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Blue's taste

Summary:

Langa ne saurait dire précisément l'instant où la vie est devenue fade. Il a perdu goût aux après-midi ensoleillées, aux bruits des feuilles sous ses chaussures, aux premiers flocons de neiges et même à l'ouverture des bourgeons qui ont manqués de geler durant l'hiver. À ses yeux, ce n'est pas si grave, parce qu'il n'est pas triste, ni même énervé ou frustré. Il est juste habité d'un malaise qu'il pense immuable. Et avant qu'il ne rencontre Reki il n'avait pas pensé une seule seconde qu'une étrange association Queer pourrait changer sa vision des choses.

Notes:

Avant toute chose j'aimerais te remercier d'avoir choisi de lire mon histoire !

J'aimerais préciser que cette fanfiction soulève différents problèmes qui pourraient en toucher certains : Les violences dites ordinaires subies par les personnes de la communauté LGBT+, morales et parfois physiques (rien de graphique) ou la façon dont Langa et sa mère gèrent la disparition d'Oliver, le père de Langa. Si vous ne vous sentez pas à l'aise avec ces sujets, il est tout à fait légitime de s'arrêter là et de trouver une autre histoire qui vous conviendrait mieux !

L'intrigue principale se base dans une association Queer étrange et pas forcément réaliste, si c'est ce qui vous intéresse, je vous conseille vivement le livre Tant qu'il le faudra de MxCordelia. Chaque personnage est unique, ils ont un vécu qui leur est propre et ils ne sont pas représentatifs de toute la communauté LGBT+ puisque chaque personne est différente.

Bref, bonne lecture !
Je ne peux pas vous promettre de la régularité, mais je jure solennellement mon implication dans ce projet qui me tient à cœur…

Chapter 1: Pride

Chapter Text

La mère de Langa le plaignait de devoir se lever un samedi matin pour aller en cours. Lui, s'en fichait un peu, à vrai dire, il préférait parfois fuir l'appartement froid et impersonnel dans lequel il habitait. Il avait l'impression que le déménagement n'avait pas eu l'effet escompté. Les bons souvenirs avaient été abandonnés dans la ville où il avait passé les dix dernières années, et la douleur et le sentiment de vide les avaient accompagnés jusqu'ici. Le jeune homme n'était pas triste, juste mal à l'aise. Ils ne se parlaient plus vraiment et de lourds non-dits et faux sourires pesaient sur ses épaules dès qu'il franchissait l'encadrement de la porte d'entrée, sans oublier le sentiment d'appréhension qui le prenait par surprise juste avant d'appuyer sur la poignée.

Bref, le lycéen trainait des pieds sur le chemin du retour, il avait même insisté pour manger au self immonde en ce jour de week-end, sous prétexte que tout le reste de sa classe y allait aussi et qu'il pourrait s'y faire des amis. Il s'en voulait un peu d'avoir menti à sa mère qui n'allait pas très bien non plus. Il ne savait pas comment lui parler, comment l'aider, comment la soutenir, comment lui sourire, comment la regarder. Il ne savait plus comment vivre avec elle, il craignait qu'en restant un peu trop dans l'appartement, elle finisse par se rendre compte de ce qui le handicapait ces dernières semaines.

La fin de ce mois de septembre était douce, un peu trop douce, il regrettait de ne pas s'être couvert de crème solaire ou d'avoir pris de quoi couvrir sa tête. Langa avait pris l'habitude de la pluie et des nuages et était convaincu qu'il n'aurait plus le droit à un temps pareil avant la fin du printemps prochain. Le centre-ville était plutôt calme. A vrai dire, après l'annonce des trois manifestations dans la même journée — et par conséquent, de la circulation bouchée et des déviations des lignes de bus improbable — personne ne devait avoir envie de sortir si ce n'est pour faire un pique-nique dans le parc du coin.

Ce calme presque religieux laissant entendre le mouvement des feuilles sous le vent se dissipa peu à peu. A quelques rues de son appartement, depuis lequel il avait vue sur la grande place qui accueillait une fête foraine au printemps et parfois un cirque — évidemment accompagné de protestants contre l'exploitation des animaux — il entendait l'écho de cris et de musique. Il pria pour ne pas tomber sur une manifestation ayant tourné à l'émeute, mais fut rassuré par la vue de grands drapeaux arc-en-ciel flottant au vent. Curieux, il remarqua que le drôle de cortège se dirigeait dans la même direction que lui et s'approcha.

Il n'avait rien à perdre ni rien de prévu — si ce n'est de finir ses devoirs sur lesquels il s'était déjà bien trop avancé, c'était la seule chose qui occupait suffisamment son cerveau pour faire disparaître illusoirement l'ambiance qui régnait chez lui — alors il s'immisça dans la foule. Le hit de Katy Perry, I Kissed A Girl faisait saturer les enceintes et était recouvert par des dizaines de voix, les drapeaux et les pancartes flottaient dans les airs au rythme de la musique.

Langa avait l'impression de ne jamais avoir vu toutes ces personnes, comme s'il découvrait un nouveau monde. Il n'avait jamais vu autant de couleurs de cheveux différentes, il n'avait jamais vu ces styles vestimentaires extravagants et tous ces maquillages qui semblaient tenir de la prouesse artistique. Il remarqua des Drag queen qui semblaient attirer l'attention sur elles rien qu'en existant, perchées sur de grands talons elles se tenaient parfaitement droites sans jamais trébucher, impressionné, Langa se sentit presque écrasé par l'aura qu'elles dégageaient, mais aussi celui de la foule.

Des inconnus se souriaient parce qu'ils arboraient le même drapeau sur le dos ou tout simplement parce qu'ils sentaient qu'ils étaient dans le même bateau. Le jeune homme ne se sentait pas de trop, il avait l'impression de se fondre dans la foule, personne ne le remarquait, personne ne vit qu'il était un des seuls à se comporter comme un spectateur plus qu'un acteur, et pour une des premières fois de sa vie, personne ne regarda étrangement ses cheveux bleus froids, un bleu doux comme l'hiver disait son père.

La musique s'acheva, le cortège s'était essoufflé sur le dernier refrain, malheureusement celui-ci n'avait pas de répit : les premières notes de Bad Romance retentirent à travers la foule, Langa se fit la réflexion que la chanson phare de Lady Gaga, Born This Way, devait déjà être passé, c'est un hymne incontournable pour la communauté. Enfin, il ne s'y connaissait pas trop, mais il le supposait. Il sentit son corps se remplir d'une étrange excitation, il oublia sa légère crainte de la foule dans laquelle il se sentait oppressé, submergé par les ondes positives et la bienveillance qui semblait en émaner.

Il s'extasia devant les chorégraphies improvisées des plus téméraires qui se plaçaient en hauteur pour être vus de tous, ils obtenaient toujours une houle d'applaudissement. Langa ne connaissait pas la chanson suivante alors il observa plus attentivement les personnes composant le cortège, il réalisa avec surprise qu'il y avait quelques visages familiers, sûrement des personnes de son lycée ou qu'il avait déjà croisé dont il ne soupçonnait pas leur appartenance à la communauté. Il s'imagina la réaction d'un vieux réac qui dirait « Ils sont partout, dans les villes, dans les campagnes, dans vos familles etc. », et comme pour confirmer ses pensées, il trouva une pancarte avec un message similaire.

Des pancartes, il y en avait pleins, mêmes si elles étaient minoritaires à côté des drapeaux arc-en-ciel, il ne fut pas étonné de lire des « Eat pussy it's vegan » ou encore « J'ai Bi-furqué » auxquels il sourit. Il ne comprenait pas ce qui lui plaisait autant ici mais il adorait ça, il ne se sentait pas obligé d'interagir avec les autres, sans pour autant se sentir exclu. La vue de son appartement lui laissa un goût amer dans la bouche, avec en supplément, un violent retour à la réalité. Il n'avait rien à faire à la pride. Il ne partit pas pour autant, essayant à tout prix de réprimer ce sentiment, mais la magie s'était déjà brisée pour lui. Il se demanda ce que ressentait les autres en rentrant chez eux, il avait déjà entendu dire que cette marche était le seul moment où la communauté Queer pouvait être elle-même.

Il se demanda ce que pensait les adolescents comme lui, qui, après s'être déhanchés sur du Britney Spears en lançant des confettis et des paillettes toute l'après-midi, ressentaient en rentrant chez leur famille traditionnaliste et homophobe qui leur demande comment s'est passé leur partie de bowling. Il s'en voulut de se sentir mal alors qu'il ne vivait pas ça.

Il se laissa entraîner par la foule jusqu'au centre de la place, là où les gens se rapprochaient encore un peu plus les uns des autres, il était jusque-là persuadé qu'il ne pouvait pas supporter ce genre d'évènements et qu'il se sentirait étouffé. Pourtant à cet instant, il ne se sentait pas coincé, il avait la sensation qu'au moment même où il le voudrait, la foule se séparerait en deux pour le laisser passer. Personne ne lui marcha dessus, personne ne lui donna de coup de coude pour passer, certains lui demandèrent simplement avec un sourire. Il ne pensait pas que les humains étaient capables d'un tel civisme, ce qui est sûrement à l'origine de son étrange calme. Il se doutait que les ochlophobes ne seraient pas rassurés pour un sou de savoir que cette foule était respectueuse, mais pour lui c'était suffisant.

La musique s'arrêta et un homme prit un micro sur une petite scène improvisé. Tout ce qu'il disait n'était vraiment pas audible mais Langa compris quelques mots, tel que la politique du « Love is love » était bien belle mais qu'aucune mesures réelles n'étaient prises et que ce slogan servait juste à faire passer les politiques pour des personnes au summum de la tolérance, il compris aussi qu'il critiquait la loi de la PMA pour toutes qui n'était pas pour tout.e.s ou encore quelques mots sur l'intersectionnalité. Langa ne savait pas trop ce que signifiait ce mot, si ce n'est que c'était une forme de militantisme. Il était un peu déçu de ne pas avoir pu tout suivre et comprendre pourquoi la Pride était encore nécessaire aujourd'hui avec des mots justes.

À la fin, l'homme leur pria de se disperser d'ici un bon quart d'heure, s'excusant au nom du centre LGBTQIA+ de la ville de ne pas avoir organisé de soirée à l'occasion. Langa pensa que si la pride avait été faite en septembre seulement — alors que le mois des fiertés est celui de juin — c'est que l'organisation avait été un vrai calvaire. La musique repris entrainant la foule dans une ambiance similaire à celle d'une boite de nuit, le tout en plein air et à dix-huit heures. Langa eu cette fois du mal à reconnaître la musique alors qu'il avait évoqué la chanteuse dans ses pensées quelques minutes plus tôt. Toxic de Britney Spears était la chanson idéale pour rendre son public hors d'haleine, il trouvait ça plutôt amusant.

Des petits cercles se formèrent autour des danseurs improvisés, proposant un spectacle que l'on pourrait qualifier d'obscène, jamais Langa n'avait vu deux inconnus à deux doigts d'échanger leur salive face à autant de monde. Il avait déjà été étonné par les personnes arborant les écritures « free hugs » ou « free kiss » sur leurs joues ou dans leur décolleté. Il se demanda ce que sa mère penserait d'une telle sortie, il savait qu'en cherchant un peu elle pourrait le voir par la fenêtre.

La foule se concentra alors sur la petite estrade, l'homme de tout à l'heure jetait des Totes Bags et des petits cartons noirs que Langa eu du mal à identifier, ce n'est que lorsque qu'il s'en prit un en pleine figure qu'il put analyser l'objet. Il comprit grâce à l'écriture « JE B4ISE POUR MOI, JE B4ISE SAFE » que ce n'était autre qu'un préservatif. Il observa l'objet sous toutes ses coutures, essayant de comprendre pourquoi son carton était plus gros que celui de son voisin n'osant pas l'ouvrir pour autant.

Sans qu'il ne s'en rende compte, un garçon compris sa confusion et s'approcha pour lui expliquer, il sursauta en entendant une voix derrière son épaule gauche.

— C'est un préservatif 'féminin', ouvres-le tu comprendras.

— Oh d'accord.

Il s'exécuta immédiatement sans comprendre pourquoi le jeune homme était venu à sa rescousse, l'emballage plastique conformait parfaitement à la taille du carton, à l'intérieur de celui-ci se trouvait une notice d'emploi détaillée avec des schémas, il comprit vite à quoi il avait à faire et referma le petit carton pour le ranger dans sa poche. Il ne savait pas si ça lui serait utile un jour mais il le prit comme un souvenir insolite de cet instant.

Il se rappela la présence dans son dos et se retourna, le jeune homme était toujours là lui offrant un grand sourire. Il était à peine plus petit que lui et avait syr ses joues de grands drapeaux magenta, violets et bleus foncés recouverts de paillettes. Ses cheveux rouges éclatant tenaient dans un bandana.

— Moi c'est Reki, repris le roux en remarquant que son interlocuteur ne semblait pas très loquace.

— Oh, moi c'est Langa.

Un léger silence plana, Reki avait repéré Langa depuis quelques minutes et espérait pouvoir engager une conversation un peu plus longue.

— On n'entend rien ici, tu ne veux pas discuter un peu plus loin ? Un peu surpris, Langa acquiesça se demanda ce à quoi il s'engageait.
    
— Je peux ? Demanda le roux en approchant sa main de la sienne.

Langa ne pensait pas que le jeune homme lui demanderait, mais qu'il l'attraperait immédiatement pour le tirer hors de la foule, embarrassé d'acquiescer à nouveau comme s'il n'était pas capable de formuler une phrase entière, il prit la main qui lui était tendue. Reki lui sourit puis l'entraina en dehors de la masse humaine compactée autour des enceintes. Dans un éclair de génie Langa réalisa que le drapeau sur ses joues était le drapeau bi, et il se demanda si le roux qui venait de l'aborder au milieu de la pride n'avait pas l'intention de le draguer.

 


 

Reki entraîna Langa en direction du village associatif, il n'avait jusque-là pas compris le but de ces quelques tentes à l'entrée de la place qui étaient entourées de barrières. Il reconnut le nœud rouge sur le stand de dépistage, il remarqua qu'il restait quelques t-shirts, arborant le nom d'une association sur le devant, délaissés sur une table en bois. Il s'arrêta devant le stand d'après. Des boites en plastiques qui devaient être remplies de Pin's au début de la journée étaient presque vides, il y trainait au fond quelques invendus.

Le roux avait lâché sa main et ne se rendit pas immédiatement compte que le jeune homme s'était arrêté, il remarqua que les bruits de pas ne le suivaient plus et il se retourna, il observa amusé Langa dans sa contemplation. Il trouvait qu'une certaine innocence et réserve émanait de lui, mais surtout une curiosité qu'il ne semblait pas vouloir s'avouer. Enfin, c'était l'idée qu'il avait eu à première vue, Reki avait un faible pour les gens curieux.

— Ils sont à vendre ? Demanda finalement le jeune homme qui sentait sur lui le regard du garçon qui l'avait amené jusqu'ici.
    
— Eh bien, normalement oui, mais le village associatif est fermé alors tu n'as personne à qui les acheter.

Langa ne put retenir une moue déçue, il voulait en ajouter à sa collection, même s'il ne savait pas ce qu'il représentait, le Pin's au drapeau bleu, rose et jaune lui avait tapé dans l'œil. Il se demanda s'il n'était pas irrespectueux de vouloir se procurer un drapeau parce qu'il le trouvait beau sans pour autant connaître sa signification.

— Ne fais pas cette tête, je peux m'arranger pour que tu en ais un, lequel t'intéresse ?

Il montra sans hésitation celui qu'il convoitait, le roux s'approcha pour en prendre un au fond de la boite et sortit quelques pièces de sa poche qu'il posa sur le comptoir. Il le donna délicatement dans la main de sa nouvelle rencontre qui lui sourit.

— Tu sais ce qu'il signifie ?

Langa grimaça démasqué, était-il si évident qu'il ne connaissait rien du lieu qu'il fréquentait et du Pin's qu'il venait de se faire payer ? Il n'osa pas contester son geste ne voulant pas vexer Reki en refusant son cadeau. Il avait l'air ravi de lui avoir acheter.

— C'est le drapeau pan ! Je le trouve joli aussi.

Langa n'avait jamais été très bavard, il lui sourit à nouveau comprenant la signification de ce qu'il tenait entre ses mains. Il le rangea dans sa poche, il allait pouvoir l'ajouter à la collection. Reki fut soulagé de ne pas avoir à expliquer ce que pan signifiait, les définitions sont variées et n'étant pas concerné, il ne voulait pas faire polémique avec une explication erronée.

— Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?

Le roux s'était promis de ne pas poser la question, ne voulant pas mettre mal à l'aise le jeune homme qui ne semblait pas lui-même comprendre la raison de sa venue, mais sa curiosité était plus forte que lui. Il se flagella intérieurement pendant que son interlocuteur cherchait la réponse adéquate.

— Je n'avais pas envie de rentrer chez moi, alors j'ai juste rejoint le cortège...

Langa baissa la tête un peu honteux, il regretta ses mots, il n'aurait pas dû venir, sa place n'était pas ici, il aurait du rester auprès de sa mère au lieu de traîner dans la foule de drapeaux arc-en-ciel scandant les paroles de chansons aux sous-entendus sexuels.

— Eh, tout va bien, je ne voulais pas être indiscret, tu avais juste l'air un peu perdu. C'est vrai que l'ambiance de la pride est particulièrement cool.

Reki n'était pas du genre à accueillir à bras ouverts les alliés qui se pointaient à la marche des fiertés en volant la vedette des personnes queer. Dans le cas de Langa, il savait que ce n'était pas dans ses intentions, mais s'il fut un peu déçu de comprendre qu'il ne se sentait pas à sa place ici, et qu'il devait par conséquent être hétéro. Ou du moins penser l'être. Le jeune homme fut rassuré de savoir que le roux ne jugeait pas sa présence inopinée.

— Merci. Il ne savait pas précisément pourquoi il le remerciait mais il était reconnaissant de la bienveillance de Reki.

— Dis, si ce n'est pas trop indiscret, tu as quel âge ?

— Dix-sept ans.

Langa parla avant de réfléchir, parce que s'il comprenait pourquoi Reki lui posait la question il serait tenté de mentir. Et le mensonge n'entraîne jamais rien de très bien, il s'en voulu de penser ça alors qu'il mentait parfois à sa mère pour éviter d'être confronté à certaines situations.

— Oh, je te pensais plus vieux, tu es au lycée ?

Langa acquiesça, il craignait que son âge lui porte préjudice dans cette conversation, Reki qui avait été gentil avec lui pourrait le laisser tomber ici et lui dire de retourner chez lui. Il n'avait pas essayé de tisser de liens dans son lycée, mais Reki lui a donné en un instant, l'envie de se faire un ami.

— Et toi ?

— J'ai dix-huit ans, je suis en licence lettre et édition.

— Oh ça à l'air sympa.

— Ça l'est.

Langa était habitué à faire des phrases courtes et concises, il ne voulait pas que Reki pense qu'il était complètement désintéressé pour autant. Le roux n'avait pourtant pas l'air d'être embêté par le manque de loquacité du jeune homme.

— En fait, je suis d'une association d'ici, enfin je n'en fais pas vraiment partie, mais je peux te montrer si tu veux, on a des Pin's aussi, ils sont gratuits.
    
— C'est un appât ? En se rendant compte des mots qu'il venait de prononcer et de ce qu'ils pouvaient sous-entendre il vira au rouge, Reki lui, ne put s'empêcher d'éclater de rire.

— On peut dire ça comme ça, ajouta le roux pour se moquer de Langa, tu veux venir ?

Sortant finalement de l'embarras il accepta de le suivre, ils se dirigèrent vers une tente à quelques dizaines de mètre plus loin de laquelle émanait quelques éclats de voix. En y entrant, il n'y avait que deux personnes qui rangeaient des tracts et des goodies en tout genre.

— Il n'y a plus que vous ? Interrogea le roux un peu déçu. Une personne plus âgé que Reki, de quelques années au moins, releva la tête en sa direction comme s'il était le messie.
    
— Reki ! Il faut que tu répondes sur le groupe, Miya déprime comme jamais et t'es le seul qu'iel écoute.

Le roux sortit immédiatement son téléphone pour voir ce qu'il se passait, Langa ne savait pas s'il était invisible ou s'ils étaient trop occupés pour lui porter une quelconque attention. Une personne assez grande et musclée portait un maquillage extravagant monochrome, la personne qui s'était adressé à Reki avait un regard sévère et de longs cheveux roses.

— Désolé Langa, dit le roux en tapant rapidement sur le clavier de son téléphone, je te les présente dans une seconde. Miya est un.e ami.e à nous, iel n'a pas pu venir parce qu'iel est trop jeune et pas out auprès de ses parents.
    
— Oh, pas de soucis.

Reki soupira en jaugeant son message, ça fera l'affaire, pensa-t-il. Il appuya sur envoyer et rangea son téléphone dans sa poche.

— Cherry, Shadow, je vous présente Langa je l'ai trouvé perdu dans la foule.
    
— Tu parles de lui comme d'un chien errant c'est vraiment flatteur, répondit la personne aux cheveux roses, je m'appelle Kaoru, mais on m'appelle Cherry. Et sinon, je suis un garçon, alors parle de moi au masculin.

Un drapeau aux couleurs pastels rose, bleue et blanche était attaché comme une cape autour de son cou.

— Enchanté, moi c'est Hiromi, viens voir deux secondes.

Langa était un peu impressionné par la carrure de la personne qui l'invitait à s'approcher, Reki l'incita à avancer, un message pour lui dire que, non, Shadow n'allait pas le mordre.

— Regarde, j'ai un bracelet rouge, ça veut dire que je veux que l'on parle de moi au féminin, bleu c'est 'il' et vert c'est 'iel'.
    
— Oh je vois, souffla Langa, je m'en souviendrais. Moi c'est Langa, et euh... je suis un garçon j'utilise aussi 'il'.

Il n'avait pas l'habitude de dire à quelqu'un comment le genrer, il avait fait cet effort parce que tout le monde s'était présenté de cette façon.

— Adam n'est pas là ?
    
— Non, il est parti avec Joe qui prépare la brasserie à l'ouverture de ce soir, c'est le repère officiel de QueerAJC il se devait de l'accompagner.
    
— Il n'a juste pas envie de nous aider à ranger, grogna Shadow.

Langa était exclu de la conversation mais ne se sentait pas de trop pour autant, Reki lui avait proposé de venir et personne ne l'avait regardé de travers.

— Attends Cherry, Reki s'approcha de la table sur laquelle Cherry rangeait les goodies, il reste des Pin's ? C'est pour lui.

Il fit signe à Langa de le suivre, Cherry rouvrit une boite qui en était remplie, ils étaient assez sobres, blancs avec le nom 'QueerAJC' souligné d'un arc-en-ciel dont les limites étaient floues. Cherry en sortit un pour Langa qui le remercia timidement.

Reki offrit un regard à Cherry que l'homme connaissait bien. Le regard suppliant qu'il utilisait pour l'amadouer lorsqu'il voulait quelque chose.

— Qu'est-ce que tu veux ?
    
— Eh bien, il peut venir avec nous ce soir ?
    
— Il ne m'a pas l'air très majeur, Adam aura des problèmes s'il se passe quelque chose.
    
— Allez ! Je te promets de le surveiller il ne boira que du jus d'orange.
    
— Aller où ? Osa demander Langa.
    
— Tu ne lui as même pas demandé ! Reki tu es incorrigible.

Reki se retourna en direction de Langa qui ne comprenait pas vraiment la situation. Il soupira, le roux espérait que Cherry ne se rendrait pas compte de son jeune âge.

— Eh bien, en fait, Joe, le copain de Cherry, à une brasserie où on se réunit souvent, le soir de la pride il y a beaucoup de monde et l'ambiance est assez festive... je me demandais si tu voulais venir ?

Langa réfléchit quelques secondes, il était très curieux de savoir à quoi ressemblait ce genre de soirée mais craignait de ne pas être à sa place, c'est un imposteur il n'a rien a faire ici. Il savait que sa mère dirait oui s'il demandait de sortir avec un ami, même le soir, elle désespérait de le voir se renfermer sur lui-même. Il hésita pesant le pour et le contre.

— Je veux bien, mais il faut que je rentre chez moi en parler avec ma mère, j'habite un appartement juste à côté de la place.
    
— Yes, s'exclama Reki en serrant le poing victorieux, tu vois Cherry, j'avais raison de te demander.
    
— C'est d'accord, soupira-t-il, mais je garderais un œil sur vous.

Langa sourit et remercia Cherry, étonné d'être si facilement accepté, il rangea le second Pin's au fond de sa poche. Il loucha sur une brochure placée un peu plus loin qu'il n'arriva pas à déchiffrer.

— Tu connais QueerAJC ? Demanda Cherry.
    
— Non pas vraiment.
    
— C'est l'association d'Adam, enfin on l'aide mais on n'en fait pas partie, il est vraiment insupportable, commença Reki.
    
— Enfin moi et Joe on en fait partie parce qu'il nous paye pour notre travail, continua Cherry.
    
— Mais on n'est pas bénévole, il n'y a que Tadashi qui est capable de supporter Adam de son plein gré, ajouta Reki.
    
— Vous vous rendez compte que vous êtes en train de le perdre ? Demanda Shadow amusé.
    
— Oh pardon, on s'est un peu emballé, s'excusa Reki.
    
— Mais qui est Adam ?
    
— Oh ça... tu comprendras en le voyant ce soir, répondit Cherry à Langa.
    
— Mais du coup, qu'est-ce que vous faites ici si vous n'êtes pas bénévole ? Demanda Langa un peu perdu.
    
— Euhh, on aide ? En tant qu'amis.
    
— Adam est votre ami alors ?
    
— Malheureusement, répondit Shadow.
    
— Je crois que je comprends un peu. Et qu'est-ce qu'elle fait cette association ?
    
— De l'organisation d'évènement, Adam adore la fête. Répondit immédiatement Reki.
    
— Oh d'accord, Langa sourit amusé.

Il était maintenant sûr de vouloir venir ce soir, il sentait que même s'il risquait d'être un spectateur ça allait être amusant.

 


 

Langa était étonné d'avoir osé demander à sa mère de sortir un soir avec ses amis. Elle avait été plutôt surprise, son fils n'était pas du genre à sociabiliser ni à sortir, et encore moins depuis le déménagement et les évènements le précédent. Nanako n'aimait pas être seule mais désespérait de voir son fils s'enfermer dans sa chambre avec ses collections étranges qu'il n'avait pas pu abandonner et sa bibliothèque remplie de mangas. Il avait toujours été dans son monde, mais la situation semblait empirer de jour en jour.

Elle s'était alors armée de son plus grand sourire s'empressant d'accepter demandant tout de même d'être tenue au courant et à ce qu'il rentre aux alentours de minuit. Il lui avait rendu son sourire avec difficulté, il voyait très bien qu'elle faisait tous les efforts possibles pour qu'il ne s'inquiète pas pour elle et qu'il se concentre sur lui, mais qui allait l'aider et lui tenir compagnie ? Il se promis de passer son dimanche après-midi avec elle à regarder des films sans grands intérêts ou des sitcoms. C'était le moins qu'il puisse faire.

Reki l'avait ajouté sur Instagram pour lui partager l'adresse de la brasserie dans laquelle la fête continuerait, il était déjà passé devant Joe's plusieurs fois, remarquant que le propriétaire n'avait pas dû se fouler pour trouver un nom. Il sourit en repensant au roux qui n'avait pas osé lui donner son numéro et s'était rabattu sur un réseau social, c'est vrai que c'est un peu moins formel. Il n'avait que quelques rues à traverser et il ne faisait pas encore nuit. Il regretta de ne pas avoir manger avant, il ne voudrait pas dépenser tout son argent ce soir.

Il comprit être arrivé en apercevant les drapeaux arc-en-ciel sur la devanture et la musique étouffée à l'intérieur. Il se sentit soudainement tout petit et n'osait pas rentrer, la pride était en plein jour en extérieur avec des gens de tout âge, ici il n'y avait pas de mineurs, et il soupçonnait que certains prévoyaient de finir la soirée à deux ou plus. Il était intimidé car il n'avait presque jamais mis le pied dans un bar et encore moins un soir de fête. Il hésita quelques secondes en vain. Un mur invisible semblait le pousser à l'extérieur. Par dépit il envoya un message privé à Reki, il n'avait pas envie de poser un lapin à son potentiel nouvel ami.

Il rangea son téléphone et pris son mal en patience en attendant son chevalier servant. Langa se dandinait d'un pied sur l'autre ne sachant pas comment se donner une contenance plantée devant l'entrée du bar. La porte finit par s'ouvrir sur le roux qui lui offrit un grand sourire.

— J'ai cru pendant un instant que tu n'allais pas venir, viens on ne va pas te manger promis !
    
— J'ai hésité, je n'ai pas l'habitude de ce genre de soirée. Puisqu'il avait parlé en toute transparence, il aurait pu ajouter qu'il ne se sentait pas de refuser son invitation alors qu'il avait l'air si enthousiaste.
    
— Je comprends, il y a un endroit plus calme au fond du bar, tu n'y étoufferas pas ne t'inquiètes pas, sinon on peut sortir un peu, ou je peux te raccompagner chez-toi si tu n'es pas à l'aise ! On pourra toujours se revoir dans d'autres circonstances.

Langa était touché que Reki prenne tant en considération son ressenti et le prenne au sérieux, il pensait qu'il l'aurait poussé un peu ou qu'il aurait ignoré son inexpérience et ses craintes.

— Merci, mais je veux venir, là où il y a moins de monde ça me va.
    
— Ça marche, tu peux t'accrocher à-moi si tu as peur de me perdre.

Cette fois-ci il ne lui proposa pas de lui tenir la main, le roux s'était dit qu'en une journée une seconde fois serait de trop, il craignait qu'il se sente obligé d'accepter et que ça le mette mal à l'aise. Reki se doutait qu'il avait été projeté en une petite après-midi dans un environnement queer avec lequel il n'était pas familier.

Langa suivit son nouvel ami dans la foule et comme promis il se retrouva dans une plus petite pièce au fond de la salle après avoir traversé avec difficulté la piste de dance qui, en ce début de soirée, sentait déjà l'alcool et la transpiration. Mais plus petit comité signifiait aussi qu'il n'allait pas passé inaperçu. Il manqua de heurter Kaoru dans l'encadrement de la porte.

— Oh désolé Langa je ne t'avais pas vu, content que tu sois venu !
    
Il disparut aussi vite qu'il était apparu sans même que le jeune homme n'ait le temps de lui répondre. Il lança un regard interrogateur à Reki qui haussa les épaules.
    
— Il doit sûrement aider Joe au bar il y a du monde ce soir.

Ils entrèrent finalement dans la pièce, il y avait quelques personnes qui discutaient dans un coin, et autour d'une table Langa reconnu Shadow en grande discussion avec deux autres personnes.

— C'est lui Adam, souffla le roux, et celui qui le suis partout c'est Tadashi, on ne l'entend pas trop et on ne sait pas par quel miracle il arrive à le supporter sept jours sur sept mais il est super gentil.

— Oh, alors tu as vraiment réussi à le traîner jusqu'ici, ironisa Shadow en s'apercevant de la présence des deux garçons.

— Il ne m'a pas forcé, osa répondre Langa sans pour autant s'imposer.

Le regard d'Adam se posant sur lui le déstabilisa, il comprit le côté mégalo que les autres avaient eu du mal à décrire en un seul instant. Il détourna finalement le regard désintéressé pour continuer sa conversation avec Shadow. C'est la première fois que Langa rencontrais quelqu'un d'autres avec des cheveux bleus ayant l'air aussi naturels. Tadashi lui sourit, ce qui le rassura un peu et ils rejoignirent la tablée. Autour d'eux la salle ressemblait un peu à une réserve des tables et des chaises étaient entassées au fond dans un coin, suivant son regard, Reki lui donna quelques explications.

— C'est là qu'on se réunit, d'habitude les chaises et les tables sont dans la salle ou en terrasse mais il fallait libérer un peu de place pour que les gens puissent danser. Tu peux venir quand tu veux tant que la brasserie est ouverte, Miya vient souvent après le collège pour faire ses devoirs et éviter ses parents.
    
— Oh je vois, merci j'y penserais alors.

Ils se sourirent n'ayant rien à ajouter et Langa s'intéressa à la conversation qui se déroulait devant lui en silence, il n'avait pas trop l'habitude de parler et encore moins avec des adultes et il ne savait pas comment se comporter. Il se contenta d'observer en silence le débat qui commençait à s'animer.

— J'espère que vous êtes content des musiques qui sont passées, la playlist était vraiment barbante alors j'ai fait quelques suggestions à celui qui gérait le son...
    
— Tu l'as traumatisé en lui proposant de faire un tour dans ton lit c'est ça ? Le pauvre, tu ne peux pas laisser les gens tranquilles ?

Le jeune homme fut surpris de voir Shadow tenir tête à Adam sans aucun souci, peut-être que c'est parce qu'il ne l'avait rencontré qu'il n'y a quelques minutes, mais il était totalement déstabilisé par cette confiance débordante, comme s'il allait le dévorer au moindre mot de travers. Reki était silencieux aussi, Langa ne saurait dire s'il était désintéressé ou s'il n'avait rien à ajouter mais il n'avait pas l'air impressionné.

— Mais non je n'aurais pas osé ! S'indigna Adam vexé.
    
— Et pour ce qui est de la musique je ne sais pas si mettre du Lil Nas X était l'idée du siècle.
    
— Tu rigoles j'espère ? Ce gars est une icône et ses musiques correspondent clairement à l'ambiance.
    
— Si tu le dis, mais déjà qu'il est accusé d'islamophobie et de christianophobie, sa dernière photo sur Instagram n'arrange rien !
    
— Laquelle ? Demanda Reki qui était en fait attentif à la conversation.

Shadow sortit son téléphone pour lui montrer et Langa jeta un coup d'œil se trouvant entre les deux. Lil Nas X avait un faux ventre pour faire croire qu'il était enceinte, une sorte de métaphore pour qu'il accouche finalement de son album.

— Elle n'a rien de choquante cette photo ! Continua Adam.

— Si et c'est bien le problème, on sait tous qu'il ne porte pas d'enfant parce que c'est un homme, le fait qu'il soit enceinte est choquant. Pourtant des hommes enceinte ça existe vraiment, ça invisibilise et invalide les hommes trans !
    
— T'en fais toujours trop Shadow !
    
— Adam tu ne peux pas te permettre de dire des trucs pareils en étant président d'une association Queer. Rétorqua Cherry en entrant dans la salle. Il s'installa entre Langa et Shadow en soupirant.
    
— C'est bon, j'ai compris, mais ses musiques sont géniales.
    
— C'est vrai, d'ailleurs tu n'aurais pas vu le film de Polanski par hasard ? Je suis sûr qu'il est sympa aussi, ironisa Reki.
    
— Les accusations ne sont pas les mêmes !
    
— C'est vrai mais ça revient toujours à cette rhétorique de séparer l'homme de l'artiste.

 Adam marmonna quelque chose dans sa barbe comme un enfant qui ne savait plus quoi répondre mais qui voulait montrer sa contrariété.

— Bref, je ne suis pas là pour jouer aux cartes, l'ambiance à côté est meilleure. Adam se leva pour quitter la pièce, Tadashi resta assis, il était prêt à l'accompagner partout sauf exception, la piste de dance en était une.
    
— Ah les hommes cis, soupira Cherry.
    
— Je ne te le fais pas dire.

Shadow et Cherry continuèrent à discuter alors que Langa essayait d'assimiler tout ce qu'il venait de se passer, Reki jeta un œil de son côté et remarqua que son regard était perdu dans le vide.

— Tout va bien ? Tu dois rentrer bientôt ?
    
— Ça va, j'ai la permission de minuit. Ils se sourirent ne sachant pas trop quoi se dire, leur attention se dirigea sur Tadashi qui était en pleine lecture sur son téléphone, le roux vit ça comme une opportunité de conversation.

— Tu lis quoi ? Son interlocuteur redressa la tête quelques secondes plus tard comprenant que l'on s'adressait à lui.
    
— C'est une dystopie, Chroniques du pays des mères, ça parle d'une société matriarcale, en revanche c'est un vrai pavé.
    
— Oh sympa, répondit Reki.

Il baissa sa tête à nouveau sur son téléphone signifiant qu'il était trop occupé à lire pour tenir une conversation, il ne lui en tint pas rigueur et se tourna vers Langa.
    
— Et toi tu lis ? Langa acquiesça hésitant, il n'était pas amateur de grande littérature et craignait qu'il critique ses lectures. Reki ressentit son incertitude mais était trop curieux pour ne pas poser la question.

— Tu lis quoi ?
    
— Ben euh... des mangas ou des WebToons.
    
— Je ne m'y connais pas trop mais quel genre ?
    
— J'aime bien les mangas de sports mais aussi les Seinen, comme l'Attaque des titans.
    
— Oh j'ai vu l'animé, s'exclama Reki ! C'est grave cool !

Il sourit face à cette réaction qu'il trouvait démesurée, mais il avait vite compris que son nouvel ami n'était justement pas dans la demi-mesure.
    
— Et toi tu lis quoi ? Osa-t-il demander
    
— À la base j'étais un grand fan de romance... les John Green je les ai tous fait et pas que, mon registre n'a pas trop changé mais je m'intéresse surtout à la littérature Queer maintenant. J'ai fait une indigestion d'histoires hétéros clichées.
    
— Tu devrais lire Gradalis ! S'exclama Langa qui fut surpris par son propre entrain.
    
— C'est quoi ? Répondit-il sur le même ton.
    
— Un WebToon, il sortit son téléphone pour lui montrer quelques images, ce n'est pas de la romance mais je suis sûr que ça pourrait te plaire.
    
— Ok je veux bien, mais en échange laisses-moi te prêter un roman quand on se reverra, enfin si tu en as envie, promis je ne t'en donnerais pas un de six-cents pages !
    
— Ça me va, répondit Langa en souriant. Reki lui répondit par le même sourire acceptant implicitement de se revoir.

La discussion qui ne coulait d'abord pas de source vint plus naturellement, Reki s'engagea à raccompagner le jeune homme chez lui vers vingt-trois heures trente. Langa n'avait pas trop parlé avec les autres, mais venir était déjà pour lui un exploit et il se sentait déjà un peu plus à l'aise avec le roux que quelques heures auparavant, c'était une petite victoire.

En rentrant il vit que sa mère ne dormait pas encore, elle lui lança un regard un peu triste, celui qui voulait dire qu'elle n'avait pas réussi à s'endormir. Mettant de côté sa journée et revenant à la réalité il se décida à faire des pop-corn pour l'accompagner, c'était le moins qu'il puisse faire.