Chapter Text
GeekDays 2021. Enfin le retour en convention après toute cette pagaille causée par la pandémie ! Enfin ils allaient pouvoir se retrouver, et en cosplay, pour un weekend juste incroyable ! Il suffisait juste qu’ils se rassemblent et la journée allait pouvoir commencer en beauté !
9h50. Trois jeunes adultes étaient déjà sur place et dans la queue, attendant avec impatience. Il y avait lllay, une jeune personne non-binaire à lunettes de vingt-et-un an, aux yeux bruns et aux cheveux courts. Il était habillé et coiffé à l’effigie de Connor, un personnage androïde du jeu Detroit Become Human. Il venait tout juste de recevoir ce nouveau costume, et n’avait qu’une hâte : vivre sa première convention avec son tout nouveau cosplay ! Il était accompagné de son meilleur ami Elijah, ainsi que de Jafa. Le premier était un homme de vingt-deux ans, grand à la peau métissée, avec des cheveux d’un noir profond, frisés, et liés ensemble en dreads. Il possédait plusieurs piercings, que ce soit sur les oreilles, les lèvres ou la langue. Il portait son costume de Zerk, un personnage loufoque qu’il avait créé. Il était donc maquillé de traits tribaux sur le visage, portait des cornes enroulées aux allures démoniaques, une queue noire et verte, et des vêtements noirs dans un style rock. Enfin, la seconde, Jafa, était une jeune femme de vingt-quatre ans, aux yeux marron et aux cheveux courts et bruns. Afin d’être raccord avec Illay, elle portait fièrement le cosplay de Gavin Reed, un policier dans le même jeu dont était tiré Connor. Elle était donc habillée d’un t-shirt noir, d’une veste en cuir marron, d’un jean noir, et une fausse arme à feu. Elle s’était également affublée d’une barbe brune maquillée.
Au même titre que leur ami, ils étaient tous deux impatients de déambuler dans la convention tous réunis ! Ils étaient d’ailleurs arrivés ensemble après avoir passé presque une nuit blanche à raconter n’importe quoi chez Illay. C'était leur petit rituel, avant chaque convention où ils se rendaient tous les trois, de passer des nuits de fou rire. Parfois à regret, quand ils se réveillaient tôt pour pouvoir se maquiller et se costumer. Mais cette fois, ils étaient en pleine forme pour bien commencer leur journée ! Tous trois discutaient joyeusement de ce qu’ils allaient faire et du bonheur qu’ils ressentaient à l’instant même.
— Ça va être trop bien ! Par contre tu te calmes tout de suite avec ton Jasper là, Duddy guette ! mit en garde « Connor » en parlant à son meilleur ami.
Jasper était le personnage d’une autre de leurs amis, avec qui Zerk flirtait. Et Duddy était celui d’Illay avec qui… Zerk flirtait aussi.
— Je suis tout à fait calme ! fit le démon en ayant l’air de tout sauf innocent.
— Ouais ouais.
— Hé y a Stella qui vient aussi, non ? demanda Jafa.
— Yep ! En Kara normalement en plus !
— Parfait.
Stella était une autre de leurs amis, avec qui Illay et Jafa discutaient beaucoup sur Instagram. C’était une adolescente de dix-sept ans, d’une taille moyenne, aux yeux brun foncé souvent maquillés d’un joli trait d’eye-liner, et aux cheveux longs et noirs. Elle devait normalement les rejoindre costumée en un autre personnage de Detroit Become Human : Kara.
Ils discutèrent un moment d’un peu tout et rien, jusqu’à ce qu’ils puissent entrer dans le bâtiment. Le trio s’arrêta non loin de l’accès, afin d'attendre l’arrivée de leurs amies. Et l’attente ne fut pas bien longue ! La première à arriver fut Eli, qui sauta sur Elijah pour lui faire un énorme câlin, qui lui fut rendu.
— Elijaaaaah !
Elle offrit son effusion de bonheur et d’amour au reste du groupe, trop heureuse de les retrouver, surtout en cette journée si spéciale. Eli était une toute jeune femme aux cheveux châtains mi-longs, aux yeux gris éclatants et au sourire aussi grand que son coeur. Elle était costumée en Nines, un autre androïde du jeu déjà mis à l'honneur par deux de ses amis.
— Au final, elle te va bien cette wig, fit Illay, content.
— Ouiiii !
Eli trépignait, tellement elle était excitée d’être là. Et son bonheur ne se tassa pas, bien au contraire, quand les autres firent peu à peu leur arrivée. Léana fut la prochaine, l’air tout autant excitée que les autres de vivre cette fabuleuse journée en leur compagnie. Âgée de vingt-deux ans, elle portait des lunettes au-dessus de ses grands yeux bleus. Elle avait des cheveux longs, légèrement bouclés, et châtains. Elle portait le costume de Klaus dans Umbrella Academy. Plus tard, Lexa, Adèle, Mini, Liza arrivèrent presque en même temps. Et enfin, Stella arriva un peu plus tard.
— Vous ! s’insurgea Stella en marchant d’un pas furieux vers Illay et Jafa.
Elle offrit une belle tape derrière la tête de chacun d’eux.
— Ça c’est pour ce que vous m’avez fait subir avec vos rp !
— T’as osé frapper Connor ?! Je boude.
— N-non, bébou Connor revieeeens !
Et c’est avec un petit rire général que le groupe entra dans la convention, dans la joie et la bonne humeur.
La journée se déroula sans un seul incident, elle était tout simplement parfaite. Chacun s’amusa de tout son être, certains dépensant sans compter pour une tonne de goodies plus ou moins utiles. Des groupes se formèrent parfois pour déambuler, que ce soit pour former un groupe de cosplays spécifique, ou tout simplement pour se balader sans chercher à rester constamment collés tous ensemble.
Stella, Jafa, Illay et Eli faisaient le tour des stands tout en faisant quelques photos pour ceux qui reconnaissaient leurs personnages venant tous les quatre du même univers. Ils s’arrêtèrent devant un stand qu’ils n’avaient encore jamais vu auparavant, intrigués. Il ressemblait à ce genre de stand qui proposait des tombolas à deux balles, mais l’ambiance qu’offraient la décoration et les dizaines de parchemins disposés çà et là, rendaient la chose plus intéressante. Le but du jeu proposé : payer pour pouvoir tirer un parchemin. Un grand classique.
— Qu’est-ce qu’on peut gagner avec ces parchemins ? demanda Jafa, curieuse.
— Tout et rien, répondit la vendeuse.
Le groupe se regarda avec un sourire amusé en coin. Ça, c’était de la réponse.
— Allez, j’essaye ! s’affirma Illay, sortant son porte-monnaie pour payer.
Il avait bien envie de tenter, un peu de mystère ne faisait pas de tort. Avec un peu de chance, il gagnerait peut-être quelque chose d’utile. Et au pire, ce n’était pas grave. C’était la bonne journée pour s’essayer à la chance.
Il donna l’argent à la dame, cinq petits euros et elle lui montra d’un geste de la main la myriade de parchemins qui se présentait sur la table. Il y en avait des dizaines, tous rangés dans des boîtes de bois en position verticale, de façon à ce que tous soient visibles distinctement en prenant le moins de place possible. Le châtain passa alors doucement sa main au-dessus en se concentrant. Il voulait voir s’il ne pouvait pas user de son intuition pour choper quelque chose d’intéressant, pour une fois. Il ressentit parfois quelque chose en passant sa main au-dessus de certains parchemins, mais il s’arrêta devant l’un d’eux qui lui offrit un signal bien plus distinct. Cela le surprenait, d’ailleurs, qu’il puisse ressentir quelque chose d’aussi frappant. Cela ne lui était encore jamais arrivé. Il se saisit alors du parchemin, le déroula, et… Il ne put que voir un texte écrit en runes dont il ne comprenait pas le sens.
— Heu…
— Donnez-le-moi, demanda la vendeuse en présentant la main.
Il s’exécuta, et attendit qu’elle le lise, se demandant bien ce que cela signifiait. En tout cas, la mise en scène était plutôt sympa. Il avait vraiment l’impression d’être sous la tente d’une voyante ésotérique. Cette voyante, d’ailleurs, ne tarda pas à fouiller dans l’un de ses bacs en plastique remplis d’on ne sait quoi, et elle sortit une petite bourse de cuir, qu’elle tendit.
— Offrez une partie de ce que vous avez gagné, et vous serez récompensé par bien plus que de simples bijoux.
— Heu… D’accord ?
Mille questions se bousculaient dans la tête du jeune adulte, mais il décida de n'en poser aucune, préférant s’éloigner avec son groupe pour s’arrêter dans un coin.
— Alors c’est quoi ?? demanda Stella avec impatience.
— Elle était vraiment chelou cette dame, fit Jafa, un peu surprise par ce qui s’était passé.
— J’avoue…, répondit Eli.
— Ça devait être pour l’immersion, proposa Illay en ouvrant la bourse.
Il y découvrit six jolies bagues, toutes agrémentées d’une pierre colorée et d’un motif.
— Woaaaa trop cool ! s’exclama Stella en s'émerveillant.
Elle aimait beaucoup les bagues.
— Mais c’est génial d’avoir gagné tout ça pour cinq euros ! ajouta Eli.
— Mais tellement ! s’extasia l’heureux propriétaire. Y en a une avec un dragon dessus !
Immédiatement, Illay enfila la bague noire où étaient gravés deux lézards ailés, s'enroulant autour de la pierre violette en son centre. Il demanda ensuite, comptant bien suivre le conseil de la vendeuse.
— C’est laquelle votre préférée ?
— J’aime bien la dorée.
— Alors prends-la !
Eli remercia le châtain et prit la bague dorée dont la pierre scintillait de reflets ocres et ambrés, parfois irisés, et l’enfila à son tour. Chacun put suivre son exemple, choisissant l’une des bagues qu’offrait Illay. Il s’arrangea juste pour garder la rouge, dont la pierre semblait être maintenue à la bague par des dents, afin de l’offrir à Elijah quand il le retrouverait. Stella choisit alors la bleue, dont le motif représentait harmonieusement des formes géométriques carrées. Et enfin, Jafa choisit la orange, dont les motifs grecs rendaient la bague antique mais magnifique. Il n’en restait plus que deux, la fameuse rouge et la bague à la pierre verte, dont de petites étincelles semblaient jaillir de l’argent de l’anneau. Il savait très bien à qui il allait l’offrir.
— On retrouve les autres ?
Une dizaine de minutes plus tard, le groupe retrouva l’entrée où devaient se rassembler le reste de leurs amis. Illay ne tarda pas à aller retrouver Elijah et Léana pas très loin.
— Tenez, j’ai un cadeau pour vous !
— Woaw ! Tu les as eues où ?? demanda Léana en prenant la sienne, surprise de ce cadeau.
— Grâce à un tirage au sort. J’en ai eu six et je ne saurais pas quoi en faire, alors… J’espère qu’elles vous plaisent.
— Elle est superbe, merci bro ! s’exclama Elijah en enfilant le bijou qu’il appréciait plutôt bien.
La fin de la journée ne tarda pas à pointer, et tout le monde commença à sortir du bâtiment pour profiter des derniers instants de ce samedi au soleil, à l’extérieur. La plupart commença à partir aux alentours de 19h, mais le petit groupe de six, à présent lié par leurs bagues similaires, resta un peu plus longtemps, assis contre la façade du bâtiment, en cercle. Ils discutaient de tout et de rien, et n’avaient absolument pas envie que cette journée se termine, bien que la convention se poursuivait le lendemain.
— Je suis mort, mais je sens qu’on va encore pas dormir ce soir…, fit Illay, faussement désespéré.
— Fais pas genre, t’adores ça, ricana Jafa.
— Grillé.
— Vous venez en quoi demain ? demanda Léana.
— Haaaaawks ! s’écria Eli, impatiente de pouvoir porter à nouveau ce cosplay tiré de l'animé My Hero Academia.
— Pennydaddy, j’ai un groupe à retrouver demain héhé~, répondit Elijah, lui aussi mourant d’envie de revêtir l’accoutrement de son clown fétiche.
— Moi je vais faire Numéro 5 de la Umbrella Academy, affirma Stella d’un air entendu.
— Et moi je vais remettre Izuku~. Depuis le temps que je devais le sortir en mode Héro, je…-
Illay se stoppa dans sa phrase, surpris en relevant la main qui portait sa bague. Celle-ci faisait une étrange lumière, loin d’être naturelle et encore moins d’être normale.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Léana.
Elle baissa son regard sur son propre bijou, et sursauta. Il luisait du même éclat que celui de son ami.
— Je ne sais pas, elle s’est mise à briller d’un coup !
— La mienne aussi…
Tous se mirent à regarder leur main. Soudain, toutes les bagues se mirent à briller en même temps et du même éclat violet, sans que personne ne comprenne pourquoi, ni comment c’était possible. Et en quelques secondes à peine, avant que qui que ce soit ne réagisse réellement à la situation, ils disparurent d’un seul coup, ne laissant derrière eux que leurs sacs…
Notes:
Voilà, j'espère que ce début vous a plu ! La suite ne devrait pas tarder à arriver, puisque l'histoire est déjà écriture à 100%. Si vous le désirez, j'ai créé un compte instagram exprès pour cette histoire ! J'y posterai des petits teases pour les chapitres suivants, et surtout, je posterai des illustrations propres aux chapitres qui paraîtront ! Cherchez @universes_travel !
A bientôt pour la suite !
Chapter 2: Chapitre 1 - Point de vue d'Illay
Summary:
Le groupe d'ami atterrit en plein milieu d'une forêt, totalement perdus et inconscient de ce qu'il venait de lui arriver. Ils commencent alors à chercher comment rentrer chez eux, et à comprendre où ils sont...
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Chapitre 1: Point de vue d’Illay
C’est dans un grognement de douleur que j’atterris sur un sol meuble, recouvert de feuilles mortes et de terre humide. J’entendis mes amies frapper le sol à leur tour, tandis que je me redressais en me frottant là où mon corps avait supporté le choc. Qu’est-ce qu’il venait de se passer…? Et où on était ? Je levai les yeux, afin d’observer quelques instants le décor dans lequel nous avions atterri, le temps de réaliser que nous venions d’être téléportés dans un lieu inconnu. De ce que je pouvais voir, nous étions à présent dans une forêt luxuriante, presque tropicale, remplie d’arbres hauts, de fougères, de mousses, de champignons… Bref, tout ce que nous pouvions trouver dans une forêt exotique. Ces observations me firent me poser la question suivante : Où étaient passés le béton et les buildings de Lille ?!
Je m’assis en essayant de retirer la terre qui venait de tacher mon cosplay.
— Est-ce que tout va bien… ? demandai-je en posant un regard inquiet sur mes amies.
— Bien ? OU EST-CE QU’ON EST ?! s’exclama Stella, paniquée de voir toute cette verdure autour de nous.
— À première vue, dans une forêt.
— Merci, Jafa.
— Comment on a pu atterrir ici ?! s’affola Léana en se relevant.
Je ne le savais pas. J’avais l’impression d’être dans un rêve. Je pris quelques instants pour réfléchir. La dernière chose que nous avions fait avant qu’on se retrouve envoyés ici, fut de nous asseoir en cercle, et de discuter de notre journée de convention. Puis, alors que nous n’étions plus que six, nos bagues s’étaient mises à briller, et pouf, téléportation. Tout ça serait à cause des bagues que j’avais gagnées ? Mais comment c’était possible ? Non, il y avait forcément une autre explication.
— Frappe-moi, demandai-je à Stella.
— Avec plaisir !
Elle vint de suite me donner une bonne claque.
— Aïe !
— Tu m’as demandé !
— Et tu frappes sans même savoir pourquoi ?! dit Elijah, abasourdi.
— On me demande de frapper, je frappe.
— Et putain, tu fais mal… Au moins je suis sûr de pas être dans un rêve…, grognai-je en me frottant la joue.
— Attends.
Jafa se pinça très fort, et elle fut imitée par le reste de mes amis. Je pus voir à leur grimace qu’ils avaient bien mal. Je regardai ensuite mes mains. Je savais que les mains, dans un rêve, n’étaient JAMAIS normales. A croire que même le monde onirique était incapable de dessiner ces saloperies. Mais à mon plus grand désarrois, j’avais bien cinq doigts sur chaque main, et ma peau était parfaitement ordinaire. Nous n’étions pas dans un rêve…
— Fais chier… soufflai-je.
— Vous croyez que nos bagues sont magiques… ? proposa finalement Eli. Elles ont brillé juste avant qu’on… Qu’on arrive ici.
— C’est pas censé exister la magie ! La magie c’est bien dans Harry Potter, pas dans la vraie vie ! s’égosilla Stella.
— Bah oui, mais j’en sais rien, moi…
— Ça a forcément un lien…, ajouta Elijah.
— Vous croyez que si on se remet en cercle comme tout à l’heure, ça nous re-téléportera ? proposa Jafa.
— On peut toujours essayer…, répondis-je en me rasseyant sur le sol.
Nous nous exécutâmes, retrouvant nos positions initiales. Peut-être que mettre en cercle les porteurs des anneaux était un moyen de créer un genre de portail dimensionnel magique. Mais malgré nos positions assises renouvelées, rien ne se produisit. Nos bijoux gardèrent leur normalité écrasante.
— Ça fonctionne bien, ironisa Stella.
— Bon… Qu’est-ce qu’on fait ? interrogea Léana.
C’était une bonne question. Je n’avais absolument aucune idée de quoi faire pour arranger les choses, et l’ambiance de cette forêt m’angoissait de plus en plus. Pas qu’elle aie été particulièrement effrayante, mais me retrouver au milieu de nulle part, sans absolument rien pour manger, dormir, ni retrouver notre chemin, ça avait bien le don de déclencher mon anxiété.
Sans trop savoir quoi répondre, je lançai un regard autour de moi, et vers le ciel. Je pouvais voir à travers les feuilles que la journée ici était déjà bien avancée, mais moins que lorsque nous avions quitté Lille. Soit on avait remonté le temps, soit on se trouvait suffisamment loin de notre ville pour qu’on subisse un décalage horaire. Et ce n’était absolument pas plus rassurant.
— On ne va pas rester ici à attendre, en tout cas, réagit Elijah qui se releva, imitée par tous.
— On devrait se préparer à passer une nuit ici, au cas où…, ajoutai-je.
— Yes, une nuit en pleine forêt, avec pleins d’araignées partout…, frissonna Eli.
— Oh merde, me parle pas d’araignées…
— On ne devrait pas plutôt essayer de trouver des gens ? La civilisation, je sais pas ! se fit entendre Stella, pas du tout enthousiaste de passer une nuit dans cette nature au milieu de nulle part.
— On ne sait même pas où on est ! répondit Léana. Il pourrait n’y avoir personne à des dizaines de kilomètres à la ronde ! Et la nuit va bientôt tomber… Et j’ai pas du tout envie de m’aventurer là-dedans et qu’on se perde…
— On est déjà perdus.
— Tu m’as comprise !
— Allez, on se fait un Kohlanta ! le faux Gavin.
Jafa commença à s’avancer en forêt en incitant les autres à la suivre. Elle semblait bien décidée à chercher de quoi faire une cabane. Je ne me fis pas prier, la suivant avec le reste du groupe, recherchant déjà des bouts de bois en essayant de garder mon calme. J’étais sincèrement aux portes d’une crise de panique, alors j’essayais de m’occuper et de me focaliser sur un objectif pour l’éviter. Tout ça n’avait absolument AUCUN sens. Mais il ne fallait pas que je panique, il ne fallait pas que je panique… Ca ne servirait à rien hormis empirer les choses, alors je devais absolument garder mon calme… Je me rendis compte que j’avais arrêté de respirer pendant un peu trop longtemps, alors je pris une grande inspiration, bien qu’elle fut un peu tremblante… Ne pas penser au fait qu’on soit totalement perdus… Peut-être même dans un pays qui n’était carrément pas la France… Du… Calme…
Après quelques pas dans un silence lourd, un détail nous fit nous arrêter. Un son, plus précisément.
— Vous entendez ? demandai-je en tendant l’oreille.
— La mer ! confirma Elijah.
Nous nous précipitâmes alors vers le bruit des vagues. En quelques minutes, nous trouvâmes une plage de sable blanc, frappée par la marée haute. Ce fut un soulagement. Un petit soulagement, mais un soulagement quand même. Une plage était tellement moins étouffante qu’une forêt dense, je pouvais enfin me sentir un poil moins oppressé. Et surtout, qui disait mer, disait aussi bateaux !
— On va peut-être pouvoir voir des bateaux et être sauvés ! s’exclama Eli avec espoir.
— Ouais ! Mais faut trouver de quoi nous faire remarquer ! Quelqu’un sait faire du feu ? demanda Léana.
— J’ai juste l’expérience de plusieurs années de visionnage de Kohlanta, fis-je sans trop de conviction.
— C’est là qu’on regrette que personne ici ne soit fumeur…
— Bon allez, on peut y arriver ! affirma Jafa.
Sur ces mots, nous nous mîmes au travail. Jafa et moi tentâmes de faire du feu. Stella et Léana partirent chercher un quelconque point d’eau douce dans les parages. Et Elijah et Eli commencèrent à rassembler de quoi se faire un abri pour la nuit. C’était réellement le début d’une aventure Kohlanta, en quelque sorte. Sauf qu’il n’y avait pas Denis Brogniart. Et s’il n’y avait pas Denis, alors ça n’avait absolument aucun intérêt. Donc c’était nul, et flippant, et j’avais très envie de rentrer à la maison. Seul point positif : penser à ce cher Denis m’avait un peu fait rire, et m’avait aidé à me détendre. Enfin, juste un peu.
Malgré la situation plus que déstabilisante, nous fûmes étonnamment efficaces. Surement parce que nous activer était une bonne manière d’éviter de penser au pire. Moi-même, je faisais tout pour éviter de penser que nous étions totalement perdus, sans eau ni nourriture, et loin de nos familles. J’essayais plutôt de prendre ça du bon côté, même si c’était extrêmement compliqué, et de peut-être un peu en profiter. Je n’avais qu’à imaginer que nous étions simplement à la plage, et qu’on expérimentait une petite aventure sauvage tous ensemble, et qu’on allait finir par rentrer… Je n’étais pas seul, et c’était le plus important. En tout cas, je faisais mon possible pour m’en persuader.
Après plusieurs heures, et par miracle surtout, Jafa et moi réussîmes à faire du feu ! Bon, nous avions les mains écorchées, et les bras aussi brûlants que les flammes du foyer, mais nous avions de quoi nous réchauffer ! Comme quoi, la téléréalité pouvait s’avérer utile. Un peu. Nous avions rejoint Eli et Elijah pour les aider, et une cabane avait plus ou moins vu le jour… Disons qu’on espérait qu’il n’y ait pas trop de vent cette nuit-là, pour éviter de mourir écrasés par une cinquantaine de bouts de bois. Je me demandais presque si on ne s’en sortirait pas mieux si on dormait à la belle étoile. Léana et Stella avaient quant à elles trouvé un petit cours d’eau pas loin, de quoi nous éviter de mourir déshydratés ou étouffés par l’odeur des autres si on devait rester ici plusieurs jours. Tout se déroulait plutôt bien compte tenu des circonstances, à un détail près…
— J’ai faaaaaaim…, gémis-je.
— On a des noix de coco, mais pas de quoi les ouvrir, fit Eli, dépitée.
— Ni le talent, ajouta Jafa.
— Surtout pas le talent, enchérit Stella.
— Au moins dans Kohlanta, ils ont une machette, me plaignais-je.
— On essayera de trouver de quoi manger demain, mais sans outil, on va vite galérer, grimaça Léana.
— On va peut-être trouver des fruits, espéra Elijah.
— Ou alors on goûtera les branches. Miam.
Il y eut quelques pouffements, mais un silence s’abattit finalement sur nous, alors que nous observions notre feu de camp, assis tout autour. Maintenant que nous nous étions posés et que nous n’avions plus grand-chose à faire avec la nuit qui était tombée, on pouvait réfléchir à ce qui nous arrivait. Et nous sentir mal. Nous qui ne voulions que profiter de notre première convention depuis plus d’un an, voire deux pour certaines, nous voilà au milieu de nulle part, à tenter de survivre sans rien comprendre à ce qui nous arrivait. Sérieusement, comment en était-on arrivés là ? C’était forcément à cause de ces foutues bagues, mais comment c’était putain de possible qu’elles puissent nous téléporter comme ça ?! Je n’étais pas contre le principe de la magie, dans la réalité. Mais je ne croyais pas du tout à ce type de magie-là ! Pas quelque chose d’aussi… Fantaisiste ! Je soupirai.
Eli vint s’installer à côté de moi, et m’offrit un câlin. Nous en avions sans doute besoin tous les deux, elle peut-être encore plus que moi.
Après un moment dans le silence, je repris sur moi. Voyons le bon côté des choses : nous n’étions pas seuls dans cette galère, nous étions ensemble ! On arriverait bien à se débrouiller, à nous six. Mieux que seuls en tout cas. Fallait dire que seul, je serais sans doute déjà mort, noyé dans mes larmes.
— Au moins…, commençai-je pour briser le silence. Nous qui voulions passer une nuit sur la plage, on est servis.
Toutes celles qui avaient passé ce fameux séjour chez Elijah, en août, lâchèrent un petit pouffement. En effet, alors que nous étions encore en parfaite sécurité chez lui, qui habitait tout près de la mer, nous avions évoqué l’envie de passer une nuit auprès de l’eau pour observer les étoiles. Ici, on ne pouvait pas être plus servis en termes d’air iodé et de ciel étoilé. C’était déjà ça.
— J’aurais préféré d’autres circonstances, mais t’as pas tort, répondit Jafa.
— On voit super bien les étoiles ! fit remarquer Eli en observant le ciel sombre.
C’était vrai. Je n’avais absolument jamais vu un ciel pareil. On pouvait voir presque toutes les étoiles de l’univers comme ça ! Et j’étais sûr qu’en m’éloignant du feu, je pourrais retirer le « presque ».
— Je vais aller voir plus loin, loin de la lumière ! affirmai-je en me relevant.
Eli, Elijah et Léana suivirent mon mouvement tandis que les deux autres restaient près du feu pour veiller sur lui. Nous nous installâmes alors dans le sable frais, suffisamment loin de la lumière pour regarder le ciel sans pollution lumineuse. C’était vraiment magnifique. La voie lactée se dessinait parfaitement au-dessus de nous, et la lune n’était qu’à son croissant. Ça me rassura un peu. Au moins, je savais que nous n’avions pas changé de planète, ce qui était déjà une bonne nouvelle.
— Vous pensez qu’on est où… ? questionnai-je.
— Je ne sais pas… Loin de chez nous, en tout cas…, soupira Léana, l’air vraiment mal.
Je posai une main sur son épaule, sachant très bien que cette situation était peut-être encore plus dure pour elle que pour moi.
— On va rentrer. Quelqu’un finira bien par nous trouver.
— J’espère…
Eli vint faire un gros câlin à Léana, voulant la soutenir comme elle pouvait. Et bien que cette dernière ne soit pas très tactile habituellement, elle le lui rendit bien volontiers. Elle en avait vraiment besoin. Je soupirai, et je me tournai vers Elijah.
— Toi, comment tu te sens ?
— Un peu comme vous tous, j’imagine… Mais je me dis que ce qui nous arrive n’arrive pas par hasard. On va s’en sortir.
J’acquiesçai. J’avais à peu près la même vision que lui, sur ce genre de chose, même si là, j’étais totalement déboussolé par le côté impossible de notre situation. Il était peut-être temps de laisser de côté la logique, et d’accepter qu’il existait peut-être bien une forme de magie fantastique dans notre monde. Je me souvins alors de ce que m'avait dit la vendeuse, quand j’avais reçu la bourse.
— Vous serez récompensés par bien plus que de simples bijoux, murmurai-je.
— Mmh ?
— C’est ce que la dame m’a dit en me donnant les bagues… Tu crois qu’elle savait ce qui allait nous arriver ?
— Je ne sais pas, peut-être ? C’est tellement surréaliste…
— Ouais…
Je soupirai à nouveau en replongeant mon regard dans le ciel enchanteur. Après un instant, je décidai de m’allonger sur le sable doux, pour mieux regarder et profiter. Je n’aurais sans doute plus jamais, ou presque, l’occasion d’observer un ciel pareil. Alors, même si j’avais peur, il fallait profiter de ce que cette situation déplorable avait à offrir de bon. Je vis mes amis faire de même, et nous observâmes ensemble, mais en silence. Je tentai de reconnaître des constellations, et je fus étrangement soulagé de retrouver la grande ours. Tout comme la lune, ces étoiles me prouvaient que nous étions toujours sur Terre. Et ça pouvait paraître débile, mais ça me rassurait vraiment beaucoup. Je continuais à observer ainsi de longues minutes, jusqu’à ce qu’un détail étrange me fit plisser légèrement les yeux.
— Vous avez vu ?
— Quoi ? demanda mon meilleur ami.
— Je ne sais pas… J’ai eu l’impression de voir des étoiles apparaître et disparaître…
— T’as vu un satellite ? interrogea Eli avec perplexité.
— Non, elles n’ont pas clignoté. C’était plutôt comme… Comme si quelque chose était passé devant.
— Non, j’ai rien remarqué, conclut Léana, confirmée par les deux autres.
J’avais sûrement rêvé.
Après de longues minutes à cogiter, je ne pus m’empêcher de bailler. Cette journée avait été bien plus longue que ce qu’elle aurait dû. Je crois qu’on peut dire qu’on avait réellement vécu une journée de vingt-huit heures.
— On va se coucher ?
— Yep.
Nous nous relevâmes pour retourner auprès du feu. Je pris juste un dernier instant pour regarder l’horizon sombre que formait la mer, l’air pensif. J'espérais de tout coeur qu’on aperçoive un bateau dès le lendemain, pour vite nous sortir de cette galère. Mais j’avais la sensation que les choses ne seraient pas aussi simples. Je lâchai un souffle, déchargeant mon stress. Je penserai à tout cela le lendemain. Pour le moment, il fallait que je me concentre sur le sommeil qui m' alourdissait.
Mon regard se posa un peu plus loin sur la plage, alors que je m'apprêtais à rejoindre les autres, autour du foyer. Mais quelque chose me retint. Il y avait un truc sur le sable, plus loin. Des genres de marques sombres. Je fronçai les sourcils, et je me mis à marcher vers ces formes mystérieuses. Je m’accroupis auprès d’elles, essayant de distinguer ce que ça pouvait bien être malgré l’obscurité. Et après quelques instants à chercher, j’écarquillai les yeux. Non, ça ne pouvait pas être ce que je pensais !
Immédiatement, je me relevai pour courir vers les autres, le stress étant remonté en flèche.
— Les gars…, soufflai-je, l’air horrifié.
— Quoi ?
Je pointais du doigt les marques dans le sable, et les autres se relevèrent pour voir ce que je visais. Leurs expressions se décomposèrent, comme la mienne.
Il s’agissait d’immenses empreintes de pattes, semblables à celles d’un lézard qui pourrait bien faire 500 kilos.
Notes:
Et voilà pour le chapitre un ! J'espère que ça vous a plu. N'hésitez surtout pas à laisser des commentaires, ça me ferait super plaisir ! Je vais tenter de poster à peu près toutes les semaines. N'hésitez pas à aller suivre le compte instagram @universes_travel pour voir les illustrations !
A bientôt pour la suite !
Chapter 3: Chapitre 2 - Point de vue de Stella
Summary:
Après une nuit plus qu'aproximative, Stella se réveille avant les autres. Assoiffée, elle doit se rendre auprès de la rivière pour se désaltérer... Mais elle risque de faire quelques rencontres, dans cette forêt...
Chapter Text
C’est dans un gémissement que je me réveillai, dérangée par le soleil et surtout par ce foutu sable qui faisait mal au dos. Je n’avais jamais aussi mal dormi de toute ma vie. Je ne n’étais pas faite pour vivre sans matelas ! Pas faite pour vivre tout court, même.
Je pris mon courage à deux mains, et je me redressai pour faire face à la mer. Les vagues caressaient la plage paresseusement, offrant un son plutôt doux et réconfortant. C’était… agréable, je devais bien l’avouer. Et puis les couleurs rosées du ciel, annonçant la levée prochaine du soleil, rendaient le tableau encore plus onirique. Bon, allez. On va donner un petit point positif à ce merdier. C’était joli. Et apaisant. Mais c’était tout ! Pas une seule qualité de plus ne sera accordée à cette situation de merde ! Surtout que… Je ne pouvais pas vraiment en profiter tant que j’avais la bouche aussi sèche qu’un nid de bousiers ! Fallait que je boive un truc.
Je me relevai et je sortis de cette… Chose qu’on osait appeler cabane. Absolument personne à part moi n’était réveillé. J’hallucinais. Mais comment ils faisaient ?! Mon temps de sommeil à moi ne devait pas dépasser les dix minutes, j’en étais sûr. Mystère et boule de gomme. M’enfin bref. J’avais soif. Alors j’abandonnai mes amis là, les laissant à leurs rêves sûrement bien plus intéressants que moi, et je partis retrouver la petite rivière qu’on avait découverte la veille. Heureusement, elle n’était pas trop loin, et elle était facile à retrouver. Manquerait plus que je me perde toute seule dans la forêt. Me faire bouffer par un loup ou pire, par Tarantula, n’était pas vraiment dans ma liste des dix choses à faire dans ma vie.
Je repris mon courage à deux pieds, prête à en découdre avec cette forêt. Enfin, plus ou moins. Plutôt moins. Bref, j’enfilai mes chaussures, essuyai ce sable qui collait à mes cheveux et me grattait, et je partis en direction du cours d’eau.
Les quelques minutes de marche me permirent de profiter un peu du calme ambiant. Cette situation dans laquelle nous nous trouvions était angoissante et perturbante. Et me déplacer seule dans ces bois m’oppressait un peu. Pourtant, je ressentais tout de même une sorte de sentiment d'apaisement également. Tout était calme. Le silence n’était perturbé que par le gazouillis des oiseaux, et le bruissement des feuilles pliées par le vent. Le sol était moelleux, tapissé de mousse et de feuilles mortes. L’air était doux, clair et frais. Depuis combien de temps n’avais-je pas profité d’une balade en pleine nature ? Je ne savais pas, mais ça devait être au moins une ou deux éternités.
Je n’eus, comme espéré, aucun mal à retrouver la rivière. L’eau était parfaitement transparente, clapotant au-dessus d’un parterre de pierres et de cailloux lissés par le temps et le courant. Je pris quelques minutes pour me désaltérer. Ça faisait du bien… Bon, j’évitais de penser à toutes les bestioles qui pouvaient vivre dans l’eau pour éviter de faire une crise, mais au moins, ma bouche avait repris une texture normale. De toute façon, ce n’est pas de l’eau stagnante, c’était sécure, non ? Si j’étais prise d’une diarrhée fulgurante dans les prochaines heures, au moins, je saurais pourquoi.
Je pris un peu de temps pour m’asseoir auprès de l’eau et me passer un coup d’eau sur le visage. Rien ne bougeait, tout autour de moi, à croire que rien ne vivait dans ces bois. Le bruit de l’eau coulant entre les galets et les pierres termina même de m'apaiser… Jusqu’à ce qu’une pensée me traverse l’esprit. Dans les films d’horreur, quand c’était calme comme ça, ça voulait juste dire que le personnage allait mourir. Il ne manquait que la petite musique angoissante, montant en crescendo… Jusqu’à ce que BAM ! Le tueur en série sorte de nulle part et poignarde sa victime ! …Pourquoi je pensais à des trucs pareils ?! Mmmh, je sentis l’anxiété me prendre par derrière.
Je me relevai en prenant de grandes inspirations, voulant retrouver mon sang froid. Je n’allais pas mourir… On n’était pas dans un film, bordel ! Si mes pensées intrusives pouvaient s’abstenir de me faire chier, pour une fois ! De nouveau tendue, je pris quelques instants, immobile, pour continuer d’écouter ce qu’il se passait autour de moi. J’observais un peu partout, espérant remarquer le moindre mouvement, et anticiper une attaque d’un quelconque animal sauvage, ou d’un psychopathe qui vivait dans les bois.
Mais après un moment, à rester attentive à chacun de mes sens, absolument rien ne se passa. Seuls quelques bruits de craquements dans les arbres se manifestèrent. Ce n’était sans doute que des oiseaux… Je finis par enfin me sortir de ma paralysie, et je repris ma route pour rejoindre le campement. Tout s’était… Incroyablement bien passé. Malgré mon coup de stress que je m’étais auto-infligée toute seule. Je n’avais absolument aucune raison de m’inquiéter, tout allait bien.
Tout.
Allait.
Bien.
Dling dling !
Le bruit soudain me fit m’arrêter net. Était-ce un bruit de chaînes ? On est bien d’accord, un arbre ça ne peut pas faire un bruit de chaînes. Alors pourquoi j’entendais une chose pareille ?! J’avais forcément rêvé !
Mais le bruit se renouvela. C’était bien réel, et non le fruit de mon esprit malade. Quelque chose faisait bien un bruit clair métallique. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Rien dans une forêt ne pouvait produire un tel son. Étais-je vraiment seule, à l’intérieur de ces bois…?
Un troisième bruit. Cette fois-ci, je pus déterminer d’où ça provenait. C’était un peu plus loin dans la forêt, jungle ou ce que vous voulez. « Qu’est-ce que je fais… ? », me demandai-je, inquiète. Soit je retournais en sécurité avec les autres, et tout irait bien dans le meilleur des mondes… Soit je prenais le risque d’aller voir… Depuis quand ma curiosité passait avant ma lâcheté ? C’est la question que je me posai, alors que je commençais à m’enfoncer dans la forêt.
Silencieusement, et prudemment, j’avançai entre les arbres. Attentive, je me guidais simplement avec le bruit intriguant, en faisant de mon mieux pour repérer d’où il provenait. Au bout d’un moment, ce son fut accompagné par d’autres, inédits. Des petits grognements, voire même des gémissements, et une respiration lourde et saccadée. Un animal. Ça ne me rassura pas du tout. Mais il souffrait. Je l’entendais clairement. Alors je ne regrettai pas mon choix. J’aime les animaux, bien plus que ces connards d’humains, alors si je pouvais aider… J’allais le faire !
Finalement, j’arrivai à trouver l’origine du bruit. Là, dans une clairière, se tenait un grand animal blanc allongé dans les herbes hautes. J’avais du mal à distinguer exactement ce que c’était, il ne ressemblait pas à quelque chose que je connaissais, vu de là où j’étais… Et il était beaucoup plus grand que la plupart des animaux vivant habituellement dans une jungle. Mais une chose était sûre : il était enchaîné et peut-être blessé.
J’hésitai un instant avant de commencer à m’approcher doucement. Il avait bien l’air de souffrir, il fallait que je le sorte de là ! Peut-être que j’arriverais à le libérer ? En espérant qu’il ne me bouffe pas juste après. Mais je préférais prendre le risque… Voir un animal souffrir, et décider de le laisser à son triste sort, c’était franchement pas mon truc. Enfin, sauf quand il s’agit de Tarantula. Mais là, il était évident que ce n’était pas une monstrueuse créature à huit pattes.
Je fis quelques pas vers la droite, traversant les hautes herbes. Pour éviter d’arriver en traître et de risquer d’être prise pour un prédateur, je fis un bruit pour me manifester.
— Hé…
L’animal releva aussitôt la tête. Et je ne pus en croire mes yeux. Cette tête ronde, ces grands yeux verts, ces oreilles longues et larges, ces petites épines qui s’alignaient depuis le nez jusqu’au cou… C’était… C’était un dragon ! Et pas n’importe lequel, c’était une furie éclair, comme dans le film How To Train Your Dragon ! Attendez mais QUOI ?!
Un petit grognement me fit me reprendre. Le dragon me regardait d’un air malheureux, espérant que je puisse l’aider et le sauver, tout en restant méfiant et apeuré. Il fallait que je trouve un moyen de le libérer. Délivrer. Pardon.
Je m’approchai encore un peu, la main tendue.
– Je ne vais pas te faire de mal, je vais essayer de te sortir de là…
Après quelques nouveaux pas, je pus voir l’étendue des dégâts. L’une de ses pattes était coincée dans un piège à ours, lui-même attaché au sol par des chaînes, et une aile saignait abondamment, la membrane arrachée. Je ne savais pas comment il avait pu se faire une telle blessure, mais une chose était sûre : il n'arriverait pas à voler tout de suite. Je remarquai d’ailleurs qu’il n’était pas tout à fait blanc : le bout de sa queue et de ses oreilles étaient noirs, ainsi que sa crête. C’était l’un des bébés de Krokmou ! Trop mignon ! Bon, il faisait la taille d’un adulte, mais il était chou quand même !
Je m’accroupis auprès de sa patte blessée, essayant de voir comment j’allais procéder. Ce n’était sûrement pas avec mes petites mimines que j’allais réussir à l’ouvrir. Je balayai du regard les alentours, et je pus repérer un grand morceau de bois. Bingo !
Je me levai pour aller récupérer la branche, puis je revins auprès de l’animal.
— Ça risque de faire un peu mal, désolée…
Je glissai délicatement la branche dans le piège, puis je fis un effet levier le plus fort possible, espérant que ça puisse suffire pour qu’il parvienne à retirer sa patte. L’animal lâcha des grognements et des gémissements de douleur, mais il se laissa faire malgré tout, comprenant sûrement que c’était pour son bien.
Après quelques instants d’efforts, le dragon réussit à se libérer du piège. Il prit alors le temps de lécher ses plaies douloureuses, visiblement pas plus effrayé que ça par ma présence. En même temps… Ma présence n'effrayerait personne. Bref. Je relâchai la branche, soufflant en me passant le bras sur le front pour retirer la sueur. Une bonne chose de faite !
Le dragon se tourna vers moi après s’être occupé de sa patte et de son aile. Il s’approcha tout doucement, la tête basse relevée vers moi, et… Il vint subitement m’offrir un coup de langue en se redressant soudainement, avant de vite déguerpir entre les arbres. Je le regardai partir, choquée, un petit sourire sur le visage. Je ne me suis même pas offusquée de la sensation dégoutante de la bave coulant sur ma joue.
— Wow…
Je pris un peu de temps pour m’en remettre. Un dragon… Devant moi… Un vrai… Et pas n’importe lequel… Comment. C’était. Possible ?! On… On était vraiment dans le monde de How To Train Your Dragons là ? Nan… Si… ? Mais merde !
Des myriades d’émotions s’emparèrent de moi. C’était absolument incroyable. On se trouvait dans un monde fictif, dans un film. Les bagues nous avaient téléportés dans un film ! C’était beaucoup trop bien, parce qu’on allait pouvoir rencontrer des dragons pour de vrai ! De nos yeux ! Peut-être les caresser ! Voler ! C’était fou ! Mais d’un autre côté, une autre réalité me frappa en plein visage. Comment on allait faire pour rentrer…? Personne ne pourra nous retrouver ici… Même si on trouvait un bateau… Merde…
Je m’asseyais un peu, le temps de me calmer. Là, niveau angoisse, j’étais servie. Même si elle était mélangée à de l’excitation, elle faisait mal. Il fallait que je retrouve les autres, que je leur explique. Qu’on voie ce qu’on pouvait faire pour se sortir de cette merde. Mais avant, je devais éviter la crise d’angoisse.
Je fermai les yeux, me concentrant sur ma respiration. Mes pensées se bousculaient, mais je faisais de mon mieux pour les concentrer en une seule : « T’es toute seule, alors il faut que tu te calmes, Stella… Calme-toi, et tu pourras rejoindre les autres… Calme-toi, et concentre-toi… » Mon souffle se calma lentement, mon cœur suivit le même chemin. Finalement, je réussis à reprendre mes esprits. Mais il fallait absolument que je rejoigne mon groupe, qu’ils me rassurent…
Après plusieurs minutes à gérer ma respiration, je me relevai enfin, prête à retourner vers la plage. Cependant…
— Merde… Par où j'suis arrivée déjà ?
SUPER ! Nan mais vraiment, douée sur vingt. Est-ce qu’il existait quelqu’un de plus utile que moi, là ? Bon, ça ne devrait pas être si dur à retrouver. Déjà, essayons d’entendre la mer.
Je tendis l’oreille. Je reconnus le bruit du vent dans les feuilles, mais pas celui des vagues. Je me souvins alors de ce que j’avais vu plus tôt, en me réveillant. Elle était basse. Depuis notre campement, on pouvait entendre la houle, mais jamais je n’aurais la moindre chance de l’entendre d’ici. Fais chier… Je pris une grande inspiration pour me donner du courage, puis je commençai à marcher dans une direction, en espérant que ce soit la bonne. Cet arbre, là, il me semblait être passée devant, tout à l’heure. C’était que ça devait être la bonne direction, non ? Je tendis l’oreille, et j’ouvris grand les yeux, essayant de me repérer ou d’entendre quelque chose d’utile comme les voix de mes amis. Mais même après plusieurs mètres et minutes, rien…
Quand je me pris une fougère dans la gueule, tandis que je cherchais mon chemin, je me dis que peut-être, la prochaine fois, ce serait bien de ne pas partir seule dans une forêt inconnue. Surtout quand il y avait des DRAGONS qui vivaient dans les environs. Je soupirai. Il ne fallait surtout pas que je fasse une autre crise de panique. Ce n’était pas le moment. Tout en marchant, je repris mes exercices de respiration, faisant tout pour gérer mes émotions.
— Génial…
Il n’y avait que moi pour me mettre dans ce genre de situation… Quelle idiote. Il n’y avait pas plus nulle que moi en orientation, alors pourquoi je…
Crack !
Je me figeai sur place. Ce craquement, il venait d'au-dessus de moi. Et il était bruyant. Un oiseau, ça ne faisait pas un craquement pareil. Alors ça y est, j’allais mourir ? Un dragon allait me fondre dessus et me dévorer toute crue ! La mort vient du ciel, comme le disent bien les grands hommes bleus ! Lentement, je levai la tête et les yeux… Et tout ce que je vis… Fut des arbres. Juste des arbres. Enfin des branches. Rien d’autre. Pas de dragon. Je lâchai lentement mon souffle que j’avais retenu.
Tout… Va… Bien…
Crack !
Un autre craquement me fit brusquement tourner la tête. Cette fois, je vis des feuilles se décrocher d’une branche. Mais je ne compris pas pourquoi. La normalité de ces branches était écrasante, pourtant…
Je repris lentement le contrôle de mes muscles, et je commençai à reprendre ma marche, tout doucement. Silencieuse, je restais prudente et méfiante. Je pouvais entendre les battements de mon cœur résonner dans ma poitrine. Quelque chose clochait. Il existait des dragons invisibles dans Dragons ? Je n’étais pas sûr…
Comme pour me donner raison, je vis un liquide fumant atterrir juste à côté de moi, me faisant violemment sursauter. Ce poison verdâtre s’attaqua à l’écorce, comme s’il la faisait fondre. Est-ce que c’était de… De l’acide ?! Un autre crachat fut projeté à mes pieds, me tirant un cri de terreur. Cette fois, pas de doutes ! J’étais bien attaquée par un truc invisible !
Un dragon rouge apparut subitement d’entre les feuilles d’un arbre, et il sauta dans ma direction pour tenter de me chopper ! C’est par miracle que je réussis à l’éviter.
— N-non, je suis pas bonne à manger ! AAAAAAH A L’AIDE !
Je me mis à courir aussi vite que mes jambes pouvaient me le permettre. Je sautais au-dessus des racines, des branches, des rochers, je zigzaguais entre les arbres, tout en espérant retrouver la plage par pur hasard. Mais le dragon me suivait sans difficulté, essayant plusieurs fois de me toucher avec son crachat qui semblait pouvoir faire fondre de la lave déjà fondue. Au final, j’aurais préféré être coursée par Tarantula !
Au bout d’un moment, à force de courir comme une dératée et à me retourner toutes les cinq secondes afin de pouvoir éviter les jets d’acide, je me pris une racine qui me fit violemment rencontrer le sol dans un cri. Manquait plus que ça ! Je me retournai pour voir le dragon s’approcher doucement de moi, l’air victorieux.
— Je te promets, je suis dégueulasse ! Va-t’en espèce de fils d’Hitler unijambiste ! AAAH !
Je me protégeais avec les bras tout en fermant les yeux, alors que j’entendis un sifflement, pensant que j’allais finir aussi liquide et visqueuse que de la bave d’escargot. À la place, j’entendis un gros boum et je sentis une grande vague de chaleur provenant du dragon qui s’apprêtait à me prendre pour son petit déjeuner. En rouvrant les yeux, je vis la créature s’enfuir dans un hurlement de douleur, un peu de feu violet brûlant quelques feuilles mortes sur le sol. Je perçus un bruissement dans les buissons non loin de moi, puis plus rien. Le silence était revenu comme il avait disparu, et je pus enfin reprendre mon souffle. Est-ce que… Je venais d’être sauvée par quelqu’un…? Ou quelque chose… ? Peu importe… J’étais vivante. Enfin, je crois.
— STELLA ?!
— ENFIN ! VENEZ ! JE SUIS EN TRAIN DE FAIRE AU MOINS TROIS ATTAQUES EN MÊME TEMPS !
Je me relevai, ma cheville semblant encore en état malgré ma chute, et je me précipitai vers les voix.
— LES GARS ! VOUS ALLEZ JAMAIS ME CROIRE ! J’AI FAILLI ME FAIRE MANGER PAR UN DRAGON ROUGE OU TRANSFORMER EN LAIT CONCENTRÉ ET-
— Wow wow wow, calme-toi Stella ! fit Léana en essayant de me calmer.
Je pris un peu de temps pour reprendre mon souffle, le cœur battant encore la chamade sous la peur et l’adrénaline. Il fallait que je leur dise ! J’avais failli mourir, putain de merde ! On allait tous crever !
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! C’était quoi ce bruit ?! s’affola Jafa.
— Pourquoi t’as crié ?! Ça va ?! s’inquiéta Eli.
— Pourquoi t’es partie toute seule ?! se fâcha Illay.
— Chut, laissez-la parler ! s'imposa Elijah.
— Vous n’allez pas me croire…!
Chapter 4: Chapitre 3 - Point de vue de Léana
Summary:
Après les mésaventures de Stella dans la forêt, le groupe comprend enfin où ils se trouvent. Ne sachant pas comment se sortir de ce merdier, ils décident de se séparer en deux groupes pour dispatcher des tâches. Un groupe s'occupe de faire un radeau, tandis que l'autre va chercher des vivres en forêt. Que vont-ils découvrir d'autre dans ce bois...?
Chapter Text
— Un dragon ?! T’as vraiment croisé un dragon ?!
— Deux, et l’’un d’eux a essayé de me bouffer ! Est-ce qu’on peut retourner à la cabane très très loin de cet arbre qui a voulu me tuer ?!
J’avais du mal à y croire. Des dragons ? Et ceux du film en plus ? Donc non seulement ces bagues nous avaient téléportés loin de notre vie tranquille, mais en plus elles l’avaient fait dans un univers qui n'existait pas ? C’était beaucoup trop pour mon cerveau là.
Nous retrouvâmes notre abri après quelques minutes, et nous nous installâmes auprès de notre feu de camp. Nous étions tous déboussolés par ce que nous avait raconté Stella. C’était complètement impossible, mais en même temps, cela pouvait expliquer ces énormes traces de pattes que nous avions remarquées dans la nuit. De toute façon, au point où nous en étions, on devrait se faire à l’idée que notre vie était devenue un roman fantastique.
— Mais du coup, ce que tu as croisé, c’est une Aile de la mort…, fit Illay. Et mauvaise nouvelle, dans la série, on apprend que ça vit en groupe ces bestioles-là…
— Mais c’est GENIAL ! s’emporta Stella. Cette île, c’est un piège géant, en fait. On va finir en cure-dent pour dragon !
— Gardons notre calme…, reprit Elijah. Déjà, s’il y avait l’un des bébés de Krokmou, on pourrait espérer qu’il est là lui aussi, et il pourrait peut-être nous aider !
— Mais, on est sûr que c’était l’un d’eux ? demanda Jafa.
— Quoi, tu me crois pas ?! Je te jure que je l’ai reconnu. Alors à moins qu’il y ait d’autres furies moitié nocturne, moitié éclair, c’est sûr que c’était l’un des trois.
— J’arrive pas à croire qu’on parle de lui comme s’il existait, fis-je dans un soupir, effarée.
— Faut se faire à l’idée qu’ici, c’est le cas. On est dans un univers qui n’est pas le nôtre, et faut arrêter de se mettre des œillères, sinon on arrivera jamais à avancer. Ça n’a pas de sens, mais tant pis, on fait comme si ça en avait…, reprit Illay.
— Facile à dire.
— En tout cas, Krokmou nous aidera forcément si on le trouve ! positiva Eli. Il pourra aller retrouver Harold qui viendra nous chercher !
— A condition qu’on arrive à communiquer. T’imagines s’il parle pas français ? On sera bien dans la merde s’il commençait à parler le vieux norrois, nuança Elijah.
— Mais même s’il parle français… T’as dit que la furie était adulte, Stella, non ? demanda Jafa, inquiète.
— En tout cas, elle faisait la taille de Krokmou dans le premier film.
— Ouais, donc que son papa soit dans les parages, ce n’est pas encore dit…
— Mais déjà, qu’est-ce qu’il fabriquait là ? s’interrogea Illay. Ils ne sont pas censés rester dans le monde perdu depuis le troisième film ?
— Aucune idée…, souffla Eli.
Nous continuâmes à discuter un moment de notre situation, de ce qui pourrait nous sauver et donc de ce qu’on pourrait faire pour nous en sortir. Déjà, il était hors de question que nous partions dans la forêt, seul, pour rechercher un dragon qui n’était peut-être même pas là ! Et puis cette histoire de dragon qui crache de l’acide, ça ne nous plaisait pas beaucoup… Alors, les expéditions dans l’inconnu, c’était exclu pour le moment.
— On voit une île, au large…, fit remarquer Elijah. Rester ici c’est trop dangereux, avec un peu de chance, l’île là-bas est moins peuplée de dragons affamés. On pourrait faire un radeau ?
— On pourrait, répondit Jafa. Je sais à peu près comment faire un radeau rapide et surtout qui flotte bien. …OUI C’EST ENCORE KOHLANTA OUI ET ALORS ?!
Il y eut un rire général.
— Ouais, enfin, je regarde aussi cette émission depuis des siècles, c’est pas pour autant que je me sens capable de fabriquer un radeau, négativa Illay.
— Ecoute, on a bien réussi à faire le feu.
— Et c’était un miracle.
— On verra… Mais avec tout ça, on n’a toujours pas de quoi manger…, fis-je remarquer. Maintenant qu’il fait jour, on devrait en profiter. Je vais y aller, mais j’y vais pas seul, je vous préviens !
— Tu as raison, il faudrait trouver des fruits, peut-être des fruits de mer aussi, ajouta Elijah.
— Eurk, je déteste les fruits de mer…, râla Illay dans son coin.
— Je sais reconnaître de la canne à sucre, je viens avec toi ! se proposa Jafa.
— T’étais pas censée t'occuper de faire le radeau, abruti des îles ? demanda Stella avec classe.
— Ouais bah hein. Bon.
— Nan mais si tu viens avec moi, tu vas forcément attirer les dragons mangeurs d’homme sur nous, blaguai-je.
— Oh ! Prends Jafa avec toi du coup, avec un peu de chance on va réussir à s’en débarrasser !
— Je t’emmerde Stella.
— You love me.
— Aoutch la ref.
— Et si on reprenait l’attribution des tâches ? s’interposa Illay, à moitié mort de rire.
— Bah moi vous m’oubliez, plus jamais je vais dans ces bois de ses morts ! Vous vous démerdez ! grogna Stella en partant commencer à chercher de quoi faire notre embarcation.
— Moi je vais venir vous aider à trouver à manger, dit Eli, désireuse d’aider.
— Je vais m’occuper du radeau avec Illay et Stella, du coup, décida Elijah.
— On se retrouve tout à l’heure alors ! fit Illay en s’éloignant aider Stella. Évitez de vous faire bouffer ! Et Jafa, tu reviens vite nous aider !
— Merci Illay. Et vous, vous ne vous barrez pas sans nous ! répondis-je en partant avec les trois autres.
— T’inquiète, on est pas dans une partie de Galérapagos !
— Woah, heureusement.
Sur ce, je me mis à longer la lisière de la plage en compagnie d’Eli et Jafa, redoutant un peu le moment où nous devrions nous enfoncer un peu plus dans les terres. Après quelques minutes de marche à chercher des arbres ou des buissons fruitiers, je vis Eli sautiller un peu sur place.
— Imaginez on croise vraiment Krokmou !
— Imagine on décède.
— On ne va pas mourir, je suis sûr qu’on arrivera à trouver les Vikings ! D’ailleurs ! Le dragon que Stella a sauvé, l’a sauvé à son tour tout à l’heure ! Peut-être qu’il veille sur nous !
Je lâchai un petit soupir, tandis qu’un sourire apparut au coin de mes lèvres. Sa positivité était touchante, même si j’avais de gros doutes sur nos capacités à survivre. Peut-être que ce dragon l’avait sauvée une fois pour lui rendre la pareille, mais le ferait-t-il à nouveau pour nous si on se retrouvait dans une situation délicate ? Très peu de chance. Non, le mieux, c’était de prier pour qu’on ne croise aucun autre dragon désireux de remplir son estomac.
— En vrai, c’est fou ce qu’on vit, reprit Jafa, pensive. Vous vous rendez compte ? On a la possibilité de voir de nos propres yeux des dragons ! D’ailleurs, ça m’étonne qu’Illay ne soit pas déjà décédé sur place.
— J’avoue, c’est surtout ça qui est inimaginable, pouffai-je.
Illay était un grand adorateur des dragons. Depuis qu’il était petit, il ne faisait qu’en dessiner, en collectionner… C’était une véritable passion. D’ailleurs, le film dont était tiré le monde dans lequel nous étions prisonniers, était son film préféré. Alors le voir aussi calme était étonnant. Probablement que l’idée de mourir ici sur une île déserte compensait l’excitation qu’il devait ressentir. En tout cas, moi, c’est ce que j’aurais ressenti.
Nous continuâmes à discuter ainsi tout en cherchant, et je pus peu à peu me détendre. Aucune créature cracheuse de feu ou d’acide ne nous attaqua pendant que nous recherchions nos ressources. D’ailleurs, nous trouvâmes des cailloux très tranchants pendant notre escapade, de quoi nous offrir un faible espoir de réussir à ouvrir une noix de coco. Au final, tout n’était —peut-être— pas perdu.
Après un moment, nous nous arrêtâmes auprès de la petite rivière afin de nous désaltérer. Pensive, je me remémorai ce que nous avait raconté Stella.
— Dites… S’il y avait un piège à ours, c’est qu’il doit y avoir des humains, non ?
— Des chasseurs, ouais…, soupira Jafa. J’y ai pensé aussi, mais j’ai moins confiance en eux qu’en n’importe qui d’autre dans cette dimension, j’t’avoue.
— Je préfère manger de la noix de coco moisie que d’aller voir ce genre de connards ! ajouta Eli.
— Mouais…
— De toute façon, y a des chances que ces cons posent leurs pièges et les oublient avant de reprendre la mer, alors laisse tomber.
J’acquiesçai. Jafa n’avait peut-être pas tort. Et puis, j’imaginais que les chercher en traversant la forêt, sans armes, c’était plus du suicide qu’une bonne idée. Il valait mieux rester sur notre idée de départ.
Nous reprîmes nos recherches après une petite pause. Nous nous séparâmes pour couvrir plus de terrain, juste ce qu’il fallait pour être plus efficaces tout en restant à portée de voix au cas où un problème se présenterait.
Je trouvai alors un buisson, totalement rempli de mûres bien noires, prêtes à être consommées ! Pile ce qu’il nous fallait ! Je pris ma veste, l’étalai au sol, et je commençai à déposer un maximum de fruits dessus afin de les transporter facilement. Avec ça, peut-être qu’on n’aurait pas un grand festin, mais ça devrait suffire à nous sustenter pour la journée. C’est là que je me dis que finalement, être quelqu’un qui n’a pas besoin de manger beaucoup comme moi, c’était une bonne chose.
Après un moment à cueillir tout ce que je pouvais, je refermai ma veste autour de mon pactole, et je me remis à chercher aux alentours, sans m’en encombrer. Je repérai alors un arbre, pas trop haut, qui semblait lui aussi porter des fruits. Je le rejoignis bien vite, afin de tenter de les récupérer. En espérant que cette entreprise porte ses fruits ! Ahah… Mais une branche d’arbre manqua de me faire trébucher, cachée sous les fougères ! Je soufflai en me frottant la cheville douloureuse.
— Sérieux…
Je pris la branche, comptant la déplacer. Mais c’est avec un petit cri et un frisson que je l’envoyai valser un peu plus loin, entre deux arbres. Saletés de limaces… Ca y est, maintenant que j’en avais vues, je n’allais penser qu’à ça quand je chercherais des fruits… Yes… Oui, j’avais une peur terrible de ce qui se rapprochait de près ou de loin à des escargots et des limaces. Et ce n’était pas facile tous les jours, d’accord ?
Je me remis à tenter d’attraper les fruits de l’arbre, psychotant un peu à l’idée de toucher le moindre gluant. M’aidant des branches basses, je tentai de grimper pour atteindre le fameux trésor sucré. Mais je m’arrêtai net alors qu’un bruit pas rassurant du tout me fit sursauter. Des bruits de pattes. Qui couraient. Je me retournai d’un seul coup, le cœur battant la chamade. Un dragon allait me sauter dessus ? Me brûler ? Me faire fondre ? Est-ce que j’allais mourir avec pour seule dernière image une limace dégueulasse ?
Ce que je vis me fit faire quelques pas en arrière. J’eus envie de crier, mais ma voix s’étouffa dans ma gorge. Un dragon courait bel et bien vers moi. Il allait me tuer.
Je sentis des larmes pointer sur le coin de mes yeux, et je vis ma vie défiler. Des souvenirs concernant ma mère, mon père, mon frère et ma sœur… Mon chien, mon lapin et mes chats… J’allais mourir là où ils ne pourraient jamais me retrouver… Non, je ne voulais pas mourir maintenant !
Je retrouvais l’usage de mes muscles, et je réussis à me reculer. Malheureusement, ça ne m’aida pas des masses. Je me pris l’arbre fruitier en plein dans mon dos. Et le dragon se rapprochait.
— N-non, ne me-
Le dragon s’arrêta subitement, juste devant moi. Et il lâcha quelque chose, qu’il tenait dans sa gueule jusque là. Un… Un bout de bois ? Non, LE bout de bois. Celui que j’avais balancé avec dégoût entre deux buissons. Et il attendait, la queue battant joyeusement derrière lui.
Voyant qu’il ne comptait pas me dévorer toute crue, je pris une inspiration. Mon souffle s’était coupé jusque-là. Je pris alors le temps de reconnaître de quelle espèce il s’agissait. C’était un dragon vipère, comme celui d’Astrid dans les films. Mais celui-ci était de couleurs vert et jaune. Et il semblait n’attendre qu’une chose : que je lance la branche.
Déboussolée mais prudente, je me baissai, sans lâcher des yeux le gros lézard qui trépignait d’impatience. Je pris la branche, la limace dessus s’étant totalement éclipsée de mon esprit, et je la lançai à nouveau, dans une nouvelle direction. Le dragon partit comme une fusée à sa poursuite.
Je le regardai courir, d’un air ébahi. Est-ce que j’étais vraiment en train de jouer avec un reptile géant ? Il n’allait pas me manger, alors ?
Celui-ci revint très vite, et déposa à nouveau le « bâton » à mes pieds, quémandeur. Je repris un sourire, amusée de la situation et surtout incroyablement soulagée. Et à nouveau, je lançai la branche.
Nous jouâmes ainsi un bon moment, le dragon courant et parfois virevoltant dans tous les sens. Il était tout sauf agressif. Je me demandais même s’il ne s’agissait pas d’un jeune. Au bout d’un moment, il déposa la branche un peu plus loin, se lassant sûrement de notre petit jeu. Il revint doucement vers moi, et se coucha sur les feuilles mortes, l’air paisible. J’avoue que je ne savais pas trop où me mettre. J’avais envie de venir le toucher, curieuse, mais est-ce qu’il le prendrait mal… ? Je n’étais pas encore des plus détendues…
Après quelques instants à piétiner, je pris mon courage à deux mains, et je m’approchai doucement de l’animal. Il ne bougea pas. Je posai alors doucement ma main sur son dos, découvrant la sensation rugueuse de ses écailles vertes. C’était indescriptible.
— Waw…
Le dragon grogna légèrement, et je me permis de le gratter doucement derrière les épines de sa tête. Il gronda immédiatement d'extase. Il s’étala par terre, l’air heureux. Je pouffai.
— Léana ?
La voix d’Eli fit immédiatement se relever mon nouvel ami, qui fut soudain un peu plus tendu. Encore un peu et on aurait pu dire qu’il me protégeait.
— Je vais bien ! Je crois que j’ai un… pote ?
— Je vois ça !
— HAAAAAAANW !!!
Jafa se précipita vers le Vipère, mais elle fut retenue de justesse par Eli. Le dragon venait de se redresser brusquement, dans une position défensive. Il ne semblait pas apprécier tous ces mouvements et cris venant d’une inconnue. Jafa eut l’air affreusement déçue. Je me demandai…
Je vins doucement caresser le dragon avant de venir voir Jafa, lui proposant ma main pour l’inciter à la prendre. Peut-être qu’il serait plus rassuré si c’était moi qui l’amenait vers lui ?
L’animal m’observa avec curiosité et, voyant que l’énergumène bruyante semblait inoffensive entre mes mains, il la laissa finalement approcher et le caresser.
— Adorable !
— J’ai cru qu’il allait me sauter dessus au départ, il a couru vers moi comme s’il me chassait ! Mais au final, il a juste voulu jouer. C’est vraiment un chien avec des écailles, pouffai-je.
Eli nous rejoignit pour papouiller notre grand ami à écailles. Il semblait aux anges.
— Au final, ça valait peut-être le coup d’être téléporté ici, sourit Jafa, l’air heureuse.
Peut-être… Qu’elle n’avait pas tort ? Je détestais cette situation… Être perdue, dans un monde inconnu, à des années lumières de mon chez moi, et sans savoir si j’allais pouvoir rentrer chez moi un jour. C’était horrible, angoissant, déstabilisant, terrifiant… Mais… Je caressais un dragon. Je jouais avec un dragon. C’était… Fantastique. Dans tous les sens du terme. C’était fou. Qui pouvait se vanter d’avoir vécu quelque chose comme ça, à part nous ? Personne. Dans notre malheur, c’était probablement une chance inouïe. Peut-être y avait-il des choses positives à sortir de tout ça.
La petite séance de caresses dura quelques minutes, avant que nous ne décidions de repartir à la recherche de nourriture. L’île était luxuriante, et les plantes regorgeaient de fruits. Nous avions beaucoup de chance. Notre nouvel ami nous suivait quand on s’éloignait, mais la plupart du temps, il s’allongeait pour faire une petite sieste. Il était vraiment adorable. J’avais hâte de le présenter aux autres !
Après presque une heure à crapahuter entre les fougères et les racines à la lisière de la plage, nous décidâmes qu’il était temps de retourner auprès des autres. J’espérais que leur mission radeau était aussi fructueuse que notre mission nourriture ! Même si… J’avais quelques doutes. On pouvait toujours espérer une bonne surprise.
Chapter 5: Chapitre 4 - Point de vue d'Elijah
Summary:
Pendant que Léana, Eli et Jafa partent en forêt chercher de quoi manger, l'autre partie du groupe s'attèle à construire un radeau !
Chapter Text
Je regardai Léana, Jafa et Eli s’éloigner, avant de venir aider Illay et Stella pour trouver de quoi faire notre fameux radeau. L’idée de se séparer ne me plaisait pas vraiment, mais notre but était de quitter cette île le plus vite possible. Alors dispatcher les tâches était sans doute la meilleure chose à faire. En espérant qu’elles trouvent plus de nourriture que de dragons…
— Bon ! Moi aussi je sais à peu près quel design donner pour un bon radeau, ça devrait le faire ! fit Illay en lâchant un bon rondin sur le sol.
— J’avoue que mettre ma confiance dans ce que tu as appris en matant Kohlanta, j’ai un peu de mal, ricana Stella, ajoutant elle aussi une grosse branche.
— Ecoute ! C’est toujours mieux que de partir de rien, non… ?
— On va dire ça.
— De toute façon, ça ne doit pas être bien sorcier de réussir à faire un truc qui flotte, ajoutai-je, essayant d’être optimiste sur nos capacités.
— Exactement ! Le but c’est de faire un corps pour nous asseoir dessus, pas trop gros, et un flotteur !, reprit Illay avec enthousiasme.
— On va tellement se noyer, souffla Stella.
— Mais non ! On va y arriver ! Déjà, on se trouve des bonnes grosses branches, ou encore mieux, du bambou !
Sur ce, nous nous mîmes à chercher tout ce qui pourrait nous servir. Des branches de bois, parfois quelques branches de bambou, des lianes pour faire office de cordes. Honnêtement, je ne savais pas trop quoi en penser. Pas que je n’avais pas confiance en mon Bro, mais bon… Dans un sens je voulais vraiment croire à notre fuite de l’île, mais en même temps, j’avais un mauvais pressentiment. Nous devions rester prudents sur ce qu’on faisait, et éviter de partir naviguer sans être à cent pour cent sûrs de pouvoir rejoindre l’autre île sans encombre.
Nous prîmes un bon moment à rassembler nos matériaux avant de nous poser dans le sable, à côté du gros tas de bois et de bambous que nous avions formé. Maintenant, il fallait assembler tout ça de façon à ce que ça puisse nous porter et flotter. J’avais une bonne idée de comment faire, et les explications d’Illay sur ce que lui avait en tête ne faisaient que confirmer mon idée. Une plateforme fine mais longue pour qu’on puisse tous s'asseoir à califourchon dessus, et un flotteur sur le côté pour éviter que ça ne chavire. Heureusement, bricoler, c’était mon truc ! Je savais fabriquer des costumes de A à Z, le tout de façon autodidacte. Faire un radeau était différent de concevoir une tenue, mais j’étais débrouillard. Ça devrait le faire.
— On devrait en mettre deux des flotteurs, non ? demanda Stella. Ce serait encore plus stable.
— Non, ça rendrait le tout super lourd et lent. On n’aura pas fait la moitié du chemin qu’on sera déjà épuisés…, répondit mon meilleur ami.
— Ah ouais…
— Allez ! On s’y met, et on espère ne pas être trop nuls ! fis-je en claquant des mains.
— T’as beaucoup d’espoir.
Je m’agenouillai et je me mis à rassembler les grandes branches entre elles, aidé par mes amis. Faire une embarcation qui flotte, avec du bois qui flotte, ça ne devait pas être si dur que ça. Nous commençâmes à lier les branches entre elles, essayant de faire de notre mieux pour bien serrer nos nœuds. Malheureusement, aucun de nous ne savait comment faire un bon nœud marin solide… Mais Illay avait une astuce. Mouiller les nœuds avant de les laisser sécher devait les serrer un peu plus, naturellement. En tout cas, ça fonctionnait avec les cordes classiques. Il n’y avait plus qu’à espérer que ça marche aussi avec nos cordes de fortune. Nous mîmes une bonne heure à tout assembler de façon plutôt cohérente. Le flotteur nous prit un peu de temps lui aussi, mais finalement, notre radeau vit le jour. Et finalement… Il avait l’air plutôt honnête ! J’étais plutôt content du résultat !
— Bah putain, je m’attendais à pire…, souffla Stella.
— Attends ! On va déjà voir s’il flotte ! répondis-je.
A trois, nous poussâmes notre pseudo-embarcation jusqu’à la mer, qui semblait continuer à descendre. En quelques minutes, notre radeau fit sa première trempette. Et il semblait tenir.
— C’est un bon début ! s’enthousiasma Illay.
— On grimpe ? demanda Stella, pressée de tester.
— Aller !
Je sautai sur l’avant du radeau qui n’eut aucun mal à tenir droit. Les deux autres suivirent mon mouvement et très vite, nous fûmes tous trois prêts à braver les vagues. Franchement, je ne m’attendais pas à un tel résultat ! Nous utilisâmes nos mains pour contrôler plus ou moins l’embarcation, la faisant naviguer un peu plus loin sur le large. Les mouvements de la houle étaient un peu déconcertants, mais on tenait bon. Tout semblait se dérouler parfaitement !
— Incroyable, on flotte, siffla Stella, impressionnée.
— On est juste trop forts, c’est tout, pouffai-je doucement.
— Denis, t’es mon homme. C’est grâce à toi, tout ça, fit Illay dans une prière envers notre bon vieux Denis Brogniart, la main sur le cœur.
— Retournons sur la plage avant de partir trop loin.
Avec nos pauvres mains et nos muscles, nous cherchâmes à rejoindre la rive. Bon. La prochaine fois, il valait mieux penser à créer des rames avant de tester un radeau. C’était bien plus compliqué de rejoindre la plage à la main, surtout en marée descendante.
— En tout cas, je pense qu’on peut dire qu’on a réussi ! s’enthousiasma Illay.
— Ouiiiii !
— Hey ! Regardez !
Je montrai l’eau, à juste un mètre de nous. L’océan ici était cristallin, contrairement à la bonne mer du nord de la France. On pouvait voir le fond sablonneux quelques mètres plus bas, et surtout, nous pouvions voir les animaux qui nageaient tranquillement. Et là, ce qu’on voyait était à couper le souffle. Une bonne dizaine de créatures marines, semblables à des raies, nageaient paisiblement en rasant le sable. Elles avaient toutes deux têtes, et il me semblait les reconnaître. On pouvait les voir dans le deuxième film Dragons.
— Des Horreurs des Mers ! s’écria Illay. Ils sont magnifiques !
— Mais tu connais toutes les espèces de dragons ou quoi ??
— Écoute ! J’ai écrit une paire de fois sur ce monde, je connais des trucs ! Évitons de les déranger.
Nous les observâmes sans trop bouger, tous ébahis par cette rencontre. Ils nageaient lentement, sans se soucier de nous, comme un banc de baleine. J’étais bien content de pouvoir rencontrer un dragon sans avoir à risquer ma peau. Une chose était sûre : je n’allais pas oublier ce souvenir de sitôt.
Cependant, ce moment de quiétude et d’émerveillement ne dura pas bien longtemps…
— Dites…
Stella me fit relever les yeux. Et là, je sentis le problème. Avant même qu’elle ne dise quoi que ce soit. Je pouvais voir notre flotteur doucement nous abandonner, et il n’était pas le seul à prendre son indépendance. Notre embarcation était en train de se barrer en morceaux…
— Merde ! jura Illay.
— Je savais qu’il y aurait une couille dans la couille !
— Nos nœuds n’ont pas tenu ! désespérai-je.
Et en quelques minutes, nous voilà dans l’eau, avec plein de bouts de bois flottant autour de nous. Une véritable réussite… Nous dûmes rejoindre la plage à la nage, sans aucun espoir de sauver notre embarcation…
— Bon, voyons le bon côté des choses… On ne s’est pas noyés, dis-je en voulant détendre l’atmosphère.
— Encore heureux ! souffla Stella.
— Bon… On recommence ?
…
Quelques dizaines de minutes plus tard, le reste de notre groupe revint auprès de nous, les bras remplis de fruits ! Et… Un dragon les suivant à la trace ?
— Les gaaaars ! fit Eli, toute heureuse. On s’est fait un nouvel ami !
Je m’approchai un peu, l’air totalement ébahi. Il était tellement magnifique ! Moi qui voulais voir des dragons de près, j’étais finalement servi !
— Je l’ai rencontré en cueillant des fruits, raconta Léana. Il est super gentil !
Le dragon s’approcha de moi et vint tout de suite passer son museau sur ma main que j’avais légèrement levée. J’eus un immense sourire. Nous allions très vite devenir potes lui et moi, j’en étais sûr ! Je vis Illay s’approcher aussi, et il lui fit un gros câlin. Encore un peu et je voyais des larmes de bonheur dans ses yeux. Je ne pouvais rien dire, je sentais que mes yeux aussi étaient humides. Je lui offris toutes les caresses du monde, découvrant la texture rêche de ses écailles. Je m’attendais à quelque chose de plus doux, comme la peau d’un serpent, mais je n’allais pas m’en plaindre non plus !
— A part ça, vous avez avancé sur le radeau ?, demanda Jafa en cherchant notre création du regard.
— Comment dire…, fit Stella, l’air à la fois nerveuse et amusée.
— On a préféré prendre un bain, répondis-je plutôt.
— Un bain… ?
— En gros, tu vois les bouts de bois un peu partout dans l’eau là ? C’est notre radeau.
Tous les regards se tournèrent vers les vestiges de notre bébé. Et un rire général se déclencha.
— Wow, on va aller très loin avec ! pouffa Léana.
— N’est-ce pas ? Vous ne pourrez pas trouver mieux, c’est le tout nouveau concept de bateau en kit, rit Illay, tout en caressant le dragon qui ne semblait plus vouloir bouger.
— Heureusement qu’on a eu plus de succès avec les ressources, reprit Jafa avec un petit rire.
— D’ailleurs, qui a faim ? chantonna Eli en étalant les vestes qui avaient servi de sac.
Nous répondîmes tous à l’unisson, et nous nous installâmes sur notre camp. Un bon repas ne nous fera pas de mal !
…
Quelques heures plus tard, la nuit retomba doucement sur notre île. Nous avions le ventre rempli, mais le radeau n’était pas plus avancé. Nous avions fait plusieurs essais, mais les lianes n’étaient vraiment pas faites pour faire des liens solides… Ouais, disons que personne ne savait faire des nœuds surtout. Et maintenant que la nuit tombait, ce n’était plus la peine de risquer le naufrage. Nous allions attendre le lendemain pour reprendre, en espérant qu’il ne pleuve pas. Nous regardâmes alors tous l’horizon rosi par le crépuscule.
Nous étions peut-être perdus, mais je sentais que l’ambiance était bien plus détendue que la veille. Nous vivions quelque chose de fort, et sincèrement, je sentais que tout ça n’était pas anodin, que tout ça avait un sens, et que ça se finirait bien. Je sentais que ces bagues nous réservaient des surprises, mais pas forcément que des mauvaises. Non, en fait, je sentais que ce que nous vivions était une chance inouïe, et qu’un jour nous reviendrions chez nous, des souvenirs plein la tête. Mon instinct me jouait rarement des tours, et pour cette fois, je percevais que je n’avais pas à m’en faire.
Tout finirait par s’arranger.
Je me couchai sur le sable et je fermai les yeux, profitant de l’air marin. Mes autres amis se turent, comme s’ils voulaient me laisser profiter du calme de la nuit. Qu’est-ce que je me sentais bien, ici, sous la lune et les étoiles ! C’était comme si elles rechargeaient mon énergie.
— Hey… Regardez !
La voix de Léana et les exclamations des autres me firent me redresser.
— Un bateau ! s’exclama Stella.
— On n’aura peut-être pas besoin de faire un radeau finalement ! reprit Eli.
— Tant mieux !
Ça, c’était une surprise ! Je ne m’attendais pas à ce qu’on croise un bâteau si vite ! Il fallait absolument saisir cette chance ! Nous nous réjouîmes tous de cette excellente nouvelle, et nous commençâmes immédiatement à chercher comment nous faire repérer. Peut-être en utilisant notre feu ? Mais nos conversations furent brutalement coupées par un cri provenant de la forêt. Un cri animal. Un dragon, sûrement, mais il semblait appeler à l’aide ! En tout cas, ce n’était pas agressif, mais je donnerais ma main à couper qu’il appelait quelqu’un en entendant l’intonation. C’était un cri déchirant !
— Je crois qu’il y a un dragon qui a besoin d’aide !, fis-je, refusant l’idée même de laisser l’une de ces créatures dans un potentiel piège de chasseur.
— Yes, qu’est-ce qu’on fait ? interrogea Stella, inquiète à la fois pour le bateau et pour le dragon.
— Certains d’entre nous n’ont qu’à attendre ici pour qu’on puisse être sauvés, et d’autres vont voir ce qu'il se passe ? proposa Illay.
— Ça me va. Qui me suit ? demandai-je, pressé.
— Moi ! fit immédiatement Eli.
— Je te suis aussi ! s’ajouta mon meilleur ami, provoquant chez moi un sourire rassuré.
Je préférais le savoir pas trop loin de moi, dans ce genre de situation.
Sans attendre, nous nous élançâmes dans la forêt, laissant derrière nous nos amis. J’espérai sincèrement que ce bateau serait notre moyen de sortie, et non pas un aller simple en enfer. Mais nous n’avions pas le choix que de tenter notre chance.
Nous nous enfonçâmes pendant plusieurs minutes entre les arbres, allant aussi vite que l’obscurité nous le permettait, suivant le bruit des grondements. Mais au bout d’un moment, ils stoppèrent net, et seul le silence nous entoura. C’était tout de suite plus flippant…
— Il nous a peut-être entendus et il a pris peur…, proposa Eli qui continuait de chercher.
— Peut-être… Mais s’il est vraiment blessé, il ne devrait plus être loin, ajouta Illay.
— On devrait pouvoir le retrouver, positivai-je, poursuivant nos recherches.
Nous balayâmes les environs du mieux que nous le pouvions pour trouver l’origine du bruit. Mais avec ce calme ambiant, on ne pouvait qu’entendre les battements de nos cœurs. Il n’y avait rien, et ça m’inquiétait. Peut-être étions-nous en train de tomber dans un piège… ?
Soudain, nous entendîmes quelque chose de totalement différent. Quelque chose que nous ne devrions pas entendre dans une forêt d’île déserte. Un sifflement humain. Quelqu’un était sûrement en train de communiquer avec quelqu’un ou quelque chose d’autre. Et ça ne m’inspirait pas, mais alors PAS confiance !
— J’aime pas ça, fis-je, méfiant.
— Moi non plus…, s’accorda Eli qui se rapprocha de moi et d’Illay.
— Ne faisons aucun bruit, on arrivera peut-être à l’esquiver…, proposa d’ailleurs celui-ci, prenant une direction pour s’éloigner des sifflements.
Je pris les devants, m’assurant que les deux autres me suivaient de près. Hors de question que nous nous perdions, ou que quelque chose ne leur arrive. Nous reprîmes notre marche en rebroussant chemin, cherchant à rejoindre la plage le plus discrètement possible. Mais les sifflements se rapprochaient, et je crus entendre des genres de grognements tout autour de nous. Ce n’était pas du tout bon signe… Et j’avais raison.
Une masse noire nous bondit dessus par surprise, apparaissant d’entre les buissons qui nous entouraient. J’eus à peine le temps d’attraper Illay pour lui éviter de se la prendre en pleine face. Mais ça me mena directement entre ses griffes. J’entendis un cri en tombant par terre, totalement plaqué sur le ventre par une créature qui devait sûrement être le dragon qu’on entendait depuis la plage. Et visiblement, il n’était pas seul, car mes deux amis se retrouvèrent à leur tour sur le sol, incapables de se défendre, coincés par une grande créature blanche…
Chapter 6: Chapitre 5 - Point de vue de Jafa
Summary:
Sans savoir ce qu'il se passait pour le groupe qui s'était enfoncé dans la forêt, Jafa, Léana et Stella attendent l'arrivée du bateau...
Chapter Text
— Bon… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Léana.
Nous n’étions maintenant plus que trois, avec un bateau qui naviguait paisiblement à bien deux kilomètres de là. Nous devions attirer son attention, mais comment ?
— Je sais pas, on agite des torches ? suggéra Stella.
— Moi je vais essayer d’agrandir le feu… En espérant que les gens sur ce bateau ne décident pas de nous bouffer au même titre que les dragons, dis-je, frissonnant rien qu’en y pensant.
Le dragon Vipère à côté de moi releva la tête, et me regarda d’un air outré. Pardon, je ne voulais pas te vexer !
— Je ne parlais pas de toi !
— D’ailleurs.
Léana prit un bout de bois enflammé pour commencer à l’agiter.
— On devrait lui donner un nom, au cas où. Moi je propose-
— MALFOY ! Parce que DRAGO !
— Stella !
Je pouffai. Sérieux, fallait que j’arrête d’être étonnée quand il s’agissait d’elle, je devrais être habituée maintenant.
— Bah quoi ! C’est un dragon, donc Drago, et donc on l’appelle Malfoy, c’est parfait. Ou sinon on l’appelle direct Drago, si vous préférez ! Mais c’est moins subtil. Pas que la non subtilité soit ma spécialité, mais…
— Tu me fatigues.
— Hé oh, tu te calmes toi !
— Nan mais j’allais proposer « Epic ». Pour rappeler le porc-épic et le mot épique ! s’interposa finalement Léana.
— Mais c’est nul.
— Alors déjà, je te permets pas. Et de toute façon, c'est moi qui l’ai rencontré en premier, alors c’est moi qui le nomme !
— Tu vas voir toi.
Elles se chamaillèrent un moment, tout en faisant de grands mouvements avec leurs bâtons, et je ne me gênais pas pour rajouter une couche de temps en temps. Encore un peu et elles allaient faire une compétition d’escrime enflammée. C’était drôle à voir. Au final, le dragon fut bel et bien nommé Epic, même si cela décevait Stella. Pendant ce temps, j’avais bien agrandi le feu de camp, et il brûlait fièrement dans l’obscurité. Il ne restait plus qu’à espérer que l’équipage au loin nous repère… Et surtout, qu’il soit amical.
Après une dizaine de minutes à bouger dans tous les sens comme des tarées, nous vîmes un changement du côté du navire.
— Il tourne dans notre direction ! s’exclama Léana.
— Enfin !
— Sérieux j’en pouvais plus, soufflai-je en lâchant mon bout de charbon calciné.
— Faible.
— Faites qu’ils soient sympas, faites qu’ils soient sympas…, pria Léana en s’asseyant dans le sable.
— Y a pas de raison qu’ils nous attaquent, c’est pas comme si on représentait une menace non plus, tenta de la rassurer Stella. Quoique, vu la tête de Jafa, c’est pas si sûr.
— Mais je t’emmerde !
— Merci, moi aussi !
Je m’assis sur le sable à mon tour, attendant patiemment. Le bateau semblait aller assez vite, nous n’allions pas attendre très longtemps. J’espérais que les trois explorateurs reviennent bientôt. Je me serais sentie mal de devoir expliquer à des gars, qui ne parlaient probablement pas la langue française, qu’il fallait attendre leur retour.
Epic se coucha à côté de nous. J’eus l’impression qu’il attendait un peu d’attention, et je ne me fis pas prier pour lui en donner ! Je vins le caresser et le gratouiller tendrement, l’écoutant grogner. On aurait dit qu’il ronronnait tant son grondement était doux. Il allait me manquer, quand nous aurions trouvé un moyen de rentrer chez nous. Je lancerai une pétition pour rendre les dragons réels et pouvoir les adopter. M’en fichais si ces bestioles pouvaient brûler des villages entiers, j’en voulais un rien qu’à moi.
Le navire se rapprocha de plus en plus, au fur et à mesure des minutes qui passaient. Mais toujours aucune nouvelle de nos amis. Je commençais à m’inquiéter pour eux… Illay nous avait dit que les Ailes de la Mort étaient diurnes, et qu’elles s’étaient sans doute couchées à l’heure qu’il était. Mais j’avais toujours un peu peur qu’il en reste un dehors et qu’elles se soient attaquées à eux. Mais nous n’avions entendu aucun cri jusque-là. C’était bon signe. Notre ami à lunettes sursautait et criait pour un peu tout et n’importe quoi, alors on l’aurait entendu. Enfin… S’ils ne s’étaient pas enfoncés trop loin. Naaaan tout allait bien.
Nous nous levâmes quand le bateau fut relativement proche. On s’attendait à voir une barque descendre pour rejoindre la plage, mais à la place…
— ATTENTION !
Un filet fondait dans les airs dans notre direction ! Il fallait qu’on se disperse, et vite ! Je réussis de justesse à l’éviter en partant sur la gauche, mais j’entendis des cris derrière moi. En lançant un regard, je vis que Léana, Stella et Epic s’étaient pris le filet de plein fouet ! Et merde !
— MAIS C'ÉTAIT SUR, EN FAIT ! criai-je en courant vers eux, essayant tant bien que mal de retirer ces foutues cordes. C’est forcément des chasseurs !
— Sans déconner, connasse ?! Fais nous sortir de là ! paniqua Stella en faisant son possible pour soulever le filet.
— Stella, c’est pas avec des gros mots que tu vas nous aider à sortir de là ! s’emporta Léana.
— Ta gueule !
— Fermez-la toutes les deux !, m'interposai-je. C’est pas le moment !
Je fis tout mon possible pour lever leur prison de corde, mais les pierres qui la maintenaient au sol étaient bien trop lourdes ! Le dragon se débattait comme un diable, totalement paniqué, ce qui rendit mes tentatives de soulever ces liens encore plus vaines !
— Merde, Epic, calme-toi ! criai-je sous la tension.
— Jafa, barre-toi ! s’écria Léana alors qu’une barque remplie d’hommes venait d’être mise à l’eau.
— Ça va pas ?!
Hors de question que je les laisse toutes seules, ou que j’abandonne le dragon à son triste sort ! On allait retirer ce foutu filet et se barrer en volant, point à la ligne ! Bordel de merde, pourquoi c’était si lourd ?!
Je mis absolument toutes mes forces dans l'opération. Prenant bien appui dans le sable, j’attrapai fermement les mailles, et usant de mes bras, de mes jambes et de mon dos, j’essayai de soulever, à en faire trembler mes cuisses. Léana fit son possible pour m’aider de son côté. Et… Victoire ! Nous arrivâmes finalement à soulever suffisamment le filet pour laisser une petite sortie.
— Passe Stella !
— J’essaye !
Elle tenta de se glisser en dessous du piège tandis qu’on le soulevait. Elle réussit à se faufiler, passant le haut de son corps, creusant un peu dans le sable… Elle y était presque…
— AAAAAH !
Je lâchai subitement ma prise alors qu’une terrible douleur se fît ressentir dans mon mollet. Je tombai violemment sur le sol et je pris ma jambe dans mes bras en hurlant.
— Jafa ! cria Léana, affolée.
Je m’étais prise une putain de flèche dans le mollet ! Ça faisait un mal de chien ! Et avec tout ça, Stella ne put que se retrouver coincée entre le sable et le piège ! On était foutues !
Une voix masculine et rauque, juste derrière moi, nous fit frissonner de peur.
— Je savais qu’on pouvait encore trouver des dragons dans les parages !
La troupe de chasseurs venait d’accoster, et nous avait rejointes sans même daigner s’inquiéter qu’on puisse s’enfuir. Un homme se démarqua du groupe, et je devinai qu’il devait s’agir du chef de ces enfoirés. Il était plutôt grand, semblait avoir dans la trentaine, et il possédait une cicatrice sur le visage ainsi qu’une mèche blanche dans ses cheveux bruns. Contrairement à la plupart de ses hommes, il ne possédait pas de barbe. A la place, il affichait un regard glaçant…
Il sortit un carreau et l’installa sur son arbalète, qu’il pointa sur le dragon.
— NON !
Il tira, et le dragon s’écroula presque dans la foulée. Il semblait respirer encore, mais il était comme endormi… Une flèche tranquillisante.
— Maintenant fermez-la, nous ordonna le Viking, la voix glaçante.
Nous ne bougeâmes plus, trop terrorisées pour faire quoi que ce soit contre nos agresseurs. Nous n’osâmes plus le moindre bruit, malgré la peur qui nous prenait aux tripes. Nous étions petites, sans armes et sans muscles, qu’est-ce qu’on pouvait faire contre une bande de chasseurs surentraînés à se battre contre des lézards qui crachaient du feu ? Ils s’occupèrent d’Epic, retirant le filet pour l’emmener, tout en maîtrisant mes deux amies, qui de toute façon, ne tentèrent pas le diable. Nous nous retrouvâmes toutes les trois poings liés, ligotées, et à leur merci. J’avais le cœur qui battait à cent à l’heure, mes larmes coulaient d’elles-mêmes sous la peur et la douleur, mais je n’osais dire un mot. Je faisais même tout pour ne pas faire le moindre bruit.
— Qu’est-ce qu’on fait des gosses, Harri ? demanda l’un des subalternes au connard défiguré.
— On les prend avec. Ce sont peut-être des dragonnières. Si elles ont d’autres dragons, ils viendront les chercher directement sur notre navire, on pourra alors les cueillir.
— Entendu.
— Nous ne sommes pas des dragonnières ! intervint Léana.
Je vis à son regard qu’elle regretta tout de suite son élan de courage. Fallait dire que le mec en face n’était pas chaleureux.
— J’t’ai pas autorisée à l’ouvrir, gamine, alors ferme ta gueule.
Je déglutis. Il était terriblement froid et cinglant. Léana se referma sur elle-même, tout comme moi et Stella. Nous n’osâmes plus commettre le moindre son…
Quelques chasseurs nous obligèrent à les suivre sur leur embarcation pour rejoindre le vaisseau, tandis que d’autres semblaient s’enfoncer dans la forêt pour je ne savais quelle raison. Sûrement pour partir à la recherche d’autres reptiles ailés… Avec ma blessure, ils furent obligés de me porter jusqu'à leur barque, et sincèrement, je m’en serais bien passée. Être touchée par ces connards… J’avais l’impression d’être souillée. Mais je ne me suis pas débattue. Je ne voulais pas empirer les choses.
Une fois sur la barque, je me recroquevillai sur moi-même alors que nous prîmes la mer. Mon sang gouttait sur le bois de l’embarcation.
— Jafa…, chuchota Stella à côté de moi. Ç-ça va aller… ?
J’acquiesçai doucement. Je n’avais pas le choix de toute façon. Avec un peu de chance, ils comptaient s’occuper de ma blessure avant que je ne me vide de mon sang. Heureusement pour moi, la flèche était restée plantée… C’était affreusement douloureux, mais elle limitait grandement l'hémorragie. C’était pour le mieux…
Une fois sur le navire, nous fûmes emmenées dans les cales, alors séparées d’Epic qui était conduit on ne sait où. Nous nous retrouvâmes alors dans un coin sombre et étroit, seules dans notre angoisse. Nous ne pouvions rien voir autour de nous, hormis les rayons de la lumière de la lune traversant la trappe au-dessus de nous. Au mieux, je pouvais voir les faibles contours de mes amis.
— Qu-qu’est-ce qu’on fait ? demanda Stella, légèrement tremblante.
— J’en sais rien, mais putain j’ai mal !
Je soufflai douloureusement.
— J’ai pas envie de mourir… Comment vont faire les autres ? J’espère qu’ils vont bien…, fit Léana, assise contre la paroi.
— J’espère surtout qu’ils ne croiseront pas ces connards… Merde, faut pas qu’ils reviennent sur la plage…, soufflai-je entre deux respirations contrôlées.
— J’espère surtout qu’ils vont trouver un moyen de nous sauver ! s’exclama Stella.
— Comment ? Ils sont trois contre genre trente ou quarante mecs armés jusqu’aux dents !
— J’en sais rien, ils trouveront bien truc ! Qu’ils servent à quelque chose !
— Ouais, j’ai peu d’espoir, hein…
Nous retrouvâmes le silence. Putain, nous qui commencions doucement à nous dire que ce qui nous arrivait n’était pas si horrible finalement, qu’on arriverait à s’en sortir… Mon cul.
Après un moment à angoisser sur notre sort, je relevai la tête. L’un des chasseurs descendait dans notre prison de bois, des bandages à la main. C’était au moins une bonne nouvelle ! Il vint casser la flèche avant de la retirer d’un coup sec, me faisant lâcher un hurlement de douleur. Il m’offrit un joli « ferme-la », avant de commencer à bander ma jambe. Bon, au moins, j’allais moins souffrir. Avec un peu de chance, la blessure ne s’infecterait pas… Je n’osais pas vraiment ouvrir ma bouche pour demander à ce qu’on me passe de l’alcool dessus.
Le chasseur remonta, et nous nous retrouvâmes à nouveau seules. Nous pouvions entendre les nombreux bruits de pas autour de nous, et on subissait les remous de la mer. Vraiment, je vivais ma meilleure vie.
— Ça va ta jambe ? demanda Léana.
— Un peu mieux…
— Tant mieux.
— Ouais, ce serait bien de t’éviter d’avoir une jambe de bois, tenta Stella.
— Je te taperais avec.
— Hé !
Nous nous enfermâmes à nouveau dans le silence, même si nous avions réussi à pouffer un peu. Je fis ce que je pouvais pour tenter de penser à autre chose qu’au danger dans lequel nous nous trouvions, mais… Chaque bruit autour de nous me forçait à revenir à la réalité. J’avais eu beaucoup de moments difficiles à vivre, dans ma vie. Des moments tristes, angoissants, rageants… Mais jamais je n’avais ressenti cette boule dans mon ventre qui me tiraillait dans cet instant présent. Pour la première fois de ma vie, je craignais pour elle. J’avais peur de mourir. Et surtout, j’avais peur à raison. Cette sensation, cette terreur, et cette douleur dans mon ventre… Vraiment, j’aurais aimé ne jamais les connaître…
Il ne restait plus qu’à espérer qu’un miracle nous sauve la mise… C’était tout ce qu’il nous restait…
Chapter 7: Chapitre 6 - Point de vue d'Eli
Summary:
Eli, Illay et Elijah, coincés par un dragon, vont faire une rencontre surprenante. Plus tard, ils découvriront que leurs amies ont été enlevés... Comment vont-ils faire pour se sortir de ce mauvais pas ?
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Je lâchai un cri de terreur et de douleur alors que je me faisais plaquer au sol avec Illay. Je sentis très vite mes yeux s’embuer sous la peur, alors que je sentais des griffes faire pression sur mon dos, un souffle chaud contre mon crâne, et que j’entendis un grondement en colère.
— Mangez-moi, mais laissez-les tranquille ! pleurai-je, les yeux résolument clos.
Le grondement redoubla, de même que la pression. J’entendis Illay à côté de moi gémir de douleur. Tout mais pas ça, s’il vous plaît !
Soudain, le gémissement d’un autre animal se fit entendre plus loin dans les bosquets. Les grondements stoppèrent net, et je sentis un mouvement au-dessus de moi. C’est seulement là que j’osai tourner la tête pour tenter d’apercevoir ce qui allait me dévorer.
Une… Une Furie Eclair… ?
Un autre gémissement résonna, et la dragonne nous relâcha immédiatement pour courir vers le bruit. Je tournai la tête alors vers l’autre dragon. Il redoubla de grognements et il ouvrit ses ailes noires pour paraître plus menaçant, nous interdisant ainsi de bouger, tout en continuant de plaquer Elijah qui n’osait plus rien faire. C’était… C’était Krokmou !
Illay et moi ne bougeâmes pas, ne voulant pas risquer de contrarier l’animal. Peut-être était-il adorable et gentil dans les films, mais peut-être ne l’était-il pas ici… ? En tout cas, tout ce que je voyais, c’était ses griffes sur mon amie, et il était hors de question que je risque quoi que ce soit.
Krokmou releva la tête et les oreilles en entendant un appel de sa belle. Il sembla hésiter. Il décida finalement de ne pas bouger et d’appeler à son tour. Je ne savais pas ce qu’ils disaient, mais j’espérais sincèrement qu’ils disaient « Ils ont l’air sympas, on va les relâcher. »
Cependant, il ne bougea pas d’une écaille, jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre. Des bruits de pas humains. C’était sans doute la personne qu’on avait entendu siffler qui approchait à cause du boucan que les dragons faisaient.
— Vous les avez retrouvés ? fit la voix d’un homme.
— Harold… ! murmura mon ami à côté de moi.
Je me redressai subitement en le voyant effectivement apparaître ! Je soufflai de soulagement. Impossible qu’ils nous fassent du mal ! Si… ? Krokmou me grogna dessus en me voyant bouger, mais il n’ajouta rien, relâchant simplement Elijah avant de courir dans la direction dans laquelle l’autre furie était partie. Quel soulagement !
— Qui êtes-vous… ?
Je vins tout de suite voir comment allait Elijah, et je l’aidai à se redresser avec l’aide d’Illay qui s’était lui aussi beaucoup inquiété. Il répondit.
— O-on s’est perdus sur cette île. Et en entendant les cris des dragons, on pensait qu’ils avaient besoin d’aide, alors on est venu voir…
Harold souffla de soulagement, retirant sa main de là où son arme reposait. Je remarquai d’ailleurs, malgré l’obscurité, qu’il semblait avoir pris un sacré coup de vieux par rapport à ce que l’on pouvait voir dans les films. Mais en y réfléchissant, c’était plutôt logique, si les petits de Krokmou étaient adultes maintenant…
— Excusez notre méfiance, Krokmou et Luna sont à fleur de peau, et ces îles sont fréquentées par beaucoup de chasseurs… Je m’appelle Harold.
— Nous c’est Eli, Elijah et Illay, présenta ce dernier.
— Qu’est-ce qui leur arrive pour qu’ils soient comme ça ? demanda Elijah en se relevant.
— Leurs petits ont disparu, ça fait bien quelques jours qu’ils les recherchent.
— On en a vu un hier ! intervint-je immédiatement, voulant absolument les aider.
— Vraiment ?
— Oui ! Bon, c’est une amie qui l’a vu, mais il ne devrait pas être loin ! C’était le tout blanc, il était pris dans un piège de chasseur, et il avait la patte et l’aile blessée. Stella l’a libéré mais il ne pouvait plus voler, il doit encore être dans la forêt !
Et comme pour confirmer ce que je disais, les deux parents arrivèrent, la maman soutenant son petit pour l’aider à retourner auprès d’Harold. Krokmou vint passer sa tête sous le bras de son ami, s’assurant sûrement que tout se passait bien. Celui-ci eut l’air soulagé.
— Ça fait un sur trois… Espérons que Dart et Ruffrunner ne soient pas loin…
— Mais, d’ailleurs…, commença Illay. Les dragons ne sont pas censés être cachés ? Pourquoi existe-t-il encore des chasseurs ?
Harold fut surpris par ses connaissances, mais il ne revint pas dessus, répondant simplement.
— Malheureusement, tous les dragons du monde ne suivaient pas Krokmou quand ils sont partis se cacher. Ils sont devenus rares, mais il y a toujours quelques individus vivants dans les coins reculés comme celui-ci.
— Je vois…
— Mais… Heu… Le bateau qu’on a vu tout à l’heure… Que les autres attendent, fis-je remarquer, soudain très inquiète.
— Merde, c’est sûrement des chasseurs du coup ! s’horrifia Elijah.
Et c’est là que nous entendîmes un cri provenant de la plage.
…
Après plusieurs minutes à marcher le plus rapidement possible entre les arbres, nous retrouvâmes la lisière. Luna et Pouncer étaient partis se cacher le plus loin possible des chasseurs, tandis que Krokmou et Harold avaient décidé de nous suivre. Nous dûmes nous cacher, des hommes ayant commencé à balayer la forêt, sans doute pour trouver de nouveaux dragons à capturer. Je mourais d’une seule envie : Qu’ils crèvent tous dans leurs propres pièges.
— Je ne les vois pas ! s’inquiéta Illay.
— Elles ont sans doute été capturées, avec le Vipère…, souffla Elijah.
— Je reconnais le capitaine…, informa Harold. Il a tué un nombre incalculable de dragons quand on protégeait encore les nôtres sur Beurk. Il avait disparu pendant un très long moment, et j’espérais ne plus jamais le recroiser. Il a sûrement pris vos amies pour des dragonnières, et les utilise maintenant d’appât pour attirer leurs potentiels dragons.
— Je vais le yeet* si loin qu’il mourra dans l’espace, grognai-je.
— Il faut qu’on trouve un moyen de les sauver, elles et les dragons qui sont sûrement enfermés avec elles ! s’exclama Elijah.
— Nous allons vous aider, répondit Harold. C’était notre truc de libérer les dragons des chasseurs, à l’époque.
Nous acquiesçâmes, et nous commençâmes à réfléchir à un moyen efficace de libérer tout le monde, en risquant le moins possible d’être tués. Mais c’est là que je remarquai un détail. Un détail qui me glaça le sang.
Des larmes me montèrent rapidement aux yeux…
— Hey… Y a du sang sur le sable…
…
Je m’accrochai fortement à Elijah, qui lui-même s’accrochait du mieux qu’il pouvait à Krokmou. Je faisais tout mon possible pour ne pas paniquer. Mes amis m’avaient rassuré du mieux qu’ils le pouvaient, en garantissant que s’il n’y avait pas de corps, c’est que nos amis étaient en vie. Mais ces taches de sang sur le sable… Je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer le pire. J’avais peur…
Krokmou volait lentement et discrètement, profitant de l’obscurité de la nuit qui était tombée, afin d’atterrir silencieusement sur un coin vide du pont du navire. Il nous déposa à côté d’Harold et Illay qu’il avait déjà amenés juste avant, avant de décoller pour aller s’accrocher sur l’arrière du bateau, restant à disposition sans risquer d’être vu. J’étais horriblement stressée et angoissée. Nous étions sur le point d’infiltrer un vaisseau rempli de dizaines de mecs armés, afin de libérer nos amies et des dragons sauvages. Mais est-ce que j’en étais vraiment capable ? Et si je faisais n’importe quoi, et qu’à cause de moi, mes amis mouraient ? Je commençai à trembler, les larmes me revenant très vite à cause de la pression. J’allais tout rater et tuer tout le monde, c’était sûr !
Je sentis une main se poser sur mon épaule.
— Ça va bien se passer, on va réussir, tu verras, fit Illay, essayant de me rassurer.
Il me prit dans ses bras, et je le lui rendis le plus fort possible. Ça ne suffisait pas pour me donner confiance en moi, mais ça avait au moins le mérite de me calmer un peu.
— On va sauver des dragons, et botter le cul de ces connards ! ajouta Elijah. Allez Eli, j’ai besoin de te voir en balancer un par-dessus bord !
Je lâchai un petit rire ainsi qu’Illay. Allez, je ne pouvais pas le décevoir… !
Nous partîmes à quatre à la recherche de l’accès des cales. On devait se faire discrets, mais heureusement pour nous, une grosse partie de l’équipage était à présent sur l’île pour rechercher d’autres bêtes à capturer. On réussit à trouver l’entrée qu’il nous fallait, et nous nous engouffrâmes dans les couloirs de bois sombre.
Un choix s’offrit à nous par le biais de plusieurs couloirs.
— On se sépare… ? Moins on est, plus on est discret, et puis on pourra couvrir plus de terrain plus vite, proposa Illay.
— C’est ce qu’il y a de mieux à faire, répondit Harold.
Il s’éloigna dans un couloir, s’attendant à ce que l’un de nous le suive. Nous nous regardâmes, s’interrogeant sur qui allait avec qui. Et le choix se fit presque naturellement. Elijah et Illay partirent ensemble, et moi je suivis le Viking.
Nous longeâmes longuement les murs, ouvrant parfois certaines portes pour tenter de retrouver mes amies, sans trop de succès. Nous nous cachâmes quand c’était nécessaire, et par miracle, nous ne fûmes pas repérés quand nous entrâmes dans l’immense cale qui contenait des dizaines de cages.
— Parfait. On leur ouvre, et on s’assure qu’ils ne bougent pas le temps de trouver tes amies.
J’acquiesçai, et je m’avançai alors vers les cages sur la droite. En m’approchant, je pus voir une autre Night Light !
— Harold, j’ai trouvé l’un des bébés de Krokmou !
— J’ai trouvé le dernier aussi !
— Génial !
Tout de suite, je vins déverrouiller le grand loquet de la cage, et j’ouvris la porte. Le dragon me regarda avec méfiance mais espoir, restant replié sur lui-même. C’était la seule femelle de la portée, Dart, la noire aux yeux bleus. Elle était magnifique, même sous le simple éclat des quelques lanternes laissées ici et là.
— Je ne te veux pas de mal, on va te sortir de là, mais il faut rester calme…
Ma voix douce sembla rassurer la dragonne qui s’approcha doucement. Je m’accroupis et je tendis la main, la laissant la renifler pour se rassurer. Après quelques instants, elle me laissa lui offrir une caresse sur le museau. Elle avait confiance.
— Eli, je vais m’occuper de gérer les dragons. Tu penses pouvoir chercher tes amies seule ?
Franchement, j’avais envie de tout sauf de me balader toute seule sur un bateau rempli de chasseurs. Mais mes amies comptaient sur moi, je ne pouvais pas rester là alors que je pouvais encore les chercher.
— J’y vais, elles ne devraient pas être loin de toute façon…
— Et avec Krokmou dehors et tous les dragons libérés, si ça devait mal tourner, on saura gérer la situation. Tu n’as pas à t’en faire, mais reste prudente.
— Promis.
Je sortis de la cage, laissant ma nouvelle amie rejoindre son frère auprès d’Harold. Je pris une grande inspiration, puis je repartis dans un nouveau couloir. Sérieux, il était aussi immense que ça ce bateau ?
Je marchai un moment dans le noir, écoutant le moindre son, stressée comme jamais. Si je pouvais retrouver Elijah et Illay, là, tout de suite, ça me rassurerait. Mais je ne pus que trouver des portes qui menaient à des réserves, des cabines ou je ne sais quoi d’autre encore. J’entendais des craquements partout autour de moi qui me faisaient sursauter à la moindre occasion.
Après un moment à tourner en rond, où en tout cas, j’en avais la sensation, j’entendis des bruits de pas, devant moi. Et des voix. Masculines. Autrement dit : j’étais dans la merde. Je ne pus garder mon calme, et c’est dans un élan de panique que je fis demi-tour en courant le plus vite possible, ignorant complètement mon manque de discrétion. Je lançai un regard derrière, et j’entendis des hommes hurler. Merde, j’étais repéré, c’était sûr !
Ne regardant pas devant moi, je me pris quelqu’un de plein fouet, et j’atterris lourdement sur le sol dans un cri.
— Aw ! fit une voix que je connaissais bien.
— Eli !
Illay m’aida à me relever, tandis que Léana s’occupait d’aider Stella que j’avais fait tomber. Ils étaient tous là, sains et saufs ! Mais je n’avais pas le temps de m’en réjouir.
— Elles sont là !
Immédiatement, le reste de mon groupe comprit que j’étais repérée, et qu’il fallait absolument fuir. C’est là que je vis que Jafa était blessée, soutenue par Elijah.
— Suivez-moi ! ordonnai-je en me remettant à courir.
Il était hors de question qu’on se retrouve tous emprisonnés juste parce que je n’avais pas su faire preuve de discrétion ! Et maintenant qu’ils étaient tous libérés, il fallait passer à la phase deux du plan : tout brûler.
Mes amis me talonnèrent le plus vite possible, jusqu’à rejoindre les cachots. Jafa peinait beaucoup à suivre, souffrant le martyr à cause de sa jambe, mais nous n’avions pas le choix. Je vins aider Elijah à la soutenir alors que nous retrouvions Harold.
— Il faut partir maintenant !
Il comprit très vite que nous étions repérés, et il siffla le plus fort possible. Alors, un grand cri provenant de la Furie Nocturne retentit, et tous les dragons se mirent à s’agiter, quitter les cages pour tenter de trouver une sortie, non sans brûler tout ce qu’ils pouvaient pour casser les parois et la coque du bateau. Ruffrunner, le troisième de la portée de furies, cracha une boule de plasma puissante qui fit un énorme trou jusqu’à l’extérieur, et tous les dragons en profitèrent pour fuir le plus vite possible, jouissant de l’obscurité de la nuit pour éviter de se prendre un nouveau filet !
— Vous allez me le payer !
Je me tournai vers la voix, pour remarquer le chef des chasseurs, son arbalète à la main. Il s’apprêtait à tirer sur mes amis…
— NON !
Totalement prise de peur, je sautai sur Léana qui semblait la première visée, la prenant dans mes bras pour prendre le carreau à sa place. J’entendis le cliquetis de l’arme, et les cris de terreur des autres…
Un gros craquement et un bruit sourd sur le bois se fit entendre. En tournant la tête, je vis Ruffrunner recracher des bouts de flèches, et Dart plaquer le chasseur violemment au sol avant de lancer une boule de plasma sur l’arme qui fut immédiatement détruite. Elle le blessa suffisamment pour l’empêcher de se relever, lui arracha un objet dont je ne connaissais pas la nature, et courut vers nous pour nous faire grimper sur son dos.
…
Quelques instants plus tard, nous étions tous sur le dos de l’une des furies, quittant le bateau le plus vite possible.
Nous étions vivants. Les dragons étaient sauvés. Nous avions réussi.
Et j’étais littéralement en larmes, accrochée à Léana, et à Dart qui nous portait toutes les deux. Qu’est-ce que j'avais eu peur…
Je sentis Léana m’entourer d’un bras.
— Merci.
Mes pleurs redoublèrent de plus belle alors que je lui offrais la plus grosse étreinte du monde.
…
Notre vol dura un moment. Epic, Luna et Pouncer nous avaient rejoints entre-temps, même si ce dernier peinait encore un peu à voler droit. Nous ne nous posâmes qu’après être persuadés que nous étions totalement hors de danger de n’importe quel enfoiré.
Les dragons nous déposèrent sur une plage de sable blanc, sur une petite île semblant déserte et paisible. Il était grand temps pour nous de dormir, même si je sentais que je n’allais pas trouver le sommeil de sitôt. Je me couchai dans le sable, et Illay vint m’enlacer, m’offrant tout le réconfort dont j’avais besoin. Dart quant à elle, se coucha juste à côté, et nous couvrit de son aile, imitée par ses frères et Epic qui en firent de même pour les autres. Nous passâmes alors le reste de la nuit à nous reposer du mieux qu’on le pouvait.
Finalement, le soulagement qui avait remplacé mon stress, en duo avec mon épuisement émotionnel, eurent raison de moi. Je réussis à m’endormir assez vite, bercée par les mouvements réguliers de la respiration de mon amie à écailles.
…
— Merci beaucoup pour votre aide ! s’exclama Illay en gratouillant chaudement Krokmou qui grognait de contentement.
— Merci à vous ! répondit Harold. On devrait rejoindre Beurk dans quelques heures de vol, vous pourrez vous reposer le temps qu’il vous faut ! On soignera ta jambe.
Jafa acquiesça vivement, pressée d’avoir enfin de vrais soins. Nous nous préparâmes alors à un nouveau vol, beaucoup plus en forme et enjoués que la veille. On allait pouvoir découvrir Beurk de nos propres yeux, et sans connards pour nous faire du mal !
J’étais en bien meilleure forme maintenant que tout était terminé. J’avais retrouvé le sourire, et ma joie. Je vins offrir plein de nouveaux câlins à la dragonne que j’avais sauvée, et elle me le rendit bien. Une chose était sûre, elle était devenue ma préférée !
Après une tonne de nouvelles gratouilles, elle se recula un peu. J’attendis, curieuse, ne comprenant pas trop ce qu’il lui arrivait alors qu’elle faisait des bruits bizarres. Et d’un coup, elle régurgita un objet qui semblait être un collier étrange. C’était ce qu’elle avait arraché à Harri, non ?
— Qu’est-ce que c’est ?
Elle le poussa du bout de son museau pour m’inciter à le prendre. Je le saisis, grimaçant en sentant de la bave de dragon couler sur ma main, et je remarquai un détail. Il semblait manquer une partie, à ce collier, et il était recouvert de gravures que j’avais déjà vues quelque part…
— Hey…
Je m’approchai des autres, et je leur montrai le bijou.
— Un collier ? fit Stella, surprise.
— Hey, regardez, il a les mêmes gravures que la bague d’Illay ! fit remarquer Léana.
— T’as raison…
Illay retira doucement son bijou, et examina les deux objets.
— On dirait que ça peut s’emboiter…, dis-je, étonnée.
— Bizarre…, commenta Elijah.
Le propriétaire de la bague vint alors doucement ajouter celle-ci au collier et… Effectivement, ils s’emboitèrent parfaitement. Et sans qu’on ait eu le temps de faire quoi que ce soit, tous nos bijoux s’illuminèrent à nouveau d’une lumière bleutée.
— Qu’est-ce qu’il–
Et nous disparûmes subitement, laissant derrière nous le monde de How To Train Your Dragons…
Notes:
Et voilà, c'est la fin de l'arc 1 ! Alors, ça vous plaît ? L'arc 2 débute au prochain chapitre, qui sort la semaine prochaine ! A bientôt !
Chapter 8: Chapitre 7 - Point de vue de Stella
Summary:
Le groupe atterri dans un tout nouveau monde ! Ils font la rencontre de certains personnages d'un jeu vidéo narratif, tiré d'un autre jeu... Très connu. Mais ils n'ont pas le temps de se faire à leur nouvel environnement ! Aux armes !
Chapter Text
Nous apparûmes dans un tout nouvel environnement, et encore une fois… Dans les airs. Je lâchai un cri en chutant vers le sol, ainsi qu’un gémissement en tombant sur… Quelqu’un ?
— Merde ! Qu’est-ce que- ?!
— Aiden !
J’avais atterri sur un mec brun armé, qui me repoussa brusquement pour se relever, avec l’aide du blond qui venait de lâcher son prénom. Le premier avait une machoire un peu carrée, des yeux émeraudes, des cheveux courts tirés en arrière avec du gel, et une armure en fer à moitié cachée par une veste en cuir noir. Il portait également une grande épée à deux mains, brillant d’éclats bleu et vert. Le second avait les traits plus fins, des yeux bleus, des cheveux courts maintenus par des lunettes d’aviateur sur son front, et un arc taillé élégamment …J’étais en train de rêver, pas vrai ?
— Mais vous venez d’où, vous ?!
Je vis alors un autre guerrier brun non loin, à la peau métisse et aux cheveux bouclés, en train de se battre contre des mecs avec une hache. Là, j'eus plusieurs niveaux de réalisation. Déjà : « PUTAIN AIDEEEEEN ET LUKAAAAAAAS ! Fuck, y a Jesse. » Ensuite : « Mais on est dans Minecraft en fait ?? » Et enfin : « C’EST QUOI TOUS CES MECS QUI NOUS FONCENT DESSUS POUR NOUS TRUCIDER ?! »
Je me relevai enfin avec mes amis qui semblaient tous aussi perdus que moi. Merde, on était bien avec Harold et les dragons, pourquoi on se retrouvait dans un putain de Raid de village ?!
Mon regard se posa de nouveau sur l’élu de mon cœur fictionnel, et mes pensées changèrent dans la seconde. On s’en fiche du raid, j’ai touché Aiden, je pouvais mourir en paix. Oh non, mieux. Je vais être protégée par Aiden. Meilleur plan du monde.
— Restez pas plantés là et aidez-nous plutôt ! s’agaça le beau brun aux yeux verts.
Oh oui, Aiden, donne-moi des ordres.
— Nous n’avons pas d’armes ! répondit Illay, l’air paniqué.
— Allez voir le forgeron ! répliqua Jesse en tuant un assaillant.
Il était malin lui. Va trouver un bâtiment dans ce chaos ambiant.
— Viens Stella !
Illay m’attrapa la main pour nous emmener vers un bâtiment, suivis par tous les autres. Il avait l’air de savoir à quoi la forge ressemblait, c’était déjà ça.
— Putain, j’ai envie de crever…, gémit Jafa en se tenant fermement à Elijah.
— On te laissera en sécurité dans la forge, tu n’auras plus à bouger ! la rassura le châtain.
— On ne va pas la laisser toute seule quand même ?! s’indigna Léana.
— J’ai pas dit ça !
— Ça ne me dérangerait pas.
— Stella !
Une fois dans le bâtiment, nous rencontrâmes un mec qui avait bien la gueule d’un villageois de Minecraft. Dans d’autres circonstances, j’aurais bien rigolé de son tic de langage « Haaanw ». Mais j’étais trop occupée à flipper ma race.
Nous lui demandâmes des épées pour pouvoir nous défendre. Pendant qu’il s’en occupait, nous discutâmes de ce qui venait de nous arriver, tandis que Jafa s’asseyait par terre pour soulager sa douleur.
— Comment on a fait pour atterrir ici ?! commença Eli.
— C’est forcément le collier et la bague, c’est sûrement notre porte de sortie à chaque fois ! s’exclama Léana.
— On l’a trouvée sur un sacré coup de chance hier ! repris-je. Si on doit trouver un objet magique à chaque fois pour partir… Comment on va faire pour les récupérer dans chaque monde qu’on visitera ?!
— Il n’y a pas de hasard. Si on l’a trouvée hier, c’est qu’on devait la trouver, avança Elijah. Je suis sûr qu’on y arrivera à chaque fois.
— En espérant qu’on ne doive pas l’arracher à un mec qui veut notre peau pour chaque monde…, grogna Jafa.
— En parlant de monde, on en parle qu’on est dans Minecraft Story Mode là ? Que j’ai envie de mourir ? dis-je en regardant par la fenêtre les trois hommes en train de se battre.
Bon, je n’en regardais qu’un seul en vrai. Chut.
— Ouiiii, j’ai vu Lukas, ma vie est complète désormais.
— Lukas, genre LE Lukas ? demanda Léana.
— Oui, LE Lukas, confirma Illay.
— Je défaille.
— Je suis la seule à ne rien connaître de ce monde-là ? demanda Elijah, presque avec l’air désespéré.
Illay vint tapoter l’épaule de son meilleur ami.
— Si ce Aiden est le même que celui que j’écris dans mes rôles play, tu vas tomber In Love, lui assura-t-il.
— Aaaaah, le dessert.
— Mais il est pas censé être en prison, celui-là ? demanda Jafa. On n’est pas dans un rp. Dans le canon, il est sur Sky City, derrière les barreaux.
— Qu’est-ce que j’en sais moi ? fit Illay en haussant les épaules.
En effet, c’était une longue histoire. Aux dernières nouvelles, Aiden était toujours en train de payer sa tentative de génocide à coups d’oeufs de monstres. Bon, d’accord, dit comme ça, on n’avait pas l’impression qu’il était une personne fréquentable… Mais c’est mon homme parfait, d’accord ? Et puis s’il était en compagnie de Lukas et surtout de Jesse, qui est censé être son pire ennemi, c’est qu’il s’était repenti, non ?
Nous fûmes coupés par de nouveaux cris dehors, et en jetant un œil par la fenêtre, nous vîmes une nouvelle vague de pillards s’attaquer au village. Le forgeron nous tendit des épées en fer par la même occasion, et il nous poussa dehors, sans même nous laisser le choix. Seule Jafa eut le droit de rester en sécurité derrière les murs.
— Je sais pas me battre avec une épée ! s’écria Eli, déjà paniquée en voyant une bonne dizaine de mecs avec des arbalètes entrer dans le village.
— Je crois qu’on ne va pas avoir d’autre choix que d’apprendre sur le tas…, souffla Illay, pas rassuré non plus.
— Yes, allons mourir ! m’écriai-je. Si je dois décéder dans d’atroces souffrances, assurez-vous au moins que ce soit dans les bras d'Aiden svp.
Sur ces mots, je partis rejoindre le front avec les trois déjà en train de massacrer du pillard. Quitte à devoir tuer des monstres pour survivre, autant y aller franchement ! En espérant que ce soit aussi facile que dans le vrai jeu…
Elijah et Illay me suivirent, tandis que Léana et Eli restèrent en arrière, protégeant la maison qui gardait Jafa. Nous réussîmes à plus ou moins prendre nos marques. Enfin, on venait de s’attaquer à un seul gars en 3V1, et ils avaient l’air totalement cons et lents. Mais pour nous qui ne nous étions jamais battus, c’était un exploit d’arriver à faire disparaître des monstres de Minecraft réalistes, ok ?! D’ailleurs, ils ne mouraient pas vraiment dans une effusion de sang, mais ils ne faisaient que disparaître en laissant derrière eux quelques équipements. Tant mieux, j’avoue que j'aurais eu beaucoup plus de mal à me battre si je tuais salement mes adversaires... D’ailleurs, si on mourait, on disparaîtrait, nous aussi… ?
Je fus coupée dans mes pensées lugubres par de nouveaux cris. Une nouvelle vague de monstres nous arrivait dessus, et certains étaient différents de ceux contre qui on se battait jusqu’à présent.
Maintenant il y avait des sorcières, et des bandits arrivaient sur des… Je ne sais pas ce que c’était, mais en tout cas, grand, moche, et c’était terrifiant.
Ok, là ça va être beaucoup moins facile…, souffla Illay, inquiet.
— Tu m’étonnes !
Je vis l’un des pillards monté sur son rhinocéros chelou nous foncer dessus, suivi par bien deux sorcières. On n’allait pas s’en sortir sans au moins être un minimum blessé, ça, c’était sûr…
Les sorcières décidèrent de s’attaquer à mes deux amis, tandis que moi je me tapais le plus gros monstre. Evidemment. De toute façon, il fallait TOUJOURS que ça tombe sur moi.
Je ne savais pas trop quoi faire. Donner des coups d’épée au pif et esquiver quand des gars donnaient des coups de hache lents, ou lançaient des carreaux d’arbalète après 30 ans de préparation prévisibles, ce n’était pas pareil que de frapper un monstre qui faisait 2 mètres de haut et de large.
Je tentai des offensives maladroites, mais le monstre n’en avait rien à faire ! En fait, après seulement deux secondes de combat, je me retrouvai en dessous de 500 kilos, mise au sol et incapable de me relever à cause de la grosse patte qui me maintenait par terre. Encore un peu et il m’écrasait !
— A l’aide ! criai-je.
Mais je ne pus entendre qu’un bruit de fiole qui se brise et le cri d’Illay. Les sorcières n’étaient pas faciles à vaincre, elles non plus…
Je sentis la pression sur mon abdomen s’intensifier, et des griffes entailler ma peau. Putain j’allais vraiment mourir, et pire que tout, loin des bras d'Aiden ! Mais quelle merde !
Soudain, j’entendis des sifflements, des bruits organiques dégueux, et les cris du pillard et de la créature au-dessus de moi. Ils s’écroulèrent tous deux à côté de moi, des flèches plantées un peu partout, avant de disparaître subitement, me laissant avec la respiration erratique et le cœur battant la chamade.
— Est-ce que ça va ?
Lukas, épouse-moi.
— Oui, ça va, merci…
Je pris la main qu’il me tendait, et je me relevai en récupérant mon épée. Je pus voir que Jesse était venu sauver les autres aussi. Je soufflai de soulagement.
— Occupez-vous des pillards et des vindicateurs, on s’occupe du reste, ordonna le chef du groupe.
— Les vindi-quoi ?
— Les villageois avec les haches.
— Ah d’accord !
Se battre contre les plus faciles à vaincre. C’était dans mes cordes. Bien que ça me faisait mal d’obéir à ce mec. Non, je n’aimais pas Jesse, je n’avais aucun argument pour justifier ça. Peut-être parce qu’il était le rival d’Aiden dans les jeux ? Peu importe.
Les combats se poursuivirent. On s’occupait de protéger les maisons et les villageois à cinq, tandis qu’Aiden, Jesse et Lukas tuaient les monstres les plus coriaces à la lisière du village. Ainsi, nous n’eûmes aucun mal à gérer le raid jusqu’à la fin ! Certains d’entre nous furent blessés par quelques carreaux d’arbalètes, mais rien de plus que des égratignures. Autrement dit, pour un premier champ de bataille, on s’en sortait plutôt bien ! C’était… Un miracle, disons les choses.
Le dernier pillard fut enfin tué, et nous soufflâmes, tous épuisés par ces combats juste interminables. C’était fini… Et dire que les trois zigotos avaient prévu de gérer ça juste à eux seuls… Je veux bien qu’ils soient balèzes en combat mais quand même…
— Tenez !
Jesse tendit une potion rouge à tous ceux qui étaient blessés. Putain c’est vrai que ça existe les potions de soin ici ! J’en pris une immédiatement pour la boire d’une traite, ma blessure au ventre me faisant atrocement mal. Mais je faillis tout recracher…
— C’est dégueu !
— Chochotte, ricana Aiden.
— Hé oh, je te permets pas.
— Rien à foutre.
Pourquoi diable est-ce qu’il ressemblait autant au petit con génial que Jafa et Illay ont créé dans leur rp ?
Léana partit chercher notre blessée, une potion en main. Bonne nouvelle, elle allait pouvoir retrouver l’usage de sa jambe ! Enfin, si c’était vraiment une bonne nouvelle. Et alors qu’elles revenaient doucement vers nous, nous entendîmes des exclamations un peu partout autour de nous. Tous les villageois sortaient de leurs maisons, criant de joie pour nous féliciter de les avoir sauvés ! En vrai, je ne pouvais pas m’empêcher d’être fière de nous. On avait peut-être galéré, mais on avait réussi à nous défendre avec des épées ! Plus ou moins.
Les villageois vinrent nous offrir des trucs plus ou moins utiles. Je reçus un plastron en fer d’ailleurs, et il luisait d’un éclat violet. Il était magique, non ?
— Mais alors, d’où vous venez ? demanda Jesse en rangeant ce qu’il avait reçu comme récompense.
— C’est… Compliqué, souffla Elijah.
— Si c’est une histoire de portail, on comprend, on a déjà eu quelques aventures à cause de ça.
— C’est plus une histoire de bijoux chelous, précisa Eli.
— Bijoux ? fut surpris Lukas.
— En gros, commença Illay en montrant son collier, nous avons des bagues qui nous permettent de… Changer de dimension. Mais pour que le pouvoir fonctionne, il faut qu’on trouve le collier qui s’associe à elles. Et le truc, c’est qu’on ne sait pas comment rentrer chez nous, du coup, j’imagine qu’on doit reconstituer les bijoux entiers à chaque fois dans chaque dimension pour espérer atterrir dans le bon monde ?
— Pour faire simple, on est perdu, reprit Léana.
Pendant qu’ils discutaient, je remarquai qu’Aiden jouait avec une petite pièce de métal, la faisant sauter dans sa main distraitement. Curieuse, je me permis de la saisir au vol pour voir ce que c’était.
— Hé !
— Moi aussi j’en n’ai rien à foutre.
Je lui offris mon plus beau sourire insolent avant de poser mon regard sur la pièce. J’entendis même Jesse lâcher un rire moqueur. Retour à l’envoyeur, c’est tout.
En observant la pièce de métal de plus près, je remarquai que…
— Où tu l’as eue ??
— C’est le Michel là-bas qui me l’a offerte.
— On dirait un bout du collier qu’on doit retrouver !
— Quoi ?? firent les autres à l’unisson.
Quelle coïncidence n’empêche. On aurait dit que tout s’enchaînait parfaitement. En tout cas, ce que j’avais entre les doigts présentait exactement les mêmes gravures que ma bague. C’était forcément un bout de ce que l’on devait trouver !
— Mais POURQUOI est-ce qu’il est en morceaux ?? demanda Léana, désespérée.
— Yes, va trouver le reste pour le reconstituer maintenant… fit Eli en soupirant.
— On va vous aider, s’avança Jesse.
— Ah bon ? s’exaspéra Aiden.
Il eut le droit à une petite tape derrière la tête de la part de Lukas.
— On a un ami qui passe son temps à étudier les objets magiques et à chercher de nouveaux trésors à découvrir, reprit le blond. Il pourra peut-être nous donner une piste pour trouver le reste des morceaux ?
— Ce serait parfait ! répondit Illay, enthousiaste.
Est-ce que j’avais vraiment envie de rencontrer Ivor dans la vraie vie ? Nan parce qu’ils parlaient forcément de lui. Ivor était un gars ronchon, rustre, égoïste et bizarre. Il était devenu l’ami de Jesse et son groupe depuis qu’ils avaient vécu des aventures ensemble, dans le DLC du premier jeu. Mais ça ne l’avait pas rendu beaucoup plus aimable. Alors mon envie de rencontrer sa barbe brune avoisinait zéro. Mais bon, je n’avais pas le choix, de toute façon…
Sur cette décision, les trois hommes nous invitèrent à aller chercher des chevaux dans l’écurie du village. Apparemment, nous étions partis pour plusieurs heures de voyage… Qui parie sur le fait que j’allais me casser la gueule de mon poney au moins deux fois, sur le chemin ?
Chapter 9: Chapitre 8 - Point de vue d'Eli
Summary:
Après quelques heures de voyage, le groupe arrive à la capitale et rencontre Ivor, un ami de leurs trois nouveaux camarades.
Chapter Text
Nous nous retrouvâmes tous assis sur un cheval, en route pour… Comment elle s’appelait leur ville déjà ? BeaconTown je crois ? En tout cas, nous étions partis pour plusieurs heures. Mais faire une randonnée à cheval ne me déplaisait pas du tout !
Je tapotai gentiment l’encolure de l’étalon noir et blanc que j’avais choisi. Nous venions de nous rencontrer, mais je l’aimais déjà ! Les animaux et moi, c’était une grande histoire d’amour. Et ce cheval ne faisait pas exception. J’avais envie de passer mon temps à le caresser !
Durant notre voyage, nous discutâmes joyeusement tous ensemble. L’ambiance était bien meilleure que lors de notre arrivée dans le monde de Dragons, et les trois hommes participaient activement à nos conversations. Ils étaient bien plus sympas que ces cons de chasseurs ! Je remarquai d’ailleurs que Stella et Aiden s’entendaient bien… Ou pas, en fait. Comment on peut décrire des gens qui se bolossent mutuellement H24 ? Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, et on pouvait déjà comparer leur relation avec celle de Jafa et Léana, ou de Stella et Jafa. Un nouveau ship* venait de s’inviter dans mon esprit, et j’adorais les voir se chamailler. Je me retenais même de lâcher des petits “hanw” de temps en temps, écoutant sans discrétion leur conversation.
— D’ailleurs, t’es pas censé être en prison ?
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Bah, t’as un peu détruit Sky City.
— …Mais comment tu sais ça, toi ?!
— Ah, heu…
Je vis les autres se retourner sur eux. Je n’étais pas la seule à les écouter. Aiden, Jesse et Lukas se regardèrent, déconcertés.
— Disons que… fit Illay en réfléchissant. Dans notre monde, les aventures de Jesse sont, en quelque sorte, connues. On a… L’équivalent d’une trilogie de livres, on va dire. En gros, on sait ce qui s’est passé pour la witherstorm, une partie de vos aventures dans le couloir des dimensions et l’histoire avec l’admin. Enfin… C’était plutôt Stella, Jafa et moi qui connaissions tout ça, les autres ne connaissent pas, ou juste de loin.
— C’est bizarre votre truc, grimaça Aiden.
— T’étais quand même un sacré connard, fit Stella d’un air entendu.
— Oh mais ne t’inquiète pas, il l’est toujours, se permit de rajouter Jesse.
— Je me passerai de vos commentaires. Et Jesse, je t’emmerde.
— Commencez pas, les gars… soupira Lukas.
— Mais alors, qu’est-ce qui s’est passé justement ? demanda Jafa avec curiosité. Tout ce qu’on a su, c’est qu’Aiden avait envoyé une lettre à Jesse pour s’excuser, mais on n’a jamais eu de suite !
— On est allés le voir, il s’est excusé et on l’a ramené dans notre dimension avec nous, tout simplement. Il a fait du bon boulot pour reconstruire Sky City, il n’y avait pas de raison qu’on lui refuse ses excuses.
Lukas envoya un sourire chaleureux à Aiden, tandis que Jesse levait les yeux au ciel. Alors déjà, je shipais aussi Lukas et Aiden maintenant, et ensuite, je sentis une légère tension de la part du troisième. Lui et Aiden n’avaient pas l’air de s’entendre si bien que ça…
En tout cas, nous reprîmes nos conversations pour raconter tout et rien, terminant tranquillement notre voyage.
…
Nous arrivâmes devant une immense cité, à la tombée du soir. Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit « wow », tandis que nous entrâmes dans les rues rustiques et cubiques. C’est bien la première fois que je voyais une ville faite de cubes, et on peut dire que ça donnait un certain charme. J’aimais beaucoup. Je trouvais d’ailleurs surprenant que les créatures et les humains n’aient pas les mêmes formes carrées que dans le jeu. Mais au fond, je trouvais ça un peu rassurant. Ça aurait été extrêmement drôle de se voir comme ça, mais ça allait finir par me rendre mal à l’aise, à force, j’en étais sûr.
Nos guides nous emmenèrent jusqu’aux écuries de la ville, où nous laissâmes nos chevaux. Puis, Jesse nous conduisit jusqu’à une maison dans un arbre, ou dirais-je plutôt une cabane en pierre en forme de crâne. C’était particulièrement imposant comme structure. Il y avait même de la lave qui coulait dans un tube de verre depuis la bouche de la maison, et du lierre pendait d’un peu partout, donnant un style pirate maudit. C’était à la fois très moche et très classe.
Jesse sonna, et un vieux monsieur barbu avec un long manteau marron apparut en haut de l’échelle. Je ne pus m’empêcher de lâcher un rire, imitée par Stella. C’était donc lui, Jesivor ? Le fameux personnage à barbe transformé en Jésus lors d’un montage de notre amie ? Fabuleux, j’étais très heureuse de le rencontrer.
— Qu’est-ce que- Wow c’est quoi tout ce monde ?!
— Bonjour, Ivor, fit Jesse. On a besoin de toi et de tes livres.
— Ma maison n’est pas une bibliothèque !
— Non, mais toi tu es doué pour nous indiquer où se trouvent les trésors que l’on recherche.
Ivor grommela avant de finalement accepter.
— Pas tout le monde ! La moitié vous restez dehors ! Et en particulier toi !
— J’avais pas envie de voir ta gueule, papy, répondit Aiden en levant les yeux au ciel.
Ah, Ivor et Aiden ne s’aimaient pas non plus, visiblement… Mais je pouvais le comprendre. On m’avait expliqué plus en détails cette histoire de Sky City, pendant le trajet. Aiden avait carrément pété un plomb à l’époque, par pure jalousie envers Jesse, qui était devenu célèbre après avoir sauvé le monde d’un monstre gigantesque. Il avait pris le contrôle de la ville volante, et avait balancé tout un tas de monstres, entraînant la destruction de l’île. Et c’est seulement grâce à Jesse, Lukas et Ivor, que les habitants s’en étaient plus ou moins sortis indemnes, après avoir fui l’île pour habiter sur le vrai sol, en dessous. Avec une histoire pareille, je comprenais que beaucoup de monde puisse détester le jeune homme, bien qu’il se soit repenti.
En tout cas, je décidai de suivre Jesse, Stella, Elijah et Illay qui montaient les échelles afin de rejoindre le vieux. Les quatre autres restèrent au pied de la structure pour nous attendre. Et si vous vous posez la question, Stella n’est montée avec nous seulement parce que Aiden l’avait forcée à nous suivre pour ne pas avoir à la supporter. Fair Enough.
— Harper n’est pas là ? demanda Jesse à notre hôte, tout en s’avançant dans l’habitation.
— Non, elle travaille en ville. Qu’est-ce que vous me voulez ?
Stella s’approcha de lui nonchalamment en lui tendant le morceau de métal.
— On recherche les autres morceaux de ce collier.
Ivor haussa un sourcil en prenant l’objet, puis répondit avec un air grognon.
— Je vais voir ce que je peux trouver. Je vous garantis rien.
Pendant qu’il recherchait dans ses bouquins, je me permis de visiter un peu l’endroit. Il y avait des bibliothèques et des alambics partout. L’odeur de vieux livre envahissait la pièce, et tout était très calme.
C’était très spécial comme ambiance, un peu comme dans une cabane de sorcière. Mais j’aimais bien.
Je vis Jesse s’adosser à un mur de façon à pouvoir regarder par la fenêtre, tandis que les autres se faisaient engueuler par Ivor pour avoir osé toucher un livre. Il avait l’air pensif…
— Ça ne va pas ?
J’étais curieuse, et concernée. Il tourna la tête vers moi.
— Si, pourquoi ?
— Je ne sais pas…
Je lançai un regard dehors à mon tour. Je sentais bien que quelque chose n’allait pas, et je n’aimais pas quand les personnes étaient tristes. Même si je ne les connaissais que depuis quelques heures.
— C’est à cause d’Aiden ?
Il soupira en se replaçant, contre le mur, dans un mouvement nerveux. J’avais visiblement touché juste. J’étais nulle avec une épée, mais ressentir les émotions des gens, c’était mon rayon.
— En quelque sorte.
— Vous ne vous entendez pas, c’est ça ?
— Non, pas vraiment.
Il soupira de nouveau.
— Lukas lui a pardonné en un claquement de doigt. Mais j’en suis incapable, pas si vite. J’ai toujours en travers de la gorge tout ce qu’il a fait.
— Je vois… Mais pourquoi vous partez à l’aventure ensemble, si vous ne vous appréciez pas ?
— Lukas veut qu’on fasse la paix.
— Ah…
— Une perte de temps, si tu veux mon avis.
— A ce point-là…?
— On ne s’entendait déjà pas, avant toute… Toute cette histoire. Il s’amusait à nous harceler, mes amis et moi. Lukas aussi, à l’époque, mais ça n’avait jamais été aussi violent que lui. Et au moins, Lukas s’est racheté en nous aidant contre la witherstorm. Lui, il n’a pratiquement rien fait. Et je suis censé bien l’aimer, après tout ça ? Je suis peut-être un gentil, mais je suis pas stupide.
Il lâcha un petit soufflement de nez.
— Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça.
— T’as besoin de parler, c’est normal. Je comprends. Tu devrais peut-être-
— J’AI TROUVÉ !
Nous fûmes coupés par Ivor qui étala un gros livre sur son bureau. J’envoyai un regard à Jesse, et il hésita un instant avant de quitter son mur pour s’avancer vers le barbu. La discussion était terminée. Je m’approchai alors à mon tour, attentive, aux côtés de mes amis.
— Ça ressemble à ça votre bidule ?
Il pointa du doigt un dessin qui représentait un collier similaire à celui d’Illay, mais avec une pierre bleue au milieu et des gravures différentes.
— C’est exactement ça ! s’exclama Illay.
— Bon, bah oubliez.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Beaucoup de gens ont déjà recherché ce collier, et le seul qui a réussi à rassembler presque tous les morceaux les a cachés, le temps de trouver la toute dernière partie, celle du centre. Mais cet homme a péri dans l’océan du sud avec son équipage en la cherchant. Alors, même si vous arrivez à retrouver l’épave et ses notes pour retrouver tous les morceaux, vous n’arriverez jamais à en faire quoi que ce soit sans la pierre du centre. Et absolument personne ne sait où elle est.
Je lâchai un petit sourire amusé, et je posai mon regard sur Stella qui me rendit mon sourire. Elle retira sa bague et la fit volontairement tomber sur le livre.
— Oups !
— Quoi… ? Mais, où l’as-tu trouvée ?!
— C’est normal que personne ne trouvait cette partie, elle se trouvait dans une autre dimension, la nôtre, précisa Illay.
— Donc, si je comprends bien, il suffira de retrouver les notes de cet homme pour pouvoir trouver le reste ? demanda Jesse, visiblement pressé de repartir à l’aventure.
— Ouais, en espérant qu’elles existent bien.
— Bon, j’imagine qu’on va partir pour une chasse aux trésors ! s’enthousiasma Elijah.
Dit comme ça, ça avait l’air plutôt amusant !
Nous remerciâmes Ivor et rejoignîmes les autres qui discutaient tranquillement en contre-bas. Nous leur racontâmes tout ce que nous avions appris, et nous décidâmes de partir le lendemain matin, à la première heure. Jesse nous invita à dormir dans l’un des hôtels de la ville. C’est là que j’appris qu’il était le maire de BeaconTown, et qu’il nous offrait les chambres gracieusement. C’est possible de partir à l’aventure pendant des jours alors qu’on a une ville à gérer ? …Visiblement.
Nous eûmes le droit chacun à une chambre avec de bons lits, et vraiment, sentir le matelas sous mon dos m’avait manqué ! A peine mon pyjama et ma couverture enfilés, je m’endormis pour une très bonne nuit de sommeil.
Le lendemain, au petit matin, nous nous regroupâmes tous à l’écurie pour retrouver nos fidèles destriers. Jesse nous offrit à tous une épée et un plastron en fer enchanté. Seule Stella ne reçut qu’une épée, puisqu’elle avait récupéré un plastron grâce au Raid de la veille. Nous enfilâmes tous notre armure et nous revoilà partis pour quelques heures à cheval ! Cette fois, nous étions tous de très bonne humeur, déterminés à trouver ces fameuses notes ! Bien dormir et bien manger, c’était tout ce qu’il nous fallait pour partir à l’aventure, le cœur vaillant ! Tout allait super bien se passer, j’en étais convaincu !
…
Je pris une grande inspiration, alors que je sentais la brise caresser ma joue et l’odeur de la mer titiller mes narines. Enfin, nous étions arrivés ! J’avais mal au cul et au dos, mais on avait atteint l’océan ! Il ne restait plus qu’à trouver le bateau.
Je descendis de ma monture en lui offrant un gros câlin et un grand “merci”, avant de la laisser à Lukas pour qu’il l’attache à un arbre le temps de notre escapade en mer. Le soleil était haut dans le ciel à présent, et nous laissait l’après-midi pour chercher une épave dans les environs.
— Bon, vous savez crafter un bateau ? demanda Jesse.
…Alors, la dernière fois qu’on a fait un radeau, c’était NAZE. Nous secouâmes la tête. On le savait dans la théorie, dans le jeu Minecraft, mais là, dans la réalité ? Comment ça marchait ? Si ça fonctionnait simplement en posant des items sur un atelier, ça allait être rigolo.
Jesse posa justement l’un de ces fameux ateliers, tout comme dans le jeu. C’était bon signe.
— C’est simple, il vous suffit de prendre des planches de bois, et de les placer de façon à faire un U.
Il s’exécuta, et soudainement, les planches se mirent à bouger pour fusionner et créer un mini bateau. Par-fait. On allait enfin pouvoir fabriquer des trucs correctement, et sans effort !
— Classe ! soufflai-je.
— On ne va pas vraiment tenir dans un bateau de cette taille…, fit remarquer Léana.
— Nan, mais sérieux…
Aiden prit l’objet avec l’air exaspéré, et le posa dans l’eau. D’un coup, le bateau s’agrandit pour prendre une taille grandeur nature ! Alors ça, c’était encore plus stylé !
— Si seulement c’était aussi simple de construire des trucs chez nous, dit Léana en s’approchant de la barque.
— Mais tellement… T’imagines tout ce qu’on pourrait faire ? s’exclama Elijah.
— Qui veut essayer ?
— Moi !
Jesse tendait des cubes de bois. Il fallait que j’essaye !
Je pris les matériaux, et je les posai exactement comme il l’avait montré. Et hop, le bateau se fabriqua comme par magie à nouveau ! Immédiatement, je partis le mettre à l’eau ! En une seconde, il se transforma pour pouvoir accueillir deux personnes, prêt à être utilisé.
— On en fait un pour deux, reprit Jesse en fabriquant le bateau qui lui servirait ensuite. Je vous laisse vous débrouiller.
…
Cela faisait maintenant bien une heure qu’on naviguait. J’étais installée juste derrière Léana, et nous ramions du mieux que nous le pouvions, suivant les autres. Le remous des vagues faisait parfois tanguer dangereusement notre embarcation, mais heureusement, personne ne finit à l’eau. J’étais bien contente de ne pas avoir le mal de mer, sinon je serais déjà morte et enterrée… Un peu comme Léana. Elle passait vraiment un sale quart d’heure.
— J’en peux plus…, souffla Léana, visiblement à deux doigts de la syncope.
— Moi non plus… J’ai mal aux braaaas…, se plaignit Illay.
— Flasquyyyy~, chantonna gentiment Elijah.
— Je te zut, d’abord…
— Hey, regardez !
Lukas pointait des ombres dans l’eau. L’océan de Minecraft était beaucoup moins opaque que ceux de notre réalité, alors on pouvait observer ce qui se passait en dessous. J’avais d’ailleurs passé la plupart de mon temps à observer les poissons et les créatures marines, tout au long de notre voyage ! Et cette fois, une forme particulière se distinguait des fonds marins. C’était l’épave d’un bateau !
— Enfiiin ! gémit notre flasquy national.
— Et maintenant, comment on va chercher ces notes… ? demanda Léana.
C’est vrai que nous n’avions pas de combinaison de plongée. Ah nan, on n’avait quand même pas fait tout ce chemin pour rien quand même ?! Ne pas avoir discuté de la suite des évènements, ça, c’était vraiment stupide. J’espérais que nos trois aventuriers aient prévu le coup. Je me demandai d’ailleurs si les potions d’ici étaient vraiment les mêmes que celles dans le jeu original, et si on allait en profiter. Et comme pour répondre à mes interrogations, Jesse en sortit une.
— On a des potions de Respiration, ça devrait nous suffire pour explorer l’épave. Qui vient avec moi ?
J’hésitais. Je faisais confiance au fait que cette potion nous protège de la noyade, mais tout de même. Aller au fond d’un océan comme ça, c’était très intimidant. Mais en même temps, j’avais tellement envie d’aller voir ce qui se cachait là-dessous… J’avais vu des dauphins, plus tôt. Imaginez si je pouvais nager auprès d’eux !
Léana se tourna vers moi.
— On y va ?
Sa question termina de me décider. Elle avait l’air tout autant curieuse que moi, mais avait sûrement besoin d’un appui, tout comme moi. Y aller à deux était bien plus rassurant.
— Vas-y, je te suis.
Jesse nous envoya deux fioles chacun. L’une nous permettrait de respirer sous l’eau, et l’autre de voir dans l’obscurité. Tout devrait bien se passer. Enfin, je l'espérais…
Nous bûmes nos potions, et nous nous jetâmes à l’eau, suivant Jesse dans les profondeurs. Jafa nous accompagnait également, tandis que les autres attendaient patiemment à la surface. Nous n’avions pas suffisamment de potions pour que tout le monde puisse nous suivre.
Nous n’eûmes aucune difficulté à rejoindre le bateau, et je pus d’ailleurs voir parfaitement tous les récifs qui nous entouraient. C’était magnifique ! Il y avait des coraux colorés partout autour de nous, et des poissons tropicaux nageaient joyeusement entre eux. Je vis même un banc de dauphins non loin de nous, comme je l’espérais ! C’était bien mieux de voir depuis sous la surface avec cette potion, plutôt que depuis le bateau. Franchement, je ne regrettais pas d’avoir pris mon courage à deux mains ! Je vis d’ailleurs Léana non loin de moi, avec l’air ébahi. Elle non plus, elle n’avait pas l’air de regretter. J’étais d’ailleurs certaine qu’elle cherchait déjà une tortue marine du regard, son animal préféré. Je la comprenais.
Nous entrâmes tous ensemble dans le vaisseau après quelques instants, et nous nous séparâmes afin de perdre le moins de temps possible sur l’effet de nos potions. Nous n’avions que huit minutes devant nous, c’était vraiment court… Alors il fallait faire vite. L’endroit aurait dû être sombre et inquiétant, mais je voyais parfaitement bien tout ce que j’avais autour de moi ! C’était comme si nous étions en plein jour, et ça me rassurait beaucoup !
Je me baladai alors tranquillement dans les différents couloirs du navire. J’étais étrangement apaisée. L’endroit était calme, il n’y avait que quelques poissons adorables qui nageaient autour de moi, et il n’y avait aucune trace d’un quelconque danger. Le bois autour de moi était bariolé de mousses et coraux en tous genres, je vis même quelques bancs de moules. J’avais l’impression de visiter un musée tout en apesanteur, c’était juste génial à vivre. Vraiment, je me sentais bien. Peut-être que je devrais m’essayer à la plongée, quand nous serons rentrés chez nous ?
Après un moment à explorer, j’entrai dans une cabine, plus grande que les autres. L’endroit était plutôt lumineux, puisque l’arrière était entièrement fait de vitres transparentes. C’était très probablement la cabine du capitaine. Cependant, je lâchai un petit cri en remarquant quelque chose que je n’avais pas vraiment envie de voir. Un squelette se trouvait là, assis sur son siège comme si de rien n’était. Yes… Moi qui n’avais jamais autant ressenti ce sentiment de paix, me voilà à retrouver ce doux sentiment d’anxiété. Je pris une grande inspiration, et j’essayai de faire comme si je n’avais pas vu l’éclat de ces os blancs, nettoyés de toute chair.
Je vis quelques coffres un peu partout dans la salle, et je me mis à les fouiller. Je trouvai plusieurs babioles comme de la chair pourrie – Eurk– et du papier dans certains, et des objets plus précieux comme des pépites d’or dans d’autres. Mais aucune trace d’un quelconque carnet de note. Je finis par m’intéresser au bureau. C’était ma dernière chance.
Je m’excusai auprès du monsieur mort que je venais déranger, et j’ouvris les tiroirs un à un. Ce fut dans le tout dernier que je découvris enfin un ouvrage. Et il était en bon état. Je ne savais pas trop comment c’était possible sous l’eau, mais j’imaginais que c’était le genre de logique qu’il ne fallait pas chercher dans Minecraft. Je l’ouvris à la dernière page, et je découvris des notes manuscrites.
« Je les ai tous cachés. Ils sont à moi, et il n’y aura que moi qui pourrais reconstituer ce foutu collier quand j’aurais retrouvé cette pierre. Il ne me reste plus qu’à enterrer celui-là, là où personne d’autre que moi ne le trouvera. »
Bingo !
Je m’apprêtai à quitter la salle pour remonter, mais je remarquai une lueur que des os n’étaient pas censés avoir. Je m’approchai un peu du squelette, et je vis un petit objet dans l’une de ses mains. Mince, j’avais failli le louper ! Il y avait un morceau du collier juste là !
Je le pris tout de suite, m’excusant à nouveau et remerciant ce pauvre monsieur. Mais c’est là que je sentis un nouveau petit problème. Je commençai à manquer d’air. L’effet de la potion arrivait déjà à sa fin ?!
Prise de panique, je me mis à taper sur le verre. Je pris une dernière grande inspiration, et je frappai de toutes mes forces. Jamais je n’arriverais à rejoindre la surface si je devais traverser à nouveau tout le navire ! Il fallait que je réussisse à briser une vitre !
Mais malgré mes efforts, je n’y arrivais pas. Le verre était solide, et le souffle me manquait. J’allais me noyer ! Je redoublai d’effort pour m’échapper, mais ça ne fit qu’épuiser encore davantage le peu d’oxygène qu’il me restait. Je ne pouvais pas mourir maintenant, par pitié ! J’avais trouvé ce qu’il nous fallait pour avancer ! Il fallait que je sorte !
Les dernières particules d’oxygène quittèrent mon système, et je sentis mon regard s’assombrir… Alors c’était fini…?
Mais enfin, alors que je partais lentement, j’entendis le bruit du verre qui se brise. Une main m’attrapa, et après quelques secondes de plus, je pris une grande inspiration à la surface. C’était moins une…
— Eli !
— Est-ce que ça va ?!
Jesse m’aida à remonter sur ma barque, et je toussai de tout mon saoul. Je n’avais même pas capté qui m’avait sauvé, ma vue ayant disparu trop vite. Mais il était le seul à être encore dans l’eau, alors… C’était lui qui m’avait sauvée.
Léana tenta de me sécher avec la veste que venait de lui envoyer Illay. Tous étaient très inquiets, mais je faisais de mon mieux pour les rassurer. Bon, ma voix était rauque, et j’avais l’air d’encore vouloir m’évanouir, mais je faisais de mon mieux pour tenir.
J’allais bien, j’étais vivante, et surtout…
— J’ai trouvé ce qu’on cherche…~
Chapter 10: Chapitre 9 - Point de vue de Jafa
Summary:
Prochaine étape pour trouver un morceau du pendentif : Entrer dans un manoir délabré...
Chapter Text
Nous voilà de retour sur la terre ferme, tous soulagés. Eli s’était bien remis de sa presque noyade, et avait retrouvé sa voix guillerette habituelle. Et cerise sur le gâteau, nous avions mis la main sur un morceau de collier, et sur ce qui nous permettrait de trouver les autres ! Parfait ! Il ne restait plus qu’à aller les cueillir ! Tout se déroulait comme sur des roulettes.
— Alors, qu’est-ce qu’il dit, ce journal ? demandai-je, curieuse.
Eli ouvrit l’ouvrage, chercha un passage intéressant, et lut quelques lignes.
— « J’ai caché le premier morceau dans le manoir abandonné de la forêt du Sud. J’ai galéré à trouver un endroit où le dissimuler sans me faire avoir. Mais maintenant, je sais que personne à part moi ne saura le trouver. »
— Le manoir du Sud ? fit Jesse. Ça ne va pas être aussi facile…
— Pourquoi, qu’est-ce qu’il a ? demanda Léana, inquiète.
— Il est complètement en ruine, et il est réputé comme hanté. Chercher quelque chose là-dedans, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Une botte de foin avec tout un tas de morceaux de verre coupants. Ce sera long, et tu pourrais te blesser très facilement…, précisa Lukas.
— Je vois, ça va être de l’urbex en version Hardcore…, grimaça Illay.
— J’ai toujours voulu faire de l’urbex, mais dans des conditions moins difficiles, j’avoue…, ajouta Elijah.
— Le pire, ce seront les araignées…, frissonna Eli.
— Oh merde… trembla Illay.
Eli et lui avaient très peur des araignées. Devoir fouiller un manoir rempli de ces petites bêtes allait sûrement être très difficile pour eux…
— De toute façon, on n’a pas vraiment de choix…, reprit-je. On va y arriver, et personne ne sera blessé ! Et pour les araignées, je les mettrai dehors pour vous.
— J’espère que tu as raison, répondit Léana.
Il fallait bien que quelqu’un positive. Mais je n’avais pas de doute, nous allions y arriver ! Certains allaient peut-être un peu crier, mais rien de bien méchant. Il fallait juste espérer que ça ne nous prenne pas des jours pour tout fouiller.
Maintenant que nous savions où aller, nous retrouvâmes nos chevaux. Nous n’avions pas beaucoup de route à faire, mais il valait mieux arriver avant la tombée de la nuit, qui n’allait plus tarder. Sincèrement, je n’avais pas envie de découvrir ce que c’était d’être dehors après le coucher du soleil, dans le monde de Minecraft. Avec tous les monstres qui apparaîtraient et déambuleraient un peu partout… Je me sentirais encore moins en sécurité que dans une ruelle sombre et étroite de Roubaix, dans notre monde.
Notre voyage dura environ deux heures, dont une au milieu des arbres. Nous découvrîmes une énorme bâtisse se distinguant à peine de la forêt. Le bâtiment était effectivement en ruine, mais il était absolument énorme ! Mon enthousiasme se calma d’un coup. Comment allait-on faire pour trouver un petit morceau de métal là-dedans ?! Je n’étais plus aussi optimiste sur notre réussite. En tout cas, ça allait nous prendre des plombes…
— Nous allons nous faire un abri et passer la nuit avant d’entrer, nous rassura Jesse. Nous allons éviter de rentrer là-dedans aussi tard.
— Dommage, ça aurait pu être marrant, fit Aiden en descendant de sa monture. J’aurais bien voulu t’entendre hurler comme une fillette.
— Ton humour misogyne, toujours une merveille.
— Les gars… soupira Lukas en mettant pied à terre également.
Quelle ambiance.
Je descendis également de ma jument, et j’attrapai au vol les matériaux que Lukas nous lançait. Il venait de poser un atelier.
— Faites-vous des haches, on va avoir besoin de bois pour l’abri.
J’acquiesçai et je m’approchai de l’établi. Je connaissais la recette, ce ne fut donc pas difficile de faire apparaître une hache en pierre après avoir déposé quelques blocs ! J’en fis plusieurs, et je les passai à mes amis. Et nous construisîmes ainsi notre cabane pour la nuit ! C’était beaucoup plus simple de casser des arbres et de construire ici. Ça me donnait l’impression d’être douée avec mes mains, pour une fois.
Juste avant la disparition du soleil, nous étions déjà à l’abri, en train de poser lits et fours. Nous étions prêts à passer la nuit !
…
Le lendemain matin, je me réveillai avec un grognement. J’avais pensé que j’allais passer une super nuit, mais entendre des cliquetis d’os, et des gémissements de zombies, des sifflements d’araignées… Ce n’était vraiment pas la meilleure berceuse du monde… Vraiment, un pur délice.
Lukas nous offrit à tous quelques cookies et un peu d’eau, tandis que tout le monde émergeait. Jesse était apparemment déjà dehors, et Aiden attendait adossé contre un mur. Il avait l’air de s’ennuyer. Plus je passais du temps avec lui, plus je me disais que je le préférais dans nos rôles play, avec Illay. C'est-à-dire fictif.
Je mangeai rapidement pour reprendre des forces, et je me relevai pour aller remettre mon armure. Et bordel, ce truc pesait une tonne ! A force de porter ça tous les jours, t’es obligé de devenir baraqué. Une image soudaine de Lukas ultra musclé s’imposa dans mon esprit. Pourquoi ? Aucune idée. Mais est-ce que j’allais m’en plaindre ? Pas du tout. Après tout, c’était mon petit chouchou dans les jeux.
Finalement, après plusieurs minutes à nous préparer, Aiden prit la parole en soupirant.
— Bon allez, grouillez-vous.
— Va manger tes morts, toi…
Stella semblait avoir beaucoup de mal à sortir de son lit. Pourquoi ça ne me surprenait pas ?
— Qu’est-ce que c’est que cette expression ? C’est censé être une insulte ?
— Rah, mais tais-toi !
Elle lui lança un oreiller dans la figure, qu’il attrapa au vol en ricanant. Pire duo ces deux-là. Pourtant, Stella était censée l’aimer de tout son cœur. Peut-être que la haine était sa façon de dire « je t’aime ». Hum. Probablement.
Après encore plusieurs minutes, nous sortîmes enfin, tous plus ou moins prêts à en découdre. En plein jour, le manoir semblait moins menaçant, mais je ne me faisais pas de film. A l’intérieur, on allait se chier dessus, c’était sûr.
— Allons-y.
Nous entrâmes enfin, par la porte principale. La seule chose que nous pouvions entendre alors qu’on découvrait le couloir d’entrée, était le bruit du vent qui s’immisçait par les défauts des murs en bois. Je lâchai un frisson. Cet endroit ne m’inspirait pas, mais alors pas du tout. J’avais juste une envie : le quitter. Je disais quoi, la veille ? Que tout allait bien se passer ? Je retirais toutes mes ondes positives.
— Il y a deux étages et un rez-de-chaussée, murmura Lukas. On devrait se séparer en trois groupes pour explorer plus efficacement.
— Compte tenu de notre expérience, on va chacun prendre un étage différent pour vous protéger si nécessaire, ajouta Jesse en désignant son groupe de trois. Je vais au second étage, Léana et Eli, venez avec moi.
Les deux filles acquiescèrent et le suivirent pour rejoindre les escaliers. Je vis Aiden grimacer à cette annonce.
— Je vais rester au rez-de-chaussée, reprit Lukas. Qui veut me suivre ?
— Moi !
Je m’avançai. Je n’allais pas rater cette occasion pour rester auprès de mon bébou. Je me retournai ensuite vers Illay, le questionnant du regard. Je voulais être à ses côtés pour cette fois.
— Je viens aussi, confirma-t-il.
Nous nous éloignâmes alors dans le couloir pour entrer dans une pièce, laissant Elijah et Stella avec Aiden. Est-ce que c’était une si bonne idée de laisser Stella avec lui d’ailleurs ? Je ne savais pas, mais je me disais que Elijah saurait les calmer si besoin. Et au pire, j’étais sûr que ça pouvait devenir rigolo. Je demanderai à mon ami les anecdotes croustillantes de leur exploration à trois, quand nous serons sortis d’ici.
Nous entrâmes alors dans la toute première pièce, le salon, rien que tous les trois. Elle était vraiment immense, et refermait une multitude de meubles en bois imposants. Certains étaient renversés, tandis que d’autres se tenaient fièrement debout, mais dépouillés de tous leurs objets, gisant tristement au sol. Des canapés déchirés entouraient une table basse brisée en deux ; des bibliothèques voyaient leurs livres jaunis ou arrachés sur le sol ; des vases et des pots brisés jonchaient le parquet et les tapis rêches ; et des centaines de toiles d’araignées redécoraient lugubrement l’endroit. Fabuleux. C’était un tableau de rêve. Je sentis un frisson parcourir ma colonne vertébrale.
— J’ai un peu envie de mourir, chuchota Illay.
Tu m’étonnes. Quand on déteste les araignées, cet endroit devait être le dernier dans lequel on voulait se trouver.
— Courage, on doit trouver ce morceau, lui répondis-je.
Il acquiesça, et nous nous mîmes au travail. Nous prîmes un coin chacun et nous commençâmes à tout retourner. De temps en temps, j’entendis Illay lâcher un cri en voyant une araignée courir pour sa vie quand il la dérangeait. Mais tout se passa plus ou moins bien. Hormis les nombreux craquements dans le bois, les bruits de pas au-dessus de nous et le bruit du vent, on n’entendait rien. Cette histoire de fantômes n’était peut-être qu’une légende urbaine finalement.
Après un moment à chercher dans cette pièce, nous estimâmes qu’il n’y avait rien d’intéressant. En tout cas, on espérait sincèrement qu’on ne ratait pas quelque chose. J’avais fait de mon mieux : j’avais retourné tous les livres, regardé derrière et sous les meubles, derrière les tableaux et sous les tapis, mais rien d’important ne s’était dévoilé. De même du côté de Lukas et Illay. La seule chose remarquable qui m’était arrivée fut la chute d’un livre sur ma tête. Je ne savais pas du tout d’où il était tombé, mais j’imaginais que c’était simplement une chute de la bibliothèque à côté de laquelle j’étais passée.
Nous entrâmes ensuite dans une nouvelle pièce en empruntant la porte du fond. Cette fois, nous découvrîmes une salle à manger, tout autant dévastée que le salon que nous venions de quitter. Les buffets étaient renversés ; de la vaisselle brisée grinçait quand nous marchions dessus ; la table était démembrée… Encore un bordel sans nom à fouiller dans tous les sens. Je soupirai. Et on allait devoir faire ça pour toutes les pièces ? On n’avait pas fini…
Je me mis à fouiller, comme les deux autres, inlassablement. Mais encore une fois, à part des araignées et des déchets, nous ne trouvâmes rien. Je déplaçai un buffet, voulant regarder derrière, mais je ne trouvai à nouveau que poussières et toiles. En me reculant cependant, je fronçai les sourcils. Un objet en porcelaine se tenait debout, sur le bois craquelé. Il était déjà sur le buffet, ce vase ? Il me semblait bien n’avoir rien vu pendant que je déplaçais le meuble. Et de toute façon, avec le mouvement, il serait tombé, non ? Comment ce vase pouvait encore se tenir là, droit comme un i ? Bizarre…
— Vous n’avez rien ? demanda Illay qui commençait à désespérer.
— Pas de mon côté, répondit Lukas en soupirant.
— Hormis un vase doué de téléportation, rien…
Je pris une grande inspiration. Mon esprit devait sans doute me jouer des tours.
Nous nous rejoignîmes près d’une nouvelle porte, prêts à changer de pièce. Mais soudain, un énorme fracas nous fit violemment sursauter ! Je sentis tous mes muscles se tendre sous la peur subite que j’éprouvais. Ca venait du salon…
Je sentis mon cœur battre un peu plus vite. Là, je commençais à vraiment stresser. On était tout seuls au rez-de-chaussée ! Mais il ne fallait pas paniquer… Après tout, nous avions tout retourné. Peut-être qu'un objet était tombé à cause de notre passage plus tôt… Merde… Je préférais quand tout était horriblement calme…
Lukas prit les devants, et vint ouvrir la porte qui donnait sur le salon, lentement. Nous jetâmes alors un œil à l’intérieur, craignant ce que nous pourrions voir.
Mais rien. C’était aussi vide que lorsque nous avions quitté la salle. Rien n’avait bougé, excepté… Un pot qui s’était renversé. Le vent, peut-être ?
— Ok, je suis pas rassuré…, murmura Illay.
— Moi non plus, soufflai-je.
— Continuons, plus vite on aura fini, plus vite on pourra sortir…, encouragea Lukas.
Nous le suivîmes alors pour rejoindre la nouvelle pièce. Je n’aimais pas ça, mais après tout, ce n’était qu’un objet qui s’était renversé… Il n’y avait pas mort d’homme.
Nous découvrîmes ensuite la cuisine, ou ce qu’il en restait. Les équipements étaient tous détruits, ou dans un état de décomposition avancé. Le frigo était clos, mais je devais avouer que l’ouvrir ne m’enchantait pas des masses. Et les couverts étaient éparpillés ici et là. Je pus voir également une porte qui donnait sur le dessous de l’escalier. Un débarras ? Une réserve ? En tout cas, je partis l’ouvrir, comptant bien chercher là-dedans.
J’entrai dans la petite salle, qui se dévoila bel et bien être comme une réserve de nourriture. Je plissai le nez et je lâchai un grognement. Une bonne dizaine de rongeurs venaient de s’enfuir en me voyant ouvrir la porte. Yes, j’allais devoir chercher dans un nid de rats, en espérant ne pas me faire mordre. Habituellement, je trouvais ces bestioles adorables, mais celles-ci étaient plutôt répugnantes… Et je n’avais aucune envie de tomber malade si l’une d’elle venait à s’en prendre à moi.
Je fouillai pendant un moment dans les sacs, les étagères et les cagettes remplis de vieilles nourritures moisies. C’était là depuis si longtemps qu’il n’y avait plus d’odeur hormis celle du renfermé. Et je savais que si je touchais quoi que ce soit d’anciennement organique, ça allait simplement tomber en poussière.
Pendant que je m’attelais à la tâche, j’entendais les couinements des rats qui se cachaient dans l’obscurité, et ça ne me plaisait vraiment pas. Et c’est là que j'eus la bonne idée de repenser à ce jeu traitant de la Peste : A Plague Tale Innocence. Bah super, j’avais à présent la gorge nouée. Il fallait que j’en termine vite avec cette pièce, avant de partir dans une crise d’anxiété.
Soudain, après quelques minutes à respirer de la poussière, j’entendis un cri provenant de la cuisine. Je sursautai violemment et je lâchai ce que je tenais pour vite rejoindre l’origine du bruit. Est-ce que quelqu’un s’était blessé ?
— Qu’est-ce qui se passe ?!
— Un couteau m’a sauté dessus !
— Quoi ?!
Illay se tenait la main, du sang coulant entre ses doigts. Lukas restait auprès de lui avec l’air inquiet.
— On ne sait pas vraiment ce quis’est passé, reprit-il.
— Je te jure, le couteau a volé vers moi ! Ce manoir est vraiment hanté !
— Il y a trop d’armes ici, fis-je, très inquiète. S’il y a vraiment des fantômes, il vaut mieux ne pas rester ici !
— Restez calmes… De toute façon, on avait presque fini, acquiesça Lukas.
Nous nous précipitâmes alors vers la dernière salle du manoir après avoir offert une petite potion de soin à mon ami. Cette nouvelle pièce était absolument immense et prenait toute une moitié du rez-de-chaussée. Et pourtant, elle était vachement vide par rapport aux précédentes. Seuls les murs étaient décorés de peintures, de rideaux, et d’armes en tout genre. Ca me faisait penser à une salle de bal… Lugubre et avec un trou gigantesque dans le sol.
Nous fîmes un petit tour rapide, avant de nous approcher prudemment de ce trou aussi intriguant qu’effrayant. Nous remarquâmes qu’il y avait un étage en dessous, un genre de cave. Autrement dit, une terrible nouvelle pour nous. Nous n’étions pas au bout de notre peine.
— On ne va quand même pas devoir descendre la dedans… ? s’inquiéta Illay.
— Je pense qu’on va devoir s’y coller, fit Lukas, pas plus ravi que nous. Il y a sûrement une autre entrée ailleurs.
— Peut-être dehors ?
Il acquiesça. C’était bien le genre de bâtisse à posséder une entrée de cave à l’extérieur, à travers une trappe qui cachait un escalier. La bonne nouvelle, c’est que nous allions pouvoir faire un tour dehors et prendre l’air. C’était toujours ça… Avant de devoir mourir de peur dans une cave des enfers.
Nous fîmes alors demi-tour, afin de pouvoir rejoindre la porte qui donnait sur le couloir de l’entrée. Mais à peine avions-nous commencé à marcher, que Lukas se jeta brusquement sur moi, me faisant lourdement tomber sur le dos ! Je pus alors entendre un objet fendre l’air avant de percuter violemment le sol déjà abîmé de la pièce. Le calme revint aussi vite qu’il avait disparu.
— Désolé…
Il se releva en s’époussetant, et il m’aida à me remettre sur mes jambes. Je pus enfin voir ce qui avait failli me tuer. Une hache venait de se planter dans le sol exactement là où je me trouvais quelques secondes auparavant.
— Est-ce que ça va ?! fit Illay, très inquiet.
— Je vais bien…
J’avais l’impression que mon cœur avait quitté ma poitrine. Je venais vraiment de frôler la mort… Quelle horreur… J’avais besoin de sortir, et tout de suite.
— Par pitié, quittons cet endroit…
— Ouais, dépêch-
Illay n’eut pas le temps de terminer sa phrase. D’autres armes se mirent à voler vers nous, de nulle part ! Je vis une épée foncer droit sur moi, droite, prête à me transpercer de part en part. Mon cerveau agit aussi vite qu’il le put, mais la seule chose qu’il me permit de faire, fut de me reculer… Je sentis le vide sous mon pied, et je tombai dans le trou béant juste derrière moi. La chute me fit une nouvelle fois rater un battement de cœur, mais finalement, heureusement que ce trou était là. Si je n’étais pas tombé, je serais morte, empalée. C’était pas ma journée…
— Aw !
Je lâchai un grognement en atterrissant lourdement sur le sol jonché de morceaux de bois et d’échardes. J’entendis mes deux amis atterrir à leur tour à mes côtés. C’était certain maintenant : le manoir était bel et bien hanté, et ses habitants n’étaient pas des plus friendly ! Je me relevai doucement en grognant, et je regardai autour de moi. On ne voyait pratiquement rien. La cave n’était éclairée que par le trou au plafond. Mais je pus distinguer des formes, comme des genres de barreaux… Des cachots ? En tout cas, je sentais une odeur vraiment immonde qui me fit grimacer.
— Comment on va faire pour remonter maintenant ?! paniqua Illay.
— Il y a forcément une autre entrée ailleurs, le rassura Lukas. Il suffit de la trouver.
— On va en profiter pour fouiller… Si je devais cacher un objet précieux dans cet endroit, je pense que j’aurais choisi la cave, fis-je en regardant autour de moi, en essayant de ne pas avoir l’air au bout de ma vie.
— Heureusement, j’ai des torches sur moi.
Lukas sortit effectivement les torches et les alluma avec son briquet, nous en donnant une chacun. Je pris la mienne, et je me mis immédiatement à explorer. Je n’avais envie que d’une chose : quitter cet endroit le plus vite possible. Alors plus vite on commencerait à chercher, plus vite on pourrait sortir.
Je m’avançai dans le couloir, et je pus voir que mes suppositions étaient bonnes : il y avait bel et bien des cachots, et ils étaient pratiquement tous ouverts. Pratiquement. Je lâchai un cri dans un sursaut, alors que la lueur de ma torche éclairait le corps en décomposition d’un homme qui s’était retrouvé enfermé ici. Et visiblement, c’était récent…
— Au secours, dans quoi on s’est embarqués…
Je m’apprêtais à me détourner pour ne plus jamais revoir une telle chose, mais mon regard fut attiré par un éclat. Le feu faisait scintiller un bout de métal qui se trouvait juste à côté de la main du mort… Vraiment ? Il était là, dans un cachot fermé à clé, et à côté d’un mec bouffé par les vers ? Mais putain, pourquoi est-ce que ça tombait sur moi ?
— Les gars, je l’ai trouvé !
— Sérieux ??
Illay et Lukas me rejoignirent bien vite, et je leur pointai ce que nous cherchions du doigt.
— Aah ! Putain tu ne pouvais pas prévenir qu’il y avait un putain de cadavre ?! râla Illay en se détournant.
— Désolé… D’ailleurs, on n’est pas censés disparaître en laissant nos objets derrière nous, quand on meurt ?
— Non, pas les humains comme nous en tout cas, répondit Lukas, en sortant sa pioche.
— Génial…
Le blond s’occupa de briser les barreaux et il s’approcha pour récupérer le bout de collier. Cependant, j’entendis un petit clic, puis un léger grondement dans mon dos, qui nous fit nous retourner. Le mur derrière nous était en train de s’ouvrir, et les sifflements que je pouvais entendre de l’autre côté ne me disaient rien qui vaille…
— Qu’est-ce que…- AAAAAAH ! hurla Illay en commençant déjà à courir.
Il était absolument terrorisé, et je compris vite pourquoi. Des araignées plus grosses que mon avenir commençaient à sortir de la fente dans le mur. Et si j’en croyais mes connaissances Minecraft, il devait s’agir des plus dangereuses, les venimeuses… Et merde.
— Lukas vite !
Nous partîmes le plus vite possible à la recherche de la sortie, tout en esquivant les assauts des araignées. Illay était dans une pure panique, et j’essayais tant bien que mal de l’aider à se reprendre, sans trop de succès. Finalement, j’entendis Lukas nous hurler.
— PAR ICI !
J’attrapai la main d’Illay et nous courûmes à l’autre bout de la cave, poursuivis par des dizaines d’horreurs venimeuses. Lukas venait d’ouvrir une trappe qui donnait sur le jardin. Encore un peu, et on serait à l’air libre, loin de ces bestioles !
Nous arrivâmes à rejoindre l’escalier, le regard braqué sur la lumière. Le bruit des pattes derrière nous était assourdissant, mais il fallait qu’on se concentre. Ne pas tomber. Mettre un pied devant l’autre.
Une marche.
Ne pas se retourner.
Deux marches.
J’entendis un cri. Mon sang se glaça dans mes veines.
— Elle m’a mordue !
Je tirai encore plus fort Illay qui manquait de tomber dans la marée d’araignée, et je réussis à le sortir. Lukas referma la trappe juste après, bloquant les monstres à temps. Illay s’écroula dans l’herbe.
— Putain, putain, putain !!
Je vis la marque de morsure sur le mollet de mon ami, et les veines noires qui partaient de sa blessure pour s’enfoncer dans sa chair. Je déglutis. Il lui fallait du lait. C’était la règle dans Minecraft. Le lait contre le poison. Mais… Nous n’avions pas une goutte de lait dans nos poches…
Et merde…
Chapter 11: Chapitre 10 - Point de vue de Léana
Summary:
Illay est empoisonné... Et il n'y a aucune vache dans les parages. Il ne reste plus qu'un espoir : Entrer dans le temple de la prochaine étape, et trouver un totem d'immortalité...
Chapter Text
— Vous avez trouvé quelque chose ?!
— Rien, il n’y a aucune vache sur des kilomètres à la ronde !
Nous nous étions rejoints dès que nous avions entendu Jafa hurler, nous demandant de sortir. Elle nous avait tout de suite mis au courant de la situation, et nous avions décidé de nous mettre en route vers le prochain lieu que le carnet nous indiquait, tout en cherchant activement une vache sur notre chemin. Mais nous n’avions rien trouvé, jusqu’à ce qu’on s’installe non loin de notre prochain objectif. C’était un temple en plein centre de la forêt, presqu’à côté du manoir. Illay avait réussi à tenir un moment en se forçant à marcher, mais il s’était écroulé dès que nous avions atteint le temple. C’était le signe pour nous de nous arrêter … et de nous mettre à courir un peu partout pour trouver de quoi l’aider… Alors nous voilà, en train de chercher inlassablement des vaches, tournant en rond autour du bâtiment… Sérieusement, est-ce que quelqu’un pouvait m’expliquer comment du lait pouvait soigner un empoisonnement, et pas les potions de soin ? Cette logique m’échappait complètement.
Mais nous avions beau chercher, pas une seule trace de bovin dans les environs… Je rejoignis les autres autour de notre cabane de fortune, l’air un peu désespérée. Il devait bien y avoir une autre solution, non ?
— Toujours rien trouvé… soufflai-je.
— Bon… Il ne nous reste pas beaucoup de choix, souffla Jesse. Il va falloir qu’on prie pour que le temple cache un seau de lait ou un totem d’immortalité dans ses coffres…
— Ça va pas ?! Il suffit de la ramener à BeaconTown, on reprendra la quête du collier plus tard ! s’écria Elijah.
— Il ne tiendra plus jusque-là…
— On ne va pas rentrer dans ce temple avec Illay qui ne tient même plus debout !
— On va se séparer, conclut Lukas. Un groupe partira dans le temple chercher de quoi le soigner et le collier, et l’autre s’occupera de lui et continuera à chercher des vaches dans les environs. C’est le mieux que l’on puisse faire, à ce stade…
Je grimaçai. Nous séparer dans un moment pareil, je n’aimais pas ça du tout. Je lançai un regard à Eli qui ne pipait mot depuis un moment. Elle avait cessé de pleurer, mais on voyait bien que si on osait lui adresser la parole, elle repartirait en crise de larmes. J’avoue que je n’étais vraiment pas au meilleur de ma forme non plus. Je crois que je ne réalisais pas encore vraiment la gravité de la situation.
— Je vais rester avec lui, imposa Elijah.
Il lança un regard à Eli, qui ne répondit que par un signe de la tête, confirmant qu’elle restait aussi.
— Ne tardons pas, s’il y a un totem d’immortalité dans ce temple, il faut qu’on le trouve au plus vite.
Nous suivîmes alors Jesse qui se hâta de quitter notre abri de fortune, juste construit à la va-vite pour protéger Illay et son lit. Juste, je me demandais à quoi pouvait bien servir ce fameux totem. La seule chose que je connaissais de ce truc, c’était la version de Kohlanta. Quoique, ça s’appelle un totem d’immunité dans l’émission, non ? Bref, en tout cas, ce n’était pas une immunité au conseil qui allait nous aider.
— Dites, juste… C’est quoi, ce « totem d’immortalité » ? demandai-je.
— C’est une statuette qui permet à son porteur d’éviter la mort, vint m’informer Lukas. Elle se consomme au moment où le porteur est censé passer l’arme à gauche, le guérissant totalement sans aucune séquelle. Puis elle disparaît. Ça ressemble à une espèce d’idole dorée.
— Okay…
Bien pratique ce truc. Il nous le fallait.
Nous nous approchâmes alors de la bâtisse, qui ne semblait pas bien grande. C’était un genre de gros bloc de cailloux plus ou moins taillés qui enlaidissait le paysage. Ce n’était vraiment pas impressionnant, mais si le taré qui avait caché les bouts de collier en avait mis un là, c’est que c’était plus dangereux que ça n’y paraissait. Il y avait un sous-sol, peut-être ?
— Je vous préviens, ce genre de temple est bien plus grand en dessous qu’à la surface, et c’est truffé de pièges, nous mit en garde Jesse. Alors faites vraiment attention.
— M’en tape, dépêchons-nous, on a un Illay sauvage à sauver !
Stella s’avança immédiatement vers la structure, prête à en découdre, l’air héroïque. Plus ou moins. Je la suivis d’un même pas déterminé. On n’allait certainement pas laisser notre ami mourir en traînant notre cul. S’il y avait un moyen de le guérir ici, il fallait qu’on le trouve.
Nous entrâmes alors par l’ouverture qui perçait les pierres, découvrant une salle recouverte de lierres avec une porte close au fond. Quatre leviers se situaient sur un genre de console de roche, en plein milieu.
— Il va falloir résoudre l’énigme pour ouvrir la porte, fit Lukas en s’approchant des leviers.
— Mais… Il ne suffit pas de casser la porte avec vos pioches ? demandai-je, perplexe.
Aiden me lança sa pioche à la figure, que je rattrapai de justesse. Il ne pouvait pas être aimable pour une fois, ce connard ?!
— Va tester, madame la maligne.
Je lui envoyai un regard de travers, et je m’approchai de la porte. Je regardai l’outil d’un air critique puis je me mis à taper sur la pierre. Elle se fissura bien vite et, après quelques coups, elle céda. Bon bah voilà, c’était facile. Je me retournai vers le brun.
— Bah alors, c’est quoi le-
— Tais-toi et regarde.
Je me tournai à nouveau et, là où devait se trouver le trou que j’avais creusé, se trouvait de la roche, parfaitement intacte.
— Qu’est-ce que-
— Les temples sont enchantés. On ne peut pas passer par la force, malheureusement, précisa Jesse.
— T’aurais pu me le dire directement, râlai-je en parlant à Aiden, lui rendant sa pioche.
Je me sentais trop conne maintenant. J’avais pas besoin de ça.
— Nan, c’était plus drôle comme ça.
Je lui envoyais un gros regard noir, accompagné d’un doigt bien senti. Vraiment, il commençait à me taper sur le système. Finalement, je m’approchai de Lukas et des leviers. Il poussa l’un d’eux. Dans un bruit mécanique, je pus voir des lumières apparaître au-dessus de la porte. Ça avait l’air beaucoup moins antique comme ça.
— Il va falloir allumer les neuf lampes pour ouvrir la porte, c’est ça ? demanda Jafa.
— On dirait bien.
Les lumières formaient un carré de trois par trois, et quatre d’entre elles s’étaient illuminées par l’action de Lukas. Yes, on allait mettre trois ans pour trouver la combinaison, et on n’avait PAS trois ans !
— Y a pas le livret de soluce ? demandai-je en soupirant, essayant de blaguer un peu pour me détendre.
J’entendis Jafa avaler un rire.
— T’as de l’espoir, ricana Stella.
Ce furent les seuls à réagir. Le blond m’interpella l’instant d’après.
— Tu viens m’aider ?
J’acquiesçai. J'espérais pouvoir être utile. Même si mes blagues nulles étaient très importantes, j’étais sûre que je pouvais donner plus. Peut-être que j’allais avoir un éclair de génie et que j’allais trouver la combinaison au bout de deux essais ? Laissez-moi rêver.
Nous nous mîmes ainsi au travail, aidés parfois par les autres. Nous essayâmes une multitude de combinaisons, et nous arrivions souvent très proche du bon résultat ! Mais à chaque fois, quelque chose clochait. C’était terriblement rageant. Mais au bout d’un moment… Mais oui !
— Pousse celui de droite, m’exclamai-je !
Lukas s’exécuta, et nous découvrîmes un motif de lumière que nous n’avions pas encore vu. Il ne restait que trois lampes à allumer, et les trois étaient gérées par le même levier. On avait réussi !
J’actionnai une dernière fois le mécanisme et enfin, les neufs lampes se déclenchèrent ensemble. La porte s’ouvrit dans un grondement sourd, découvrant ainsi un escalier qui menait dans les profondeurs. Mon cerveau n’en pouvait déjà plus alors qu’on n’avait fait qu’une seule étape du temple. Superbe.
Sans plus attendre, nous quittâmes cette première salle, et nous empruntâmes les marches. Par pitié, plus de levier…
…
Je ne savais pas depuis combien de temps on descendait, mais c’était long ! Sincèrement, j’avais l’impression de descendre au centre de la terre. Les escaliers étaient interminables, je ne savais pas à quelle profondeur nous étions à présent. Mais, ENFIN, le sol terreux et plat remplaça les marches. Trois chemins se dressèrent devant nous, et il semblerait que chacun nous menait dans un labyrinthe. Finalement… Je veux bien à nouveau des leviers. S’il vous plaît.
— On va se séparer en trois duos, fit logiquement Jesse.
S’il vous plaît, ne me mettez pas avec l’autre con.
— Et d’ailleurs, tu vas y aller avec Aiden, dicta Lukas.
Merci.
Le « Quoi ?! » qu’ils lancèrent tous les deux manqua de me faire rire.
— Discutez pas. Stella, tu viens ?
Je crois qu’elle faillit défaillir à la proposition. J’étais un peu déçue, je l’aimais bien Lukas ! Moi aussi, j’aurais bien voulu le suivre… M’enfin. Je regardai presque jalousement partir le blond avec mon amie dans le couloir, puis je posai mon regard sur les deux autres hommes. Ils s’éloignèrent finalement dans le couloir de gauche, après avoir offert à Jafa une potion de soin, non sans s’envoyer des regards agacés. Et c’est là que je réalisai. J’allais vraiment me retrouver avec l’autre qui pue ?
— Oh non, pas elle… l’entendis-je souffler.
— T’inquiète, quand je t’aurais semée dans le dédale, tu ne me verras plus, ricanai-je.
Et c’est ainsi que nous pénétrâmes dans le couloir du centre, torche à la main.
…
Nous marchâmes pendant un moment, suivant toujours le mur de droite pour éviter de se perdre. On essayait d’aller vite, le temps nous manquant pour trouver de quoi sauver Illay, mais on ne pouvait tout simplement pas se permettre de courir. Il était certain que ce labyrinthe regorgeait de pièges, et il ne fallait pas tomber dedans stupidement. Nous esquivâmes ainsi des fils presqu’invisibles, ou encore des couloirs recouverts de graviers qui menaient sans aucun doute à une mort certaine dans de la lave juste en dessous. Oui, Jafa m’avait prévenu de la logique bancale de la gravité de ce monde. Tous les blocs pouvaient flotter, mais pas le sable ni le gravier. Donc si on marchait sur du gravier mis en lévitation au-dessus d’un trou par je ne savais quel moyen, le bloc allait s’effondrer, et avec nous dessus. J’évitais de trop poser de question. En tout cas, j’étais plutôt fière de nous. On s’en sortait vraiment bien.
Après un moment, je remarquai une lueur, provenant d’une intersection plus loin dans l’allée. Peut-être une piste ? Si c’était le centre, franchement, ce serait incroyable. Surtout qu’on saurait très bien retourner sur nos pas.
Je me mis à marcher un peu plus vite, mais tout en restant prudente. Je remarquai alors que le sol changeait, désormais recouvert de dalles différentes de celles sur lesquelles on marchait jusque-là. Hum. Ça ne m’inspirait pas du tout confiance. Je bloquai Jafa qui allait marcher tête baissée dans le couloir douteux.
— Attends, regarde les dalles…
— How…
J’observai mon environnement, et je vis qu’il était possible d’éviter les dalles en longeant le mur. Il valait mieux prévenir que guérir.
— On passe par là.
Je pris les devants, et je me mis tout contre le mur. Ça allait être difficile de garder son équilibre pour éviter le centre du couloir, mais ce n’était pas impossible. Il suffisait de rester concentrée. Heureusement, l’équilibre c’était mon truc. Je faisais du trapèze tous les mercredis soirs, je pouvais bien réussir à longer un mur sans tomber.
Je fis mes premiers pas, plaquée contre la paroi pour garder mon équilibre. Jafa me suivait du mieux qu’elle pouvait, nos mains à plat contre le mur se touchant presque. La longueur du potentiel piège était conséquente, mais je voyais où cela se terminait. On allait y arriver.
Cependant, à mi-parcours, j’entendis un petit clic alors que je m’avançais d’un pas de plus. Un clic dans mon dos. Je sentis mon cœur rater un battement alors que je compris. Je venais d’appuyer sur un bouton caché dans la pierre, et j’allais tout enclencher en bougeant.
— Jafa.
— Quoi ?
— Il va falloir que tu coures.
— Pourquoi ??
— Je vais déclencher le piège en bougeant. Alors cours, tu ne seras peut-être pas touchée…
— Et toi alors ?
— Je te suis.
Elle prit une grande inspiration, et se mit à courir vers le bout du couloir, jusqu’à l’intersection qui promettait la fin du piège. En voyant une dalle s’enfoncer à son passage, je me mis immédiatement à la suivre le plus vite possible.
Des dizaines de flèches commencèrent alors à jaillir depuis les murs. Ils auraient pu innover un peu… C’est du plagiat d’Indiana Jones !
Par chance, Jafa, put les éviter. Mais pas moi. Evidemment.
Une flèche m’atteignit au bras, me blessant suffisamment pour me faire lâcher un cri de douleur. Par réflexe, je sautai pour tenter d’aller plus vite, ou d’éviter d’autres flèches ou les dalles, et là…
— AW !
Je venais de m’éclater au plafond, pour atterrir lourdement sur le sol, hors de portée des projectiles. Est-ce que… Je venais vraiment de faire un bond de trois mètres ?!
— Comment t’as fait ça ?!
— J’en sais rien mais… Passe-moi la potion…
Je me tenais le bras ensanglanté, souffrant à la fois de la blessure ouverte et des bleus qui allaient très vite se former. Elle me tendit la fiole, et je la bus d’une traite, grimaçant au goût. Mais je n’allais certainement pas me plaindre en sentant la douleur repartir rapidement et ma blessure se refermer. C’était vraiment la meilleure invention du monde, ces trucs.
— Ça va aller ?
— T’inquiète, même avec un bras en moins je pourrais t’embêter.
— Même pas peur.
Je me relevai, et maintenant que la douleur était passée, je réalisai que je me sentais… Plus légère. C’était étrange.
— Par contre, je n’explique toujours pas le bond que j’ai fait…
— Réessaye pour voir ?
— Mais t’es malade ?!
— C’est pour la science.
Je soupirai, mais je réessayai malgré tout, curieuse. Je mis beaucoup moins de puissance dans mes jambes pour faire un tout petit bond, mais à la place, j’en fis un d’au moins un mètre.
— Mais pourquoi ?!
— Je crois que la flèche qui t'a touchée avait un effet « jump boost ».
— Qu’est-ce que c’est encore que ces conneries ?
— Minecraft ~
Je soufflai. Bon bah je savais faire des sauts dignes de Tsuyu*, mais j'espérais revenir à la normale rapidement. Me prendre des plafonds, c’était pas mon truc. Nous reprîmes notre chemin.
Nous entrâmes enfin dans le couloir d’où provenait la lueur. Au bout, je devinai une salle. C’était très certainement le centre ! On l’avait trouvé ! C’était… Un miracle, mais on l’avait trouvé !
Nous hâtâmes le pas, et nous entrâmes rapidement dans la pièce. Nous trouvâmes plusieurs coffres en son centre. Immédiatement, nous nous mîmes à fouiller dedans. Un à un, nous les ouvrîmes, découvrant des objets plus ou moins précieux, mais absolument rien qui ressemblait à un bout de collier. Et encore moins à une idole dorée…
— Léana !
Je me tournai vers Jafa. Elle me montrait une sorte de poupée vaudou dorée avec des émeraudes à la place des yeux. Alors c’était ça. Ça allait vraiment sauver notre ami ?
— Il faut qu’on remonte très vite et qu’on donne ça à Illay !
J’acquiesçai. Tant pis pour le collier, notre ami était bien plus important.
Je vis un levier dans un coin, mangé par la végétation. Espérant trouver une autre sortie plutôt que de devoir refaire tout le labyrinthe, je vins l’actionner. Une trappe s’ouvrit, laissant percevoir un couloir un peu plus profond.
— Heu… T’es sûre ?
— Je préfère tenter que perdre du temps à retourner dans ce dédale. Au pire, on fera demi-tour.
— Ouais, t’as sans doute raison…
Nous prîmes alors ce nouveau chemin, éclairé par des torches. Il était en parfaite ligne droite, et aucun piège ne se présentait. Un escalier qui nous faisait remonter nous donna espoir. Finalement, nous trouvâmes un cul-de-sac avec pour seule fantaisie un bouton en pierre. J’appuyai dessus.
Une ouverture se fit, donnant sur l’entrée du temple. On avait réussi !
— Allez, on se grouille !
Nous courûmes vers l’extérieur puis vers notre cabanon. L’effet de la flèche semblait s’être estompé entre deux d’ailleurs. Je vis que Jesse et Aiden n’étaient pas revenus, mais Lukas attendait à l’extérieur. Stella était sans doute avec les autres.
— On a un totem !
Je perdis mon sourire devant l’air grave et désolé qu’il me fit en retour. Je sentis ma gorge se serrer. On n’était quand même pas arrivées trop tard… ?
Nous entrâmes en trombe. La première chose que je vis, fut Elijah, tenant un Illay inerte dans ses bras, criant et pleurant son chagrin. Vint ensuite Eli, assise par terre, les genoux repliés contre elle et sa tête cachée dans ses mains, pleurant toutes les larmes de son corps. Stella quant à elle, était dans un coin, l’air encore sous le choc, des larmes coulant d'elles-mêmes sur son visage. Quoi…? Mais… On avait un totem ! Ce n’était pas encore fini !
— On a ce qu’il faut ! fit Jafa.
Elle vint immédiatement mettre l’idole dans la main d’Illay. Mais celui-ci ne réagit pas. Il resta immobile, les yeux clos et la peau pâle. I-il ne pouvait pas être mort ! Pas comme ça, alors qu’on avait réussi à trouver de quoi le sauver !
Je me reculai de quelques pas, des larmes montant rapidement à mes yeux pour finir par couler sur mes joues. C’était pas possible… Pas vrai…? On… On n’avait pas été assez rapides ! Putain !
Je sortis immédiatement, sentant que j’allais vomir. C’était pas possible… C’était pas possible… Ca ne pouvait pas se finir comme ça… C’était impossible… Non…
Je m’écroulai par terre, mes jambes tremblant tellement qu’elles ne pouvaient plus me porter.
C’est dans un cri de chagrin et de colère envers moi-même que j’extériorisai ma désolation.
Chapter 12: Chapitre 11 - Point de vue d'Elijah
Summary:
Leur ami est mort... Mais un voyage dans le Nether offrait peut-être un espoir ?
Chapter Text
Je restais assis dans un coin, silencieux et le regard vide, tremblant encore. Je ne regardais ni écoutais personne, je n’avais plus l’envie de rien. Je venais de perdre l’une des personnes qui me tenait le plus à cœur, dans mes bras, sans que je ne puisse rien y faire. L’image de mon meilleur ami perdant l’éclat dans ses yeux me hantait, et je ne savais plus vraiment comment me relever. En fait, je n’en avais pas envie.
J’entendis sans écouter des voix masculines à l’extérieur. Aiden et Jesse étaient sans doute revenus. Mais je m’en fichais. Je pus deviner que l’un d’eux était entré après quelques instants, et je crus comprendre qu’on m’adressait quelques mots. Mais je n’écoutais pas. De toute façon, il n’aurait rien d’intéressant à me dire. Des excuses ? Des condoléances ? Rien à faire, ce n’était pas ça qui allait rendre mon petit frère. Qu’ils parlent, je m’en fichais. Qu’ils aillent chercher leur collier, je m’en fichais aussi. A quoi bon. Je préférais rester ici, et ne plus jamais bouger.
Je sentis quelqu’un m’enlacer. Je ne savais pas qui c’était. Je ne le regardais pas. Je continuais à fixer ce point devant moi.
Est-ce que j’aurais pu le sauver ? Si j’étais partie dans le temple à la place de quelqu’un d’autre, est-ce que j’aurais pu trouver ce totem plus vite ? Aurais-je pu éviter tout ça, si j’étais parti avec Illay, dans ce foutu manoir ? Ces questions me torturaient. J’avais peut-être perdu mon meilleur ami juste à cause d’un seul mauvais choix. Je serrai les poings autour de mon pantalon, le froissant rien qu’avec la force de ma poigne. Je sentais même mes dents grincer, tant je contractais mes mâchoires. Fait chier…
— …-ja ! Hey ! Elijah !
On me secouait. Je pris quelques secondes avant d’accepter de sortir de ma transe pour poser mon regard sur Stella qui me parlait. Rien que bouger mon regard et offrir mon attention était une forte demande en énergie. J’avais juste envie qu’on me fiche la paix…
— Hum… ?
— Tu as entendu ?!
Si j’avais entendu ? Tout ce que je pouvais entendre, là, tout de suite, c’était du brouillard… Des sons étouffés, à peine accompagnés par les battements de mon cœur triste. Il n’y avait rien à entendre d'intéressant, de toute façon…
Je secouai à peine la tête. Mais c’est là que je remarquai l’expression des autres. Ils avaient tous l’air déterminés. Même Eli, qui était pourtant la plus sensible d’entre nous, avait séché ses larmes.
Jesse s’approcha et me donna le carnet du capitaine taré. Qu’est-ce qu’ils me voulaient encore ? J’avais vraiment l’air en état de repartir à la recherche de ce putain de collier sans mon frérot ?
Je fis quand même l’effort de lire la page qu’on me montrait.
« Ce morceau-là, c’est l’un des plus durs à retrouver. J’espère ne pas avoir de problème pour le récupérer quand j’en aurais besoin. Je ne sais pas si le cacher dans le néo-nether était une bonne idée. Mais normalement, les seuls humains susceptibles de le trouver là-bas sont tous morts. Même en trouvant un totem qui les ramènerait, ils ne seraient pas en mesure de retourner à la surface en possession de mon trésor.
Note : Faire gaffe au Gardien. Les vivants ne sont pas censés entrer dans ce monde.
Mémo : Portail x = 1856 ; z = 3489 ; Bleu ; EST ; 54 »
Je clignai des yeux.
— C’est…
— Le monde des esprits, commença Lukas. Un nether bien plus profond que celui que l’on connaît, beaucoup plus dangereux pour les vivants, et bien plus vaste.
— Non seulement on pourra retrouver l’avant dernier morceau, mais avec le totem que vous avez récupéré et beaucoup de chance, on pourra ramener votre ami, ajouta Jesse.
— Q-quoi…?
Je sentis mon cœur se serrer sous l’effet de l’espoir. O-on pouvait vraiment le ramener ? Réellement ? Tout n’était pas terminé ? J’allais pouvoir le revoir ? Tout de suite, le poids de l’impuissance se retira de mes épaules. Je rassemblai toutes mes forces, et je me levai. Il était hors de question de laisser passer cette chance. J’allais le ramener, coûte que coûte. Au diable ma peine.
— Qu’est-ce qu’on attend ?
…
Nous réussîmes à rejoindre BeaconTown en plein milieu de la nuit. De nombreux monstres nous avaient pourchassés, mais avec nos chevaux au galop, nous étions restés hors de danger. Le corps d’Illay avait été déposé dans une chambre et pris en charge pour le conserver un maximum. C’était terriblement glauque, mais quand Illay reviendrait, il aurait besoin de son corps intact. Nous n’avions pas beaucoup de temps pour ça, mais j’étais déterminé à réussir.
Jesse nous avait forcés à retourner dans nos chambres d’hôtel pour la nuit. Il avait dit que nous aurions besoin d’être en forme pour traverser le Nether et le Néo-Nether. Mais je savais que je n’allais pas trouver le sommeil.
J’entendis toquer à la porte de ma chambre.
— Oui ?
Eli entra timidement.
— Je peux dormir avec toi… ?
Je soupirai doucement, avec un petit sourire. En vrai, j’avais besoin de compagnie moi aussi. J’acquiesçai d’un simple geste de la tête, et Eli s’approcha pour s'asseoir sur mon lit. Il vint me faire un câlin, et je le lui rendis sans hésiter. Puis nous nous couchâmes, ensemble. Sa présence m’apaisait un peu. Peut-être que j’arriverais à dormir finalement ?
…
— Je suis pas vraiment chaud…, souffla Stella.
— Mais tu vas avoir chaud, répondit Jafa en pouffant.
Nous étions juste devant un grand portail en obsidienne noire, dont une lumière et des étincelles pourpres s’échappaient en voletant. La porte qui nous mènerait jusqu’au Nether. Je ne savais pas si j’avais peur ou si j’étais excité par le fait de découvrir un nouveau monde. Tout ce que je savais, c’est que c’était derrière cette porte que j’allais pouvoir retrouver Illay.
— Vous êtes sûrs qu’il ne faut pas aller aux coordonnées données dans le carnet de note ? demanda Jafa.
— Le Néo-Nether est une couche du Nether normalement inaccessible. Tu crois vraiment que c’est dans l’Overworld qu’on peut fabriquer le portail pour y aller ? dit Aiden en levant les yeux au ciel.
— J’en sais rien, je suis pas une spécialiste.
— Alors la ramène pas.
— Mais toi. Je vais te pousser dans la lave, ça va être vite réglé.
— Je viens t’aider, s’ajouta Stella.
— Essayez un peu, qu’on se marre.
— Les coordonnées, nous les suivrons une fois dans le Nether, coupa Jesse. Venez, on n’a pas de temps à perdre.
Il traversa le portail en nous invitant à le faire. Je fus la première à le suivre.
— Wow la vache…!
La chaleur me frappa violemment dès mon arrivée dans la nouvelle dimension. Une chaleur étouffante, presque irrespirable. J’avais l’impression d’être rentré dans un sauna. Ma gorge et mes poumons me brûlèrent dès ma première bouffée d’air, et l’odeur du soufre me fit tousser. Ça n’allait pas être une promenade de santé…
— Il fait tellement CHAUD ! râla Léana dès qu’elle apparut, suivie des autres.
— Je crois que je vais mourir, fit Stella en toussant un peu elle aussi.
— Arrêtez de vous plaindre et buvez ça.
Aiden nous donna à tous une potion, puis il but la sienne.
— Qu’est-ce que c’est ? demandai-je.
— Une potion de résistance au feu, répondit Jesse en buvant le contenu de sa fiole. Ça nous permettra de survivre si on prend feu ou si on tombe dans la lave. Et ça nous aide à supporter la chaleur.
Il y avait vraiment une potion pour toutes les situations. Nous bûmes alors à l’unisson, d’une seule traite. Tout de suite, je sentis que la chaleur se faisait de plus en plus supportable, jusqu’à me donner l’impression d’être sous un soleil à 20°C. Quel soulagement.
Lukas sortit une boussole de son inventaire, entra ce qui devait être les coordonnées marquées dans les notes, puis commença à marcher.
— C’est par ici, suivez-moi.
C’était un genre de GPS en fait. Cool.
— Mais… Les boussoles, c’est pas censé fonctionner dans le Nether… Si ? demanda Eli, intriguée.
— Non, mais celle-ci a été spécialement fabriquée pour ça par une amie. C’est bien pratique, répondit Jesse en sautant par-dessus un creux.
— Vive Olivia, ajouta Jafa.
Nous marchâmes ainsi pendant un bon moment, traversant des montagnes grâces à des pioches, ou des ravins en fabriquant des ponts. C’était beaucoup plus calme que ce que je pensais. J’avoue que j’aurais préféré ne jamais voir de cochon zombie humanoïde de ma vie, mais j’allais faire avec. Nous croisâmes de temps en temps des genres de cubes de laves géants qui faisaient des bonds de trois mètres, mais ils étaient suffisamment lents pour les esquiver en courant un peu. Franchement, je m’attendais à pire.
Après un moment, nous découvrîmes une forteresse sombre au loin.
— Les coordonnées nous mènent dedans, informa Lukas en rangeant la boussole. Le portail doit être à l’intérieur.
— Allons-y alors.
Aiden prit les devants. Il semblait plutôt pressé d’arriver à destination, sans qu’on ne sache vraiment la raison. Mais j’imaginai qu’il avait juste envie d’en finir avec toute cette histoire. Sincèrement, il me sortait un peu par les trous de nez. Au début il me faisait rire, surtout avec Stella, mais je commençais à le trouver de plus en plus insupportable. Surtout depuis qu’il n’avait montré aucune émotion vis-à-vis de la mort de mon meilleur ami. Je crois que c’était surtout ça qui me faisait tiquer.
Nous atteignîmes la forteresse sans difficulté. De grands squelettes d’un noir de jais se baladaient un peu partout dans la bâtisse. J’appris assez vite qu’il s’agissait de Wither Squelettes, et qu’ils étaient capables de nous empoisonner d’une simple éraflure de leur épée. Encore un truc qui rendait malade à en crever… Heureusement, les trois hommes étaient habitués et doués avec leurs épées. Ils nous permirent de les esquiver sans aucune difficulté. Il y avait également des créatures enflammées qui apparaissaient dans les ailes extérieures de la forteresse, appelées des Blazes. Ils étaient un poil plus dangereux par leur capacité à lancer des boules de feu à distance. Lukas prit le temps de poser un atelier pour construire quelques objets bien utiles.
— Prenez ces boucliers. Vous n’aurez plus rien à craindre des projectiles, dit-il en nous en tendant un chacun.
Je l’accrochai à mon bras grâce aux sangles, et nous reprîmes notre marche, sans rencontrer plus de difficultés. Franchement, c’était propre comme voyage. Et puis nous avions tous l’air d’être des chevaliers. C’était plutôt cool.
Nous entrâmes finalement dans une grande salle, qui avait l’air d’avoir été modifiée par une personne. Il y avait des blocs qui n’avaient rien à voir avec l’architecture du fort. En son centre, se trouvait un trou sur le sol, aux bords composés d’obsidienne, ainsi que d’un bloc doré que je ne connaissais pas. Un genre de voile de lumière rouge sombre remplaçait le vide. Le même genre de voile que celui qu’on avait dû traverser pour rejoindre cette dimension. C’était le portail.
— Bon…, souffla Jesse. On entre, mais surtout, on reste groupés. Ce Nether-là est beaucoup plus dangereux, et on n’y a encore jamais mis les pieds. Alors on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre…
— Mais, une fois à l’intérieur, qu’est-ce qu’on fait ? Je veux dire, on ne sait pas où aller ? fit remarquer Léana.
— Les notes disent « Est », j’imagine que c’est un bon début ? proposa Jafa.
— D’accord, mais c’est quoi « Bleu » et « 54 » ?
— Une couleur et un nombre.
— Merci, Jafa.
— De rien, Léana.
— On finira bien par le découvrir, soupira Lukas. Allons vers l’Est une fois dedans, et on avisera ensuite.
— Super, on ne sait pas du tout ce qu’on fait…, soufflai-je.
J'espérais sincèrement qu’on était sur une bonne piste. Nous entrâmes alors chacun notre tour dans ce nouveau portail.
…
— Wow…
Ce nouveau décor était tout à fait différent. Tandis que le Nether n’était composé que de roches et de lave à perte de vue, le Néo-Nether présentait une forêt ! Enfin… En y regardant de plus près, je remarquai que les arbres étaient en fait des champignons rouges. Je me disais aussi que des arbres auraient eu du mal à pousser ici. En tout cas, nous restions dans le thème du rouge, puisque la roche, les champignons et les genres de lianes qui pendaient ici et là, étaient tous de couleur carmin. Et ça piquait un peu les yeux, mais c’était plutôt joli.
— Bah putain, ça change…, fit Aiden en s’avançant un peu.
Il fit quelques pas entre les champignons géants, découvrant cette forêt que même nos amis natifs ne connaissaient pas. Nous étions tous sur le même pied d’égalité. Et ce n’était pas vraiment rassurant, en fait… Au moins, jusque-là, nous pouvions être guidés par les aventuriers. Plus maintenant.
Il sursauta soudainement et s’écarta d’un bond, tandis qu’un carreau d’arbalète se plantait dans le tronc du champignon juste derrière. Un groupe de… De quoi ? De cochons humanoïdes pas zombies, arrivait vers nous, épées en or et arbalètes en main. Effectivement, c’était bien plus dangereux ici ! Mais ce n'étaient pas des cochons qui allaient m’empêcher de retrouver Illay !
— On doit se battre, là, tout de suite ?? paniqua Stella en sortant maladroitement son arme.
— On dirait, lui répondis-je.
Je pris mon épée en mains, imité par les autres, et je partis combattre ces monstres qui avaient décidé de s’en prendre à nous. J’avais peur, mais je ne voulais pas me laisser submerger. S’il fallait me battre pour avancer, alors je le ferais. Je me battis aux côtés de Léana et Jesse, tandis que les autres s’occupaient d’un second groupe qui nous arrivait dessus par derrière. Mes coups d’acier s’enchaînèrent, blessant mes adversaires sans trop de difficulté. J’esquivai du mieux que je pouvais, et heureusement, ces cochons étaient moins adroits que nous. Le seul problème que je rencontrais vraiment, c’était les arbalétriers. Devoir batailler, tout en gérant les carreaux qu’on m’envoyait, ce n’était pas une mince affaire ! Heureusement, mes mouvements se coordonnaient plutôt bien avec ceux de mes camarades, et Jesse nous donnait plein de conseils pendant notre combat ! Il était vachement impressionnant. Il usait d’une dextérité et d’une force sans pareilles, et il réussissait à se concentrer à la fois sur ses adversaires et sur les nôtres, afin de nous aider. On avait vraiment de la chance de l’avoir avec nous. Et c’est finalement sans aucune blessure que nous tuâmes les monstres ! Je jetai alors un regard à l’autre groupe. Lukas et Aiden s’en sortaient aussi bien que leur ami aventurier, qui aidait nos camarades à se battre. Nous partîmes immédiatement les épauler, et nous décimâmes le reste des cochons sans plus de difficulté. Je ne savais pas que j’étais capable de me battre aussi aisément à l’épée, même avec de l’aide, mais cette surprise ne me déplaisait pas !
Cependant, nous n’eûmes pas le temps de célébrer notre victoire. De nombreux grognements de cochons résonnèrent tout autour de nous… Jusqu’à ce qu’une bonne dizaine de ces horreurs apparaissent d’entre les champignons géants ! Là, même avec des pros de l’épée, on n’allait pas s’en sortir aussi facilement. On était mal...
— On court !
Je ne savais pas trop qui avait crié, mais je ne me fis pas prier. Je suivis le groupe, Lukas sortant à nouveau sa boussole, sans doute pour pouvoir fuir du côté de l’Est. Nous traversâmes ainsi la forêt de champignons rouges, grimpant sur les falaises quand elles nous barraient la route, tout en évitant le plus possible ces cochons qui semblaient grouiller de partout. Les carreaux d’arbalètes nous frôlaient parfois de très près, et je fus bien contente de voir qu’ils ne savaient pas très bien viser sur des cibles en mouvement. Au bout d’un moment, je ne savais plus combien nous suivaient, tant ils étaient nombreux. Je commençais à me demander si on allait vraiment s’en sortir, si les piglins –ils s'appellent comme ça, d'après Eli, continuaient d’affluer de partout.
Au bout de plusieurs minutes à courir, grimper, sauter partout, un nouveau paysage se dressa devant nous. Il était beaucoup plus sombre, seulement éclairé par des flammes bleues qui brûlaient sur un genre de sable obscur, semblant être mélangé avec de la cendre. Je pus voir que c’était principalement un désert et des falaises, recouverts de ces dunes dont émergeaient des genres de piques en pierre épineuse, ainsi que des squelettes géants à moitié enfouis. Du brouillard bleuté semblait s’étendre un peu partout. C’était beaucoup plus sinistre. Mais nous n’avions pas le choix, poursuivis comme nous l’étions… Direction le cimetière glauque et lugubre !
Il nous fallut quelques secondes pour descendre la falaise de pierre rouge sur laquelle nous étions. Il fallait faire un saut un peu haut pour changer de biome* et atteindre ce sable inquiétant. Les grognements se rapprochaient. Nous n’hésitâmes pas une seule seconde. Nous nous laissâmes tomber jusque dans la plaine, trois mètres plus bas.
— Ah putain !
Je sursautai violemment, tandis que plusieurs de mes amis lâchèrent des petits cris en entendant la même chose que moi : des râles et des gémissements s’échappaient du sable sur lequel nous venions d’atterrir. C’était comme si nous écrasions des âmes ! C’était ultra creepy !
— C’est quoi ces trucs ?! paniqua Léana en piétinant, provoquant une myriade de lamentations.
— Du sable des âmes…, répondit Jesse.
— J’ai l’impression de marcher sur des gens !
— C’est un peu ça.
Yes, parfait. Est-ce que… Est-ce qu’Illay était devenu un cube de sable, lui aussi…? Fallait surtout pas que j’y pense… Je sentis mon coeur se serrer sous l’inquiétude.
— C’est ce que tu deviens lorsque tu es mort depuis longtemps, et que ton corps est tombé en poussière, ajouta Aiden. Pas la meilleure perspective d’avenir, si tu veux mon avis.
— Tu m'étonnes, répondit Jafa.
— Alors, on n’est pas en train de marcher sur Illay ? demandai-je avec inquiétude.
— Non, pas encore.
Je grimaçai. Le « pas encore » ne me plaisait pas du tout. Mais je me reconcentrai. Il n’allait jamais devenir du sable qui criait quand on marchait dessus, j’allais le ramener avant.
— Bon… On continue vers l’Est.
Lukas reprit la tête, et nous le suivîmes à nouveau. Je remarquai d’ailleurs que nos poursuivants s’étaient désintéressés de nous dès l’instant où nous avions quitté le biome. Peut-être que la forêt rouge était tout simplement leur territoire ? Ils ne voulaient peut-être que nous chasser. En tout cas, que ce soit le cas ou non, j’étais bien content qu’on soit de nouveau tranquilles.
Nous marchâmes un moment dans cet environnement désolé. Nous étions silencieux et attentifs, hormis Eli qui ne cessait de lâcher des « pardon ! » ou « excusez-moi ! » à chaque fois qu’elle marchait sur du sable des âmes. Certains monstres squelettiques se baladaient, mais on pouvait les éviter facilement. Nous vîmes d’ailleurs nos premiers endermans. Des monstres de deux mètres de haut, noirs, avec l’air paisible. Jesse nous expliqua qu’il ne fallait absolument pas les regarder dans les yeux si nous voulions éviter de mourir. Aucun de nous ne risqua le diable.
Parfois, on percevait des lamentations et des cris au loin, différents de ceux qu’on entendait sous nos pas.
— Paniniii~
Je pouffai à l’imitation plus que réussie de Jafa. J’avais bien besoin de rire, surtout dans un endroit aussi flippant. Ces bruits venaient d’un autre type de monstre. Une espèce de calamar géant qui flottait dans les airs. Heureusement, les quelques spécimens que je pus voir se baladaient très loin de nous. Aucun ne nous remarqua.
Après plusieurs minutes à marcher, nous vîmes au loin des couleurs qui se démarquaient totalement du gris qui nous entourait. C’était bleuté, et bien plus agréable à l’œil. Et il y avait de nouveaux arbres. Un nouveau biome.
— Hey… C’est un paysage bleu là-bas ? intervint Léana.
— Bien joué, tu as des yeux.
Léana préféra ne pas relever, se contentant d’un regard de travers.
— Rappelez-vous ce qu’il y a dans le carnet.
— Putain t’as raison ! fis-je.
Le mémo parlait de bleu, c’était peut-être pour désigner la couleur du paysage dans lequel se trouvait le bout de pendentif ! Au moins, cette histoire avançait ! J'espérais qu’Illay fût dans les mêmes environs…
Nous arrivâmes finalement dans ce nouveau paysage. Il était semblable à la forêt carmin de tout à l’heure, mais avec des couleurs froides. Et il n’y avait aucun bruit de pigman. C’était paisible. J’aimais quand c’était paisible.
— Bon, maintenant faut trouver la signification du 54, fit Eli.
— Peut-être que c’est la coordonnée qui correspond à notre hauteur ? proposa Lukas.
— Ouais, mais tu veux creuser où ? Ca suffirait pas, lui répondit Aiden.
— J’en sais rien.
— On va continuer à avancer, on trouvera peut-être des indices, proposa Jesse.
Nous acquiesçâmes, et nous reprîmes notre marche. Nous ne croisâmes aucun indésirable, hormis quelques endermans qui ne semblaient pas vouloir nous déranger. C’était reposant et rassurant.
Soudain, je m’arrêtai, écarquillant les yeux.
— Hey, les gars…
Tous s’arrêtèrent pour regarder ce que je leur désignais. Une femme marchait entre deux champignons, lentement, sans avoir de réel but. Elle avait l’air… Pas triste, disons… Vide… Et plus je la regardais, plus j’avais l’impression de voir à travers elle…
— Madame ?
Je partis tout de suite la voir. C’était un esprit ! Et si elle était là, peut-être qu’Illay aussi ! Il fallait que je me renseigne, absolument !
Je m’approchai d’elle, plein d’espoir !
— Est-ce que vous avez vu une jeune femme, châtain avec des cheveux courts et des lunettes ?
Evidemment, je savais qu’Illay était non-binaire et préférait le pronom masculin, mais pour le décrire facilement et espérer avoir une réponse positive rapidement, je me permettais de le décrire en tant que femme, son sexe de naissance.
Mais je n’eus pas la réponse que j’espérais. En fait, je ne reçus aucune réponse. L’esprit me regarda, et reprit sa marche sans m’offrir un mot. C’était non, j’imagine…
Eli vint poser sa main sur mon bras.
— Viens, il est sûrement quelque part, on va le trouver !
J’acquiesçai, et je rejoignis les autres, essayant de cacher ma déception. Mais je ne me décourageais pas. Nous allions explorer cet endroit et trouver l’esprit de mon petit frère !
Nous marchâmes quelques temps et nous remarquâmes des structures qui se démarquaient des arbres-champignons. En s’approchant, nous pûmes déduire que c’était un village composé de plusieurs maisonnettes. Il semblait s’étendre dans toute la forêt. Des esprits marchaient, parfois chuchotaient entre eux, sans vraiment faire attention à nous. C’était très mélancolique.
— Illay est forcément quelque part par ici ! s’exclama Léana, pleine d’espoir.
— Ouiii ! On fonce !
Stella partit comme une flèche, et je la suivis sans hésitation ! Je sentais mon cœur battre à tout rompre sous le stress et l’espoir. Il n’était pas loin, je le sentais !
Je vis les autres entreprendre sa recherche immédiatement, et nous nous mîmes à fouiller les « rues ». Après quelques minutes, je m’arrêtai devant une maison. Je remarquai un détail, que je sentais important : la maison était numérotée. « 32 » était inscrit sur la porte en bois. Je lâchai un petit sourire.
— Hey !
Je rejoignis Jafa et Lukas, non loin de moi.
— Regardez les portes ! Elles ont des numéros ! Le pendentif doit être dans la maison 54 !
— Putain t’es pas con ! fit Jafa en commençant à chercher les numéros.
Je pouffai sans répondre, puis je repris mon enquête. Je préférais les laisser gérer ça, et me concentrer sur les recherches du disparu. Je me remis à explorer à toute vitesse. Et…
— Elijah… ?
Je me retournai sur la voix, et mon cœur rata un battement. Putain, il était là !
— Illay !
Je lui sautai dessus, mais je ne réussis à rien attraper dans mes bras. Il était intangible…
Je le vis commencer à pleurer, et très vite, mes larmes suivirent le mouvement.
— On va te ramener !
— C’est impossible… Je suis tellement désolé…
— Dis pas ça ! LES GARS ! IL EST LA !
Je les vis courir vite pour me rejoindre.
— Illay !, s’écria Stella.
Je vis Eli lui foncer dessus comme je l’avais fait, mais une fois encore, elle ne put le prendre dans ses bras. Léana arriva à son tour, et manqua de s’étouffer en voyant notre ami. Je la secouai très vite.
— Donne-lui le totem !
— O-oui !
Elle sortit la statuette, et la tendit à Illay, qui hésita. Et, d’un mouvement lent, il toucha l’objet… Et disparut dans la seconde. La poupée n’était plus dans la main de Léana.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?! Où il est ?! paniqua Stella.
— Je… J’espère qu’il a juste rejoint son corps…, fit Léana, inquiète.
J’acquiesçai. Je sentais que j’étais soulagée, et une douce chaleur avait empli mon cœur en le voyant disparaître. J’en étais sûr, il était revenu à la surface, en dehors de tout danger. C’était certain, je le ressentais. On l’avait sauvé.
Cependant, la joie qu’on ressentait fut de courte durée. Un puissant hurlement retentit au loin, promettant qu’une créature n’était vraiment, mais alors vraiment pas contente. Je n’avais jamais entendu un truc pareil. C’était terrifiant. Nous nous mîmes à courir pour retrouver les autres, qui ne furent pas durs à trouver. Lukas et Jafa sortaient tout juste de la maison qui portait le numéro « 54 ».
— On a le collier ! s’écria Jafa.
— Nous on a trouvé Illay ! Il est retourné dans l’autre monde ! dis-je, rempli de joie.
— Mais c’est gé-
Elle fut coupée par le bruit de puissants battements d’ailes. Et avant même qu’on ne comprenne ce qui se passait, nous nous retrouvâmes tous plaqués au sol, soit par des griffes, soit par des ailes. Tout se passa très vite, j’eus à peine le temps de réfléchir !
— Qu’est-ce que-
— Comment osez-vous troubler l’équilibre du monde ?!
La voix du monstre était puissante, rauque, et terriblement en colère. Je sentais mes poils se hérisser, mon cœur s’accélérer.
— Personne ne devrait pouvoir échapper à son destin et retourner d’entre les morts !
— O-on est déso-, tenta Jafa.
— Taisez-vous !
Plus aucun d’entre nous n’osa lever la voix. La créature pouvait nous étriper d’un simple mouvement…
— L’un de vous va devoir mourir ici pour remplacer celui que vous avez sauvé ! Faites votre choix, avant que je ne choisisse à votre place !
Je vis les griffes appuyer un peu plus sur le dos de Eli qui lâcha un petit gémissement de douleur.
— Moi ! m’écriai-je.
Tout de suite, il y eut une vague de désapprobation. Mais je ne pouvais tout simplement pas laisser quelqu’un mourir ! C’était hors de question.
— Même pas en rêve, c’est moi qui dois mourir ! s’imposa Eli en pleurant à nouveau chaudement.
— Ça va pas ?!
— Arrêtez de vous battre, c’est à moi de le faire…, souffla Lukas.
— QUOI ?! Hors de question ! s’écria Jesse.
— C’est mort, Lukas ! Oublie tout de suite cette idée ! s’énerva Aiden.
— C’est de ma faute si Illay est mort ! J’AI enclenché le piège qui a libéré les araignées ! C’est à moi de me sacrifier.
— NON ! Je prends ta place dans ce cas !
— Aiden…
— Ta gueule !
Il ne laissa le choix à personne d’autre malgré les cris, et le monstre nous libéra de son poids. D’un bond, je me relevai, prenant Eli contre moi pour nous éloigner tous les deux alors qu’elle ne cessait de pleurer. Mon regard balaya les autres afin de m’assurer que tout le monde s’éloignait, mais je le regrettai de suite. Avant même que nous puissions agir, le monstre griffa la gorge d’Aiden d’un coup brutal. Je me détournai immédiatement pour ne pas en voir plus… Putain, tout allait si vite… L’ascenseur émotionnel que je venais de me prendre était violent…
J’entendis Lukas hurler, mais je n’osai pas me retourner. J’en avais assez… Je sentis un haut-le-cœur me prendre.
— Maintenant, disparaissez !
En un claquement de doigts, le Gardien nous fit réapparaître dans le Nether, à côté du portail, tous ensemble, et avec le corps sans vie du sacrifié dans les bras du blond…

Shota_Aizawa_Podfics on Chapter 3 Tue 19 Nov 2024 06:56AM UTC
Comment Actions
Nahira_Unsho on Chapter 3 Tue 19 Nov 2024 06:57PM UTC
Comment Actions
Shota_Aizawa_Podfics on Chapter 3 Wed 20 Nov 2024 08:05AM UTC
Comment Actions