Chapter Text
Un bruit provenant d’un endroit non déterminé réveilla Buck en sursaut. Ses yeux eurent bien du mal à s’ouvrir et il mit de nombreuses secondes avant de réaliser où il était. Le soleil était levé depuis bien longtemps mais au moins il était chez lui.
Il se passa une main sur le visage, alors qu’un mal de crâne s'invitait avec force. Il avait déjà eu des réveils bien meilleurs que celui-ci et cela ne voulait dire qu'une chose : il tenait là une sacrée gueule de bois.
Il fouilla dans sa mémoire pour retrouver la raison qui avait poussé à une telle fanfare dans sa tête et par chance cela revint rapidement.
Une soirée sympa avec Ravi, Chimney et Eddie autour de la finale du Super Bowl. Ses trois amis étant en mode célibataire, ils avaient décidé de profiter à fond de ce moment entre hommes et étaient sortis ensuite dans un bar tout près de son loft, où les verres, les rires et les danses s'étaient enchaînés. Ensuite trou noir, le néant total.
Il mit les mains sur ses tempes pour tenter de rassembler ses idées, déterminer à quel moment cela avait vraiment dérapé. Un mouvement sur sa gauche l’immobilisa aussitôt. Il n’était pas seul dans le lit. Que s'était-il passé, il n'avait absolument aucun souvenir de son retour chez lui. Les soirées trop alcoolisées étaient définitivement terminées pour lui.
Il jeta un œil vers sa gauche pour voir qui c'était mais la personne était entièrement recouverte d'un drap, ronflant paisiblement. Que devait-il faire maintenant ? Laisser cette personne dormir tranquillement ou tirer sur les draps pour chasser l’importun de son lit.
Il choisit la première solution, c'était sûrement un de ses trois amis qui avait été incapable de rentrer chez lui et vue sa gueule de bois il ne devait pas être le seul à en avoir une. Il se redressa aussi calmement que possible, maugréant contre le mal de tête carabiné qui ne faisait que s’amplifier. Quand il retira les draps pour quitter son lit, un détail troublant l'interpella aussitôt : il était nu, totalement nu, et la substance collante sur son ventre ne laissait que peu de place à l’imagination…
Donc en gros, il avait bu, beaucoup trop bu avec ses collègues, avait fait la fête toute la nuit et prolongé ça dans l'intimité avec une autre personne.
Il n'était pas un saint, les conquêtes féminines et masculines, il les avait collectionné par le passé mais au point de ne se rappeler de rien le lendemain… c'était une première.
Décidant qu'un café et plusieurs aspirines étaient les bienvenus à ce moment, il sortit du lit sans un bruit, repéra son boxer posé sur le sol et regarda une nouvelle fois vers le lit avant de quitter la pièce. Le drap s'était légèrement abaissé et il resta cloué sur place, frappé de surprise. C'était un homme, et pas n'importe lequel. Celui sur qui il avait un vrai crush depuis des années, sans jamais avoir osé lui dire avant. Son meilleur ami, celui en qui il vouait une confiance totale, celui qui le pensait suffisamment capable pour qu’il s’occupe de son adorable fils en cas de malheur. Le seul et unique Eddie Diaz.
Il avait raté un gros épisode là. C’était son meilleur ami, qui avait été marié et eu un enfant, en couple uniquement avec des femmes. S’il avait été attiré par les hommes, il l'aurait su depuis longtemps. Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire à présent. Lui n'était pas contre avoir une explication avec son ami mais en serait-il de même pour Eddie ?
Il ne put aller plus loin dans ses réflexions que son beau latino ouvrit les yeux difficilement, avant de prendre conscience de ce qui l'entourait. Ce qui surprit Buck c’était qu'il ne semblait pas vraiment surpris de le voir, ni d'être dans son lit et à supposer, aussi nu que lui.
“Euh… salut !” dit-il d’un ton plutôt calme vues les circonstances.
Eddie tenta de se redresser mais une grimace de douleur lui échappa et prit sa tête entre ses mains. Comment pouvait-il être aussi calme, ça dépassait totalement Buck.
“Salut ! répondit-il d’un ton peu assuré.
-Rassure-moi tu as de l’aspirine dans ta pharmacie ?” continua le latino tout en se redressant puis vint se frotter les tempes avec une petite grimace.
Se faisant, le drap glissa un peu dévoilant une partie de ce torse musclé que Buck prenait plaisir à regarder dès que son ami se changeait sous ses yeux.
“Euh oui je… j’ai ça oui !” dit-il d'un ton aussi calme que possible en tentant de cacher son trouble soudain.
Même s'il l'avait déjà vu, l'avoir sous ses yeux dans son lit à ce moment-là était une toute autre chose. Le rouge chauffant lui monta aux joues mais il détourna la tête pour cacher son trouble. Quoi qu'ils aient fait hier, il voulait être sûr qu'ils aient tous deux les idées claires avant… enfin avant l’inévitable discussion. Cela allait inévitablement changer leurs vies, dans le bon comme le mauvais sens, même si la réaction de son collègue lui laissait penser la première hypothèse.
Et s’il se trompait, et s’il ne s'était absolument rien passé et qu’Eddie était simplement torse nu sous ces draps ? Dans ce cas, pourquoi lui serait totalement nu alors que ce n'était pas dans ses habitudes ?
Sentant le regard posé sur lui, il tourna la tête vers Eddie. Son regard était doux, sa posture calme même s'il ne semblait pas au meilleur de sa forme.
Une envie de se recoucher à ses côtés et faire comme si tout était parfait le prit, mais la migraine lui revint en force, le décidant à descendre dans la cuisine, à la recherche des précieux remèdes.
Il prit deux aspirines et les avala rapidement avec un verre d'eau tandis que le café s'écoulait lentement. Il se prit la tête entre les mains en posant ses coudes sur le comptoir. Le médicament allait prendre un peu de temps pour faire effet mais il espérait avoir très vite les idées claires, surtout en sachant qu'il y avait un homme splendide dans son lit. Un homme qui n'avait pas pris peur en réalisant où il était. Un homme qui était son meilleur ami mais sur lequel il fantasmait depuis… depuis toujours en fait, impossible de le nier maintenant.
Il ferma les yeux, dans l’espoir de faire revenir ses souvenirs. Après quelques secondes à méditer, cela commença à revenir. Oh non, oh mon dieu… oh purée, oui c’était bien lui qui s'était jeté sur son ami, il n'y avait guère de doute maintenant vu ce qui revenait. Par contre, impossible de se remémorer l’expression d’Eddie. Surprise, étonnement, repousse… ça ne lui revenait pas et ça c'était le point le plus frustrant.
Alors qu'il allait se saisir de la cafetière, des bruits de pas se firent entendre derrière lui. Il se retourna et découvrit le latino, déjà habillé, se frottant les yeux frénétiquement. Visiblement, le mal de crâne ne lui était pas seulement réservé.
Son équipier tendit la main vers la boîte d’aspirines, en prit deux avec le verre que lui servit Buck en évitant soigneusement son regard. Pourquoi ce changement soudain ? Avait-il des regrets soudains ? Ou venait-il seulement de réaliser qu’il était nu avant de le rejoindre ?
Vu son comportement actuel, les deux étaient fort possibles.
Décidant de briser le silence inconfortable qui venait de s’installer, Buck se lança.
“Écoute pour… pour hier soir je…
-Ecoute euh…”
Ils parlèrent au même moment, le stress s'entendait dans leurs voix et ils se mirent à rire nerveusement. C'était plutôt bon signe non ?
“Toi d'abord ! proposa Buck avec un petit sourire.
-Pour ce qui s'est passé cette nuit, je… enfin c'était mais… enfin tu…
-C'était une erreur ! On a un peu trop abusé de l’alcool !” dit-il avec un petit rire.
Même s'il avait utilisé le ton de la plaisanterie, son cœur venait de se briser. Il préférait prendre les devants plutôt que d'entendre Eddie le rejeter d'emblée.
“Buck attends non. Ne le prends pas comme ça, je… reprit Eddie mais il le coupa à nouveau.
-Non, y a aucun souci on va… on va tenter d’oublier cette erreur et passer à autre chose, je… je ne veux pas perdre mon meilleur ami !” conclut-il en se postant devant la fenêtre, gardant le regard obstinément tourné vers l'extérieur.
Il y eut un silence, pesant. Un soupir résigné se fit entendre puis Eddie répondit d’un ton bien trop calme, le convaincant qu’il avait eu raison.
“Je… je ne veux pas te perdre, et Chris non plus !
-Et vous ne me perdrez pas t’inquiète ! Y a aucune raison, je… je vais aller prendre une douche, fais comme chez toi hein !” dit-il en se retournant, avec maintenant un sourire de façade puis passa devant Eddie en évitant son regard.
À la posture du latino, Buck aurait pu penser qu’il était déçu et triste et qu'il voulait ajouter quelque chose, mais il décida de ne pas s'attarder dessus, soufflant à son cœur affolé de se calmer et de tenir bon jusqu'à la salle de bains avant de craquer.
Alors qu’il venait de s'enfermer à l’abri de la petite pièce, le bruit de la porte d’entrée se refermant résonna dans le loft, cette fois les larmes tombèrent pour de bon le long de ses joues.
TBC
