle réalisait à quel point elle s'était mis la pression pour rien. La terreur qu'elle avait pu ressentir quelques instants auparavant s'était presque entièrement dissipée, et même si leur histoire et leurs sentiments mutuels risquaient de compliquer les choses pour leurs alter egos masqués, pour la première fois de sa vie, tout lui semblait simple.
- C'est vrai que ce n'était pas si compliqué au final, pensa-t-elle à voix haute en se tournant vers Adrien. De te parler de mes sentiments, je veux dire.
- Je crois pourtant que tu as oublié l'essentiel, ma Lady, objecta Adrien.
Marinette lui lança un regard empli de questions.
- Tu as oublié de me dire quelque chose, expliqua-t-il cryptiquement, une lueur d'espièglerie s'allumant dans son regard.
- Comment ça ? demanda-t-elle, tout en regrettant d'avoir posé la question.
Le sourire taquin d'Adrien s'étendit en la voyant froncer les sourcils, et Marinette redoutait le pire.
- Je sais que depuis notre rencontre, tu as trois soleils dans ton cœur, récita Adrien avec un clin d'œil. Et-
Il fut interrompu par le grognement de frustration que Marinette poussa lorsqu'elle reconnut ses propres mots. Ces mots qu'elle avait écrit pour Adrien et qu'elle avait déclamé à Chat Noir quelques jours auparavant sur son balcon. Cette phrase provoqua un court-circuit dans son esprit, et la jeune fille réalisa brutalement qu'elle s'était en réalité exercée à déclarer son amour à Adrien avec... Adrien lui-même. Quelle ironie.
Cette pensée la plongea dans un profond embarras et elle se demanda vaguement si elle devait changer d'identité et migrer à l'autre bout du monde tant elle était mortifiée.
- ... et ils brillent si fort que dès que tu m'aperçois, tu fonds et il ne reste de toi que des gouttelettes étincelantes, continua Adrien d'un ton théâtral, visiblement fier de lui.
- Tu as un don pour tout gâcher, c'est fou ! lui rétorqua Marinette d'un air renfrogné en cachant son visage dans ses deux mains.
Pour toute réponse, Adrien éclata d'un rire sonore empli d'affection et Marinette se détacha légèrement de lui avec un soupir agacé. Adrien ne la laissa pas aller bien loin et l'attira à nouveau contre lui en laissant échapper un soupir de contentement.
Le cœur gonflé de bonheur, il resserra son étreinte autour de sa taille. La fille la plus extraordinaire au monde l'aimait, et Adrien savait qu'il ne voulait plus jamais quitter le creux de ses bras qui l'enveloppait de tant d'amour.
- Je t'aime ma Lady, lui glissa-t-il à l'oreille.
A ces mots, Marinette leva les yeux au ciel avant de se radoucir et de plaquer un baiser sonore sur sa joue.
- Je t'aime aussi mon Chaton, répondit-elle, ses grands yeux bleus scintillant de bonheur.
A cet instant précis, un immense fracas ébranla le sol sur lequel ils se tenaient, les obligeant à s'accrocher l'un à l'autre pour garder l'équilibre. Des cris de terreur fusèrent autour d'eux. Tous leurs sens en alerte, Adrien et Marinette se redressèrent d'un même mouvement et jetèrent un coup d'œil rapide autour d'eux.
- Un akuma ! cria soudain Alya. Mettez-vous tous à l'abri !
Adrien n'attendit pas une seconde de plus pour prendre la main de Marinette et l'entraîner vers les toilettes. Ils se lancèrent un regard déterminé accompagné d'un sourire complice et se transformèrent main dans la main.
- Toi et moi contre le reste du monde, ma Lady ?
- Toi et moi contre le reste du monde, mon Chaton.
FIN
Notes:
*(Pour le bien de cette histoire, nous allons prétendre ici que la déclaration de Luka n'a jamais existée)
Et voilà !
Merci beaucoup d'avoir suivi cette histoire, n'hésitez pas à me laisser un petit mot si vous avez aimé ❤️A côté, je continue toujours de travailler sur Le Battement d'ailes du Papillon, j'espère pouvoir bientôt poster le prochain chapitre, mais je dois encore avancer. Envoyez-moi des bonnes ondes !


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