Chapter 1: OS 1 : Retour à la normale...ou presque
Summary:
La guerre est terminée, et Erik retourne à son quotidien...enfin presque, il y a quelques changements notables. Mais aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Yuya, donc ce n'est pas le moment d'y penser, n'est-ce pas ?
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Erik se réveilla dans sa chambre, comme à son habitude. Il sortit de son lit, s’habilla et rejoignit le salon grâce à la rampe comme à son habitude. Il embrassa sa mère sur la joue en lui souhaitant une bonne matinée puis se servit son petit-déjeuner et le savoura. Une matinée classique. C’était parfois effrayant de constater à quelle vitesse il avait repris ses habitudes quotidiennes, comme si des semaines passées dans d’autres dimensions ne l’avaient absolument pas impacté. Tout était revenu à la normale, et Erik supposait que c’était pour le mieux…bon, tout n’était peut-être pas exactement comme avant.
Sinon, son père ne serait pas en train de petit-déjeuner face à lui.
« -Bonjour Erik, lui sourit-il.
-B’jour Pa » marmonna-t-il entre deux bouchées avant de détourner le regard et de se reconcentrer sur son petit-déjeuner.
Il minimisait autant que possible ses conversations avec son père. C’était pour le mieux. Il ne voulait pas s’énerver dès le matin. De toute façon, son père allait bientôt partir à Heartland : il avait décidé de continuer ses cours là-bas, et il y passait ses journées, donc Erik n’aurait pas à interagir avec lui. Soudain, quelque chose lui cacha la vue. Des mains.
« -Devine qui c’esttttt ! »
C’est vrai, il n’y avait pas que la présence de son père qui changeait ses habitudes.
« -Pas dès le matin Kei ! » se plaignit-il gaiement.
Kei retira ses mains et s’assit à côté de lui, et ils se sourirent. Contrairement à son père, Kei avait été très présent dans sa vie ces dernières années. Mais sous la forme d’un esprit vivant en lui. Ne plus entendre sa voix dans sa tête mais le voir physiquement sous ses yeux, c’était complètement différent. Il lui arrivait parfois de dire quelque chose à Kei…en pensée, puis de réaliser qu’il n’avait pas pu l’entendre. Erik se sentait alors comme un bouffon et se mettait à bégayer. Rougissant en repensant à ses dernières humiliations, Erik détourna le regard de Kei et se concentrant à nouveau sur la nourriture.
« -Il va bientôt être l’heure d’aller suivre vos cours à You Show vous savez ? »
Erik manqua de s’étouffer en entendant la voix de Ray. L’esprit fantomatique les observait, flottant aux alentours du toit. Encore un nouvel élément de la vie d’Erik…bon, peut-être que tout n’était pas exactement revenu à la normale finalement.
« -Je ne vais pas en cours aujourd’hui en fait, s’excusa Kei. Je vais aider madame Yoko à préparer le gâteau pour l’anniversaire de Yuya.
-Moins fort ! glapit Erik. Déjà qu’il se doute qu’on lui prépare quelque chose, s’il t’entend…
-Yuya est déjà parti en cours, l’informa alors Yusho. D’ailleurs, je ne vais pas tarder à y aller moi non plus…
-Depuis quand Yuya est aussi matinal ? s’étonna Erik.
-Je…pense qu’il a cramé qu’on avait prévu quelque chose et il nous laisse la maison, avoua Erik, un peu gêné. Mais peu importe, on va lui faire le meilleur gâteau qu’il ait jamais mangé !
-J’en suis sûr, lui sourit Erik. Euh, du coup, à tout à l’heure Kei !
-Ah, Erik… »
Mais le jeune garçon s’était déjà levé. Suivi par Ray, il quitta la maison en courant.
En arrivant à You Show, Erik évita par réflexe un coup d’éventail de Yuzu.
« -Eh !
-Tu es en retard !
-Ce n’est pas une raison pour me frapper !
-Au fond, intervint Sora, c’est lui qui se pénalise. Il a tout loupé. »
Sora, Futoshi et Ayu regardaient Yuya affronter Tatsuya. Le duel se terminait, Yuya envoyant son Dragon Pendule aux Yeux Impairs attaquer le monstre de Tatsuya.
« -Et comme il affronte un monstre de niveau 5 ou plus, les dommages sont…
-doublés ! crièrent en cœur Sora, Ayu et Futoshi.
-AAAHHHH ! » hurla Tatsuya.
VICTOIRE DE YUYA
« -C’était un beau duel ! le félicita Yuya en l’aidant à se relever. Tu as fait beaucoup de progrès !
-Merci Yuya ! sourit Tatsuya. Pendant que vous vous battiez dans les autres dimensions…je ne pouvais pas rester à rien faire ! Je savais que je n’allais probablement pas atteindre un niveau suffisant pour vous être utile, mais je…je voulais vraiment devenir plus fort.
-Et tu l’as fait, le complimenta Yuya. Affrontons-nous encore, d’accord ?
-Oui, Yuya !
-Plus tard ! intervint Yuzu. On a cours je vous signale.
-Oui Yuzu ! » répondirent-ils tous en cœur avant de se diriger vers la salle de cours.
Sortant du terrain de duel, Yuya se retrouva face à son frère, et le salua :
« -Bonjour Erik. Bonjour Astral.
-Salut Yuya, répondit Erik, tu t’es levé tôt.
-Bonjour Yuya Sakaki, répondit Ray sur un ton neutre.
-Tu n’es pas obligée de m’appeler par mon nom complet tu sais ? » fit remarquer Yuya avec un rire gêné.
Depuis qu’ils avaient « défusionné », Yuya et ses doubles étaient également capables de voir Ray. Peut-être que l’énergie utilisée pour les séparer avait été créée par le pouvoir de ZeXal, cela avait donné à Yuya et ses doubles la capacité de la voir. Ray ne comprenait pas vraiment elle-même comment ça fonctionnait. Toujours est-il que Yuya pouvait maintenant la voir…et Yuto avait pu voir l’esprit qui avait monté son frère contre lui ces trois dernières années. Lorsque Ray avait voulu parler à Yuma, qui avait semblé effrayé, Yuto s’était interposé et avait clairement fait comprendre à l’esprit qu’il ne voulait pas d’elle près de son frère. Erik était donc obligé de se la coltiner, d’autant plus qu’ils avaient fait le test : même s’ils pouvaient maintenant la voir, Ray ne pouvait pas rester seule avec un double de Yuya, c’était toujours à proximité des doubles d’Erik qu’elle devait être.
« -Psst, Erik. »
Les murmures de son frère tirèrent Erik de ses rêveries. Il réalisa qu’il avait commencé à ressasser tout ce qui lui était arrivé ces dernières semaines pendant le cours, qu’il n’avait donc pas suivi. Bah, le cours était de toute façon porté sur l’invocation fusion – que Shuzo avait commencé à enseigner avec l’aide de Sora – et Erik avait de l’avance sur les autres sur ce niveau-là.
« -Oui Yuya ?
-Comment ça se passe avec Kei ? »
Erik faillit en tomber de sa chaise.
« -On…on est en plein cours, se retint-il de crier pour ne pas déranger le cours, ce n’est pas le moment.
-Allez, murmura Yuya en retour, je vois bien que tu ne le suis pas non plus. On maitrise tous les deux la fusion, tu sais bien que ça ne nous apprend rien.
-M-même…de quoi tu parles Yuya ?
-Tu aimes bien Kei, répondit Yuya comme si c’était un fait connu et pas quelque chose qu’Erik essayait de cacher. Donc je me demande comment évolue la vie amoureuse de mon petit frère… »
Au regard que Yuya lui lançait, Erik comprit immédiatement qu’il se vengeait pour toutes les fois où Erik avait mentionné que son crush pour Yuzu était évident. Erik adorait Yuya, vraiment. Mais là il avait envie de le frapper. Et Erik commençait à se demander s’il n’avait pas donner cette envie à Yuya toutes ces années. Une part de lui réalisa qu’il devrait peut-être s’excuser auprès de son frère, l’autre était trop énervée pour l’accepter.
« -Il n’y a rien entre Kei et moi, lâcha-t-il finalement sur un ton sec.
-Vraiment ? haussa un sourcil Yuya. Tu ne vas pas me dire que tu…
-Ce que je ressens pour lui n’est pas le sujet, le coupa Erik, pressé de finir cette conversation. Mais je…je n’ai aucune garantie qu’il ressentira la même chose.
-…Pardon Erik, mais vous avez passé les deux dernières années et demi à partager vos sensations et vos sentiments. Tu n’as pas une petite idée de s’il…Aïe ! »
Yuzu venait de frapper Yuya avec son éventail. Erik n’eût pas le temps de se mettre en position défensive avant de subir un coup à son tour.
« -ARRÊTEZ DE PERTURBER LE COURS ! cria-t-elle.
-Eh tu le perturbes plus que nous en criant et en faisant du bruit avec ton arme ! protesta Yuya. Non, non, je retire ce que j’ai dit, ne me refrappe pas… »
Malgré la douleur sur son crâne, Erik soupira de soulagement face à la fin de cette discussion. Le pire, c’est que le point que Yuya venait de faire valoir…était justement la cause du problème. Oui, il avait ressenti…quelque chose pour Kei pendant tout leur temps passé ensemble, et il savait que Kei avait ressenti la même chose. Mais pendant toute leur « cohabitation », ils avaient refusé de nommer ce sentiment, prétendant même que c’était peut-être un sentiment étrange dû à leur situation unique où leurs âmes n’en faisaient qu’une et qui provoquait une grande affection l’un envers l’autre…ni l’un ni l’autre n’avaient jamais été pleinement convaincus par cette explication, mais c’était moins gênant que de s’admettre l’autre explication alors que l’autre serait alors immédiatement au courant s’il y pensait, et devrait vivre avec ça sans aucune issue tant qu’ils partageaient un corps.
Sauf qu’à présent, ils avaient chacun leur corps et, du moins pour Erik, ce sentiment n’avait pas changé, donc…il devait admettre que l’autre explication était la bonne. Mais il doutait : parce qu’à présent que Kei n’était plus en lui, Erik ne savait plus ce que lui ressentait. Est-ce que Kei l’aimait toujours ? Ou bien, pour sa part, ce sentiment s’était estompé lorsqu’il avait retrouvé son corps. Erik ne le savait pas, et avait peur de le lui demander.
« Sauf que du coup, je me comporte bizarrement avec lui ces derniers temps » soupira intérieurement Erik. « Il va croire que je l’évite… »
« -Et c’est fini ! » déclara Yoko.
Elle sortit du four leur œuvre d’art : Kei saliva devant le gâteau. Il voulut s’en approcher pour le renifler, mais Yoko s’interposa :
« -Un instant jeune homme ! N’as-tu pas quelque chose à faire avant ? »
Kei haussa un sourcil. Yoko lui montra ses mains. Kei regarda les siennes : elles étaient pleines de farine.
« -Oh, pardon ! »
Kei se précipita vers l’évier pour se rincer les mains.
« -Merci d’être restée avec moi pour m’aider à faire ce gâteau.
-Oh, de rien. C’était un plaisir de vous aider ! Et puis, vous faîtes beaucoup pour moi en me laissant vivre ici…
-Tu n’as pas à t’en faire pour ça, protesta Yoko. Et puis, techniquement tu vis ici depuis trois ans.
-D’abord comme un enfant qui n’avait nulle part où aller, rétorqua Kei, puis comme un esprit vivant dans l’âme de votre fils. Ce n’est pas exactement la même chose. Academia est maintenant débarrassée du Professeur, je suis sûr que je pourrais aller habiter avec Jaden, mais…je ne me sentirais pas vraiment à l’aise là-bas. Alors, merci de me garder ici. »
Yoko pensa à rappeler à Kei qu’à 13 ans, il était encore un enfant, mais elle sentait que cet argument ne fonctionnerait pas. Malgré son jeune âge, Kei avait vécu ce qu’un enfant n’aurait jamais dû vivre. À la place, elle posa ses mains sur ses épaules, le surprenant, et lui dit :
« -Tu sais, ça ne me dérange vraiment pas. Tu n’en as pas conscience, mais à l’époque, avant ta disparition, j’avais prévu de t’adopter si tu étais d’accord.
-Vraiment ?! s’écria Kei, surpris.
-Oui. Donc tu vois, tu n’as pas à me remercier. J’ai toujours été disposée à t’accueillir ici. »
Elle marqua une pause, puis ajouta :
« -Enfin, c’est une bonne chose que ce ne soit pas arrivé au final, vu que tu sembles vouloir rejoindre ma famille d’une autre façon. »
Kei rougit et détourna le regard :
« -Euh, je…
-Pas la peine d’être timide, rit-elle. Est-ce que ça se passe bien avec Erik en ce moment ?
-Pas vraiment…on passe du temps ensemble, mais il écourte rapidement nos conversations et évite de se retrouver seul avec moi. Enfin, même si on ne serait jamais vraiment seuls puisqu’il y a Astral.
-Ah, réagit Yoko. Tu sais, connaissant Erik, je pense juste qu’il…
-Je sais, la coupa Kei. J’ai passé deux ans et demi dans la tête d’Erik, je sais comment il fonctionne. Il peut-être aussi idiot qu’un rocher parfois, et il est tellement têtu que c’est difficile de lui faire réaliser le problème.
-Je confirme, éclata de rire Yoko, tu le connais bien.
-Oh, rougit Kei en réalisant qu’il n’aurait peut-être pas dû en dire autant devant la mère du concerné. Désolé…je vais lui parler, il faut juste que je trouve le bon moment. »
Yoko sourit.
« -Je peux peut-être faire quelque chose à ce sujet… »
« Sérieusement ? » pensa Erik après énervement.
Après les cours, il avait reçu un message de sa mère, lui indiquant qu’il leur manquait un cadeau pour Yuya et qu’il fallait le lui acheter d’urgence. Elle avait envoyé Kei le chercher à la boutique, mais comme il ne connaissait pas bien la ville, elle craignait qu’il se perde, et demandait donc à Erik d’aller le chercher pour qu’ils rentrent ensemble. Sans y réfléchir, Erik s’était mis à courir à toute vitesse pour rejoindre l’adresse indiquée. Il trouva Kei justement en train de quitter la boutique et l’interpella :
« -Kei !
-Oh, coucou Erik.
-Il ne semble pas surpris de te voir, commenta Ray.
-Est-ce que ça va ? demanda Erik en ignorant l’esprit.
-Oui, pourquoi ?
-Je craignais que tu te sois perdu.
-Erik, je vis ici depuis trois ans. J’ai passé la majorité de ce temps logé dans ton esprit, d’accord, mais je sais quand même me repérer dans Maimi City.
-Ah…oui, comprit Erik, essoufflé. C’est vrai…Je suppose que ma mère n’y a pas pensé… »
« Et toi non plus » pensa Ray en roulant des yeux.
Ce qui se passait était assez évident à ses yeux. Erik n’avait même pas encore réalisé qu’il s’était retrouvé seul avec Kei – enfin, elle était là – et elle commençait à comprendre quel était le but de cette mascarade.
« -Eh, réagit Erik en reconnaissant la boutique, tu as acheté des cartes ?
-Oui, répondit Kei. Cela me gênait un peu de ne pas avoir de cadeau pour Yuya, mais madame Yoko m’a dit que ça lui ferait plaisir que je lui achète des boosters.
-Sûrement, approuva Erik. Bon, euh, rentrons maintenant.
-Attends ! » l’arrêta Kei.
Erik se retourna vers son double, attendant qu’il s’exprime. Kei sembla hésiter, puis il demanda :
« -On peut passer par le port ?
-Euh, cligna des yeux Erik, ça fait un sacré détour.
-Je sais mais le soleil ne va pas tarder à se coucher, on a une vue magnifique là-bas à cette heure. »
Erik haussa les épaules : il n’était pas vraiment sensible aux paysages, et puis il avait envie de rentrer au plus vite. Mais il croisa le regard suppliant de Kei…et il avait déjà perdu.
« -D’accord, accepta-t-il en soupirant.
-Super ! » lui sourit Kei.
Ils marchèrent donc en direction du port…silencieusement. Une gêne s’installa entre eux, et à chaque fois que l’un essayait de lancer une conversation en posant une question à l’autre, il répondait par une réponse brève, ne permettant pas à la discussion de se poursuivre. Erik se dit que c’était car il y avait trop de monde autour d’eux et qu’ils peinaient à s’entendre…excuse qui n’eût plus de sens lorsqu’en arrivant au port, ils se retrouvèrent seuls. Et le malaise devint difficile à ignorer.
« -Bon, soupira Ray, je vais prendre de l’avance.
-Hein ? réagit Erik. Mais… »
Mais rien : sans donner plus d’explications, l’esprit s’envola aussi loin que possible d’eux. Erik la vit s’arrêter quelques mètres plus loin, ce à quoi il s’attendait puisque Ray ne pouvait pas trop s’éloigner de lui, mais visiblement elle pouvait aller à une distance où ils ne s’entendraient même pas. C’était bon à savoir.
« -Mais quelle mouche l’a piquée ? demanda Erik.
-Va savoir, rit Kei.
-Enfin, un peu de tranquillité ne va pas nous faire de mal ! raisonna Erik.
-Tu dis ça, releva Kei, mais tu as accepté de la garder près de toi.
-Je n’avais pas le choix, répliqua Erik. Ce n’est pas que je me soucie d’elle, mais Yuma et elle se sont brouillés et clairement, rien de bon n’en sortirait si on les forçait à rester ensemble. Surtout que Yuto lui a explicitement ordonné de rester loin de son frère. Et je ne veux pas te l’imposer à toi. Crois-moi, si William n’avait pas disparu, je les aurais laissés ensemble sans plus y réfléchir.
-Tu mens, éclata de rire Kei, jamais tu ne lui aurais infligé ça.
-À William ou à Ray ? répliqua Erik. Dans les deux cas, tu surestimes ma clémence…mais oui, je n’aurais pas laissé Ray et William seuls ensembles. William aurait tenté de redevenir ZeXal, et ça nous a déjà posé assez de problèmes la dernière fois.
-Tu as raison, frémit Kei.
-Donc je dois m’occuper de cet esprit de malheur, soupira Erik. Tel est mon destin, celui de ne jamais être tranquille… »
Erik s’arrêta net, se disant que ce qu’il disait pouvait être mal pris : avant Ray, c’était Kei la raison de l’absence de tranquillité d’Erik. Mais Erik ne l’avait pas du tout vécu ainsi, au contraire, avoir Kei près de soi lui avait toujours fait du bien. Souhaitant se rattraper pour être sûr qu’il n’y ait pas de méprise, il ouvrit la bouche :
-Kei…
-Erik… »
Ils s’interrompirent, bafouillèrent, puis Erik déclara en premier :
« -Toi d’abord !
-D’ac…d’accord. Je voulais te parler de quelque chose. »
Le cœur d’Erik manqua un battement.
« -Est-ce que, euh…est-ce que ma présence chez toi te gêne ?
-Hein ? Non ! Du tout, qu’est-ce qui te fait penser ça ?!
-Non, rien, c’est, euh… »
Kei sembla avoir du mal à trouver ses mots, puis d’un coup, il sortit :
« -J’ai l’impression que tu as du mal à renouer contact avec ton père ! Et, euh, du coup, je me suis dit que ça te gênait peut-être que les choses ne soient plus comme avant, et je suis aussi une nouveauté, alors… »
Erik cligna des yeux, ne s’attendant pas à ça. À dire vrai, Kei non plus ne s’attendait pas à ça.
« Abruti » se dit le natif de la dimension fusion. « Madame Yoko a fait exprès que vous vous retrouviez seuls pour aborder le sujet et tu lui sors une excuse à la place. »
« -Je ne pensais pas que ça te perturbait, répondit finalement Erik. Laisse-moi te rassurer, ça n’a rien à voir avec toi.
-Oh, culpabilisa Kei en voyant que ça semblait affecter Erik, non, je…
-C’est juste… » continua Erik avant de s’interrompre.
Son regard se perdit alors dans le vide. Voir Erik ainsi fit reprendre son calme à Kei : inquiet, il demanda :
« -Erik…ne t’étais-tu pas réconcilié avec ton père dans la dimension fusion ? Je sais qu’à ce moment-là, tu lui en voulais encore un peu mais tu avais compris son point de vue. Quelque chose a changé ?
-Non, soupira Erik, pas vraiment.
-…Tu sais que tu peux m’en parler si tu en as besoin, n’est-ce pas ? »
Erik, le regarda…puis sourit :
« -Merci Kei. Mais je ne sais pas par où commencer. Oui, j’ai compris qu’il n’avait pas l’intention de nous abandonner, qu’il a fait une erreur et qu’il la regrette, et je sais qu’il essaye de se rattraper maintenant. Je ne lui en veux plus. Et Yuya et Maman sont vraiment contents qu’il soit de retour. »
Un moment de pause, puis Kei ajouta :
« -Mais ? »
Erik soupira.
« -Mais contrairement à eux…je n’attendais pas son retour. Je l’ai détesté pendant trois ans. Je le voulais hors de ma vie, ça m’allait qu’il ne soit pas là. Et quand je pensais à le revoir, c’était seulement pour lui cracher au visage tout le dégoût qu’il m’inspirait. Même si je ne suis plus énervé contre lui, je…je ne ressens pas le besoin qu’il soit là. Sa présence me fait un effet vraiment bizarre, c’est comme si à chaque fois que je le voyais, je ressentais un vide, et après avoir ressenti tant d’amour puis tant de haine pour lui…c’est juste bizarre.
-Et tu en as parlé à madame Yoko ?
-Bien sûr que non. J’ai bien conscience que c’est puéril de ma part. Et puis, même si je n’ai pas envie qu’il soit de retour, je n’ai pas non plus de réticence à qu’il le soit, tu vois ? Maman et Yuya eux sont clairement heureux qu’il soit là, et ça me suffit. Au fond, ce n’est pas très grave…
-Ce n’est tellement pas grave que je l’ai remarqué, ironisa Kei sur un ton réprobateur. Erik, tu ne peux pas continuer à cacher ce que tu ressens. Sinon, ça va exploser à un moment donné, et ça blessera tout le monde. »
Erik encaissa le coup, et le silence revint pendant un moment. Puis il éclata de rire, consternant Kei :
« -Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il à Erik sur un ton blasé.
-Rien, c’est juste…même quand tu ne vis plus dans mon esprit, tu continues d’être ma voix de la raison n’est-ce pas ?
-C’est bien parce que tu m’y forces ! répliqua Kei en essayant de se retenir de sourire.
-Mais ce n’est pas si simple, je ne veux pas que mes sentiments blessent ceux de Maman et Yuya…
-Erik, s’il y a bien une chose que tu as dû retenir de cette guerre…c’est que tu franchement sous-estimé ton entourage, tu ne crois pas ? C’est précisément parce que tu avais peur de les blesser que tu leur as caché des choses, et finalement c’est ça qui leur a fait le plus mal.
-C’est vrai, soupira Erik. Tu as gagné, j’essaierai de leur en toucher un mot. Je ne veux pas que Papa reparte, ce n’est pas ça, juste…je ne sais pas si je pourrai un jour le considérer comme mon père à nouveau.
-E il n’y a aucun mal à ça, le rassura Kei. Je suis bien placé pour le dire.
-Ce n’est pas la même chose Kei, répondit Erik alors qu’il eût tout de suite compris de quoi parlait Kei. Ton père et ton frère t’ont fait vivre un véritable enfer et ont tenté de te tuer…Yuri a même presque réussi. C’est normal que tu les détestes.
-…Je ne les déteste pas. Du moins, je ne les déteste plus.
-Kei ?
-Il est possible que ma haine pour Yuri était due à la façon dont Astral nous a créés, tu sais ? Je devais le haïr, et il se trouve que Yuri m’a donné de très bonnes raisons de ressentir de la haine envers lui. Mais lorsque j’ai retrouvé mon corps, Yuri était juste à côté de moi et…je ne l’ai remarqué qu’au bout de plusieurs minutes. Avant cela, tout ce qui me préoccupait, c’était toi. »
Erik rougit à ce commentaire.
« -Et madame Yoko, enchaîna Kei, et Yuya, et tous ceux de You Show. Et quand j’ai finalement réalisé que, techniquement, Yuri était là lui aussi…j’ai réalisé que je ne m’en souciais tout simplement pas. Je l’ai beaucoup aimé, puis beaucoup haï, mais à présent, je ne ressentais plus qu’un vide.
-Kei…s’inquiéta Erik.
-Mais ce vide, poursuivit Kei, a commencé à se combler au cours des dernières semaines. Alors que je jouais avec toi, discutais avec Yuya, riait avec madame Yoko… »
Kei prit une profonde inspiration, puis déclara :
« -Je ne pardonnerai jamais à Yuri ce qu’il m’a fait et ce qu’il t’a fait je pense, et je ne veux plus l’avoir dans ma vie. Mais je ne ressens plus rien à son égard. Parce que j’ai une nouvelle famille à présent. Et pour en revenir à toi Erik, actuellement tu ressens peut-être ce vide à l’égard de ton père. Et je pense que c’est normal : même s’il n’a pas tenté de tuer…
-Ne dis pas ça en souriant !
-…il t’a quand même causé beaucoup de douleur, bien qu’involontairement. Mais effectivement, il n’a pas voulu te faire de mal et le regrette, donc c’est différent. Peut-être qu’un jour, tu ressentiras à nouveau le besoin de l’avoir pour père. Et peut-être pas. Mais ce qui est important, c’est que tu sois franc à propos de ce que tu ressens envers ceux que tu aimes…et envers lui, si tu veux être juste avec lui. Et je pense que ça te fera du bien.
-Merci Kei, lui sourit Erik. Tu trouves toujours les bons mots pour me remonter le moral.
-Eh, j’ai vécu deux ans et demi dans ton esprit, à force je te connais assez pour savoir quoi dire.
-Ah ah, fit un sourire gêné Erik, euh si seulement c’était ça…moi, je ne sais jamais quoi te dire…
-Ce n’est pas avec des mots que tu me remontes le moral, répliqua Kei. Juste ton attitude, ta façon de parler et d’agir…dès que je suis avec toi, je me sens léger et libre comme l’air. »
Erik rougit et détourna le regard pour tenter de le cacher.
« Je…cet idiot ! Qu’est-ce qu’il vient de dire ?! Il…il ne veut pas dire… »
« -Et puis, reprit Kei comme si de rien n’était, vu que j’ai vécu deux ans et demi en toi, je sais bien que tes sentiments sont légitimes. Alors, vraiment, ne t’inquiète pas pour ça. »
Ce rappel que Kei connaissait très bien les sentiments d’Erik rappela soudain à ce dernier ce dont il voulait parler à Kei. Il était persuadé que c’était une mauvaise idée. Pourtant, possédé par un calme étrange, avant même qu’il n’ait réalisé ce qu’il se passait, Erik ouvrit la bouche :
« -Kei…à propos de mes sentiments…tu sais ce que je ressens pour toi, n’est-ce pas ? »
Kei le dévisagea. Erik, réalisant ce qu’il venait de dire, se retint de se coller une baffe.
« -Je…je veux dire ! bafouilla-t-il. Tu sais, il y avait ce sentiment, qu’on ressentait tous les deux, et c’était bizarre, et c’était sans doute une conséquence du fait qu’on partage la même âme. Et oui, c’était juste ça, logique. Mais, euh, on a chacun notre corps et notre âme, maintenant, et euh, je le ressens toujours, et si toi aussi tu le ressens, je me disais qu’on devait peut-être parler de…ce que c’est ? »
Erik se sentait stupide. Le fait que Kei ait éclaté de rire n’a rien arrangé.
« -Eh ! Je…j’étais sérieux.
-Et moi aussi, répliqua Kei avec un sourire taquin. Et moi aussi, je le ressens toujours.
-C’est…c’est vrai ? demanda Erik, choqué.
-Oui. Mais je sais ce que c’est. Et je pense que toi aussi. »
Puis, sans prévenir, Kei prit le visage d’Erik dans ses mains, puis approcha son visage et l’embrassa. D’abord surpris, Erik s’y laissa rapidement aller et ferma les yeux.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent, ils se perdirent dans le regard de l’autre pendant quelques instants, souriant bêtement. Puis, Erik brisa le silence en bredouillant :
« -Alors, on est…
-Oui, sourit Kei, je crois qu’on l’est. »
« -On est rentrés ! cria Erik.
-Oh, fit Yusho, on vous attendait.
-Vous en avez mis du temps, râla Sora. Vous faisiez quoi ?
-Désolé, s’excusa Kei, j’ai demandé à Erik de faire un détour afin qu’on puisse voir le coucher de soleil. »
Yoko et lui se regardèrent avec un air entendu.
« Ah d’accord » comprit Erik. « C’était un guet-apens. »
Il était content d’être tombé dedans cela dit.
« -Yuzu retient Yuya dans sa chambre, les informa Yoko, afin qu’il ne découvre pas la surprise. Maintenant que vous êtes là, vous pouvez aller les chercher.
-J’y vais » accepta Erik.
Il grimpa les escaliers, courut jusqu’à la chambre de son frère, et ouvrit la porte…pour trouver Yuya et Yuzu face à face, leurs visages à deux centimètres l’un de l’autre.
« -Oh, fit Erik comprenant qu’il dérangeait quelque chose. Euh… »
Remarquant sa présence, Yuya et Yuzu rougirent et s’écartèrent immédiatement l’un de l’autre.
« -Désolé, s’excusa Erik, je ne voulais pas…
-Ce…bafouilla Yuzu, c’est pas ce que tu crois !
-Oui ! renchérit Yuya. C’est…c’est un malentendu !
-Non, ne vous justifiez pas. Je veux dire, il était temps. Rejoignez-nous quand vous voulez hein ?
-ERIK ! »
Notes:
Merci à Aya_the_detective pour ce dessin d'Erik et de Kei.
Résumé de ce chapitre : Yoko s'assure que ses fils se retrouvent seuls avec leur crush en pure innocence et ne s'attend absolument pas à ce que leur relation évolue, enfin.
Enfin, c'est ainsi que je commence cette série de One-Shots : en officialisant le Keirik. Il y en aura 8 au total, et vous pouvez déjà voir à qui seront consacrés les prochains en lisant le résumé de cette fanfiction. N'hésitez pas à me dire lesquels vous intéresse le plus, et j'espère que celui-ci vous a plu.
Chapter 2: OS 2 : Invité indésirable
Summary:
Kimihiro participe à un projet de la nouvelle Academia dirigée par Asuka...qui pourrait le forcer à se séparer de sa famille.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Kimihiro s’était désormais totalement remis de ses blessures, et reprenait une vie normale. Ce qui était nouveau pour lui : même s’il avait vécu quelque chose qui s’en rapprochait lorsqu’il étudiait à Heartland avec Yusho – qu’il avait eu le plaisir de recroiser d’ailleurs – où à Maimi City lorsqu’il avait intégré la LDS sur demande de Reiji et qu’il passait du temps avec Masumi, Yaiba et Hokuto, l’ombre d’Acaemia planait toujours sur cette vie tranquille, et il savait que tôt ou tard, le combat reprendrait. Mais à présent…la guerre était terminée, et Kimihiro devait vraiment prendre un nouveau départ. Et ça avait été plus facile que prévu. Grâce à sa famille.
Que ce soit de pouvoir parler avec son père sans éprouver une profonde culpabilité, ou commencer à s’habituer à voir Rio et Ryouga comme ses frères et sœurs, ou encore Mia qui était adorable, Kimihiro était parvenu rapidement à les voir comme une famille et à s’acclimater à ce nouveau mode de vie. Il se sentait plus heureux qu’il ne l’avait jamais été.
Pourtant, il allait sans doute devoir quitter la maison des Kamishiro et se trouver un appartement. L’ombre d’Academia n’avait pas complètement disparu. C’était du moins ce que Kimihiro se disait alors qu’il revenait à Academia pour la première fois depuis…depuis qu’il avait déserté en fait. L’école ne ressemblait plus à ce qu’il avait connu : certains murs étaient en ruines, d’autres avaient été reconstruits mais différemment. L’idée semblait être d’ôter à l’école son aspect « château du roi » et de lui donner une apparence plus académique, ce que Kimihiro approuvait. Cependant, la salle du trône était exactement la même, ce qui lui donna des frissons.
« Au moins il n’y a plus le trône » se dit-il.
En effet, la nouvelle doyenne d’Academia, Asuka Tenjoin, l’avait fait supprimer. C’était elle qui avait donné rendez-vous à Kimihiro…sauf qu’elle ne semblait pas encore être ici. Kimihiro soupira : reconvertir Academia allait être difficile, de nombreux élèves refusaient d’accepter que tout ce qu’ils avaient appris pendant des années était un mensonge et souhaitaient rester fidèles au Professeur, et Kimihiro pouvait difficilement leur en vouloir. Lui-même, il lui avait fallu la transformation de son père en carte pour…
« Non, tu as dit que tu n’y penserai plus » se reprit-il.
Toujours était-il que garder captifs les élèves récalcitrants était peut-être la solution la plus sûre, mais certainement pas la meilleure pour leur faire changer d’avis, ni la plus humaine. Au contraire, plus ils étaient coincés sur l’île, plus ils avaient le sentiment d’être victimes d’une injustice. Mais d’un autre côté, on ne pouvait pas laisser de potentiels terroristes en devenir en liberté. Asuka avait donc eu l’idée de mettre à profit les élèves d’Academia qui avaient déjà vu leurs torts et qui voulaient tout autant qu’elle qu’Academia change. Le projet était de remettre tous les élèves d’Academia en liberté…mais chacun sous la garde d’un autre élève d’Academia plus digne de confiance, qui contrôlerait la capacité de l’autre à livrer des duels et qui veillerait à ce qu’ils ne blessent personne. Ce n’était pas une solution parfaite, il y avait toujours un risque que les élèves sous surveillance tentent d’échapper à la surveillance de leur gardien ou prennent cette surveillance comme la preuve qu’ils étaient toujours prisonniers, d’autant plus que c’était à eux de suivre leur gardien et non l’inverse. Mais au moins comme ça, ils pouvaient être autorisés à rendre visite à leur famille ou à livrer des duels, et Asuka espérait qu’avec le temps, leur mentalité évoluerait. Cependant, il y avait des cas plus difficiles que d’autres.
« C’est pourquoi elle m’a appelé » se dit Kimihiro.
En effet, il y avait un certain…élève perturbateur qui avait déjà trouvé le moyen de blesser trois de ses gardiens. En désespoir de cause, Asuka, ayant entendu parler du rétablissement de Kimihiro, l’avait appelé : même si à ses yeux, Kimihiro avait déjà largement racheté ses fautes en luttant aux côtés des Lancers, il était un des meilleurs duellistes parmi les anciens élèves d’Academia et surtout, il était entraîné à gérer de telles situations. Elle lui avait donc demandé s’il pourrait rejoindre son programme et devenir le gardien de cet élève. Elle s’attendait à un refus, mais ce qu’Asuka n’avait pas compris, c’est que si à ses yeux Kimihiro ne lui devait rien, Kimihiro lui culpabilisait encore pour son rôle et sa mentalité passée, même s’il travaillait dessus. Il ne s’était donc pas senti capable de refuser, d’autant plus qu’il avait été à la place de ces élèves une fois. Mais il ne se sentait pas capable d’imposer ça aux Kamishiro, d’où le fait qu’il allait devoir leur annoncer qu’il déménageait.
« En réalité » soupira Kimihiro intérieurement, « ils seront sans doute prêts à accepter cet élève sous leur toit rien que pour que je reste, mais je ne veux pas leur faire prendre de risques, et vu tout ce qu’Academia leur a fait subir ils ne méritent pas de devoir côtoyer quelqu’un qui pense encore que l’invasion de leur dimension était une bonne chose. »
« -Désolée du retard ! Merci d’être venu. »
Asuka Tenjoin entra dans la salle, suivie de Jaden Yuki.
« -Ce n’est rien, la rassura Kimihiro. Vous avez le dossier de l’élève ?
-Oui, répondit-elle, tout est là. »
Elle lui tendit les documents. Kimihiro écarquilla les yeux en voyant de qui il s’agissait.
« -Tu peux encore changer d’avis, déclara Asuka. Je comprendrai. »
Kimihiro secoua la tête. Il n’allait pas revenir sur son engagement…mais finalement, convaincre sa famille qu’il allait devoir habiter seul avec ce cas particulier allait sans doute être plus facile que prévu.
« -Ryouga ! cria sa sœur depuis le bas des escaliers. On mange ! Tu es prié de descendre ! »
Quelques secondes plus tard, un bruit de porte s’ouvrant brusquement se fit entendre.
« -C’est bon j’arrive ! cria Ryouga en retour. Pas la peine de crier !
-C’est toi qui cries !
-À cause de qui idiote ?! »
Mia et Takeo regardaient la scène, amusés.
« -Ils sont souvent comme ça ? demanda leur père.
-Oh oui, confirma Mia, ça arrivait souvent. Et à chaque fois je les réprimandais…mais là, étrangement, je n’arrive pas à me mettre en colère. Si on m’avait dit que revoir ça me rendrait aussi heureuse… »
Takeo lui sourit tristement. Il ne pouvait même pas commencer à imaginer ce qu’elle et ses enfants avaient dû vivre pendant l’invasion, et il le savait. Ryouga et Rio étaient si jeunes, et ils avaient dû grandir vite pendant la guerre pour survivre. Il était donc difficile de leur en vouloir pour se comporter à nouveau comme des adolescents idiots qui s’énervaient pour un rien.
« -Au fait, s’inquiéta Mia, où est Kimihiro ? Je sais qu’il a dit qu’il avait des affaires à régler à Academia, mais…
-C’est vrai qu’il devrait être rentré, fronça les sourcils Takeo. Je vais l’appeler…oh mince, il m’a laissé un message il y a deux heures, je l’avais manqué. Attends, je l’ouvre… »
Au même moment, le bruit de la sonnette retentit dans la maison.
« -Oh, réagit Mia, ça doit être lui. Je vais lui ouvrir. »
Marchant jusqu’à la porte d’entrée, Mia l’ouvrit, et si elle avait bien deviné qu’elle s’agissait de Kimihiro, elle fut surprise de le voir en compagnie d’un garçon qu’elle reconnaissait. C’était une plaisante surprise cela dit.
« -Oh Yuya ! Je ne m’attendais pas à te voir ici ce soir. Que nous vaut ce plaisir ?
-Ce n’est pas Yuya, la détrompa Kimihiro, gêné.
-Oh. Oh ! Désolée Yuto, je suis confuse…
-Ce n’est pas Yuto non plus.
-…Euh, mais alors, tu serais leur sosie de la dimension synch…
-Yuri ! »
Rio et Ryouga arrivèrent et se placèrent juste devant leur mère, comme pour la protéger. Très amusé par la scène, Yuri sourit à pleine dents.
« -Bonjouuuur ! dit-il sur un ton innocent. C’est que ça sent bon ici, c’est vous qui avez préparé à manger madame ?
-Kimihiro ! s’énerva Ryouga. Pourquoi l’as-tu amené ici ?!
-J’ai envoyé un message à Papa, se défendit Kimihiro. Je l’ai prévenu que j’allais me charger de Yuri à partir de maintenant, et donc qu’il fallait qu’on en discute.
-Désolé, intervint Takeo à son tour, je viens de voir ton message.
-J’aurais dû essayer de t’appeler…soupira Kimihiro.
-Attends, réagit Rio, comment ça tu vas te charger de lui ? »
Alors que la tension montait, Mia était de plus en plus désemparée, et Yuri de plus en plus amusé par le chaos provoqué par sa simple présence. Souhaitant calmer le jeu, Takeo déclara :
« -Ecoutez, entrons tous, comme ça on discutera au calme…
-Il est hors de question qu’on laisse cette ordure entrer chez nous, le coupa Ryouga.
-Je ne peux pas le laisser sans surveillance, intervint Kimihiro, s’il n’entre pas alors moi non plus.
-Sérieusement ?! s’emporta Ryouga.
-Cela suffit ! cria Mia. Tout le monde entre, et on en discutera calmement à l’intérieur.
-Maman, protesta Rio, je sais que tu ne le connais pas mais il est très dangereux !
-En fait… » intervint Kimihiro.
Il saisit Yuri par le bras et le tira, montrant bien en évidence le disque de duel accroché à son poignet…qui avait une sorte d’appareil accroché dessus.
« -Son disque de duel est scellé, expliqua Kimihiro, et seul moi peut le déverrouiller. De plus, s’il tente de s’enfuir, une application a été ajoutée à mon disque de duel pour que je puisse le téléporter à côté de moi à tout moment. Donc je peux facilement le maitriser. Faites-moi confiance, dans son état il est inoffensif.
-Eh ! protesta Yuri. Tu vas voir si je suis…
-C’est bon, l’interrompit Mia, il peut entrer. Et Kimihiro va nous expliquer la situation. »
Sur ces sages paroles, tous s’installèrent dans le salon. Kimihiro expliqua sa participation au programme lancé par Asuka Tenjoin, et donc sa décision de trouver un autre endroit où vivre avec Yuri.
« -Même si ça n’avait pas été…lui, je n’avais pas l’intention d’imposer un élève d’Academia qui croit encore aux doctrines du Professeur sous votre toit.
-Sauf que tu aurais pu nous en parler avant de prendre la décision de participer à ce programme, grogna Ryouga. Sérieusement, ils ne peuvent pas demander à quelqu’un d’autre ?
-Yuri a déjà eu trois gardiens. Il a blessé le premier en duel, manipulé le second et le troisième a abandonné après une journée en suppliant Asuka de le reprendre.
-Oh oui, ricana Yuri, c’était assez drôle. Il a commencé la journée en disant qu’il ne ferait pas la même erreur que les deux précédents et qu’il ne me permettrait pas de me battre en duel, et il a fini en larmes. »
Il se prit un regard horrifié de Mia et Takeo, un regard enragé de Ryouga, et un regard blasé de Kimihiro et Rio.
« -Bref, soupira Kimihiro, il leur fallait un duelliste capable et avec un mental d’acier pour s’occuper de lui. Je ne me vois vraiment pas leur refuser cette faveur. »
Kimihiro marqua une pause, puis ajouta :
« -Je suis désolé. Je sais que nous essayons de…construire quelque chose pour notre famille, et que je pars à un moment important. Mais c’est important que je le fasse. J’ai été un de ces élèves qui obéissaient aveuglément au Professeur, alors si j’ai la chance de permettre à un élève de comprendre ses erreurs avant qu’il commette les mêmes erreurs que moi, je…je ne peux pas la laisser passer. »
Un silence accueillit sa déclaration. Au bout d’un moment, Ryouga, même s’il semblait avoir quelque chose à redire à la logique de son jumeau, se calma et soupira, puis déclara :
« -D’accord, je comprends. Mais…tu es sûr que tu vas vraiment pouvoir faire quelque chose de lui ? »
Demandant cela, il pointa Yuri du doigt, qui, étant le seul à ne pas ressentir la tension dans la pièce, s’amusait à faire des origamis avec les nappes sur la table.
« -…Je reconnais que ça semble difficile, répondit Kimihiro.
-Impossible même, rétorqua Ryouga.
-Mais…je préfère qu’il soit coincé avec moi plutôt qu’il fasse du mal à quelqu’un.
-Coincé avec toi, haussa un sourcil Rio, mais qu’est-ce qui l’empêche d’enlever son disque de duel et de s’enfuir ?
-Oh, il ne peut pas : son disque de duel est accroché à son bras.
-Imaginez devoir porter en permanence quelque chose d’aussi lourd sans que ça ne serve puisque vous ne pouvez même pas l’utiliser ! se plaignit Yuri. La personne qui a inventé ce mécanisme est un sadique, et je m’y connais !
-Oublie le danger qu’il représente, grogna Ryouga, même sans ça il est insupportable. »
Ryouga prit une profonde inspiration, puis ajouta :
« -C’est pour cette raison qu’il est hors de question qu’on te laisse le subir seul.
-Hein ? réagit Kimihiro.
-Je suis d’accord, renchérit Mia. Et je pense que Takeo et Rio…
-Bien sûr ! enchaîna Takeo.
-Ce n’est pas comme si j’allais me défiler face à Academia maintenant, sourit Rio.
-Mais…balbutia un Kimihiro complètement pris au dépourvu, vous n’êtes pas en train de dire que…
-Je te préviens par contre, ajouta Ryouga, Yuri dort dans ta chambre.
-Mais c’est aussi ta chambre ! écarquilla les yeux Kimihiro.
-Ah oui, c’est vrai. Bah, on faudra bien qu’on soit deux pour le maitriser s’il tente quelque chose.
-Ryouga…écoute, c’est gentil, mais je ne veux vraiment pas vous imposer les conséquences de ma décision.
-Je suis donc « les conséquences » ? intervint Yuri.
-Conséquence n’est pas un mot suffisant pour te décrire, le tança Rio.
-Toi écoute Kimihiro, déclara Ryouga sur un ton sec. Je ne vais pas dire que je suis ravi par ta décision…mais vivre en famille, et une famille normale, pas voir son père tous les weekends et être formé comme un soldat le reste de la semaine, c’est se soutenir les uns les autres. Si tu t’embarrasses de ce fardeau…alors je vais devoir t’aider à le porter. Et surtout, que tu partes…ce serait le pire pour nous tous. »
Kimihiro resta stupéfait. Il s’attendait à ce quelqu’un vienne contredire Ryouga, mais au contraire, ses parents hochèrent la tête, et Rio n’émit aucune objection. Le plus malheureux dans la pièce semblait être Yuri, frustré que la situation se résolve si facilement.
« -Et puis, reprit Ryouga, en soi, tu me mets dans une situation où, à chaque fois qu’il tentera quelque chose, j’aurais une excuse pour tabasser un soldat d’Academia. Et vu de qui on parle, je vais en avoir beaucoup des excuses… »
Yuri frissonna en entendant ça, mais Kimihiro n’y prêta pas attention.
« -Vous tous, murmura-t-il ému, merci.
-Bien ! s’écria Mia. Maintenant que tout ça est réglé, je suppose que je vais devoir ajouter une assiette de plus à table. »
Yuri n’était pas frustré, il était exaspéré. Comme si être forcé à côtoyer la compagnie d’imbéciles n’était pas suffisant, il se retrouvait maintenant en compagnie d’une raclure de traître, et comme si ça ne suffisait pas, de sa famille. Kimihiro Okinami avait trahi le Professeur…
« Quelle importance ? De toute façon, au final, il… »
Yuri chassa cette pensée : c’était important, parce qu’à cause de ça, les moindres faits et gestes de Yuri étaient surveillés. Il avait à l’origine cru qu’être entouré de plus de monde lui donnerait plus d’occasions de s’enfuir, ça lui faisait plus d’imbéciles à manipuler après tout…sauf qu’ils n’étaient pas si bêtes. Peut-être parce que les parents étaient des adultes, et que les trois autres avaient affronté de multiples situations en tant que Lancers, aucun d’entre eux ne cédaient aux provocations de Yuri. Même Shark, qui avait annoncé qu’il le frapperait à la moindre occasion, avait su se contenir lorsque Yuri avait volontairement envoyé se briser au sol une paire d’assiettes, alors que Yuri espérait qu’il l’attaque pour essayer de retourner sa force contre le disque de duel accroché à son poignet. Mais non. Et il était donc obligé de supporter jour après jour la niaiserie de cette famille.
« Je ne vais pas pouvoir le supporter encore bien longtemps » se dit-il, « il faut que je m’échappe, et vite…Bon au moins, la nourriture est bonne. »
Sur ces pensées, Yuri reprit une bouchée, tandis que Mia annonça :
« -Demain, je voudrais proposer une randonnée dans les montagnes. Cela fait longtemps qu’on n’en a pas faite.
-Pour de très bonnes raisons, souffla Shark.
-Une randonnée dans les montagnes ? répéta Kimihiro.
-Tu vois les montagnes autour du temple de Roku ? lui expliqua Rio. Il est possible de prendre un tout autre chemin et de faire un tour permettant d’atteindre le sommet de la montagne. Non seulement il y a un lac là-bas où on peut s’arrêter pour pique-niquer, mais en plus la vue est magnifique. Donc depuis qu’on est petits, c’est un peu une tradition pour Maman de nous emmener là-bas régulièrement.
-De nous faire perdre une journée régulièrement tu veux dire ? grogna Shark.
-Je m’en souviens, sourit Takeo. Votre mère m’y avait déjà emmenée avant votre naissance. J’en garde de très bons souvenirs.
-Alors c’est décidé ! se réjouit Mia. Et puis, j’ai une personne de plus à qui montrer ce lieu. »
Elle sourit à Kimihiro en disant cela. Entre elle et son frère, Kimihiro avait l’impression d’être cerné par deux tigres, obligé de gagner l’affection de l’un et l’inimitié de l’autre en fonction de sa réponse. Il choisit donc de se ranger du côté du plus dangereux des deux :
« -Ce sera avec plaisir…Maman. »
Ce dernier mot lui paraissait étrange à dire, mais il devait bien s’y habituer.
« -J’ai hâte que tu y sois, lui sourit Mia alors que Shark poussa un soupir énervé. Vivement demain. »
Lassé de cette conversation, Yuri quitta la cuisine et se dirigea vers le salon.
« -Eh…se leva Kimihiro.
-Du calme, rétorqua-t-il, je vais juste m’allonger sur le canapé tant que vous n’y êtes pas. De toute façon, si j’essaye de m’enfuir, tu as juste à appuyer sur un bouton de ton disque de duel, n’est-ce pas ? »
Et sans attendre la réponse de son geôlier, Yuri entra dans le salon. Comme il l’avait dit, il se dirigea vers le canapé, mais il remarqua alors que l’écran connecté s’était allumé. Apparemment, il était en mode « alerte météo », et annonçait qu’un typhon se dirigeait vers Heartland et ses environs.
« Autant pour la journée randonnée…à moins que… »
Une idée germa alors dans l’esprit de Yuri. Rapidement, il se dirigea vers l’écran et modifia ses paramètres, afin d’afficher la météo d’il y a quelques semaines – un jour de grand soleil – comme étant celle de demain. Juste à temps, il s’en écarta alors que Kimihiro entrait dans le salon.
« -On ne peut pas être tranquille deux minutes ! eut le culot de dire Yuri.
-Je t’ai laissé 46 secondes, rétorqua Kimihiro. Estime-toi heureux. »
« Oh mais je suis très heureux » réprima un sourire Yuri.
Le lendemain, la famille Kamishiro-Okinami et Yuri partirent en montagne. La météo annonçait du beau temps toute la journée, et pour l’instant, le ciel semblait refléter cela, à la grande consternation de Yuri. Menés par Mia, ils commencèrent donc l’ascension de la montagne. Kimihiro, formé par Academia, ne ressentit aucune fatigue, tout comme Yuri. Mia, randonneuse experte, semblait prendre plaisir à chaque pas. Rio et Ryouga, malgré leurs souvenirs où ces randonnées avaient été épuisantes, étaient surpris de constater qu’ils n’avaient pas l’impression de faire beaucoup d’efforts. Peut-être parce qu’ils avaient grandi…ou peut-être parce qu’après avoir vécu et survécu à l’enfer, ce n’était pas grand-chose. Et Takeo…était bon dernier, et celui qui se fatiguait le plus vite. Kimihiro revenait souvent en arrière pour lui prêter main-forte.
« -Vous avez pris vos disques de duel ? remarqua Yuri.
-Cela ne te regarde pas, répliqua Rio.
-En effet, mais je suis surpris que vous vous encombriez d’un poids en plus après vous être autant plaints de cette randonnée de pacotille.
-Kimihiro prend le sien à cause de toi, expliqua finalement Rio. Donc on s’est dit, autant prendre le nôtre si jamais l’envie de faire un duel nous prend lorsqu’on sera arrivés.
-Je m’en fiche, répondit Yuri.
-Toi… »
Rio contint son énervement : elle n’allait pas laisser ce taré gâcher sa journée. Par contre, la météo semblait décidée à le faire : en effet, alors qu’ils étaient à mi-chemin, le ciel commença à se couvrir.
« -Mince, fronça les sourcils Mia. Ce n’était pas ce qui était annoncé…
-Ce n’est peut-être pas grave ? proposa Takeo. Le ciel est juste gris, ça ne va pas nous empêcher… »
Comme pour le détromper, un bruit sourd résonna alors : au loin, un éclair venait de frapper le sol. Et il semblait que des nuages faisant tomber de fortes pluies se rapprochaient d’eux.
« -On dirait qu’une tempête se prépare, nota Rio. Comme quoi, la météo n’a jamais dit vrai.
-Ce serait imprudent de continuer, soupira Mia. C’est déjà dangereux de pratiquer ce chemin quand il pleut, alors par ce temps…faisons demi-tour tant qu’il en est encore temps. »
Yuri sourit : c’était l’occasion qu’il attendait. Lui n’avait pas peur de se cacher dans cette forêt par ce temps, mais il se doutait qu’eux y renonceraient. Donc s’il fuyait maintenant…il ne serait pas poursuivi. Il ne lui restait plus qu’un problème à régler.
« -Hein ? réagit Kimihiro alors que Yuri lui bondissait soudainement dessus. Eh ! »
Bien sûr, un soldat expérimenté comme lui ne craignait rien de cette attaque bâclée de Yuri…mais ce n’était pas ce que Yuri visait. Avant que Kimihiro ne le repousse, il parvint à arracher le disque de duel de son bras, puis, prenant d’abord du recul, il jeta le disque de duel de Kimihiro au loin. Il tomba dans la corniche et sombra dans le vide.
« Comme ça, il ne pourra pas me rappeler à ses côtés comme un bon toutou. »
Comme pour symboliser la réussite du plan de Yuri, un nouvel éclair tonna et la pluie commença à tomber sur eux. Yuri commença à courir pour s’éloigner d’eux.
« -Oh non, s’énerva Rio en se lançant à sa poursuite, pas question que ça se passe comme ça !
-Non Rio ! s’écria Mia. Attends ! »
Mais sans l’écouter, elle le poursuivit jusqu’à ce qu’ils soient hors de vue des autres. Yuri esquissa un sourire.
« Elle est tenace, mais pense-t-elle vraiment qu’elle réussira à me rattraper ? »
Mais alors qu’il se retournait pour observer la distance qu’il prenait par rapport à elle, il écarquilla les yeux : elle avait activé son disque de duel et préparait déjà ses cartes.
« Mince ! Si elle joue un monstre pour aller plus vite, elle me rattrapera facilement. »
Yuri se maudit : il n’avait pas envisagé qu’ils puissent faire ça. Il n’avait pas envisagé qu’elle et son frère prendraient leurs disques de duel même. Il voyait déjà sa fuite partir en fumée…non, c’était inacceptable. Tentant le tout pour le tour, il s’approcha du bord du ravin. Il analysa la forme de la falaise : en sautant sur plusieurs points précis, il devrait pouvoir ralentir sa chute et arriver au sol sans soucis. Mais la poigne de Rio sur son bras le sortit de ses réflexions.
« -Je te tiens ! »
Il essaya de se dégager de son emprise…mais non seulement il n’y parvint pas, mais son geste brusque le fit glisser sur le sol mouillé, et il tomba en arrière, entrainant Rio dans sa chute. Il la vit poser une carte sur son disque de duel…puis sentit sa tête cogner quelque chose et il perdit conscience.
Yuri se réveilla avec une douleur intense au crâne. Sa vision était floue, mais il entendait le bruit fort de la pluie battante et de l’orage qui grondait. Pourtant, il ne se sentait pas aspergé d’eau, ce qui signifiait qu’il était protégé par un toit. Mais où pouvait-il bien être ? Sa vision n’était pas totalement rétablie, mais il pouvait dire que c’était un endroit sombre. Il était assis, allongé contre un mur – ou plutôt contre une paroi ? En tout cas, c’était inconfortable – et quelque chose de chaud lui tenait la main. Alors qu’il commençait à réaliser de quoi il s’agissait, une autre main, une voix acheva de le ramener à la réalité :
« -Ah, tu es réveillé. »
Il leva les yeux : difficile de la distinguer dans l’obscurité, il reconnut tout de même Rio Kamishiro. Immédiatement, il essaya de se dégager de sa main, de se relever et de courir, mais elle ne le lâcha pas et appuya son autre main sur son épaule pour le maintenir au sol.
« -Où est-ce que tu crois aller crétin ?! »
Yuri réalisa alors où ils étaient : c’était une sorte de petite grotte, ou plutôt un creux dans la montagne. Ils étaient aux premières loges pour voir les trombes de pluie tomber à l’extérieur, ce qui permettait à Yuri de bien comprendre que sortir de leur abri de fortune serait une folie.
« -Tu réalises maintenant dans quelle situation tu nous as mis ? le réprimanda Rio.
-Personne ne t’a demandé de me suivre, rétorqua Yuri. Et puis lâche-moi : je ne peux pas partir, inutile de me tenir la main.
-Ce n’est pas pour te retenir que je te tiens, répliqua Rio. C’est pour être téléporté avec toi lorsque Kimihiro te ramènera auprès de lui.
-Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ricana Yuri, j’ai enlevé à Kimihiro son disque de duel. Il ne peut plus me forcer à revenir.
-Tu es un idiot. C’était sur ça que tu misais tes espoirs d’évasion ?
-Hein ?
-Si tu étais resté hier au lieu d’aller dans le salon, tu aurais su à quel point enlever à Kimihiro son disque de duel était inutile. »
Alors que Yuri quittait la cuisine pour aller dans le salon, Rio se retourna vers son frère :
« -Tu es sûr que c’est sans risques ?
-Non, admit Kimihiro. Mais s’il fait une bêtise je peux le ramener à côté de moi immédiatement comme il l’a dit, donc il ne peut pas s’enfuir.
-À moins que tu ne perdes ton disque de duel, remarqua-t-elle.
-Oh, ce cas de figure est prévu. Dans ce cas, je dois immédiatement contacter Academia : ils m’en fourniront un autre et rentreront l’identifiant de Yuri dans les données. Donc je pourrais le téléporter à côté de moi à nouveau. »
« -Sérieusement ? lâcha Yuri.
-Sérieusement. Tu n’aurais jamais pu t’enfuir.
-Tu dis ça mais tu m’as quand même couru après, grogna Yuri.
-Je n’y ai pas réfléchi sur le coup d’accord ?! rougit Rio d’embarras. Et puis, tu aurais pu casser ton disque de duel, auquel cas on n’aurait pas pu te rappeler. Mais non, c’est moi qui va devoir m’en racheter un…J’espère qu’Academia est prête à me le rembourser.
-Hein ? »
Yuri remarqua alors que le disque de duel de Rio n’était plus à son poignet. Il tourna la tête, et l’aperçu, brisé sur le sol. Il se rappela soudainement qu’avant de se réveiller ici, il était en train de chuter dans le vide.
« -Comment s’est-on retrouvé ici ? demanda-t-il.
-On tombait dans le vide, expliqua Rio, alors j’ai invoqué un monstre volant pour nous porter. Mais en te rattrapant, mon disque de duel s’est cogné aux branches d’un arbre et s’est fissuré. Avant que la Solid Vision ne cesse de fonctionner, j’ai repéré cette cavité et je nous ai dirigés ici, juste avant que mon monstre ne disparaisse.
-Je vois… »
Yuri fronça les sourcils : non, en fait, il ne voyait pas. Si elle avait utilisé son monstre pour rejoindre sa famille, elle serait déjà avec eux et Yuri serait…sans doute mort. Mais en tout cas, il n’aurait plus été un danger pour qui que ce soit. Pourquoi l’avait-elle sauvé ? Etait-elle stupide ?
« -Bref, soupira Rio, maintenant Kimihiro va se dépêcher de récupérer un disque de duel avec ton identifiant, et dès que ce sera fait, tu seras téléporté auprès de lui. Et j’ai bien l’intention d’être téléportée avec toi à ce moment-là. Donc je ne compte pas lâcher ta main.
-Si tu veux, ricana Yuri. Ah, quel échec mon plan a été…
-Ton plan improvisé quand t’as vu qu’un typhon arrivait ? rétorqua Rio.
-Cela n’avait rien d’improvisé » sourit narquoisement Yuri.
Rio le dévisagea quelques secondes, avant de percuter.
« -Tu savais qu’il allait y avoir…
-Et j’ai trafiqué votre appareil pour que vous ne soyez pas au courant.
-Bon sang, on ne peut même pas te laisser seul trente secondes !
-Quarante-six. Eh, Kimihiro savait à quoi s’attendre quand il a décidé de devenir mon « gardien ». Ou pas. Dans ce cas, il a sans doute changé d’avis. »
Rio garda le silence, puis demanda :
« -Je peux savoir ce que ça t’apporte ?
-D’être libre ? Tu sais, la plupart des gens veulent être libres de leurs mouvements sans forcément penser à ce que ça leur apporte.
-De causer tous ces problèmes. Tu veux être libre ? Cesse d’insupporter tout le monde et prouve que tu n’es plus un danger pour personne.
-Ce n’est pas possible ça, ricana Yuri. Car j’ai bien l’intention d’être un danger pour tout le monde.
-…J’abandonne, soupira Rio. Qui sait ce qui se passe dans l’esprit d’un malade comme toi. Même si tu ressembles à Yuya et Yuto, tu n’es en rien comme eux.
-Je ne dirai pas ça, répondit Yuri. Nous sommes la même personne à la base, après tout. »
Mais cette fois-ci, son ton n’était pas moqueur. Il semblait plutôt las et…résigné ?
« -Eh bien je pense que tu as pris toute la mégalomanie de ce Zarc et que les autres ont pris ses rares qualités, ironisa Rio.
-Je pense que c’est en fait Yuya qui lui ressemble le plus, répondit Yuri. Ce n’est pas si étonnant que ce soit lui qui soit redevenu Zarc en fait.
-Yuya n’a rien à voir avec ce roi démon de mes deux, s’énerva Rio.
-Tu n’as même pas rencontré Zarc que je sache, rétorqua Yuri. J’ai littéralement été Zarc et fait qu’un avec mes doubles pendant un moment, donc je pense que je sais mieux que toi de quoi je parle. »
Rio ouvrit la bouche, la referma, réfléchit quelques instants, puis la rouvrit :
« -Je te l’accorde…mais justement, si tu n’as fait qu’un avec eux, alors…n’as-tu pas compris leur point de vue ? Cela ne t’a-t-il pas fait réfléchir à tes actes ?
-Pourquoi, ça t’intéresse ? se moqua Yuri.
-Pas vraiment, répondit Rio. Mais quitte à devoir te supporter au quotidien, autant essayer de comprendre d’où tu viens. Et surtout, j’ai rien de mieux à faire là maintenant.
-Je sers donc à crever l’ennui d’une duelliste de pacotille, hausse un sourcil Yuri. Magnifique. Eh bien pour répondre à ta question, je ne vois pas pourquoi je changerai. Yuya, Yuto, Yugo, ils se sont tous battus pour aider et protéger leurs proches. Au fond, j’ai fait la même chose, sauf que « mes proches », c’est le Professeur. Tu comprendras donc que je ne vais pas obéir sagement à ceux qui l’ont enfermé.
-…Tu réalises que le Professeur, répondit Rio après un moment, t’a manipulé n’est-ce pas ? Comme tous les autres étudiants d’Academia. Peut-être même que ton cas est pire, puisqu’il ne voyait que Zarc en toi et prévoyait de se débarrasser de toi.
-…Oui, je sais. Mais ce n’est pas grave, j’ai déjà trouvé un autre objectif : le Professeur m’a mis sur cette voie, mais maintenant, c’est avec plaisir que je compte transformer tout le monde en carte pour montrer ma domination sur vous tous. »
Rio faillit lâcher la main de Yuri, prise d’un dégoût profond pour son interlocuteur. Puis, réalisant quelque chose, elle se calma et répondit :
« -Tu mens.
-Pardon ?
-Je ne sais pas sur quoi tu mens, mais tu t’es contredit. D’abord tu disais agir par loyauté envers le Professeur, mais maintenant ce serait purement pour assouvir ta soif de domination ? Je ne sais pas laquelle de ces phrases est sincère, ou si aucune des deux ne l’est, mais les deux ne peuvent pas être vraies en même temps.
-Tu dis n’importe quoi…grimaça Yuri.
-Non, tu dis n’importe quoi. Parce que tu ne veux pas répondre à ma question, tu veux juste me provoquer. Eh bien, ça ne marche pas.
-Ah oui, sourit sadiquement Yuri, voyons ça… »
Peut-être que si, les provocations de Yuri fonctionnaient, car Rio se sentit déterminée à lui arracher son sourire.
« -En fait, cette conversation est encore plus ennuyeuse que juste rester là à attendre. Je ne vois plus pourquoi je pensais que ce serait intéressant de comprendre ce qui se passait dans la tête de quelqu’un qui a été utilisé toute sa vie par quelqu’un qui le détestait, puis qui a viré dans la folie, si tant est qu’il n’était pas déjà fou de base. »
Elle atteignit son objectif : Yuri se renfrogna rapidement. Mais ce n’était pas suffisant pour Rio.
« -Le plus drôle, c’est que tu penses pouvoir nous dominer, mais Yuya t’a vaincu. Tu as essayé de devenir le roi suprême, et tu as échoué. Donc qu’est-ce que tu crois pouvoir accomplir ? Tu es peut-être fort…mais il y a plus fort que toi, et donc tu n’atteindras jamais ton but.
-La ferme.
-Oh, ricana Rio, c’est toi qui t’énerves maintenant ? Je dirais bien que je suis désolée que tu sois trop médiocre pour atteindre ton objectif, mais je ne le suis pas.
-Tu ne sais rien ! rugit Yuri. Ce n’est même pas mon objectif… »
Yuri s’interrompit en réalisant ce qu’il venait de révéler. Rio se calma également, sa colère remplacée par de la curiosité.
« -Alors dans ce cas, quel est ton objectif ?
-…Je…serra les dents Yuri. Je n’en ai pas, voilà. T’es contente ?!
-Non, répliqua Rio. On est juste revenus à la case départ et je n’ai rien appris, pourquoi serais-je contente ?
-Espèce de…
-Je vais reposer ma question, reprit Rio. Est-ce qu’avoir eu le point de vue de Yuya et Yuto t’a fait remettre en question tes actes, au moins un peu ? »
Yuri marqua une pause pour se calmer, puis répondit :
« -Non ».
Rio soupira, déçue.
« -Mais…ne faire qu’un avec eux m’a fait me remettre en question. »
Rio le dévisagea : leurs regards ne se rencontrèrent pas, Yuri semblait perdu dans ses pensées.
« -Je…je voulais être le plus fort et transformer le monde entier en carte pour le prouver. Mais quand Yuya m’a vaincu…j’ai abandonné toute volonté de me battre. Il était le plus fort, pas moi. Alors ça m’allait de disparaitre, ça me semblait normal qu’il m’absorbe. Mais lorsque finalement, je suis réapparu, je suis resté figé. Parce que…j’ai alors réalisé que cette volonté m’avait totalement quitté. Parce que…Zarc m’avait quitté.
-Qu’est-ce que tu insinues ? grogna Rio. Que toutes tes actions au service d’Academia, ce n’était pas toi mais la volonté de Zarc qui te contrôlait ? Et qu’à présent tu es devenu gentil ?
-Ah ah, ricana Yuri, non. C’était ma volonté, mais…Je pense que j’étais influencé par Zarc, oui. Entre ma soif de puissance et mes désirs de domination, il avait de quoi superposé mes envies aux siennes. Et avant que je ne m’en rende compte, j’ai fini par souhaiter la même chose que lui. Mais quand il a abandonné cette quête…j’ai réalisé que ça m’avait seulement guidé à ma disparition et que sans Yuya et son frère, je serais juste… »
Yuri déglutit.
« -C’est insupportable. Comment est-ce que j’ai pu abandonner aussi facilement ? Être le plus fort, c’est ce qui me caractérise ! Comment j’ai pu simplement accepter de devenir un pouvoir bonus pour Yuya juste parce qu’il a gagné un seul duel ! Je refuse, je…je suis le plus fort…mais la personne qui m’a poussé à devenir aussi fort ne faisait que m’utiliser pour ensuite m’éliminer. Alors…qu’est-ce que ça vaut de vouloir devenir plus fort ? »
Yuri se tut, et Rio digéra tout ce qu’elle venait d’entendre : elle était dégoûtée. Même après tout ça, Yuri n’éprouvait aucun remord, juste de la frustration de ne pas être le meilleur. Elle en avait assez entendu. Alors qu’elle allait clairement exprimer à Yuri ce qu’elle pensait de ses « problèmes », il reprit :
« -Le pire c’est que…je comprends pourquoi Zarc est parti en paix. Parce que les duels spectacle de Yuya…m’ont aussi fait du bien, même alors que je n’étais qu’à moitié conscient en lui. Mais je…j’ai besoin que ce que m’ait dit le Professeur soit vrai.
-Sauf que c’est faux, rétorqua Rio. Et même toi tu en es conscient.
-…Mon père a été assassiné. »
Rio cligna des yeux, surprise par cette information et ne comprenant pas comment le sujet avait fini par porter là-dessus.
« -Il était horrible, violent. Il allait me tuer et s’il a été tué, c’est parce qu’on tentait de me protéger. Malgré ça, je…je n’étais pas heureux qu’il soit mort. J’étais même frustré envers mon frère pour ce qu’il avait fait. Et c’était stupide, il l’a fait pour me protéger, mais je la ressentais quand même cette frustration. Et puis le Professeur a validé ce que je ressentais. Il m’a dit que c’était normal. J’avais besoin d’entendre ça, que j’avais raison de ressentir ce que je ressentais. Sauf que maintenant je sais que c’est un mensonge, et tout s’effondre. »
Yuri garda le silence un instant, et reprit :
« -Et puis quoi maintenant ? Je change ? Je me fie davantage à l’apaisement que j’ai ressenti quand j’étais Yuya livrant un duel spectacle qu’à ce qui ont été mes convictions pendant des années ? C’est absurde.
-Mais c’est la vérité, compléta Rio. Et c’est ce qui te fait peur.
-Je n’ai pas peur, ricana Yuri.
-Tu es terrifié, insista Rio. C’est assez visible maintenant. Tu essayais de fuir sans plan de secours, sans aucune idée d’où tu irais ensuite, parce que la fuite n’était pas un moyen pour toi de retrouver ta liberté, mais un moyen d’oublier ce que tu ressens.
-Tais-toi…grogna Yuri.
-Tu fais de ton mieux pour te comporter comme si rien n’avait changé, l’ignora Rio, pour rester qui tu es. Sauf que maintenant, tu sais que ça va juste t’emmener droit dans le mur…
-TAIS-TOI !
-…mais tu es trop lâche pour affronter les conséquences de tes actions si tu reconnais que tu avais tort tout ce temps.
-MAIS TU VAS LA FERMER ! »
Yuri n’avait jamais perdu son sang-froid de cette façon. Pas depuis…comment osait-elle ? Comment osait-elle ?
« -Qu’est-ce que tu crois savoir de moi au juste ?! se calma-t-il tout en gardant un ton agressif.
-Ce que tu viens de me dire, rétorqua Rio. Et c’est suffisant pour comprendre pas mal de choses à ton sujet. Enfin, ne viens pas croire que j’éprouve une quelconque empathie pour toi…mais je suis contente d’avoir les réponses à mes questions.
-Espèce de… »
Yuri tenta une nouvelle fois de lui faire lâcher sa main, sans succès. Epuisé, il s’affala contre la paroi, et murmura :
« -Et maintenant ?
-Maintenant, soupira Rio, c’est à toi de décider si tu vas vouloir continuer à passer ton temps à nous embêter et à te faire réprimander. Ou alors, peut-être que tu peux donner raison à Kimihiro. S’il a accepté d’être ton gardien, c’est sans doute qu’il croit en toi. Et jusqu’ici, il a toujours réussi à toucher le cœur de guerriers d’Academia que je croyais irrécupérables.
-C’est pour ça que tu m’écoutes ? tenta de se moquer d’elle Yuri. Tu essayes d’imiter ton frérot ?
-…Peut-être » répondit Rio après un moment.
Yuri ne trouva rien à répondre à ça.
« -Même si je change, finit-il par articuler, à quoi ça servirait ? La guerre est terminée, donc ce n’est pas comme si le fait que je change de camp aurait un impact. Et j’ai systématiquement saboté chaque lien que j’aurais pu créer. Il ne me reste même pas ma famille. J’ai eu envie de rire quand vous avez fait ce discours sur la famille hier. Oui, oui, c’est ça une famille…mais quand tu as essayé activement de nuire à ta famille et que tu n’as éprouvé aucun regret, est-ce que ça compte toujours comme ta famille ?
-Est-ce que tu éprouves des regrets maintenant ?
-Non. Enfin, si. Mais pas…pas parce qu’il est mon frère. Juste parce que je commence à comprendre que j’avais tort.
-…Alors je ne sais pas. Kimihiro et moi ne nous sommes pas considérés comme un frère et une sœur avant que la guerre ne soit terminée, mais on s’appréciait et on voulait essayer. Si tu ne ressens rien de tel…
-Ce que je ressens pour lui c’est de la haine, la coupa Yuri. De la haine que je pense injustifiée, mais de la haine quand même. Et je n’ose même pas imaginer ce que lui ressent à mon égard.
-Alors oui, vous n’êtes sûrement plus une famille. Et oui, tu n’as plus d’endroit où retourner.
-Très convaincant ton discours, ironisa Yuri.
-Mais même si maintenant tu n’as nulle part où aller, continua Rio, c’est à toi de décider si tu veux abandonner ou si tu veux te trouver une nouvelle direction. Quand on se battait pour Heartland, on savait que les choses ne pourraient plus jamais être pareilles…Academia a détruit nos vies. »
Yuri réprima un soupçon de culpabilité.
« -Mais on a continué à se battre, car on partageait l’espoir qu’on pourrait reconstruire quelque chose qui nous ferait nous sentir bien à nouveau, même après que tout se soit effondré.
-Ce qui m’a fait me sentir bien dans ma vie, ironisa Yuri, c’est dominer les autres et les écraser. Tu ne veux pas de ça.
-Non, admit Rio. Et toi ? Est-ce que tu veux rester comme ça pour toujours ? »
Yuri ouvrit la bouche, puis la referma. Au début de cette conversation, il aurait répondu par l’affirmative sans hésiter, en se moquant d’elle, mais maintenant…sa main tenant toujours fermement la-sienne, Rio le fixait des yeux, attendant une réponse qu’il n’avait pas. Soudain, elle se mit à briller devant lui. Non, ce n’était pas seulement elle qui brillait, c’était eux deux…
Et d’un coup, le décor autour d’eux changea : ils étaient dans la salle du trône, à Academia. Et ils n’étaient pas seuls.
« -Rio ! s’exclama Mia en se précipitant vers sa fille.
-Maman ! se leva Rio pour prendre sa mère dans ses bras, lâchant enfin – évidemment – la main de Yuri.
-Toi… » rugit Shark à l’intention de Yuri.
Aucune réplique mordante ne vint à l’esprit du jeune homme, alors il détourna le regard.
« -Cela s’est bien passé au final, soupira Asuka. Tu as bien fait de venir aussi vite que possible, Kimihiro.
-Si j’avais « bien fait », grogna Kimihiro, je n’aurais pas perdu mon disque de duel à cause de ma négligence… Désolé Rio.
-Ne t’en fais pas, le rassura-t-elle, on savait que ce sale gosse nous causerait des problèmes…
-J’ai ton âge, ne put se retenir de rappeler Yuri.
-Tais-toi ! s’énerva Shark.
-…Et j’avais bien retenu que tu pouvais le faire revenir en prenant un nouveau disque de duel à Academia, donc je n’étais pas inquiète. Juste, je ne l’ai pas lâché. Et il valait mieux que je sois avec lui : s’il s’était débarrassé de son disque de duel, tu n’aurais pas pu le ramener.
-Peut-être, admit Kimihiro, mais…Asuka, je suis désolé, mais je vais devoir renoncer à ma mission de gardien.
-Je comprends, soupira Asuka. Dans ce cas…
-Attends ! »
Tout le monde se tourna vers Rio.
« -Tu ne devrais pas y renoncer, dit-elle.
-Rio ? réagit Shark.
-Il t’a mis en danger, répondit Kimihiro d’un ton hésitant. Je…j’ai accepté de m’occuper de lui en pensant que je serais le seul pouvant être blessé si ça tournait mal, mais je ne peux pas accepter de vous mettre en danger.
-Il en faut plus pour que je sois en danger, rétorqua Rio. Même si j’admets que devoir racheter un disque de duel c’est frustrant.
-Oh, intervint Asuka, je peux t’en fournir un gratuitement…
-Parfait, merci. »
Yuri leva les yeux au ciel :
« Tu as dit ça maintenant en espérant que cette directrice de pacotille réagirait comme ça, n’est pas ? Pas mal. »
« -Ce gars, reprit Rio, n’est clairement pas un enfant de cœur. Et il est même très pénible. Mais…je pense qu’on peut le gérer. Et plus que ça…je pense qu’il peut changer pour le mieux. »
Tout le monde écarquilla les yeux…surtout Yuri. Ce fut Takeo qui reprit la parole :
« -Dans ce cas…je vais te faire confiance, Rio.
-Oui, ajouta Mia, moi aussi.
-Vraiment ? haussa un sourcil Shark. Dans ce cas…je suppose que je donne mon accord également. »
Kimihiro les dévisagea, un par un, puis demanda :
« -Vous êtes sûrs de votre décision ? »
Ils hochèrent tous la tête. Kimihiro se retourna vers Asuka, qui sourit.
« -Bien. Dans ce cas, je suppose qu’il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon retour.
-N’oubliez pas mon disque de duel ! intervint Rio.
-Oui bien sûr ! »
Elle le reçut rapidement, et comme il disposait d’une fonction de voyage interdimensionnel que Rio avait hâte de tester, elle décida que ce serait elle qui les ramènerait chez eux.
« -Allez Yuri, lança-t-elle au garçon de la dimension fusion, tu viens ?
-Pourquoi ? » répondit-il simplement.
Elle le scruta du regard…puis déclara finalement :
« -Tu as dit que jusqu’ici, tu obéissais à tout ce que disait le Professeur, puis que tu avais été influencé par la volonté de Zarc, n’est-ce pas ?
-Oui, répondit Yuri avec agacement.
-Eh bien maintenant, il n’y a plus de Professeur ni de Zarc. Juste toi. Alors…je veux te laisser la possibilité de choisir. »
Sur ce, elle se dirigea vers sa famille. Yuri resta figé un moment…puis suivit ses pas.
Notes:
Ce chapitre n'a pas été facile à écrire : quand j'avais imaginé ce que ferait Kimihiro après la guerre, je l'imaginais continuer à essayer d'aider de convaincre des élèves d'Academia que les voies du Professeur étaient mauvaises. Etant donné que je doute que tous les élèves aient changé de mentalité du jour au lendemain, qu'Asuka prenne une initiative comme celle de ce chapitre et que Kimihiro y participe me semblait logique. Et quitte à ce que Kimihiro devienne "gardien" d'un élève d'Academia qui n'est pas encore passé dans le camp des gentils, autant que ce ne soit pas un PNJ. Donc ironiquement, ce qui était censé être un chapitre sur Kimihiro est devenu un chapitre davantage centré sur Yuri. Cela dit, c'est quelque chose que je savais depuis longtemps, donc ce n'est pas vraiment là que réside la difficulté.
Mon problème, c'était surtout de réussir à pousser Yuri à extérioriser ses sentiments et rendre son conflit assez clair et crédible, sans non plus que ce soit parfaitement explicite car Yuri n'a pas vraiment de recul sur ce qu'il ressent et est lui-même très confus, donc sa façon de s'exprimer doit le refléter. Et d'un autre côté, si ce qu'il dit est trop confus, je ne vois pas Rio être intriguée et le pousser à en révéler davantage, donc je devais trouver un juste équilibre et je ne sais pas si je l'ai atteint.
Du coup, pourquoi c'est avec Rio que j'ai coincé Yuri si elle n'est pas la personne la plus adaptée, en raison de sa personnalité, pour être celle qui amènerait Yuri à montrer ses doutes ? Eh bien, pour deux raisons :
1) La première est que si prendre en charge quelqu'un comme Yuri me parait logique pour Kimihiro, scénaristiquement, Kimihiro qui a encore une fois de l'influence sur un élève d'Academia, ça me parait redondant, donc je voulais que ce soit un autre membre de la fratrie qui s'en charge...et je voyais mieux Rio que Shark dans ce rôle.
2) Rio me parait en fait adaptée pour ce rôle, dans le sens où...eh bien, elle ne connait pas Yuri. Elle a certes entendu parler de lui et de ses méfaits, mais elle n'a pas été blessée par lui directement. Je ne crois pas qu'ils aient interagi avant ce chapitre en fait- Par conséquent, je pense qu'elle parce qu'elle n'a pas été blessée par lui pendant la guerre, elle est plus apte à voir à travers lui que quelqu'un qui aurait des blessures qui se rouvrent à chaque fois que Yuri ouvre la bouche.Je suis quand même content de ce chapitre, et j'espère que j'ai pu bien mettre en avant le tourment de Yuri : dans cette histoire, le Professeur a bien plus axé sa manipulation de Yuri sur la mort de son père, même si ça ne s'est pas forcément directement ressenti dans l'histoire principale. Donc c'est un aspect fondamental des convictions de Yuri qui est remis en question avec la trahison de Léo, et si, possédé par Zarc, Yuri pouvait l'ignorer, il ne le peut plus maintenant. Et après Kei, c'est à son frère aîné de réfléchir à ce qu'il lui reste de sa famille.
Et ni Kei ni Yuri ne veulent redevenir frères, au moins ils s'accordent là-dessus...mais si Yuri parvient effectivement à devenir meilleur...leurs prochaines interactions seraient gênantes-J'espère en tout cas que le chapitre vous a plu ^^
Chapter 3: OS 3 : Conversation difficile
Summary:
Chris et ses frères recommencent à zéro alors qu'Heartland se reconstruit et qu'ils font définitivement le deuil de leur père. Alors que tout semble aller pour le mieux, quelque chose le chiffone : Yusei ne répond pas à ses appels. Ce dernier ne lui aurait au final pas pardonné ?
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Pour Christopher, la vie était plus belle qu’il ne la méritait. Il vivait avec ses frères dans un appartement certes assez petit pour eux trois, mais il aimait être proche d’eux après tout le temps qu’ils avaient passé séparés. De plus, il avait récupéré son travail de professeur à la Clover. Personne ne lui tenait rigueur d’avoir trahi Heartland pour soutenir Academia…car très peu de monde était au courant. En tant que Quinton, il avait surtout travaillé dans la dimension synchro, et lors de son retour dans la dimension XYZ, le seul moment où il avait réellement affronté la Résistance fut son duel contre Kaito et Yusei. De ce fait, la grande majorité de ses anciennes connaissances l’avaient cru transformé en carte pendant la guerre, et Kaito et Akari avaient décidé de ne détromper personne à ce sujet afin de leur permettre, à lui et à ses frères, de facilement se réintégrer dans la société d’Heartland qui commençait à se reconstruire. Akari disait que c’était une récompense pour Michael, pour avoir aidé la Résistance en tant qu’espion.
« Mais le plus gros problème…c’était Thomas. »
Kaito avait ramené son frère à Heartland, mais Thomas avait, contrairement à eux, décider de rester fidèle à Vetrix et à Academia jusqu’au bout. Rien ne disait qu’il accepterait la situation facilement, et il était potentiellement un danger pour ceux qui l’entouraient, si jamais il décidait de trahir Heartland une nouvelle fois. De plus, ses actions étaient plus graves que celles de ses frères : tandis que Michael avait rapidement rebasculé du côté de la Résistance, et que Chris n’avait au final blessé personne – même si ça en disait davantage long sur son incompétence que ça n’était une raison d’être clément envers lui d’après Chris – Thomas avait lui causé la transformation de duellistes de la dimension Standard en cartes, vaincu Rio et Michael et avait été à deux doigts de leur faire connaître le même sort, et avait profité de l’état de faiblesse d’un jeune duelliste de la dimension Standard pour le manipuler et lui faire rejoindre Academia. Il était bien plus difficile d’ignorer ce qu’il avait fait, surtout qu’il ne s’en était jamais vraiment repenti. Mais au final...punir Thomas aurait été comme battre un cheval mort.
« Il est celui qui a été le plus touché par la mort de Vetrix » songea Chris tristement.
Vetrix était mort dans la dimension fusion. Kaito le lui avait appris, et avait expliqué que son corps était à bout et était instable. L’information ne surprit pas Chris, et il s’étonna de se sentir si peu affecté par la nouvelle. Bien sûr, Michael et lui versèrent des larmes ensemble pour la disparition de ce qui restait de leur père…mais ils avaient déjà fait leur deuil et avaient accepté que Vetrix n’avait jamais vraiment été Byron Arclight. Thomas, cependant, semblait avoir perdu toute volonté de vivre, ce qui faisait mal au cœur de ses frères. C’est peut-être pour cela qu’Akari n’a pas voulu le séparer de Chris et Michael, et la seule punition qu’il a reçu pour sa trahison fut d’être forcé à participer aux travaux de reconstruction et de rénovation d’Heartland, ce que Thomas ne combattit pas – comme s’il n’avait plus la force de se battre – et encore, Chris soupçonnait que le but était de donner à Thomas quelque chose à faire plus que de le punir. Ils étaient donc rentrés dans une routine plutôt régulière, et même si Thomas restait muet, au moins il était avec eux. Jusqu’à ce qu’il explose.
« -Pourquoi ? » demanda-t-il soudainement, un soir où ils dînaient.
Chris et Michael se tournèrent vers lui, d’abord surpris, puis incertains.
« -Pourquoi quoi ? demanda finalement Michael.
-Pourquoi…est-ce que vous voulez que je sois là ? Je…j’ai échoué tout ce que j’ai entrepris…je ne vous ai pas écouté…j’ai apporté des problèmes à tout le monde…Même Papa ne voulait pas de moi…alors pourquoi vous… »
Il réprima un sanglot, et rapidement, ses frères l’enlacèrent.
« -Vous…
-Papa a toujours voulu de toi, le coupa Chris. Vetrix…n’était pas Papa. Même s’il nous a fallu beaucoup de temps pour l’admettre. Toi aussi, tu dois l’accepter. Et… »
Chris libéra Thomas de son étreinte, tandis que Michael ne le lâchait pas, et le regarda droit dans les yeux :
« -Tu es notre frère, Thomas. À City, je t’ai dit que notre lien n’avait plus d’importance…je te demande pardon pour ça. Plus jamais je ne t’abandonnerai ou ne nierai l’importance de notre famille. Michael et toi…vous êtes ce que j’ai de plus précieux. Et au fond, je pense que tu l’avais compris bien avant moi, et que c’est pour ça que tu étais aussi désespéré. C’est pourquoi je sais que je peux croire en toi. »
Après cette soirée, les choses s’améliorèrent. Thomas redevint progressivement plus bavard et souriant, et quelque chose se ralluma entre eux : les souvenirs de leur enfance remontèrent, et c’était comme si rien n’avait changé. Ils redevenaient comme avant, et rien ne pouvait leur faire plus de bien. Chris pouvait honnêtement dire qu’il était heureux.
…Alors pourquoi est-ce qu’il avait l’impression que quelque chose lui manquait ?
« -Pourquoi tu me demandes ça à moi ? » demanda sèchement Kaito.
Ils étaient dans la salle des professeurs de la Clover. Kaito était devenu professeur suppléant – son niveau étant largement au-dessus des autres élèves – et même s’il ne comptait pas en faire sa profession, participer à rappeler ce qu’étaient les duels avant l’invasion lui plaisait beaucoup, surtout que ça lui permettait de travailler en collaboration avec le professeur Yusho Sakaki…et avec Chris justement, et de réparer leur amitié. Et Kaito était sans doute pour Chris ce qui se rapprochait le plus d’un ami, il se confiait donc à lui. Cela ne signifiait cependant pas que Kaito se montrait agréable, mais ce n’était pas comme si Chris le méritait de toute façon.
« -C’est stupide, soupira Chris. Je suppose que…j’ai juste du mal à croire que les choses peuvent aller si bien après ce que j’ai fait.
-Chris…pour être honnête, pendant la guerre, je ne t’aurais jamais pardonné.
-Evidemment…murmura Chris.
-Mais, depuis que j’ai retrouvé Papa et Haruto…non, même avant si je suis honnête, grâce à Kimihiro, le brume qui m’aveuglait a disparu. Je ne pensais qu’à me venger, tous ceux qui n’étaient pas avec moi étaient forcément contre moi, et j’ai blessé ou failli blessé des gens auxquels je tenais à cause de ça. Je sais que notre amitié est sincère, et que tu regrettes ce que tu as fait. Je comprends aussi mieux que quiconque que l’amour pour notre famille peut nous pousser à agir d’une façon qu’on regrette après…
-Ce n’est pas la même chose, protesta Chris.
-Peu importe, je te pardonne. D’ailleurs, je ne crois pas que quiconque te reproche quoi que ce soit.
-Parce que la majorité des habitants de cette dimension ignorent ce que j’ai fait, rétorqua Chris.
-Peut-être…mais ce n’est pas eux le problème, n’est-ce pas ? Le problème…c’est que tu n’arrives pas à te pardonner à toi-même. »
Chris détourna le regard : c’était vrai. Lorsqu’il avait renoncé à suivre aveuglément les ordres de Vetrix, il avait dû affronter sa conscience et la responsabilité de ses actes. Il avait choisi de le faire en sachant que ce ne serait pas facile, mais ces dernières semaines passées avec Thomas et Michael avait renforcé sa culpabilité. Il était l’aîné, il aurait dû montrer l’exemple, les empêcher de sombrer dans cette voie. À la place, il avait laissé Vetrix les accabler avec le même poids que Chris portait, et dans une certaine mesure il l’avait même encouragé. Et ce n’était pas lui qui avait réglé ces problèmes : Michael avait changé de camp par lui-même, et Thomas avait été ramené par Yusei.
…Yusei, qui ne répondait plus aux appels de Chris depuis la fin de la guerre, et c’était peut-être le vrai problème au fond.
« -Tu as tort, déclara-t-il à Kaito, au moins une autre personne m’en veut encore. Peut-être que les habitants d’Heartland ignorent que je les ai trahis…mais Yusei est bien conscient que je l’ai manipulé pendant des mois, et il ne veut clairement plus me revoir. »
Kaito haussa un sourcil, semblant surpris par cette nouvelle.
« -Qu’est-ce que ça a d’étonnant ? demanda Chris.
-J’ignorais qu’il t’avait dit une chose pareille, répondit prudemment Kaito.
-Il ne m’a rien dit justement. Il ignore tous mes appels, donc je pense que le message est clair. Je dois dire que je m’y attendais. »
Kaito resta silencieux, donc Christopher ressentit le besoin de se justifier :
« -Je lui suis déjà reconnaissant d’avoir fait tant d’efforts pour me faire comprendre mon erreur, et pour avoir ramené Thomas. Je ne peux pas lui demander plus alors qu’il a tant fait pour moi alors que je l’ai utilisé…ce que je veux dire, c’est que je comprends qu’il veuille m’éviter maintenant que la guerre est terminée et…
-Tu devrais aller le voir.
-…Kaito, quoi ? Tu as entendu ce que je viens de dire ?
-Oui, et…c’est n’importe quoi. Si quelqu’un t’évite, va lui demander pourquoi au lieu de te paralyser à cause de suppositions infondées.
-Qu’est-ce qui te fait dire qu’elles sont…
-Ecoute, le coupa Kaito une nouvelle fois. Tu n’étais pas à Academia pendant le combat final, moi si. Je…pense avoir une idée très précise de la raison pour laquelle Fudo t’évite, mais ce n’est pas à moi de te le dire, c’est à lui. Mais…ça doit être dur pour lui de venir te le dire. Alors, si tu lui es vraiment reconnaissant pour ce qu’il a fait…épargne-lui le trajet et va le voir. »
Chris fronça les sourcils. Il voulait contester, mais ne savait pas quoi répondre, car ce que Kaito disait lui paraissait logique.
« -Et puis, rajouta Kaito, s’il ne veut vraiment plus te voir, s’il veut te reprocher ce que tu as fait…il mérite de te le dire en face, non ? »
Et toute envie de contester Kaito disparut alors de l’esprit de Chris, alors qu’il réalisait que répondre à Yusei en l’ignorant en retour serait davantage de la lâcheté qu’autre chose.
« -Tu as raison » soupira-t-il.
Chris fut surpris d’apprendre que Yusei vivait toujours dans la maison où ils avaient vécu ensemble. Avec les réformes que connaissait City en ce moment, de plus en plus de Commons déménageaient vers des logements plus hygiéniques et confortables. Pas Yusei visiblement. Mais il ne s’en plaignait pas, car ça lui rendait plus facile de le retrouver. Il frappa à la porte et attendit qu’on vienne lui ouvrir.
« Cette maison est toujours aussi mal insonorisée » pensa-t-il en entendant les bruits de pas de Yusei s’approchant de la porte d’entrée.
Lorsqu’il ouvrit la porte et aperçut Chris, ses yeux s’écarquillèrent et Chris lut de la peur dans ses yeux. Cela le blessa plus qu’il ne voulait l’admettre, mais il n’avait pas le droit de le reprocher à Yusei.
« -Bonjour, déclara-t-il finalement. Je venais… »
Pourquoi venait-il déjà ? Ah oui, pour que Yusei puisse lui dire de vive voix le mal qu’il pensait de lui. Mais il ne pouvait pas le formuler comme ça.
« -…pour prendre des nouvelles, finit-il. Tu es occupé ?
-Non non, se reprit Yusei. Je t’en prie, entre. »
Et ainsi, Chris se retrouva dans la maison qu’il avait habité pendant plusieurs mois. Un sentiment de nostalgie s’empara de lui…il n’aurait jamais cru qu’il regretterait cette époque pourtant. Yusei le fit s’asseoir, et un silence gênant s’installa.
« -Eh bien, le brisa finalement Chris, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas retrouvés ici.
-Oui, sourit Yusei, on peut dire ça Quinton…pardon, c’est Christopher en fait, non ?
-Tu peux m’appeler Chris, lui répondit-il. Mais si tu veux continuer à m’appeler Quinton comme tu en as pris l’habitude, je ne m’en offusquerai pas.
-Non, refusa Yusei, ça va aller…Chris.
-Eh bien… »
Chris s’interrompit, ne sachant pas quoi dire. Yusei non plus, visiblement, car le silence gênant revint, et cette fois-ci dura plusieurs minutes. Chris avait vraiment l’impression que quelque chose clochait. Lui avait du mal à prendre la parole, mais qu’est-ce qui bloquait Yusei ?
« -Je voulais te dire… » commença-t-il finalement.
Yusei tressaillit.
« -…que je suis désolé. »
…Puis il se détendit. Il répondit :
« -Pour l’espionnage ?
-Entre autres, admit Chris, honteux.
-Tu t’es déjà excusé, et je t’ai déjà pardonné. Ne t’en fais pas Chris, je ne t’en veux plus. »
Cela…faisait du bien de l’entendre, mais celui lui faisait également froncer les sourcils : ça ne pouvait pas être aussi simple, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que Yusei lui cachait ?
« -Euh, tu veux que je te fasse un café ou un thé ?
-Non merci, refusa Chris avec une boule dans la gorge.
-D’accord…Euh, c’est sympa de te voir.
-Tant mieux, se hérissa Chris. Je suis content de ne pas t’avoir dérangé, je sais que tu es très occupé en ce moment.
-Comment ça ? haussa un sourcil Yusei. Je ne le suis pas particulièrement plus qu’avant tu sais ?
-Oh, eh bien, avec tout ce qui se passe à City… »
« …et le fait que tu ne répondes pas à mes appels même si apparemment ce n’est pas parce que tu m’évites… »
« -…j’ai juste supposé que…oublie ça.
-…D’accord. »
Le silence revint, mais cette fois-ci la patience de Chris était à bout.
« -Yusei, sois honnête s’il te plait. »
Yusei se figea.
« Il a compris de quoi je voulais parler » pensa Chris.
« -Tu n’as pas répondu à mes appels depuis la fin de la guerre…tu m’évites, pas vrai ? »
Yusei le dévisagea, comme s’il essayait de comprendre quelque chose en analysant son visage. Au bout d’un moment, il soupira et répondit :
« -Oui…sais-tu pourquoi ?
-Eh bien…tu as dit m’avoir pardonné, mais je suppose que ce n’est pas si simple. Si tu m’en veux encore…
-Non Qu…Chris, lâcha Yusei, ce n’est pas toi le problème.
-Quoi ?
-J’ai ignoré tes appels parce que…il y a quelque chose que je dois te dire, et j’ai repoussé ce moment. »
Chris fronça les sourcils : il ne s’attendait pas à ça. Qu’est-ce que Yusei pouvait bien avoir à lui dire ?
« -Ecoute, inspira Yusei, je t’avais promis de te ramener ton père…et j’ai échoué. »
Chris fronça les sourcils : dans ses souvenirs, Yusei le lui avait promis mais Chris avait tout de suite répondu que ce ne serait probablement pas possible, mais qu’il serait heureux s’il y arrivait. Est-ce que Yusei avait pris ces paroles beaucoup plus à cœur que lui et s’était senti coupable d’échouer à ramener Vetrix à la raison ?
« Bien joué Chris » se culpabilisa-t-il, « tu as réussi à faire porter un poids en plus à Yusei malgré tout ce qu’il a fait pour toi. »
Il ouvrit la bouche pour rassurer Yusei, mais avant qu’il n’ait pu le faire, Yusei ajouta :
« -Mais ce que tu ne sais pas…c’est que c’est moi qui l’ai tué. »
« Quoi ? »
Chris resta figé, digérant la nouvelle. Son cerveau se mit à réfléchir à toute vitesse, et plusieurs émotions le parcoururent : la surprise, la colère, l’incrédulité…mais sa confiance en Yusei reprit rapidement le dessus.
« Attends, tu le connais. Il doit avoir eu ses raisons, laisse-le s’expliquer… »
Mais Yusei ne disait rien de plus, il se contentait de regarder Chris d’un air solennel, comme s’il attendait son jugement.
« Est-ce qu’il…n’avait pas de raison ? Il ne semble pas penser qu’il avait le droit d’agir ainsi…est-ce qu’il voulait se venger de ce que je lui avais fait ? »
Chris soupira lourdement pour reprendre son calme.
« Non, ça ne colle pas. S’il avait voulu se venger de moi et me faire du mal, il ne culpabiliserait pas autant, n’est-ce pas ? Partir dans des suppositions ne me fera aucun bien…ce dont j’ai besoin, c’est de la vérité. »
Alors il répondit au regard de Yusei en le dévisageant à son tour, et lui demanda :
« -Pourquoi ?
-…Je voulais le sauver. Mais son corps avait atteint sa limite, et il commençait à se désintégrer…
-Kaito m’a dit cela, le coupa Chris. Je pensais justement que c’était ainsi qu’il était mort. Que s’est-il passé ?
-…Il était désespéré, Chris. Il…ne voulait pas mourir juste en se décomposant, en ayant tort, en ayant échoué. En l’attaquant, je l’ai achevé, mais…il avait au moins la sensation jubilatoire d’avoir eu raison à mon sujet, que j’attaquais parce que je le détestais. Je me doute que pour toi, ça ne change rien…mais j’ai préféré que ton père parte ainsi. Je sais, ce n’était sans doute pas mon choix à faire. »
Yusei termina son récit, et Chris comprit pourquoi Yusei l’avait évité depuis la fin de la guerre, et pourquoi Kaito lui avait conseillé d’aller le voir. Ils devaient régler ça, en effet.
« -Tu pensais que je t’en voudrais ?
-N’est-ce pas le cas ?
-Yusei, non…
-J’ai tué ton père, fronça les sourcils Yusei.
-Ce n’était pas mon père, trancha Chris. C’est quelque chose que j’ai accepté depuis un moment. Et même si j’aurais aimé qu’il puisse le redevenir…même si Vetrix était resté en vie, je ne pense pas que ça aurait été possible. »
Chris marqua une pause, puis reprit :
« -Tu sais, le docteur Faker, le père de Kaito…après la guerre, après avoir retrouvé son corps, il est venu nous voir. Et il nous a présentés des excuses. Des excuses, alors que nous avons aidé Vetrix à le changer ainsi que son fils en cartes. Il estimait que c’était de sa faute si notre père était devenu Vetrix, que c’était à cause de son expérience ratée…et j’ai réalisé que je n’éprouvais plus aucune rancune envers lui. Je veux passer à autre chose, Yusei, oublier Vetrix et ne garder en mémoire que Byron Arclight. C’est ce que nous avons décidé avec mes frères. De plus…je n’ai aucune raison de t’en vouloir.
-Vraiment ? demanda Yusei. Même si j’ai provoqué…
-Il allait mourir de toute façon, le coupa Chris, et de sa propre faute. Tu ne pouvais rien faire pour le sauver, tu lui as même permis d’avoir un peu de joie – une joie malsaine, mais quand même – avant de mourir. S’il y a une personne à qui je peux reprocher son triste sort…c’est moi et moi seul. Parce que je…si au lieu de lui obéir bêtement, je m’étais opposé à lui et avait fait en sorte qu’il change avant qu’il ne soit trop tard, comme Kaito et toi l’avez fait pour moi, les choses auraient pu être différentes. »
Un silence tranquille s’installa entre eux. Après avoir révélé le fond de sa pensée, quelque chose qu’il n’avait même pas exprimé à ses frères, Chris avait besoin de temps pour récupérer, et Yusei le comprenait. Lorsqu’il sentit sa voix revenir, Chris ajouta :
« -Mais comme je l’ai dit, je ne veux pas m’attarder sur mon passé. Je veux me tourner vers l’avenir. Et Yusei, je veux que tu fasses partie de mon avenir. »
Il fit une pause, puis reprit, un peu gêné :
« -Bien sûr, si tu ne le veux pas, je n’insisterai pas. Mais…s’il y a une bonne chose qui a pu ressortir de mes mauvaises décisions, c’est notre amitié, et je ne la regrette pas. J’ai craint de l’avoir gâchée, et c’est peut-être le cas. Mais si tu veux qu’on la poursuive…alors je le veux aussi. »
Yusei le dévisagea quelques instants, puis cacha son visage dans sa main et soupira :
« -Je suis un idiot…
-Non, rétorqua Chris, c’est faux.
-Oh que si. J’aurais dû te dire la vérité depuis le début. »
Il marqua une pause, puis ajouta :
« -Chris, moi aussi je tiens à notre amitié. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Mais…même si toi tu acceptes ce que j’ai fait, est-ce que tes frères… ?
-Ne les sous-estime pas, rétorqua Chris. Eux aussi ont bien compris ce qu’était Vetrix, ils l’ont même compris bien avant moi je pense, Thomas avait juste plus de difficultés à lâcher prise. »
Chris marqua une pause :
« -Peut-être qu’il vaut mieux ne pas le leur dire cependant. Ils peuvent le gérer, mais leur apprendre que jusqu’au bout il est resté une personne haineuse…ce serait inutilement remuer le couteau dans la plaie.
-Non, le contredit Yusei. C’est l’erreur que je viens de faire, cacher la vérité en estimant mal ta réaction. Même s’ils n’allaient pas bien y réagir…ils méritent de savoir.
-Tu as raison, hocha la tête Chris. Je leur dirais en rentrant, le plus tôt sera le mieux. »
Le silence revint, aucun des deux ne sachant quoi dire.
« -Eh bien…à bientôt ?
-…Oui. »
Chris se dirigea vers la sortie, et au dernier moment, se retourna.
« -En fait, tu n’as jamais vu Heartland avant la guerre. La ville est en train d’être reconstruite, et commence à ressembler à ce qu’elle était avant sa destruction. Il faudra que tu viennes, j’ai beaucoup de choses à te montrer.
-Avec joie, sourit Yusei. Il faudra aussi que tu reviennes à City.
-J’y ai passé des mois, lui rappela Chris en souriant, as-tu encore des endroits à me faire découvrir ?
-On a accès à la ville-haute maintenant, lui apprit Yusei, donc il y a plein de nouveaux lieux qu’on peut découvrir ensemble. Cette fois, je n’aurais pas à te sauver les miches parce que tu auras mis les pieds dans un jardin interdit d’accès. »
Ils sourirent en se remémorant leur première rencontre, puis Chris déclara :
« -Alors j’ai hâte. »
Notes:
Ce chapitre aura été bien plus court que je ne le pensais. En même temps, il n'a jamais été question que la conversation soit aussi difficile que le titre le laissait entendre : Yusei comme Chris sont trop matures à mes yeux pour vraiment s'embrouiller sur ce qui s'est passé, Chris comprend très bien le choix de Yusei et ne lui en veut pas, et Yusei est parfaitement capable d'être soulagé de ce poids qu'il s'était lui-même créé au lieu de s'y accrocher quand Chris lui exprime ce qu'il ressent. Ce qui était difficile, c'était surtout d'aborder le sujet.
...Il y a aussi que c'était compliqué d'écrire ce chapitre car j'ai un peu l'impression que les personnages de Chris et Yusei m'échappent. Bon, Yusei, je n'ai pas vu 5Ds, donc depuis le début je marche sur une corde mince avec lui, mais Chris...en fait, maintenant qu'il est davantage le Chris de ZeXal II que celui de ZeXal I, j'ai l'impression de moins réussir à le comprendre. Donc au final, c'est sans doute mieux si ce chapitre est court.
Mais j'espère qu'il vous aura plu quand même ^^ Et je pense que même s'il n'y avait pas grand chose à résoudre, Yusei et Chris n'avaient pas eu l'occasion de le faire dans l'histoire principale donc c'était bien de l'aborder ici.
Chapter 4: OS 4 : Amitié
Summary:
Academia est vaincue, et même si Nova ne regrette pas sa décision, il n'a plus grand chose à faire de sa vie. Poussé par Kimihiro, il décide de tenter de mieux comprendre ce qu'étaient exactement ses relations avec ceux dont il se croyait proche.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Nova s’ennuyait.
Après la guerre, il s’était trouvé un appartement temporaire à Heartland. Objectivement, il n’était pas terrible, mais il restait bien plus confortable que sa piaule à Academia. Il s’était surtout installé dans cette ville pour prendre de la distance avec Academia, car il ressentait qu’il en avait besoin. Sa vie entière avait tourné autour d’Academia, et à présent qu’il avait pris la décision de tourner le dos aux enseignements du Professeur – il doutait encore parfois de sa décision, mais bon, ce qui était fait était fait, Academia n’existait plus – il devait trouver un autre sens à son existence, ou au minimum, une autre activité pour s’occuper.
Problème : rien ne lui venait. Cela allait faire deux mois depuis la fin de la guerre, et ses journées étaient encore incroyablement monotones. Il avait pensé à s’inscrire aux écoles de duel d’Heartland, vu qu’elles rouvraient, mais s’en était vite désintéressé en voyant leur programme. De plus, il aurait été obligé de se retenir, de nombreux habitants de la ville étant encore traumatisés par l’invocation fusion. C’était presque ironique, mais la seule personne avec qui il avait pu parler de cette situation était quelqu’un d’au contraire très occupé : Nova avait été choqué de voir Kimihiro Okinami en compagnie de Yuri, à tel point qu’au départ il avait refusé d’y croire et avait pensé que Yuya Sakaki lui faisait une blague. Mais non, Kimihiro, qui participait déjà aux efforts de reconstruction d’Heartland et qui essayait de tisser des liens avec sa famille retrouvée, avait en plus décidé de prendre en charge la terreur d’Academia.
« -Je sais que tu as techniquement réussi à « me montrer un autre chemin » alors que je pensais que ce serait impossible, lui dit un jour Nova alors qu’ils se baladaient ensemble dans un parc, Yuri non loin derrière surveillé par Rio. Mais là, tu t’attaques à un cas encore plus désespéré…
-Je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il commence déjà à changer. »
Nova regarda Yuri en train de faire pleurer un enfant passant par là avec une grimace hideuse avant de se faire reprendre par Rio. Il était vrai qu’il ne s’était pas montré violent, c’était déjà ça. De toute façon, il savait qu’il ne ferait pas changer Kimihiro d’avis, et n’y tenait pas plus que ça. Si Kimihiro avait décidé de devenir ami avec lui alors qu’il l’avait gravement blessé, Nova n’avait pas intérêt à lui dire que d’autres ne méritaient pas cette clémence.
« Ami » pensa-t-il.
Il se sentait un peu pathétique en le réalisant, mais Kimihiro était son seul ami à présent…non, Sora avait été clair, ils n’avaient jamais été amis. Donc Kimihiro était son seul ami, tout court. Et c’était un ami très occupé, qu’il voyait donc peu. Dommage, car ça le sortait de sa monotonie lorsqu’ils se voyaient, mais c’était ainsi. Mais c’était peut-être ça le problème : pour faire quelque chose d’intéressant, Nova devrait sans doute aller rencontrer des gens.
« -Pourquoi ne reprendrais-tu pas contact avec ton père ? » lui avait demandé Kimihiro.
Pendant leur duel, Nova avait expliqué que contrairement à lui, il avait dénoncé son père sans le moindre remords et était resté fidèle à Academia et au Professeur. Mais Nova s’était finalement retourné contre Academia, n’est-ce pas ? Donc il devait regretter ce qu’il avait fait, et peut-être voudrait-il reprendre contact avec sa famille comme Kimihiro l’avait clairement fait. Sauf que Kimihiro projetait un peu sa situation familiale sur Nova.
« -Je ne suis pas proche de mon père comme tu l’es du tien, avait-il rétorqué. Avec du recul, c’était assez mal placé de ma part de te faire la leçon pendant notre duel : de ce que je comprends, ton père et toi étiez proches même à Academia. Mon père, même s’il travaillait à Academia comme ton père, n’a jamais cherché à en profiter pour passer du temps avec moi. On ne vivait même pas ensemble puisqu’il me laissait dormir dans les dortoirs d’Academia. Et à chaque fois qu’on se voyait, c’était pour me dire de « bien travailler » pour le Professeur. Puis, quand il a réalisé que c’était mal, il m’a demandé de renoncer à tout ce à quoi je croyais et qu’il m’avait demandé de croire et de le suivre sans poser de questions…sans trop me chercher d’excuses, car je suppose que c’est lui qui avait raison au final, je ne regrette pas de l’avoir dénoncé. »
Nova soupira, puis ajouta :
« -En fait, je t’accuse de projeter ta situation familiale sur la mienne, mais c’est moi qui ai fait ça quand on s’est affrontés je suppose. Que tu puisses rester fidèle à ton père m’insupportait, je ne pouvais pas le comprendre…mais maintenant, je vois qu’on a juste une relation complètement différente avec le nôtre. Toujours est-il que je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu, et que ça ne m’intéresse pas. De toute façon, je doute qu’il veuille également me revoir. »
Kimihiro ouvrit la bouche pour protester, mais la referma. Visiblement, il avait eu la sagesse de comprendre qu’insister ne servirait à rien.
« -D’accord, mais si tu ne veux pas passer du temps avec ta famille, peut-être que c’est l’occasion de passer du temps avec tes amis.
-On ne se fait pas d’amis à Academia, lui rappela Nova.
-C’est vrai, mais rien ne t’empêche de t’en faire ici non ?
-Bien sûr, les habitants de la dimension XYZ n’attendent qu’une chose, sympathiser avec quelqu’un qui voulait tous les transformer en cartes il y a encore deux mois.
-Ce n’est pas comme ça, répliqua Kimihiro, mais c’est vrai que ce serait sans doute plus difficile pour toi de tisser des liens avec les habitants de cette dimension. Mais dans ce cas, pourquoi n’irais-tu pas à Standard ? Ne t’entendais-tu pas bien avec Masumi, Yaiba et Hokuto ?
-Je ne faisais que les manipuler pour ma mission, balaya la question Nova d’un revers de la main. Je ne ressens rien de particulier pour eux, et je n’ai pas l’intention de les revoir. Même si on se voyait, que veux-tu que je leur dise ? « Désolé, mais en ce qui me concerne, votre amitié était à sens unique » ? Je ne me soucie pas d’eux, mais je ne suis pas non plus cruel au point de vouloir les blesser. »
Kimihiro sembla réfléchir à ses mots, et Nova se demanda s’il était allé trop loin : contrairement à lui, Kimihiro s’était vraiment soucié de Kotsu, Todo et Shijima, il ne devait pas être content d’entendre que Nova n’avait fait que se jouer d’eux pendant tout ce temps.
« -Mais dans ce cas, reprit finalement Kimihiro, n’y a-t-il pas une seule personne dont tu t’es senti proche dans ta vie ? »
Nova s’arrêta de marcher.
« -Si, répondit-il sur un ton amer. Mais ils m’ont clairement fait comprendre que ce n’était pas réciproque.
-Tu devrais peut-être, déclara Kimihiro sur un ton hésitant, essayer d’aller en rediscuter avec eux non ? Maintenant que la guerre est finie, certaines tensions doivent être apaisées, donc la conversation pourrait tourner différemment non ? »
Nova grimaça alors qu’un souvenir remontait.
Donc Nova, ce que tu as dit…c’est la preuve que nous n’étions pas amis.
Ces mots piquaient encore. Et pour ne pas le montrer, il s’était montré sec envers eux en retour.
Tu viens de me dire que j’avais une mauvaise définition de l’amitié. Je préfère prendre du recul pour y réfléchir avant de m’impliquer à nouveau dans des amitiés douteuses.
Les rencontrer à nouveau signifierait s’exposer à ressentir à nouveau cette piqure…mais était-il vraiment satisfait de laisser la situation telle quel ? Il était bien obligé de reconnaître que non.
« -J’y réfléchirai » répondit-il finalement à Kimihiro.
Et finalement il avait envoyé un message à Sora et Dennis dès son retour chez lui. Tant pis pour sa dignité. Ils s’étaient donc donnés rendez-vous dans un café à Maimi City. Nova avait fait exprès d’arriver en retard, et eu quand même la frustration de constater que Sora n’était pas arrivé. Au moins, Dennis était là.
« -Ah ! réagit-il. Bonjour !
-Bonjour, haussa les épaules Nova. Sora n’est pas encore arrivé. »
Ce n’était pas une question, mais Dennis répondit quand même :
« -Non, il finissait un cours à You Show et il n’a pas vu l’heure. Il m’a envoyé un message, il ne devrait pas tarder.
-D’accord. »
Un silence gênant s’installa.
« -Alors euh, fit Dennis, comment vas-tu maintenant ?
-Relativement bien. Je vis à Heartland maintenant.
-Attends, toi aussi ?!
-Tu vis à Heartland ? réagit Nova, intrigué.
-Oui, j’y suis assistant du professeur Sakaki. Et aussi, avec mes duels spectacle, j’essaie de réconcilier les habitants d’Heartland avec la fusion.
-Et ça marche ? demanda Nova en pensant connaitre la réponse.
-En fait…oui, plutôt bien. Beaucoup sont récalcitrants voire agressifs, mais je parviens quand même à m’entendre avec la majorité des gens. Et je ne désespère pas de faire comprendre à tous ma bonne foi. Après ce que j’ai fait…ils ont le droit de me haïr. Mais je ne veux plus croire que je suis condamné d’avance à ne jamais pouvoir être pardonné. Certains m’ont prouvé le contraire, et même si tout le monde ne me pardonne pas, je veux changer et aider les autres. »
Nova était surpris par cette réponse : à la fois car lui-même pensait cette réconciliation impossible, sauf éventuellement pour ceux qui auraient trahi Academia depuis le début, mais aussi car il constatait que l’était d’esprit de Dennis avait effectivement grandement évolué. Il…ne savait pas quoi en penser. Etait-ce une bonne chose ?
« -Salut les gars ! »
Le retardataire le coupa dans ses réflexions. Sans s’excuser pour son retard, Sora s’assit à la table.
« -Alors, vous allez bien ?
-On ne s’est pas vus depuis la fin de la guerre et c’est ça que tu demandes ? répondit Nova, blasé.
-Comment veux-tu que je commence cette conversation ? bouda Sora. C’est toi qui as demandé à nous voir, que voulais-tu nous dire ? »
La première chose qui vint à l’esprit de Nova fut une réplique cinglante, malheureusement il savait que ce serait contre-productif. Mais il se voyait mal leur donner qu’il reconsidérait leur amitié après les avoir durement rejetés la dernière fois qu’ils s’étaient parlés. Pourtant, il allait bien devoir se lancer.
« -Vous souvenez-vous de la discussion qu’on a eue avant de prendre d’assaut le port ? »
Ils hochèrent la tête, mais ne dirent rien, à son grand désarroi.
« -Ce jour-là, continua-t-il, j’avais dit que j’avais besoin de prendre du recul avant de considérer si c’était une bonne idée qu’on essaie d’être amis…
-Tu as dit, le coupa Sora, « Je préfère prendre du recul pour y réfléchir avant de m’impliquer à nouveau dans des amitiés douteuses » si je me souviens bien. »
Nova ne s’attendait pas à ce que Sora s’en souvienne aussi bien. Cachant son malaise derrière un visage impassible, il déclara :
« -Je ne vois pas la différence.
-Sérieusement ?
-Bref ! le coupa Dennis. Est-ce que ça veut dire que tu as pris…une décision à ce sujet ?
-…Non, pas vraiment. Plutôt…j’ai des questions à vous poser. Et j’ai pensé qu’on devrait en rediscuter.
-Hum, siffla Sora, je ne suis pas sûr d’avoir quelque chose de plus à dire par rapport à la dernière fois.
-Je ne sais pas moi, s’agaça Nova. Tu m’as dit pourquoi on n’était pas amis selon toi et ce qu’étaient vraiment des amis, mais dans ce cas, Sora, Dennis, quelle était votre vision de notre relation ? »
« Comment vous me voyiez ? »
Sora et Dennis restèrent silencieux un instant, puis Dennis s’exprima :
« -Si vous voulez, je peux commencer.
-Vas-y, l’encouragea Sora.
-Eh bien, réfléchit Dennis, je pense que je rejoins un peu ce qu’avait dit Sora dans le sens où je ne m’attachais à personne : c’est quelque chose que j’ai dû faire en tant qu’espion dans toutes les dimensions, je me suis rapproché de personnes que je ciblais…mais au final, j’étouffais toujours ces sentiments afin de rester fidèle à ma mission avant tout.
-C’est différent de moi, nota Nova. Je n’avais pas le sentiment de m’attacher aux personnes que j’espionnais. C’est ce qui me rend différent de vous je suppose.
-Sauf que, reprit Dennis, j’étouffais aussi tout sentiment positif que je pouvais éprouver envers vous. Car je savais que nous pouvions entrer en conflit à tout moment, et que si le Professeur le demandait, je devrais me retourner contre vous.
-Je comprends ce sentiment, soupira Sora. C’est aussi pour ça que je n’ai jamais vu personne à Academia comme un ami.
-Donc, haussa un sourcil Nova, t’attacher à tes alliés d’Academia était trop risqué car il y avait un monde où tu devais te battre contre eux, par contre des types sans aucun rapport avec Academia et qui devraient être changés en cartes au moment où ils s’opposeraient au Professeur, c’était bon ?
-Yuya et Yuzu n’étaient pas une menace ! protesta Sora. Ou du moins, je ne pensais pas qu’ils en étaient une…je ne savais pas qu’ils deviendraient des cibles du Professeur, et ils n’étaient pas assez forts pour vraiment poser un problème à Academia. Et ils étaient vraiment amusants. »
Un silence assez gênant s’installa.
« -Bref ! reprit Dennis. Tout ça pour dire, Nova, que…je t’estimais. Tu étais à mes yeux un excellent camarade, un bon duelliste et un parfait espion. Tu savais te montrer très pragmatique, et ta loyauté était indiscutable…mais d’un autre côté, je pouvais penser que tu m’éliminerais sans soucis si jamais le Professeur te le demandait. Et j’aurais fait la même chose dans le cas inverse. Alors…non, je ne crois pas t’avoir considéré comme un ami.
-Pareil, marmonna Sora. Tu étais fort, et j’adorais jouer des duels avec toi. Mais…au sein d’Academia, on n’apprenait pas vraiment à se soucier des autres. Je te l’ai dit ce jour-là au port et je te le redis, mais si tu es honnête avec toi-même, à partir du moment où tu aurais pu me transformer en carte sans regrets, peux-tu honnêtement dire que tu me considérais comme un ami ? »
« Oui » répondit intérieurement Nova, mais il ne le dit pas à voix haute.
Parce qu’il comprenait ce que Sora voulait dire. Il voyait bien son point, et il n’avait pas de réponses à donner. Et pourtant…sa définition de l’amitié était peut-être tordue, mais il était sûr que c’était ce qu’il avait ressenti pour eux, au point qu’apprendre leur désertion d’Academia l’avait profondément bouleversé. Mais il avait beau chercher dans sa mémoire une preuve à donner à Sora qu’il se souciait de lui, il restait bloqué.
« -Si je peux me permettre, intervint Dennis, ce n’est pas tout à fait vrai…
-Hein ? réagit Sora.
-Lorsque tu avais perdu contre Ryouga Kamishiro, se souvint Dennis, Nova voulait aller te chercher à l’infirmerie du stade. C’est moi qui l’ai convaincu que ce serait une erreur, pour sa couverture et pour sa mission. »
Sora se tourna vers Nova, clairement surpris. Nova aussi était surpris : il avait totalement oublié que c’était arrivé – pour lui c’était un moment où il avait failli perdre le contrôle de ses émotions, une erreur, et il l’avait occultée de sa mémoire – mais effectivement, sans Dennis cette nuit-là, il aurait…
« -Nova, reprit doucement Sora, je pensais vraiment ce que j’ai dit ce jour-là, d’accord ? On n’était peut-être pas amis, mais j’ai aimé t’avoir comme allié. Alors si tu veux qu’on essaye de recommencer à zéro…j’ai plus d’expérience en amitié maintenant, donc ça devrait bien se passer ?
-…C’est la pire proposition d’amitié que j’ai jamais entendu, répliqua Nova. Vraiment, c’est même pire que la dernière fois.
-Eh ! bouda Sora. Je parie qu’il n’y a que moi qui t’en ai faites d’abord !
-Ce qui signifie que tu régresses. Mais…je suppose que je pourrais l’accepter.
-Dixit celui qui a proposé qu’on se voit en premier lieu, croque dans sa sucette Sora avec un air blasé. »
Le silence revint.
« -Euh, fit Dennis, du coup c’est bon ? Nova a accepté ta proposition donc, on est amis ?
-Je suppose ? répondit Sora. C’est bizarre comme situation…
-N’es-tu pas celui qui est expérimenté en amitié maintenant ? haussa un sourcil Nova.
-Oh ça va ! Je sais, je vais vous emmener à You Show !
-Attends, réagit Dennis, quoi ?
-Quel est le rapport ? renchérit Nova.
-Bah, les amis font des trucs ensemble. Donc laissez-moi vous montrer là où je passe mes journées ! »
Nova et Dennis se dévisagèrent, puis hochèrent la tête. Après tout, Kimihiro aussi semblait vouloir se tourner vers le duel spectacle si Nova se souvenait correctement de la façon dont il avait commencé leur duel. Ils se levèrent pour suivre Sora quand…
« -Nova ? Nova Shadow ? »
« Oh non, pas elle… »
Il se retourna, et évidemment, Kotsu ne pouvait pas être seule : Shijima et Todo devaient être avec elle. Nova se demanda s’il pouvait utiliser la présence de Sora et Dennis pour fuir la discussion, mais ces deux-là étaient déjà debout et en train de s’éloigner.
« -On t’attend au banc là-bas, l’informa Sora. Rejoins-nous dès que possible. »
« Traitres. »
Résigné, Nova se retrouva seul face à ses anciens faux amis. Nova ne voulait vraiment pas être cruel avec eux. Mais il ne ressentait vraiment rien pour eux. Et à voir l’expression de leur visage – de la joie pour Shijima, de la colère pour Kotsu, et de l’espoir pour Todo – Nova savait que ça allait les blesser.
« -Cela faisait longtemps…amorça Shijima.
-Normal puisqu’il vient en fait d’Academia, le coupa Kotsu. Je suppose que maintenant que la guerre est terminée, tu vis chez toi dans la dimension fusion.
-Perdu, rétorqua Nova sur le ton le plus neutre possible. Je ne vis plus à Academia.
-Tu es revenu vivre ici ? demanda Yaiba.
-Cela ne vous regarde pas, répondit Nova, mais non. »
Un silence s’installa.
« -Ecoutez, soupira Nova. Vous avez sans doute des tas de choses à me dire. Alors…allez-y.
-« Allez-y » ! ricana Kotsu. Comme si c’était si simple.
-Masumi…commença Todo.
-Hokuto a été changé en carte, commença-t-elle. C’était déjà horrible. Puis j’ai dû apprendre que quelqu’un que je considérais comme un ami était en fait dans le camp responsable de ça. Et lorsque je t’ai revu, tu étais en fait dans notre camp…mais lorsque je t’ai cherché pour discuter, je ne t’ai pas trouvé.
-Parce que je vous évitais, répondit honnêtement Nova.
-Oh, soupira Todo.
-Tu vois Yaiba ? demanda sur un ton amer Kotsu. Je te l’avais dit.
-J’ai entendu dire que Yuya Sakaki s’était retrouvé dans une situation similaire à la nôtre ! intervint Shijima. Nova, est-ce que tu… ?
-Je sais ce que tu vas me demander, le coupa Nova. Et je suis désolé…mais ma situation n’est pas comme celle de Sora. Pour moi, vous n’étiez vraiment que des personnes que je pouvais facilement utiliser pour m’infiltrer efficacement dans cette dimension. »
Cela agaçait sincèrement Nova de leur dire ça. Il avait voulu éviter de se montrer cruel, et il y avait été forcé. Leurs visages blessés le frustraient.
« -Mais, reprit-il, je suis désolé.
-Désolé ? répéta sèchement Kotsu. Désolé de quoi ?
-De vous avoir fait croire que nous étions amis. Je comprends pourquoi la réalisation que ce n’était pas le cas vous blesse…je comprends très bien même. »
Un silence lui répondit. Puis finalement, Shijima déclara :
« -Je suppose…qu’au moins tu essaies de changer maintenant.
-Oui, confirma Nova.
-C’est dur, lui avoua Shijima. Si au moins tu étais resté cet enfoiré qui nous utilisait juste…au moins ce serait plus facile de l’accepter. On ne se ferait pas de faux espoirs.
-De cela je ne vais pas m’excuser, répondit Nova. Ce que je fais de moi-même ne vous concerne pas.
-Ha ! intervint Kotsu. Je vois qu’il te reste du boulot avant d’arrêter d’être un connard. Au moins j’ai la satisfaction de savoir que je n’ai rien perdu. »
Elle marqua une pause, puis enchaîna :
« -Et le pire…c’est que je vois que l’éclat de tes yeux n’est même pas ébranlé par ce que je viens de te dire. »
Furieuse, elle tourna les talons, bientôt rejointe par Shijima. Il ne restait donc que Todo.
« -Que ce soit clair, déclara Todo en se retournant à son tour, je ne te pardonne pas.
-C’est normal, approuva Nova.
-Mais…bonne chance pour la suite. »
Et il partit. Nova fit de même et rejoignit Sora et Dennis.
« -Alors ? lui demandèrent-ils lorsqu’il arriva.
-Cela s’est mieux passé que je ne le pensais, avoua Nova.
-Est-ce qu’ils ont…commença à demander Sora.
-Je ne veux pas en parler, le coupa Nova. Emmène-moi plutôt à You Show. »
Nova décida rapidement que c’était une erreur : tout le monde qui criait et gesticulait dans tous les sens, ça lui donnait la migraine. Il n’arrivait même pas à se concentrer sur le duel de Yuya Sakaki. Cela n’avait pas l’air de gêner Sora…qui criait plus fort que tous les autres. Surtout lorsque le duel fut terminé et que le vainqueur fut, évidemment…
« -Bien joué Yuya ! cria Sora.
-Bon, fit Nova, je crois que je vais y aller.
-Déjà ? s’étonna Sora. Je comptais te défier en duel spectacle !
-Non merci, rétorqua Nova. Gesticuler dans tous les sens et faire des pirouettes pour épater la galerie, laissant du temps à l’adversaire de trouver une carte Action, ce n’est pas mon truc. »
« Je ne comprends pas ce que Kimihiro peut trouver à ce style » soupira-t-il.
« -Mais euh ! bouda Sora. Tu comprends rien aux duels spectacles !
-Il n’a pas tort, intervint Dennis. Ce que tu dis est une description assez réductrice des duels spectacles.
-Dit l’autre adepte des pirouettes, répliqua Nova.
-Ce n’est pas faux, ricana Dennis, mais je tiens à défendre mon art. Il y a plusieurs façons de livrer un duel spectacle, tu peux aussi…jouer le méchant par exemple !
-Jouer le méchant ? réagit Nova, intéressé.
-Oui. Dans un spectacle, il faut qu’il y ait quelqu’un que le public encourage…mais c’est encore plus divertissant s’il y en a un que le public veut voir perdre à tout prix !
-Hum, intéressant…j’ai changé d’avis Sora, j’accepte ton défi. »
Sans savoir pourquoi, Sora commença à regretter d’avoir amené Nova ici…
« -Ah ! cria Sora. J’ai perdu !
-Disons que c’est ma revanche sur notre dernier duel dans cette école, lui rappela Nova. J’avais perdu à cause de ton incapacité à comprendre des consignes simples…
-Et c’est pour ça que tu m’as tourmenté pendant tout le duel ? haussa un sourcil Sora. Franchement, tu m’as presque fait peur à un moment, ce n’était pas fun !
-N’est-ce que ce qu’on a m’a dit de tenter, de jouer le méchant ? Tu ne vas pas me reprocher d’avoir joint l’utile à l’agréable.
-Retire ce sourire narquois de ton visage ! Bon sang, ce rôle te va vraiment bien…
-Monsieur sucette ! »
Plein d’enfants accoururent et entourèrent Sora.
« -Tu étais génial !
-Tes monstres sont trop mignons !
-Cela ne peut pas se finir comme ça n’est-ce pas ? Tu vaincras le méchant seigneur aux yeux rouges la prochaine fois n’est-ce pas ? »
Nova se rembrunit : Sora lui avait donné ce surnom ridicule pendant leur duel. Ses yeux n’étaient même pas rouge !
« -Alors, lui demanda Dennis, tu as apprécié ?
-Hum, réfléchit Nova, j’avoue que c’était assez drôle. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pu livrer un duel sans la moindre retenue, où je m’amusais. Jusqu’ici, j’ai toujours fait primer l’efficacité et le bien de mes missions…mais maintenant, je crois que j’ai trouvé comment me divertir autrement. Donc j’admets que votre idée n’était pas horrible. Et puis… »
Nova regarda Sora crâner autour de tous les fans qu’il s’était fait grâce à leur narratif pendant le duel, et alors qu’il pensait ressentir de la jalousie…il se sentait juste bien en le voyant heureux comme ça.
« -…je suppose qu’il y a d’autres avantages. »
Et avant même qu’il ne le réalise, un sourire se dessina sur son visage.
Notes:
Merci à Aya_the_detective pour le dessin de Nova.
Je rappelle que Nova Shadow n'est pas mon OC, il appartient à NovaShadow123.
Nova est un personnage à la fois très amusant et très compliqué à écrire. Enfin, compliqué à écrire depuis qu'il a changé de camp. Parce que Nova, contrairement à Dennis et Sora, n'a pas vraiment d'attachement envers les héros, sauf peut-être Kimihiro, mais ce n'est pas ça qui l'a fait changer de camp et il éprouve relativement peu de remords par rapport à eux. Donc écrire ses relations avec les autres est compliqué, alors que c'est le point de ce chapitre. Mais au final, ça m'a permis de faire un bilan sur le personnage et son évolution tout au long de l'histoire, et je me suis beaucoup amusé à écrire ses répliques, donc au final je suis très satisfait de l'écriture de Nova dans cette histoire. Je pense qu'il est ma meilleure réussite avec Erik et Kimihiro...merci à NovaShadow123 de me l'avoir passé il y a 5 ans du coup ^^ Je n'aurais jamais cru que ce personnage imprévu ajouté au récit au dernier moment en devient une part aussi importante, et j'espère avoir rendu honneur à ton personnage.
Chapter 5: OS 5 : Nouveau départ
Summary:
Mickael part vivre dans la dimension Standard pour commencer à étudier dans une autre école qu'Academia et découvrir les autres dimensions. Il y fait une rencontre intéressante.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Mickael ferma son sac et prit une profonde inspiration : ça y est, il était prêt. Il était surpris de se sentir assez peu émotif : après la guerre, il avait de nouveau emménagé dans sa chambre à Academia, et alors que lorsqu’il avait trahi Academia, il avait ressenti un pincement au cœur en sachant tout ce qu’il laissait derrière lui, il ne ressentait aucune tristesse alors qu’il partait à nouveau, peut-être définitivement cette fois. Il supposa que comme sur beaucoup d’autres sujets, Yusho avait raison quand il disait que la première fois était toujours la plus difficile.
« -Tu vas partir sans me dire au revoir ? »
Mickael se retourna et trouva Jaden dans l’entrée de sa chambre. Il sourit :
« -Je te cherchais ! J’ai déjà dit au revoir à Jesse et Asuka, mais tu n’étais nulle part.
-Désolé, se frotta les cheveux Jaden, j’étais allé me balader sur la plage et je n’ai pas vu le temps passer. Mais je n’allais pas manquer ton grand départ !
-Je vais juste aller étudier dans la dimension Standard, répondit Mickael avec une moue blasée. Tu dis ça comme si je partais en expédition.
-Ahah, c’est juste que ça va me faire drôle de ne plus te voir tous les jours. »
Mickael sourit tristement.
« -Ouais, moi aussi. »
Il y a encore un an, il n’aurait jamais pensé à s’éloigner de Jaden. Il idolâtrait son aîné, avec qui il partageait une passion excessive pour les duels, mais Jaden avait aussi une énorme confiance en lui que Mickael ne pouvait qu’envier. Avec Jaden, tout semblait plus simple…et pourtant, Mickael se sentait à présent assez fort pour voler de ses propres ailes. Reiji Akaba avait laissé à tous ceux qui s’étaient battus aux côtés des Lancers un disque de duel permettant de se déplacer librement à travers les dimensions, donc Mickael aurait pu se permettre de suivre les cours à Standard et de revenir à Academia tous les soirs, mais ça aurait amoindri son immersion. Et ce que Mickael voulait, c'était ouvrir une nouvelle page et commencer une toute nouvelle aventure.
« -J’ai encore du mal à comprendre ta décision, avoua Jaden.
-Je pense qu’on peut apprendre beaucoup des autres dimensions, expliqua Mickael. Je voulais apprendre d’une d’entre elles, pour changer de l’enseignement d’Academia. La dimension XYZ est en pleine reconstruction et beaucoup de ses habitants sont encore traumatisés par l’invocation fusion, ce qui peut se comprendre, et la dimension Standard a l’avantage de déjà connaître la fusion, donc je ne serai pas totalement dépaysé.
-Non non, répondit Jaden, tout ça je comprends. Mais quitte à aller étudier dans la dimension Standard, j’aurais pensé que tu serais allé à l’école de Yusho…
-La You Show Duel School.
-Oui, celle-la !
-…Elle porte littéralement le même nom que notre école, comment as-tu pu l’oublier ?
-Justement, je cherchais autre chose. Yusho ne s’est pas embêté quand il a choisi notre nom, ah ah !
-…Bref, l’école You Show n’a pas d’internat, la LDS si, ça a facilité ma prise de décision.
-C’est un bon point, concéda Jaden. Mais ce n’est pas la vraie raison, si ?
-…C’est juste que l’école You Show…ne serait de toute façon pas l’école You Show pour moi sans Yusho pour y enseigner, tu vois ? »
Jaden hocha la tête, comprenant ce que Mickael ressentait.
« -Donc, reprit Mickael, autant commencer quelque chose de nouveau !
-Ouais ! l’applaudit Jaden. Tu as de la chance, tu vas rencontrer plein de nouveaux adversaires et livrer de super duels !
-Tu pourrais faire de même et aller étudier dans une autre dimension toi aussi » rétorqua Mickael.
Le sourire de Jaden s’effaça. Il se remit à sourire très rapidement après, mais il semblait plus triste qu’heureux.
« -Non, je ne peux pas. J’ai encore…des choses à faire ici. »
Mickael regretta sa remarque : Jun Manjome était encore dans un sale état même s’il se remettait petit à petit. Il avait retrouvé sa conscience et plus ou moins sa santé mentale, mais il avait encore du mal à se déplacer. Et il savait que Jaden se sentait en partie responsable de l’état de son rival et voulait être là pour lui, tout comme Asuka avec Zane Truesdales.
« -Dans ce cas, se força-t-il à sourire, tu ne me laisses pas le choix.
-Hein ? réagit Jaden.
-Je vais te trouver les meilleurs adversaires possibles, annonça Mickael. Lorsque tu viendras me rendre visite à Standard, je te ferai rencontrer de super duellistes et je t’aurais préparé de nombreux défis ! Tu ne gagneras pas si facilement ! »
Le sourire de Jaden redevint joyeux et sincère.
« Eh bah, je compte sur toi ! »
Mickael se tenait maintenant devant l’immense tour de la LDS. Enfin, il y était déjà venu une heure plus tôt. Mais contrairement à ce qu’il pensait, l’internat de la Leo Duel School, à l’origine pensé pour les élèves venus de l’étranger pour suivre des cours dans le campus principal, ne se trouvait pas du tout dans la tour mais dans un bâtiment que la présidente Himika Akaba avait acheté il y a quelques années. Mickael avait donc dû s’y rendre pour poser ses affaires, mais ça y est, il était de retour ! Il entra dans l’école, remplie de monde, et commença à explorer le bâtiment, cherchant ses futures salles de classe. L’ambiance était très différente d’à Academia où l’école You Show de la dimension fusion, c’était plutôt…un mélange des deux. Une affiche attira l’attention de Mickael.
« C’est une fiche répertoriant les différents cours donnés » lut Mickael. « Invocation Fusion, Invocation Synchro, Invocation XYZ…et apparemment, l’Invocation pendule est une nouveauté. »
Mickael avait vu certains Lancers utiliser cette invocation, et il lui semblait que Zarc avait dit quelque chose de ce genre lorsqu’ils s’affrontaient, mais Mickael n’y avait pas plus réfléchi que ça. Est-ce que ça serait intéressant de l’apprendre ? Il ne se voyait pas jouer une autre invocation que la fusion…
« -Dépêche-toi, ou on va tout rater !
-Le duel vient de commencer, on a le temps ! »
Mickael entendit deux élèves crier en courant, se rendant visiblement vers le lieu d’un duel. Mickael hésita un instant, puis se lança à leur poursuite, curieux de voir à quoi ressemblait un duel sur les courts de la LDS. Yusho lui en avait beaucoup parlé, la spécialité de la dimension Standard, c’était d’utiliser la Solid Vision pour créer tout un terrain sur lequel se déroulait le duel, poussant les duellistes à exploiter leur environnement, repoussant encore plus les limites du duel : l’Action Duel ! Mais ce que Mickael en avait vu de plus proche, c’était le terrain générique provoqué par les disques de duels des Lancers pour qu’ils puissent utiliser les cartes Action. Il avait envie de voir un vrai Action Duel !
Il arriva donc sur le fameux court central de la LDS…et il devait admettre que c’était impressionnant : il faillit perdre de vue la réalité tellement le Terrain d’Action était crédible, d’un coup Mickael se retrouvait aux alentours d’un château, et face à lui se trouvait le spectacle de chevaliers combattant un dragon. Un garçon se tenait derrière ses chevaliers, mais Mickael n’aperçut pas l’autre duelliste. En le cherchant du regard, Mickael ne vit personne, mais crut soudain apercevoir une ombre sur le dos du dragon. Souhaitant la voir de plus près, Mickael bondit sur les murs et sauta jusqu’à atteindre les remparts – s’il était reconnaissant d’une seule chose dans son apprentissage à Academia, c’était les compétences physiques qu’il avait pu développer – pour prendre de la hauteur. Il put donc voir où était l’autre duelliste : assise sur son dragon, le regard farouche et déterminé posé sur les monstres de son adversaire qu’elle comptait détruire, ses cheveux châtains flottant dans le vent…
« H-Hein ? Mais…mais qu’est-ce qui m’arrive ? » pensa Mickael alors qu’il sentait ses joues devenir chaude et son cœur commencer à battre de plus en plus vite.
Et il resta ainsi, les yeux rivés sur la duelliste livrant le duel. Même alors qu’elle passait à l’attaque. Même alors qu’elle réduisait les points de vie de son adversaire à zéro.
Même alors que le duel était terminé et que le terrain d’Action, y compris le rempart sur lequel Mickael était debout, disparaissait. Mickael sentit trop tard le sol se dérober sous ses pieds. Il chuta et tomba au sol, devant tous les spectateurs.
« -Aïe ! gémit-il en se relevant.
-Est-ce que ça va ? »
Mickael leva les yeux, et faillit faire une crise cardiaque : c’était la fille qu’il regardait, qui venait de finir son duel. Mickael sentit soudain sa timidité, qu’il pensait appartenir au passé, ressurgir alors qu’il lui tourna le dos pour lui cacher son visage et répondre précipitamment :
« -Oui oui, ça va ! »
Mickael rougit, non seulement en raison du sentiment étrange qui le parcourait chaque fois qu’il voyait cette belle inconnue, mais aussi parce qu’il réalisait à quelle point la situation était embarrassante : pour son premier jour dans sa nouvelle école, il venait de se ridiculiser en faisant une belle chute devant tous les spectateurs, qui étaient nombreux !
« Félicitations, crétin ! Bon sang, j’ai envie de disparaître six pieds sous terre… »
Perdu dans ses pensées, Mickael ne remarqua pas la duelliste tourner autour de lui et repasser devant lui.
« -C’est la première fois que je te vois ici, le sortit-elle de ses pensées. Tu es nouveau ?
-Hein ? Euh, oui. Je viens de la dimension fusion.
-La dimension fusion ? » répéta-t-elle, perplexe.
Mickael se demanda alors s’il avait bien fait de révéler cela : Academia n’avait pas été l’ennemie de Maimi City comme elle avait été celle d’Heartland, mais les habitants de la dimension Standard étaient quand même au courant qu’ils avaient le mauvais rôle dans la guerre. Mais avant qu’il n’ait pu se justifier, elle sourit :
« -C’est génial ! Depuis que j’ai appris qu’il y avait d’autres dimensions, j’ai eu envie d’affronter un duelliste venu d’un de ces autres mondes ! Veux-tu m’affronter en duel ?
-Hein ? Quoi ? Maintenant ?
-Ouais ! confirma-t-elle. J’avais réservé le terrain pour trois quarts d’heure, mais Togen n’a même pas duré dix minutes…
-Eh ! protesta son adversaire. C’est juste…parce que j’ai été sympa avec toi !
-Mais bien sûr…roula-t-elle des yeux.
-Dis ce que tu veux, rétorqua Togen, mais un jour, je serai le meilleur duelliste de la LDS, tout comme le grand Sawatari ! »
Il avait des étoiles dans les yeux en disant cela.
« -C’est débattable qu’il soit…commença-t-elle. Non tu sais quoi ? Laisse-tomber. Alors ? Tu veux bien m’affronter…désolée, je suis allée un peu vite en besogne, je viens de réaliser que je ne sais pas quel est ton nom.
-Je m’appelle Mickael, se présenta-t-il. Mickael Touati.
-Léa, sourit-elle. Léa Toga. Alors, Mickael Touati, m’affronteras-tu en duel ?
-Eh bien…avec plaisir ! »
La surprise passée, Mickael devait avouer qu’il était plutôt enthousiaste à l’idée de jouer si tôt sur le court central de la LDS. Et puis, les duels, c’était son domaine, il se sentirait plus à l’aise en en livrant un ! Aussi, il était content de passer du temps avec cette fille…
« Mais qu’est-ce que je raconte moi ?! » pensa-t-il.
« -Super ! déclara Léa. Alors allons-y ! »
Les deux adversaires se placèrent de chaque côté du terrain, et Léa commença à crier :
« - Les duellistes réunis dans ce temple du combat... »
Elle se tut, attendant que Mickael dise quelque chose. Puis elle se tapa la tête.
« -Je suis bête ! Tu es nouveau ici, tu ne connais pas le chant d’introduction de l’Action Duel ! Bon, je vais le faire pour toi cette fois. Les duellistes réunis dans ce temple du combat, ainsi que leurs monstres, vont maintenant frapper la terre, danser dans les cieux et courir à travers le terrain. Regardez bien, voyez l'évolution ultime du duel ! L’Action…
Terrain d’Action : Gratte-Ciel, la ville des héros
Tour 1 : Léa
« -Je commence ! J’active pour commencer la carte magie Rage avec des Yeux de Bleu : cette carte est bannie après son utilisation, ainsi que toutes les cartes que j’ai en main, mais je peux ensuite invoquer tous les Dragons Blancs aux Yeux Bleus (3000 atk) que j’ai dans mon deck !
-Quoi ? réagit Mickael.
-Venez, mes dragons !
-Elle a invoqué trois monstres de haut niveau aussi facilement ! fut impressionné Mickael. Mais…c’est un pari risqué non ? Tu te retrouves sans aucune autre ressource, et tu aurais pu au mois poser des cartes pour éviter leur bannissement.
-Non, expliqua Léa. Cette carte bannit en fait toutes les cartes que j’ai sur mon terrain également, mais comme je n’en avais pas, seules les cartes dans ma main ont été bannies.
-Je vois, comprit Mickael, ça n’aurait rien changé.
-Quant à si je prends un risque…j’ai trois monstres avec 3000 points d’atk sur mon terrain dès le premier tour, je te laisse essayer de faire mieux ! Je termine mon tour ! » (Léa : 4000 HP, 0 carte en main, 3 monstres 3000 atk)
Tour 2 : Mickael
« -Cela ne va effectivement pas être facile…je tire ! Hum, je commence par invoquer Colibri Aérien Néo-Spacien (800 atk) !
-Il a peu de points d’atk, nota Léa, je suppose que tu comptes sur son effet ?
-Non, son effet ne marche que si tu as des cartes en main. Je compte donc sur ceci : la carte magie Le Mélangeur : cette carte me permet de renvoyer un Néo Spacien ou un héros élémentaire que je contrôle dans mon deck pour invoquer spécialement un autre monstre Néo Spacien ou Héros Elémentaire depuis mon deck ! Je dis donc au revoir à Colibri Aérien et je fais apparaître Esprit de Néos, Héros Elémentaire (2500 atk) !
-Hum, sourit Léa, je vois que toi aussi tu as des moyens d’invoquer rapidement des monstres puissants. Mais le tien reste bien moins puissant que mes trois dragons.
-Cela tombe donc bien, sourit Mickael en retour, que lorsqu’Esprit de Néos est invoqué spécialement, je puisse ajouter une carte magie de fusion à ma main ! Je prends donc en main Contact Miracle !
-Ah, tu vas enfin faire une invocation fusion !
-Oui…mais pas tout de suite. J’active avant la carte magie continue Vague EN.
-Elle fait quoi ?
-Tu verras. Il est temps que je passe à l’attaque ! Esprit de Néos va attaquer ton Dragon Blanc aux Yeux Bleus !
-Hein ? Mais il a plus… »
Léa aperçut alors Mickael commencer à courir à travers le terrain.
« -Je vois, plissa-t-elle les yeux en se lançant à sa poursuite. Je ne compte pas te laisser t’en tirer aussi facilement ! »
Elle monta sur un de ses dragons, et s’envola tandis que Mickael grimpait sur un immeuble. Alors qu’il arriva rapidement sur le toit, il courut pour récupérer la carte Action…mais Léa et son dragon s’interposèrent. Avec une pirouette agile, Léa sauta et récupéra la carte Action.
« -Super ! J’active Phare du Héros : elle ajoute à mon dragon attaqué 600 points d’atk (3000+600=3600 atk). Dommage, si tu l’avais attrapée tu aurais pu détruire mon monstre, mais à Standard on a davantage l’habitude des Terrains d’Action que vous.
-…ou alors, ricana Mickael, c’est ce que je voulais te faire croire.
-Hein ?
-J’active depuis ma main l’effet de Néos de Loyauté, Héros Elémentaire : je l’envoie de ma main au cimetière, et ses points d’atk s’ajoutent à ceux d’Esprit de Néos (2500+2500=5000 atk) jusqu’à la fin de ce tour !
-Ah ! comprit Léa.
-Esprit de Néos, détruis son dragon !
-Grr ! (5000-3600=1400 ; Léa : 4000-1400=2600 HP).
-Super ! C’est ainsi que se termine mon tour ! » (Mickael : 4000 HP, 3 cartes en main, 1 monstre 2500 atk, 1 carte magie continue activée)
Tour 3 : Léa
« -À moi de jouer, je tire ! Je vais activer la carte magie que je viens de piocher, Pot de Prospérité : les dommages que je t’inflige ce tour sont divisés par deux, et en retour cette carte me permet de bannir 3 monstres de mon Extra Deck puis de regarder les 3 prochaines cartes de mon deck et d’en ajouter une à ma main, les autres allant en-dessous du deck. Je regarde et, hum…je prends en main Fusion Ultime !
-Tu maitrises l’invocation fusion ?! s’étonna Mickael.
-Pourquoi crois-tu que j’étais si contente d’affronter un duelliste de la dimension fusion ? demanda-t-elle. Je voulais comparer ton invocation fusion avec la-mienne.
-Oh, rougit Mickael, bah, euh…
-J’active donc Fusion Ultime ! Cette carte me permet de faire fusionner des monstres du terrain ou du cimetière pour une invocation fusion. Je fais fusionner un Dragon Blanc aux Yeux Bleus de mon terrain avec celui que tu as détruit et envoyé au cimetière au tour précédent ! »
« Elle ne fait pas fusionner les trois ? » s’étonna Mickael.
« -Que les dragons de lumière s’unissent dans ce tourbillon de mystères pour donner naissance à une lumière encore plus pure. INVOCATION FUSION ! Apparais, Dragon Tyran aux Yeux Bleus (3400 atk) ! »
Dragon Tyran aux Yeux Bleus – ATK/3400 DEF/2900 Niveau 8
Type Dragon/Fusion/Effet Attribut LUMIÈRE
"Dragon Blanc aux Yeux Bleus" + 1 monstre Dragon
Doit d'abord être soit Invoquée par Fusion, soit Invoquée Spécialement depuis votre Extra Deck en Sacrifiant 1 "Dragon Blanc aux Yeux Bleus" équipé avec un Monstre Fusion. Non affectée ni par des Cartes Piège ni par des effets de Piège. Peut attaquer une fois tous les monstres contrôlés par votre adversaire. Une fois par tour, à la fin de la Damage Step, si cette carte a combattu : vous pouvez cibler 1 Piège dans votre Cimetière ; Posez-le.
« Waouh » pensa Mickael. « Pour un monstre fusion de la dimension Standard, il est vraiment puissant. »
Son visage se tourna vers Léa et son sourire fier. Mickael se sentit rougir à nouveau, mais aussi…un sentiment plus familier l’envahit : l’excitation d’affronter un adversaire puissant.
« Cette fille…est vraiment impressionnante ! »
« -On y va ! reprit Léa. Fusion Ultime ne me permet pas juste de faire fusionner des monstres : si j’ai utilisé un Dragon Blanc aux Yeux bleus sur mon terrain comme matériel de fusion en utilisant cette carte, je peux détruire une de tes cartes face recto. Je détruis donc Esprit de Néos Héros Elémentaire !
-Hein ?! s’écria Mickael, complètement pris au dépourvu.
-Et maintenant, Dragon Blanc aux Yeux Bleus et Dragon Tyran aux Yeux Bleus vont t’attaquer directement ! »
Sans que Mickael n’eût le temps de faire quoi que ce soit, les deux dragons étaient déjà sur lui. Aucune carte Action à l’horizon, aucune possibilité de fuite.
« Non…je ne veux pas ce que ce duel s’arrête déjà. »
« -AAAHHHH ! » cria-t-il, impuissant.
Mais alors que l’attaque se finissait, Mickael constata avec surprise qu’il lui restait des points de vie.
« -Mais…comment ?
-Tu as oublié ? réagit Léa en faisant la moue. À cause de l’effet de Pot de la Prospérité, les dommages que je t’inflige ce tour sont divisés par deux. Donc tu n’as subi que ((3000+3400)/2=6400/2=)3200 points de dommages (Mickael : 4000-3200=800 HP).
-Bah ça a quand même fait mal, soupira Mickael de soulagement.
-Et c’est ainsi que je finis mon tour. » (Léa : 2600 HP, 1 carte en main, 1 monstre 3400 atk, 1 monstre 3000 atk)
Tour 4 : Mickael
« -À moi de jouer ! Je pioche ! »
« Si je ne retourne pas la situation ce tour, je perdrai au suivant. Qu’est-ce que je peux faire ? »
Il regarda sa main : aucune carte ne lui permettait de renverser la situation. Mais…
« C’est risqué. Mais c’est ma seule option. »
« -J’invoque Taupe Géante Neo Spacien (900 atk) !
-Oh ? fit Léa. Toujours pas de fusion ? »
« Je ne peux pas en faire pour le moment » pensa Mickael, embarrassé.
« -Non, mais ton Dragon Tyran aux Yeux Bleus n’est pas affecté par les pièges de ce que je lis n’est-ce pas ? Je vais donc m’en débarrasser ! Taupe Géante, attaque-le !
-Pardon ?! Mais tu vas juste réduire tes points de vie à 0 !
-Non, car j’active l’effet de Taupe Géante ! Elle les renvoie elle et le monstre qu’elle combat à la main de leur propriétaire ! Ma main pour Taupe Géante…
-…et mon Extra Deck pour Dragon Tyran aux Yeux Bleus, s’agaça Léa en voyant son puissant dragon disparaître. Bien joué je suppose, mais ton terrain est maintenant vide. Que fais-tu ?
-Rien. Je pose une carte face cachée et je termine mon tour. » (Mickael : 800 HP, 3 cartes en main, 1 carte magie continue, 1 carte face cachée)
Tour 5 : Léa
« -…Quoi ? Mais… »
Mickael se mit à courir sur le terrain.
« Oh je vois » se dit Léa. « Il comptait sur les cartes Action pour gagner du temps. Pas question de le laisser faire ! »
Léa tira une carte de son deck, et, sans même la regarder, déclara que son Dragon Blanc aux Yeux Bleus attaquait directement Mickael. Son adversaire était trop loin de la carte Action qu’il visait.
« J’ai gagné » pensa Léa, triomphante.
Mais au dernier moment, Mickael se retourna, et avec le sourire aux lèvres, il annonça :
« -J’active mon piège ! NEXT ! Grâce à cette carte, je peux faire revenir Esprit de Néos depuis mon cimetière en mode def, mais son effet est annulé ! »
Le monstre apparut depuis le cimetière, juste le temps de faire écran contre l’attaque du Dragon Blanc aux Yeux Bleus de Léa, préservant les points de vie de Mickael. Elle écarquilla les yeux.
« Oh…il m’a piégée de la même façon que tout à l’heure, en me faisant croire qu’il comptait sur une carte Action alors qu’il pouvait gérer la situation avec son propre deck…Zut ! Et en plus maintenant, il va pouvoir utiliser à nouveau sa fichue taupe pour m’enlever mon monstre ! »
En voyant Mickael sourire fièrement, elle comprit qu’elle avait vu juste et que c’était exactement ce qu'il avait planifié. Elle commença à trembler…d’excitation.
« Il n’a même pas encore utilisé la fusion…il est doué ! Mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! »
« -Je termine mon tour ! » (Léa : 2600 HP, 1 carte en main, 1 monstre 3000 atk)
Tour 6 : Mickael
« -À moi de jouer, je tire ! J’invoque Taupé Géante Neo Spacien ! Et elle attaque ton Dragon Blanc aux Yeux Bleus !
-Je ne me laisserai pas faire ! » annonça Léa.
À son tour, elle commença à courir vers une carte Action.
« -J’active Esquive ! Ton attaque est annulée, tu ne pourras pas activer l’effet de ta taupe !
-J’active Pas d’Action ! la contra Mickael. L’effet de ta carte Action est annulée !
-Hein ? Mais quand… ? »
Léa se souvint alors qu’il courait vers une carte Action au tour précédent. Même si c’était un leurre, il avait eu le temps de la ramasser ensuite.
« Zut ! »
« -Et maintenant, continua Mickael, j’active l’effet de Taupe Géante : elle et le Dragon Blanc aux Yeux Bleus reviennent dans nos mains !
-Tsk ! fit Léa en récupérant son monstre.
-Et maintenant, déclara Mickael, je termine mon tour. » (Mickael : 800 HP, 4 cartes en main, 1 carte magie continue activée)
Tour 7 : Léa
Mickael recommença à courir : cette fois, il allait vraiment avoir besoin d’une carte Action. Mais le terrain de Léa était vide, il avait du temps cette fois. Cette dernière piocha.
« -Bien ! J’invoque Sage avec des Yeux de Bleu (0 atk) ! Lorsqu’elle est invoquée normalement, je peux ajouter Protecteur avec des Yeux de Bleu à ma main. Et ensuite… »
Léa se lança à la poursuite de Mickael, le rattrapant rapidement.
« -Tu te bats bien ! lui lança-t-elle.
-Je te retourne le compliment ! répondit-il.
-Mais ce duel, je vais le gagner ! »
Ils arrivèrent au bout d’une rue : deux cartes Action les attendaient à l’arrivée. Ils plongèrent…
« -J’active Epée Sacrée ! enchaîna Léa juste après avoir saisi une carte Action. J’augmente les points d’atk de ma Sage de 800 (0+800=800 atk). Elle t’attaque directement !
-J’active Demi-bouclier ! riposta Mickael en jouant à son tour sa carte Action. Les dommages que je subis sont divisés par 2. Aaah ! (Mickael 800-800/2=400 HP)
-Aaahh…souffla Léa, essoufflée. Pas mal. Je…je termine mon tour. » (Léa : 2600 HP, 3 cartes en main, 1 monstre 0 atk)
Tour 8 : Mickael
« Bien » raisonna Léa, « un tour de plus et je devrais pouvoir… »
« -À moi de jouer ! Je tire ! J’invoque Connecteur Neo-Space (800 atk) ! Grâce à son effet, je peux invoquer spécialement Néos, Héros Elémentaire (2000 def) en mode def depuis mon deck !
-…Mais il n’est qu’en mode def, soupira Léa de soulagement.
-Ah oui ? Mais tu voulais voir une invocation fusion non ?
-…Oh oh.
-J’active Contact Miracle ! Grâce à cette carte, je peux faire fusionner des monstres de ma main, de mon terrain et de mon cimetière en les renvoyant dans le deck ! Je fais fusionner Néos sur mon terrain avec Néos de Loyauté dans mon cimetière ! Que mon héros le plus puissant s’emplisse du pouvoir d’un autre guerrier et devienne encore plus puissant. INVOCATION FUSION ! Apparais, Chevalier Néos, Héros Elémentaire (2500+1250=3750 atk) ! »
Chevalier Néos, Héros Elémentaire – ATK/2500 DEF/1000 Niveau 7
Type Guerrier/Fusion/Effet Attribut LUMIÈRE
« Néos, Héros Elémentaire » + 1 monstre de Type Guerrier
Uniquement Invocable par Fusion. Gagne une ATK égale à la moitié de l'ATK d'origine du Matériel Fusion Guerrier utilisé pour son Invocation Fusion ("Néos, HÉROS Élémentaire" exclu). Peut faire une seconde attaque durant chaque Battle Phase.
Comprenant que la situation commençait à déraper, Léa partir à la recherche d’une carte Action.
« -Mais ce n’est pas tout ! enchaîna Mickael. Comme j’ai effectué une invocation fusion en utilisant Néos comme matériel de fusion, je peux enfin activer l’effet de Vague EN : elle me permet d’invoquer spécialement Esprit de Néos depuis mon cimetière. Et comme je l’ai invoqué spécialement, j’ajoute une carte de fusion de mon deck à ma main. Je récupère donc Fusion Néos, et je l’active ! Je peux faire fusionner des monstres de mon deck pour l’invocation d’un monstre Néos ! Je fais fusionner un autre Néos, Héros Elémentaire avec Eclaireur Neo-Space. Héros venu tout droit de l’espace, gardien des autres monstres, unissez-vous dans ce tourbillon de lumière et montrez au monde votre véritable forme. INVOCATION FUSION ! Apparais, Néos le Brave, Héros Elémentaire (2500 atk) ! »
Néos le Brave, Héros Elémentaire – ATK/2500 DEF/2000 Niveau 7
Type Guerrier/Fusion/Effet Attribut LUMIÈRE
« Néos, Héros Elémentaire » + 1 monstre de Niveau 4 ou moins
Uniquement invocable par Fusion. Gagne 100 points d’atk pour chaque monstre « Neo Spacien » et « HEROS » dans votre Cimetière. Lorsque cette carte détruit un monstre de l’adversaire au combat : vous pouvez ajouter une carte Magie/Piège depuis votre Deck à votre Main, qui liste spécifiquement la carte « Néos, Héros Elémentaire » dans son texte.
Léa soudain du toit d’un immeuble à un autre, s’approcha de la carte Action convoitée…puis soudain, un héros imposant se plaça entre elle et la carte. Elle se retourna, et un autre Néos se tenait face à elle, Mickael assis sur l’épaule de son héros.
« -Echec et mat » lui fit-il un clin d’œil.
Néos le Brave – dont les points d’atk étaient montés à 2600 grâce à la présence de Néos dans le cimetière de Mickael et à son effet – attaque le Sage de Léa, réduisant ses points de vie à (2600-0=2600 ; Léa : 2600-2600=)0.
VICTOIRE DE MICKAEL
Le terrain d’Action disparut. L’obscurité de la nuit simulée par la Solid Vision fut remplacée par la lumière du soleil extérieur qui traversait les fenêtres de la LDS. Léa, à terre, se retrouva soudainement éblouie. Puis une ombre vint se dessiner au milieu de sa vision floue, semblant baignée de lumière. Puis la vue de Léa revint à la normale et a vision se précisa : l’ombre était en fait Mickael, lui tendant la main pour l’aider à se relever. Sans comprendre pourquoi, Léa se sentit rougir, mais secoua la tête et prit la main de Mickael en lui souriant.
« -C’était un super duel ! s’exclama-t-il lorsqu’elle fut debout.
-Je te retourne le compliment, répliqua Léa. C’est toi qui a gagné au final. Ah, quand je pense que j’étais à ça…je veux ma revanche !
-Avec plaisir ! sourit Mickael. Je compte rester ici un moment ! »
Léa se sentit étrangement heureuse de l’entendre. Ils se regardèrent tous les deux en souriant.
« -Eh ! leur cria-t-on. Si vous avez fini, libérez le court !
-Oh ! revint à la réalité Léa. Oui, il faut y aller. On se voit en cours Mickael ! »
Et avant que Mickael n’ait pu répondre, elle partit en courant. Il la regarda s’éloigner, et sourit un peu bêtement. Il ne savait pas pourquoi…mais il avait maintenant la certitude que ce nouveau départ était une bonne idée.
Notes:
Merci à Aya_the_detective pour le dessin de Mickael, et à Torchaxel-sama pour celui de Léa.
Je rappelle que Mickael Touati et Léa Toga ne sont pas mes OCs mais ceux de Torchaxel-sama.
Bon, il est juste de dire que je n'ai pas su quoi faire de Mickael dans l'histoire principale. Pour être plus précis, je n'ai pas su quoi faire de son groupe, les personnages de GX qui travaillent avec Yusho dans la dimension fusion. C'est l'inconvénient de prévoir trop de personnages je suppose. Il y a aussi le fait qu'ils devenaient plusieurs à jouer le rôle qu'occupait seule Asuka dans Arc-V...et c'était déjà pas un très grand rôle-
Mais malgré ça, même s'il faut lire Contes du Passé pour le voir, il a eu une évolution un peu discrète, passant de quelqu'un de timide à quelqu'un s'affirmant de plus en plus, prenant ses propres initiatives et tissant des liens avec les autres, et finalement surpassant Jaden, son idole, en battant un adversaire que lui n'avait pas pu vaincre. Donc je suis content d'avoir écrit cet OS qui montre comment il se porte après tout ce qu'il a vécu. J'espère que vous l'avez apprécié aussi ^^
Chapter 6: OS 6 : Celle qui avait tout perdu
Summary:
Elina considère que sa vie et fichue depuis la fin du système qui régissait autrefois City. Mais une mystérieuse lettre qu'elle reçoit pourrait lui donner une chance de changer les choses en sa faveur.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
« -Les enfants, venez aider à faire la vaisselle ! »
Elina ne bougea pas d’un pouce, comme d’habitude. Ils lui servaient cette bouillie immonde qu’elle touchait à peine, et en plus elle était censée faire le travail d’une domestique ? Aucune chance. Elle n’était pas une simple servante, elle était l’héritière de la famille Topembourg !
…Ou du moins elle l’était.
Le monde était devenu fou. Le Conseil avait déclaré l’annulation du système séparant Tops et Commons…et les gens l’avaient accepté. La société était en pleine réforme, les Tops cédant privilège après privilège. Et ils appelaient ça un « progrès ». Est-ce qu’ils avaient perdu la tête ? Comment pouvaient-ils penser que ces vermines étaient à présent leurs égaux ? Et le pire…c’est qu’Elina ne pouvait rien y faire.
Ayant perdu sa mère et personne ne semblant prêt à la soutenir, elle avait été privée de toutes ses richesses et envoyée à l’orphelinat. Elle s’y était opposée, en vain, et encore : à ce moment-là, elle pensait qu’elle serait placée dans un lieu assez luxueux, digne de son rang. Mais tout le monde semblait avoir oublié qu’elle avait un rang, et elle vivait désormais dans la ville des Commons, dans un orphelinat sale et crade, devant partager son minuscule espace de vie avec des parasites et obéir à une sale mégère. Eh bien c’était hors de question. Elina n’allait pas…
« -Eh, tu viens ? »
Elina tourna la tête : un petit garçon Common la dévisageait. Elle avait déjà remarqué qu’il lui lançait des regards bizarres, mais c’était la première fois qu’il lui adressait la parole. Elle fit mine de l’ignorer, mais il insista :
« -Tout le monde va aider, tu viens toi aussi.
-Je n’en ai aucune envie, merci de me laisser tranquille. »
Elina pensait avoir été claire, mais les Commons semblaient avoir des difficultés de compréhension car il continua à insister :
« -Ce n’est pas une question d’envie ! Faut aider pour être gentil !
-Eh bien va aider au lieu de me parler, rétorqua Elina. Méchant chien. »
Le garçon resta figé, ne s’attendant clairement pas à cette insulte. Soupirant d’exaspération, Elina décida de mettre les choses au clair :
« -Je suis une Top, et tu es un Common. Je suis faite pour me faire servir, et toi pour me servir. Alors va faire la vaisselle avec les autres et laisse-moi tranquille. »
Elle pensait qu’elle l’avait enfin fait taire. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il allait répliquer.
« -Il n’y a plus de Tops et de Commons ! Nous sommes tous égaux maintenant ! »
Cela la fit frémir de rage. Comment osait-il ? Elle se leva, furieuse, et le fusilla du regard avec toute sa hauteur. Le petit commença à trembler. Il avait peur. Bien.
« -Vous pouvez prétendre ce que vous voulez, ça ne changera rien à ce que vous êtes à l’intérieur. Je suis une Top, vous êtes des Commons. Et vous le serez toujours. »
Il commença à reculer, mais elle se baissa et attrapa le col de son T-shirt.
« -Tu m’entends ? Tu seras toujours rien de plus que de la vermine, un insecte, une poussière sale sans aucun droit à rien d’autre que…
-Cela suffit ! »
La mégère gérant l’orphelinat était revenue de la cuisine, avec d’autres enfants. Certains se cachaient derrière elle, d’autres, plus âgés, fusillaient Elina du regard. Mais elle se moquait bien de leur jugement. Elle lâcha le gosse, non pas par peur, mais parce qu’elle ne voulait pas se salir davantage.
« -Elina, dit la dame dont Elina n’avait pas retenu le nom, tu ne dois pas traiter tes camarades ainsi…
-Ce ne sont pas mes camarades. »
Elle lisait dans le visage de cette femme quelque chose qui l’insupportait : ce n’était pas de la colère ou de la peur, comme ce que ressentaient les autres enfants de l’orphelinat à son égard, non. C’était de la pitié. Une Common ressentait de la pitié pour elle. Rien que réaliser ça énervait encore davantage Elina.
« -Elina…
-Et vous n’avez pas le droit de m’appeler par mon nom. »
Sur ce, elle tourna les talons, et sortit de l’orphelinat. Elle s’assit dans la cour juste devant l’orphelinat, où les enfants jouaient sur leur temps de pause. Elina détestait ce lieu. Elle comprenait pourquoi William avait cherché à quitter la ville des Commons si c’était partout pareil.
« J’ai toujours compris sa décision sous l’angle du fait que la vie des Tops était bien meilleure, mais je n’ai jamais pensé à quel point ça devait être l’enfer pour lui de vivre parmi les Commons…Il me manque tellement. »
C’était peut-être le plus difficile dans toute cette histoire : William était toujours porté disparu. Même après la fin de cette guerre interdimensionnelle, il n’était pas revenu. Elina ne l’avait pas revu depuis sa défaite pendant la Friendship Cup…et elle ne le reverrait sans doute jamais. Son cœur se serra dans sa poitrine. Elle voulait partir d’ici, elle ne supportait pas cet endroit…mais où irait-elle ? Elle n’avait plus de maisons, plus de parents, plus de privilèges, plus de William…
Elle avait tout perdu.
Elle avait beaucoup pleuré la première fois qu’elle l’avait réalisé, mais à présent tout ce qu’elle ressentait en y pensant était une profonde rage face à cette injustice. Mais alors qu’elle était perdue dans ses pensées noires, Elina remarqua qu’un homme la fixait.
« -Qu’y a-t-il ? » demanda-t-elle sèchement.
Sans répondre, l’homme posa une feuille de papier par terre et s’enfuit en courant.
« -Eh ! »
Elle commença à courir, mais il était trop rapide. Frustrée, elle ramassa la feuille qu’il avait laissée, et écarquilla les yeux en lisant le message.
Mademoiselle Topembourg,
Nous pouvons vous aider.
Retrouvez-nous ce soir au parc à deux rues d’ici.
Elina relut le message plusieurs fois, pour être sûre de ne pas se tromper. Etait-ce le secours qu’elle n’espérait plus ? Mais qui…
« Attends, j’ai entendu parler de groupes luttant contre le nouveau régime et essayant de remettre en place l’ancien système de Tops et de Commons. Est-ce que ce serait l’un d’eux ? Il voudrait me recruter ? »
Si c’était le cas…elle accepterait avec joie. Déchirant le message pour que personne ne le lise, elle regarda vers le ciel, un espoir renaissant dans son cœur.
Le soir venu, elle quitta discrètement l’orphelinat. Heureusement pour elle, les autres enfants dormaient comme les gorets qu’ils sont et faisaient trop de bruits avec leurs ronflements pour qu’on entende les pas discrets d’Elina. Elle sortit de la bâtisse et respira l’air frais de la nuit. Rapidement, elle courut au lieu de rendez-vous. Au début, elle n’aperçut personne. Puis…
« -Vous êtes venue. »
Elle se retourna : l’homme qui avait posé le message était à présent devant elle.
« -Qui êtes-vous ? questionna-t-elle. Vous avez intérêt à me répondre vite. »
Il ne répondit pas. Il resta silencieux. Puis il déclara :
« -Vous n’avez vraiment aucune idée de qui je suis, n’est-ce pas ? »
Elina fronça les sourcils : non, en effet, elle l’ignorait. Devrait-elle le connaître ? En le regardant grâce à la lumière de la lune, elle devait admettre que son visage lui était un peu familier…mais sans qu’elle sache pourquoi, elle ressentit le besoin de s’éloigner de lui. Elle commença à reculer, et heurta à quelqu’un de massif. Avant d’avoir pu réagir, une main épaisse se plaqua sur sa bouche, étouffant ses cris, et un bras l’attrapa. Elle fut traînée de force hors du parc, jusqu’à une ruelle à proximité. Une fois arrivés dans l’impasse, ils la jetèrent en avant.
« -Aïe ! Espèce de…vous allez me le payer sales gueux !
-C’est vraiment une plaie cette fille, grogna le gars massif.
-Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué mademoiselle Topembourg, intervint l’homme familier à Elina, c’est vous qui êtes à notre merci. Alors vous allez me faire le plaisir de répondre à mes questions.
-Vos questions ? Qu’est-ce que vous voulez savoir au juste ?
-Je veux savoir ce que vous avez fait de mon frère. »
Elina le regarda, incrédule.
« -Mais qu’est-ce que j’en sais ?! Votre frère ? Vous croyez que je fréquente des Comm…
-Fais pas l’idiote ! cracha-t-il. Mon frère…tu l’as tué ! »
Elina cligna des yeux. Puis elle réalisa pourquoi il lui était si familier : son visage ressemblait beaucoup à celui du Common qu’elle avait croisé, le soir où elle avait tué sa mère et les parents de William, et puis qu’elle avait…
« -Apparemment, continua-t-il, c’était de la légitime défense et tu l’as tué car il avait tué tes parents…mais je connais Simon ! Il…il n’aurait jamais fait de mal à une mouche ! Alors tu vas me dire pourquoi tu l’as vraiment buté connasse ! Je veux savoir ce qu’il s’est vraiment passé ! Ou alors… »
Elina éclata de rire, ce qui perturba puis énerva son agresseur ? Pas parce que la situation l’amusait particulièrement, ou parce qu’elle trouvait les menaces de ce type pathétiques, au contraire. Non, elle venait de comprendre qu’elle n’allait pas s’en sortir, et pour une raison ou une autre, elle trouvait ça hilarant.
« Alors c’est comme ça que ça se termine…ce sera toujours mieux que ma vie à l’orphelinat je suppose. »
« -Qu’est-ce que t’as à rire comme ça connasse ?!
-Je te reconnais maintenant.
-Hein ?
-Et je me souviens de ton frère. Effectivement je l’ai tué. Et effectivement, ce n’était pas de la légitime défense. »
Malgré la faible luminosité, Elina put le voir pâlir. Elle ne comprit pas pourquoi : n’était-ce pas la confirmation de ce qu’il savait déjà ?
« -Tu…tu…monstre ! Vous les Tops, vous n’êtes…je suis sûr que tu as pris ton pied à le tuer, hein !
-Non. »
« Je ne l’ai pas tué par plaisir. Je l’ai tué parce qu’il était témoin du meurtre des parents de William et de ma mère, et accessoirement parce qu’il me fallait quelqu’un à accuser. Je me fichais bien de sa vie en tant que telle, pourquoi m’en serais-je souciée ? »
« -Je n’ai absolument ressenti. »
Le frère de la victime d’Elina ne répondit pas, mais à présent, c’était une pure rage qu’elle pouvait lire sur son visage. Il brandit le poing. Elina ferma les yeux.
Et puis elle sentit la prise sur elle se desserrer. Elle ouvrit ses paupières : son agresseur était à terre, son collègue semblait surpris et furieux à la fois, et derrière lui se trouvait…non, elle ne pouvait pas y croire…mais si ! Elle avait les larmes aux yeux.
« -William !
-Bonsoir ma chère. Tu as quelques problèmes à ce que je vois.
-Que…tu…
-Ce gars n’est pas une lumière à ce que je vois. Allez, je vais te faire rejoindre ton copain dans les vapes. »
Tout s’est passé trop vite pour qu’Elina comprenne ce qu’elle avait vu : elle avait cru que William avait activé son…disque de duel ? Et changé et de forme ? Et ensuite, le complice s’était écroulé à son tour.
« -Voilà, s’épousseta William, ça c’est réglé ! Maintenant… »
Elina se jeta dans ses bras.
« -Tu m’as manqué ! Tu…tu avais disparu, et je n’avais plus personne !
-Tu n’en fais pas un peu trop là ? » ironisa William.
Voyons qu’Elina ne le lâchait pas, il soupira :
« -Je suis désolé. J’aurais voulu revenir plus tôt, mais…on m’en a empêché. Puis on m’a prévenu que tu allais être en danger et donc j’ai décidé d’intervenir.
-Evidemment, gloussa Elina. Mon chevalier est venu à ma rescousse. »
William sourit de plus belle, et Elina trouva son sourire éblouissant.
« -J’ai cru comprendre que City avait bien changé pendant mon absence…je n’aurais pas cru cela possible.
-Tu as vu ? C’est totalement la déca… »
Elina s’interrompit de justesse, se souvenant d’un détail : elle avait toujours considéré William comme un Top, mais dans les registres, il était né Common. C’était même pour cette raison que le couple Derac l’avait renié dès sa défaite, et c’était pour cette raison qu’Elina les avait tués. Se pouvait-il…que William approuve que la ville abandonne son ancien système ?
« -Bah, fit William, je m’en fiche. Cette ville ne m’intéresse plus. J’ai trouvé autre chose de bien plus intéressant.
-Plus intéressant que City ? répéta Elina. Mais c’est le centre du monde.
-C’est le centre de ce monde Elina. Mais il y a bien plus. Tu as entendu parler des trois autres dimensions n’est-ce pas ?
-Oui.
-Et si je te disais…qu’il y avait encore plus que cela ? »
Elina frissonna sans savoir pourquoi : William semblait presque…extatique.
« -Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle finalement, se sentant bête.
-C’est normal, la rassura William. Il s’est passé beaucoup de choses. J’ai hâte de vous les faire découvrir, à toi et à mes parents. »
Le sourire d’Elina s’effaça : il ne savait pas. Il ignorait que ses parents l’avaient renié. Il ignorait qu’elle les avait tués. Et il souriait, avec un sourire étincelant, même au milieu de la nuit, se réjouissant de bientôt les retrouver.
« Je ne peux pas lui dire » réalisa-t-elle. « Il va me détester. Il ne me croira pas quand je lui expliquerai. Et même s’il me croie…ça va lui briser le cœur. »
Malheureusement pour elle, William était observateur, et il remarqua bien que son expression avait changé.
« -Qu’y a-t-il ? » demanda-t-il sèchement.
Elina déglutit : elle ne pouvait pas lui cacher le sort funeste de ses parents.
« -William, tes parents et ma mère…ils sont morts.
-Quoi ?! »
Mais elle pouvait mentir sur le reste.
« -Quand tu es tombé du circuit, ils étaient affligés. Mais ensuite, la Friendship Cup s’est poursuivie en ville, et tu es apparu sur les caméras. Ils étaient soulagés, mais aussi inquiets : tu étais au milieu de la basse-ville, alors tous ces Commons autour qui criaient à la révolution. Alors, avec ma mère et moi, ils sont descendus à ta recherche. »
William écarquilla les yeux, ne s’attendant pas à ça, et commençant à appréhender la suite du récit d’Elina.
« -Mais nous sommes tombés sur un Common armé, poursuivit-elle. Il a poignardé ma mère, ta mère, ton père…qui, dans un geste qui a sauvé ma vie, a réussi à ôter le poignard à ce Common avant de rendre son dernier souffle. J’ai ramassé le poignard et l’ai utilisé sur leur assassin. »
Elle désigna les deux corps évanouis au sol.
« -C’est le frère, et je suppose un ami, de l’assassin. S’ils m’ont attaqué ce soir, c’est parce qu’ils voulaient le venger. »
William resta silencieux un moment, et Elina eût peur qu’il ait compris que ce qu’elle venait de raconter était un mensonge.
« Dis quelque chose William…ne me laisse pas comme ça…je viens de te retrouver…attends, est-ce que ce serait des larmes qui coule sur sa joue ? »
D’un coup, il l’enlaça. D’abord surprise, Elina se laissa vite aller à son étreinte.
« -Merci » lui murmura-t-il.
Puis il la lâcha, se tourna vers les deux corps, et tendit la main vers eux. Elina cligna des yeux.
Et les corps avaient disparu.
« -Mais…réagit Elina, que… ?
-Disons que j’ai évolué, sourit sadiquement William. Bien, plus rien ne me retient dans cette ville. »
William fit un geste, et soudain, la réalité se déforma sous les yeux d’Elina. Une sorte de portail apparut devant elle, mais elle ne parvenait pas à voir ce qui se trouvait de l’autre côté.
« -J’y retourne, annonça William. Viendras-tu avec moi ? »
« Je te suivrai partout » voulut répondre Elina, mais une certaine lâcheté en elle la poussa plutôt à demander :
« -Où ça ? »
Les lèvres de William s’étirèrent encore davantage.
« -Dans l’au-delà. »
Notes:
Merci à Aya_the_detective pour les dessins d'Elina !
Sans doute le chapitre le plus court que j'ai jamais écrit-
Mais surtout, le premier des OS à vraiment teaser ce qui aurait été la suite si je l'avais écrite, et donc le seul qu'il est "nécessaire" de lire avant les plans détaillés (enfin, je pense que vous pouvez quand même vous en passer).Contents de revoir William ? Eh bien voilà plus de lui ! Déjà, voilà le design de sa nouvelle forme (qui aurait été son design dans War of Worlds) concoté par Aya_the_detective :
![]()
Et maintenant, voici un fanart de lui réalisé par Torchaxel-sama ! Merci à lui !
![]()
J'espère que l'OS vous a plu ^^
Chapter 7: OS 7 : Sorties
Summary:
Dans la dimension Standard, Erik et Kei remarquent qu'Astral semble perturbée.
Dans la dimension XYZ, Yuto et Kotori remarquent que Yuma n'a pas le moral.
Erik et Yuto décident de prendre les choses en main.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Erik et Kei étaient assis sur le lit d’Erik, se dévisageant, se perdant chacun dans le regard de l’autre. La situation était comme…tendue.
« -Alors…commença Kei, tu es sûr que tu veux le faire ?
-Ouais, répondit Erik, c’est le bon moment je le sens. »
Erik prit une profonde inspiration, et…
« -Je t’attaque directement avec Magicien Pendule des Ténèbres !
-Eeeettttttt, sourit Kei à pleine dents, j’active Force Miroir !
-Hein ?! Non ! Tu l’as déjà activée…
-Rien ne m’empêche d’avoir deux exemplaires de cette carte dans mon deck, rétorqua Kei avec malice.
-Ah bon sang…mais ne crois pas que je vais m’arrêter là, je peux encore…
-Vous n’avez pas encore fini ? »
Erik et Kei sursautèrent, puis de l’agacement apparut sur le visage d’Erik lorsqu’il reconnut la voix.
« -Je t’avais dit de nous laisser tranquille, Ray.
-C’est ce que j’ai fait, rétorqua celle devenue un esprit. Vous m’avez dit que vous alliez livrer un duel et que vous vouliez le faire seuls. Donc j’ai attendu en-dehors de la pièce. D’après mes calculs, connaissant votre niveau à tous les deux, vous auriez dû avoir fini il y a cinq minutes, je vous ai donc même laissés de la marge. Comment se fait-il que vous n’ayez pas encore terminé ? »
Erik rougit. Il se pouvait – et il insistait bien, il se pouvait – que Kei ait joué avec ses nerfs pendant toute la partie, bluffant comme un joueur de poker et le faisant douter de chacune de ses actions. Kei le connaissait trop bien, étant aux premières loges pour chacun des duels d’Erik ces trois dernières années, et donc savait parfaitement où appuyer pour le faire douter. Résultat : chaque tout d’Erik durait bien plus longtemps que d’habitude.
« -La prochaine fois Ray, répondit sèchement Erik qui refusait de se laisser démonter, attends qu’on vienne te chercher au lieu d’estimer par toi-même quand on est censés avoir terminé.
-La dernière fois qu’on a fait ça, rétorqua tout aussi sèchement Ray, tu m’as oubliée et je me suis sentie d’un coup bousculée par une force invisible comme un aimant qui m’attirait de force vers toi. C’est une sensation très désagréable, je préférerais éviter que ça se reproduise. »
Erik rougit de gêne : il lui était arrivé d’oublier que s’il s’éloignait trop de Ray, le « lien entre eux » la tirait vers lui ou vers son double le plus proche, qui était souvent Kei. Il était donc obligé de se coltiner Ray, même si ça signifiait qu’il perdait toute tranquillité et intimité.
« -Bon, soupira-t-il. J’arrive dans cinq minutes, peux-tu ressortir s’il te plait ? »
L’esprit roula des yeux mais hocha la tête, et ressortit de sa chambre comme elle était rentrée, en traversant la porte.
« -Flippant, commenta Erik.
-Ah ? fit Kei. Personnellement, j’y suis habitué à force.
-Oui, je suppose…il faudrait faire quelque chose pour qu’elle puisse se balader où elle veut sans devoir dépendre de nous. Autant pour son bien que pour le nôtre.
-Je suis d’accord, haussa un sourcil Kei, mais c’est toi qui as refusé de parler de cette situation à Reiji Akaba.
-…Je ne pense pas qu’il ait une solution à apporter, répondit Erik. Son domaine, c’est la technologie, pas les fantômes. Si je lui en parle, je risque surtout de devenir son sujet d’études sans être pour autant plus avancé.
-Je suppose que c’est vrai, admit Kei. Alors on fait quoi ? On appelle un exorciste ?
-L’idée est de briser l’espèce de lien entre nous, objecta Erik, pas de la tuer. Et puis on ne sait pas si elle est vraiment un fantôme…non, ce qu’il faudrait, c’est qu’elle retrouve la mémoire.
-Je croyais qu’elle avait récupéré tous ses souvenirs ? s’étonna Kei.
-Non, soupira Erik, elle ne se souvient toujours pas comment elle est devenue…eh bien, ça. C’est un peu gros d’imaginer que la séparation des dimensions a suffi à avoir cet effet, Léo Akaba et Zarc n’ont pas du tout vécu la même chose. Donc je pense que quelque chose de particulier lui est arrivé, et si elle pouvait s’en rappeler, on trouverait peut-être une solution. Mais elle ne se souvient toujours de rien à ce sujet…et je pense que ça commence à lui peser.
-Ah oui ? réagit Kei.
-Elle semble un peu déprimée ces derniers temps, expliqua Erik. Je suppose qu’elle a de quoi l’être.
-Tu t’inquiètes pour elle, lui sourit Kei.
-Pas du tout ! protesta Erik. Je te rappelle que ce n’est pas par choix que je la garde avec moi ! William a disparu, et de toute façon il était trop dangereux pour que je les laisse tous les deux seuls, je ne veux pas t’infliger cette responsabilité et ce serait encore pire de la laisser à Yuma après ce que Ray lui a fait ! »
Kei sourit d’un air entendu, sans dire un mot. Erik soupira.
« -Mais c’est vrai qu’elle…semble être particulièrement de mauvaise humeur depuis quelques jours. Et ce n’est pas agréable de côtoyer quelqu’un comme ça. »
Kei y réfléchit un instant.
« -Eh bien, tu n’as qu’à lui remonter le moral.
-Plus facile à dire qu’à faire !
-Allez, j’ai une idée.
-Je crains le pire… »
Yuto et Ruri rentraient ensemble, souriant en se remémorant les évènements de la journée. La maison de Yuto était sur le chemin de celle de Ruri – du moins en faisant un léger détour que Shun ne prenait pas. C’était bon de se retrouver avec Ruri : même s’ils passaient techniquement la journée ensemble, ils étaient aussi avec leurs amis. Être seul avec elle, ce n’était pas la même chose, et Yuto chérissait ces moments…mais toute bonne chose avait une fin, et Yuto réalisa qu’il était déjà arrivé chez lui.
« -Bon…je vais devoir rentrer. Je suppose que c’est le moment où on se dit « à demain »…
-Hum… »
Puis, rapide comme l’éclair, Ruri déposa ses lèvres sur celles de Yuto, puis s’éloigna en lui souriant innocemment tandis qu’il restait planté comme un piquet et rouge comme une pivoine.
« -À demain Yuto ! »
Et sur ce, sa petite-amie s’en alla. Yuto se reprit mais trop tard pour lui répondre. Il sourit en regardant la direction dans laquelle elle était partie, puis rentra dans sa maison. Ironiquement, alors qu’il venait de quitter sa petite-amie, il tomba nez-à-nez sur celle de son frère.
« -Bonjour Kotori, la salua-t-il. Comment vas-tu ?
-Bien… » répondit-elle évasivement, mais sans avoir l’air très heureuse.
Yuto fronça les sourcils.
« -Est-ce que…Yuma a fait quelque chose ?
-Hein ? s’étonna-t-elle. Non ! Non, il est juste… »
Kotori serra son poing contre elle, puis soupira :
« -Depuis quelques jours, il est…déprimé, et rien de ce que je fais ne lui apporte le sourire. C’est…étrange de voir Yuma comme ça, et c’est angoissant de ne pas savoir ce qui lui arrive. »
Yuto grimaça : effectivement, tout le monde avait remarqué le changement d’humeur de Yuma, mais étant donné la nature habituellement joyeuse de son petit frère, tout le monde pensait qu’il boudait à cause d’une contrariété mineure et que ça passerait rapidement. Mais il semblait que non, et que même sa petite-amie n’arrivait pas à lui remonter le moral.
« -Je ne pensais pas que c’était si grave…avoua-t-il.
-Yuto…pardon de te demander ça, mais tu es son frère : tu aurais une idée de comment lui remonter le moral ? »
Yuto soupira : oui Yuma était son frère…mais à cause de ce maudit fantôme, il avait été distant avec lui ces dernières années. Il n’avait qu’une vague idée de ce qui plaisait à Yuma, et il ne le connaissait pas aussi bien que ses amis proches et Kotori. Si elle n’avait pas réussi à le réconforter, que lui puisse y arriver…quoique.
« -Désolée, se reprit Kotori qui semblait avoir réalisé le problème. C’est vrai que Yuma et toi, vous…enfin, je n’aurais pas dû te demander.
-Non, lui sourit-il. Tu as bien fait. J’ai…peut-être une idée de ce que je peux tenter. »
« -Je sors ! » cria Erik.
Ray, qui était dans sa tête, se retrouva tirée de ses pensées et flotta jusqu’à Erik. Sinon, elle devrait rester avec Kei, et elle savait que ce n’était pas ce qu’il voulait. Sa relation avec Erik était bien différente de celle qu’elle avait avec Yuma : avec lui, elle partageait une véritable amitié. Même s’ils se taquinaient souvent et n’y allaient pas de main morte, ils partageaient une complicité et une confiance mutuelle. Et puis elle avait gâché ça. Avec Erik, leurs échanges se limitaient à de la simple cordialité : ils n’étaient pas contents de devoir s’embarrasser de l’autre, mais faisaient en sorte que ça marche…non c’était injuste. Erik n’était certainement pas content d’être obligé de passer du temps avec elle, mais il essayait parfois d’être sympathique avec elle, à sa façon. Et il existait entre eux une compréhension mutuelle, leur cohabitation n’était donc pas une mauvaise expérience. Mais…elle n’en était pas une bonne, comme l’étaient ses trois ans passés avec Yuma.
« -On est arrivés » la sortit de ses pensées Erik.
Ray leva les yeux : en face d’elle se trouvait le cinéma de la ville. Un choix étrange pour une sortie seule, mais Ray supposait que se poser devant un film était un bon moyen de se détendre, et qu’au moins au cinéma Erik était certain que personne ne viendrait le déranger en plein visionnage. Il entra dans le cinéma, et Ray le suivit.
Yuma se réveilla en tombant de son hamac.
« -AÏEEEE ! Bon sang !
-J’espère que ça ne t’arrive pas souvent. »
Yuma reconnut la voix de son frère, mais eût du mal à y associer le ton taquin qui y était associé. Essayant de reprendre ses esprits, il répondit :
« -Plus que ça ne devrait.
-Tu sais, soupira Yuto, tu pourrais dormir dans ma chambre, là où il y a…un lit. Comme avant. »
Avant, c’était quand Yuma s’entendant bien avec Yuto, avant As…Yuma ne voulait pas y penser.
« -Sérieusement, continua son frère, la première chose que tu as faite quand notre maison a été reconstruite a été de réinstaller ce hamac dans le grenier et de retourner y vivre. Avant je pensais que tu voulais m’éviter, mais là, je ne suis pas sûr de comprendre le message…
-Ce n’est pas contre toi Yuto ! s’empressa de dire Yuma. Juste…je suis habitué à cette chambre, et ça m’a manqué pendant la guerre. J’ai…beaucoup de souvenirs ici.
-…Je peux comprendre » lui sourit son frère.
Soudain, Yuma réalisa quelque chose.
« -Mais qu’est-ce que tu fais dans ma chambre Yuto ?!
-Je suis venu te réveiller…même si tu t’en es occupé tout seul.
-Hein ? Mais pourquoi ?
-Le parc d’attraction d’Heartland rouvre enfin : c’est aujourd’hui.
-Oh génial ! s’enthousiasma Yuma. Faut que j’appelle Kotori ! Ou Tetsuo ! Ou Shark…
-Ou moi ? » ajouta Yuto en haussant un sourcil.
Yuma le dévisagea bouche bée.
« -Tu veux qu’on aille au parc ensemble.
-Je me disais qu’une sortie entre frères ce serait sympa, soupira Yuto. Mais je vois que tu n’es pas motivé…
-Non non ! s’écria Yuma. Je serai très content qu’on y aille ensemble. C’est juste que…ça fait longtemps quoi… »
Yuto lui sourit.
« -Alors dépêche-toi de te préparer. Sinon, il y aura beaucoup trop de queue quand on arrivera. »
Erik avait choisi de regarder un film de super-héros sorti récemment. Le film était divertissant, bien que pas vraiment le genre de Ray. La séance dura deux heures et le soleil commençait à se coucher quand ils quittèrent le cinéma et prirent le chemin du retour.
« -Alors ? lui demanda soudainement Erik. Qu’en as-tu pensé ?
-Hein ? réagit Ray.
-Perso je l’ai trouvé assez moyen, enchaîna Erik. Les effets spéciaux sont impressionnants, mais de nos jours on a l’habitude avec ce genre de films. Mais j’ai trouvé les personnages assez superficiels, et les dialogues…y en avait où je me demandais si j’avais vraiment entendu ce que j’avais entendu. Et puis, dans le film précédent – bon, tu ne l’as pas vu, mais en gros – un personnage avait rejoint l’équipe, mais il n’est nulle part dans le film. Je suppose que l’agenda de l’acteur ne le permettait pas, mais quand même, il aurait pu trouver une justification…Enfin, moi je me soucie de la continuité car j’ai vu les autres films. Mais toi, est-ce que tu as aimé le film ?
-Je n’ai pas vraiment regardé, mentit Ray, voulant éviter ces questions.
-Sérieusement ? fronça les sourcils Erik. À quoi ça sert que je t’emmène au cinéma alors ? Heureusement que je ne paie pas ta place.
-Tu…m’as emmenée au cinéma ? répéta Ray, surprise.
-Oui ? répondit Erik. Je n’y irai pas seul : parler du film en sortant de la salle c’est la moitié du plaisir. »
« Cela dépend pour qui » se retint de rétorquer Ray.
Cependant, quelque chose continuait de la tarauder.
« -Mais pourquoi ? »
Erik s’arrêta de marcher. Il soupira.
« -Kei se trompe, je suis vraiment nul à ça. »
Ray réalisa alors où ils s’étaient arrêtés : sur le pont de Maimi City, qui donnait une vue au loin sur le stade du Maimi Championhip. Elle repense avec nostalgie aux duels qu’elle avait livrés là-bas avec Yuma…la vue du soleil se couchant derrière le stade était plutôt belle. Erik semblait penser la même chose, car il s’accouda sur la rambarde et son regard se perdit dans le paysage. Ray l’imita, et ils continuèrent de regarder au loin même lorsqu’Erik prit la parole :
« -Cela fait quelques jours…que tu ne te comportes pas comme d’habitude. »
Ray retint une grimace : il avait remarqué.
« -Je veux dire, essaya de cacher son inquiétude Erik, selon moi tu es toujours bizarre. Et je ne m’en soucie pas spécialement. Mais…on est coincés ensemble, et tu n’as un peu que moi à qui parler. Alors…juste, j’ai pensé que si tu ne voulais pas me dire quoi que ce soit, je pouvais au moins te changer les idées.
-…Merci.
-…Oh. Je ne m’attendais pas à ce que tu…Peu importe.
-Ecoute Erik, je te suis reconnaissante. Mais…ce qui se passe n’est pas si important.
-Cela a l’air important pour toi » objecta Erik.
Ray soupira.
« -Il y a trois jours, c’était… »
La journée au parc d’attractions s’était franchement bien passée : les architectes du nouveau parc avaient reconstruit d’anciennes attractions à l’identique, mais en avaient également profité pour en construire de nouvelles. Cela permettait de combiner efficacement nostalgie et excitation face à la nouveauté, et Yuto et Yuma passèrent la journée à se remémorer de bons souvenirs de leur enfance tout en testant les nouvelles attractions. Yuma ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il s’était autant amusé avec son frère…en même temps c’était sa faute, il s’était éloigné de son frère, à cause de…
« -Est-ce que ça va Yuma ? s’enquit Yuto.
-Oui ! répondit précipitamment Yuma. Alors, quelle est la prochaine ?
-Euh, je crois qu’on a tout fait.
-Ah…alors allons en refaire !
-Oui ! »
Malheureusement, la queue les découragea : à cette heure, il y avait du monde dans le parc, et il n’y avait aucune attraction qui n’était pas précédée par une heure d’attente. Les deux frères décidèrent donc de s’arrêter là, et sur une proposition de Yuto, ils allèrent finir la journée à un endroit que leur père leur avait montré quand ils étaient petits, d’où ils pouvaient avoir une superbe vue sur la ville. Arrivés là-bas, ils se posèrent et profitèrent du spectacle : Heartland se reconstruisait, et ça mettait du baume sur leur cœur de voir que l’enfer qu’ils avaient vécu était véritablement derrière eux.
« -Ah ! s’exclama Yuma. Cette journée était super !
-Je suis content, sourit Yuto. C’était un peu mon but.
-Hein ?
-On a un peu tous remarqué que tu n’avais pas le moral ces derniers jours, confessa Yuto. J’espérais que cette journée te permettrait d’aller mieux.
-…C’était si évident que ça ?
-Sérieusement, tu n’as pas remarqué que tout le monde s’inquiétait pour toi ?
-Non, je pensais que je le cachais bien. »
Un silence gênant s’installa entre eux, puis Yuto demanda :
« -Tu veux en parler ?
-…Je pense que tu vas me trouver idiot.
-On a tous nos problèmes Yuma, le contredit Yuto, et ils sont plus ou moins graves. Mais si je vois que quelque chose te tracasse, je ne vais pas te juger pour ça.
-Ouais, soupira Yuma. Je…comment le dire…il y a trois jours, ça faisait quatre ans que j’avais rencontré Astral. »
« -Oh, fit Erik.
-Oui, soupira Ray, « oh » !
-…Et donc, ça t’a fait penser à lui ?
-Je n’ai pas besoin de ça pour penser à lui, rétorqua Ray. Mais…j’ai réalisé que c’était la première année où je ne passais pas cette journée avec lui, et ça m’a…peu importe.
-…C’est un peu de ta faute, tu sais ?
-Je sais, répondit sèchement Ray. Merci de me le rappeler, c’est vrai que je ne culpabilise pas assez depuis plusieurs jours à me dire que je n’ai aucun droit de le manquer...et pourtant je le fais. »
« -Il me manque, confessa Yuma. Enfin, elle me manque, apparemment. »
Yuto ne répondit pas, Yuma s’empressa d’ajouter :
« -Je sais, je ne devrais pas. Je ne la connaissais même pas vraiment au fond, il y a tant de choses que j’ignorais d’elle…mais j’ai passé trois ans avec elle, trois ans à apprendre, à rire, à me confier à lui- à elle…je pensais qu’on était amis, qu’elle me tirait vers le haut, et je réalise maintenant qu’elle m’utilisait et m’éloignait de mes proches. Alors…pourquoi je me sens comme ça ?
-Parce que…répondit Yuto, au moins ton amitié pour elle était sincère. Et peut-être parce qu’une partie de cette amitié était sincère en retour. »
Il y eut un moment de silence, puis Yuma déclara :
« -Tu es gentil Yuto…je te dis que la personne qui t’a diabolisé dans mon esprit me manque, et tu essayes de me remonter le moral. Mais tu sais…le fait qu’elle ait pu vraiment m’apprécier…ça rend les choses pires en fait. »
Yuma marqua une pause, puis ajouta :
« -Parce que si elle m’a apprécié, ça veut dire que ce que nous avions était réel…et qu’elle a quand même choisi de me trahir. »
« -J’étais aveuglée, essaya de se justifier Ray. Je retrouvais de gros fragments de ma mémoire d’un coup, et je ne voyais les choses plus que sous l’angle de ma mission. Je n’ai pas pensé à ce qu’il ressentirait.
-C’est faux, objecta Erik. Tu n’avais pas encore retrouvé ta mémoire quand tu as influencé son esprit pour qu’il s’éloigne de son frère. Et même plus tard, tu m’avais explicitement demandé de ne pas parler du fait que j’avais absorbé Kei à Yuma, tu voulais le tenir dans l’ignorance. Tu savais que ça ne lui plairait pas, et tu l’as fait quand même. »
Ray grimaça : il avait raison, et c’était le pire dans tout ça, elle n’avait aucune défense.
« -Tu l’as fait, continua Erik, parce que tu pensais savoir mieux que lui. Que tu faisais ça pour son bien même si ça ne lui plairait pas. »
Il soupira.
« -Je connais trop bien ce sentiment. »
« -Je ne peux pas vraiment comprendre ce que tu ressens, avoua Yuto. Je n’ai jamais été trahi par un ami, au contraire. Même lorsqu’il est devenu agressif, Shun n’a pas renoncé à notre amitié. Et dans l’ensemble, je pense que c’est notre solidarité, pas seulement avec Shun mais avec tous les membres de la Résistance, qui nous a permis d’avancer. Donc pour être honnête…tu as raison, pour moi, le mieux, ce serait que tu ne revoies jamais ce fantôme de malheur. Tu as souffert à cause d’elle…et je sais maintenant que c’est à cause d’elle que notre relation a été tendue ces derniers mois. Donc j’ai tendance à penser qu’il vaut mieux que tu ne la revoies pas. »
Yuma soupira : ce que lui disait Yuto était logique, il savait au fond de lui que c’était le mieux.
« -Mais, reprit Yuto, si j’essaye de me mettre à ta place…si Shun m’avait fait du mal, m’avait trahi, je ne voudrais pas rester là-dessus non plus. Je voudrais le revoir, serait-ce une dernière fois. Parce que…nous avons passé beaucoup de bons moments ensemble, il m’est cher. Je ne pourrai jamais juste le retirer de ma vie comme ça. C’est ce que tu ressens, non ? »
Yuma regarda son frère, puis souffla :
« -Oui…tu as raison. Je ne peux pas juste…si ça se termine comme ça, j’aurais des regrets toute ma vie.
-Alors il faut que tu mettes les choses au point avec elle…mais sais-tu ce que tu veux exactement ?
-Que ça redevienne comme avant, plaisanta Yuma. Mais je sais que c’est impossible. Et puis, ce n’était pas parfait non plus…je ne veux pas qu’elle redevienne amnésique pour moi. C’est juste que…j’étais l’ami d’Astral. Je ne sais pas si je pourrais être l’ami de Ray Akaba.
-Il n’y a qu’une seule façon de le savoir, lui rappela Yuto. Que vous en parliez. »
« -Mais, reprit Erik, mon frère m’a pardonné. Yuzu aussi. Je ne dis pas que ça signifie que Yuma te pardonnera également, après tout tu ne t’es pas contentée de lui mentir pour son bien, tu l’as aussi manipulé…mais si tu éprouves des regrets, tu devrais le lui dire.
-…C’est le problème.
-Hein ?
-Erik, tu as éprouvé des regrets pour tes mensonges n’est-ce pas ? Tu as pris conscience que tes actions avaient empiré la situation plus qu’autre chose et tu regrettais de leur avoir caché tout ça. Cela les a sans doute aidés à te pardonner. Mais moi…tu m’as prouvé qu’il y avait une autre possibilité que celle que j’avais envisagée. Mais la façon dont nous y sommes parvenus…je regrette de n’avoir pas cru en toi et d’avoir supposé le pire, c’est sûr. Mais je pense toujours que notre victoire était due à un énorme concours de circonstances et que nous y sommes arrivés de justesse. Et dans tous les cas, il fallait que vous quatre vous combiniez et fusionnez avec moi pour défaire Zarc…je ne parviens pas à regretter d’avoir essayé de faire de Yuma mon corps principal, même s’il ne le voulait pas. »
Ray marqua une pause, puis ajouta :
« -Je suis triste de lui avoir fait du mal, je m’en veux d’avoir ignoré que ça allait lui en faire car ça ne m’arrangeait pas…mais je pense quand même que pour le sauver, c’était le mieux que je puisse faire. Si je n’éprouve pas de regrets pour ça, est-ce vraiment une bonne idée que je revienne vers lui ? Je ne vais pas juste rouvrir ses blessures ? »
« -Je ne suis pas encore prêt à le…la revoir. »
Yuma l’avait dit. C’était sorti.
« -Je ne suis pas habitué à ressentir des trucs aussi compliqués, gémit-il. Pour le meilleur ou pour le pire, j’ai toujours décidé de faire ce qui me semblait juste, ressenti les flux et foncé. Mais là…je n’ai aucune idée de ce qui me semble juste. Je sais que je dois la revoir, que je le regretterai sinon. Mais je sais aussi que si je la revois…je me ferai du mal. »
Il marqua une pause, puis continua :
« -Yuto, que dois-je faire ?
-…Yuma, choisit-il ses mots avec soin. C’est normal si tu te sens trahi. C’est normal de douter. Et c’est normal de prendre ton temps avant d’aller la revoir. Je n’ai aucune idée de ce qui est le mieux pour toi, que vous vous quittiez définitivement ou que vous reconstruisiez votre amitié. Mais dans les deux cas, ce sera un choix important que tu devras faire. Il faut que tu sois sûr de ta décision quand tu la prendras. Donc ne pas la revoir avant que tu te sentes prêt me semble judicieux.
-Mais quand est-ce que je serai prêt ?
-On ne sait pas, haussa les épaules Yuto. Mais sache qu’en attendant…on est nombreux à être là pour toi. Et si tu déprimes…bah le parc d’attraction a rouvert. »
Yuma éclata de rire.
« -Tu as toujours été là pour moi Yuto, même quand je ne l’étais pas…merci grand frère. »
Il avait raison : c’était une décision importante. Au fond de lui, Yuma savait que le problème était que même s’il ne lui avait pas pardonnée…il ne voulait pas qu’Astral reste hors de sa vie. Mais en attendant le jour où il serait prêt…continuer à vivre sans Astral ne semblait pas si mal.
« -Au fond, commenta Erik, ce n’est pas ta décision.
-Pardon ? réagit Ray.
-Tu parles de si revoir Yuma serait ou non une bonne chose…mais au final, ce sera à lui et à lui seul de choisir s’il veut te revoir ou non.
-…Et s’il ne veut jamais me revoir ?
-…Alors tu n’auras pas eu la chance que j’ai eue d’avoir des gens prêts à me pardonner. On doit tous vivre avec les conséquences de nos actes, même si elles diffèrent en fonction de notre entourage et de ce qu’on a fait.
-…Etrangement mature de ta part.
-Eh ! Tu sais quoi ? Peu importe. Les gens commencent à me regarder bizarrement, ils doivent croire que je parle tout seul.
-Oui, rit Ray, ça arrivait souvent avec Yuma.
-Tu ne rends la vie facile à personne, soupira Erik. Mais tu as l’air d’aller un peu mieux.
-…C’est le cas, admit Ray.
-Bien, dans ce cas j’ai fait ce que j’avais à faire. Rentrons. »
Et il recommença à marcher, pressant le pas pour indiquer que la conversation était terminée. Mais Ray lui en était reconnaissante : elle savait qu’à sa façon, Erik avait tenté de l’aider. Et même si elle ne savait toujours pas si elle reverrait Yuma ou quoi faire de cette vie où elle était condamnée à toujours dépendre de quelqu’un d’autre…elle se sentait relativement apaisée.
Jusqu’à ce qu’elle ressente soudainement une sensation de malaise. Comme si, l’espace d’un instant, la réalité s’était déformée. Tous ses sens l’avertissaient qu’un danger était arrivé. Et pourtant, autour d’elle…rien ne semblait avoir changé.
Notes:
Le danger en question apparaitra au prochain chapitre :D
C'est le premier OS qui contient plusieurs points de vue, et le dernier puisque le prochain sera entièrement du point de vue de Yuya. On a presque atteint la fin des OS. J'espère que celui-là vous a plu : j'ai essayé d'écrire les deux situations de Yuma & Yuto et Astral & Erik en parallèle, chaque partie est un peu une réponse à l'autre. À la fin de l'OS, la situation est loin d'être résolue, mais au moins ils ont pu extérioriser ce qu'ils ressentaient.
Avec le recul, je pourrais résumer ce chapitre part "Yuto joue au psy pour Yuma et Erik joue au psy pour Ray." Qui est le meilleur psy selon vous ?
Chapter 8: OS 8 : Le duel de l'artiste
Summary:
Devenu duelliste professionnel, Yuya a désormais de nombreuses responsabilités...et de nombreux fans. Il en rencontre justement un très particulier.
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Yuya se réveilla doucement grâce à la lumière du matin. Il bailla, s’étira et essaya de se rappeler ce dont il avait rêvé. Sans doute de retrouver son père, de faire un duel spectacle qui amuserait tout le monde et d’être déclaré champion du monde…
« Oh » réalisa-t-il. « Ce…ce n’est plus un rêve. »
Quand il rêvait de ça, Yuya pensait que ce serait un objectif qu’il aurait atteint au bout de plusieurs années…voire qu’il n’atteindrait jamais en ce qui concernait ses retrouvailles avec son père. Et pourtant, il avait retrouvé son père, avait pu livrer des duels spectacles qui avaient non seulement plu à tout son monde, mais aussi à d’autres dimensions, et…bon, il n’existait pas réellement de titre de champion du monde, mais il était le duelliste le mieux classé. Tous ses objectifs avaient été réalisés en si peu de temps, c’était dur à croire. Mais il avait réussi.
« -YUYA ! »
…Mais un champion n’échappait pas à ses responsabilités. Et il en avait plus qu’il n’en avait jamais eu avant la guerre. Il ne s’en plaignait pas, c’était toujours bien mieux que la peur et la pression qu’il ressentait pendant le mois où il avait affronté Academia, mais tout de même.
« -Quoi Maman ?!
-Shuzo m’a appelé pour me demander où tu étais ! »
Yuya regarda l’heure…et réalisa :
« -Je suis en retard ! Yuzu va me tuer ! »
Ni une ni deux, il enfila son pantalon et son T-shirt, se servit de son uniforme comme cape, sortit en vitesse de sa chambre, utilisa la rampe pour descendre, mit ses chaussures, salua sa mère – qui ne lui laissa de toute façon pas le choix, bloquant la sortie tant qu’il ne lui avait pas fait un bisou sur sa joue – et courut aussi vite que possible pour arriver à You Show. Il devait faire un duel pour montrer l’invocation pendule, plein de potentiels nouveaux élèves allaient le regarder, s’il ne se montrait pas l’école You Show perdrait une nouvelle fois sa réputation et ce serait sa faute !
« -Tu m’as l’air bien pressé !
-Oui désolé, s’excusa Yuya, faut vraiment que j’y sois vite !
-Pas de problèmes ! Je connais un raccourci si tu veux !
-Euh, un raccourci ? Où ça ? Mais attends, quoi ? »
Yuya réalisa soudain qu’il parlait à quelqu’un…qui courait à ses côtés. Il cligna des yeux devant l’inconnu dont les yeux violets le regardaient innocemment comme si la situation était parfaitement normale. Il portait le même uniforme que Yuya, donc il devait étudier au même collège, mais Yuya était sûr de ne l’avoir jamais vu : il était certain qu’il se souviendrait d’un élève avec une coupe de cheveux aussi atypiques, les cheveux orange de ce garçon étant dressés telle une pique au-dessus de sa tête.
« -Il ne faut pas ralentir le rythme ! s’écria-t-il. Allez, viens !
-Hein mais… »
Le garçon attrapa la main de Yuya et commença à accélérer, tirant Yuya derrière lui.
« -Alors il est parti…d’accord…merci Maman. »
Erik raccrocha et se tourna vers les autres.
« -Alors, comme on le soupçonnait, il s’est réveillé tard et il est parti en retard.
-Yuya…soupira Yuzu, agacée.
-Par contre, il n’était pas si en retard que ça : il est parti de la maison il y a une demi-heure quand même ?
-Hein ? commença à s’inquiéter Yuzu. Mais alors, il devrait déjà être là.
-Exactement. C’est bizarre. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé…
-C’est Yuya ! cria soudain Tatsuya en entrant dans la salle. Il arrive
-Ah ! » s’écria Yuzu avant de courir vers l’entrée en brandissant son éventail.
Il avait intérêt à avoir une sacrément bonne explication. Finalement, ils avaient géré la situation sans lui, Erik et Kei avaient livré le duel pour faire la démonstration de l’invocation pendule. Mais ça avait quand même été un sacré coup de stress et elle espérait que Yuya avait une bonne justification pour être arrivé aussi tard alors qu’ils l’attendaient. Cependant, dès qu’elle le vit…elle baissa son éventail : couvert de saletés, des bleus sur tout le corps, en sueur et semblant totalement étourdi, Yuya ne semblait vraiment pas avoir besoin de se prendre un coup d’éventail en plus. Le plus étrange cependant, c’était qu’il était accompagné d’un garçon que Yuzu n’avait jamais vu qui lui tenait la main.
« -On est arrivés ! » cria le garçon en levant ses deux bras en l’air, lâchant Yuya.
…Qui faillit tomber par terre. Heureusement, Yuzu se précipita pour le rattraper.
« -Euh, fit Sora, ça va Yuya ?
-Il m’a fait passer…par les égouts…puis par le toit d’un immeuble…
-Désolé, s’excusa le nouveau venu. Je pensais vraiment que c’était des raccourcis.
-Par quels toits êtes-vous passés ? demanda Sora.
-C’est vraiment une question ? réagit Kei en haussant un sourcil.
-Euh, par ceux là-bas je crois ! répondit l’inconnu en pointant des maisons au loin qui semblaient plutôt éloignées de l’école.
-C’est une erreur, soupira Sora. Le raccourci pour venir en passant par les toits, c’est plutôt par là.
-Oohhh…réagit l’inconnu, visiblement très intéressé.
-Non mais vous avez fini oui ?! s’énerva Erik. Bon sang t’es qui ? Et t’as vu dans quel état t’as mis mon frère ?!
-Oh oui ! réagit l’inconnu. J’aurais dû commencer par me présenter ! Je m’appelle Rei Shingetsu, et je suis récemment devenu très fan des duels, en particulier des duels spectacle de Yuya Sakaki ! J’aimerais donc m’inscrire à l’école You Show ! »
Tout le monde fut un peu désarçonné par cette déclaration, il faut dire que personne ne s’y attendait. Et ils n’eurent pas vraiment le temps d’y réfléchir davantage car juste après, Yuya tomba dans les vapes.
Yuya se réveilla dans le lit de l’infirmerie de You Show. Autrement dit, il se réveilla en ayant mal au dos.
« -Tu es réveillé Yuya ! remarqua immédiatement Yuzu.
-Ah, Yuzu…il s’est passé quoi ?
-Tu as été amené ici par un de tes fans. Apparemment, il voulait te faire prendre un raccourci, mais…
-C’est bon, grogna Yuya, je m’en souviens. Dire que je devais me dépêcher pour…c’est vrai, la présentation ! Je devais…
-Ne t’en fais pas ! le rassura tout de suite Yuzu. Erik et Kei s’en sont chargés. Tout s’est bien passé !
-Tant mieux ! soupira Yuya de soulagement, avant de reprendre une moue boudeuse.
-…ça ne va pas ? demanda Yuzu.
-C’est rien, soupira-t-il. Juste, je n’imaginais pas commencer la journée ainsi.
-Allez, rit Yuzu, tu as vécu pire. Et je sais comment te redonner le sourire. »
La jeune fille se rapprocha alors de son ami d’enfance et posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser dura quelques secondes, puis elle s’écarta. Les deux étaient tout rouge.
« -Désolée, lâcha-t-elle. J’ai cru que ce serait une bonne idée, mais…c’était plus embarrassant qu’autre chose.
-Non non, bafouilla Yuya. Je…j’ai aimé ça.
-Ah ah, tant mieux alors… »
Yuya et Yuzu avaient commencé à sortir ensemble lors du dernier anniversaire de Yuya. Ce n’était donc pas la première fois qu’ils s’embrassaient, mais c’était la première fois que Yuzu le faisait alors qu’ils n’étaient pas en rendez-vous ou dans un moment où ils s’étaient isolés volontairement. Alors qu’ils hésitaient à recommencer, la porte s’ouvrit avec fracas !
« -Yuya Sakaki ! s’écria Rei Shingetsu. Tu es à nouveau sur pieds !
-On a essayé de le retenir…marmonna Erik derrière lui, à genoux et semblant complètement épuisé.
-Oh oh… » fit Yuya en reculant contre le mur, se sentant en danger.
Heureusement pour lui, Yuzu s’interposa entre lui et son fan.
« -Un instant ! dit-elle sévèrement. Yuya vient de se réveiller, il a besoin de calme.
-Oui bien sûr, sourit Rei. Je suis calme !
-…Non tu ne l’es pas.
-Mais si je le suis !
-ALORS ARRÊTE DE CRIER !
-…Mais c’est toi qui… »
Yuzu allait l’étrangler. Heureusement, Yuya posa une main sur son épaule et demanda :
« -Mais, qu’est-ce que tu veux au juste ? Rejoindre l’école You Show ?
-Oui bien sûr…mais surtout, j’aimerais livrer un duel avec toi !
-Hein ?! réagirent tous ceux présents dans la pièce.
-Non mais, secoua la tête Erik, tu ne peux pas débarquer comme ça, mettre la vie de mon frère en danger et lui demander un duel comme si de rien n’était !
-Pourquoi ? demanda Rei innocemment, comme s’il ne comprenait pas quel était le problème.
-Mais parce que…
-J’accepte » dit finalement Yuya.
Tout le monde le dévisagea comme s’il s’était transformé en méduse.
« -Vraiment Yuya ? demanda Yuzu.
-Oui, sourit-il. Après ce qui s’est passé ce matin, un bon duel me fera du bien.
-Super ! s’enthousiasma Rei. Je vais t’attendre sur le terrain alors ! »
Il partit en courant. Puis il revint en courant.
« -Euh, où est-ce que c’est en fait ?
-Je ferais mieux de l’y amener, décida Shuzo. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a un élève aussi enthousiaste. »
Shuzo et Rei quittèrent donc l’infirmerie, laissant Sora, Yuzu, Kei, Erik et techniquement Astral avec leur ami.
« -Vous en faites une tête, observa Yuya.
-C’est que ça ne te ressemble pas, bougonna Erik. Après ce qui s’est passé ce matin, je pensais que tu aurais été énervé de l’affronter.
-Il y a encore quelques temps je l’aurais été, admit Yuya en souriant. Mais…ce garçon me rappelle ma première rencontre avec Sora.
-Pour information, intervint ce dernier en sortant sa sucette de sa bouche, je me sens insulté.
-Tu étais intense au début, lui rappela Yuya. Mais…derrière cette attitude se cache quelqu’un qui est véritablement fan de mon style de duel. Et en tant que duelliste pro, je ne peux pas décevoir mes fans n’est-ce pas ?
-Yuya…sourit doucement Yuzu.
-Allez tout le monde ! s’exclama-t-il. J’espère que vous allez m’encourager !
-Bien évidemment, roula des yeux Erik, même si c’est sans doute lui qui a besoin d’encouragements.
-On ignore encore son niveau, qui sait qui va l’emporter ? » protesta Yuya avant de partir.
Erik resta seul avec Kei et Ray dans la pièce, et déclara soudainement :
« -Il se passe quelque chose Ray ?
-Hein ? réagit l’esprit.
-Tu es devenue plus froide – enfin, plus que d’habitude – lorsque ce garçon est apparu. Est-ce qu’il est dangereux ?
-Vraiment ? s’étonna Kei. Je n’ai rien remarqué…tu commences vraiment à bien connaître Astral, Erik.
-Pour mon plus grand déplaisir, grogna ce dernier. Alors Ray ?
-…J’ai ressenti une sensation étrange lorsqu’il est arrivé, confirma Ray. Mais… »
Jusqu’à ce qu’elle ressente soudainement une sensation de malaise. Comme si, l’espace d’un instant, la réalité s’était déformée. Tous ses sens l’avertissaient qu’un danger était arrivé. Et pourtant, autour d’elle…rien ne semblait avoir changé.
« -Pour être franche, soupira Ray, je ne suis pas sûre que ce soit lié à lui. J’ai ressenti régulièrement cette sensation depuis notre sortie au cinéma, et à chaque fois, aucun danger ne se manifeste.
-Je vois, soupira de soulagement Erik. Restons vigilants au cas où.
-De toute façon, renchérit Kei, si ce Shingetsu est vraiment dangereux…eh bien on s’en rendra vite compte. Mais tu n’as pas à t’en faire : ton frère est fort, il peut affronter n’importe quoi.
-Je sais, sourit Erik. J’ai confiance en lui. »
…Alors pourquoi avait-il peur malgré tout ?
Nova entra à You Show en espérant livrer un duel. Ses espoirs furent douchés lorsqu’il réalisa que tout le monde semblait en train d’en regarder un.
« -Salut tout le monde, les salua-t-il. Le duel est en cours ? »
« Sur le point de se terminer j’espère. »
« -Oh, salut Nova ! réagirent les autres.
-Non, le détrompa Sora. En fait, il va bientôt commencer. »
« Génial… Bon, au moins le duel sera peut-être intéressant. »
« -Qui joue ? demanda-t-il.
-Yuya affronte un nouveau, répondit Erik.
-Tu es prêt ?! demanda Yuya à Shingetsu.
-Oui ! s’exclama ce dernier en plaçant sa main contre sa tête comme un soldat. J’arrive pas à croire que je vais livrer mon premier duel contre mon duelliste préféré !
-Attends ! s’exclama Yuya, totalement pris au dépourvu. C’est vraiment ton premier, premier duel ?
-Euh, oui. Cela pose un problème ?
-Pas vraiment je suppose…répondit Yuya.
-…Bon, fit Nova, je crois que je vais y aller. Je reviendrai quand cette école aura plus d’un terrain de duel.
-C’est vrai que ça va devenir une nécessité, admit Yuzu. On a de plus en plus d’élèves.
-Pour l’instant, proposa Erik, regardons le duel.
-Oui, approuva Yuzu.
-Bon, fit Yuya. Commençons. Les d…
-Oh ! s’enthousiasma Shingetsu. Laisse-moi le faire !
-Bah, c’est qu’on est censés le faire tous les deux…
-Allez ! Allez ! Allez ! Et tu pourras prendre le premier tour !
-…Bon d’accord, soupira Yuya.
-Super ! Les duellistes réunis dans ce temple du combat ainsi que leurs monstres vont maintenant frapper la terre, danser dans les cieux et courir à travers le terrain ! Regardez bien, voyez l'évolution ultime du duel ! L’Action…
Terrain d’Action : Grande Plaine
Tour 1 : Yuya
« -Bon, je commence. »
Yuya regarda sa main : il y avait plein de choses qu’il pouvait faire…mais son adversaire étant un vrai débutant, il ne pouvait pas se donner à fond. Il voulait que ses duels soient des expériences divertissantes, pour les spectateurs comme pour son adversaire, et écraser unilatéralement l’autre ne correspondait pas à sa définition d’une expérience divertissante. Il décida donc de partir sur un tour de jeu plus dans ses anciennes habitudes.
« -J’invoque Hippo à la mode Potartiste (800 atk) et je termine mon tour ! »
Yuya monta à califourchon sur son hippopotame rose et s’écria :
« -Voyons si tu peux me rattraper ! » avant de commencer à courir à travers le terrain. (Yuya : 4000 HP, 4 cartes en main, 1 monstre 800 atk)
Tour 2 : Rei
« -Oh, trop bien ! À moi de jouer, euh, j’invoque le Soldat Géant de Pierre (1300 atk) ! Il a assez de points d’atk, donc je passe à l’attaque sur votre Hippo !
-Il le vouvoie maintenant ? haussa un sourcil Sora.
-Aahhhhh ! s’écria Yuya. Oh, mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
Yuya passa rapidement à côté d’une carte Action et la ramassa.
« -J’active Evasion ! J’annule ton attaque ! Saute sur le côté Hippo !
-Oh zut ! gémit Shingetsu. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Hum…Oh je sais ! Je pose deux pièges face cachée et je termine mon tour ! » (Rei : 4000 HP, 3 cartes en main, 1 monstre 1300 atk, 2 cartes face cachée)
Tour 3 : Yuya
« -…Est-ce qu’il vient vraiment de dire ce que je crois qu’il vient de dire ? demanda Yuzu.
-Mais quel clown, soupira Erik.
-Cette sensation que j’éprouvais n’était sans doute pas liée à lui, murmura Astral, blasée.
-Un vrai débutant quoi, renchérit Sora.
-Pourquoi je suis resté moi déjà ? » demanda Nova.
Voyant que son idole le regardait bizarrement, Shingetsu cligna des yeux et demanda :
« -Il y a un problème ?
-Tu…tu sais que tu n’avais pas besoin de dire que tes cartes sont des pièges n’est-ce pas ? Je vais m’en méfier maintenant, et ce n’est pas à ton avantage.
-Mais si je pose des cartes face cachée, répondit Shingetsu en toute innocence, ce sont forcément des pièges non ?
-Non ! répliqua Yuya. Cela pourrait aussi être une carte magie, ou même une carte posée pour le bluff.
-Oh mais oui ! s’exclama Rei. C’est une bonne idée ! Merci de me l’avoir dit, je le retiendrai pour la prochaine fois ! Ah, j’apprends tellement de choses dans ce duel !
-Euh, fit Yuya, de rien ?
-Achève-le Yuya ! cria Erik.
-Euh… »
Yuya porta son regard vers Rei : il n’avait encore rien fait, le finir ce tour serait un peu décevant. Mais d’un autre côté, passer un autre tour à ne rien faire irait à l’encontre du spectacle de Yuya. Il décida de partir sur un compromis.
« -Bon, sourit-il. Ladies and gentlemen ! Il est temps de vous montrer ce que vous attendez tous !
-Oui ! crièrent Tatsuya, Ayu et Futoshi. L’invocation pendule !
-J’en ai des frissons ! rajouta Futoshi.
-Exactement ! Je place Magicien Observateur des Etoiles d’échelle 1 et Magicien Observateur du Temps d’échelle 8 dans la zone pendule ! Et j’active la carte magie Transfert Pendule pour faire passer l’échelle pendule du Magicien Observateur du Temps à 9 ! Je peux maintenant invoquer simultanément des monstres de niveau 2 à 8 ! Balance-toi pendule des âmes, ouvre dans le ciel un portail de lumière. INVOCATION PENDULE ! Apparaissez sur mon terrain, Serpent à Fouet Potartiste (1700 atk) et Faiseur de rire Potartiste (2500 atk) !
-Waouh ! réagit Shingetsu avec des étoiles plein les yeux. J’ai toujours rêvé de voir ça en vrai !
-C’est parti ! sourit Yuya. Serpent à Fouet va activer son effet pour inverser les points d’atk et de def…de Soldat Géant de Pierre !
-Oh non ! s’écria Shingetsu. Hein mais…pourquoi les points d’atk de mon soldat augmentent ? (Soldat Géant de pierre : 2000 atk).
-Parce qu’il avait plus de points de def que d’atk, expliqua Yuya.
-…Mais du coup c’est mal joué de ta part non ?
-Voyons cela ! Faiseur de Rire Potartiste attaque ton soldat géant de pierre !
-J’active mon piège, Force Miroir !
-J’active l’effet pendule du Magicien Observateur Temps ! Lorsqu’un monstre pendule attaque et qu’un piège est activé, je peux annuler l’effet du piège jusqu’à la fin du tour !
-Hein ? Mais non !
-Tu m’as dit que tu avais un piège, donc je m’y suis préparé. Et maintenant, j’active l’effet de Faiseur de rire : lorsqu’il attaque, il gagne 1000 points d’atk pour chaque monstre dont les points d’atk ont augmenté ce tour !
-Mais il n’y en a p…attends, c’est pour ça que tu as augmenté les points d’atk de mon soldat géant ?!
-Eh oui (2500+1000=3500 atk) ! À l’attaque !
-AAHHH ! (3500-2000=1500 ; Rei : 4000-1500=2500 HP)
-Ensuite, Serpent à Fouet Potartiste va t’attaquer directement !
-AAHHHH ! (Rei : 2500-1700=800 HP)
-Et maintenant, tu n’as plus que 800 points de vie ! Et Hippo a 800 points d’atk ! Une attaque directe et j’aurais gagné ! »
Yuya déclara ça…mais n’attaqua pas. Shingetsu ne sembla pas comprendre cependant la chance qu’il lui laissait car il ne bougea pas. Yuya toussa.
« -Et c’est dommage, tu n’as plus de cartes sur ton terrain, donc tu ne peux rien faire ! »
Shingetsu cligna des yeux, n’agissant toujours pas.
« -Aahh ! s’écria Yuya. J’avais oublié, on est sur un Terrain d’Action ! Si tu attrapes une carte Action tu peux t’en sortir…mais non, mon attaque t’aura atteint avant que tu n’en aies attrapé une.
-Euh, fit Sora, il fait quoi Yuya là ?
-Il essaie de donner une chance à son adversaire, sourit Yuzu.
-Il aurait mieux fait d’en terminer ici et maintenant, bougonna Erik.
-En tout cas, analysa Nova, il semble qu’il ait réussi à se faire comprendre. »
En effet, Shingetsu s’était soudainement mis à courir sur le terrain. Il trouva une carte Action. Yuya sourit et déclara son attaque !
« -Hippo à la mode Potartiste, attaque Shingetsu directement !
-Pas directement ! le contra Shingetsu. J’active mon piège, Formamonstre. Ce piège se transforme en un monstre sans aucun point d’atk sur mon terrain. Et j’active la carte Action que je viens de récupérer, Barrière Miroir ! Mon monstre n’est pas détruit et les dommages sont divisés par deux ! »
À ce moment-là, Yuya aurait pu annuler l’effet de cette carte avec son Magicien Observateur des Etoiles, mais ne souhaitant pas terminer le duel tout de suite, il s’en abstint.
« -AAHH (800-0=800 ; 800/2=400 ; Rei : 800-400=400 HP) ! cria Shingetsu.
-Bien joué, l’encouragea Yuya, tu m’as résisté ! Et c’est ainsi que je finis mon tour ! » (Yuya : 4000 HP, 0 carte en main, 1 monstre 2500 atk, 1 monstre 1700 atk, 1 monstre 800 atk, échelle pendulée fixée de 1 à 8)
Tour 4 : Rei
« -À…à mon tour alors ! Je tire ! »
Ses yeux brillèrent en voyant sa carte.
« Donc…il va pouvoir faire quelque chose » soupira de soulagement Yuya. « Bien, le duel n’aura pas été totalement à sens unique. »
« -Alors pour commencer…j’invoque Gobelindbergh (1400 atk) ! Lorsqu’il est invoqué normalement, je peux le faire passer en mode def (0 def) et invoquer spécialement un autre monstre de niveau 4 ou moins depuis ma main. J’invoque l’Elfe Mystique (2000 def) !
-Il se créé une défense ? analysa Sora. Vu le nombre de monstres qu’a Yuya, elle va vite être balayée.
-Tant mieux, souffla Erik. Ce duel n’a que trop duré.
-Et maintenant, annonça Shingetsu, j’active la Double Invocation ! Elle me permet de refaire une invocation normale ce tour ! Je vais en profiter pour faire une invocation sacrifice ! Il est écrit que…oui ! Je sacrifie Formamonstre, Elfe Mystique et Gobelindberg…
-Une invocation sacrifice de trois monstres ? fronça les sourcils Yuzu.
-…et j’invoque Gilford l’Eclair (2800 atk) !
-Il a réussi à invoquer un monstre puissant, analysa Tatsuya, c’est déjà ça.
-J’en ai des frissons ! s’exclama Futoshi.
-Et lorsqu’il est invoqué en utilisant trois monstres comme sacrifice au lieu de deux, expliqua Shingetsu, il détruit tous les monstres contrôlés par mon adversaire !
-Quoi ?! s’écria Yuya alors que ses trois monstres se faisaient pulvériser.
-QUOI ?! s’écrièrent tous les spectateurs, pris au dépourvu par ce retournement de situation.
-Mais ça fout les frissons ! s’écria Futoshi.
-Gilford, attaque-le directement ! »
Pris par surprise, Yuya n’eut pas le temps de réagit et prit l’attaque directe de plein fouet (Yuya : 4000-2800=1200 HP).
« -Ouais ! s’écria Shingetsu alors que son idole était projetée en arrière. J’ai réussi ! Et maintenant euh…je n’ai plus de carte en main, donc je termine mon tour. » (Rei : 400 HP, 0 carte en main, 1 monstre 2800 atk, 1 carte face cachée)
Tour 5 : Yuya
« -Est-ce que Yuya va bien ? s’inquiéta Ayu.
-Ne t’inquiète pas, la rassura Yuzu, il a connu pire.
-Je n’en suis pas si sûr, rétorqua Nova.
-Comment ça ? demanda Sora.
-Regardez la situation, expliqua Nova. Yuya a laissé passer plusieurs occasions de gagner pour ne pas décourager son fan. Mais maintenant, il n’a aucune carte en main, et sur son terrain, seulement une échelle pendule active.
-Mais il peut toujours l’utiliser pour réinvoquer son monstre pendule non ? répliqua Sora.
-Non, intervint Erik. Faiseur de rires est de niveau 8. Yuya a pu l’invoquer uniquement parce qu’il utilisait Transfert Pendule pour augmenter l’échelle pendule du Magicien Observateur du Temps. Il ne peut pas recommencer. Donc, en fonction de la carte qu’il va piocher…Yuya va peut-être perdre face à ce débutant.
-Sérieusement ? écarquilla les yeux Kei.
-Oui, confirma Nova. Et vu le niveau de son adversaire…ce serait la pire humiliation pour un duelliste de son niveau. À sa place, j’aurais tellement honte que j’en arrêterais les duels.
-Heureusement que Yuya n’est pas toi, bougonna Yuzu. Quand tu as dit qu’il n’avait pas connu pire, tu m’as fait peur.
-Je ne vois pas ce qu’il y a de pire qu’une humiliation totale, rétorqua Nova.
-De toute façon, intervint Kei, je pense que vous devriez davantage faire confiance à Yuya. Regardez-le, il sourit. »
En effet, le duelliste artiste s’était relevé en souriant.
« Eh bah », pensa-t-il. « Je me suis mis dans de beaux draps…Mais c’est ce qui rend un duel excitant. »
Il regarda autour de lui : si la chance n’était pas avec lui, il devrait compter sur les cartes Action.
« -Ladies and gentlemen !
-Oh ! s’excita Shingetsu. Il le fait !
-La situation a tourné en ma défaveur…mais parviendrais-je à revenir au score ?
-Vas-y Yuya ! l’encouragea Sora.
-On croit en toi ! renchérit Yuzu.
-Si tu perds contre lui c’est la honte ! cria Erik.
-Ce n’est pas gentil pour Shingetsu ! le sermonna Yuzu en le frappant avec son éventail.
-Aïe ! gémit Erik. Mais c’est vrai…
-Je tire ! » cria Yuya.
Il sourit en voyant ce qu’il avait pioché.
« -Je savais que je pouvais compter sur toi mon vieil ami…j’utilise l’échelle pendule déjà fixée ! INVOCATION PENDULE ! Apparais, Dragon Pendule aux Yeux Impairs (2500 atk) !
-Oooh ton monstre fétiche ! s’écria Shingetsu, les yeux brillants. Mais il a moins de points d’atk que Gilford non ?
-Voyons ça ! »
Yuya sauta sur le dos de son dragon et commença à parcourir le terrain à grandes enjambées. Il repéra une carte Action et l’attrapa.
« -J’active Power Boost : Dragon Pendule aux Yeux Impairs gagne 500 points d’atk (2500+500=3000 atk) ! Et il attaque Gilford !
-AAHHH il est devenu plus fort ! Mais il me restera des points de vie, non ?
-Chers fans, sourit Yuya, pouvez-vous me rappeler ce qui se passe quand le Dragon Pendule aux Yeux Impairs combat un monstre de niveau 5 ou plus ? Les dommages sont…
-Doublés ! cria son public à l’unisson.
-J’avais oublié ! s’exclama Shingetsu en s’agrippant les cheveux. Mais alors, ça signifie que… »
Shingetsu calcula les dommages qu’il allait subir alors que son monstre était détruit (3000-2800=200 ; 200X2=400 ; Rei : 400-400=0 HP).
« -…J’ai perdu ? AAHHH ! »
VICTOIRE DE YUYA
Le terrain d’action disparut. Lorsque Shingetsu rouvrit les yeux, Yuya se penchait au-dessus de lui, lui tendant sa main pour l’aider à se relever.
« -J’espère que ce duel a été à la hauteur de tes attentes, lui dit Yuya.
-Tu plaisantes ? » rétorqua sèchement Shingetsu.
Yuya fut un peu déboussolé par cette réponse. Mais avant qu’il n’ait pu répondre, Shingetsu agrippa ses mains et se releva si brutalement qu’il faillit faire tomber Yuya au passage.
« -Ce duel était TROP GENIAL ! cria Shingetsu en secouant les mains de Yuya. C’était trop bien ! Pour un premier duel je ne pouvais pas rêver mieux ! Un vrai duel spectacle !
-Ah ah…fit Yuya. Ravi qu’il t’ait plu…
-J’espère pouvoir en voir plein d’autres maintenant que je vais intégrer You Show ? Est-ce que je peux t’affronter à nouveau demain ?!
-Doucement… »
Les autres regardèrent la scène, un peu sceptiques.
« -Je suppose qu’on a gagné un nouvel élève, déclara finalement Yuzu. C’est une bonne chose.
-Si tu le dis » soupira Erik.
En tout cas, Shingetsu ne semblait pas avoir envie de repartir. Avoir un nouveau camarade ne pouvait être qu’une bonne chose…n’est-ce pas ?
Notes:
Et c'est ainsi que nous terminons les OS de cette fanfiction. C'est donc le dernier chapitre complet que j'écris pour cet univers, les prochains étant plutôt des plans détaillés.
Ecrire sur ces petits OS était vraiment sympa. J'étais heureux de pouvoir juste raconter le quotidien de ces personnages après avoir raconté leurs histoires dans la guerre du pendule. J'espère qu'ils vous ont plu également, n'hésitez pas à me dire lequel de ces huit OS vous avez préféré.
Bon, vous vous en doutez, mais Rei n'est pas ce qu'il montre, et c'est beaucoup plus drôle de lire en sachant qu'il n'est pas un simplet qui agace involontairement mais qu'il agit vraiment pour être énervant. Et donc ce chapitre tease un peu les futurs plans détaillés. En fait, autant la plupart des ces OS étaient facultatifs, autant les trois derniers auraient été nécessaires pour comprendre l'histoire si je l'avais continuée. Mais bon...je pense vraiment que c'est pour le mieux que je m'arrête là, et vous aurez les plans pour savoir pourquoi.
J'espère que l'OS était cool à lire ^^

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