Actions

Work Header

Rating:
Archive Warning:
Category:
Fandom:
Relationship:
Characters:
Additional Tags:
Language:
Français
Stats:
Published:
2025-07-18
Completed:
2025-07-31
Words:
7,341
Chapters:
2/2
Comments:
5
Kudos:
28
Bookmarks:
2
Hits:
226

De Runes et d'Encres

Summary:

L'obsession de Théodore pour la rune d'âme que Harry Potter à sur son poignet.
L'obsession de Harry pour la peau couverte d'encre de Théodore Nott.

Notes:

Le nuage est sombre, mais ce qui en tombe est de l'eau pure.

Proverbe afghan

Chapter 1: Un monde monochromatique

Chapter Text

La première fois que Théodore se fit tatouer, ce fut dans une échoppe délabrée à l'enseigne presque effacée, dans une ruelle mal famée.
Comme un pied de nez à son statut d'héritier de la haute société.

Suite à un énième conflit, une opposition paternelle qui l'avait laissé contusionné et violacé.
Une manière de s'affranchir de l'autorité et de l'humiliation plus forte que la douleur.

Ça avait commencé par des rubans de runes serrées, gravées à l'encre noire. Suivis par des broderies de symboles occultes...

Cela faisait bien longtemps que son cœur ne battait plus que par habitude.
Qu'il ne ressentait plus rien. Il ne souffrait que lorsqu'au hasard d'une dispute, un os se brisait, un poignet se tordait...
Et c'est là qu'il se sentait plus vivant que jamais.
La douleur l'ancrait dans la réalité, il avait besoin de cette preuve pour se savoir existant. En se faisant tatouer, il se sauvait en quelque sorte.

Alors désormais, les marques s'accumulaient tandis que la déception de son père s'aggravait.

L'obscurité s'infiltrait sous sa peau blanche au fur et à mesure qu'il grandissait, y ajoutant des ornements cabalistiques, des inscriptions sophistiquées et des arabesques ésotériques.

C'était son secret le mieux gardé, bien camouflé à l'abri de ses robes aux manches longues, assorties d'un sortilège de dissimulation.

Puis il y eut Potter, et son monde monochromatique se mit à vaciller.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

Ça avait commencé au hasard d'un morne après-midi gris.
Dans le calme paisible de la bibliothèque, son attention fut attirée par un soupir d'exaspération venant d'une table éloignée.

Assis à côté de la fenêtre, dans l'un des rares rayons de lumière, Potter semblait obnubilé par un parchemin couvert de sombres gribouillis.

Intriguépar Potter et sa moue exaspérée mais concentrée, par les lignes de Runes anciennes qu'il devinait, par le fait qu'il savait que leGryffon n'était pas en classe d'Arthmancie avec lui, il se mit à flâner à proximité pour observer.

Le supposé devoir lui semblait d'une facilité enfantine, et pourtant Potter s'agaçait. Il tapotait d'un geste négligeant son parchemin du bout de sa plume, laissant des éclaboussures d'encre noire tacher ce dernier sans s'en soucier.

Il ne sait toujours pas ce qui lui avait pris, mais il s'était approché, son ombre recouvrant la table.

Sur la défensive, Potter leva des yeux incroyablement verts et interrogateurs vers lui.

- Besoin d'aide, Potter?

La proposition avait été faite spontanément, il n'avait rien calculé, rien prémédité…
Son pied machinalement glissé en arrière prêt à faire demi-tour, certain de se faire rembarrer.

Un silence, un soupir.

- Tu peux m'aider?

La voix était un curieux mélange d'espoir et de défiance.

Avec élégance, Théodore se glissa sur le banc de son homologue, son sourcil haussé seul signe de son étonnement, et entreprit de lui expliquer calmement ce qui semblait lui avoir échappé.

Bien plus tard, alors que la pénombre s'était depuis longtemps installée, Potter l'avais remercié avec un sourire bien trop éblouissant et une promesse arrachée de recommencer.

L'après midi avait été paisible et même sympathique?
Même s'il se doutait que Potter l'ai réellement écouté.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

À partir de ce jour, il se retrouva à observer beaucoup plus souvent l'exubérant Gryffondor.

Ignorant les dogmes de son éducation, ignorant Malfoy et son étrange obsession, ignorant les rumeurs et les ragots à peine voilés…
Sous son apparente insouciance, il voit:

Il voit ses combats, son acharnement et ses batailles.
Il voit son farouche désir de protection, l'amour qu'il porte au monde.
Il voit sa résilience, son dévouement et son abnégation.
Il voit ses failles, sa solitude et ses insomnies.
Il voit l'espoir, la confiance et sa force.
Il voit toujours ce sourire lumineux malgré les calomnies et les perfidies.

Et soudain, il entraperçoit l'horizon coloré qui pourrait se dessiner dans le futur sombre et funèbre qui lui était destiné. Un filet d'espoir.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

La bibliothèque était calme et désemplie ce jour-là.

Il avait fui les profondeurs glacées des cachots et le parc grouillant d'élèves profitant des dernières chaleurs de l'année.
Malgré la pénombre, il faisait chaud, il était seul.

Il s'était installé contre l'ogive d'une fenêtre, un lourd grimoire de runes anciennes sur les genoux, à la recherche d'un nouveau projet. Sous la douce tiédeur, il retroussa les manches de sa chemise sur ses bras.

Le sortilège de dissimulation oublié, la fatigue et l'insomnie des derniers jours eurent raison de lui.

C'est le poids d'un regard et la caresse aérienne d'une main qui le tirèrent de ses cauchemars en sépia.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, ce sont ceux beaucoup trop verts de Potter qu'il vit. Il ne broncha pas, regrettant juste la chaleur de la main qui se retira trop vite.

- Puis-je t'aider? demanda-t-il d'un ton plat.

Il ne se souvient pas de l'excuse inventée.
Probablement un bégaiement sans queue ni tête, mais face au regard curieux de Potter, il s'était expliqué, lui qui d'habitude se taisait.

D'ordinaire, ses tatouages étaient dissimulés par le sort oublié.

Non, il ne lui raconterait pas.
Pouvait-il oublier?
Ne pas révéler?

L'éclatant sourire de connivence qui avait fleuri sur le visage de son camarade l'avait pris par surprise.

Il trébucha sur ses sentiments.

C'était doux-amer. Il ne savait qu'en faire.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Depuis ce jour, ils se croisèrent régulièrement.

Ils discutèrent de temps en temps.
Puis de plus en plus souvent.

Si Potter traînait un peu plus à la bibliothèque, c'était sûrement un hasard.
Il remarquait bien les livres sombres et poussiéreux, toujours plus nombreux.
Potter était à la recherche de maléfices obscurs et dangereux. Mais il faisait semblant de ne pas s'en rendre compte.

Ils partageaient leurs lectures, comparaient les runes et l'utilisation transverse qu'ils pouvaient en faire.

La guerre était à l'horizon.

Et si lui se mit à accompagner un peu plus souvent ses amis aux entrainements croisés de Quidditch, c'était uniquement pour profiter de l'ambiance insouciante que prodiguaient encore ces moments ludiques.
Simple spectateur, il observait Zabini taquiner Granger dans les tribunes, pendant que que Malfoy et Weasley s'affrontaient à la batte et que Potter effectuait un balais aérien des plus fascinant loin dans le ciel. Une représentation à leur seul destination.

Sur le chemin du retour, ils discutaient de techniques de vols, de capacités innées, de matchs à venir, de sensations de liberté.

Dans les profondeurs du château endormi, il profitait de leurs insomnies respectives pour errer dans les couloirs en sa compagnie.
Des murmures échangés, des secrets racontés, des histoires chuchotées.

Les nuits étaient plus lumineuses désormais.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Potter aimait ses tatouages. Il s'en rendait bien compte.

Parfois, alors qu'ils étaient assis ensemble à étudier de nouveaux grimoires, il se taisait brusquement et se mettait à longer la ligne de l'un d'entre eux sur son bras.
Un long frisson le parcourait tandis que son regard se perdait par la fenêtre, faisant semblant de ne rien voir.

Il aimait que Potter le touche.
Il aimait le regard assombri qui était posé sur lui.

Et s'il oubliait de plus en plus souvent d'apposer son sort de dissimulation quand Potter était dans les parages, ce n'était que par simple étourderie.

Ces moments étaient une parenthèse de couleur dans sa vie.

Il ignorait royalement les commentaires et questions foisonnantes de ses camarades de dortoir.
Son secret dessiné n'en était plus un depuis longtemps désormais. Impossible de museler leur curiosité.
Mais il ne s'en souciait guère.

Il avait trébuché sur ses sentiments, et peut-être était-il en train de tomber un peu.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Mais tout changea la veille des vacances scolaires.

Une bataille sanglante éclata dans les faubourgs d'un village à proximité et le château entra en ébullition.
Au milieu du fouillis des malles et de la panique des élèves, un grand duc noir vint déposer un parchemin cacheté sur ses genoux: son père.
Un ordre ultime et absolu.

Lui aussi se devait de rentrer au manoir pour les vacances.

Assis dans la bibliothèque abandonnée, il organisait ses pensées, esquissait des plans d'urgence, concevait des alternatives.
Pendant que les élèves quittaient prématurément les entrailles du château, lui retardait son départ.

Surgit d'on ne sait où et couvert de bandages, Potter vint s'installer à ses côtés, babillant plaisamment, interrompant le cours de ses noires pensées.

La présence de Potter colorait ses mornes journées de taches colorées.

Son regard erra sur le Gryffondor abîmé, cartographiant ses traits, enregistrant les moindres détails de sa peau meurtrie.
Il remarqua brusquement un étrange tatouage.

Là, dans le creux de son poignet contusionné. Une étrange petite rune composée de lignes qui s'emboîtaient.

D'un mouvement souple, il attrapa la main de Potter sans réfléchir.
Il toucha doucement la peau chaude et brune, caressa les lignes d'encre avec attention, ignorant le lent frisson qui traversa l'autre garçon.

- Celle-ci, je ne la connais pas... murmura-t-il doucement, en l'effleurant.

C'était une marque d'âme. Il en était certain.

Reléguant la fissure qui se creusait dans la sienne, dans un recoin sombre de son être. Il se risqua à poser la question.

Le regard vert se voila, un soupir sortit des lèvres pincées.

- Je voulais juste avoir un aperçu de ma vie si je n'avais pas eu cette putain de prophétie sur la tête.

De sa main libre, il couvrit la sienne, stoppant les douces caresses, mais ne la délogea pas.
Ils restèrent ainsi une grande partie de la nuit, chacun perdu dans ses propres pensées.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

C'est avec réluctance que Théodore monta dans le train. Son cerveau cherchant mille échappatoires à ce qu'il pressentait.

Et c'est avec un sourire narquois qu'il dévoila sa peau marquée de mille et une manières à son père en colère.

- Plus de place pour une nouvelle marque! railla-t-il.

La torture n'avait rien changée. Il refusait de se présenter devant le lord noir.

Les prochains jours furent partagés entre les obsessions.

Ses propres recherches pour savoir qui était la putain d'âme sœur de Potter, et celles de son Paternel avec ses séances en tête-à-tête.
Celles de couper la laisse qui le maintenait bien trop serrée, et celles d'un Lord qui aimait un peu trop ses jouets.

Bien préparé, c'est avec espoir qu'il quitta le manoir sans un regard en arrière.

Néanmoins, le soir même, il avait un nouveau tatouage.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

De retour à Poudlard, les choses reprirent leur cours. Plus ou moins.

La menace flottait au-dessus d'eux. Silencieuse mais omniprésente.

Obnubilé par les lignes sobres qui serpentaient sur une peau de pêche, si contraire à la sienne, il se plonga dans tous les manuels de runes anciennes que contenait la bibliothèque du château.

Il se ruina chez les libraires pour se fournir les ouvrages qui lui manquaient.
Il questionna les résidents de la tour d'astronomie.
Mais il ne trouvait rien et il s'enfonçait dans le marasme de ses pensées contradictoires.

Visiblement, Harry ne souhaitait pas concrétiser quoique ce soit.
Il refusait de lier une personne à son existence précaire. Il refusait de la plonger dans la douleur de la perte, il refusait d'avoir trop d'espoir.

Sa rune resterait un aperçu de ce qu'il n'aurait peut-être jamais.

Mais il comprenait.

Tout comme il comprenait que Potter était devenu Harry mais ne serait jamais plus qu'un ami.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Les mois suivants, les dortoirs se vidèrent, au fur et à mesure que les batailles se dessinaient.
Chacun avait son choix à faire.

Son père le harcelait, la guerre était à leur porte. Il n'y avait plus d'échappatoire.

Souvent, sa main s'égarait sur son bras gauche, ignorant la brûlure qui lui était infligée de manière régulière.
Heureusement, les runes tatouées empêchaient le Lord d'avoir une emprise totale sur lui.

Et si le regard de Harry se fixait un peu trop longtemps sur son geste, il ne fit jamais aucune remarque.

Si ses doigts s'attardaient un peu trop du côté du symbole infamant, si son regard s'assombrissait en en effleurant les contours, si sa bouche se plissait lorsqu'il sentait la crispation qui accompagnait les vagues de douleur dans son corps, jamais il ne dit rien.
Il se contentait de rester présent, déposant des touches de fraîcheur sur la brûlure abjecte.

Une confiance tacite. Des mots non dits, mais un silence compréhensif.

Et Théodore se dit que s'il avait trébuché sur ses sentiments, avait hésité à s'y aventurer, désormais il était tombé complètement.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Puis un jour, le trio d'or disparut. Et Harry emporta avec lui les dernières notes de couleur de Théodore.

Pourtant l'étincelle qu'avait allumée Harry n'était pas partie avec lui.
Elle était toujours présente, elle faisait pulser le sang dans ses veines, vibrait et éclairait les ténèbres où il avait peur de sombrer.

Et malgré son bras qui désormais le brûlait à le rendre fou, il refusait de céder à l'appel.

Curieusement, ce fut une main tendue une nuit dans un couloir, alors qu'il errait hors de son dortoir, qui l'aida à sortir du noir.
Un groupe de Gryffondor qui s'imposa dans son univers étriqué.
Et Théodore n'était pas assez fou pour refuser d'attraper ces mains qui se tendaient, et qui l'aidèrent à rester droit.

Un jour, il demanda pourquoi.

Le regard pensif de Neville qui se posa sur la manche gauche de sa chemise, noircie sous la brûlure infligée par la marque.
Le rire de Ginny, qui lui tapota l'épaule en expliquant que parfois un geste était plus important qu'une grande déclaration.
Le doux sourire de Luna, qui murmura que Harry savait où placer sa confiance.
Le grognement féroce de Dean: «tu résistes autant que nous.»

Résister.

C'est le nom qu'ils donnaient aux petits gestes de courage qu'ils opposaient au gouvernement des Mangemorts au sein du château.
C'étaient les petits actes discrets qui permettaient de survivre un jour encore sans se soumettre.
C'est le combat qu'ils menaient tous contre leurs propres peurs.

Par la fenêtre, la lune était ronde et éclaboussait la nuit de sa pâleur.
Les ombres dansaient.
Sa marque chauffait.

Mais il n'avait aucun regret.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Le jour où les barrières de l'école s'effondrèrent, c'est son univers en noir et gris qui se colora brusquement.

Du vert bilieux, du pourpre angoissant, du jaune maladif, de l'orange vif, du rouge sang...
Son rythme cardiaque vibrait au rythme des sort qu'il lançait.

L'annonce du décès de Potter stoppa son cœur.

Son monde vacilla sur ses fondations, tandis que les sanglots de Hagrid tintinnabulaient dans sa tête et que les hurlements des habitants du château résonnaient dans ses oreilles.
La terre ne recommença à tourner que lorsque le dénouement triomphant s'imposa entre les murs de pierres de la grande salle.

L'axe sembla se déplacer et il pu enfin respirer.

Tout le monde se précipita autour du Trio d'Or.
Au milieu de la désolation, des cries de joies et des pleurs de détresse, il ne se sentait plus à sa place. Une coquille vide.
Plus loin les Malfoy semblaient se poser la même question.

En relevant la tête, son regard croisa celui de Harry.
Bleu foncé soulagé, vert émeraude brillant.
Face au sourire étincelant qu'il lui adressait, Théodore lui fit un signe de la main hésitant.

Et son regard dériva machinalement sur l'autre main.
Celle à la peau brune tachée de boue et de sang. Celle qui se posait sur sur la rune de son poignet d'un geste inconscient.

Finalement Potter était sortis victorieux, il allait enfin pouvoir se déclarer.
Il se détourna. Il n'avait pas très envie de voir le héro convoler avec une autre.

Oui il pouvait bien l'avouer: Il l'aimait.

Après avoir trébuché, il était tombé, désormais il sombrait.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

L'après-guerre était un monde étrange. Une image sépia

Son père fut envoyé à Azkaban, condamné au Baiser du détraqueur. Il n'y aura pas eu d'au revoir.
Le sien de procès n'aura pas lieu, les témoignages des membres de l'AD et du Survivant furent suffisants pour l'innocenter malgré la marque infamante.

Il se fit graver un dernier tatouage, à l'emplacement du cœur.
Un petit corbeau surexcité qu'il dédicaçait à ce père disparu qui n'avait jamais su aimer, comme un pied de nez. Et il disparut du monde sorcier.

Il regardait souvent les journaux, à l'affut de la moindre information sur le Sauveur.
Le mariage d'un Weasley. La nomination d'un Kinglsey, les fiançailles d'une Parkinson.

Mais sur Harry rien ne filtrait.

Malgré tout, il crevait à petit feu.

Las de sa vie d'oisiveté, brûlant à son souvenir, il se décida à accepter un poste d'innommable dans les profondeurs du ministère.
Il était peut-être temps de faire la paix avec lui-même et avec ce monde qui continuait à tourner sans lui.

Un hibou envoyé à Draco, un autre à Blaise. Et le voici de retour dans le Londres sorcier.
Il n'en fallut pas plus pour que ses amis ne l'entraînent dans une soirée non sollicitée sous le prétexte fallacieux de fêter sa nomination.

Et si le bar où ils se trouvaient est le même que celui où Neville célébrait son enterrement de vie de garçon, ce n'était qu'une simple coïncidence, n'est-ce pas?

Assis au bar, il savourait un verre de whisky pur feu, observant avec indulgence Blaise pavaner devant une Ginny plutôt réceptive.
Et soudain une présence familière surgit à ses côtés.

Il se tendit, sentant le poids d'un regard familier s'attarder sur lui.

«Tu aimes ce que tu vois, Potter?»

Oui, l'attaque avait toujours été la meilleure des défenses.

«Je dois dire que oui.»

Avec un petit sourire narquois, l'insolent Gryffondor s'installa sur le siège libre.
Et cette réponse le décontenança plus qu'il ne saurait le dire.

«Un verre ?» Se ressaisissant, il lui tendit un bock de liquide ambré sans attendre sa réponse.

Mais c'est avec soulagement qu'il constata que Harry l'avait saisi et qu'il ne semblait pas vouloir s'en aller malgré l'accueil plutôt frais.

Derrière eux, le brouhaha résonnait de cris, de rires, de blagues graveleuses...
Mais il n'entendait plus rien. Le décor s'effaçait. Il était dans une bulle, épaule contre épaule, à partager des verres.

Il lui raconta un peu les pays qu'il avait visités et Harry en profita pour l'informer des réformes qu'il avait manquées.

Il se sentait ivre, il se sentait bien.
Comme s'ils étaient de retour en arrière, mais sans la menace de la guerre.

Puis son regard fut magnétiquement attiré par la rune étrange qui ornait toujours le poignet de Potter.
Son humeur s'assombrit.
Si seulement il pouvait l'oublier celle la.

Brusquement il eu besoin d'air frais de manière urgente.

«Je vais y aller.»

Mais Potter ne semblait pas vouloir le laisser partir. Il tira sur sa manche un peu trop fort.

«Attends je t'accompagne.»

_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Dans la rue, ils titubaient. Ils devaient avoir bu un peu plus que de raison.

Un fou rire nerveux prit Potter alors qu'il trébuchait et s'écroulait contre un mur en hoquetant.
Machinalement, il lui attrapa le bras afin de l'aider à se redresser.
Son cœur ratant un battement lorsque ses doigts se posèrent sur la peau chaude et palpitante.

Le rire de Harry mourut sur ses lèvres lorsque leurs regards se croisèrent.
Dans ces yeux verts trop brillants dansait une flamme ; était-ce une invitation?

Théodore céda enfin à son désir et se pencha sur le petit brun immobile.

Il l'embrassa brusquement, férocement, avec toute la force de son désir refoulé durant tant de temps.

Au diable cette putain d'âme sœur. Ce soir Potter serait à lui. Juste une fois.
C'était bien, c'était mal.
Avec regret, il recula.

Mais, comme s'il avait senti son hésitation, Harry attrapa sa chemise pour le tirer violemment contre lui.

Leur baiser avait un goût d'urgence.

Il sentit de l'air froid sur sa peau. Demain, sa chemise serait froissée, mais tant pis.
Les mains de Harry remontèrent sur son corps, le long de ses bras, le long de son cou.
Elles suivirent le tracé des lignes tatouées.

Son désir s'enflamma et il le dévora comme si demain n'existait pas.

«Viens chez moi?» La question sonna comme une supplication. Mais ce fut Harry qui prononça ces mots.

«Tu es sûr que tu ne le regretteras pas?» Le regard sombre, Théodore se sentit obligé de poser la question.
Il refusait que l'homme qu'il aime se sente mal par sa faute.

«Depuis le temps que j'en ai envie.» Le grondement contre ses lèvres le prit par surprise, et il se sentit transplaner sans attendre, la puissante magie de Harry compensant son ivresse.

Ils atterrirent dans une chambre aux couleurs claires, sans doute l'appartement de Harry.
Mais il n'eut pas le temps de s'attarder sur le décor, sa chemise disparut quelque part dans le processus et une langue chaude retraça le chemin des lignes d'encres.

Ces symboles de haine, de malheur, de colère…

Son désir était brûlant, et soudain ses dernières barrières cédèrent. Il poussa Harry sur le lit et reprit les choses en main.

Enfin.

Le lendemain, c'est le soleil chauffant sa peau qui le réveilla.
Un corps encore plus chaud lové contre le sien. Il était bien.

Un sentiment de plénitude le saisissait.
Mais soudain, le froid. Harry venait de se lever. Il s'agitait avec hésitation dans la pièce.
Envolées les dernières brides de sommeil.

Il n'allait pas le laisser partir comme ça.

Il ouvrit un œil pour découvrir Potter qui l'observait, rougissant de s'être fait attraper. À quoi pensait-il?

«Tu regrettes Harry?» Le bout de ses oreilles était encore rouge. Avait-il honte ? Lui ne regrettait rien, il chérirait ce souvenir dans les profondeurs de ses nuits solitaires.

«Hum écoute, Théo euh..»

Il n'avait pas envie d'écouter ses excuses.

Son regard glissa sur le corps encore dénudé du Gryffondor, de délicieux souvenirs de la nuit marquaient la peau brune avec insolence.
Son regard s'arrêta sur la rune et ses sourcils se froncèrent.
Se redressant, il attrapa le bras de Harry, qui referma la bouche sans ajouter un mot.

Il laissa son pouce effleurer les lignes nettes de la rune. La dure réalité le rattrapait.

«Ton âme sœur ne sera pas ravie, je suppose.» Il marmonna, contrarié par ce rappel silencieux que le petit brun ne serait jamais à lui.

Un rire délicat résonna dans la pièce et Harry posa sa main sur la sienne.

«Je pense qu'il a plutôt apprécié cette nuit, lui aussi.» dit-il. «Enfin, j'espère...»

Les derniers mots furent ajoutés doucement.

L'air incertain, il détourna le regard, mais sa main ne bougea pas.
Leurs doigts s'emmêlaient, mais Théodore continuait de toucher cette rune, cherchant à en déchiffrer la signification, ayant peur de mal comprendre.

«Ce sont des initiales.» murmura Harry.

Et voilà, la voilà la signification !
Théodore continua de la parcourir doucement avec dévotion et émotion. Il n'osait pas y croire, son cœur menaçait de sortir de sa cage thoracique.

«Pour le mec le plus intelligent de sa promotion, il t'en aura fallu du temps.» Le rire de Harry était nerveux, le silence s'était trop éternisé.
Mais d'un mouvement sec Théodore le tira vers lui pour le faire tomber sur le lit.

Il verrouilla leurs lèvres dans un geste tendre et désespéré en même temps.

Ils auront beaucoup d'années pour parler, pour l'instant ils avaient du temps perdu à rattraper.
Beaucoup de fantasmes à réaliser.
Des mois de rêves mouillés à explorer.

Avec un gloussement ravi, Harry tira la couette colorée sur leurs deux corps.

Finalement, tomber, ce n'était pas si mal lorsque le matelas était aussi confortable.

Ouais, le noir avait définitivement laissé place à un monde plus polychrome.