Chapter 1: Chapitre 1
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Chapitre 1
La piste d'atterrissage était humide, en adéquation avec le temps nuageux. Le thermomètre de l'avion affichait cependant vingt-cinq degrés, trahissant, hélas, un air lourd et étouffant. Tout en s'étirant afin de relâcher ses muscles contractés par le voyage, Mamori se leva en même temps que les autres premières classes. Nul besoin de décharger ses valises, étant donné que les hôtesses s'en donnaient à cœur joie. Depuis quelques années maintenant, elle était habituée à ce jeu, son travail et son salaire lui permettant de prendre l'avion confortablement. D'un pas lent mais ferme, elle descendit les marches de l'avion en compagnie des autres, et ne fut pas longue avant de rallumer son téléphone.
Le voyage n'avait même pas duré vingt-quatre heures que déjà son employeur l'assaillait de messages pour qu'elle prépare le séminaire parfait. C'était de sa faute : pourquoi lui avait-il légué autant de responsabilités ?
« Parce que tu t'es donnée corps et âme à ton travail, enchaînant voyages d'affaires et promotions pendant quatre ans » dit une voix dans sa tête.
Soupirant, elle referma le clapet de son téléphone portable. Fort heureusement, la voiture noire l'attendait déjà. A peine le claquement de la portière eût retenti qu'une voix grave s'élevait.
_ Ca fait longtemps, Mamori.
Les yeux bleus de la jeune femme se rivèrent dans ceux de Takekura Gen. Il ne semblait pas avoir changé, ne paraissait en fait, ni plus jeune, ni plus vieux. Il se servit un verre et en proposa un à Mamori.
_ Non, merci, jamais pendant la journée.
_ Tu sembles être devenue une femme épanouie et indépendante, constata le jeune homme.
_ Et occupée, compléta-t-elle d'une voix aigre, je n'ai pas le loisir de prendre sur mon temps à tout bout de champ pour satisfaire n'importe quel caprice. Qu'est ce que je fais ici, d'abord ?
_ A vrai dire, je n'en ai aucune idée, avoua Musashi en calant son dos sur le dossier en cuir de la banquette. Mais cela doit être très important si nous avons le loisir de te voir après tout ce temps.
Pinçant les lèvres, Mamori regarda le paysage gris qui défilait à toute allure sous ses yeux. De l'aéroport succéda une autoroute, puis une autre. Plus personne ne dit rien durant tout le trajet, ce qui n'était pas pour déplaire Musashi, peu enclin à avoir de grandes conversations, ni à Mamori, qui quant à elle laissait ses pensées vagabonder. Qu'est ce qu'elle faisait ici ? Enfin, la limousine s'arrêta, et le chauffeur descendit prestement. La jeune femme jeta un coup d'œil à la fenêtre teintée, et ses sourcils se haussèrent à la vue du bâtiment.
_ C'est une plaisanterie, je suppose ? Dit-elle, agacée.
_ J'aimerais bien. Dépêche-toi, l'heure des visites est déjà passée de moitié.
Sans se presser le moins du monde, Mamori sortit élégamment de la voiture, avant de s'engouffrer seule dans le grand bâtiment. Les lettres blanches se distinguaient dans ce paysage gris et sale.
Prison
Les hommes et les femmes qui étaient là la regardaient de manière hostile, mais elle n'y prêta pas attention, quoique vaguement gênée d'être obligée de venir dans un endroit pareil. Cependant, elle avait déjà tout planifié dans l'avion.
Elle venait, elle voyait, et elle partirait.
On la mit dans une salle d'attente en compagnie d'autres personnes : des épouses qui pleuraient avec leurs enfants, des petites amies aux tenues aguicheuses qui croisaient et décroisaient leurs longues jambes bronzées en signe d'impatience. D'autres détenus habillés de bleu clair parlaient à voix basse à leur proche, tandis que d'autres murmuraient à des hommes qui ne semblaient pas très fréquentables.
Cependant, l'arrivée de Mamori avait interrompu pendant une fraction de seconde toutes les conversations de la salle. L'attitude élégante et distinguée de la jeune femme ainsi que son tailleur sophistiqué contrastait beaucoup trop avec ce milieu funeste. S'efforçant de garder une parfaite maîtrise d'elle-même, la jolie rousse prit place sur un siège en plastique gris et attendit.
L'ouverture de la grille ne la fit pas relever la tête tout de suite. Elle garda les yeux résolument baissés sur ses ongles parfaitement manucurés alors que des pas et des cliquetis de chaînes progressaient dans sa direction. Elle ne regarda pas tout de suite la personne qui prit place en face d'elle. Une seconde s'écoula avant qu'elle ne prenne une grande inspiration en fermant les yeux avant de faire face à celui qui l'avait amenée ici.
En cinq ans, Hiruma Yoichi avait gardé son regard sadique, ses cheveux blonds teints, son corps svelte et musclé. Cependant, il ne portait plus les anneaux qu'elle lui avait vues jadis, ces accessoires étant certainement interdit en prison, et cet uniforme bleu clair ne lui allait pas du tout. Alors que l'ambiance était pesante, il sourit, ce fameux faux sourire qu'elle ne connaissait que trop bien.
_ Ca fait un bail, fuckin' rouquine.
Mamori ne répondit pas à son sourire. Elle garda le silence pendant un moment, avant de dire :
_ Tu as demandé à me voir, me voilà. Qu'est ce que tu veux ?
_ Tu vas droit au but, ça me plaît…
_ Oui, je n'aime pas les gens qui jouent la langue de bois, ou qui s'esquive, c'est connu…
Elle le darda d'un regard meurtrier qui ne l'étonna nullement. C'était comme-ci il voyait la vague de rage et d'exaspération qui se déversait dans le corps de l'autre, lui faisant perdre un contrôle qu'elle s'était jurée de garder en toutes circonstances.
_ Alors ? reprit Mamori. Qu'est ce que tu veux ? Dépêche-toi, je n'ai pas beaucoup de temps, je dois retourner auprès de mon patron au plus vite.
_ Oh ? Nouveau fuckin' petit ami ?
_ Qu'est ce que ça peut faire ? De toute façon, je sais très bien que tu me fais suivre, tu connais la réponse.
Hiruma sourit et porta son regard sur un autre détenu qui bavardait avec un homme qui semblait être son père. Mamori en profita pour le détailler. Elle n'avait pas eu l'occasion de voir depuis longtemps ses tatouages, dont un qui partait de la base de son cou pour descendre plus bas et disparaître dans les plis de son uniforme bleu clair. Tandis qu'il reportait son attention sur elle, elle fit mine de s'intéresser à une plante verte située dans un coin de la salle.
_ Tu as retiré cette fuckin' alliance à ce que je vois.
Une fraction de seconde il avait lui aussi détaillé de haut en bas ce corps aux formes qu'il connaissait bien, s'arrêtant sur son annulaire gauche. Mamori lâcha un ricanement bref avant de rétorquer :
_ C'est normal, nous sommes divorcés, je te signale.
_ Je suis sur que tu l'as gardée.
_ Peu importe ce que j'en ai fait, dit-elle d'une voix lasse avant de changer de sujet, comment se fait-il que celui qui fut l'un des plus grands gangsters de Tokyo puisse se retrouver dans une vulgaire prison de bas étage ?
_ KeKeKe, disons que cela fait partie de l'ordre des choses, fuckin' rouquine.
Mamori haussa les sourcils. Elle avait peut être eu le malheur de se marier à Hiruma, mais elle le connaissait pour savoir que jamais il ne se serait fait arrêter de la sorte.
_ Ton ordre des choses j'imagine ?
Il ne répondit pas, se contentant de plonger son regard dans le sien. Elle détestait quand il faisait ça, et il le savait. Détournant les yeux brièvement, elle lâcha :
_ De toute façon, ça ne me regarde pas. Pourquoi m'as-tu fait venir ? Tu n'avais plus de jouets nouveaux, alors tu es venu réutiliser ceux que tu as laissé tomber ?
Son ex-mari garda le silence, tout comme elle. Un combat du regard, qu'il avait l'habitude de remporter haut la main. Mais en quatre ans, Mamori avait tout fait pour s'endurcir et devenir une femme accomplie à la main de fer, qui ne laisserait personne en dehors d'elle-même lui dicter la façon dont elle écrivait sa vie. Toutefois, revoir son ex-mari dans un endroit aussi insolite que celui-ci fragilisait ce masque qu'elle avait mis tant de soin à bâtir. Elle s'efforça de ne pas ciller, de ne pas trembler, de ne pas frissonner, de rester vide.
_ Tsss, tu as changée, fuckin' rouquine.
_ Qu'est ce que tu espérais ? répliqua Mamori. Que je t'attendrais sagement ? Tu es plus perspicace que ça, il me semble.
Elle sentit son cœur chavirer quand elle sentit Hiruma la scruter dans le blanc des yeux pour voir si elle pensait vraiment ce qu'elle disait, et pria pour que ses yeux pourtant si avisés n'aient pas remarqué ce léger trouble. Il ne dit rien, et Mamori demanda pour la énième fois :
_ Alors, qu'est ce que tu veux ?
Ce fut alors comme un éclair. Les doigts d'Hiruma enchaînèrent une chorégraphie si rapide que Mamori eut à peine le temps de déchiffrer ce qu'elles voulaient dire. Ses yeux s'arrondirent, et elle regarda son ex-mari avec stupeur. Il y eut un silence, puis…
_ Hors de question.
_ KeKeKe…Tu n'aurais pas peur de moi, fuckin' rouquine ? répliqua Hiruma en souriant.
_ Tu ne crois quand même pas que je vais vraiment…., commença Mamori.
Mais à ce moment précis, un gardien annonça d'une voix forte :
_ L'heure de visite est écoulée.
Un garde s'avança vers Hiruma qui se leva :
_ Après-demain, deux heures, reprit le blond. Ne sois pas en retard.
_ C'est hors de question, tu n'as aucun droit sur moi pour m'obliger à faire ça.
Hiruma sourit à nouveau, et se détourna d'elle, signe qu'il n'était plus l'heure de discuter. Mamori le regarda s'éloigner. Il lui fit quelques signes de ses mains menottées alors qu'il s'éloignait, qu'elle déchiffra aisément :
« Tu es plus perspicace que ça, il me semble »
Une vague de colère l'envahit alors, de sorte qu'elle se leva brutalement pour quitter la prison. Pourtant, elle se l'était dit : si jamais il cherchait quelque chose d'elle, elle ferait en sorte qu'il ne l'obtienne pas. Or, c'était peine perdue, pensa-t-elle en sortant. Hiruma obtenait toujours ce qu'il voulait, qu'elle le veuille ou non.
Musashi l'attendait toujours dans la voiture. Dès que Mamori se fut installée, il l'interrogea du regard alors qu'elle s'accoudait et couvrait ses yeux de sa main. Elle resta comme cela pendant un bon moment, le temps de reprendre ses esprits.
_ Ca doit faire un choc, je suppose, de voir Hiruma dans cette situation, fit remarquer Musashi.
_ Depuis combien de temps est-il en prison ? interrogea Mamori.
_ Ca doit bien faire un an, répondit Musashi en levant les yeux au ciel, signe qu'il comptait. A son départ, Deimon a été rebaptisé gang fantôme. Bien qu'Hiruma arrivait à gérer l'essentiel de la prison, les autres gangs ont bien vu que nous étions handicapés. D'ici là, Hiruma nous a interdit de réélire un chef jusqu'à nouvel ordre.
_ C'est plutôt problématique, admit Mamori.
_ Alors, qu'est ce qu'il voulait ? demanda Musashi.
La jeune femme regarda par la fenêtre, tentant de paraître calme, mais Musashi analysa tout de suite son agitation, tout comme la rougeur qui était apparue sur ses joues. Lentement, elle donna la réponse, mais celle-ci fut si basse qu'il fut presque obligé de tendre l'oreille pour l'entendre.
_ Il n'a pas eu le temps de me le dire, marmonna-t-elle en prenant soin de ne pas regarder son interlocuteur. On verra ça après-demain, à deux heures.
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Les cris de colère mêlés aux gémissements de douleur retentirent de plus belle alors que les bombes lacrymogènes étaient lâchées au milieu de la cour. Assis à une table, Hiruma regardait d'un air distrait les policiers armés séparer les deux combattants : deux fuckin' idiots qui passaient leur temps en se tapant dessus.
_ Alors, petit con, tu joues ou quoi ?
Les yeux verts d'Hiruma s'ancrèrent dans ceux d'un grand gaillard noir et musclé, muni de lunettes de soleil, les cartes à la main. Il lâcha un rire sadique avant d'étaler son jeu.
_ Quinte Flush, fuckin' malfait.
Son adversaire jeta ses cartes d'un air rageur, et se leva brusquement.
_ Les petits bâtards dans ton genre, je connais, railla-t-il en saisissant Hiruma par le col, ça triche pour se faire du blé encore et encore. Espèce de sale…
Son poing fut arrêté par une main bronzée. L'homme lâcha Hiruma, et se tourna vers un homme aussi grand que lui, portant des lunettes de soleil et des dreadlocks.
_ Et toi, tu n'as pas intérêt à nous baver tes saloperies au visage, sale morpion, gronda Kongo Agon.
D'un mouvement brusque, il jeta le perdant à terre, sous les protestations de ses camarades et les quolibets des spectateurs. Hiruma se leva tranquillement, peu affecté par l'attitude du joueur de poker, et préféra marcher le long de la grille tandis que les gardes calmaient l'agitation qu'Agon avait provoquée. Le chef des Nagas vint le rejoindre, une main ensanglantée dans sa poche, grondant entre ses dents :
_ Ce pauvre con a ruiné mon uniforme.
Hiruma ne répondit pas, et prit le paquet de chewing-gum dans la poche de son uniforme.
_ N'empêche, ce connard de garde va m'en fournir un neuf, commenta Agon en tirant un poignard de sa poche. Finalement, tu m'es bien utile, à faire chanter tout le service de sécurité. Je me demande bien comment le chef du gang Deimon a bien pu finir dans une prison aussi minable…
_ KeKeKe, ricana Hiruma, la question s'applique aussi à toi, fuckin' dreadlocks.
_ Oh, mais je n'ai pas l'intention de rester ici bien longtemps. On va se barrer de ce trou dans pas longtemps. C'est une affaire de jours.
Le jeune blond ne répondit pas, se contentant de regarder les différents phénomènes qui se baladaient dans la cour.
_ Combien de jours ? demanda-t-il.
_ Je ne sais pas, un ou deux…
Les méninges d'Hiruma fonctionnèrent à toute vitesse. Il lui faudrait faire en sorte de retarder le départ d'Agon, ou sinon, ce fuckin' dreadlock lui ferait rater son fuckin' plan avec…
_ Mais dis moi, reprit Agon, c'est une jolie gazelle qui est venue te voir aujourd'hui. Une petite salope qui veut se faire un membre de gang ?
Le fait d'entendre Agon traiter son ex-femme de traînée ne fit naître aucune émotion chez Hiruma. Il se contenta de répondre :
_ Ce n'est qu'un fuckin' instrument.
_ C'est mieux, fit remarquer Agon, croyant toujours à une prostituée. Mais une jolie donzelle comme ça, c'est pas fait pour parler, non ?
Hiruma le regarda avec un grand sourire sadique.
_ C'est pour ça, reprit l'homme à la peau bronzée, que tu as demandé à avoir une visite conjugale à cet idiot de directeur il y a deux jours ?
Il est rusé, pensa le démon. Agon avait lui-même un réseau incroyable, et se renseignait encore plus sur les moindres faits et gestes de ceux qui l'entouraient.
_ On a tous besoin de se faire lustrer le trombone de temps à autre, ricana Agon en abattant une main sur son épaule.
Hiruma ne put s'empêcher de sourire. Cette fuckin' rouquine n'avait certainement pas l'intention de se laisser prendre tranquillement alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis des années. De toute manière, il avait besoin d'elle dans un autre dessein, qu'elle seule à ses yeux pourrait accomplir, si elle pouvait refouler son dégoût à son égard et fasse appel à cette force intérieure qu'il lui connaissait, malgré sa fragilité.
Et tandis qu'il faisait éclater sa bulle de chewing-gum, le garde leur cria de se mettre en rang pour les faire retourner dans leurs cellules.
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Chapter 2: Chapitre 2
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Chapitre 2
_ Ca n'aurait pas été plus discret de prendre une autre voiture ? demanda Mamori d'une voix lasse tandis que le véhicule roulait.
Musashi ne semblait pas se rendre compte de la crainte que sa présence suscitait en plein Tokyo, ce qui n'était pas du tout le cas de son sadique de chef, qui lui au contraire semblait s'en délecter. Car la peur permettait toujours de prendre le dessus.
C'était ce qu'avait constaté Mamori en descendant de son hôtel, pour retourner de nouveau à la prison. Le portier de l'hôtel lui avait ouvert la porte d'une main tremblante, s'inclinant au maximum, manquant presque de faire tomber sa casquette. Ce n'est que dehors que la jeune femme avait constaté que cette crainte était partagée par tous les passants de la rue qui piquaient étrangement du nez et se mettait à marcher d'un pas rapide lorsqu'il passait devant la voiture noire de Musashi.
Ce dernier soupira, avant de dire :
_ C'aurait été moins discret si nous ne sommes pas obligés de venir te chercher à ton hôtel en plein centre-ville.
_ Comme je te l'ai dit, répliqua Mamori, je refuse de séjourner dans le repaire des Devil. De toute manière, je n'ai pas l'intention de rester ici bien longtemps.
_ Ca, ça ne dépend pas de toi, lâcha Musashi.
Mamori se raidit, avant de tourner ostensiblement la tête. La voiture roula jusqu'à la prison, et pour la deuxième fois, la jeune femme foula le sol en gravier. Ses talons aiguilles ne s'adaptaient pas sur ce sol inégal, ce qui expliquait sa démarche quelque peu vacillante alors que Musashi l'attendait à nouveau, son téléphone à l'oreille.
Une fois encore, Mamori passa les gardes. Une grosse femme la détailla de haut en bas avant de grimacer, et de consulter le registre.
_ Anezaki Mamori c'est ça… Voyons… ah… c'est ça… Visite conjugale avec Hiruma Yoichi, c'est bien ça ?
Mamori dut se faire violence pour répondre entre ses dents d'une voix à peine audible :
_ Oui.
_ Bon… chambre 02, dit la femme en attrapant une chips au fond d'un paquet qu'elle enfourna dans sa bouche. Au fond du couloir à gauche. Votre Don Juan ne va plus tarder.
Mamori marcha d'un pas raide, maudissant le service qui laissait à désirer dans cette minable prison. Au fur et à mesure, elle se rendit compte qu'elle ralentissait immanquablement. Comme çi elle avait… peur ?
Non, Mamori, se dit-elle, tu as passé quatre ans à panser tes blessures. Désormais, elles doivent être guéries.
Elle entra dans la chambre. Celle-ci était assez spacieuse, ce qui la rassura. Fort heureusement, il y avait une chaise, ce qui l'empêcherait de s'asseoir sur le lit. Rien que sa vue suffisait à lui faire perdre tous ces moyens. Lorsqu'elle réalisa qu'elle commençait à se souvenir des premiers mois après son mariage avec Hiruma, elle secoua la tête et sortit son téléphone. Pour s'occuper l'esprit, et au lieu d'attendre bêtement, elle ferait mieux de préparer son retour aux Etats-Unis.
_ Oui, bonjour, dit-elle en prenant un ton professionnel et assuré, j'aimerais savoir s'il était possible de déplacer le jet privé censé arriver demain à aujourd'hui, s'il vous plaît.
_ Quel est votre nom, mademoiselle ?
_ Anezaki Mamori.
Après qu'elle eut donné toutes les informations concernant son vol, il y eut un instant de flottement, puis la voix navrée de la femme retentit à l'autre bout du fil :
_ Je… Je suis désolée, mademoiselle, mais il me semble que vous ayez annulé votre vol il y a de cela seize heures ?
_ Je… Pardon ? dit Mamori, craignant avoir mal compris ? Non, je n'ai rien annulé du tout je… pourquoi est-ce que j'aurais annulé d'abord ?
_ Parce que j'ai besoin de toi ici, fuckin' rouquine, dit une voix derrière elle.
Mamori ferma doucement les yeux, et se mordit la lèvre en raccrochant au nez de son interlocutrice qui s'était lancée dans de vagues bredouillements incompréhensibles. Et se retourna.
Hiruma la détailla des pieds à la tête, ce qui eut le don de la troubler. Le démon nota deux choses : d'abord, elle portait la robe qu'elle avait mis la dernière fois qu'il l'avait vue, quatre ans plus tôt, lorsqu'ils s'étaient retrouvés tous les deux, avec entre eux l'avocat du divorce. Ensuite, elle avait également pris la précaution de se détourner du lit. Cette pensée le fit ricaner intérieurement.
_ Tu me retiens ici… pour une visite conjugale ? reprit Mamori en haussant les sourcils. Tu sais pourtant que c'est hors de question…
_ Kekeke… Tu aurais dû mettre cette fuckin' alliance, ça aurait été plus crédible avec ton fuckin' déguisement.
_ Pourquoi est-ce que tu te préoccupes tant de cette alliance ? rétorqua Mamori, ne sachant plus quoi dire. Je n'ai plus aucun devoir envers toi.
Hiruma ne répondit pas à sa question, préférant ricaner de nouveau.
_ Oh ? Je crois me rappeler que tu adorais ça à l'époque, fuckin' rouquine.
Mamori ne put s'empêcher de rougir et tourna aussitôt la tête. Alors qu'elle avait tenté d'effacer les souvenirs de son mariage quelques minutes plus tôt à peine voilà déjà qu'il remettait cela sur le tapis. Tout ça, elle le savait, était orchestré dans l'unique but de lui faire perdre ses moyens pour qu'il puisse prendre le contrôle de la situation. Ravalant sa salive, elle répondit :
_ Oui, comme tous les jeunes mariés.
Hiruma s'approcha d'un pas, et elle ne fit pas un mouvement pour lui échapper. A la place, elle se contenta de le fixer avec fierté et dédain.
_ Alors, dit-elle, on en vient à l'essentiel ? Aucun de nous n'aime tourner autour du pot, je crois.
Hiruma lâcha un rire, avant de dire d'une voix sérieuse :
_ J'ai une tâche à te confier.
Mamori fronça les sourcils.
_ Comment ça, quelle genre de… ?
Mais elle n'eut, hélas, pas l'occasion de terminer sa phrase. Car à ce moment, des coups retentirent, la faisant sursauter.
_ Hiruma ! Sors de là ! fit une voix de garde. Sale bâtard. Vous deux, défoncez-moi cette porte !
Choquée par une telle violence, Mamori commença :
_ Qu'est-ce que…
_ Tch…, murmura Hiruma, plus pour lui que pour elle, fuckin' dreadlock et son fuckin' bizutage.
Il s'avança d'un coup vers Mamori qui, apeurée par cette brusque approche, tenta de reculer, mais déjà il lui attrapa les mains.
_ Tu vas avoir besoin de ça, dit-il d'une voix étonnement calme.
_ Mais qu'est ce qui se passe…
Hélas, Mamori n'eut pas le temps d'en dire plus, car déjà le craquement de la porte qui menaçait de céder devenait inquiétant. En jetant un rapide coup d'œil, Hiruma voyait le premier garde qui tentait d'entrer par la porte bloquée par une chaise. Ce dernier l'aperçut.
_ Il est là ! Attendez, je débloque cette putain de porte !
Hiruma soupira, et tourna la tête, tandis que Mamori regardait le garde casser la chaise à coup de matraque.
_ Hiru…
Son ex-mari la prit violemment par la taille des deux mains pour la coller à lui avant de l'embrasser par surprise. Brusquement, il la força à ouvrir la bouche. Cela ne dura que quelques secondes, et Hiruma se sépara d'elle tandis que, dans un ultime sursaut, la porte de la chambre conjugale s'effondrait. Des armes se pointèrent vers eux et Hiruma les regarda d'un air calme. Le chef de la sécurité entra à son tour, avant d'agiter un trousseau de clé et dire d'une voix méprisante :
_ Et bien et bien… Désolé de vous déranger pendant votre petite partie de jambes en l'air, mais il semblerait que tu nous ais caché certaines choses, Hiruma. Comment ça se fait qu'on ait retrouvé ce trousseau de clé qu'a justement perdu Tamaki ce matin collé sous ton bureau ?
Hiruma ne répondit pas, tandis que Mamori le regardait sans comprendre. Tout allait trop vite pour elle, car déjà le chef disait :
_ Conduisez-le en cellule d'isolement, mais fouillez-le avant.
_ Chef, on doit fouiller la fille aussi ? demanda un garde.
Mamori eut la nette impression qu'Hiruma lui avait jeté un bref coup d'œil. Pendant une seconde qui parut interminable, le chef réfléchit, puis lâcha :
_ Non… Ce qui est important, c'est ce qui entre dans cette prison. Emmenez-le, et reconduisez la fille à la sortie.
Mamori s'avança en premier, lançant un regard à Hiruma avant de s'en aller, escorté par un autre garde qui prit soin de rester derrière elle et avoir ainsi tout le loisir d'examiner sa somptueuse silhouette. Hiruma, lui, fut violemment poussé hors de la chambre, et n'eut pas l'occasion de voir son ex-femme lui lancer un dernier regard.
Mamori ne dit rien jusqu'à ce qu'elle fut hors de la prison. De là, elle entra dans la voiture. Musashi l'attendait et dit d'une voix ironique :
_ Eh bien, j'espère que vous avez pris du bon temps. Visite conjugale, à ce qu'on m'a dit ?
Il regarda la jeune femme porter deux doigts à sa bouche fermée qu'elle ouvrit. Elle en retira une chaîne reliée à une clé faisant office de pendentif et la considéra avec étonnement.
_ Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle d'une voix quelque peu craintive.
_ Evidemment, reprit Musashi avec un petit sourire, Hiruma a toujours quelque chose derrière la tête.
Mamori ne répondit pas, se contentant de regarder attentivement la clé. Elle était en or, plutôt moderne, et sur la tête était gravé un symbole représentant une couronne.
_ Est-ce que tu connais cette clé ? demanda-t-elle à Musashi.
_ Je ne l'ai vue qu'une fois, avoua-t-il. Mais…
Il tendit la main et prit entre son pouce et son index la chaîne avant de considérer la clé d'un œil attentif. Puis, il tapa deux coups sur la vitre qui le séparait du chauffeur.
_ A l'aéroport, et réservez moi deux billets pour Osaka. Immédiatement.
_ Osaka ? répéta Mamori.
_ Je reconnais ce symbole. Il s'agit d'une clé de coffre d'une banque. Je crois qu'Hiruma détient un coffre à Osaka. Il faut que tu y ailles.
_ De… Quoi, maintenant ? balbutia Mamori en reprenant la clé. Mais…
_ Si c'est à toi qu'il a donné cette clé, c'est certainement pour que tu puisses récupérer quelque chose d'important, insista Musashi. Sinon, il ne t'aurait jamais fait revenir des Etats-Unis.
La jeune femme fut sur le point de refuser, mais cela serait complètement stupide. Soupirant, et cédant à sa curiosité, elle reporta son attention sur la fenêtre alors que la voiture fonçait à toute allure.
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Hiruma ferma les yeux avant de cracher du sang dans la cuve prévue à cet effet. Fuckin' gardes… après qu'ils soient sortis de la chambre, on l'avait emmené dans une chambre à part. Le chef de la sécurité avait été dépité de ne rien trouver sur lui, et ne s'était pas prié pour passer sa rage en le frappant. Hiruma n'avait rien dit, n'avait pas bronché, sachant que cela ne ferait qu'attiser la fureur du garde. Mais aussi parce qu'il savait qui l'avait piégé en déposant le trousseau volé chez lui.
Agon avait cette philosophie de la vie consistant à soumettre les siens à un incessant bizutage, afin qu'ils prouvent leur loyauté à son égard. Hiruma ne pouvait donc que se taire, attendre que la torture cesse pour lui. Il n'avait pas fait tous ces sacrifices depuis un an pour que ce fuckin' dreadlocks gâche tout.
Dans la cellule d'isolement, tout était noir, et il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre, attendre encore et toujours. Attendre que son plan marche, comme toujours. Un bruit de pas l'alerta, puis une trappe dans la porte coulissa, tandis qu'un plateau était glissé dans la porte.
_ Ton repas, numéro 1. Dépêche-toi de tout manger.
_ Ohé, fuckin' garde, quelle heure il est ?
_ Tu devrais arrêter de jurer, ou je ne viendrais plus te parler. Tu sais, on peut devenir rapidement fou lorsqu'on est seuls, sans aucun contact avec le monde extérieur ?
Hiruma ne répondit pas, se contentant de s'adosser au petit lit de camp, regardant le mur.
_ Il est neuf heures du soir, grommela le garde. A quoi ça va te servir de savoir ça de toute façon ? T'as un train à prendre ?
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Mamori se réveilla en sursaut en sentant les roues de l'avion percuter violemment la piste d'atterrissage. Ce réveil brutal mêlé au manque de sommeil réveilla son mal de tête tandis qu'elle s'étirait à nouveau. Musashi lui avait réservé un siège en classe économique, ce qui n'était pas pour l'arranger. Soupirant, elle attendit que l'appareil se soit arrêté, ainsi que l'exigeait le pilote, et porta la main à son cou, où pendait la clé qu'Hiruma lui avait donné. Que cherchait-il en lui faisant prendre l'avion, d'abord pour venir le voir, et maintenant pour qu'elle aille ouvrir un coffre à Osaka ?
_ Est-ce que tout va bien, Mamori-chan ?
La jeune femme leva les yeux vers celui qui l'avait accompagné. En tant que dirigeant temporaire du gang Deimon en l'absence d'Hiruma, Musashi ne pouvait l'accompagner pour ce voyage, aussi il avait accordé à son bras droit le devoir de prendre soin de l'ex-femme du patron. Mamori connaissait très bien Kurita Ryokan. Malgré ses cicatrices, et sa grande corpulence, le caractère du jeune homme n'avait rien à voir avec celui d'un membre de gang sans pitié. Au contraire, il avait toujours un sourire jusqu'aux oreilles, mais cela ne l'empêchait pas, dans les moments opportuns, de se révéler être un adversaire efficace, voire même impressionnant.
D'une de ses larges mains bronzées, il saisit les bagages de Mamori, avant de lui dire doucement :
_ On y va ?
Rassurée, Mamori lui rendit son sourire, et tout deux descendirent de l'avion. Kurita ne semblait pas se rendre compte que tandis qu'il marchait, il donnait avec les bagages de Mamori de grandes claques à tout le monde. Les plus furieux ouvraient la bouche pour répliquer, mais à la vue des innombrables tatouages du gaillard, préféraient se taire. Un immense camion noir et rouge les attendait sur la piste d'atterrissage même.
_ Le problème avec moi, c'est que je ne me sens pas bien dans les limousines, expliqua vaguement Kurita. Alors, je préfère les camions. C'est beaucoup plus confortable, tu verras.
Confortable… Question de point de vue, objecta Mamori quelques minutes plus tard alors qu'ils filaient à toute allure. Elle était tellement secouée qu'elle était basculée de droite à gauche. Kurita, lui bien immobile, se contentait de manger un petit en-cas rapporté du Japon avec délice. Le trajet dura une bonne demi-heure, et à l'arrivée, la jeune femme descendit, chancelante, du camion.
_ Mamori-chan ? dit Kurita, inquiet. Ca ne va pas ?
_ Je… Si, je vais très bien, dit-elle en clignant des yeux alors que le monde cessait peu à peu de tourner autour d'elle.
_ C'est peut-être le voyage qui te fatigue, fit remarquer Kurita. Est-ce que tu veux un peu de takoyakis ?
Il lui présenta les boulettes de poulpe avec un grand sourire, mais Mamori sentit son estomac tourner, et étouffa un hoquet. Elle préféra détourner la tête, et se trouva nez à nez avec un immense gratte-ciel. Les lettres d'or indiquaient le nom d'une banque, en caractères italique, et couronnées par un symbole identique à celui de la clé de Mamori.
_ Prends ton temps, dit Kurita. J'ai encore pleins de bentô en réserve.
Avec un sourire gêné, Mamori attendit qu'il ait fini de faire coulisser la porte du camion pour entrer dans la banque. Etrangement, elle se sentit dans son élément. D'ordinaire trop sophistiquée où qu'elle allait, Mamori s'aperçut très vite que les femmes qui travaillaient dans cette banque soignaient leur apparence autant qu'elle-même l'avait fait depuis ces quatre ans.
D'un pas sûr, elle s'adressa à l'accueil en anglais :
_ Excusez-moi, j'aimerais que vous me permettiez d'accéder à… ce coffre, s'il vous plaît.
Elle enleva la chaîne de son cou et la tendit à l'hôtesse qui la prit d'une main hésitante avant d'examiner le numéro de série. Pianotant sur son ordinateur, Mamori la vit se raidir, puis se figer avant de lui lancer un regard.
_ Je… Je vous prie de m'excuser un instant, mademoiselle.
De sa main aux ongles vernis de noir, elle décrocha un téléphone et composa un numéro. Après quelques minutes, elle était en pleine conversation avec un interlocuteur, qui lui avait l'air très bavard conformément aux longues poses que faisait la jeune femme. Mamori commençait à s'impatienter quand la femme raccrocha, lui tendit la clé, et dit :
_ Allez au bout du couloir, puis prenez l'ascenseur pour vous rendre au trente-troisième. Quelqu'un va s'occuper de vous.
D'abord sceptique, Mamori obtempéra, et se dirigea vers les ascenseurs fort heureusement vides.
« Qu'est-ce que tu m'as envoyé faire ici, Hiruma… » se demanda-t-elle alors qu'une des cabines dorées l'emmenait dans les hauteurs de l'immeuble.
Un homme d'une quarantaine d'années vêtu de blanc l'accueillit et la fit asseoir dans son bureau.
_ Madame, dit-il, j'imagine que vous savez que vous êtes en possession de la clé d'un coffre-fort qui se trouve sur liste noire.
_ Sur… Sur liste noire ? répéta Mamori.
_ Coffre appartenant à Mr Hiruma Yoichi. C'est votre époux, je présume ?
En temps normal, Mamori avait le réflexe de préciser qu'elle était une femme divorcée. C'était plus fort qu'elle, et déjà elle ouvrait la bouche d'instinct, mais l'homme la coupa à nouveau :
_ Le coffre est protégé par non seulement cette clé, mais également un code.
Les yeux bleus de Mamori s'écarquillèrent. Un code ? Il plaisantait certainement ! Voilà quatre ans qu'elle n'avait pas revu Hiruma, et ce démon s'imaginait qu'elle pourrait le trouver ? Son air sembla faire douter l'homme devant elle, mais déjà Mamori baissait les yeux sur la bague qu'elle portait à son doigt.
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Flash Back
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_ Tch…, murmura Hiruma, plus pour lui que pour elle, fuckin' dreadlock et son fuckin' bizutage.
Il s'avança d'un coup vers Mamori qui, apeurée par cette brusque approche, tenta de reculer, mais déjà il lui attrapa les mains.
_ Tu vas avoir besoin de ça, dit-il d'une voix étonnement calme.
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Fin du Flash Back
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A ce moment là, Mamori était si effrayée et stupéfaite qu'elle n'avait pas senti qu'en plus de lui donner la clé du coffre, Hiruma lui avait également passé au doigt sa propre alliance à lui. Aujourd'hui, elle comprit que s'il l'avait gardée, ce n'était pas pour elle, mais pour Osaka.
« Bien évidemment, pensa-t-elle avec un ricanement intérieur, cet idiot ne fait pas dans le sentimental »
Lentement, elle retira de son doigt l'alliance d'Hiruma et la considéra d'un œil attentif. Simple, en argent, la bague n'avait à priori rien de plus ou de moins que les autres bagues. Mais en regardant à l'intérieur, Mamori vit gravée à l'intérieur une phrase si minuscule qu'elle dut plisser les yeux pour la lire.
« Bienvenue...en...enfer... » lut-elle à voix haute.
L'homme la regarda d'un air perplexe alors qu'elle levait les yeux au ciel. Bien sûr. Hiruma n'aurait jamais laissé à portée de main un mot aussi important. C'était une énigme, qu'elle seule pouvait résoudre.
_ Vous savez, dit l'homme en se levant, l'air impatient, je ne doute pas que vous soyez là pour accéder à ce coffre, mais manifestement, vous ne savez pas le code qui permet d'y accéder.
_ Non, attendez… tenta Mamori.
Mais il n'avait aucunement l'intention de la renvoyer. En lui faisant signe de le suivre, il la conduisit dans une petite salle climatisée où se trouvaient au centre une table en bois et une chaise confortable. Il y avait également des dizaines de rangées de casiers en or plaqué. L'homme lui indiqua celui qui portait le numéro 1.
_ Je vous laisse exactement dix minutes, prévint l'homme en blanc. Il n'y a qu'avec la clé et le code que vous pourrez écrire ce coffre. Si vous n'avez rien trouvé d'ici là, je prierai la sécurité de vous escorter hors d'ici.
Mamori allait faiblement protester qu'elle n'y était pour rien, que ce n'était pas de sa faute, mais déjà la porte se refermait derrière elle. Agacée, elle posa son sac d'un air rageur sur la table avant de se laisser tomber sur la chaise et prendre la tête entre ses mains. Traitant mentalement Hiruma de tous les noms, elle resta comme ça quelques instants, perdant ainsi de précieuses minutes.
Lentement, elle reprit la bague, et lut à nouveau : Là où le temps s'arrête.
_ L'infini, une autre galaxie ? dit-elle avec l'énergie du désespoir.
« Non, calme-toi, se dit elle en relevant ses cheveux dans une pince-crabe. Si Hiruma t'a donné cette clé, c'est qu'il savait que tu pouvais trouver le code. Concentre-toi, et mets-toi à sa place. Réfléchis »
Mamori enfouit sa tête dans ses mains et ferma les yeux. Elle se mit à réfléchir, à réfléchir, et à force se mit à se souvenir.
Bienvenue en enfer...
En enfer...
L'enfer...
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Flash Back
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Mamori gémit en s'étirant et se mit à s'agiter sous les draps écrus.
_ Quelle heure est-il ? demanda-t-elle d'une voix pâteuse.
_ Tch… quelle importance, Fuckin'femme.
La jeune femme tourna sa tête ébouriffée vers Hiruma qui, assis sur le lit, pianotait sur son ordinateur. Posant sa main sur son bras nu musclé, elle le taquina :
_ Je te signale que tu as failli écraser mon PDA lorsque j'ai voulu travailler, hier. Qu'est ce qui te dis que je n'en ferais pas de même ?
Il ne répondit pas, et continua de pianoter. Tranquillement, Mamori posa sa main à plat, et ferma l'ordinateur, suscitant, comme elle s'y attendait, l'irritation de son mari.
_ Mais t'es vraiment une fuckin' rouquine ! gueula-t-il excédée. La prochaine fois que…
Capricieuse, Mamori, se redressa, et grimpa sur les genoux d'Hiruma avant de lui donner un baiser semblable à ceux qu'il lui avait donnés quelques minutes plus tôt.
_ Quelle importance, le travail et l'heure de toute manière ? dit-elle à voix basse.
Elle enfouit sa tête dans le cou de son mari et entreprit de lui laisser de petits baisers humides. Lentement, les mains du jeune homme s'emparer de sa taille, et elle sentit plus qu'elle ne vit son sourire sadique.
_ Tch…Qui aurait cru que tu puisses être comme ça…
Mamori ne répondit pas, et le laissa la plaquer sur le lit.
Fin du Flash Back
Notes:
J'ai changé l'énigme initiale que j'ai postée en 2014 parce que ça me semblait trop niais en fait xD
Chapter 4: Chapitre 4
Chapter Text
Derrière les barreaux de sa cellule, Agon regarda pour la énième fois la montre qu'il gardait dans sa poche. Déjà si tard… qu'est-ce qu'ils foutaient, bon sang ? Les prisonniers dormaient tous, mais déjà trois gardes entraient et longeaient les couloirs.
_ Réveillez-vous les filles, ronde de nuit. Sortez vos minois de sous les couvertures.
Agon s'assit sur son lit, alors que retentissaient des grognements et des insultes des prisonniers qui détestaient être éveillés en plein milieu de la nuit. Le dreadlocks consulta sa montre une énième fois, avant que les trois gardes ne parviennent à sa hauteur.
_ Où est ton co-détenu, numéro 2 ?
L'homme ne répondit pas, et mit ses lunettes avant de sourire.
_ Eh ! Agon ! reprit le garde. On t'a posé une question ! Où est ton co-détenu ?
_ Qu'est ce que j'en sais moi ? répliqua Agon, c'est pas à moi de faire votre boulot il me semble !
_ Qu'est ce qu'il a dit, celui-là ?!
_ On le sort d'ici !
Un gardien tourna une clé dans la serrure avant de se saisir de l'homme qui s'agita. Un autre se jeta sur lui, et à deux, ils lui mirent les menottes et parvinrent à l'immobiliser.
_ Vous faites quoi là ? reprit le troisième.
_ Finis la ronde, dit le premier. Nous, on va emmener celui-là faire un tour.
Sans attendre la réponse de leur collègue, ils entraînèrent le prisonnier hors de la salle, dans le couloir des gardes. Puis… ils le lâchèrent.
_ Pfff, vous n'êtes que des incapables, grogna Agon alors qu'on lui défaisait ses menottes. Vous avez un jour de retard !
Il saisit le bras d'Asuka qui l'avait libéré et le tordit.
_ A quoi ça te sert d'avoir tes tatouages si tu n'es pas foutu de respecter le chef de ton gang ?
_ Désolé, patron, gémit Asuka, je ne voulais pas… c'est juste qu'on a été légèrement retardé. Le temps de trafiquer les caméras et...et tout ça.
Agon maintint sa prise pendant quelques secondes, savourant le plaisir de voir son sous-fifre suffoquer, puis finit par le lâcher brusquement.
_ Qu'en est-il de ce bâtard d'Hiruma ?
_ Il n'a pas parlé, répondit l'autre aussitôt. Il est dans la première cellule d'isolement. Tatsumi est allé le chercher
_ Menotte-moi, ordonna Agon avant d'entrer dans un débarras. Et amenez-le à l'entrée. Dépêchez-vous.
A ce même moment, Tatsumi revint, avec Hiruma. Même dans sa maudite tenue de prisonnier, le démon était impressionnant.
_ Nous n'avons pas beaucoup de temps, compléta Agon. L'alarme va bientôt donner, et la ronde de nuit va bientôt se terminer.
_ KeKeKe, tu perdrais vite ton influence, fuckin' dreadlocks.
_ Patron, bredouilla Tatsumi. On a deux minutes pour sortir avant que les gardes d'entrée et le chef se rendent compte qu'on a changé les codes. La camionnette de police nous attend dans le parking au sous-sol.
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_ H… A…D…E…S, tapa Mamori sur le moniteur avant d'y introduire la clé.
Le Hadès était le nom qu'Hiruma avait donné à l'île qu'il avait achetée. Il n'y emmenait jamais personne, et elle était la première personne qu'il avait autorisé à fouler ce paradis de sable blanc juste après leur mariage. Rougissant, Mamori songea qu'elle avait à la suite de son divorce tout fait pour oublier cette île, symbolisant désormais leur nid d'amour.
Ses pensées s'évanouirent lorsqu'une série de cliquetis lui annonça que le coffre était ouvert. Lentement, elle y vit une boîte qu'elle prit avant de poser sur la table.
Le cœur battant, elle hésita, puis l'ouvrit.
L'intérieur n'avait rien de très intéressant au premier abord, mais Mamori retira avec précaution tout ce qui était dans le casier. Il y avait un révolver en or qu'elle posa à côté avec dégoût, deux téléphones portables –chose étonnante puisqu'elle se souvenait qu'Hiruma en avait des centaines- une chevalière en or blanc sertie d'une pierre noire, et également… le carnet de chantage.
Sceptique, Mamori retira le petit carnet. Hiruma avait toujours obtenu ce qu'il voulait par l'intermédiaire de ce petit carnet. Aurait-elle le courage de l'ouvrir ? Sa curiosité fut anéantie par son dégoût. Non… c'était les méthodes d'Hiruma, pas les siennes. Soupirant, elle déposa le carnet à côté.
Le révolver en or, les téléphones, la chevalière et le carnet de chantage.
Qu'est ce qu'Hiruma cherchait à lui dire ? Il voulait qu'elle lui rapporte toutes ces choses, sachant qu'il était en prison ?
Elle ne put aller plus loin dans ses réflexions parce que déjà la lumière blanche devint tout à coup rouge, et une alarme retentit. Mamori se leva d'un bond, cherchant à comprendre ce qu'il se passait encore, quand une voix de femme se fit entendre :
_ Votre attention, s'il vous plaît, toute personne est priée de quitter le bâtiment immédiatement.
La jolie rousse hésita, puis fourra les affaires d'Hiruma dans son sac avant de quitter en coup de vent la petite salle. Les employés autour d'elle couraient dans tous les sens, paniqués, criant dans le dialecte d'Osaka. Elle tendit l'oreille et les mots qu'elle perçut firent naître des sueurs froides dans son dos.
_ Alerte à la bombe !
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La camionnette roulait les phares éteints et finit par s'arrêter en rase-campagne, où la voiture noire qui les attendait se fondait parfaitement dans le paysage.
_ Ah, soupira Agon en se laissant enfin tomber sur la banquette de cuir de la voiture. Tu n'aurais pas pu débarquer d'Amérique un peu plus tôt ?
Kongo Unsui le regarda avec dédain, avant de dire d'une voix dure :
_ Excuse-moi de ne pas être tout le temps là pour réparer tes bêtises.
Il leva les yeux vers Hiruma qui entrait à son tour dans la voiture tandis que Tatsumi et Asuka, les deux membres de gang qui les avaient libérés, prenaient place l'un au volant, l'autre au côté passager.
_ Qui c'est, lui ?
_ Hn… Hiruma Yoichi, dit Agon en allumant une cigarette.
_ Le chef de Deimon ? dit Unsui en clignant des yeux. Tu es fou d'attirer l'ennemi hors de…
_ Pas de problème, frérot, répliqua Agon. Il peut nous être utile.
Mais l'argument ne sembla pas convaincre Unsui, qui regardait Hiruma d'un air suspicieux. Le démon dit vivement :
_ Bah alors, fuckin' chauve ? T'as peur de moi ?
Unsui ne dit plus rien, et reporta son attention sur le paysage sans grand intérêt puisqu'il n'y avait pas âme qui vive. Son père avait confié la gestion du gang à Agon, le fils prodige qui ne faisait rien pour gérer les affaires importantes. Mais son frère était bien trop immature, et sa vie dissolue n'allait certainement pas arranger les choses. Il décida qu'il agirait…
_ Bienvenue dans la famille des Nagas, Hiruma, dit tranquillement Agon en exhalant un nuage de fumée.
… car la première chose à faire était de surveiller Hiruma Yoichi de près.
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Mamori n'hésita pas et s'engouffra dans un ascenseur rempli. Serrant son sac contre sa poitrine, elle semblait figée, et tenta à grand-peine de comprendre ce qu'on se disait :
_ On ne sait pas pourquoi, c'est peut-être quelqu'un qui a dû déclencher accidentellement l'alarme.
_ Ne t'inquiète pas, répondit quelqu'un, le problème va bientôt être réglé.
Mamori ne répondit pas et remarqua que tout le monde, selon les instructions de l'entreprise, descendait dans le hall. Son portable se mit soudain à vibrer dans sa poche. Elle fut surprise de voir que même dans la cabine la communication pouvait passer.
_ Allô ? murmura-t-elle d'une voix étouffée.
_ Où es-tu ? fit la voix de Musashi. Kurita m'a appelé paniqué pour me dire qu'il y avait une alerte à la bombe ! Quelqu'un vous menace ?
_ Je… je suis encore à la banque. Ce n'est apparemment qu'une erreur, tout va bien, je descends avec tout le monde dans le hall par l'ascenseur et…
_ Ne fais pas ça ! Sors tout de suite de l'ascenseur ! Maintenant !
Le ton impérieux était si impressionnant que Mamori s'exécuta en appuyant sur le bouton de l'étage. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, à la plus grande exaspération des occupants, irrités et paniqués de se voir ainsi perdre du temps. Gênée, Mamori s'inclina en signe d'excuse, mais une femme de toute évidence paranoïaque lui rétorqua sèchement :
_ Vos excuses ne serviront à rien s'il y a réellement une bombe.
Et les portes de l'ascenseur se refermèrent.
_ Prends les escaliers de secours, indiqua Musashi. Et descends jusqu'au dernier sous-sol.
_ Qu'est-ce qui se passe ? demanda Mamori en ouvrant les portes les unes après les autres.
_ Kurita va t'attendre derrière la banque, dehors. Essaie d'éviter de te faire voir, et surtout, quoiqu'il arrive, ne suis personne, même s'il te dit être de la sécurité.
Mamori hocha la tête en tremblant, contente que Musashi ne puisse pas la voir dans cet état de stress, et descendit les escaliers. Ses chaussures furent un handicap, aussi les enleva-t-elle afin de descendre les escaliers plus rapidement.
_ Ce ne serait pas plus simple de laisser la police régler cette affaire ? hasarda-t-elle, le souffle court.
_ Tu n'as donc rien compris, soupira Musashi. L'homme qui a déclenché l'alarme est sûrement un membre de gang. Il est venu te chercher. Il cherche sûrement à avoir accès au contenu du coffre d'Hiruma.
Mamori s'immobilisa, choquée par cette révélation. Elle ne remarqua même pas qu'elle lâchait ses chaussures qui tombèrent avec un bruit qui résonna dans toute la cage d'escalier.
_ Qu… Quoi, comment ça ? Il ne serait quand même pas venu jusqu'ici…
_ Pour une femme qui a été mariée à un chef de gang, tu n'es pas très futée.
Mamori ne répondit pas, se contentant de pincer les lèvres. Hiruma n'avait rien fait pour l'éloigner de son monde, mais elle non plus n'avait rien fait pour l'intégrer. Toutefois, elle avait bénéficié d'une protection spéciale, en cas d'attaque surprise des gangs adverses.
_ Ils doivent venir des Dinosaurs ou du gang Nagas, reprit Musashi, un gang très proche de la police. Il se fait passer pour un garde de la sécurité, et attend de te trouver, te capturer et disparaître. Voilà pourquoi tu dois te tirer d'ici au plus vite.
L'ex-femme d'Hiruma ferma les yeux deux minutes, avant d'inspirer. Elle n'avait aucune envie d'être impliquée dans quelque sombres affaires. Reprenant sa course, elle arriva à bout de souffle dans les sous-sols de la banque. Les allées sombres éclairées par une lumière crue lui firent cligner des yeux tandis qu'elle cherchait des yeux le camion noir de Kurita. Il n'y avait aucun bruit, chose complètement paradoxale quand on savait comment ça se passait quelques mètres au-dessus. Un bruit de voitures la fit se retourner, et elle vit avec soulagement le camion foncer vers elle. Mais au même moment, un autre camion sortit de l'ombre, et la porte latérale coulissa, laissant voir trois gangsters munis de révolvers.
_ Attention ! hurla Kurita d'une voix apeurée à travers la portière.
Le camion des Devil Bats dérapa et percuta celui du gang adverse avec tant de violence que celui-ci partit s'écraser sur le mur. Choquée au premier abord, Mamori ne réagit pas, même quand Kurita ouvrit la portière dans un fracas pour l'enjoindre à grimper dans la camionnette. La jolie rousse courut au véhicule, quelque peu gênée par sa jupe droite, quand un des Nagas cria :
_ Meurs, Kurita !
Mamori se retourna et le vit pointer un révolver sur Kurita. Mue par un instinct qu'elle ne saurait expliquer, elle sortit de son sac le révolver en or d'Hiruma et le pointa sur le Naga avant d'appuyer sur la détente. Elle ne cherchait pas à le tuer, mais seulement à dévier la trajectoire du révolver, ou simplement lui faire peur. Fort heureusement, en fréquentant Hiruma, elle avait appris à manipuler des armes. Mais son bras tremblait tellement qu'elle manqua le révolver de son adversaire. La balle se ficha dans le mur.
Toutefois, le tir fit que l'homme se baissa, ce qui laissa à Mamori le temps de monter dans le camion blindé et de refermer la portière. Celui-ci se tourna de tous les côtés, le révolver brandi, sachant à savoir d'où venait ce tir et qui en était l'auteur.
Mais les Devil Bats étaient déjà sortis en trombe des parkings souterrains de la banque, et divers objets du camion volèrent de ci de là. Mamori regardait le révolver qu'elle tenait dans les mains avant de le lâcher, comme ci elle avait été brûlée. Kurita le ramassa précautionneusement.
_ Mamori-chan…
_ Merci, Kurita-kun, dit Mamori en se redressant. Mais je crois que je ne ferais pas ça tous les jours…
En soupirant, elle s'installa, et ne dit plus rien jusqu'à l'aéroport, trop choquée par les récents évènements. A peine avait-elle revu Hiruma qu'il arrivait déjà à contrarier ses plans, détruire sa douce routine et lui en faire voir de toutes les couleurs. Elle se promit de l'étrangler dès qu'elle le reverrait.
Elle bénit presque le camion qui s'arrêta, et fut la première à sortir du camion.
_ Je crois bien que les camions ne sont pas faits pour moi, dit-elle d'une voix pâteuse en chancelant.
_ Tu m'as sauvé la vie, dit Kurita d'une voix lente.
Mamori eut un sourire qui prit plus l'apparence d'une grimace, son teint cadavérique n'étant pas des plus rassurants.
_ « Sauvé la vie », c'est une formule un peu exagérée, dit-elle maladroitement. Est-ce qu'ils ne vont pas nous poursuivre ? ajouta-t-elle, inquiète.
Kurita secoua la tête, un grand sourire aux lèvres.
_ Ici, à Osaka, nous sommes sur le territoire des Teikoku, et ils sont jumelés avec nous. Nous avons le droit de venir ici, contrairement aux Nagas. Je pense que Takeru a déjà envoyé des troupes chasser les Nagas.
Mamori ne comprenait rien à ce qu'il racontait, mais n'osa pas lui demander quoi que ce soit. Déjà le camion freinait en dérapant. Elle regarda le jet qui les attendait. Kurita parut se réveiller, et mit d'une main les bagages de Mamori dans le coffre.
_ Musashi a demandé à Karin de nous dépêcher un jet, dit-il d'une voix gênée, apparemment, vu ce qu'on a récupéré à la banque, il vaudrait mieux ne pas être constamment dérangé par les autres dans l'avion. Je pense que si les Nagas nous ont suivi jusqu'ici, ils pourraient même tenter quelque chose dans l'avion.
La jeune femme haussa les sourcils, ne comprenant toujours rien, mais apparemment, il n'était plus l'heure de discuter. Elle accueillit cependant cette nouvelle avec joie, peu disposée à profiter d'un autre moyen de transport inconfortable
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Chapter 5: Chapitre 5
Chapter Text
Hiruma mâchait son chewing-gum inlassablement tandis que la fumée de cigarettes de ses comparses lui parvenait aux narines. Suite à leur évasion, Unsui n'avait pas voulu qu'ils aillent dans leur repaire secret avec ce « passager clandestin » à bord, aussi Agon avait sous la pression dû reconnaître qu'Hiruma devait également faire ses preuves. Il lui avait donc attribué la place en haut d'un gratte-ciel, dans une chambre d'hôtel dont les vitres teintées donnaient sur toute la partie de Tokyo appartenant aux Nagas.
Debout derrière le bureau dans son costume noir, Hiruma réfléchissait, en regardant la ville. Au loin, la côte maritime était contrôlée par les Kyôshins, et à l'est, la partie blanche et très huppée d'Ojo. Il ne pouvait voir le reste, mais il savait qu'ensuite, se trouvait au Sud la partie des Cameleons et Dokubari Scorpions et enfin la partie encore instable de Deimon. Les yeux verts d'Hiruma bifurquèrent brièvement sur le côté avant de se fermer tandis qu'un mini-sourire étirait ses lèvres.
A ce moment, la porte s'ouvrit. Les exclamations des gangsters confirmèrent l'arrivée d'Agon, qui s'avança vers Hiruma. Celui-ci ne daigna pas se retourner.
_ Alors ? Qu'est-ce que tu comptes faire ?
_ Qu'est-ce que les gens de notre genre font, à ton avis, fuckin' dreadlocks ? répliqua Hiruma avec son éternel sourire sadique.
_ Nous voulons étendre notre territoire, dit Agon en s'avançant vers lui pour regarder la vue. Selon mon frère, tu ne nous sers à rien… mais le gang Deimon resplendissait quand tu y étais. On pourrait se servir de ton influence pour envahir Deimon et…
_ Ke ke ke, tu es fou, fuckin' dreadlocks ?
Agon se tourna vers lui, un sourire cruel sur les lèvres.
_ Ne me dis pas que tu es nostalgique à l'idée que ton gang va être exterminé ?
_ Deimon a beaucoup d'alliances et de liens avec les autres gangs, posa Hiruma, Si nous envahissons Deimon, Nagas sera envahi de toute part.
Agon, qui ne savait rien des affaires de Deimon, ne put rien répondre, si ce n'est que grogner avec humeur.
_ Alors ? grinça-t-il avec impatience. Qu'est-ce qu'on fait ?
_ Il faut d'abord envahir les fuckin' gangs qui ne sont pas alliés officiellement. Ojo, Taiyou, ou encore Deers…
Hiruma entendit le rire gras d'Agon.
_ Je n'ai jamais compris pourquoi tu t'es retrouvé dans une prison minable, même si tu n'es qu'un sale bâtard, tu restes un stratège hors norme.
Le démon blond ne répondit pas.
_ Une nouvelle cargaison d'armes doit arriver par Kyôshin dans quelques jours, dit Agon à ses comparses. Ca laisse le temps de réunir l'argent pour les taxes et payer pour les recevoir.
Ils obtempérèrent sans hésiter. Quant à Agon, il attendit un peu avant de lâcher :
_ Quand nous détiendrons la ville, je ferais en sorte que tu diriges toi-même les opérations quant à l'envahissement de Deimon. Après tout, maintenant qu'ils n'ont plus de chef, ce sera un jeu d'enfants.
_ … Ke ke ke ke…, ricana Hiruma, le regard dans le vide, un jeu d'enfants.
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_ Moi ?! Mais il doit y avoir une erreur !
_ Je crains bien que non, c'est même tout à fait logique…
Mamori fulminait, les yeux exorbités. Pour se calmer, elle commença à faire les cent pas, usant encore et encore le tapis rouge du repaire. Elle finit par s'arrêter devant Musashi, parfaitement calme, avant de dire d'une voix aigüe :
_ Moi, Anezaki Mamori, chef du gang Deimon ? Ce n'est pas un peu trop tiré par les cheveux ?
Le gangster haussa les épaules en soupirant.
_ Je ne peux pas diriger le gang, dit Mamori, je n'y connais absolument rien ! Et je ne veux pas !
_ Hiruma t'a donné la chevalière de Doburoku, et tout ce qui comptait le plus pour lui, répondit Musashi en regardant le bijou qu'elle avait posé sur la table basse à côté des téléphones portables, du revolver en or et du carnet de chantage. C'est donc toi qui dois diriger le gang.
Mamori prit la bague brusquement et la lui tendit :
_ Dans ce cas, tiens, je te fais chef du gang.
Musashi leva les mains et secoua la tête :
_ C'est impossible, dit-il. Les règles sont claires : le pouvoir au sein du gang se transmet de générations en générations. Hiruma n'ayant pas de fils, il est normal que la succession de son gang revienne à sa femme.
_ Ex-femme, rectifia Mamori d'une voix sèche, et étant donné que je ne suis officiellement plus de sa famille, je ne vois pas en quoi je devrais diriger ce gang.
_ C'est la décision d'Hiruma, dit Musashi. Cependant, ajouta-t-il pour l'empêcher de parler à nouveau, l'heure n'est plus au débat. N'as-tu pas compris ? Pourquoi Hiruma t'aurait choisie toi pour te mettre à la tête d'un gang ? Parce qu'il sait que tu as le pouvoir de le remettre sur pied. Je ne sais pas quels sont ses plans, mais tu devrais lui faire confiance.
Lui faire confiance ? Ça c'était la meilleure, pensa intérieurement Mamori. Elle avait fait confiance à Hiruma. Ca s'était terminé dans un divorce qui avait été difficile pour elle. Secouant la tête, elle se laissa tomber dans un canapé d'un air désespéré en disant :
_ Pourquoi m'aurait-il choisie ? J'ai toujours été éloignée de ce monde, je n'y connais rien, je ne ferais qu'emmener le gang à sa perte.
A ce moment, deux personnes entrèrent dans la pièce, et se figèrent.
_ Ma…Mamori ?
_ Mamori !
Sena Kobayakawa et Raimon Tarou, plus communément appelé Monta. Deux voyous qui, là encore, n'avaient rien pour représenter le profil. Petits, ils avaient l'avantage d'être passe-partout, et présentaient donc le profil idéal pour infiltrer clandestinement les gangs ennemis. Mamori leur adressa un pâle sourire, tandis qu'ils s'asseyaient en face d'elle.
_ Alors comme ça c'est toi notre nouvelle patronne ?
_ Je ne suis pas la nouvelle patronne, répondit Mamori avec aplomb. Je serais bien incapable de faire ça. Vous ne vous rendez pas compte ? Nous irons droit dans le mur si c'est moi qui dirige.
Elle eut mal au cœur en voyant les sourires de ses compagnons s'affaisser en une moue de déception. Musashi ne la quittait pas du regard, guettant sa moindre réaction.
_ Sans chef depuis un an, le gang va mal, commença-t-il, et je n'ai ni le pouvoir, ni l'influence nécessaire pour faire pression auprès des autres gangs, contrairement à Hiruma. Nous avons une chance de refaire surface. Serais-tu complètement sereine en retournant aux Etats-Unis en sachant que tu nous as tous condamné à une mort certaine ?
_ Et bien…, commença la jeune femme, mal à l'aise, pas vraiment… mais...
En réalité, ce n'était pas cela qui la dérangeait le plus, mais c'était Hiruma. Depuis son divorce, Mamori ne faisait plus confiance aux hommes, et encore moins à son ex-mari.
_ Nous sommes là pour t'aider, Mamori-chan, dit Kurita en s'avançant vers elle, tout sourire. Même si tu ne fais pas confiance à Hiruma, tu connais tous ceux qui sont sous ses ordres. Tu nous fais confiance, n'est-ce pas ?
Mamori pinça les lèvres. Oui, elle faisait certainement plus confiance à ses vieux amis qu'à Hiruma, mais diriger un gang demandait de la stratégie, du panache, et une certaine personnalité qu'elle était loin d'avoir. Musashi parut deviner ses pensées, et lâcha un sourire. Le remarquant, elle tourna la tête dans sa direction.
_ Il te connait vraiment bien, fit-il remarquer.
_ Qu'est-ce que j'y gagne, moi ? demanda Mamori.
_ La sécurité, répondit aussitôt Musashi. Bien que Nagas ne t'aient pas vu à Osaka, ils doivent certainement rechercher toutes les personnes susceptibles d'être proches d'Hiruma. Nous avons déjà bidouillé le système grâce aux Nasa Aliens. Selon les sources officielles, tu accompagnes ton patron à plusieurs visites d'entreprises au Japon.
_ Quoi ? Mais…. Je n'ai pas encore dit oui !
Mamori était furieuse. Cela lui rappelait l'époque où Hiruma régulait toute sa vie « parce qu'il était sur une affaire importante ».
_ Si tu n'avais pas rejoint le gang, les hommes de Naga t'auraient rejointe aux Etats-Unis pour avoir un moyen de pression sur Hiruma, objecta Musashi. La situation est bien plus compliquée que tu ne sembles le croire.
Mais Mamori comprenait parfaitement la situation. Elle était en danger à cause d'Hiruma ! Quelle idée d'aller épouser un membre de gang !
_ Je n'ai pas l'intention de rester cloîtrée ici, rétorqua-t-elle.
_ On ne te le demande pas. Cela veut dire que tu n'existes plus au Japon, tu es libre de circuler où tu le souhaites. A condition de faire disparaître au moins ces cheveux rouges.
La jeune rousse grimaça. C'était un peu exagéré, tout cela. Mais elle savait qu'il disait vrai. Hiruma avait été maintes fois en danger, du peu qu'elle avait entendu, voilà pourquoi il avait souvent insisté pour être en déplacement, s'éloignant d'elle de plus en plus. C'était certainement cette lutte pour la survie qui avait fait de lui un si piètre mari…
_ Si j'accepte, commença-t-elle lentement, allez-vous m'aider ?
Musashi sourit lentement, avant de se lever.
_ Nous allons devoir te mettre au courant des nombreuses affaires du gang. Je crois que tu as deviné que depuis bien longtemps, déjà, Deimon est en péril. Il te faut le sauver.
Mamori leva les yeux au ciel. Les Deimons appelaient au miracle. Quel cliché ! Comme-ci elle pouvait faire une chose pareille !
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Cinq jours plus tard.
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_ Comment se passe les négociations ?
_ Très bien, Anezaki-sama.
_ Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.
_ Pardon. Zokugaku Cameleons s'est rapidement allié à nous. Heureusement, nous avons gardé de bonnes relations. Nous leur laissons le libre arbitre quant à la circulation d'armes blanches au sein de leurs gangs… Le taux de criminalité risque d'augmenter, non ?
Musashi regarda la jeune femme qui était à demi distraite par la vue devant elle. En moins d'une semaine, elle était complètement transformée, telle qu'il l'avait imaginé. La parfaite chef d'un gang. Vêtue d'un tailleur noir sobre, les cheveux rassemblés en un chignon en quatre épingles. Sur le bureau trônait une paire de lunettes et une tête de mannequin surmontée d'une perruque noire qu'elle utilisait lors de ses rendez-vous professionnels.
A ses pieds, Cerberus ronflait bruyamment.
Elle avait refusé de se faire tatouer, et il l'avait laissée faire. Elle finit par répondre d'une voix blanche :
_ Le taux de criminalité ne changera pas, les tentatives pour réguler le gang ont échoué par le passé. Zokugaku n'est, de toute manière que le terrain de bataille et de négociations. Les quartiers résidentiels sont dans le quartier de Seibu. Cameleons n'a que des entrepôts, il est presque désert, n'est-ce pas ?
Musashi hocha la tête et posa une mallette remplie de yens sur le bureau.
_ Cinq cents millions de yens. Je croyais que les comptes du gang étaient vides. Comment…
La jeune femme ne répondit pas à sa question laissée en suspens.
_ Demandez à Seibu qu'ils nous fournissent les meilleures armes à feu possibles.
_ Les armes ? Avons-nous quelque chose à craindre ?
_ Certainement l'avancée de Nagas, d'après ce que je vois. Comment se portent les autres gangs ?
Musashi la regarda. C'était une interrogation quant à la progression de son ex-mari.
_ Monta a infiltré Nagas hier. Selon lui, une nouvelle cargaison d'armes doit arriver bientôt par Kyôshin pour Agon. J'ai entendu dire également qu'ils projetteraient d'envahir Ojo mais je crois que ce n'est qu'une rumeur.
Mamori se retourna vivement.
_ Ojo ? Mais… Koharu…
Koharu Wakana était la compagne du chef du gang d'Ojo, et l'une de leurs managers principale. Contrairement à Hiruma, Takami Ichirô, son mari avait accepté d'intégrer sa moitié au monde des gangs, non sans la mettre constamment sous protection d'une bonne dizaine de gardes du corps. Koharu avait souvent aidé Mamori lors de son mariage, lui faisant comprendre ce qu'Hiruma ne voulait pas lui dire. Elle était, depuis bien longtemps, une grande amie et une confidente.
_ Qu'est ce qui va se passer ?
_ Je ne sais pas, rien n'est sûr pour le moment. Mais nous ne sommes pas officiellement alliés à Ojo, donc techniquement, nous n'avons pas de raison d'intervenir.
_ Pas de raison ? répéta Mamori, abasourdie. On parle tout de même d'Ojo. Une grande partie de la richesse de Tokyo est incorporée dans…
Elle s'interrompit. Musashi l'avait déjà mise en garde. Dans le monde des gangs, il y avait souvent peu de place pour les sentiments. Il fallait toujours agir en pesant le bénéfice qu'on pourrait en tirer. Et Deimon n'étant pas officiellement alliée à Ojo, il n'y avait donc rien à en tirer. Nagas pouvait tout à fait envahir Ojo sans susciter l'intervention de Deimon.
_ Je doute qu'Agon ait trouvé cette idée tout seul, avança Musashi. Après tout, il n'aurait eu qu'une envie dès sa sortie, ce serait s'approprier Deimon.
Mamori se doutait bien qu'Hiruma n'était pas innocent dans cette affaire. Elle ne savait pas ce qu'il avait en tête, mais une chose était sure, c'était que Deimon ne pourrait tenir bien longtemps contre Nagas dans son état actuel. Il fallait réagir et vite.
_ Envoyez tous nos espions infiltrer les gangs ennemis, je veux qu'on soit prévenu de la moindre attaque, dit-elle. Que nos membres surveillent Kyôshin et m'informent de l'arrivée des armes des Nagas.
_ Qu'est-ce que vous comptez faire, Anezaki-san ?
La jeune femme serra les poings.
_ Nous allons intercepter ces armes, quitte à faire entrer Deimon et Nagas en guerre… Autant accélérer les choses, tant que nos alliances sont en bonne voie, et que Nagas croit encore notre gang faible.
Chapter 6: Chapitre 6
Chapter Text
_ Tu es sûr de ce que tu dis ? marmonna Unsui en serrant imperceptiblement le journal du matin qu'il était en train de lire.
Assis sur le canapé d'en face, les doigts croisés, Ikkyu baissa la tête et considéra la longue mallette où était rangé son fusil sniper.
_ Certain. J'ai vu Deimon circuler librement dans les territoires des Caméléons et de Kyôshin. Ils sembleraient qu'ils parlaient d'accords à passer.
Agon leva le menton pour exhaler négligemment la fumée de sa bouche. Unsui le regard d'un air de mépris qu'il ignora royalement.
_ Il semblerait que Deimon ait à nouveau un chef, lança l'aîné des Kongô d'une voix aigre. Juste à la sortie de prison d'Hiruma, quel heureux hasard !
Ikkyu se leva et prit sa mallette en disant :
_ Je vais avertir les autres pour qu'ils fassent de plus amples recherches sur ce nouveau chef. Personne ne l'a encore vu, et comme nous ne sommes pas autorisés à entrer sur les territoires voisins, il est difficile de collecter des informations.
_ C'est pas une nouvelle ça, répondit Unsui. Appelez-nous dès que vous avez quelque chose.
Ikkyu sortit et Agon soupira.
_ Il faudrait demander à ce bâtard d'Hiruma, dit-il en rigolant.
_ Tu lui fais encore confiance après ça ?! rétorqua son frère, ulcéré.
_ Et bien, de toute manière, il aura bien intérêt à nous donner une explication, rétorqua Agon en se levant brusquement.
Il attrapa sa veste et sortit en trombe de la pièce. Unsui poussa un long soupir.
_ Un nouveau chef, hein…
Hiruma fit une bulle avec son chewing-gum alors qu'Agon le rejoignait, les yeux fixés sur son nouvel acolyte.
_ Oui, nos espions essaient de rassembler le maximum d'informations sur ce nouvel arrivant. Une petite piste à nous donner peut-être ? A moins que tu ne préfères me donner directement son nom.
L'ancien chef de Deimon ricana avant de dire.
_ Ce fuckin'nabot n'est pas le problème majeur.
Agon haussa les sourcils. Essayait-il de gagner du temps ? Le blond s'expliqua toutefois :
_ Si Deimon a déjà renoué des alliances avec les Caméléons en plus de Seibu, ils seront parés au niveau armement. S'ils prennent Kyôshin aussi, ils pourront surveiller tout ce que nous faisons importer. En tant que gang ennemi, c'est plutôt problématique. Si c'est le cas, Kyôshin renforcera la sécurité et les infiltrations dans le port seront beaucoup plus difficiles.
Agon eut un rictus. Il n'était pas très futé, et donc il se méfiait du stratège qu'il avait en face de lui. Mais d'un autre côté, Nagas n'avait jamais entretenu de bonnes relations, surtout avec Kyôshin depuis que l'un de leur leader, Mizumashi, avait été victime d'une embuscade orchestré par Agon lui-même.
Le chef des Kyôshin, Kakei, ne leur avait jamais pardonné cet affront. Aussi la mer leur était initialement interdite, ce qui a obligé le leader des Nagas à déployer des espions dans tout le secteur pour espérer récolter les importations qui lui étaient destinées. Souvent soldées en échec.
_ Qu'est-ce que tu proposes dans ce cas ?
_ Rien.
Agon cligna des paupières.
_ RIEN ?! répéta-t-il. Tu me prends pour une tapette ?!
_ Si on attaque directement, ils sauront que nous les considérons comme nos ennemis. Il faut savoir attaquer dans l'ombre. Ils ne pourront rien faire contre nous sans preuves.
Le leader des Nagas tira nerveusement sur sa cigarette et souffla la fumée à grands bruits. De toute évidence, cette situation ne lui convenait guère. Il se tourna vers Hiruma, et marmonna :
_ Très bien. Mais en attendant, je ferais bien d'envoyer quelques espions à Deimon faire quelques recherches supplémentaires sur ce nouveau chef. Et crois-moi quand je l'aurais sous la main, je l'écraserai, lui et toute la vermine qui l'accompagne en même temps.
Il accompagna sa tirade d'un énorme coup de poing dans la vitre. Comme ils étaient en haut d'un building, le verre était très résistant, mais le coup fut tellement fort qu'il fit trembler les autres vitres. Hiruma ne broncha pas, et continua à regarder la vue en formant une nouvelle bulle de chewing-gum. Lorsque la porte se referma dans un fracas, il daigna tourner légèrement la tête vers l'entrée où Agon avait disparu.
_ Tch…, lâcha-t-il.
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Raimon Tarou sautillait sur place pour se réchauffer. Les nuits à Kyôshin étaient glacées, et le vent salé de la mer lui donnait envie d'éternuer. Enfouissant ses mains dans ses poches, il luttait pour réprimer le claquement de ses dents.
Un bruit derrière lui le fit se figer. Prenant appui sur ses pieds, il grimpa sur la barre de fer scellant la porte d'un container et grimpa sur l'énorme caisson métallique pour se cacher. Effectivement, une ombre surgit en bas, regardant de tous les côtés. Raimon prit appui et s'élança sur la personne en poussant un hurlement semblable à celui d'un singe.
Un cri de peur lui répondit tandis que la personne s'écartait à la vitesse de l'éclair. Un cri propre à une seule personne, songea le jeune gangster en s'écrasant sur le bitume du port.
_ S…Sena ? bredouilla-t-il.
Il tourna la tête vers le bout de l'allée, d'où les pas revinrent. Son meilleur ami, Kobayakawa Sena revint vers lui.
_ Monta ! lança-t-il, soulagé de voir que ce n'était que son meilleur ami. Pourquoi tu t'es jeté sur moi comme ça ?
Monta était le nom de code de Raimon Tarou. Autrefois membre d'un ancien gang spécialisé dans l'exportation qui l'avait rejeté, il avait rejoint Deimon, après qu'il se soit fait passer pour mort. Il adopta par la suite le nom de code de Monta, nom de code devenu le surnom fréquent avec lequel l'appelait Sena, son meilleur ami dans la famille Deimon, l'un des membres les plus anciens, fiables, et talentueux.
Pourtant, rien ne pouvait laisser croire que ce jeune garçon frêle et petit, à l'allure de lycéen, était un des meilleurs membre de gang de Deimon. Les cheveux en bataille, les yeux marron clairs souvent vifs et craintifs, ce jeune garçon cachait sous son blouson en cuir et son T-shirt de nombreux tatouages d'un design fabuleux, et des talents cachés étonnants.
_ Désolé, répondit Monta en s'époussetant, je croyais que c'était un membre des Nagas.
_ Est-ce que tu es sûr de tes infos ? dit Sena en regardant autour de lui d'un air apeuré. On n'a pas prévenu Mamori de notre escapade. Elle risque de s'inquiéter ou pire, d'avoir des problèmes.
_ C'est justement parce que je ne suis pas sûr qu'il nous faut y aller en reconnaissance. On ne va pas inquiéter Mamori avec des suppositions.
_ Mais on n'est pas censé traîner dans le port de Kyôshin.
Les deux gangsters étaient effectivement en terrain ennemi en mission d'espionnage, et ce à l'insu de Deimon et de Kyôshin. Monta était le meilleur pour obtenir n'importe quelle information, quel que soit son degré de confidentialité. Selon ses sources, la cargaison des Nagas allait atterrir clandestinement à Kyôshin ce soir.
_ Monta, reprit Sena qui n'était pas à l'aise, pourquoi n'avertissons-nous pas Kyôshin au lieu de venir en douce ici ? Nagas n'a plus le droit d'importer ou d'exporter via le port de toute manière.
Son meilleur ami pinça les lèvres et se gratta l'arrière de la tête.
_ Je ne sais pas, mais une cargaison d'armes, le gardien du port devrait en être informé, non ? Pourquoi Nagas ferait venir un truc aussi imposant par la mer, quand il sait que tout est contrôlé ? Et pourtant Kakei et Mizumashi n'ont pas l'air d'avoir eu vent de l'information. Le port est désert.
Sena le regarda d'un air perplexe, avant de suggérer timidement :
_Tu crois que le gardien du port a été corrompu ?
_ Corrompu ou menacé, objecta Monta. Avec des gangs comme Shinryuji Nagas et Hakushu Dinosaurs, on peut s'attendre à tout.
Un bruit derrière eux les fit sursauter. Sena se tourna la tête et guetta l'allée principale d'où des ombres se profilaient à la clarté des lumières du port.
_ C'est quoi ça ? chuchota Monta.
_ Peu importe, répondit Sena d'un air grave qui ne lui ressemblait guère. Il ne faut pas se faire repérer par qui que ce soit. Les accords de Mamori ne sont pas finalisés, on n'est pas autorisés à entrer clandestinement dans le port. Allons-y.
Rapide comme l'éclair, Sena fonça en direction des quais dans l'ombre, tandis que Monta grimpait à nouveau sur le container pour comprendre qui venait à Kyôshin à une heure aussi tardive.
Le projecteur au loin grésilla puis s'éteindre dans une giclée d'étincelles. Monta retint son souffle et plissa les yeux pour tenter d'apercevoir la personne qui marchait maintenant au-dessous de lui dans l'obscurité.
Mais il ne remarqua pas une présence qui se profilait sur le container derrière lui, jusqu'à ce qu'une voix grave souffla :
_ Est-ce qu'il n'est pas défendu à Deimon de traîner sur le territoire de Kyôshin ?
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_ Je suis heureuse que malgré l'année qui vient de passer, nos relations reprennent vie, dit posément Musashi alors qu'une femme versait une bière dans le verre posé sur la table basse.
Kakei le darda de ses yeux bleus océan. Il semblait satisfait, mais perplexe, quant à la personne qui l'accompagnait, et qui depuis le début de l'entretien, n'avait pas dit grand-chose. Elle n'avait pas été présentée, et pourtant il ne pouvait détacher ses yeux d'elle. Elle lui rappelait vaguement quelqu'un.
D'autant plus qu'il ma trouvait étrange, cette femme qui portait des lentilles de contact, un eye-liner et un fard à paupière prononcé, sans compter une perruque lui donnant pour coupe un carré noir sévère.
Elle parlait à peine, ne se mettait pas en avant, comparé à Musashi qui déviait toutes les questions qui lui étaient adressées. Toutefois, les contrats qu'elle présentait dénotaient une certaine rigueur qu'il avait rarement vue. Il était plus habitué au caractère décalé d'Hiruma, qui lui était beaucoup moins organisé.
Dans le bar où ils étaient seuls, la pianiste jouait un air connu, et leurs gardes de Kyôshin, une dizaine, étaient debout derrière leurs patrons. Du côté de Deimon, en revanche, il n'y avait que deux gardes : Kurita Ryôkan et Komosubi Daikichi. Bien qu'ils soient en infériorité numérique, ces deux hommes massifs étaient capables de balayer à eux seuls une lignée d'hommes.
A côté de Kakei, Mizumachi était tout aussi dubitatif, malgré le fait qu'il soit parfaitement détendu, les mains croisées derrière la nuque.
_ Nous avons toujours été certain que Deimon renaîtrait un jour, dit Kakei. Et notre alliance ensemble contre Nagas ne peut qu'être bénéfique.
_ Je comprends, répondit Musashi. Nous avons oublié de préciser que les anciennes formalités qu'Hiruma a mises en place tiennent toujours.
_ Bien ! s'écria joyeusement Mizumachi en posant ses pieds sur la table et en croisant les bras. Si nous fêtions ça ?
_ Je crains que nous n'ayons pas le temps, répondit soudainement Mamori, sortant de son mutisme.
Musashi lui jeta un coup d'œil, alors que Kakei et Mizumachi se tournaient tous les deux vers elle.
_ Ohey ! Musashi ! Qui est cette jolie jeune fille ? demanda ce dernier joyeusement en faisant mine de rien.
_ Désolé. Voici Hana, mentit directement le bras droit du chef de Deimon. La nouvelle chef de Deimon.
_ Chef ? répéta Mizumachi en regardant Mamori de haut en bas. Comment se fait-il qu'une femme puisse être à la tête d'un gang ?
Mamori détourna les yeux en voyant une longue cicatrice sur son bras, mal à l'aise. Kakei ne la quittait pas des yeux, et cherchait encore à savoir qui était sous cette perruque. Musashi se rendit compte qu'il la jaugeait du regard et pointa directement l'attention sur lui :
_ Nous savons que l'accès à la mer est interdit aux Nagas, mais nous avons des raisons de croire qu'une cargaison d'armes va bientôt être livrée à Kyôshin à leur intention.
Kakei fronça les sourcils et Mizumachi devint grave.
_ Nous n'avons pas eu vent de cette information. Notre territoire n'a pas la meilleure sécurité, j'en conviens, mais rien n'entre dans le port sans que nous en soyons informés…
Il s'interrompit pour prendre son téléphone portable. Un message. Mamori et Musashi le virent pâlir, puis passer son téléphone à Mizumachi qui se leva. Kakei prit son temps pour s'incliner devant Mamori et Musashi en disant :
_ Nous vous remercions pour tout. Nous devons régler une affaire urgente maintenant.
Alors qu'ils partaient, accompagnés de leurs gardes, Musashi eut un appel.
_ Où sont Sena et Monta ? demanda Mamori à voix basse, en s'agitant nerveusement.
Musashi mit le haut-parleur, et la voix de Sena lui parvint, paniquée :
_ Musashi ! Nagas attaque Kyôshin ! On a besoin de renfort à la frontière de Seibu ! Maintenant !
Des bruits de tirs se firent entendre, figeant Mamori. Elle s'empara du téléphone, paniquée à l'idée que quelque chose ait pu leur arriver
_ Sena ? Sena ?! s'écria-t-elle. Qu'est-ce qu'il se passe ? Réponds-moi !
Mais il y eut un bruit sec, et la communication fut coupée. Musashi se leva aussitôt, et se tourna vers Kurita :
_ Appelle Yukimitsu. Qu'il accède aux caméras de Kyôshin immédiatement.
_ Ah… Oui, acquiesça le garde en attrapant son téléphone portable tandis que tous progressaient vers la sortie.
Ils sortirent en trombe du salon, mais alors qu'ils s'apprêtaient à entrer dans la voiture, une explosion retentit au loin. Mamori poussa un cri de surprise et se courba, de peur qu'un projectile ne l'atteigne.
_ Mamori ! s'écria Kurita en se jetant sur elle pour la protéger.
_ Non, Kurita…, commença Musashi.
Mais le garde du corps faisait déjà écran de son corps à Mamori et Musashi, les étouffant entre ses gros bras. Toutefois, rien ne tomba du ciel. Une deuxième, puis une troisième explosion retentit au loin, faisant trembler la terre.
Perchée sur ses talons hauts, Mamori tomba à terre. Sa perruque glissa et tomba aussi, laissant apercevoir ses cheveux rouges.
Musashi la prit prestement par le bras pour la relever et l'incita à entrer dans la voiture avant que quelqu'un ne la voie.
_ Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-elle aussitôt quand il l'eut rejointe.
_ Taiyou, apparemment, murmura-t-il. Les explosions proviennent du sud-ouest.
Taiyou n'était pas un gang très dangereux, mais il était le centre culturel gardant des reliques d'une valeur inestimable, ce qui en faisait l'un des gangs le plus riche de la ville. De ce fait, le système de sécurité de ce territoire était incroyablement perfectionné, une barrière infranchissable qu'aucun gang n'avait pu traverser. Jusqu'à ce soir…
_ Est-ce que ce serait les Nagas ? murmura Mamori, tremblante.
Musashi appuya sur le bouton d'une télécommande et un téléviseur descendit du plafond de la limousine pour se mettre devant eux. Il s'alluma automatiquement et le visage de Yukimitsu Manabu apparut à l'écran.
_ Qu'est-ce que tu as pour nous ? demanda Musashi.
_ Aucune nouvelle au niveau de Kyôshin, répondit celui-ci. Les caméras du port ont été sabotées, aucune image n'a pu être recueillie. Mais j'ai réussi à localiser des portables de notre gang là-bas.
_ Sena et Monta ? suggéra Mamori.
_ Ils sont inséparables, c'est donc évident, grogna Musashi. Je vais les tuer quand je les attraperai.
Mamori se tourna vers lui d'un air terrifié, sans savoir s'il plaisantait ou pas.
_ Et pour Taiyou ? demanda Musashi précipitamment.
_ J'ai profité de la confusion des systèmes de sécurité pour recueillir quelques images de vidéo surveillance. Je vous les envoie.
L'écran de Yukimitsu se réduisit pour laisser place à des images de caméras. Mamori vit un homme imposant avec une crinière sortir traverser une galerie de musée, et s'arrêter. Devant lui, un autre homme, le teint basané et le crâne rasé lui faisait face. Les deux semblaient se parler.
_ Banba des Taiyou…, l'un des gardes le plus puissant, commenta Musashi.
La voix de Yukimitsu semblait très lointaine pour Mamori alors qu'elle voyait le dénommé Banba se faire tabasser sans pitié par son adversaire.
_ Gaô Rikiya, des Hakushu Dinosaurs, lâcha-t-elle.
_ Effectivement, répondit Yukimitsu Manabu. J'ai regardé les caméras des derniers jours. Il semblerait que les Dinosaurs aient noué des alliances secrètes avec Nagas.
_ Tu l'as rencontré ? demanda Musashi à Mamori.
_ Oui, une fois, murmura Mamori en regardant distraitement par la fenêtre tandis que Kurita filait en direction de la frontière entre Seibu et Kyôshin.
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Flash-Back
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Mamori heurta brutalement le mur et tomba en poussant un cri de douleur. Le choc lui coupa momentanément le souffle. Prenant péniblement appui sur ses mains, elle releva lentement la tête vers son agresseur.
Elle s'apprêtait à partir, furieuse qu'Hiruma lui ait encore posé un lapin alors qu'elle avait réservé des mois à l'avance pour leur anniversaire, quand cet individu effrayant avait fait son entrée dans le salon privé.
_ Mais… pourquoi est-ce que vous faites ça ? demanda faiblement la jeune femme en le regardant.
_ Demande-le à ton cher mari, rétorqua-t-il avec un sourire mauvais en s'approchant à nouveau d'elle. Ce sont les risques quand on se marie à un membre de gang.
Il leva le poing quand des bruits de mitraillettes se firent entendre derrière Mamori. Celle-ci se coucha par terre, la tête sur ses mains. Les bruits de balles l'assourdirent temporairement. Elle n'entendit pas la fenêtre exploser, ni la personne entrer. Quand elle releva la tête, les sens engourdis, Hiruma se tenait devant elle, la main droite sur sa mitraillette, la main gauche nonchalamment enfoncée dans sa poche de pantalon de costard, mâchonnant son éternel chewing-gum.
_Dégage, fuckin'gros tas, entendit Mamori au loin.
_ Toujours un plaisir de te voir, Hiruma Yoichi. J'ai pensé venir faire une petite visite de courtoisie à ta femme. Quelle beauté ! C'est dommage que tes agissements m'obligent à la défigurer.
_ Kekeke… tu es toujours aussi con, parfois. Enfin, si ton fuckin' patron fréquente ce fuckin' dreadlocks, ça ne m'étonne pas que tu aies recours à ces fuckin' méthodes.
Gaô ricana, avant d'esquisser un pas. Hiruma ne bougea pas, bien que sa main se crispa imperceptiblement sur la crosse de sa mitraillette. Le garde du corps des Hakushu Dinosaurs se tourna alors vers Mamori, toujours par terre.
_ Nous nous reverrons, je l'espère.
Et il sortit en défonçant la porte. Mamori se releva en chancelant, alors qu'Hiruma ne daigna pas poser un regard sur elle, l'aider, ou même lui expliquer la situation ou la raison pour laquelle elle se faisait tabasser de cette façon. Pas un regard, pas un mot. Sauf…
_ Fukin' femme… tu crois que j'ai le temps d'aller te materner ?
Mamori le regarda dans les yeux. Il s'apprêtait à partir, lui et son éternel orgueil. Rien, aucune compassion. Elle l'arrêta dès qu'il fit un pas, et le gifla de toutes ses forces. Il ne chercha pas à esquiver le coup, ni rien.
_ Ca suffit, dit Mamori d'une voix étranglée, prête à pleurer. Ca suffit Yoichi !
Tournant les talons, elle sortit en trombe du restaurant. A la porte, plusieurs serveuses s'étaient regroupées pour savoir ce qui se passait. Elles s'écartèrent en voyant Mamori sortir, la robe froissée, ses chaussures à talons claquant sur les carreaux.
Hiruma la regarda partir sans bouger, et sortit son téléphone dès qu'elle disparut de sa vue.
_ Suis-la. Et la prochaine fois que tu la perds de vue, je t'envoie en enfer, fuckin' nabot.
Et il raccrocha.
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Fin du Flash-back.
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Ikkyu regarda la limousine des Deimon s'éloigner. Caché dans l'angle d'une ruelle sombre, il dégaina son téléphone portable avec un sourire satisfait :
_ Oui patron. J'en ai une bien bonne à vous raconter sur le nouveau chef des Deimon.
Chapter 7: Chapitre 7
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Quelques heures plus tôt
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Sena était arrivé seul près des quais, et se cacha immédiatement lorsqu'il vit le gardien de Kyôshin. Il prit soin de se dissimuler dans l'obscurité, pour ne pas que son ombre le trahisse. Monta n'était pas derrière lui, le jeune homme étant d'ordinaire plus lent. Toutefois, celui-ci mettait énormément de temps.
« Où est-il passé ? » se demanda-t-il en regardant de tous les côtés.
_ Tu te dépêches d'avancer oui ?!
Le jeune membre de Deimon eut un rictus en voyant des gens de Nagas avec le gardien, le poussant avec un révolver. L'un d'eux sembla raccrocher au téléphone et dit :
_ Apparemment, le bateau se trouvera bientôt à proximité des garde-côtes. Mais le fournisseur refuse d'accoster.
_ Tu étais censé t'occuper de ça ! siffla Tatsumi Ryuzaki en enfonçant le canon du revolver dans la nuque du gardien.
De son coin, Sena dégaina son revolver en voyant que la situation dégénérait, mais son acolyte, Masayuki, rétorqua :
_ Calme-toi Tatsumi, le gardien du port ne peut pas gérer ça.
_ Et qu'est-ce que tu suggères ? maugréa l'autre. Agon tient à avoir la cargaison ce soir.
_ Kekekekeke….
Le rire sadique au loin glaça le sang de tous. Sena tordit le coup pour apercevoir son ancien patron et ami. Son sang se glaça dans ses veines.
Hiruma.
C'était comme-ci la prison n'était jamais arrivée. Vêtu d'un smoking noir, les mains dans ses poches, Sena le vit arriver de loin, accompagné de ses gardes du corps. A moins que ce ne soient ses gardes tout court ?
_ Vous êtes décidément très mauvais, fukin' enfoirés, dit-il ironiquement. Agon vous aurait déjà massacré.
_ Hein ? tu cherches les ennuis, gros bâtard ? lança Tatsumi en pointant son révolver sur lui.
Hiruma ne releva pas, et dit d'un ton posé :
_ J'ai déjà piraté les fuckin' serveurs des garde-côtes. Les radars ne capteront pas l'arrivée du bateau. Je vous conseille donc je vous grouiller.
Akira le jaugea du regard, jusqu'à ce que son acolyte pointe la mer du doigt en disant :
_ Regarde !
En effet, le bateau arrivait et allait bientôt accoster. Toutefois, ce n'était pas un paquebot, comme le croyait Sena. En réalité c'était un simple yacht. Quel genre d'armes attendait Nagas en réalité ? Ce bateau n'avait certainement pas assez de places pour une livraison d'armes suffisante…
Un bruit parvint derrière Sena qui se retourna brusquement en brandissant son révolver.
_ Tu as du culot de venir ici.
Un coup de pied dans la main de Sena lui fit lâcher son révolver. Il tourna les talons, prêt à fuir, quand il vit une ombre sauter du sommet du container pour atterrir derrière lui.
_ Qui… Qui êtes-vous ? demanda-t-il, prêt à se battre. Des gens de Nagas ?
_ Hein ?
_ Hein ?!
_ Heiiin ?!
_ Ohey nabot ! Tu nous prends pour ces bâtards de Nagas ? Tu veux crever ou quoi ?
Les mains dans les poches, Jumonji, Kuroki et Toganou émergèrent de l'ombre, un air las sur le visage. A côté d'eux, Monta paraissait blasé.
_ Est-ce que c'était vraiment le moment de faire des blagues ?
_ Pfff…, rétorqua Toganou, sans quitter les yeux de son manga. C'est quand même pas la première fois qu'on entre clandestinement quelque part, détends-toi un peu.
_ Les amis ! dit Sena, soulagé. Qu'est-ce que vous faites ici ?
_ On est venus faire du tourisme, évidemment, ironisa Jumonji. Qu'est-ce que tu crois ? Qu'on allait laisser deux maigrichons venir à Kyôshin seuls ?
_ Vous n'étiez pas censé veiller sur Mamori ? marmonna Monta.
_ C'est chiant les réunions dans les bars, répliqua l'aîné des frères Haha.
_ Ouais ! renchérit Kuroki, l'action, c'est plus cool !
_ Hiruma est là-bas, dit Sena. Le bateau est en train d'accoster. Il faut avertir Musashi et Mamori immédiatement.
Mais avant qu'ils n'aient pu faire quoi que ce soit, un bruit de voiture les fit se taire et se retourner guetter l'évolution de la situation. Une simple voiture s'arrêta sur le quai, et Unsui en sortit.
_ Il y a quelque chose qui cloche, chuchota Sena à l'attention de ses amis. Le bateau qui a accosté n'était qu'un simple yacht. Et je ne vois de camion nulle part.
_ Ce bateau est trop petit pour comporter une bonne cargaison d'armes, objecta Monta. Qu'est ce qui se passe ?
_ Ce doit être un genre d'armes différent…, commença Jumonji.
_ Les gars ! C'est pas bon ça ! coupa Kuroki en poussant son ami.
Une balle se ficha dans le métal du container, pile à l'endroit où la tête de Jumonji se trouvait quelques secondes plus tôt.
_ C'est… C'est quoi ça ? demanda Jumonji.
_ Merde, un sniper ! lança Monta, les yeux tournés vers un pylône électrique. On est repérés. Qu'est-ce qu'on fait ?
Quelque chose roula près d'eux, avant de dégager une fumée blanchâtre et opaque.
_ De la bombe lacrymo ! s'écria Toganou. On se casse !
Sena et Monta fonça dans le labyrinthe de containers du parc, se séparant par la même occasion des frères Haha.
Unsui sortit de la voiture et s'avança vers Hiruma.
_ Tu étais censé rester dans ce foutu immeuble, lança-t-il sèchement. Si tu veux faire partie de Nagas comme tu le clames depuis le début, je te conseille de te tenir à carreaux et d'obéir aux ordres. Tu n'es plus le chef.
_ Kekeke…, je prendrai cela comme un remerciement, fuckin' chauve, répliqua Hiruma avec son éternel sourire sadique.
Le chef des Nagas serra les dents, détestant l'idée d'en devoir une à un homme à qui il ne faisait manifestement pas confiance. Hiruma n'attendit pas plus longtemps, et s'avança en direction du yacht.
_ Ohey ! Fuckin' bâtard ! On a pas toute la nuit !
Une tête familière émergea avant d'effectuer un saut spectaculaire pour atterrir devant Hiruma. Celui-ci sourit en le voyant.
_ Ca fait longtemps, Hiruma, dit l'homme dans un japonais teinté d'un fort accent américain.
Patrick Spencer. Nom de code, Panther. Il portait encore et toujours son bandeau blanc orné d'une panthère noire, et arborait un sourire étincelant. Sourire qui s'effaça quelque peu quand il vit Unsui derrière.
_ Oh… Tu travailles pour Nagas maintenant ?
_ Kekekeke… Donne-nous plutôt la marchandise, fuckin' américain, rétorqua Hiruma.
Panther jeta un regard dur aux Nagas. Il n'aimait pas trop ce gang, mais leur chef, Jeremy Watt avait déclaré la mafia américaine comme étant neutre face aux tensions qui régnait au Japon. Ils satisfaisaient donc toutes les commandes d'armes, quelle que soit la personne qui les demandait.
Prestement, il remonta sur le yacht, où l'attendait son garde : Donald Obarman, nom de code « Mr. Don ». Celui-ci lui remit une mallette noire. Unsui rejoignit Hiruma et tendit la main pour attraper la mallette avant Hiruma et voulut l'ouvrir immédiatement pour en vérifier le contenu.
_ Faites attention, recommanda Panther, de mauvaise grâce à l'intention d'Unsui, sans même le regarder. C'est fragile et dangereux. Il faut une carte magnétique pour l'ouvrir, ajouta-t-il.
Il lui tendit une carte noire lentement, en serrant les dents, comme ci une partie de lui avait plus envie de la jeter à la mer qu'autre chose. Hiruma la saisit entre ses longs doigts fins.
_ Le reste du paiement vous parviendra dans quelques jours, répondit négligemment le chef des Nagas en regardant Mr Don remettre deux énormes caisses métalliques aux Nagas pour qu'ils les chargent dans la voiture.
_ Patron ! s'écria Yamabuchi en accourant. Sanzo était en reconnaissance, il y a des intrus dans le port !
_ Panther ! lança Donald.
L'américain remonta prestement. L'arrivée de leur yacht était officiellement prévue pour demain dans une autre partie du port réservée aux yachts, il leur fallait donc reprendre la mer et s'éloigner de la côte japonaise le plus rapidement possible. Unsui reprit sa mallette en direction de la voiture, tout en prenant la carte d'entre les doigts d'Hiruma.
Hiruma regarda en direction du labyrinthe des containers, et vit une ombre se déplacer sur les containers.
_ Tch…, marmonna-t-il pour lui-même en s'enfonçant à son tour dans le labyrinthe. Fuckin' nabots.
Unsui entra dans la voiture et gueula au conducteur :
_ On s'en va.
La voiture démarra aussitôt.
Monta s'essoufflait derrière Sena, le gangster le plus rapide de Deimon, et probablement de Tokyo.
_ Se…Sena, haleta-t-il, attends… moi.
Son meilleur ami ralentit l'allure et reprit son souffle en disant :
_ Je crois qu'on a semé ce sniper, dit Sena. Enfin… J'espère. Où est Jumonji… ? Et les autres ?
Avant même que Monta ne put répondre, des coups de feu se firent entendre au loin. Les deux jeunes hommes échangèrent un regard. Se pourrait-il que leurs amis aient des ennuis ? Sans réfléchir, ils revinrent sur leur pas, Sena ayant son portable collé à l'oreille :
_ Merde, qu'est ce qui se passe ? gueula Monta.
_ Aucune idée, mais on s'en va ! décida Sena, priant pour que Musashi décroche. On sera en sécurité à… Musashi ! Nagas attaque Kyôshin ! On a besoin de renforts à la frontière de Seibu ! Maintenant !
Hélas, il ne put finir sa phrase, car au moment même où ils sortaient du parc à containers des tirs de mitraillettes se firent entendre sur leur droite. Sena fit un bond en arrière, lâchant son téléphone portable qui tomba par terre. Monta et lui sortirent leurs révolvers qu'ils pointèrent sur leur ancien chef et ami.
Hiruma s'avançait vers eux, armé de sa fidèle mitraillette. Il s'arrêta près du téléphone de Sena, laissé à terre, d'où s'échappait la voix apeurée de Mamori :
_ Sena ? Sena ?! s'écria-t-elle. Qu'est-ce qu'il se passe ? Réponds-moi !
D'un coup de talon, il écrasa le mobile qui émit quelques faibles grésillements.
_ Hiruma, on croyait que tu étais dans notre camp, dit Monta en reculant jusqu'à l'entrée du port.
_ Kekeke…, fuckin' singe. Dans ce monde, on est dans le camp de celui qui nous profite le plus.
Il pointa sa mitraillette sur eux et tira à nouveau lorsqu'un bruit de voitures se fit entendre. La voiture des Nagas. Celle-ci s'arrêta en trombe devant Sena et Monta. Ces derniers furent quelque peu désorientés, ne sachant où pointer leurs armes.
Unsui sortit… Mais à leur plus grande surprise, il était suivi de Jumonji, qui lui enfonçait son révolver dans les côtes. Kuroki était au volant et gueula :
_ Ohey ! Les mioches ! Dépêchez-vous avant que d'autres ne rappliquent.
Sena et Monta ne se le firent pas dire deux fois pendant qu'Unsui grinçait des dents :
_ Ces trois frères de Deimon… Je les tuerai un jour !
Malgré le fait que la voiture s'éloignait en trombe, il put entendre distinctement les trois hommes répondre :
_ ON N'EST PAS FRERES !
Rageur, Unsui se tourna vers Hiruma, comme pour l'accuser. Mais il ferma sa bouche, et dit d'une voix calme :
_ Dépêchons, on a quelques petites courses à faire pour récupérer le matos.
Il prit son téléphone et demanda une voiture, pendant qu'Hiruma allait réveiller les gardes Nagas inconscients d'un formidable coup de pied pour chacun.
Au loin, une explosion se fit entendre. Hiruma regarda la fumée s'élever en une colonne, puis une deuxième, puis une troisième dans le gang des Sphinx. Il regarda Unsui qui ne semblait pas du tout choqué par les explosions qui venaient de se produire.
Il avait son téléphone à l'oreille et le regardait d'un air triomphant.
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Chapter 8: Chapitre 8
Chapter Text
_ Si vous en avez marre de vivre, je peux me charger de vous rendre service et d'abréger vos souffrances, lança Musashi d'une voix menaçante.
Il n'avait même pas élevé la voix, mais la tension dans sa voix était palpable. Alors qu'auparavant, Hiruma pointait sa mitraillette sur les « fuckin' nabots » en leur tirant dessus, Musashi incarnait la force tranquille.
Kurita et Komosubi échangèrent un regard inquiet. Mamori ne savait pas quoi dire, partagée entre la crainte de leur punition et le soulagement quant au fait qu'ils aillent bien.
_ Nous sommes vraiment désolés ! s'écria Monta en s'inclinant brusquement.
Sena l'imita aussitôt. Jumonji, Kuroki, Toganou, se contentèrent de lâcher un rictus agacé en évitant le regard de Musashi.
_ Comment tu peux nous engueuler alors qu'on vient manifestement d'éviter une guerre civile ? marmonna Jumonji, de mauvaise foi.
_ La question n'est pas là, répliqua Musashi d'une voix forte. Nos accords de Kyôshin peuvent être compromis à cause de votre bêtise ! Eviter une guerre civile ? Vous auriez pu la déclencher plutôt !
Jumonji ne dit plus rien, et détourna la tête, agacé. Mamori soupira.
_ Alors ? Qu'est-ce que vous avez trouvé ?
Monta et Sena échangèrent un regard.
_ Nous avons vu un yacht accoster à Kyôshin. Il y avait les énormes caisses en métal, et ça.
Il posa devant Mamori et Musashi une mallette noire. Musashi la regarda et grimaça :
_ Ça ne s'ouvre que par carte magnétique, dit-il en jetant un coup d'œil à la petite troupe.
Tous secouèrent la tête. Aucun n'avait pensé à récupérer la carte sur Unsui. Yukimitsu fit interruption dans la pièce, enlevant ses lunettes en soupirant, épuisé.
_ Les caisses sont fermées avec d'immenses cadenas à combinaisons, dit Monta à son intention, tu as pu les ouvrir ?
_ Kurita et Komosubi l'ont fait, répondit-il. Heureusement que le contenu n'était pas sensible aux secousses.
_ Je crois que si ça avait été le cas, ces cinq-là auraient déjà été morts, répliqua Musashi. Riku m'a raconté que vous aviez failli renverser deux personnes en voiture dans Seibu. Vous êtes des dangers publics !
A nouveau, les cinq coupables ne répondirent pas. Yukimitsu s'éclaircit la gorge bruyamment et continua :
_ Ce sont des mécanismes de bombes, il semblerait.
_ Des bombes ! répéta Mamori avec horreur.
_ Ne t'inquiète pas. Elles sont désactivées. Selon l'écran, il semblerait qu'il faille composer un numéro spécial pour les enclencher.
_ Ces bombes doivent sûrement s'activer à distance, objecta Mamori en se tournant vers la mallette noire. Dans ce cas, ça doit être la télécommande qui les active.
_ Certainement, mais je doute que ces bombes soient d'un quelconque danger. En fait, je ne crois pas qu'elles soient en mesure de faire sauter quoi que ce soit. Leur puissance est tellement faible qu'elles ne pourraient faire sauter une voiture.
Perplexe, Musashi haussa un sourcil. Mamori réfléchit avant de dire :
_ Est-ce qu'elles sont complètes ? Tu n'as rien remarqué au niveau de leur physionomie ?
_ Eh bien, ce sont des modèles que je n'ai jamais vu. Mais du peu que je sache, elles ont l'air inachevé. Il y a une drôle d'encoche comme pour y insérer quelque chose.
_ Peut-être alors que le but de la bombe n'est pas de faire sauter une pièce ou un bâtiment, mais de faire sauter quelque chose qui peut être mortel, dit Mamori. Comme du poison, ou quelque chose comme ça…
_ C'est possible, répondit Yukimitsu. Les Dinosaurs et les Nagas étant impliqués, l'attaque de Taiyou est peut être liée à ces bombes aussi.
_ Le fait d'avoir volé ça à Nagas..., Ils vont nous le faire payer très cher. A mon avis, ils ne sont pas les seuls.
Mamori se tourna vers Yukimitsu.
_ Tu as profité de la confusion de Taiyou pour pirater les caméras de surveillance, non ? Vérifie-les toute. On aura peut-être un indice.
Yukimitsu s'inclina avant de s'exécuter sur le champ. Musashi se tourna vers Mamori. Elle semblait épuisée. Etant trop longtemps habitué à Hiruma qui faisait des nuits blanches sans problème, il avait oublié que Mamori avait le rythme de vie d'une personne normale.
_ Je m'occupe du reste, dit-il à son intention. Allez-vous reposer, Boss.
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_ Hein ? Deimon ? dit Agon en donnant un violent coup de volant à droite. Une embuscade ?
La cendre de sa cigarette tomba sur son jean alors qu'il conduisait. Exaspéré, Unsui se massa les tempes en marmonnant :
_ Conduis prudemment, nom de Dieu.
_ Tu me demandes de jouer les taxis, frérot ? grinça Agon. Quelle humiliation pour notre clan ! Et en plus vous vous êtes fait battre à plate couture par cette vermine de Deimon !
_ Un peu de patience, fuckin' dreadlocks, coupa Hiruma en regardant par la fenêtre. On prépare un coup éminent.
A ces paroles, Unsui releva doucement la tête.
_ Bien, dit Agon, on va donc chez les Amino Cyborgs, comme prévu ?
_ Non, coupa son frère. Arrête-toi ici deux minutes.
_ Hein ?
Agon dérapa sur la place du carrefour, suscitant des klaxons furieux auxquels il ne prêta même pas attention. Il fixa son frère d'un air furieux :
_ Pour qui tu me prends à me donner des ordres, bâtard ?! Tu crois être le seul à mener la barre ? Ne te prends pas pour le chef !
Unsui le fixa froidement, avant tourner la tête :
_ Hiruma. Tu conduis.
Agon échangea un regard avec l'ex-chef des Devil Bats, avant de désigner le volant du menton. Soupirant, ils sortirent et échangèrent leurs places.
_ Quelle ironie, de devoir faire ce boulot dégradant, Hiruma, le nargua Agon alors qu'ils se croisaient. Mais si tu n'avais pas eu pitié de cette andouille de Kurita, tu serais à notre place aujourd'hui.
Hiruma eut ce fameux sourire sadique, et prit la place du conducteur sans répondre. Au moment où Agon s'engouffrait à nouveau dans la voiture, Unsui ouvrit l'autre portière, et Ikkyu entra à son tour.
_ Qu'est-ce que tu fais là, minus ? grogna Agon. Encore à traîner dans les cabarets pour surveiller les minettes ?
_ Oui, on peut dire ça comme ça, répondit Ikkyu en se laissant aller sur la banquette de la limousine et en étirant ses jambes. J'en ai d'ailleurs vu une très belle… WOAAAAAAH !
_ Ya-ha !
Hiruma avait démarré en trombe, pied au plancher, faisant tomber tout le monde. Il conduisait encore plus rapidement qu'Agon. Unsui lui jeta un regard en disant :
_ Tu as entendu la dernière, Hiruma ? Une femme, chef de Deimon. Tu la connais, peut-être ?
_ Une femme hein ? répéta le blond en effectuant un virage à la perfection, faisant tomber à nouveau Ikkyu. Ces fuckin' nabots sont donc pressés de se retrouver au fond du trou pour mettre une fuckin' femme à ma place.
_ A quoi ressemblait-elle ? s'enquit Unsui en jetant un coup d'œil à Hiruma, observant ses moindres réactions.
_ Eh bien, hésita Ikkyu. Je n'ai pas vraiment vu... Le gros la cachait beaucoup. Je crois qu'elle avait les cheveux courts… et bruns.
_ Une femme hein, fit Agon pensif.
Il tourna la tête vers Hiruma :
_ Ohey ! Changement de cap. On va vers Ojo.
Hiruma jeta un coup d'œil à Unsui qui ne contesta pas la décision de son frère. Ikkyu demanda :
_ Euh… pourquoi on va à Ojo ? Il est quatre heures du matin déjà.
Agon s'adossa au siège, lançant un regard moqueur à Hiruma.
_ C'est rare de voir une femme s'afficher à la tête d'un clan de Yakuza. On va lui envoyer un petit cadeau d'accueil.
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Il était six heures du matin lorsque Mamori émergea de sous les draps noirs. En premier lieu, elle ne comprit pas où elle se trouvait. Pourquoi n'était-elle pas dans sa chambre d'hôtel ?
Les évènements de la nuit lui revinrent en mémoire. Au vu des évènements de la veille, Musashi avait suggéré qu'elle reste au QG pour la nuit, et pour sa sécurité. Il lui avait attribué l'ancienne chambre d'Hiruma.
Au souvenir de cette anecdote, Mamori se sentit gênée et sortit précipitamment du lit pour rejoindre la salle de bain.
Elle finissait de s'habiller et d'appliquer les dernières touches de maquillage quand on toqua à la porte
_ Mamori ? fit une voix féminine qu'elle n'avait pas entendue depuis longtemps.
_ Suzuna… ? dit timidement Mamori en ouvrant la porte.
Une petite femme aux cheveux bleus se jeta dans ses bras avec un cri de joie.
_ Ça fait longtemps, constata Mamori en la serrant contre elle.
Taki Suzuna était une reporter reconnue qui avait tenté de s'infiltrer dans un premier temps dans le clan Deimon en vue de faire un reportage exclusif sur les Yakuzas. Bien qu'elle se fit rapidement repérer par Monta, aucun plan ne fut orchestré pour en finir avec elle. En fait, elle finit par tomber amoureuse de Sena, le seul capable de la rattraper au fruit d'une longue course poursuite dans la ville, et Hiruma lui avait accordé sa confiance en voyant qu'elle n'était pas un potentiel danger pour le clan.
Ses nombreux contacts avec la presse étaient très utiles au clan afin de tenir l'opinion publique éloignée du business des Yakuzas.
D'ailleurs, elle tenait dans ses mains les nouveaux journaux du matin.
_ Je suis sortie du boulot acheter quelques journaux, dit-elle. Sena m'a contacté à trois heures du matin, je suis passée à l'imprimerie de justesse pour qu'ils publient l'article. Regarde, ça fait la une !
Mamori regarda l'article.
_ Tu as fait passer les explosions des centres culturels de Taiyou pour des… braquages en bande organisée de collectionneurs peu véreux » ? dit-elle en lisant en diagonale.
_ Bien sûr, répondit Suzuna en l'entraînant dans le couloir. Si on savait que c'était l'œuvre des Yakuzas, il y aurait une guerre civile !
Elles entrèrent dans la cour du QG, où elles croisèrent Sena.
_ Suzuna ! dit-il en s'arrêtant brusquement. Qu'est-ce que tu fais ici si tôt ?
_ Je suis venue saluer le boss, répondit celle-ci, et maintenant que j'y suis, je te promets que je vais te tuer pour avoir osé me réveiller en pleine nuit !
_ Mais… Mais ce n'est pas moi ! se défendit Sena en levant les mains, gêné. C'est Musashi qui m'a dit de…
_ Ohey ! Qu'est-ce que vous avez tous à être aussi bruyant ce matin ? gueula Jumonji en ouvrant le portail, portant un sachet rempli de nouilles instantanées et de briques de jus.
Derrière lui, Kuroki, Toganou, Kurita et Komosubi, chargés de courses diverses et d'une énorme boîte.
_ Ah ! Mamori, dit Kurita en allant vers elle. On a trouvé ça devant la porte ce matin.
La jeune femme demeura perplexe devant cette boîte. Elle était longue et rectangulaire, et pleine de trous.
_ Qu'est-ce que c'est ? demanda Monta qui venait d'arriver.
_ Qu'est-ce que j'en sais ? répliqua Kuroki, agacé.
_ En tout cas, c'est lourd, dit Toganou en la déposant sur le sol.
Une lettre y était scotchée à l'intention de Mamori. Perplexe, celle-ci la remit à Suzuna et entreprit de retirer le scotch. Tous s'étaient rassemblés autour d'elle par curiosité, tandis que Musashi apparaissait au seuil de la maison, se demandant ce qui pouvait bien se passer.
En même temps, Suzuna avait entreprit d'ouvrir la lettre. En la parcourant en diagonale, elle ouvrit de grands yeux d'effroi.
_ Attends, Mamori, ne l'ouvre… !
Trop tard, Mamori écartait déjà le papier de la boîte. Elle recula d'un bond avec un cri d'horreur et tomba par terre dans la cour. Musashi se précipita et Suzuna aida Mamori à se lever.
Tous avaient les yeux rivés sur le contenu de la boîte.
_ Quelle horreur…, commenta Jumonji.
_ Comment ont-ils pu aller si loin ? dit tristement Kurita.
_ Fumo…, acquiesça Komosubi.
Lentement, Suzuna donna la lettre à Mamori, qui la saisit en tremblant.
Un petit cadeau d'accueil à l'attention la nouvelle chef des Deimon.
Merci de bien vouloir nous rencontrer demain après-midi au clan Nagas pour parler de notre altercation de la nuit dernière.
Ayez l'amabilité de répondre dûment à notre invitation, auquel cas, nous nous verrons forcés de prendre des mesures drastiques.
Le tout était signé du dragon emblématique du clan des Shinryuuji Nagas. Mamori et Musashi échangèrent un regard, avant de regarder à nouveau la boîte.
A l'intérieur, bâillonnée et le visage plein de bleus, Koharu Wakana, manager du clan d'Ojo, et femme de Takami Ichirô reposait, inconsciente.
_ Emmenez-la à l'intérieur, décida Mamori d'une voix qui se voulait ferme. Et Sena… Appelle Takami immédiatement… qu'on appelle aussi un médecin. Tout de suite !
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Chapter 9: Chapitre 9
Chapter Text
_ Elle devrait s'en sortir et se réveiller sous peu, assura le docteur à Mamori en se redressant. Il lui faut simplement un peu de repos. Si jamais elle vomit dans les heures qui suivent, avertissez-moi immédiatement.
Mamori hocha la tête et accompagna le docteur au salon, laissant Suzuna au chevet de Koharu.
Takami Ichirô était assis, raide comme un piquet dans le salon. Dès qu'il vit le docteur, il se leva. Inquiet, Sena s'enquit timidement :
_ Comment va-t-elle ?
Le docteur répéta son diagnostic. Takami serra les poings.
_ Monta, raccompagne le docteur à la sortie, s'il te plaît, dit Mamori.
Mamori prit place face au chef d'Ojo en l'invitant à se rasseoir et dit :
_ Au vu de la situation, je pense que nous avons tous les deux des raisons suffisantes pour attaquer Nagas.
Sakuraba s'éclaircit la gorge.
_ Malheureusement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Nagas détient désormais des armes suffisamment mortelles pour absorber tous les clans de la ville.
_ Je ne vois pas ce que vous voulez dire, dit Mamori en haussant les sourcils.
Shin, Sakuraba et Takami échangèrent un regard, hésitants à en parler.
Suzuna et Eiji firent interruption à leur tour.
_ Elle s'est réveillée, dit Suzuna à l'intention de Takami.
Celui-ci acquiesça et se leva pour aller la voir. Mamori se tourna vers Sakuraba et Shin en disant :
_ Ecoutez, nous vous avons déjà prouvé notre loyauté par le passé. Nous sommes prêts à vous aider, et vous le savez. La suite des événements risquent d'avoir des conséquences graves sur tous les clans de Tokyo. Si vous savez quelque chose, il vaut mieux que vous nous le disiez.
Sakuraba baissa la tête et soupira :
_ Lors de nos recherches dans les laboratoires des Amino Cyborgs dans les souterrains, nous avons découvert des recherches sur une nouvelle variété de bombes lacrymogènes, plus puissantes avec plus d'effets secondaires. Nous avons poussé les recherches et avons fini par mettre au point un prototype de gaz toxique, un gaz qui attaque les voies respiratoires, brûlures des yeux et de la peau… et la mort en quelques heures.
Mamori ouvrit de grands yeux.
_ Vous avez créé… une arme de destruction massive ?
_ Détrompez-vous, dit précipitamment Sakuraba en levant les mains, nous n'avons jamais eu l'intention de nous en servir contre qui que ce soit. Le gaz a une capacité de propagation rapide hors du commun. Une fois lâché, il est donc impossible de le maîtriser. Une telle exposition serait destructrice pour tous, nous y compris.
_ Voilà pourquoi nous avons décidé de cacher le dernier échantillon et les recherches dans la partie la plus inaccessible et protégée de Toyko.
_ Taiyou..., devina Mamori, pour qui tout devenait clair. Voilà pourquoi Nagas a fait importer ces bombes, et voilà pourquoi les Dinosaurs ont créé un attentat à Taiyou. Ils cherchaient à voler vos prototypes.
Sakuraba hocha la tête.
_ Taiyou n'avait pas accès à nos coffres, conformément à nos accords. Maintenant que Nagas et les Dinosaurs ont une telle arme entre leurs mains, je ne sais pas ce qui va se passer. Le gaz a été mis dans des contenants spéciaux hermétiques, mais si j'en crois les rumeurs sur l'attaque du port à Kyôshin, il semblerait que Nagas ait fait venir du matériel pour les libérer.
Mamori et Musashi échangèrent un regard, et finirent par soupirer.
_ Des bombes, plus précisément, répondit Musashi. Importées d'Amérique, passées en contrebande via Kyôshin, effectivement. Néanmoins, nous les avons interceptés. Et comme les Nagas ont appris que notre chef était une femme, ils ont voulu l'intimider, d'où l'attaque de votre… manager.
Sakuraba serra les lèvres. Mamori se leva, pâle comme un linge.
_ Veuillez m'excuser.
_ Une question, demanda Shin en la regardant droit dans les yeux. Est-ce que les Nagas savent… que Anezaki Mamori régit le clan Deimon ?
Monta ne put retenir un glapissement alors que Musashi plissait les yeux. Shin regardait Mamori, qui ne bougea pas. Elle retira sa perruque et dit d'une voix calme :
_ Si cela avait été le cas, je pense qu'Hiruma aurait eu de nombreux problèmes.
_ Nous avons pensé que c'est qu'il planifiait une infiltration dans Nagas lorsque nous l'avons vu avec eux, rétorqua Shin, mais étant donné qu'il les fréquente depuis un moment, et ce qu'il peut autoriser, je doute qu'il ait l'air très soucieux du sort de son ancien clan.
Mamori se crispa, et sortit, laissant à Musashi le soin de régler cette affaire. Elle parvint jusqu'à la chambre où reposait Koharu. La porte était entrouverte, et on pouvait y entendre la voix dure de Takami :
_ Je viens de prendre ton billet. Je veux que tu quittes le Japon immédiatement.
_ Takami, ce n'est qu'une légère commotion, fit la voix douce de sa compagne, tu exagères. J'ai déjà été en plus grand danger.
_ Justement, ça suffit. Je n'ai pas envie qu'on te mette en plus grand danger maintenant. Qui sait ce qu'ils auraient pu te faire ! Tu vas quitter Ojo immédiatement ! En tant que chef, je te renvoie.
La voix de Takami semblait complètement hors de contrôle, ce qui accentua la gêne de Mamori, qui entendait à son insu toute leur conversation. Mais à l'inverse, Koharu, elle, arrivait encore à être amusée.
_ Vraiment ? Tu pourrais gérer tout Ojo à ma place ? Tu n'as jamais été doué avec ce genre de choses de toute manière. Personne ne peut prendre ma place et tu le sais.
_ Je trouverai quelqu'un…
_ Takami…
La voix de Koharu était douce, cette fois.
_ Je sais que tu es inquiet. Mais j'ai accepté d'être avec toi en sachant qu'en tant que Yakuza, ça ne serait pas facile tous les jours.
A l'entente de ces mots, le cœur de Mamori rata un battement, et des larmes lui vinrent aux yeux. Contrairement à elle, malgré tout cela, l'amour de Koharu pour Takami était tellement fort qu'elle savait faire fi de tous les dangers. Et Takami paraissait tellement préoccupé par elle, contrairement à Hiruma, à l'époque.
_ Je ne veux pas qu'ils puissent m'atteindre par toi, lança Takami.
_ Ne t'inquiète pas pour moi… Je vais bien.
_ Ils me le paieront cher !
Mamori entendit des bruits de pas, et bifurqua aussitôt dans le couloir aux portes en papier de riz qui menait au jardin japonais. Elle vit Takami marcher à grands pas, les poings serrés.
Soupirant de soulagement, elle s'adossa au mur pour contrôler les battements de son cœur. Elle se sentait nostalgique, et envieuse. Hiruma et elle étaient jeunes à l'époque. Immatures, têtus, impatients. Peut-être que les choses auraient été différentes aujourd'hui…
Mais les paroles de Shin lui revinrent en tête.
« Je doute qu'il ait l'air très soucieux du sort de son ancien clan. »
C'était vrai. Hiruma était un stratège hors pair, toutefois, elle ne comprenait pas pourquoi elle l'avait fait venir à Deimon pour y être chef. Il savait parfaitement qu'elle n'avait aucune compétence dans ce milieu, étant donné qu'il avait tout fait pour l'en tenir éloignée.
A travers la porte de riz, elle vit les ombres de Kurita, Komosubi et les frères Haha, traînant dans la cour. Leurs voix lui parvenaient distinctement :
_ Comment est-ce que Nagas peut tabasser une pauvre fille ? demanda Jumonji, dégoûté.
_ Ouais, elle était salement amochée. Ils voulaient sûrement montrer à notre boss qu'ils n'allaient pas lui faire de cadeaux parce qu'elle était une femme, objecta Togano. Eh ! Arrête de mettre des miettes sur mon manga, espèce de bâtard !
_ Bâtard ?! Tu vas voir, espèce de…
_ Mais quand même, s'éleva la voix de Kurita.
Elle semblait basse et triste. Il y eut un silence, laissant deviner à Mamori que tout le monde regardait Kurita.
_ Je trouve qu'Hiruma a beaucoup changé pour autoriser ce genre de choses, termina le garde, la tête basse.
_ Kurita…, dit Sena, avec tristesse.
_ En même temps, il a même essayé de nous tuer, fit remarquer Kuroki d'une voix agacée.
_ Ce bâtard a sûrement planifier de nous laisser tomber une fois qu'il aurait trouvé un autre clan, grinça Jumonji.
_ Heiin ? s'écria Kurita, paniqué.
_ Ce… Ce n'est pas vrai ! dit Sena pour le calmer. Hiruma ne ferait jamais une chose pareille !
_ Fumo Fumo ! renchérit Komosubi. Hiruma… chef de Deimon !
_ Hein ? Tu plaisantes ?! s'écria Jumonji à Sena. Tu m'as dit toi-même qu'Hiruma vous avait tiré dessus en visant le visage au lieu des jambes !
_ Il t'a même dit ouvertement que Nagas était plus profitable ! renchérit Toganou.
_ Et pourquoi il aurait mis son ex-femme à notre tête alors qu'il sait très bien qu'elle est incapable de diriger ce clan ? dit Kuroki.
Mamori se figea. Est-ce qu'Hiruma lui avait donné la gouvernance de Deimon pour qu'elle emmène le clan à sa perte ? Déboussolée, elle regarda distraitement la chevalière à la pierre noire qu'elle avait en pendentif à son cou. Hiruma l'avait-il fait revenir par vengeance, pour qu'elle coule en même temps que les autres suite à leur passé tumultueux ? Non… Hiruma n'était pas comme ça.
Tout en regardant la bague, elle remarqua quelque chose qu'elle n'avait pas vu au premier abord. Plissant les yeux, elle se redressa, et fonça dans le sous-sol, où se trouvait le laboratoire de Yukimitsu.
Elle prit la lampe loupe et mit la bague sous le verre.
Comme sur l'alliance d'Hiruma, il y avait quelque chose de gravé à l'intérieur de l'anneau.
Un symbole de trois clés qui s'entrecroisaient, suivi d'une série de chiffres et trois points de suspension. Qu'est-ce que c'était ? Une longue suite de chiffres la succédait.
A ce moment Yukimitsu entra dans la pièce.
_ Oh, Mamori… Les Ojo viennent de partir. Takami nous a demandé de veiller sur Koharu le temps qu'elle…
_ Yukimitsu, est ce que tu connais ce sigle ? demanda la jeune femme en lui présentant la lampe loupe.
Le jeune homme mit ses lunettes et fronça les sourcils. Il pianota quelques minutes sur son ordinateur, et émit un grognement sceptique.
_ Si je ne me trompe pas… c'est le sigle d'une banque Suisse. La suite doit être probablement un numéro de compte, je ne vois que ça.
_ Une banque ? répéta Mamori, sceptique. En Suisse ?
_ On en trouve un établissement également au Japon, dans le quartier des Yuhi Guts, si je ne m'abuse, répondit Yukimitsu. C'est un terrain neutre, personne n'y va jamais.
Mamori resta silencieuse un moment, puis récupéra la bague avant de sortir en trombe du laboratoire.
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Hiruma était assis dans un fauteuil en cuir, les pieds sur le bureau, à astiquer sa mitraillette. Il méditait devant les énormes caissons métalliques d'où l'on pouvait voir l'emblème d'Ojo.
_ Tu as vu ça ? fit Agon en entrant dans la pièce. Une révolution pour notre clan. Nous sommes désormais les plus puissants, et nous pourrons faire plier tous ces bâtards !
Il arriva vers la fenêtre et regarda la vue.
_ Bientôt, tous les clans de la ville seront sous notre contrôle, dit-il. Nous aurons besoin d'effectifs pour régir tout ça. Je te laisserai bien Deimon, si tu le veux. Une fois qu'on l'aura nettoyée de toute la vermine, je te laisserai tout le Sud.
Dokubari, Cameleons et Deimon.
Hiruma eut un rictus et sourit de manière sadique.
_ Ohey, fuckin' dreadlocks ! Tu ne crois pas qu'on est un peu à sec en ce moment pour se permettre de vouloir un si gros morceau ?
_ Hn… je n'en suis pas si sûr, répliqua Agon. Tu n'es pas le seul à avoir un coffre dans le quartier des Yuhi Guts.
Hiruma cessa d'astiquer son arme et leva les yeux vers Agon. Toujours avec sa paranoïa habituelle, il avait poussé ses recherches vraiment partout. Ce fuckin' nabot d'Ikkyu avait certainement beaucoup à faire. Il sourit et mit son arme debout, appuyée contre son épaule.
_ Oh ? Tu cherches à savoir ce que je garde, n'est-ce pas ?
_ Tu aurais une raison de me le cacher ? répliqua Agon.
Hiruma reporta son attention vers les caissons d'Ojo.
_ Devil Diamond, dit-il d'une voix claire.
_ Le joyau des Cupids ? reprit Agon. Un diamant rouge d'une valeur inestimable. On le savait disparu depuis des années, mais on ne savait pas que tu étais dans le coup…
Il ricana.
_ C'est parfait. On est à sec. Donne-nous ce diamant.
_ Kekekeke... Fuckin'dreadlocks, si j'avais pu le faire, j'aurais été le premier à me barrer avec. Il faut un fuckin' code.
Agon le regarda, suspicieux.
_ Tu as créé ce compte, et tu n'as pas le code ? dit-il d'une voix menaçante.
Hiruma ferma les yeux, et remonta à une époque lointaine.
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Flash Back: Bien des années auparavant
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_ Kekekekeke…
_ Qu’est-ce que tu fais encore ici ?
Musashi soupira en voyant Hiruma assis sur le banc des vestiaires désert. Deux mallettes étaient ouvertes devant lui, l’une verrouillée, l’autre ouverte et contenant une quantité monstre de billets qu’il comptait avec son habituel rire sadique.
_ Tu es encore en train de trafiquer le match des Poséidons ? Tu sais que non seulement la ligue tient les arbitres à l’œil ! Au moindre soupçon de corruption, la carrière de dizaines de personnes peut être détruite ! Et Kakei ne nous laissera plus accès au port maritime !
_ Kekekeke… ce fuckin’ yeux bleus aura encore plus de problèmes maintenant qu’il a perdu notre petit pari.
Il donna un vigoureux coup de pied, ouvrant la mallette encore fermée. A l’intérieur, Musashi eut un choc.
_ C’est… le Devil Diamond des Cupids non ? Co…Comment tu l’as eu ? Doburoku nous a toujours dit qu’il était perdu pour de bon !
_ Kekeke… Ce fuckin’ alcoolique devrait me remercier. Encore une autre victoire pour Deimon.
Musashi soupira, et finit par dire :
_ Tu as encore fait des siennes. Doburoku aurait pu passer des accords avec eux. Tu n’avais pas besoin de faire tout cela.
Il prit néanmoins les deux mallettes dans ses mains et tourna les talons avant de dire :
_ Sors d’ici. Ce n’est pas notre territoire.
Hiruma ne bougea pas, se contentant de mâcher son chewing-gum. Il arborait un sourire satisfait, et s’arrêta pour regarder le vestiaire désert de haut.
_ Tch…, lâcha-t-il en sortant des vestiaires.
C’était la fin du match et le stade entier avait été déserté, si ce n’était que quelques employés qui nettoyaient les possibles ordures et vidaient les poubelles. Hiruma regarda le terrain d’un œil vague. L’équipe du gang Kyôshin, les Poséidons, n’avaient eu aucun mal à gagner le match, mais il avait été plus rusé en propageant la fausse nouvelle d’un des linebackers qui avait été férocement attaqué par des délinquants. Les parieurs avaient aussitôt retourné leurs vestes, incluant le détenteur du Devil’s Cupid.
C’était tout de même un match très exaltant. Pendant un instant, Hiruma se demanda s’il n’avait pas trafiqué le match, il aurait été sur le terrain, à utiliser son génie pour des stratégies de football américain plutôt que de faire ce qu’il faisait.
Il vit une ombre se profiler à sa gauche. Musashi qui revenait à la charge ?
— Hiruma Yoichi ?
Il leva la tête, et la personne qui parlait en face de lui s’interrompit. C’était une jeune fille rousse qui ne semblait pas totalement japonaise, de toute évidence, comme en témoignait ses yeux bleus. Elle avait les yeux fixés sur sa mitraillette dans sa main. Dans ses mains, quelques dossiers, et son nom était épinglé sur sa poitrine : Anezaki Mamori, membre du comité de la répression des fraudes.
Une vraie fille à papa avec son tailleur soigné, son air sévère. La gentille fille qui ne sortait jamais des sentiers battus.
_ Qu’est-ce que tu regardes, fuckin’ rouquine ? lança-t-il. Dégage.
Elle ouvrit de grands yeux, choquée par son langage grossier. Puis, finalement, elle ouvrit la bouche :
_ Aucun membre du comité de la répression des fraudes ne va venir vous confronter, alors je viens le faire à leur place ! Vous êtes accusé d’avoir corrompu l’arbitre et répandu de fausses rumeurs dans la communauté des parieurs.
Hiruma esquissa un sourire, avant de ramasser sa mitraillette et d’enlever la sécurité. Mamori Anezaki déglutit, mais soutint son regard sans reculer.
— Et donc quoi ? fit Hiruma avec un sourire sadique. Qu’est-ce que tu vas faire ?
— Ces actes sont criminels, des sentences vont s’imposer pour vous interdire les accès aux paris. Les sanctions judiciaires sont aussi applicables…
Elle semblait si gentille, si innocente à suivre les règles. Elle déblatérait ses jolies phrases dans l’espoir qu’il s’excuse et arrête. Il allait lui montrer.
Mamori sursauta et se baissa instinctivement quand il tira un coup en l’air pour la faire taire.
— Kekekeke, tu as du culot pour venir ici. Mais ne viens plus me confronter.
Mamori ouvrit le dossier qu’elle avait à la main.
— Bien, si vous ne voulez pas coopérer et si les sanctions juridiques, nous serons obligés de prendre les mesures nécessaires.
—Kekeke, je n’aurais jamais cru que le comité pouvait avoir du personnel aussi minable, ricana Hiruma. Et tu crois que ça va suffire pour m’arrêter ?
Mamori regardait le manège de ce Hiruma Yoichi depuis un moment, puisqu’il jouait avec les membres du comité comme s’ils n’étaient que des vulgaires pions. Les équipes de football américain financées par des gangs, les matchs corrompus, les arbitres achetés… les membres du comité menacés… Elle s’était promis de faire quelque chose. Et l’expérience et la colère lui avaient appris une chose : il fallait jouer sur la corde sensible. Même si ça représentait des risques. Alors Mamori retint sa respiration avant de lâcher son coup joker :
— Je ne parlais pas de vous, mais d’un de nos parieurs les plus compulsifs, Hiruma Yuya.
Il lui suffit d’une fraction de seconde pour savoir qu’elle avait ouvert la boîte de Pandore. Hiruma lui tournait le dos, mais s’était arrêté. Mamori crispa ses mains sur son dossier, se demandant s’il allait la tuer.
— Hiruma Yuya a permis à faire gagner près d’un milliard de yens au cours de l’année dernière. Toujours du liquide, bien sûr, dit-elle en consultant ses papiers. Aujourd’hui, il a placé un pari d’un million pour la victoire des Poséidons. Qu’il a perdu bien sûr.
Hiruma regardait par-dessus son épaule, mais Mamori était certaine que son aura démoniaque était devenue plus menaçante, prête à l’étouffer.
— Si les membres du comité de la répression contre la fraude prennent connaissance de ça, ils ouvriraient une enquête sans tarder, continua Mamori.
Cette fois, Hiruma se tourna pour lui faire face. Il avait son doigt qui le démangeait, d’appuyer sur la gâchette de sa mitraillette. Mamori le sentait presque prêt à la tuer, aussi annonça-t-elle sa proposition:
— Mais si j’ai la certitude de ne plus voir aucun membre de gang dans les vestiaires, l’enceinte du stade ou à proximité de nos arbitres, je bannirai Hiruma Yuya de nos stands de paris.
Elle crut pour l'ombre d'une expression de gratitude dans les yeux d'Hiruma qui la fixait sans ciller. Mais il avait une expression dure sur le visage.
— Même si Deimon se retire des paris, je veux que mes hommes continuent à venir au stade, dit-il.
Deimon… ce devait être le nom du gang. Mamori crispa sa main sur le dossier.
— Uniquement lorsque j’aurai la confirmation qu’il n’y aura aucune corruption et que leur venue n’a que pour but d’apprécier les matchs.
Hiruma ricana et tourna les talons.
— Idiote, lança-t-il par-dessus son épaule. Si tu veux éradiquer la corruption en faisant chanter les chefs de gangs, il ne se passera pas deux jours avant qu'ils ne balance ton fuckin'cul à la mer. Il vaut mieux pour toi que Deimon continue à circuler dans l'enceinte du stade.
— Pourquoi me protéger ? demanda Mamori.
Il ne répondit pas, mais elle avait l’impression qu’il la remerciait plutôt d’avoir banni son père, parieur compulsif, du stade, malgré l’immense contribution financière qu’il apportait à la ligue avec son argent. Mamori soupira. Elle espérait simplement qu’elle n’aurait pas à côtoyer Hiruma Yoichi pendant longtemps. Ce membre de gang lui filait la chair de poule.
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Et beaucoup de choses s’étaient passées depuis, pensa Hiruma en réalisant à quel point les choses auraient été différentes s’il n’était pas allé flâner du côté du terrain ce jour-là.
_ Alors ? grogna Agon, impatient.
Hiruma releva la tête.
_ Je n’ai pas ce fuckin’ code. C’est cette fuckin’ femme qui l’a.
Chapter 10: Chapitre 10
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Chapitre 10
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Le lendemain matin, Koharu se sentait beaucoup mieux, et décida qu’elle était disposée à rentrer à Ojo. Mamori s’offrit de l’accompagner et demanda à Yukimitsu de les conduire à Ojo.
A peine arrivée et sortie de la voiture, deux hommes en noir vinrent chercher Koharu. Mamori les salua d’un coup de tête, et leva la vitre. La manager d’Ojo disparut dans un immense building, au sommet duquel Takami l’attendait manifestement.
Après l’avoir déposée, Mamori se rendit dans le quartier neutre des Yuhi Guts. On lui cachait quelque chose. Musashi s’était montré très évasif lors de ses interrogations. Elle ne savait si c’était parce qu’il ne savait pas ce qu’il y avait là-bas, ou bien parce qu’il ne voulait pas qu’elle le sache.
La banque était relativement calme, et Mamori fut tout de suite prise en charge. Conduite dans la salle des coffres, elle s’entretint avec le responsable dans son bureau.
_ Je suis désolé, dit-il quand elle lui eut donné la longue série de chiffres. Bien que vous connaissiez le numéro du coffre, je ne peux vous donner son contenu.
Il tapota pendant quelques instants sur son ordinateur poussiéreux, dont l’unité centrale bruyante expédiait son air chaud au visage de Mamori.
_ Mais…, tenta Mamori.
_ Il faut le code, dit le vieil homme.
_ Le code ? répéta Mamori.
Elle avait beau examiner cette fichue bague de yakuza dans tous les sens, elle n’arrivait pas à trouver quoi que ce soit d’autre que le numéro de compte. Déclarant forfait, elle sortit du bureau, de la banque, et rejoignit Yukimitsu dans la voiture.
_ Ca me gêne de faire ce genre de choses, dit-elle en remettant une clé USB noire où était dessinée la tête d’un démon rouge à son acolyte.
_ Ne t’inquiète pas, la rassura-t-il. Hiruma aussi avait recours à ce genre de méthode. C’est lui qui a configuré ces clés.
Cerberus grogna au nom de son maître, et Mamori le mit sur la banquette d’en face pour qu’il soit à l’aise, pendant que Yukimitsu insérait la clé USB dans l’ordinateur.
_ Je crois que tu l’as insérée suffisamment longtemps dans son unité centrale pour qu’elle absorbe les données qu’on recherche, mais il y a eu peu de mouvement. Ce coffre a été ouvert il y a six ans, et ré-ouvert un an plus tard, selon les registres. Depuis, calme plat. La banque ne précise pas son contenu par contre.
Mamori soupira.
_ Mais c’est étrange, dit-elle, ce coffre doit contenir des objets de valeur. Pourquoi Hiruma n’a-t-il pas utilisé ce qu’il y avait dans ce coffre pour renflouer Deimon ? Le clan était à l’abandon quand je suis arrivée.
Yukimitsu eut une moue désappointée, et consulta sa montre.
_ Musashi nous a dit de revenir avant midi, dit-il. La rencontre avec Nagas est dans à peine quelques heures.
Mamori grimaça, et secoua la tête.
_ Emmène-moi à Dokubari. Immédiatement.
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Le clan des Dokubari Scorpions était le territoire des vies dissolues : casinos, hôtesses qui parfois offraient des services "bonus", et dealeurs de drogues… Contrairement aux autres clans, dont les frontières étaient délimitées par des barrières invisibles, et que tous se cachaient sous l’affluente et grouillante ville de Tokyo, le quartier des Dokubari avait parfaitement délimité sa frontière et son statut de gang de criminel, aux yeux de tous.
Mamori n’était pas rassurée, d’autant plus qu’elle n’avait demandé à personne de l’accompagner. Pour tout le monde, elle était censée rentrer directement après avoir raccompagné Koharu. Et Yukimitsu n’avait pas vraiment le profil d’un combattant.
Elle ferma les yeux, et inspira un grand coup, tandis que la limousine s’arrêtait devant un grand casino pimpant, de toute évidence bondé malgré le fait qu’il soit juste dix heures du matin.
Mamori sortit et avança d’un pas assuré jusqu’à entrer dans ce temple de la luxure. Sans se soucier d’éviter les gens, elle chercha celui qu’elle était venue voir du regard.
Il était au fond, assis dans un canapé devant d’innombrables bouteilles d’alcools, et de toute évidence en agréable compagnie.
Sasuke Kanagushi riait aux éclats, semblant être sous l’effet de substances douteuses. Il cligna les yeux lorsqu’il vit Mamori s’installer devant lui, sans aucune gêne.
_ Oh, voilà un sacré morceau, brunette, dit-il d’une voix éraillée. Viens par ici ma chérie, ne sois pas timide.
Mamori ne daigna pas lui répondre et lui montra la chevalière de Deimon. Le sourire du chef des Dokubari s’effaça aussitôt.
_ Dégagez, grogna-t-il aux deux femmes.
Ces dernières échangèrent un regard avant d’obtempérer.
_ Ce bâtard d’Hiruma n’est plus assez fort pour venir de lui-même maintenant.
_ Mets tes informations à jour, lança Mamori. Je suis la nouvelle chef de Deimon.
Sasuke Kanaguchi la regarda, surpris, et méfiant. Il eut un sourire diabolique.
_ Et donc ? Que me vaut cet honneur ?
Mamori s’adossa au fauteuil, croisa les jambes et sortit quelque chose de la poche de sa veste. L’homme à la tresse de scorpion en face d’elle blêmit.
_ J’ai besoin d’un service, fit Mamori en lui montrant le carnet de chantage. J’imagine que dans ton cas, je n’ai pas besoin de te supplier, n’est-ce pas ?
Sasuke Kanagushi serra les dents. La nouvelle chef des Deimon l’emmerdait presqu’autant que son prédécesseur.
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Lorsque Mamori sortit, son téléphone à l’oreille, la voiture s’était garée sur une place complètement déserte. Marchant rapidement, tâtonnant sa perruque pour la remettre en place, elle entendit néanmoins une voix derrière elle. Celle de Kanagushi.
_ C’est quand même risqué, n’est-ce pas ? De venir en territoire ennemi sans escorte. Fatale erreur de débutant.
Elle fit volte-face. Toute la bande des Scorpions était sortie, Kanagushi à leur tête, un rire presque euphorique le secouant presque tout entier. Il était probablement encore sous l’effet de la drogue.
_ Mamori ! entendit-elle derrière elle.
Yukimitsu lui lança quelque chose qu’elle attrapa au vol. Une des vieilles mitraillettes d’Hiruma, ainsi que deux grenades accrochées à la crosse. Avantagée par quatre années passées à prendre soin des armes de son ex-mari, elle chargea la mitraillette sans problème, et le pointa sur le groupe devant elle.
Kanagushi ricana de plus belle. Il ne pouvait plus s’arrêter.
_ Comme-ci une femme seule pouvait arrêter toute une bande.
Mamori recula. Dégaina une grenade et la balança sur le groupe. Elle explosa. Lorsqu’elle cria, elle eut presque l’impression que ce n’était pas son cri, mais celui d’Hiruma.
_ CERBERUS !!!!!
Avec un rugissement démoniaque, le chien des enfers sauta hors de la voiture, et surgit des flammes causées par les grenades pour attaquer Kanagushi. Celui-ci fit un bond en arrière en poussant le chien et son garde se mit devant lui. Cerberus lâcha prise et recula un peu, grognant.
_ Une femme, et un chien, rigola le chef des Scorpions. On ne va en faire qu’une bouchée.
Soudain, des bruits de tirs se firent entendre derrière eux. Mamori plissa les yeux pour voir ce qui se passait et vit Cerberus foncer vers elle. Deux secondes plus tard, un immense jet de flammes fit hurler les Scorpions. Ils tombèrent par terre, inconscients, les vêtements roussis.
_ Qu’est-ce que… ? pensa Mamori.
_ TOUCHDOWN ! YA-HA !
Elle ouvrit de grands yeux vers celui qu’elle avait rencontré quelques semaines plus tôt. Toujours son air arrogant. Et il n’avait plus cet habit de prisonnier. Il était effrayant.
Hiruma tenait encore son lance-flammes et la regardait, son éternel sourire sadique aux lèvres. En le voyant, Mamori eut l’impression que l’avidité du démon l’avait emporté sur le bon côté qu’elle s’était efforcée de voir en lui pendant toutes ces années.
Car aujourd’hui, Agon, Ikkyu, et cinq autres Nagas étaient à ses côtés.
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_ Mu… Musashi ! Venez tout de suite à Dokubari ! Les Nagas nous…
La voix paniquée de Yukimitsu au téléphone dans la voiture parvenait à peine aux oreilles de Mamori, qui n’avait d’yeux que pour l’homme qui se tenait en face d’elle. Celui-ci fit éclater sa bulle de chewing-gum et appela :
_ Cerberus.
Le chien et Mamori échangèrent un regard. L’animal semblait désorienté, par le fait de rejoindre son maître dans un clan qui avait toujours été considéré comme un ennemi. Mais Hiruma n’eut pas besoin de l’appeler deux fois. Lentement, le chien quitta Mamori pour rejoindre son maître.
_ Dire qu’on était venu pour une simple visite de routine, commenta Agon, un sourire aux lèvres. Et on y rencontre notre rendez-vous de quatre heures. Nice shot, Hiruma.
Mamori prit la parole :
_ Hiruma Yoichi.
Il se tourna vers elle. Elle se comportait comme ci il lui était un parfait étranger.
_ Pourquoi avoir balayé les Scorpions pour moi ? demanda-t-elle.
_ Kekekeke… tu ne crois quand même pas que je l’ai fait pour toi, fuckin’ remplaçante ? Ce qui compte, c’est la victoire. Quel intérêt de laisser des perdants se battre contre un clan que nous allons nous-même écraser ?
Il parlait comme Agon. Mamori serra les poings.
_ Tu parles trop, rétorqua le criminel aux dreadlocks en s’avançant. Cette vermine de Deimon ne fera pas long feu. Elle a très bien vu ce qu’on peut faire aux femmes.
A l’entente de Koharu, les mains de Mamori se crispèrent sur la mitraillette. Yukimitsu la rejoignit.
_ Partez, dit-il d’une voix claire.
_ Partir ? répéta Ikkyu. Et pourquoi ? Bientôt, Deimon sera à nous. J’espère qu’ils auront le loisir de profiter de mes petits cadeaux.
Horrifiée, Mamori le vit regarder sa montre et établir un décompte.
_ 5 … 4 … 3 … 2 … 1 … Boum !
Qu’avait-il fait à Deimon ? se demanda Mamori, affolée. Elle vit Agon éclater de rire.
_ Je ne crois pas que tes amis viendront te sauver de sitôt. Alors si tu tiens à la vie, je te conseille de ramener les bombes.
Mamori se tourna vers Hiruma.
_ Pourquoi ? demanda-t-elle. Kurita, Musashi, Sena, Monta, Jumonji, Kuroki, Toganou, Yukimitsu…. Et tous les autres ! Pourquoi tu leur as fait ça ? Quel était ton but ?
Il comprit très bien le sens caché de la question. Utiliser le langage des signes aurait été trop risqué dans un tel face à face.
« Pourquoi tu m’as fait revenir des Etats-Unis, Hiruma ? Et pourquoi avoir abandonné tes amis ? »
_ Kekekeke…, fuckin’ remplaçante. On va toujours dans le clan qui nous profite le plus. Qu’est-ce que j’allais faire d’un territoire rempli de fuckin’ crevettes fauchées ? Enfin, ils ne le sont plus, manifestement.
Mamori ouvrit de grands yeux. Non, impossible…
Hiruma continua :
_ Tu auras fait un fuckin’ bon travail. Fuckin’manager.
Il chargea son arme et tira dans la voiture de Deimon. Les pneus crevèrent.
_ Bien, coupa Agon, il est temps de reprendre Deimon. Aujourd’hui.
_ Agon, commença lentement Ikkyu. Réglons cela de manière diplomatique.
_ Pourquoi ? lança Agon avec un ricanement. L’agneau est entré dans le terrain des loups. Finissons-en avec cette brunette.
Hiruma pointa son arme sur Mamori qui brandit la sienne.
_ Bute-la, dit Agon.
_ Non, rétorqua Ikkyu.
_ Ne me contredis p…
Hiruma baissa son arme et lâcha :
_ Tch… trop tard.
Une horde de motos surgit entre les deux clans, soulevant de la poussière. Toussotant, Mamori regarda autour d’elle, et vit des dizaines de motos vertes et mauves. S’il y avait un clan plus dangereux et désert que Dokubari, c’était bien celui qui était à côté, déserté de toute forme de vie. Les quelques rescapés de la population étaient des délinquants ou des cas sociaux.
_ Vous êtes…, commença Yukimitsu.
_ Zokugaku Cameleons, finit Agon. Qu’est-ce que vous foutez là ?
_ Je te retourne la question, Nagas, cracha Habashira Rui, le chef. Dégage.
_ Unsui règlera tout ça cet après-midi, coupa Ikkyu. On s’en va.
Mamori vit le chef des Cameleons se tourner vers elle et lui lancer un casque :
_ Ohey ! Grimpe !
Elle prit place derrière lui, et Yukimitsu prit place derrière un autre acolyte. Les motos vrombirent et ils s’en allèrent. Dans le rétroviseur, Mamori voyait encore le sourire sadique d’Hiruma, celui qu’il arborait toujours lorsqu’il voyait le visage d’un de ses esclaves se décomposer.
« Comment as-tu pu ?! »
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_ Alors vous n’avez rien ? s’enquit Yukimitsu. Ikkyu avait laissé entendre qu’il avait disposé quelque chose pour vous tuer.
_ C’était le cas, reprit Jumonji en lançant une canette de soda dans une poubelle.
_ Les explosifs qu’ils utilisent généralement pour faire exploser ses M-13 quand il est en clan ennemi, pour ne pas laisser de traces, dit Sena d’une voix triste. Il y en avait près du combini où ces trois-là vont tout le temps, au restaurant préféré de Kurita et Komosubi…
_ Si Monta ne les avaient pas interceptés, on aurait pu se faire tuer, renchérit Kurita en grignotant un chou à la crème du bout des doigts, pensif.
Monta soupira, et regarda la porte par laquelle Mamori avait disparu dès son arrivée.
_ Est-ce qu’elle va s’en remettre ?
Suzuna se rappela d’une fois où elle s’était posé la même question. Elle entendait encore la voix de « You-nii ».
« Ce n’est pas le genre de femme à se morfondre. Elle sera dehors dans un instant »
Kurita se tourna vers Yukimitsu :
_ Alors… Hiruma est…
L’informaticien baissa la tête :
_ Je ne voulais pas y croire, mais je crois qu’à présent, il est réellement un membre des Nagas. Il a failli nous tuer.
Tous se regardèrent.
_ C’est impossible ! dit Sena. Hiruma ne nous laisserait jamais tomber.
_ C’est vrai ! renchérit Monta. Après tout, il a envoyé Mamori ici pour nous aider non ? Il avait un plan.
_ C’est le cas, répondit Yukimitsu. Mais ce n’était pas le plan que l’on croyait.
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Chapter 11: Chapitre 11
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Chapitre 11
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Seule dans le noir, assise sur son lit, Mamori avait la tête baissée. La rencontre avec Hiruma dansait encore devant ses yeux.
Elle n’avait pas compris pourquoi Hiruma l’avait faite chef du clan de Deimon. Pourquoi il l’avait faite revenir. Et maintenant, elle aurait préféré ne jamais le savoir. Des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues.
_ Je suis vraiment… une idiote, dit-elle avec un sourire larmoyant.
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Flash Back
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_ Je pense qu’il ne vous reste plus qu’à signer, dit timidement l’avocat du divorce.
Il se sentait tout minuscule et préfèrerait disparaître sous terre. En dix ans de carrière, il avait l’habitude des divorces. Entre les couples qui s’engueulaient, ceux qui pleuraient, ceux qui regrettaient et se remettaient ensemble, ceux qui se lançait des regards noirs et furieux… Il pensait avoir tout vu. Il pensait pouvoir contrôler n’importe quelle situation.
Mais il avait rarement vu cela.
A sa gauche, cette femme en tailleur noir, aux cheveux rouges, les jambes croisées, qui regardait son téléphone, tandis que l’homme à sa droite avait les pieds sur la table, et… une mitraillette ?!
Comment est-ce que le garde de la sécurité avait pu laisser passer ça ?
Posant enfin son téléphone, Mamori jeta un coup d’œil au contrat de divorce et le parcourut en diagonale. Ses yeux s’arrêtèrent sur un point en particulier et elle se tourna vers l’avocat.
_ Est-ce que vous pourriez nous laisser seuls un moment ?
_ Euh… je, hésita l’avocat.
_ Elle t’a dit de dégager, fuckin’ avocat, lança Hiruma sans lâcher sa femme du regard.
Le pauvre homme se leva en tremblant, s’inclina et sortit presque en courant de la salle. Dès qu’il fut sorti, Hiruma retira une feuille de papier pliée en quatre et la jeta sur le bureau.
_ Tch…
_ Tu me laisses la moitié des gains de Deimon ? s’enquit Mamori. Je ne veux rien avoir à faire avec eux. Ni avec toi. Je ne veux pas de ton argent sale.
_ Kekekeke… C’est pas comme ci j’avais le choix, dit Hiruma. Contente-toi de le prendre, fuckin’ femme. Tu sais très bien que je finirai par gagner. Je gagne toujours.
Il ferma les yeux. Il entendit Mamori signer le contrat, déchirant presque la feuille avec la pointe de la plume. Il l’entendit se lever, prendre la feuille, et lancer :
_ Non, pas cette fois. Adieu, Yoichi.
Et la porte claqua. Hiruma fit une bulle de chewing-gum et ouvrit les yeux sur le contrat signée. Sur la feuille, le coin de la signature avait bavé. A cause d’une minuscule larme.
_ Tch, lâcha-t-il. Fuckin’ ex-femme, tu m’auras créé des fuckin’ problèmes jusqu’à la fin.
Et il signa à son tour.
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_ Alors Hiruma l’a faite revenir pour l’argent ? demanda Sena.
_ Oui, répondit Yukimitsu, tête basse.
_ Lors de leur divorce, Hiruma avait par principe légué à Mamori une moitié des gains de Deimon, se rappela Musashi. C’était aussi une mesure de sécurité, car en mettant cet argent sous le nom de Mamori, il le mettait en sécurité loin des services de piratages des autres clans. Elle devenait aussi une roue de secours.
Tout le monde resta la tête baissée. Suzuna dit d’une voix triste :
_ Pauvre Mamori…, se dit-elle.
_ Nous n’avons pas de temps à perdre, lança Musashi. Il nous faut rencontrer Unsui maintenant.
_ Je suis d’accord, fit la voix de Mamori.
Tous firent volte-face. La chef des Deimon avait une robe rouge droite, très cintrée, sa perruque, son maquillage irréprochable, ses lentilles de contacts qui ne cachait en rien un regard froid et vide.
_ Monta, dit-elle en s’avançant.
_ O…Oui ? fit l’interpellé, encore surpris de cette apparition.
_ Je veux que tu restes sur les toits. Si Ikkyu est en haut et tente quelque chose, je veux que tu l’arrêtes immédiatement. Sena, tu l’accompagnes.
Les deux jeunes hommes échangèrent un regard avant d’acquiescer lentement. Mamori se tourna vers Kurita :
_ Tu viens avec moi. Komosubi, Jumonji, Kuroki, Toganou aussi. Prenez les voitures. En cas de problèmes, venez en renfort.
Tous restèrent immobiles, jusqu’à ce que Musashi élève la voix :
_ Vous avez entendu le chef ? Tous au travail !
A cet ordre, tous se séparèrent. Musashi s’approcha d’elle, mais Mamori ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit.
_ Allons-y et finissons-en. Je n’ai pas l’intention de laisser qui que ce soit détruire Deimon.
Musashi eut un sourire satisfait et sortit. Yukimitsu allait sortir à nouveau quand Mamori dit :
_ Prends Ishimaru, et Natsuhiko avec toi. J’ai une mission pour vous à Scorpions. Vous allez devoir récupérer quelque chose. Assurez-vous que personne ne vous voie.
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Unsui regardait devant lui cette femme dont tout le monde parlait. Enfin il rencontrait le nouveau visage de Deimon. Un visage bien mystérieux, entre la perruque, les lentilles, le maquillage superflu.
_ Nous nous rencontrons enfin, dit-il simplement. Après tout ce temps.
_ C’est donc vous le chef des Nagas.
Unsui hocha la tête et détailla son visage. Musashi était à côté de Mamori. L’atmosphère était tendue dans la pièce. Heureusement, Hiruma n’était pas dans la pièce, auquel cas Mamori aurait eu du mal à garder son visage impassible.
Par contre Agon, lui, ne se gênait pas pour rendre l’atmosphère particulièrement gênante. Alors que son frère regardait Mamori pour essayer de deviner son identité, Agon lui, la regardait de manière totalement indécente.
_ Pour en revenir à notre problème, je pense qu’il serait temps que vous nous rendiez la cargaison volée, dit Unsui. Vous étiez illégalement dans le port de Kyôshin.
_ Vous aussi, je crois, rétorqua Mamori. Nos affaires ne sont pas vos problèmes.
_ Et c’est réciproque, répondit Unsui au tac-au-tac. J’ai donc eu tous les droits de vous attaquer.
_ Huhuhu… une forte tête, ça me plaît, dit Agon en ricanant.
Unsui jeta un œil à son frère et poussa un long soupir.
_ Agon, les Hakushu Dinosaurs vont bientôt être là.
Son jeune frère comprit le message, mais pour une fois, ne chercha pas à discuter. Après un nouveau regard vers Mamori, il sortit du salon privé. Unsui poussa un soupir.
_ Je crois savoir que vous êtes entrés illégalement dans notre territoire alors que cela n’a pas été notre cas, dit Musashi. De plus, Nagas a également tenté de nous attaquer maintes fois. Nous demandons donc réparation.
Unsui lâcha un rire, et dit :
_ Réparation ? J’imagine que vous connaissez mon frère et son impulsivité. Si vous tardez trop à nous rendre notre marchandise, je crains de ne pas pouvoir le retenir. De plus, nous avons avec nous, l’ex-chef de Deimon.
_ C’est une menace ?
_ Plutôt une mise en garde. Vous seriez en cas d’attaque sérieusement handicapés. Je tiens à ce qu’il y ait le moins de dégâts possibles.
Musashi et Mamori échangèrent un regard. Unsui de laissa aller sur le dossier du fauteuil avant de rajouter :
_ Sachant que je n’utilise pas les mêmes méthodes qu’Agon, je vous conseille de finaliser l’accord à l’amiable avec moi… tant que vous le pouvez.
_ Et que proposez-vous ? lança Musashi.
_ Je ne désire que mes marchandises, répondit Unsui.
_ C’est d’accord, répondit Mamori.
Cette réponse étonna les deux hommes qui se tournèrent vers elle, surpris. Pour se justifier, elle dit :
_ Vous l’avez dit vous-même, c’est tout à notre avantage de marchander avec vous. Mais j’exige quand même une condition.
Unsui haussa un sourcil.
_ Je ne crois pas que vous soyez en mesure de poser des conditions, dit-il froidement.
_ Au vu des dégâts causés par Ikkyu dans notre gang, sans compter le cas de Koharu Wakana, je crains que si, répliqua Mamori. Je ne demande qu’une compensation financière pour les dégâts causés à Deimon.
Le visage d’Unsui se détendit, et il esquissa même un sourire.
_ Rien que ça ? C’est d’accord. Combien ?
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Agon conduisait comme un dingue sur la route, manquant presque de renverser les passants. A ses côtés, Ikkyu n’était guère rassuré.
_ Agon, dit-il sérieusement, pourquoi est-ce qu’on fait ça ? On tient Deimon de toute façon, si on commence à faire du grabuge, ça va encore nous coûter des réparations en plus.
Le chef des Nagas ne prit pas la peine de répondre et accéléra de plus belle. Ikkyu renchérit :
_ Pourquoi on ne demande pas à Hiruma l’emplacement du QG ? Ce serait plus rapide.
_ On ne sait toujours pas ce qui peut se passer, dit-il. A la dernière minute, il peut très bien retourner sa veste. Et je suis sûr qu’il connaît cette femme.
En effet, si Hiruma avait montré une impassibilité sans faille lors de la rencontre à Scorpions, Agon n’en était pas si sûr concernant cette femme. Son regard avait la froideur du marbre, mais il y avait eu de l’émotion dans sa voix. Son téléphone sonna, et il grogna à Ikkyu :
_ Réponds. Si c’est Unsui, dis-lui que je règle une affaire urgente.
Ikkyu fronça les sourcils. C’était un appel masqué. Lorsqu’il répondit, mettant le haut parleur pour qu’Agon entende, une voix féminine s’éleva :
_ Elles ne sont pas à Deimon, si c’est ce que tu cherches. Mais on peut s’arranger.
Le chef des Nagas freina brutalement, et regarda le téléphone. Ikkyu bredouilla :
_ Cette voix ça ne serait pas…
Agon lui arracha le téléphone des mains, coupa le haut-parleur et sortit de la voiture.
_ Comment as-tu eu ce numéro ? demanda-t-il avec un petit sourire.
_ Peu importe, répondit Mamori. J’ai déjà négocié l’achat des bombes avec Unsui. Mais je doute qu’il puisse faire grand-chose sans la télécommande.
Agon regarda les immeubles et lança d’une voix basse et menaçante :
_ Tu es très imprudente, comme femme. Si tu joues avec moi, tu sais ce que je peux te faire ?
_ Je ne cherche pas à jouer, mais à vendre. Je pense que ça sera plus intéressant que de négocier avec Unsui.
Agon resta silencieux. Il commençait à aimer ce petit jeu. Cette jeune femme d’apparence frigide cachait bien son jeu. Et ça lui plaisait.
_ Qu’est-ce que tu veux ? Je suis prêt à m’arranger. Mais tu sais que je ne vais pas te demander uniquement de l’argent, n’est-ce pas ?
Il y eut un silence, et la réponse le surprit :
_ C’est justement ce qui m’intéresse voyons.
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Mamori raccrocha juste à temps avant que Musashi n’intervienne dans le petit salon privé où elle s’était enfermée pour passer son coup de fil. Il avait une mallette à la main et soupira :
_ J’ai réussi à avoir la moitié de la somme avant la livraison. On pourra peut-être essayer de parler à Seibu avant que Nagas n’attaque. Quel est le plan ?
Mamori se tourna vers lui, et dit :
_ Il n’y a pas de plan. Allons-y.
Elle passa devant lui et il la suivit dans le couloir qui menait à la sortie. En chemin, Musashi croisa Marco, le chef des Dinosaurs, accompagné de son fidèle garde, Gaô. Il jeta un coup d’œil à Mamori, devant lui. Cette dernière s’était raidie, mais continua à marcher jusqu’à ce qu’elle croise Marco.
_ Alors voilà le nouveau visage de Deimon, commenta-t-il. J’espère que nous aurons l’occasion de mieux nous connaître.
Mamori ne le regarda pas, mais répondit :
_ Vous m’excuserez si je ne partage pas votre espoir.
Et elle continua sa route. Marco lâcha un rictus, et s’enfonça dans le couloir.
_ Gaô, viens, dit-il simplement.
Son garde n’avait pas bougé. Il regardait cette femme qui sortait du restaurant. Il l’avait déjà vue, c’était certain. Mais où ?
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Chapter 12: Chapitre 12
Chapter Text
Chapitre 12
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Musashi regardait Mamori, assise derrière le bureau d’Hiruma. Il revoyait encore l’ancien chef de Deimon avait l’habitude de poser les pieds sur la table, arborait son célèbre sourire sadique, et sa mitraillette. Cette vision s’estompa peu à peu sous ses yeux marrons, pour laisser place à l’ex-femme de celui-ci.
Mamori avait croisé ses longues jambes blanches, le bras gauche accoudé négligemment, avec sa main qui pendait dans le vide, le menton soutenu par son pouce et son index droit. Elle avait le regard dans le vide, comme-ci sa tête fourmillait.
_ Quel est le plan ? demanda Musashi. Je ne comprends pas.
_ C’est pourtant simple, dit Mamori sans le regarder. Les Nagas vont certainement attaquer le clan si nous ne leur donnons pas les bombes. J’ai chargé Ishimaru, Yukimitsu et Taki de les placer dans un endroit sûr.
_ Un endroit sûr ? répéta Musashi.
_ Oui, répondit Mamori, chez les Caméléons, pour être plus précise.
_ Chez les Caméléons ?! lança Musashi, abasourdi. Mais… cet endroit est dangereux !
_ Et déserté de toute population, répliqua Mamori. Il vaut mieux ne pas impliquer des innocents dans ces circonstances. J’aimerais que vous fassiez l’échange là-bas. Préparez-vous à partir ce soir dès 20H.
Musashi poussa un long soupir. Les chances que Deimon s’en sortent à présent étaient de 0%. Il fut tenté de poser ses objections, mais il voyait mal comment Deimon pouvait s’en sortir.
Il s’inclina, et sortit de la pièce. Dès que la porte se fut refermée, Mamori attrapa son téléphone.
« Ce soir, 20H30, Salon privé 03 de la Quintessence. Territoire des Hakushu Dinosaurs. »
Elle pouvait presque voir le sourire machiavélique d’Agon.
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_ Qu’est-ce qu’on peut faire ? demanda Sena. Mamori est tellement abattue qu’elle est prête à déclarer forfait.
_ Ses états d’âmes, ça ne nous intéresse pas, rétorqua Jumonji.
_ Si Musashi est prêt à couler avec elle, il y va tout seul, renchérit Toganou
_ On va en faire baver Nagas ! décida Kuroki.
Sena tenta de les retenir avec l’aide de Monta, mais les trois autres étaient très forts. Kurita courut vers eux, et leur tomba dessus, inquiet.
_ Arrêtez ! Vous allez nous attirer des ennuis.
Il écrasait tout le monde, même Sena et Monta qui suffoquaient.
_ Les amis, dit la voix de Mamori.
Aussitôt, tous se redressèrent devant leur patron. Celle-ci leur remit une valise.
_ Vous allez accompagner Musashi pendant la transaction. Tous. C’est compris ?
Elle avait un air dur, qui était très différent de d’habitude. C’est comme ci la Mamori d’antan avait laissé place à une femme sans cœur et sans pitié. Comme ci la noirceur d’Hiruma l’avait atteinte et envahie toute entière.
Tous la regardaient avec une certaine tristesse, alors qu’elle posait la valise devant eux et s’effaça.
_ Mamori…, dit tristement Sena.
Jumonji s’avança et ramassa la valise et l’ouvrit. Tous se penchèrent sur le contenu, et se regardèrent. Jumonji dit d’une voix basse :
_ Prêts pour la dernière bataille ?
Tous acquiescèrent et se préparèrent à partir.
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Flash Back
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_ Vous avez réservé ? demanda la serveuse en tailleur. A quel nom je vous prie ?
Mamori acquiesça et lui donna son nom de famille : Anezaki. Hiruma détestait que l’on utilise son nom de famille à lui. En consultant son bloc-notes, la serveuse sourit et l’invita à la suivre jusqu’au petit salon privé où elle la laissa avec quelques rafraîchissements.
Lissant sa robe du plat de la main, Mamori regardait le champagne avec un sourire. Hiruma arriverait-il pour célébrer leur anniversaire ? Il avait semblé très agacé au téléphone, mais après tout, sûrement viendrait-il, non ?
Elle était bien loin de la vérité.
Et bien loin de savoir que dans quelques minutes à peine, Rikiya Gaô allait débarquer dans la pièce pour l’agresser.
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Fin du Flash Back
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_ Madame… Madame, vous m’entendez ?
Mamori cligna des yeux, et reporta son attention sur la serveuse qui la regardait, inquiète.
_ Excusez-moi. Vous disiez ?
_ Je vous demandais si vous aviez effectué une réservation, dit-elle.
Mamori acquiesça et donna le nom : Agon. Elle fut guidée dans le couloir par la serveuse. Celle-ci s’apprêtait à ouvrir la porte quand celle-ci s’ouvrit brutalement sur le lubrique chef des Nagas. Il se tourna vers la serveuse et lança sèchement :
_ Que personne ne nous dérange.
Surprise, la serveuse recula et s’inclina avec hésitation, le regardant d’un air craintif. Mais il avait déjà fermé la porte.
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Mamori faillit ouvrir la bouche pour lui faire la remarque sur ce manque de savoir-vivre, mais elle se dit qu’une telle initiative serait inutile pour un tel individu.
Agon se laissa tomber dans le fauteuil, jambes écartées, les deux bras sur le dossier du canapé. Il la regarda en disant :
_ Ohey ! Tu ne vas pas faire ta prude, tout à coup, n’est-ce pas ?
Mamori l’ignora royalement, et dit d’une voix dure :
_ Où est l’argent ?
_ Tu es une croqueuse de diamants, n’est-ce pas ?
Elle ne répondit pas, soutenant son regard. Ils s’affrontèrent pendant dix bonnes secondes avant qu’Agon ne pousse un soupir.
_ Ah… Qu’est-ce que tu peux être ennuyante…
Il prit une mallette posée près de la table basse, et la balança sans ménagement en l’ouvrant. Des billets s’en échappèrent et virevoltèrent quelques secondes avant de tomber à terre.
Mamori les regarda, les souvenirs vagabondant à une époque déjà perdue.
_ Ohey !
Dans sa rêverie, elle n’avait pas remarqué qu’Agon s’était approché d’elle.
_ Tu as vu par toi-même, dit-il en se penchant vers elle. Je suis un homme loyal. A ton tour.
Mamori ne réagissant pas, Agon se pencha un peu plus, un sourire cruel. Il avança la main… et prit la mallette contenant la télécommande.
_ Je vois que tu es quand même une gentille fille, lança-t-il moqueusement en extirpant de la poche de sa veste sa carte magnétique.
Il l’introduisit dans la fente de la mallette et l’ouvrit. La télécommande était en fait aussi grosse d’un téléphone portable. Mamori regarda Agon refermer la mallette d’un air satisfait avant de lever les yeux vers elle, puis les poser sur la valise.
_ Tu ne vas pas compter tes billets ? demanda-t-il.
Mamori resta de marbre, et Agon continua à la provoquer.
_ Ha ! Tu n’as pas à t’inquiéter je ne dirais pas à tes petits camarades que tu les as vendus pour quelques malheureux yens.
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_ Musashi, qu’est ce qui va se passer quand Nagas arrivera ?
Le bras droit de Deimon sortit de sa rêverie et leva les yeux vers Monta, qui venait de poser la question. Tous les autres membres s’arrêtèrent de déposer les caissons métalliques et regarda le plus vieux d’entre eux. Celui-ci soupira.
_ Nous devons suivre les ordres qui nous ont été donnés, dit-il simplement. Mais ce soir risque d’être une bataille décisive. Que tout le monde se mette en place.
Tous échangèrent un regard inquiet et se mirent à leur poste. Sena et Monta se regardèrent, et hochèrent la tête avant de disparaître. Yukimitsu vint aux côtés de Musashi en disant :
_ Il ne faut pas s’inquiéter. Jusqu’à bout nous nous battrons pour gagner.
« Espérons », se dit Musashi en voyant deux camions noirs débarquer dans l’entrepôt abandonné.
Unsui sortit de la voiture, aussitôt imité par toute sa clique. Il se posta devant Musashi, avant de jeter un coup d’œil aux caisses métalliques posées derrière lui, et gardées par Kurita et Komosubi.
_ Je vois que vous n’avez pas failli à votre parole, dit-il simplement.
_ L’argent d’abord, et la livraison ensuite, répliqua Musashi, tendu.
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Unsui eut un rictus, avant de faire un hochement de tête à Ikkyu. Celui-ci acquiesça et s’avança entre son chef et Musashi. Il ouvrit une mallette noire et montra à son ennemi les liasses de billets soigneusement disposée à l’intérieur. Monta s’avança à son tour, ferma la mallette, et la prit, non sans un regard noir en direction de son rival.
Musashi fit un geste en direction de Kurita et Komosubi qui s’écartèrent pour laisser Yamabushi et Yorime, deux des plus costauds, mettre les caissons dans les camions.
_ Je vois que votre chef n’a pas daigné se déplacer pour faire le sale boulot, fit remarquer Unsui d’une voix aigre.
_ Cela ne vous regarde pas, répliqua sèchement Musashi.
Il soutint le regard noir d’Unsui, jusqu’à ce que les Nagas furent prêts à partir.
_ Un instant, où est l’autre mallette noire ? demanda le chef chauve. Il y avait une mallette avec les caissons.
Musashi ne répondit pas, et cligna des yeux. C’était vrai, sur le moment, il n’avait pas pensé à voir pour la mallette. Mais à sa plus grande surprise, Yukimitsu intervint.
_ Nous avons placé la mallette dans un endroit sûr, que nous vous révèlerons une fois que nous serons sortis sain et sauf de cet entrepôt.
La déclaration était tellement saugrenue que Yamabushi ne put s’empêcher d’éclater de rire en criant :
_ Qui aurait cru que Deimon soit aussi poule mouillée !
Un regard d’Unsui le fit taire aussitôt.
_ Je n’ai pas l’habitude de jouer à cache-cache, dit-il. Donnez-moi la télécommande. Immédiatement. Ou je réduis immédiatement votre clan à néant.
Certains sortirent leurs révolvers, d’autre des battes de baseball. Mais Yukimitsu tint bon.
_ Tuez-nous si ça vous chante, bredouilla-t-il. Vous ne saurez jamais où elle est. Si vous voulez avoir votre arme, je vous conseille de nous suivre.
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Il y eut une tension énorme entre les deux groupes, mais Unsui finit par baisser les yeux.
_ Très bien, nous vous suivons. Mais je vous préviens, un faux pas, et vous serez les premiers à partir.
L’affrontement des regards se termina lorsque Deimon et Nagas s’engouffrèrent chacun dans leurs véhicules respectifs. A peine la portière fermée que Musashi se tourna vers Yukimitsu.
_ Qu’est ce qui se passe ? s’empressa-t-il de demander. Pourquoi n’avons-nous pas été informés ?
_ Aie confiance, répondit Yukimitsu. Kurita, dit-il en direction du conducteur. Tu vas sortir de l’entrepôt et faire comme ci tu allais à Scorpion, compris ? Conduis le plus lentement possible !
_ Hein… ah… d’accord, répondit Kurita, complètement déboussolé.
Il fit ce qu’on lui disait, et Musashi se tourna à nouveau vers Yukimitsu.
_ Je ne comprends pas. Je veux des explications.
Yukimitsu ferma brièvement les yeux.
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Flash Back
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Sasuke Kanaguchi regarda Mamori, surpris, et méfiant. Il eut un sourire diabolique.
_ Et donc ? Que me vaut cet honneur ?
La chef de Deimon s’adossa au fauteuil, croisa les jambes et sortit quelque chose de la poche de sa veste. L’homme à la tresse de scorpion en face d’elle blêmit.
_ J’ai besoin d’un service, fit Mamori en lui montrant le carnet de chantage. J’imagine que dans ton cas, je n’ai pas besoin de te supplier, n’est-ce pas ?
Sasuke Kanagushi serra les dents. La nouvelle chef des Deimon l’emmerdait presqu’autant que son prédécesseur.
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_ Prends Ishimaru, et Natsuhiko avec toi. J’ai une mission pour vous à Scorpions. Vous allez devoir récupérer quelque chose. Assurez-vous que personne ne vous voie.
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Fin du Flash-Back
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_ Vous connaissez la spécialité du gang Scorpions, n’est-ce pas, Musashi ? s’enquit Yukimitsu. Ils excellent dans l’art de fabriquer des drogues, poisons, et autres gaz toxiques ou soporifiques. Mamori a passé une commande de gaz soporifiques avec Scorpions. Ils peuvent être relâchés par un mécanisme d’activation à distance et sont très concentrés, donc plus puissants. Une simple inhalation équivaut à un chiffon de chloroforme appliqué sur le visage pendant dix secondes.
Musashi haussa les sourcils.
_ Et où est ce gaz ?
Yukimitsu lui montra une petite télécommande. Musashi ouvrit de grands yeux, et devina la suite.
_ Fixés aux caissons des Nagas.
En même temps qu’il le disait, il appuya sur un bouton de la télécommande. Musashi tourna vivement la tête vers le camion des Nagas derrière eux. Celui-ci commençait à tanguer dangereusement.
_ Kurita, dit-il, fais demi-tour immédiatement. Arrête-toi près de la voiture de Jumonji.
Le garde du corps fit comme il disait. Le premier camion des Nagas fonça dans un poteau électrique, le second fonça dans le premier.
Aussitôt Yukimitsu et Musashi sortirent de la voiture.
Le reste de Deimon sortit de l’autre camion.
_ C’est quoi ça ? dit Monta.
_ Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda brusquement Sena.
_ Du gaz soporifique, dit Yukimitsu. J’ai apporté des masques, mettez-les avant de vous approcher.
Il désigna du menton le coffre de la voiture.
_ Hein ? fit Jumonji, surpris.
_ Hein ? renchérit Togano, choqué.
_ Hein ?! s’exclama Kuroki, qui croyait halluciner.
Yukimitsu lança un masque à Kurita et Komosubi en leur demandant de récupérer les caissons. Musashi eut un sourire avant de dire :
_ Qui aurait cru que cette idée ait pu venir d’une telle femme ? Elle est devenue comme Hiruma, à tricher.
_ D’ailleurs, où est-elle ? demanda Sena.
_ Je ne sais pas, dit sincèrement Yukimitsu. Elle a dit qu’elle s’occuperait personnellement de la télécommande. Je n’ai reçu que des ordres sur ce que je devais faire ici.
_ Dans tous les cas, on s’en va vite, décida Musashi. Avec Agon et Hiruma encore dans la nature, qui sait ce qui pourrait arriver…
Tous se figèrent et échangèrent des regards consternés. C’était vrai. Hiruma était aussi une menace potentielle… non ?
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Un petit bruit les fit sortir de leurs pensées. Quelque chose roula sur le sol.
_ Hum ? Qu’est ce que c’est que ce bruit ? fit Sena en se retournant.
Jumonji fit brutalement volte-face en gueulant :
_ Courrez !
Hélas, quatre autre grenades furent lancées et explosèrent. Tous tombèrent à terre, perdant instantanément connaissance. Musashi, lui, sentait ses oreilles siffler. Il ouvrit péniblement les yeux, et vit des chaussures noires cirées qui s’avançaient dans sa direction. On le releva et il entendit une voix très lointaine lui parler tout près de l’oreille :
_ … sashi… eimon…
Il leva la tête, reconnut la personne qui lui parlait et il sentit ses lèvres former des mots qu’il n’entendait pas :
_ Marco…
Marco des Dinosaurs soupira :
_ Je peux savoir qui a eu la merveilleuse idée de lancer ces grenades ? Ca aurait été tellement plus simple de leur tendre une embuscade.
Il se retourna vers Gaô qui avait d’une main saisi les corps frêles et inconscients de Sena et Monta pour les balancer dans la camionnette des Dinosaurs sans cérémonie.
_ Où en est Agon ? demanda Marco en allumant une cigarette, la veste qu’il avait jeté sur ses épaules se soulevant doucement dans la brise du soir.
Gaô eut un sourire effrayant.
_ Il s’occupe de leur chef…
Il se saisit de Musashi, et approcha sa bouche de son oreille pour terminer sa phrase :
_ …ou devrais-je dire : Hiruma Mamori ?
Marco expira le tabac de ses poumons avec un sourire satisfait. Cette soirée allait définitivement être très intéressante.
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Chapter 13: Chapitre 13
Chapter Text
Chapitre 13
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Quelques heures plus tôt
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_ Hein ?
Habashira Rui se retourna vers Hiruma qui avait ses mains dans ses poches. Celui-ci ne daigna pas répéter.
_ Je croyais que nos accords étaient clairs, dit le chef des Cameleons. Peu importe qui vient fouiner ici, je le bute illico.
_ Fuckin’ caméléon, tu es toujours aussi chiant, répondit Hiruma en souriant. J’ai besoin de toi au moment approprié.
_ Et si je m’en fous ? s’entêta le motard.
Hiruma tourna les talons et dit :
_ Si tu veux te faire défoncer par Nagas et Hakushu, vas-y. Kekekekekekeke…
Il sortit du hangar et regarda tranquillement un territoire neutre. Le dénouement était proche, et il ne pouvait presque plus tenir en place. Il acheta un paquet de cigarettes dans une boutique. Observant la ville du sommet d’un immeuble, il estima les évènements qui se passaient pendant qu’il était absent : certainement la rencontre entre Mamori et Unsui, et surtout l’arrivée des Dinosaurs. Si ses calculs étaient bons alors ça devrait être le moment où…
Son téléphone se mit à sonner.
_ Ohey ! Où est-ce que tu te caches ? dit Agon.
_ Tch…, répondit le démon. Déjà fini, fuckin’ dreadlocks ?
_ Je crois que tu n’as pas compris que tu étais encore sous la surveillance de nos gardes.
_ Kekekeke… je suis allé t’acheter des fuckin’ clopes, t’aurais dû être content, ricana Hiruma.
Il balança le paquet derrière son dos et se retourna.
_ Je demanderai à ton fuckin’ chien de te les apporter.
Derrière lui, Ikkyu avait saisi le paquet. Son regard était glacial. Dans son autre main, un 9mm avec un silencieux, pointé sur le sol. Hiruma ne bougea pas d’un pouce, alors qu’au téléphone, Agon continuait :
_ Je voulais simplement te dire que maintenant, je n’avais plus besoin de toi. Crève, Hiruma.
Ikkyu leva son arme et tira droit en plein cœur. Le sang gicla par terre tandis que l’ancien chef de Deimon tombait à genoux, lâchant son portable du même coup.
Le sniper des Nagas le regarda, Hiruma Yoichi, la légende, le regard devenant vitreux alors qu’il avait toujours son sourire sadique. Il s’écroula près du téléphone, d’où s’échappait la voix d’Agon.
_ Et ne t’inquiète pas. Je prendrai soin de ta femme à ta place. Merci pour les clopes… bâtard.
Ikkyu eut un rictus et tourna le dos à l’homme qu’il venait d’abattre.
Effectivement, Hiruma avait anticipé les évènements : C’était le moment où lui et cette fuckin’ rouquine se faisaient griller en beauté.
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Agon vida sa coupe avant de présenter son paquet de cigarettes à Mamori.
_ Cigarette ? dit-il avec un sourire faux.
Elle secoua la tête. Agon haussa les épaules et en prit une pour lui.
_ Bien, tu as vu que je n’ai pas menti. Je t’ai donné exactement la somme que tu voulais.
_ Qu’est-ce qui me dit que les tiens ne m’attendent pas dehors une fois que je sortirai ? répliqua Mamori en posant son verre d’alcool qu’elle n’avait pas touché.
_ Je suis un homme de parole, que tu le croies ou non.
Agon alluma sa cigarette avant de répondre :
_ Mais j’ai une question : comment est-ce qu’une femme a pu venir à la tête d’une équipe de bras cassés comme Deimon ?
_ Ca ne te regarde pas, répondit sèchement la jeune femme. Tu as ta télécommande, cela suffit, non ?
Le chef des Nagas éclata de rire avant de dire :
_ Il n’y a pas qu’écraser Deimon qui m’intéresse. Je veux aussi pouvoir exploiter toutes les richesses qu’il peut avoir.
_ Je pense que tu es mal placé pour venir me parler des richesses de Deimon, rétorqua Mamori, de mauvaise humeur.
_ Oh vraiment ? Tu n’es à la tête de Deimon que depuis quelques jours à peine. Alors qu’on a avec nous l’ancien chef, Hiruma Yoichi. Il a vendu son clan pour le nôtre, et je dois dire qu’il est loin d’avoir perdu au change.
Il remarqua que les mains de Mamori se crispaient imperceptiblement, et en fut satisfait.
_ Alors tu dois savoir, dit péniblement la jeune femme, que Deimon ne recèle pas de richesses particulières. Je ne vois pas vraiment ce que tu pourrais tirer à profit en nous anéantissant.
_ Oh non, il vous reste bien quelque chose, à Yûhi Guts. Si tu vois de quoi je parle. C’est ça que je veux.
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Mamori tourna la tête vers lui, cachant tant bien que mal sa perplexité. Lui aussi avait donc entendu parler du coffre à Yûhi Guts et semblait savoir ce qu’il contenait. Mais elle ne le savait pas.
_ Je suis désolée, dit-elle sincèrement, mais comme tu l’as dit, je ne suis à la tête de Deimon que depuis quelques jours à peine. Je serai bien incapable de te donner tout ça.
Agon ne la crut pas une seconde.
_ Bien, je me contenterai de ce que je peux avoir pour le moment alors.
Sans prévenir il attrapa le bras de Mamori et l’attira contre lui. Il la sentit se raidir, et résister faiblement, ce qui le fit renforcer sa poigne.
_ Allons, dit-il, c’est trop tard pour regretter maintenant, je pense avoir été parfaitement clair sur mes intentions.
Il prit une nouvelle bouffée de sa cigarette se pencha vers elle pour l’embrasser. Elle se pencha en arrière du mieux qu’elle put, et le regarda dans les yeux tandis qu’il venait vers elle… et qu’il saisissait soudainement sa fine main blanche qui farfouillait dans son sac.
_ Voyez-vous ça, dit-il en lui arrachant l’objet qu’elle avait tenté d’attraper à son insu.
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A première vue, il semblait que ce soit un spray au poivre tout à fait ordinaire. Mais Agon vit l’insigne des Dokubari Scorpions gravé dessus. Il renforça la force de sa poigne, arrachant un petit cri de douleur à Mamori.
_ Tu avais donc prévu de me droguer ? Tch… tu es puérile, ma jolie, si tu pensais gagner face à moi.
Il la coinça dans le coin du canapé. Son haleine chargée de tabac fit frissonner Mamori de dégoût et il le sentit. Son sourire s’élargit, et il avança la main vers son visage.
_ Si tu crois que j’ai réussi à réduire en miettes ton salaud d’ex-mari, qu’est ce qui te dit que tu es vraiment une menace pour moi ? dit-il en lui retirant brusquement sa perruque.
Mamori étouffa un cri de surprise. Sa perruque noire tomba à terre, de même que le filet qui retenait ses cheveux roux. Elle se sentit désarmée, et son masque commença à s’ébranler. Elle eut peur. Agon remonta sa main bronzée le long de sa cuisse en continuant :
_ Après tout, c’est de sa faute, tout ça, non ? Hiruma Mamori.
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Ce fut la première fois de sa vie que Mamori eut aussi peur d’entendre son prénom. Elle n’eut même pas la force de dire quoi que ce soit.
_ Qu’avez-vous fait à Hiru…
Il l’empoigna si fort qu’il lui fit mal.
_ Tu tiens vraiment à le savoir ? En ce moment ton cher mari croupit sûrement au fond d’un fleuve.
Mamori se figea, et le regarda, sous le choc. Agon eut un sourire cruel en voyant des larmes remplir soudainement ses yeux.
_ Non…, balbutia Mamori. C’est… c’est impossible.
_ Pourquoi as-tu l’air si surprise ? s’étonna Agon. Un pauvre looser comme lui qui a toujours triché pour avoir ce qu’il veut, qui n’a jamais eu aucun talent pour quoi que ce soit. C’était la fin qu’il méritait.
Mû par un instinct et une force qu’elle ne saurait expliquer, Mamori le repoussa et le gifla de toutes ses forces.
_ Tu mens ! s’écria-t-elle, les yeux pleins de larmes.
_ Hein ? dit Agon.
Il vit rouge. De quel droit se permettait-elle de le gifler ? Il abattit sa main sur sa joue, la faisant tomber à terre. Mamori poussa un léger cri en le voyant s’avancer vers elle. Paniquée face à son air menaçant, elle voulut se reculer, mais il tomba sur elle.
_ Je crois qu’il est temps de t’apprendre la discipline, dit-il en l’attrapant par le cou.
Mamori allait le frapper à nouveau quand tout à coup, il se figea.
_ Qu’est-ce que…, balbutia-t-il en tombant à genoux.
Mamori le regarda, terrifiée, porter les mains à sa gorge, les yeux roulant de tous les côtés. Sa tête dodelina de droite à gauche, et il finit par tomber comme une masse.
Pendant plusieurs secondes, la jeune femme ne comprit pas, et eut peur qu’il se relève brusquement pour l’attaquer. Mais il ne bougeait pas d’un pouce, semblant complètement inconscient. Perplexe, elle s’approcha prudemment, et tendit la main vers lui, tremblante à l’idée qu’il la lui saisisse comme tout bon film d’horreur qui se respecte.
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Mais Agon ne bougeait plus.
_ Fuckin’ dreadlocks, entendit-elle derrière elle. C’est tes fuckin’ cigarettes qui t’ont envoyé dans le fond.
Mamori fit volte-face. Elle avait cette impression de déjà-vu. Hiruma était devant elle, étant une fois encore manifestement passé par la fenêtre.
Sa veste était tâchée de sang, et pourtant il semblait en pleine forme.
_ Hiru…ma ? souffla-t-elle, les yeux ronds comme des soucoupes.
L’interpellé s’avança vers Agon et prit la carte magnétique dans la poche de sa veste.
_ Je… Je te croyais mort, dit Mamori, désorientée. Agon a dit que…
_ Kekeke…, ricana Hiruma. Mais j’étais mort. C’était à prévoir, ce fuckin’ dinosaure t’a reconnue et balancé à son fuckin’ patron.
Mamori sentit des sueurs froides la parcourir avant de se rappeler sa rencontre avec Gaô. Ainsi donc, il l’avait reconnue malgré son déguisement et après tout ce temps.
_ Tu es blessé ? Comment as-tu fait pour t’échapper ?
Son ex-mari ne prit pas la peine de répondre, et lui lança une poche rempli d’un liquide rouge sur la table basse :
Il inséra la carte dans la mallette et saisit la télécommande qu’il glissa dans la poche de sa veste. Il ne semblait pas se préoccuper de la jeune femme. Ne sachant que dire, Mamori posa son regard sur le corps inconscient du chef des Nagas.
_ Qu’est-ce que… tu as fait à Agon ?
_ Kekeke…, tu crois que tu es la seule à solliciter ce fuckin’ scorpion ?
Hiruma eut un mince sourire et attrapa quelque chose sur la table qu’il lui lança. C’était les cigarettes d’Agon. Mamori le regarda, d’abord perplexe, puis comprit :
_ Tu as demandé à Kanagushi de piéger les filtres ?
_ Si tu connais la réponse, pourquoi tu me poses la question ? dit-il en saisissant la mallette concernant l’argent.
Ce n’est que quand il tourna les talons pour partir, comme-ci rien d’important ne s’était passé, que Mamori réagit. Elle se leva, ramassa quelque chose et lui barra le passage.
_ Tu n’iras nulle part. Pas cette fois. Donne-moi cette télécommande.
Elle tendit la main, la mâchoire crispée. Hiruma sourit, et elle eut envie de l’étrangler.
_ Oh ? Qu’est-ce que tu vas faire si je refuse ?
Mamori leva la bombe de spray soporifique vers lui, comme pour lui dire qu’elle n’avait pas peur de l’utiliser.
_ Tu mériterais d’être abandonné ici comme tu as abandonné les tiens. Tu te rends compte de la galère dans laquelle nous sommes à cause de toi ?
Hiruma ricana.
_ Quelle fuckin’ manager tu fais. Tu n’es pas très intelligente, si tu ne sais pas te sortir toute seule de tes galères.
La jeune femme vit rouge.
_ Alors pourquoi toute cette foutue mise en scène pour soi-disant gouverner ton clan de mafieux ! hurla-t-elle. Tu savais très bien que je n’en serais pas capable. C’était uniquement pour…
_ L’argent ? coupa Hiruma en se penchant vers elle, son sourire sadique aux lèvres. Oui, c’est ça.
Sa déclaration fit bondir le cœur de Mamori. Il n’avait décidemment aucun scrupule. Elle ne sut pas quoi dire, et sentait que sa gorge se serrait. Priant le ciel pour qu’elle ne se mette pas à pleurer, elle dit :
_ Tu veux mon alliance aussi n’est-ce pas ? Où est gravé le code du coffre des Yûhi Guts.
Hiruma leva les yeux au ciel.
_ Tch… Je t’ai déjà dit mille fois d’arrêter de me poser des questions dont tu connais la réponse, marmonna-t-il.
Mamori le regarda avec mépris.
_ Comment as-tu pu tomber aussi bas… ? souffla-t-elle, la voix brisée.
Elle enleva son alliance et la jeta aux pieds de son ex-mari.
_ Moi qui croyait que tu avais changé. Mais finalement, tu es resté le même.
Hiruma ne répondit pas, et regarda la bague à ses pieds. Mamori sentit qu’il n’y avait plus rien à ajouter. Jetant le spray soporifique par terre, elle tourna les talons, prête à tourner la poignée de la porte du petit salon et partir.
_ Fukin’ rouquine.
Son ex-femme fit volte-face.
_ Qu’est-ce que… ? commença-t-elle.
_ En cinq ans, tu es toujours aussi lente à la détente, répondit Hiruma en ricanant.
Il posa une main contre la porte d’entrée et lui présenta l’alliance qu’elle avait fait tomber quelques secondes plus tôt.
_ Je ne comprends pas, dit Mamori.
_ Kekekekeke, ricana-t-il, je voulais voir si tu avais vraiment changé, fuckin’ rouquine. Et comme toujours, j’avais raison : tu es toujours cette fuckin’ idiote que j’ai connu.
_ C’est faux, répondit Mamori avec véhémence. Je t’ai déjà dit que j’avais changé.
_ Oh ? fit Hiruma en se penchant vers elle, lui coupant le souffle. En cinq ans, tu as soutenu me détester.
Il était trop près, et son ex-femme ne put faire un geste. Son nez touchait presque le sien, et elle sentait que ses jambes fléchissaient. Il continua, savourant sa victoire :
_ Et pourtant, juste parce que je te l’ai demandé, tu es revenue à moi. En à peine trois jours.
Mamori ouvrit de grands yeux, tandis qu’il la mettait face au fait accompli. C’était vrai, au fond. Elle avait quasiment accouru dès qu’elle avait entendu qu’il voulait la voir.
_ Mais non, protesta-t-elle, c’était parce que je croyais que tu voulais me parler de quelque chose d’important…
Hiruma ricana, et elle se braqua instantanément. Sa main se leva pour le gifler, mais il la bloqua aisément. Rien que ce contact diffusa dans son corps un feu qui s’annonçait dangereux.
_ Deimon avait besoin de moi, soutint-elle d’une voix qui commençait à trembler.
_ KeKeKeKe… fuckin’ manager. Tu crois vraiment que j’aurais fait appel à toi pour que tu foutes tout en l’air ?
_ Tu avais besoin de mon alliance, répondit Mamori au tac-au-tac d’une voix de plus en plus rauque, sentant qu’elle perdait du terrain. Tu avais besoin que j’aille… récupérer à Osaka tes… tes…
Le reste de sa phrase se perdit. Elle le savait, elle l’avait toujours su.
_ Tu n’as jamais eu besoin de moi pour ça, dit Mamori dans un souffle en se perdant dans ses yeux.
Hiruma était doué d’une mémoire et d’une intelligence hors norme, ce qui faisait de lui un homme idéal pour gagner facilement de l’argent en faisant fermer un casino ou de se rappeler tous les codes de ses coffre-fort. Il n’avait jamais eu besoin d’elle pour ça.
Ni pour Deimon, ni pour l’argent.
Il était trop près, trop penché vers elle.
En quelques minutes à peine, il avait fait tomber toutes ses défenses, et lever les voiles sur les sentiments qu’elle avait tenté de cacher pendant tout ce temps.
_ Je te déteste, Hiruma, cracha Mamori dans un murmure en fixant ses lèvres.
_ Tant mieux, fuckin’ manager, coupa son ex-mari d’une voix rauque.
Et elle se rendit compte qu’elle avait attendu ce moment depuis l’instant même où elle l’avait vu : son regard malicieux montrait qu’il en était de même pour lui.
Mamori ne supporta plus ce petit jeu et envoya au diable ses résolutions.
Ses mains agrippèrent sa veste pour l’attirer brusquement à elle dans un baiser passionné.
C’était comme-ci toute cette attente l’avait rendue plus sensible à tout. Ils s’étreignirent passionnément, célébrant enfin leurs retrouvailles.
Du genou, Hiruma lui écarta les jambes et elle s’empressa de défaire la ceinture de son pantalon. Elle chercha frénétiquement ses lèvres, gémissant alors que la main longue de son ex-mari retrouvait son chemin sous sa robe.
Il la plaqua contre la porte, lui arrachant un nouveau soupir, et Mamori le caressa, pressée de le sentir en elle. Si elle avait eu toute sa tête, elle l’aurait repoussé aussitôt, avec le corps d’Agon toujours étendu par terre, inconscient. Mais à la place, elle se cambrait contre lui, gémissant à son contact, attendant qu’il lui donne enfin ce qu’ils attendaient tous les deux.
_ Fuckin’ femme, murmura-t-il d’une voix rauque en constatant qu’elle était humide.
Il vit qu’elle ne l’avait même pas entendue, et grinça des dents. Ses deux longues mains se saisirent de sa taille et il la pénétra.
_ Yoi…chi….
Cette supplication eut sur lui un effet dévastateur, plus encore que le fait qu’elle ondulait contre lui pour le sentir au plus profond d’elle. Il lui plaqua une main sur la bouche pour la faire taire. Si elle continuait, il ne répondrait plus de lui.
Pourtant, il se délectait de voir que même malgré toutes ces années de rancune, il était capable de réveiller la perverse qui se cachait sous sa face d’ange.
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Flash-Back
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_ Nous serons bientôt prêts pour la mission de reconnaissance, disait Musashi. L’entreprise Tamaguchi croule sous les dettes, ce sera du gâteau.
Hiruma était assis à son bureau sur son grand fauteuil noir et lui tournait le dos. Il ne répondit pas, et considérait un dossier qu’il venait de recevoir, si on en croyait l’enveloppe jaune sur le bureau.
Musashi fut surpris de voir que sa mitraillette était posée à travers le bureau, comme-ci on l’y avait jetée. En général, Hiruma était très soucieux de ses armes.
_ Nous partons dans dix minutes, dit-il avant de sortir.
Hiruma se retourna quand il ferma la porte et pianota à toute vitesse sur son ordinateur, jetant le dossier sur son bureau.
Des clichés s’en échappèrent, montrant Anezaki Mamori, son ex-femme, lors d’un séminaire d’entreprises, dansant avec son patron. Au fur et à mesure des clichés, ce qui semblait être une simple danse de courtoisie devenait plus sensuelle.
Shuhei était jeune patron de la Suzuki Corporation, une entreprise qui semblait prometteuse pour grandir aux Etats-Unis.
Mais ce fuckin’nabot montrait son profond intérêt pour Mamori. Ils avaient fini trop près l’un de l’autre. Comme prêts à s’embrasser. Sur le dernier cliché, Mamori avait même cessé de sourire et regardait ce Shuhei dans les yeux. Ses espions lui avait confirmé leur relation.
Hiruma se laissa aller sur son siège et tira un autre chewing-gum de son paquet.
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Fin du Flash-Back
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_ Il faut partir fuckin’ manager.
Mamori redescendit lentement sur Terre. Elle se maudit d’avoir foutu en l’air toute sa crédibilité, ses principes, tout ça pour dix minutes qu’elle savait ô combien magnifique ! Si elle s’était écoutée, elle aurait continué jusqu’au bout, envoyant au diable les gens derrière la porte, et tout le reste.
Lentement, ils se séparèerent. Mamori prit soin d’éviter le regard d’Hiruma et approuva d’une voix qui se voulait professionnelle :
_ Tu as raison… On est en territoire ennemi.
A ses mots, Hiruma s’esclaffa :
_ Kekekekeke… Tu parles comme un vrai chef de gang, fuckin’ manager. Ne prends pas ta mission trop à cœur.
Elle lui lança un regard noir qu’il ignora, et sortit son téléphone portable de son sac.
_ Je vais demander à Musashi de venir nous chercher, dit-elle, lasse de ce petit jeu.
Collant le combiné à son oreille, elle attendit en trépignant, le rouge aux joues, tentant de se donner une contenance. Dès que l’on décrocha, elle déblatéra :
_ Musashi, c’est moi. Il faut absolument que tu viennes me chercher. Je suis au…
Elle s’interrompit. Il n’y avait aucune réponse à l’autre bout du fil.
_ Musashi ? Tu m’entends ? fit Mamori inquiète. Je ne dis de venir me chercher.
Il y eut un bruit bizarre à l’autre bout du fil, comme un ricanement. Mamori devint livide.
_ Venir vous chercher ? fit la voix de Marco, décidemment très amusé par la situation. Mais nous sommes déjà là. Quelle chance.
Et il raccrocha. Hiruma n’eut même pas besoin de dire quoi que ce soit : il avait cet instinct qui devinait immédiatement lorsqu’ils étaient en danger.
Mamori fit aussitôt volte-face pour sortir par la porte, mais son ex-mari l’en empêcha.
_ Qu’est-ce que tu fais ? s’offusqua-t-elle. Nous devons partir !
_ Partir ? répéta-t-il d’un ton sarcastique. Partir par où, fuckin’ manager ? Le temps qu’on parle, ce fuckin’ tank est déjà en train d’encercler le bâtiment.
La jeune rousse ne savait plus quoi faire, et se mit à trembler de peur et de rage.
_ Qu’est-ce qu’on doit faire ? s’alarma-t-elle, impuissante. Si on se cache en attendant que Sena ou Monta viennent…
Hiruma ne répondit même pas à ses divagations. Il jeta un coup d’œil derrière lui et comprit. Des snipers les tenaient déjà à leur merci. Ça allait faire mal, non seulement pour lui, mais encore plus pour Mamori. Dans ce monde, il n’y avait pas de place pour les femmes chefs.
_ Cinq secondes, dit-il en évaluant la situation d’un œil expert. Avant qu’ils ne débarquent.
Mamori ne dit pas un mot qu’il avait déjà pris la bombe soporifique qu’il dirigea vers elle sans autre forme de procès. En un « pschitt ! », la jeune rousse s’écroula dans ses bras. Hiruma l’allongea par terre et attendit, serrant les dents.
La porte du salon privé s’ouvrit dans un grand fracas, et il esquissa un sourire.
Ne jamais montrer ses faiblesses devant l’ennemi.
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Chapter 14: Chapitre 14
Chapter Text
_ Réveille-la.
Une seringue piqua la peau blanche de Mamori et lui injecta un liquide transparent dans les veines. Quelques secondes plus tard, la jeune femme se réveilla en expirant bruyamment et en se redressant.
Elle regarda autour d’elle, et se vit dans un entrepôt désaffecté, entourée de visages pour le moment encore flous. Néanmoins, les voix étaient reconnaissables.
_ Ravi de vous revoir parmi nous, commenta Marco d’un ton doucereux qui ne présageait rien de bon pour personne.
_ Salope.
Agon, lui, était furieux. A côté de lui, les mains menottés dans le dos et assis sur une chaise, Hiruma ne disait rien. Les bleus sur son visage montrait qu’il avait reçu de multiples coups que Mamori fut heureuse de ne pas avoir eu à assister.
_ Allons, allons, Agon, ce n’est pas des manières de parler aux femmes, déclara Marco, ennuyé.
Le chef des Nagas s’avança vers Mamori qui était par terre, puis la saisit par le bras et la projeta sur une chaise. La jeune femme manqua de tomber à la renverse, surtout qu’elle avait elle-même les mains ligotées.
_ Tu sais pourquoi tu es ici, Anezaki ? tonna-t-il. Ou plutôt devrais-je dire, Hiruma Mamori ?
Mamori ne répondit pas. A quoi bon ?
Elle regarda autour d’elle, cherchant une issue de secours. Mais de toute évidence, personne ne pourrait l’aider dans cet entrepôt désaffecté. Où étaient-ils d’ailleurs ?
_ Je vais aller droit au but, susurra Agon en l’empoignant par les cheveux. Donne-moi la combinaison du coffre des Yûhi Guts, ou je te jure que tu crèves, toi et ton idiot de mari.
Les sens de Mamori étaient encore engourdis, et elle avait du mal à rester concentrée.
Qu’avait-il dit ? Le coffre des Yûhi Guts ? Celui qu’elle avait essayé d’ouvrir auquel Hiruma n’avait jamais touché ?
La combinaison était sur son alliance. Où était-elle d’ailleurs ?
Devant son silence, Agon la gifla, lui arrachant un glapissement. Elle poussa un juron.
_ Agon, intervint Marco d’un ton sévère.
_ Ta gueule, lui intima l’interpellé avant de se rapprocher à nouveau de sa victime.
Mamori essaya d’ignorer la douleur lancinante qui lui traversait la joue, ainsi que l’haleine pestilentielle du chef des Nagas. Celui-ci prit deux doigts de sa main et les tordit, la faisant crier à nouveau.
_ Réponds ! beugla-t-il. Donne-moi la combinaison !
Mais Mamori ne savait pas la combinaison. En ce moment, elle n’arrivait plus à penser à autre chose que la douleur. Etait-ce ce que les membres des gangs devaient supporter ? Est-ce que Koharu Wakana était passée par là aussi ? Mamori voulut juste que ça s’arrête.
_ Agon, arrête tout de suite ! ordonna Unsui.
Son jeune frère grogna, puis murmura à l’oreille de Mamori :
_ Quand j’en aurais fini avec toi, je te jure que tu me supplieras de te tuer.
Mamori leva la tête vers lui, et les mots sortirent de sa bouche sans qu’elle n’ait pu l’en empêcher.
_ Va te faire foutre.
Non pas qu’elle avait l’intention de jouer les héros. Mais sa haine envers Agon lui fit perdre toute prudence. Et elle le paya cher. Pour toute réponse, il lui attrapa le cou d’une main et l’attira à lui.
_ Ça, ça peut s’arranger.
Unsui l’écarta d’une main pour l’empêcher de la tabasser et regarda Mamori longuement. Elle s’était laissé tomber par terre, encore sonnée par la douleur et tremblait à l’idée de ce qui allait suivre. Puis il tourna la tête vers Hiruma.
_ Quelle mauvaise idée de l’impliquer dans cette affaire, commenta-t-il. Mais je ne garantis pas que je puisse retenir mon frère bien longtemps. Alors si tu n’as ne serait-ce qu’une once de respect pour cette femme, je te conseille de coopérer.
Hiruma ne prit pas la peine de regarder Mamori, et lança un rictus narquois, ce qui eut le don d’agacer Agon. Marco intervint, et demanda à l’un de ses gardes masqués :
_ Emmène-la dans la pièce d’à côté. On a un compte à régler.
Mamori ouvrit de grands yeux. Certes, Marco était beaucoup plus gentleman qu’Unsui, mais il n’hésiterait pas à lâcher Gao sur Hiruma.
_ Non…, arrêtez, protesta-t-elle, essayant de se dégager de la poigne de l’acolyte Dinosaur.
Mais personne ne l’écoutait. Ses poumons et sa fierté l’empêchèrent de crier, et on l’emmena dans une autre salle de l’entrepôt.
_ Arrêtez ! répéta-t-elle au garde qui la portait. Laissez-moi tranquille ! Hiruma doit…
Toutefois, à son plus grand étonnement, le garde l’assit sur une chaise et défit les cordes qui retenait ses mains d’un seul coup.
_ Tu t’es mis dans un sacré pétrin… Anezaki Mamori de Deimon.
Le garde retira son masque. La jeune femme ouvrit de grands yeux.
_ Sh… Shin Seijuro ?
_ Ojo est déjà en train d’encercler le bâtiment. Ce n’est qu’une question de temps.
Mamori se releva et balança ses chaussures. Il lui faudrait être capable de se déplacer rapidement.
_ Donne-moi un révolver, dit-elle.
Shin la toisa du regard.
_ J’ai été avec Hiruma pendant assez longtemps pour savoir utiliser une arme, rétorqua Mamori.
Mais Shin n’avait pas d’armes : c’était son mantra de se battre sans : ses mains étaient ses armes. Mamori retint un soupir d’agacement. Au même moment, un cri de Gaou se fit entendre dans l’autre pièce. Hiruma ne tiendrait pas. Mamori devait être rapide.
_ Quel est le plan ?
_ L’embuscade est déjà en cours, expliqua Shin en enfilant un masque.
Comme pour confirmer ses dires, un bruit d’explosion se fit entendre, ainsi que des gens qui criaient. Sous le choc, Mamori vacilla et poussa un cri léger, posant la main sur son cœur. Bientôt, une fumée âcre et blanche ainsi qu’une odeur de brûlé se répandit dans l’air. Mamori se mit à tousser et sentit sa gorge picoter horriblement.
Du gaz lacrymogène – certainement mélangé à d’autres choses, comme toutes les créations chimiques artisanales des Scorpions – et la fumée d’un incendie.
Shin avait certainement anticipé le tout, mais n’avait pas prévu de masque pour Mamori, qui dut se protéger avec sa manche. Une bombe de gaz lacrymogène eut tôt fait de lui piquer les yeux, mais elle eut le temps d’entendre des coups de feu.
Shin pénétra dans l’entrepôt à une vitesse ahurissante et plaqua Unsui. Mamori arma et tira sur Marco. Elle l’atteignit à l’épaule.
La scène était irréelle. L’entrepôt était cette fois rempli par le clan Ojo et le clan Deimon qui, certes blessé, se battait contre les acolytes Dinosaurs.
Mamori fonça vers Hiruma, encore aux prises avec Gaou qui le maintenait fermement. Ce dernier la vit arriver et eut un sourire.
_ Tu as besoin d’une réminiscence de notre dernière rencontre, Hiruma Mamori ?
Merde. Repérée. Le gaz s’était déjà évaporé.
Mais au même instant, une silhouette imposante lui fonça dessus.
_ Fuunrabaaa ! hurla Kurita qui se jeta sur Gaou.
Il le percuta droit à l’estomac, le forçant à reculer. Mamori se tourna vers Hiruma et entreprit de défaire ses liens. Ce dernier avait son sourire de façade et tentait de parler à travers le gaz lacrymogènes :
_ Fuckin’… Takami…Il en a mis du temps….
Mais il n’eut pas l’occasion d’en dire plus. Agon s’était débarrassé d’Ootawara en l’envoyant contre une pile de caisses et fonçait sur eux. Mamori leva son arme, mais c’était trop tard. Il la saisit par la tête, et d’une violence inouïe, il la fit percuter le sol. Mamori fut sonnée.
_ Toi…tu m’auras causé des problèmes jusqu’à la fin…
Il entreprit de la forcer à se relever. Mamori aurait voulu se débattre, mais Agon était non seulement bien plus fort qu’elle, mais en plus le coup l’avait quasiment assommé. Finalement, Agon vit Hiruma tenter de se relever, enfin libre et le chef des Nagas dit :
_ Juste à temps pour la voir crever. Une dernière parole, Hiruma ?
Ce dernier le regarda sans rien dire.
_ Kekekeke… je pourrai te poser la même question.
Mamori le regardait d’un œil vitreux, ne tenant debout que parce qu’Agon était assez fort pour la soutenir.
_ Tu crois que c’est vraiment le moment de faire ton bluff de pourriture quand ta femme est en train de mourir dans mes bras ?
Hiruma leva la main, celle qui tenait un des révolvers que Mamori apportait toujours avec elle. Il la visait. Puis, il plongea l’autre main dans sa poche et en retira une télécommande.
_ Une chose assez commune chez ces fuckin’Dinosaurs, c’est qu’ils sont assez cons pour choisir le même endroit à chaque fois pour régler leurs comptes.
Et il appuya sur un bouton. Il y eut une explosion et une partie du toit enflammé tomba non loin d’eux. Agon recula, lâchant Mamori qui tenta de se tenir debout. L’explosion faillit anéantir une bonne partie d’Ojo et tous les autres se dépêchèrent de sortir de l’entrepôt en flammes, sachant pertinemment qu’un tel chaos ne manquerait pas d’alerter les autorités. Mamori se retrouva entre Hiruma et Agon, et ce dernier pointa un révolver sur elle.
_ Ha ! Tu ne vas quand même pas nous faire tuer tous les trois, Hiruma ? Ou bien tu as enfin réalisé que ta vie de déchet n’avait aucune valeur ?
_ Hiruma… sors juste d’ici, dit Mamori le plus fort qu’elle put.
Elle n’avait pas d’armes, ni rien, elle était là, sans défense entre deux armes à feu et elle détestait ça.
_ Fuckin’dreadlocks, et toi tu es bien trop putain de narcissique pour mettre ta vie en danger.
_ Tu as raison, je préfère mettre en danger celle des autres.
Et il tira sur Mamori et l’atteignit à l’épaule droite. Les yeux bleus de la jeune femme s’ouvrirent en grand et toisèrent Hiruma avec ce même air perdu et choqué qu’il avait. Elle s’effondra par terre.
_ Alors que fais-tu Hiruma ? gueula Agon alors que le vacarme de l’incendie rendait l’air irrespirable. Si tu continues à faire tout exploser, ta salope de femme ne risque pas de s’en sortir. Et le temps que tu la sauves, je me barre.
Hiruma avait plaqué à nouveau son sourire de façade sur le visage. Mais ses yeux ne mentaient pas : il était en colère.
_ Alors ? le provoqua Agon qui reculait déjà pour fuir. Qu’est-ce que tu vas faire ? Bâtard !
_ Kekekeke… même après tout ce temps, tu oublies une chose essentielle, fuckin’dreadlocks…
Hiruma leva le détonateur.
_ J’ai toujours un coup d’avance.
Et il appuya sur le bouton, faisant tout exploser. Le souffle les projeta tous les trois à terre.
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Plusieurs semaines plus tard.
_ Je n’arrive pas à croire que vous ayez pu faire ça, dit Suzuna.
Ils étaient dans le quartier général de Deimon. Mamori arborait quelques bandages et une attelle aux doigts qu’Agon lui avait tordus, mais ses blessures étaient superficielles.
_ C’est un soulagement que personne n’ait été sérieusement blessé, dit-elle en soupirant.
_ Mais même, You-nii n’aurait jamais dû faire exploser le bâtiment si tu étais encore dedans, soupira la reporter.
Mamori ne répondit pas. Hiruma avait stratégiquement fait exploser les bombes les plus proches d’Agon, mais cela ne les avait pas empêché d’être soufflé par l’explosion. Elle n’avait pas vraiment suivi après, car elle avait simplement perdu connaissance sous le choc.
_ C’est un miracle que vous soyez tous en vie, souffla Sena.
_ Nous ne le devons qu’à Kurita, répliqua Mamori.
Tous se retournèrent vers le garde qui était soudainement gêné de toute cette attention vers lui.
_ J’ai…J’ai juste fait ce qui devait être fait, dit-il en levant les mains avec modestie.
_ Et tu as bien fait, répondit Musashi. Maintenant, Unsui a une dette envers nous qu’il ne pourra jamais remplir.
_ Sans compter le fait qu’il a brisé notre « contrat » en s’attaquant à Mamori-san et Yukimitsu-san dans le clan Scorpion, renchérit Monta.
_ Qu’allons-nous leur demander ? demanda Jumonji. Maintenant, Deimon est sans conteste le clan le plus puissant de Tokyo. Naga nous mange déjà dans la main, non ?
_ Plusieurs sont à mettre en place pour l’instant, reprit Mamori, attirant l’attention générale. La plus urgente étant que j’ai décidé qui allait gérer Naga.
Tous semblèrent quelque peu confus.
_ Euh…, tenta Kuroki, est-ce qu’on ne devrait pas attendre Hiruma-san avant de prendre ce genre de décision.
Mamori se renfrogna.
Après l’explosion, elle s’était réveillée à l’hôpital et avait exigé de voir Hiruma. Musashi avait dû prendre toutes les précautions pour ne pas la bouleverser après le choc reçu : le démoniaque leader de Deimon avait disparu après l’explosion. Sans doute ne voulait-il pas être vu dans un état de faiblesse avec ses blessures.
Malgré les nombreuses recherches, personne n’avait pu le localiser.
_ Hiruma a encore une fois disparu et nous a laissé dans un désordre que je dois nettoyer, déclara Mamori.
Tous semblèrent voir un scénario familier. Mamori qui nettoyait les bêtises d’Hiruma. Elle qui s’en était toujours accommodé sans rien dire arborait maintenant un dédain visible quant à la situation.
_ Le nouveau chef du clan Naga sera…
Tous retinrent leur souffle.
_ Kurita Ryokan, énonça Mamori.
_ Quoi ?! s’exclamèrent-ils.
_ Je…Moi ? Mais pourquoi ?
_ Tu as le meilleur profil, déclara Mamori. Naga est dans un état pitoyable, il nous faut quelqu’un de ferme, mais généreux et capable de porter le poids de sa réparation sur ses épaules. Toi seul a le profil, Kurita. C’est ton moment.
Musashi et Kurita échangèrent un regard. Ils le savaient, c’était une histoire plus compliquée que cela : Kurita avait tant voulu être un Naga, à l’époque où le clan se faisait une fortune en négociant la préservation de leur patrimoine culturel de leurs quartiers, celui où se trouvaient les maisons traditionnelles, les temples et les Onsen. La grandissante croissance de la ville avait peu à peu fermé ces endroits, héritage du Japon. Kurita avait toujours grandi dans cette ambiance traditionnelle grâce à son père et s’était promis de la préserver. Hélas, depuis la prise de pouvoir d’Agon, celui-ci avait ri des pauvres ambitions de Kurita et l’avait jeté dehors. Naga avait subi un revirement complet, tombant dans la drogue et les réseaux "d'hôtesses", au même titre que le clan des Scorpions.
_ Je ne te le demanderai pas une deuxième fois Kurita, reprit Mamori, es-tu capable de prendre cette responsabilité ?
Le concerné eut un silence de plusieurs secondes. Tous retinrent leur souffle. Puis Kurita se redressa, un air sérieux sur le visage.
_ Je le ferai, annonça-t-il.
Mamori eut un maigre sourire.
_ Bien. Nous arrangerons la rencontre avec Unsui au plus vite.
_ Euh… et qu’est-ce qu’on fait d’Agon ?
Depuis l’explosion, Agon avait été grièvement blessé et avait disparu de la circulation, ayant été particulièrement marqué par la fin de son clan et par ses blessures et Unsui s’était officiellement retiré de la tête de Naga.
_ Laissez-moi gérer Agon, rétorqua Mamori d’un ton assuré. Pour l’instant, j’ai besoin que vous vous prépariez. Nous devons superviser la résolution du traité entre Dinosaurs et Taiyou.
En effet, depuis que Marco avait pénétré sans autorisation à Taiyou pour voler les coffres, Harao avait demandé réparation. Deimon avait été appelé comme médiateur pour s’assurer de la signature et du respect du contrat sans qu’il n’y ait de sang versé.
Alors que tous sortaient se préparer, Mamori appela avec un hochement de tête:
_ Musashi.
Il resta, comprenant qu’elle voulait lui parler en privé. Quand tous furent partis, ils dirent :
_ C’est gentil à toi d’avoir élu Kurita, dit-il.
_ Ce n’est que stratégique, répondit Mamori en levant le bras droit en grimaçant.
_ Tu n’as plus à parler comme Hiruma. Tu peux être toi-même, maintenant.
Pour toute réponse, il eut un regard vide. Mamori finit par prendre la parole :
_ J’ai également décidé que Deimon devrait avoir un nouveau chef.
Cette fois, Musashi tiqua :
_ Cette responsabilité revient à Hiruma.
_ C’est moi la chef de Deimon, pas Hiruma, rappela Mamori. Il a abandonné tout droit de chef de clan le jour où il m’a légué la chevalière de Doburoku, c’est toi qui me l’a dit, n’est-ce pas, Musashi ? Maintenant, je peux désigner qui je veux.
_ Est-ce que c’est une espèce de revanche ? s’enquit Musashi. Pour tout ce qu’il t’a fait ?
A sa grande surprise, la jeune femme secoua la tête avec un rire bref.
_ Non. Si ça avait été une revanche, j’aurai légué le clan à Naga depuis bien longtemps. Il est temps pour nous tous de voir au-delà de Deimon, Musashi. Mais avant de désigner un nouveau chef, j’ai également décidé d’autre chose.
Elle ouvrit un tiroir et sortit un dossier avant de plonger son regard dans celui de Musashi.
_ Est-ce que le nom de Takahashi Sana te dit quelque chose ?
Musashi était un expert pour garder un visage impassible, mais même Mamori put le voir pâlir. La jeune femme retira une photo et montra la photo d’une jeune femme souriante qui mangeait une glace, apparemment inconsciente qu’elle était prise en photo.
_ Apparemment, elle aurait eu un rendez-vous chez un obstétricien dans la zone des Amino Cyborgs, il y a de cela six semaines. Quelque chose que tu aurais oublié de me dire par hasard ?
_... Comment tu sais ça ?
_ Par hasard, répondit Mamori en remettant la photo dans le dossier. Hiruma a apparemment gardé un œil sur ta copine pendant un long moment. Sûrement une façon de la protéger.
_ Et que veux-tu faire avec Sana ? demanda Musashi en serrant les poings.
_ Lui donner l’homme qu’elle mérite, répondit Mamori. Je te bannis de Deimon. Tu n’as plus le droit de venir dans les affaires du clan. Gagne ta vie en homme honnête. Sois le père que cet enfant mérite, et le mari qu’elle mérite.
Cette fois, Musashi faillit s’étouffer de rire.
_ Tu n’es pas sérieuse ? Tu nous fais quoi là ? Ce que tu aurais aimé avoir ?
Mamori ignora la pique et secoua la tête.
_ Tu es un idiot, Musashi. Tu n’aurais jamais dû mettre cette fille enceinte. Tu sais ce qu’elle est ? Elle est une cible maintenant. Elle est ton talon d’Achille. Chaque seconde passé avec elle, tu la mettras en danger. Maintenant que Deimon est l’un des clans les plus puissants de Tokyo, chacun de nous devra assumer une responsabilité de leader, et nous serons la cible principale des autres. Ce n’est pas le moment d’exposer nos faiblesses.
Musashi serra la mâchoire. Elle avait raison et faisait cela pour son bien, il le savait. Mais maintenant que Mamori n’agissait plus sous la coupe d’Hiruma, il éprouvait une sorte de malaise. Comme si la jeune femme était complètement insensible.
_ Maintenant, c’est l’occasion ou jamais de protéger ton héritage et de sécuriser ton avenir, insista Mamori. C’est une opportunité qui ne se présente que trop rarement pour des gens comme nous.
Le jeune homme se tut. Elle avait raison. Mamori voyait dans ses yeux qu’il s’imaginait dans une vie normale : un mari, un père, le fils que son père malade méritait… c’était un rêve si paisible qui se déroulait dans l’imagination de Musashi.
Leurs regards se croisèrent :
_ Que vas-tu faire sans moi ?
Mamori eut un pauvre sourire.
_ Je pense qu’à partir du semestre prochain, il est temps que Deimon ait un nouveau chef.
_ Yukimitsu ?
La future ex-chef de Deimon secoua la tête. Elle souriait, ce sourire empli d’amour maternel qui ne pouvait être que pour une personne :
_ Koboyakawa Sena.
Chapter 15: Chapitre 15
Chapter Text
Une semaine plus tard.
_ Je dois dire que je suis surprise, dit Mamori en sirotant sa tasse de thé.
_ De voir une femme à la tête d’un clan ? acheva Karin Koizumi. Je ne suis pas la « réelle leader », je veux dire Yamato-kun fait la plupart du travail...
_ C’est vous qui prenez les décisions finales ? coupa Mamori en la regardant dans les yeux.
_ Je…oui, mais…
_ Alors c’est vous la leader et la personne à qui je réfère, termina la chef du clan Deimon.
Karin Koizumi était l’une des rares femmes à la tête d’un clan. Teikoku régnait en maître sur Osaka grâce aux nombreux efforts de Yamato, la némésis de Sena. Mais depuis qu’une femme était à leur tête, certains membres se permettaient des familiarités ou des écarts qui réduisaient la puissance du clan.
_ Je dois dire que votre clan ne respecte pas beaucoup le code d’honneur établi, commenta-t-elle. J’ai été attaqué sans raison la dernière fois que j’ai mis les pieds à Osaka.
Karin cligna des yeux.
_ Je sais…, nous avons été mis au courant bien trop tard…
_ Des gens de Nagas tolérés par des traîtres dans votre clan, c’est inacceptable.
Mamori se pencha.
_ J’aimerais conclure un contrat avec Teikoku. Le clan tombe en morceaux parce que personne n’est capable de vous accepter en tant que chef. Alors je vous fais une proposition.
Elle retira un papier qu’elle posa sur la table entre elles deux.
_ Je suppose que vous avez entendu parler des parts de Naga dans l’entreprise Mitsubishi. Ils font des milliards de yens de profit par an et sont très impliqués pour le favori des prochaines élections.
Karin cligna des yeux.
_ J’ai entendu dire que vous pensez déjà à négocier des accords avec la mafia américaine.
Mamori haussa un sourcil alors que Karin prenait une gorgée de thé. Celle-ci était bien informée sous ses airs innocents.
_ Saikyoudai s’apprête à devenir le clan le plus influent de Tokyo. Pourquoi s’associer à un clan qui tombe en ruines comme Teikoku ?
Mamori sourit.
_ Grâce à Clifford, notre nouvelle alliance avec les Dinosaurs et la prise de Naga, Saikyoudai deviendra bientôt le clan le plus puissant de Tokyo. Alors mieux vaut être notre ami que le contraire, non ?
Karin soupira et toisa Mamori avec un air défiant et farouche.
_ Je ne vois qu’une façon de s’approprier nos richesses.
_ Je ne pourrai pas gérer Teikoku, avoua Mamori. Mais si vous acceptez de nous accorder un pourcentage quant à vos recettes, je mettrais à disposition la meilleure équipe pour débarrasser Teikoku de ses traîtres. Et toi, Karin, tu règneras sur Osaka en toute légitimité.
Mais Karin semblait peu réceptive.
Tout devenait trop idéal pour elle. Mamori remarqua son trouble.
_ Karin, dit-elle doucement.
Ses yeux étaient plein de détermination.
_ Nous avons été trop moquées dans ce milieu. Ce que nous sommes devenues, personne ne nous a laissé le choix. Mais là, c’est l’occasion de prouver que nous sommes capables de régner en maître.
Karin inspira profondément. Son expression se durcit.
_ Si c’est par ce genre de discours vide que nous allons nous allier, répliqua-t-elle froidement.
Mamori eut un sourire.
_ Tu ne t’es pas laissé prendre par les sentiments à ce que je vois…
_ Bien sûr que non, répliqua durement Karin. Tu crois que je vais me laisser être maternée par des promesses vides ? Je sais ce que vous cherchez : mais il est hors de question que vous ayez accès au port d’Osaka parce que Kyôshin vous a fermé ses portes.
La leader de Saikyoudai lui jeta un coup d’œil impressionné alors que Karin prenait conscience de ce qu’elle venait de dire, et du ton qu’elle avait employé.
_ Si Saikyoudai veut absolument s’associer à Teikoku et avoir accès à la mer, vous allez devoir nous offrir un bon paquet d’avantages, décida Karin, encore sous le choc de cette nouvelle personnalité qu’elle affichait.
Les deux femmes se fixèrent sans cillet.
_ Alors je suppose que les vraies négociations peuvent commencer ? suggéra Mamori.
Karin eut un petit sourire, plus déterminée que jamais à reprendre sa place de leader.
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Jumonji se tenait aux côtés de Mamori, sentant que c’était la pire idée du monde. Ikkyu était en face, tentant d’afficher un air impassible, quand en réalité il était vraiment confus par ce qu’il se passait.
_ Vous voulez que je…
_ Ne me fais pas répéter, Ikkyu, coupa Mamori.
_ Pourquoi moi ? Pourquoi je serai le plus apte à entrer dans le clan de Saikyoudai ?
_ Eh bien, au-delà du fait que ce soit une opportunité en or, tu es également l’un des meilleurs éléments de Tokyo quand il s’agit de la recherche d’informations. Tu es le meilleur des snipers, Ikkyu. Même Monta-kun est d’accord pour dire que tu es plus fort que lui. Je veux les meilleurs pour travailler près de moi. Et depuis la chute de Naga, je n’ai pas besoin de te faire savoir qui je suis, n’est-ce pas ?
Non, elle n’en avait pas besoin. Ikkyu se rendit compte que c’était la première fois qu’il voyait Mamori d’aussi près. Elle était magnifique. Mais sa beauté n’était rien comparée à son esprit combatif et ses yeux remplis d’ambition. Depuis la chute de Naga, il avait caché son admiration et respect pour cette femme derrière une amertume et un machisme exubérant.
_ Tes talents étaient sous-exploités à Naga, Ikkyu. Je ne te demande pas d’être le meilleur de Saikyoudai. Je te demande d’être le meilleur de Tokyo.
Quand Ikkyu fut parti, Jumonji laissa échapper un soupir.
_ Je ne sais pas si c’est une bonne idée…, soupira-t-il. Commencer un nouveau clan…
_ Saikyoudai n’est que la suite de Deimon, répondit Mamori. Le meilleur pour nous est de regarder vers l’avenir. L’heure n’est plus aux petites guerres entre clans. Nous devons viser plus loin, Jumonji. Nous en avons les capacités.
Elle parlait comme Hiruma. Jumonji n’aimait pas ça.
_ Personne n’accepte de travailler pour une femme dans ce milieu. Tu le sais.
_ Peut-être, c’est vrai. Mais ils savent ce dont je suis capable. Si Yamato et Taka ont accepté de venir ici, c’est parce qu’ils savent que Teikoku va tomber tôt ou tard et qu’ils croient qu’ils pourront régner sur Tokyo en m’utilisant comme ils ont utilisé Karin. Mais ils vont vite comprendre qu’ils se sont fait avoir.
_ Ce n’est pas une bonne façon de diriger un clan, corrigea Jumonji. Tu devrais avoir confiance en tes membres. Pas leur mentir.
Mamori se tourna vers lui.
_ Nous ne sommes plus dans ce cocon de confiance qu’était Deimon. Dans ce milieu, nous sommes amenés à côtoyer des gens en qui nous n’avons pas confiance. Et c’est parce que je ne leur fais pas confiance que j’ai besoin de toi à mes côtés.
Deux jours plus tard, Ikkyu accepta.
Yamato et Taka rejoignirent Saikyoudai.
Karin utilisa les profits des parts de l’entreprise Mitsubishi données par Mamori en contrepartie de l’accès au port pour reprendre le contrôle de Teikoku d’une main de fer. Il y eut une vague de guerres de clans à Osaka et Mamori ordonna aux Cameleons de se ranger sous la direction de Karin. Après la résolution des conflits majeurs, Habashira finit par accepter de rejoindre Teikoku.
Petit à petit, le décor changea dans les clans de Tokyo.
Hiruma Mamori fut annoncée chef de Saikyoudai.
Karin Koizumi fut la chef des Teikoku Alexanders et le clan s’étendit sur Osaka avec une rapidité sans précédent.
Megu Tsuyumine devint la chef du clan Zoguto, qu’elle nomma ainsi après le départ d’Habashira Rui et après qu’elle s’empara des restes du clan des Scorpions.
Wakana Koharu garda la place de manager auprès de son mari Takami Ichiro.
Maruko Himuro devint la nouvelle chef des Dinosaurs élue par Mamori. Celle-ci permit à Marco de rester un membre du clan compte tenu de ses talents de négociation, mais il n’était plus qu’au service de la nouvelle chef.
Juri Sawai fut choisie pour la direction du clan des Bando Spiders après que Mamori eut débauché Akaba Hayato pour Saikyoudai, Kotaro ayant été jugé trop « stupide ».
La bataille des clans avait changé. Désormais, les femmes étaient à la tête des clans les plus puissants du Japon.
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Une semaine plus tard, Mamori reçut un message. C’était Ikkyu. Il semblait avoir tapé cela dans la hâte.
« Hiruma. Appel. »
La jeune femme se rendit compte qu’elle n’était pas aussi bouleversée qu’elle l’aurait cru. En fait, Mamori comprenait qu’elle l’avait attendu, tout ce temps. Elle savait que quelqu’un comme Hiruma reviendrait toujours vers elle.
Mais elle n’était plus l’amoureuse transie qui l’accueillerait à bras ouverts. Aussi, elle réagit à peine quand son téléphone sonna, annonçant un numéro inconnu.
_ Tch…Ca fait longtemps, fuckin’manager.
Sa voix était la même, pleine de malice. Mamori sentit un frisson de soulagement lui parcourir. Il allait bien. Il était vivant. Soudain, elle eut la vague impression d’être observée : peut-être était-ce sa paranoïa, mais elle savait qu’Hiruma était le pire quand il s’agissait de s’immiscer dans la vie privée des gens. Aussi tenta-t-elle de garder un visage impassible... au cas où il la surveillerait.
_ Tu es rapide, commenta-t-elle. Saikyoudai vient à peine de s’allier à Teikoku et tu viens déjà mettre ton nez dans mes affaires.
_ Kekekekeke… moi qui pensait que jamais tu ne viendrais dans ce milieu.
_ Ce n’est pas comme si j’avais le choix, n’est-ce pas ? rétorqua aigrement Mamori. Maintenant que tout le monde sait que je porte ton nom, je suis une cible. J’ai besoin de me protéger…
« Le temps de trouver une porte de sortie », pensait-elle. Mais ce n’était certainement pas à Hiruma qu’elle dirait ça. D’ailleurs…
_ Pourquoi tu m’appelles ? demanda Mamori. Tu sais qu’Ikkyu peut te traquer en moins de deux et que Banba peut te casser la gueule ?
_ Kekekekeke… tu ne devrais pas parler comme ça à celui qui va porter Saikyoudai comme le clan le plus prestigieux du Japon.
Mamori haussa un sourcil.
_ Voyez-vous ça… C’est bien toi qui a mis Deimon au fond du trou par deux fois et qui s’est enfui juste après, non ?
C’était de la mauvaise foi pure. Mamori savait qu’Hiruma avait de bonnes raisons pour s’en aller. Mais elle voulait simplement le défier.
_ Je n’ai pas de temps à perdre avec tes idioties, Hiruma. J’essaie de gérer un business ici.
_ Et si je te disais que tu pourrais devenir le clan le plus puissant de Tokyo ?
_ Je suis déjà l’un des clans les plus puissants de Tokyo, soupira Mamori. J’ai les meilleurs éléments… ceux en qui je pourrai avoir confiance, dit-elle en insistant sur le mot "confiance". Pourquoi j’aurai besoin de toi ?
Elle regarda sa montre.
_ Si tu veux bien m’excuser… j’ai quelqu’un de très important à rencontrer.
Comme une parfaite synchronisation, la porte s’ouvrit brusquement. Mamori eut un sourire malin en voyant le nouvel arrivant.
_ Agon, dit-elle au nouvel arrivant. Tu es en retard.
_ La seule raison pour laquelle je suis ici, sale déchet, c’est parce que tu as ordonné à ce traître d’Ikkyu de voler tout mon fric.
Mamori haussa un sourcil sans se départir de son sourire.
_ Il fallait bien que j’attire ton attention d’une manière ou d’une autre, murmura-t-elle en coupant l’appel.
Agon se laissa tomber sur la chaise en face de son bureau. Il s’était rasé la tête depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Son crâne chauve lui faisait ressembler à son frère jumeau, Unsui.
_ Cigarette ? s’enquit Mamori.
Il lui répondit avec un geste grossier.
_ Tu as raison, répondit Mamori en reposant le paquet. Place au business.
_ Je n’ai aucune envie de faire du business avec toi.
_ Et tu vas faire quoi à la place ? répliqua la chef du clan de Saikyoudai. Te terrer dans un love hotel du clan des Cupid à attendre de mourir d’une IST ?
Agon eut un rictus.
_ Tu utilises beaucoup de mots vulgaires pour une femme.
_ Je m’adapte à la personne en face de moi, répondit Mamori. Je veux que tu sois un membre de Saikyoudai.
Le concerné ouvrit de grands yeux et éclata de rire.
_ Tu crois que je vais travailler pour toi ? Que je vais cirer tes pompes et te servir tes cocktails pendant que tu parles à d’autres minettes qui se prennent pour des chefs de clans ?
_ Fais ce que tu veux, répliqua Mamori. Mais rappelle-toi qu’il y a une récompense pour ta capture par Taiyou. Qu’est-ce qu’il se passera quand j’aurai informé Hatsujo-kun qu’un ancien Naga se cache dans son territoire ?
Agon vit rouge.
_ Salope ! hurla-t-il en se levant d’un bond.
Mamori resta parfaitement calme. Elle connaissait le jeu de ces pauvres idiots par cœur. Il lui en fallait plus pour l’effrayer désormais.
_ C’est simple Agon. Tu dois trouver un moyen de t’en sortir. Ton frère a été assez intelligent pour se soumettre à l’autorité de Kurita. Mais toi, tu es bien trop fier pour ça. Je te donne une chance d’être un leader : officiellement, tu dirigeras le clan des Cupids. Officieusement, tu travailles pour moi. Personne ne saura que tu travailles pour une femme et tu as ton « honneur » sauf. C’est la meilleure opportunité dont tu puisses rêver pour l’instant.
_ Et ça semble bien trop beau pour être vrai.
_ C’est à toi de voir, dit Mamori. Tu as toujours détesté être parmi les perdants. C’est la seule solution si tu veux t’en sortir la tête haute.
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Mamori poussa un long soupir. Passer la journée à garder ce visage de marbre était épuisant à la longue. Sa tête était complètement vide, et chaque seconde passée dans ce milieu était un pas de plus loin de sa vie d’antan, celle qu’elle s’était efforcée de passer loin d’Hiruma.
Elle prit son téléphone personnel et composa un numéro qu’elle n’avait pas appelé depuis des semaines
_ Mamori !
_ Shuhei…, murmura-t-elle.
Que c’était bon d’entendre sa voix. Même si elle était pleine d’inquiétude.
_ Où étais-tu passé ? Je t’ai laissé une tonne de messages ! J’ai cru que tu avais disparu. Tu ne sais pas la montagne de travail qui t’attends ? Bon sang, où étais-tu passé ?
_ Je vais bien, je vais bien le rassura Mamori en se passant la main sur le front. J’ai…J’ai été à la campagne la réception n’est pas bonne là-bas.
_ La campagne ? Tu m’as dit que tu visitais de la famille malade.
Ah…oui…, pensa Mamori qui réfléchit rapidement.
_ C’est… c’est mon oncle, justement, qui est… mort. J’ai dû rester pour la veillée, et pour aider ma tante à tout ranger et…
Elle enchaîna mensonge sur mensonge, puis termina par un :
_ Shuhei, laisse-moi encore deux semaines, murmura-t-elle. Deux semaines, et je reviendrai à toi. Je te le promets…Je t’aime…
Deux semaines, pour mettre en place son plan final et s’extirper une bonne fois pour toute du monde impitoyable des guerres de clans.
Chapter Text
La mise en place d’Agon au sein du clan Cupid fut la source de nouvelles tensions pour Saikyoudai. Hatsujo, le chef des Cupid refusa catégoriquement. La réputation d’Hiruma Mamori n’était pas pour plaire aux clans les plus anciens, mais son influence sur la ville était trop puissante.
_ On devrait laisser tout ça se tasser, suggéra Jumonji quand il apporta la nouvelle. Mettre Agon au pouvoir est trop risqué pour l’instant. On risque d’attirer les révoltes.
_ Hors de question de reculer si près du but, répliqua Mamori. Programmez une rencontre ce soir.
Et elle ferma la porte de son bureau avant de se pincer l’arête du nez. Jouer les durs devant tout le monde était épuisant à la longue. Mamori se rendait compte qu’il y avait beaucoup de problèmes à gérer et que les membres de Saikyoudai, bien que lui ayant juré fidélité, n’attendaient que la première occasion pour lui planter une balle dans la tête.
Un bruit derrière elle la fit sursauter et la jeune femme fit volte-face… uniquement pour trouver une silhouette familière assise derrière sa chaise de bureau, les pieds sur la table.
_ Eh bien, trop de pression, fuckin’manager ? s’enquit Hiruma avec un grand sourire.
C’était comme si l’explosion n’avait jamais eu lieu. Il semblait parfaitement rétabli. Mamori eut un instant de surprise qui s’éteignit aussitôt.
_ Hn… Tu en as mis du temps, soupira-t-elle en s’avançant vers lui, l’air fatiguée.
_ Kekekeke… Donc tu as fait exprès de raccrocher tardivement ce jour-là…
Mamori prit place sur l’un des fauteuils en face de lui et posa, comme lui, ses pieds sur le bureau. Ses chaussures noires étaient à quelques centimètres des siens.
_ Je me suis dit que ta curiosité te forcerait à sortir de ta cachette si tu savais que je travaille avec Agon.
_ Tch, tu penses vraiment pouvoir tenir ce fuckin’chauve en lui donnant un clan aussi pourri ?
_ Le temps qu’Agon croit tenir une mine d’or pour me détrôner, je serai déjà intouchable, déclara Mamori en se laissant aller sur son siège. Hatsujo n’est pas un obstacle pour moi. Et Agon aura toutes les hôtesses du monde pour le tenir bien en laisse. Il est plus sage de lui faire croire qu’il a une fenêtre de liberté plutôt que de le voir comploter dans l’ombre.
_ Kekekeke… voyez-vous ça, ma fuckin’femme est devenue une vraie professionnelle.
_ Je ne suis pas ta femme, répliqua Mamori. Mais puisque tu es là…
Elle lui lança son alliance qu’il attrapa au vol. Hiruma eut un rictus.
_ Tu fonces droit dans le mur si tu penses pouvoir régner sur la ville, fuckin’manager.
_ Je ne suis pas aussi stupide.
_ Mais tu es fuckin’naïve si tu crois que tu peux tout résoudre avec des accords.
Mamori lui jeta un regard noir et lui donna un coup dans les jambes.
_ Tu préfères que tout soit réglé par une guerre en pleine ville ?
Hiruma éclata de rire.
_ Remplacer les chefs de clans par tes fuckin’pions ne changera rien.
Il se leva brusquement, faisant sursauter Mamori. Elle le fixa sans ciller : il avait ce sourire de façade, mais ce regard de glace quand il était sérieux.
_ Tu es trop gourmande. Tu vas déclencher une guerre, fuckin’manager. Il n’existe rien de tel que le contrôle total.
Mamori eut un rictus et se leva à son tour.
_ Et je suppose que dans ta grande sagesse tu vas me proposer ton aide sans aucune contrepartie ?
Elle s’avança vers lui et s’arrêta quand leurs nez se touchaient presque. Mamori ne souriait pas.
_ Aucun clan n’a eu autant de potentiel que Saikyoudai. C’est moi qui aie réunis ces hommes et ils sont sous mes ordres. Et si tu crois que je ne suis pas capable de tout gérer, attends et tu verras.
Elle le fixait sans ciller, sans même jeter un coup d’œil à ses lèvres fines qui la narguait. Mamori ne l’admettrait jamais, mais une partie refoulée de sa personne mourrait d’envie que la bouche d’Hiruma s’abatte sur la sienne. Mais jamais elle ne l’avouerait. Elle se sentait honteuse même de penser une telle chose vis-à-vis d’un salaud pareil.
Hiruma lui attrapa doucement le bras quand elle s’éloigna. Son ouïe affûtée prédisait que Jumonji n’allait pas tarder.
_ Ce fuckin’mèche prévoit une embuscade, ce soir. Lui et des membres de Yûhi Guts prévoient d’ouvrir le feu dès qu’ils t’auront.
Mamori fit volte-face pour le regarder. Hiruma pensait qu’elle allait être horrifiée, lui demander comment il savait ça, ce qui était prévu comme embuscade, mais à la place…
_ Si Hatsujo croit qu’il va me doubler comme ça, il n’a rien vu.
Elle allait partir quand son ex-mari raffermit sa prise.
_ Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques, fuckin’manager.
Mamori haussa un sourcil et se dégagea.
_ Et toi, tu ne sais pas à qui tu t’adresses. Je suis la leader de Saikyoudai.
Hiruma eut l’impression de s’entendre il y a cinq ans. Il était alors le nouveau leader de Deimon et avait une liason avec Mamori depuis plusieurs mois, tout en lui cachant ce qu’il faisait réellement. Il était alors aussi imbu de sa personne lorsqu’elle s’adressait à lui, la traitant comme une pauvre idiote idéaliste et naïve, aveugle à toutes les horreurs et la corruption qui l’entourait tandis que lui était le chef, le leader en contrôle. Et ça, il l’avait payé cher.
_ Un fuckin’leader devrait être capable d’écouter les mises en garde.
La jeune femme eut un petit sourire.
_ Tu crois que je ne suis pas consciente de tout ce que tu me dis ? Et si on jouait à un petit jeu, Yoichi ? Tu aimes les jeux, n’est-ce pas ?
Le concerné haussa un sourcil. Jamais Mamori n’aurait proposé cela. La femme devant lui n’était pas la Mamori qu’il connaissait. C’était un masque, le même masque qu’il mettait. Quant à ce qu’il y avait sous le masque…
_ Kekekeke… ne me tente pas, fuckin’rouquine.
_ Si j’arrive à gérer le cas Agon sans aucune révolte générale de la part de Cupid, tu ne te mettras plus jamais en travers de ma route. Si je n’y arrive pas, je ferai tout ce que tu me demandes. Ça te rappelle quelque chose ?
Oui, pensa Hiruma en souriant de son air sadique. C’était les premières années de leur mariage.
_ Les récompenses en jeu étaient bien plus alléchantes à l’époque, la nargua-t-il.
_ Je suppose que ça veut dire que tu acceptes, rétorqua Mamori.
La leader de Saikyoudai tourna les talons, la mâchoire contractée. Le fait qu’Hiruma accepte si facilement son pari dénotait qu’il ne lui faisait pas confiance pour mener cette affaire à bien : il était certain de gagner.
Elle allait lui montrer.
Le temps qu’elle ouvre la porte, Hiruma avait disparu.
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_ Quel pitié qu’aucun d’entre vous n’ait une moitié vers qui se consoler quand cette affaire tombera à l’eau.
Hatsujo Kaoru et ses coéquipiers avaient tous amenés leurs petites amies à ce salon rempli d’escorts.
Mamori était assise sur le canapé en face avec Yamato et Taka et était bien heureuse de les avoir emmenés avec elle car elle eut l’occasion de répondre :
_ Effectivement… du moins si mes collègues ici ne vous volent pas vos petites amies avant.
Elle désigna du menton la petite amie du leader des Cupid qui regardait Yamato d’un air rêveur. Kaoru se renfrogna et saisit sa copine par l’épaule pour la presser contre lui.
_ Ecoutez, je crois que nous n’avons pas été clairs. Il est hors de question que nous laissions la gestion du club à quelqu’un comme Kongo Agon.
_ Kongo Agon est le meilleur proxénète du Japon, répondit Mamori. L’avoir dans votre clan comme homme de main est la meilleure façon de booster les bénéfices de votre clan. Sans compter que vous avez des dettes vis-à-vis de Zoguto.
Hatsujo se renfrogna.
_ Ça vous amuse, n’est-ce pas ? maugréa-t-il avec un regard assassin. Que vos petites copines vous tiennent informée de leurs accords. En même temps, entre deux idiotes larguées par vos copains, vous devez vous comprendre.
Mamori se retint de rire face à la débilité de l’argument. Certes Habashira avait changé de clan, mais il restait fidèle à Meg. Mais Hatsujo semblait obsédé par les ragots.
_ J’ai du mal à comprendre pourquoi ce genre de sujet vient sur la table, déclara Taka en levant les yeux de son livre.
_ Si vous voulez rembourser vos dettes vis-à-vis de Zoguto, vous allez avoir besoin de fonds, insista Yamato.
_ Agon est le seul qui puisse engendrer assez de profits pour rembourser ne serait-ce que vos emprunts à 12% d’intérêt, déclara Mamori.
_ Si Agon est aussi efficace, pourquoi Saikyoudai voudrait nous le refiler ? s’enquit Hatsujo. Je ne vois là qu’une manière de nous refiler votre fauteur de troubles.
_ Agon est loin d’être un fauteur de troubles, maintenant que Naga a été repris en main par Kurita, nota Yamato.
Mais Hatsujo leva la main pour le faire taire.
_ Je me fiche des qualités de Kongo Agon, dit-il d’un ton féroce. J’ai dit non. Et si vous commencez à me forcer la main…
Il y eut un déclic et Mamori jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. La voilà l’embuscade. Ils étaient probablement une vingtaine et les encerclaient.
_ Je me verrais obligé de forcer la vôtre, finit Hatsujo, visiblement fier de son petit effet.
Selon les uniformes, Mamori comprit que le clan des Koihagama Cupids avait conclu un marché avec les Yûhi Guts pour mettre fin à son règne.
_ Vous ne devriez pas faire ça, avertit Taka avec son calme légendaire. Saikyoudai a des relations avec des clans très puissants. Si vous nous faites du mal, cela peut mal finir.
_ Ça peut mal finir ? fit une voix par-dessus leurs épaules.
Mamori tourna la tête et le reconnut.
_ Daisuke Atsumi, fit Yamato en hochant la tête. Moi qui croyait que le clan des Yûhi Guts était déchu depuis bien longtemps.
_ Disons que nous excellons dans l’art de la patience, répliqua le concerné. Il fallait juste attendre le bon moment avant d’annoncer notre grand retour. Et maintenant qu’une peste s’imagine prendre le contrôle de Tokyo (il darda un regard noir à Mamori qui haussa un sourcil), nous avons pensé qu’il était temps que chacun sache où est sa place.
Hatsujo sortit un revolver de sa ceinture et le posa sur son genou, le doigt sur la gâchette.
_ Bien… si vous avez rien d’autre à nous dire, je pense que nous avons fini ici ?
Mamori eut soudain la vision d’un point rouge qui se baladait sur la chemise du leader des Cupids. Son intuition lui disait que ce n’était pas Ikkyu qui s’amusait à se faire repérer ainsi. Hiruma la surveillait. Si elle ne voulait pas perdre le contrôle sur Saikyoudai, il fallait miser tapis dès maintenant.
_ A vrai dire, c’est une bonne chose que vous soyez tous les deux ici, annonça la jeune femme en toisant les leaders des clans Cupids et Yuhi Gûts. J’ai apporté quelque chose qui pourrait vous intéresser.
Mamori ouvrit son sac sortit une boîte noire qu’elle ouvrit. Tous ouvrirent de grands yeux en voyant un énorme diamant rouge.
_ C’est…. C’est… ! balbutia Hatsujo
_ Le Devil Diamond ! , murmura Daisuke. Où l’avez-vous trouvé ?
Mamori eut un petit sourire.
_ Je suppose que vous avez connaissance de sa valeur inestimable, n’est-ce pas ? Un joyau pareil serait capable de renflouer les caisses de vos deux clans.
Les deux chefs ne répondaient pas, les yeux rivés sur cette merveille qu’ils pensaient perdue à jamais.
_ Bien, maintenant que j’ai votre attention, voici le marché, reprit Mamori, je vous rends le diamant et vous me laissez intégrer Agon et quelques autres hommes de main à votre petit clan.
Elle les fixait sans ciller, satisfaite de son petit effet. Hatsujo éclata de rire et fit un signe à ses hommes de mains.
Mamori sentit un attraper Jumonji pour lui faire une clef de bras tandis que deux autres se jetaient sur Banba pour le maîtriser.
_ C’est ça que j’adore chez les nouveaux chefs, ricana Daisuke. Vous êtes tous aussi stupides et inexpérimentés… amener un joyau d’une aussi grande valeur dans un endroit hostile où vous êtes en sous-nombre.
Mamori se leva calmement avec un petit sourire et lissa le devant de sa veste du plat de la main.
_ Et moi ce que j’adore chez les hommes de ce milieu, c’est à quel point ils se laissent avoir par des clichés stupides, répliqua-t-elle. Vous croyez que cette boîte qui retient le joyau est ordinaire ?
Elle sortit un détonateur de son sac. L’effet fut immédiat : tous reculèrent d’un bond.
_ Que… Mais d’où ça sort ça ? bredouilla Yamato qui toisait sa chef avec surprise.
_ Vous n’oserez pas ! s’écria Hatsujo.
_ Vraiment ? répliqua Mamori en haussant un sourcil. Vous savez ce qu’il s’est passé à l’entrepôt ce soir-là n’est-ce pas ? Quand Hiruma a pu faire exploser un entrepôt entier, qui vous dit que moi je n’en suis pas capable ?
Utiliser le nom d’Hiruma était la cerise sur le gâteau. Avant que quiconque ne dise quoi que ce soit, Mamori tendit la main.
_ Puisque nous avons terminé ici, je vais prendre cette veste. Agon en aura besoin lorsqu’il commencera. Disons la semaine prochaine ?
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_ Kekekeke… tu l’as donc fait.
Mamori jeta la veste retirée à Hatsujo sur l’un des fauteuils de cuir du loft qui lui faisait office de bureau et soupira en avançant vers Hiruma, qui était assis sur un des canapés, les pieds sur la table basse.
_ Tu en doutais ?
Hiruma s’arrêta de nettoyer son arme pour la toiser. Elle le fixait d’un air glacial.
_ Tch… Tu n’aurais pas dû prendre tout ça trop à cœur, fuckin’manager. Ce n’est pas bon pour un leader.
Mamori se planta devant lui et mit les mains sur les hanches.
_ J’ai gagné. Maintenant, tu dois faire ce que je te dis.
Hiruma leva les yeux vers elle et déclara :
_ Il est trop tôt pour dire si tu as gagné. Cupid risque de se révolter tôt ou tard.
_ Daisuke et Hatsujo vont s’entretuer pour le Devil Diamond et tu le sais. Le temps qu’ils en finissent, aucun ne sera assez fort pour s’attaquer à nous.
Mamori prit le Uzi qu’il nettoyait et la soupesa machinalement.
_ Alors maintenant tu vas faire ce que je te dis. A moins que tu ne sois aussi mauvais perdant que ça ?
Hiruma eut un rire bref, puis passa ses mains derrière ses genoux pour la forcer à tomber sur lui.
_ Et qu’est-ce que tu veux, fuckin’manager ? murmura-t-il en levant le menton pour que leurs nez se touchent.
Il était si près qu’elle sentait son souffle sur sa peau. Mamori se retint de fermer les yeux et rejeter la tête en arrière. Quand il voulut lui embrasser le cou, Mamori dirigea le canon du Uzi sous son menton pour l’arrêter.
_ Je ne veux plus que tu te mettes en travers de mon chemin, s’enquit-elle en s’écartant pour le regarder dans les yeux.
_ Je viens de te sauver d’une fuckin’embuscade, je pense que j’ai déjà gagné ma place.
Il caressait l’arrière de sa cuisse sous sa robe, un endroit dont il savait qu’elle était sensible. Mamori inspira longuement, mais elle n’était plus cette pauvre fille pure d’il y a cinq ans, dont le moindre contact physique suffisait à la faire rougir et perdre tous ces moyens. D’un mouvement preste, elle descendit de ses genoux et pressa le canon du Uzi sous son menton pour le forcer à la regarder.
_ Que les choses soient bien claires, soupira-t-elle. Tu n’es plus le leader de quoi que ce soit. Je ne veux pas de toi ici. Tu ne m’apporteras que des problèmes.
_ Kekekeke… et si je t’apportais des parts de l’entreprise de ton fuckin’petit ami ? caqueta Hiruma en déviant la trajectoire du canon d’un doigt.
Il se leva brusquement, forçant Mamori à reculer, tout en le regardant d’un air incrédule.
_ Qu’est-ce que tu as dit ? murmura-t-elle.
_ Ho ? Tu n’es pas au courant ? Que 45% des parts de l’entreprises de ton fuckin’copain avaient été détenues par la mafia américaine ?
_ La mafia… tu veux dire…Clifford ?
Clifford D. Louis était un des grands magnats de la mafia américaine. C’était un grand stratège, et un allié puissant… si on arrivait à le convaincre. Lorsqu’il était encore à la tête de Naga, Unsui allait souvent aux Etats-Unis négocier un partenariat… sans succès.
_ C’est impossible, répliqua Mamori alors qu’Hiruma passait devant elle pour s’installer à son bureau. C’était moi qui gérait les comptes. Jamais nous n’aurions collaboré avec des criminels.
_ Regarde par toi-même, l’invita Hiruma en pianotant sur son ordinateur avant de le tourner vers elle.
Mamori se pencha et parcourut les fichiers. Elle devenait de plus en plus livide à mesure que les secondes passaient.
_ C’est impossible que Shuhei ait consenti à ça, dit-elle en se levant. Qu’est-ce que tu as fait ?
_ Moi ? Mais je n’ai rien fait. C’est ton fuckin’petit ami qui a accepté l’offre de ce fuckin’gros nez. Pour sauver son entreprise.
_ Tu mens, rétorqua Mamori en secouant la tête et en faisant les cents pas pour sortir son téléphone. Jamais Shuhei ne s’embarquerait dans une affaire comme ça.
Elle lui tournait le dos et cherchait frénétiquement le numéro de son petit ami pour l’appeler. Un cliché tenu par les deux longs doigts blanchâtres d’Hiruma apparut devant ses yeux, confirmant les dires de son diabolique ex-mari. Ce dernier attendit sa réaction, de dos, mais n’eut qu’une phrase tremblante :
_ Tu es toujours aussi malade à espionner tout le monde, hein ?
_ Ho ? Et qu’est-il arrivé à la fameuse leader et son calme légendaire ? taquina Hiruma en reprenant place sur le fauteuil.
Mamori prit une profonde inspiration et se tourna vers lui :
_ Maintenant ce n’est plus une demande, c’est un ordre, le menaça-t-elle avec l’arme. Ou tu sors d’ici par tes propres moyens, ou bien je te fais sortir. Tu as fait assez de dégâts pour aujourd’hui.
_ Kekekekeke… Mais je n’ai pas fini. Il y a quelques jours, je me trouvais par hasard à faire une partie de poker avec ce fuckin’gros nez. Et devine ce que j’ai gagné.
Mamori ouvrit de grands yeux.
_ Non !
_ Kekekeke… je possède 45% de l’entreprise de ton fuckin’petit ami.
Hiruma ne pouvait effacer son sourire mesquin de son visage et s’avança vers elle pour reprendre l’arme. Mamori tremblait de rage.
_ Tu es un grand malade, murmura-t-elle, la voix entrecoupée.
_ Je prendrais la chambre d’en face en attendant que tu m’annonces officiellement comme membre de Saikyoudai, murmura-t-il en déposant un baiser au creux de son cou.
Mamori sentit un frisson lui parcourir, rendue plus sensible par la colère. Hiruma sortit en ricanant.
_ Crois-moi, je reprendrai ces actions, et quand j’en aurai fini avec toi, tu me supplieras de t’éjecter du clan.
_ Oh, mais je sais que tu le feras, fuckin’boss. J’ai hâte de voir ce que tu m’auras préparé.
La guerre était déclarée.
Chapter 17: Chapitre 17
Chapter Text
_ Hiruma Yoichi ?! s’exclama Banba. Je le croyais mort.
_ Kekekeke ! Tu ne sais donc pas que les démons ne peuvent pas mourir ?
Mamori observait de loin son ex-mari caqueter avec le reste de l’équipe. Taka se rapprocha d’elle.
_ Si j’avais su qu’il suffisait de coucher avec le patron pour devenir membre, railla-t-il de son ton calme où le sarcasme était néanmoins perceptible.
_ Ne sois pas stupide, répliqua Mamori. Tu sais d’expérience qu’il vaut mieux que cet électron libre soit notre allié que le contraire.
Taka fronça les sourcils à la brusquerie de son ton, mais hocha la tête pour approuver : Mamori avait raison. Hiruma était trop dangereux laissé libre.
Mamori fixait Hiruma qui maintenant s’amuser à tirer sur Ikkyu ; elle n’était pas une idiote, elle n’avait pas acquis de légitimité dans ce milieu, car personne n’aimait voir le clan être dirigé par quelqu’un comme elle. Seul le fait qu’elle porte le nom d’Hiruma effrayait encore suffisamment ses adversaires.
Le seul problème, c’était qu’Hiruma contrariait maintenant ses plans personnels. Mamori s’éloigna de Taka et sortit son téléphone.
_ Shuhei ? murmura-t-elle d’une voix tendre.
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Quelques jours plus tard
_ J’ai entendu dire que leur steak était excellent, dit Mamori en croisant ses mains sous son menton.
_ Et le champagne aussi, reprit Shuhei.
_ Je n’arrive pas à croire que tu aies pris l’avion depuis les Etats-Unis pour moi…, murmura Mamori.
Shuhei secoua la tête.
_ Tu m’as tant manqué. Je devenais fou à ne pas avoir de tes nouvelles
Il lui prit les mains.
_ Je voulais te dire… j’ai l’impression que ce soir est vraiment le soir où tu reviens vers moi.
Mamori sourit.
_ Excuse-moi…d’avoir été si absente ces derniers temps. Ce décès dans ma famille… j’ai dû m’occuper de ma tante malade.
La jeune femme soupira de soulagement ; heureusement que Shuhei n’était pas du genre à vérifier ses dires, contrairement à Hiruma qui avait toujours surveillé ses arrières.
_ J’ai été vraiment inquiet, Mamori. Quand je ne t’ai pas vue revenir, j’ai cru que j’allais devenir fou.
Mamori n’avait évidemment pas dit à son petit ami qu’elle était devenue chef d’un clan en l’espace de quelques semaines seulement et qu’elle avait dû jouer le rôle de matriarche pendant que son ex-mari concoctait des plans diaboliques de son côté.
_ Je suis venue te parler, murmura la jeune femme en lui serrant les mains.
Elle prit une grande inspiration.
_ J’ai eu l’occasion d’explorer les dossiers de l’entreprise. A nos actions.
Shuhei cligna les yeux, surpris.
_ Y-a-t-il eu un problème dans la gestion du budget ? C’est au service comptable de m’en aviser.
_ Je parlais des dossiers de tes actions, répéta Mamori.
Comme elle l’avait prévu, Shuhei pâlit. Mamori avait ce regard dur que les dernières semaines lui avaient enseigné.
_ Tu m’as dit qu’avec ta famille, vous ne détenez pas moins de 85% de l’entreprise, n’est-ce pas ? Pourtant, quand j’ai appelé tes cousins pour la réunion annuelle des actionnaires, ils m’ont dit qu’ils t’avaient vendues leurs actions. Pourtant, je n’ai jamais eu vent de cette transaction. Comment cela se fait ?
_ Je ne voulais pas t’embarrasser avec ces chiffres, bredouilla Shuhei. Mais ça n’a pas d’importance.
_ Ça a de l’importance quand je me rends compte que tu ne détiens en réalité que 40% des actions totales, répliqua Mamori. Alors je me suis demandé où se trouvaient ces 45% d’actions restantes. Et devine ce que j’ai trouvé.
Bien sûr qu’il savait ce qu’elle avait trouvé.
_ Ecoute, dit Shuhei, la mâchoire serré et d’un ton dur inhabituel. Je ne veux pas que tu rentres dans ces affaires.
_ C’est trop tard, coupa Mamori. Quelle idée tu as eu d’aller demander de l’aide à la mafia ?!
_ Chut ! Tais toi ! chuchota son patron et petit ami en regardant autour de lui d’un air paniqué.
Mamori retira sa main de la sienne. Pourquoi tous les hommes qu’elle avait aimés étaient liés d’une façon ou d’une autre dans des affaires louches...
_ Ecoute, dit Shuhei à voix basse. Tu ne sais pas ce que c’est que le business. Ça peut détruire une famille complète. Je n’allais pas laisser le contrôle de l’entreprise aller à des étrangers juste parce que mon cousin n’est pas capable de gérer son addiction aux jeux de hasard !
Mamori le fusilla du regard.
_ Tu aurais pu les racheter ! Tu aurais pu trouver d’autres actionnaires qui ne soient pas des… des criminels tu…
_ Tu ne sais pas dans QUEL état j’étais, coupa le jeune homme. Dans ce business, c’est manger ou être mangé. Je croyais que tu saurais quel genre de pression c’est pour les chefs d’entreprise, non ?
Mamori cligna des yeux, surprise et en même temps blessée. Elle savait que Shuhei était un homme d’affaires ambitieux et prêt à tout pour obtenir ce qu’il voulait. Mais elle avait cru qu’il la verrait comme son égal. Mais sa réponse confirmait que, pour lui, elle n’était qu’une assistante, une femme trophée qui n’agissait que comme un bel accessoire dans les soirées cocktails.
_ Je vois, dit-elle en se levant lentement.
_ Mamori…
_ Non, laisse, répliqua-t-elle en tournant les talons.
Mamori n’avait pas l’intention de partir. En réalité, dans la salle de bains prestigieuse du restaurant, elle revoyait son plan en cours. Les deux mains posées sur le marbre du lavabo, la jeune femme se regardait dans la glace. Lentement, elle avait l’impression qu’à nouveau, elle portait la perruque noire et l’habit de la matriarche de Deimon.
Si Shuhei n’était pas capable de régler les problèmes de son entreprise, elle le ferait pour lui. Quand elle revint de la salle de bains, Shuhei se leva aussitôt, inquiet.
_ Je suis désolé pour tout à l’heure, dit-il précipitamment. J’ai paniqué.
Mamori se rassit et inspira profondément.
_ Mamori, murmura son petit ami. J’ai besoin de toi. Ensemble, nous travaillerons encore plus dur et la compagnie sera aussi resplendissante qu’avant.
La jeune femme eut un sourire et serra sa main dans la sienne.
_ Ne t’inquiète pas, répondit-elle. Je vais m’occuper de ça.
Shuhei cligna des yeux et eut un rire nerveux.
_ T’occuper de ça ? Hors de question, voyons. Tu ne vas quand même pas aller réclamer à la mafia des actions qu’ils ont gagnées !
Mamori pinça les lèvres. Elle ne pouvait pas dire à Shuhei qu’elle était elle-même impliquée dans des affaires douteuses, ni même que c’était Hiruma qui détenait les parts de l’entreprise.
_ Je vais arranger ça, promit son petit ami.
La jeune femme pensait qu’elle se sentirait mieux en sa compagnie. Qu’elle pourrait enfin faire tomber ce masque de glace qu’elle devait porter en tout temps. Mais elle ne croyait pas Shuhei quand il lui disait qu’il allait tout arranger.
_ Je…Je ne suis plus moi-même depuis quelques temps, Shuhei, avoua Mamori d’une petite voix. S’il te plaît… donne-moi encore deux semaines. Et ensuite je reviendrai.
Shuhei lui pressa la main.
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Mamori passa dans sa chambre d’hôtel avant qu’il ne reparte. Elle avait tant besoin de ses caresses et de ses baisers.
_ Quand tout sera fini, murmura Shuhei alors qu’ils s’étreignaient, nous pourrons peut-être enfin faire ce voyage dont on parlait.
Mamori sourit.
_ Oui, souffla-t-elle en enfouissant la tête dans son cou. J’aimerais beaucoup.
Shuhei dormait profondément quand Mamori se leva pour aller à la salle de bains. Elle se débarbouilla prestement et soupira en pensant qu’il lui fallait déjà repartir.
Mais malheureusement, elle était bien obligée de le faire pendant que Shuhei dormait, ou jamais il ne la laisserait s’en aller.
Mamori s’assura de lui caresser une dernière fois la joue et sortit le plus silencieusement possible.
Alors qu’elle parcourait le hall, un des employés de l’hôtel s’approcha d’elle.
_ Vous êtes Hiruma Mamori ? demanda-t-il.
Mamori se raidit.
_ Qui la demande ? rétorqua-t-elle un peu trop sèchement.
Surpris par son ton, l’employé eut un moment de recul, mais sembla se reprendre rapidement.
_ Un paquet vient d’arriver pour vous.
Il lui remit une longue boîte rectangulaire, sous l’œil perplexe de la jeune femme.
Celle-ci l’ouvrit et vit à l’intérieur un bouquet de fleurs.
Des chrysanthèmes.
La leader de Saikyoudai ouvrit de grands yeux horrifiés.
Trop tard.
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_ Et Full house ! hurla Ikkyu. A moi ta paye du mois !
_ Hein ? rétorqua Agon, mauvais perdant. Répète ça !
_ Kekekekeke ! T’es vraiment pas doué, fuckin’chauve !
_ Ohey ! Toi ! Arrête de m’appeler comme mon frère ! On n’a rien en commun.
La porte s’ouvrit en grand et laissa passer Mamori, portant une grande jacket noire sur ses épaules.
_ Ohey boss ! appela Ikkyu. Vous avez volé une jacket ?
Mamori sembla les remarquer et eut un sourire fatigué.
_ Oui, apparemment. Vous êtes revenus de vos rondes ?
_ Rien à signaler, dit Jumonji qui distribuait les cartes.
_ Bien, répondit Mamori en passant devant eux.
Tous la regardèrent se diriger vers ses quartiers.
_ Wouaw, certains ont vraiment pris la grosse tête depuis qu’ils sont leader, commenta Agon.
_ Etant donné qu’elle porte ton nom, elle se sait protégée, renchérit Taka en direction d’Hiruma.
Ce dernier ne répondit pas et laissa son regard être fixé sur le couloir où son ex-femme avait disparue.
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Mamori lui tournait le dos et avait les deux mains appuyées sur le bureau quand Hiruma entra. Elle semblait en pleine réflexion.
_ Oh, tu tombes bien, dit-elle d’une voix étrange. J’ai besoin de ton réseau pour savoir d’où vient cet emblème. Cela me rappelle quelque chose, mais j’ai du mal à me rappeler quoi.
Toujours de dos, elle lui désigna d’une main la jacket longue qu’elle avait jeté sur le dossier d’une chaise.
Hiruma fit éclater sa bulle de chewing-gum et contempla son ex-femme, de dos, ses deux mains posées sur le bureau, la tête baissée.
_ Tch…, fit-il en fermant la porte d’un coup de pied. Laisse-moi voir, fuckin’boss.
_ Sois plus poli, Hiruma-kun, répliqua-t-elle.
_ Si tu ne veux pas que les autres en profite pour te destituer de ton titre, tu as intérêt à te soigner, fuckin’boss, répondit Hiruma sur le même ton.
Il était juste derrière elle et attendit qu’elle se retourne. Avec un soupir, Mamori fit volte-face. Les sourcils de son ex-mari se froncèrent quand il vit une immense tâche rouge au niveau de son abdomen.
_ Fuckin’boss, comment t’as réussi à marcher jusqu’à ici sans t’écrouler ?
_ Ce n’est pas une blessure par balle. Un bout de miroir qu’il a utilisé comme arme, répondit Mamori. Je suis rentrée en taxi. Un miracle que je ne me sois pas évanouie en attendant.
Elle se laissa tomber sur le bureau en grimaçant.
_ Je crois qu’un bout est resté coincé. Je…Je n’arriverai pas à le retirer, termina-t-elle en le regardant dans les yeux.
D’un geste leste, Hiruma sortit un couteau de sa poche arrière et déchira son haut. Mamori ne protesta pas : son chemiser était déjà fichu de toute manière.
_ Il faut appeler un médecin, insista Mamori en gémissant de douleur. Je ne sais pas qui…mais… non ! se récria-t-elle en s’écartant alors qu’il approchait sa main de son ventre.
_ Tch… Qu’est-ce que tu comptes faire d’autre ? Aucun médecin ne pourra venir ici, fuckin’boss, répliqua Hiruma.
Mamori aurait répliqué en temps normal, mais elle savait qu’il avait raison. Et au fond, elle lui faisait confiance.
_ Il y a une trousse de premiers soins dans le placard, maugréa-t-elle.
L’extraction fut douloureuse pour elle : la leader de Saikyoudai, n’était pas habituée à recevoir des blessures de la sorte, aussi chaque coup infligé était un supplice. Hiruma semblait savoir ce qu’il faisait. Mamori brûlait d’envie de lui demander s’il avait dû lui-même soigner ses blessures de l’explosion, mais elle savait qu’il ne répondrait pas.
Et de toute manière, elle était trop occupée à se mordre la lèvre pour éviter de crier, alors que des larmes silencieuses de douleur coulaient sur ses joues.
Hiruma finit par retirer un petit bout de miroir ensanglanté de la taille d’une phalange. Mamori ne put s’empêcher de pousser une plainte de douleur.
_ Moi qui pensait que notre fuckin’leader n’était pas une fuckin’pleurnicheuse, ricana Hiruma.
Mamori leva les yeux au ciel et attrapa la bande de gaze pour tamponner le sang qui s’était échappé de la blessure.
_ Je devrai quand même voir un médecin, dit Mamori entre deux profondes inspirations. Des organes internes sont peut-être touchés.
_ Pas à cette profondeur, répondit Hiruma. Mais au moins, ça te servira de leçon.
Mamori savait ce qu’il attendait alors qu’elle finissait de scotcher le pansement à son ventre. Mais il était hors de question d’informer Hiruma pour Shuhei, même si elle savait que tôt ou tard, il finirait par l’apprendre.
_ Merci pour ça, dit-elle simplement en se levant avec précaution.
C’était encore douloureux, mais au moins elle n’avait plus le morceau de miroir qui semblait lui déchirer les entrailles.
_ Puisque tu es là, tu peux utiliser ton réseau pour savoir d’où vient l’emblème sur cette jacket…
_ Tu te fous de moi, fuckin’manager ? rétorqua son ex-mari. Si tu n’es pas capable de te comporter en leader et t’appuyer sur l’aide des fuckin’membres du gang, démissionne.
Mamori lui jeta un regard noir.
_ Faire confiance à qui ? répondit-elle sur le même ton en montrant la porte. A eux, qui attendent la prochaine occasion où ils pourront me destituer ?
Elle poussa un soupir.
_ C’est tellement injuste…, murmura-t-elle d’une voix tremblante de rage. La seule chose qui les fait se tenir à carreaux, c’est le fait que je porte ton nom.
_ Kekekeke… et tu vas faire quoi ? la nargua Hiruma. Gouverner tout Tokyo ? Ton fuckin’complexe de supériorité t’a isolé, fuckin’boss, pas ces fuckin’nabots dehors.
Mamori lui jeta un regard, prête à répondre, mais elle se rendit compte qu’Hiruma avait raison. Elle-même s’était isolée des hommes et s’était faite leur ennemi.
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_ Et j’ai encore gagn… !!!
Le cri de triomphe d’Ikkyu s’étrangla dans sa gorge quand il vit le regard assassin de Banba.
_ Peu importe, rectifia-t-il précipitamment en prenant rapidement les billets qui traînaient.
_ Tch… On s’emmerde, marmonna Agon. Parier de l’argent, ça devient lassant à la longue.
_ Au moins, on n’est pas comme ces idiots de Scorpions qui passent leurs soirées à se droguer, commenta Jumonji. Pas étonnant que Megu les ait envahi en moins d’une semaine.
_ A cause de notre chef, on ne peut même pas amener des filles ici. Quelle plaie…
_ Voilà une chose intéressante à parier, non ?
Tous sursautèrent en voyant Mamori débarquer, vêtue d’un survêtement rouge. C’était inhabituel de la voir habillée de cette manière. Alors qu’elle prenait place sur la chaise libre d’Hiruma, elle toisa ses employés avec un sourire.
_ Et si les vrais paris commençaient ? Contrebande d’alcools, fille dans nos quartiers, joints, armes..., nommez vos revendications ?
Tous se regardèrent avec des yeux ronds. Mamori arborait un sourire malin.
_ C’est…sérieux ? s’écria Ikkyu. On peut avoir tout ce qu’on veut.
Pour toute réponse, la leader de Saikyoudai haussa un sourcil.
_ Je veux un nouvel uniforme !
_ Tch… gamin ! Je veux que des filles circulent dans les appartements.
_ Je ne dirai pas non à la statue en or massif que Harao garde dans son coffre, commenta Banba. Si je gagne, tu devras négocier avec lui qu’il te la donne.
Le sourire de Mamori s’élargit.
_ Deal.
Au bout du couloir, adossé au mur, Hiruma la regardait avec un sourire satisfait, les bras croisés. Une fois de plus, ces fuckin’nabots ne savaient pas à qui ils avaient affaire. Il connaissait suffisamment Mamori pour savoir qu’elle utilisait ses « faiblesses » à son avantage. Il lui avait appris à jouer au poker quand ils étaient mariés : si Mamori ne semblait pas être du genre à vider les caisses des casinos, c’était uniquement parce que l’argent ne l’intéressait pas. Mais lorsqu’ils s’agissaient d’enjeux dans le cadre privé, elle était plus redoutable que n’importe qui, même le chef de la mafia américaine, Clifford.
Et ça ne rata pas.
_ Impossible ! s’exclama Ikkyu.
_ Tch… ne jamais sous-estimer son adversaire, commenta Taka, qui n’avait pas pris part au jeu.
Agon se contenta de jurer en voyant la pile de billets qui cachait presque Mamori.
_ D’autres revendications ? demanda cette dernière, apparemment fière d’elle.
Yamato prit la place d’Ikkyu et Taka s’assit à côté de lui. Mamori eut un sourire poli, mais elle savait que pour eux, ce n’était pas un jeu : ils voulaient Saikyoudai. Il allait falloir jouer serré.
Mais c’est alors que la voix d’Hiruma lui parvint de derrière :
_ Moi j’en ai une.
Il s’assit juste en face de Mamori et sortit une imposante liasse de billets.
_ Alors fuckin’ex-femme, tu joues ?
Mamori soupira.
_ Qu’est-ce que j’ai à gagner ?
Le sourire d’Hiruma s’élargit.
_ Kekekeke…
Il fit quelques signes rapides et la Mamori sentit sa mâchoire se contracter. Ce bâtard jouait pour gagner.
_ Et si tu gagnes ?
_ Kekekekekeke… Tu n’as pas peur de jouer avec les démons, fuckin’ex-femme, dit Hiruma. Si je gagne, tu me laisses ta place de leader.
_ Deal, répondit aussitôt Mamori.
La rapidité de la réponse surprit tout le monde. Mamori n’avait pas totalement confiance en Hiruma, mais elle savait pour sûr qu’il n’était pas un menteur : il lui donnerait ce qu’elle voulait.
Jumonji s’occupa de distribuer les cartes. Hiruma gardait les yeux rivés sur Mamori qui en faisait de même, de sorte qu’ils furent les derniers à voir leurs cartes.
La première carte fut posée : un 5 de cœur. Taka misa le premier :
_ 2000, déclara-t-il.
Une aussi petite mise trahissait peut-être un intérêt mineur à cette carte. Mamori suivit, et ajouta 4000. Hiruma suivit tranquillement, et Yamato l’imita.
_ Wouaw, c’est tendu, souffla Ikkyu avec un rire nerveux.
Il n’y avait pas un son autour de la table. Juste des regards lourds et des sourires de façade. Parce que ce n’était pas qu’un simple jeu. Il y avait plus comme mise que de l’argent sur la table.
Une autre carte suivit : un 10 de carreau. Cette fois, Mamori commença à miser, et choisit la somme de 5000. Hiruma suivit at augmenta la mise de 10 000, ce qui fit hésiter Taka.
_ Kekekeke… alors, on hésite, fuckin’nabot ?
_ Tch… grimaça Taka.
Il jeta un coup d’œil à Yamato, mais suivit malgré tout. Yamato en fit de même.
Une troisième carte suivit : un 10 de cœur. Hiruma lança la mise à 20 000. Etait-ce du bluff ? pensa Mamori. Ou alors… ?
_ Kekekeke…Alors, tu joues, fuckin’mèche?
_ Je…check, répondit Yamato en serrant les dents.
Mamori lança un regard noir à Hiruma.
_ Et qu’est-ce que notre grande leader va faire ? la nargua-t-il.
_...Je suis, répondit Mamori.
_ Je suis, dit Taka.
Yamato soupira et jeta ses cartes.
La quatrième carte tomba : le 7 de trèfle. Tout le monde misa une petite somme cette fois-ci : 5000.
Ce fut la dernière carte qui nécessita le plus de fil à retordre : un 4 de cœur. Il fallait miser une dernière fois encore…
_ Je check, dit Mamori.
Hiruma et elle se fixaient sans ciller, ce dernier ayant toujours son sourire malin.
_ Voyez-vous ça… je check, décida l’ancien leader de Deimon.
_ Tapis, décida Taka.
Tous se tournèrent vers lui alors qu’il poussait tout son pactole sur la table avant de regarder Mamori.
_ Je suis, déclara Mamori.
_ Kekekeke… allons donc, tu ne vas pas juste suivre, fuckin’manager, ricana Hiruma.
Il poussa tous ses jetons et fit quelques signes que seule Mamori put voir et déchiffrer. Elle eut un soupir.
_ Alors, qu’est ce que la fuckin’leader de Saikyoudai va faire ? insista Hiruma.
Tous retenaient leur souffle alors que Mamori finit par dire :
_ Bien… c’est d’accord.
_ Dévoilez vos cartes, déclara Jumonji d’une voix mal assurée.
Taka fut le premier : un 3 de pique et un 6 de carreau.
_ Associés au 5 de cœur, au 7 de trèfle et au 4 de cœur, ça fait une quinte ! s’exclama Ikkyu. Bravo !
_ Kekekeke… ricana Hiruma. Quoi de plus banal qu’une quinte… je crois que tu t’es surestimé, fuckin’cheveux longs.
Il étala ses cartes à son tour : un valet et un as de cœur. Ikkyu s’étrangla alors que Jumonji balbutiait disant :
_ A…Avec le 5, le 10 et le quatre de cœur, ça fait un Flush !
_ Kekekeke… La place de chef de Saikyoudai va devoir attendre, fuckin’ brushing.
Taka se renfrogna, mais la voix de Mamori s’éleva :
_ Je pourrai en dire de même pour toi, Hiruma-kun.
Toutes se tournèrent vers Mamori. Celle-ci était parfaitement calme. Elle connaissait cette expression qu’Hiruma affichait : son cerveau analysait toutes les possibilités qu’il avait manqué. La jeune femme regarda son ex-mari froncer les sourcils, puis comprendre l’oubli qu’il avait fait dans sa réflexion avant de retourner ses cartes : un 10 de pique, et un 10 de trèfle. Avec le 10 de carreau et le 10 de cœur cela donnait…
_ C’est pas vrai…, murmura Yamato, dépité.
_ Un carré…, dit Jumonji. Une combinaison beaucoup plus forte qu’une quinte ou un flush.
_ J’ai gagné, Hiruma-kun, déclara Mamori.
Et sur ces mots, elle se leva.
_ Je pense que ça suffit pour ce soir, ajouta-t-elle.
_ Ehm… Mamori-nee-san, appela Ikkyu. Tu as oublié ton argent.
Mamori regarda la pile de billets par-dessus son épaule.
_ Je vous le laisse, répondit-elle. Je me sens d’humeur généreuse ce soir. Utilisez-le pour acheter tout l’alcool que vous voulez !
_ Génial ! s’exclama le sniper. C’est le meilleur clan du monde. Ohay ! Agon ! Banba ! Venez ! On va se bourrer la gueule.
Hiruma enfourna un chewing-gum dans sa bouche et eut un sourire. Cette fuckin’femme savait exactement comment faire pour avoir ce qu’elle voulait : que ce soit les parts de l’entreprise de son fuckin’petit ami, ou la sympathie et le respect de son clan.
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Chapter Text
— J’avoue que je ne m’attendais pas à te voir ici, fit remarquer Musashi.
Assis derrière le bureau modeste de son entreprise de construction, il toisait Mamori, qui lui avait rendue visite seule et sans déguisement, pour son plus grand étonnement.
— Je suppose que tu as entendu la nouvelle concernant Saikyoudai, alors, répondit-elle.
— A peine je pars et déjà tu réorganises tous les gangs, à ce que je vois, continua le chef d’entreprise. Ta tête est très prisée depuis que tu as fondé Saikyoudai. Toi qui as toujours voulu rester en dehors de ça.
— Je n’ai pas vraiment eu le choix, répliqua Mamori. Mon identité a été révélée au grand jour et depuis, j’ai dû prendre les dispositions nécessaires pour ne pas finir tuée et jetée dans un canal.
— Et que me vaut l’honneur de cette visite ? demanda Musashi en toisant le paquet avec des vêtements de bébé que Mamori venait d’apporter. Si c’est un « pot de vin », je ne reviendrai pas dans le milieu.
— Je ne viens pas te voir pour ça, mais pour l’après, assura Mamori. J’ai des parts dans une entreprise très intéressante, mais vouée à être probablement sous le feu des projecteurs depuis que la majorité des actions sont détenues par Saikyoudai. J’aimerais que nous puissions faire affaire.
— Et qu’est-ce que tu proposes ? demanda Musashi. Que je salisse le nom de Takekura Constructions en m’associant avec des gangs ?
— Si Takekura Constructions absorbe les parts de la Shuhei Corp, tu pourrais étendre ton affaire à l’international et avoir une place conséquente dans leurs conseils d’administration pour le développement de tes projets, annonça Mamori. Plus de services d’exportation, de département de recherche pour l’innovation... Tu aurais même un accès privilégié aux matières premières les plus raffinées et ton nom serait à l’affiche de plusieurs projets de reforestation et de sauvetage d’espèces en voie d’extinction. Imagine ce que ça ferait pour l’image de ton entreprise !
— Quelle générosité, ironisa Musashi. Et qu’est-ce tu veux en échange ?
— Je veux être ta collaboratrice, dit Mamori. Nous prendrons un nouveau départ ensemble pour l’extension de notre entreprise.
— Pourquoi je travaillerais avec toi ?
— Pourquoi pas ? Ça a plutôt bien marché les autres fois.
— Oui, mais il est hors de question que la cheffe de Saikyoudai soit impliquée dans les affaires de Takekura Constructions, lâcha Musashi en secouant la tête. Depuis que ton identité est compromise, il est hors de question que je m’associe publiquement à toi.
— Oh, ne t’inquiète pas pour ça, Musashi, dit Mamori avec un petit sourire encourageant. J’ai un plan. Mais pour la suite, je ne pourrai pas le faire sans toi.
Musashi se laissa aller sur sa chaise. Mamori avait bien changé, depuis la première fois où il l’avait amenée voir Hiruma à la prison. C’était elle qui élaborait des plans, désormais.
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— Il ne reste rien à l’intérieur, dit le docteur en retirant ses gants. Mais c’est une sacrée coupure.
Mamori acquiesça.
— Comment c’est arrivé ?
— Oh…j’ai cassé un verre et j’ai trébuché sur les éclats, répondit la jeune femme avec ce sourire angélique qui trompait tout le monde.
— Il va falloir faire attention, dorénavant, d’accord ? sourit le docteur.
Mamori n’aimait pas son ton infantilisant, mais préféra écourter la visite médicale. Certes, elle n’avait rien à craindre dans le territoire d’Ojo, mais Jumonji avait assez patienté et elle n’aimait pas laisser Hiruma seul avec les autres trop longtemps.
Quand elle sortit du bâtiment, Jumonji l’attendait près de la voiture.
— Quel est l’intérêt de venir jusqu’ici pour un examen médical si Saikyoudai a déjà un hôpital compétent ?
— Il n’est pas sûr que les autres sachent que je sois allée à l’hôpital, Jumonji, répondit Mamori en consultant sa montre. En plus, j’avais quelques affaires personnelles à régler avec Takami et Wakana.
— Des affaires pour le gang ?
— En quelque sorte, fit évasivement Mamori. Mais on peut rentrer maintenant. Il paraît qu’il a eu de gros dégâts sur le territoire des Yûhi Guts.
— Zoguto est parti y jeter un œil. Ils sont sévèrement touchés. Avec les blocus et les raids qu’a fait Kaoru sur leurs camions de ravitaillement en armes et en drogues, Yûhi Guts ne va pas tenir longtemps, nota Jumonji.
— Et à qui vont-ils demander de l’aide à ton avis ? demanda Mamori avec un petit sourire en répondant à un message de Wakana.
Jumonji se renfrogna. Evidemment, acculé au mur, Katsuko Konjo, le chef des Yûhi Guts, n’aurait pas le choix que de se rallier à Saikyoudai pour de l’aide.
— Je ne te pensais pas aussi fourbe…
Mamori cessa de regarder son téléphone et tourna la tête vers lui alors qu’il les conduisait vers le siège de Saikyoudai.
— Que je sache, Hiruma t’a fait chanter, toi et tes frères pour rejoindre Deimon, lors de sa création.
— On n’est pas frères ! se récria Jumonji.
Mamori leva les yeux au ciel et retourna à son téléphone en marmonnant :
— C’est la même chose… Hiruma a fait chanter et manipulé la moitié d’entre vous pour intégrer Deimon, Harao s’est fait passer pour un gourou lors de la création de Taiyou et Marc a utilisé Gaô presque comme un tueur à gages pour dissuader les premières recrues de s’enfuir… pourquoi est-ce que MOI je me fais disputer quand j’utilise les mêmes méthodes ?
Jumonji ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne sortit. Mamori avait raison. Hormis Ojô ou peut-être les Yûhi Guts à leurs débuts, peu de gangs avaient utilisé des méthodes éthiques pour recruter. C’était une jungle, et tout était permis pour survivre.
— Est-ce que ça fait de nous des mauvaises personnes ? demanda-t-il alors qu’ils entraient par le portail de la maison traditionnelle, quartier général de Saikyoudai.
Mamori le laissa se garer et réfléchit un moment avant de détacher sa ceinture.
— Seul le temps nous le dira, soupira-t-elle. Certains auront plus de chances que d’autres.
Le quartier général était désert, chose plutôt rare.
— Où est passé tout le monde ? demanda Mamori en entrant dans la maison. Ils sont partis faire leurs rondes ?
— Entre autre, répondit Jumonji. A part Hiruma. J’ai demandé à Ikkyu de garder un œil sur lui, mais personne ne sait où il est.
Mamori haussa un sourcil. Malgré son aide pour la faire accepter en tant que chef et le fait qu’il l’ait soignée, elle ne faisait pas totalement confiance à Hiruma, vu qu’il lui avait toujours appris que rien n’était gratuit dans ce monde. Maintenant qu’elle avait récupéré les parts de la Shuhei Corp, Mamori n’avait plus besoin de son ex-mari et de son arrogance. Elle espérait que son plan permettrait de leur donner ce qu’ils voulaient tous les deux pour qu’ils n’aient plus à se revoir.
Jumonji s’arrêta soudain et sortit son arme.
— Il y a quelqu’un, chuchota-t-il.
Mamori se figea et suivit son regard. Jumonji regardait Cerberus, qui était sur ses gardes. Si c’était quelqu’un de Saikyoudai la personne se serait déjà manifestée. La jeune femme ouvrit le coffre et en tira l’un des fameux lance-filets d’Hiruma qu’elle arma et positionna sur son épaule droite.
Elle fit un signe de tête à Jumonji qui acquiesça silencieusement et entra dans la maison en faisant coulisser la porte. Il y eut un raffut de tous les diables juste avant qu’une silhouette ne saute en dehors, où Mamori, prête, lâcha son filet.
— Mukyaaaaaaaaa ! fit une voix reconnaissable entre mille.
— Monta ? s’étonna Mamori. Qu’est-ce que tu fais là ?
— Ça fait mal ! s’écria l’interpellé alors que Cerberus, ayant reconnu une de ses anciennes victimes, s’amusait à lui mordre le derrière.
— Idiot ! renchérit Jumonji en lui donnant un léger coup de pied alors que son ancien partenaire se tortillait sur le sol. Tu ne pouvais pas prévenir un peu ?
— Désolé ! Désolé ! Je croyais que vous étiez à Zoguto !
Mamori siffla Cerberus qui grogna une dernière fois sur Monta avant de retourner à sa tanière et fit un signe de tête à Jumonji pour qu’il enlève le filet. Monta se redressa avec une grimace et épousseta vaguement ses vêtements.
— Qu’est-ce que tu fais ici, Monta ? demanda Mamori.
— Oh… et bien… il s’est passé quelque chose, grimaça ce dernier. A Naga.
Mamori se figea.
— Comment ça à Naga ? Le gang a été stabilisé depuis qu’Unsui a été déchu, non ?
Le territoire Naga, qui était auparavant spécialisé dans la drogue et les services d'escort avait subi une reconversion sans pareille depuis que Kurita Ryôkan était en charge : L’ancien bras droit d’Hiruma avait investi tous les fonds Naga dans la préservation du patrimoine japonais en ayant la main mise sur les restaurants traditionnels, les maisons et les temples. La reconversion du quartier en quelques mois était telle que Naga était devenu méconnaissable, passant d’un territoire peu recommandable à un quartier huppé, ce qui assurait les bonnes grâces du gouvernement car l’endroit attirait désormais des investisseurs étrangers ou des familles riches et surtout des touristes.
— Il y a eu une attaque à l’encontre de Kurita, annonça Monta. Un raid policier a pénétré nos entrepôts souterrains et ont trouvé une grande quantité de drogues. La moitié du gang, dont Kurita, a été mise en détention.
— Ca m’a tout l’air d’un complot, déclara Jumonji. La première mesure de Kurita en tant que chef a été d’interdire toute circulation de drogues et d'hôtesses dans le territoire.
— Mais qui voudrait cibler Naga, maintenant ? se demanda Mamori. Depuis la reconversion de Naga, Kurita, le seul qui pourrait lui en vouloir, ce serait Harao.
Kurita avait bénéficié de sa reconversion, car Naga n’était plus un concurrent dans la production et le trafic de drogues, marché engorgé à Tokyo : certains, comme le chef rancunier Sasuke Kanaguchi du gang déchu Dokubari Scorpions préférait plutôt s’attaquer à Meg, refusant d’être aux ordres d’une femme chef de gang. L’inconvénient, c’était que Kurita s’était attiré les foudres de Taiyou, puisqu’Harao détenait le monopole lorsqu’il s’agissait de préserver le patrimoine japonais et que sa personnalité narcissique n’appréciait pas le fait de partager.
— Harao n’aurait jamais les moyens de mettre autant de drogues à Naga sans qu’on ne le remarque, fit remarquer Monta.
— Ni ce scorpion de Kanaguchi, soutint Mamori en réfléchissant. Les seuls qui auraient pu le faire seraient les anciens Naga. Ils connaissent leur territoire par cœur. Mais Unsui est sous étroite surveillance depuis son coup avec les Dinosaurs.
— Qu’est-ce qu’on fait dans ce cas ? demanda Jumonji.
— Monta, soupira Mamori, retourne à Naga et appelle Sena. Je veux que Deimon mène une enquête pour savoir d’où viennent ces drogues et que Suzuna étouffe l’affaire au niveau médiatique. Jumonji, appelle Yukimitsu pour qu’il commence à se renseigner sur ce stock de drogues.
Jumonji s’exécuta et Mamori entra rapidement dans la maison pour en ressortir avec une mallette à la main, son téléphone dans l’autre.
— Koharu, il me faut ton meilleur avocat dans l’heure, dit Mamori au téléphone.
Elle fit un signe de tête à Jumonji qui prit la mallette qu’elle tenait et monta dans la voiture.
— Alors ce n’était pas une blague ? s’étonna Koharu à l’autre bout de la ligne. Kurita est vraiment en prison.
— Les nouvelles vont vite à Ojo, constata Mamori, toujours debout dans l’allée pendant que Jumonji envoyait un message à Yukimitsu.
— A vrai dire, Hiruma est déjà passé pour l’avocat.
Mamori se figea. Hiruma avait eu vent de l’affaire et ne l’avait pas contactée. Elle se renfrogna.
— Bien, dans ce cas, merci Koharu. Je te rappelle.
— Oh ! Juste par rapport à cette affaire pour laquelle tu m’as contactée hier…
Mamori jeta un bref coup d’œil à Jumonji qui était prêt à partir. Ce dernier lui rendit son regard interrogateur, qui devint suspicieux lorsqu’elle détourna les yeux.
— Oui ? dit-elle d’une voix neutre.
— Tout est prêt. Je les ai transmis à l’avocate, elle te remettra tout ce qu’il faut.
— Merci, répondit Mamori. Je te rappelle pour te tenir au courant.
Et elle raccrocha pour monter dans la voiture.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Jumonji en faisant une marche arrière.
— On va à la prison, soupira Mamori en guise de réponse. Un pot-de-vin devrait suffire pour les gardes, vu que Kurita n’a pas encore eu de procès. Comme toujours, Hiruma pense qu’il peut outrepasser mes ordres. Il me dit d’agir en leader, mais comment veut-il qu’on me respecte s’il ne sait pas rentrer dans les lignes ?
— Que veux-tu, il a plus d’expériences dans la vie de chef de gang, répondit Jumonji. Il sait ce que ça signifie de réagir trop tard.
Mamori soupira. Jumonji serra la mâchoire et reprit :
— Tu penses que c’est le début des révoltes ?
— On va très vite être fixé, rassura Mamori.
Jumonji prit le virage et fila aussi vite qu’il put à la prison. Mamori espérait que Yukimitsu puisse l’éclairer sur les détails de l’affaire. Si quelqu’un pouvait dénicher des informations, en plus de Monta, ce serait lui. Pour l’instant, elle ne faisait pas confiance à Ikkyu pour cette tâche, étant donné qu’il était un ancien Naga. Jumonji concéda qu’il fallait une approche plus subtile envers Agon et Ikkyu s’ils voulaient en savoir plus sur le stock de drogues trouvé à Naga.
— Je pense qu’il serait plus sage que j’aille enquêter à Taiyou, fit remarquer Jumonji alors qu’ils s’arrêtaient devant la prison. Voir si Harao n’a rien à voir dans cette histoire.
— Banba doit y être, profites-en, conseilla Mamori en détachant sa ceinture.
— Tu vas pouvoir rentrer seule ?
— Pas seule, fit Mamori en désignant du menton une silhouette familière qui attendait, adossée au mur de la prison.
Jumonji retint un soupir et la laissa sortir avant de démarrer. Malette à la main, Mamori se rapprocha d’Hiruma.
— Tch… tu as pris ton temps, fuckin’manager. J’aurai pu mourir attaqué, à attendre. C’aurait été un coup dur pour ta position de leader.
— J’étais occupée, répliqua Mamori. Et non, tu ne te serais pas fait attaquer. Tous les chefs de gangs se sont entendus après la division de Naga et Dinosaur pour interdire toute influence de gangs sur les milieux pénitenciers quels que soient leurs emplacements. Donner la responsabilité de la prison à un gang reviendrait à lui donner les pleins pouvoirs et des moyens de pression idéaux.
Hiruma haussa un sourcil.
— Epargne-moi la fuckin’version officielle, fuckin’manager. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut faire sortir ce fuckin’gros lard d’ici ?!
Mamori soupira.
— Les gardiens de cette prison sont principalement des Kyôshin. J’ai mis les miens dans celle du territoire de Zoguto.
— Celui qui a fait ça devait savoir ça.
— Où est l’avocat ? demanda Mamori.
— A l’intérieur. Ne me dis pas que tu as ramené tous nos fonds en liquide, fuckin’manager. Tu ne sais vraiment pas faire ce boulot sans aide.
Mamori le fusilla du regard et appuya sur le bouton d’appel. Une sonnerie résonna et un garde armé sortit du box de l’entrée pour leur ouvrir.
— Yoichi, écoute-moi bien. Parce que ce que je vais te dire, je ne vais le dire qu’une fois.
Son ex-mari ne put s’empêcher de la regarder. C’était rare qu’elle l’appelle par son prénom.
— Je suis la cheffe de Saikyoudai. Je n’ai plus rien à prouver, ni à toi, ni à ton petit monde de gangsters. Alors ne t’avise plus jamais de douter de mes méthodes.
— Kekekeke, c’est que tu deviendrais susceptible, fuckin’manager.
Ils s’affrontèrent du regard, jusqu’à ce que Mamori s’engouffre par la porte que le garde venait d’ouvrir. Ils furent acceptés dans la salle d’attente où l’avocate d’Ojô était assise à une table, la même où Mamori avait retrouvé Hiruma plusieurs mois auparavant. Kurita prenait à lui seul tout le banc opposé et arborait un air inquiet.
— Et bah alors, fuckin’gros lard ?! dit Hiruma d’un air énervé. Je m’absente deux minutes et tu fous déjà tout en l’air.
— Hi…Hiruma ! gémit Kurita en levant ses mains menottées en signe de défense. Mais je n’ai rien fait.
Mais son ancien acolyte ne le voyait pas de cette œil. Il enserra le cou de Kurita et se mit à lui donner des coups de pied. Mamori n’en formalisait pas : elle savait que c’était comme ça qu’Hiruma montrait qu’il était là pour ceux qui comptaient.
— Je t’ai déjà dit milles fois de toujours vérifier par toi-même les marchandises qui entrent à Nagas ! Idiot ! Si tu n’étais pas occupé à te goinfrer…
— Aaaah ! Désolééé ! pleurnicha Kurita.
Mamori s’attabla à côté de l’avocate, qui l’informa que le jugement se tiendrait la semaine prochaine. Au mieux, Kurita pourrait être libéré moyennant une caution assez élevée, mais que les affaires de Naga seraient étroitement surveillée. Au pire, il passerait un sérieux moment en prison.
— T’entends ça, fuckin’gros lard ? commenta Hiruma qui secouait son ami.
— Mais… ça n’arrivera pas ? s’alarma Kurita en se tournant vers Mamori. N’est-ce pas ? La drogue ne vient pas de moi.
— Je dois savoir qui t’a piégé. C’est un énorme stock de drogues qui a été retrouvé à Nagas. Une si grosse quantité commandée a sûrement laissé une trace. Yukimitsu va trouver qui était l’acheteur. D’ici là, attends ton procès, et fais profil bas.
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Ils utilisèrent le temps qu’il restait pour la visite à régler les derniers détails avec l’avocate. Après examen des faits, ils décidèrent qu’il était préférable pour l’instant que Kurita reste incarcéré. Il était impossible de le faire sortir sans être vu et en prison, vu sa corpulence et sa force, personne n’oserait lui chercher des ennuis.
— Ce fuckin’gros lard fera au moins du recrutement en prison, marmonna Hiruma alors qu’ils se retrouvaient dehors.
— De ce que j’ai compris, c’est principalement du GHB et de la cocaïne qui ont été retrouvés à Naga, nota Mamori en lui jetant un regard entendu.
Hiruma arqua ses sourcils. Il comprenait ce qu’elle voulait dire. Ces drogues étaient la marque de commerce du gang Cupid, puisque c’était leur manière d’entretenir leurs réseaux "d'hôtesses" : les filles étaient recrutées au GHB puis rendues dépendantes à la cocaïne : le seul moyen de s’en procurer était de gagner de l’argent rapidement…et l'escort devenait une solution idéale. Seul quelqu’un de haut placé dans le gang pourrait mobiliser une telle quantité de drogues. Quelqu’un qui aurait été récemment annoncé comme chef des Cupid et qui aurait une rancune particulière vis-à-vis de Kurita, nouveau chef de Naga.
— Ce fuckin’dreadlocks serait derrière tout ça, eh ?
— Difficile à dire, répondit Mamori en plissant son front. D’un côté, ce serait le choix le plus logique pour Agon de reprendre Naga, qu’il a perdu. Mais il est trop ambitieux maintenant pour se contenter de Nagas. Il faut le questionner… de manière subtile. J’aimerais bien qu’Ikkyu puisse nous informer de tous les recoins de Nagas où on pourrait faire rentrer tant de camions de drogues sans suspicion.
Hiruma fit éclater sa bulle de chewing-gum et sortit une clé de sa poche. Une voiture garée non loin émit un signal sonore.
— Fuckin’manager, argua-t-il. Si tu le questionnes devant tout le monde, c’est le chaos assuré.
— Je sais comment m’y prendre ! protesta Mamori.
— Tu vas tout faire foirer avec ton fuckin’impulsivité.
Il entra à l’intérieur du véhicule. Mamori en fit de même de l’autre côté, perdue dans sa colère.
— Comme si c’était différent de la façon dont toi tu traitais Sena ! Plusieurs fois tu as failli le tuer !
— Cette fuckin’crevette l’avait cherché !
— Ne parle pas de Sena comme ça !
Hiruma mit le contact et la toisa d’un air triomphant. Mamori fronça les sourcils devant son air victorieux.
— Pourquoi tu fais cette tête ?
— C’est si facile de te distraire, fuckin’manager, fit remarquer Hiruma. Et regarde où tu es, maintenant : dans une fuckin’voiture avec moi.
Mamori ouvrit de grands yeux et déglutit.
— Tu sais quoi ? fit-elle d’une voix haut perchée. Tu as raison. Je vais te laisser gérer la situation avec Agon. Après tout, Taka et Yamato vont sûrement en profiter pour se mutiner si je cause un scandale, c’est vrai… Et je pense que tu ferais mieux de me laisser rentrer à pied en fait…
Elle allait sortir précipitamment quand Hiruma verrouilla les portes, la faisant pousser une plainte qui le fit sourire de toutes ses dents pointues. Elle se rappelait de la dernière fois qu’elle avait été dans une voiture avec Hiruma au volant. Ou plus précisément, au sommet d’une espèce de monte-charge mobile pendant qu’il conduisait.
— Hiruma-kun…, plaida Mamori, je t’en supplie, ne…
— YAAAAAAAAAAAAAAA-HAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!
Et il démarra en trombe, faisant hurler son ex-femme qui s’accrocha à son siège alors qu’ils partaient loin de la prison.
Chapter Text
— Fuckin’manager, si tu veux vomir, fais le hors de la voiture.
Hiruma s’était arrêté au pied de la pente escaliers qui montaient vers le quartier général. Mamori détacha sa ceinture, ouvrit la porte et inspira bruyamment, mais elle ne vomit pas.
— Plus jamais je ne reprends la voiture avec toi, bredouilla-t-elle quand elle put enfin parler à nouveau.
Elle s’empressa de sortir de la voiture, non sans prendre l’enveloppe brune que l’avocate d’Oujou lui avait transmise.
— J’ai mis Yukimitsu sur l’affaire, mais je n’ai pas encore eu de retours. Où est Agon pour l’instant ?
Hiruma était sorti à son tour et ajusta son fusil à pompes contre son épaule en faisant éclater sa bulle de chewing-gum.
— Tu n’entends pas d’ici ?
Il regardait le sommet de la côte, où, à droite, caché derrière de grands murs, se trouvait le quartier général de Saikyoudai. Mamori contourna la voiture pour se trouver à la hauteur d’Hiruma et tendit l’oreille pour entendre des rires et des cris.
— Ne me dis pas qu’il fait une fête et qu’il a ramené des filles ?! s’offusqua-t-elle.
— C’était ta promesse au poker, fuckin’manager, répliqua Hiruma. Maintenant, assume les conséquences.
Mamori soupira.
— Si le prix à payer pour récupérer les parts de la Shuhei Corp est de laisser Agon s’amuser pour une fois, ce n’est pas cher payé, soupira-t-elle.
— Kekekekeke ! Tu ne sais pas comment sont ses fêtes, n’est-ce pas ? Ou comment ce fuckin’dreadlocks se comporte lorsqu’il est bourré.
— J’en ai une idée, répondit Mamori. Rappelle-toi que j’ai failli y passer, dans le salon privé de ce restaurant.
Hiruma fit une bulle avec son chewing-gum et ne répondit pas.
— Tch… Tu aurais été morte si je n’avais pas été là.
— Juste passé un mauvais quart d’heure, recitfia Mamori, plus pour le provoquer qu’autre chose. Mais au final, c’était un bon moment.
Hiruma ricana.
— Un « bon » moment, eh… ?
Ils se regardèrent encore pendant un moment, se souvenant tous les deux de leur moment passionné dans ce salon privé, avec Agon qui était inconscient tandis que leurs corps se retrouvaient. Leurs corps qui étaient tout près à ce moment précis.
Mamori se rendait bien compte qu’elle avait envie de lui, que personne ne les verrait même s’ils le faisaient contre la voiture, mais elle savait que cette excitation était aussi due au fait qu’il était un mauvais type. Peut-être avait-elle un genre d’homme, finalement… un mauvais genre, c’était sûr.
— Un moment qui devra rester tel quel, dit-elle en s’adossant à la portière de la voiture. Tu es une mauvaise personne, Youichi. Tu le sais mieux que personne. C’est pour ça que nous avons divorcé, je te rappelle. Parce que tu n’es pas une bonne personne pour moi.
— Fuckin’manager, tu sembles oublier que tu es aussi une mauvaise personne : le fuckin’ cerveau à la tête du gang le plus puissant de Tokyo, qui arrive à manipuler la bourse japonaise et les politiques. Pas cette fuckin’sainte-nitouche d’il y a cinq ans.
Hiruma se rapprocha et posa une main sur sa taille. Il était complètement collé à elle et ses lèvres étaient à quelques centimètres des siennes, et il la regardait comme s’il la défiait de contredire ses propos.
— Parce que tu m’y as forcé, rappela Mamori, dont les joues avaient quand même pris une teinte rouge, malgré le fait qu’elle le laissait faire.
— Et au lieu de te défiler, tu as rebâti Deimon réformé tout le fuckin’système des gangs, conclut Hiruma en laissant ses lèvres effleurer sa tempe. Sans que je ne te l’ai demandé. Parce qu’au fond tu le sais déjà…
Mamori leva les mains et ses doigts s’entortillèrent dans le tissu de ses manches. Ce petit jeu de séduction, de provocation qu’il adorait et dont elle le laissait faire. Son portable bipa. C’était une sonnerie distincte qui lui annonçait que Shuhei l’appelait, qu’elle avait paramétré pour pouvoir s’isoler si jamais elle était au milieu de négociations. Elle ne prit pas la peine de répondre, puisqu’elle-même était en train d’effleurer la mâchoire de son ex-mari de ses lèvres.
— C’est vrai…je sais déjà…que nous sommes faits l’un pour l’autre, finit-elle dans un chuchotement. Que quoi que nous fassions, je retournerai toujours vers toi, et tu retourneras toujours vers moi.
Elle avait tout quitté aux Etats-Unis pour lui, et il était retourné auprès d’elle après la dissolution des gangs Naga et Dinosaurs. Un silence s’abattit alors qu’ils se taquinaient de la sorte, paresseusement. La cheffe de Saikyoudai prit une profonde inspiration et se recula pour le regarder droit dans les yeux.
— J’accepte ça, murmura-t-elle. J’accepte que nous nous appartenons l’un l’autre. Mais tu m’as également appris quelque chose, Youichi. C’est que même les sentiments ne peuvent pas se mettre en travers de la victoire. Et en étant à la tête de Saikyoudai, j’ai appris à quel point c’était vrai.
Sa main serra l’enveloppe brune qu’elle tenait dans sa main, et elle le taquina une dernière fois en l’embrassant à pleine bouche. Hiruma la regardait d’un air presque taquin, mais il serrait toujours ses hanches de ses mains longues et fines.
— Saikyoudai deviendra le gang le plus puissant du Japon, Youichi, murmura Mamori contre ses lèvres. C’est là que nous nous rejoignons : dans la victoire de notre gang. Et nulle part ailleurs.
Et elle se détacha de lui pour remonter la pente jusqu’au quartier général de Saikyoudai, ignorant le commentaire moqueur d’Hiruma dans son dos :
— Tch… tu mens toujours aussi mal, fuckin’manager.
Son téléphone sonna à nouveau et il jeta un coup d’œil à l’appelant.
— Qu’est-ce que tu veux, fuckin’singe ? dit-il d’une voix dure.
— Ah… désolé de t’appeler, s’excusa Monta. Je suis passé par les souterrains de Seibu pour aller dans le quartier d’Oujou… et j’ai trouvé des cargaisons d’armes… à ton nom. Mais il y a quelque chose de bizarre.
— Hein ?
Hiruma arqua un sourcil. Il n’avait pas fait de grosses commandes d’armes à Seibu.
— Fuckin’singe… Où est-ce que t’es ? demanda-t-il en remontant en voiture.
— A l’entrée du souterrain. Je t’envoie les coordonnées.
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Lorsque Mamori entra à l’intérieur de la grande maison qui servait de quartier général, il n’y avait à l’intérieur du quartier de Saikyoudai qu’Agon, Akaba qui jouait de la guitare ainsi que Yamato, entouré de filles. Jumonji et Banba étaient à Taiyou, sans aucun doute et Mamori soupçonnait Taka d’être parti rendre visite à son père Honjou, qui était l’un des plus grands et éminents chefs de gangs il y a vingt ans, aujourd’hui retraité. Le reste des invités se composait d’une dizaine de filles qui profitaient allègrement des bouteilles de champagnes et de la piste de danse improvisée où Ikkyu manquait presque de s’évanouir tant il saignait du nez devant ces jolies filles.
— Et voilà notre cheffe de gang ! annonça Agon en la voyant.
— J’adore votre manteau ! s’exclama une des filles à son bras.
— Merci, répondit poliment Mamori en l’ôtant pour le plier sous son bras. On dirait que tu as une jolie fête qui bat son plein, Agon. C’est triste que tu ne m’aies pas invitée.
L’interpellé finit un verre de saké et grimaça.
— Je me disais que ce n’était pas ton genre de fête.
— C’est moi qui ait payé pour tout ça, je pensais au moins pouvoir en profiter un peu, dit Mamori en prenant place pour se verser un verre de champagne. Et même si ce n’était pas moi, peut-être tes amis de Naga pourraient venir faire la fête. Après tout, c’est une occasion spéciale, non ?
— Hein ? Quelle occasion ?
Mamori prit une gorgée de champagne et regarda Agon dans les yeux, feignant un air nonchalant :
— L’incarcération de Kurita Ryoukan, le chef de Naga, bien sûr.
Agon resta silencieux, puis eut un rire peu charitable.
— Pourquoi ça ne me surprend pas que ce gros bâtard de Kurita se soit fait prendre… ? Il n’a jamais eu l’étoffe d’un Naga.
— Je pensais que tu serais plus heureux, concéda Mamori. Après tout, tu pourrais reprendre la direction de Naga maintenant que Kurita n'est plus sur ton chemin.
— Tch…, dit Agon en malaxant d’une main les fesses d’une de ses compagnes. Tu crois que c’est moi qui ait orchestré son incarcération ? Ha ! J’ai d’autres ambitions qu’un gang de faibles comme Naga, maintenant.
Mamori haussa les épaules.
— Ça ferait un beau bonus. Comme toutes ces jolies filles à tes pieds depuis que tu es à la tête de Cupid, qui est un « gang de faibles » après tout, fit-elle remarquer.
Agon se pencha en avant et d’un revers de la main vira toutes les bouteilles de la table basse. Il sortit son canif, celui-là même dont il se servait parfois pour taquiner ses victimes, bien que son aura menaçante soit suffisante pour intimider. Mamori ne bougea pas, mais serra inconsciemment ses jambes l’une contre l’autre.
— Tu sais… je ne sais pas si c’est lié, mais il semblerait que la personne qui ait piégé ce bâtard de Kurita ait bien plus confiance en moi et en mon potentiel que toi. Ca me donnerait presque envie d'accepter le marché qu'on vient de me proposer.
Mamori haussa un sourcil alors qu’Agon lui montrait l’écran de son téléphone. Il eut un sourire triomphant quand il la vit pâlir.
Un message avait été envoyé à Agon : une offre, venant d’un numéro inconnu, bien sûr. Un support incontesté ainsi qu’une somme d’argent considérable s’il livrait…Anezaki Mamori. Cette dernière se pinça les lèvres.
— Donc c’est pour ça… que Kurita a été attaqué.
— Tu te rends compte ? continua Agon, qui à présent était prêt à enjamber la table basse pour se jeter sur elle. Je pourrai avoir ce que je veux… ma place à la tête de Saikyoudai… de l’argent pour étendre le territoire… et toi comme esclave. Qu’est-ce qui m’empêche de t’écraser dès maintenant ?
Mamori se leva et serra les poings. Agon se présentait comme un individu sanguin, seulement, elle le savait, il était très calculateur. Aussi il valait mieux faire appel à son sens de la logique. En espérant qu’il soit réceptif à ses arguments.
— Ce qui t’empêcherait de me capturer ? répéta Mamori en s'efforçant de masquer son trouble. C’est que tu ne sais pas qui est à l’autre bout de ce stratagème. Quelqu’un qui te donnerait TOUT ce que tu désires ? Ça viendrait avec une immense contrepartie. Au fond, tu ne peux pas accepter, simplement parce que tu sais qu’il y a un fort risque que tu te retrouves dans un pétrin encore pire que celui dans lequel tu te trouves.
Son téléphone vibra de nouveau et elle jeta un coup d’œil. C’était encore un message de Shuhei. Un coup d’œil à l’écran la fit bondir du sofa.
— Hein ? grogna Agon. Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Je le savais… L’attaque de Kurita, et la tentative de te débaucher, et maintenant ça… c’est après moi qu’ils en ont.
Mortifiée, Mamori montra son écran à Agon qui baissa le menton pour ne pas l’observer à travers ses lunettes de soleil. La photo montrait un homme bâillonné et attaché à une chaise, profondément paniqué et en sueur. Il lui semblait vaguement familier.
— Qui c’est ?
— Mon petit ami, répondit Mamori. Ils me demandent de me rendre quelque part pour le retrouver.
Elle prit son manteau qu’elle avait laissé sur le canapé quand Agon eut un rictus méprisant.
— Idiote de cheffe que nous avons… Tu ne comptes quand même pas t’y rendre seule ?
— C’est ce qu’ils veulent. Je ne les laisserai pas faire du mal à Shuhei. Et il est hors de question que tu viennes. Tu aimes tellement l’attention que tu es incapable d’être furtif.
— Qu’est-ce que t’as dit sur moi ? grogna Agon.
Il se leva mais Mamori lui jeta un regard noir.
— Agon ! s’écria-t-elle d’une voix terrible.
Les deux compagnes firent silence en l’entendant, et même Yamato et Ikkyu plus loin tournèrent la tête vers eux. Mamori avait des yeux qui lançaient des flammes et hocha gravement la tête.
— On ne sait pas ce que ces gens ont en tête. Je t’interdis de me suivre. Ordre de la cheffe de Saikyoudai.
Agon soutint son regard pendant un moment, puis baissa la tête avec un sourire. Mamori tourna les talons et sortit de la maison pour aller à sa voiture personnelle. Ikkyu se rapprocha d’Agon qui regardait la jeune femme quitter le quartier général.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu lui as encore fait des avances et tu t’es fait jeter ?
— Tch…Prends ta moto, Ikkyu. Suis-la.
— Euh... je suis pratiquement certain qu'elle ne veut pas qu'on la suive...
Le jeune sniper ouvrit de grands yeux, puis sourit. Evidemment, Agon ne pouvait pas la suivre, mais Ikkyu le pouvait. Yamato vint à son tour.
— Tu sais qu’elle peut te bannir de Saikyoudai si elle se rend compte que tu as désobéi aux ordres.
— Tu n’as pas compris, gueule d’ange, marmonna Agon., en prenant une cigarette. Il faudrait que tu apprennes à déchiffrer ce qu'elle veut dire réellement... Elle ne veut pas que moi je la suive... mais elle n'a pas interdit aux autres de la pister. Elle sait parfaitement qu'il est trop dangereux et que j'attirerais trop l'attention s'ils attaquaient.
Yamato fronça les sourcils.
— Saikyoudai est attaqué ?
Un vrombissement leur indiqua qu’Ikkyu avait démarré sa moto.
— Reste sur tes gardes, conseilla Agon. Et vous ! s’écria-t-il à l’attention des filles. Dégagez d’ici ! La fête est terminée !
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Hiruma marchait dans les souterrains de Seibu et trouva Sena et Monta qui chuchotaient à voix basse. Désireux de les faire peur, comme toujours, il n’attendit que la dernière seconde pour charger sa mitraillette, faisant sursauter de terreur Sena alors que Monta sautait littéralement sur une pile de caissons.
— Hiruma ! couina Sena.
— Qu’est-ce que vous foutez ici, les fuckin’mioches ? répliqua Hiruma. Vous savez ce qu’il se passera pour vous si vous ne respectez pas les points d’entrée de Seibu ?
— Riku est inquiet depuis hier, informa Sena. Apparemment, quelque chose de gros se passe à Seibu. Il n’a pas voulu me dire quoi.
— Hiruma, ajouta Monta, les caissons sont là.
Il guida son ancien chef au milieu du labyrinthe de caisses d’armes qui s’empilaient jusqu’au plafond, changeant le souterrain en un véritable entrepôt sous la ville. Ils finirent par arriver au pied d’une dizaine de caissons moins imposants que les autres, mais qui se démarquaient des autres par leur design plus moderne et leur couvercle hermétique.
Hiruma y reconnut son logo distinctif, un rond noir sur lequel la silhouette rouge de son visage affichant un sourire démoniaque sur les caissons. Il passa un doigt sur l’un des logos. Aucun relief, et la texture était différente : on avait copié son logo.
— Pourquoi quelqu’un paierait autant de matériel au nom d’Hiruma ? demanda Sena à haute voix en voyant son ancien chef arquer un sourcil. Les caissons sont hermétiquement fermés…comme les caissons qui étaient à Kyoushin.
Monta blêmit.
— Si ce sont des armes, elles sont probablement de types explosifs ou bactériologiques. Pourquoi Seibu ferait ça ?
— Tch…fuckin’mioche, dit Hiruma. Tu crois que Seibu serait assez stupide pour garder ses armes bactériologiques au milieu de ses caissons d’armes ?
Il se baissa et remarqua des traces de quelque chose qui avait giclé sur les caissons.
— Apparemment, celui qui a fait ça s’est fait interrompre, fit remarquer Hiruma.
Sena et Monta se penchèrent aperçurent des traces de sang. Apparemment, la personne avait été sévèrement tabassée, et d’autres traces semblaient indiquer qu’elle avait été traînée sur plusieurs mètres.
—Ieeeeh ! s’écria Sena en reculant de peur. Et si les criminels étaient encore là ?!
— Stress MAX ! renchérit Monta.
— Fuckin’mioches, tonna Hiruma, faisant sursauter ces deux acolytes. Vous ne réfléchissez donc pas ? S’il y a quelque chose qui se trame à Seibu…
Sena et Monta arrêtèrent de gesticuler de peur pour se concentrer sur ce qu’il disait. Ils arrivèrent à la même conclusion.
— Est-ce que ça voudrait dire…, commença Monta.
— Que quelqu’un de Seibu s’est fait attaquer ici ? termina Sena, ses yeux ambres emplis d’inquiétude.
— Ou l’inverse, ajouta Hiruma d’une voix froide. Seibu peut retenir quelqu’un en otage.
— Non ! s’insurgea Sena à l’attention d’Hiruma. Riku n’aurait jamais utilisé ce genre de méthodes !
— Fuckin’nabot… tu n’apprendras donc jamais…
Hiruma se leva et se tourna vers Sena qui lui tint tête, sous l’œil apeuré de Monta.
— Dans ce monde, nous sommes tous mauvais. Même ceux proches de nous peuvent se retourner contre nous s’il y a du fuckin’pognon en jeu. Si Seibu prévoit de faire circuler des fuckin’ armes bactériologiques avec mon logo, Deimon est autant menacé que Saikyoudai.
Sena serra les poings. Hiruma avait raison, mais pour lui, il était hors de question que Riku puisse lui faire une chose pareille. Ils étaient amis. Ils étaient entrés dans ce milieu ensemble et s’était juré de ne jamais se faire de coups en douce. Mais maintenant que Saikyoudai était en pleine ascension grâce aux alliances stratégiques de Mamori, était-ce toujours d’actualité ? La tension fut brisée par un bip du téléphone de Monta.
— Hm… qui c’est ? dit-il en prenant son téléphone.
Hiruma se figea : les souterrains de Seibu ne laissaient pas passer les ondes, il était impossible que Monta puisse recevoir un appel ici. Ils étaient repérés.
— Fuckin’singe, ne réponds pas ! hurla-t-il. C’est un piège !
Trop tard. Au moment où Monta appuyait sur la touche, un bip régulier se fit entendre au niveau des caissons. D’abord lent, puis de plus en plus rapide…quelqu'un avait envoyé à Monta le mécanisme de détonation des caissons et il avait appuyé dessus sans le savoir.
— Courrez ! s’exclama Hiruma.
Sena ne se le fit pas dire deux fois et fonça dans le tunnel à la vitesse de l’éclair, suivi de Monta et d’Hiruma. Mais il était trop tard. Une énorme explosion se produisit. Hiruma fut projeté par l’explosion contre le mur et atterrit, sonné, par terre.
Bordel…, pensa-t-il. Quelle merde.
Il tentait de garder son sourire qui masquait ses émotions. Mais les ombres et les lumières dansaient autour de lui. Il n’entendait plus rien et avait du mal à distinguer ce qu’il se passait autour de lui.
Une espèce de masse non loin laissait supposer qu’il n’avait pas été le seul soufflé par l’explosion. Merde… tout Seibu et les territoires environnants avaient dû être avertis. S’ils les trouvaient ici, c’était fichu. Son cerveau fit les dernières conclusions alors qu’il sentait qu’on envahissait le souterrain : quel idiot... il aurait dû le savoir que c’était un piège pour l’attirer ici. Certainement pour le neutraliser… et pour l’éloigner d’elle…
Ce fut le trou noir.
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Mamori éteignit les phares de sa voiture lorsqu’elle fut à une centaine de mètres du lieu de rendez-vous. Elle reconnaissait l’endroit, puisque l’entrepôt où elle avait été détenue par les gangs Naga et Dinosaurs n’était pas loin. Le coin où elle était, cependant, semblait plus fréquenté la journée cependant, si elle en croyait les containers.
La jeune femme prit d’abord soin de changer de chaussures. Si elle devait s’enfuir, hors de question de courir en talons. Elle était certaine qu’Agon et Ikkyu n’étaient pas loin de toute manière. Du moins, elle l’espérait. Lentement, elle descendit de la voiture et scruta les environs. Rien à signaler. Mais c’était le calme avant la tempête. Sa main droite était dans la poche de son manteau, crispée sur l’un des revolvers d’or qu’Hiruma lui avait légué. Son bracelet émettait déjà un signal pour que Yukimitsu puisse la traquer au cas où Agon et Ikkyu l’avait vraiment laissée seule. Le numéro indiquait le hangar 8 et elle se posta en retrait. Mais il n’y avait personne.
La jeune femme essaya d’entrer dans l’entrepôt, mais celui-ci était fermé. Elle n’était même pas sûre qu’il abrite quoi que ce soit qui puisse appartenir aux gangs. A l’inverse, cependant, il y avait une grosse pile de caisses et de containers à côtés du hangar. Dans un port, c’était loin d’être anormal, mais Mamori se rendait compte que les caisses étaient rangées n’importe comment.
Perplexe, la jeune femme s’approcha, jusqu’à entendre une respiration sifflante. Mamori pointa son revolver dans la direction, plissant les yeux pour tenter de distinguer quelque chose sous la faible lueur des réverbères.
Hors de question de demander qui c’était, bien sûr.
Elle se retrouva face à un homme étendu face contre terre, couvert de sang. Son bras droit était plein de sang et dans un sale état : Mamori eut un haut le cœur en voyant un éclair blanchâtre qui était certainement un de ses os qui ressortaient.
— Shuhei !
Mais ce n’était pas lui. Non…cette personne était affublée d’un accoutrement de cow-boy et un chapeau Stetson marron traînait non loin de lui. Il ne pouvait s’agir que d’une seule personne.
— Que… Kid ?
Kid, alias Shien Mushankoji, le leader de Seibu, gisait devant elle dans une mare de sang. Perdue, Mamori courut vers lui, oubliant toute prudence.
— Kid… Kid ! Tu m’entends ?
Il gémit pour toute réponse. Un craquement se fit entendre au-dessus de sa tête et elle vit une énorme caisse en bois se balancer à quelques dizaines de mètres de hauteur.
Ne réfléchissant plus, Mamori lâcha son arme et saisit Shien sous les aisselles et tenta de le tirer au loin. Hélas, elle n’avait pas assez de force, et malgré son corps svelte, Kid ne fut déplacé que de quelques centimètres. Désespérée, Mamori regarda la caisse et un claquement sec lui informa qu’un des cordages venait de lâcher.
Prenant son revolver, Mamori recula de quelques pas et le pointa sur la caisse, seulement soutenue par deux cordages. Elle ne pourrait pas déplacer Kid, mais elle pourrait faire en sorte que la caisse, dans sa chute, ne le touche pas.
Prudemment, elle évalua le balancement de la caisse au vent, visa et tira. La caisse céda et se balança dans un grand mouvement de pendule. Mamori tira une deuxième balle et la caisse alla s’écraser au sol à quelques mètres d’elle.
— Bordel qu’est-ce qu’il se passe ici ?
La voix était celle d’Ikkyu.
— Par ici ! hurla Mamori.
— Je… Mais… !
Un hurlement masculin se fit entendre, ce qui glaça le sang de Mamori. Ils n’étaient pas seuls ? Un bruit sourd suivi d’un gémissement de douleur lui indiqua qu’Ikkyu avait été attaqué. Craignant que ce soit celui qui avait attaqué Kid et qu’il venait l’achever, Mamori se précipita aux côtés du leader de Seibu inconscient et garda son revolver prêt à l’emploi.
— Qu’est-ce que… Saikyoudai ? Qu’est-ce que vous foutez ici…. Argh !
La voix d’Agon s’éleva de derrière les caisses :
— Et toi, qu’est-ce que tu fous là ?
Mamori vit trois silhouettes s’avancer, l’une tenant les deux autres. C’était Agon, qui soutenait Ikkyu et un autre individu qu’il jeta sans ménagement devant Mamori, toujours agenouillée auprès de Shien.
— Qu’est-ce que tu as fait, putain ? dit Agon en écarquillant les yeux devant la scène.
Mamori secoua la tête :
— Ce… Je n’ai rien fait… C’est…
Mais avant qu’elle ne puisse répondre, la personne qu’Agon avait jeté devant lui – et celle qui avait vraisemblablement attaquée Ikkyu – poussa un grognement et leva la tête. Mamori écarquilla les yeux en le reconnaissant.
— Buffalo ?!
Buharou "Buffalo" Ushijima, le deuxième garde le plus réputé de Seibu, après Jô Tetsuma. Un vrai voyou, si l’on en croyait Jumonji.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Mamori.
La réponse germa dans son esprit avant même que le garde de Seibu, toujours en état de choc devant la scène, n’ouvre la bouche. Evidemment, qu’il n’était pas là par hasard.
— Qu’est-ce que vous avez fait à notre chef ? hurla Buharou à l’intention de Mamori.
C’était un coup monté. Buffalo avait certainement été amené ici pour la surprendre avec Kid et lui faire porter le chapeau de son agression.
Elle s’était faite piéger en beauté. Comme une débutante.
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— C’est un scandale ! tonna Doc Horride en sortant ses deux revolvers.
L’ancien chef de Seibu dansait d’un pied sur l’autre et était furieux, attendant une réaction des autres.
— Doc, je vous en prie, on est à l’hôpital, ici, dit Hina Aiuchi, en tentant de l’apaiser.
Riku était adossé au mur nu et le néon qui envoyait une lumière blanchâtre éclairait son air inquiet. Il était plongé dans une profonde réflexion et n’avait rien dit depuis qu’ils avaient trouvé Hiruma Youichi et Monta inconscients dans les tunnels. Tetsuma les avait sauvés et transportés à l’hôpital d’Oujou, sous les protestations de Doc.
— Riku, dit Doc en se plantant devant le membre du gang de Seibu qui n’avait toujours pas émis une seule parole. On ne sait pas ce que ces deux-là faisaient dans nos souterrains. Je peux fermer les yeux quand je vois ce singe de Monta se croire si malin à sillonner nos bars et nos restaurants, mais nos entrepôts sont hors limites !
— On ne fait rien tant qu’on n’a pas le fin mot de l’histoire, répondit Riku.
— Quoi ? s’indigna l’ancien chef. Tu as vu ce qu’Hiruma a laissé dans nos entrepôts. La majorité de nos armes lourdes sont fichues ! Et nous, on l’a amené à l’hôpital pour se faire soigner !
— Hiruma est un de nos meilleurs clients, j’ai du mal à croire qu’il ferait intentionnellement sauter un de nos souterrains, déclara Riku, sans pourtant une grande conviction.
Doc Horride soupira.
— Riku, écoute-moi bien. Deimon n’est plus le même depuis qu’il est sous la tutelle de Saikyoudai. Anezaki Mamori ne joue pas selon nos règles, elle les contourne. C’est pour ça que Saikyoudai est le gang le plus réputé de Tokyo.
Riku ne répondit pas, mais ce que l’ancien chef lui avait dit l’avait affecté, car il se crispa.
— Je ne suis pas le chef de Seibu, murmura-t-il faiblement. Ce n’est pas à moi de prendre cette décision. Quand Kid reviendra…
— Kid a disparu depuis plus de 24 heures ! tonna Doc Harride. Qu’est-ce qu’il te faut de plus pour agir ? Seibu est attaqué, Riku ! Si tu ne prends pas la tête maintenant, on est les prochains !
Riku inspira fortement et se décolla du mur. C’est alors qu’une silhouette familière apparut dans les couloirs.
— Riku…
— Sena ?!
Le membre de Seibu n’en revenait pas. Son ami d’enfance se tenait devant lui, semblant avoir subi des brûlures, si l’on en croyait ses vêtements roussis et sa peau rougie et sale. Riku ne put s’empêcher de remarquer qu’il était seul. Normalement, même si Monta ne pouvait pas avec lui, un leader de gang était au moins accompagné d’une personne.
Sauf dans un cas. Une mission d’infiltration.
Riku entraîna Sena au loin pour lui éviter la colère de Doc. Dès qu’ils tournèrent au bout du couloir, le membre de Seibu ne passa pas par quatre chemins.
— Est-ce que tu étais avec eux ? Lors de l’explosion.
Sena resta silencieux, et pendant un instant, Riku se demanda s’il allait oser mentir. Mais son ami d’enfance serra les poings et se redressa :
— Oui… j’étais dans les souterrains avec Monta et Hiruma. J’ai pu m’en sortir parce que je suis le plus rapide.
— Sena ! répliqua Riku. Je ne peux pas laisser passer quelque chose d’aussi grave ! Seibu a été attaqué !
— Riku, écoute-moi, dit Sena en regardant autour de lui. On a trouvé des bombes dans les souterrains, avec le logo d’Hiruma. Quelqu’un les as placés là pour essayer de nous piéger.
— Je sais ! Et Seibu a été attaqué ! A cause d’Hiruma !
— Hiruma est innocent ! Il n’a jamais passé cette commande !
— Dans ce cas, qu’est-ce que faisait ces armes à Seibu ?
— Je ne sais pas je…, hésita Sena. On pense que c’était une manœuvre pour se débarrasser d’Hiruma.
— En faisant exploser nos stocks ? argua Riku. Ça me semble être une attaque contre Seibu de la part d’Hiruma.
— Riku ! Pourquoi Hiruma ferait ça à Seibu ? Il est un de vos clients ! Et nous sommes amis.
Sena s’interrompit en voyant l’air grave de Riku.
— Depuis que Mamori a créé Saikyoudai et mis ses pions à la tête des plus gros gangs de la ville, personne n’ose dire quoi que ce soit de peur des représailles.
Sena resta sans voix. Pourquoi Riku parlait de Mamori tout à coup ?
— Kid a disparu, révéla Riku.
— Quoi ?!
— Envolé depuis hier. Même Tetsuma est incapable de nous dire ce qu’il s’est passé, puisqu’il est aux soins intensifs !
Sena sentit son sang se glacer. C’était donc cela, l’étrange atmosphère qui planait sur Seibu. Le chef de gang, Shien Mushanokoji, était le meilleur tireur d’élite, et il était pratiquement impossible à capturer, car il avait toujours à ses côtés Jô Tetsuma, le garde du corps le plus dévoué. Il était inébranlable. Le fait qu’il soit vaincu ne pouvait signifier qu’une chose.
— Quelqu’un cible Seibu, déclara Riku, annonçant tout haut ce que Sena pensait tout bas.
— Mais qui ? se demanda Sena. Depuis que Naga a été réformé, il n’y a personne qui pourrait être vos ennemis directs.
— Tu crois, Sena ?
Riku avait un ton froid et se mit face à Sena.
— Je vais te dire le nouvel ennemi de Seibu : Deimon.
La déclaration choqua Sena. Il sentit que quelque chose se brisait en lui.
— Riku…
Hélas, il n’eut pas le loisir d’en dire plus. Puisqu’à ce moment, Hina Aiuchi déboula à l’angle du couloir.
— Riku ! appela-t-elle d’un ton paniqué. Tu dois venir immédiatement ! Ils…Ils sont retrouvés Kid ! Il est dans un sale état !
— Quoi ?! s’écrièrent en même temps Sena et Monta.
Comme deux fusées, ils s’élancèrent dans le couloir, juste à temps pour voir Shien Mushanokoji être emmené dans la salle d’opérations dans un sale état.
— Shien…, souffla Riku, qui n’en revenait pas.
Sena s’apprêtait à dire quelque chose, quand il se rendit compte que Doc Harride menaçait une personne familière qui venait d'arriver.
— Mamori ! s’écria-t-il. Qu’est-ce qu’il se passe ?
La concernée ne répondit pas. Elle avait les habits couverts de sang et semblait insister auprès d’une infirmière qu’elle n’était pas blessée. A ses côtés se trouvaient Agon et Ikkyu, eux aussi dans un sale état.
— C’est ça notre remerciement pour avoir transporté le leader de Seibu à l’hôpital ? tonna le chef des Cupid.
— Evidemment ! hurla Buffalo, qui se massait l’épaule. C’est vous qui avez fait ça ! Bien sûr qu’il n’y aurait personne d’autre que Saikyoudai et Deimon pour vouloir exterminer Seibu. Après tout, quoi de meilleur comme territoire que celui le plus proche de Kyoushin !
— S’il vous plaît ! Faites silence ! supplia Hina Aiuchi.
Mamori ne disait rien et gardait la tête baissée, les mains crispées sur son sac. Elle semblait sous le choc et ses joues portaient des traces de larmes.
— Je suis désolée, murmura-t-elle.
— Seibu demande réparations ! D’abord, vous attaquez nos meilleurs éléments, ensuite vous faites sauter nos stocks d’armes ? Pour qui vous vous prenez, Saikyoudai ?
— Mamori…, dit Sena d’une voix contrite.
Mamori leva la tête et sembla enfin réagir en le voyant.
— Sena ! Qu’est-ce que tu fais ici ?! Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Son instinct maternel reprenait le dessus. Sena la laissa l’examiner pour voir s’il était blessé, puis dit :
— Non…je vais bien, ce n’est pas moi… C’est Monta et Hiruma qui sont à l’hôpital.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? s’empressa de demander Mamori.
— Comme si vous ne le saviez pas ! s’emporta Doc. Cette bande d’hypocrites se sont introduits à Seibu pour faire sauter nos stocks d’armes ! Et évidemment, qui de mieux pour faire ça que la cheffe de Saikyoudai ?! Avec notre leader et nos ressources fichues, Seibu n’est plus bonne qu’à être réformée, elle aussi, n’est-ce pas ?
— Et ils ont enlevé et torturé notre chef, ajouta Buffalo. Je l’ai retrouvé dans le port.
Riku regardait Mamori avec de grands yeux, et celle-ci tenta de s’expliquer:
— Ce n’est pas…
— Parce que les hôpitaux sont des espaces neutres au même titre que les prisons et parce qu’Oujou nous a interdit de faire du grabuge sur son territoire, nous vous laissons partir, l’interrompit Riku. Nous avons d’autres problèmes pour l’instant, mais nous reviendrons pour vous.
— Riku, tu dois me croire ! Tu sais bien que Saikyoudai n’aurait jamais cautionné ça !
— C’est bien ça le problème, Mamori, soupira l’interpellé. Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’annonce en tant que chef interim du gang Seibu : nous demandons réparations. Est-ce que Saikyoudai va prendre ses responsabilités ?
Mamori se mordit la lèvre. Elle ne pouvait pas expliquer ce qu’il se passait. Et Shuhei qui était toujours Dieu sait où... Elle n’avait pas le choix. Lentement, elle s’inclina profondément devant Riku et Doc, à la stupeur de tous.
— Mamori…, murmura Sena.
— En tant que cheffe de Saikyoudai, je prends la responsabilité de l’attaque contre Seibu, à l’encontre du gang et particulièrement de Shien Mushanokoji et Jô Tetsuma.
— Hors de question ! répliqua Ikkyu. Nous sommes innocents !
— Bâtards de Seibu ! s’exclama Agon. Dites plutôt que vous cherchez un bouc émissaire pour payer vos dégâts !
— Qu’est-ce que t’as dit ?! Répète pour voir ! s’écria Doc.
Agon se posta en face de lui d’un ai menaçant.
— Hein ?! Tu me cherches ou quoi ?
Une confrontation allait avoir lieu quand une voix caverneuse retentit. Une aura sombre les entoura alors que le visage au teint cadavérique de l’infirmière Oka :
— Il est interdit de crier et de se battre dans cet hôpital.
Sa voix était très calme, mais elle faisait si peur que tous se turent et reculèrent, apeurés.
— Dé…désolé, couina Ikkyu.
— Je vous ramène votre ami.
Elle était accompagné de Monta, déjà habillé et prêt à partir. Il avait quelques bandages et semblait fatigué, mais plutôt indemne.
— Monta ! s’écria Sena.
— Est-ce que ça va ? s’enquit Mamori.
— Je m’en sortirai, la rassura-t-il.
— Où est Hiruma ? demanda la cheffe de Saikyoudai à Oka.
— Il est déjà parti, avant même que je ne signe son autorisation à sortir. Je lui ai prescrit des calmants pour la douleur, mais il n’a pas voulu les prendre. Peut-être que vous serez plus chanceuse.
Mamori en doutait fortement : Hiruma était du genre têtu. Elle n’avait jamais pu lui faire prendre ne serait-ce qu’une tisane. Mais elle prit tout de même le sac en papier, contenant les médicaments qui iraient sans aucun doute sur les frais de la société Wizards, derrière laquelle se cachait Saikyoudai.
— Comment va Kid ? s’enquit Riku.
Oka secoua la tête.
— Il est en mauvais état. Les os de son bras sont complètement brisés. Nous allons procéder à une opération chirurgicale, mais il est encore trop tôt pour établir un pronostic.
Mamori sentit les larmes lui monter aux yeux et son cœur se brisa quand Riku lui jeta un regard noir.
— Riku, si tu veux, Saikyoudai peut t’aider, tenta-t-elle.
— Sachez une chose, coupa Riku, à partir de maintenant, tout commerce à tarif privilégié entre Seibu et Deimon est terminé. C’est également valable pour Saikyoudai, bien sûr. Et croyez bien que nous attendrons que tu prennes tes responsabilités, Mamori.
Mamori soupira pour empêcher les larmes de couler alors que Riku lui tournait le dos. Elle indiqua d’un coup de tête à Sena et Monta qu’il fallait partir. Une fois dehors, elle tendit les clés de sa voiture au chef de Deimon :
— Rentrez, tous les deux. Vous êtes venus à pied avec tout ça, n’est-ce pas ? Je ne veux pas qu’il vous arrive quoi que ce soit.
— Mamori… qu’est-ce qu’il va se passer, maintenant ? demanda Sena.
Cette dernière secoua la tête.
— Je ne sais pas… quelque chose se trame. Vous devez penser à votre sécurité et à celle de Deimon. Arrêtez les infiltrations dans les autres territoires et protégez-vous les uns des autres.
Monta et Sena échangèrent un regard, puis hochèrent la tête avant de tourner les talons.
— Hm, commenta Agon qui était derrière elle. Je ne pense pas que qui que ce soit de censé veuille attaquer un territoire minable comme Deimon.
— On devrait aussi rentrer, n’est-ce pas ? dit Ikkyu à Mamori qui regardait Sena et Monta disparaître vers le parking.
— Ikkyu, j’ai besoin que tu trouves Hiruma, décida Mamori. Tiens-moi au courant. Je rentre avec Agon.
La déclaration surprit ce dernier, mais déjà la cheffe de Saikyoudai s’éloignait vers sa voiture. Ikkyu et Agon échangèrent un regard, puis vaquèrent à leurs occupations. Agon tourna vaguement la tête en voyant Ikkyu démarrer sur sa moto et filer dans la nuit, puis se dirigea vers Mamori. Celle-ci attendit patiemment qu’il déverrouille le véhicule et s’engouffra à l’intérieur.
— Tu n’es pas très prudente, fit remarquer Agon avec un sourire narquois, si tu me voulais à ce point, tu aurais juste pu le demander.
— J’espérais que nous puissions parler, dit Mamori en jaugeant l’intérieur de la voiture. A laquelle de tes hôtesses as-tu piqué la voiture ?
— Celle qui aimait ton manteau.
— Je croyais qu’elles claquaient toutes leur fric dans la cocaïne.
— Elles ont des tarifs préférentiels lorsqu’elles font du bon travail. Et puis, je les ai mises dans les clubs haut de gamme et ajouté des services d’escort dans les love hotels pour les couples qui chercheraient à pimenter leurs...prestations. C’est un business très rentable et c’est bien plus sûr de les appâter avec la rentabilité du job au lieu de compter uniquement sur leur dépendance à la cocaïne. Ça renforce la fidélisation.
— Qui aurait cru que tu serais un patron au grand cœur et aussi stratège ? ironisa Mamori alors qu’il démarrait.
— Assez pour diriger Saikyoudai ?
— Est-ce ce que tu veux ?
Pour toute réponse, Agon démarra en trombe. Il prit des virages serrés, dérapait, conduisait comme un malade. Pourtant, à côté de lui, Mamori, même si elle s’accrochait à la poignée, était impassible. En apparence.
— Moi qui pensait pouvoir te faire peur avec mes talents de conduite.
— La conduite d’Hiruma est pire, répondit Mamori entre ses dents, tentant de cacher sa peur.
Agon resta silencieux, mais finalement, se gara dans un parking désert. Mamori lâcha prudemment la poignée, et soupira.
— Et maintenant quoi ? demanda-t-elle. Tu vas me violer, me tuer, jeter mon corps dans les eaux du port de Kyoushin ?
— Tch… J’ai assez à faire avec les filles de Cupid, bougonna Agon en allumant une cigarette. Elles ne sont pas aussi belles que toi, c’est sûr, mais elles sont bien plus…imaginatives.
Mamori haussa les épaules.
— Je dois te le demander, Agon. Est-ce que c’est toi qui as mis ce stock de drogues à Naga ?
Agon répondit :
— Tu m’as donné la tête d’un gang pourri, Anezaki. Evidemment, cet idiot de Kaoru voulait partir à la quête du Devil Diamond et entrer en guerre avec les Yûhi Guts, mais j’avais un plan qui allait nous rapporter bien plus qu’une putain de pierre précieuse. Cupid n’est pas assez puissant pour mobiliser une telle quantité de drogues, sans que ça n’ait un impact néfaste sur le business. Et même si je hais ce connard de Kurita, je ne sacrifierai pas les profits de Cupid pour lui.
— Alors vous avez laissé le Devil Diamond aux Yûhi Guts, si je comprends bien, conclut Mamori.
— Tu es en train de penser que ça serait une bonne opportunité pour Yûhi Guts d’attaquer Cupid et prendre le territoire maintenant qu’ils ont le Devil Diamond, n’est-ce pas ? Et que la meilleure façon d’affaiblir Cupid avant une attaque dans le dos serait de le discréditer auprès de Saikyoudai, raisonna Agon.
Mamori eut un faible sourire à son intention. Ils pensaient pareil. Pour une fois, Agon utilisait sa capacité de raisonnement de façon optimale.
— J’y ai pensé aussi, informa Agon, mais Yûhi Guts n’a rien tenté… J’ai voulu comprendre pourquoi, et j’ai l’impression que malgré le Devil Diamond, ils sont encore à court de ressources pour une mystérieuse raison. Je pense que quelqu’un d’autre tire les ficelles. Quelqu’un qui les utilise comme couverture. Et que c’est cette personne qui a utilisé l’argent du Devil Diamond.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ? demanda Mamori.
— J’ai eu une belle offre pour ta tête, répondit Agon. La personne qui fait tout ça cherche à s’approprier Saikyoudai, mais sans qu’on le sache, pour ne pas qu’elle-même devienne une cible.
— La même qui a kidnappé Shuhei.
Mamori se passa le visage sur la main. La nuit était bien avancée et elle était très fatiguée.
— Je pourrai te rapporter à eux dès maintenant, tu sais, dit Agon d’un ton soudain.
— Tu ne ferais pas ça.
— Ah ? Nous sommes seuls, dans un endroit neutre, où personne, pas même ce bâtard d’Hiruma, ne pourrait te trouver. Qui te dit que ce n’est pas un point de rendez-vous pour qu’ils viennent te chercher ?
Mamori tourna la tête vers lui. Agon avait cet air effrayant, mais elle n’était pas complètement sûre s’il bluffait ou non.
— Je pourrais même m’amuser avec toi le temps qu’ils viennent, ajouta l’ancien chef de Naga en posant sa main bronzée sur sa cuisse.
Il se rapprocha, Mamori recula légèrement.
— Tu le ferais ? demanda-t-elle en le regardant dans les yeux. Me donner en pâture pour devenir le chef de Saikyoudai ?
Il y eut un moment suspendu... puis Agon s’écarta.
— Bien sûr que non. Tu crois que j’abandonnerai ce que j’ai pour être la marionnette de quelqu’un d’autre ? Au moins, Saikyoudai ne met pas son nez dans les affaires de Cupid. Enfin, pas plus que nécessaire... si on exclue tes stupides lois concernant la limite d'âge et les régimes de santé.
Mamori se redressa et, intérieurement, soupira de soulagement. Il y eut un silence, puis Agon murmura :
— Je n’ai pas l’étoffe pour être le leader de Saikyoudai.
Mamori tourna la tête vers lui, les yeux ronds. Agon avait baissé la tête et serrait les dents, ses mains crispées sur le volant. Ça lui coûtait de faire cet aveu.
— Même Unsui me disait que je gâchais mes talents, que je n’étais qu’un bon à rien. C’est lui qui a redressé Naga, pas moi. Et ce bâtard d’Hiruma. Je suis cent fois plus talentueux que lui, mais il a réussi à me doubler, encore et encore… Unsui et Hiruma ont des talents de stratège que je n’ai pas. Tout comme toi. C’est pour ça que Saikyoudai règne sur Tokyo.
La cheffe de Saikyoudai ne put s’empêcher de se sentir gênée. Il ne lui semblait pas avoir entendu Agon parler ainsi avant. Cette démonstration d’humilité la fit prendre conscience qu’il était la clé. Lentement, elle ouvrit son sac et sortit l’enveloppe brune que lui avait donnée l’avocate de Kurita à la sortie de la prison.
— Agon…, murmura-t-elle, j’ai besoin de ton aide.
Elle tendit l’enveloppe à Agon, qui la prit lentement, l’air perplexe.
Quand il l’ouvrit, il retira ses lunettes pour être sûr qu’il ne rêvait pas.
— Mais… C’est… C’est impossible !
— Tu es la clé qui va permettre de préserver Saikyoudai, Agon, la rappela Mamori, qui regardait droit devant elle. C’est ta chance. Le gang est voué à mourir si tu ne le défends pas.
— …
— Est-ce que tu es avec moi ?
Il y eut un silence, puis Agon commença à rire. Un rire nerveux et grave, qui donnait la chair de poule. Quand il releva la tête, il avait ce regard fou, avide de pouvoir et Mamori ne put s’empêcher de frissonner.
— Oh que oui, Anezaki Mamori.
Chapter Text
— Mukyaaa ! soupira Monta en se laissant tomber sur un canapé en posant ses pieds sur la table basse. Quelle soirée !
— Tu l’as dit, murmura Sena d’un air sombre, toujours attristé de la rencontre avec Riku.
Monta se rendait combien compte que son meilleur ami n’était pas dans son assiette. Il tenta de lui faire changer d’idée.
— Au fait… Avec ce qu’il s’est passé, tu ne devrais pas contacter Suzuna ?
— Argh ! J’ai complètement oublié ! dit Sena en saisissant son téléphone pour appeler sa petite amie. Il faut qu’on étouffe l’affaire.
Mais ses doigts ralentirent bien vite sur le clavier alors qu’il soupirait. Finalement, rien ne l’intéressait ce soir. Monta le taquina de son pied.
— Allez, ne t’inquiète pas. Tu connais Mamori, elle n’est pas du genre à se laisser abattre. Je suis sûre qu’elle va trouver une solution.
— Oui…, murmura Sena.
A ce moment, un énorme bang se fit entendre et la table basse sauta en l’air avec une telle puissance que Sena et Monta furent projeté en arrière dans un glapissement effrayé.
— Ya-Ha ! s’écria une voix familière.
Hiruma émergea d’une trappe cachée sous la table, une mitraillette à la main.
— Hi…Hiruma ! glapit Sena.
— Que… Qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria Monta en pointant l’immense trappe.
— Kekekekekeke… C’est mon bunker ! Je l’ai construit cette nuit.
Et il partit dans un éclat de rire. Sena et Monta pensèrent qu’il n’y avait aucune chance pour qu’Hiruma ait construit ce bunker en une nuit sans qu’ils le remarquent.
— Mamori te cherchait à l’hôpital, dit Sena.
— Hein ?
Hiruma arqua un sourcil. Sena et Monta lui racontèrent ce qu’il s’était passé et il resta quelques minutes les yeux dans le vague.
— Je vois… j’imagine qu’il n’y a plus grand-chose à faire pour l’instant.
— Comment ça ? se récria Sena. Seibu a accusé Saikyoudai de l’attaque de Kid et maintenant, ils ont rompu tout commerce avec nous.
— S’ils ont trouvé cette fuckin’manager avec Kid, ils ont toutes les raisons de le penser, dit Hiruma sans les regarder. Il n’y a rien que l’on puisse faire. Bon, à plus !
— Mais…
— Mais attends ! Qu’est-ce qu’on est supposé faire ?
— Tch, fuckin’mioches. Faites profil bas pour l’instant. On a assez d’emmerdes comme ça.
Et Hiruma disparut dans la nuit, laissant Sena et Monta perplexe.
.
.
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— Vous savez que je viens d’une famille riche, n’est-ce pas ?
Shuhei Suzuki avait la voix cassée à force de crier. Il était détenu ici pour une raison inconnue par des gens qu’ils ne connaissaient pas. Selon leurs signes distinctifs qu’il devinait de ces individus cagoulés, il semblait qu’ils appartenaient à une espèce de groupe. Il se demandait si c’était similaire à la mafia américaine. Est-ce que ses affaires avec des criminels l’auraient suivi jusqu’ici ?
— Le pognon de ta famille ne nous intéresse pas, répondit une voix grave de femme dans l’ombre. Si tout se passe bien, tu seras relâché. Ce n’est pas toi qui a ton destin entre les mains, Shuhei Suzuki
— De quoi vous parlez ?
La femme émit un gémissement, et Shuhei vit son ombre se cambrer. Une voix masculine intervint aussitôt :
— Tu es fatiguée… Va t’allonger, le stress n’est pas bon pour le bébé.
Shuhei fronça les sourcils. Il était retenu en otage par une femme enceinte ? Qui était-elle ? La silhouette masculine se tourna vers lui.
— Plus vite elle fera ce qu’on lui demande, plus vite vous serez relâché. Ne vous inquiétez pas, nous n’avons pas la moindre intention de vous faire du mal. Alors ne nous donnez pas des raisons de changer.
— De qui est-ce que je dépends, enfin ? demanda Shuhei.
— Anezaki Mamori, voyons.
Shuhei pâlit.
— Que… Non… Ne touchez pas à Mamori !
— Nous n’en avons pas l’intention, non plus. Elle a simplement quelque chose que nous voulons, répondit l’homme dans l’ombre.
— Anezaki est innocente ! dit Shuhei. Ce qui est arrivé à Shuhei Corp est de ma faute, elle n’était pas au courant ! Elle n’était même pas là quand la transaction s’est effectuée. Je vous en prie, elle n’a rien à voir avec cette histoire. Laissez-moi partir et je vous promets de ne plus jamais mettre les pieds à Tokyo.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez. Reposez-vous, maintenant. Quand Anezaki Mamori nous donnera ce que l’on veut...
— Elle ne pourra pas ! C’est juste une employée de notre entreprise ! supplia Shuhei. S’il vous plaît… laissez-la en dehors de ça ?
Il y eut un silence, puis l’homme dans l’ombre eut un petit rire.
— Oh… je vois… Apparemment, vous ne savez pas qui est réellement Anezaki Mamori, n’est-ce pas ? Voyons, laissez-moi vous éclairer. Est-ce que le nom de Saikyoudai vous dit quelque chose ?
Shuhei cligna des yeux sans comprendre.
— Que… Quoi ?
— Hum…, fit son interlocuteur. Ça va être très intéressant.
.
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— Où est-ce qu’on est ? demanda Mamori à Agon alors qu’ils marchaient côte à côte dans un quartier éclairé et bondé de monde.
— Amino Cyborgs, révéla Agon.
A ses mots, Mamori stoppa sa marche en plein milieu de la rue et regarda Agon avec des yeux ronds.
— Tu es fou ?!
Agon haussa un sourcil.
— Quoi ?
Mamori soupira et se rapprocha de lui, regardant autour de lui.
— Hiruma et moi avons eu… des problèmes avec Amino Cyborgs dans le passé. Disons qu’ils ne nous portent pas vraiment dans notre cœur, alors j’essaie de les éviter. Le plus possible.
— Munakata est un ancien allié de Naga, on s’entendait bien…enfin, il s’entendait bien avec Unsui, déclara Agon. Et puisque ni Koigahama Cupid ni Zoguto Chameleons n’a fourni ces fichues drogues, ça nous laisse qui, à ton avis ?
Mamori soupira. Le gang Amino Cyborg était spécialisé dans la médecine de pointe, les drogues licites, le dopage. Ils étaient les seuls suffisamment puissants pour pouvoir mobiliser autant de drogues.
— On aurait dû amener des renforts, fit-elle remarquer.
— Mais on a des renforts, répondit Agon en désignant du menton deux silhouettes familières qui s’avançaient vers eux.
Mamori reconnut Unsui, le jumeau d’Agon, accompagné de Gondayu Yamabushi, qu’elle reconnut comme étant un ancien garde de Naga et qui portait deux grosses mallettes, sans doute pleine d’argent. Elle n’était pas forcément à l’aise avec cette situation, mais elle n’avait pas le choix.
— Est-ce que Atsushi sait que nous sommes sur son territoire ?
— Agon est le leader des Koigahama Cupid, lui dit Unsui. S’il se montre au grand jour et désarmé, on va vraisemblablement penser qu’il est là pour affaire.
— Et c’est une excellente occasion d’enquêter sur la cargaison de drogues, termina Mamori.
Unsui hocha la tête et ils entrèrent dans une clinique privée qui semblait être une clinique de chirurgie esthétique. Le réceptionniste leva la tête et s’inclina respectueusement devant eux quand ils arrivèrent :
— Je suis désolé, Messieurs-dames, il n’y a pas de rendez-vous, ce soir.
— Nous sommes juste venus rendre visite à un vieil ami. Munakata est-il de service, ce soir ?
L’infirmier se redressa et les toisa d’un air impénétrable.
— Si vous voulez bien patienter, je vais voir.
— Est-ce que tu crois qu’il va vouloir faire affaire avec le leader des Koigahama Cupid ? demanda Mamori alors que l’infirmier disparaîssait derrière les portes battantes.
— Tu sais ce qui qualifie Munakata ? répondit Agon.
— Il est comme l’argent, compléta son frère.
— Comme l’argent ? répéta Mamori sans comprendre.
— Il ne connaît pas la loyauté, lâcha Agon. Munakata accepte tous les clients, même s’ils sont ennemis : pour lui, seul le profit compte. Il adore les guerres de gangs. Le drame, c’est toute sa vie.
— Pourquoi ?
— Parce que la guerre, c’est toujours bon pour les affaires, déclara Unsui. Tu en es la preuve, Mamori, avec Saikyoudai.
Mamori ne répondit pas, se demandant s’ils lui en voulaient d’avoir profité de la chute de Naga pour ériger son propre territoire. Mais elle n’eut pas l’occasion de demander quoi que ce soit. Il était trop tard, de toute manière, car elle avait fait part à Agon de son plan. L’infirmier revint les mains vides et s’inclina en leur demandant de les suivre.
Mamori traversa le couloir jusqu’à l’ascenseur où ils furent pris en charge par une autre femme.
— C’est bon de te revoir, Hakui, fit Agon.
— Si ça ne tenait qu’à moi, tu serais en train de crever la bouche ouverte par un empoisonnement au cyanure, répliqua cette dernière en guise de bonjour.
— Oh, voyons, rit Agon. Ne me dis pas que tu m’en veux encore pour avoir débauché certaines de tes protégées ? Où est passé la fameuse neutralité d’Amino ?
Cette dernière grimaça et s’écarta pour les laisser entrer dans l’ascenseur. Elle appuya sur un bouton, puis resta en suspens avant de déclarer.
— Les armes ne sont pas acceptées dans les laboratoires. Il vous faudra vous débarasser des armes.
Mamori ouvrit des yeux ronds et toisa Agon qui n’était nullement impressionné. Comment savait-elle… ? Elle pensa nier, mais l’assistante d’Amino l’en dissuada :
— Ne cherchez pas à nier. Cet ascenseur est équipé de scanners spéciaux qui permettent de détecter les armes. Dès que les portes s’ouvriront, nos gardes attendront que vous leur remettiez votre Colt M1911, votre Beretta 92 et le Smith&Wesson 36.
Agon eut un sourire :
— Aaah, la fameuse hospitalité d’Amino.
— C’est vraiment une technologie plus appuyé qu’Ojo, nota Mamori.
Les portes s’ouvrirent et trois membres d’Amino les attendaient, l’arme au poing, sans pour autant les braquer. Nasu Hakui les dépassa et présenta d’un geste de la main un bac.
— Déposez vos armes ici avant de me suivre.
Agon s’exécuta, de même que Mamori avec mauvaise grâce, puis Unsui. Ils passèrent devant une quantité astronomique de chambres où se trouvaient des médecins qui faisaient des expériences, suivaient les fréquences cardiaques de sujets humains qui courait sur un tapis…Hakui entra dans l’une des salles qui se trouvait être un laboratoire de métamphétamines.
Mamori déglutit en se retrouvant face à Atsushi Munakata. Même s’il n’était pas aussi immense que Gao, sa carrure était impressionnante. Même Agon lui arrivait tout juste à la poitrine.
— Les frères Kongo ! tonna Asushi Munakata en écartant les bras. Voilà une bonne surprise ! Et… oh ! Voilà un visage que je n’ai pas vu depuis bien longtemps.
Mamori serra les poings et le défia du regard.
— Ce n’est pas un grand plaisir, Atsushi, dit-elle.
— Allons, allons, le passé appartient au passé, fit ce dernier en levant les mains. Maintenant, nous sommes tous les deux leaders de gang, nous pouvons tous parler d’égale à égal.
— On fêtera les retrouvailles plus tard, coupa Unsui avec impatience. Munakata, les affaires semblent bien marcher pour toi ?
— On fait ce qu’on peut, répondit ce dernier en s’asseyant derrière son bureau. Que me vaut ce plaisir, Naga ?
— Faire affaire. Après tout, je suis plus enclin de faire confiance à ceux qui contribuent à renverser Kurita Ryôkan.
— Ah, oui, j’ai entendu parler de cette sinistre affaire. Un coup dur pour Naga. Mais apparemment, tu as bien rebondi, Agon. Leader des Koigahama Cupid. Pas aussi resplendissant que Naga…
— Mais suffisamment pour être un concurrent, non ? compléta Unsui. Est-ce que Koigahama Cupid ne serait pas un ennemi de taille sur le marché du GHB et de la cocaïne. De quoi vouloir s’y mettre non ?
— Je ne suis pas sûr de vous suivre, annonça Munakata d’une voix presque chantonnante en remuant le contenu d’une éprouvette.
— Est-ce que c’est vous qui avez fourni le stock de drogues retrouvés chez Naga ? demanda Mamori, n’y tenant plus.
Le leader d’Amino Cyborgs la regarda, puis eut un sourire.
— Pourquoi cette question ?
— Il n’y a qu’Amino Cyborgs, Koigahama Cupid ou Zoguto capable de rassembler autant de drogues, annonça Mamori. Par élimination, il n’y a que vous qui avez pu fournir autant de drogues.
— J’espère que cette qualité de service va nous amener des nouveaux clients, commenta Munakata avec un clin d’œil envers Agon. Peut-être ceux de Koigahama Cupid, qui sait.
— Et si mon gang faisait affaire avec Amino ? suggéra Agon.
Mamori tourna la tête vers lui, mais l’ex leader de Naga avait capté l’intérêt de Munakata.
— Si Amino Cyborgs est capable de fournir un tel stock en peu de temps, c’est exactement ce qu’il me faut. Depuis que je suis leader de Koigahama, je ne peux pas faire transiter mes marchandises depuis Kyôshin sans que ce bâtard de Mizumachi me tombe dessus.
Munakata se frotta les mains, les yeux brillants.
— Un nouveau client, hein ? Voilà qui est intéressant. J’écoute.
— Cinq cents kilos de cocaïne et de GHB pour commencer, déclara Agon. Histoire de tester la marchandise, bien sûr.
— Contre ?
— Le nom du client qui a commandé la drogue retrouvée à Naga, dit Mamori.
Munakata leva les yeux au ciel et sembla se trouver dans une profonde réflexion.
— Bien. Passons dans mon bureau pour les négociations. Hakui, ramène-nous un échantillon de GHB.
Mamori jeta un coup d’œil à Unsui, qui avait pris une des mallettes que tenait Yamabushi. Agon passa un bras en travers des épaules de Mamori et lui dit :
— Tu prends la relève pour les négociations. J’arrive dans un instant.
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Le bureau d’Atsushi Munakata était si aussi large que sa carrure. Mamori s’installa et vit une vue sur la ville. Amino Cyborg était bien au nord, et ils étaient à côté de Bando. Un client privilégié, puisqu’ils faisaient aussi de la chirurgie esthétique.
Nasu Hakui entra dans la pièce avec un plateau où se trouvait une petite bouteille de saké, quatre tasses à thé, du sucre et évidemment, une petite bouteille avec un liquide transparent. Elle était également accompagnée d’une autre jeune femme, qui avait une tenue de patiente.
— Hakui, si tu veux bien, lui demanda Munakata avec un geste de la main.
L’infirmière prit une seringue et perça habilement la petite bouteille de GHB pour la mettre dans l’une des tasses qu’elle remplit de thé.
Elle tendit la tasse à l’autre femme en tenue de patiente qui l’avala d’un coup.
— Bien, dit Munakata à l’intention de Mamori et d’Unsui. Qu’on soit clair : je ne donne aucune information en-dessous d’une tonne de GHB acheté au moins. Avec un avancement bien sûr, et la garantie d’avoir une commande tous les six mois pour un minimum de deux ans.
— Un an, dit Mamori. Avec annulation si la drogue se trouve d’inférieure qualité à ce que peut produire Koigahama.
— Quelle horreur de vivre en ces temps de scepticisme, soupira Munakata. Et j’imagine que ces deux jolies mallettes sont là pour conclure l’affaire ?
— Uniquement si nous sommes satisfaits avec tout ce que nous avons demandé, dit Mamori.
— Voyons par nous-mêmes.
Ils attendirent plusieurs dizaines de minutes qui semblèrent être une éternité. Agon n’était toujours pas revenu. La patiente commençait à perdre l’équilibre et à gémir, puis à rire. Finalement, Munakata regarda Unsui et dit :
— Si vous voulez, vous pouvez aller vérifier par vous-mêmes.
Mamori jeta un œil à Unsui mais celui-ci secoua la tête. Il ne faisait pas ce genre de choses, contrairement à Agon. Hasui leur donna un verre de saké à tous en prévision de l’affaire qui allait se conclure.
— Combien pour éviter qu’elle se retrouve dans le coma ?
— Nous vendrons les doses séparées, évidemment, les effets dépendent des personnes. Certaines sont plus sensibles. Mais Agon semble être assez expert sur le sujet. Ah ! En parlant du loup !
Agon entra dans la main, le poing droit tenant quelque chose que Mamori ne put voir et il s’installa, regardant d’un œil intéressé la fille qui vacillait dans la pièce.
— Regardez-moi ça ! dit-il.
— Alors, Agon, prêt à passer à la caisse.
Ce dernier hocha la tête et Unsui et Yamabushi posèrent les mallettes pleines d’argent sur la table. Naku Hasui ouvrit chacune d’une main et procéda au comptage des billets avant d’hocher la tête vis-à-vis de son patron.
— Excellent ! dit ce dernier.
— Maintenant, le nom de votre client, rappela Mamori.
— Ah oui… Evidemment, mon client ne s’est jamais présenté devant moi physiquement. Je n’ai eu la commande que par l’intermédiaire d’un téléphone, numéro intraçable, bien sûr. Mais ils ne m’ont donné qu’un prénom : Marina.
— Marina ?
Mamori réfléchit à toute vitesse. Personne ne se faisait appeler de la sorte à Tokyo. La sonorité étrangère laissait penser qu’il s’agissait d’un pseudonyme. Elle réfléchit, mais sa tête commençait à tourner.
— Est-ce que vous avez autre chose ? Avec qui s’est passé la transaction ? L’argent était-il en liquide ?
— Ah… c’était une première. Ils ne m’ont pas donné d’argent. Ils m’ont payé avec un joyau.
Mamori sentit son cœur rater un battement. Agon se redressa sur son siège.
— Un diamant rouge ?
— Oh, vous le connaissez aussi ? Evidemment, je n’avais rien à faire d’un diamant, alors je l’ai revendu à bon prix. Une très très bonne affaire.
— Ce serait donc une dénommée Marina qui a pris le Devil Diamond aux Yûhi Guts pour acheter une quantité astronomique de drogues, résuma Mamori. Et vous n’avez aucune idée de qui est votre client ?
— Pourquoi je m’embêterai à aller faire ça ? Ils ont payé généreusement. C’est comme ça que j’aime les affaires. Sans négociations inutiles et quand le paiement est fait rapidement.
Mamori se leva et chancela.
— Ces informations sont une blague ! vociféra-t-elle. Vous n’avez rien donné d’intéressant. Vous ne méritez pas cet argent ! Nous le reprenons.
Elle voulut faire un pas vers lui, mais perdit l’équilibre. Unsui la rattrapa alors que Munakata disait d’un ton taquin :
— Vous savez, Anezaki, vous aviez émis des réserves concernant la qualité de mon GHB. J’ai toujours pensé que la meilleure façon de connaître la qualité d’un produit était de le tester soi-même.
— Non…Je…
Agon se leva.
— Vous recevrez le reste du paiement à la livraison, conclut-il en retenant Mamori par l’épaule pour éviter qu’elle ne tombe.
Munekata éclata de rire.
— Relax, Agon, dit-il. C’était juste une petite blague vis-à-vis de la généreuse cheffe de Saikyoudai. Je me disais que ce serait bien qu’elle se détende un peu. Ne vous inquiétez pas, les effets durent généralement une heure, selon la dose administrée.
— Agon, on a tout ce qu’il nous faut, partons, décida Unsui.
— N’hésitez pas à revenir surtout ! C’est un plaisir de faire affaire avec vous.
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— Tu n’es pas facile à trouver, tu sais, soupira Ikkyu. Tu me compliques la tâche.
— Kekekekekeke, qui t’a demandé de me baby-sitter, fuckin’grain de beauté ? ricana Hiruma.
— A ton avis ?
— Si tu n’étais pas si occupé à te prosterner devant les pieds de cette fuckin’manager, tu aurais peut-être pu avancer sur
Les deux membres de Saikyoudai étaient arrivés près de la maison qui leur servait de quartier général et quand ils ouvrirent la porte, ils se trouvèrent devant quatre filles serrées l’une contre l’autre, semblant attendre.
— Ah, ce n’est pas trop tôt ! Ca fait des heures qu’on attend ! dit l’une d’elle.
— Vous êtes encore là ? s’étonna Ikkyu.
— Ce salaud d’Agon a volé ma voiture, répliqua l’une d’elles. Ca fait des heures qu’on attend dans cette grande maison déserte ! Je veux ma voiture et je veux rentrer chez moi.
— Tch…, marmonna Hiruma en leur passant devant alors qu’Ikkyu prenait son téléphone.
— Ah, Agon a activé sa géolocalisation. Il semble se diriger par ici avec Mamori. Il arrive dans quelques minutes.
— Hein ? fit Hiruma.
Même s’il était étonné, il n’en laissa rien paraître. Qu’est-ce que cette fuckin’manager pourrait faire seule avec Agon ? La dernière fois qu’une telle chose s’était produite, ça ne s’était pas bien passé.
— Ce n’est pas trop tôt ! dit l’une des filles. Venez, il va nous entendre.
Un crissement de pneus se fit entendre, suivit d’un vrombissement de moteur à réveiller les morts. Agon stoppa la voiture juste devant la maison, et Ikkyu put distinctement entendre l’une des filles l’insulter.
— Salaud ! Tu m’as fichu les pneus en l’air avec ta conduite.
— Tch…ta gueule la moche ! Estime-toi déjà heureuse que quelqu’un comme moi s’intéresse à toi. Tiens, prends tes clés et barre-toi !
— Ah, évidemment, tu n’as pas fait le plein ! C’est la dernière fois que je te rends un service ! C’est ça, rentre avec ta pouf !
La « pouf » en question, Mamori, était pieds-nus et à demi-inconsciente, soutenue par Agon. Ikkyu se précipita pour l’aider, mais Agon leva la main pour l’en dissuader.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Rien de bien spécial, notre cheffe a eu sa première expérience avec le GHB.
— Kekekekekeke… tu en es réduit à ça, fuckin’dreadlocks ?
Hiruma était hilare, mais n’importe qui pouvait voir que ses jointures avaient blanchi tant sa main était crispée sur son arme. Agon eut un sourire taquin.
— Oh, tu sais, parfois, c’est plus facile pour taire quelques…réticences de l’autre.
— …
— Mais tu sais… maintenant, je te comprends, le provoqua Agon en s’avançant, soutenant toujours Mamori dans ses bras. Pourquoi tu es prêt à tant pour elle. C’est sûr que même une fille comme ça… ça me donne envie d’abndonner mon gang.
Et il la jeta comme une vulgaire poupée de chiffon dans les bras d’Hiruma. Mamori gémit.
— Tu peux l’avoir, dit Agon en montant vers sa chambre. J’ai fini ce que j’avais à faire pour elle.
Un coup de feu retentit et il sentit une intense brûlure à l’oreille droite. En passant la main, il vit qu’un mince filet de sang coulait. Il ricana.
— Oh… Où est passé l’impassible Hiruma Yoichi ? Regarde où tu en es réduit, pauvre déchet. Tu te porterais bien mieux sans Anezaki Mamori, et tu le sais. Alors ne t’en prends pas à moi, mais à elle.
Et il disparut dans les escaliers.
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Chapter Text
Mamori se réveilla dans son lit. Elle gémit, bougea, puis passa directement dans sa salle de bains. A part l’affreuse migraine, les nausées et la sensation d’être passée dans un rouleau compresseur, elle semblait avoir repris ses esprits. La jeune femme fit un brin de toilette pour tenter d’estomper sa tête de mort-vivant et choisit des habits confortables, pestant contre Munakata. Stupide Amino Cyborgs… au moins, elle pouvait garantir que le GHB fonctionnait. Elle ne se souvenait absolument de rien après qu’Agon l’ait mise dans la voiture.
Au moins, elle n’avait pas de crampes ou de douleurs au bassin, ce qui laissait bien supposer que rien ne s’était passé.
Elle soupira de soulagement et sortit de la salle de bains… pour bondir en arrière.
— Hiruma ! Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne pourrais pas cogner avant d’entrer dans mes quartiers privés ?
— J’ai déjà vu tout ce qu’il y avait à voir, fuckin’manager, répondit ce dernier.
Mamori le regarda avec confusion. Normalement, quand il avait ce genre de phrase, il était toujours ironique, ou avait un sourire de façade.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.
— Fuckin’manager, si tu n’es pas capable de te comporter en leader, dégage de Saikyoudai, déclara Hiruma. Ta fuckin’gueule d’ange est dans le viseur d’un fuckin’inconnu et tu es assez bête pour te faire droguer ?
— Je rêve où tu es en train de me blâmer parce que quelqu’un s’est permis de croire qu’il pouvait me faire prendre quelque chose contre ma volonté ? répliqua Mamori d’une voix sèche. Et si tu posais une question qui fait du sens, pour une fois ?
Elle avait tonné sa phrase si fort qu’Hiruma sentit qu’il ne pourrait pas dire quoi que ce soit sans se faire fusiller sur place. Quelque part, elle avait raison, sa question n’avait aucun sens. Il se reprit :
— Qui t’a fait ça ?
— J’aime mieux ça, répondit Mamori. Et je ne sais pas, mentit-elle. Tu penses bien que si c’était le cas, je m’en serais déjà occupée.
— Toi ou ce fuckin’dreadlocks, apparemment.
Elle saisit son téléphone et regarda ses messages. Rien de la part des kidnappeurs de Shuhei. A part un message de Yukimitsu qui lui annonçait qu’il n’avait pas de nouvelle piste concernant cette Marina. Mamori cacha son dépit derrière un sourire à l’attention de Hiruma.
— Oh ? Jaloux ?
Il se rapprocha avec un sourire.
— Tu deviens de plus en plus comme moi, fuckin’manager. Tu ne voudrais pas te laisser percer les oreilles et tenir une grosse mitraillette ?
— Détenir un carnet de chantages ?
— Tu as déjà l’art de cacher tes émotions derrière un fuckin’sourire. Qu’est-ce qu’il se passera pour Seibu ?
— Nous ne pouvons rien faire si nous ne pouvons pas prouver notre innocence, soupira Mamori. Je suis obligée de prendre la faute…tant que…
— Que tu n’as aucune idée de qui a kidnappé ton fuckin’petit ami ?
Mamori fit volte-face vers lui. Hiruma nettoyait son arme, appuyé sur son bureau.
— Comment tu sais ça ?
— Tch… Fuckin’manager, tu crois vraiment pouvoir me cacher quoi que ce soit ? Si tes fuckin’sbires apprennent que tu acceptes tout ce merdier à cause d’une fuckin’gueule d’ange, c’est eux qui vont te tuer.
— C’est pour ça que j’essaie de régler cette affaire, répliqua Mamori en faisant les cent pas. Mais je n’ai pas pu le localiser.
Hiruma eut un petit rire. Mamori s’arrêta pour le toiser.
— Quoi ?
— Fuckin’manager, tu ne ferais pas une bonne détective. A force de déléguer le travail, tu es devenu paresseuse.
Mamori se rapprocha de lui.
— Tu sais où il est ?
— Ca dépend…
— Très bien, soupira Mamori. Qu’est-ce que tu veux ?
Hiruma ricana et posa son arme sur le bureau derrière lui pour prendre un chewing-gum.
— Kekekekeke… J’adore quand tu me poses cette question, fuckin’manager.
— Qu’on soit clair, être le leader de Saikyoudai n’est pas une option, prévint Mamori.
— Qui a parlé d’être leader quand je peux l’avoir ?
Mamori eut un sourire malin.
— Tu n’es pas assez idiot pour demander quelque chose d’aussi inutile que ça. Tu es trop intelligent, trop calculateur.
— Ah… si je t’avais mise à la tête de Deimon dès le début de notre mariage, nous n’aurions jamais eu tous ces problèmes, fit remarquer Hiruma. Les deux grands cerveaux de Tokyo.
Mamori croisa les bras et haussa un sourcil.
— Oh, quelqu’un est ambitieux… Qui me dit que tu as des informations ?
— Qu’est-ce que tu crois que je foutais hier soir pendant que tu trippais avec ce fuckin’dreadlocks ?
— Donne-moi quelque chose, et je verrai ce que je peux faire pour ta situation.
— Tu es dure en affaires.
— Je l’ai toujours été, n’est-ce pas ? C’est pour ça qu’on a divorcé, Yoichi. Des gens comme nous, c’est tout ou rien.
— Kekekekeke, si tu préfères prendre la responsabilité pour Seibu, c’est ton affaire, fuckin’manager.
Mamori ne put cacher son air soucieux. Hiruma ne le savait pas, mais Saikyoudai ayant récemment dépensé une grosse somme d’argent pour acheter de la drogue à Amino Cyborgs, ils n’avaient pas assez pour compenser financièrement Seibu. Elle avait tout misé sur les informations de Munakata et maintenant, elle se trouvait sans ressources. Elle n’avait pas le choix.
— Bien…Qu’est-ce que tu as, mon cher bras droit ?
Hiruma eut un sourire.
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Mamori eut l’impression de se retrouver cinq ans en arrière. Hiruma avait rappelé les anciens de Deimon, puisque personne de Saikyoudai ne pouvait être informé du chantage auquel leur leader était confrontée. Mais même Sena, Monta et les frères Ha-Ha n’avaient pas tous les détails de l’affaire, juste l’essentiel : quelqu’un d’important pour Mamori avait été capturé, il fallait le délivrer coûte que coûte. Il n’en fallait pas plus pour les mobiliser.
— Qu’est-ce qu’on fait dans le territoire des Deers ? demanda Mamori.
Ils marchaient dans la rue sans se cacher, étant donné qu’ils n’étaient pas en territoire ennemi. Deers était un gang de petite taille qui était sous la protection de Naga depuis que Kurita avait pris le contrôle. Sous réserve de commerce éthique, il avait offert son amitié à son mentor qui l’avait inspiré dans les temps difficiles : Onihei.
— Yukimitsu avait relayé l’information à Sena, dit Monta, mais je n’ai jamais vraiment pris la peine de vérifier, mais c’est une vraie coïncidence.
— Quelle coïncidence ?
— Apparemment, l’ancienne usine de métallurgie tout au nord de la zone industrielle est devenue hors limite, révéla Hiruma. Juste au moment où ce fuckin’gros lard s’est fait emprisonner.
— Pourquoi je n’ai pas été avertie ? fit Mamori.
— Tch…fuckin’manager, qui prendrait au sérieux la prise de territoire d’une zone sans valeur ?
Mamori hocha la tête. Deers n’offrait rien, aussi leurs soucis étaient mineurs et ne venaient jamais aux oreilles des autres gangs. Personne ne s’intéressait à eux à part Kurita.
— Mais Onihei n’a pas fait quelque chose ?
— Il a fait un rapport à Naga, dit Monta. Evidemment, avec le chaos, c’est passé inaperçu.
Mamori leva les yeux au ciel.
— Qu’est-ce qui te fait dire que… qu’il est là-bas ?
— Yukimitsu est capable de tracer n’importe quoi, expliqua Hiruma. Lorsque ton fuckin’petit ami est parti en réunion d’affaires, il a été emmené dans un van noir sans logo, selon les caméras. Mais il n’a pu être suivi via les caméras que jusqu’au territoire de Zoguto. Ce qui ne laisse que trois possibilités.
— Zoguto, Dokubari ou les souterrains de la ville ? dit Mamori.
— Zoguto et Dokubari sont hors de cause, répondit Hiruma. Zoguto a bien plus de chances d’avoir ce qu’ils veulent par la négociation, et ce fuckin’scorpion n’a pas assez de ressources pour acheter autant de drogues. Yukimitsu a vérifié les caméras des septs derniers jours à l’entrée des souterrains cachés de Zoguto, Dokubari et Seibu. Aucune piste. Ce qui nous laisse…
— Le seul terrioire aux environs qui n’a également pas de caméras et que personne ne viendrait voir après l’incarcération de Kurita, conclut Mamori en finissant sa phrase. Hashiratani Deers.
— Mais s’il s’agit du même gang qui a incarcéré Kurita, acheté de la drogue et kidnappé le petit ami de Mamori, pourquoi venir jusqu’à Deers pour le retenir ? demanda Sena. Pourquoi ne pas le garder sur leur propre territoire ?
— Parce qu’il s’agit certainement d’un gang surveillé, fit Monta d’un air grave.
— Ca fait chier, commenta Toganou. Et ça ne nous avance pas plus que ça.
— Plein de gangs sont surveillés : Dokubari, Hakushu, Koigahama, Shinryuuji et Taiyou, énuméra Jumonji. Impossible de garder la trace de tout le monde.
— C’est pour ça qu’il vaut mieux garder la trace de ce qui nous intéresse, conclut Mamori.
Ils étaient arrivés à proximité de l’usine désaffecté et Monta et Sena partirent en reconnaissance pour sécuriser le périmètre en hauteur : ils grimpèrent sur le toit de l’usine, chose facile pour Monta, contrairement à Sena qui choisit de miser sur sa vitesse et l’aide de son ami. Jumonji et Toganou partirent en renforts pour scanner la zone autour de l’usine.
Hiruma avait une paire de jumelles et Kuroki restait en arrière avec les deux chefs…son manga à la main. Mamori sentit l’inquiétude la gagner :
— Est-ce que c’est prudent de laisser Sena et Monta seuls ?
— Arrête de les materner, fuckin’manager. Tu es leader de Saikyoudai, maintenant.
— Ce n’est pas vraiment par choix, marmonna Mamori.
— A te voir, on dirait que tu adores avoir une armée de fuckin’sbires prêts à exécuter tes quatre volontés, ironisa Hiruma.
— Même, murmura Mamori. Le prix à payer est bien trop élevé.
Elle tourna la tête vers son ex-mari qui continuait à regarder les environs.
— Tu le paies aussi depuis longtemps, Yoichi. Est-ce que ça vaut le coup, vraiment ? En une seconde, tout peut basculer, notre éthique, nos valeurs, nos principes… On perd de vue ce qui est le plus important.
— Et donc quoi ? répliqua Hiruma. C’est quoi le plus important ? Et ne vient pas me dire une connerie comme l’amour, fuckin’manager…
Mamori inspira. Malgré tout, il était comme ça. Elle le sentait au fond d’elle : il n’y avait qu’une seule façon de mettre fin à tout ça. Etant la cheffe de Saikyoudai, elle tenait le destin d’Hiruma dans ses mains. Mais elle devait être sûre qu’il n’entraverait pas ses plans.
— On n’a toujours pas parlé de ce que tu souhaitais, si jamais on délivrait Shuhei, déclara-t-elle.
— Kekekekeke…tu n’as pas une idée ?
— A part la place de Saikyoudai, la seule chose que tu voudrais ce serait… moi ?
— Par pitié, si vous comptez le faire, ne le faites pas devant moi, parce que je pourrais regarder par inadvertance, dit Kuroki en levant les yeux de son manga.
— Tu devrais faire un tour à Koigahama Cupid, lui conseilla Mamori. Agon aura de quoi t’aider.
— Je veux que ce fuckin’dreadlocks soit expulsé des affaires de Saikyoudai, révéla Hiruma.
Mamori se tourna vers lui.
— Pourquoi ? demanda-t-elle subitement.
Agon était doué en affaires, il avait changé depuis la chute de Naga et il semblait avoir trouvé sa voie comme leader de Koigahama Cupid. Le garder à Saikyoudai permettait en plus de garder un œil sur lui et de bénéficier de ses talents. La réponse la plus évidente ne pouvait pas s’appliquer à Hiruma, mais Mamori tenta tout de même.
— Tu ne serais pas jaloux ?
— Il est complètement jaloux, commenta Kuroki derrière son manga.
— Ce fuckin’dreadlocks va faire de Saikyoudai un nouveau paradis de la drogue et de la prostitution, prédit Hiruma.
— Tu ne me fais toujours pas confiance, à ce que je vois, fit Mamori avec amertume. Quand est-ce que j’aurais une légitimité à tes yeux en tant que cheffe de gang ?
— Jamais, répondit Hiruma d’une voix sèche en la regardant dans les yeux. Tu vaux mieux que ça.
— Tu vaux mieux que ça aussi, répliqua Mamori sur le même ton en lui faisant face. Et pourtant on est là en train de se battre ! Au fond, rien n’a changé depuis cinq ans !
— Et tu continues à vouloir que ça change. C’est pour ça que tu es rentrée dans ce monde.
— Et tu continues à vouloir que je reste à t’attendre alors que tu comptes me laisser tomber une fois que tu auras ce que tu veux ? En fait, tu n’as pas de problèmes avec Agon, Yoichi. C’est avec moi que tu en as…
— Fuckin’manager, si tu arrêtais ton fuckin’complexe de supériorité, tu verrais les risques qu’il y a à garder ce fuckin’dreadlocks à Saikyoudai. Dès qu’il y aura plus d’attaques, il retournera sa veste.
— Agon n’est pas assez stupide pour se mettre à dos Saikyoudai ! Je lui fais confiance.
— Kekekekekeke… confiance hein… ? C’est pour ça que Saikyoudai va tout perdre.
CLAC ! La gifle partit d’un coup. Hiruma ne fit rien pour l’éviter. Mamori était furieuse.
— Je pense que le temps de la négociation est terminé, Yoichi.
Ils s’affrontèrent du regard, jusqu’à ce que Kuroki dise :
— Euh… ce n’est pas pour casser l’ambiance, mais ils vous font un signe en bas.
Mamori rompit le contact visuel et plissa les yeux pour tenter de voir le signe que leur faisait Monta.
— Trois hommes armés. Pas d’otage en vue, dit Kuroki en rangeant son manga, son téléphone à l’oreille. Quelle est la tactique ?
— Infiltration, répondirent Hiruma et Mamori en même temps.
Ils échangèrent un regard noir avant que Mamori ne complète :
— Aucune confrontation avant d’être sûrs que Shuhei est en sécurité.
— Compris, dit Kuroki en transmettant les informations par téléphone, désireux de mettre de la distance entre Mamori et Hiruma.
Une fois seuls, Mamori reprit :
— Impossible pour nous d’être ensemble, hein, Yoichi ?
— ….
— Impossible pour nous de faire affaire non plus ? Notre façon de penser est la même, mais notre fierté se met au travers de notre chemin.
— …
— Merci de m’aider pour Shuhei, dit Mamori. Quant à la dette que je te dois, je la paierai comme il est entendu qu’un chef de gang paie.
— Tu comptes m’exiler, fuckin’manager ?
— Teikoku ou Seibu, à toi de choisir. Tu feras des ravages là-bas. Bien entendu, Saikyoudai est toujours allié à ces gangs et je serai ravie de faire affaire avec toi.
Il y eut des bruits de coup de feu, et Hiruma lâcha sa paire de jumelles pour saisir son sniper et visa l’intérieur du hangar. Il jura :
— Aucune visibilité.
Mamori réagit aussitôt et vit volte-face vers Kuroki en tendant la main. Ce dernier lui lança son téléphone et elle le mit sur haut-parleur :
— Essayez de les attirer du côté est de l’usine pour qu’on ait un visuel ! Où est l’otage ?
— A couvert ! On fait ce qu’on peut ! Bordel !
C’était Jumonji.
— Fuckin’frère Ha-Ha, répliqua Hiruma alors que Mamori gardait ses yeux rivés sur l’intérieur de l’usine grâce aux jumelles qu’il avait lâchées. Utilisez les fuckin’machines et progressez jusqu’à la sortie nord.
Il leva la tête et se dirigea vers la sortie nord non sans jeter un fusil de longue portée à Mamori. Celle-ci hocha la tête et se connecta à la fréquence de ses alliés de Deimon.
— Mamori ! dit Sena. La salle de contrôle est fermée à clé !
— Défoncez-la ! ordonna Mamori.
Elle entendit un coup de feu, suivi de plusieurs bruits.
— Sena ? Monta ?
— Il est là ! On l’a trouvé !
Mamori n’eut même pas le temps de soupirer de soulagement, car à ce moment elle entendit un énorme bruit de choses qui tombait par terre. Les voix de Jumonji et Toganou lui parvinrent.
— Ils nous ont ensevelis sous les machines ! Ils s’enfuient par l’entrée principale !
— Je m’en occupe ! dit Sena.
Entrée qu’Hiruma ne couvrait pas. Kuroki sortit son arme de poing, mais à ce moment, Mamori entendit son téléphone sonner. C’était un lien vers une vidéo en direct : elle ouvrit de grands yeux en voyant ce qu’il y avait à l’écran.
— Sena ! Non ! Arrête !
— Quoi ?
— Fuckin’gamin ! Poursuis-le ! dit Hiruma.
Sena reprit sa course, alors qu’Hiruma déviait son arme pour tirer sur les trois silhouettes qui s’enfuyaient à toute allure de l’usine désaffectée mais Mamori pointa son arme sur lui et tira. Elle ne savait pas vraiment viser, et heureusement puisqu’elle rata son ex-mari de peu.
— Sena ! Non ! répéta-t-elle.
Kuroki ne comprit pas l’ordre contradictoire et regarda Mamori qui tenait encore son téléphone à la main. Ce ne fut que quand il vit le message qu’il seconda l’ordre.
— Sena ! Recule ! Si tu les suis, ils vont tuer Suzuna !
En entendant le nom de sa fiancée, Sena stoppa net et regarda en haut vers Mamori. Mauvaise idée, puisque l’un des assaillants eut la bonne idée de se retourner pour le viser.
— Fuckin’nabot ! hurla Hiruma. Ne reste pas planté là !
Mamori et Kuroki se baissèrent pour rester hors de champ de tir et entendirent un coup de feu.
— Sena !
Monta sortait tout juste de l’usine et soutenait un Shuhei à demi-inconscient, qu’il laissa tomber par terre pour se ruer vers son meilleur ami. Kuroki sauta du doigt vers l’échelle de secours pour porter secours alors que Mamori et Hiruma échangeait un regard.
— Fuckin’manager, tu dois agir vite, dit Hiruma.
— Fini de jouer, Yoichi. S’ils veulent jouer comme ça, je vais leur montrer, répondit Mamori, tremblante de rage.
Et elle tourna les talons pour descendre à son tour.
Chapter Text
Fort heureusement, personne n’avait été sévèrement touché. Jumonji s’était démis l’épaule, Toganou s’en sortait avec un énorme bleu à la cuisse et Sena avait subi une éraflure. Il n’y avait pas besoin de l’envoyer à l’hôpital. Cependant, il voulait rejoindre Suzuna au plus vite et la ramener à Deimon. Mamori lui avait dit que ce ne serait pas une bonne idée, car ce serait mettre le gang entier en danger.
— Je ne peux pas la laisser seule sans protection alors qu’il y a des malades qui peuvent la tuer.
— Anezaki ! tonna Toganou avec une grimace. Il faut que tu fasses quelque chose.
— J’ai le contrôle de la situation, assura Mamori. Suzuna bénéficiera d’une protection de la part d’Onihei-san. C’est la moindre des choses pour avoir libéré l’usine.
Elle était sur son téléphone et attendait visiblement quelque chose.
— Et s’ils s’en prennent à quelqu’un d’autre ? répliqua Jumonji. D’abord Kurita, ensuite Shien, puis Hiruma, Sena, Suzuna et ton fiancé !
Shuhei était assis sans rien dire et se rétractait un peu plus à chaque démonstration de violence. Mais il ne pouvait détacher son regard de Mamori, qu’il ne reconnaissait plus. Ce n’était pas elle, entourée de criminels qui la regardaient comme si elle était leur chef. Les mots de l’un de ses ravisseurs lui revinrent en tête.
— C’est donc vrai…
Tout le monde se tourna vers lui. Shuhei se leva en tremblant.
— Tu es vraiment une cheffe de gang ?
Tous le regardèrent et Mamori sembla gênée.
— Shuhei…
— Est-ce que c’est pour racheter les parts de notre entreprise que tu t’es alliée à tes gangs ?
Hiruma ne put s’empêcher d’éclater de rire et répondre :
— Oh, non, elle avait déjà le profil bien avant de savoir pour les parts.
— Hiruma ! prévint Mamori d’un regard noir.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Shuhei, qui visiblement n’avait pas envie de savoir.
— Et bien…
Mamori inspira. Elle n’avait pas envie d’avoir cette conversation avec Shuhei devant tout Deimon. Mais son ex-fiancé sembla tirer les pires conclusions en voyant son expression.
— Ne me dis pas que tu en fais partie ?
— Quoi ? Je… Non ! Je…
Mais elle n’arrivait pas à le dire. Elle avait honte.
— Partons d’ici, lui dit-elle. Il faut que je te ramène quelque part. Sena, mes clés de voiture !
— Ah…euh, oui…
— Ohey, n’oublie pas que tu me dois quelque chose, fuckin’manager, lui rappela Hiruma.
— « Manager » ? répéta Shuhei qui pâlissait à vue d’œil.
Mamori attrapa les clés de voiture au vol.
— Partons, dit-elle à nouveau. Je t’expliquerai.
Elle tourna les talons et alors seulement Shuhei remarqua le logo de Saikyoudai sur le dos de sa veste. Derrière lui, Hiruma ricana.
— Elle n’est plus à ton niveau, fuckin’gosse de riche, annonça-t-il. La cheffe du gang le plus influent de Tokyo : Anezaki Mamori.
Mamori lui jeta un regard noir. Certes, une partie d’elle savait que son chemin et celui de Shuhei avaient fortement divergé ces derniers jours. Il devenait de plus en plus évident qu’il n’y avait aucun avenir pour eux.
— C’est…c’est impossible. Tu ne pourrais jamais diriger un gang…
Mamori serra la mâchoire.
— Pardon ?! répliqua-t-elle impulsivement.
Hiruma tourna la tête et elle ne lui prêta aucune attention.
— C’est toi qui te permets de me dire ça ? dit-elle à Shuhei. Après que tu te sois acquoquiné avec la mafia américaine pour sauver ton entreprise, au lieu de mieux répartir les parts et réorganiser le personnel pour mieux optimiser la productivité ? Et c’est MOI qui ne sais pas gérer une équipe ?
Tout Deimon regardait Mamori, qui n’avait jamais paru aussi impériale. Shuhei leva les mains :
— Mamori… je suis désolée mais…je… ce sont des délinquants, des moins que rien. Tu vaux mieux que ça.
— Tu n’es pas en position de me juger, répliqua Mamori. Tu n’as pas idée de ce que je fais pour maintenir la paix dans Tokyo. Et pour récupérer tes parts.
Hiruma avait un léger sourire qu’elle ignora, une fois de plus.
— Tu as récupéré mes parts ?
— Sortons d’ici, il y a un endroit où je dois t’emmener.
Le couple s’en alla dans la voiture et quitta bien vite le territoire de Deimon.
— Woah… soupira Monta. Je me demande ce qu’il va se passer, maintenant…
.
.
.
— Alors c’est fini ?
— C’est pour ta sécurité, Shuhei.
— Comment as-tu pu vendre nos parts sans m’en parler ?
—Cette entreprise a une éthique qui sera adéquate au groupe Suzuki et fera un très bon partenaire d’affaires, expliqua Mamori. Je n’avais pas d’autres choix, il était hors de question de les mettre à mon nom.
— Clifford a dû être furieux.
— Aucune idée. C’est Hiruma qui les a récupérées.
— … C’est pour lui ? Que tu as rejoint ce monde ?
— …
— …
— Au début, avoua Mamori. Mais aujourd’hui, ce sont mes propres intérêts qui me guident. J’ai déjà remis ma lettre de démission au groupe Suzuki. Ils savent que je ne reviendrai plus.
— Alors c’est un « au revoir » ? Mamori, si tu décides de quitter ce monde, je peux t’aider, proposa précipitamment Shuhei en se décollant de son siège de voiture pour la prendre par les épaules. Nous partirons loin, où personne ne nous trouvera. Je te protègerai.
Mamori eut un sourire et se dégagea doucement de son emprise.
— Tu n’as pas besoin de me protéger, Shuhei. Je sais veiller sur moi. Maintenant, pars. C’est un ami à moi, et il t’attend pour les négociations.
Elle désigna du menton l’entreprise Takekura Constructions, devant laquelle elle s’était arrêtée. Shuhei soupira, puis sortit de la voiture. Mamori en fit de même puis s’inclina devant lui.
— Merci d’avoir travaillé dur, fit-elle.
Shuhei lui rendit son salut, puis disparut à l’intérieur de l’entreprise. Le regard de Mamori se durcit aussitôt qu’il fut sorti de son champ de vision et elle attrapa son téléphone. Comme si elle était surveillée, il sonna à cet instant.
— Il était temps, dit-elle d’une voix grave. Je commençais à être fatiguée de ce petit jeu.
— Mais c’est si plaisant de te voir courir à droite à gauche pour sauver tes amis, Anezaki Mamori, répondit une voix déformée.
— Qu’est-ce que vous voulez ?
— Après tout ce temps, tu te poses encore la question ?
Mamori se passa la main sur le visage.
— Saikyoudai, murmura-t-elle.
— Nous finaliserons la passation de pouvoir ce soir, près du pont à côté de Deimon High à onze heures.
Mamori regardait autour d’elle pour tenter d’aperçevoir qui la surveillait, sans succès.
— J’aimerais beaucoup savoir qui sera mon successeur, annonça-t-elle.
— Un nom que tu as déjà entendu, fit son interlocuteur. Marina .
Donc cette Marina était bien derrière tout ça, pensa Mamori.
— Qui est Marina ? demanda-t-elle. De quel gang vient-elle ?
— Ce n’est pas important que tu le saches, répliqua la voix. Ce soir, la leader Anezaki Mamori annoncera son retrait à la tête Saikyoudai et annoncera officiellement comme leader Marina. Nous nous occuperons de la suite.
— Saikyoudai n’acceptera jamais quelqu’un qu’ils ne connaissent pas comme chef.
— Oh, ne vous inquiétez pas. Marina est plus légitime que vous ne le serez jamais. Ce soir, à onze heures. Le pont près de Deimon High.
Mamori voulut répondre mais il avait déjà raccroché. Elle chercha à le tracer, mais ils avaient pris leurs précautions et brouillé le signal. Elle soupira, réprimant un juron, quand elle entendit Agon l’appeler.
— Ohey, Boss, dit-il. Il y a toute la cargaison de Munakata qui a atterri à Saikyoudai.
— Quoi ?!
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Tout le gang était réuni devant une énorme caisse en bois quand Mamori sortit de sa voiture.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Ikkyu d’un air choqué.
Agon tendit une lettre qu’il avait déjà ouverte à Mamori.
— Je t’avais prévenu, ce bâtard de Munakata adore les drames.
Mamori ouvrit la lettre et lut le mot de remerciement de Munakata, ignorant le regard noir d’Hiruma.
— C’est pas vrai, pourquoi est-ce qu’il a livré ça ici et pas à Koigahama Cupid ? marmonna-t-elle. Unsui avait raison, Munakata aime vraiment créer la discorde dans les gangs.
— Fuckin’manager, ce gros lard est en prison et tu achètes de la drogue à ce fuckin’refait ? répliqua Hiruma en s’avançant vers elle. Tu veux aussi nous foutre en prison ?
— C’est pour Agon, pas pour moi, riposta Mamori en se tournant vers lui.
— Agon ? répéta Yamato. Je croyais que Koighama n’avait plus recours au GHB pour recruter.
Ce dernier haussa les épaules et jeta un regard à Mamori. Celle-ci répondit pour lui :
— Je lui ai conseillé d’en prendre. Même un usage récréatif peut aider à fidéliser des clients.
— Tu lui a conseillé ? répéta Taka. Depuis quand Saikyoudai s’est tourné vers la drogue ?
— Saikyoudai fera ce qui est nécessaire pour survivre.
— Oh ?
L’aura menaçante d’Hiruma était palpable.
— Notre fuckin’manager a eu sa première expérience hier et en redemande ?
— Et pourquoi pas, déchet ? répliqua Agon avec un sourire. Ton ex-femme ne peut pas rester éternellement la petite coincée que tu as débauchée pour Deimon. Elle sait où miser pour gagner.
— Je n’ai pas signé pour ça ! s’indigna Yamato. Nous sommes un gang de classe, on vaut plus que ça. En tant que leader de Saikyoudai on ne peut pas se permettre de tomber aussi bas.
— Je ne suis plus la leader de Saikyoudai, annonça platement Mamori.
Son annonce choqua tout le monde, y compris Agon.
— J’ai passé un accord et ce soir aura lieu la passation de pouvoir. Le leader sera quelqu’un qui saura prendre le gang en main mieux que je ne le ferais jamais fait.
— …Comment ça ?
— Qu’est-ce qu’il se passe ? interrogea Akaba.
— Je ne sais pas…
— Qu’est-ce qu’on pouvait attendre d’autre d’une femme aussi faible ? marmonna Agon.
— Tch… C’est donc ça, Saikyoudai ?
L’ironie venait d’Hiruma, qui pointait son arme vers l’immense caisse de GHB.
— Une cheffe qui nous cache des choses et qui ne prend pas ses responsabilités.
— Comment ça, qui nous cache des choses ? s’enquit Yamato en regardant successivement Hiruma et Mamori. Pourquoi cette drogue est là ?
Mamori sonda Hiruma du regard en fronçant les sourcils. Evidemment, elle pourrait lui demander de faire les recherches sur cette Marina. Mais elle savait qu’il valait mieux ne pas l’impliquer. Mamori ferma les yeux.
— Je suis désolée de vous avoir inquiété, dit-elle en s’inclinant. En tant que leader, j’ai fait une très mauvaise décision, qui a coûté beaucoup au gang, en terme économique et politique. J’en prends la responsabilité.
— Qu’est-ce qu’il se passe, maintenant ? lâcha Agon.
Mamori le regarda dans les yeux.
— Tout se conclut ce soir, répondit-elle. La passation de pouvoir et tout ce qui va avec. Votre nouveau leader sera à la hauteur, faites-moi confiance. Rendez-vous ce soir à onze heures.
Et elle se retira sans un mot… jusqu’à ce qu’Hiruma lui barra le passage.
— Fuckin’manager, tu ne sais pas compter sur ton équipe, n’est-ce pas ?
— Il semble que tu avais raison, Hiruma, soupira Mamori. Je ne serai jamais à la hauteur d’être cheffe.
— Oh ? Alors c’est tout ?
Evidemment, Hiruma n’abandonnerait pas aussi facilement sans savoir ce qu’il se passait. Mamori le regarda dans les yeux. Il la scrutait comme jamais il ne l’avait regardée auparavant. Il cherchait la vérité. Mais elle ne pouvait pas le lui dire. Alors elle joua sa dernière carte. Celle qu’elle savait qui marcherait.
Hiruma cligna des yeux et sentit son sang se glacer quand Mamori s’inclina devant lui. Les derniers mots le dévastèrent :
— Je suis désolée, Yoichi. J’ai vraiment essayé, je te le jure… mais ils ont vraiment su sur quoi jouer pour m’avoir. J’ai fait tout ce que j’ai pu…
C’était les mots que son père avait répété encore et toujours à chacun de ses échecs. Les mots qui signifiaient l’abandon. Que c’était terminé. Ceux qu’ils détestaient le plus. Lui dire cela, c’était plus douloureux que toutes les douleurs qu’il avait pu endurer jusqu’à maintenant.
— Tu as gagné, fuckin’manager… je quitte Saikyoudai.
Et Hiruma passa devant elle en la bousculant.
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Mamori avait passé l’après-midi dans son bureau à récolter les papiers, calculer les probabilités… et surveiller Hiruma. Il était apparemment retourné à Deimon et fouinait sur son ordinateur.
Mamori avait également pris la température au niveau de son gang, et tout se déroulait comme elle l’espérait. Les questionnements allaient de bon train, et même s’ils ne la considéraient pas comme légitime d’être à la tête de gang après avoir fait affaire avec Munakata, ils semblaient également peu disposés à laisser un inconnu reprendre les affaires.
Et enfin, chose plus importante, son interlocuteur mystérieux s’était engagé à ne plus poursuivre Suzuna.
Mais ça, Mamori n’avait qu’un seul moyen de le confirmer.
Le moment venu, elle sortit de son bureau et se retrouva devant l’intégralité de son gang, excepté Hiruma et Jumonji, qui était resté avec Kuroki et Toganou. Sans un mot, ils prirent les voitures noires à vitres fumées et foncèrent au territoire Deimon.
— J’ai parlé à Karin, dit Yamato, qui était sur le siège arrière avec Ikkyu. Elle n’est pas très heureuse d’avoir à négocier un nouvel accord avec Saikyoudai.
— Est-ce que tu es sûre de toi ? s’enquit Ikkyu.
Mamori avala sa salive et croisa les doigts en espérant que tout marche.
— Ce soir, dit-elle, c’est une page de l’histoire de Saikyoudai qui se tourne.
— Ca ne sera que la deuxième fois, soupira Yamato. Et tu es encore au centre de l’affaire, apparemment.
— Tch… encore une fois, je dois faire la baby-sitter du déchet qui nous sert de cheffe, marmonna Agon.
— Sois plus poli, Agon, ordonna Mamori.
— Pourquoi faire ? répliqua ce dernier. Je te signale que tu nous abandonne pour servir tes intérêts.
Mamori sentit son sang se glacer à chacune de ses paroles. Elle avait espéré qu’Agon comprendrait. Mais il ne semblait pas être totalement de son côté.
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Le pont à côté de Deimon High avait été fermé il y a deux semaines pour rénovation, ce qui laissait un chantier le soir, l’endroit idéal pour les règlements de comptes. Mamori arriva et vit que le bureau où le maître de chantier étalait habituellement ses plans qui avait été déplacé pour l’occasion, signe que ses maîtres chanteurs étaient déjà ici.
— Ils semblent cachés, apparemment, marmonna Agon.
— Quels bandes de lâches, renchérit Juumonji.
— Ils ne veulent même pas nous confronter et préfèrent nous prendre en embuscade ? suggéra Kuroki.
— Qu’ils essaient ! compléta Toganou. Je vais me les faire un par un.
— La dernière fois, ça ne t’a pas réellement réussi, répondit une voix qui émergea de l’ombre.
Tous se retournèrent et constatèrent avec stupeur qu’il s’agissait de Marco et de toute sa bande.
— Hakushuu Dinosaurs ? se récria Sena. Mais c’est…!
— Impossible MAX ! s’indigna Monta. J’ai veillé aux affaires de Hakushuu moi-même !
— En récoltant seulement les rapports de ma femme, déclara Marco en offrant son bras à Maria qui était à côté de lui.
Mamori fronça les sourcils.
— Femme ? Vous êtes mariés ?
— Tu as l’air surprise. Maria et moi étions toujours destinés à être ensemble.
— Qu’est-ce qu’un mariage avec un chef de gang déchu pourrait t’apporter, Maria ? demanda Mamori.
— C’est pourtant ce que tu as fait auparavant, Anezaki, rappela Marco.
— Ce n’est pas à toi que je parle, répliqua Mamori qui ne prit même pas la peine de le regarder.
Maria soupira puis répondit :
— C’est bien le problème avec toi, Anezaki. Tu as peut-être formé le gang le plus influent de la ville – enfin, ce que tu crois – mais en réalité, tu n’es qu’une moins bonne version d’Hiruma. Et comme lui, tu as les mêmes faiblesses. Tu penses qu’aux intérêts de chaque alliance.
— Et c’est quoi « le reste » ? demanda Mamori. Tu es prête à le laisser te rouler dessus pour quoi ? Pour qu’il reste avec toi ?
— Tu ne pourras jamais comprendre le lien qui m’unit avec Marco. Je n’ai pas besoin de prendre la tête d’un gang pour réaliser mes objectifs. Et contrairement à toi, NOUS nous occupons d’Hakushuu.
— Et nous continuerons ensemble, finit Marco avec un regard confiant à sa bien-aimée. Mais trêve de conversations. Nous avons une passation de pouvoir à terminer.
— Saikyoudai ne se mettra pas aux services d’une inconnue, coupa Ikkyu. Si cette Marina tient tant à gouverner Saikyoudai, qu’elle le prouve.
Marco sourit.
— Marina sera sans aucun doute une excellente cheffe.
— Kekekekeke…
Ce rire familier dans l’ombre fit sursauter les membres d’Hakuushu qui se tinrent prêts à bondir en cas d’embuscade, sauf Maria, Gaô et Marco. Tous se retournèrent vers le nouvel arrivant.
— Ah… la pièce manquante du puzzle, Hiruma Yoichi, salua Marco.
L’ex-chef de Deimon sortit de l’ombre, les deux mains dans les poches.
— Hiruma…, fit Sena.
Ce dernier ne lui accorda aucune attention et regardait Marco.
— Fuckin’mafieux. Un peu plus et tu pourrais faire partie de Dokubari.
— Si impoli et à peine arrivé… le chantage et l’extorsion ne te mèneront jamais aussi loin que la diplomatie.
— Oh… ? Et qu’est-ce que ta fuckin’gosse aussi fera les yeux doux à tous les chefs de gang pour obtenir ce qu’elle veut ?
— Gosse ? répéta Sena.
— Ne me dis pas…, commença Jummonji, que Marina est…
— La fille de Marco et Maria ?! termina Monta.
— C’est impossible ! se récria Mamori.
Elle jeta un regard d’incompréhension à Hiruma, puis à Maria.
— Les meilleurs obstétriciens de la ville sont sous la protection de Ojo. Koharu m’aurait informé si tu avais eu un enfant.
Marco pouffa de rire.
— C’est pour ça que je n’aime pas trop Ojo, si bavard et ils se prétendent chevaleresque. Alors qu’Amino Cyborgs, eux, savent garder le silence avec une bonne malette.
Mamori grinça des dents. Elle était pourtant parti voir Atsushi Munakata sur son territoire. Etrange qu’il ne lui ait rien dit, lui qui était si dramatique…
— Marina est notre fille à naître, révéla Maria en s’avançant.
D’instinct, sa main vint se poser sur son bas-ventre. Mamori comprit aussitôt.
— Ca veut dire…que… !!!
— Que jusqu’à ce que Marina soit en âge légal de prendre la tête du gang, la gouvernance ira à ses parents, termina Agon.
Il ricana et replaça ses lunettes.
— Ne perdons plus de temps qu’il n’en faut, dit Marco en tapant dans ses mains. Anezaki Mamori, donne-nous la gouvernance de Saikyoudai.
Tous les regards convergèrent vers Mamori qui serra les poings. Hiruma lui jeta un regard en biais et la vit se crisper. Il sentit aussitôt que quelque chose n’allait pas. Son cerveau calcula toutes les possibilités qu’il écartait une à une, jusqu’à ce qu’une seule ne paraisse.
Non…C’est impossible qu’elle ait fait ça… C’est trop risqué…
Agon riait de plus belle. Ca n’aidait pas à ce qu’Hiruma puisse nier ce qui arrivait. Il jeta un regard noir à Mamori.
— Fuckin’manager… tu n’aurais pas osé…
Comment a-t-elle pu manquer de jugement à ce point ? Agon s’avança vers Marco.
— Marco, Marco… tu t’adresses à la mauvaise personne ?
— Hm ?
— Il y a déjà une heure qu’Anezaki Mamori m’a officiellement cédé sa place de leader du gang de Saikyoudai.
La réaction fut unanime chez Deimon.
— QUOI ?!
— C’est ridicule ! s’indigna Yamato. Agon serait bien la dernière personne que Mamori choisirait pour diriger Saikyoudai.
Mamori retint un soupir et plongea son regard dans Maria. Elle le savait très bien : Maria chercherait à savoir quel coup se tramait. Mieux valait s’expliquer.
— Je ne suis plus cheffe de Saikyoudai, ce qui veut dire que je ne prends plus de décisions, annonça-t-elle. Les moyens de pression ne marcheront pas contre Agon : donc laissez Taki Suzuna tranquille.
— Mamori…, commença Sena d’un air inquiet.
Etait-ce pour Suzuna qu’elle faisait tout cela ?
— Il avait été convenu qu’Anezaki Mamori cède sa place de leader de Saikyoudai à Marina, protesta Maria. Si le contrat n’est pas respecté, Taki Suzuna mourra !
— Je ne suis plus leader de Saikyoudai, répliqua Mamori. C’est à Kongo Agon qu’il faudra vous adresser
— Huhuhu… Et pour ma part, je n’ai que faire de cette reporter, nota Agon. Elle est tellement moche et sans forme. Qu’elle crève ou pas, ça ne me fait ni chaud ni froid.
Il sortit un révolver et le pointa sur Mamori.
— Tout comme toi.
— Non… Tu avais promis.
— Et le fait que tu m’aies cru prouve bien que tu es la pire chef de gang que j’ai jamais connu. Adieu, Anezaki Mamori.
Et il appuya sur la détente. La balle fonça et toucha Mamori en plein cœur, la faisant s’écrouler sous le choc. Il y eut des sursauts, des cris, des tirs, des voitures qui faisaient office de bouclier contre les balles. Mais personne ne put nier la flaque de sang qui se répandait alors que le corps d’Anezaki Mamori rendait son dernier soupir.
Chapter Text
Hiruma était à la morgue d’Ojo. Il patientait, les yeux dans le vague, se remémorant la scène encore et encore. Agon qui pointait Mamori de son révolver.
— Adieu, Anezaki Mamori.
Et il avait tiré. Une balle. En plein cœur. Mamori avait titubé, puis elle était tombée. Hiruma avait ouvert de grands yeux, et il y avait eu un silence. D’une seconde. Une seconde qui donnait l’impression que le temps s’était arrêté. Sena, Ikkyu, Monta… tous s’étaient précipités vers elle. Kurita avait tenté de comprimer la blessure, mais il était trop tard.
— Fuckin’dread !!!!!!!!!! avait-il hurlé.
Il avait visé et tiré pour tuer. Hélas, il n’avait pas été assez rapide. Marco n’avait pas apprécié les coups de feu en présence de sa femme enceinte et lui avait tiré dessus. Au moins, il avait ordonné à Gaô de protéger Maria au lieu de le charger, sinon, son corps n’aurait pas tenu. Mais il eut quand même une balle qui lui transperça l’abdomen.
Ce furent Sena, Monta et les trois frères Ha-Ha qui s’étaient dépêchés de le conduire à l’hôpital. Hiruma avait détesté cette sensation de faiblesse et avait hurlé de faire demi-tour. Hors de question de laisser le corps de Mamori. Elle respirait encore dans la voiture, mais une fois à l’hôpital, alors qu’il se faisait soigner de force pour sa blessure pour éviter l’hémorragie, il n’avait pas pu la voir.
Aussi n’avait-il pas cru lorsqu’on lui avait dit qu’elle était morte. Il voulait la voir de ses propres yeux. Son corps, sans vie. Non, elle n’était pas morte.
— Hiruma Yoichi ? fit une voix féminine.
C’était une jeune fille très séduisante qui lui parlait, un bloc-notes serré contre sa poitrine. Elle essayait d’avoir un air triste mais le détaillait également d’un œil intéressé.
— Je…Le médecin légiste vous attend pour… votre femme.
Elle sembla hésiter, puis ajouta :
— Vous voulez de l’aide ? Vous êtes blessé…
Hiruma commença à marcher sans le moindre commentaire. L’infirmière le guida dans le couloir par-delà les portes et s’inclina :
— C’est ici, indiqua-t-elle.
Hiruma ouvrit la porte d’un coup de pied et se retrouva dans la morgue. Il n’y avait personne, à part un médecin qui déposait ses outils et souhaita la bienvenue à Hiruma avec son masque.
— Quel est le diagnostic, fuckin’doc ? demanda Hiruma sans cérémonie.
— La balle n’a pas touché le cœur, mais a causé une hémorragie interne. C’est la perte de sang a causé le décès.
Hiruma écoutait à peine. Le médecin mentait. Il regarda Mamori, étendue devant lui, le corps cachée par un drap blanc. Son teint était pâle et crayeux. Il toucha son corps. Il était glacé. Il prit son pouls. Rien. Il leva le drap. Sa poitrine ne se soulevait pas, ni ne s’abaissait, elle ne respirait pas. Il rabattit le drap et souleva un autre coin pour jeter un œil sur sa cuisse gauche : le grain de beauté qu’il connaissait bien était là. C’était elle. Aucun doute.
— Hiruma ?
Il leva la tête et regarda le médecin. Ce dernier hésita, puis dit :
— Je pense que tout va être prêt pour la veillée mortuaire dès demain matin, si vous le désirez.
Pour toute réponse Hiruma donna un coup de pied dans le chariot de métal à côté et fit tomber tous les instruments médicaux par terre. Le médecin recula, apeuré.
— Réveille-la.
— Que…Quoi ?
— Fuckin’doc, tu crois que tu peux me tromper ? Réveille-la !
Le médecin légiste recula.
— Je…Je crois qu’il vaut mieux que je vous laisse…
Hiruma resta seul avec le corps de Mamori. Il serrait les poings, marchait de long en large, parlait à Mamori comme si elle l’entendait.
— Fuckin’manager, hein… Je ne sais pas quel fuckin’plan tu as mis en place, mais tu as intérêt à te réveiller.
Il alla même jusqu’à pointer sa mitraillette sur le corps sans vie de Mamori.
— Tu m’as dit qu’on se retrouverait quand nous gagnerons tous les deux ! Fuckin’manager, tu as intérêt à tenir ta promesse, sinon, je viendrais moi-même te chercher en enfer !
— Hiruma ! s’écria une voix derrière lui.
Ce dernier fit volte-face pour se retrouver face à Koharu Wakana, l’une des leaders d’Ojo. Celle-ci affichait un air sévère, alors que derrière, l’infirmière regardait la scène d’un air hésitant, se demandant si elle avait bien fait d’avertir sa cheffe.
Koharu entra dans la pièce, jeta un œil navré au cadavre de Mamori et rabattit le drap sur sa figure.
— Je comprends ta tristesse, mais il est hors de question que tu fasses un grabuge pareil chez nous. DEHORS ! Par respect pour Mamori, Ojo s’est déjà occupé de déclarer sa mort et les préparatifs pour la veillée sont en cours.
Elle tendit à Hiruma le certificat de décès de Mamori. Ce dernier y jeta un coup d’œil mais ne le prit pas, préférant tourner les talons pour s’enfuir. Koharu consulta sa montre, puis soupira.
— Allons-y, dit-elle à l’intention de l’infirmière. Il faut préparer le corps. Appelez Takekura Gen, il s’occupera d’avertir la famille
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Deimon était rassemblé dans leur quartier général dans un silence abasourdi. Anezaki Mamori était morte. Tuée par Kongo Agon, qu’elle avait officiellement annoncé comme nouveau leader de Saikyoudai.
— Putain ! hurla Monta en serrant ses poings.
Suzuna pleurait à chaudes larmes et Sena la prenait dans ses bras et semblait avoir pris un coup de massue.
— C’est de ma faute, murmura Jumonji. J’aurais dû la protéger, j’aurais dû le voir…
— Ce bâtard d’Agon ! Fais chier ! hurla Toganou en renversant une chaise d’un coup de pied.
— Où est Hiruma ? demanda Suzuna.
— Aucune idée, marmonna Kuroki. On l’a transporté à l’hôpital, mais il a filé avant qu’on ne puisse faire quoi que ce soit.
— Fumo…, murmura Komosubi. Fumo !!!
Il se leva brusquement, les yeux rivés sur la porte.
— Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ?
— M…Maître ! s’écria Komosubi en pointant la porte du doigt.
Et comme par magie, la porte s’ouvrit dans un fracas, laissant apparaître Hiruma qui traînait Kurita, encore en tenue de prisonnier, son oreiller à la main.
— Kurita ?! s’écria tout le monde.
Ce dernier courut vers tout le monde, et les serra dans ses bras en pleurant manquant de les étouffer.
— Les amis ! J’ai appris la nouvelle, je suis si triste, j’ai failli défoncer le mur de la prison !
— Argh… Kurita ! Tu m’étouffes !
— Etouffement MAX !
— Assez jacassé, fuckin’nabots ! dit Hiruma en tirant une salve avec sa mitraillette. Préparez-vous ! Vous avez intérêt à être en forme pour demain ! Celui qui fait le con, je lui envoie Cerberus au cul.
— Demain ? répéta Sena. Qu’est-ce qu’il se passe demain ?
Le sourire diabolique d’Hiruma était impénétrable.
— Demain, c’est la fin du règne de ce fuckin’dreadlocks. Saikyoudai est à nous.
Tous se regardèrent. Suzuna osa enfin parler :
— You-nii, Mamori a été attaquée justement parce que ses alliés et amis étaient ciblés. Si nous attaquons Hakushu, son sacrifice aura été en vain.
— On n’est pas de taille pour faire face à Saikyoudai et à Hakushu Dinosaurs, renchérit Jumonji.
— Deimon se battra, coupa Hiruma sans les regarder, comme s’il n’avait même pas entendu leurs inquiétudes. Ce fuckin’gros lard va également mobiliser Naga. J’ai tenté d’appeler ces fuckin’ Zoguto pour avoir des renforts, mais il y a des tensions à Osaka en ce moment, et ils préparent à envoyer leur équipe là-bas.
Sena et les autres se regardèrent. C’était de la folie.
— Hiruma…, commença Sena. C’est une mauvaise idée. Mamori…
— Cette fuckin’manager n’est plus là, fuckin’nabot. C’est moi qui donne les ordres. Si vous voulez fuir, être sous la gouvernance de ce fuckin’dreadlocks et ce fuckin’mafieux d’Hakushu, c’est votre problème. Demain, c’est l’affrontement.
Et il s’en alla.
— Fais chier… ! Fais chier ! ragea Toganou. On ne peut quand même pas faire ça !
— On va tous y passer, s’inquiéta Kuroki.
— Les amis ! les rassura Sena. Vous n’êtes pas obligés de venir. Je comprends tout à fait que vous vouliez vous protéger les uns les autres. C’était la volonté de Mamori.
Tous baissèrent la tête. Mamori leur avait apporté à tous beaucoup depuis des années, que ce soit dans les affaires de gang que comme support émotionnel.
— On ne peut pas laisser Hiruma seul face à Agon, décida Kuroki.
Tous regardèrent le chef de Deimon qui releva la tête. Sena resta pensif un instant, puis dit :
— Nous devons faire quelque chose. Saikyoudai et Deimon sont attaqués, Mamori a été exécutée et Hiruma va se faire neutraliser. Ce n’est pas dans l’esprit de Deimon de laisser ceux qui nous ont aidés dans le besoin. Demain, je vais affronter Saikyoudai et Hakushu Dinosaurs.
Il regarda chacun des membres de son équipe, comme s’il les défiait. Après un silence, Monta posa une main sur l’épaule de Sena.
— Je viens avec toi, Sena !
— Monta !
— Fumo !
— Komosubi !
— Ne jamais… abandonner… Maître ! couina ce dernier en s’inclinant devant une photo de Kurita. Fumo !
— Quelle galère, grogna Jumonji.
Il regarda Toganou et Kuroki qui hochèrent la tête.
— On y sera, nous aussi !
— Merci, les amis, soupira Sena avec un sourire. Préparez-vous ! Demain est un grand jour. On va les éclater !
— YA-HA !!!!
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Yamato parlait avec Taka au téléphone.
— Ne rentre surtout pas, indiqua-t-il à son ami qui était à Osaka. Saikyoudai a complètement pété un boulon, j’ai l’impression qu’il va y avoir des morts demain… Oui, Agon a parlé d’une confrontation par Hiruma…
Il écouta Taka à l’autre bout de la ligne et fronça les sourcils.
— Comment ça, tu es déjà au courant ?!
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— Maria, il est hors de question que tu viennes demain ! prévint Marco.
Sa femme retapa les oreillers du lit et s’y glissa avec précaution.
— Ce n’est pas quelque chose que tu peux négocier, répliqua-t-elle. Je peux gérer ça et protéger notre petite Marina en même temps. Rappelle-toi que je suis la seule qui soit jamais sortie indemne d’une confrontation avec Gao.
— Et c’est comme ça que tu m’as eu, soupira Marco. Mais demain, ce sera un bain sanglant.
— Je ne serai pas en première ligne, promit Maria. Mais je serai là pour toi et pour le gang. La chute de Saikyoudai est un moment que je tiens à voir. Qu’est-ce qu’il s’est passé pour Shuhei Suzuki ?
— Aucune piste, répondit Marco en secouant la tête. Tout va bien, on peut toujours continuer de mettre la pression sur Taki Suzuna.
— C’est inutile, maintenant, annonça Maria en rabattant la couverture sur ses jambes. Maintenant qu’Anezaki est morte, elle ne nous sert plus à rien. Nous avons assez de sang sur les mains comme ça, n’en rajoutons pas.
Elle se tourna sur le côté avec un oreiller sous son ventre. Marco regarda sa femme, puis sortit faire les derniers préparatifs. Demain, Hiruma Yoichi serait neutralisé, de même qu’Agon. Sa femme le nommerait alors officiellement à la tête de Saikyoudai.
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Si le port de Kyôshin était bondé durant la journée, et même dangereux à cause des nombreux camions allant et venant ainsi que du déchargement de containers, il était extrêmement silencieux la nuit. C’était pour le plus grand déplaisir de Kakei et Mizumachi que les règlements de compte de gangs se déroulaient dans les hangars abandonnés au bout du port. Hors de question d’aller en ville, bien sûr, car Ojo ne l’aurait jamais permis et s’affichait encore comme une toute puissance. Marco et Agon avaient également convenu que le territoire de Zoguto serait hors limite : Meg ayant une relation privilégiée avec Mamori, rien n’indiquait qu’elle soit toujours loyale à Saikyoudai après le coup d’Agon.
Ce fut donc à une heure avancée de la nuit que se déroulerait l’affrontement. Hiruma avait scanné la zone. Il n’avait pas l’intention d’y aller la tête la première, bien sûr. Il avait un plan, qui incluait bien sûr des négociations et un marché : il avait calculé ses chances : 0.001% de chance de réussite.
Dans le meilleur des cas, Agon le laisserait reprendre Deimon, mais il se verrait réduit au même niveau que les Yûhi Guts, voire les Dokubari Scorpions. Dans le pire des cas, ils étaient tous condamnés et il devrait délocaliser ses activités à Osaka.
Il y avait de fortes chances que Karin Koizumi rompe toute alliance avec Saikyoudai en apprenant leur alliance avec les Dinosaurs. Mais elle avait également trop d’influence sur Osaka pour qu’il puisse la renverser ou même espérer arriver à sa hauteur.
Hiruma savait que tout le monde était déjà arrivé. Mais personne ne s’était encore montré. Il sauta du toit d’où il étudiait le périmètre.
Un bruit de crissement de pneus l’alerta et il esquissa un sourire en voyant son logo en rouge sur l’énorme camion, à côté d’un dragon violet. C’était Deimon et Naga.
Sena. Monta. Kurita. Komosubi. Jumonji. Kuroki. Toganou. Taki. Ishimaru. Yukimitsu.
Et les nouveaux pions de Naga. Certains avaient visiblement fait de la prison, mais avait plaidé allégeance à Kurita, rencontré en prison.
Ils attendaient ses ordres.
— Vous avez pris votre temps, les fuckin’mioches.
— Hiruma ! On va les éclater ! Ya-Ha !
Un applaudissement sarcastique les fit se retourner.
— Quelle scène touchante.
C’était Marco. Il avait jeté son ancien manteau de leader par-dessus ses épaules et sa femme Maria se tenait à ses côtés, vêtue d’une fourrure qu’Hiruma reconnut : celle que portait Mamori à l’époque. Il n’en formalisa pas. Ce n’était qu’un stupide vêtement.
Un bruit vint à sa droite et Agon apparut, accompagné d’Ikkyu, Yamato, Taka, Unsui, Akaba et Banba. Aucun d’eux n’avait l’air très content d’être là. Agon regarda Jumonji qui portait sa vieille veste aux couleurs de Deimon.
— Tch… Donc tu as trahi ton propre gang, Jumonji. Tu as préféré t’allier à ce bâtard d’Hiruma, renier ton allégeance.
— J’ai prêté allégeance à Anezaki Mamori, cheffe de Saikyoudai, répliqua ce dernier, qui fulminait. Vous devriez tous être face à Agon, pas à ses côtés ! ajouta-t-il à l’attention des autres membres de Saikyoudai.
— Contrairement à toi, ils sont assez intelligents pour savoir quel camp sert le mieux leurs intérêts, déclara Agon. N’est-ce pas ce que tu disais, Hiruma ? Que seule la victoire comptait.
Ce dernier ne répondit pas. Monta commença à insulter Agon et lui et Kuroki et Toganou semblaient prêts à se jeter sur lui quand Maria chargea son arme en signe d’avertissement. Marco leva la main pour la calmer et s’avança vers Agon en écartant les bras.
— Heureux que tu aies pu faire le déplacement, Agon. Toujours un plaisir de te voir, même si nous ne t’attendions pas. Nous pensions que tu aurais aimé prendre tes marques en tant que chef. Mais apparemment, tu as eu l’intelligence de venir, pour une alliance avec nous, je présume ?
Hiruma jeta un coup d’œil à Agon. Ce dernier regarda son frère, puis déclara :
— Saikyoudai n’est pas fermé à une alliance avec Hakushu…
— Ah !
— Cependant, ce genre de combat ridicule contre des ratés comme Deimon ne m’intéresse pas. Je resterai neutre pendant ce conflit. J’espère que tu n’y vois pas une insulte.
— Au contraire, se réjouit Marco. Bien, Deimon. Je comprends votre frustration : sentiment de trahison, de confiance brisée… J’ai pu personnellement l’expérimenter lorsque mon gang a été réformé par votre ancienne cheffe. Mais je vous donne la possibilité de garder votre « gloire ».
— Oh… et qu’est-ce que tu veux, fuckin’mafieux ? demanda Hiruma.
— Le carnet de chantages, annonça Marco avec un grand sourire. Deimon sera parfaite pour nos services d’extorsion. Vous garderez une indépendance, bien sûr… la même chose qu’Anezaki Mamori nous avait proposée à l’époque.
— Colère MAX ! glapit Monta derrière.
Marco et Hiruma ne lui prêtèrent aucune attention.
— Qu’en dis-tu, Hiruma ?
L’interpellé eut un sourire.
— J’ai une meilleure idée, fuckin’mafieux.
— Funraaba !
A ce moment, Kurita chargea comme un tank, droit sur Marco. Celui-ci ne bougea pas d’un cil, puisque déjà Gaô Rikiya s’interposait. Les deux colosses s’affrontèrent avec force. Aussitôt, Sena fonça dans la mêlée, suivi par Monta, qui préférait sauter sur un container pour avoir une vision en hauteur. Tous les autres suivirent et une mêlée générale s’ensuivit. Sur le côté, n’ayant pas bougé d’un pouce, Agon observait la scène, les bras croisés. Son frère Unsui se mit à ses côtés et dit :
— Je ne comprends pas… quelle est cette stratégie ? Hiruma sait très bien qu’il n’est pas de taille face à Hakushu Dinosaurs sans nous.
Agon savait qu’il avait raison, mais il eut un petit sourire.
— Hiruma ne cherche pas l’affrontement. Il cherche la faille. Et il l’a trouvée.
Unsui plissa les yeux et comprit. Sena avait slalomé entre tous, un objet semblable à un câble à la main et tourna rapidement autour de la cible : Himuro Maruko, alias Maria.
— Elle est la faiblesse de Marco, annonça Agon. Et il est sa faiblesse à elle.
— Maria ! hurla Marco.
De rage, il sortit son arme et la pointa vers Hiruma qui lui montra une télécommande qu’il avait dans la main. Tous s’arrêtèrent pour voir la scène : Maria était ligotée par une espèce de câble électrique, certainement relié à la télécommande d’Hiruma qui pourrait lui envoyer une décharge électrique. Deimon regardait leur ex-leader avec des yeux ronds et Sena fit un bond en arrière.
— Sena, qu’est-ce que tu fous ? s’écria Monta.
— Je… croyais que c’était juste une corde pour l’attacher ! se défendit Sena, choqué.
— Hiruma ! hurla Yamato. Tu ne peux pas faire ça !
Hiruma fit la sourde oreille, n’ayant d’yeux que pour Marco qui enleva la sécurité de son arme.
— Relâche-la tout de suite, si tu ne veux pas que j’extermine ta bande de minables sur place.
— Certainement… mais d’abord, j’aimerais réexaminer les clauses de l’alliance.
— Les clauses ? Tu crois que je vais te laisser marchander alors que tu tiens ma femme en otage ?
— Laisse-le ! s’écria Maria. S’il croit qu’il me fait peur…
— Oh, tu survivras sans doute, fuckin’traîtresse, répliqua Hiruma. Mais je doute que ce soit le cas de la fuckin’future leader de Saikyoudai.
— Bâtard d’Hiruma ! gueula Agon en s’interposant. Ce que tu fais est contraire aux codes des gangs.
— Kekekekekekeke…, fit Hiruma sans joie.
Ses sourcils se fronçèrent et il pointa le canon de son Uzi sur le front d’Agon avec un air sérieux.
— Tu me parles encore de fuckin’code d’honneur, fuckin’dread ? Entre ce que je fais aujourd’hui et ce que tu as fait hier, quelle est la fuckin’différence ?
Il n’avait plus son sourire de façade, juste l’envie de tuer. Les deux ennemis se mesurèrent du regard, trop longtemps. Un coup de feu retentit. C’était Marco, profitant de l’instant pour tirer sur Hiruma à l’épaule droite. Ce dernier vacilla, mais ne lâcha pas la télécommande avant que Hiromi Kisaragi, le « bras gauche d’Hakushu » sprinta pour le forcer à lâcher.
— Quel manque de force, constata-t-il en arrachant la télécommande de la main d’Hiruma. Si moche. Un vrai manque de beauté.
— Ramenez-le devant moi ! hurla Marco. Vivant !
Hiruma se redressa, prêt à en découdre avec les sbires de Marco, quand Agon se posta devant lui et dégagea Hiromi d’un coup de pied. Les membres d’Hakushu s’arrêtèrent, confus, puis se tournèrent vers Marco.
— Laisse-le, lui dit Agon. Un élément comme Hiruma Yoichi peut être utile.
— Je me fiche de son potentiel, répliqua Marco. Et je suis surpris que quelqu’un comme toi puisse défendre quelqu’un comme lui. Qui est-il pour toi ?
Agon retira ses lunettes. Tout Deimon le regardait sans comprendre. Hiruma perdait du sang à vue d’œil et murmura :
— Fuckin’dreads…
Agon releva la tête :
— Hiruma Yoichi est…le vrai leader de Saikyoudai.
La déclaration choqua tout le monde. Marco ouvrit de grands yeux et Maria ne sut quoi dire. La main crispée sur son épaule, Hiruma regarda Agon d’un œil confus.
— Qu’est-ce que tu racontes ?! beugla Hiromi. Tu ne vas quand même pas te porter garant pour ce raté.
— Ce n’est pas dans nos accords ! répliqua Maria en s’avançant, furieuse. Anezaki Mamori a garanti que la succession de Saikyoudai reviendrait à notre fille.
— Chose qu’elle n’a jamais officialisé de son vivant, l’interrompit Agon. C’est moi le nouveau chef de Saikyoudai.
— Qu’est-ce que tu fous, fuckin’dreads ? murmura Hiruma dans le dos d’Agon.
— Tu ne me laisses pas le choix, bâtard, répliqua ce dernier sur le même ton, pour ne pas que Marco les entende. Si Anezaki ne t’a pas désigné comme chef, c’était pour t’éviter d’être une cible. Tu ne t’en rends toujours pas compte ?
Hiruma ouvrit ses grands yeux de choc. Ce fut à ce moment que la perte de Mamori le frappa de plein fouet. Agon lui donna le coup de grâce à voix haute :
— C’est pour toi qu’elle a créé Saikyoudai. C’est pour toi qu’elle s’est mise dans le viseur de tous les gangs de Tokyo. C’est sa dernière volonté : protéger son digne successeur, le leader de Saikyoudai, Hiruma Yoichi.
Tous regardèrent Hiruma qui expirait bruyamment. Finalement une voix rocailleuse se fit entendre.
— C’est donc ça, fit Gao Rikiya, toujours aux prises avec Kurita. Si Hiruma Yoichi est une menace pour l’avenir de Hakushu, alors il n’y a qu’une solution.
Avec un hurlement de rage, il projeta Kurita sur le côté et chargea Hiruma. Ce fut comme une mêlée, l’ensemble de Deimon et de Saikyoudai se jeta sur Gaô. Mais même à plusieurs, ils avaient de grandes difficultés à le maîtriser.
— Merde, grogna Jumonji. Il faut que tu dégages d’ici !
Mais Hiruma n’avait pas l’intention d’aller où que ce soit. Pas sans se battre. Un vrombissement se fit entendre au loin et tout à coup, les projecteurs du port se braquèrent tous sur eux, aveuglant tout le monde. En deux minutes, les motos de Zoguto encerclèrent Saikyoudai. Meg fit claquer son épée de bois et tonna :
— Qu’est-ce que vous foutez ici, Hakushu ?
— Evidemment, soupira Marco, nullement impressionné. Il fallait que la chienne de garde d’Anezaki se montre.
Son sourire condescendant disparut quand une bombe fumigène explosa derrière eux, laissant apparaître Juri Sawai et Kotaro Sasaki ainsi que le reste du gang Bando Spiders.
— C’est pas très smart de se battre à Kyôshin, fit remarquer ce dernier en se recoiffant.
— Akaba ! dit Juri. Bando est là pour te soutenir.
Ce dernier eut un petit sourire.
— Nous avons tous la même mélodie, commenta-t-il.
Mais ce n’était pas fini. Marco se décomposa quand il vit d’autres membres de gangs venir : Teikoku Alexanders, avec à leur tête Habashira Rui, qui représentait Karin Koizumi, resté à Osaka.
— Si la sécurité du leader de Saikyoudai est compromise, Teikoku se devra d’agir, conformément aux termes de notre alliance, déclara Habashira.
— Mais… Mais qu’est-ce que c’est que ça ? hurla Maria.
— Tu as mal joué tes cartes, Maria, répliqua Meg. Tu as cru qu’Anezaki Mamori seule représentait Saikyoudai, et que la neutraliser était suffisant. Mais tu as tout faux.
— Quoi ? balbutia Maria.
— Ce qu’elle a fondé est plus grand qu’elle-même et va au-delà d’un simple réseau d’alliances stratégiques, révéla Juri Sawaii, c’est une famille.
Hakushu était encerclé. Acculé au bout du mur. Jamais un gang ne pourrait tenir face à six autres.
Marco calcula ses chances de réussite. Au début, elles étaient de 99.99%. Et elles étaient descendues à zéro.
— Rendez-vous, avant qu’il y ait un carnage, prévint Habashira. Même Gaô ne sera pas suffisant pour te protéger.
Marco serra les poings, hésitant à tuer Hiruma.
Plusieurs secondes passèrent, puis…
Il laissa tomber son arme.
— J’abandonne…
.
.
.
— C’est pas vrai ! Hakushu est vaincu ! hurla Jumonji.
— OUAIS !
Sena sautait de joie, puis fut le premier à remarquer l’essentiel :
— Hein ? Où est Hiruma ?
.
.
.
Quelques heures plus tard.
.
.
.
— Vous adorez venir ici, vous, commenta l’infirmière Oka à l’intention d’Agon en resserrant le bandage d’Hiruma.
— Surtout lui, dit Agon. Je suis bien trop intelligent pour me salir les mains.
— Fuckin’dreads, tu t’es démis l’épaule en essayant d’arrêter ce fuckin’tank de Gao.
— Et je m’en suis mieux sorti que toi.
Hiruma eut un sourire, puis vit Agon lui laisser une veste de leader.
— Pauvre bâtard, grommela-t-il. A cause de toi, tout a failli foirer. C’est à peine si j’ai pu contenir Marco avant que les autres n’arrivent en renfort.
— Fuckin’dread… tu aurais pu me mettre dans la confidence au lieu de jouer les fuckin’drama king.
— Si je l’avais fait, tu aurais écouté ?
Hiruma prit sa mitraillette et se leva, prêt à sortir de l’hôpital.
— Où tu vas ?
— ….
—…
— La fuckin’infirmière qui m’a emmené à la morgue…, commença Hiruma.
Agon ne dit rien.
— C’est la fuckin’strip-teaseuse qui traînait avec Kaoru Hatsujo, n’est-ce pas ?
— Elle a toujours voulu être une actrice, répondit Agon en haussant les épaules.
Hiruma partit dans un rire nerveux.
— Cette fuckin’manager… cette FUCKIN’MANAGER ! fit-il au milieu de son rire hystérique. Evidemment, quel meilleur duo qu’avec un leader qui connaît toutes les drogues sur le bout des doigts ?
Agon ne répondit pas.
— Un dérivé d’anesthésiant ? demanda Hiruma.
— Plus ou moins. A forte dose, il ralentit considérablement les fonctions cardiaques pour un court moment, jusqu’à rendre le pouls presque imperceptible. Du moins, ça peut réellement entraîner la mort si l’on n’agit pas avec un défibrillateur rapidement.
— Kekekekekeke… C’est donc pour ça que cette fuckin’manager d’Ojo m’a dégagé de la morgue.
Il y eut un silence, puis…
— Où est-elle ? demanda Hiruma.
— Morte, soutint Agon.
Il se posta devant Hiruma.
— Morte pour toi, pour Saikyoudai, pour le monde des gangs. C’est pour ça qu’il y a un certificat de décès à son nom. Anezaki Mamori est morte . Et c’est ton devoir, en tant que leader de Saikyoudai, de prendre en main ce qu’elle t’a légué.
— Elle m’a bien roulé, cette fuckin’manager.
— Juste assez longtemps pour qu’il soit certain que tu ne tournes pas le dos à tes nouvelles responsabilités.
Hiruma eut un sourire. Agon remit ses lunettes et dit :
— Elle te connaît bien. Elle sait bien que jamais tu ne passerais à côté d’une telle opportunité. C’est ce que tu es, Hiruma. Alors profite de son dernier cadeau. Etre un leader vient avec des sacrifices, et c’est parce que je ne suis pas prêt à en faire que je ne peux pas en être un. Pour toi, le sacrifice, c’est Anezaki Mamori.
Hiruma prit la veste qu’il enfila et sortit de la chambre d’hôpital. Tous les membres de Saikyoudai l’attendaient dehors. Il les jaugea pendant un moment, puis :
— Qu’est-ce que vous regardez tous, fuckin’minions ? On a le procès de ces fuckin’Hakushu Dinosaurs à préparer.
— Bien, chef ! dirent-ils tous en chœur.
Et tous suivirent le nouveau leader de Saikyoudai alors qu’il empruntait le couloir sa mitraillette sur l’épaule, un sourire aux lèvres.
Chapter 24: Epilogue
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
— Je vous en prie, asseyez-vous, pria M. Harada en lui offrant un siège dans la salle des professeurs.
Son air empressé et désireux de plaire était naturel, tant il était rare de voir une parente d’élève aussi belle. Ses cheveux naturellement châtains qui tiraient sur l’auburn, ses yeux bleus. Impossible qu’elle soit complètement japonaise. Qu’est-ce qu’elle était belle et sophistiquée.
— Vous êtes la mère d’un de mes élèves, n’est-ce pas ?
— Je suis la mère d’Ayano, dit l’invitée.
Le professeur Harada eut une expression choquée.
— Ayano… ? Vraiment ?
Il se reprit quand la jeune femme répondit d’une voix faussement gênée :
— Ah… J’espère que ma fille ne vous a pas causé trop de problèmes.
— Eh bien, répondit le professeur Harada. En réalité, Ayano a eu beaucoup de difficultés les deux premières années.
— Je suis vraiment désolée et confuse. Ma fille a dû passer beaucoup de temps livrée à elle-même. A cause de mon travail, nous avons repris contact très récemment.
— Ah non, ne vous inquiétez pas, se reprit aussitôt le professeur Harada, ses progrès ont été spectaculaires.
Il retira un dossier d’une pile qu’il lui tendit en s’inclinant. Sans cesser de la regarder, il prit à nouveau place en face d’elle.
— Beaucoup d’entre nous pensaient qu’Ayano allait échouer ses examens de milieu d’année, mais surprenamment, elle s’est classée la première.
La mère eut un sourire qui réchauffa le cœur de tous les professeurs présents dans la salle, qui ne purent s’empêcher de la regarder du coin de l’œil.
— Puis-je aller la voir ?
— Ah, désolée, Madame… les visites en dehors de la salle des professeurs ne sont pas permises.
Mais les grands yeux bleus tristes de cette femme somptueuse eurent bientôt raison de lui.
.
.
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Ayano était en train de nettoyer le plan de travail du club de cuisine, où elle était membre.
— Alors, comme ça, on a même rejoint le club de cuisine ? dit une voix vers l’entrée.
Ayano tourna la tête et son expression devint féroce.
— Oh, c’est vous.
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Flash-Back
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— L’officialisation de la fusion-acquisition se fera demain à 14 heures, dit Mamori au téléphone. Evidemment, nous resterons tous les deux les actionnaires majoritaires, donc aucune décision ne sera prise indépendamment.
Elle remontait une allée pentue jusqu’à son appartement au cœur du quartier de Naga.
— Je n’aurai jamais cru qu’un jour nos deux entreprises pourraient s’allier, répondit Musashi au téléphone.
— Ton père doit être fier de toi, rit Mamori en ajustant ses lunettes de soleil. Lui qui pensait que tu finirais ta vie en vagabond…
— Il le serait certainement si Deimon et Saikyoudai n’arrêtaient pas de passer dans les environs. Il suspecte toujours que Takekura a des activités illégales.
— Qui pourrait le blâmer ? La vie de gang ne s’efface pas aussi rapidement… sauf si on simule sa mort, bien sûr.
— Fais quand même attention, prévint Musashi. On peut te reconnaître, tu as été la cheffe de gang la plus notoire de Tokyo… probablement même du Japon. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi tu as décidé de t’installer à Naga. Etre aussi proche des gangs est risqué.
— Ne t’inquiète pas pour moi, le rassura Mamori. Même si on me reconnaît, il n’y a pas grand-chose qu’ils puissent faire sans représailles. Et puis, il faut plus qu’un grand colosse et des mitraillettes pour m’impressionner.
Ils discutèrent quelques temps, puis Mamori finit par raccrocher. Le soleil tapait fort, aujourd’hui, aussi décida-t-elle de presser le pas pour rentrer chez elle. Elle passait devant un combini quand elle entendit quelqu’un siffler :
— Hn… non, mais regarde-la celle-là, pour qui elle se prend ?
— Elle s’est crue à Paris ?
En temps normal, Mamori n’aurait jamais accordé d’attention aux jaloux qui critiquaient son tailleur sophistiqué et ses chaussures à talons aiguilles. Mais cette fois, elle vit un groupe de quatre jeune filles, de toute évidence des lycéennes, qui l’on en jugeait leurs jackets. Chacune avait les cheveux teints ainsi qu’un eye-liner particulièrement prononcé. Mamori nota également que le dos de leur jacket portait l’inscription de ce qui était probablement le nom de leur gang.
— Ohé la vieille ! T’as quelque chose à dire ?
Pendant qu’elle les détaillait, les quatre filles s’étaient levées et avaient abandonnés les bols de nouilles instantanées qu’elles venaient d’acheter.
— Oh, Ayano, regarde son sac, nota l’une d’elle alors que Mamori se voyait encerclée. « Chanel », il doit valoir très cher.
— Ohey, toi, répliqua une dénommée Mitsuko en se rapprochant de Mamori pour l’intimider, tu sais que ce n’est pas conseillée de se pavaner comme ça ici.
Mamori cligna des yeux.
— Vraiment ? Et qui le dit ?
— Tch, tu ne sais pas qui nous sommes ? ricana la dénommée Ayano. Ici, c’est notre quartier. Alors tu vas bien gentiment nous donner ton sac.
Mamori baissa la tête vers son sac.
— Votre quartier, hein ?
Les quatre filles cillèrent, surprises par le ton employé par cette jeune femme. Ses yeux bleus avaient viré tout à coup d’une expression de confusion à un sourire démoniaque.
— Et si on faisait un jeu ? s’enquit-elle. Je vous challenge : votre chef, contre moi !
Toutes les filles éclatèrent de rire.
— T’es pas sérieuse ? s’écria une des filles, hilare. Hey, arrête de t’embarrasser !
L’une d’elle voulut pousser Mamori, mais à sa grande surprise, la nouvelle directrice exécutive de Takekura Constructions s’avança.
— Et donc quoi ? Tu as peur ? Si tu gagnes, je te laisse mon sac Chanel. Si je gagne…
Elle laissa sa phrase en suspens, sachant pertinemment que la jeune délinquante était bien trop naïve pour savoir réellement dans quoi elle s’embarquait et que l’appât d’un sac de marque seul suffirait à intéresser la chef. Et ça ne rata pas.
— Okay, répondit Ayano. Qu’est-ce que tu veux faire, comme challenge ?
Mamori sourit.
— Session de tir, proposa-t-elle, en pointant les nombreuses cannettes de bière abandonnées sur l’une des tables en plastique devant le combini. Quatre essais pour toucher le plus de canettes possibles.
Ayano éclata de rire, mais accepta.
Elle lança des cailloux et réussit à faire tomber sept cannettes.
— Wow, comme on s’y attendait, Ayano est très douée, siffla Mitsuko, admirative.
— Tu ne vas pas gagner, madame, répliqua la cheffe de la bande. Je suis une experte en lancer. Je peux faire tomber deux canettes en un seul coup.
— Voyez-vous ça, murmura Mamori.
— Comme si vous pouviez faire mieux, rétorqua une autre fille.
Mamori farfouilla dans son sac.
— Laissez-moi vous apprendre une leçon de vie, les filles…
Elle en retira un pistolet automatique MP5 et toutes les lycéennes reculèrent avec un hoquet d’effroi.
— Ne laissez jamais votre adversaire fixer les règles du jeu, énonça Mamori avec un grand sourire malin.
Et elle actionna la gâchette, vidant le chargeur.
Toutes les canettes vides tombèrent par terre, sous les yeux effarés des lycéennes. La caissière du combini sortit en courant.
— Non, mais ça va pas ?! hurla-t-elle de colère. Qu’est-ce qui… mais est-ce que… c’est…c’est une arme ?! s’écria-t-elle en pointant le doigt vers l’arme de Mamori.
Celle-ci lui fit son sourire le plus innocent et eut un petit rire haut perché.
— Bien sûr que non, voyons ! C’est un jouet pour effrayer les filles, dit-elle. Rentrez vous occuper de vos clients à l’intérieur, je m’occupe du reste.
Aucune des filles ne bougea ni ne pipa un mot alors que la vieille femme rentrait après une brève hésitation. L’ombre de Mamori dominait Ayano qui recula d’effroi.
— Bien, maintenant que j’ai gagné, il est temps d’avoir ma récompense, n’est-ce pas ?
Elle tendit la main vers Ayano.
— Ta place de leader, déclara-t-elle.
— Mais… Mais vous ne pouvez pas… !
— J’ai droit à ce que je veux, répliqua Mamori. Et je veux ta place de leader de groupe. Ou bien n’as-tu pas d’honneur ?
Refoulant ses larmes de rage, Ayano retira lentement sa longue veste brodée de chef de gang et la tendit à Mamori.
— Bien, comme premier mandat en tant que leader, voici mes règles : plus de harcèlement, plus de racket et plus d’insultes de votre part.
— C’est… ! protesta Mitsuko.
— Silence ! coupa Mamori en lui jetant un regard noir.
Elle s’avança lentement d’une démarche chaloupée vers Ayano qui gardait la tête baissée.
— Tu veux récupérer ta place ? demanda la jeune femme d’affaires. Tu le peux. Il suffit de faire une chose.
Aucune des filles ne répondit.
Mamori regarda leurs uniformes.
— Vous venez du lycée Deimon, n’est-ce pas ? Si vous voulez récupérer votre précieux uniforme de gang, vous allez devoir être parmi les premières au classement final de Deimon à la fin de l’année.
— Eh ?!!!!!!!!!!! s’écrièrent les quatre filles en même temps.
Jamais elles ne s’étaient attendues à ce genre de requête.
— Si vous voulez être capable de racketter, insulter et harceler à nouveau, vous allez devoir piquer la première place au classement de Deimon. Toutes les quatre , insista Mamori. Cela inclut les points d’assiduité, les points de discipline et tous les examens.
— Jamais on ne fera une chose pareille, cracha Ayano avec haine.
Mamori haussa un sourcil.
— Comme tu veux. Dans ce cas, préparez-vous à être mes esclaves jusqu’à la fin de vos vies.
Et elle tourna les talons en continuant d’une voix moqueuse :
— De toute façon, ce n’est pas comme si vous pouviez le faire.
La directrice d’entreprise compta mentalement jusqu’à trois dans sa tête et dissimula un sourire de victoire quand la chef déchue dit :
— Attendez !
—...
— C’est d’accord…
— Ayano, tenta Mitsuko.
— C’est d’accord ! Si j’arrive à être la première au classement à la fin de l’année, vous me rendrez ma place de leader.
— Toutes les quatre, rétorqua Mamori.
— Je ne vous laisserai pas nous imposer toutes les règles, répliqua Ayano au tac-au-tac.
La jeune fille sentit une aura particulière la parcourir alors que Mamori lui lançait un regard malin.
— Tu apprends vite, gamine.
Et elle reprit sa route :
— On se retrouvera ! lança-t-elle par-dessus son épaule.
.
Fin du Flash-Back
.
Depuis leur dernière rencontre, Ayano avait bien changé. Elle avait arrêté de se teindre les cheveux et enlevé ses piercings. Son maquillage autrefois chargé était maintenant inexistant, puisque le club de cuisine avait des règles strictes. Mamori se retint de cacher sa satisfaction. La jeune fille qu’elle avait prise malgré elle sous son aile avait un air féroce qu’elle se souvenait avoir vu chez beaucoup beaucoup de membre de gangs. Il fallait jouer sur son air passionné.
— Est-ce que tu as triché ? demanda-t-elle.
— Non.
— Ton professeur principal ne semble pas aussi certain que toi.
— Je n’ai pas triché, soutint Ayano. Aucune de nous n’a triché d’ailleurs.
Mamori hocha la tête, puis lui présenta la veste qu’elle lui avait prise bien des mois auparavant.
— Si tu as honoré ta part du contrat, alors j’honorerai la mienne.
Ayano tendit la main vers la veste, puis la laissa tomber.
— Je n’en ai plus besoin. J’ai d’autres aspirations maintenant.
— Oui, ton professeur m’a parlé de tes ambitions…
— Je veux être cheffe et ouvrir mon propre restaurant de sushis.
— Une femme itamae ? répondit Mamori. Voilà qui est surprenant.
— Pourquoi ? répliqua Ayano d’un air féroce. A cause de ces croyances, comme quoi les mains des femmes sont trop petites ou trop chaudes pour confectionner les sushis et qu’on ruine la fraîcheur du poisson ? Ou bien le mythe selon lequel notre perception du goût change quand on a nos règles ? Qu’ils aillent se faire foutre ! Je vais leur montrer qui a un problème de goût !
Elle fulminait, comme si elle était prête à ce que Mamori essaie de minimiser ses ambitions. Celle-ci ouvrit son sac et farfouilla à l’intérieur en disant :
— L’été arrive bientôt, et la Tokyo Sushi Academy offre des cours d’été pour former à la fabrication de sushi. C’est une classe d’élite, qui sera formée lors de leur concours. Des milliers de candidats devront s’affronter pour cette occasion. Si tu as une équipe et si vous êtes motivées…
Elle lui tendit les documents de candidature. Ayano examina la feuille et Mamori reprit la veste qu’elle balança négligemment en travers de son épaule en disant :
— A toi de voir.
— Pourquoi vous faites tout ça ?
Mamori se retourna et elle lui montra sa veste :
— Comme tu as refusé de reprendre ta veste, je suis toujours la cheffe des Devil Bats. Et en tant que cheffe, tu es toujours sous ma responsabilité.
Et elle sortit, un petit sourire aux lèvres avant de prendre son téléphone. Il lui faudrait appeler Kurita pour qu’il puisse s’occuper de cette histoire de concours. Après tout, la Tokyo Sushi Academy appartenait à Naga, puisque c’était une prestigieuse école qui passait de génération en génération la préparation authentique et ancestrale du sushi.
— Mme Nanahara ?
Il fallut un peu de temps à Mamori pour se rendre compte que c’était elle qu’on appelait.
— Ah, désolée, répondit-elle d’une voix mielleuse. J’étais perdue dans mes pensées.
— Je voulais simplement vous dire que votre mari vous attendait près du terrain de football américain.
— Mon mari ? Mais…je n’ai pas…
Le professeur Harada tentait de garder une posture neutre, mais Mamori pouvait sentir qu’il était terrifié. Aussi n’eût-elle pas besoin d’en savoir plus.
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— Encore une fois, on se retrouve sur les gradins d’un terrain de football, nota Mamori.
— Kekekeke…depuis quand tu as une fille, fuckin’manager ?
— Depuis quand tu es mon mari ? répondit-elle au tac au tac.
Il n’avait pas changé. Alors que les chefs de gangs aimaient arborer un style classique et chic, Hiruma optait pour le sobre T-shirt noir. Enfin… sobre, si on excluait sa mitraillette, ses cheveux blonds, ses piercings et son sourire carnassier. Mamori regarda autour d’elle, mais il n’y avait aucun garde du corps aux alentours.
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle.
Il se tourna vers elle :
— J’ai entendu dire que tu travailles avec ce fuckin’vieux.
— Musashi ? En quelque sorte. Nous avons toujours été un bon tandem.
— Kekeke… j’ai une meilleure offre à te proposer fuckin’manager.
Mamori haussa un sourcil alors qu’il lui tendait un dossier. Celle-ci le prit et l’ouvrit avant de constater avec étonnement :
— Tu as acheté un nouveau club de football américain professionnel.
— Je comptais revenir aux bases, ricana Hiruma.
Mamori consulta le dossier, puis se rendit compte de quelque chose.
— Tu l’as acheté au nom de… la société Wizards. C’est la société que j’ai créée…
— Pour cacher les activités illégales du gang, compléta Hiruma. Je compte blanchir une partie de mon business.
— Pourquoi ? demanda Mamori, toujours plongée dans la lecture du dossier. Le marché noir te rapporterait bien plus.
— Oh, je pense que légitimer une partie de mon business me sera favorable dans le futur. Et puis, sortir des activités de gang me permet de contourner la loi selon laquelle nous ne pouvons pas nous mêler de la politique.
— Intéressante approche, commenta Mamori d’un ton machinal en refermant le dossier d’un coup sec. Mais pourquoi être venu me dire tout ça ?
— Ma société a besoin d’une directrice exécutive.
— Ah…Et tu as donc pensé à moi pour mes compétences ?
Mamori se tourna pour le fixer, mais il ne la regardait pas.
— Ose me dire que c’est uniquement pour le travail, Yoichi, le défia-t-elle.
Elle n’eut aucune réponse et soupira en posant le dossier sur le banc derrière eux.
— De toute façon, je suis assez occupée en ce moment. Je n’ai ni le temps, ni l’envie de travailler pour ton entreprise.
— Oh ? Et qu’est-ce qui est arrivé à ta promesse, fuckin’manager ? Tu me l’avais promis, non ? Que nous serions réunis dans la victoire.
Il osa enfin la regarder dans les yeux.
— Saikyoudai est le gang le plus influent de toute la ville. Nous avons gagné, fuckin’manager.
— Tu as gagné, rectifia Mamori. Et ma réponse est toujours non. Je crois qu’il est temps pour moi de sortir de ton ombre.
Elle lui adressa un sourire confiant.
— Me construire moi. Avoir une carrière, des enfants, peut-être même un compagnon de vie qui ne nage pas dans des affaires douteuses, fit-elle remarquer en haussant un sourcil.
— Kekekeke, et tu penses pouvoir juste tourner la page ?
Mamori sourit et se rapprocha de lui et posa une main sur sa joue.
— Quelqu’un qui arrive à légitimer un peu ses activités, c’est déjà un début. Mais il t’en faudra beaucoup plus pour me persuader.
Et elle tourna les talons en lançant par-dessus son épaule.
— Tu as du boulot à faire, Yoichi.
Il la regarda enfiler la veste qu’elle avait tenté de rendre à Ayano, une veste noire avec marqué derrière en rouge « Devil Bats ».
— Kekekekekeke, attends de voir par toi-même, fuckin’manager.
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Quelques mois plus tard, Yukimitsu Manabu fut nommé à la tête de la société Wizards, qui s’allia étroitement à Takekura Constructions. Mamori vendit quelques parts de ses actions chez Takekura à Musashi pour récupérer les dividendes nécessaires à lui faire lancer sa propre entreprise culinaire deux ans plus tard. Elle conclut un partenariat avec la Tokyo Sushi Academy en offrant chaque année une bourse à un étudiant venant d’un milieu défavorisé, une initiative qui lui valut une bonne publicité.
Quelques mois plus tard, elle accoucha d’une fille qu’elle appela Katsu. Kurita se promit de la protéger à tout prix et, dès qu’elle commença à aller à Deimon Elementary School, il s’assura qu’elle ait toujours plusieurs bentôs délivrés pour elle à l’école par les meilleurs chefs traditionnels, dont une certaine Ayano Nanahara, ce qui la rendit très populaire auprès de ses camarades. Mamori eut beau lui dire que c’était inutile, que celui qu’elle faisait pour elle tous les matins était suffisant, mais il insistait.
— C’est pour ses amis, voyons ! Et puis, c’est dans l’ordre naturel des choses que je m’occupe d’elle aussi, déclara-t-il un jour qu’il vint rendre visite à Musashi à Takekura Constructions.
— Katsu, comme « victoire », hein ? demanda Musashi en tirant sur sa cigarette. Pourquoi ce choix de prénom ?
Mamori révisait un rapport pour la réunion du conseil d’administration - étant toujours actionnaire de Takekura Construction – et esquissa un petit sourire à la question.
— Parce que c’est seulement lorsque dans la victoire que nous nous retrouverons, répondit Mamori. C’était notre promesse.
Musashi eut un petit sourire.
— Elle ne connaît pas son père, hein ?
— C’est moi son père, répondit Mamori d’une voix catégorique. Je suis la seule personne capable d’assumer ce rôle. Mais peut-être qu’un jour il le sera aussi.
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A quelques kilomètres de là, à Deimon High, Katsu sortait de l’école pour rentrer à la maison. Elle passa, comme à chaque fois, devant le combini ou parfois traînait quelques hommes saouls. L’un d’eux, particulièrement ivre, jugea pertinent de la suivre. Mais au moment où il se leva et fit quelques pas pour tenter de la suivre, fut stoppé net en ressentant derrière lui une aura démoniaque.
Il se retourna, eut un hoquet de surprise et tomba à la renverse dans la rue.
L’ombre démoniaque suivit Katsu et s’assura qu’elle rentrât sans encombre.
Un jour proche, il en était certain, elle viendrait le confronter. Elle l’avait déjà repérée, c’était évident. Même à un âge aussi jeune, elle n’avait peur de rien et était aussi perspicace que lui.
Mais ce n’était pas une surprise pour Hiruma : après tout, c’était sa fille.
Notes:
J’ai beaucoup à dire concernant cette fanfiction. Il s’agit sans conteste de ma fanfiction préférée dans la catégorie Eyeshield 21. A l’époque, en 2014, quand je l’ai commencée, j’avais pour but qu’elle soit ma dernière fanfiction Eyeshield, avant que je ne ferme définitivement la porte à ce forum. La fanfiction devait être parfaite, lue et relue, chaque chapitre mis dans un dossier différent. Le point central de l’histoire, comme le montre les premiers chapitres, étaient la romance Hiruma et Mamori. La fanfiction devait initialement s’arrêter après le chapitre 14, avec une fin bien juteuse de lemon et bien cliché, ou Hiruma et Mamori, après l’explosion de l’entrepôt Naga, fuyaient ensemble et vivaient heureux sur son île privée, le Hadès. Ah oui, mais que voulez-vous, tant de tensions sexuelles entre ces deux là…
Mais voilà, les années passent, et je change. Je change dans ma manière d’être et quand je regarde les épisodes d’Eyeshield par nostalgie, je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses avec lesquels je ne suis plus d’accord avec la manière dont je l’ai présentée dans ma fanfiction : des mécaniques clichées et sexistes, une hypersexualisation du personnage de Mamori, qui ne sert finalement que de sex-interest alors qu’elle est le personnage principal. Même le titre initial de la fanfiction ne lui donnait pas une identité à elle : « Moi, Anezaki Mamori, FEMME DE yakuza ».
D’où un virement à 180 degrés quelques années plus tard. Mamori, au lieu d’être l’amoureuse transie, apprend de son aventure et devient la cheffe de Saikyoudai. Elle s’affirme en montrant ses talents de stratège pour garder tout le monde dans les rangs. Les femmes du manga, originellement créée pour être les love-interest ou encore tenter de ne pas faire trop monter le Yaoi-o-mètre occupent des places bien plus importantes et certaines sont même des leaders-nées.
Et la fanfiction continue donc. Avant de s’essoufler à nouveau. S’il n’y avait pas eu l’intervention de gauthannja en proposant un travail de traduction de ma fic en anglais, je pense que j’aurais encore mis des années à la terminer. C’est pour ça que c’est à elle que je dédie la fanfic.
Je suis fière de ce monde que j’ai créé, et j’ai tellement adoré développer ce monde de gangs, les alliances, les coups bas, les spécificités de chaque bande de criminels que finalement, le point noir de ma fanfiction devenait la raison pour laquelle elle existait en premier lieu : bien sûr, je ne regrette pas qu’Hiruma et Mamori soient ensembles à la fin. J’aime cette fic, du début à la fin. Elle est le parfait exemple de ma transition dans la vie. Et je l’aime tellement, ce monde de gangs, que je sais que d’une façon ou d’une autre, j’y reviendrai occasionnellement.
Je vous retrouverai sans doute un jour pour la suite !
En attendant, je vous laisse avec un récapitulatif de tous les gangs présents dans la fanfiction ainsi que leurs fonctions.
Chapter 25: Présentation des gangs
Chapter Text
Amino Cyborgs
Les Amino Cyborgs sont spécialisés dans la médecine, les drogues dites « licites » dans les pays occidentaux et le dopage. Deimon avait étroitement collaboré avec eux à l’époque où Hiruma faisait des paris sur les matchs de football américains. Cette pratique avait d’ailleurs contribué à sa rencontre et confrontation avec Anezaki Mamori, alors membre de comité de la répression des fraudes. Suite à plusieurs tensions, notamment le fait qu’Hiruma ait arrêté de faire affaire avec eux pour trafiquer les matchs de football américains, les Amino Cyborgs ont tenté de s’en prendre aux membres du comité, sans succès. Ils sont très rancuniers de Deimon – et par la suite de Saikyoudai – et ont dû par la suite diversifier leurs activités : Outre le fait d’avoir la pointe de la médecine, ils sont également spécialisés dans les explosifs, ce qui fait d’eux des concurrents direct de Zoguto et des Scorpions. Les
Amino Cyborgs sont un gang neutre: lors d’un conflit, ils ne prennent pas parti et sont capables de fournir les deux parties pour augmenter leurs profits. Cette position qu’ils assument ouvertement les rend peu digne de confiance et, de ce fait, aucun gang n’est officiellement allié à eux.
Bando Spiders
D’abord sous la direction d’Ayato Akaba, puis de Juri Sawai après le départ de celui-ci pour le gang Saikyoudai, les Bando Spiders ont la main mise sur toute l’industrie du divertissement, notamment en ce qui concerne la musique. Ils sont des actionnaires majoritaires dans toutes les plus grandes agences de J-pop et de J-rock, et leurs fonds sont indispensables pour la tenue de festivals musicaux et même des tournées mondiales. Les compagnies sont obligées de s’appuyer sur eux, puisqu’ils sont également à l’origine de tous les plans de marketing et la fabrication (à moindre coût) de goodies, merchandising grâce aux usines qu’ils ont acquis à Taiwan.
On raconte qu’ils profitent de leur monopole dans le monde de la musique pour pénétrer le marché coréen. Les Bando Spiders sont également en négociation avec le gang Koigahama Cupid pour étendre leurs activités aux Chika Idols.
Deimon Devil Bats
Originellement créée par Doburoku, Deimon voulait d’abord faire sa fortune par des placements en bourse stratégiques ainsi que les corruptions d’événements sportifs. Cependant, Deimon se trouva en difficulté après que le chef intérim Yuya Hiruma commença à faire des investissements risqués, rendant Deimon affaibli et particulièrement vulnérable.
Suite à l’intervention du comité de la répression des Fraudes en la personne d’Anezaki Mamori, qui avait grillé la couverture d’Hiruma Yuya, Doburoku le retira de la tête de Deimon, jugeant ses actions trop risquées pour le futur du gang. Ce fut son fils, Hiruma Yoichi, initialement parti pour être recruté à Naga (ne voulant pas être dans le même gang que son père qu’il considérait comme un raté) qui reprit la tête.
Il décida de se retirer du monde des paris et commença un réseau de chantages qui s’étendit rapidement nationalement. Hiruma visait surtout les grands chefs d’entreprise, les partis politiques et les banques.
Cependant, si Deimon avait sous la main les plus grands dirigeants du pays, il restait un gang vulnérable et peu efficace vis-à-vis des attaques des autres gangs, ce qui le força à forger des alliances avec Seibu pour se fournir en armes et organiser sa défense.
Deimon est le meilleur pour la recherche d’informations compromettantes. Après le départ d’Hiruma Yoichi, Anezaki Mamori plaça Sena Koboyakawa à la tête de Deimon et plaça le gang sous la direction de Saikyoudai.
Dokubari Scorpions
Fondé par Sasuke Kanaguchi, Dokubari Scorpions était sous la coupe de Deimon après qu’Hiruma Yoichi ait réussi à faire chanter son chef. Sasuke Kanaguchi rêvait d’argent facile et se tourna, comme beaucoup d’autres gangs, dans le trafic de drogues et dans le règlement de comptes. Ils effectuaient de temps à autre des sales boulots pour des hauts-placés, ce qui constituait une façon optimale pour Hiruma d’avoir des informations compromettantes et étendre son réseau de chantages.
Sasuke avait pour plan de s’allier à Naga afin de prendre en tenaille son concurrent direct, Zokugaku, plus tard renommé Zoguto. Mais suite à l’effondrement de Naga et Dinosaurs, ainsi que la réforme du gang Dokubari par la cheffe de Saikyoudai Anezaki Mamori, Sasuke Kanaguchi se vit contraint d’être aux ordres de son ennemi juré, le gang Zoguto.
Il refusa et commença une résistance vis-à-vis de l’ordre établi par Megu Tsuyumine, (nouvelle cheffe de Zoguto après le départ d’Habashira Rui), ce qui résulte de tensions encore non résolues aujourd’hui.
Hakushū Dinosaurs
Connu comme initialement l’un des gangs les plus puissants de Tokyo, Dinosaurs fait sa réputation autour du terrible tueur à gages Rikiya Gao. Ce dernier est le plus féroce des gardes et tueurs du Japon, et son travail à lui seul à suffit à faire la fortune de Reiji Maruko, alias Marco, le chef de Hakushu. Ce fut par son régime de terreur que Hakushu put « recruter » bon nombre de membres. Hakushu Dinosaurs a surtout la main mise sur l’économie. Ils contrôlent certaines entreprises gouvernementales, mais leur spécialité reste l’extorsion : toute personne, des petits chefs d’entreprises aux grands cadres, peuvent être visés.
Ils gagnent en influence grâce à leur alliance exclusive avec les Nagas, connu comme l’un des gangs les plus puissants avant la prise de pouvoir par la cheffe de Saikyoudai Anezaki Mamori. Suite à leurs crimes, notamment le fait de briser le code d’honneur des gangs, Reiji Maruko est démis de ses fonctions, mais gardé dans le gang, officiellement pour ses capacités de négociation, officieusement parce qu’il est le seul capable de se faire entendre par Gaô. Anezaki Mamori nomma Maruko Himuro, alias Maria comme cheffe de Hakushu Dinosaurs, et plaça certains de ses espions pour surveiller les actions du gang.
Cependant, Maria s’associa avec Marco et tous deux décidèrent de renverser Saikyoudai en profitant de la bataille entre les gangs Yûhi Guts et Koigahama Cupids pour le Devil Diamond. Hakushu prit le contrôle du gang Yûhi Guts et vendit le Devil Diamond pour une somme colossale qui leur permit de se fournir en armes et en drogues. Le but était cette fois de ne pas se mettre en avant, mais de faire chanter Anezaki Mamori en capturant son petit ami Shuhei Suzuki afin qu’elle annonce Kongo Agon comme chef de Saikyoudai intérimaire en attendant l’arrivée de la vraie cheffe, une certaine Marina. Les autres gangs croiraient qu’Agon avait trahi le code d’honneur des gangs et l’auraient neutralisé, ce qui donnerait la gouvernance de Saikyoudai à Marina, la fille à naître de Maria et Marco. En attendant qu’elle soit en âge, Marco deviendrait ainsi le chef de Saikyoudai selon le code d’honneur des gangs.
Hélas, leur plan échoua quand ils crurent à l’exécution d’Anezaki Mamori, (les faisant relâcher l’otage Shuhei Suzuki) ainsi que le retournement de veste d’Agon. Hakushu fut dissolu et son territoire divisé entre Saikyoudai, le nouveau Nagas et Seibu. Marco et Maria furent envoyés dans des prisons séparées et Rikiya Gao joignit Naga sous la direction de Kurita Ryokan, le seul ayant pu le vaincre au combat.
Hashiratani Deers
Hashiratani Deers était un gang minuscule qui n’avait pas réellement de territoire désigné avant la prise de pouvoir de Naga par Kurita Ryokan. Kurita voue un immense respect à Onihei, le leader des Deers depuis que celui-ci l’a inspiré à rejoindre le monde des gangs et à se battre pour ses idéaux. En devenant chef de Naga, Kurita accorda à Deers une zone comme territoire et annonça que Naga serait à la disposition de Hashiratani Deers, sous la condition que le gang ne bascule pas dans des activités « non-éthiques ».
Malgré sa force et son potentiel, Hashiratani Deers a évoqué le souhait de rester volontairement petit et choisit une zone industrielle abandonnée et sans valeur comme territoire, uniquement dans le but d’offrir un repère aux gens dans le besoin. Ils ne sont pas spécialisés dans un domaine en particulier, si ce n’est que de l’entraînement physique et des leçons de persévérances envers les jeunes défavorisés.
Deers n’offre aucun challenge pour les autres gangs et ne sont pas la cible d’attaques particulières. L’une de leurs usines fut utilisée à leur insu après que Kurita Ryôkan fut emprisonné par les Hakushu Dinosaurs pour séquestrer Shuhei Suzuki, libéré par la suite par Deimon.
Koigahama Cupids
Koigahama est un gang mineur, spécialisé pour détenir une large chaîne de love hotels ainsi que le « réseau d’hôtesses et d’escorts » le plus développé de Tokyo. Ils sont spécialisés également dans le trafic de cocaïnes et de GHB, drogues principalement utilisée pour « recruter » les hôtesses et escorts (en les droguant) et les « fidéliser » (en les rendant accro à la cocaïne).
Le leader, Kaoru Hatsujo, est un éminent « businessman », connu pour sa cupidité et sa trop grande fierté vis-à-vis des services « de qualité » qu’il peut fournir. Son prédécesseur avait en sa possession le Devil Diamond, volé par Hiruma Yoichi et sa perte ternit l’honneur du gang. Kaoru Hatsujo s’était alors promis de récupérer le joyau, ce qui résultat de tensions entre le gang Koigahama Cupid et Yûhi Guts, convoitant également le diamant.
Anezaki Mamori se servit de cette lutte pour affaiblir les Cupid et leur faire accepter Kongo Agon, ancien chef de Naga. A la surprise de tous, Agon se révéla être un meilleur chef de gang que Kaoru aurait pu être. Tout d’abord, il interdit le recrutement forcé et décréta la consommation de drogues comme volontaire et non obligatoire. Il préféra un recrutement traditionnel et des candidatures volontaires, en faisant miroiter aux candidates un argent facile d’accès, des conditions de travails saines et sécuritaires et même une assurance médicale selon leurs activités, qui couvriraient notamment les visites chez le gynécologue ou les centres de désintoxication pour celles qui voudraient devenir clean . Les escorts devinrent plus fidèles et la baisse de consommation de cocaïne rendirent même leurs services de meilleures qualités. Face à ce mode de vie, beaucoup diversifièrent leurs activités : certaines partirent dans des restaurants et maid cafés qui offraient des services d’escorts, dans des love hotels ou saunas offrant des séances de massages. Les plus anciennes escorts devinrent chef d’entreprise et géraient les clubs, sex shop, ou les bars à hôtesses.
Le marché se développa très rapidement et Agon eut tout à coup la reconnaissance qu’il n’avait jamais eue étant à Naga. Il devint sérieux dans son activité de « manager » et continua à entretenir de bonnes relations avec les autres gangs. Des rumeurs disent qu’il cherche aujourd’hui à mettre la main mise sur le secteur de la pornographie afin de donner au gang une réputation internationale, mais qu’il cherche à diversifier ses services dans des activités plus soft avec la collaboration avec le gang Bando Spiders pour la gestion des Chika Idols.
Néanmoins, les activités d’Agon restent sous la surveillance étroite d’Anezaki Mamori, la cheffe Saikyoudai Wizards. Celle-ci autorise l’essor des Koigahama Cupid car les services des hôtesses sont très demandés par des hommes de pouvoir, ce qui donne à Saikyoudai une réserve inépuisable d’informations pour continuer son activité. Néanmoins, elle y imposa des pointilleuses conditions concernant entre autre l’âge des hôtesses, les services offerts et le traitement des employées.
Kyoshin Poseidon
Malgré le fait qu’il soit l’un des gangs le plus riche de Tokyo, avec Ojo et Taiyo Sphinx, Kyôshin est un territoire controversé et sujet à beaucoup d’attaques. Kyôshin détient toute la côte maritime et fait sa fortune avec de grosses taxes pour autoriser ou non le débarquement de marchandises. La position de ce gang a fait l’objet de beaucoup de discussions parmi les chefs de gang, qui estiment que Kyôshin abuse régulièrement de son pouvoir, puisqu’il est capable de stopper les marchandises de ses gangs ennemis s’il le souhaite.
Suite à ces accusations, Kyôshin se voit contraint d’offrir aux gangs qui le désirent au moins un dock qui leur permet de décharger les marchandises. Hélas, cette liberté de circulation de marchandises vient à un prix exorbitant, et beaucoup de gangs sont obligés d’y renoncer et se tourner vers d’autres moyens… ou d’infiltrer le gang.
Kyôshin est gouverné par Shun Kakei et Kengo Mizumachi. Si aucun des gangs ne les apprécient particulièrement, aucun ne peut réellement s’attirer leurs foudres sans trouver leurs importations coupées. Kyôshin voue une haine sans réserve à Naga, depuis que Kongo Agon depuis que ce dernier attaqua gratuitement Mizumachi et lui brisa le bras.
Ils ne furent pas heureux d’entendre qu’Agon était devenu chef de Koigahama Cupid et ils firent saisir par la police les cargos de cocaïne et de GHB que Cupid faisait importer d’Amérique du Sud. Suite à cet affront, Agon résolut de ne plus dépendre de la drogue pour entretenir ses activités et limiter ses importations par le port de Kyôshin.
Ojo White Knights
Ojo est le gang le plus riche et le plus huppé de Tokyo. Ses services sont réservés à l’élite. Ils ont investi les banques, les écoles privées ainsi que les centres commerciaux et les marques de luxe. Il offre des services de pointe, notamment dans les services médicaux (même s’ils n’arrivent pas à la cheville des Amino Cyborgs), les banques et peuvent même se révéler des alliés de poids pour ceux qui souhaitent rejoindre l’élite tokyoïte. Leur pouvoir est tel que des accords sont en place pour leur éviter d’infiltrer plusieurs secteurs, comme la sécurité, les forces armées, la justice, la politiqu ou la bourse. Leur empire vient avec plusieurs responsabilités, notamment d’offrir leur aide aux gangs demandant (sous réserve que ces derniers n’aient pas violés le code d’honneur), l’interdiction pour eux de financer ou prendre parti lors de conflits de gangs (sous conditions), leur rôle de jury ou de médiation pour régler quelconque conflit.
Le gang étant très diversifié, il est sous la gouvernance de plusieurs personnes, Ichiro Takami, Shin Seijuro, Koharu Wakana et Haruto Sakuraba. Ojo s’affiche généralement comme un gang neutre et ne prend pas part aux batailles. Cependant, la moindre attaque à leur encontre peut générer des conséquences désastreuses, notamment de la part du chef qui agit dans l’ombre Daigo Ikari. Son passé de délinquant et ses nombreux séjours en hôpital psychiatrique révèle une personnalité violente qu’il ne faut pas réveiller.
Après l’attaque de Koharu Wakana par Naga et Dinosaurs, il fut dit que son mari, Ichiro Takami, perdit tout contrôle et, fou de rage, envoya Daigo Ikari faire une véritable chasse à l’homme. Une centaine de personnes terminèrent à l’hôpital dans un état critique avant que Koharu Wakana n’eut vent de l’affaire et s’interposa pour terminer le raid.
Le gang s’affichera plus tard comme « collaborateur privilégié » de Deimon, et plus tard de Saikyoudai.
Saikyoudai Wizards
Fondé par Anezaki Mamori après la chute de Naga et Dinosaurs, Saikyoudai est sans conteste le gang le plus influent de la ville. Il est une continuité de Deimon et suit les mêmes objectifs.
Suite à la disparition d’Hiruma Yoichi et sachant que sa sécurité était compromise, Anezaki Mamori se servit de sa nouvelle notoriété pour créer Saikyoudai en recrutant les meilleurs éléments de chaque gang. Ses alliances stratégiques parmi les gangs inter-dépendants ont rendu Saikyoudai impossible à attaquer sans déclencher des représailles immédiates. Bien qu’Anezaki Mamori fût douée pour le leadership, elle savait qu’elle s’attirait également la jalousie des autres et des possibles mutineries. Elle mit alors ses pions à la tête d’autres gangs.
Lorsqu’Hiruma Yoichi revint, elle l’intégra au gang, préférant le garder sous sa surveillance plutôt que le voir vagabonder. Anezaki Mamori savait, au fond, qu’elle n’allait pas rester longtemps à la tête de Saikyoudai. Elle utilisa alors les tensions dans les gangs et les attaques faites à l’encontre de ses alliés comme opportunité pour simuler sa mort et se retirer définitivement du monde des gangs, plaçant Hiruma à la tête de Saikyoudai.
Ce faisant, elle sécurisa également son avenir dans l’entreprise Takekura Constructions, détenue par l’ex membre de Deimon Takekura Gen, alias Musashi. Après quelques années, le nouveau chef de gang Hiruma décidera de reprendre plus sérieusement le concept de la société Wizards derrière laquelle Mamori cachait les activités illégales du gang et se reconvertir dans des secteurs plus légaux. Il acheta un club de football américain professionnel et investit dans les jeux de hasards pour assurer ses fonds. On raconte que Saikyoudai se confronte toujours à la corruption des Amino Cyborgs au sein de la communauté des parieurs ainsi que des rumeurs de dopage.
Seibu Wild Gunmen
Seibu est un gang allié de Deimon, né de l’amitié entre Sena et Riku et de leurs transactions régulière de marchandises avec Hiruma Yoichi. Sena aurait dû intégrer Seibu mais fut débauché par Hiruma Yoichi après que celui-ci fut témoin de sa vitesse hallucinante. Seibu est un terrain de convoitise, puisque sa frontière avec Kyôshin en fait une opportunité idéale pour accéder au le port. Spécialisé dans les armes, Seibu a étendu son marché à l’international. Ils n’ont pas d’ennemis, jusqu’à l’attaque de leur chef Shien Mushankoji et de son garde, Jo Tetsuma. Par une méprise, Saikyoudai est accusé et Riku Kaitani rompt toute alliance.
Suite à l’effondrement de Dinosaurs après le coup tenté contre Anezaki Mamori, Seibu récupèrera une partie du territoire de Reiji Maruko comme compensation.
Riku Kaitani devient le chef du gang après que Shien Mushankoji, alias Kid, prit sa retraite après son attaque et s’exila aux Etats-Unis.
Shinryuji Naga
Shinryuuji Naga est sans conteste le gang ayant subi le plus de transformations depuis sa création.
Autrefois respecté car il garantissait la préservation des traditions japonaises face à la mondialisation et la modernisation du Japon d’après-guerre, Naga perdit peu à peu de son objectif principal. Le père de Kurita, notamment, fut connu pour sa grande participation à l’extension de Naga. A la mort de son père, Kurita se promit de préserver son héritage, mais Naga avait déjà subi une reconversion dans la drogue et la « prostitution ».
Kongo Agon renia à Kurita son droit de succéder à son père au sein du gang, ce qui força Kurita à partir de Naga. Avec Hiruma et Musashi, il rejoignit Deimon et contribua à bâtir son empire. Même si Deimon grandissait en influence, Kurita espérait qu’ils pourraient être un jour à la hauteur de Naga et contracter une alliance avec eux pour la préservation du patrimoine. Mais Naga ne reconnut jamais Deimon comme leur égal.
Après l’effondrement de Naga suite à leur effraction au code d’honneur, Anezaki Mamori nomma Kurita à la tête de Naga. Ce dernier reprit le gang et bannit la drogue et la « prostitution » de son territoire. Il s’employa à faire perdurer ce que son père avait laissé et ses fonds partirent dans la préservation de temples, de maisons et quartier traditionnels, des onsens et autres monuments historiques de Tokyo. Il s’attira les bonnes grâces du ministère de la Culture et les gangs concurrents dans le trafic de drogues et de prostitution comme Zoguto, le gang déchu Dokubari Scorpions, Koigahama Cupid ou encore Hakushu Dinosaurs ne le considéraient plus comme une menace.
Cependant, cette reconversion lui attira les foudres de Harao, chef du gang Taiyo, qui ne supportait pas devoir abandonner son monopole. Harao chercha à discréditer Kurita et employa toute sa force de travail pour faire circuler de faux artefacts, peintures et autres objets supposément vieux d’anciennes dynasties, ou encore en sabotant les onsens ou en créant un réseau d’arnaque au nom de Naga.
Naga fut sévèrement touché quand Kurita fut victime d’un raid de police et que fut découverte une quantité astronomique de drogues dans ses locaux. Kurita fut emprisonné et il fut décidé qu’il resterait là, car son évasion serait beaucoup trop risquée.
En prison, Kurita ne fut pas attaqué et ce fut lui qui instaura un climat de paix : ses séances de méditation Zazen dans la cour de la prison furent très appréciées par les détenus qui souffraient tous d’anxiété et d’abandon et une grande partie d’entre eux y participèrent pour s’échapper de la réalité de la prison. Cette méthode permit à Kurita d’obtenir bon nombre de recrues pour le gang réformé Naga et se servit de cette nouvelle main d’œuvre pour riposter face à Taiyo Sphinx. Les tensions entre Nagas et Taiyo subsistent à ce jour.
Taiyō Sphinx
Taiyo est l’un des gangs les plus riches de la ville, avec Ojo et Kyôshin. Le leader charismatique Kiminari Harao est, avec Kaoru Hatsujo, les plus beaux chefs de gang (selon une étude de la journaliste Riko Kumabukuro).
Harao utilise son charisme pour recruter et charmer ses recrues: cette technique fait de lui un chef relativement controversé, puisqu’on lui attribue le titre de gourou par sa dynamique de recrutement et que ses activités semblent se rapprocher plus de la secte que du gang. Son influence est également dûe à son équipe de gardes d’élite, notamment entre autre Banba, débauché par la suite pour Saikyoudai après sa défaite contre Gaô Rikiya qui lui fit perdre sa foi en son leader. Harao détenait le monopole sur tous les centres culturels, artefacts anciens et festivals culturels (hors musique). Il faisait sa fortune par le trafic d’œuvres d’art et de contrefaçons. La rumeur raconte qu’il y a plus d’une centaine de faussaires sous sa direction et que sa sécurité est impénétrable... sauf pour Gao Rikiya.
Tout comme Ojo, Taiyou n’a aucun désir de s’allier avec d’autres gangs et ne dépend de personne pour pérenniser son entreprise. Depuis la reconversion de Naga vers la préservation du patrimoine japonais sous la direction de Kurita, Harao utilise des subterfuges et des moyens questionnables pour discréditer Naga, n’ayant aucune envie de partager son monopole.
Les tensions entre Naga et Taiyou subsistent à ce jour. La cheffe de Saikyoudai Anezaki Mamori a spécifiquement conclu une entente exceptionnelle avec Ojo pour surveiller toute activité suspecte considérée comme dérive sectaire à Taiyou.
Teikoku Alexanders
Teikoku est un gang basé à Osaka qui fait des venues régulières à Tokyo. Teikoku a la particularité d’être gouverné par une femme Karin Koizumi, chose rare avant la réforme des gangs par Anezaki Mamori. L’univers encore très misogyne des gangs ne conféra une légitimité à Karin que parce que le chef précédent, Honjo la choisit personnellement pour reprendre la succession, à la surprise générale.
Surpris et rendu amer par cette décision car il se croyait être le choix par défaut, Yamato se rangea aux côtés de Karin pour l’aider à gouverner Teikoku avec Taka Honjo, le fils du leader, qui lui n’avait aucune envie de gouverner. Malgré la force de Teikoku, les autres gangs ne prenaient pas Karin au sérieux, ce qui la força à se mettre en arrière-plan et laisser Yamato prendre les rênes.
Ce fut lorsqu’Anezaki Mamori fut annoncée cheffe de Saikyoudai et tenta de profiter de sa gentillesse et son manque d’estime de soi que Karin reprit confiance et conclut une alliance avec Saikyoudai : l’aide nécessaire pour étendre son territoire et devenir le gang le plus influent d’Osaka, notamment avec l’aide de Habashira Rui, ancien chef de Zokugaku, alias Zoguto, contre un accès au port et le débauchage des éléments joker de Teikoku à Saikyoudai : Yamato et Taka.
Initialement, ces derniers pensaient avoir les mêmes privilèges qu’à Osaka et gouverner Saikyoudai, mais ils déchantèrent rapidement en se rendant compte que Mamori menait le gang d’une main de fer, et probablement mieux qu’ils n’auraient jamais pu le faire. En entendant que Karin détenait un monopole sans conteste sur Osaka depuis leur départ, Yamato et Taka reconnurent les pouvoirs des deux femmes et se mirent respectueusement à leurs services.
Yamato et Taka font régulièrement des déplacements à Osaka et sont les médiateurs de l’alliance entre Teikoku et Saikyoudai.
Yūhi Guts
Les Yûhi Guts étaient initialement considérés comme ayant la meilleure éthique, discipline et persévérance. Nullement appelé gang au début, ils s’affichaient comme des justiciers.
Néanmoins, à cause de la mauvaise gestion des hommes par Atsui, le gang tomba rapidement dans des travers et se tourna vers la drogue, marché déjà engorgé à Tokyo pour survivre. Le nouveau leader Daisuke Atsumi ne parvint jamais à rétablir l’honneur de son gang. Voulant de l’argent très vite, il convoita le Devil Diamond, s’attirant les foudres du gang Koigahama Cupid. Les deux gangs se vouèrent une guerre sans merci qui ne profitèrent à aucun d’eux et les rendit très vulnérables aux autres.
Avec l’aide d’Hakushu Dinosaurs, Yûhi Guts parvint à récupérer le Devil Diamond au prix de nombreux combats, laissant Daisuke sans ressources et impuissant lorsque Himuro Maruko, alias Maria, la cheffe de Hakushu, lui vola le Devil Diamond pour ses propres projets et démantela son gang sans prévenir.
Les Yûhi Guts ont exprimé le désir de redevenir neutre et se reconstruire par eux-mêmes. Ils essaient encore aujourd’hui de retrouver leur gloire perdue.
Zokugaku Chameleons
Zokugaku Chameleons est un gang formé dans un des plus mauvais quartiers de Tokyo. Le but du gang était d’abord d’offrir une sécurité et un esprit de famille aux jeunes délinquants abandonnés par la société. Le gang est spécialisé dans le vol, les courses illégales ou encore le kidnapping et l’extorsion. Il s’agit néanmoins d’un gang allié à Deimon, car, contrairement à Hakushu, ils ont un semblant «d’éthique » et ne s’attaquent jamais aux gens dans le besoin. Leur leader Habashira Rui, est un rival d’Hiruma, à qui il voue cependant un grand respect. Malgré des batailles mineures, Zokugaku et Deimon soutiennent leurs projets l’un l’autre.
Le gang jouera un rôle majeur dans la réforme des gangs par Anezaki Mamori. Habashira Rui laissera sa place de leader à Meg Tsuyumine pour rejoindre Teikoku et aider Karin Koizumi à étendre son territoire. Meg Tsuyumine se heurta particulièrement à la résistance de Sasuke Kanaguchi, chef déchu du gang Dokubari Scorpions et refusera catégoriquement de se mettre à son service. Les tensions résultent de sanglantes batailles dans le quartier de Zoguto.
Aujourd’hui, Zokugaku a pour objectif de réinsérer les jeunes délinquants dans la société, ou de leur offrir un espace où ils pourront se faire de l’argent.

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