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Romance au Sanctuaire

Summary:

Charlie a hâte de recevoir ses invités au Sanctuaire. Mais seul Harry peut venir, finalement. Charlie va-t-il réussir à mettre sous silence ses sentiments pour lui pendant son séjour ?

Notes:

Cet OS a été écrit dans le cadre du Quatre-Quarts du serveur Potterfictions (rejoignez nous : https://discord.gg/862aSNBDk6), un défi d'écriture à beaucoup de mains !

Ce texte est le fruit de la participation de 4 personnes : 1 pour le scénario, 1 pour le plan, 1 pour l'écriture, 1 pour la beta-lecture.

Merci à toustes celleux qui ont participé avec moi à cet OS !

(See the end of the work for more notes.)

Work Text:

Le tableau des arrivées des portoloins était éclairé de lucioles magiques jaunes. Charlie leva le regard pour vérifier celui qu’il attendait. Il semblait toujours prévu. Pour tuer le temps, il se promena dans la galerie marchande, il hésitait à acheter un cadeau de bienvenue. Il entra dans une boutique, fouina quelques instants avant de renoncer : une fois sur deux, il se plantait et sa sœur faisait la grimace. Tant pis.

Une alerte sonore attira son attention : « Portoloin en provenance de Londres, arrivée dans une minute, porte quatre ». Charlie fit demi-tour pour s’y rendre, impatient. Des sorciers le frôlèrent sans le remarquer, il ne passait pourtant pas inaperçu dans sa tenue de cuir.

Une dizaine de personnes poussa la barrière tournante. Charlie chercha la longue chevelure rousse de Ginny sans la trouver. En revanche, Harry lui faisait un signe de la main en se rapprochant. Charlie lui sourit, malgré un sentiment de perplexité grandissant. Harry avait l’air grognon.

— Hey…

— Salut, Harry. Où est Gin’ ? 

— À la maison, grommela Harry avec une grimace. Elle a pas voulu venir, finalement.

— Je croyais qu’elle était contente de voir les dragons.

Harry haussa les épaules et fit un geste vers la sortie du terminal. Charlie montra le chemin.

— Soit disant qu’elle connaît déjà le Sanctuaire et qu’elle pouvait pas annuler ses entraînements…

Charlie ne savait pas ce qu’il pouvait bien répondre, il le laissa parler pendant qu’ils arrivaient sur le trottoir. Le soleil l’éblouit et il mit sa main au-dessus de ses yeux.

— J’avais posé mes congés, tu vois donc… Bah, ça serait dommage de pas en profiter quand même. Moi je suis jamais venu, enfin, tu vois ?

— Je vois. Je suis content que tu sois là.

Charlie l’était. Et en même temps, il était embêté. Il préférait croiser Harry quand sa famille était là, quand Ginny était là. Les autres créaient un bouclier entre Harry et les sentiments qu’il nourrissait pour lui. 

C’était arrivé après la guerre, quand Harry avait vécu au Terrier. Charlie était resté quelque temps, pour aider ses parents à surmonter la mort de Fred, pour soutenir George. Il devait faire son deuil lui aussi et il n’avait pas l’énergie de retourner en Roumanie. Il avait appris à connaître cet homme qui n’avait toujours été que le meilleur ami de Ron. Il avait rapidement remarqué qu’il s’isolait, qu’il ne semblait pas à sa place. Alors il avait pris l’habitude de lui tenir compagnie. Parfois ils restaient allongés en silence dans un champ de blé, à regarder les nuages, parfois ils discutaient, assis sur le lit de l’un ou de l’autre. De tout et de rien. De leurs vies, de leurs passions, de l’enfance de Harry, de celle de Charlie, de Fred, de Ron. Jamais de Ginny. Charlie ne voulait pas qu’il lui confirme qu’ils s’étaient remis ensemble. Quand il lui avait enfin annoncé, à la fin de l’été, Charlie était rentré chez lui. Cela faisait deux ans et il était toujours tiraillé. Chaque fête de famille creusait un peu plus le trou dans son ventre, chaque courrier de Harry alimentait le brasier en lui. Mais Harry était en couple avec Ginny…

— Tu veux visiter Bucarest ?

— J’ai hâte de voir les dragons, je visiterai en repartant.

— Okay, super. Allons-y alors.

Charlie le guida vers un coin tranquille, tendit son bras, et ils transplanèrent. 






Charlie adorait recevoir des gens au Sanctuaire des Dragons. Lorsqu'ils découvraient les immenses bêtes, leurs visages s'éclairaient de joie et de crainte en même temps, leurs iris pétillaient et leurs sourires mangeaient leurs joues. C’était la première fois pour Harry et il ne dérogeait pas à la règle. Son air grognon avait disparu dès qu’ils avaient aperçu un Magyar à pointes en parcourant leur territoire en balais.

Charlie avait proposé de faire un premier tour avec ce moyen de transport, pratique et rapide. Harry savait voler et il faisait un temps magnifique, autant mêler l’utile à l’agréable. Le domaine était gigantesque et les différentes espèces de dragons étaient réparties en fonction de leurs affinités. Cela lui permettait également de faire la vérification des pierres magiques qui clôturaient les espaces, l’une de ses tâches de la journée. À chaque jonction se trouvaient trois balises qui maintenaient les barrières et dômes. Elles s’usaient et se déchargeaient avec le temps, mais ils ne pouvaient s’en passer. Elles garantissaient la sécurité pour les dragons et pour les humains. 

Quand ils revinrent au centre du village de la réserve, Harry avait les joues rouges et un immense sourire. Charlie l’avait pourtant fait voler pendant quatre heures. Il démonta son balai sans se plaindre et ébouriffa sa tignasse. 

— Je te propose d’aller dîner aux communs, pour rencontrer les autres, offrit Charlie en rangeant les balais dans la remise.

— Avec plaisir !

Charlie le guida jusqu’à la salle à manger participative. Chaque dragonnier avait sa maison, mais pouvait aussi cuisiner et manger avec d’autres. Cela s’organisait souvent à la dernière minute, mais il y avait toujours une ambiance détendue et joyeuse. Charlie, qui vivait seul, préférait manger avec ses amis que chez lui. Le Sanctuaire était une grande communauté autogérée, dans laquelle chaque personne qui y travaillait prenait part aux décisions à parts égales. Elles étaient votées et appliquées dans la foulée. La communauté fonctionnait ainsi depuis des dizaines d’années et chaque nouveau venu devait l’accepter avant de s’engager. Il y avait cependant peu de départs, la plupart d’entre eux y étaient depuis longtemps et s’y sentaient bien. Cela faisait partie des raisons qui empêchaient Charlie de trouver quelqu’un : il ne voulait pas quitter le Sanctuaire. Or, trouver un partenaire ici était compliqué. Il y avait bien quelques célibataires, mais ils étaient des amis et rien d’autre. Et il n’avait pas le temps d’aller flirter à Bucarest. Par ailleurs, ses sentiments persistants pour Harry n’aidaient pas. Il espérait s’en débarrasser, mais chaque retour au Terrier balayait ses intentions.

— Salut tout le monde ! Je vous présente Harry.

Les collègues – et amis – de Charlie accueillirent Harry comme un membre du Sanctuaire et il se retrouva rapidement attablé entre Francesco et Mathilde. Charlie profita du repas pour discuter avec les autres visiteurs. C’était l’une de leurs dernières décisions. Ils avaient besoin de sensibiliser le public sur les dragons. Ces créatures continuaient à avoir mauvaise presse et le braconnage augmentait. Le but était de faire découvrir l’environnement des dragons aux sorciers, du plus ordinaire au plus haut placé, afin que les lois sorcières internationales changent. C’était un travail de fourmi, ils avaient décidé de ne jamais inviter plus de dix personnes par semaine. Les dragonniers volontaires en encadraient deux maximum à la fois. Cette semaine, ils étaient cinq. Cela rappela à Charlie l’absence de sa sœur. Cela ne lui ressemblait pas d’annuler au dernier moment. 

Son prénom dans une conversation non loin lui fit tendre l’oreille :

— Oh, je connais Charlie depuis des années. C’est l’un des frères de mon meilleur ami.

Charlie perdit le fil de sa propre discussion : Harry n’avait pas parlé de Ginny. Pourquoi ? Est-ce que leur relation allait bien ? Un bref espoir enfla en lui, mais il le fit taire aussitôt. C’était mal de désirer que sa sœur et Harry explosent afin de le récupérer. 






— Aujourd’hui, on va compter les Verts Gallois. On vérifie tous les six mois. 

— OK.

— Ils sont peu nombreux, on est donc d’autant plus attentifs. On va prendre un quad pour aller jusque là-bas. C’est la première zone juste au sud, le côté qu’on a pas vu hier.

— OK.

Harry n’était pas contrariant. Son sourire était revenu après son café du matin et Charlie avait eu du mal à ne pas le dévisager pendant le petit-déjeuner. Il lui tendit une tenue en cuir et lui demanda de se changer pendant qu’il vérifiait son sac. Quand il reparut, son cœur rata un battement : il aurait dû se douter que ça lui irait à la perfection. Charlie détourna le regard en espérant que ses oreilles n’étaient pas trop rouges et lui montra le chemin jusqu’au hangar. 

— Maria, John, voici Harry. Harry, on va travailler avec John et Maria aujourd’hui. La zone des Verts Gallois est la plus petite, mais elle reste trop vaste pour une seule personne. 

Ses collègues prirent un quad et Charlie en enfourcha un deuxième. Sans aucune remarque, Harry se glissa derrière lui. Ses cuisses encadrèrent les siennes et ses mains se posèrent sur sa taille. Il y avait pourtant des poignées sur les côtés…

Charlie fit un effort pour ignorer les battements frénétiques de son cœur et ils démarrèrent. Le trajet jusqu’à la zone des Verts Gallois était peu escarpé, mais en pleine forêt. C’était le genre d’environnement que préférait cette espèce. Elle avait quasiment disparu du Pays de Galles et leur nombre au Sanctuaire n’augmentait presque pas. Une inquiétude permanente pour tous les dragonniers. 

Il faisait chaud, mais Harry ne se plaignit pas une seule fois de sa tenue inadaptée au soleil. Il tint le compte sur le cahier que Charlie lui avait confié, pendant que ce dernier cherchait les dragons. Ils parcoururent la zone en long et en large, sur le quad et à pied au milieu des pins. À l’heure du déjeuner, Charlie rebroussa chemin. Il venait d’apercevoir la petite femelle née l’année précédente avec sa mère et il était content qu’elle se porte bien. Il était inutile de s’approcher davantage.

Leur quad les attendait juste un peu plus loin, derrière ces arbres. Il s’arrêta cependant avant de les passer et immobilisa Harry d’un bras. Il posa un doigt sur ses lèvres puis le tendit vers la trouée. Le regard curieux de Harry se tourna vers l’orée du bois. Sa main se referma d'un coup sur son poignet en découvrant ce que Charlie voulait lui montrer : un jeune mâle reniflait leur quad. Son long museau aux écailles vertes poussait le sac qui contenait leur repas.

— C’est Alwyn, chuchota Charlie. Il a deux ans et il vient souvent jusqu’à nous quand on est dans la zone. Si tu as de la chance, il te laissera le toucher.

Charlie sentait l’excitation de Harry à ses côtés, les doigts qui entouraient toujours le poignet de Charlie serraient fort et ils étaient moites.

— Viens.

Charlie le tira lentement hors du couvert des arbres. Alwyn releva aussitôt la tête pour la tourner vers eux. Il émit un grognement. Harry s’immobilisa. Charlie continua à le guider vers le dragon et se mit à chantonner. Ils avaient tous l’habitude de fredonner des airs sans paroles pour apaiser les animaux. Alwyn s’assit sur son arrière-train et se lécha le museau, comme un énorme chien. Deux filets de fumée sortirent de ses naseaux pendant quelques instants. Charlie fit s’arrêter Harry à un mètre et ils attendirent. Immobiles, ils observèrent Alwyn tendre son long cou vers eux, les renifler, puis décider qu’ils n’étaient pas intéressants. Il se redressa sur ses pattes d’un coup, battit des ailes et courut vers la plaine pour s’envoler. 

— Waouh… souffla Harry.

— Ils sont magnifiques, n’est-ce pas ?

— Incroyable. J’ai déjà vu un Magyar de très près, mais là… waouh c’était…

La réaction de Harry était compréhensible et Charlie adorait observer les visiteurs du Sanctuaire. Il ne se lassait jamais de leurs regards émerveillés et de leur joie. C’était aussi pour ça qu’il faisait ce métier, pour montrer aux gens à quel point ces bêtes étaient exceptionnelles. Le redécouvrir dans les yeux des autres était une chance. 

— On mange ? proposa Charlie. Et… est-ce que tu peux me lâcher le poignet ?

— Oh, pardon. Ouais, on mange.

Les doigts de Harry lui manquèrent aussitôt disparus. Il mit sa déception ridicule de côté et ils s’assirent dans l’herbe haute pour dévorer leurs sandwichs. 

Il n’y eut pas d’autre confrontation aussi marquante pendant l’après-midi, mais Charlie réussit à trouver presque la moitié des dragons de la zone. Quand ils retrouvèrent Maria et John, ils purent comparer les chiffres. Le compte était bon, pas de décès. C’était encourageant de constater que les rares bébés nés au printemps étaient toujours là. 

Ils dînèrent de nouveau aux communs. Harry rencontra des dragonniers qui n’y étaient pas la veille et il passa encore la soirée à discuter avec eux. Cependant, Charlie surprit à plusieurs reprises son regard sur lui. Ils se croisaient et Harry souriait chaleureusement avant de revenir à sa conversation. 

 




— J’espère que tu ne m’en voudras pas de t’exploiter un peu aujourd’hui.

— Pas du tout ! Je veux voir tout ce que tu fais ici.

— Parfait, okay. Bon, alors… 

Charlie expliqua à Harry qu’il y avait une immense grange dévolue aux soins pour les dragons blessés ou malades. Ils les enfermaient dans les boxs ignifugés le temps d’être remis sur pied. Et il fallait nettoyer ces boxs grands comme des maisons.

— Voilà, donc on ouvre la porte là, on laisse le dragon prendre l’air dans la zone ici et on déblaie. J’espère que tu as révisé tes sorts domestiques.

Harry éclata de rire. Le ventre de Charlie se tordit. 

— Je suis une catastrophe pour le ménage. 

— C’est pas difficile, je vais te montrer.

Harry était en effet irrécupérable. Les sortilèges semblaient lui résister et il ne fallut pas longtemps avant que les fous rires les empêchent de travailler. En désespoir de cause, Charlie lui demanda de ne pas l’aider et de profiter de la proximité du dragon qui se dégourdissait les pattes pour l’observer. Harry se tourna vers l’extérieur et s’appuya sur les barreaux de la porte pour regarder dehors. Le vent s’engloutissait dans ses cheveux noirs et plaquait son t-shirt sur son corps. Charlie détourna les yeux et se remit au travail. Ça ne se nettoierait pas tout seul. 

Malgré son attention portée sur sa tâche, Charlie sentit le regard de Harry sur lui à plusieurs reprises pendant la matinée. Il lui posait aussi des questions sur son travail, sur son quotidien, et Charlie retrouvait avec plaisir la complicité qu’ils avaient partagée deux ans plus tôt. Il était aisé de discuter avec lui et Charlie adorait parler des dragons. Il n’aborda jamais le sujet des relations amoureuses et ne mentionna jamais Ginny quand Charlie lui retourna ses questions. Comme après la guerre, c’était un non-dit. Mais il pesait plus lourd cette fois. Trop lourd.

L’après-midi fut consacrée au déchargement de matériel, au ménage des parties communes et enfin à de la cuisine. Harry aida de son mieux, de façon moldue, et quand il fut temps de rentrer chez Charlie pour se coucher, il semblait à peine tenir sur ses jambes. Il avait discuté tard avec les collègues de Charlie, il savait se faire apprécier des gens. Il s’effondra sur le canapé avec un gémissement de souffrance. Charlie réprima un rire et lui tendit la main.

— C’est pas raisonnable de rester ici, allez, au lit !

— T’es un tortionnaire, je suis explosé.

— J’ai jamais dit que ma vie était facile, hein.

Harry gloussa et attrapa sa main tendue. Ses doigts chauds se refermèrent autour des siens et il se laissa relever. Puis il tituba et lui tomba dessus. Il se raccrocha dans son dos.

— Oups, pardon, marmonna-t-il, le visage enfoui contre son torse.

Charlie sentit ses oreilles chauffer. Il le redressa et le poussa vers les escaliers. 

— Les dents et au lit !

— On dirait ta mère, ricana Harry en montant les marches.

Charlie le guida jusqu’à la salle de bain, où ils se préparèrent l’un à côté de l’autre. La pièce était étroite et il était bien trop conscient de la proximité de Harry. Celui-ci passa tout son brossage de dents à appuyer son épaule contre la sienne avec un sourire en coin. Il se mit du dentifrice partout. Charlie leva les yeux au ciel et ne résista pas à pousser son visage sous l’eau quand il se pencha pour se rincer la bouche sous le jet. Lorsque Harry s’enferma dans sa chambre, il riait encore. Et Charlie avait le ventre noué.






Charlie ressortit la tenue de cuir pour Harry pendant que le café était en train de couler. Ils retournaient sur le terrain aujourd’hui. Quand Harry apparut, les cheveux en bataille et les yeux encore endormis, Charlie détourna le regard. Il était beaucoup trop adorable au lever et le songe de Charlie était trop frais dans sa mémoire. Il s’était réveillé sans comprendre pourquoi il était seul dans son lit, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il avait simplement rêvé que Harry partageait sa vie. Sa présence au Sanctuaire faisait flamber ses sentiments et sa façon de se comporter avec lui ravivait un espoir depuis longtemps étouffé. 

— On va dans la zone des Magyars à pointes aujourd’hui, expliqua Charlie en tendant son café sucré à Harry. Faudra que tu te changes.

— OK. Cool. Vous avez toujours celle que j’ai affrontée au tournoi ?

— Ouaip, elle est vieille maintenant.

— Je pourrais la voir ?

— Normalement oui, on doit aller vérifier les individus les plus âgés du troupeau, elle en fait partie. Elle a toujours un caractère de merde, par contre.

Le rire de Harry fit papillonner le ventre de Charlie qui reporta son attention sur son petit-déjeuner. 

— On se retrouve aux moyens de transport, okay ? proposa Charlie une fois qu’il eut englouti ses toasts. 

Harry leva un pouce en l’air avec un sourire et Charlie quitta les lieux. Il avait des affaires à préparer pour la journée et devait contrôler les balais qu’ils allaient utiliser. 

Il vérifia l’heure trois fois et commença à s’impatienter. Harry finit par se montrer alors qu’il s’apprêtait à retourner le chercher. Il comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas : son sourire avait disparu, son visage était fermé.

— Tout va bien ?

— J’ai reçu une lettre de Ginny, grommela Harry en enfourchant le balai que Charlie lui tendait.

Il décolla immédiatement et Charlie fut obligé de le suivre. Il tenta de le questionner pendant le trajet, mais Harry répondit du bout des lèvres. Il ne put qu’en déduire que la teneur du courrier ne plaisait pas à Harry. Il n’insista pas, il ne voulait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas.

Le sourire de Harry ne revint pas. Ils passèrent la journée à pister et observer des Magyars à pointes, majestueux et dangereux, mais Harry avait l’air triste. Il ne posa aucune question et se contenta de suivre Charlie. Quand il lui montra la vieille femelle du tournoi des trois sorciers, il fit un simple signe de tête avant de retourner à son balai. Charlie se sentait mal et démuni.

En revenant au village, Harry demanda à Charlie s’il pouvait rester seul pour la soirée. Le cœur serré, Charlie dîna aux communs et le laissa chez lui à ruminer. Quelque chose n’allait pas dans son couple avec Ginny et il ne savait pas comment l’aider. Il ne pouvait se sortir de la tête qu’il attendait quelque chose comme ça depuis deux ans et la culpabilité fourmillait sous sa peau.

La maison était dans le noir quand Charlie revint, tard. Il espérait que Harry serait déjà couché. 

— Je suis désolé.

Charlie sursauta violemment et se tourna vers la voix de Harry. Il agita sa baguette pour allumer les lampes. Il était sur le canapé, un parchemin froissé sur les genoux. Il avait les yeux rouges et la tête basse. Charlie s’installa à ses côtés et posa une main sur son épaule après un instant d’hésitation.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Je suis désolé d’avoir fait la gueule toute la journée. Je… sais pas quoi faire, Charlie.

— C’est pas grave. Je suis navré que tu te sentes mal.

— Elle veut… On n’est plus… Je suis pas… sûr ?

— Pas sûr de quoi ?

— De mes sentiments.

Son regard vert était planté dans le sien. Il était humide. Un sourire triste retroussait légèrement ses lèvres tandis qu’il le fixait. Il aurait voulu lui dire de ne pas rester avec quelqu’un qui ne le rendait pas heureux. Il aurait voulu le prendre dans ses bras et le consoler. Il aurait voulu lui faire comprendre que lui pouvait l’aimer. Mais il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas dire à Harry de quitter sa sœur simplement parce qu’il était amoureux de lui. 

Torturé par sa culpabilité, Charlie lui sourit et lui souhaita bonne nuit. Il s’enfuit du salon pour ne pas avoir de geste ou parole déplacée. Il devait arrêter de laisser ses sentiments pour lui s’épanouir, ce n’était pas sain.






Charlie terminait son quatrième verre. Il était assez tard pour qu’il fasse nuit dehors tandis que l’ensemble de la salle entonnait une chanson d’anniversaire pour Harry. Il s’était fait des amis pendant sa semaine et ils tenaient à fêter dignement ses vingt ans puisqu’ils tombaient la veille de son départ. Charlie chanta avec les autres, mais ses yeux se brouillèrent de larmes. Il se détourna et les essuya d’un geste agacé. Il était vraiment con quand il s’y mettait. Il avait gâché les derniers jours de Harry en gardant ses distances avec lui. Il avait eu du mal à sourire après la lettre de Ginny et comme Charlie se sentait coupable des sentiments qu’il éprouvait, il n’avait pas réussi à revenir à la complicité des premiers jours.

Harry avait pourtant le sourire ce soir. Est-ce qu’il n’était pas un peu forcé ? Est-ce qu’il n’avait pas, lui aussi, un verre toujours plein ? Il remercia tout le monde et Charlie finit par croiser son regard. Son sourire s’agrandit pendant qu’il s’approchait.  

— À ta santé ! s’exclama Harry en claquant leurs verres.

Il le termina d’une traite et Charlie fit de même. D’un geste de la baguette, Harry les remplit de whisky. Puis il se pencha vers Charlie, posa une main sur son épaule et chuchota :

— Merci pour cette semaine, c’était formidable. 

Charlie frissonna. Harry se redressa et but un peu, sans lâcher son épaule. La chaleur de ses doigts lui donnait envie de le serrer contre lui. Il termina son verre en quelques gorgées. Il le regretta aussitôt. Sa tête tournait depuis deux heures, il était peut-être temps de manger un bout de gâteau.

— Je veux pas partir… Je veux rester avec toi, ajouta Harry avant que Charlie ait pu bouger.

L’envie de gâteau disparut aussi vite qu’elle était arrivée. Son cœur piqua un sprint, ses paumes devinrent moites, ses oreilles devaient être rouges. Il se perdit dans les iris de Harry. Il était si près de lui…

— Harry… Je… Moi non plus, je veux pas que tu partes… Tu…

Il déglutit. Il ne savait plus ce qu’il essayait de dire. Il saisit maladroitement la main de Harry en manquant de faire tomber le verre qu’elle tenait. Elle était chaude, comme l’autre. Harry claqua des doigts, le verre disparut.

— Reste, Harry. Je… tiens à toi. Reste.

Le sourire de Harry était toujours là. Ses doigts étaient revenus sur son épaule. Son regard était étourdissant. Charlie le tira vers lui pour l’enlacer et Harry trébucha. Comme l’autre soir, il se rattrapa à lui et son nez s’enfouit dans son débardeur. Charlie sentit son souffle à travers le tissu. Quand il se redressa, son visage était si proche… Charlie se pencha, hésita. Harry ne bougeait pas. Charlie l’embrassa. 

Il y eut un instant de flottement avant que Harry jette ses bras autour de son cou et réponde à son baiser. Charlie le serra contre lui. Son cœur percutait ses côtes avec force, il se sentait si bien, là.

Puis tout s’arrêta. Harry se recula de plusieurs pas, un air affolé sur le visage. Sa grimace tordit le ventre de Charlie qui tourna les talons et quitta les communs au pas de course. Il avait complètement perdu les pédales ! Pourquoi est-ce qu’il l’avait embrassé ? Il n’aurait jamais dû, c’était n’importe quoi !

Les yeux brouillés par des larmes de dépit, Charlie traversa tout le village pour s’arrêter à la grange vétérinaire. Il se glissa dans le box de Willow, une jeune Opalœil orpheline. Elle aimait tous les humains qui s’occupaient d’elle et n’avait jamais eu le moindre mouvement d’humeur en leur présence. Elle redressa la tête quand il entra et le laissa se blottir contre elle. Charlie ne dormit pas de la nuit.

Lorsque le soleil se leva, il avait pris une décision. Il allait cesser de se comporter comme un lâche et s’expliquer auprès de Harry. Cependant, sa maison était vide quand il y arriva. Harry était parti en laissant un parchemin sur la table. Les mains tremblantes, Charlie le saisit.



« Charlie,

Je suis vraiment navré pour hier soir. Je crois que…



Charlie roula la lettre en boule, incapable d’en lire davantage. Heureusement que Harry était rentré chez lui. Au moins, Charlie n’aurait pas à affronter son regard plein de pitié et de dégoût. C’était aussi bien comme ça.






Le quotidien occupa Charlie. Le travail l’empêchait de songer à Harry. De nouveaux visiteurs étaient arrivés, mais cette fois Charlie n’était pas volontaire. Il n’avait pas envie de voir l’étincelle dans leurs yeux, il ne voulait pas repenser à ceux de Harry. Il tentait de ne pas compter les jours depuis son départ, mais il échouait misérablement. Chaque petit-déjeuner était une souffrance et un regret. Il lui manquait et il s’en voulait d’avoir ruiné leur amitié.

Ce matin, cela faisait cinq jours. Charlie ouvrit le box de Willow, un seau rempli de viande à la main. Il lui caressa le museau et lui donna les morceaux un par un, sans se presser. Il aimait s’occuper d’elle.

— Charlie ?

Il se retourna. Harry était là, juste derrière lui. Avec les cheveux fous et un sourire timide. Charlie avait envie de lui répondre de la même manière, mais il se retint. À la place, il croisa les bras sur sa poitrine sous laquelle son cœur avait accéléré. Un vrai traître, ce cœur.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je suis désolé d’être parti comme un voleur. Je devais absolument parler à Ginny en face à face.

— Oui, évidemment, grogna Charlie. Mais me parler à moi c’était trop dur ?

Harry eut un sourire d’excuse alors qu’il se balançait d’un pied à l’autre. Une légère rougeur colorait ses joues. Charlie avait à la fois envie de lui demander de partir et de l’embrasser. Il se détestait, parfois.

— Je devais lui dire la vérité, Charlie. Je pouvais pas rester ici et la tromper alors qu’il suffisait que je rentre pour annoncer qu’on devait se séparer.

— Pardon ‽ 

— T’as pas lu ma lettre ? Ça faisait plusieurs mois que je repoussais. Et elle aussi. On s’aime plus depuis un moment… Mais on avait peur de se l’avouer.

Le cœur de Charlie fit une petite embardée et l’espoir flamba dans sa poitrine.

— Je suis pas certain de comprendre…

— Je voulais rompre avec elle avant d’entamer une autre histoire. 

— Heu…

— Au cas où c’était pas clair : avec toi, Charlie.

Charlie n’eut pas le temps de laisser son cerveau appréhender la réponse que la bouche de Harry était déjà sur la sienne. Un instant plus tard, il le serrait contre lui et un feu d’artifice explosait dans son crâne.





Notes:

Le scénario :
Pour son anniversaire, Harry se voit offrir un séjour pour 2 personnes au Sanctuaire des dragons, encadré par Charlie Weasley qui sensibilise à la protection de ces créatures. Suite à une dispute avec Ginny avec qui plus rien ne va, Harry s’y rend finalement sans elle (il peut être accompagné d’un autre perso, ou pas). Revoir le grand-frère de son meilleur ami va alors raviver des émotions enfouies en lui. Une romance tout feu tout flamme !

 

Le plan détaillé :
Charlie est dans le terminal des portoloins de Bucarest. Il attend Ginny et Harry et a hâte de leur faire visiter le Sanctuaire des Dragons.
Il repère l'arrivée de Harry et s'étonne :
1- de ne pas voir sa soeur avec lui
2- Harry a l'air grognon : un voyageur le bouscule et il réagit vertement.
Harry explique que Ginny a annulé le voyage à la dernière minute, mais puisque lui s'est organisé pour poser des jours de congé, il est venu tout de même sur un coup de tête.
Charlie est tiraillé : il est amoureux de Harry depuis la fin de la guerre et passer du temps seul avec lui l'enchante… mais il ne veut pas s'imposer et briser le couple de sa sœur.
Ils visitent la réserve et passent de bons moments ensemble. Harry retrouve le sourire. Par moments, Charlie se prend à espérer qu'il y a plus que de l'amitié entre eux : Harry est tactile, le regarde beaucoup, rougit…
Quelques jours plus tard, Harry reçoit un hibou de Ginny. La mauvaise humeur revient et dure toute la journée. Le soir venu, harry s'excuse pour son comportement et avoue à Charlie qu'il ne sait pas quoi répondre. Son discours peut déjà mettre la puce à l'oreille du lecteur, mais Charlie ne capte pas.
Il aimerait lui dire que si leur couple ne les satisfait plus, il vaut mieux se séparer, mais il se sent toujours coupable et se renferme.
Les jours suivants sont tristes jusqu'à la veille du départ de harry : il s'est fait des amis dans la réserve qui tiennent à célébrer son anniversaire et faire la fête pour lui dire au-revoir. Charlie et Harry boivent un peu trop. Charlie tente de se déclarer dans un discours de mec bourré pas très clair. Se sentant pousser des ailes, il embrasse Harry qui lui rend son baiser… avant de se reprendre et de reculer, visiblement dégoûté.
Charlie est si honteux qu'il s'enfuit et finit la soirée seul dans un coin de la réserve.
Le lendemain, il veut s'expliquer, mais trop tard : Harry est reparti en Angleterre.
Il lui a laissé une lettre qui commence par “Charlie, je regrette ce qu'il s'est passé” (ou autre discours ambigu) que Charlie, effondré, refuse de lire en entier.
Quelques jours passent. Charlie se languit et se réfugie dans le travail. Alors qu'il s'occupe d'un dragon, Harry réapparaît dans son dos.
Il s'excuse d'être parti aussi vite, mais il fallait absolument qu'il parle à Ginny de vive voix.
Charlie est un peu deg.
Harry explique qu'il devait mettre un terme à sa relation en bonne et due forme avant de songer à entamer une nouvelle histoire…
Avec Charlie, évidemment

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