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Collision Course

Summary:

He was a boy, She was a girl. Can I make it any more obvious?

Zack Fair n'a pas choisi d'être le "nouveau" dont tout le monde parle, mais sa réputation l'a précédé. Un skateboard, un sourire insolent et une collision suffisent à mettre le feu aux poudres. Elle est la première de la classe, lui le fauteur de troubles...

Notes:

Ce projet est un AU modern de Final Fantasy VII, inspiré par Sk8er Boi d'Avril Lavigne et par l'event Academy Seven du jeu FFVII Ever Crisis. C'est la deuxième fic que je poste, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire que moi à l'écrire.

(See the end of the work for more notes.)

Chapter 1

Notes:

Ce projet est un AU modern de Final Fantasy VII, inspiré par Sk8er Boi d'Avril Lavigne et par l'event Academy Seven du jeu FFVII Ever Crisis. C'est la deuxième fic que je poste, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire que moi à l'écrire.

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Chapter Text

Chapitre 1 – First Push

“Bad, bad, bad reputation - Blacklisted Me”

Zack passa les grilles du lycée en soupirant et descendit de son skateboard. Il avait l’impression de passer la porte d’une prison alors même que les portes étaient grandes ouvertes et que les élèves affluaient en masse.

Le ciel bleu sans nuage laissait le soleil baigner le parvis du lycée de sa chaleur qui contrastait avec le petit vent frais qui soufflait par moment. Zack avait l’impression d’être comme cette brise qui refroidit l’ambiance sans qu’on la voie venir.

Une nouvelle école pour un nouveau départ. C’était ce que son père lui avait répété ce matin en l’accompagnant jusqu’à la porte.

Des conneries, pensa-t-il en tapant l’arrière de sa planche pour la faire se redresser et l’attraper d’un geste sec.

Un nouvel uniforme, voilà toute la différence. Un gakuran noir impeccable, col raide fermé jusqu’en haut. Comme si ça suffisait à le rendre respectable. Un lycée restait une jungle, qu’il s’agisse de la Shinra Private Academy dont on l’avait expulsé, ou qu’il s’agisse de la Midgard Seventh High School où il se tenait maintenant.

Il savait qu’il allait retrouver le même bestiaire : les intellos à lunettes, les filles superficielles qui gloussaient déjà en petits groupes, et les voyous, comme lui. D’ailleurs, il avait encore un pansement au coin des lèvres, souvenir frais de sa dernière bagarre.

Autour de lui, les élèves s’agitaient en grappes bruyantes, ils se saluaient contents de se retrouver après les vacances d’été. Et lui, il était là, un intrus.

Les premières sonneries du carillon vibraient encore dans l’air humide de la rentrée. Les clubs recrutaient déjà à grands cris près du gymnase. Leurs banderoles colorées et leur enthousiasme forcé lui donnait la nausée. Il n’avait pas envie d’être là.

Zack capta quelques regards insistants, certain qui chuchotaient déjà son nom. Les rivalités entre les deux écoles n’étaient un secret pour personne : tout le monde savait qui il était, même ici. Lui-même reconnaissait quelques visages. Un de ses amis était inscrit ici mais ça ne le réjouissait pas.

Ici, comme dans son ancien lycée, certains murmuraient qu’il avait envoyé un type à l’hôpital. D’autres qu’il s’était battu avec un prof. La vérité ? Seul lui la connaissait. Et il n’avait aucune envie d’en parler.

Son père avait dû croire qu’un simple transfert de dossier suffirait à effacer sa réputation. Mauvais calcul.

Prenant une grande inspiration, Zack lâcha un nouveau soupir avant de se laisser porter par le flot d’élèves aux uniformes parfaitement repassés comme au premier jour. Il sortit de sa poche un papier un peu froissé : numéro de casier, salle de classe.

À l’entrée, dans le gesokushitsu, il échangea ses vieilles Vans rapées contre des chaussons blancs flambant neufs, trop rigides à son goût, puis balaya les lieux d’un regard morne. Les casiers métalliques s’alignaient au cordeau le long des murs beiges. Déprimant.

Il déposa sa planche dans son casier et partit en quête de la salle 2-A.

--

Les mains croisées derrière la nuque, Zack avançait dans les couloirs. Il faisait un temps radieux dehors, et il avait déjà hâte que cette première journée se termine pour filer au skatepark. Un nouveau lycée ne signifiait pas qu’il allait s’inscrire dans un club. Ses parents espéraient qu’il s’assagisse un peu, qu’il se range… mais ça, c’était leur rêve, pas le sien.

Lui savait bien que sa personnalité n’allait pas disparaître avec un changement de décor. Les rumeurs étaient déjà en marche.

Les regards qui le suivaient dans les couloirs étaient trop insistants pour être innocents. Certains élèves devaient se demander s’il était vraiment ce bagarreur qu’on décrivait. Il avait presque envie de leur prouver le contraire – ou le confirmer. Il n’avait pas encore choisi.

Il en était déjà fatigué. Les questions viendraient : pourquoi il avait été viré, pourquoi il avait choisi cette école, pourquoi… toujours pourquoi.

Parce que ! Il aurait aimé le hurler, alors même que personne ne l’avait encore approché.

Il aurait pu demander son chemin pour trouver sa classe au lieu de tourner en rond. Mais il n’était pas d’humeur. Pas envie d’être là, pas envie de se faire des amis, pas envie de faire semblant.

Zack avait déjà pu constater qu’une ou deux conversations s’étaient tues au moment où il passait devant ses camarades. Comme s’ils ne pouvaient pas le dévisager tout en continuant de parler. Non il valait mieux lui faire sentir qu’il était observé.

D’autres avaient essayé d’être un peu plus subtil, ceux qui n’étaient pas en groupe. Entre le fait d’être le nouveau de l’école, et le fait d’avoir une réputation, il ne passait pas inaperçu. Et même s’il adoptait une posture décontractée, la réalité était tout autre.

Il ne voulait pas admettre qu’il était tendu, mais il était sur le nerf. Tout ça l’agaçait déjà au plus haut point. Et savoir que les autres attendaient juste qu’il pète un câble lui donnait encore plus envie de casser quelque chose.

Il ne pouvait pas faire ça à ses parents. Pas le premier jour.

Zack soupire doucement. Tout ce qu’il voulait, c’était sa planche et réussir enfin son treflip. Les yeux rivés sur le paysage au-dehors, il amorça son virage sans prêter attention… et heurta de plein fouet quelqu’un.

Un nuage de feuilles s’envola entre eux. Presque joli, pensa-t-il malgré lui. Un sourire malicieux naquit sur ses lèvres, prêt à faire une remarque poétique, quand une voix sèche le ramena brutalement sur terre.

— Tu peux pas regarder où tu vas, crétin ?!

Charmant.

Assise au milieu du tas de feuilles renversées, se trouvait l’une des plus jolies filles que Zack ait jamais vues. Jambes fines et toniques, un peu trop dévoilées par la chute : la jupe plissée de l’uniforme avait remonté dangereusement. Une longue chevelure brune qui tombait en cascade, un col marin impeccable, souligné d’un ruban rouge parfaitement noué. Une poitrine plus généreuse que la moyenne, au point que la blouse semblait tirer sur les coutures. Un visage de poupée, peau laiteuse. Et surtout un regard de braise qui menaçait de le réduire en cendres sur place.

Si un regard pouvait tuer, il serait déjà mort.

Zack n’était pas un mauvais bougre, et il savait qu’il avait été inattentif. Il mit l’impolitesse de la fille sur le compte du choc. Alors il tendit la main, prêt à l’aider à se relever, voire à ramasser ses feuilles.

Elle repoussa sa main d’un claquement sec, lui écrasant presque les doigts Puis elle se redressa seul, ramassant ses papiers un à un.

— J’ai pas besoin de ton aide, lança-t-elle avec la même acidité.

— T’es toujours aussi aimable, ou c’est juste mon charme qui te met de mauvaise humeur ?

— Pardon ?

Elle releva les yeux vers lui, furieuse. Zack leva aussitôt les mains en signe de reddition. Elle était belle, mais aussi franchement énervée. Et ça ne faisait qu’ajouter à son charme.

Il n’allait pas se laisser marcher dessus pour autant.

— Je me demandais juste si l’amabilité, chez toi, c’était en option payante.

La surprise fit vaciller son masque une seconde, remplacée par une rage encore plus vive. Avec sa posture, elle avait dû s’attendre à des excuses, pas à une nouvelle provocation. En temps normal, Zack aurait fini par s’excuser, mais là, hors de question : elle l’agressait d’entrée, refusé son aide. Pas de raison qu’il se laisse traiter comme ça.

Elle ouvrit la bouche, prête à répliquer. Mais la cloche, coupant court à l’affrontement. Le regard brûlant qu’elle lui lança avant de filer vers sa salle promit qu’elle n’en avait pas fini avec lui.

Zack soupira, amusé malgré tout. Non seulement, il s’était déjà fait une « copine » mais en plus il allait faire bonne impression au prof principal. Super.

En levant les yeux, il vit le petit panneau au-dessus de la porte par laquelle elle avait disparu : 2-A.

Génial. En plus, ils allaient être dans la même classe.

Zack resta un instant dans le couloir, attentant l’arrivée du professeur. Les élèves s’étaient déjà engouffrés dans la salle, laissant derrière eux un silence relatif.

Un homme d’une quarantaine d’années ne tarda pas à apparaître au bout du couloir. Il sifflotait tranquillement, sur son classeur sur son épaule. Ses cheveux blonds en bataille, sa barbe de deux jours et sa cravate était légèrement de travers lui donnaient un air négligé, mais pas antipathique. Le genre d’enseignant qui se fiche des conventions, et ça plaisait déjà à Zack.

En s’approchant, l’homme le détailla rapidement puis esquissa un sourire. Zack, de son côté, réalisa que son gakuran, pourtant boutonné jusqu’en haut, avait les manches retroussées et des plis marqués à cause de la collision. Peu lui importait.

— Tu dois être mon nouvel élève. Zack c’est ça ? Je suis Cid Highwind, ton prof principal.

— Oui monsieur…, répondit-il poliment.

Cid hocha la tête et entra, invitant Zack d’un signe à le suivre. La classe se leva pour le saluer d’une voix presque mécanique. Un murmure parcourut aussitôt les rangs quand les élèves aperçurent le nouveau. L’instant était lourd, désagréable, comme si chacun voulait vérifier si les rumeurs correspondaient bien au garçon en chair et en os.

Zack remarqua un tas de feuilles sur le bureau du prof – les mêmes qu’il avait vues s’éparpiller dans le couloir. Ça le fit sourire malgré lui.

— Bien, annonça Cid en se frottant la barbe, je vous présente Zack Fair. Il vient d’être transféré. Je compte sur vous pour l’accueillir et l’aider à trouver ses repères.

Zack s’inclina, lançant un yoroshiku ne – prenez soin de moi – avec une désinvolture étudiée. Moins formel que nécessaire, volontairement. Il n’avait pas l’intention de s’imposer ici, ni de se faire des amis. Mais il refusait de passer pour un sauvage.

— Très bien, reprit le prof, va t’asseoir à côté de Tifa.

Tout en parlant, il attrapait déjà une craie, l’air absorbé par son tableau.

Le regard de Zack la salle à la recherche de la fameuse place. Il n’eut pas besoin de chercher longtemps : une main levée l’attirait déjà. La brune du couloir. Elle n’avait pas l’air d’avoir décoléré. Ses doigts restèrent obstinément dressés jusqu’à ce qu’il se décide à venir s’installer près d’elle.

C’était inutile, mais Zack lui offrit son sourire le plus charmeur en posant son sac. Le professeur, sans même détourner la tête, la remercia et l’autorisa à baisser la main. Ce qui fit comprendre à Zack qu’elle n’avait pas levé la main pour l’aider, mais pour protester.

Le regard qu’elle lui lança confirma son intuition : si les yeux pouvaient tuer, il serait mort une deuxième fois dans la même matinée.

— Merci hein… tu vas vraiment bien t’occuper de moi, je le sens, murmura-t-il en faisant jouer ses sourcils.

Elle inspira bruyamment par le nez, ferma son cahier d’un geste sec puis l’ouvrit de nouveau pour recopier scrupuleusement ce que le prof écrivait. L’ignorant royalement.

Zack s’adossa nonchalamment, songeur. Il sentait les regards qui glissaient sur lui : certains curieux, d’autres jaloux, quelques-uns franchement intéressés. À chacun, il adressa son sourire le plus charmeur – même aux garçons.

Il voulait montrer qu’il se fichait bien de leur jugement. Il s’était toujours considéré comme sociable. Et même s’il n’était pas là pour se faire de nouveaux potes, plus vite il cesserait d’être “le nouveau”, plus vite il pourrait se fondre dans la masse… et se faire oublier.

--

C’était déjà le dernier cours. La journée était passée plus vite que Zack ne l’aurait cru. Ce nouveau lycée semblait moins strict que la Shinra Academy, même s’il avait très bonne réputation. Sans surprise, plusieurs élèves étaient venus le voir pendant les pauses pour lui poser des questions.

Zack était resté aussi vague que possible sur son changement d’école, même s’il avait très vite compris qui allait en rester là et qui chercherait à creuser un peu plus. On lui avait même parlé de son bref passage dans l’équipe de baseball, et demandé s’il avait l’intention de rejoindre un club. Il avait répondu oui. Il avait pensé : certainement pas.

À midi, il avait réussi à trouver l’accès au toit. Jackpot. Le vent y soufflait fort, mais la vue valait tout l’or du monde : les toits de Midgar, l’horizon gris de la ville, le brouhaha étouffé de la cour en contrebas. Ici, il se sentait bien, comme en haut d’une rampe de skate géante où il pouvait respirer.

Il s’était assis contre la rambarde, avait ouvert son bento préparé par sa mère. Riz parfumé, poulet frit croustillant, une petite omelette roulée comme il les aimait. Elle cuisinait toujours avec soin, comme pour lui rappeler qu’il avait une maison où revenir, peu importe les conneries qu’il faisait. Cette pensée lui avait arraché un sourire.

Une cigarette, il avait regardé les volutes se perdre dans le ciel, tout en s’amusant à repérer les rues depuis là-haut, comme un gosse qui cherche son quartier du doigt. Il avait même tenté d’apercevoir le skatepark. Impossible évidemment – trop de bâtiments, trop de distance.

La seule qui ne lui avait pas adressé la parole ni même un regard, c’était Tifa. Après la véhémence de leur rencontre, le feu s’était transformé en froid polaire. Elle l’ignorait royalement, comme s’il n n’existait pas.

Lui, en revanche, avait passé un temps considérable à l’observer. Parfois du coin de l’œil, parfois de façon plus flagrante. Elle avait le nez plongé dans ses cahiers en permanence, recopiait minutieusement tout ce qui s’affichait au tableau. Son crayon était toujours parfaitement taillé, son écriture impeccable. En comparant avec son propre cahier, où il y avait plus de dessins que de notes, Zack avait eu un sourire ironique.

Il se moquait bien d’obtenir un diplôme : il voulait juste finir le lycée et partir parcourir le monde.

— Et pour finir, annonça le prof d’anglais, je vais vous donner des sujets au hasard. Vous allez travailler par deux, avec votre voisin de table. Il faudra créer une scène entièrement en anglais autour du thème. Chaque duo présentera sa scène à l’oral à la fin de la semaine.

Un travail de groupe. Tout ce que Zack détestait. Et il allait devoir bosser avec Miss Parfaite.

Il tourna la tête vers elle. Elle avait l’air choquée, la bouche entrouverte comme un poisson hors de l’eau. Quand leurs regards se croisèrent, elle le fusilla aussitôt, furieuse.

Le prof déposa un papier sur leur bureau avant de passer à celui d’à côté, sans leur accorder plus d’importance que ça. Tous deux eurent le même réflexe pour le saisir. Quand elle s’en rendit compte, Tifa l’arracha vivement, comme s’il allait le lui voler, et le lut sans un mot.

Elle soupira avant de lui lancer le papier :

— Je vais tout écrire. Tu n’auras qu’à apprendre tes lignes.

Elle ne lui laissait même pas le choix. Zack leva un sourcil. Elle croyait quoi ? Qu’elle allait pouvoir l’écarter comme un poids mort ?

L’idée de ne rien faire et d’avoir une bonne note était plutôt séduisante. Mais il n’avait pas besoin de sa charité. Pire : il doutait même qu’elle fasse ça pour l’aider. Non, Tifa voulait juste s’éviter de passer du temps avec lui.

C’était évident qu’elle était la première de la classe, et qu’elle le prenait pour un cancre. Mais ne pas avoir envie de bosser ne faisait pas de lui un mauvais élève. Parfois il en avait marre qu’on le juge sans le connaître. Il savait qu’il aurait pu décrocher de meilleures notes… mais il refusait de jouer le jeu.

Même les profs. Ils ne voyaient d’un adolescent à problème, qui n’écoutait pas vraiment les cours et rendait des copies passables. Aucun ne se remettait en question. Peut-être que son manque de motivation venait du manque de conviction et d’empathie des adultes.

Et Tifa… elle l’avait pris de haut dès la première seconde. Elle l’avait jugé si facilement, mais elle avait au moins le mérite de l’afficher clairement contrairement à ceux qui chuchotaient dans son dos ou venaient lui faire des sourires sous couverts de faire connaissance dans l’unique but de récupérer des infos juteuses.

Il n’allait pas se laisser faire et il allait lui prouver qu’il savait bosser aussi bien qu’elle.

— Non.

— Comment ça, non ?!

Elle le dévisageait, incrédule.

— C’est un travail en binôme, dit-il tranquillement. Alors on va bosser ensemble.

Il se leva au même moment que la sonnerie, profitant de ses vingt bons de centimètres de plus pour la dominer légèrement.

— T’es coincée avec moi, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

Il se pencha alors tout près de son oreille, assez bas pour seule elle entende :

— je vais tellement te coller que, même quand je serai pas à là, tu penseras encore à moi.

Il recula, savourant la fureur qui embrasait son regard. Ses doigts se crispèrent sur son crayon au point de le briser net. Le craquement résonna comme un coup de tonnerre. Le silence s’abattit aussitôt sur la classe, lourd, pesant.

Un frisson lui parcourut Zack. Il ne sut dire si c’était de la crainte ou de l’excitation. Peut-être un peu des deux.

Il ricanait déjà en sortant :

— À demain princesse.

Dans le couloir, Zack se mit à trottiner, pressé de rejoindre son casier. La journée avait été aussi longue que courte. Mais enfin, c’était fini. Plus personne à supporter, plus de regards pesants, plus de murs beiges.

Tout ce qu’il voulait, c’était récupérer son skate et filer.

Il franchit les grilles en courant, lança sa planche devant lui et monta dessus sans ralentir. La sensation familière le saisit aussitôt : le roulis des roues, la poussée de l’air, le monde qui s’effaçait dans la vitesse.

Il frôla un élève qui lui cria un « Va te faire foutre ! ». Zack leva la main, paume ouverte… avant de refermer ses doigts en un doigt d’honneur bien net, sans même tourner la tête.

Libre.

La ville défilait sous lui comme une rampe infinie. Les voitures, les passants, le béton, tout se transformait en décor de skatepark géant. Le lycée restait derrière lui, minuscule et loin.

La liberté avait un goût délicieux.

Notes:

Merci d'avoir lu ce premier chapitre !
On commence doucement avec la rencontre ZAck/Tifa, mais la suite promets encore plus d'étincelle🔥
N'hésitez pas à laisser un petit mot ou un kudos, ça m'aidera beaucoup à continuer.

Chapter 2

Summary:

Elle voulait juste travailler. Lui, juste la faire râler.

Notes:

Et voilà, deuxième chapitre ! Prenez un café ou toute autre boisson de votre choix, installez-vous... aujourd'hui, ça chauffe gentiment.

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Chapitre 2 – Wrong foot

"So here I am it's in my hands And I'll savor every moment of this – The Used "

Merde, merde, merde, pensa Zack en rassemblant ses affaires de cours.

Il enjamba une pile de mangas renversée devant la porte de sa chambre puis dévala l’escalier, son sac à moitié ouvert battant contre sa cuisse.

Deuxième jour, et déjà en retard. Nouveau record personnel.

Il aurait pu éviter ça. S’il s’était couché tôt. S’il n’avait pas lancé “juste une dernière partie”. Mais entre dormir et sauver une princesse virtuelle… la question ne se posait pas.

Il fonça dans la cuisine, ouvrit un placard au hasard, et attrapa une tranche de pain qu’il coinça entre ses dents.

Dans l’entrée, une manche de son uniforme enfilée, une Vans déjà au pied, il cria :

— À ce soir !

Sa mère apparut derrière lui, un bento dans les mains.

— Zack, attends, tu oub–

Mais il était déjà dehors, même s’il n’avait pas oublié de lui dire au revoir avec un bisou volant.

Son skate fusa sur le bitume dès qu’il le balança au sol. Il monta dessus en mouvement, dérapa pour éviter un chien, slaloma entre deux piétons. Un vieux râla. Zack leva une main en guise d’excuse sans ralentir. Tout le quartier le connaissait. Ils râlaient pour le principe, mais ils savaient qu’il faisait gaffe.

Le vent dans ses cheveux, les roues qui mordaient l’asphalte. La vibration dans ses jambes à chaque aspérité. Il adorait ça. Cette impression de voler au même rythme que sa planche.

Libre.

Enfin, pour quelques minutes encore.

--

Zack entra dans la classe alors que la cloche avait déjà sonné. Tous les regards se braquèrent sur lui. Heureusement qu’il n’avait pas prévu de passer inaperçu aujourd’hui, l’échec aurait été total.

Il portait son gakuran déboutonné, laissant voir un t-shirt noir à l’effigie de son groupe de rock préféré. Une ceinture mal serrée, une chaîne qui pendait à la hanche. Clairement, il n’était pas venu pour se fondre dans la masse aujourd’hui.

En retard, oui. Mais avec du style.

— Ah, monsieur Fair, vous avez décidé de nous honorer de votre présence… flamboyante, lança le prof, d’un ton las mais piquant tout en rajustant ses lunettes sur son nez.

Zack haussa les épaules et afficha un sourire espiègle. Pas désolé. Juste pris la main dans la boite à cookies.

L’enseignant désigna sa place d’un geste sec et reprit sa lecture non sans lui jeter un dernier regard désapprobateur.

Zack traversa la rangée sous quelques regards amusés ou exaspérés. Il se laissa tomber sur sa chaise et adressa un sourire à Tifa.

Elle, le corps tendu, le visage fermé et les mâchoires serrées. Parfaitement concentrée, elle notait avec application. Mais son œil glissa vers lui. Il le vit.

Il se pencha, à voix basse :

— Bonjour.

Il n’attendait pas de réponse. Juste la distraire. Lui rappeler qu’il l’avait vue.

— T’as du pain sur le menton, répliqua-t-elle sans lever les yeux.

Un rictus étira aussitôt ses lèvres de Zack. Touché. Elle l’avait plutôt bien observé pour quelqu’un qui était censé l’ignorer et le snober. Oui, elle aussi elle l’avait vu, et elle avait sûrement cru le piquer avec cette réplique. Râté, il avait encore plus envie de la provoquer.

Il essuya son menton d’un revers de main et ouvrit son livre avec satisfaction.

Le cours pouvait commencer.

--

La matinée sembla interminable. Et quand la cloche sonna enfin, Zack réalisa qu’il avait oublié son bento. Son ventre protesta bruyamment. Il laissa tomber sa tête sur le bureau, soupir dramatique inclus.

Autour de lui, tout le monde se levait dans un raclement de chaises général. La foule affamée qui se précipitait sur son repas. Son ventre protesta de plus belle.

Il allait devoir se traîner à la cantine avec toute l’école… pour un repas qui ne vaudrait jamais celui de sa mère. Et avec une seule tranche de pain dans l’estomac, il avait littéralement la dalle.

— Hey, bokenasu – imbécile –, fit une douce voix, accompagnée d’un petit coup de pied dans son chausson.

Sans lever la tête, il tourna les yeux vers elle. Elle semblait irritée par son manque de réaction, d’autant qu’elle, avait pris la peine de réfléchir à un surnom pour lui. Même s’il était moqueur, elle avait pensé à lui.

— Tu fais quoi ce soir après les cours ?

Zack se redressa lentement avec un sourire, les mains dans les poches, savourant déjà sa victoire.

— Wow. Un surnom mignon et une invitation. Tu me veux tellement fort.

Tifa leva aussitôt les yeux au ciel, balaya sa remarque d’un soupir, puis reprit d’une voix ferme :

— Pour le devoir d’anglais. Puisque tu veux participer, on le fait ce soir.

Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais elle posa une feuille de papier soigneusement pliée sur son bureau, l’écrasant presque du plat de la paume. Il nota la précision du geste qui ajoutait à son côté autoritaire. Zack observa ses doigts, ses ongles manucurés, puis remonta lentement jusqu’à son regard.

— Sois à cette adresse à 19 h. Et ne sois pas en retard.

Une seconde main referma sa bouche avant qu’il ne puisse répliquer. Il la regarda s’éloigner, toujours souriant. Oh non, pensa-t-il amusé. Pas question d’être en retard. Même sous couvert de devoir, ce rendez-vous avec Tifa Lockhart sonnait comme une promesse qu’il n’allait certainement pas manquer.

--

Zack était même en avance.

Il descendit de sa planche devant un grand bâtiment à la façade immaculée. Sur le fronton, on pouvait lire : Midgar Dansei Gakuin – Institut Lys d’Argent. Prestigieux. Hors de prix. Zack siffla, impressionné, avant de ramasser son skate.

Il sortit le papier que Tifa lui avait donné pour vérifier l’adresse. L’écriture était fine, régulière, élégante… pas vraiment celle d’une lycéenne. Il sourit en coin.

En franchissant la porte vitrée, il fut immédiatement accueilli par une secrétaire tirée à quatre épingles, derrière un comptoir de marbre. Tailleur griffé, chignon serré, regard tranchant. Elle le dévisagea comme s’il allait contaminer l’air raffiné de l’institut par sa simple présence.

Mais il s’en ficha. Il lui offrit son plus beau sourire et demanda à voir Tifa Lockhart.

Le coin de sa bouche se releva un peu plus quand il vit le léger frisson de désapprobation passer dans son regard. Elle se raidit encore plus.

Finalement, le cerbère consentit à lui indiquer la salle de cours du 7ᵉ étage. Zack répondit avec une politesse exagérée, planche sous le bras, un sourire amusé aux lèvres.

Le couloir de plexiglas menait directement à la salle. Elle était là, parmi les autres danseuses. Il respira l’odeur du bois ciré qui luisait sous la lumière des néons, ressenti la chaleur dégagée par les corps ayant travaillé dur.

Il s’avança doucement, fasciné.

Tifa portait un justaucorps gris souris à fines bretelles, parfaitement ajusté. Un collant rose pâle, recouvrait ses jambes, tandis que ses demi-pointes frôlaient le parquet à chaque pas. Ses longs cheveux étaient remontés dans un chignon haut, sauf une petite mèche rebelle dans sa nuque.

Il la vit s’élancer sur la diagonale, parfaite, fluide, guidée par la musique. La synchronisation avec les autres danseuses était impeccable. Zack resta cloué sur place, oubliant presque de respirer.

Il n’aurait jamais cru que cette discipline puisse le captiver. Elle paraissait à mille lieues de la fille qui lui lançait des piques en classe.

C’était comme s’il découvrait pour la première fois ce que voulait dire danser.

La prof annonça la fin du cours. Il eut envie d’applaudir, mais se retint : ça aurait fait tache dans cette atmosphère stricte.

Il attendit qu’une élève sorte, puis entra. Les regards se braquèrent aussitôt sur lui. Les filles échangèrent des gloussements à peine contenus ; même certains garçons le dévisagèrent, surpris par son allure décontractée, si différente de la leur.

Zack se savait observé. Il leur offrit son sourire charmeur ce qui déclencha de petits gloussements. C’était si facile.

Et Tifa… elle l’avait vu. À la fin de sa diagonale, il avait capté l’instant exact où son regard s’était accroché au sien, agacé de le trouver là.

Il s’avança lentement, planche sous le bras. Fasciné malgré tout.

— T’es vraiment douée, lâcha-t-il spontanément en arrivant à sa hauteur.

— Ah ouais ?! T’es expert en danse maintenant ? rétorqua-t-elle sèchement.

— Non j’te jure, j’ai jamais rien vu d’aussi beau.

Il avait parlé avec une sincérité désarmante. Zack n’était pas du genre à mentir. Mais elle, elle ne le savait pas. Pour Tifa, ça pouvait sonner comme une énième provocation.

Un silence lourd s’installa entre eux, chargé d’une tension nouvelle.

— Euh… ouais, merci, dit-elle en se raclant la gorge. Je vais prendre ma douche maintenant.

Elle ramassa son sac et le contourna. Il suivit taquin :

— C’est une invitation à te rejoindre ?

Tifa tourna vivement la tête pour le fusiller du regard. Le moment suspendu était terminé. Il rigola et la laissa partir, précisant simplement qu’il l’attendait dehors.

--

Dehors, Zack alluma une cigarette, adossé au mur. La nicotine calma son impatience, mais il resta attentif à la porte vitrée.

Il jouait du bout du pouce sur le filtre et tapotait le mur du talon sur le rythme d’une chanson qui tournait dans sa tête. Mais ses yeux revenaient sans cesse vers la porte, comme s’il pouvait la faire apparaître plus vite.

Quand Tifa sortit enfin, cheveux encore humides, il écrasa aussitôt sa clope dans le cendrier le plus proche.

Et ce fut là que ça le frappa : son parfum. Doux, sucré… ça lui rappelait une tarte aux pommes qui sortait du four. Rien à voir avec l’image glaciale et parfaite qu’elle s’efforçait de montrer, mais de quoi lui donner envie de gratter sous la surface.

— Quand t’auras fini de t’extasier sur… je ne sais quoi, on pourra y aller ? On a du boulot, et faudrait finir avant 20 h 30, mes cours du soir commencent.

— C’est bon, t’énerve pas, princesse. On va trouver un café pour se poser, et comme ça tu pourras manger aussi. Y en a un vers ton cours ?

Elle sembla surprise, le fixa un instant, puis acquiesça. L’espace d’une seconde son masque s’était fissuré.

Ils marchèrent une dizaine de minutes jusqu’à un salon de thé.

À l’intérieur, Zack lui fit signe d’aller s’installer et lui tendit son skate avant d’aller passer commande. Tifa l’attrapa du bout des doigts, comme si elle risquait d’attraper une maladie ou autre chose. Un mépris disproportionné pour un objet inanimé.

À la caisse, on lui remit un bipeur en plastique qui clignoterait quand le plateau serait prêt.

Quand il arriva à la table, Tifa avait déjà sorti son cahier et noté le sujet en haut de la page. Elle ne perdait pas une seconde.

Les autres avaient droit à l’odeur sucrée des gâteaux, le tintement des couverts et le bruit blanc des conversations. Lui il avait droit à ça.

— Bon, commença-t-elle, on va dire que je suis le manager et toi l’étudiant qui passe l’entretien.

— Non, on va faire l’inverse, répliqua Zack aussitôt. Tu m’as donné assez d’ordres comme ça.

Le visage de Tifa se ferma, contrarié. Elle se redressa et planta son stylo sur la feuille et leva le menton.

— Alors ça tombe bien : j’ai le profil parfait pour être manager.

Zack arqua un sourcil, amusé. Son sourire s’élargit, mais il ne répondit rien. La voir s’appliquer à ce point pour avoir le contrôle de la situation était divertissant. Mais elle n’allait pas en profiter longtemps.

— Donc, reprit-elle, je suis la manager de Cosmo Burger. Je vais te poser des questions classiques, tu répondras, et je traduirai en anglais. À la fin, je déciderai si tu obtiens le job.

Le bipeur vibra brusquement sur la table. Zack l’attrapa avec nonchalance et se leva sans un mot.

Il revint avec le plateau, qu’il posa sur la table : un café au lait glacé et une part de fraisier qu’il poussa vers Tifa. Il avait aussi pris un soda pétillant pour accompagner son sandwich aux œufs. Il avait besoin de combler pour son repas du midi.

— Tiens. Bois, mange.

Elle attrapa le verre, mais fronça légèrement les sourcils en voyant le gâteau. Mais ses yeux s’arrêtèrent une seconde de trop sur la fraise posée au sommet.

Zack eut un sourire en coin. Exactement comme il l’avait deviné en entrant : elle avait choisi ce salon de thé pour ça. Pour le gâteau. Et il avait visé juste en le commandant en plus du reste.

Mais elle ne voulait pas le montrer. Il haussa un sourcil, amusé.

— Quoi tu ne veux pas avouer que t’aime ça ? Ou bien… c’est juste que tu voulais pas que ce soit moi qui te l’offre ?

— Pas du tout ! protesta-t-elle, un peu trop fort.

Elle baissa immédiatement les yeux, embarrassée. Lui, il savourait chaque seconde. Il ricana et tira l’assiette de son côté.

— Très bien, alors c’est moi qui vais le manger.

Elle la rattrapa aussitôt et la ramena vers elle.

— Donner, c’est donner.

Zack leva les mains en signe de reddition et ouvrit son cahier, sourire aux lèvres. Il avait déjà commencé à l’amener sur son terrain.

— Bonjour, bienvenue chez Cosmo Burger. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Elle avait pris son ton le plus professionnel et ainsi coupé court à la situation. Comme si rien ne s’était passé. Ce n’était pas la première fois.

Par contre elle parlait en japonais.

Il haussa un sourcil. Vraiment ? Elle croyait qu’il ne pouvait pas suivre ? Il répondit aussitôt en anglais avec assurance et un sourire insolent.

— Oh okay alors euh…tell me about your previous experience. It says on your résumé you used to work at Pizza Moogle, enchaîna-t-elle cette fois en anglais, un peu plus raide.

Zack se cala sur sa chaise, bras croisés derrière la nuque, et répondit avec son sérieux le plus moqueur :

— I loved eating burgers for free.

Un muscle de sa joue tressaillit, mais elle resta droite.

Elle continua, toujours dans sa posture professionnelle, la voix nette, comme si elle passait un vrai entretien.

— And… your strenghts ?

— People say my head is always in the stars.

Ses doigts serrèrent un peu plus son stylo. Elle ne notait plus rien.

— And why do you want to work for Cosmo Burger ?

Zack attrapa la fraise posée la part de gâteau et la mis dans sa bouche, l’air de rien.

— Because at Cosmo Burger… the taste makes you fly, puis, avec un clin d’oeil : Also…the manager is hot, lança-t-il avec un sourire entendu.

— Mais putain ! Tu prends jamais rien au sérieux ?! explosa Tifa, vexée.

La salle sembla se figer un instant autour d’eux. Il cligna des yeux, surpris par la violence de sa réaction. Il n’aurait su dire si c’était à cause de la fraise ou de sa dernière réplique, mais clairement il avait appuyé sur le mauvais bouton. Et même en colère elle se retenait encore. Il le voyait dans la tension de ses épaules et sa voix qui tremblait à peine.

— Quoi, t’as pas aimé que je mange ta fraise ? dit-il avec un air faussement innocent.

Tifa serra les poings, le visage rouge, comme si elle hésitait à lui jeter son cahier au visage ou se lever pour partir.

— Tu vas faire ça pendant le vrai cours ? Parce que moi, j’ai pas envie d’avoir une mauvaise note à cause de toi.

Zack haussa les épaules, l’air détendu. Mais au fond il n’aimait pas cette manière qu’elle avait de le sous-estimer.

— Ça va, rigole un peu. C’est qu’un exercice, et franchement il est super facile.

— C’est pas la question ! s’énerva-t-elle de plus belle. On dirait que tout t’amuse. Peut-être que toi, tu t’en fiches d’avoir un mauvais bulletin, mais pas moi.

Il arqua un sourcil, et son sourire se fit plus narquois.

— Et toi, tu peux pas te détendre une minute ? Tu pars du principe que je suis nul, mais j’ai des bonnes notes des fois. Et l’anglais, c’est même ma matière préférée.

Elle baissa les yeux, jouant nerveusement avec son crayon pour éviter son regard. Elle allait tenter de reprendre contenance, de faire comme si de rien n’était… mais Zack ne lui en laissa pas l’occasion.

Il repoussa sa chaise d’un geste brusque et se leva, son skate déjà en main. Un éclair d’orgueil traversa ses yeux.

Il planta brièvement son regard dans celui de Tifa avant de lâcher d’un ton sec :

— Vas-y, finis de manger. Et écris le texte, je le réviserai.

Il n’avait aucune envie de prolonger la conversation. Elle l’avait vexé, et il préférait tourner les talons plutôt que de lui laisser la possibilité de voir qu’elle avait touché un point sensible.

Sans lui donner le temps de répondre ni de faire comme si de rien n’était, il quitta le café, mâchoire serrée.

Dehors, il alluma une cigarette. Il inspira profondément, le regard perdu dans la fumée, le visage fermé, quand il entendit son prénom.

— Zack…

Sa voix n’avait plus rien de dur ni de tranchant. Elle était douce. Hésitante. Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient rencontrés.

Il se tourna vers elle et se poussa légèrement sur le côté pour que la fumée ne l’atteigne pas. Réflexe automatique, presque tendre, alors même qu’il bouillonnait encore intérieurement.

— Je crois que j’ai été un peu dure avec toi… et je t’ai pas dit merci pour le repas. Alors… merci.

Tifa baissa aussitôt les yeux, ses doigts jouant nerveusement avec la lanière de son sac.

Il garda un instant le silence, écrasa sa cigarette dans le cendrier public et répondit d’un ton froid :

— De rien.

Elle releva un instant les yeux vers lui, juste assez pour qu’il y voie une hésitation, puis les détourna.

— Si tu veux, on peut refaire la scène demain. J’ai pas danse, donc on pourra aller à la bibliothèque du lycée, proposa-t-elle précipitamment.

Ses doigts tripotaient toujours la lanière de son sac. Ce n’était pas vraiment des excuses. Pas vraiment. Mais Zack voyait bien que c’était un effort. Malgré lui, ça l’amusa.

Il croisa les bras et la fixa longuement, laissant le silence s’étirer entre eux. Puis d’une voix basse :

— Je crois pas avoir entendu les mots magiques.

Elle le fusilla du regard, serrant les poings, les lèvres tremblantes. Les mots restèrent coincés dans sa gorge comme s’ils brûlaient en sortant. Elle avait l’air de détester ça. Mais elle n’avait pas le choix : c’était un devoir en binôme.

— Est-ce qu’on peut refaire le devoir demain… s’il te plaît, lâcha-t-elle à contrecœur.

Il ne put retenir le sourire qui s’élargit sur ses lèvres. Aussitôt, son visage s’éclaira, comme si la tension s’était envolée. Dans ses yeux, une étincelle de malice revint.

— Demandé si gentiment, c’est difficile de refuser. Et puis… tu veux déjà un deuxième rencard…

C’était plus fort que lui : il fallait qu’il la provoque. Parce qu’il aimait ça. Cette la petite lueur de colère qui s’allumait dans ses yeux aux reflets carmin.

Avant qu’elle ne puisse répondre il ajouta avec une certaine désinvolture :

— Allez, viens. Je t’accompagne jusqu’à ton cours du soir.

Tifa ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. La proposition l’avait prise de court. Elle ne s’y était pas attendue, et soudain toutes ses répliques acérées s’étaient évanouies. Elle ne savait pas quoi lui répondre. Il ne pouvait pas l’affirmer, mais en l’observant, Zack sentait bien qu’elle n’arrivait pas à le cerner.

Elle avait une image toute faite de lui, c’était évident. Mais ça ne pouvait pas être seulement à cause de la bousculade. Il y avait autre chose. Quelque chose chez lui qui ne cadrait pas avec la case où elle voulait l’enfermer.

Alors elle se mit à marcher à côté de lui, en silence. Ils n’échangèrent plus un mot jusqu’à ce qu’ils arrivent devant l’entrée de l’école spécialisée, où affluaient déjà des lycéens de tous horizons, sacs sur l’épaule et manuels à la main.

Arrivée en bas des marches, elle se tourna vers lui, hésitante. Elle cherchait quoi dire.

Avant qu’elle ne puisse parler, Zack prit les devants avec un sourire en coin :

— Je sais, tu pouvais faire le chemin sans moi. Mais tu me remercies de t’avoir tenu compagnie.

Il l’avait dit sur un ton faussement modeste, presque joueur, comme s’il lui épargnait l’effort de formuler une phrase gentille. Elle se contenta de hocher la tête, un peu gênée, ses joues légèrement rosies.

Zack commença à tourner les talons.

— Zack ! l’appela-t-elle soudain, sa main se refermant sur son bras avant qu’il ne s’éloigne tout à fait.

Il s’immobilisa, surpris par ce contant, puis leva un sourcil interrogateur.

— Euh…à demain, dit-elle d’une voix si basse, qu’elle aurait pu être un murmure.

Il hocha la tête, avec cette fois un sourire plus doux, et murmura « à demain », lui aussi, avant de s’éloigner pour de bon.

Et pour la première fois depuis longtemps, il se surprit à avoir hâte d’aller en cours.

Notes:

Merci à ceux qui suive le duo le plus borné de Midgar - la suite ne va pas les ménager...

Chapter 3

Summary:

Entre discipline et désordre, Tifa vacille. Et dans sa chute, il y a lui.

Notes:

Merci d'être encore là pour ce troisième chapitre ♥
On continue d'explorer la dynamique entre Tifa et Zack - tout en contrastes, enter sérieux et légèreté.
Bonne lecture !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Chapitre 3 – Off Balance

“You come over unannounced – Avril Lavigne”

Tifa recopiait méticuleusement tout ce que le professeur de mathématiques inscrivait au tableau. Ce n’était pas une matière qu’elle appréciait, alors, elle redoublait d’effort pour obtenir la meilleure note de la classe.

Ce n’était pas facile, mais pas insurmontable non plus. Depuis des années, elle avait pris l’habitude de donner le meilleur d’elle-même. Chaque soir, elle enchaînait avec les cours du soir pour maximiser ses chances d’intégrer une bonne université.

Quand la cloche retentit, ses camarades se ruèrent dehors. Elle resta à sa place, concentrée sur les dernières lignes. De toute façon, elle n’avait pas prévu d’aller bien loin ce soir.

Lorsqu’elle posa enfin son crayon, elle redressa la tête – et croisa son regard. Zack.

Il avait déjà rangé ses affaires. À croire, qu’il n’avait même pas ouvert son livre pour suivre la séance.

Il la regardait. Il le faisait souvent, en fait. Trop souvent.

Et quand leurs yeux se croisèrent, il lui lança un sourire : décontracté, presque moqueur. Elle n’arrivait pas à savoir s’il se fichait d’elle… ou s’il voulait autre chose.

Ce regard la déstabilisait.

Elle savait qu’elle plaisait aux garçons – les regards appuyés sur sa poitrine, les remarques chuchotées sur son passage ; elle y était habituée.

Mais lui, il ne baissait jamais les yeux. Il la fixait, droit dans les yeux.

Et elle ne savait pas quoi en faire.

Ce type l’agaçait. Il semblait toujours détendu, comme si rien ne pouvait l’atteindre : une désinvolture assumée, presque arrogante, qui la rendait folle.

Il ne prenait presque pas de note, débarquait en retard, portait son uniforme n’importe comment – et quand un prof lui faisait une remarque, il se contentait de sourire. Comme si tout ça n’avait aucune importance.

Elle ne le connaissait que depuis trois jours et déjà elle avait envie de lui arracher les yeux. Et le pire : il était plutôt gentil avec elle.

Tifa ne comprenait pas.

Toujours avec son sourire idiot, il se leva en lui lança, joyeux :

— Allez, on y va !

Pourquoi est-il aussi pressé de faire ce devoir avec elle ?

Elle lui avait proposé de s’en charger seule ; il aurait eu une bonne note sans lever le petit doigt, en lisant simplement ce qu’elle écrirait. Tous ses anciens binômes avaient sauté sur l’occasion.

Mais pas lui. Pourquoi pas lui ?!

Elle soupira et rangea ses affaires, résignée à le suivre. Alors qu’elle tournait à droite, vers la bibliothèque, il prit à gauche.

Il se mit à rire en s’apercevant de leur désaccord. Elle serra les mâchoires. Il se moquait d’elle, ou quoi ?

— Il fait super beau, on va pas s’enfermer avec les intellos boutonneux ! On va dehors.

— Non, on va pas dehors. On a dit qu’on allait à la bibliothèque, répondit-elle sèche.

Il leva les yeux au ciel et poussa un soupir dramatique, comme un gosse privé de récré. Il cherchait clairement à l’énerver.

Il n’avait donc compris à ce qu’elle lui avait dit la veille ? Elle voulait faire ça sérieusement. Pas question de compromettre son bulletin pour ses beaux yeux.

Il s’approcha d’elle. Vraiment près.

Elle n’aimait pas ça. Il la forçait à lever la tête et cette sensation – être petite, vulnérable – lui déplaisait tout autant que ça la surprenait.

Elle le fusilla du regard. S’il voulait un duel de regards, il allait tomber sur plus coriace qu’il ne l’imaginait.

Pourtant, il souriait encore. Son regard, lui, était doux ; rien à voir avec le sien, plein de feu et de tension.

— Fais pas ta mauvaise tête, viens avec moi. Promis, on va bosser sérieusement. Pas une seule blague.

Il croisa les bras, l’air faussement sage. Puis son sourire s’élargit, malicieux. Elle n’aimait vraiment pas cette lueur. Elle ne lui faisait pas confiance.

— Tu sais quoi ? On va même parier. Si on a moins de 90, tu me donnes un gage. Mais si on a plus… tu passes samedi après-midi avec moi.

— Pas question. C’est pas un jeu ! C’est mon avenir, tu piges ça ? Ou t’as pris trop de coup sur la tête pour comprendre un truc aussi simple ?!

Sa voix claqua, sèche. Elle pensait qu’après ce qu’elle lui avait dit la veille, il aurait compris. Mais non : il rigolait. Il croyait qu’elle jouait.

Ses parents se fichaient-ils de ses résultats ? Avait-il toujours vécu en roue libre, sans personne pour lui rappeler l’importance du lycée ?

Elle, elle n’avait pas le droit de rater. Elle se l’interdisait.

Il ne bougea pas. Il la fixait, son sourire s’étirant doucement jusqu’à une pointe presque carnassière.

Un frisson la traversa. Elle ne savait plus si c’était de la colère… ou autre chose.

— C’est ça, ou vendredi je te colle une honte intersidérale…Miss Cosmo Burger.

Elle serra les poings si fort que ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes. Il avait gagné. Il l’avait eue. Il savait exactement où frapper.

— D’accord, articula-t-elle entre ses dents serrées.

Son sourire s’agrandit encore, comme s’il n’attendait que ça. Il osa même lui prendre le poignet pour l’entraîner à sa suite.

Elle n’avait jamais eu autant envie de le frapper.

--

Elle avait passé une partie de la matinée à travailler sa pirouette. À force de tourner sur elle-même, elle ne savait même plus combien de fois elle avait tenté sa chance. Mais la réception n’était toujours pas parfaite. Et elle la voulait parfaite, si elle espérait décrocher le premier rôle du ballet que préparait l’école.

Elle s’apprêtait à recommencer quand la porte du studio s’ouvrit. Zack venait d’entrer.

Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’ils avaient obtenu 96 sur 100. L’enseignant leur avait retiré quatre points à cause de l’accent de son binôme.

Et comme elle avait accepté ce fichu pari…

Pour éviter les rumeurs au lycée, elle lui avait donné rendez-vous à l’institut de danse. Et puis, elle avait aussi besoin de s’entraîner.

Il aurait très bien pu l’attendre dehors. Mais non.

Tifa fit semblant de ne pas le remarquer, même si ses yeux glissèrent sur lui malgré elle. Il traversa la pièce tranquillement et alla s’asseoir contre le miroir, juste en face d’elle.

Jean un peu trop large, usé juste ce qu’il fallait. Un t-shirt noir à moitié rentré dans sa ceinture, avec le logo d’un groupe qu’elle ne connaissait pas. Une chemise à carreaux nouée autour de la taille complétait son allure faussement négligée. Et son skate à la main, comme une extension naturelle de son corps.

Elle serra la mâchoire. Ce garçon avait décidément le don de s’inviter là où on ne l’attendait pas.

Elle détourna rapidement les yeux, de peur qu’il la surprenne à le fixer. Elle voulait encore s’entraîner un peu. Il était arrivé avant l’alarme qu’elle avait programmée sur son téléphone, celle qui devait lui laisser le temps de prendre une douche avant de le retrouver.

Il n’avait pas besoin de la voir comme ça – en justaucorps, le corps trempé de sueur.

Il était en avance.

Tifa s’en voulut de continuer alors qu’il l’attendait. Et sagement en plus. Pas un mot, pas même un coucou. Il s’était installé là, contre le miroir, et la regardait.

Intensément.

Elle le sentait. Il ne la lâchait pas des yeux. Il observait ses gestes, suivait ses mouvements alors qu’elle répétait inlassablement le même enchaînement, à la recherche d’une pirouette parfaite.

C’était comme s’il regardait son âme.

Et ça la mettait mal à l’aise.

Parce qu’on ne la regardait jamais, elle. On regardait la danse, les lignes, l’intention. Les professeurs corrigeaient une forme, pas une personne.

Elle s’arrêta, à bout de souffle. Il la déconcentrait de trop.

En passant près de lui pour attraper son sac, elle lui jeta un regard froid. Il répondit par ce sourire qui la faisait toujours douter : était-il vraiment pour elle, ce sourire-là ?

— T’as pas la tête qui tourne à force ? demanda-t-il, avec une naïveté presque touchante.

— Non, y a des techniques pour éviter ça…

Elle s’accroupit, attrapa sa serviette et commença à s’éponger, les yeux toujours sur lui. Il ne la quittait pas du regard. Ses yeux ne glissèrent qu’un instant – lorsqu’elle passa la serviette sur son décolleté.

D’autres se seraient attardés. Lui, non.

Elle fronça légèrement les sourcils. Décidément, il la déconcertait.

— Je prends une douche, je te retrouve dehors.

Cette fois, elle avait bien insisté sur les mots. Elle ne voulait pas qu’il ne prenne pas ça pour une invitation.

Il répondit par un rire bref, secoua la tête avec un sourire, puis se redressa.

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi… mais elle la prit.

--

Tifa le retrouva dehors, jupe plissée crème et polo ajusté bleu marine, les cheveux encore humides noués en une tresse haute. À côté de son allure nonchalance et désinvolte, elle se sentit presque trop bien habillée.

Il la regarda un peu plus longuement que d’habitude, et elle se sentit de nouveau mal à l’aise. Il n’avait jamais vu une fille autrement qu’en uniforme, ou quoi ?

Il eut ce petit mouvement du nez, le même que la dernière fois, avec ce sourire idiot aux lèvres. Ce type avait un problème.

Zack sortit son téléphone de sa poche. Elle pouvait voir l’écran pendant qu’il programmait un itinéraire. Il surprit son regard curieux et rit doucement.

— Je t’emmène au parc, n’aie pas peur.

Elle était presque sûre d’avoir rougi un peu en l’entendant dire ça. Et, étrangement, elle n’avait rien trouvé à répondre. Rien. Pas la moindre remarque ne lui vint à l’esprit.

Et ça l’énervait.

Elle accepta néanmoins de le suivre quand il se mit en route.

Quelques minutes plus tard ils atteignirent un parc que Tifa ne connaissait pas.

Il faut dire qu’elle se contentait d’aller au lycée, à l’institut de danse et aux cours du soir. Elle n’avait pas le loisir de traîner ailleurs. On attendait mieux d’elle.

Elle le suivait toujours lorsqu’il choisit un endroit légèrement à l’abri du soleil, sous les arbres. Il posa son sac à dos, en sortit une couverture, qu’il déplia pour l’étendre sur la pelouse, et deux boîtes à bento. Puis, les boites toujours en main, il retira ses baskets sans s’aider des mains, avant de s’asseoir tranquillement sur la couverture.

Tifa le regarda faire, clignant plusieurs fois des yeux, sans comprendre, qu’il attendait qu’elle en fasse autant.

Son regard balaya malgré elle les alentours, à la recherche un visage familier – ou plutôt pour s’assurer qu’elle n’en voyait aucun – avant de revenir sur lui.

— Quoi, t’as jamais pique-niqué de ta vie ? Tu fais jamais hanami ?

Cette fois, il se moquait ouvertement de son trouble momentané. Était-elle censée deviner qu’il avait prévu un repas au parc ? Non. Il lui avait juste dit qu’ils passeraient l’après-midi ensemble.

Les mâchoires serrées, elle retira ses chaussures avant de le rejoindre sur la couverture, veillant au tombé de sa jupe.

Il posa les boites entre eux, les ouvrit, et elle ne put qu’admirer la nourriture qu’elles contenaient. Tout était soigneusement taillé, décoré, appétissant au point d’en faire oublier le lieu et le moment.

Elle le regarda, réellement surprise.

— C’est toi qui as fait ça ?

C’était trop raffiné pour lui. Il les avait forcément achetées avant de venir. Mais les boites, en bois noir laqué, étaient celles qu’on garde à la maison – pas des plats à emporter.

Zack eut un petit rire gêné et se frotta la nuque.

— J’ai aidé ma mère. Ça compte un peu, je pense.

Elle ne sut pas quoi répondre. Elle aurait pu être piquante, ricaner qu’elle aurait préféré qu’il ait tout fait lui-même… mais il y avait trop de sous-entendu là-dedans.

Et puis, il avait quand même aidé. Il avait fait ça pour elle.

Cela la toucha, plus qu’elle ne voulait se l’avouer.

Et ça l’énerva.

Il lui tendit une paire de baguette et lui souhaita bon appétit. Elle les prit avec un geste timide, et commença à manger, le cœur un peu trop léger pour une fille censée garder ses distances.

--

L’après-midi avait filé à toute vitesse. C’était lui qui avait tenu la conversation, pour l’essentiel – mais uniquement pour lui poser des questions.

Sur la danse classique, qu’il ne connaissait pas du tout. Sur l’école, ses ambitions. Sur ce qu’elle aimait faire de son temps libre. Il s’était simplement intéressé à elle.

Vraiment.

Elle avait essayé de faire pareil. Elle avait même posé des questions sur le skateboard. Et elle devait admettre qu’elle avait été captivée par la passion qui se dégageait de lui quand il lui en parlait. Il s’animait, riait, mimait les mouvements.

C’était communicatif. Et elle détestait ça. Un peu.

Il était loin de la brute qu’elle était imaginée, le jour où elle avait appris qu’un nouvel élève avait été transféré dans leur lycée. Elle savait qu’il avait été expulsé après plusieurs bagarres. Tout le lycée le savait.

Mais en face d’elle, il n’avait rien du type dangereux qu’on décrivait à voix basse dans les couloirs.

Elle avait aussi découvert qu’il était loin d’être idiot. Les questions qu’il posait, la logique dont il faisait preuve, la façon attentive dont il l’écoutait… Elle savait, qu’il enregistrait chacune de ses réponses.

À la fin, il l’avait raccompagnée jusqu’à chez elle. Et la manière dont il lui avait souhaité une bonne soirée – douce, sincère – avec ce sourire qui lui avait noué le ventre…

Ça l’avait énervé.

Vraiment.

--

Depuis ce jour-là, elle s’était mise à répondre à sa salutation du matin quand il s’essayait à côté d’elle. Elle s’était aussi surprise à jeter un œil sur son sac à bento à l’approche de la pause déjeuner. Parce qu’elle s’était régalée. Et parce que sa mère, à elle, ne lui avait jamais préparé ses repas.

Elle avait également remarqué qu’il ne quittait plus la classe précipitamment à la fin de la journée. Il attendait qu’elle ait fini de ranger ses affaires pour lui dire au revoir.

Et puis, elle avait aussi eu la surprise de le voir – comme ce soir – débarquer vers la fin de son cours de danse.

À chaque fois, il restait dans le couloir. Et il la regardait. Elle. Pas la danse, pas les autres. Juste elle.

Tifa n’aimait pas qu’il fasse ça. Ça attirait la curiosité des autres.

Un garçon qui venait la chercher. Et pas n’importe quel garçon. Zack : gakuran ouvert, chaîne à la ceinture, Vans aux pieds et planche sous le bras.

Mais à chaque fois, il l’accompagnait jusqu’au cours du soir. Et à chaque fois, il lui donnait une canette de café au lait… et un melon pan.

Elle aurait voulu dire que ça l’agaçait. Mais la vérité, c’est que, les soirs où il ne le faisait pas… elle était déçue.

Et ce soir, quand elle le retrouva dehors, elle sut que son sourire était un peu trop content. Et lui aussi le sut, à la façon dont il la regarda trottiner vers lui.

— T’as déjà séché un cours ? demanda-t-il d’une voix qui laissait clairement entendre qu’il connaissait déjà la réponse.

— Bien sûr que non ! Je suis pas comme toi, répliqua Tifa, un peu sèche sur la fin.

Sans prévenir, il lui prit la main et commença à marcher dans la direction opposée de son école du soir. Elle résista aussitôt, le forçant à la lâcher.

— Tu fais quoi, là ?! Ça y est, je te laisse m’accompagner deux fois et tu te crois tout permis !

Zack soupira, la regarda, déjà visiblement las.

— Déjà, je suis venu te chercher neuf fois en trois semaines, et t’adore ça. Ensuite, c’est pas pour une fois que t’y vas pas que le monde va s’arrêter de tourner. T’vas pas mourir. Et on a quand même école demain matin. Tu survivras à deux heures de révisions en moins.

Elle sentit ses joues chauffer à ses mots. Parce qu’il avait raison. Et parce que ça l’énervait.

— Evidemment. Tout est toujours si simple dans le monde de Zack Fair…

— Viens avec moi ce soir, et demain, après les cours, je t’aide à réviser. Trois heures s’il faut.

Elle croisa les bras, sceptique, et tenta de prendre son air le plus condescendant.

— Toi, réviser ? Me fais pas rire.

— Quoi, tu penses que je suis trop bête pour savoir lire ? Allez, viens. Retire le balai que t’as là où je pense, et sois une ado pour une fois.

— Non.

— Ok. Alors écoute : si tu viens avec moi, demain je t’aide à faire des fiches de math… et j’t’apporte un bento maison. Plus une part de gâteau.

Il avait ce sourire de gamin – moitié innocent, moitié petit démon – qui donnait envie de dire oui.

Et, de façon totalement déloyale, il jouait sur sa faiblesse.

Parce qu’en trois semaines, elle avait découvert deux choses : que sa mère, à lui, cuisinait comme une déesse, et qu’il savait qu’elle avait un gros faible pour le sucré.

Ça l’énerva.

Et encore plus quand elle souffla, admettant sa défaite. Elle avait aussi compris que batailler avec lui ne servait à rien. C’était la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un de plus têtu qu’elle.

Zack lui reprit la main, la serra doucement et l’entraîna à sa suite.

Et cette fois, elle ne chercha pas à la retirer.

Il l’emmena dans une salle d’arcade, et très vite, chaque jeu devint une compétition acharnée entre eux.

Tifa donna tout ce qu’elle avait pour le battre. Parce qu’il l’énervait. Tellement.

Avec son air satisfait, son sourire collé aux lèvres, la manière dont il s’était immiscé dans sa vie. Dans ses failles.

Elle ne pouvait pas le frapper, mais elle pouvait gagner.

Enfin… en théorie.

Parce qu’en réalité, il était meilleur qu’elle sur toutes les machines. En même temps, il devait passer sa vie dans ce genre d’endroit, pendant qu’elle s’échinait sur le parquet ou s’appliquait en cours.

Et le pire ? Elle pouvait dire exactement quand il la laissait gagner.

Comme toujours avec lui, elle ne vit pas le temps passer.

Il faisait nuit quand ils sortirent de là. Elle grimaça et regarda l’heure : elle aurait dû être rentrée depuis dix bonnes minutes. Si ses parents étaient là, ils allaient l’engueuler. Il lui fallait une excuse. Une bonne.

Il lui prit la main. Mais cette fois, il entrelaça leurs doigts.

Elle se tourna vers lui, prête à l’assassiner du regard. Il la coupa avant même qu’elle puisse ouvrir la bouche

— T’inquiète pas, je vais te raccompagner.

Mais il ne lâcha pas sa main. Et elle, sans réfléchir, la serra en retour.

Ce simple contact la contraria plus qu’elle ne voulait l’admettre

Le silence entre eux n’était pas gênant. Il ne l’était jamais.

Mais marcher comme ça, main dans la main… c’était différent. Elle n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil à leurs doigts liés.

Il dut s’en apercevoir, car il resserra brièvement sa prise, juste une seconde, avant de relâcher un peu.

— Tu traînes ta planche partout, mais je te vois jamais dessus, dit-elle, la voix un peu étranglée.

Il fallait qu’elle se concentre sur autre chose. Absolument.

Il rit doucement avant de répondre :

— Si je monte dessus, je vais aller plus vite que toi. Et c’est pas le but.

— Tu… euh… tu m’apprends ?

Pourquoi elle avait dit ça ? Elle était devenue folle. C’était sûr. Son cerveau fondait doucement sous l’effet Zack. Il n’y avait pas d’autre explication.

Mais lui, soudain, afficha le sourire émerveillé d’un gamin découvrant une montagne de cadeaux au pied du sapin.

Il posa son skate au sol, le bloqua du pied pour l’immobiliser, puis l’invita à monter dessus. Il se plaça derrière elle, et posa doucement les mains sur ses hanches pour l’aider à trouver l’équilibre.

Un frisson la parcourut aussitôt.

— Je vais t’apprendre le tic-tac. C’est une manière d’avancer en jouant avec le poids de ton corps. Comme ça, je peux rester à côté toi… et t’empêcher de tomber.

Il lui expliqua comment balancer son poids de gauche à droite. Ses mains, toujours posées sur ses hanches, l’accompagnaient doucement dans le mouvement. Elle sentait aussi le balancement de son propre corps derrière elle, presque collé à son dos.

Elle déglutit, se concentra, répéta le geste une fois. Deux fois.

Il la guidait avec douceur, sans la contraindre. Puis, peu à peu, il se recula. Et elle avança seule.

Elle poussa un petit cri de joie.

Elle se retourna vers lui, fière. Il la regardait de la même façon.

Ce regard… la déconcentra totalement.

Elle perdit l’équilibre.

Pas assez pour tomber, mais assez pour avoir peur.

Zack réagit aussitôt : il la rattrapa dans ses bras, bloqua la planche d’un coup de pied, et la reposa doucement au sol.

Mais il ne la lâcha pas.

Son cœur s’emballa. Elle accusa la peur.

Il se pencha vers elle.

— Tout ça pour me tomber dans les bras…

Elle manqua un battement. Elle l’accusa, lui.

— Pourquoi tu passes ton temps à me chercher comme ça ?! lança-t-elle, furieuse.

— Parce que t’as envie que je te trouve…, murmura-t-il, en se penchant un peu plus encore.

Son regard se planta dans le sien. Profond. Intense. Océan.

Elle sentit les frissons courir sur sa peau, la chaleur qui s’éveillait au creux de son ventre, le souffle court qui se mêlait à celui de Zack.

Le temps sembla suspendu.

Enfin, il combla la distance. Leurs lèvres s’effleurèrent, tendres et hésitantes, déclenchant un feu d’artifice d’émotions dans le calme de la nuit.

Le monde bascula.

Et tout devint lumière.

Notes:

Merci d'avoir lu jusqu'au bout.
J'espère que vous avez aimé retrouver un peu de leur énergie et leurs piques habituelles.
Comme toujours, coms & kudos sont les bienvenus 💖

Notes:

Merci d'avoir lu ce premier chapitre !
On commence doucement avec la rencontre ZAck/Tifa, mais la suite promets encore plus d'étincelle🔥
N'hésitez pas à laisser un petit mot ou un kudos, ça m'aidera beaucoup à continuer.