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Bleu Givré

Summary:

Isagi se blesse à la cheville durant un entraînement de patinage et Kaiser qui voulait absolument patiner avec lui depuis qu'il l'a vu, lui donne une bonne raison de patiner avec lui maintenant qu'il est blessé.
C'est l'intrigue.

Chapter Text

Isagi est connu dans le monde du patin à glace pour son caractère calme et gentil.
C'était un garçon qui n'a jamais causé de problème, qui est toujours à l'heure, bien élevé et de bonne compagnie.
Il a des amis dont il se soucie quand ils sont en retard à l'entraînement, il est toujours présent aux entraînements, et est une personne assidue, intelligente et passionnée par son sport.

Le patin à glace était toute sa vie.
Depuis petit il était fasciné par les figures impressionnantes faites par les patineurs, il adorait les voir si libre et plein de grâce, et pensait un jour pouvoir égaler le talent de son idole.
Isagi regardait des lives à la télé, il a demandé à ses parents de l'inscrire à des cours de patins à glace à 5 ans et n'a pas arrêté d'y aller depuis.

Depuis ses 5 ans, Isagi a gagné des prix, changé de coach et de compétition pour gagner en visibilité. Maintenant patineur au Blue Lock, une patinoire réunissant les talents prometteurs, il s'était vu attribuer un nouveau coach et une nouvelle vie.
Ses parents étaient fiers de le voir partir réaliser son rêve, même si leur bébé n'était plus à la maison.

Isagi était connu dans le monde du patinage pour son caractère simple et son talent exceptionnel pour le patinage. Depuis petit il avait un style unique de glisse fluide et artistique, ses gestes était souple et ses membres assez flexibles pour donner l'impression à tous qu'il dansait véritablement sur la glace.
En plus de son talent incroyable qui ont fait de lui, un des piliers de Blue Lock, son coach lui reconnaissait un perfectionnisme sans faille et une détermination à devenir le meilleur sans pareille.

C'est d'ailleurs pour cela qu'il a averti Isagi de ne pas en faire trop, le corps d'un athlète est mis à rude épreuve, il doit se reposer.

Isagi n'a pas écouté.

Et pendant un énième entraînement où il répétait ses sauts, en se réceptionnant, il a de suite sentit que sa posture n'était pas bonne.
Mais il n'a pas pu empêcher son pied de mal retomber sur la glace et de se tordre d'un coup.
Isagi a de suite sentit la douleur est et tombé sur la glace en suivant, il n'arrivait plus à poser le pied, tellement que son coach a appelé l'infirmière de la patinoire.

Isagi se souvient avoir attendu sur la glace qu'elle arrive, il se souvient des visages inquiets de ses amis, des phrases de réconfort et leurs mains dans son dos.
Mais il ne sentait que la douleur de sa cheville, immédiate, lourde et chaude.
Et de suite l'interrogation, est-ce que c'est grave ? Peut-il s'en remettre ?

Le constat était sans appel, Isagi s'était tordu la cheville et l'infirmière lui a conseillé de faire une radio juste pour voir l'état de celle-ci.
Ses parents ont pris rendez-vous et la radio était encore pire avec lui, le médecin lui a prescrit 1 mois d'arrêt.
Sa cheville était tordue mais surtout ses ligaments se sont en partie déchirés, une petite déchirure part sur l'extérieur. Méchante et maligne, assez pour empêcher Isagi de poser le pied par terre.

Assez pour l'empêcher de patiner.
Assez pour le faire s'arrêter de danser sur la glace.
Assez pour qu'il se demande s'il pourra un jour reprendre le patin à glace.

Au début son coach a empêché Isagi de venir aux entraînements, il voulait qu'il se repose et que son corps se remette tranquillement de sa blessure. Il a donc arrêté Isagi pour 1 mois, en prenant de ses nouvelles régulièrement.

Isagi ne répondait pas.
Sa blessure prenait toute sa place, le matin il ne pouvait pas marcher hors de son lit sans béquille, sa douche se faisait assis, se brosser les dents était atroce, faire à manger encore pire.
Isagi passait sa vie devant la télévision, regardant un monde inaccessible pour lui, sa jambe posée sur un coussin devant lui et soupirait.

Son téléphone sonnait mais il ne répondait pas, peu importe si c'était son coach ou ses amis, il ne voulait juste plus s'inquiéter, ne plus bouger sa jambe.
Il avait peur de la perdre.
Toute sa carrière qu'il a passé à construire lentement, ça ne pouvait pas se terminer comme ça, n'est ce pas ?
Chaque jour sa blessure lui faisait mal, chaque jour il avait honte de s'être blessé comme un débutant, et il était terrifié de ne plus pouvoir patiner.

Mais peut-être qu'après plusieurs semaines à s'ennuyer tout seul, à passer son temps devant la télévision, peut être que c'était l'heure de sortir.
Isagi voulait juste voir comment tout le monde allait. Il en avait marre de rester enfermé comme un animal, il a donc rapidement répondu à un message de son coach qui lui demande de venir le voir.
1 mois est passé et la blessure d'Isagi s'est rétablie, il peut de nouveau se tenir debout normalement, et il a troqué ses béquilles pour une atèle pour plaquer sa cheville.
Et même avec le feu vert du médecin, Isagi refuse de reprendre les patins.

Il regarde d'un air mélancolique la patinoire gelée, entend le raclement des lames dessus mais il ne peut pas y participer.
Son coach ne comprend pas pourquoi il veut arrêter le patinage artistique, Isagi lui explique qu'il est blessé et que s'il se blesse à nouveau au même endroit, il doute que sa cheville ne se brise pas.
Isagi a peur.

Il est terrifié.
Il a travaillé tellement dur pour en arriver ici, il ne veut pas que sa carrière s'arrête maintenant à cause d'une blessure. Mais c'est inévitable s'il continue dans cette voix.
Isagi sent en posant son pied, cette gêne, cette douleur chaude et sensible. Son pied est guéri mais encore fragile, un mouvement de travers pourrait tout détruire.

Alors il préfère rester en retrait, observer avec jalousie les autres réussir là où il avait échoué.

🧊

Kaiser était le rival par excellence d'Isagi.
Contrairement à lui, Kaiser vient d'une famille de patineur et sa mère était connue dans le monde pour son élégance sur la glace.
Et il semblerait qu'elle l'a transmise à son fils.

Kaiser était un homme charismatique et élégant, sa grande silhouette musclée, ses cheveux blonds doré et ses yeux fins le rendait inoubliable.
Contrairement à Isagi qui était fluide et élégant sur la glace, Kaiser avait un style plus puissant et précis, ses gestes était comme des coups dans le cœur mais effectués avec la précision du chirurgien.
Kaiser était technique, il enchaîne vaillamment les sauts et les figures. Son corps entraîné supporte tout, jusqu'à ce que le jury lui donne la note maximale.

Quand Blue Lock a choisi Kaiser pour intégrer ses rangs, Kaiser a fait la rencontre d'Isagi.
Il avait entendu parler de lui quand il l'a vu gagner un prix prestigieux quelques mois auparavant.
Kaiser avait été impressionné par l'agilité du petit, son corps était petit mais musclé, il faisait des sauts hauts et gracieux, ses bras fluides s'enroulait autour de lui comme des ailes.
Isagi dansait sur la glace, enchaînant ses figures avec fluidité et grâce.

Kaiser voulait le voir patiner devant lui, il voulait comprendre les gestes du petit et le tenir dans ses bras pendant qu'Isagi fera une figure pour saluer le jury.
Kaiser voulait patiner avec Isagi, à deux, comme des duos.

Mais Isagi ne lui a jamais laissé le choix.

Kaiser est connu pour son talent en patinage, mais il est aussi connu pour avoir une grande bouche.
Il est franc et joueur, il aime blaguer sur tout le monde et dire ce qu'il pense même si ça ne plaît pas.
Donc il se peut qu'il ai fait quelques blagues à Isagi, qu'il l'ai appelé par son prénom juste par principe, qu'il le touchait un peu trop et qu'il l'a tellement fait tourner en bourrique que les deux ont été interdit de se voir pendant les entraînements.

N'en voulez pas à Kaiser, Isagi était la personne la plus impressionnante, la plus intriguante et intéressante que Kaiser avait rencontré.
Il était doux, mais pas avec lui. Il faisait semblant de ne pas comprendre les flirts évident de Kaiser, il patinait tellement bien que Kaiser bavait à l'idée de porter Isagi dans ses bras dans une figure.
Plus Isagi traçait un fossé entre eux et plus Kaiser avait envie de le sauter pour le rejoindre.

Quand le blond est rentré à Blue Lock après son voyage d'entraînement en Allemagne, il a littéralement perdu son cœur.
Sa bonne humeur de retrouver un environnement connu a été éclipsé par le commentaire de leur coach inquiet pour Isagi.

C'est comme ça que Kaiser a appris l'existence de sa blessure.
Isagi est blessé ?
Comment il va faire pour patiner alors ?
Kaiser va de nouveau être seul ? Lui qui voulait tellement patiner avec Isagi...

Il a appris à quel point Isagi n'est pas revenu à la patinoire pendant le mois de guérison, comment il ne répondait à aucun message, sortait peu avec ses amis et s'est juste enfermé dans sa maison.
Le coach était inquiet et a demandé à Kaiser de l'aide, de s'assurer que Isagi allait bien.

Kaiser pouvait le dire. Isagi n'allait pas bien.
Il était bien plus maigre qu'il ne l'avait connu, son regard semblait froid et perdu, et il porte une atèle à la cheville droite.
Il semble vouloir s'éloigner du monde de glace, mais Kaiser sait comment faire pour le faire rester.
Alors il s'approche de lui, un sourire innocent mais des idées malsaines pleins la tête.
Kaiser a toujours ce qu'il veut, si ces flirts n'ont pas fonctionné au début, il fonctionneront un jour. Il ne perd pas espoir.

Chapter Text

- Qu'est-ce que tu fais là, tu es du mauvais côté de la barrière.

Kaiser le dit comme si c'était une évidence, son sourire confiant et rieur, se moquant de l'aspect pathétique qu'avait le petit en ce moment.
Isagi de son côté, redressait son dos voûté par sa posture assise dans les gradins, pour mieux voir Kaiser.
Celui-ci est revenu de son voyage en Allemagne et même si Isagi le déteste, il est content de le voir inchangé.

- Ce ne sont pas tes affaires. Tu ne dois pas y aller ? L'entraînement va se terminer.

- Le coach m'a chargé d'une mission et je compte bien la respecter.

Isagi comprend de suite que Kaiser parle de lui.
Les deux se déteste, enfin Isagi le déteste.

Kaiser ne peut pas le détester, pas quand le petit voit à quel point il le regarde comme s'il avait accroché des étoiles dans le ciel.
Kaiser a beau être un homme fier et confiant, il répète toujours à Isagi à quel point il l'aime, que son patinage est le plus beau qu'il ait vu de sa vie, qu'il est magnifique dans cette tenue moulante sexy et d'autres conneries du genre dont Isagi ce serait bien passé.

Il ne comprend pas pourquoi Kaiser a jeté son dévolu sur lui, pourquoi il le regarde patiner même durant les entraînements, pourquoi il pense que les deux feraient un bon duo alors qu'Isagi ne peut même pas le supporter 30 secondes.

C'est d'ailleurs pour cette raison, qu'il sait que leur coach est venu demander de l'aide à Kaiser. De tout ses amis, aucun n'aurait réussi à lui tenir tête comme Kaiser le fait, et si Isagi doit bien reconnaître quelque chose entre eux, c'est à quel point Kaiser le pousse toujours plus loin.
Isagi n'aurait jamais été aussi loin dans le patinage sans lui, c'est son rival, et ses taquineries sont assez stupides pour piquer son égo et le pousser à s'améliorer.

- Je n'ai pas besoin que tu rajoutes des problèmes dans ma vie Kaiser, va t'en.

Le petit recroquevillé sur son siège à plissé les yeux pour éviter de les lever au ciel et de montrer à Kaiser à quel point le voir l'indiffère.
Si jamais Isagi pouvez vous donner un conseil, c'est de ne jamais répondre aux blagues et au flirt de Kaiser.
Parce que le blond saura toujours mieux vous répondre que sa première tentative et mieux vous faire chier en prenant de votre temps.
Si en plus ça ne caresse pas son égo aussi gros que la patinoire.

- Pas avant que tu m'expliques ce qu'il s'est passé.

Tous les deux savent de quoi parle Kaiser. Isagi le regarde sans ciller, espérant trouver une réponse sur le front méchés de bleu de l'allemand.
Kaiser est son rival, est-ce qu'il doit vraiment tout lui raconter ?
Le public et même ses plus proches amis ne savent pas ce qui l'habite, alors pourquoi devrait-il mettre Kaiser devant ceux qui compte le plus pour lui ?

- J'ai fais un faux mouvement.

Finalement Isagi le lui crache comme s'il parlait d'une erreur stupide.
Il ne va pas parler d'à quel point il veut tout arrêter maintenant, et même si ça fait chier Isagi que son rival connaisse sa plus grande faiblesse actuellement parce qu'il sait à quel point Kaiser pourrait en profiter pour se moquer à nouveau de lui, il sait aussi que Kaiser mérite de savoir au moins quel genre de connerie Isagi a faite pour en arriver là.

En retour, le blond quitte son expression joueuse pour une plus décontractée, et hausse simplement des épaules peu impressionné par le ton sec et tranchant de son rival assis.

- Ça arrive.

Cette phrase énerve immédiatement Isagi, parce que s'il y a bien une chose qui ne doit pas arriver dans une carrière d'athlète, c'est bien une blessure. C'est pour ça qu'ils font des échauffements et des étirements tout le temps pour éviter de se blesser et d'écourter leur carrière.
Donc non, être blessé n'arrive pas dans une carrière d'athlète, et si ça le fait, alors tous savent à quel point cela démarre un compte à rebours.
Isagi crispe sa mâchoire.

- Pas à moi.

Kaiser apparaît d'abord surpris par le ton sourd et menaçant de son rival. Isagi n'était pas connu pour être si virulent, mais Kaiser s'adapte vite à son caractère de cochon.
Il arbore son traditionnel sourire moqueur et pique un peu plus fort l'égo du petit.

- Donc tu as décidé d'arrêter juste pour une chute ?

C'est pour cette raison qu'il ne voulait rien dire à Kaiser, il faut toujours qu'il le provoque plus fort, qu'il le pousse plus loin.
Il pousse toujours les mauvais boutons qui déclenche si bien Isagi.
Maintenant frustré, il hausse sa voix.

- Ce n'est pas juste une chute ! On est à Blue Lock ici, je n'aurai pas dû faire cette erreur.

Quand Isagi le dit, Kaiser entend de la colère, mais quand il le regarde crier Kaiser comprend qu'Isagi a peur.
Il le voit dans son regard fixé sur la glace, penseur, mélancolique.
Il le voit dans ses tentatives de fuir la glace, grinçant des dents si fort qu'il peut les entendre racler l'une sur l'autre.
Kaiser sent et voit à quel point il veut y retourner, il le sent dans les tremblements de jambes contre le sol.
La patinoire c'est son territoire, mais Isagi a peur.
Quelque chose l'empêche d'y retourner.

- Pourquoi tu as peur ?

Les moqueries précédentes de Kaiser sont effacées par son ton devenu subitement très sérieux.
Il n'était plus question de se moquer ou de piquer un ego, mais de comprendre.
Kaiser est quelqu'un de fier, mais Isagi est le seul envers qui il se soucie vraiment.

- Je n'ai pas peur.

Le petit ne le regarde pas, ses yeux brûlent le sol et sa bouche crache un poison qui pourrait faire fondre le plastique des sièges.

- Alors pourquoi tu ne patines pas en ce moment ?

- Tu ne peux pas comprendre.

Kaiser sait à quel point Isagi a raison.
Il n'a jamais été blessé parce qu'il sait à quel point le repos est important, il se réserve toujours des séances de bain et de massage pour remettre son corps après une compétition.
Une blessure dans leur carrière signifie beaucoup, même si elle semble bénigne, une blessure ne doit jamais être minimisée.
Kaiser se sent un peu coupable de ne pas avoir vu à quel point Isagi se surmenait.

- C'est vrai, mais je trouve ça dommage d'arrêter ta carrière maintenant, tu ne trouve pas ?

Du coin de l'oeil Kaiser pouvait voir les autres finir leur entraînement et partir de la patinoire, saluant discrètement les deux de loin d'un geste de main discret.
Le blond sent à quel point ils ne savent pas comment gérer Isagi quand il est dans un état comme ça, ils les comprend.
Quand Isagi est en colère ou passionné par quelque chose, il peut devenir plus compétitif et violent. Kaiser en a fait les frais, il est habitué à supporter Isagi dans tous ses états.

Mais maintenant qu'il les regarde partir vers les vestiaires, un plan germe dans sa tête.
C'est exactement ce qu'il voulait, Isagi et lui sont seul, la patinoire est libre...

Isagi n'a même pas eu le temps de répondre à la question, Kaiser s'est approché de lui d'un pas et d'un geste de bras, il saisit le téléphone qu'il tenait entre ses mains.
Le pauvre ne s'attendait certainement pas à ce que le blond devienne si physique, il pensait qu'il resterait à bonne distance de lui, voire partir quand il comprendra à quel point Isagi n'a pas le temps, ni la patience de gérer ses questions idiotes.
Pourtant il est là, s'éloignant en courant de lui, son téléphone entre les mains.

Tout était si rapide que le temps qu'Isagi se lève et crie sur Kaiser de lui rendre ce qui lui appartient, celui-ci venait d'enfiler une paire de patin à glace et s'élance d'un coup puissant de jambe.

- Rends moi ça !

Isagi boite dans les escaliers, incapable de plier sa cheville avec son atèle, ses sourcils froncés de colère fusille le blond actuellement en train de regarder son téléphone ouvert.

Kaiser n'écoute pas ses cris, il sourit pensivement en regardant les messages qu'il a envoyé à ses parents avec le téléphone dans une main comme un appât.

Ses pas sont lourds mais gracieux, comme chaque techniques que Kaiser exécute.
Isagi de son côté regarde son téléphone dans les mains du blond, ses deux pieds à la limite de la glace.
Le blond redresse le regard au centre de la glace, jaugeant le corps blessé juste devant lui.

- Si tu le veux tellement, viens le chercher.

Isagi a dû mal à croire que Kaiser lui fait un coup comme ça, il voit bien qu'il ne peut pas aller sur la glace avec ses baskets, il va se faire mal et aggraver sa blessure.

- Kaiser je suis sérieux, rends moi mon téléphone.

Mais le blond fait la sourde oreille, il tend la main derrière son oreille comme s'il n'entendait pas bien alors que les deux sont à peine à vingt mètres et il recommence à patiner lentement devant Isagi comme s'il le narguait.

- C'est pas vrai, tu es un tel gamin.

Il refuse de jouer au même jeu que cet idiot d'empereur, s'il veut regarder ses messages qu'il le fasse, il sait ce que Kaiser cherche et il n'est pas question qu'il le lui donne.

- Et toi tu es trop sérieux, allez viens ici.

Il déteste particulièrement le sourire confiant du blond, comme s'il savait d'avance qu'il avait raison et que le petit allait le suivre.
Comme si c'est en donnant des ordres qu'Isagi obéit le plus...

- Oh je suis tellement flatté. Tu discutes de moi avec tes parents ?

C'est dans le visage blême que Kaiser tire toute sa satisfaction. Il n'avait jamais eu ce visage avant aujourd'hui, le blond hausse un sourcil intrigué par ce que Isagi dit de lui à ses parents.

- Kaiser !

- Je ne te voyais pas comme ça Yoichi ! Tu aimes me répéter à quel point ma technique est bancale mais tu dis tellement de bien sur moi à tes parents. Tu devrais me les présenter je suis sûr qu'ils aimeraient rencontrer celui dont tu dis tant de bien.

Isagi a littéralement retrouvé ses couleurs, un peu trop même.
Il n'a jamais eu aussi honte de sa vie.
Bien sûr Kaiser est son rival, le seul qui a chamboulé la vie d'Isagi avec la force d'un ouragan.
Il l'a appelé par son prénom, patine comme un dieu et le complimente à longueur de journée en espérant qu'il accepte de patiner en duo avec lui.
Qu'est-ce qui lui faut de plus pour qu'il arrête ?

Alors Isagi a parlé de lui à ses parents, et bien sûr vu comment il en parle, ils ont aussi dit à quel point ils voulait rencontrer l'allemand.
Isagi n'a jamais donné suite à leur demande, expliquant qu'il était étranger et que c'était compliqué.
Tellement faux.

Isagi refusait de jouer à un énième jeu malsain, mais le problème avec Kaiser, c'est qu'il ne s'arrête jamais. Il continue à le pousser jusqu'à ce qu'Isagi le repousse en retour.
Il n'a pas le choix, il n'est pas question que Kaiser voit ce que ses parents ont dit, il a déjà trop honte comme ça.
Alors il se baisse sortant ses patins de son sac, un souvenir vieux d'un mois.
Il enlève son attelle, laissant sa peau et son membre respirer depuis sa blessure le mois dernier.
Puis il a posé son premier pied sur la glace.

Il avait presque complètement oublié la sensation de ses pieds contre la glace, c'était comme s'il apprenait à patiner de nouveau.
Le froid, le crissement des lames sur la glace, tout était à la fois accueillant par son air familier et effrayant par des souvenirs qu'il voulait oublier.

Son corps était tendu malgré ses lourdes inspirations, chaque fois il se souvenait de sa chute, de la douleur dans sa cheville. Ses pas était tellement hésitant qu'il pensait glisser contre le sol froid.
Avant que Kaiser n'apparaisse.
Il s'approcha lentement de lui, montrant qu'il n'allait pas lui foncer dessus.
Ses mains ont rangées le téléphone d'Isagi dans l'une des poches de veste, avant qu'il ne tende les mains vers lui.

Isagi était surpris, déjà par la fluidité naturelle dont faisait preuve Kaiser sur la glace, et surtout par le contact chaud des mains du blond qui entoure ses bras.
Ce stage en Allemagne semble lui avoir donné en aisance et en musculature.

- Détend toi.

C'était plus facile à dire qu'à faire, et dans ce genre de situation, tout le monde frapperait celui en face de lui pour dire une chose aussi stupide.
Mais pas Isagi.
Pas quand Kaiser le regardait si tendrement, un regard plein de douceur, qui ne le lâchait pas et disait clairement "Je sais que tu peux le faire".

Isagi hésitait encore, il pouvait sentir comment son cœur battait fort, stressé, effrayé.
Le petit pouvait encore reculer, sortir et retourner sur la terre ferme plus confortable et accueillante que celle froide et cassante.
Mais Isagi n'en avait pas envie.
Il savait que s'il restait aussi passif, il n'arriverait pas à retourner dans ce monde qu'il a connu. Peut-être qu'en fait quand il a arrêté le patin, il attendait juste que quelqu'un comme Kaiser le trouve et le pousse de nouveau.

Et la confiance que Kaiser place en lui, ce regard qu'il identifie comme des sentiments forts, sont tout ce dont il a besoin pour arrêter de trembler et laisser Kaiser le guider tranquillement sur les côtés de la patinoire.
Leurs premiers pas sont lent, Isagi retrouve son équilibre sous la pression rassurante des mains sur ses bras.

Il ne sent aucun jugement, ni dans le sourire doux, ni dans les yeux bleus comme de la glace éclairée qui le regarde avec beaucoup d'appréciation.
Isagi est vraiment déstabilisé, au début il ne fait pas beaucoup d'effort mais Kaiser reste quand même à ses côtés, tenant ses bras comme s'il avait besoin d'une aide pour être poussé.

Puis après un tour de piste, Isagi reprend conscience et arrête de fixer bêtement les yeux de Kaiser.
Il se reconcentre sur ses pieds et les fait fonctionner correctement, évitant de trébucher.
Tous leurs gestes sont prudents, Kaiser tient fermement les bras d'Isagi pour le stabiliser, voyant bien à quel point il n'est pas trop concentré sur sa manière de patiner.

Et après un tour, il le voit commencer à réellement patiner. Ses gestes sont plus fluides même s'il reste hésitant.
Kaiser lâche les bras pour glisser sur les poignets du petit mais Isagi ne le laisse pas partir.
Il ne l'avouera pas, mais il a eu peur que Kaiser le lâche et le laisse faire tout seul, alors oui il a agrippé en retour les manches de la veste du blond en espérant qu'il comprenne que Isagi a encore besoin de lui.

Cela déclenche un petit rire étouffé de la part de l'allemand, il regarde à quel point les mains sont serrées autour de ses manches, l'empêchant catégoriquement de partir.
Mais ça ne le dérange pas, Kaiser n'irait nulle part actuellement, pas quand il a l'objet de ses désirs entre ses bras, patinant enfin avec lui comme il l'a toujours rêvé.

Isagi est trop concentré sur le sol pour savoir à quoi ressemble le visage du blond, mais il sait qu'il se fout de sa gueule, et Isagi ne peut pas lui donner tord, son lui du passé rigolerai probablement en voyant comment il patine comme de la merde actuellement.

Mais Kaiser ne dit rien, il resserre sa prise sur les poignets puis lance Isagi autour de lui, le poussant à faire un cercle, à glisser à nouveau.
Isagi suit les mouvements, retrouvant le réflexe de pencher ses chevilles pour accompagner le mouvement et aller plus vite.
Le blond remarque à quel point Isagi patine mieux et pour tester ça, il prend les mains du petit et le fait tourner audacieusement sur lui-même.
Une main au-dessus de sa tête noire, Isagi se laisse rapprocher puis tourner comme une danseuse.

Et pendant un court instant en suspension près de lui, Isagi se sent voler. Ses patins gratte la glace, son corps tourne instinctivement pour suivre son mouvement de main.
Puis il revient dans les bras de Kaiser, celui-ci le rattrape doucement stabilisant sa taille de ses mains chaudes.

- Pas mal, tu n'es pas aussi rouillé que je ne le pensais.

Isagi lève les yeux au ciel, agacé par le retour de son comportement enfantin mais reste dans ses bras, aimant le contraste entre la chaleur du corps et la fraîcheur de la glace sous ses pieds.

- Tu peux patiner. Mais si tu as si peur de te blesser à nouveau, patine avec moi. Je serais celui qui te portera, t'aidera et te guidera sur toute tes figures. Tu pourrais toucher à un nouvel aspect du patinage avec moi, découvrir de nouvelles figures.

Pour une fois, les deux rivaux sont face à face, leur regard se croisent mais il n'y a aucune provocation à l'intérieur, plus de taquinerie ou de colère.
Kaiser dit la vérité dans ce qu'elle a de plus simple et brute, il dit ce qu'il pense sincèrement. Il veut voir Isagi sur la glace à ses côtés.
Isagi écoute sand juger, sand réfléchir. Il n'a jamais pensé que ce rival arrogant puisse être aussi sérieux, aussi concentré sur quelque chose.

Isagi hésite un instant, pesant le pour et le contre.
Il veut patiner à nouveau, ressentir de nouveau cette sensation, mais pas sous le joug de Kaiser.
Mais cette petite séance était bien, il était sérieux et à l'écoute de son corps, Kaiser était bizarrement attentionné avec lui.

- N'y réfléchi pas trop aujourd'hui, je vois ton cerveau surchauffer d'ici. Donne moi ta réponse dans quelques jours si ça te va.

Kaiser l'a ramené sur la terre ferme, faisant trembler Isagi dans sa manière de marcher.
Puis il lui a redonné son téléphone, non sans lui donner son numéro en supplément.

🧊

Isagi y avait réfléchi toute la nuit, il savait à quel point cette décision pouvait changer toute sa carrière, et il ne voulait pas se précipiter. Il a appelé ses parents, demandant leur avis sur ce qu'il avait choisi, ils ont juste répétés à quel point ils seraient fier de leur fils peu importe la voie qu'il choisirait.

Isagi savait qu'il avait des parents incroyable, c'était eux qui l'appelait toujours à la fin d'une compétition, lui disant qu'il était fabuleux à la télévision.
Ils venaient parfois le voir s'entrainer quand ils prenaient des vacances, préparant son dessert favori après une victoire.

Ses parents avaient toujours été là derrière lui, le poussant, l'accompagnant toujours là où il avait besoin d'aide.
Il regrette de ne pas avoir avoué à quel point il se sentait mal à cause de sa blessure, mais il ne voulait pas les inquiéter.

Il est donc arrivé le lendemain matin dans le bureau de son coach, celui-ci était à peine en train de commencer son café qu'Isagi s'est avancé vers lui, le regard de nouveau brûlant de passion.

- J'ai bien réfléchi hier. Ma cheville va m'empêcher d'être aussi habile qu'avant, mais je sais qu'en commençant un duo, je pourrais m'appuyer sur lui pour éviter de me blesser à nouveau.

Puis il a prit une profonde inspiration avant d'annoncer sa réponse d'un ton ferme

- Je veux bien commencer un duo avec Kaiser.

La tasse de café en l'air s'est arrêtée.
C'était la première fois depuis l'arrivée de Kaiser à Blue Lock, qu'Isagi accepte de commencer un duo avec lui. Il a toujours été contre, il a toujours refusé de patiner avec lui, pourquoi maintenant il aurait changé d'avis ?

- Tu en es sûr ? 

Isagi regardait son coach parler, une voix posée, étrangement calme par rapport à la surprise qui envahi les traits de son visage.

Oui, il en était sûr.

Il a eu le temps d'y réfléchir assez longtemps pour savoir que Kaiser allait être insupportable avec lui toute sa vie, qu'il aurait toute la matière dont il a besoin pour faire honte à Isagi jusqu'à sa mort. Mais pourtant cette option était la meilleure.

Il n'aurait plus à assurer seul, il serait supporté, aidé dans ses figures, tout en gardant un minimum de liberté.

Il ne pouvait pas juste jouer avec son corps comme avant.

Isagi hocha la tête sans la moindre hésitation et pour la première fois depuis sa blessure, il arborait de nouveau son regard bleu brûlant, le genre de regard qui ne l'habite que quand il s'entraine, quand il fait ce qu'il aime.

Après un long silence entre eux, le coach soupira de soulagement, content d'avoir enfin son patineur prodige dans les rangs. Il avait eu raison de demander de l'aide à Kaiser finalement, d'ailleurs en parlant de lui...

- Très bien. Je vous mettrai sous forme de duo à partir d'aujourd'hui, votre entrainement va commencer dès qu'il sera arrivé, prépare toi et surtout évitez de vous entretuer.

Le petit a acquiescé ne relevant pas la tentative d'humour de son coach, puis est partit s'asseoir dans les gradins en attendant que Kaiser ne vienne.

Pendant ce temps, dans l'obscurité de la chambre du blond, celui-ci a du se réveiller sous les vibrations incessantes de son téléphone contre sa table de chevet.
Tout le monde savait qu'il ne fallait pas réveiller Kaiser, parce que son apparence au réveil le rend grognon et chiant, il ne supporte personne au réveil, même pas Isagi.

C'est donc en bordel qu'il a décroché en voyant son coach l'appeler.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Aucun commentaire sur le ton acerbe du patineur.

- Isagi a accepté de patiner avec toi en duo, il t'attend pour le début de votre entrainement.

Kaiser a cligné des yeux plusieurs fois dans un silence tel que le coach pensait qu'il venait de se rendormir, ou de raccrocher à choisir.
Il entend cependant le blond privé de soufle, demander d'une voix pleine d'incrédulité.

- Il a dit quoi ? 

Le léger craquement aigu à la fin de la phrase était assez drôle pour faire sourire leur coach qui a répété une seconde fois la même phrase.

Kaiser a frappé son visage comme si la douleur pouvait le réveiller d'un rêve, mais il était toujours là, assis dans son lit, le téléphone dans la main.
Le blond écarquilla les yeux, un sourire étirant ses lèvres avant qu'il ne raccroche et ne saute en dehors du lit avec une nouvelle énergie.

L'impact de ses mots était tel, qu'aujourd'hui Kaiser n'était pas en retard.

Il a enfilé sa tenue d'entraînement, et à couru le plus vite possible jusqu'à la patinoire.
Quand il est arrivé, il a claqué la porte, ne saluant pas l'agent d'accueil et courant droit vers les gradins.
Isagi était là, assis en train d'écrire sur son portable, sûrement à ses parents. Il l'attendait calmement, contrairement à Kaiser qui s'était réveillé en trombe, les cheveux à moitié coiffé, et clairement essoufflé.

Dès qu'Isagi a remarqué sa présence, Kaiser s'est précipité en avant et avant que l'un d'eux ne parle, le blond l'a étouffé dans ses bras.
Isagi n'a rien fait sur le moment, il était sous le choc.
C'est la première fois que Kaiser devient si physique, avant ce n'était que pour le taquiner, mais cette étreinte est forte et chaleureuse, comme...
Un remerciement.

Pour Isagi ce duo était seulement une solution, pour Kaiser ce duo signifiait bien plus, c'était une chance, c'était ce qu'il désirait depuis qu'il est arrivé ici.

Alors en retour le plus petit à entouré un bras sur le dos fort du blond, pressant sa paume sur une de ses omoplates.
Il voulait juste lui prouver que c'était réel, qu'avec son contact, le blond comprenne qu'il ne rêvait pas et qu'ils sont maintenant liés qu'il le veuille où non.

- Va t'habiller tu nous met en retard.

Et rien qu'avec ça, Kaiser est parti mettre ses patins pendant qu'Isagi l'attendait pour monter sur la glace.

Chapter Text

Heureusement pour Isagi, la patinoire était vide ce matin là, elle venait à peine d'être refaite par les resurfaçeuses donc la glace était plus lisse, idéal pour patiner.

Enfin si bien sûr les deux savaient comment commencer.

Leur premier entraînement était simple, comme les deux n'ont jamais fait de duo, ils allaient apprendre à se faire confiance.

La confiance était un bien grand mot pour Isagi qui respirait comme si un camion appuyait sur son torse. Son corps était tellement tendu que Kaiser devant lui pouvait se faire passer pour un chewing-gum.

- Détend toi, en te voyant comme ça on dirait que je vais te balancer contre le mur.

Isagi fronça un peu les sourcils très conscient de la tension dans tout son corps.

- Je ne suis pas habitué à ce genre de choses avec toi.

- Le fait de patiner avec moi te dégoûte tant que ça ? Pourquoi m'as-tu choisi alors ?

Isagi pince ses lèvres se retenant de sauter sur le sourire narquois du blond pour le lui arracher, c'est exactement pour ça qu'ils n'ont jamais été un duo. Kaiser ne fait aucun effort avec lui, il ne peut même pas se mettre 5 minutes à sa place et se taire le temps qu'Isagi se calme.

Même s'il sait que Kaiser le taquine pour détendre l'atmosphère, il n'aide pas Isagi a se calmer. Ce n'était pas tant Kaiser le problème, c'était qu'Isagi n'a jamais patiné avec quelqu'un d'autre que ses parents et une fois avec son coach pour voir comment il se débrouillait au début de son contrat avec Blue Lock.

Il n'aimait pas particulièrement l'idée de donner une partie de son équilibre, de son contrôle sur son corps à quelqu'un. Il avait l'impression d'être à découvert.

Kaiser aillant vu son malaise s'est avancé lui-même vers Isagi avant de lui tendre la main, lui laissant le choix de la prendre ou de la repousser, même si tous les deux savent déjà que le petit l'a prendra.

- Je ne vais pas te laisser tomber, fais moi confiance, laisse moi te guider juste aujourd'hui.

Isagi hésitait encore, mais le ton soudainement sérieux et le regard respectueux dans les yeux clairs ont fini de le faire céder.
Il mit sa main dans celle plus grande du blond et le laissa sourire plus fort, puis se mit à patiner lentement, l'entraînant avec lui.

Leurs premiers pas étaient hésitant, malgré l'exercice d'hier c'était Kaiser qui menait la danse et tirait Isagi encore un peu incertain mais faisant plus d'effort.

Ses pas ne les ralentissaient plus et après plusieurs secondes à trouver son rythme, ils ont fini par patiner l'un à côté de l'autre, une main entrelacée dans l'autre.
Kaiser remarque à quel point Isagi ne sait pas trop comment positionner ses pieds par rapport aux siens, il ne le touche pas mais semble plutôt maladroit avec, un peu comme s'il venait d'apprendre à patiner.

- Ne réfléchis pas à mon positionnement, laisse toi aller.

Kaiser lui montre ce qu'il entend par là en suivant, un bras contre la taille fine, il le pousse sur le côté le forçant à utiliser son corps pour glisser autour du corps du blond.
Kaiser stabilise sa posture par son bras qui le retient et sa main qui le tire, l'empêchant de tomber.

Pour une fois Isagi n'a pas le contrôle, il se laisse aller dans le bras solide de l'allemand avant qu'il ne le tire contre lui.
Aussi proche, il est difficile pour Isagi de voir ses pieds, il ne réfléchit donc pas et laisse son corps faire sans voir.
Et ça marche, dès qu'il ne réfléchit pas, il n'a pas peur de ce qu'il peut se passer. Son corps obéit seul, il agit et se synchronise avec celui du blond.

Leurs pieds trouvent des interstices où se mettre, ils se frôlent mais ne se touche jamais. Comme si tout était calculé.

Kaiser utilise leur premier virage comme un essai, il plie ses chevilles pour glisser le long de la barrière et retient une nouvelle fois Isagi de tomber de son bras sur sa taille.
Pour la deuxième fois, Isagi le laisse manœuvrer, il sent son corps poussé, allongé au dessus de la glace, volant entre les mains du blond.

Leur figure ne dure jamais assez longtemps pour qu'il en profite.

- Tu te débrouilles bien.

Isagi essaye de ne pas sourire.
Il échoue.

Bientôt les deux font bouger leurs chevilles ensemble, Isagi avait l'impression de danser sur la glace, que son corps n'était pas vraiment en train de patiner mais de discuter.
Kaiser lui répond, son corps ondule de la même manière que le sien, reproduisant ses petits mouvements de patins pour glisser habilement.
C'est très confortable, il regardait juste les jambes de Kaiser et les siennes se synchronisent automatiquement, elles font exactement pareil, à la seconde près.

C'était étrangement rassurant de savoir que Kaiser pouvait le rattraper, son corps semblait fait pour ça, il tenait Isagi si fort qu'il était impossible pour lui de tomber ou de se faire mal.
Ce sentiment le rendait euphorique.

À un moment, la hanche de Kaiser est venu pousser la sienne de façon ludique, comme s'il s'amusait avec lui. En retour Isagi a poussé sur sa jambe gauche repoussant un peu le corps musclé du blond.
Les deux se sont poussés doucement, maîtrisant leur force pour éviter de s'envoyer contre le mur. Isagi n'a jamais été aussi content de patiner avec quelqu'un, Kaiser n'était pas seulement un rival, c'était le meilleur compagnon avec qui il pouvait patiner.

Avec lui, il sentait que son potentiel avait trouvé un nouveau sommet, il se sentait libre et compris. Son corps n'a jamais semblé si léger et puissant.

Quand le virage arrive, Kaiser passe de nouveau un bras autour de sa taille et le pousse à venir sur son côté droit.
Isagi le fait pendant le virage, une main le tient toujours et le bras droit de Kaiser le pousse sans même qu'il ne patine.
C'est agréable.

Les deux corps s'arquent l'un contre l'autre, et ils passent le virage sans aucune difficulté. Leurs chevilles ne se sont pas touchées et ils continuent leur route sur la ligne droite.

- Tu me fais confiance ?

Isagi voulait le taquiner parce que de toute façon il était bien obligé de lui faire confiance. Mais étrangement il n'a rien dit.
Il a simplement hoché la tête, déstabilisé par le chuchotement dans son oreille.

Et pour le ramener sur terre, Kaiser l'entoure de son bras puis tourne son corps pour jeter Isagi plus loin.
Les deux sont sur une ligne droite et Isagi voit Kaiser lui sourire, il semble satisfait par sa réaction avant que Isagi devant lui ne lui fonce dessus.
Ça semble inattendu.

Pourtant Kaiser fait la même chose et les deux au lieu de se rencontrer, se frôle l'un l'autre, leurs mains se trouvent puis les font se rapprocher jusqu'à frapper le torse de l'autre.
Leur souffle les quitte, et ils restent juste un instant comme ça, les bras sur la taille fine, les mains autour des hanches musclées.
Et le souffle saccadé, les joues rouges et le corps tremblant encore sous l'effort.

Les deux le savent, ils ne doivent pas forcer, la cheville du petit est fragile et il faut l'habituer lentement à faire de plus en plus d'effort.
Mais ils sont content, cet entraînement était excellent, les deux se sont fait confiance, leurs figures était presque parfaite et ils ont trouvé leur rythme.

- C'était difficile ?

Isagi a détourné le regard ne supportant déjà plus d'être dans les bras du blond, surtout si c'est pour supporter son ton moqueur.

- Oh tais toi, tu gâche toujours tout.

Kaiser rigole ouvertement de lui, laissant Isagi partir de sa prise et sauver le peu d'honneur qui lui reste. Même si leur entraînement était vraiment bien, il reste toujours le fait que Kaiser est chiant.

Il s'apprête à partir de la glace quand il sent une paire de bras l'entourer et l'empêcher de partir.
Encore une fois Kaiser a réussi à le surprendre, ses bras sont si solidement attachés à sa taille qu'il n'arrive pas à en sortir.

- Ne sois pas si pressé de fuir.

Isagi sursaute dès qu'il entend le blond marmonner dans son oreille, une de ses mèches teintes caressant doucement sa peau.

- Je ne fuis pas.

- Alors avoue que tu as apprécié ça.

Isagi tourne son visage pour faire en sorte que le souffle chaud ne plonge plus dans son oreille.

- Ouais c'était pas mal.

- Pas mal ? Alors j'ai du imaginer ton sourire tout à l'heure...

Bien sûr que le ton moqueur du blond était une blague, Isagi claque sa langue gêné qu'il ait dû voir ça.

- Sûrement.

Kaiser ne répond rien, mais son sourire dit tout ce qu'il pense.
Puis il finit par relâcher sa prise sur son corps et laisse Isagi partir, non sans lui parler.

- Ne soit pas en retard demain, d'accord ?

Isagi prend son sac pour se changer avant de tourner son regard vers le blond derrière lui, un sourire malicieux déchire son faciès.

- Tu m'en diras tant.

Kaiser le laisse partir un sourire aux lèvres, appréciant secrètement comment Isagi semble troublé.

🧊

Lorsqu'Isagi est rentré chez lui, le silence de son appartement était plus pesant que d'habitude. Et pendant un léger moment, il s'est dit qu'il manquait quelque chose d'important dans cette pièce sombre et froide.
Il secoua la tête pour arrêter d'y penser, refermant la porte derrière lui et s'y adossa un instant.

Les yeux fermés, écoutant simplement sa respiration encore saccadée d'avoir marché longtemps. L'odeur de la glace s'attardait sur ses vêtements d'entrainement, mêlée à une note presque imperceptible du parfum de Kaiser.

Isagi ne chercha pas à définir quel genre de parfum il portait, il retira de suite sa veste de sport blanche et bleue comme si l'avoir sur lui allait le contaminer, la jeta sur le dossier de son canapé situé sur sa route, puis il s'approcha de sa baie vitrée.
Il n'avait même pas allumé ses lumières, laissant la lumière du soleil de midi éclairer son salon.
En dessous de son appartement situé au dixième étage, la ville s'étalait sous lui, parsemée de routes pleines de voitures et de rues piétonnes. 

Son reflet se dessinait légèrement sur la vitre : un visage encore rougi par l'effort, des mèches sombres collées à son front, des lèvres entrouvertes comme s'il venait à peine de retrouver son souffle.

Isagi n'arrivait pas à calmer son esprit, celui-ci tournait en boucle.

Il repensait à l'entrainement, aux gestes doux des mains de Kaiser autour de lui, aux contacts innocents mais laissant une trainée chaude le long de sa peau, aux frissons qui n'avaient rien à voir avec le froid mordant de la glace.
Sans s'en rendre compte, Isagi avait laissé Kaiser rentrer plus profondément qu'il ne le voulait.
Il ne savait pas si Kaiser avait un don pour ça, mais ce qui est sur, c'est qu'il avait franchit toutes les barrières qu'il avait érigé autour de son cœur.

Et dire qu'il y a plusieurs heures de ça, il le détestait viscéralement. 

Maintenant Isagi tolère sa présence ennuyante, apprécie voir son inquiétude et aime ses contacts.
Lentement Kaiser s'était insinué sous sa peau, patiemment il s'était creusé une place que Isagi ne soupçonnait pas, ne voyait pas.
Le blond était dans ses pensées avant même qu'il ne s'en rende compte, repassant pour la troisième fois son entrainement ce matin.
Pour la première fois, il l'avait laissé faire. Il avait eu confiance en lui, il s'était laissé guider, porter, effleurer sans reculer.

Pourquoi ?

Isagi passa une main dans ses cheveux en espérant que ce geste lui permette de mieux creuser ses méninges, mais la réponse n'est pas venue.
Il savait que ce n'était pas juste l'adrénaline du moment, ce n'était pas non plus l'excitation de retrouver la glace après un mois d'absence, c'était autre chose.
Quelque chose de plus profond, de plus troublant.

Ses mains tremblantes lui ont fait baisser le regard, regardant comment elles se souvenaient elles aussi de la sensation des doigts chauds de Kaiser sur les siens.
Il referma les poings, les serrant si fort qu'il pouvait les entendre grincer, puis il inspira profondément pour se reconcentrer.

Il ne pouvait pas se permettre de perdre pied.

De nouveau motivé, il se détourna de la fenêtre, alluma la lampe au dessus de son canapé et laissa échapper un soupir pour évacuer son stress.
Demain à l'entrainement, quand il aura prit une douche et aura bien dormi, il aura l'esprit plus clair.
Isagi porta machinalement une main à son torse, cherchant à calmer les battements irréguliers de son cœur. Il ne pouvait pas se laisser distancer par Kaiser, il devait se concentrer sur leur programme, sur l'objectif qu'ils s'étaient fixé.

Et ignorer cette chaleur troublante qui refusait de s'éteindre en lui.

Chapter Text

Isagi avait eu raison hier, une bonne douche, quelques petits entrainements seuls dans le parc pour réentraîner son corps et une douce nuit de sommeil l'ont remis d'aplomb.
Il se sentait prêt à attaquer leur entrainement. Et il semble qu'il va en avoir besoin.

Aujourd'hui leur entraînement était différent de celui de la veille, leur coach était satisfait de voir à quel point leur duo s'entendait bien sur la glace. Hier encore, il avait encore des doutes quant à la possibilité que les deux travaillent ensemble, mais il semblerait que le talent d'Isagi de s'adapter à n'importe qui ne soit pas infondé.
Ce duo pouvait avoir de l'avenir, ils étaient encore jeune mais prometteur.

Mais aujourd'hui ses doutes ont disparu, il peut voir les deux danser sur la glace depuis son bureau, observant comment leurs gestes sont maitrisés autour de l'autre.
Il avait demandé aux deux de faire un exercice plus exigeant aujourd'hui, quelque chose qui nécessite une véritable confiance entre deux patineurs et aussi un peu de talent.

Les deux devaient exécuter une figure où Isagi devait se coller au ventre de Kaiser et suivre les mouvements de ses jambes avec une synchronisation parfaite.
Si jamais Isagi venait à être désynchronisé, ses jambes pourrait percuter celle du blond et les faire tomber sur la glace.

Bien sûr, leur coach ne s'attendait pas à ce qu'ils réussissent du premier coup.
Leurs premières tentatives furent hésitantes, dès que Kaiser venait apparaitre dans son dos, Isagi crispait ses épaules comme s'il se protégeait. Tous son corps se raidissait au contact chaud du corps du blond, ce que Kaiser remarqua rapidement.

- Tu vas devoir me faire confiance.

Kaiser s'était approché bien trop près de son visage, murmurant à quelques centimètres de son oreille dans un souffle chaud et perturbant. Isagi n'a pas su répondre.

Même s'il sait à quel point le blond est en train de se moquer de lui, même s'il déteste absolument comment son corps le trahi à chaque toucher simple. Isagi a simplement avalé sa salive, tentant de masquer son trouble.
Il n'aimait pas ce qui était en train de ce passer, les bras forts autour de sa taille qui le rende fébrile, la chaleur torride entre eux qu'il ne contrôle pas.
Tout semblait contre lui.

Il se reprit, inspirant profondément et tenta la figure une nouvelle fois.

Cette fois-ci, même s'il s'y était préparé le contact fut intense.
Isagi sentit la chaleur du corps de Kaiser à travers les couches des vêtements d'entrainement, son dos fut prit d'un long frisson quand le froid a été subitement remplacé par une longue couche chaude, les bras s'était de nouveau refermés sur sa taille fine.
Et il entendit le long souffle dans le creux de son oreille, faisant remonter une onde de chaleur depuis son ventre.
Toutes ces sensations l'ont perturbé, plus qu'il ne l'aurait voulu, et pendant un instant, il perdit brièvement l'équilibre. 

Kaiser qui avait clairement remarqué la tension croissante dans les muscles sous ses doigts, resserra en une fraction de seconde sa prise sur la taille pour l'empêcher de tomber.

Les jambes tremblantes de petit ont cessées de fonctionner, encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer.
Encore une fois Kaiser l'empêche de tomber, encore une fois il s'est laissé avoir.

- Désolé. On recommence.

Isagi n'arrivait pas à maitriser sa voix trop tendue, trahissant le fait qu'être avec Kaiser le déstabilise plus qu'il ne le laisse paraître.
Sa voix craque sur ses excuses, son corps tremble encore et Kaiser ne bouge pas.

Ses bras sont encore solidement maintenu sur la taille d'Isagi, le serrant de plus en plus près contre lui. Puis quand il est certain que le petit ne peut plus s'échapper de son contact, Isagi sent l'allemand caresser sa joue de la pointe de son nez.

Le nez posé contre sa peau est descendu dans son cou, en même temps Isagi pouvait l'entendre rire, le genre de rire que Kaiser fait quand il se moque de quelqu'un.
Et avant que Isagi ne s'énerve le blond souffla.

- Pas avant que tu me répondes.

Sa voix était bien plus basse et grave que ce qu'il avait prévu, envoyant une vague de chaleur plus forte dans ses joues déjà rouge.
Kaiser continue de le déstabiliser.

- Tu aimes ça, pas vrai ? 

Isagi n'était pas en face de Kaiser, mais il se sentait examiné par ses yeux clairs.
Il baissa le regard sur les mains sur son estomac noué, et la glace sous ses pieds.

La voix de l'allemand était un brin moqueuse, mais derrière Isagi pouvait discerner une douceur inhabituelle.

Au fond de lui, Isagi sentait déjà où Kaiser voulait en venir.
Mais il n'était pas question d'en parler maintenant, surtout pas devant lui.
Les sentiments qu'il ressent au plus profond de lui ne seront jamais révélés, Isagi va les enfouir pour les faire disparaitre sous une couche de déni si grosse que même l'égo de Kaiser ne pourra rivaliser.
Il pensait sincèrement que les oublier serait plus facile que d'en parler.
Isagi fronça les sourcils, agacé de sentir le corps de Kaiser dans son dos.
Il tenta de reculer, mais Kaiser l'a maintenu en place grâce à ses bras autour de sa taille, pendant un court instant leur souffle se sont presque touché.

Isagi ouvrit la bouche pour protester, mais aucun son n'en est sortit. Kaiser sourit lentement, profitant de son trouble pour enfoncer le clou.

- Je savais que tu finirais par t'y habituer.

Isagi ne pu s'empêcher de rougir, incapable de nier le fait qu'être contre Kaiser était plus confortable qu'être sur de la glace froide et dure.
Pourtant, il n'a rien dis, il n'était pas prêt de l'admettre.

- Reprenons l'entraînement.

Cette fois-ci Isagi a parlé plus sèchement, tranchant entre leur deux corps pour se séparer de Kaiser.
Celui-ci obéi, laissant Isagi partir de sa prise dans un sourire victorieux.

🧊

Après l'entraînement, alors qu'ils retiraient leurs patins, Kaiser déclara soudainement :

- Viens, on va prendre un café.

Isagi qui était en train de ranger son sac releva la tête vers le blond maintenant habillé de vêtements décontractés.

- Maintenant ?

La surprise dans le ton du petit a fait glousser Kaiser qui a hoché la tête avant de le regarder comme si Isagi était l'idiot qui ne comprenait rien.

- Évidemment. On a bien mérité une pause, non ?

Isagi hésita un instant, se demandant si suivre Kaiser pouvait lui être bénéfique.
Ce n'est pas qu'il n'aime pas le café mais...

Mais Kaiser ne lui pas laissé le choix, il a attrapé le poignet d'Isagi et l'a entraîné hors de la patinoire, direction un café à emporter.
Isagi pensait le frapper et lui hurler dessus pour l'avoir surpris de cette manière, mais sur tout le trajet jusqu'au café, Kaiser a continué de jouer avec lui.
Isagi ne pouvait rien faire, il a du supporter le blond qui s'amusait à tester ses différentes réactions, à glisser des remarques qui le faisaient rougir malgré lui.

Une fois arrivé devant son immeuble, Isagi se rendit compte qu'il avait commandé un chocolat chaud et que Kaiser avait prit un café frappé.
Et avant de monter les étages d'escalier, il hésita.
Isagi n'aimait pas l'idée de montrer à Kaiser où il habitait exactement, il pourrait s'en servir plus tard pour l'embêter à son réveil ou le soir.
Mais il était trop tard pour reculer.

Kaiser l'a suivi, montant les escaliers assez proche pour les faire tomber s'ils venaient à faire un faux pas.

- T'aimes ça, hein ?

Isagi redressa la tête vers le blond qui le regardait d'un sourire en coin.

- Quoi ?

- Être proche de moi.

Isagi ouvrit la bouche pour réfuter, mais même s'il semblé outré, aucun mot ne franchi ses lèvres.
Kaiser qui était maintenant dans le couloir proche de sa porte s'était approché un peu plus près, sa voix un peu trop basse, son regard un peu trop intense.

- Avoue-le.

Isagi préféra détourner les yeux jusqu'à ce que Kaiser parte, mais l'allemand n'est jamais parti. Il est resté à ses côtés devant sa porte attendant patiemment une réponse.

Finalement, après un long silence tendu où Isagi se battait avec lui même, il abdiqua, murmurant :

- Peut-être...

Kaiser a simplement sourit plus fort, son visage rempli d'une grande satisfaction. Il avait eu ce qu'il voulait, même si Isagi semble encore se battre contre lui.

- C'est tout ce que je voulais entendre.

Avant qu'Isagi ne puisse réagir et lui crier dessus, Kaiser ajouta :

- Ce soir, rejoins-moi à la patinoire. Je veux patiner, juste nous deux.

Isagi voulait le frapper et l'envoyer par dessus la rambarde d'escalier, mais au lieu de lui crier dessus, il a simplement demandé :

- Tu as les clés ?

Le blond tourna sa tête vers lui un sourire entendu :

- Évidemment. Je t'attendrai.

Ce qu'Isagi ignore encore, c'est que Kaiser ne comptait pas juste travailler leur synchronisation ce soir-là.