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Français
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12. Potterfictions présente Secret Santa 2023 (ASPIC)
Stats:
Published:
2023-12-15
Words:
6,018
Chapters:
1/1
Comments:
10
Kudos:
31
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3
Hits:
211

Platitude scolaire

Summary:

Très bien. C’était terminé de fantasmer sur Théodore Nott. Harry ne comprenait même pas pourquoi il avait continué de fantasmer alors qu’il avait eu – à deux reprises – ce qu’il voulait.

Notes:

Ce texte est un OS écrit lors de la participation à l’ASPIC (Ateliers Scripturaux Promouvant l'Imagination et la Créativité) Secret Santa organisé par le serveur Discord Potterfictions.
Vous pouvez nous rejoindre via le lien suivant : https://discord.gg/5FHmSpEfvh

La personne que j’ai pigée est : Aylhi

Work Text:

Harry avait connu pire. Du moins, c’était ce dont il essayait de se persuader alors qu’il s’éclipsait, à cinq heures du matin, du manoir Nott.

Il était des choses dans l’existence qu’il valait mieux ne pas trop questionner. Le fait, par exemple, qu’il ait décidé – pompette comme jamais – de draguer lourdement l’héritier d’un homme en prison par sa faute. Non, lui rappela une voix ressemblant singulièrement à celle d’Hermione, c’était de sa faute à lui s’il était en prison. Harry n’avait été que le bras de la justice. Bref, il avait dragué lourdement le beau, l’inaccessible, le taciturne Théodore Nott et… contre toute attente, il avait réussi.

Ce n’était pas grave, considéra-t-il une fois chez lui. Il était sur le point d’entrer dans un couvent métaphorique, ce n’était rien d’autre qu’une petite aventure d’un soir. Une première, certes, mais cela faisait de lui un homme moderne, un homme qui n’avait pas peur de cueillir ce qu’il voulait (ou d’être cueilli en l’occurrence), un homme qui ne s’embarrassait pas de considérations éthiques avant d’agir. Enfin, peu importait ! C’était derrière lui maintenant, et il allait de toute façon passer les prochains mois à Poudlard. Personne n’en saurait jamais rien. Tout comme personne ne savait que ça faisait des mois qu’il fantasmait comme un imbécile sur la grande silhouette d’un homme qui passait ses journées le nez dans des ouvrages poussiéreux.

Harry ne regrettait évidemment pas ce qu’il s’était produit. Bon dieu, ça faisait des mois que personne ne l’avait touché et qu’il n’avait touché personne en retour. Une vie d’ascète, vraiment… Et il n’était pas mécontent qu’elle ait pris fin. Ce fut donc d’excellente humeur qu’il transplana à Pré-au-Lard après avoir rassemblé ses affaires.

Le jour commençait à poindre sur le village et Poudlard se détachait au loin, ombre majestueuse sur fond rose. De la neige sur les toits et les champs alentour. Un paysage d’excellent augure, se dit Harry en s’approchant du château. Il aurait pu transplaner plus près de l’école mais il avait ressenti l’envie irrépressible de faire le chemin à pied, de passer entre les boutiques et d’inspirer le parfum réconfortant de la boulangerie. Les élèves dormaient encore, on était samedi après tout, et Harry n’était même pas sûr qu’ils aient entendu parler du scandale.

De qui se moquait-il ? Ils devaient avoir été les premiers au courant ! Il lui semblait que le réseau des élèves était le système d’information le plus performant de la planète. Peut-être même avaient-ils su avant que la catastrophe ne se produise. Enfin, « catastrophe » était un trop grand mot, se corrigea-t-il, rien de trop dramatique ne s’était produit.

Il entama la descente vers le château. Une partie du lac était gelée mais les premiers rayons de soleil, aveuglants sur l’eau, oscillaient.

La professeure de défense contre les forces du mal et le professeur de potions… s’étaient volatilisés ensemble pour… personne ne savait vraiment. L’école n’avait aucune règle explicite relative aux relations entre professeurs et… enfin, il était de l’avis de tout le monde qu’ils auraient très bien pu vivre leur amour tranquillement en assurant leurs fonctions respectives. Mais, apparemment, un tour du monde avait été jugé nécessaire et ils avaient disparu dans la nature.

Et c’était pour ça qu’Harry était là. Il avait accepté – pour une durée déterminée – d’assurer les cours de défense contre les forces du mal. Il ne s’était jamais imaginé professeur et son poste d’Auror lui convenait parfaitement mais… mais il s’était laissé tenter. Revenir à Poudlard, maintenant que ça faisait dix ans qu’il n’y avait pas mis les pieds et enseigner à des élèves qu’il ne connaissait pas, ça lui avait paru être une merveilleuse idée. L'approche des fêtes de Noël avait peut-être favorisée cette abnégation.

Mais il n’avait aucune intention de s’y éterniser. On l’attendait au Ministère et son supérieur, Arthur Mistoak, lui avait bien fait comprendre qu’il s’agissait d’une faveur personnelle.

Il pénétra dans l’enceinte de l’école. Le stade de Quidditch sous la neige, au loin. De l’autre côté, la cabane de Hagrid, un point fumant presque avalé par la forêt interdite. 

Harry s’autorisa à s’arrêter un instant… il était chez lui. Pour la première fois en dix ans, il avait enfin la sensation de rentrer chez lui. Il sourit : enseigner, collaborer avec les autres professeurs, passer du temps avec Hagrid et Neville… Oui, être à Poudlard serait du gâteau.


— Ah, Harry, je suis heureuse de te voir !

McGonagall présidait là où Dumbledore l’avait fait, dans le même bureau, et Harry se dit que ça aurait dû lui faire quelque chose. Un pincement au cœur ou un sentiment peut-être plus négatif. Mais elle semblait parfaitement à sa place et Harry se fit la réflexion que Minerva ne l’aurait, elle, jamais envoyé à la chasse aux horcruxes.

Le portrait de Dumbledore, derrière elle, lui fit un clin d’œil et balaya par la même occasion ses pensées peu charitables. Le portrait de Rogue, quant à lui, plissa les yeux. Il y avait des choses qui ne changeaient pas.

— Professeure, je suis très content aussi.

Un euphémisme pour qualifier son état alors qu’il avait dû retenir une petite larme en contemplant l’école – reconstruite – qui ressemblait en tout point à celle qu’il avait eu la chance de fréquenter.

— Merci d’avoir accepté de nous rendre ce service. Je te propose d’attendre la venue du professeur de potions intérimaire afin que je puisse te donner les détails en même temps qu’à lui.

Harry n’y voyait strictement aucun inconvénient.

Ils échangèrent les dernières nouvelles, discutèrent un peu de Quidditch et finalement la porte s’ouvrit…sur Théodore Nott, plus fringant que jamais, qui se figea en voyant Harry.


Donc, Harry allait enseigner à Poudlard en même temps que Théodore Nott qui remplaçait – évidemment, évidemment que ça tombait sur lui – le professeur de potions. Pas de problème, décida-t-il une fois dans sa chambre. Harry était un adulte et il n’avait aucune gêne à croiser un amant d’un soir… quotidiennement... dans un contexte professionnel.

Ça arrivait à tout le monde, ça n’avait rien de dramatique et ce petit crush qu’il avait développé au fil du temps pour Nott serait vite oublié. Après tout, ils avaient consommé l’affaire, c’était fait, tout était dit. Ce n’était vraiment pas la peine de se couper en quatre pour quelque chose d’aussi insignifiant.

Oui, ce coup d’un soir avait un peu été un exorcisme. Il avait eu ce foutu crush pendant des mois parce que… Parce que Théodore Nott était extrêmement beau, qu’il avait toujours un livre dans la main et qu’il… Harry ne pouvait pas l’expliquer. C’était peut-être dans ses épaules, dans ses arcades sourcilières pour ce qu’il en savait, mais ça faisait des mois qu’il le regardait évoluer dans le Ministère et qu’il n’en pouvait tout simplement plus.

Ça faisait partie de ces choses inexplicables de la vie, comme le fait de marcher systématiquement dans de l’eau avec des chaussettes propres. Harry pouvait gérer. Non. Il allait gérer, parce qu’il était un adulte de bientôt trente ans et que collaborer avec un crush qui portait aussi la casquette de coup d’un soir, c’était tranquille. C’était cool, Raoul.

Ils avaient couché ensemble.

Il s’avérait que Nott était un excellent coup.

Super. Il pouvait passer à autre chose. Et peut-être en profiter pour arrêter d’utiliser l'expression “Cool, Raoul”.


En fait, non.

Impossible de passer à autre chose. Harry essayait d’être cool et détaché. Il lui disait bonjour du bout des lèvres pour montrer que vraiment : “Théodore Nott ? Très sympa, un chouette Monsieur, mais sans plus”. Il lui adressait des signes de tête mais esquivait toute conversation et-

Paradoxalement, s’il avait à la fois l’impression de gérer la situation comme jamais… il avait aussi l’impression d’être le pire des tocards à ne pas savoir être normal avec quelqu’un juste parce qu’ils avaient partagé une nuit ensemble.

Mais quelle nuit ! 

Tais-toi cerveau, s’intima Harry.


— Désires-tu que nous parlions de… l’autre soir ?

— Non, répondit Harry trop vite.

Parce que ce qu’il voulait dire, ce n’était pas qu’il ne voulait pas parler à Théodore tout court, c’était qu’il ne voulait pas tergiverser sur un sujet clos. Bon dieu, ils n’avaient rien en commun, tous les deux. En fait, c’était même pire que ça : Théodore Nott représentait littéralement tout ce qu’Harry tenait en horreur. Des principes vieux de plusieurs siècles, ce côté aristocratique (extrêmement séduisant) qu’Harry méprisait (mais, OK, désirait secrètement), cette inaccessibilité détestable… En fait, tout chez Théodore Nott aurait dû le repousser.

Étonnant que ce fut l’inverse. Étonnant qu’aucune pensée chrétienne n’ait jamais traversé son esprit lorsqu’il le contemplait.

— Ah, répondit Nott, très bien.

Harry voulut dire quelque chose. Quelque chose qui équivalait à : « Non, mais on peut parler en tant qu’amis, je ne vois juste pas l’intérêt de revenir sur cette folle (délicieuse) soirée », mais tout ce qui sortit de sa bouche fut un ricanement disgracieux.

L’autre homme lui adressa un signe de tête – il avait le haut des pommettes rouges – et s’éloigna à grands pas. Merde, pensa Harry, pas besoin d’être un expert en relations sociales pour savoir qu’il venait d’éconduire très impoliment quelqu’un qui essayait de se comporter en adulte. Ça le faisait passer pour un être totalement immature, voire franchement dégueulasse… parce que c’était lui qui avait dragué Théodore, lui encore qui avait proposé « qu’ils continuent la soirée ailleurs » et finalement lui qui l’avait embrassé.

— Attends !

Trop tard, Nott était déjà loin.

Pas grave, pensa Harry. Il le trouverait plus tard pour lui expliquer le fond de sa pensée. Si ça se trouvait, ils avaient en fait beaucoup de points communs et pourraient devenir d’excellents amis.


L’opportunité ne se présenta pas. Pas grave, pensa encore Harry alors qu’une mesquine culpabilité le rongeait centimètre par centimètre. Si cette dernière n’apparaissait pas naturellement devant lui, eh bien, il la provoquerait. Ce fut donc tout à fait décontracté (à comprendre : dans un état de stress intense) qu’Harry réajusta sa robe avant de se placer devant une porte. Elle aurait pu être tout à fait innocente, cette porte, sauf que c’était celle qui menait aux quartiers de Théodore Nott.

Il n’avait certainement pas l’intention d’y prendre racine. Il allait présenter des excuses pour son comportement cavalier, il allait lui expliquer qu’il l’appréciait sincèrement et ils pourraient reprendre chacun le cours de leurs vies respectives, avec toute la dignité qu’être enseignant à Poudlard présupposait.

Et personne ne saurait qu’il avait fraternisé (couché) avec l’ennemi et tout irait parfaitement bien dans le meilleur des mondes.

Il toqua.

Théodore Nott apparut comme une icône russe. C’était complètement dans l’imagination d’Harry mais il semblait émaner de lui une lumière dorée et divine et-

— Bonsoir, déclara-t-il en souriant.

Théodore fronça les sourcils. Un instant, très long, pendant lequel il ne répondit rien et, la seconde d’après, il attrapait Harry par les épaules et pressait son visage contre le sien.

Mince alors, il devait avoir compris sa présence comme un appel au deuxième service. Harry envisagea de le repousser et de lui signifier qu’il n’était pas du genre à coucher (une deuxième fois, disons, puisque l’offense avait déjà été commise) avec un sang-pur au sens moral questionnable. Mais la sensation de la bouche de Théodore contre la sienne était vraiment délicieuse et-

Et, OK, un coup d’un soir ou un coup de deux soirs, ça ne changeait pas grand-chose, au final. Il se laissa entraîner dans la chambre sans émettre la moindre résistance. Les mains de Théodore étaient déjà passées de ses épaules à ses côtes et Harry fondit contre lui.

C’était étrange, dans un sens, de retenir des gémissements dans Poudlard. Il avait toujours eu un comportement exemplaire et à part quelques baisers échangés avec Ginny ou Cho, il n’avait jamais dépassé la limite du convenable. C’était presque un fantasme qu’il réalisait, la mâchoire serrée, alors que Théodore le caressait vicieusement.

Meilleur moment de sa vie – non, se corrigea-t-il, il n’allait quand même pas exagérer à ce point mais la promesse de l’orgasme qui raidissait petit à petit ses muscles était manifestement de l’avis contraire. Bon dieu, ce qu’Harry pouvait souffrir et Théodore l’avait déjà si bien cerné, il avait compris (en deux fois ! ça méritait une médaille dans la salle des trophées) ce qu’Harry aimait, à quel point être retenu au bord du gouffre alors qu’il demeurait impuissant le rendait fou, et il devait bien admettre qu’il s’agissait… d’une deuxième nuit absolument qualitative.

Mais ce serait la dernière et, cette fois, Harry avait bien l’intention de s’y tenir.


Gloussement d’une élève de troisième année. Harry s’arracha à la contemplation de Théodore Nott au petit déjeuner (il avait à nouveau quitté la chambre qu’ils avaient partagée à une heure trop matinale) bien qu’il se régalât de cette vision franchement divine. De quel droit était-il si beau ? Les sangs-purs étaient supposés être tarés, pas magnifiques de cette façon et… bref, il s’arracha à la contemplation pour remarquer…

Que les élèves qui gloussaient étaient précisément en train de le regarder. Elles le regardaient regarder Théodore Nott.

Non, pensa Harry avec horreur, hors de question, impossible qu’une rumeur se propage concernant une prétendue aventure avec Nott. Il extrapolait peut-être complètement, mais si ça s’apprenait… 

Il déglutit. Si ça s’apprenait, il risquait de perdre une crédibilité durement acquise. Personne ne le prendrait au sérieux si, le jour, il combattait les idéaux des né-moldus et que, la nuit, il se faisait retourner par un sang-pur. Ça n’avait aucun sens et ses amis ne le lui pardonneraient jamais.

Très bien. C’était terminé de fantasmer sur Théodore Nott. Harry ne comprenait même pas pourquoi il avait continué de fantasmer alors qu’il avait eu –  à deux reprises – ce qu’il voulait. Ça aurait dû lui passer, vraiment ! Qu’attendait-il de plus ? Avait-il donc besoin de l’épouser pour que cette passade disparaisse ?

Idée ridicule même si celle-ci avait éveillé en lui un il-ne-savait-quoi d’agréable. Harry n’avait pas suffisamment d’expérience avec les hommes pour savoir si Nott était une exception ou si tous les hommes étaient des amants attentionnés et, franchement, doués plus que de raison. La sienne lui suggérait, évidemment, qu’il n’en était rien, et que c’était Nott qui était spécial, mais il refusait catégoriquement de l’encenser encore dans son esprit.

Stop. Cette fois, il allait penser à autre chose, comme sa leçon du jour qui était très importante, tout comme l’étaient ses élèves… Nott devait probablement être un meilleur professeur que lui – oh non, il était vraiment foutu.


Oui, foutu, c’était le bon terme. Il n’en voyait pas d’autres alors qu’il faillit se faire un croche-pied dans ses propres jambes en le croisant dans un couloir. Encore une fois, ce n’était pas de sa faute. Théodore Nott avançait avec la démarche d’un conquérant, la robe tourbillonnant autour de lui, les yeux rivés sur un livre. Harry avait envie de rendre cet ensemble illégal, et d’ailleurs il allait proposer la motion à Hermione le soir même.

Quel dieu avait-il offensé pour que sa vie se résume à ça ? Il n’avait rien fait de mal, au contraire, il avait quand même débarrassé le monde sorcier d’une menace sacrément dangereuse, et l’univers le lui rendait en le narguant avec Théodore Nott ? Était-ce là réellement ce qu’il méritait ?

Il fallait bien croire que oui alors qu’il manquait de s’étouffer avec son jus de citrouille parce que Nott avait souri à McGonagall.

Une chose était sûre, il n’irait plus jamais toquer à la porte de sa chambre pour « discuter », parce qu’il savait désormais qu’il n’en tirerait rien de bon. Enfin, ça dépendait du point de vue, il imaginait. Son corps en tirait clairement quelque chose de très bon mais pas son mental. Il était Harry Potter, il avait des principes et-

Et rien, ni personne (emphase sur le « personne ») ne pourrait jamais les lui arracher. Pas même le joli minois d’un garçon très séduisant.


N’ayant jamais été préfet, Harry n’était pas familier des rondes qui avaient pour but de chasser les élèves trop aventureux pour leur faire regagner leurs dortoirs respectifs. Il n’y a plus de jeunesse, pensa-t-il (en occultant toutes les retenues dont il avait écopé et toutes les entorses au règlement qu’il avait faites), ces jeunes font n’importe quoi. C’était le troisième qu’il croisait et la maison Gryffondor, à son grand dam, se faisait retirer des points par dizaines. Ne pensaient-ils donc pas à la coupe ? N’en avaient-ils donc rien à faire ?

Il s’arrêta dans le couloir. Les tableaux se figèrent autour de lui comme s’ils étaient très surpris de voir Harry Potter se soumettre à une illumination divine à vingt-deux heures un mardi soir alors qu’il patrouillait.

La révélation divine tenait en autant de termes : Harry était-il en train de se métamorphoser en Rogue ? Non, impossible… Il était plutôt en train de s’inspirer de Minerva (ils avaient atteint le stade de leur relation où ils s’appelaient par leurs prénoms. Harry avait d’ailleurs failli lâcher une petite larme lorsque son ancienne professeure lui avait suggéré de l’appeler Minerva), c’était elle son mentor. Enfin, ça n’avait pas d’importance, les élèves étaient des malhonnêtes, voilà le problème. 

Il reprit sa marche, les tableaux reprirent leurs mystérieuses activités et tout se passait à merveille. Enfin, les choses risquaient de se passer un peu moins à merveille parce qu’Harry approchait d’un placard à balais que tous les couples (selon les statistiques qu’il avait établies) élisaient comme « endroit parfait pour faire dieu savait quoi ». Ce n’était vraiment pas une partie de plaisir de déloger des adolescents, encore moins des adolescents en divers degrés de déshabillement.

Au moins, se dit-il, aucun bruit suspect ne s’en échappait. C’était déjà une belle victoire. Il s’en approcha… 

Et, à l’autre bout du couloir, Théodore Nott.

Il avait vraiment… fière allure. Bon dieu, ce qu’il pouvait avoir fière allure. De quel droit était-il aussi beau ? Il lui adressa un sourire. Harry le lui rendit, parce qu’il était poli et non pas pour une autre raison moins avouable.

Non, il était tout sauf énamouré, il ne le connaissait même pas de toute façon. Il n’était plus un adolescent qui chavirait parce que quelqu’un avait été injustement favorisé par les lois de la génétique.

Harry n’était pas quelqu’un de superficiel, après tout.

Devait-il lui dire bonjour ? Il lui sourit à la place. Sourire, c’était toujours une solution pragmatique aux problèmes de la vie. Un petit signe de tête pour lui faire comprendre qu’il l’avait vu, qu’il le considérait comme un être vivant digne d’une salutation et… Nott le lui rendit sans arrêter sa course.

Ils se retrouvèrent bientôt, tous les deux, devant le fameux placard à balais. Des idées peu chrétiennes se frayèrent un chemin dans l’esprit d’Harry qui hocha plusieurs fois la tête, sans avoir la moindre idée de la signification de ces hochements. Il devait avoir l’air d’un demeuré à se comporter comme ces machins que les moldus mettaient dans leur voiture.

Nott ouvrit la porte. Pour une fois, et merci les cieux, il n’y avait personne dans le placard à balais.

— Super, marmonna Harry qui aurait été bien embarrassé de sermonner des étudiants devant Nott. 

Il essayait de garder une attitude « cool » devant l’autre homme (qui l’avait vu dans des positions et émettant des sons qui ne l’étaient absolument pas), et c’était le genre de petits miracles qui le convainquaient que la vie n’était, peut-être, pas si injuste.

Il adressa un regard à Nott qui le soutint. Le regard en question devint subitement très lourd et très chargé. Harry n’osait même pas détourner les yeux. En fait, il ne comprenait tout simplement pas le sens de cet échange mais-

Mais une seconde après, alors qu’il était sur le point de s’éclaircir la gorge, d’une façon fort distinguée, Nott l’attrapa par le bras et le poussa dans le placard. Harry n’eut pas le temps de se demander s’il allait se faire lâchement assassiner que des lèvres (chaudes et divines et bon dieu) s’abattaient sur les siennes avec la force du Poudlard Express. Était-ce donc ça le paradis ?

Non, c’était tout sauf le paradis, ils étaient dans un placard à balais. Deux professeurs responsables et, s’il y avait bien une chose dont Harry était sûr, c’était qu’ils n’étaient pas supposés se tripoter au su et au vu de tous.

Pensée balayée : Théodore se pressait contre lui. Eh bien soit, c’était ça, sa vie : être un dévergondé qui se faisait ravager dans un placard. Harry supposait qu’il était déjà tombé bien plus bas que ça et qu’il valait mieux profiter de l’instant présent, carpe diem et cætera. Il n’offrit donc pas la moindre résistance alors que Théodore lui embrassait le cou et déboutonnait son pantalon, pas plus que lorsqu’il glissa une main chaude dans son caleçon.

Ni pour tout le reste, d’ailleurs.

Harry n’était pas très doué pour être raisonnable. Et il en était au stade où il retenait des gémissements dans le cou de Nott qui était manifestement passé maître dans l’art de la masturbation lorsque retentirent…

Des gloussements. Encore des gloussements, pensa Harry avec colère avant que… avant que la porte du placard ne s’ouvre.

Alors qu’Harry était… Alors que Théodore Nott et Harry Potter étaient… 

Oh non...

La porte se referma et ce mouvement fut suivi par un bruit de course. Harry n’avait même pas vu qui les avait surpris et, au son que fit le claquement de leurs talons, ils étaient déjà loin depuis belle lurette.


— Pouvez-vous me dire s’il y a quelque chose dans cette école qui pousse le professeur de défense contre les forces du mal à fricoter avec le professeur de potions ?

Minerva n’avait pas haussé la voix mais sa désapprobation était palpable. Harry avait l’impression de s’étouffer avec cette substance théoriquement conceptuelle mais qui avait la densité de l’eau brûlante.

— Parce qu’une fois, je veux bien concevoir que cela se produise, reprit Minerva, mais deux fois ? Avez-vous quelque chose à me dire ? Sans parler du fait de se faire surprendre par des élèves ? N’avez-vous donc aucun sens des responsabilités ?

Harry avait, à nouveau, l’impression d’avoir quinze ans et de se faire rabrouer. Ce n’était pas agréable.

Évidemment, toute l’école était au courant. Professeur Potter et Professeur Nott couchaient ensemble dans le placard à balais ! Harry n’avait même pas eu le cœur de dire qu’à ce moment-là, ils n’avaient pas été stricto sensu en train de coucher ensemble, mais bref. Ce n’était pas des conversations à tenir avec des adolescents.

Nott et lui étaient déjà suffisamment dans le pétrin pour ne pas en rajouter une couche en ayant des conversations inappropriées avec des jeunes.

— Désolé, Professeure, proposa Harry.

Il espérait qu’elle apprécierait qu’il l’appelle à nouveau Professeure plutôt que Minerva. C’était, un peu, pour montrer à quel point il était contrit et à quel point il regrettait la totalité de ses actes.

— Il n’y a pas de « désolé » qui tienne. Je n’ose pas imaginer les ramifications, vous pensez vraiment que la Gazette ne va pas publier un article à ce sujet ? Ils étaient déjà heureux de parler du dernier scandale alors s’il y en a un nouveau et, qu’en plus, il s’agit d’Harry Potter… Mais que voulez-vous que je fasse ?

Harry ne savait pas. Théodore Nott non plus. Le silence s’éternisa jusqu’à ce que Minerva, folle de rage, les congédie en les enjoignant à ne pas réitérer leur méfait.

Ah ça ! Harry avait bien l’intention de ne jamais réitérer le méfait en question. Il s’était approché trop près du soleil, il s’était brûlé… l'entièreté du corps… et cette fois, cette fois, sincèrement, on ne l’y reprendrait plus.


D’ailleurs, pour montrer à quel point il était sérieux dans cette nouvelle résolution, Harry avait décidé de ne plus quitter sa chambre. Il ne mettrait plus le moindre centimètre dehors, il se comporterait désormais comme un ermite qualitatif et ce fut fort de cette résolution qu’il entreprit de prétendre lire un livre sur l’occlumancie.

Jusqu’à ce qu’on l’interrompe… Parce que quelqu’un venait de toquer.

C’était sans doute Minerva, qui voulait enfoncer le clou métaphorique et lui faire comprendre par la même occasion qu’il était vraiment un brigand qui mériterait d’être envoyé à Azkaban.

Il se releva lentement de son siège, peu enclin à faire preuve de vitesse, et s’approcha de la porte. C’était drôle comme l’atmosphère chaleureuse de son appartement pouvait soudainement devenir lugubre par le simple fait de recevoir un invité peu commode.

Il ouvrit la porte en soupirant, prêt à accueillir le visage désapprobateur de son ancienne Professeure. Mais ce n’était pas Minerva qui se tenait dans l’encadrement.

C’était Théodore Nott. Évidemment que c’était Théodore Nott.

— Harry, commença-t-il.

Et Harry réalisa qu’ils n’avaient jamais… vraiment parlé. Ils avaient parlé dans le bar quand Harry lui avait fait son numéro de drague, mais plus depuis.

Chapeau, Harry, se félicita-t-il. Ce n’était pas une façon sympathique de traiter quelqu’un que celle-là.

— Bonsoir, répondit-il.

Le comble de la sophistication.

— Est-ce que je peux entrer ? Je me suis dit que c’était une bonne idée qu’on… qu’on définisse une stratégie.

— À propos de quoi ? demanda Harry poliment.

— À propos de la Gazette du Sorcier.

Ah. Ah oui, c’était juste. Cette dernière était probablement au courant, voire connaissait déjà tous les détails. Peut-être même en avaient-ils inventé un certain nombre depuis pour rendre l’histoire encore plus croustillante.

— Entre.

Il se décala et regretta cette magnanimité. C’était cosy chez lui, justement parce qu’il ne se donnait aucune peine à ranger les lieux. Il y avait des magazines partout, des livres (et quelques habits) étalés dans toute la pièce. Il attrapa à la volée une robe et un pantalon (qu’il cacha ensuite adroitement dans un placard) et se tourna vers Nott.

— Assieds-toi, désolé pour l’état de rangement, je n’attendais personne.

— Pas de problème.

Théodore prit place sur un fauteuil. Il était assis bien droit et sa posture contrastait carrément avec l’image d’homme suave qu’Harry entretenait dans sa tête. Enfin bon, il n’allait pas s’en plaindre. Plus ils étaient gênés l’un envers l’autre, plus le risque de… dérapage diminuait.

 Le silence s’installa mais Harry décida de le déloger avant qu’il ne prenne racine :

— Et donc ? Tu voulais qu’on parle de… de quoi ?

— Qu’est-ce que tu as l’intention de dire à la Gazette ?

Harry n’avait pas réfléchi jusque-là. En fait, il s’était dit qu’il verrait bien en temps voulu. C’était bien ça, le problème de fricoter avec le gratin de la société sorcière : on se voyait bien vite obligé d’établir des stratégies de communication plutôt que de se laisser porter dans la vie tel un pissenlit.

Harry aimait beaucoup se comparer à un pissenlit.

— Je t’avoue ne pas avoir trop réfléchi. De toute façon, je ne vois pas en quoi ça les regarde.

— Harry, c’est très important que nous ayons une stratégie. Cette situation pourrait sincèrement dégénérer.

— Pourquoi ?

C’était une question absolument sincère. Qu’est-ce que ça leur importait, de connaître l’identité de l’individu qu’Harry fourrait dans son lit ? (ou plutôt l’individu qui parvenait à fourrer Harry Potter dans son lit, mais ce n’était que sémantique)

— Parce que compte tenu de qui nous sommes, ça peut être utilisé à des fins politiques. Et je ne suis pas sûr que ce soit ce que tu veux qu’il se produise.

— Non, en effet.

C’était ce qui avait torturé Harry pendant des semaines (d’accord, pendant une quinzaine de minutes). Bien sûr que ce n’était pas anodin !  Le fait qu’Harry Potter couche avec Théodore Nott n’était pas anodin du tout, même. 

Il regrettait de ne pas avoir parlé à ses amis de cette légère incartade. Hermione saurait quoi faire. Mais il n’allait pas la déranger à une heure pareille pour lui étaler ses problèmes relationnels. Surtout que la syncope qu’il lui refilerait et l’engueulade qui s’en suivrait n’étaient pas propices à un mercredi soir.

— Qu’est-ce que tu suggères ? demanda Harry.

— Je ne sais pas. Je t’avoue ne pas trop comprendre ce qu’il se passe de manière générale donc… C’est pour ça que je me suis dit que c’était une bonne idée de venir t’en parler.

Harry ne comprenait rien non plus, c’était au moins un point qu’ils avaient en commun.

— On peut simplement dire qu’il s’agit d’une…, Harry grimaça, une aventure ?

— Tu es prêt à en assumer les conséquences ?

— Quelles conséquences ?

Théodore Nott lui sourit. Il était assez indulgent, ce sourire, et, vraiment, Harry ne pouvait pas se blâmer pour y avoir succombé trois fois parce qu’il était vraiment canon.

— Ce que les gens diront de ton attitude et du fait que tu as des aventures. Ils vont contorsionner ton image jusqu’à faire de toi un playboy. Et c’est possible que ça entraîne des conséquences que tu doives assumer par la suite.

— Ah, je n’avais pas pensé à ça. Tu as une autre idée ?

Très long silence. Théodore le contemplait sans détourner les yeux et Harry sentit une gêne inconfortable se greffer à ses organes à force d’être scruté de cette façon. Y avait-il quelque chose qu’il ignorait ? Y avait-il une solution toute trouvée qu’il ne parvenait pas à entrevoir car il n’y avait que du vide entre ses deux oreilles ?

— On pourrait…, articula lentement Théodore comme s’il parlait à un être dénué d’intelligence, on pourrait se donner une chance ?

— Comment ça ?

Harry avait à nouveau parlé trop vite, parce que le visage de Théodore blanchit et le sien devint soudainement plus rouge. Comme si la coloration de l’un s’était transmise à l’autre. Parfait. Parfait, c’était parfait, et Harry se remerciait d’être à ce point brillant.

— Je parlais de nous mais je ne voulais pas te brusquer. Désolé.

Théodore s’était déjà relevé.

Harry était donc un tel idiot ? Il se releva aussi et faillit se prendre les pieds dans le tapis. C’était pas possible d’être un crétin pareil ! Il devrait être médaillé, à ce stade.

— Attends, tu ne me brusques pas. J’ai juste du mal à être… rationnel. Quand il s’agit de toi, prit-il la peine d’ajouter pour démontrer qu’il n’était pas un crétin complet mais bien un crétin circonstanciel.

Théodore Nott se figea. À nouveau cet inconfort, à nouveau cette impression qu’il était mauvais en tout et particulièrement en relations. Hermione le lui avait déjà dit, Cho le lui avait dit, Merlin, Ginny le lui avait répété des centaines de fois. Il allait de nouveau tout faire foirer parce qu’il était incapable d’aligner trois phrases sans être brusque ou vexant.

— Je veux bien qu’on essaye. On a l’air d’être plutôt… compatibles, il me semble.

Harry aurait mieux fait de laisser Voldemort l’achever plutôt que de sortir des saloperies pareilles. Compatibles, compatibles ? Compatibles ! Mais quelle mouche l’avait-il donc piqué ?

Contre toute attente – parce qu’elles étaient plutôt en faveur d’un air dégoûté –, Théodore se tordit les mains et ajouta :

— Alors on pourrait… on pourrait aller manger ensemble demain soir ? Dans un établissement moldu, peut-être, pour ne pas être harcelés par la Gazette ?

— Ça me semble une excellente idée. Merci pour la proposition.

Et Harry avança dans la pièce pour lui serrer la main.

Ils se serrèrent la main.

Tant pis pour le repas du lendemain, Harry allait s’immoler avant la fin de la nuit.


Un restaurant moldu, donc. 

Théodore détonnait dans cette pizzeria déserte, mais dont la décoration était résolument populaire. Le contraste entre celle supposément italienne et celle de Noël : un contraste assez cocasse. Il avait fait un effort sur sa tenue (Harry aussi mais le résultat était un peu moins saisissant) et, accoudé à cette nappe à carreaux rouges que Pétunia aurait vivement critiquée, il avait quand même un côté un peu ridicule.

La Gazette ne les avait pas épargnés. L’article était scandaleux au possible : il faisait état de leurs ébats devant des élèves, et l’auteur était à deux doigts d’exiger la démission des deux professeurs. Harry se dit qu’heureusement, il était question de lui-même, ce qui garantissait une certaine indulgence.

Enfin. Le problème n’était pas l’article auquel il avait eu le temps de se préparer. Le problème, c’était la conversation qu’ils étaient supposés avoir, Théodore Nott et lui.

— Et donc ? Euh, à part être professeur à Poudlard remplaçant, qu’est-ce que tu aimes faire dans la vie ?

Harry se dit qu’il pourrait écrire des livres sur l’art de la conversation car il était manifestement très doué.

— En ce moment, je me passionne pour les Nyctibatrachus acanthodermis. Ce sont des grenouilles, précisa Théodore en voyant l’expression d’Harry, elles viennent du Palakkad. C’est en Inde.

— Ah, c’est… super, proposa Harry.  

— Oui, surtout qu’elles sont vraiment particulières. Surtout par rapport aux autres espèces de la région ! D’une part, elles sont vraiment beaucoup plus grandes, et leur corps est robuste contrairement aux Licanbatracus qui sont plutôt fines ! Et, c’est fou, parce qu’elles ont une palmure moyenne sur les pieds, c’est vraiment rare ! Et… désolé.

— Pas de quoi, répondit Harry, surpris.

Et un tantinet charmé. D’accord, un peu plus qu’un tantinet.

— Mais c’est une grenouille magique ? reprit-il.

— Non ! s’exclama Théodore comme si l’idée était absurde, bien sûr que non. Les grenouilles magiques ne sont pas du tout dans cet embranchement.

— Ah bon ?

— Oui, enfin, je ne sais pas si tu t’y connais mais la question de la classification entre espèces… disons non-magiques et magiques est réellement un casse-tête sans nom. Les magizoologistes avaient inventé une classification à part mais la Proceraglottus a complètement remis en question ce parti pris. Mais en fait, on peut aussi se dire que la classification des espèces telle qu’elle était conçue émanait du paradigme qui séparait en lignes claires ce qui était magique et ce qui ne l’était pas.

— Je ne suis pas sûr d’être d’accord avec cette séparation, déclara Harry qui craignait qu’il ne s’agisse d’une façon détournée de promouvoir la pureté du sang.

— Non, justement, la zoologie remettrait en question tous ces partis pris. Et considérerait le règne animal et végétal comme un ensemble cohérent sans séparation claire.

— Êtes-vous en train de me dire, Monsieur Nott, que vous êtes progressiste ?

Harry s’était un peu penché sur la table, un peu trop sans doute, il avait voulu donner à ce rendez-vous une saveur décontractée, qu’il était en train de lancer par la fenêtre. Mais ce n’était pas sa faute si Nott était… à couper le souffle. Des grenouilles. Il aurait vraiment tout entendu.

Nott se pencha lui aussi sur la table :

— Oui.


C’était beau, la vie, quand même. Ça l’était un peu moins quand elle était gênante d’une façon qui ne pouvait être qualifiée que de malveillante. Mais bon, Harry était de toute façon une victime. Comment étaient-ils supposés se dire au revoir ?

Plutôt mourir que de lui serrer la main à nouveau, se dit Harry avec conviction. Mais Théodore n’avait pas l’air d’être le genre de personne à apprécier les câlins. Il semblait se raidir dès que quelqu’un s’approchait trop de lui.

Une claque dans le dos ? Ridicule et trop amical.

Lui taper dans la main comme s’ils avaient douze ans ? Terrible aussi.

— Merci pour la soirée. Et merci d’avoir proposé qu’on se voie. C’était…cool.

— Oui, merci Harry.

Oh mon dieu, mais l’univers n’avait-il donc pas de pitié ?

— Alors… bonne soirée, essaya Harry.

Théodore hocha la tête, glissa les mains dans ses poches et s’éloigna en direction de sa chambre. Harry fit de même. Il n’avait de toute manière aucun intérêt à rester dans le couloir. 

C’était la pire fin de rendez-vous de sa vie. Pourquoi Théodore ne l’avait-il pas embrassé ? Et, pendant qu’on y était, pourquoi est-ce qu’Harry ne l’avait pas fait, lui ?

Soit ils étaient tous les deux d’incroyables handicapés des relations sociales, soit Théodore avait perdu tout intérêt pour lui. C’était vrai qu’Harry n’avait globalement pas grand-chose à dire, et certainement pas grand-chose à dire sur les amphibiens en particulier. Peut-être qu’il devrait s’acheter un livre ?

C’est sur ces pensées moroses qu’il retourna dans sa chambre. Il était franchement insatisfait du déroulement de cette fin de soirée et… Et il s’arrêta. Où était passé ses côtés Gryffondor ? Où donc était passé son courage ?

L’avenir appartient à ceux qui savent le saisir, improvisa-t-il, et il fit demi-tour. Il ouvrit la porte de sa chambre avec force, bien décidé à aller retrouver Nott et mettre un terme moins catastrophique à la soirée…

Pour tomber sur lui devant la porte de sa chambre. Il n’avait même pas la main levée, il était… juste devant.

— Je voulais juste-

Mais Harry, plus rapide, l’avait attrapé par la cravate pour l’obliger à se pencher sur lui. Cela tenait désormais d’une certitude mathématique : Harry Potter était un dévergondé.

Au moins, c’était un qualificatif dont on pouvait aussi taxer Théodore Nott.