Chapter Text
Quand il se réveilla enfin, il eut comme l’impression qu’un camion lui était passé dessus. Son corps entier lui faisait mal, et il sentait en particulier une douleur lancinante qui lui traversait l’épaule. Sa tête aussi le faisait souffrir, tellement, qu’il avait envie de se la cogner contre un mur pour arrêter la douleur qui lui vrillait le crâne. Quand il ouvrit enfin les yeux, il ne vit d’abord rien, et la lumière soudaine lui donna encore plus mal à la tête. Il referma immédiatement les yeux pour tenter de préserver sa rétine mais le mal était déjà fait, il avait l’impression qu’ils brûlaient au creux de ses orbites.
- Marcello… ? Marcello, vous m’entendez ?
Quelqu’un parlait, il ne savait pas qui, et il ne savait pas à qui cette personne s’adressait. Il ne reconnaissait pas cette voix, ni le prénom qu’elle prononçait, mais elle était très proche de lui, alors il tenta à nouveau d’ouvrir les yeux. Il cligna plusieurs fois des paupières afin d’essayer de s’habituer à la lumière, et il arriva alors à distinguer un visage de femme, une femme qu’il ne reconnaissait pas. Elle était penchée sur lui, et semblait porter des vêtements de médecin.
- Marcello, c’est moi, le docteur Martoni. Non, n’essayez pas de bouger, vous avez été touché à l’épaule, et pour une raison qui m’échappe, vous avez réussi à vous retrouver sous le camion de pompier dans lequel vous vous trouviez. Vous êtes vraiment dans un sale état.
Un camion lui était donc réellement passé dessus, ce n’était pas qu’une impression. Un camion de pompier ? Est-ce qu’il était pompier ?
- Vous avez de la chance, la balle n’a pas touché d’organe vital et elle est ressortie, je vous ai fait un bandage pour l’instant donc vous allez pouvoir être déplacé. Vos collègues aussi ont de la chance, personne n’a été blessé plus gravement, ou pire encore.
Collègues ? Blessures par balles ? Mais qu’est-ce qui se passait ?
En voyant le regard perdu de Marcello qui ne semblait pas la reconnaître, Vanessa décida de passer un appel en radio pour prévenir le LSPD.
- LSMS pour LSPD, j’ai l’impression que Capone a plus été touché que les deux autres, il a l’air complètement paumé, je pense que se faire rouler dessus par le camion ne lui a vraiment pas fait de bien. Je crains une commotion cérébrale.
Il n’entendit pas la réponse de l’autre personne en radio, et il n’en saurait pas plus sur son sort puisque la docteure conclut d’un simple « ok », avant de se tourner de nouveau vers lui.
- Marcello, est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez fait ? lui demanda-t-elle en soutenant son regard.
Fait ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire ? Est-ce qu’il était un criminel ? Il hocha la tête de droite à gauche pour indiquer que non, il ne se souvenait de rien, à commencer par son propre prénom, mais ce simple mouvement lui donna envie de prendre sa tête dans ses bras, et de s’arracher les cheveux, tant ça lui faisait mal. Il décida alors de répondre oralement.
- Non. Je me souviens de rien.
La docteure sembla sceptique, elle le regarda d’un drôle d’air.
- Vraiment ? Vous ne vous souvenez de rien de ce qui vient de se passer ?
- De rien du tout, et même d’avant.
Sa propre voix lui était étrangère. Ça lui donnait encore plus le tournis.
La docteure attrapa à nouveau sa radio.
- LSMS pour LSPD, Capone dit ne se souvenir de rien, il est vraisemblablement atteint d’amnésie, totale ou partielle je ne sais pas encore. A moins qu’il ne fasse semblant pour échapper à sa peine.
- Ma… peine ?
- J’arrive, répondit-elle en radio, sans un regard pour lui. Venez avec moi Marcello.
Il se leva, tant bien que mal, aidé par la rouquine et un autre médecin qu’il ne reconnaissait pas non plus. Les deux l’amenèrent un peu plus loin, vers un rassemblement de personnes, parmi lesquelles il n’en reconnaissait aucune. Si au début il était trop occupé par la douleur pour s’en rendre compte, cette constatation lui faisait maintenant peur. Pourquoi est-ce qu’il ne reconnaissait personne ? Pourquoi est-ce qu’il ne se souvenait même plus de qui il était ? A l’endroit où le menaient les docteurs se trouvaient plusieurs voitures de police, un camion de pompier échoué sur le bas-côté de la route, des policiers et d’autres médecins, ainsi que deux personnes habillées en jaune des pieds à la tête, menottées. Ils avaient une drôle de dégaine, habillés de cette couleur flashy comme ça, et ils avaient beau être menottés et encerclés de flics, ils n’arrêtaient pas de rire et de parler comme si tout allait bien. Ils semblaient le regarder d’ailleurs, et même lui parler, mais il avait du mal à se concentrer sur ce qu’ils disaient parce qu’il essayait désespérément de se rappeler de qui étaient ces gens, qui apparemment le connaissaient, lui. Et aussi parce qu’un des policiers, qui avait une tenue différente des autres, le pointait avec une arme. Instinctivement, il leva les bras, toujours silencieux, en essayant de déchiffrer ce qui se passait autour de lui. Il avait toujours autant mal au crâne, et ça ne risquait pas d’aller en s’arrangeant, étant donné que les flics hurlaient autour de lui, surtout celui en blanc qui n’arrêtait pas de s’adresser à sa radio en criant « MAIS VOUS ETES CONS OU QUOI ?? », les médecins lui parlaient en même temps pour essayer de savoir la gravité de ses blessures, et les deux personnes menottées, qui semblaient être ses collègues, essayaient d’attirer son attention également. Enfin, il pensa que c’était à lui qu’ils s’adressaient, puisque le rouquin le regarda en l’appelant :
- Bah alors Luigi, qu’est-ce que t’as foutu ? Ça va Loulou ? lui demanda-t-il, mi-inquiet, mi-moqueur.
Décidément, il ne comprenait plus rien. Déjà qu’il ne se souvenait plus de comment il s’appelait, mais si en plus les gens s’amusaient à l’affubler de différents noms dont il n’avait aucun souvenir, ça risquait d’être encore plus compliqué que prévu. Sans qu’il ne s’en rende compte, il se fit menotter à son tour, et avant qu’il n’ait le temps de réaliser, il se trouva forcé à entrer dans une des voitures de flics, avec les deux autres types. Ils étaient conduits au commissariat par l’homme qui était apparemment le chef, le capitaine d’après ce qu’il avait entendu des divers cris des gens qui l’entouraient. Le rouquin et l’autre homme ne prenaient pourtant pas la situation au sérieux et continuaient de faire des blagues.
- Vous allez ramener notre camion à la maison, j’espère ? demanda le roux.
- Ouais, ouais, bien sûr, acquiesça faussement l’homme en blanc.
- Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer ce qui se passe ? J’suis complètement perdu, là, finit-il par intervenir.
- Bah Luigi qu’est-ce que tu racontes ? Tu vois bien ce qui se passe non ? fit remarquer son autre collègue, dont il ne connaissait pas le nom non plus.
- Bah non en fait… Vous êtes qui ?
- Très drôle Luigi ! Ça va pas marcher pour éviter la prison ça, mon pote !
- Mais… comment ça la prison ? J’ai rien fait moi ? Enfin, je me souviens de rien, en tout cas…
- Oh non… oh non Luigi, tu peux pas me faire ça…, se lamenta alors l’homme à la voix plus aigüe.
- Mais quoi oh ?
- Capitaine, je vais sauter de la voiture, c’est pas possible. Faites-moi sortir de là, je vais pas le supporter.
- Hein ? demanda le capitaine, qui suivait leur conversation à moitié.
- Il se rappelle de rien !
- Quoi ?! Oh putain refré, nan, c’est une blague…
- Mais putain non, c’est pas une blague, j’aimerais bien que ce soit une blague ! Je sais pas qui vous êtes, et je sais pas qui je suis, et je sais pas ce que je fous là…
Lentement, il sentait la panique s’insinuer en lui. Pourquoi est-ce qu’il ne se rappelait de rien ? Est-ce qu’il était mort ? Était-il en enfer ? Ou alors peut-être était-il dans le coma ? Il n’eut pas le temps de se poser plus de questions car la voiture arrivait au commissariat, et que le capitaine leur indiquait de quitter la voiture. Ça tombait bien, puisqu’il avait l’impression d’étouffer dans cette voiture, et dans cette affreuse doudoune jaune. Il était au bord de la crise de panique, lorsqu’une voix se fit entendre, une voix autoritaire mais calme, qui appelait à la radio.
- LSPD pour LSMS on aurait besoin d’un médecin au commissariat, l’amnésie indiquée par Vanessa pour Capone semble se vérifier.
Enfin, on semblait le prendre au sérieux, et s’inquiéter un peu de son cas ! Il se força à calmer sa respiration, afin d’endiguer la crise.
- Oh merde, c’est vraiment sérieux alors ? demanda alors le rouquin, une pointe d’inquiétude dans la voix.
L’homme à la peau noire ne répondit pas, il se contentait de le regarder, une lueur étrange brillant au fond de ses yeux, des yeux incroyablement perçants, qui l’intimidaient un peu, et le forçaient à regarder ailleurs.
- Le docteur Martoni va arriver au commissariat. En attendant on va vous fouiller et vous mettre en cellule. J’espère pour vous que ce n’est pas une stratégie pour échapper à la prison, Capone, parce que ça ne fonctionnera pas avec moi.
- Mais enfin, pourquoi est-ce que je ferais semblant d’avoir tout oublié, je suis pas stupido ! Enfin, je crois pas, je m’en souviens pas… La situation m’amuse pas plus que vous, capitaine.
Le capitaine le jaugea du regard, de haut en bas. Il ne connaissait pas cet homme, du moins il ne s’en souvenait pas, mais il avait l’impression qu’il le croyait. Alors qu’ils étaient menés vers le sous-sol du commissariat, où se trouvaient les cellules, et que la douleur dans son crâne commençait à se calmer, il se permit de poser des questions aux personnes qui se trouvaient avec lui.
- Du coup… Vous êtes qui ? J’ai cru comprendre qu’on se connaissait, mais je me souviens pas du tout de vous, j’suis désolé…
- Luigi, tu me brises le cœur là, répondit l’un des deux. C’est Liam, Lili ! On se connaît depuis des années, putain, Loulou… tu peux pas me faire ça…
- Je suis désolé… Je me souviens de rien… Et c’est quoi mon nom ? La médecin m’appelle Marcello, et vous, vous m’appelez Luigi, j’suis paumé.
- …Tu t’appelles Marcello Capone, répondit le dénommé Liam.
- Mais ton nom de street, c’est Luigi, refré, intervint l’autre homme. Moi c’est MT. J’suis ton boss, en quelques sortes.
Nom de street ? Boss ? Est-ce qu’il faisait partie d’un putain de gang ?
- Ouais mon pote et pas n’importe lequel !
Merde, il avait pensé à voix haute.
- T’es un Families, Luigi.
Ok, ça faisait beaucoup trop de choses d’un coup. Si la douleur semblait s’être calmée au premier abord, il avait de nouveau l’impression que son cerveau allait exploser. Mais même s’il pensait qu’il ne supporterait pas plus de nouvelles informations d’un coup, il ne pouvait pas s’empêcher de poser d’autres questions. Il devait savoir.
- Et… ça fait longtemps qu’on se connaît ? J’ai pas de famille ? Et qu’est-ce qu’on fait exactement ? Et pourquoi on est en prison ?
Cependant, MT, son chef, apparemment, ne répondit qu’à une question.
- C’est nous ta famille, mon frère.
Suite à cette affirmation, Marcello n’osa rien dire de plus. Les policiers finirent de les fouiller. Il découvrit qu’il portait de nombreuses armes illégales sur lui, ainsi que des faux billets. Tout ça lui donnait le tournis. À tout moment, il pensait qu’il allait tourner de l’œil, ou se mettre à hyperventiler.
- Allez, on a fini de vous fouiller, vous finirez de tout lui expliquer dans vos cellules, allez-vous changer.
MT et Liam, sans un mot de plus, suivirent le flic qui leur faisait signe, même s’ils avaient l’air de déjà connaître le chemin. Marcello les suivit à son tour, le pas hésitant. Ils se retrouvèrent dans une pièce avec des sortes de casiers, un vestiaire en somme. Liam et MT se débarrassèrent alors de leurs affreux vêtements, afin d’enfiler un pantalon orange, et un débardeur blanc. Une tenue de prisonnier. Toujours silencieux, les trois sortirent de la pièce afin d’être conduits dans une cellule, dans laquelle les policiers les enfermèrent.
- Bon, au moins on est à trois, fit remarquer Liam.
Marcello se contentait de regarder dans le vide, il essayait d’assimiler toutes les informations qu’on lui avait communiquées. Ses oreilles bourdonnaient.
- Vous m’avez toujours pas dit ce qu’on faisait… et ce qu’on avait fait pour se retrouver ici…, reprit Marcello, brisant le silence d’une voix blanche.
- Bah mec, c’est pas compliqué, commença MT, on est les Families, on est un gang, on squatte le quartier de Forum Drive de la ville de Los Santos. On s’habille en vert, on deal de la drogue, on braque des banques, et on déteste les connards qui s’habillent en jaune, qui trainent à Jamestown Street, et qui se font appeler les Vagos.
Simple, efficace. Il n’y avait pas à dire, MT savait expliquer les choses de manière concise et précise. Cependant, un détail retint l’attention de Marcello.
- Mais… si on déteste ceux qui s’habillent en jaune, et qu’on porte du vert, pourquoi est-ce qu’on avait des vêtements jaunes, tout à l’heure ?
MT soupira, Liam souffla du nez, un sourire en coin s’affichant sur ses lèvres.
- Si on était habillés en jaune, mon pote, c’est parce que ces connards de Vagos se sont habillés en vert, parce qu’ils assument pas leur putain de couleur, et se sont faits passer pour nous pendant une course-poursuite contre les flics. Donc… on a décidé de se venger… et on a braqué une banque avec leur couleur.
- Et un camion de pompier, ajouta MT.
- Et un camion de pompier, confirma Liam.
- …Vraiment ? On a fait ça ? C’est complètement-
- Con, on sait, le coupa Liam. C’est peut-être pas la plus brillante de nos idées, mais putain qu’est-ce que ça nous a fait du bien !
Marcello resta pensif face à ce que venaient de lui dire ses compagnons de cellule. Mais, alors qu’il allait poser d’autres questions, le capitaine se présenta en face de lui, accompagné de la docteure qui l’avait relevé, tout à l’heure.
- Capone, voici le docteur Martoni, que vous avez rencontrée tout à l’heure, elle va vous examiner, voir si votre amnésie est sérieuse ou si c’est un autre de vos plans foireux, les Families.
- Pff, plan foireux ? Nous ? Jamais enfin capitaine, c’est pas notre genre, tu le sais bien ! répliqua Liam.
Marcello laissa échapper un petit rire face à cette remarque. Le rouquin le rvit et lui sourit. Marcello sentit de la chaleur envelopper son cœur. Etrange comme sensation. Il n’avait jamais connu ça. Enfin, pas qu’il s’en souvenait… Sans s’attarder davantage il suivit la docteure qui le conduisit dans une salle d’examen. Elle commença tout d’abord par examiner sa blessure à l’épaule, par désinfecter la blessure et changer son bandage. Il avait tellement mal à la tête et il était tellement angoissé par son amnésie qu’il en était même venu à oublier qu’il s’était pris une balle dans l’épaule. Apparemment, la blessure n’était pas grave, même si elle piquait quand même. Ensuite, elle se mit à lui poser toutes sortes de questions, pour diagnostiquer une commotion cérébrale. Maux de tête, perte de conscience, confusion, étourdissements, bourdonnements dans les oreilles, nausées… Marcello cochait plusieurs cases, et la plus importante de toutes, l’amnésie. Vanessa essaya de voir à quel point Marcello avait perdu la mémoire, et tenta de la lui rafraîchir, en lui rappelant quelques événements marquants qui lui étaient arrivés. Heureusement, Marcello semblait se rappeler de certains détails en particulier, sans trop savoir d’où ils sortaient, et sans pouvoir les raccrocher aux personnes qu’il connaissait, mais c’était déjà un début. Vanessa lui conseilla alors de se reposer, et d’éviter de faire trop d’efforts afin de ne pas se fatiguer. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire en cas de commotion cérébrale. Il ne pouvait que patienter, en espérant retrouver la mémoire rapidement. Le capitaine Boid, qui était resté dans le coin, fut prévenu par le docteur Martoni que le cas de Marcello n’était, en apparence en tout cas, pas trop grave, que certains bouts de souvenir commençaient à lui revenir, et qu’il pouvait donc retourner dans sa cellule. Voilà une preuve que Marcello n’avait pas fait semblant d’être amnésique pour échapper à sa peine, sinon il aurait continué à jouer le jeu jusqu’au bout.
En retournant dans sa cellule, il réalisa que les visages qui l’entouraient lui étaient maintenant un peu plus familiers, mais il ne se rappelait pas quand avoir rencontré ces personnes, depuis combien de temps il les connaissait, ni quels étaient les liens qui les unissaient.
- Ça s’est bien passé ? lui demanda Liam.
- Oui, ça va. Je commence à me rappeler de certaines choses.
- Super ! On va enfin récupérer notre pepperoni, il commençait à nous manquer…
- Votre quoi ? demanda Marcello.
- Ouais, ton pepperoni plutôt, fit remarquer MT, en même temps.
Liam fit semblant de ne pas avoir entendu ce que MT avait dit, et répondit à Marcello à la place.
- Euh, laisse tomber Loulou, c’est un truc entre nous.
- Un truc entre nous ? Mais euh, dis-moi… Liam… est-ce qu’on est euh…, hésitait Marcello, gêné.
- Oui ? l’encouragea Liam.
- Bah tu sais… est-ce qu’on est genre… ensemble ? Non parce que je dois t’avouer que j’aime bien la petite docteure rousse, là, elle est bien sympathique…
Liam ne répondit pas. Il perdit son sourire, et ses épaules s’affaissèrent un peu, là, assis sur le banc de la cellule, sans qu’il ne s’en rende compte. MT regardait l’interaction, du coin de l’œil, sans rien dire.
- Euh bah, non…, commença enfin à répondre Liam, après un certain temps, tout en évitant le regard de Marcello.
Seulement, avant qu’il ne puisse lui expliquer, que non, ils n’étaient pas ensemble, et qu’il pouvait bien faire ce qu’il voulait avec Vanessa, grand bien lui fasse, MT intervint soudainement.
- Roh putain Luigi… Me dis pas que t’as oublié refré ?
- Euh… Oublier quoi ?
Liam se tourna alors vers le boss, interrogateur, car lui non plus ne voyait pas de quoi voulait parler MT. Si Marcello avait vu le froncement de sourcils de Liam, il aurait pu se poser plus de questions sur ce qu’allait dire MT, et éventuellement remettre en cause ses paroles, mais son regard était fixé sur le chef des Families. Ce dernier avait un air sérieux, presque choqué, choqué que Marcello ait pu oublier ce dont il allait parler. Néanmoins, quiconque l’observait d’assez près et le connaissait un minimum pouvait voir le frémissement des lèvres de MT, qui se retenait de rire. Liam le vit, mais c’était trop tard. MT allait sortir une énorme connerie et il ne pouvait rien faire pour l’en empêcher.
- Bah Marcello ! T’as épousé Liam j’te rappelle ! Vous êtes mariés !
Liam ne savait vraiment pas où MT allait chercher toutes ses idées farfelues. Marcello était bouche bée, il ne revenait pas de ce que MT venait de lui révéler. Car oui, il semblait croire ce que MT disait. Liam devait s’empresser de rectifier la situation, avant qu’elle ne devienne encore plus ridicule et gênante.
- Non mais…
Seulement, son boss plaqua alors une main contre sa bouche, l’empêchant ainsi de parler.
- La ferme, Lili… chut. T’énerve pas contre Marcello, mon reuf. Je sais que t’es sans doute déçu et triste qu’il ait oublié votre mariage, qui était pourtant absolument génial, j’étais le témoin je le rappelle, mais oublie pas qu’il est amnésique ! C’est pas sa faute ! Regarde, il m’a oublié moi aussi, alors que je suis un super boss, et qu’il m’adore, mais je suis pas vexé ! Il fait pas exprès !
Liam le dévisagea, estomaqué. Il n’arrivait pas à savoir si MT était un génie incompris, ou qu’il aimait juste foutre le bordel, par pur plaisir. Liam allait protester, rétablir la vérité, il ne voulait pas mettre Marcello dans l’embarras. Ils n’étaient pas mariés, ils n’étaient même pas ensemble, contrairement à ce qu’insinuait MT tout le temps. Mais avant qu’il ne puisse dégager la main de Twain de sa bouche, pour pouvoir s’exprimer, Marcello répondit, un air réellement abattu sur le visage :
- Oh bordel… Je suis désolé… J’ai tout oublié…
- Marcello-, commença Liam, avant d’être interrompu à nouveau par MT.
- T’inquiète Luigi, il t’en veut pas du tout, il sait jamais être en colère contre toi longtemps.
Liam lui lança un regard de travers, il allait commencer à s’énerver si MT ne le laissait pas répondre et rétablir la vérité. Il fallait absolument cesser cette mascarade avant que ça n’aille trop loin.
- Laisse-moi parler, bordel, MT !
Etonnamment, MT se tut. Peut-être avait-il compris que sa blague allait un peu trop loin, et qu’il fallait l’arrêter maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, avant que Marcello ne se prenne pour son mari, et se mette à l’appeler par des petits noms, ce qui ne le réjouissait pas du tout, et ne faisait pas du tout battre son cœur plus vite rien qu’à l’imaginer. Il se tourna de nouveau vers l’Italien, qui avait toujours cet air inquiet sur le visage, comme s’il avait peur d’avoir sincèrement blessé Liam.
- Marcello, on n’est…
Il avait l’air si vulnérable comme ça, presque recroquevillé sur lui-même de honte d’avoir oublié son propre mari ! Il était vraiment adorable, comme ça. Tellement adorable que…
- T’es…
Est-ce que Marcello l’avait déjà regardé comme ça, avant ? Et si…
Ce n’était qu’une blague après tout.
Une toute petite blague, comme les Families avaient tout le temps l’habitude d’en faire.
Une blague qui n’avait aucune raison de dégénérer…
Oh.
Et puis, merde.
- T’inquiète pas Marcello. Je t’en veux pas, d’avoir oublié. Je te pardonne.
Suite à cette phrase, Marcello lui répondit par un petit sourire rassuré, alors que MT était sur le point d’imploser de rire.
Liam ira en enfer.
Notes:
J'espère que ça vous a plu ! Y'aura une suite mais je sais pas quand, allez bisouuuuuuuuuuuuuuuus
Chapter 2: Vive les mariés !
Summary:
MT et Liam rafraîchissent la mémoire de Marcello. Marcello pose trop de questions.
Notes:
Et voilà le deuxième chapitre qui arrive beaucoup plus rapidement que prévu ! Pour tout vous avouer, j'étais partie sur une fic plutôt courte au départ, genre 2/3 chapitres, mais finalement ça va être plus long que prévu... pour votre plus grand bonheur (ou pas). En tout cas moi je m'amuse bien à écrire mes bêtises.
Bref, c'est très con, et très niais.
Bonne lecture !
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Ça faisait à peu près cinq minutes que Marcello regardait dans le vide, ou plus exactement regardait le mur blanc sale de la prison, sans rien dire. Il réfléchissait, à toutes les révélations qu’on venait de lui faire, au fait qu’il faisait partie d’un gang, qu’il était un criminel, qu’il avait quitté son pays natal, et surtout qu’il était marié. Marié, bordel de merde. A un Irlandais. Roux. Qui jurait sans arrêt, tutoyait tout le monde, et sortait des « mon pote » à tout va, même aux flics. Soit. Il pouvait deviner ce que le Marcello qui avait tous ses souvenirs lui avait trouvé. Liam était drôle, il parlait beaucoup, Marcello aimait bien l’entendre déblatérer toutes sortes d’histoires, il aimait le son de sa voix, elle lui était familière et le rassurait en quelques sortes. Et pour être honnête il était plutôt à son goût. Marcello rougissait, rien que d’y penser. C’était complètement con, de se sentir gêné d’être attiré par son propre mari. Mari. C’était tellement étrange. Il n’arrivait pas à s’habituer, au terme, à l’idée d’être marié. Marcello n’arrivait pas encore à réaliser. Est-ce qu’il était le genre de type à se marier ? Le genre de type à s’engager ? A exprimer tout son amour pour une personne en récitant ses vœux devant une assemblée de personne ? A dire « oui, je le veux » ? A s’échanger les bagues ? Tiens, d’ailleurs…
- Mais dites… Si on est mariés, pourquoi est-ce qu’on n’a pas d’alliances ? demanda Marcello, brisant le silence presque religieux, en observant ses propres mains, et celles de Liam.
Liam et MT se regardèrent un instant. Ok, c’était drôle, mais Liam ne savait pas s’il allait pouvoir tenir le mensonge bien longtemps. Il n’aimait pas mentir, encore moins à Marcello.
- Euh…, commença à répondre Liam.
- C’est parce que vous avez peur de les perdre, vous les enlevez toujours avant un gros coup, comme ça, expliqua MT.
MT mentait comme il respirait, c’était effrayant. Et surtout, il arrivait à sortir ces excuses et ces histoires bidons beaucoup trop rapidement pour qu’il n’y ait pas déjà pensé avant, au moins une fois. Liam l’interrogerait plus tard.
- Ah. Oui, c’est pas con, approuva Marcello.
Liam soupira de soulagement, discrètement. Marcello était facile à convaincre. C’était presque trop facile, d’ailleurs. Pourquoi est-ce qu’il ne remettait pas plus en question l’idée qu’il soit marié à Liam ? Pourquoi est-ce que ça ne lui posait aucun problème, d’avoir épousé un type comme lui ? Enfin, c’était probablement parce qu’il ne se souvenait pas de Liam. Il ne se souvenait pas de ses blagues de merde, de ses blablas incessants, et de sa voix qui montait trop vite dans les aigus. Il s’en rendrait probablement compte bientôt, quand sa mémoire lui reviendra, et il réalisera qu’il était tout simplement impossible qu’il ait pu se marier avec Liam. Autant en profiter tant qu’il y croyait. Liam secoua la tête à cette pensée. Pourquoi voulait-il en profiter ? Ce n’était pas comme s’il voulait jouer au parfait petit couple avec Marcello. C’était complètement stupide.
La voix de la personne qui occupait toutes ses pensées actuellement le sortit de sa rêverie.
- Et du coup on s’est mariés quand ?
Liam voyait que MT était prêt à répondre à nouveau (ça devenait vraiment bizarre, qu’il réponde à toutes ces questions aussi rapidement), mais il lui lança un regard pour lui faire comprendre de le laisser parler. C’était de son mariage qu’on parlait après tout.
Liam commençait peut-être à prendre tout ça un peu trop au sérieux.
- Oh euh, ça fait pas très longtemps, c’était en février. Tu voulais de la neige à ton mariage. Parce que t’adores ça.
Pourquoi est-ce qu’il rajoutait autant de détails ? Non, il avait raison, il fallait des détails, ça devait être crédible. Cette histoire allait finir par le rendre fou.
- Oh. Oui c’est vrai que j’aime bien la neige. Enfin je crois. Et il a neigé du coup ?
- Ouais, ça a pas arrêté de la journée. C’était tout blanc. C’était… super beau. Même si on se les caillait. MT a jamais autant râlé de sa vie.
Marcello lâcha un petit rire, suite à cette dernière remarque. Il avait un regard étrange, comme s’il fouillait dans sa mémoire, désespérément, à la recherche de ce souvenir. Un souvenir qui n’existait pas. Liam s’en voulait. Pourquoi est-ce qu’il était rentré dans le jeu de MT ? Quelle idée de merde.
Le pire, c’était que Liam arrivait parfaitement à s’imaginer la scène, lui, même si elle n’avait pas eu lieu. Il ne savait pas ce que ça voulait dire. Il ne préférait pas y penser.
Marcello avait tellement d’autres questions à poser. MT le voyait bien, c’est pour ça qu’il le relança, au grand dam de Liam.
- Vas-y Luigi, on voit bien que t’as d’autres trucs à demander.
Ledit Luigi hésita un instant, avant de se lancer.
- Et du coup… ça fait combien de temps qu’on est ensemble ?
- 6 ans, répondit Liam, du tac au tac.
- 10 mois, répondit en même temps MT.
Les deux se regardèrent une fraction de seconde, avant de reprendre, d’une même voix :
- 6 ans et 10 mois.
- Oh euh, wow… C’est… précis. Et ça fait un moment. MT tu m’as l’air vachement impliqué dans notre mariage, quand même, fit remarquer Marcello, sur le ton de l’humour.
- Bah ouais mes reufs, vous êtes tous les deux mes petits caramels.
- Tes… tes petits… quoi ? demanda Marcello, tandis que Liam s’étouffait avec la bouteille d’eau que les flics lui avaient fournie.
Cette situation le faisait suer à grosses gouttes, il allait finir par se déshydrater, et MT semblait vouloir l’achever avant qu’il ait pu sortir de cette cellule.
- Laisse tomber, Luigi, tu comprendras quand ça te reviendra. Mais bref, tout ça pour dire qu’évidemment que je suis super impliqué ! J’ai cru que ça arriverait jamais alors que vous agissiez déjà tout le temps comme un vieux couple marié, les gars…
En entendant ça, Liam croisa les bras sur son torse, ronchonnant :
- J’vois pas d’quoi tu parles MT.
- Ouais c’est ça. Même maintenant, alors que vous êtes mariés, tu fais encore semblant ? C’est bon, on le sait que vous êtes dingues l’un de l’autre, pas besoin de faire genre.
Pourquoi est-ce que Liam avait l’impression que MT disait ce qu’il pensait vraiment ? Il leur faisait tout le temps des blagues et des allusions sur ça mais ce n’était pas vraiment sérieux… n’est-ce pas ?
- Ta gueule MT, tu vas le gêner. Tu vois bien qu’il se rappelle de rien.
- Non mais je veux me souvenir justement, continue MT !
Et maintenant Marcello encourageait le boss ! Liam avait envie de se frapper la tête contre le mur.
- Mais c’est bizarre, reprit Marcello, pourquoi est-ce que le docteur Martoni m’a pas parlé de ça ? C’est quand même un élément important de ma vie… si elle voulait que je retrouve la mémoire, elle aurait dû me le dire, que j’suis marié, bordel !
- Parce que…tout le monde le sait pas. On a fait une cérémonie en petit comité. Et on l’a pas crié sur tous les toits.
- C’est pas paru dans le journal ?
Il allait finir par le tuer. Pourquoi est-ce qu’il était aussi perspicace ?
- Les journalistes de Weazel News sont nuls, ils ont oublié, inventa MT.
- Ils ont oublié ??
- Ouais, ils sont vraiment cons, haha, ajouta Liam.
Haha.
- Ok…je vois… On est quand même vachement discrets si personne l’a su en ville.
- Ouais, on est hyper discrets comme mecs, Luigi. Personne nous remarque. On est un peu des ninjas, tu vois. Pas comme ces connards de Vagos qui gueulent tout le temps.
Si MT en faisait trop, Marcello allait finir par se poser des questions. Enfin, encore plus de questions.
- Mais c’est pas écrit sur notre dossier chez les flics et les médecins, ou je sais pas quoi, un truc comme ça ?
- Euh…
Même MT commençait à être à court de réponse.
- Tu sais Marcello, je vais finir par croire que tu ne veux pas être marié à moi, et que tu cherches toutes les raisons possibles… Je sais bien que tu t’en souviens pas, mais bon…
Il ne savait pas ce qui lui avait pris de dire ça. Cette blague aurait pu se terminer rapidement, car Marcello aurait fini par trouver qu’il y avait effectivement quelque chose qui clochait dans cette histoire de mariage. Alors, Liam avait sorti la première connerie qui lui était venue à l’esprit. Parce qu’au fond de lui, ça lui plaisait. Ça lui plaisait, cette situation, cette vie, où il était marié à Marcello.
Oh. Liam venait de réaliser quelque chose. Peut-être… que c’était possiblement… envisageable… d’imaginer… qu’il était… un tout petit peu… mais vraiment un peu seulement… amoureux de Marcello. Merde.
- Non, je suis désolé ! Encore une fois… J’ai l’impression que je fais que de te blesser, je suis vraiment nul. Tu dois t’en vouloir d’avoir épousé un stupido comme moi. Je veux juste… enfin…
En disant cela, Marcello s’approcha de lui, et s’abaissa à son niveau, car il était toujours assis sur le banc. Il lui prit les mains, qui étaient posées sur ses genoux, et les serra entre les siennes, en le regardant dans les yeux. Liam avait du mal à soutenir son regard.
- Je veux me souvenir de toi.
Liam écarquilla les yeux. Son cœur avait manqué un battement. Il pensa qu’on ne lui avait jamais dit quelque chose comme ça. Quelque chose d’aussi beau, dit d’une façon si sincère, si honnête que ça lui faisait mal au ventre, de se dire que tout ça n’était qu’une mise en scène. Une situation qui n’aurait jamais dû arriver, des mots qui n’auraient jamais dû être prononcés.
Alors qu’il allait ouvrir la bouche pour répondre, même s’il ne savait pas trop quoi dire, ils furent interrompus.
- Bon, vous allez pouvoir sort… Euh… je dérange, peut-être ?
L’officier Rixzy se tenait à l’extérieur de leur cellule, clé en main pour leur ouvrir la porte, mais il s’était arrêté en plein mouvement en voyant ce qui se passait. Liam devint de la même couleur que ses cheveux, alors que Marcello ne bougeait pas, pas le moins du monde gêné. Le rouquin sentait que ses paumes devenaient moites, et il voulut les retirer, mais Marcello resserra ses mains autour des siennes, pour l’en empêcher.
- Oui vous dérangez, monsieur l’agent, répondit Marcello.
- Tu vois pas que tu perturbes ses retrouvailles émouvantes avec son mari, mec ?
Liam allait tuer MT.
- Ah euh, désolé, je peux peut-être repasser plus tard, enfin, c’était pour venir vous libérer, quoi, donc… Attendez… Comment ça son mari ?
- Ouais, son mari. Pourquoi t’as un problème avec ça mon reuf ?
- Ah non, non pas du tout, je me demandais juste pourquoi le LSPD avait pas été invité au mariage quoi, ça aurait pu être sympa de glisser une invitation…
- T’es sérieux refré ? On n’allait pas inviter les keufs.
- Oh bah c’est dommage ça, j’adore les mariages, surtout les mariages a-mé-ri-cains !
- Ouais bah c’était un mariage italo-irlandais, mon pote, répondit Liam, qui avait enfin retrouvé l’usage de la parole.
- Ah ouais ? Ça consiste en quoi ?
Le pire, c’était que Rixzy avait l’air sincèrement intéressé. Liam se retint de rire de toutes ses forces. Malgré lui, il commençait à trouver la situation un peu trop amusante.
- Ah, tu sais, le menu était principalement constitué de pizzas, et à la place du champagne c’était de la bière. Et à la fin, au lieu de jeter du riz, on jette des coquillettes.
- Ah ok, ok… C’est un peu bizarre non ?
- J’te permets pas, mon pote ! Parce que jeter du riz ça te paraît plus logique peut-être ? Pourquoi on fait ça d’abord ? Et la mariée qui jette son bouquet en l’air pour que la personne qui l’attrape soit la prochaine à se marier, c’est pas hyper chelou aussi ??
- Ok, désolé, désolé, je voulais pas vous énerver m’sieur Dunne !
- Ouais je préfère ça, ouais.
Il y eut un court silence, que Marcello finit par briser, en chuchotant :
- Attends… on a vraiment fait ça ?
- Ouais je te raconterai, c’était vraiment super, on s’est bien amusés. A la fin on a fini par un feu d’artifices de cocktails molotov, c’était magnifique. Voilà, c’est pour ça qu’on pouvait pas inviter le LSPD, m’sieur l’agent ! On aurait fini en cellule, pas top pour une lune de miel !
- Oh, non, j’pense qu’on aurait pu être indulgents pour cette fois, après tout c’est votre mariage, chacun ses traditions. Tant que personne n’est blessé, vous savez, moi…
- Oh j’irais pas jusque là, y’en a peut-être un ou deux qui a fini à l’hôpital… Mais rien de grave bien sûr ! En tout cas, je prends note, je vous inviterai à mon prochain mariage !
Marcello prit un air outré.
- Comment ça ton prochain mariage ??
- Je rigole Loulou, c’est une blague !
- J’espère, ouais…
Décidément, Marcello avait très vite accepté ce mariage qui sortait de nulle part. Peut-être… peut-être que Marcello, ce nouveau Marcello, qui ne le connaissait pas vraiment, qui avait perdu ses souvenirs, pouvait tomber amoureux de Liam. Peut-être que s’il était persuadé d’être déjà marié à lui, il finirait par se convaincre lui-même de l’existence de ses sentiments. C’était idiot, de penser ça. Liam devait s’ôter cette idée de la tête. Bientôt, l’Italien retrouverait ses souvenirs, et la supercherie prendrait fin. Le mariage prendrait fin. Liam ne devait pas se raccrocher de la sorte à cette situation, à ce faux mariage, cette fausse cérémonie, cette vie qui n’existait pas, et n’existerait jamais. À part dans ses rêves, peut-être.
- Bon, je vais quand même vous faire sortir, vous avez de la chance, pas de fédérale pour vous aujourd’hui. Le capitaine doit être de bonne humeur.
- Capitaine et bonne humeur, ça va pas ensemble dans la même phrase ça, Rixzy.
- Hmm… vous avez pas tort… Mais bon, profitez-en tant que ça dure !
Il ouvrit la porte, et les trois purent enfin sortir. Ils se dirigèrent vers les vestiaires, afin de troquer leurs tenues de prisonniers contre leurs vêtements normaux, sauf qu’ils avaient oublié un détail… Ils étaient arrivés ici habillés en jaune. En Vagos.
- Ah. Ah oui, j’avais oublié ce détail, tiens, dit Liam.
- Oh putain… Ça va être marrant de traverser la ville comme ça, les mecs. A pieds.
- Ouais, ouais… super drôle même. Putain quelle idée de merde.
- On en a souvent des idées de merde comme ça, d’ailleurs ? s’enquit Marcello.
- Nous ? Naaaaan, jamais. C’est pas dans nos habitudes. En général, on a que des super plans, qui foirent jamais.
- Je sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que c’est de l’ironie…
- T’inquiète, on arrive toujours à s’en sortir. Plus ou moins.
Accompagnés de l’officier Rixzy, ils sortirent du commissariat. Ils se mirent alors en route vers leur quartier, en essayant de se dépêcher, ce qui n’était pas chose aisée pour MT. Seulement, à peine quelques mètres furent parcourus, Liam sentit la main de Marcello se glisser dans la sienne.
Il s’arrêta, pour baisser les yeux vers leurs deux mains entrelacées.
- Euh désolé. J’me suis dit que c’était peut-être quelque chose qu’on faisait, et que du coup ça m’aiderait à me souvenir en même temps, et puis, enfin… euh… ouais…, s’expliqua Marcello, se perdant dans ses excuses.
Il lâcha sa main. Liam le regarda un instant. Ce n’était pas possible, Marcello n’avait pas seulement perdu la mémoire. Il avait été remplacé par un sosie pendant qu’il gisait sous le camion de pompier, il n’y avait pas d’autres explications. Marcello se remit en marche, partant devant, comme s’il fuyait Liam, qui était resté planté là. Il resta planté comme un piquet tellement longtemps que MT eut le temps de le rattraper.
- Mec.
- Ouais ?
- Je te jure que si tu le rattrapes pas, j’te démonte ta tête d’Irlandais. J’ai pas fait tout ça pour rien bordel !
- Mais tout ça quoi, MT ? Qu’est-ce que tu fous au juste ? Tu te rends compte de la situation dans laquelle tu nous as mis là ?
- J’vois pas de quoi tu parles. Fais pas genre, t’as sauté sur l’occasion aussi. Tu me remercieras, j’te l’dis, conclut MT.
MT donna une tape dans le dos de Liam, puis se remit en route.
- Connard.
Liam soupira. Puis il se précipita pour rattraper Marcello. Ce qui était fait était fait. Il affronterait les conséquences de ses actions plus tard.
Ce que l’officier Rixzy n’avait pas dit, c’était que les Vagos avaient également été libérés, et en même temps qu’eux. Lorsqu’il retrouva Marcello, il était arrêté, visiblement en train de discuter avec eux. Avec des grands gestes des mains, comme il savait si bien le faire. Ça, ça ne s’oubliait pas. C’était quelque chose qui faisait toujours sourire Liam. Quelque chose qu’il appréciait particulièrement chez lui, à quel point il était expressif dans sa façon de parler. Il s’approcha, pour entendre sur quoi la discussion portait. Le boss des jaunes avait les bras croisés sur son torse, comme à son habitude, et il semblait agacé.
- Non mais en fait, je me souviens pas de vous, ça sert à rien de me dire 8000 fois qui vous êtes. Enfin, j’ai compris, vous êtes les Vagos, vous êtes habillés en jaune, et on s’aime pas. Mais c’est tout ce que je sais.
- Ok, on va dire que je te crois, et que c’est pas une nouvelle tentative de ton p’tit rigolo de boss pour me faire chier.
- Mais-
- N’empêche que, le coupa Lenny, ça explique pas pourquoi vous portez encore nos couleurs. Vous avez pas compris la leçon, la première fois ?
- Encore une fois, on n’allait pas sortir à poil de la prison, expliqua Marcello calmement.
Lenny tiqua. Il commençait à en avoir marre qu’on lui réponde.
- T’as toujours réponse à tout, hein, Marshamallow ? Mémoire ou pas, ça a pas changé.
- Marcello, le corrigea-t-il.
- Pardon ?
- Mon nom, c’est Marcello. Pas Marshmallow.
- Ah ouais ? C’est marrant, parce qu’on a déjà eu cette conversation. Tu faisais moins ton p’tit malin, à l’époque, Marshmallow, finit-il en appuyant son index sur le torse de Marcello, en même temps qu’il appuyait sur le surnom ridicule, et en le poussant légèrement. Tu t’es senti poussé des couilles, depuis ? Ou c’est parce que t’as oublié que t’en n’avais pas ?
Liam ne savait pas s’il se rendait compte qu’il parlait au boss des Vagos, ou s’il s’en fichait, mais Marcello se saisit de la main de Lenny pour la dégager.
- Je me souviens pas de ce dont tu me parles. Ça devait pas être très important, de toute façon. Mais mon nom, c’est Marcello, je le répéterai pas une troisième fois. Excuse-moi, mais t’es qui déjà ?
Lenny haussa les sourcils. Même lui n’avait pas l’habitude de ce genre de discours de la part de l’Italien, lui qui était plutôt diplomate et qui ne cherchait pas le conflit en temps normal.
Liam voyait bien que ça allait dégénérer, il fallait faire quelque chose. Pour une fois que ce n’était pas lui qui avait le sang chaud. Ça lui allait bien, à Marcello. De s’énerver un peu. Il ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça sexy. Liam voulut se secouer la tête pour s’enlever ces pensées de la tête, parce que ce n’était pas vraiment le moment, mais il se dit qu’il aurait l’air ridicule, alors il se contenta de se pincer légèrement le bras. Il devait agir, il ne pouvait pas compter sur MT qui semblait observer la scène de plus loin. S’il en avait sous la main, il serait en train de manger du pop-corn.
Lenny était en train de serrer les poings, tandis que Kim qui se tenait un peu en arrière, s’était mise à jouer avec son couteau. Miguel, qui n’était jamais dans l’excès, avait sorti son uzi, et Haylie restait silencieuse, sans rien faire, mais c’était pourtant bien d’elle que Liam se méfiait en particulier. Elle avait l’air calme, comme ça, mais elle les avait bien rafalés il y avait à peine quelques heures.
Comme d’habitude, ils étaient en infériorité numérique, parce que QUELQU’UN avait décidé de n’être jamais là quand on avait besoin d’elle, et que Thomas avait encore disparu, probablement avec Julien. Il faudrait peut-être qu’ils aient une discussion avec lui un jour.
Liam soupira. Il avait bien une idée, même si elle ne ferait que le ridiculiser, une nouvelle fois. Bah. Il avait l’habitude.
Il s’approcha de Marcello, et des jaunes. Ils se regardaient toujours en chiens de faïence. Il se décida à passer son bras autour de la taille de Marcello, le glissant sous sa doudoune jaune, qui était ouverte.
- Oh ! Qu’est-ce qui se passe ici ? Tout va bien les gars ? T’as pas chaud comme ça, bébé ?
Toute la tension retomba comme un soufflé. Les quatre Vagos dirigèrent lentement leurs regards vers Liam, qui avait l’air aussi innocent que possible, ce qui n’était pas facile, et aussi amoureux que possible, ce qui était très facile. Kim en lâcha presque son cran d’arrêt, la bouche légèrement entrouverte.
- Euh… On a raté un épisode là non ? demanda-t-elle.
- Comment ça ? demanda Liam, un air de défi dans le regard.
Evidemment, si quelqu’un pouvait tout faire foirer, c’était les Vagos. Ils s’en feraient même une joie.
- Bah… Enfin… Vous savez ? Vous deux, là ?
- Ah, oui, on vous a pas dit c’est vrai. Enfin, il me semblait que j’avais envoyé le faire-part quand même. Mais bon, il a dû se perdre en arrivant chez vous, dans la merd… ‘fin le facteur a dû le perdre quoi. Et puis, c’est peut-être pas une si mauvaise chose que vous soyez pas venus, finalement. Après tout, vous nous avez pas invités à votre mariage non plus. J’en suis encore vexé, d’ailleurs. On avait déjà les tenues, avec les bonnes couleurs, et tout. Bref. Ça va sinon ?
- Euh… Bah… Oui… Enfin non, pas vraim-
- Bon bah c’est super, on va y aller nous ! Allez à plus les gars, c’était lourd de se faire trouer par vous ! On s’appelle on se fait une bouffe ? Allez, on dit rendez-vous lundi en huit. Salut !
Puis, toujours collé à Marcello, Liam s’empressa de se remettre en route. En partant, ils pouvaient entendre le ton interloqué de Lenny et Kim.
- Mais comment ça ils sont mariés…
- Mais déjà depuis combien de temps ils sont ens-
Liam ne put entendre la fin de la phrase, puisqu’il se dépêcha d’éloigner Marcello.
- Haha, vraiment sympas ces Vagos, hein ? Allez, on rentre. Le chat doit avoir faim.
- Le chat ?
- Oui le chat, Marcello. Le chat. On parle de notre fille là, quand même. Me dis pas que tu l’as oubliée aussi ? Que tu m’oublies, moi, je te pardonne, mais pas Pitch, Marcello, je le supporterai pas !
- Non, non, je l’avais pas oubliée. Absolument pas.
- Je peux voir quand tu mens, Marcello.
- Bon ok, je l’avais oubliée. Je suis amnésique, au cas où t’avais oublié, stupido ! Tu vas me faire me sentir mal, bordel…
Le temps de la discussion, ils étaient arrivés au quartier. Liam regarda en arrière. Ils avaient perdu MT en route. Oups.
- Ecoute, reprit Liam, tant que Pitch se rend pas compte que son père se souvient plus d’elle, ça devrait aller. Alors fais bien gaffe, parce que si tu la rends triste, je demande le divorce !
Liam pouvait voir que Marcello se retenait de rire. Liam souriait, lui aussi. Il le regardait, peut-être avec un peu trop d’insistance, puisque Marcello finit par détourner les yeux.
- Arrête de me regarder comme ça, c’est gênant. Qu’est-ce que t’as ?
- Rien. T’es mignon, c’est tout.
C’était sorti tout seul.
- T’es con.
- Super ça Marcello, super ! J’te fais un compliment et tu me dis que j’suis con !
Marcello leva les yeux au ciel, comme il avait l’habitude de le faire quand Liam racontait un peu trop de conneries. Certaines habitudes ne pouvaient pas s’empêcher de revenir, même sans ses souvenirs. Liam s’était trompé. Il était toujours le même. Son Marcello.
- Ok, désolé. T’es pas con.
- Nan, nan, c’est trop facile, ça. Si tu veux que je te pardonne, va falloir faire quelque chose.
- Euh…
Liam vit dans les yeux de Marcello qu’il pensait à autre chose que lui.
- Mais non ! Pas ça ! Je parlais de m’embrasser !
Quel esprit pervers. Jamais Liam ne penserait à ça. Bon, il profitait quand même un peu de la situation, mais juste un tout petit peu, vraiment. Après tout, c’était normal pour des époux de s’embrasser, non ? Ce serait même bizarre si ça n’arrivait pas !
Liam n’était pas du tout en train d’essayer de se convaincre lui-même.
- Ah !
Sans une once d’hésitation, Marcello plaça une main derrière la tête du rouquin, une autre en bas de son dos, et l'attira à lui pour l’embrasser. Au bout d’un moment, Il se recula, et le regarda dans les yeux.
- Content ?
- Très.
Ils restèrent là, quelques secondes, à se regarder dans les yeux comme deux crétins amoureux, jusqu’à ce qu’une voix féminine ne se fasse entendre. Bruyamment.
- Oh !! OH !!! NON MAIS JE REVE ?! MES YEUX !! MES PAUVRES YEUX !!!
Ils se détachèrent l’un de l’autre, pour se retourner vers la propriétaire de cette voix.
- Eh, merde. On n’a pas fini d’en entendre parler, murmura Liam, pour lui-même.
- Euh, c’est qui ? demanda Marcello, qui était perdu.
- Comment ça, c’est qui ? Tu veux que je te mette une droite ou quoi ? La dernière fois, ça s’est pas bien passé pour toi, j’te rappelle !
- Non mais désolé mademoiselle mais je-
- Mademoiselle ? Mais tu me prends pour qui ?
- Béné, l’arrêta Liam. Il est amnésique. Il a une commotion cérébrale. Il se souvient de rien.
- Ah ouais ? Il s’est souvenu du chemin jusqu’au fond de ta gorge, pourtant.
Liam et Marcello eurent la décence de rougir.
- Putain Bénédicte !
- Elle est toujours comme ça ? demanda Marcello, la voix basse.
- Ouais, malheureusement.
- Je suis toujours là hein !
- On a remarqué. Difficile d’ignorer ta présence, en même temps, souligna Liam, narquois.
- Oh putain. Oh putain, j’vais m’le faire, répondit Bénédicte, en retroussant les manches de son sweat à capuche, qui était d’ailleurs très haut en couleur.
Marcello put voir les nombreux tatouages sur ses bras. Il ne se souvenait pas de qui était cette fille, mais il l’aimait déjà bien. Ah, et elle lui faisait un peu peur aussi.
Bénédicte se jeta à la poursuite de Liam, qui se mit immédiatement à courir. Bon. Il n’avait peut-être pas épousé le plus courageux. Enfin, au moins il était rapide, se disait Marcello, en restant sur le côté pour observer la scène, comme on regardait un documentaire animalier.
- Ah tiens Luigi, j’vois que t’as rencontré Béné.
Marcello sursauta.
- Bordel boss ! Tu m’as fait peur !
MT se marra.
- Ouais, je l’ai rencontrée. Enfin, on va dire ça comme ça. Pour l’instant elle m’a surtout crié dessus, et menacé. Mais tranquille, franchement elle a l’air sympa, ironisa Marcello.
- T’inquiète. Tu vas l’adorer, lui assura son chef.
MT regardait lui aussi Liam et Bénédicte se battre, comme des enfants. Il avait un petit sourire en coin, qui ne laissait rien présager de bon.
Marcello commençait sérieusement à se demander où il avait atterri.
Notes:
Voilà, j'espère que vous avez aimé ! Bisouuuuuuus
Chapter 3: Tous nos vœux de bonheur
Summary:
Bénédicte et Liam ont une discussion.
Notes:
Eh oui, déjà le chapitre 3 ! Beeaaauuuucoup de dialogues dans ce chapitre !
J'ai rien d'autre d'intéressant à vous dire alors bonne lecture !
PS : je sais pas si j'ai bien écrit Bénédicte, je l'ai très peu vue mais je fais comme je peux oki, si ça se trouve c'est complètement OOC oskourCW : euh mention de quelque chose NSFW ? mais c'est vraiment trèèès léger
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
- Bon, c’est bon vous avez fini vos gamineries ? demanda MT, en s’approchant de Liam et Bénédicte, qui se trouvaient tous les deux allongés à même le macadam, à bout de souffle.
Ils s’étaient battus comme des enfants pendant environ dix minutes, à coup de tirages de cheveux et de pinçages. Bon, et puis, quelques droites étaient parties aussi. Heureusement qu’ils savaient esquiver. Plus ou moins. Et heureusement qu’ils n’avaient pas sorti leurs couteaux. Alors que MT se plaçait juste au-dessus d’eux pour les regarder de haut, Bénédicte se releva rapidement, sautant presque sur ses pieds, et manquant de se cogner contre son boss.
- Béné…
- Oups.
- Ouais c’est ça oups, ouais. J’t’en foutrais du oups.
- Oh ça vaaaa chef, t’es plus solide que ça quand même ! Je suis sûre que j’arriverais pas à te faire mal même si je frappais très fort.
- Hm.
MT n’agissait pas encore avec Bénédicte comme il le faisait avec Liam et Marcello. Elle les avait rejoints depuis un certain moment maintenant, mais c’était compliqué d’accorder sa confiance à de nouvelles personnes, pour lui. Même pour Lili et Luigi, il était allé trop vite en besogne. Ça aurait pu être une erreur qui lui aurait coûté très cher, les deux auraient pu se retourner contre lui, le donner en pâture en Vagos. Mais, MT n’avait pas eu le choix. Il se devait de faire confiance à ces deux gars, parce qu’il avait désespérément besoin de personnes dans ses rangs. Ces rangs qui se trouvaient tristement vides, il n’y a encore pas si longtemps que ça. Alors, avec Bénédicte, il voulait construire quelque chose de sûr, de solide, de stable. Il voulait rebâtir les Families de zéro, redorer leur blason, leur rendre leur splendeur d’antan. Ils voulaient que ses frères et sœurs soient fiers de lui, là-haut. Fiers d’eux.
Bon, en réalité, il faisait déjà confiance à Bénédicte. Mais il ne voulait pas qu’elle le sache, il préférait qu’elle croie l’inverse, ou presque, parce que sinon, il savait qu’elle deviendrait insupportable. Il entendait déjà sa voix lui crier :
« Je le savais chef, depuis le début tu m’adores, tu faisais juste semblant ! »
Il en avait mal à la tête, rien que de l’imaginer. Non, il valait mieux qu’elle continue de penser qu’il ne lui faisait pas entièrement confiance, encore quelques temps au moins. Et puis là, cette histoire de mariage, ça allait l’occuper un certain moment, il en était sûr.
- Du coup ? C’est bon ? Vous pouvez vous remettre au travail ? demanda-t-il.
Bénédicte lui lança un regard scandalisé. Liam était toujours à terre, un bras sur ses yeux, pour se protéger du soleil. Il ne semblait pas vouloir bouger de sitôt. La jeune femme regarda par-dessus l’épaule de MT, puis se recentra sur son visage. Il se tourna, voulant voir ce qu’elle trouvait de si intéressant derrière lui. Ah. Marcello. Il n’avait pas bougé depuis tout à l’heure, on aurait dit qu’il n’osait pas s’avancer plus, comme s’il ne voulait pas les interrompre, les déranger. Bénédicte s’approcha de MT, et parla à voix basse, entre ses dents.
- Non mais, chef !
C’était un talent assez impressionnant de savoir crier en chuchotant.
- On peut pas se remettre à bosser, là, y’a trop de trucs qui se passent ! On a un mariage à gérer !
- Quoi ? Nan, nan, le mariage est déjà géré hein. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, etc, etc. Fin de l’histoire.
- Quoi ? s’enquit Liam, en se relevant légèrement.
- Rien, Lili.
- Mais non trop pas ! Y’a plein d’autres trucs à régler ! Imagine il pose une question sur… euh… le gâteau tiens ! s’emporta Bénédicte.
- Une pièce montée. Classique.
- Ah ouais ? À quoi, hein ? T’y as pensé à ça ?
- Putain, on s’en fout ! Vanille et chocolat, voilà, t’es contente ? Tu penses vraiment que Marcello va poser ça comme question ?
- Bah bien sûr que oui ! Il est trop chiant comme mec ! Il va demander plein de détails à la con… Genre... C’était quoi la chanson d’ouverture du bal ?
- Ouais pas faux… Je sais pas moi ! Demande à Liam ! J’suis sûr qu’il a toute une partie dans son journal intime, où il a détaillé son mariage avec Marcello avec des petits cœurs partout autour !
Bénédicte souffla du nez. Elle le frappa à l’épaule.
- T’es con boss !
- Wow. Tu parles à qui là ? J’déconne, détends-toi. Nan mais sinon c’est pas une blague, ça m’étonnerait pas qu’il ait fait ça.
- Putain j’avoue… répondit Bénédicte, dans ses pensées.
Elle resta un instant comme ça, les bras croisés, une main sous le menton, le regard dans le vide, dans une position de réflexion intense. MT se dit qu’il l’avait perdue dans ses préparatifs de mariage imaginaires. Non parce que bon, on rigolait bien, ok, peut-être que MT avait déjà un peu trop pensé au mariage de Liam et Marcello, alors qu’ils n’étaient même pas encore ensemble… Mais Bénédicte avait déjà sa robe pour la cérémonie qui l’attendait sagement dans son placard !
Soudain, elle sortit de sa rêverie, en claquant des doigts, une lueur brillante dans les yeux, comme si elle venait d’avoir une idée de génie.
- Et la demande ?? C’est super important la demande ! Déjà, qui a demandé ? Comment ? Où ? Quand ? Roh la la, faut que ce soit super romantique, genre sur la plage, sous les étoiles. Ou en haut du mont Chiliad. Ou en avion, genre y’en a un qui a fait passer une banderole dans le ciel.
- Putain. Tu me soules. Déjà d’une, d’où est-ce que tu sors ces idées ? T’as vu trop de films ma sœur. Et de deux : Demande. A. Liam. Bordel.
- Ok !
Sans demander son reste, elle se retourna et se pencha vers l’Irlandais qui s’était endormi à terre, ou qui faisait semblant pour éviter la discussion. Bénédicte lui pinça le nez, et Liam se réveilla en sursaut, suffoquant, alors que l’air n’arrivait plus jusqu’à ses poumons.
- Connasse ! T’es malade !
- Ferme-la on n’a pas le temps !
Elle lui prit la main et le tira de toutes ses forces pour le relever. Il n’eut pas d’autre choix que de la suivre. Elle avait plus de force qu’elle n’y paraissait.
- Qu’est-ce que tu veux putain ?
- Hmm… Je sais pas… Te parler de ton mariage peut-être ? Auquel j’étais même pas invitée, hein ?
- Mais t’es con ou quoi ? Il existe pas ce mariage !
- Shhh !
Bénédicte se précipita sur Liam pour lui poser un doigt sur la bouche, en l’enfonçant presque dans son nez par la même occasion.
- Il pourrait nous entendre ! dit-elle, en regardant à nouveau Marcello, qui avait été rejoint par MT.
Liam leva les yeux au ciel.
- Viens, on va discuter tranquillement.
- Tss. Me prends pas pour un con. Je sais que ce mot fait pas partie de ton vocabulaire.
- Du tien non plus.
- Pas faux, mon pote.
Ils se rendirent chez Bénédicte, sous l’œil attentif de Marcello. Peut-être qu’il était jaloux, se disait Liam.
Stop. C’était complètement con de penser ça. Et surtout, c’était pas du tout une façon saine de penser à leur mariage. Liam ne voulait pas rendre Marcello jaloux, exprès. Surtout pas avec Bénédicte. Beurk.
Attendez… comment ça leur mariage ? N’importe quoi, pensa Liam. Tu deviens fou, mon pauvre. En train de confondre rêve et réalité, ça devenait grave.
Les deux s’installèrent sur le canapé défoncé du salon de Bénédicte. Elle leur avait sorti deux bières du frigo.
- Bon, qu’est-ce que tu me veux ?
- Comment ça qu’est-ce que je te veux ?? Qu’est-ce que je te veux ?? Mais que tu me racontes tout, crétin !
Liam leva les yeux au ciel. Ça allait être très long.
Il lui conta toute l'histoire, du début à la fin, du braquage de la banque avec un camion de pompier et habillés en jaune, des Vagos qui les rafalaient, de Marcello qui avait une commotion cérébrale, de son amnésie, de la cellule, de la psychologue, Vanessa, du mensonge inventé par MT, qui n’était qu’une blague au départ, et qui avait dérapé beaucoup trop rapidement, en passant par tous les faux détails racontés au flic, par Marcello qui lui prenait les mains, qui le regardait dans les yeux, par la rencontre avec les Vagos en dehors de la prison, et de la situation complètement lunaire qui en avait débouché, jusqu’à leur arrivée au quartier, ici.
- Eh ben.
- Ouais.
- Tout ça parce que tu supportais pas son crush pour Martoni.
- Quoi ? Mais c’est faux ! En plus c’est MT qui a sorti ça de je sais pas où, c’est pas moi !
- Ouais, bah il a bien fait ! Peut-être qu’au moins, tu vas enfin t’avouer à toi-même que tu crèves d’amour pour Marcello ! Peut-être que ça te fera sortir les doigts du cul.
Liam baissa les yeux au sol. Il marmonna dans ses dents.
- Hein ? Tu peux parler plus fort ?
- J’ai dit, que je savais. Je sais, ok.
- Tu sais quoi ?
Liam se redressa, pour s’enfoncer dans le canapé. Il se passa une main sur le visage, et soupira.
- Je sais. J’ai compris. Putain. Dire qu’il a fallu que MT raconte de la merde pour que je réalise… Ça fait vraiment trop pitié.
- Que tu réalises quoi ?
- Bordel, fais pas genre que t’as pas compris !
- J’ai compris. Mais j’veux t’entendre le dire, insista-t-elle en lui enfonçant son index dans les côtes, pour le taquiner.
- Tu m’soules.
- C’est pour ça qu’tu m’aimes.
- Rêve pas trop, ma pauvre fille.
Ils restèrent silencieux un instant. Liam regardait dans le vide. Bénédicte le regardait, lui. Elle aimait bien parler, combler les vides, mais elle savait laisser place au silence quand il le fallait. Au bout d’un moment, le rouquin reprit la parole.
- J’voudrais… J’voudrais que ce soit vrai. Que ce soit réel.
Bénédicte ne répondit rien. Elle sentait que Liam avait besoin de parler, de vider son sac.
- Putain, c’est tellement cliché. On n’est pas dans un conte de fée. On n’a pas de fin heureuse, de gentille morale à raconter aux enfants. On est des criminels, des dealers, des voleurs. On se marie pas. On n’organise pas des belles cérémonies, on déclare pas nos vœux devant tout le monde. Devant le putain de prêtre. Devant toute la famille. Devant toute la ville. Jamais… jamais ça sera réel. Jamais ça se passera comme ça. Pas pour nous. Et pas que parce que c’est complètement absurde d’imaginer un mariage avec la vie qu’on mène. Aussi juste parce que… ‘fin, pour se marier faut être deux, quoi. En général. Au moins. C’est genre, la base. Et puis bon, faut que l’autre personne soit consentante. Complètement consentante. Pas dans le coma, par exemple. Ou menottée. Puis avant tout ça, y’a plein d’étapes. Genre, dire à la personne qu’on l’aime. Plus qu’un ami. Plus qu’un meilleur ami. Plus que tout. Avouer ses sentiments… Ça me fout la chair de poule, rien que d’y penser. Donc, c’est complètement irréaliste. C’est vraiment un truc de gamin, de penser à ça. D’imaginer son mariage, avec son petit copain. Petit copain. C’est même pas mon petit copain. C’est mon petit rien du tout. Mon petit je voudrais. Mon petit peut-être. Mon petit dans une autre vie. Ouais, c’est vraiment con. Alors, pourquoi est-ce que je peux pas m’en empêcher ? Pourquoi est-ce que j’ai aucun mal à tout voir dans ma tête se dérouler clairement ? C’est grave, hein. J’suis même pas le genre de mec qui se marie. Mon père il me disait, « tu finiras planté dans une ruelle sombre, ou mort d’une overdose avant de trouver une donzelle qui en vaille la peine ». Bah t’avais raison papa. Parce que j’aime pas les meufs. Peut-être que t’avais raison sur le reste aussi. C’est pas une vie pour moi, c’est pas ce que je mérite. C’est pas ce à quoi j’ai droit.
Liam s’arrêta. Bénédicte n’avait pas prononcé un seul mot. Elle écoutait. Elle observait. Il se triturait la jambe de son pantalon, pinçant à répétition le tissu. Bénédicte posa sa main sur la sienne, pour qu’il arrête.
- Un jour… Un mec que j’admire beaucoup, qui peut être très con quand il le veut, mais qui dit aussi des choses très intelligentes, m’a dit que le mérite, c’était un concept à la con, comme les gens qui se vouvoyaient. Et il avait raison.
- Hm.
- Donc arrête. Arrête de dire que tu mérites pas ça, que tu le mérites pas lui. Il est pas parfait. Je sais que c’est ce que tu crois, mais c’est faux. Toi non plus t’es pas parfait. Mais vous êtes parfaits l’un pour l’autre. J’le sais. Et je suis super forte pour ce genre de trucs, ok ?
- …
- Ok ?
- Ouais. Ok.
Bénédicte sourit. Elle se frappa les cuisses des mains, puis se releva, enthousiaste.
- Bon ! Maintenant que ça c’est réglé et que t’as arrêté de te morfondre, faut qu’on parle d’autre chose !
- De quoi ?
- Bah du mariage, idiot ! Raconte-moi tout !
- Mais raconter quoi ?
- Tout ce que t’as dit, pour le moment. Faut peaufiner le truc, tu vois, que ce soit crédible. Ajouter des détails.
Liam la regarda, incrédule.
- Nan mais… Béné ? Je crois que t’as pas bien compris là ? Je vais le dire à Marcello, je vais lui avouer !
- Quoi ? Que tu l’aimes ?
- Non ! Ça il le sait déjà, en théorie, si on est mariés… Mais justement je vais lui dire qu’on n’est pas mariés, que c’était une blague !
Il se leva du canapé, ramassa leurs bières vides, qui étaient posées sur la table de salon, et se dirigea vers la cuisine. Elle le talonna, scandalisée.
- QUOI ?!
- Quoi, quoi ?
- Non mais t’es fou ! Faut pas faire ça !
- Ben… Si ? ‘Fin, j’ai pas trop le choix en fait, on peut pas lui faire croire à ce mariage indéfiniment, il va bien finir par retrouver ses souvenirs, ses vrais souvenirs ? Et à ce moment-là, qu’est-ce qui se passera ? Eh ben j’aurai l’air bien con, voilà ! Et en plus, il me détestera probablement d’avoir menti. Oh putain.
Liam sembla réaliser quelque chose, soudainement. Il s’assit sur la première chaise à sa portée, et se prit la tête dans les mains.
- Oh putain, répéta-t-il.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Mais Béné ! J’suis dans la giga merde ! Quand il saura que ce mariage a jamais existé, il va me détester, c’est sûr ! Il va me détester de lui avoir inventé ces souvenirs, de lui avoir raconté toutes ces conneries ! C’est super grave ce qu’on fait là, on invente une relation à un type qui a rien demandé, avec quelqu’un dont il veut pas ! Un mariage, en plus ! C’est encore pire ! Donc quand il le saura, non seulement je vais perdre mon faux mari, mais en plus je vais le perdre tout court ! Il voudra plus entendre parler de moi, c’est sûr ! Il va me tuer !
Liam était clairement paniqué maintenant.
- Non mais Liam, calme-toi. Déjà, pour l’instant, c’est pas le cas, il se souvient de rien. Enfin, il se souvient du faux mariage. Mais de toute façon, le temps qu’il retrouve sa mémoire, il sera tombé amoureux de toi, enfin genre retombé amoureux de toi, et quand il réalisera que le mariage était un mensonge eh bah… Ça aura plus aucune importance ! Il te pardonnera, et il pensera que t’as fait ça par amour pour lui, ou une connerie du genre. Même qu’il te demandera en mariage pour de vrai.
- N’importe quoi ! Tu t’entends quand tu parles ?! Tu le connais pas ou quoi ? Tu te souviens pas de comment il a réagi quand je l’ai planté sans faire exprès ? Il est parti bouder à l’autre bout de l’île, il avait changé de taf et tout !
- Mais tu l’avais planté !!!
- Et là, je lui ai menti en lui disant qu’on était mariés ! C’est encore plus grave que de se faire planter !
- Comment ça peut être plus grave que de se faire planter par la personne dont on est le plus proche ?!
- C’était un accident, putain, combien de fois va falloir que je te le répète !
- Ok bah t’auras qu’à dire que le mariage était un accident aussi ! Genre, vous étiez à Las Vegas, vous vous êtes bourrés la gueule et Elvis Presley vous a mariés !
- Mais c’est pas possible ! Je lui ai déjà raconté qu’on s’était mariés à Los Santos, en petit comité, en toute discrétion.
- Mais t’es con toi aussi !
- Ben vas-y, improvise un mariage crédible en 5 minutes, j’te regarde ! De toute façon jamais j’aurais dit que j’me suis marié à Las Vegas, même si c’est faux.
- Ah ouais ? Pourquoi ? Pas assez romantique à ton goût, c’est ça ? le taquina Bénédicte, en agitant ses sourcils de manière exagérée, un sourire au coin des lèvres.
- Bah ouais ! affirma Liam, les joues roses.
- Trop mignoooon !
- Ta gueule. J’suis pas mignon moi.
- J’en connais un qui pense le contraire, mais si tu l’dis…
Liam leva les yeux au ciel, peu convaincu. Puis, Bénédicte se mit à lui expliquer pendant trente minutes toutes les réponses qu’elle avait imaginées à toutes les questions que Marcello pourrait poser. C’était effrayant. Liam la reprit plusieurs fois : jamais il n’aurait demandé Marcello en mariage en mettant une bague dans une coupe de champagne, c’était trop cliché et trop dangereux ! Il n’aurait pas fait sa demande en public non plus, il ne voudrait pas que Marcello se sente forcé de répondre « oui », à cause des gens autour. Même si Marcello ne se serait probablement pas gêné pour répondre « non », devant tout le monde, parce qu’il était comme ça. Bordel. Liam mourait de honte rien que de l’imaginer. Si ça lui arrivait, il se jetterait sans hésiter du haut d’un immeuble.
Non, si demande il fallait imaginer, Liam pensait à quelque chose de simple, entre eux deux seulement.
Liam aurait trouvé un endroit tranquille, peut-être à la plage le soir, ou peut-être qu’il emmènerait Marcello pêcher sur un bateau, lui qui aimait tant ça, et que, lorsqu’ils se retrouveraient en plein milieu de l’océan, sans un signe de vie à l’horizon, qu’ils seraient complètement seuls, alors, Liam s’agenouillerait. Il prendrait son temps, pour éviter de tomber, ou de faire tanguer le bateau trop fort. Marcello serait concentré sur sa ligne, il ne ferait pas attention à Liam. Liam sortirait discrètement la bague de sa poche, puis il appellerait Marcello. Celui-ci détournerait son regard de l’eau, pour se tourner vers Liam, se demandant ce qu’il voulait, et en voyant Liam à genoux, il en lâcherait peut-être même sa canne à pêche de surprise. Tant pis pour le poisson. Il y avait quelque chose d’autre qu’il ne pouvait pas laisser échapper. Liam lui ferait sa demande, il aurait préparé un petit discours. Il dirait à Marcello à quel point il l’aime, qu’il ferait tout pour lui, qu’il voulait passer le restant de ses jours à ses côtés, qu’il ne voulait jamais le quitter. Il bafouillerait sans doute, il lâcherait des gros mots de stress, il suerait à grosses gouttes, surtout si le soleil était haut dans le ciel. Peut-être même qu’il aurait attrapé un coup de soleil sur le visage, qu’il serait tout rouge, et un peu ridicule. Ce serait loin d’être parfait. Mais ça leur conviendrait totalement. Ça leur correspondrait parfaitement. Marcello aurait les larmes aux yeux, de rire ou d’émotion. Il ne s’y attendrait pas. Il n’aurait jamais imaginé ça, qu’ils soient le genre de couple à se marier. Et peut-être qu’ils ne l’étaient pas, pas vraiment. Mais peu importait. Une fois que Liam aurait posé la question tant attendue, il baisserait légèrement les yeux, de peur d’entendre la réponse. Marcello s’agenouillerait à son tour, face à lui, encadrerait son visage de ses deux mains, pour qu’il le regarde, et il lui dirait.
Il lui dirait « oui ». « Oui, bien sûr que oui, mille fois oui. » Puis il serrait Liam dans ses bras, très fort, aussi fort qu’il en était capable. Liam en perdrait presque la bague, qui lui aurait échappé des mains, à cause de la force avec laquelle Marcello s’était jeté sur lui. Heureusement, elle ne serait pas bien loin, et une fois retrouvée, il la glisserait au doigt de Marcello, les mains tremblantes, le cœur battant. Puis ils se regarderaient, sans un mot, avant de rire et de s’embrasser, maladroitement, les dents s’entrechoquant, le souffle haletant, les gestes brusques, désireux du contact de l’autre.
- Trop de détails. Beaucoup trop de détails, Liam.
- Hein ? demanda-t-il, sorti de sa rêverie par Bénédicte.
Peut-être qu’il avait une idée beaucoup trop précise et concrète de cette demande.
- Eh ben… Si j’avais su que t’étais un aussi grand romantique…
- C’est ça, moque-toi.
- J’me moque pas ! Arrête de tout prendre mal ! Écoute, tu sais quoi ?
- Nan ?
- J’te parie c’que tu veux que cette demande, elle va arriver pour de vrai.
- Tss, c’est ça, jamais d’la vie.
- Arrête d’être si défaitiste ! Bon, viens, on va les rejoindre sinon ils vont se demander ce qu’on fout. On met le plan « Faux mariage qui se transforme en vrai mariage » en place.
- C’est nul comme nom. T’as pas plus long encore ?
- Bah vas-y, propose !
- « Marriage story. »
- C’est le nom d’un film. Qui parle de divorce ! C’est le pire nom !
- Ah… Bon, on garde ton nom pour l’instant. On aura qu’à l’appeler le plan « FMQSTEVM ».
- Putain. C’est encore plus long que de le dire en entier.
Ils explosèrent de rire, devant toute la connerie dont ils pouvaient faire preuve.
Alors qu’ils allaient rejoindre MT et Marcello, qui n’avaient presque pas bougé depuis tout à l’heure, ils virent que les deux avaient été rejoints par quelqu’un. Liam oublia instantanément son faux mariage. Son faux vrai mariage. Son vrai faux mariage. Bon, son mariage quoi.
- Tiens, tiens, tiens… Regardez qui fait son grand retour… Le fils prodigue !
- Oh non… entendit-il Thomas soupirer, alors que ce dernier se croyait sans doute discret.
- J’t’ai entendu, saligaud ! Où est-ce que t’étais ? Avec qui ? Qu’est-ce que tu faisais ?
- Wow, c’est quoi cet interrogatoire ? T’es mon père ?
- C’est tout comme ! On est une famille, alors réponds !
- Ah ouais et j’ai pas le droit à avoir une vie privée dans cette famille ? se plaignit Thomas.
- Oh la la, le pauvre chou, voilà qu’il recommence ! Comment ça une vie privée ? T’étais avec Julien, c’est ça ? Vous vous protégez j’espère ?
- QUOI MAIS NON-
- COMMENT CA NON ? s’insurgea Liam.
- Non mais pas ça ! Y’a pas de protection qui tienne, on est que des potes ! C’est pas comme ça entre nous, tu délires là ! C’est mon meilleur ami.
- Meilleur ami, ouais. C’est ça, mon frère. Liam et Marcello aussi ils étaient meilleurs amis, t’as vu ce que ça a donné ?
Thomas sembla perdu. Ah. Il n’avait visiblement pas été mis au courant.
- Comment ça, ce que ça a donné ? De quoi vous parlez là ?
- Ben du mariage Thomas ! Toi aussi t’es devenu amnésique ? On dit que la masturbation rend sourd, pas que ça provoque des pertes de mémoire, de ce que je sais ! intervint Bénédicte, toujours aussi subtile.
- Bordel Béné, je veux plus jamais entendre ce mot sortir de ta bouche, geignit Thomas.
- Quel mot ? « Masturbation » ?
- Tais-toi !
- Ça te dérange, que je parle de masturbation ? Masturbation, masturbation, masturbation !
- ARRETE !!
- Arrête Béné, tu vois bien qu’il est gêné, s’immisça Marcello, qui n’avait pas encore prononcé un mot depuis le début.
Évidemment, c’était pour venir à la rescousse du pauvre Thomas. Le petit Tom, comme il l’appelait. Tss, on voyait qui avait ses préférés, ici.
- Bon, si on n’arrêtait de parler de ça, et qu’on revenait sur le sujet de base ? De quoi vous parlez, au juste ?
- Bah tu sais, Thomas ! Le mariage !
La confusion pouvait se lire sur le visage du jeune homme. Bénédicte et Liam faisaient des grands signes de la tête et des mains pour indiquer à Thomas de jouer le jeu, derrière le dos de Marcello, qui fronçait les sourcils. C’est là que Liam se rendit compte qu’il y avait beaucoup trop de facteurs à prendre en compte, pour que cette histoire tienne la route. A commencer par le nombre de personnes auxquelles ils devaient faire croire à ce mariage, dont celles et ceux dont ils étaient proches, et qui étaient donc censés être au courant, si un mariage se produisait au sein de leur groupe. Ils n’étaient déjà pas bien nombreux, si en plus ils n’invitaient pas toutes leurs connaissances, ça ferait un bien piètre mariage… Enfin, pas bien nombreux, c’était déjà trop de personnes qu’il fallait mettre dans le coup.
- Ah… Oui… Le mariage… De… Le mariage de… oui, bien sûr…
- De Liam et Marcello, exactement ! T’étais garçon d’honneur, tu te souviens ? C’était super, hein ? lui demanda Bénédicte, un grand sourire aux lèvres, en clignant des yeux tellement rapidement, qu’on aurait dit qu’elle essayait de lui parler en morse.
- Haha ! Évidemment que je me souviens ! Comment j’aurais pu oublier ça ! C’était un mariage absolument fantastique, Los Santos s’en souv…
Bénédicte et Liam hochèrent frénétiquement la tête de gauche à droite, en faisant non de leurs doigts, indiquant à Thomas de se taire.
- Comment ça, Los Santos s’en souvient ? Je croyais qu’on avait fait une cérémonie discrète, juste entre nous ?
Marcello avait l’air suspicieux, maintenant.
- Euh… Oui, bien sûr c’était très discret, très intime comme mariage, tenta de se rattraper Thomas, j’ai pas dit ça, j’ai dit ça ? Je voulais dire que nous, les Families, en tant qu’habitants de Los Santos, on s’en souvient. Parce que c’est ce qu’on est. Des habitants de Los Santos. Donc, quelque part… Los Santos s’en souvient ! Enfin, voilà quoi. On a marqué les esprits. Vous avez marqué les esprits ! Enfin, vous avez marqué NOS esprits ! Nos esprits de Families ! Qui habitent… à… Los… Santos…
Thomas se racla la gorge. Quand les autres croyaient qu’il avait fini de s’enfoncer, il continuait de creuser.
Liam et Bénédicte étaient dépités. C’était une catastrophe. Jamais Marcello n’allait croire au baragouinage de Thomas, il allait comprendre que tout était f…
- Ah ok. Je comprends, Tom. C’est mignon que tu dises ça. Enfin, t’en fais un peu trop quand même, c’est pour pas nous vexer, c’est ça ? T’es un gamin, t’as dû t’ennuyer, moi les mariages ça me faisait franchement chier quand j’avais ton âge ! C’est super long et tout…
Impossible. Marcello était trop facile à duper. Comment pouvait-il avaler tous ces bobards, aussi facilement ? C’était comme s’il se forçait à y croire…
Après un court instant où tous les protagonistes restèrent surpris de ce que venait de dire Marcello, Liam prit la parole.
- Wow, attends, comment tu parles de notre mariage là ? C’était le mariage le moins chiant du monde, ok ? Tout le monde s’est éclaté ! Surtout Thomas, parce qu’on a été assez gentils pour inviter son copain !
- C’est pas mon copain !
- Ah, ah ! J’ai pas dit « petit » copain ! Tu viens de te vendre tout seul là !
Thomas ouvrit la bouche, comme pour protester, puis la referma. Puis l’ouvrit. Puis la referma.
Liam avait réussi à lui faire fermer son clapet. Il était fier de lui. Comment ça, c’était ridicule d’être fier d’avoir gagné une joute verbale avec un gamin de 18 ans ?
Seulement, c’était sans compter MT, qui se pencha pour chuchoter à l’oreille de Thomas. Celui-ci écarquilla les yeux, puis se mordit les lèvres, pour s’empêcher de rire. Un air sournois prit place sur son visage.
- Vraiment Liam ? Tu veux jouer à ça ?
- Euh…
- Tu veux que je te rafraichisse la mémoire sur deux-trois p’tits trucs ?
Si MT lui avait soufflé une idée, elle était sûrement démoniaque. Liam n’était plus si confiant, tout à coup.
- Non mais, Thomas… je rigole bien sûr… On s’amuse bien là, non… On se fait des blagues… Comme d’habitude quoi…
- Ça marche pas comme ça, mon vieux. Marcello, dit Thomas, en se tournant vers le susnommé, vu que tu te rappelles plus de rien, j’vais te raconter quelques anecdotes sur ton mariage, tu veux bien ?
- Ah bah oui, j’suis toujours preneur !
- Non mais, l’écoute pas Marcello, il va probablement te raconter des conneries, parce que ça le fait rire de profiter de ta malheureuse situation. C’est un sale gosse.
Thomas avait passé un bras autour des épaules de Marcello, pour l’emmener un peu plus loin. Alors qu’ils s’éloignaient, Thomas se retourna et Liam put lire sur ses lèvres :
« Des conneries ? Comme ton mariage ? »
L’audace de cet enfant le surprendrait toujours.
Notes:
Merci d'avoir lu, hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Bisouuuuuuuuuuuuus
Chapter 4: Porter un toast
Summary:
Thomas se venge. Quelqu'un manque de tout gâcher.
Notes:
Hello !
Voilà le chapitre 4 ! De nouveaux personnages entrent en scène !
C'est pas mon chapitre préféré j'avoue, j'ai l'impression qu'il est pas ouf...
J'espère que ça vous plaira quand même, bonne lecture !CW : évocation de parents négligeants, mention d'alcool
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Thomas ne sortait pas avec Julien, d’accord ? Ils étaient juste meilleurs amis, se connaissaient depuis des années, et étaient inséparables. Des meilleurs potes quoi. Normal. A l’époque, ils étaient entrés au LSPD ensemble pour leur stage de troisième. Mais au bout d’un moment, leurs chemins avaient fini par se séparer, enfin s’écarter un peu l’un de l’autre. Thomas avait laissé tomber la police pour faire ses premiers pas dans la criminalité, et Julien avait continué de gravir les échelons au LSPD. Au début, leur amitié en avait pâti. Comment un flic et un voyou pouvaient rester amis ? C’était assez compliqué. Mais c’était possible. Puisqu’ils étaient toujours amis, et continuait de se voir régulièrement. Assez souvent même. Parfois, Thomas allait chercher Julien à la fin de son service pour le raccompagner, et parfois ils se voyaient au Paradise, ou au Unicorn, ce qui pouvait effectivement faire penser à des rendez-vous, même si ça n’en était absolument pas. Donc, les petites remarques de Liam sur Julien et lui, ça commençait à l’agacer sérieusement. Alors, il avait décidé de se venger. Enfin, c’était MT qui lui avait soufflé l’idée, mais il aurait fini par trouver tout seul ! Quelques heures plus tard, mais tout de même…
- Du coup, qu’est-ce que tu peux me raconter, Tom ? lui demanda Marcello.
- Oh mais plein de choses Marcello, plein de choses ! Nan parce que tu vois, Liam, il fait le malin à raconter des trucs sur Julien et moi, à INVENTER des choses ! Mais je crois qu’il a oublié quelques petits trucs…
- Mais du coup il invente vraiment pour Julien et toi ? Enfin, je connais pas Julien mais t’as l’air quand même vachement insistant pour qu’on le prenne pas pour ton-
- C’est pas le sujet ! le coupa Thomas. On est ici pour parler de toi et Liam, parce qu’après tout le but c’est que tu retrouves la mémoire. Alors, je suis sûr qu’il t’a parlé de tous les bons côtés, qu’il t’a dit que la cérémonie était super – et c’était le cas ! – que c’était très romantique, parfait ou je sais pas quoi, mais il t’a pas tout dit.
- Tu me fais peur là Thomas…
- Ah non mais t’inquiète ! C’est juste des petites anecdotes sur Liam pour me venger de lui parce qu’il me soule !
- Mais tu sais, Tom, tu le trouves peut-être chiant, mais il fait probablement ça parce qu’il s’inquiète pour toi… Il a pas de mauvaises intentions, enfin ça m’étonnerait.
Marcello avait un talent pour changer de sujet comme il le voulait.
- Peut-être, mais c’est pas pour ça qu’il doit jouer au daron avec moi, bougonna Thomas
- Je pense qu’il est juste très attaché à toi, Tom. Et pas sans raisons, t’as l’air d’être un bon gamin, lui dit Marcello, affectueusement.
Thomas baissa les yeux. Il n’aimait pas le sujet vers lequel glissait dangereusement la discussion. Il n’avait pas l’habitude de recevoir de l’affection de la part d’adultes, alors il ne savait pas comment réagir dans ce genre de situation. En général il se contentait d’ignorer, ou alors de faire l’adolescent insupportable, en pleine crise, à qui on ne pouvait rien dire.
Pourtant, même s’il essayait de prétendre que ça ne lui faisait rien, il ne pouvait pas empêcher son cœur de se réchauffer quand Marcello l’appelait Tom, ou quand Liam s’inquiétait pour lui. En même temps, il sentait aussi son estomac se tordre, parce que ça lui rappelait qu’il n’avait jamais connu ça. Pas même de ses propres parents. Alors, peut-être que faire semblant qu’il s’en fichait, qu’il n’avait pas besoin de leur affection n’était pas une bonne idée. Mais il n’arrivait pas à faire autrement. Parce qu’il ne savait pas comment quelqu’un était supposé réagir, quand il ou elle recevait des marques d’affection de la part de figures parentales.
- C’est pas mon père, lâcha-t-il, au bout d’un moment.
- Hm…, répondit Marcello, pensif. Et donc c’est ça qui l’empêche de pouvoir s’inquiéter pour toi ? Parce que c’est pas ton père biologique ? Tu sais, les liens du sang, ça veut rien dire.
Thomas resta silencieux un instant. Il savait que Marcello avait raison. Ils étaient une famille désormais, et il devait arrêter de les repousser. Mais c’était un réflexe, un simple réflexe pour se protéger. Se protéger du jour où tout s’arrêterait, où la famille se briserait, parce que c’est forcément comme ça que ça se finirait. Il n’y avait pas d’autres alternatives. Thomas n’en connaissait pas, en tout cas.
- Je sais pas ce que t’as vécu, ou alors peut-être que tu me l’as dit et que je m’en souviens pas, et si c’est le cas, je m’excuse. Mais sache que si tu veux parler, je suis là. Et je suis sûr que tu peux parler aussi à Liam, ou à MT, ou à Béné. Garde pas pour toi ce que t’as sur le cœur, c’est jamais bon.
- …T’es vraiment fort, tu le sais ça ? lui dit Thomas, au bout d’un moment, la voix un peu tremblante.
Les paroles de Marcello l’avaient peut-être légèrement plus affecté qu’il ne voulait le laisser croire. Marcello eut un petit rire.
- Pourquoi tu dis ça ? demanda-t-il, un petit sourire aux lèvres.
- Bah, tu sais toujours tourner la conversation à ton avantage. Tu t’en souviens peut-être plus mais c’est un de tes gros points forts, la parole !
- Ah oui ? Et les autres c’est quoi ?
- Euh, alors… MT c’est… comment dire… il en impose, tu vois ? Les gens en sa présence, ils osent plus trop rien dire. Il leur fait un peu peur, même quand il a pas d’arme. Du coup, des fois c’est bien que tu sois là pour équilibrer le tout, tu fais redescendre la pression avec ta diplomatie et tout. Et Liam, c’est… alors… Il aime bien faire passer des messages en jouant avec son couteau, et il plante les gens un peu trop facilement, les mots c’est pas trop son truc… Mais à côté de ça il sait aussi faire des blagues pour détendre tu vois ! Béné, les gens la prennent pour la plus faible du groupe, parce que c’est une femme, et qu’elle est jolie et qu’elle est toute pétillante. Du coup, ils croient qu’elle peut pas leur casser la gueule, mais c’est là qu’ils se trompent, parce qu’elle a déjà réglé leurs comptes à des types qui faisaient trois fois son poids !
- Je vois… Et toi ?
- Quoi, et moi ?
- Bah c’est quoi ton point fort ?
- Mon point fort ? Bah… Je sais pas trop… J’pense pas que-
- Me dis pas que t’en as pas parce que c’est faux. J’vais te dire déjà ce que j’ai pu voir de toi en seulement dix minutes de discussion, parce que je sens que tu vas juste trouver un moyen de te rabaisser. Déjà, je sais que t’es quelqu’un de fort, qui sait ne pas se laisser submerger par ses émotions, même si parfois, c’est bien d’évacuer, tu sais. Ensuite, ça se voit que t’es quelqu’un d’observateur et de discret. Et ça c’est un énorme point fort, parce que j’ai comme l’impression que nous autres, on fait pas trop dans la discrétion…
- Ouais… Ouais t’as peut-être raison…
- Bien sûr que j’ai raison ! Bon et maintenant si on revenait au sujet de discussion initial ?
- Oui bah écoute c’est toi qui m’en éloignes ! T’as un p’tit côté manipulateur aussi…
- J’vois pas de quoi tu parles, répondit Marcello, l’air tout à fait innocent.
Ils s’étaient posés dans un coin tranquille du quartier, éloignés de toutes les oreilles indiscrètes et de toute personne (Liam) pouvant s’incruster dans la discussion pour faire connaître son désaccord avec ce qu’allait raconter Thomas. Après tout, Marcello devait être mis au courant de toutes les facettes de la personnalité de son mari, c’était important ! Il s’appliqua donc à lui raconter quelques anecdotes, oh, elles étaient toutes 100 % véridiques ! Thomas se contentait simplement de les modifier légèrement pour qu’elles correspondent mieux à la situation dans laquelle ils se trouvaient… Il lui raconta que même après TANT d’années de relation, (MT lui avait précisé que dans ce scénario, Liam et Marcello étaient censés être ensemble depuis 6 ans et 10 mois. Thomas s’était dit que c’était tout de même vachement précis comme durée, mais n’avait pas pu poser de questions. De toute façon, toute cette situation lui donnait déjà assez mal à la tête comme ça.) Liam était encore quelqu’un d’extrêmement jaloux, même si Marcello n’avait jamais rien fait pour lui donner raison. Il ne supportait pas que quelqu’un regarde Marcello avec trop d’insistance. Il était un peu trop possessif, et le pire, c’est qu’il pensait que personne ne s’en rendait compte. En fait, le seul qui ne s’en rendait pas compte, c’était Marcello. C’était assez désespérant à voir, d’un point de vue extérieur.
- Une fois, MT a dû retenir Liam de planter le capitaine, le capitaine tu te rends compte ! Parce qu’il avait l’impression qu’il te draguait, alors que vous parliez juste tranquillement, devant le commissariat…
Cette anecdote, qui pour le coup était totalement vraie, ne provoqua pourtant pas l’effet escompté chez Marcello. Thomas vit un petit sourire attendri se dessiner sur le visage de l’Italien. Non, ce n’était pas possible, pensa Thomas, il ne trouvait quand même pas ça…
- Mignon.
- Quoi ? Qu’est- ce que t’as dit ?
Thomas avait forcément mal entendu.
- J’ai dit que c’était mignon. Peut-être un peu dangereux, mais bon…
Thomas manqua de s’étrangler. Comment ça mignon ??? Son plan ne marcherait pas du tout, et il ne pourrait absolument pas se venger de Liam si Marcello trouvait tout ce qu’il faisait « mignon ». A quel moment c’était mignon de vouloir planter quelqu’un, en plus pas n’importe qui, par jalousie ?
- Non mais Marcello… Je sais pas si tu te rends compte. Il voulait planter quelqu’un. Le capitaine. Pour deux-trois phrases innocentes.
- Mais il l’a pas fait !
- Euh… Oui… D’accord… On va dire ça… Mais est-ce que je t’ai parlé de la fois où il a menacé le docteur Martoni ?
- Non, dis-moi ?
- En fait t’étais allé faire un don du sang au LSMS et en revenant t’as dit en rigolant que tu t’étais « bien fait pomper », dans le sens pomper le sang bien sûr. Sauf qu’évidemment Liam est parti au quart de tour. Comme c’était Vanessa qui faisait les prises de sang ce jour-là, Liam l’a appelée tout de suite pour lui demander ce que ça voulait dire… d’un ton, comment dire… assez véhément. La pauvre Vanessa a rien compris à ce qui se passait.
Dans le contexte du mariage et de la soi-disant relation, ça pouvait ne pas paraître trop étrange, que Liam réagisse ainsi. Le truc, c’était qu’en réalité, Liam et Marcello n’étaient pas du tout en couple et Marcello s’était demandé pourquoi Liam avait aussi mal pris une simple blague de mauvais goût. Le problème, c’était que Liam n’avait rien à dire pour sa défense, car il n’avait aucune légitimité à être jaloux de la sorte, du coup, ça avait provoqué quelques tensions entre les deux pendant quelques temps. Et la seule chose de pire que Liam et Marcello qui se languissaient de l’autre chacun de leur côté, c’était Liam et Marcello en froid.
- C’est compréhensible en même temps, ça peut porter à confusion. J’aurais probablement pas dû dire un truc comme ça.
Ok, le coup de la jalousie, ça ne marchait pas. Marcello semblait pardonner tous les défauts de Liam, et lui trouver des excuses à chaque fois.
Il était temps de trouver autre chose.
- Ok, je vois, peu importe ce que je dis sur Liam tu le trouveras toujours aussi parfait…, soupira Thomas.
- J’ai pas dit qu’il était parfait ! Je dis juste qu’il a probablement ses raisons ! Mais il a sûrement ses défauts aussi.
- Alors ça, j’te l’fais pas dire ! Avant qu’il te fasse sa demande, il était insupportable, on n’en pouvait plus avec les autres.
Bon, en réalité, c’était juste que Liam était insupportable tout court quand ça concernait Marcello. Il ne se rendait même pas compte qu’on pouvait l’entendre soupirer d’ennui quand Marcello était loin de lui, ou qu’on pouvait voir ses regards de chien battu quand Marcello l’ignorait. Pourtant ce n’était pas faute de lui faire des petites remarques discrètes au quotidien, pour lui faire comprendre que absolument tout le monde savait qu’il était amoureux de Marcello et qu’il pouvait arrêter de faire semblant parce que c’était tout simplement infernal d’être témoin de son comportement d’amoureux transi qui s’était fait rejeter. Surtout qu’il ne s’était pas fait rejeter. Parce qu’il n’osait tout simplement pas avouer ses sentiments à Marcello.
Alors Thomas modifia quelques détails, mais honnêtement ce qu’il raconta se rapprochait beaucoup de la réalité.
- Il était persuadé que t’allais dire non, du coup il osait pas se lancer, ça a duré des plombes, on a cru qu’on allait devoir demander à sa place. Et en plus il se montait la tête lui-même en s’imaginant des trucs débiles, et il nous cassait les couilles avec ça ! C’était insupportable, les regards qu’il te lançait, comme si t’allais bientôt mourir ou te quitter.
- Ah oui, c’est une dramaqueen en fait !
- EXACTEMENT !
Parfait ! Thomas se réjouissait. Faire passer Liam pour une dramaqueen auprès de Marcello, alors qu’il voulait toujours avoir l’air super viril devant lui, qu’il se faisait passer pour un vrai dur qui ne montrait pas ses émotions, c’était tout simplement parfait. Enfin, Thomas n’avait pas beaucoup d’effort à faire puisque Liam était véritablement une dramaqueen et Marcello aurait bien fini par s’en rendre compte. Mais bon, au moins, Thomas avait sa vengeance. Il allait enchaîner, quand son téléphone se mit à sonner. Tiens, quand on parlait du loup.
- Allo ?
- Bon, t’as fini de dire des conneries, vous comptez revenir un jour ?
- Mais je ne dis pas de conneries, moi, je ne fais que dire la vérité ! Après tout si on veut que Marcello se souvienne, il faut tout lui rappeler, absolument tout.
- Tu perds rien pour attendre toi… C’est pas pour ça que j’t’appelle. Ramenez vos culs, on va au Unicorn.
Liam raccrocha, sans attendre de réponse.
- Je crois qu’il est pas très content. Bon, on est attendus apparemment, on doit aller au Unicorn.
- Au Unicorn ? C’est quoi ?
- Tu verras.
Et en effet, Marcello vit. Le Unicorn était un bar et une boîte de strip-tease, tenu par la famille Pichon, qui étaient apparemment également des proches des Families. Il fallait dire que les Pichon affichaient clairement de quel côté ils étaient. La façade du Unicorn était peinte de différentes teintes de vert. Et à l’intérieur, les néons étaient de toutes les couleurs, rouge, violet, rose, bleu, mais surtout vert. En revanche pas une trace de jaune à l’horizon.
- Ah oui. Ah oui je vois. Intéressant comme endroit pour des réunions familiales. Tiens Thomas, tu veux pas inviter Julien ? demanda Marcello. J’aimerais bien le rencontrer aussi, s’il est important pour toi.
- Bah vas-y encourage-le, j’te dirai rien ! intervint Liam.
- Roh c’est bon Liam, il a le droit d’avoir un copain quand même !
- C’est pas mon copain ! insista Thomas.
- Pas tant que j’aurai mon mot à dire ! le contredit Liam, en même temps.
- Mais t’as pas ton mot à dire justement !
Alors que Marcello défendait Thomas et que ce ce dernier faisait des grimaces à Liam derrière son dos, les Pichon arrivèrent pour les accueillir.
- Ah les gars vous êtes là ! Alors, t’as eu un accident Marcello, c’est ça ? lui demanda celui qui semblait être le plus vieux.
Marcello arrêta d’argumenter avec Liam, pour se tourner vers celui qui venait de lui parler.
- Euh oui, c’est ça. Excusez-moi mais je me souviens pas de qui vous êtes ?
- Ah oui on en est à ce point. Moi c’est Gérard, Gérard Pichon, et pas besoin de me vouvoyer bordel ! Du coup tu te souviens de rien ?
Marcello sembla quelque peu décontenancé par la façon de parler plus que directe de Gérard mais reprit vite ses esprits pour répondre :
- De pas grand-chose en tout cas. Juste de ce qu’on m’a raconté.
- Ah oui, donc on t’a déjà parlé des Vagos et compagnie ?
- Ah bah ça, je les ai même rencontrés.
- Ouais, et c’était drôle à voir d’ailleurs ! Vous avez jamais vu Luigi aussi insolent ! Enfin, insolent, c’est un grand mot, mais par rapport à d’habitude ça change ! dit Liam.
- Tant mieux, c’est ce qu’ils méritent, héhé ! se réjouit Gérard.
- J’aurais bien aimé voir ça ! intervint une autre personne qui venait d’arriver.
C’était un rouquin, avec une chemise affreuse, ouverte comme s’il était à la plage, et un fort accent, québécois ou belge, Marcello ne savait pas vraiment le définir.
- Ah Marcello j’te présente mon frère, Bernard, enfin je te le présente à nouveau, quoi !
- Alors c’est quoi cette histoire d’amnésie mon bon Luigi ?
Marcello attendit que le reste de la famille Pichon, une vieille dame du nom d’Henriette, et un jeune homme qui s’appelait Jim, les rejoigne, afin de raconter, pour qu’il n’ait pas à se répéter plusieurs fois. Il commençait à en avoir marre de parler de cette histoire. MT et Liam rajoutèrent des détails, notamment sur l’histoire du braquage et du drive-by par les Vagos. Les Pichon laissèrent tous échapper un florilège d’insultes à leur encontre. Marcello ne pouvait pas s’empêcher de se dire que, certes, il aurait aimé ne pas se faire rafaler, surtout étant donné ce que ça avait eu comme conséquence, mais en même temps, ils l’avaient un peu cherché. S’ils n’avaient pas fait ce braquage en portant leurs couleurs, il n’en serait pas là, à avoir tout oublié, même sa propre famille, même son propre mari. Mais il ne dit rien. Il sentait bien que la rancœur avec les Vagos était profonde et qu’elle ne datait pas d’hier.
Entre temps, Julien, le jeune policier, les avait enfin rejoints, habillé en civil. Thomas avait réussi à lui envoyer un SMS après avoir récupéré son téléphone des mains de Liam qui lui avait piqué.
- Oh m’sieur Capone, comment ça va ? Alors, Thomas m’a dit que vous aviez perdu la mémoire ? C’est vraiment dommage ça, mais j’suis sûr que ça va vous revenir !
Marcello sourit face à l’enthousiasme de Julien et son air candide. Il ne voyait pas ce que Liam reprochait à ce gamin, il avait l’air tout à fait adorable, sans doute même plus que Thomas. Bon, c’était peut-être parce qu’il était flic que Liam ne lui faisait pas confiance… mais Thomas leur avait promis que Julien ne disait rien aux autres flics, et que de toute façon il ne pouvait rien dire parce qu’il ne lui révélait rien d’important sur les affaires des Families. Encore heureux.
- C’est gentil Julien. Alors, comme ça t’es un ami de Thomas ?
- Oui c’est ça m’sieur ! C’est mon meilleur copain ! On se connaît depuis suuuupeeeer longtemps ! Hein ouais, Thomas ? demanda Julien, en passant un bras autour des épaules de Thomas et en rapprochant son visage de lui.
Thomas devint soudainement tout rouge. Liam affichait un air suffisant alors que Marcello se retenait de rire. Oh, le petit avait définitivement au moins un crush sur son « meilleur ami », il était impossible qu’il nie, désormais.
- Bah qu’est-ce que t’as Thomas ? T’as de la fièvre ? s’inquiéta Julien en posant une main sur le front de Thomas.
- Non, j’ai rien, lâche-moi ! J’ai juste chaud, protesta Thomas en s’écartant de Julien, d’un geste brusque.
- Ah ok ! Tu veux qu’on aille dehors ?
- Oui c’est ça Thomas, tu veux pas t’isoler un peu dehors avec Julien, tout seuls ? demanda Liam.
- N-non, c’est bon, on est bien là.
- Comme tu veux ! répondit Julien.
MT regardait la scène, il se tenait un peu plus loin, en retrait. Julien était tellement aveugle au crush de Thomas, et Thomas était enfoncé profondément dans le déni. Tiens, ça lui rappelait certaines personnes qu’il connaissait… Marrant, ça. MT ne manquerait pas de leur faire la remarque, un jour.
Toute la petite famille continua de papoter, en espérant faire remonter des souvenirs à Marcello. Au plus grand soulagement de Liam, mais pas celui de Bénédicte qui attendait la moindre occasion pour en parler, personne ne mentionna le mariage. Ça faisait déjà quelques personnes en moins à qui il fallait mentir, du moins pour l’instant. Enfin, ça, c’était sans compter l’intervention de quelqu’un. Qui manqua tout simplement de tout ruiner.
- Bon bah Marcello, pour te remonter le moral si tu veux je te propose de choisir la fille que tu veux, si tu vois c’que j’veux dire ! lui dit Bernard, en lui faisant un clin d’œil.
Un silence s’installa dans le bar.
- Euh…, commença Marcello, interdit.
- Bah allez fais pas ton timide, si j’te dis que c’est offert ! insista Bernard.
Liam paniquait, Thomas était figé, MT fronçait les sourcils, et Marcello était confus. Très confus.
- Mais, je… enfin, je peux pas, Bernard, je…, commença à se justifier Marcello, perturbé.
Les autres Pichon ne comprenaient pas vraiment la réaction de Marcello, mais ils imaginaient qu’il était gêné de ce que proposait Bernard, juste parce que c’était… eh bien… gênant. Bernard n’était pas connu pour son tact ou sa finesse.
- Bah pourquoi ?
Liam n’arrivait pas à bouger, n’arrivait pas à intervenir, comme si un accident de voiture allait se produire sous ses yeux, et qu’il ne pouvait rien faire pour l’en empêcher. C’était donc comme ça que ça finissait. C’était comme ça que le mensonge prenait fin.
C’est ce qu’il crut, jusqu’à ce qu’une voix féminine ne se fasse entendre.
- Ben Bernard, t’es bourré ou quoi ?
- Comment ça, ma petite Bénédicte ? J’ai rien consommé moi, c’est vous qui êtes tous bizarres là, dites-donc !
- Marcello va pas « choisir la fille qu’il veut », comme tu dis si bien, déjà premièrement parce que c’est un gentleman et qu’il est pas comme ça, commença Bénédicte.
Un air de compréhension passa sur les visages de tous ceux qui n’étaient pas au courant du faux mariage. C’était donc pour ça ! Voilà la raison pour laquelle ils étaient tous aussi embarrassés, à commencer par le principal concerné !
- Et deuxièmement, parce qu’il est marié, j’te rappelle ! rappela Bénédicte, l’air de dire « il est con celui-là ou quoi », dans sa voix.
Plusieurs mâchoires se décrochèrent dans la salle.
- Hein ?
- Bah oui ! Tu te souviens pas ? T’étais là pourtant ! Il est marié à Liam, enfin ! Je sais que les couples libres ça existe, tout ça, mais c’est pas vraiment leur genre !
Bernard ouvrit la bouche pour répliquer, mais Julien, qui était toujours là, lui coupa la parole.
- Bah ouais m’sieur Pichon ! Vous avez encore abusé du whisky, vous, c’est ça ? Vous vous rappelez par de leur super mariage ? C’était trop beau, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, ah oui, oui, hein, moi les mariages ça me rend tout chose, mais vraiment hein, rien que d’y penser, j’en suis encore tout bouleversé ! C’était magnifique, et puis vous avez tous fait des super discours, c’était vraiment émouvant, même Thomas, ah ouais Thomas ? demanda Julien, en donnant un coup de coude dans les côtes du dit Thomas.
Ok, ce gamin était génial, se dit Liam. Immédiatement, il décida que finalement, il l’adorait.
- Aïe… Euh, oui, oui, c’est clair ! J’avais écrit un super discours, même que ça m’a pris des semaines ! Bernard c’est pas toi qu’es amnésique pourtant !
- Bah je…
- Fais pas attention à ce que dit mon frère, Marcello, c’est moi le plus vieux mais c’est lui qui devient sénile, haha ! Bernard, qu’est-ce que tu racontes enfin ? intervint Gérard, qui avait enfin compris ce qui se passait sous ses yeux.
Bernard resta encore un instant sceptique, son trouble se lisait sur son visage. Enfin, alors que littéralement tous les autres lui faisaient signe de jouer le jeu, une lueur de compréhension illumina ses yeux.
- Ben oui les gars, je sais bien qu’ils sont mariés, enfin, j’suis pas débile ! C’était une blague, bien sûr, je voulais juste jouer un p’tit tour à ce bon vieux Luigi, voyez ?
On put presque entendre un soupir de soulagement collectif dans le bar, mais tout le monde réussit à se retenir.
- T’aurais vu ta tête, Marcello, j’ai cru que t’allais faire une syncope ! Je sais bien que JAMAIS tu ferais ça à Liam ! Surtout parce que Liam mettrait la ville à feu et à sang, si ça arrivait…, conclut Bernard.
- Quoi ?! N’importe qu-, s’insurgea Liam, alors que tout le monde acquiesçait autour de lui, le coupant.
- Ouais, c’pas faux.
- Ah ouais, nan, t’as raison.
- C’est clair !
- Personne n’y survivrait, ce serait terrible.
- Hm, hm, surtout Marcello, t’avise pas de tromper Liam si tu tiens à ta vie.
- Même juste l’imaginer, évite, il risquerait de lire dans tes pensées, et tout.
Super, toute la terre s’était donc liguée contre lui. Liam croisa les bras, boudeur.
- J’vois pas du tout de quoi vous parlez…, protesta-t-il faiblement.
Les autres rirent devant l’air de l’Irlandais.
- Bon, trêve de plaisanterie, je propose qu’on se serve tous un verre, pour se remettre de nos émotions ! dit Gérard. Jim, tu veux bien servir ?
- Bien sûr papy.
Pendant un court instant, on n’entendit plus que les tintements des verres, le bruit des bouteilles qui s’entrechoquaient, et les discussions qui reprenaient peu à peu leur cours, tranquillement. Une fois que tout le monde fut servi, ils trinquèrent.
- Allez, on va dire que c’est pour Marcello, pour ta mémoire, en espérant qu’elle te revienne rapidement ! déclara Gérard.
« Pas trop rapidement, quand même », ne put s’empêcher de penser Liam. C’était mal, il en était conscient, mais comment pouvait-on le blâmer quand tout ce qu’il avait toujours voulu lui était offert sur un plateau d’argent ?
Mais, alors qu’il sirotait sa bière au bar, Bénédicte à côté de lui qui piaillait joyeusement dans ses oreilles, il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que le rêve prendrait forcément fin un jour. Peut-être même plus tôt que prévu, s’il en croyait l’expression sur le visage de Marcello.
Ce dernier était occupé avec Julien qui ne semblait pas le laisser en placer une. Marcello hochait la tête de temps en temps, en souriant, pour montrer à Julien qu’il l’écoutait, mais son regard était différent, plus distant, comme s’il réfléchissait à autre chose, en même temps. Il fronçait légèrement les sourcils, et un pli soucieux s’était installé sur son front.
Il doutait.
Notes:
Voilà, j'espère que Thomas et Julien ne sont pas trop OOC, j'ai commencé la POV de Julien mais je ne suis pas encore très avancée, du coup j'espère que ça passe quand même !
Merci d'avoir lu, bisouuuuuuuuuuuus !
Chapter 5: Nuit de noces
Summary:
La soirée au Unicorn se termine.
Notes:
Bonjouuur, bonsoiiiir,
J'espère que vous allez bien, voici le chapitre 5 !
Contrairement à ce que le titre peut laisser penser, absolument rien de NSFW ici :')
Bonne lecture !
CW : mention d'alcool
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Au bout d’un moment, les Pichon avaient fini par ouvrir le bar, et des civils les avaient rejoints. Ils avaient passé une bonne partie de la fin d’après-midi et de la soirée entre eux, en petit comité, mais il ne fallait pas oublier que le Unicorn était le gagne-pain des Pichon, et qu’ils ne pouvaient pas se permettre de fermer le bar pour une soirée privée, comme ça, sans prévenir. Au début, quand les Pichon avaient repeint le bar en vert, ils avaient eu peur de perdre tous leurs clients. Après tout, les Vagos étaient plutôt appréciés en ville, pour un gang, et beaucoup de civils se rangeaient de leur côté. Les Families n’étaient pas aussi sociables. Mais il y avait tout de même des gens qui préféraient leurs manières de faire, à celles des Vagos. Alors, le bar était plein presque tous les soirs. Bien sûr, jamais on n’y voyait un Vagos, ou quelqu’un qui faisait partie du clan Montazac, y mettre les pieds.
C’est ce que Liam avait expliqué à Marcello, qui s’était mis à lui poser des tas de questions sur le gang, leur image, leurs fréquentations, les gens en ville. Liam avait pu souffler un instant, au moins un sujet sur lequel il n’avait pas besoin de mentir ou d’inventer des histoires.
Mentir, comme s’était rapidement rendu compte Liam, était épuisant. Il fallait sans cesse penser à tous les détails, à tout ce qu’il avait dit, et ce que les autres avaient ajouté, car ils s’en donnaient à cœur joie. Surtout Bénédicte et Julien. Ces deux-là s’entendaient d’ailleurs un peu trop bien… Liam avait peur de ce que ce duo pourrait donner. Contrairement à ce qu’il pensait, MT n’en rajoutait pas trop, enfin plus trop. Il s’était contenté de lancer la machine au début, et de graisser les rouages, pour que ça tourne bien. Maintenant, il préférait observer. Liam pensait qu’il appréciait un peu trop ce spectacle à son goût. Il faudrait qu’il ait une discussion avec lui. Après tout, tout s’était déroulé tellement vite depuis le braquage et l’accident de Marcello, Liam n’arrivait pas à se dire que la journée n’était toujours pas finie. Ils n’avaient pas eu le temps de se poser une seconde, avant l’arrivée au Unicorn, et encore, là aussi ils avaient tous failli succomber à une crise cardiaque à cause de Bernard. Liam n’y avait pas pensé au départ, mais si, non, quand Marcello réalisera qu’ils lui avaient inventé un mariage, il n’en voudra pas qu’à Liam.
Le rouquin avait peut-être un peu trop pensé à sa propre petite personne dans cette histoire. Littéralement tout le monde avait participé, tout le monde avait ajouté son grain de sel. Mais quelle idée avait bien pu leur passer par la tête, pour faire ça ?
Dès qu’il y pensait un peu trop longtemps, Liam sentait l’angoisse monter, enserrer son cœur. Alors, il préférait éviter d’y penser, ignorer le problème, la situation, tant qu’il le pouvait.
Liam n’était pas du genre à fuir ses problèmes, à fuir les conséquences de ses actions, mais parce que jusqu’ici, elles n’avaient concerné que sa propre personne. Tant pis s’il était affecté, tant que ça ne touchait personne d’autre. C’était ses décisions, ses responsabilités, ses paroles, ses agissements. Dans le pire des cas, qu’est-ce qui pouvait lui arriver ? En général, une remontrance, une insulte, un règlement de compte, un petit séjour en cellule.
Au pire des cas, il serait amoché quelques jours et passerait un moment au LSMS.
Au pire des cas, il se prenait un coup de couteau, une balle dans l’épaule.
Et au pire des cas, il mourait. Peu importe. C’était sa vie, il en faisait ce qu’il voulait. Et il n’y accordait pas tellement d’importance.
En revanche, ce à quoi il accordait de l’importance, c’était les autres. Ses proches. Sa famille. Et eux, il ne voulait pas qu’ils soient impliqués dans ses choix, du moins pas sans leur consentement. Ils prenaient les décisions ensemble. Liam ne voulait pas que quiconque ait à affronter les conséquences des actions qu’il avait choisi d’entreprendre, lui seul. Mais là, il avait fait tout l’inverse. Il avait foncé tête baissée, il avait suivi MT dans son mensonge. Et il avait impliqué tout le monde. Au début, Liam s’était dit qu’il avait fait ça parce que c’était une blague. Une simple blague. Ils en faisaient tout le temps, des blagues, au sein des Families. Ce n’était jamais grave, ça ne durait jamais bien longtemps. Et Marcello était souvent celui qui était visé par ces blagues, même s’ils n’avaient jamais de mauvaises intentions. Là non plus, il n’en avait pas eu, de mauvaises intentions. Jamais il n’avait voulu faire de mal à Marcello. C’était la dernière personne qu’il voulait blesser. Et pourtant, qu’est-ce qu’il faisait, là, au juste ? Et pour quoi ? Pour satisfaire ses propres pulsions ? Assouvir ses désirs ? Combler un manque, un vide ? Tout ça pour des sentiments idiots, qui n’avaient même pas lieu d’être ? C’était ridicule.
Liam était ridicule. MT avait fait une simple blague, et Liam avait sauté sur l’occasion, parce que ça l’arrangeait bien, parce que c’était la seule façon qu’il avait d’imaginer une potentielle relation dans la vraie vie. Parce que sous aucun autre prétexte cette relation n’existerait. Liam n’était qu’un gamin, un gamin désespérément amoureux, désespérément seul, désespérément triste. Et bientôt, il le sera encore plus. Une fois que Marcello l’aura laissé tomber. A juste titre.
Boire, ça l’empêchait de penser. La bière, ce n’était pas assez fort, mais juste assez pour qu’il oublie la merde dans laquelle il était. Juste assez pour qu’il se laisse prendre au jeu. Juste assez pour jouer au parfait petit mari.
Avec ça, le boulot n’avançait pas beaucoup non plus… Ils avaient de la chance que Los Santos ne connaisse pas plus de gangs. Sinon, ils devraient travailler un peu plus qu’ils ne le faisaient actuellement, s’ils ne voulaient pas se laisser engloutir par la concurrence. Heureusement, les Vagos n'étaient pas des acharnés de travail non plus. De toute façon, même s’ils ne bossaient pas, les petites mains le faisaient pour eux. Ce n’était pas la main d’œuvre qui manquait, Los Santos était probablement une des villes qui connaissait le plus haut taux de criminalité. De ce fait, ils pouvaient souvent se permettre des journées et des soirées off, comme celle-ci. Mais la soirée allait probablement être écourtée, parce que Marcello avait l’air épuisé. De plus, le bruit ambiant du monde qui venait d’arriver n’arrangeait rien. Les gens hurlaient pour se parler, chantaient, dansaient, buvaient. Pas vraiment le genre d’environnement idéal pour quelqu’un qui souffrait d’une commotion cérébrale.
- Ça va ? lui cria Liam, alors que Marcello avait l’air sur le point de s’endormir sur la table, les mains sur ses oreilles pour essayer de préserver son ouïe.
Ils s’étaient installés dans un coin tranquille avec une table et des banquettes, et étaient accompagnés de Bénédicte et MT. Thomas avait disparu quelque part, probablement avec Julien, même s’il ne l’avouerait jamais. Ils étaient un peu isolés du reste du bar, mais pas assez pour ne pas avoir à crier pour se faire entendre.
- Non ! J’ai mal à la tête.
Il laissa tomber ladite tête en avant sur la table.
- Aïe.
- Ça va pas arranger ton mal de tête, ça, fit remarquer Bénédicte.
Pour toute réponse, Marcello se contenta de ronchonner.
- Tu veux qu’on y aille ? lui demanda Liam.
- Oui, s’il te plaît.
Liam se leva, puis fit le tour de la table pour se placer à côté de Marcello.
- Par contre Marcello, va falloir te lever si tu veux partir.
- Maiiis c’est loiiiin. Je suis fatiguééééé…
- Je sais, mais tu peux pas dormir ici. Et non, je vais pas te porter.
- Eh bah c’est nul.
- Allez, viens.
Liam lui prit la main qui reposait sur la table, à côté de sa tête, pour le tirer vers lui, et heureusement, Marcello ne se fit pas plus prier, et se leva à son tour, avec toute la lenteur dont il était capable. Liam lui passa un bras autour de la taille, seulement parce qu’il était trop fatigué et qu’il avait peur qu’il ne tombe, et pour aucune autre raison, et ils se dirigèrent vers la sortie du bar.
- Bonne nuit les amoureux ! leur cria Bénédicte, un grand sourire aux lèvres.
- Ouais, faites pas trop de bêtises, hein, lança à son tour MT, avec un sourire en coin.
- La ferme MT.
Ils n’attendirent pas qu’il réplique, mais Liam crut entendre le début d’un « on peut vraiment plus rien dire ». Il haussa les yeux au ciel. Ils firent un signe de la main aux Pichon qui étaient derrière le bar, puis sortirent. Une fois dehors, ils purent enfin respirer. Ils ne s’étaient pas rendu compte de la chaleur qui régnait dans le Unicorn. Tout à l’heure, avant de partir pour le Unicorn, les Families avaient bien évidemment pris le temps de se changer pour se débarrasser de la couleur jaune qu’ils portaient. Liam avait mis son sweat à capuche vert sans manches, son préféré, de ce fait il n’avait pas trop chaud, et pas trop froid non plus. La différence de température était tout de même assez importante, et d’ailleurs, il se demandait comment Marcello avait fait pour ne pas mourir de chaud à l’intérieur avec son gros sweat.
- Je meurs de chaud, dit-il.
Ah bah tiens. Il avait fallu que Liam y pense. Marcello se mit alors à enlever son sweat.
Ouh la. Comment ça, il enlevait son sweat ? Comme ça, en pleine rue ?
- Euh, tu devrais peut-être évi-
Liam fut coupé dans sa réflexion par la vue qui s’offrait à lui alors que Marcello soulevait le bord de son pull.
Ah. Ah, il avait un t-shirt en dessous. Dommage. Vraiment dommage. Liam se racla la gorge.
- Tu vas attraper froid, le prévint Liam.
- Mais non ! Tu vas me tenir chaud, dit-il en glissant ses mains sous le pull de Liam pour lui faire un câlin.
- Euh, ah, euh oui, enfin, je-
Tais-toi, Liam, se réprimanda-t-il. La ferme, pas un mot de plus, pitié.
Les mains de Marcello étaient chaudes, pourtant, sa peau se recouvrit de frissons lorsqu'il les sentit contre lui.
- C’est… enfin… c’est sympa, mais…
Sympa ? SYMPA ?! Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ?
- Quoi ? demanda Marcello, la tête sur l’épaule de Liam, à moitié endormi.
- Marcello, si on n’y va pas maintenant, tu vas vraiment finir par dormir ici. Et crois-moi, dormir dans la rue, c’est pas ouf, encore moins devant un club de strip-tease. Je dirais même que c’est une sacrée idée de merde.
- Hmm… Ok…
Il se décolla finalement de Liam, pour son plus grand bonheur, parce qu’il s’était arrêté de respirer, et pour son plus grand malheur, parce que la chaleur de Marcello lui manquait déjà. Liam se mit en marche, sans attendre Marcello, en espérant que la fraicheur de la nuit fasse baisser sa température qui lui faisait monter le rouge aux joues. Marcello le rattrapa rapidement :
- Bah attends-moi quand même !
- Ah, oui, pardon.
- Ça va pas ?
- Si, si. J’suis juste dans mes pensées. T’inquiète pas.
- Tu penses à quoi ?
À la merde dans laquelle il était, à ses mensonges, au fait qu’il n’y avait aucune possibilité que cette histoire se termine bien.
- À toi.
- …Stupido, va, répondit Marcello, en détournant le regard, les joues rougies.
Liam sourit, heureux d’avoir provoqué cette réaction. Malgré toutes ses angoisses, il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un espoir quand il voyait Marcello réagir comme ça. Peut-être que ses sentiments étaient réciproques, peut-être qu’ils l’étaient avant son accident, peut-être que finalement cet accident et ce mensonge apporteraient de bonnes choses. Peut-être que la seule chose qu’il avait à faire, c’est de faire en sorte que Marcello devienne raide dingue de lui, au point qu’il lui pardonnerait tout. Évidemment, ce n’était pas chose aisée.
On ne forçait pas quelqu’un à tomber amoureux. Et Liam avait aimé des personnes dans sa vie, mais aucune ne lui avait jamais rendu son amour aussi fort. C’était toujours lui qui aimait le plus, lui qui était le plus dépendant de l’autre. Alors, à quoi bon partager cet amour, si c’était pour le voir se briser à cause de l’absence de réciprocité, qui arrivait toujours, inéluctablement ? Liam préférait garder ses sentiments pour lui, précieusement, les partager c’était le risque de les voir se faire piétiner. Il se disait que de toute façon, il n’avait pas besoin de le dire à Marcello, parce qu’il n’avait pas besoin de plus, que ce que Marcello lui offrait était déjà assez. Sa simple présence était suffisante.
Même si, parfois, le fait qu’ils soient aussi proches, sans pouvoir franchir cette barrière invisible qui les séparait, lui faisait plus de mal qu’autre chose. Vivre dans le même appartement sans pouvoir se réveiller à ses côtés tous les matins. L’écouter parler sans jamais pouvoir l’interrompre en l’embrassant. Se tenir côte à côte, sans jamais pouvoir lui prendre la main. C’était trop dur. Trop difficile à vivre. Liam avait déjà pensé à se barrer. Du jour au lendemain, quitter l’appartement, quitter la ville. Partir loin. Loin de Marcello, loin de ses sentiments qui le bouffaient de l’intérieur. Mais il n’y arrivait pas. Liam était trop lâche pour ça. Certains diraient que c’était ridicule, de se nourrir du peu que Marcello lui donnait. De son rire quand Liam faisait une blague. Du moindre petit contact, d’une tape dans le dos, d’un regard qui dure un peu plus longtemps, des doigts qui frôlent les siens, d’une main qui s’attarde sur son épaule. C’était ridicule de se raccrocher au moindre geste, à la moindre parole, ça faisait pitié, Liam n’était qu’un pauvre bouffon. Mais c’était tout ce qu’il avait. Alors il s’y raccrochait, de toutes ses forces. Tant pis, si c’était risible.
Le problème, c’est que maintenant qu’il avait goûté à davantage, Liam ne savait pas s’il saurait s’en passer. En imaginant que, quand Marcello apprendra la vérité, il ne lui en veuille pas, et qu’ils restent amis, Liam ne savait pas s’il pouvait justement les laisser redevenir de simples amis. Ce serait de la torture.
Alors qu’ils marchaient silencieusement depuis quelques minutes, Liam sortit de ses pensées lorsqu’il sentit une main frôler timidement ses doigts. Il s’approcha alors franchement de Marcello, pour être presque collé à lui, et lui prit la main. Ils finirent le reste du trajet comme ça, dans un silence confortable. Lorsqu’ils arrivèrent enfin dans leur appartement, ils furent accueillis par Pitch qui miaulait aussi fort qu’elle le pouvait, comme si elle avait été abandonnée.
- Ah oui, du coup Marcello, je te présente ta fille, Pitch.
- Notre fille plutôt non ? fit remarquer Marcello, un sourire en coin.
- Euh oui, notre fille, oui. Elle risque de te faire la gueule un petit moment, parce qu’elle doit croire que tu l’as abandonnée, mais t’inquiète pas elle t’en veut jamais longtemps. Elle est aussi dramatique que son père !
- Tu parles de toi là, j’imagine ?
- Non, non, de toi !
- C’est ça oui… C’est pas ce que j’ai cru comprendre… Enfin bon…, dit Marcello, l’air innocent, tout en caressant Pitch, qui se laissait faire bien, qu’elle lui tournait ostensiblement le dos.
- Attends… Qu’est-ce que Thomas t’a raconté ?
- Rien du tout ! Bon, tu me fais visiter ? Ce serait con que je me cogne la nuit en me levant pour aller pisser parce que je me souviens plus où sont les toilettes.
- Ouais, t’as pas besoin d’une deuxième commotion cérébrale.
- Qui sait, peut-être que ça me rendrait mes souvenirs ?
Quelle horreur.
- Ce serait super. Allez viens.
Leur appartement n’était pas bien grand, et pas très luxueux non plus, mais ils n’avaient pas besoin de beaucoup plus étant donné qu’ils passaient le plus clair de leur temps à l’extérieur. Heureusement, Marcello ne posa pas de question piège, et Liam n’eut pas à inventer d’autres histoires, à part quand il lui demanda pourquoi est-ce qu’ils avaient deux lits.
- C’est… une chambre d’amis.
- On a un minuscule appartement, mais on s’est dit que c’était une bonne idée de faire une chambre d’amis ?
- C’est pour Thomas, surtout.
Ce n’était qu’un demi-mensonge, puisqu’il arrivait régulièrement que l’adolescent vienne crécher chez eux, sans qu’il ne leur demande leur avis auparavant, évidemment.
- Oh, ok.
Marcello n’avait aucun mal à le croire, surtout qu’il aimait bien Thomas, et qu’il s’était attaché (et rattaché) rapidement au gamin.
Marcello fit plusieurs fois le tour de l’appartement, Pitch dans les bras, pour regarder partout, probablement pour voir si ça déclenchait des souvenirs. Puis il finit par s’écrouler sur le lit, en baillant à s’en décrocher la mâchoire.
- Bon, on verra demain. Si ça se trouve, quand je me réveillerai, je me souviendrai de tout ! Mais là, je suis trop crevé.
Liam culpabilisa un instant. Il était vrai qu’ils n’avaient pas vraiment suivi les recommandations de Vanessa, Marcello n’avait pas eu un instant pour se reposer.
- T’as raison, tu devrais dormir. Tu sais, tu peux lâcher Pitch, elle va pas se sauver, remarqua Liam, amusé.
- Mais elle est toute douce ! C’est comme une peluche.
Ladite peluche ronronna, non mécontente de toute l’attention qui était portée sur elle.
- Ouais bah, fais gaffe à pas l’écraser dans ton sommeil !
- Mais jamais je ferais ça, oh ! Bon, tu viens ?
Liam bégaya.
- Je… Quoi ? C-comment ça ?
- Bah, tu viens te coucher ?
Ah. Ah oui. Liam avait oublié ce… petit détail. Ce n’était pas la première fois que Liam et Marcello dormaient ensemble, c’était déjà arrivé par exemple quand Thomas squattait chez eux, et qu’ils étaient obligés de dormir dans le même lit, mais là, c’était différent. Le contexte était différent. Ce n’était plus juste deux potes qui dormaient ensemble. Cette fois-ci, ils étaient censés être un couple, marié qui plus est.
- Ah oui, je, enfin, oui, j’arrive, je dois juste, euh… Je dois euh… aller… dans la salle de bain.
Marcello le regardait bizarrement, mais il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus que ça, car il s’enfuit dans la pièce à côté, d’une manière absolument pas suspicieuse. Il prit soin de fermer la porte, avant de se mettre à hyperventiler.
- Ok, tout va bien, pas de raison de paniquer, t’as dormi plein de fois avec Marcello, c’est quoi le problème ? Y’a rien qui change, ce sera pareil que d’habitude ! Est-ce que ce sera pareil que d’habitude ? Oh non et si c’était bizarre ? Mais non ce sera pas bizarre ! Au pire des cas, je dis que je fais une insomnie et pour pas le déranger je vais dormir dans l’autre lit ! Non mais du coup, ça, ce serait bizarre…
Liam resta enfermé dans la salle de bain à réfléchir et à retourner toutes les situations possibles et inimaginables dans sa tête pendant un bon moment, si bien que quand il en sortit enfin, après avoir pris son courage à deux mains (et avoir hésité à dormir dans la douche trois fois), et qu’il se dirigea vers le lit, il vit que Marcello était… endormi. Liam soupira, mi soulagé, mi dépité. Il avait fini par s’endormir recroquevillé sur un côté du lit, avec Pitch en boule dans ses bras, qui dormait tout aussi profondément. Liam dut se mordre très fort l’intérieur des joues pour s’empêcher de hurler devant une scène aussi adorable. Il s’approcha doucement pour ne pas réveiller Marcello, et tira la couverture au-dessus de lui. Puis, il se décida à s’installer de l’autre côté, en essayant de mettre le plus de distance possible entre lui et Marcello, qui lui tournait le dos. Liam se sentait idiot d’être aussi peu à l’aise en présence de Marcello, alors que ce n’était pas la première fois qu’ils dormaient ensemble, mais il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que cette fois-ci, c’était différent. Alors, au départ, il ne ferma pas l’œil, pendant au moins une heure. Il crut même qu’il n’arriverait pas à dormir de la nuit, trop conscient du corps de Marcello beaucoup trop proche de lui. Il restait allongé sur le dos, les yeux ouverts, à admirer son plafond. On aurait pu croire qu’il était mort tant il essayait de peu bouger pour ne pas réveiller Marcello. Au bout d’un moment, le sommeil finit par le gagner, alors il se détendit. Marcello n’avait pas bougé d’un centimètre depuis le début. Mais, soudain, alors que Liam était définitivement en train de s’endormir, il sentit un poids inattendu sur lui, ce qui le réveilla en sursaut, à peine avait-il enfin fermé les yeux. Marcello avait finalement bougé dans son sommeil, et pas qu’un peu. Il s’était complètement retourné pour atterrir la tête sur le torse de Liam, le visage enfoui dans son t-shirt, un bras l’enserrant, comme si Liam était une peluche.
Oh non. Oh non, oh non, oh non. C’était la pire chose qui pouvait arriver. Qu’est-ce que Liam était censé faire maintenant ? Au bout de quelques secondes à rester figé ainsi, il finit par reprendre son souffle, qu’il n’avait même pas conscience avoir perdu. Son cœur battait à mille à l’heure. Liam ne comprenait pas sa propre réaction. Marcello l’avait embrassé, bon sang, pourquoi est-ce qu’il paniquait autant pour un câlin ? Peut-être parce que la façon dont Marcello l’avait enlacé, comme s’il s’accrochait à lui, comme s’il avait besoin de lui, était une situation infiniment plus intime, plus précieuse, qu’un baiser échangé à cause d’une blague idiote. Surtout que ce n’était pas la première fois qu’ils s’embrassaient... Mais c’était la première fois que Marcello faisait preuve d’autant de vulnérabilité devant Liam, en se montrant aussi proche de lui, même inconsciemment.
L’Italien laissa échapper un soupir de contentement dans son sommeil, avant de passer une jambe par-dessus celles de Liam, toujours profondément endormi.
Finalement Liam accepta son sort en voyant que Marcello ne comptait pas bouger. Au moins, il pouvait en profiter pour regarder Marcello autant qu’il le voulait, sans que ce dernier ne détourne le regard de gêne, ou ne lui demande pourquoi il le dévisageait. De son bras libre, il approcha sa main, doucement, du visage de Marcello pour repousser les cheveux qui lui tombaient sur le front et en profita pour laisser ses doigts effleurer quelques instants de plus sa joue.
Oh, Liam n’avait jamais aimé quelqu’un d’une telle force.
Notes:
Omg que c'est niais mais arrêtez-moi en fait.
Il faut savoir que j'ai 0 plan et que les choses s'ajoutent au feeling, mais qu'en plus de ça j'oublie ce que j'ai écrit, donc si y a des incohérences eh bah... faites genre vous avez rien vu. Svp.
J'espère que ça vous a plu ! Bisouuuuuuuuus
Chapter 6: Coupure
Summary:
La communication, c'est compliqué. Les téléphones n'aident pas.
Notes:
Bonjour !
Je n'étais pas très inspirée pour le titre de ce chapitre, je suis pas sûre qu'il colle parfaitement mais j'avais la flemme d'en trouver un mieux.
Je sais pas trop quoi vous dire. Ca va vous ? J'espère que ça va.
Bonne lecture !
CW : scène léééégèèèèrement nsfw mais franchement ça vaaaaa, rien de très choquant
mention de consommation d'alcool
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Marcello avait l’impression de ne jamais avoir aussi bien dormi de sa vie. Il fut réveillé par le soleil qui lui réchauffait le visage et par un léger ronflement à côté de lui. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit que ce ronflement provenait évidemment de Liam, encore endormi, la bouche entrouverte. Il ne put s’empêcher de sourire. Pendant la nuit, ils avaient fini par se retrouver face à face, à quelques centimètres l’un de l’autre. Liam avait une main nonchalamment posée sur sa taille, glissée sous son t-shirt, ce qui lui donnait légèrement… chaud. Marcello ne pouvait pas s’empêcher de repenser à la scène de la nuit dernière. Il avait trouvé la réaction de Liam vraiment étrange, comme s’il ne voulait pas dormir dans le même lit que lui, que ça le gênait. Il ne préférait pas trop y penser. C’était probablement son imagination qui lui jouait des tours. Surtout que, maintenant, Liam était bien là, près de lui. Si proche, qu’il pouvait compter ses taches de rousseur, passer sa main dans ses cheveux emmêlés. Certains souvenirs commençaient à lui revenir, enfin, il en avait l’impression. Surtout des souvenirs avec Liam, et parfois avec MT, et les autres aussi. C’était encore très flou, mais il arrivait à éprouver ce qu’il avait ressenti pendant ces moments. De l’euphorie, après un braquage réussi. La joie d’avoir une famille qui l’entourait. De la peur, quand l’un des leurs était blessé. Du dédain, quand il voyait les Vagos, qui le lui rendaient bien.
« Marshamallow ». Ce terme résonnait encore dans ses oreilles.
Mais surtout, surtout il ressentait de l’amour, qui l’envahissait, qui lui réchauffait le cœur et lui faisait tourner la tête, à chaque fois que Liam le regardait. Alors, s’il avait eu quelques doutes parfois, il s’efforçait de les effacer, en repensant à ce sentiment, cette affection qui lui paraissait si intense, si profonde, qu’il était impossible qu’elle soit inventée. Il ne se souvenait pas de tout ce que Liam et lui avaient vécu, mais ils partageaient sans aucun doute un lien très fort. Assez fort pour se marier, probablement.
Même s’il n’avait toujours pas de bague. Et qu’il ne se souvenait de rien en rapport avec une cérémonie de mariage, ou même une demande. Ça lui brisait le cœur, en réalité. De tous les souvenirs qui ne lui revenaient pas, fallait-il vraiment que ce soit ceux-ci ? Ceux qui étaient, théoriquement, les plus chers à son cœur, qui représentaient les moments les plus importants de sa vie ? Marcello espérait sincèrement qu’il retrouverait entièrement la mémoire, et vite.
Au bout d’un moment, Liam finit par papillonner des yeux. Marcello ne savait pas quelle heure il était, mais étant donné que le soleil commençait à être haut dans le ciel, il imaginait qu’ils avaient dormi très longtemps. Il en avait eu besoin, honnêtement. Il avait l’impression d’être encore fatigué, d’ailleurs.
- Hey, dit Marcello, tout bas.
Liam, pour toute réponse, se contenta de s’étirer, ou plutôt de se tordre dans tous les sens. Enfin, il ouvrit complètement les yeux, pour regarder celui qui était en face de lui. Il clignait des paupières, lentement, comme s’il avait du mal à se réveiller.
- Bien dormi ? demanda Marcello.
- Hmm… murmura Liam.
Ses yeux étaient brumeux, portaient encore la trace du sommeil qui venait de le quitter. Marcello se dit que Liam devait être le genre à être peu bavard le matin, quelqu’un avec qui il ne fallait mieux pas essayer de discuter avant qu’il n’ait bu son café, ou quelque chose comme ça. De ce fait, il se décida à le laisser tranquille, et commença à sortir du lit.
Seulement, avant qu’il n’ait pu glisser un pied en dehors de la couette, il sentit une poigne ferme le retenir. Il eut à peine le temps de se retourner pour réaliser que c’était Liam qui le maintenait, afin de l’attirer vers lui. Sans qu’il ne puisse se préparer, Liam s’approcha de lui, et se mit à l’embrasser avec ardeur. D’abord surpris, car il ne s’attendait pas à ce que Liam soit aussi entreprenant dès le matin, Marcello ne répondit pas immédiatement, mais il sortit bien vite de son état statique pour répondre au baiser tout aussi passionnément. Il ne savait pas quelle mouche avait piqué Liam, mais il n’allait pas s’en plaindre, car il préférait largement ce comportement à celui de la veille.
Peu à peu, Liam se redressa de plus en plus, alors qu’il était encore à moitié allongé dans le lit. Marcello, lui, au contraire, s’enfonçait de plus en plus dans le matelas, fondait sous le toucher de Liam. Celui-ci en profita pour s’installer à califourchon sur Marcello et continuer de l’embrasser de plus en plus férocement.
Liam plaça une main sur sa taille, de la même manière qu’il l’avait posée pendant la nuit, puis une autre, qu’il faisait courir partout sur sa peau. Marcello pouvait sentir ses doigts s’enfoncer dans sa chair avec ferveur, tellement, qu’il en lâcha un petit cri de surprise, ce qui le fit se détacher des lèvres de Liam, à regret. Mais ce dernier lui laissa à peine le temps de souffler, qu’il repartit à la charge, tout en glissant sa main dans son dos, puis, petit à petit, de plus en plus bas. Il quitta ses lèvres pour venir embrasser sa mâchoire, puis son cou, le mordillant légèrement.
Marcello ferma les yeux et laissa échapper un petit gémissement, tout en murmurant le nom de Liam.
Soudain, toute chaleur le quitta. Il ouvrit les yeux immédiatement, pour comprendre ce qui se passait. Liam s’était brusquement reculé, les lèvres rougies, le regard fiévreux. Il était toujours installé sur lui, mais il avait un air étrange, comme s’il ne comprenait pas comment il avait atterri là.
- Marcello ?
Ce dernier ne comprenait pas. Il y avait encore quelques secondes, l’Irlandais était en train de lui faire les plus beaux suçons qu’il n’avait jamais eus, et là, il le dévisageait comme s’il était un inconnu qu’il avait ramené de soirée, encore bourré.
- Euh… Oui ? Ça va pas Liam ?
- Je… Je croyais que…, commença-t-il, l’air perdu.
- Tu croyais… ?
Marcello commençait à s’impatienter. Il était légèrement vexé, et surtout très frustré. Il le devint encore plus quand Liam se dégagea de lui complètement.
- Je croyais que j’étais encore en train de rêver… avoua Liam, le rouge lui montant aux joues.
- Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?
- J’avais pas remarqué que… enfin… laisse tomber. Excuse-moi.
Il se leva précipitamment, se prenant les pieds dans la couette, et manquant ensuite de trébucher sur Pitch.
- Mais ? Liam ? Pourquoi tu t’excuses ?
Il ne lui répondit pas, et partit se réfugier dans la salle de bain, comme la veille au soir. Cette fois-ci, il en ressortit beaucoup plus rapidement, à peine cinq minutes plus tard, habillé et prêt à partir.
- Attends mais tu vas où là ? Tu vas vraiment me laisser comme ça ? s’énerva Marcello.
- J’dois voir MT. A plus.
- Quoi ?! Mais t’es sér-
Liam n’entendit pas la suite de la phrase, parce qu’il avait déjà claqué la porte, mais il s’imagina sans problème ce que disait l’Italien.
Liam avait du mal le matin, d’accord ? Il dormait d’un sommeil lourd, mettait du temps à se réveiller, traînait les pieds pour se préparer. Il n’aimait pas le matin. Et le matin le lui rendait bien. C’est bien pour ça qu’il évitait de prévoir des choses importantes pendant cette période de la journée. Encore à moitié endormi, ou d’une extrême mauvaise humeur, il risquait trop de tout foutre en l’air. De toute façon, quel criminel travaillait le matin ? Qui braquait une banque à 8h ? Personne, voilà tout. Ce n’était pas pour rien que Liam avait choisi ce métier. Des horaires plus tardifs lui convenaient amplement. Il était un oiseau de nuit.
Et puis, ça lui arrivait souvent de faire des rêves, disons… très… réalistes. Assez pour les confondre avec la réalité, justement. Liam ne comptait plus (ou pas, en fait, il n’avait jamais compté, il était trop honteux) le nombre de fois où il avait rêvé de Marcello, de manière plus qu’explicite. Alors, évidemment que ce matin-là, en se réveillant aussi proche de Marcello, le sommeil qui engourdissait encore tous ses membres et ses organes (dont le plus important qui aurait dû l’empêcher de faire ce qu’il avait fait : son cerveau), il avait cru une nouvelle fois que c’était un rêve. En plus, sur le coup, il ne se souvenait plus de tout ce qui s’était passé la veille. Il avait oublié qu’il était censé être marié à Marcello, et que c’était la raison pour laquelle ils avaient dormi ensemble. D’un côté, c’était une bénédiction, puisque Marcello n’avait pas bronché, il devait donc encore croire à ce mensonge. Sinon, il n’imaginait pas la réaction de l’Italien quand Liam s’était littéralement jeté sur lui pour l’embrasser. Et plus si affinités.
Mais, tout avait pris fin très vite, quand Marcello avait prononcé son nom. Et d’autres sons auxquels Liam ne repenserait sûrement pas, non, non. Sa voix lui avait semblé trop claire, trop vraie, pour être inventée par son esprit. C’était là, que Liam s’était rendu compte. Et qu’il avait rendu la situation encore plus bizarre en s’enfuyant. En s’enfuyant ! Comme un enfant. Ou un idiot. Techniquement, Marcello n’aurait rien dit, il avait l’air plutôt complètement d’accord avec ce qui était en train de se passer, mais c’était Liam qui n’avait pas pu continuer. C’était trop étrange. Marcello était persuadé d’être marié à lui, alors il n’allait pas refuser. Il n’oserait peut-être pas. Mais Liam avait déjà suffisamment l’impression de jouer avec lui, il n’irait pas jusque-là. Rien que d’y penser, ça lui donnait envie de vomir. Et quitte à partir de l’appartement en laissant le pauvre Luigi abandonné à son sort, et surtout la tête remplie de questions, autant qu’il aille faire ce qu’il devait faire depuis un bon moment déjà : parler à MT.
Du coup, il se retrouvait devant la porte du chef des Families, à tambouriner jusqu’à ce que ce dernier lui ouvre.
- Ouais, ouais, j’arrive, deux secondes putain.
Liam entendait sa voix venir de l’intérieur, qui s’approchait progressivement de la porte.
La lenteur de MT le tuerait un jour. Enfin, il lui ouvrit, en ayant le culot de lui bailler à la figure.
- Qu’est-ce que tu fais là Lili ? T’es pas occupé à câliner ton mari ? lui demanda MT, un sourire narquois au coin des lèvres.
- Non. Parce que justement, faut qu’on en parle, répondit Liam, les bras croisés.
- De quoi ?
- De mon mari. De Marcello ! se reprit le rouquin, rougissant.
MT souffla du nez. Il se décala pour le laisser entrer. Comme souvent, son appartement était presque plongé dans le noir, les volets à peine relevés pour laisser entrer juste ce qu’il fallait de lumière. Liam trouvait l’ambiance dans l’appartement de MT trop étouffante. Il y régnait toujours une odeur d’encens, et une espèce de fumée semblait toujours flotter dans la pièce principale.
- Je vois que ça se fait plaisir, dit Liam en entrant et en voyant un joint allumé, à moitié consommé, posé sur le rebord d’un cendrier.
- Toujours, refré. Bon, qu’est-ce que t’as ?
Liam prit ses aises et s’installa sur le canapé.
- Comment ça qu’est-ce que j’ai ? Qu’est-ce que j’ai ?! MT, t’es au courant au moins de la sauce dans laquelle tu m’as foutu ? Dans laquelle tu nous as tous foutus d’ailleurs ?
MT haussa un sourcil, vraisemblablement sceptique, mais ne répondit pas.
- Me regarde pas comme ça, bordel ! Pourquoi est-ce que t’as inventé cette histoire débile ! Marcello va me tuer quand il se souviendra de tout, putain.
- Tu dis n’importe quoi. C’est qu’une blague, c’est bon, il va s’en remettre. Il en a connu d’autres !
- Non. Non, MT, il en pas connu d’autres, pas des comme ça ! C’est pas une blague ! C’est un mensonge putain ! Tu me fais mentir à mon meilleur ami ! s’énerva Liam, en se levant du canapé.
- Dont t’es amoureux.
- Quoi ?
- Fais pas semblant de pas avoir entendu, ou compris. Tu sais que c’est le genre de truc qui me gave.
- Je fais pas semblant. Je vois juste pas le rapport, répondit Liam en croisant les bras sur son torse, se renfermant sur lui-même.
- Oh mais mec, pitié ! T’as vraiment de la merde dans les yeux, c’est pas possible !
- Mais non, bordel ! Je sais que je suis amoureux de Marcello !
- Ah ! Tu l’admets enfin !
- Je- oui bon d’accord, j’ai peut-être mis un peu de temps…
- Putain, j’ai cru qu’on allait subir un troisième mariage de Vagos avant que tu t’en rendes compte.
- Parle pas de malheur. Imagine, ils vont peut-être commencer à se reproduire…
MT eut une grimace de dégoût.
- Bref ! C’est pas le sujet ! Le problème, c’est qu’on s’en fout de mes sentiments, ils sont pas réciproques, mais ça me dérangeait pas jusqu’à ce que t’inventes cette connerie de mariage ! Parce que quand Marcello apprendra la vérité, non seulement mes sentiments seront toujours pas réciproques mais en plus il va juste me détester ! Et même s’il me pardonnait, ce sera quand même… Ce sera fini. Tout ça, ce sera fini, termina Liam, dépité, en cessant de s’agiter dans tous les sens.
Twain soupira.
- Mais qu’est-ce que tu racontes mon frère ? Déjà, qu’est-ce qui te fait croire qu’il t’aime pas ?
- J’le sais, c’est tout, dit Liam, le ton cassant.
- Ah ouais ? Il t’a dit « Liam, je t’aime pas » ?
- Bien sûr que non.
- Tu lui as dit que tu l’aimais et il t’a dit « Moi aussi je t’aime Liam, mais comme un frère » ?
- Non plus.
- Bon alors, qu’est-ce que t’en sais ?
- J’le sais ! affirma Liam, encore une fois, en commençant à faire les cent pas dans l’appartement de MT.
- Mais non t’en sais rien, mon reuf ! Tu le saurais si t’avais déjà porté tes couilles et que tu lui avais dit. Et putain, j’peux dire que vous commencez à me gonfler tous les deux à vous tourner autour.
Liam s’était arrêté d’un coup. Il tournait le dos à MT.
- J’ai essayé. J’ai essayé, ok ?
- Comment ça t’as essayé ?
- J’ai pas envie d’en parler.
- Wow, y’a pas de ça qui tienne avec moi, soit tu dis ce que t’as à dire, soit t’arrêtes de te plaindre.
Liam lui jeta un regard noir, avant de reprendre :
- C’était y’a un petit moment déjà…, commença Liam. Non mais laisse tomber, ça sert à rien d’en parler en plus ça fait trop pitié putain, se ravisa-t-il.
- Quoi ?? Mais t’es sérieux ! J’veux savoir moi ! J’veux avoir tous les détails croustillants frère !
- Non mais MT… Déjà, y’a pas de détails croustillants puisque qu’il s’est rien passé. Et ensuite… mais t’es juste une commère en fait ?
- Ta gueule. Explique ou j’te vire du gang. Et la seule manière d’être viré du gang, c’est les pieds devant.
- Je trouve que t’y vas un peu fort tout de même, si j’peux me permettre, on est dans une démocratie, ici, alors euh…
- Putain Lili ! Tu vas le raconter ton truc oui ou merde !
- Bon ok si t’insistes ! J’te préviens, si tu te fous de ma gueule, j’te tue.
- Ah ouais ? Comment ?
- Je sais pas, je trouverai bien une idée… Bref. Je sais plus quand c’était, y’a pas si longtemps que ça…
Liam n’avait jamais vu Marcello aussi bourré de sa vie. Il ne savait pas ce qui lui avait pris, de boire autant. Ok, certes, ils avaient volé un véhicule de Vagos, mais ce n’était pas une si grande occasion que ça, pas de quoi le fêter comme ça ! Ça leur arrivait souvent, de se retrouver avec des véhicules jaunes dans leur garage, parce qu’apparemment c’était trop dur de fermer une voiture à clé. C’était trop tentant, une voiture jaune, comme ça, offerte à eux, abandonnée après un accident, comment résister ? Enfin, ce n’était sans doute pas pour ça que Marcello avait bu. L’Italien avait probablement juste envie de lâcher prise.
Bon, du coup, Liam se retrouvait de corvée de baby-sitting. Ça ne le dérangeait pas, de prendre soin de Marcello, loin de là, mais il pesait quand même son petit poids, et il se laissait de plus en plus tomber sur son épaule. Heureusement, il avait fini par réussir à le faire grimper dans la voiture, et à attacher sa ceinture, sans plus de dégâts.
Lorsqu’ils arrivèrent à Forum Drive, Liam sortit de la voiture et se rendit côté passager pour lui détacher sa ceinture. Pour ce faire il se pencha sur Marcello, qui le regardait faire, sans rien dire, un air un peu bêta sur le visage.
- Saleté de ceinture de m-
- Liam ? Liam ?
Au bout d’un moment, Liam finit par réussir à détacher cette foutue ceinture qui avait réussi à se bloquer (il soupçonnait en réalité Marcello de l’avoir bloquée d’une manière ou d’une autre), et tourna son visage vers Marcello, toujours au-dessus de lui.
- Hm ?
Sans un mot de plus, Marcello s’avança de quelques centimètres, il n’y avait pas beaucoup de chemin à parcourir entre leurs deux visages, et l’embrassa. Enfin, posa ses lèvres sur les siennes. A peine quelques secondes. Un smack, comme certains diraient.
Il s’était reculé et souriait, bêtement, sans dire quoi que ce soit.
- Euh… Pourquoi t’as fait ça ?
- J’sais pas, répondit-il en haussant les épaules. Avais envie.
- T’avais… envie ? lui demanda Liam, pas sûr d’avoir bien entendu.
- M’oui.
Liam resta interdit. Il finit par aider Marcello à sortir de la voiture, et ils rentrèrent à leur appartement, sans un mot de plus. Au bout d’un moment, Marcello se dégagea de Liam, voulant se débrouiller tout seul.
- Marcello, appela Liam, alors que son ami se préparait à aller dormir.
Ce dernier se retourna, lentement, le regard interrogateur, baillant à moitié.
- Je t’aime, lâcha-t-il abruptement, dans un chuchotement qui aurait presque pu être inaudible.
La bouche de Marcello forma un « O » comique, qui aurait fait rire Liam s’il n’avait pas l’impression d’avoir le cœur au bord des lèvres. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. C’était peut-être l’état de Marcello, ou alors le « baiser » de tout à l’heure, qui lui faisaient pousser des ailes.
- Tu sais quoi Liam ?
- … Non ?
Marcello s’approcha, titubant. Il passa un bras maladroit autour du cou de Liam, puis, murmura à son oreille :
- Moi aussi.
Liam crut que son cœur allait sortir de sa poitrine. Marcello se recula, et le regarda droit dans les yeux.
- Je…, commença Liam, encore sonné.
- T’es le meilleur pote que j’ai jamais eu.
Il lui donna une tape dans le dos, avant de se retourner pour aller s’effondrer dans son lit.
- Et… ? s’enquit MT alors que Liam venait de finir son histoire.
- Quoi « et » ? demanda Liam sèchement.
- Bah, la fin de l’histoire ? Il s’endort et ensuite ? Il s’est passé quoi le lendemain ?
- Rien.
- Comment ça rien ?
- Rien, MT, rien ! Tu veux que j’te fasse un dessin ? Il a oublié parce qu’il était complètement pété, ou alors il a fait semblant parce qu’il est assez sympa pour m’épargner l’humiliation. Enfin, bref, voilà, j’ai essayé. Et je me vois pas recommencer de sitôt, non merci.
- Tss… ‘spèce de dégonflé. C’est pas se confesser que de dire « je t’aime » à un mec bourré qui allait sûrement de toute façon tout oublier le lendemain. En plus il t’a embrassé, ça veut bien dire quelque chose mec !
- Embrasser, embrasser, c’était un smack, quoi. Si j’te fais ça MT, ça veut pas dire que j’suis amoureux de toi.
- Ah ouais ? Pourquoi t’essaies pas ? lui demanda MT en haussant les sourcils exagérément, faussement aguicheur.
Liam leva les yeux au ciel.
- T’es con. Du coup, voilà, maintenant tu sais pourquoi j’veux pas lui dire.
- Si je peux me permettre-
- J’te permets pas, le coupa Liam.
- …c’est une bonne grosse excuse de merde, ça, Lili, continua MT sans même s’interrompre. Mais c’est ça votre problème, vous deux, vous vous trouvez des excuses à la con, du coup ça tourne en rond, et vous continuez de vous chercher et de vous faire les yeux doux pendant que tout le monde se demande pourquoi vous êtes pas déjà mariés avec deux enfants, un labrador et un monospace.
- … Jamais j’aurai un monospace, protesta Liam.
- Ok, mais les enfants, et le labrador, ça te va ?
Liam haussa les épaules, pour signifier que peu lui importait. Pour les enfants, ils avaient déjà Thomas, et un labrador ce serait seulement si Pitch l’acceptait, évidemment.
- Du coup c’est pour ça que t’as inventé cette connerie de mariage ? Et surtout que t’es autant investi ?? Tu sais, tu me fais peur des fois mec, on dirait que t’y as beaucoup pensé à tout ça…, remarqua Liam, pensif.
- Evidemment que j’y pense ! On n’a pas l’occasion d’assister à beaucoup de mariage dans la street, alors si je peux en voir un, bah je fonce !
- MT… T’es pas sérieux là ?
- Mais mec ! J’veux trop être votre témoin ! J’veux faire un enterrement de vie de garçon et tout !
- Mais putain MT ! T’as qu’à demander à Béa et Gérard de se marier ! Eux au moins ils sont vraiment ensemble ! Parce que là avec tes conneries tu nous as foutus dans une sacrée merde !
- Lili, si je pensais que cette histoire de mariage pouvait foutre la merde quelque part, et surtout entre vous, j’l’aurais pas fait, j’suis pas teubé quand même. Au cas où tu savais pas Marcello te pardonne tout, à toi. Alors si vous avez besoin de ça pour enfin réaliser que vous êtes pas que des meilleurs potes, bah moi je saute sur l’occasion ! Non parce que j’en peux plus moi de vous voir vous draguer tous les jours et faire comme si c’était des trucs normaux à se dire entre amis. En plus c’est quand même vachement drôle.
- Parle pour toi ! J’suis à deux doigts de la crise d’angoisse à chaque fois que Marcello pose une question !
Alors qu’il était en train de s’agiter, encore, sa sonnerie de téléphone l’interrompit.
Liam regarda un instant l’écran de son portable avant de décrocher. Il n’était pas en haut-parleur, mais MT put entendre sans difficulté la voix stridente de Bénédicte à l’autre bout du fil, qui semblait engueuler Liam. Ce dernier éloigna le téléphone de son oreille, pour éviter de devenir sourd, puis, quand elle sembla s’être épuisée, il le rapprocha de nouveau.
- C’est bon ? T’as fini d’hurler ? Qu’est-ce qui te prend bordel ?
Maintenant que Bénédicte avait repris un ton normal, MT ne pouvait plus entendre la conversation, alors il fit signe à Liam de mettre le haut-parleur, pour pouvoir écouter. Liam grogna.
- Non mais je rêve ici, on peut plus avoir de conversation privée, râla-t-il en s’exécutant tout de même. Bénédicte j’te préviens j’suis en haut-parleur et MT est à côté de moi, alors dis pas de connerie.
- Ouais, fais gaffe ma sœur.
- Oh salut chef ! Qu’est-ce que vous faites à deux ?
Liam lança un regard à MT pour lui signifier de se taire, ce que MT ne fit bien évidemment pas.
- Oh rien, Lili qui vient se plaindre de son mariage pourtant absolument incroyable, qui plus est avec l’amour de sa vie…, soupira MT de dépit.
Liam leva les yeux au ciel en entendant ces paroles.
- Comment ça, il se plaint ?? s’insurgea Bénédicte. Fais gaffe, parce que Marcello peut trouver mieux que toi, j’te signale, et facilement ! rit-elle.
Bien sûr, c’était dit sur le ton de la rigolade, et elle n’en pensait probablement pas un mot. Cependant, le visage de Liam se ferma.
- Yes, merci Béné, ça confirme ce que je disais à MT du coup, répliqua Liam, la voix glaciale.
- Euh ouais Béné, si tu pouvais éviter de dire ça, déjà qu’il est persuadé que Marcello l’aime pas et qu’il va le détester quand il apprendra la vérité…
- Quoi ?! Oh mais ! Mais non, Liam ! Je rigole ! Il trouvera jamais mieux que toi ! T’es parfait, tu le sais !
- T’en fais trop là Béné, dit MT.
- Oh puis merde hein ! Vous me soulez avec vos gamineries ! Liam si t’avais porté tes couilles et parlé à Marcello avant, on n’en serait pas là aujourd’hui ! C’est ta faute si on doit inventer des histoires comme ça, c’est pour vous qu’on le fait ! Et d’ailleurs arrête d’essayer de tout gâcher ! C’est pour ça que j’appelais à la base, moi, c’est quoi ton problème, pourquoi t’as fait ça ?
- Pourquoi j’ai fait quoi ? demanda Liam, innocemment, alors qu’il savait très bien de quoi elle parlait.
Marcello en avait probablement discuté avec elle. Liam le maudit. Bénédicte n’allait pas le lâcher avec ça, maintenant.
- Ouais qu’est-ce qu’il a fait ? demanda MT. J’suis pas au courant moi, pourquoi j’suis pas au courant !
- Parce que t’as pas à l’être, et Béné non plus d’ailleurs.
- Ouais et bah Marcello m’a tout dit, parce qu’il se sent mal, le pauvre, figure-toi ! Il se demande ce que t’as, et il croit que c’est de sa faute !
- Oh…
- Ouais oh. Oh, mec. Oh.
- Putain qu’est-ce que t’as foutu Lili !
- Mais rien ! C’est pas ma faute, ok ! J’ai paniqué !
- Ah ça, j’te le fais pas dire ! Il a paniqué ! Et il niquera pas ce soir non plus !
- La ferme Béné ! s’exclama Liam, qui devint instantanément tout rouge.
MT le dévisageait maintenant, les sourcils froncés.
- Bon Béné, dis-moi ce qui s’est passé, il va jamais me le dire, l’autre là.
Liam bougonna dans sa barbe que « l’autre là il avait un nom », mais ne broncha pas plus quand Bénédicte se mit à lui raconter ce qui s’était passé la veille au soir, ainsi que le matin même. Au fur et à mesure de l’histoire, le visage de MT se décomposait de plus en plus, et ses soupirs devenaient plus bruyants, également. Liam voulait se cacher dans un trou de souris. Raconté par quelqu’un d’autre, c’était encore plus gênant. Et ridicule. Et pitoyable.
- Arrête de me regarder comme ça MT. Je te jure, arrête ou je vais te planter.
- Mec… Comment c’est possible de foirer autant ? Encore que tu le fasses poireauter tout seul hier et qu’il finisse par s’endormir sans toi, bon, passe encore. Mais ce que t’as fait ce matin ? Tu t’es enfui comme un gamin ? Et en plus pour venir me voir ? Il va croire que tu le trompes avec moi, si ça se trouve !
- N’importe quoi ! Il est pas con quand même, jamais je ferais ça !
- Pourquoi, tu me trouves pas attirant ? s’offusqua faussement MT.
- C’est pas le sujet ! répliqua Liam. Et arrête de parler de ça, je vais finir par croire que c’est toi qui veux me choper…
- Oh les gars, on se concentre s’il vous plaît ! intervint Bénédicte.
Les trois continuèrent de parler pendant un bon moment. Enfin, la discussion se résumait plutôt à Bénédicte et MT qui engueulaient Liam et se foutaient de lui, et de Liam qui subissait sans rien dire, ou presque. De toute façon, qu’est-ce qu’il pouvait bien dire ? Ils avaient raison. Liam avait eu tort d’agir ainsi. Maintenant, Marcello allait douter de plus en plus, avec un comportement aussi bizarre de la part de son soi-disant mari. Les deux finirent par arriver à la même conclusion : Liam devait s’expliquer avec Marcello et s’excuser. Et l’excuse avait intérêt à être solide.
Liam dut presque être poussé hors de l’appartement par MT, pour finalement se décider à rejoindre Marcello, qui était revenu chez eux après sa discussion avec Bénédicte. Sur le court chemin qui séparait leurs deux appartements, il ne cessait de se répéter l’histoire qu’il allait raconter à Marcello. Enfin, arrivé devant sa porte, il inspira longuement. Il entra.
Marcello était visiblement en train de donner à manger à Pitch, et ne l’avait pas vu. Ou faisait semblant de ne pas l’avoir vu. Liam regarda l’heure. Il n’avait pas vu le temps passer, et midi avait déjà sonné. Il s’était donc écoulé plus ou moins deux heures depuis qu’il avait fui son propre appartement. Marcello avait eu le temps de remuer toute la situation dans sa tête, et d’y penser sous tous les angles. Jamais il ne goberait l’excuse de Liam. Jusqu’où cela pouvait-il encore aller ?
- Hey, se fit finalement entendre Liam, d’une petite voix.
Marcello se tourna vers lui.
- Tiens, tu t’es décidé à revenir ? demanda Marcello, croisant les bras.
- Marcello, je-
Seulement il n’eut pas le temps de s’excuser qu’une sonnerie de téléphone les interrompit. C’était celui de Marcello, cette fois-ci. Liam ne savait pas s’il devait maudire les téléphones ou au contraire les remercier d’exister, surtout pour ces timings toujours incroyables qui lui permettaient d’échapper encore quelques minutes à ses propres excuses bancales.
- Allô ? décrocha Marcello, interrogateur.
Il ne semblait pas reconnaître son interlocuteur. Discrètement, Liam s’approcha, tentant d’écouter la conversation et de deviner qui était au bout du fil.
La voix qu’il entendit avait un fort accent du sud. Liam pouvait sentir l’odeur de vinasse traverser le combiné.
- Ouais allô, Marcello ? C’est Marius !
Notes:
Un nouveau personnage fait son entrée ! J'imagine le truc à chaque fois comme la video là "Who's that Pokemon ?" je sais pas si vous voyez.
Euh bref, j'espère que la scène du début était pas trop mal écrite, j'ai grave du mal avec ça, j'arrive pas à savoir si c'est hyper cringe ou si ça passe, mais écoutez, yolo comme on dit (non).
Merci d'avoir lu, bisouuuuus
Chapter 7: Marius, un ami qui vous veut du bien
Summary:
Jamais Marius ne mentira à Marcello. Liam cherche une solution.
Notes:
EEEEH BONSOIIIIR !
Ca va vous ?
Voilà le chapitre 7, avec un titre absolument incroyable mais ça ce n'est que mon avis. Je n'ai d'ailleurs absolument pas vu le film auquel il fait référence, je trouve juste que le titre allait bien, mais y'a probablement aucun rapport avec le chapitre sinon sjjsjfhfkh
Si jamais Marius est OOC, faites son accent dans votre tête, et c'est bon c'est canon, de rien
Bref, bonne lecture !CW : mention de consommation d'alcool et d'alcoolisme, mention de sang et de plantage (?) avec un couteau
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Il n’avait pas reconnu le nom inscrit sur son téléphone, mais la voix qui lui répondait lui était familière. C’était étrange, cette sensation. Comme l’impression de connaître la personne, mais d’une autre vie. Comme l’impression d’avoir des restes de souvenirs de quelqu’un d’autre. Liam s’était approché de lui et semblait essayer d’écouter la conversation. Il l’ignora, et s’éloigna un peu. Il lui en voulait toujours pour son comportement du matin même.
- Euh… oui ? répondit-il enfin, à la voix qui attendait patiemment au bout du fil.
La voix eut un rire franc. Inconsciemment, cela fit sourire Marcello.
- Bah alors, Marcello, tu me reconnais pas ou quoi ? demanda son interlocuteur, la voix amusée.
- Alors… Comment dire… Vous êtes Marius, c’est ça ?
Ledit Marius arrêta de rire, soudainement.
- Arrête Marcello tu me fais peur, là ! Qu’est-ce qui te prend ? C’est une blague c’est ça ? Et depuis combien de temps tu me vouvoies ?
Marcello s’était mis à faire les cent pas dans l’appartement. Liam le regardait, un air inquiet qui se dessinait progressivement sur son visage. Pitch le suivait partout.
- En fait, Marius, je… J’ai eu un petit accident, hier.
- Quoi ? Comment ça ? Quel genre d’accident ?
- Non mais vous inquiétez pas, rien de grave ! Enfin…
- Bon déjà Marcello arrête de me vouvoyer tu me fais me sentir plus vieux que j’le suis ! Et ensuite c’est moi qui déciderai si je m’inquiète ou pas !
- Oui, d’accord, pardon, c’est juste que… je me souviens pas de vous, en fait. De toi, se reprit Marcello immédiatement. Je me souviens de rien.
- Oh putain, con… Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Avec les gars, on a braqué une banque hier…Enfin, on a essayé, quoi.
- Euh… Ok ? Je vois pas ce qui change de d’habitude ?
- On était… Comment dire… On était habillés en jaune… Et, euh… Les Vagos ont pas trop apprécié quoi… Ils nous ont tiré dessus, et… Disons que ça a eu plus de dégâts sur moi que sur MT et Liam. En même temps un camion m’est passé dessus, aussi…
- Un camion t’est- Non mais c’est quoi ce bordel, Marcello ?
- Oui, un camion, oui. Résultat, j’ai une commotion cérébrale, et je me souviens de rien depuis hier. Les gars et les Pichon m’ont un peu expliqué, mais c’est compliqué, je t’avoue.
Un silence accueillit son explication.
- Marius ?
- Bordel de merde, les gars, je vous aime bien, mais qu’est-ce que vous pouvez être cons des fois…
- Ouais, je crois que c’était pas notre idée la plus brillante.
- Je te le fais pas dire, Marcello. Bon écoute, je t’appelais pour savoir si tu voulais faire une petite partie de pêche bientôt, mais je pense qu’il y a plus important que ça, là. Si tu veux, tu peux passer au dépôt quand tu veux, on discutera, je pense que c’est important. Avec un peu de chance, ça te ramènera quelques souvenirs !
- Euh, oui, d’accord, mais le dépôt… ?
- Ah ouais, tu te souviens vraiment de rien ! Gruppe 6, je suis le patron ! Tes copains t’ont pas parlé de moi, ou quoi ? J’vais m’vexer ! rit-il.
- Non, ils m’ont pas parlé de toi, non… Mais d’accord, je passerai bientôt. A plus tard, Marius.
- A plus, Marcello !
Il raccrocha et regarda son téléphone un instant, comme s’il allait y déceler les secrets de l’univers. Ou peut-être la solution à tous ses maux. Voyant qu’il avait fini sa conversation, Liam osa s’approcher à nouveau.
- C’était Marius ? demanda-t-il, tout en connaissant déjà la réponse à sa question.
- Oui. Tu le sais déjà, non ? répliqua Marcello, cassant.
Liam ne répondit rien. Il voyait très clairement que Marcello était énervé, et maintenant, en plus de ça, cette discussion avec Marius l’angoissait. S’il voulait voir Marcello, seul à seul… Rien ne l’empêcherait de dire la vérité. Liam ne le connaissait pas beaucoup, mais il imaginait sans peine que Rotarez ne jouerait pas leur jeu, loin de là.
- Il… Il raconte quoi ? s’enquit Liam, en ayant l’air aussi innocent que possible.
- Pourquoi, ça t’intéresse ? Je vais commencer à te raconter un truc et tu vas te barrer sans raison, comme ce matin ?
Aïe.
Tout en parlant, Marcello avançait vers lui. Liam essayait de ne pas reculer. Il fallait qu’il arrête de fuir.
- Ou c’est juste quand ça devient physique ? Y’a un problème ? On est censés être mariés, mais en fait, ça va pas entre nous c’est ça ? Avant que j’ai mon accident, tu voulais demander le divorce ? Mais si c’est le cas, pourquoi est-ce que tu me sautes dessus comme ça, pour ensuite t’enfuir comme si on avait fait quelque chose de mal ? T’as un truc qui te pèse sur la conscience ? Un truc à me dire, peut-être ?
Liam ne savait pas quoi répondre. Il ne savait pas quoi dire parce qu’en réalité, il n’avait rien à dire pour se défendre. Parce qu’il savait que Marcello avait raison, en quelque sorte. Il se sentait coupable, incroyablement coupable. Coupable de mentir, coupable d’en profiter. Coupable de s’enfoncer de plus en plus dans le mensonge, coupable d’emporter tout le monde avec lui. Coupable de son comportement plus que douteux, coupable de ses sentiments. Coupable. Coupable. Coupable.
- T’as rien à dire ? reprit Marcello, au bout d’un moment de silence.
- Je… Marcello… Je suis désolé. Je sais pas ce que je peux faire pour me pardonner, et je sais même pas si tu peux me pardonner. Ce qu’il faut que tu saches, c’est que rien n’est de ta faute, d’accord ? Je suis juste… J’ai des problèmes, ok ? C’est pas nouveau, lâcha Liam, d’un rire sans joie. Hier soir, j’ai un peu paniqué parce que je me disais que comme tu te souvenais de rien, ce serait bizarre, tu serais mal à l’aise, et je voulais pas que tu sois mal à l’aise.
- Hm.
Marcello écoutait ses explications, sans dire un mot, les bras croisés. Peu à peu, sa posture se détendait.
- Et… Et pour ce matin… Je… Tu vas croire que je me fous de toi, mais quand j’ai dit que je croyais être en train de rêver, c’était pas une blague, avoua Liam. C’est pour ça que j’étais aussi, euh… entreprenant.
Il se racla la gorge, gêné. Marcello se pinçait les lèvres, comme s’il s’empêchait de sourire.
- J’ai un peu de mal le matin, tu vois, je mets du temps à me réveiller complètement. La situation de la veille a dû me perturber plus que ce que je croyais, du coup, voilà ce que ça a donné. Sauf que, quand j’ai réalisé que je rêvais pas, j’me suis senti bizarre. J’avais l’impression de profiter de toi. Donc j’ai tout arrêté.
- Et tu t’es enfui.
- Et j’me suis enfui. Encore désolé pour ça…
- Hm, dit à nouveau Marcello. Y’a un truc que j’comprends pas.
Liam ne dit rien, attendant la suite.
- Pourquoi est-ce que tu dis que t’avais l’impression de profiter de moi ? Si on est mariés, je vois pas le problème ? J’étais consentant… Si tu vois ce que je veux dire.
Liam rougit. Il commençait à en avoir marre de ce corps qui le trahissait et ne pouvait pas s’empêcher de ressentir toutes ses émotions physiquement.
- Euh, alors… Oui. Mais. Comme tu te souviens de rien, j’me suis dit que c’était pas très moral de ma part de… faire ça. Je sais pas, si ça se trouve, le Marcello qui a ses souvenirs aurait pas accepté.
Le Marcello qui avait ses souvenirs n’aurait jamais accepté. Mais le Marcello qui ne se souvenait de rien était sceptique.
- Écoute, je sais qu’on dirait une excuse bancale mais c’est la vérité.
Ou presque, pensa Liam.
- Tu t’en souviens pas non plus, mais je vais t’apprendre un truc : t’as pas épousé le mec le plus sain d’esprit. Euh… ça déconne pas mal là-dedans, dit-il en montrant sa propre tête. Disons que c’est encore pire quand ça concerne des personnes que… j’aime. Je prends pas les meilleures décisions, finit-il baissant les yeux.
- Tu m’ôtes les mots de la bouche.
Les deux restèrent silencieux un instant, Marcello qui le dévisageait, et Liam qui n’osait plus soutenir son regard. Pitch décida que c’était le meilleur moment pour sauter sur la table à côté d’eux, et se mettre à miauler en les regardant, comme si elle leur parlait. Marcello se tourna vers elle et s’abaissa un peu à son niveau, avant de lui parler.
- Qu’est-ce que t’en penses, Pitch ? On lui pardonne ?
Pitch miaula à nouveau, comme si elle lui répondait vraiment. Liam eut un petit rire. Elle avait au moins le mérite de faire redescendre la pression.
- C’est bon, Liam. T’inquiète. J’ai réagi au quart de tour, Bénédicte m’a appelé peu après que tu sois parti, et j’en ai profité pour lui en parler. Disons qu’elle a rien fait pour me calmer…
- Oui, oui, j’avais cru comprendre.
- J’avais l’impression d’avoir fait quelque chose de mal… Elle m’a rassuré, mais du coup je me posais encore plus de questions, je me demandais sérieusement ce qui t’avait pris ! Sinon, t’es vraiment allé chez MT, ou c’était une excuse ?
- Non, je suis vraiment allé le voir. J’avais quelques détails à voir avec lui. Rapport au taf, mentit Liam.
Marcello hocha la tête, se contentant de cette explication et n’en demandant pas plus.
- Sinon… Pour en revenir à Marius…, tenta Liam.
Il devait absolument savoir ce que les deux s’étaient dits. C’était presque vital.
- Ah, oui. Il voulait me proposer une partie de pêche, d’ailleurs j’ai appris que j’aimais la pêche, sauf que du coup je lui ai expliqué que je me souvenais pas de lui, et de… rien, en fait. Il m’a proposé de passer au dépôt pour parler, ou je sais pas trop quoi. Je sais même pas où c’est le dépôt ! Et je sais même pas qui c’est censé être pour moi ? finit Marcello, interrogateur.
- Ah, ah ouais. Marius c’est un ami à toi, un très bon ami. Tu le connais depuis un bail. Après j’avoue, j’en sais pas beaucoup plus, je suis pas souvent invité à vos sorties pêche, indiqua Liam.
La remarque laissa un blanc. Pourtant, ce n’était que la vérité, pensait Liam. A vrai dire, il avait l’impression que Marius n’appréciait pas tellement Liam. Et Liam, quant à lui…
- Tu l’aimes pas, c’est ça ? demanda Marcello, interrompant ses pensées.
- C’est pas que je l’aime pas… C’est compliqué, Marcello.
Ce dernier soupira.
- J’ai l’impression que tout est toujours compliqué, avec toi ! Y’a pas un truc simple ? Juste un seul ? C’est trop demandé ?
- Eh mon pote, c’est ça la vie de criminel, si c’était pas ce que tu voulais, crois-moi que tu l’aurais quittée depuis un moment ! Ok, je vais t’expliquer. En gros… Il a eu des relations un peu compliquées au début, avec les Families, en général. Quand il a appris que t’en faisais partie, il y croyait pas. Marius Rotarez, c’est quelqu’un d’important en ville, tu vois ? Sauf que… On sait qu’il fricote plutôt pas mal avec les Vagos.
Nouveau silence.
- Du coup, je t’avoue que j’ai un peu de mal à lui faire confiance. Je sais que c’est ton ami, alors je dis rien, et techniquement, il nous a jamais fait de sale coup. Mais je reste sur mes gardes. On se contente de s’ignorer, la plupart du temps. Ou on a des relations de taf, quoi. Rien de plus. Ouais, parce qu’il est pas tout blanc non plus, ton Marius, ajouta Liam en voyant l’expression étonnée de Marcello.
- Oh… Ok je vois…
En réalité, Liam soupçonnait Marius de ne pas beaucoup les aimer. Surtout depuis l’affaire concernant Lucy Hellman. Une petite que Rotarez avait plus ou moins prise sous son aile, qu’il traitait comme sa propre fille. Le souci, c’était que la gamine s’était attaquée à l’un des leurs… Et qu’ils ne pouvaient pas laisser passer ça. Peu importe les problèmes qu’elle avait. On ne s’attaquait pas à eux sans répercussion. Et ça, Marius avait du mal à l’avaler. A le comprendre. Les Vagos, tels les grands héros qu’ils étaient, s’étaient mis en tête de protéger Lucy. Alors, forcément, Marius avait tendance à pencher du côté jaune. Le problème, c’était qu’il était toujours ami avec Marcello, bien qu’il n’approuve pas son appartenance à un gang. Et Marcello, même celui qui avait tous ses souvenirs, n’était pas conscient de tous les tenants et aboutissants de l’affaire Lucy. Il n’était pas là, ce soir-là. Ce soir où toute la ville était prête à leur tomber dessus pour une simple discussion. Il entendait encore la voix tremblante des jeunes Croûte qui les menaçait, vainement, du haut de leurs… 16… 17 ans ? Liam ne les connaissait pas très bien. Tout ce qu’il savait, c’était qu’ils avaient du cran, ces gamins. Ils étaient prêts à accompagner leur amie dans les égouts. Ils étaient prêts à tout pour la protéger. Même si elle n’avait pas eu besoin de protection. Les Families devaient juste faire passer un message. Ils l’avaient redéposée, saine et sauve, sans une égratignure, devant le commissariat. De toute façon, s’ils l’avaient ne serait-ce qu’effleurée du bout de leur lame, c’était le SWAT qui tombait sur Forum Drive. Et ça, ils ne pouvaient pas se l’accorder. La gamine était légèrement traumatisée, mais rien de bien grave. Rien de bien méchant. Les verts n’étaient pas les monstres sans cœur que les habitants de Los Santos imaginaient. Ils ne faisaient rien sans raison. Tout acte devait avoir des conséquences. Toute attaque, une réponse. Toute menace se devait d’être avortée. Tuée dans l’œuf, avant même que quiconque ait le temps de passer à l’action. Ils n’étaient pas encore assez nombreux, pour se permettre de laisser passer quoi que ce soit. Alors, certes, ils paraissaient peut-être moins sympathiques que les Vagos. Mais c’était nécessaire. Et ils étaient un gang, bon sang. Pas une association qui recueillait toute la misère du monde.
Mais ça, les gens ne le comprenaient pas. Et Marius ne le comprenait pas non plus.
S’il y avait bien une chose dont Liam était certain, c’était que jamais, jamais, Marius ne mentirait pour eux. Jamais il ne jouerait leur jeu. Surtout si c’était en faveur de Liam. Il voudrait dire la vérité à Marcello, et il les insulterait sans doute. Les traiterait d’idiots, de cons, d’avoir inventé cette histoire. Il aurait probablement raison, même si Liam ne l’avouerait jamais. Peut-être qu’il arriverait même à retourner Marcello contre eux. Liam sentait la panique le gagner, rien que d’y penser. A cause de ça, à cause de lui, les Families pourraient perdre un membre. Si Marius se mettait en tête de tout raconter... Et si en plus il voulait se venger pour Lucy… Il avait là une occasion en or d’affaiblir les Families.
Liam était dans une impasse. Comment faire pour convaincre Marcello de ne pas aller voir Marius ? Il trouverait ça suspicieux, il n’aurait pas de réelle bonne raison à lui donner. Convaincre Marius de mentir pour eux ? C’était peine perdue. A part s’il lui mettait un uzi dans la bouche, mais ce serait un peu ridicule d’en arriver à de telles extrémités. La seule carte qu’ils pouvaient jouer…
Lucy.
Mais… Liam était-il un tel enfoiré ? Oui, oui, aucun doute. Mais il ne savait même pas si ça marcherait. La petite était protégée, par Marius et tous les employés de Gruppe 6, par les Vagos, par les flics. Elle avait un chauffeur qui la suivait partout, Bobby, qui trainait avec les Vagos. Elle était plus protégée que le maire de cette ville, ou que le gouverneur de cet État. En plus, c’était la copine de Jim. Plus ou moins. Liam ne savait pas s’il serait capable de proférer des menaces à l’encontre de Lucy, tout en sachant à quel point Jim tenait à elle. Une fois, ça avait été assez. Et les Croûte ne la lâchaient pas d’une semelle, non plus. Liam n’avait pas peur des cousins, évidemment, mais il voulait éviter de traumatiser plus de gamins. Surtout qu’il n’avait rien contre eux. Et que s’attaquer aux Croûte, c’était s’attaquer à Montazac et compagnie. Et là, c’était encore un tout autre niveau. Une toute autre histoire.
Alors, que faire ?
- Du coup, je vais lui demander de m’envoyer la position GPS de son truc là, peut-être qu’une discussion avec lui me rafraichira la mémoire, reprit Marcello, tirant Liam de ses pensées.
Et merde.
- Oh, tu- tu crois ?
- Bah je sais pas, mais écoute, autant essayer ?
- Ouais. Ouais, t’as raison.
Liam ne pouvait définitivement pas le contredire, sans paraître plus que suspect.
- Je te laisse deux minutes, j’ai un appel à passer.
Il ressortit de l’appartement. Tant pis, il devait essayer. Tenter le tout pour le tout.
- Ouais, allô ? l’accueillit une voix au fort accent du sud de la France.
- Marius, c’est Liam.
- Ah salut Liam. Comment tu vas ?
- Ça peut aller. Et toi ?
- Ouais, tranquille, tranquille, on fait tourner le business. T’as besoin de quelque chose ?
Évidemment, Marius n’allait pas faire la causette. Directement dans le vif du sujet. Bien, Liam n’avait pas le temps de faire semblant.
- Ouais, plus ou moins. T’es au courant pour Marcello ?
- Je viens de l’appeler ouais. Terrible cette histoire. J’espère que ça durera pas trop longtemps. Il va passer bientôt, là.
- Hm. Écoute Marius, j’vais pas passer par quatre chemins.
- J’t’écoute.
- Si jamais Marcello te pose des questions sur un mariage. Réponds pas. Évite le sujet. Trouve un truc. Si tu fais ça, les Families te le revaudront. T’as ma parole.
- Un mariage ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Vous avez fait quoi, encore ?
- Une… petite blague. Rien de bien méchant, répondit Liam, en restant le plus possible évasif.
Liam priait pour que Marius ne demande pas à qui Marcello était censé être marié.
- Une blague ? Vraiment ? Si la blague c’est d’avoir fait croire à Marcello qu’il était marié, je trouve votre sens de l’humour particulier.
- C’était sur le moment, en cellule, MT s’est dit que c’était une bonne idée. On a continué.
Liam se dédouanait peut-être un peu trop. Mais s’il voulait bien porter le chapeau auprès de Marcello, et des autres, il n’était pas près de le faire auprès des personnes extérieures au groupe.
- Si c’est qu’une blague, pourquoi vous lui dites pas la vérité ? Le but c’est de tenir le plus longtemps ? Vous faites des paris sur combien de temps il y croira ? Combien de temps ses souvenirs vont mettre à revenir ? asséna Marius.
- Nan. On fait pas de paris. C’est plus compliqué que ça, Marius.
- Ah ouais ? Vraiment ? Moi j’ai l’impression que c’est surtout compliqué pour toi, Liam. J’ai l’impression que cette histoire te concerne directement. Et que tu sais que quand il apprendra la vérité, ça chauffera pour toi.
- Parle pas de ce que tu connais pas.
Il s’était mis à faire les cent pas dans la rue, et il se contenait pour ne pas hausser le ton. Tous les voisins n’avaient pas à être mis au courant.
- Arrête, Liam. Je sais très bien c’est quoi l’enjeu, dans toute cette histoire. Marcello est aveugle, mais pas moi. J’en ai vu d’autres.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Tu me connais pas. Tu nous connais pas. Marcello, il est bon qu’à t’accompagner dans tes petites sorties pêche, pour qu’il t’écoute raconter ta petite vie, tes petites misères de pauvre petit patron d’entreprise, s’énerva soudain Liam. Ou alors tu l’appelles quand t’as besoin de lui pour un job, quand les Vagos répondent pas assez vite quand tu leur dis de venir au pied. Sinon, est-ce que tu prendrais de ses nouvelles ? siffla-t-il.
- J’te permets pas, fiston.
Marius restait calme, bien que le ton qu’il avait était tout sauf paternel, comme lorsqu’il parlait à ses employés. Il était même plutôt condescendant. Il reprit, après un moment.
- Rejette pas sur moi toute ta colère parce que t’es trop lâche pour parler à Marcello. Que t’es obligé de passer par un mensonge, une histoire de faux mariage, pour espérer toucher ce à quoi tu prétends avoir droit.
Liam bouillonnait. De quel droit cet ivrogne parlait de lui et de sa relation avec Marcello ?
- J’ai jamais prétendu avoir droit à quoi que ce soit. C’est pas un putain d’objet, c’est une personne. C’est comme ça que tu parles de lui ? T’es pas censé être son ami ? Ou alors peut-être qu’on n’a pas la même définition de ce qu’est un pote.
- Je sais pas c’est quoi ta définition à toi ? Un ami, pour toi, c’est quelqu’un qui ment, qui invente toute une fausse situation parce que ça l’arrange bien, sans prendre en considération les sentiments de la personne en face ? Si c’est ça ta définition, j’ai bien peur de ne pas la partager. Et c’est pas parce que tu lui colles aux basques et que tu le suis partout où il va comme un petit chien qu’il peut pas avoir d’autres amis. Surtout des amis en dehors de votre groupe, finit Marius, dédaigneux.
- J’en n’ai rien à foutre, qu’il soit pote avec toi. Vous faites bien ce que vous voulez, j’m’en branle. J’te demande juste d’éviter un sujet, un seul, quand il viendra te voir. Tu peux bien faire ça pour m- pour nous, après ce qu’on a fait pour toi, nan ?
Marius resta silencieux. On aurait dit que lui aussi, oubliait certaines choses. Mais Liam n’avait pas oublié. Il n’avait pas oublié Angelo. Angelo et la mafia.
- Donc, tu me demandes de lui mentir, c’est ça ? reprit, Marius, acerbe. Pour toi ?
- Pour lui.
- Conneries. C’est pour toi. Rien que pour ta petite personne, Liam.
- Écoute, peu importe pour qui c’est. Ça peut bien être pour la reine d’Angleterre, on s’en fout. Dis-moi juste. Si tu peux faire ça.
- J’y gagne quoi ?
Liam se retint de souffler très fort. Il se pinça l’arête du nez. Puis, il sourit.
- Je croyais que Marcello c’était ton pote, et que tu voulais pas lui mentir ? Mais si t’y vois des intérêts, là, tout de suite, c’est plus pareil, hein ? Elle a bon dos, l’amitié.
- Si tu veux que je mente pour toi, faut que j’aie quelque chose en retour, ouais. Sinon la discussion se termine là, et il se pourrait bien que je dise tout à Marcello dès qu’il franchira la porte du dépôt. Peut-être que ce serait mieux d’ailleurs. Qu’il sache quel genre de personne t’es vraiment. Qu’il sache quel genre de groupe il a rejoint.
- Ah ouais, je savais pas que c’était des poucaves que vous formiez à Gruppe 6. Dis-moi, Marius, Angelo, il en penserait quoi de tout ça ? Et ses… problèmes avec la mafia ? Ça va mieux, j’espère ? s’inquiéta faussement Liam.
C’était sa dernière carte. S’il ne voulait plus toucher à Lucy, il n’avait aucun problème à amener le fils adoptif de Rotarez sur le tapis.
Il n’entendit aucune réponse à l’autre bout du fil, jusqu’à ce que Marius réponde, la voix basse :
- C’est des menaces, ça ?
- Je sais pas. Tu te sens menacé ? Tu crois qu’il devrait se sentir menacé, ton fiston ? Tu crois que… Tu crois qu’il devrait regarder trois fois à droite et à gauche avant de traverser ? Tu crois qu’il devrait arrêter de sortir seul ? Ou peut-être qu’il devrait surveiller ce qui se passe derrière son épaule ?
Liam continuait, la voix sombre, de plus en plus menaçant. Instinctivement, il sortit son couteau papillon de sa poche.
Clic. Clic.
Il espérait que Marius entendait, à travers le combiné.
- J’ai connu pire que toi, gamin. Des petits voyous qui se prennent pour des vrais gangsters, y’en a partout. Et Angelo est plus malin que tu le crois. C’est une vraie teigne. Il en a vu d’autres aussi.
- Marius, Marius, Marius. Si tu crois m’vexer, sache que j’ai déjà entendu bien pire dans ma vie. Et sache aussi qu’on n’est peut-être pas la mafia. Mais on a quand même les moyens de faire mal. Mais ça, je crois que tu le sais déjà. Et Angelo aussi.
Encore une fois, Rotarez ne répondait pas. Liam allait commencer à s’agacer. Il n’était pas particulièrement patient. Alors, il se dit qu’en rajouter une couche le ferait répondre plus vite.
- Tu sais, j’me demande quelle tronche tirera Angelo, quand il comprendra que son cher papa aurait pu lui éviter tout ça. Quand il comprendra qu’il suffisait d’un simple mensonge, même pas un mensonge, juste d’éviter un sujet, juste de me rendre un service, un tout petit service, pour ne pas finir avec un couteau planté dans le bide. Ouais, j’me demande bien. En plus, sur les hauteurs de la ville, là-haut, dans ces petites villas mignonnes, tu crois qu’on l’entendra crier ? Je sais pas, je crois que les murs de sa baraque sont plutôt bien isolés, tu penses pas ? demanda Liam, presque dans un murmure. Tu crois que… s’il t’appelle, t’auras le temps de venir ? Les routes sont sinueuses, par là. C’est facile de se perdre. C’est facile de plus réussir à retrouver son chemin.
- Putain. Y’a pas à dire, t’es vraiment un psychopathe.
Liam rit. Un rire qui glaça le sang de Marius.
- Ouais, on me le dit souvent. Je comprends pas pourquoi. Alors ?
- Je ferai ce que je peux. Mais sache que c’est à contre-cœur. Et que je considère, plus que jamais, que Marcello serait bien mieux sans toi.
- Je sais, répliqua-t-il, sans que Marius ne sache à quoi il répondait vraiment.
Sans plus attendre, Liam raccrocha.
Bah, c’était des menaces en l’air. Liam ne tuerait pas vraiment quelqu’un pour ça… Non… Il se contenterait de lui faire un peu mal. Un peu.
Personne ne s’immisçait dans ses affaires et dans celles de Marcello. Il réglerait cette histoire tout seul. Hors de question que Marcello apprenne la vérité par Marius.
Et ce n’était certainement pas un alcoolique qui allait lui faire la leçon. Putain.
Liam tourna la tête vers le ciel, le téléphone encore en main, et inspira longuement, profondément. Puis il expira. Hm. Il aurait presque envie que Rotarez ne tienne pas parole. Il avait envie de sang, ces derniers temps. Et faire couler celui des riches fils à papa était son passe-temps préféré.
Non, non, Marcello était plus important. Il planterait quelqu’un plus tard. Un Vagos, avec un peu de chance.
- Ah t’es encore là !
Liam sursauta presque. Marcello était sorti à son tour.
- J’ai cru que tu t’étais encore barré, lâcha Marcello, à moitié sérieux, avec un petit rire nerveux. Marius me répondait pas non plus, j’me demandais ce qui se passait, bordel.
- Ah. Ah ouais, bizarre. Bizarre, bizarre, comme coïncidence, murmura Liam.
- Tiens, quand on parle du loup, dit Marcello en sortant son téléphone. Je vais y aller, je vais bien voir ce qu’il a à me dire.
Liam ne répondit pas.
- J’peux prendre ta voiture ? La berline là, celle qui est super classe ?
Il pensa à sa voiture. Sa belle Revolter. Il pensa à la conduite de Marcello.
Il soupira.
Puis fouilla dans sa poche pour en tirer les clés, et ensuite les donner à Marcello.
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, pour les personnes qu’on aimait.
L’expression de Marcello valait toutes les plus belles voitures du monde.
- Perfetto ! A presto !
Cela fit sourire Liam. Marcello avait tendance à parler italien quand il était content. Il s’approcha et claqua un rapide baiser sur la joue de Liam, avant de partir, presque en courant.
Liam sentit son visage chauffer. L’effet qu’une simple bise avait sur lui était ridicule.
Marcello était heureux. Tout s’était arrangé avec Liam, il n’avait plus de quoi s’inquiéter. Marius, apparemment un ami à lui, l’avait contacté, et allait peut-être pouvoir lui apporter plus d’informations que les autres n’avaient pas sur lui. Et en plus, il conduisait une super caisse. Bon, il n’osait pas trop la pousser, il ne se souvenait pas exactement de ses capacités de conduite, mais il avait le vague souvenir de nombreux accidents de voiture, lorsqu’il était au volant. Il se rendit au point GPS que lui avait donné Marius, et faillit se perdre avec les deux entrées, mais finit par trouver le parking, puis se gara. Un homme sortit d’une porte. Doté d’une assez forte corpulence qui le rendait imposant, il semblait avoir la quarantaine, peut-être plus. Marcello remarqua qu’il titubait légèrement. Il fronça les sourcils.
- Aaaah Marcello ! T’es enfin là ! Eh, dis, j’ai failli t’attendre ! s’exclama celui qui devait être Marius, avant d’éclater d’un rire tonitruant.
- Oui, oui, Marius, désolé, j’ai failli me perdre. Je connais plus la ville, tu sais, avec cette histoire d’accident…
- Ouais, ouais, j’imagine… Bon vas-y, reste pas planté là ! Rentre, j’ai ouvert une bouteille.
Il le disait comme si c’était pour une occasion spéciale, mais Marcello avait la forte impression que le patron de Gruppe 6 n’attendait pas les grandes occasions pour ouvrir une bouteille. Bah, qui était-il pour juger, chacun avait ses problèmes.
- Bon, désolé, c’est du Montazac et Torez, mais on trouve plus que ça en ville ! C’est dingue, ce Donatello a réussi à s’imposer comme il le souhaitait.
- Hm.
Marcello ne savait pas quoi répondre, il ne savait pas de qui parlait Marius.
- Allez viens, raconte-moi un peu tes misères.
Et Marcello lui raconta. Il revint en détail sur le braquage, sur le déguisement de Vagos, sur ces derniers qui s’étaient vengés, et qui avaient causé son accident, et sa perte de mémoire. Il raconta un peu ce que les autres lui avaient déjà dit. Évidemment, il parla du mariage. Marius avait fait une grimace à ce moment-là. Il avait pincé les lèvres. Comme s’il se retenait de dire quelque chose. Puis il avait regardé son téléphone, comme ça lui avait pris de temps en temps, au cours de leur discussion. Il semblait regarder un message, qui lui avait été envoyé. Marcello n’arrivait pas à savoir de qui il provenait. Puis Marius fermait son application de messagerie et contemplait son fond d’écran, quelques secondes seulement. Une sorte de photo de famille. Marcello arrivait à y distinguer plusieurs personnes, mais celles qui ressortaient le plus étaient une fille aux cheveux bleus, et un homme blond. Tous les autres, bruns, se fondaient dans la masse. Marcello ne savait pas pourquoi Marius réalisait ces deux gestes, régulièrement. Un tic, peut-être. A moins qu’il n’attende quelque chose.
Ils passèrent une bonne partie de l’après-midi, à discuter, de choses et d’autres. Et à boire aussi. Enfin, surtout Marius. Marcello avait accepté un petit verre, mais il se disait que l’alcool n’était pas une bonne idée, dans son cas. A plusieurs reprises, il eut l’impression que Marius évitait certains sujets. Surtout quand ça concernait Liam. Il détournait la conversation, lorsque Marcello parlait du rouquin (et il en parlait souvent, au grand dam de Marius), et changeait carrément de sujet quand il évoquait le mariage. Au bout d’un moment, Marcello considéra qu’il était temps de partir. Marius le raccompagna à sa voiture, et alors qu’ils se tenaient à côté, Marcello ne put s’empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis un bon moment.
- Dis-moi Marius… Y’a un souci avec Liam ?
Marius changea d’attitude. Il semblait être redevenu complètement sobre, aussitôt que Marcello avait posé sa question.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Je sais pas… On aurait dit que tu faisais tout pour éviter de parler de lui, cette après-midi.
- Ce qui est compliqué, Marcello, vu que tu parles toujours de lui, fit remarquer Marius, une pointe de sarcasme dans la voix.
Marcello baissa les yeux, gêné, et se frotta la nuque. Un petit rire lui échappa.
- Euh… Ouais… Pardon.
- Hm. Pour tout te dire Marcello, je le porte pas spécialement dans mon cœur, avoua Marius.
- Oh, fit Marcello, légèrement refroidi, en relevant la tête.
- Ouais. Mais qui suis-je pour te juger sur tes choix de… fréquentation…
Marcello croisa les bras.
- Attention à ce que tu dis Marius. T’es pas obligé de l’apprécier, mais sois pas désobligeant, quand même. Tu parles... tu parles de mon mari là.
Marius se retenait de toutes ses forces de dire quelque chose. S’il le pouvait, il se mordrait le poing, pour éviter de parler. Mais il pensa à Angelo. Il savait que Liam était capable de mettre ses menaces à exécution. Il était taré, après tout. Marius ne comprenait vraiment pas ce que Marcello lui trouvait. Autant celui qui se tenait devant lui, que celui d’avant l’accident. Parce qu’il n’était pas dupe. S’il savait assurément que Dunne était amoureux de Marcello, ce dernier n’était pas en reste. Il ne comprenait pas vraiment leur relation, pour être honnête. Valait mieux ne pas savoir, parfois.
Enfin. Liam lui avait demandé de ne pas parler du mariage. D’éviter le sujet, de détourner la conversation sur autre chose. De ne rien révéler à Marcello concernant la supercherie. Marius avait respecté sa part du marché. Liam devrait respecter la sienne aussi. Et d’ailleurs, l’Irlandais avait parlé seulement du mariage. Il n’avait pas dit que Marius ne pouvait rien dire sur lui.
- Ton mari, ouais. Écoute, comme j’t’ai dit, j’ai rien à dire sur tes choix, tes décisions, tes relations. Tu fais ce que tu veux, Marcello. Tant que t’es heureux.
Marcello attendait patiemment la suite, parce qu’il sentait bien qu’il y avait un « mais ».
- Mais quand la mémoire te reviendra, tu te souviendras que j’étais pas vraiment pour ce mariage.
Marius réfléchit un instant. Ses yeux se portèrent sur la main gauche de Marcello.
- J’vais te dire un truc, Marcello. Et crois pas que j’essaye de détruire ton… mariage, dit Marius, en serrant légèrement les dents lorsqu’il prononça ce terme. Si tu portes pas d’alliance, c’est pas pour rien.
Marcello fronça les sourcils avant d’observer sa main, comme si elle allait lui apporter toutes les réponses.
- Enfin, c’est vos histoires, les jeunes. Et se mêler des histoires de cœur des autres, ça a jamais été une bonne idée. Allez, va, j’arrête de t’emmerder, termina-t-il, comme s’il ne venait pas de lâcher une bombe.
Il donna un petit coup sur le capot de la voiture.
- Surtout, hésite pas à repasser, en tout cas ! A plus, Marcello !
L’Italien observa le patron de Gruppe 6 repartir, toujours de sa démarche titubante.
- Ciao, Marius, ciao, répondit-il alors que l’homme ne devait certainement plus l’entendre.
Enfin, il finit par rentrer dans la voiture, lentement, tout en réfléchissant. Il resta un long moment, derrière le volant, sans démarrer. Il regardait sa main gauche, son annulaire. De son autre main, il le frotta. Il n’y avait même pas de trace d’un anneau qui se serait trouvé là. S’il en avait eu un, soit il ne l’avait pas porté longtemps, soit il l’avait enlevée depuis un moment, maintenant.
De frustration de ne pas avoir les réponses à ses questions, et tout en maudissant sa mémoire qui le trahissait, il voulut taper du poing sur le volant. Mais il se retint, ne voulant pas abîmer la voiture de Liam.
Avait-il encore une raison de ne pas vouloir abîmer la voiture de Liam ?
Il laissa tomber sa tête sur le volant. Le klaxon le fit sursauter.
Il ne savait plus quoi penser. Qu’avait voulu dire Marius ?
Et surtout, pourquoi Marcello n’avait pas d’alliance, bordel de merde ?
Notes:
J'espère que ça vous a plu ! Bisouuuuus
Chapter 8: Fêlure
Summary:
Marcello aurait probablement dû faire plus attention à lui.
Notes:
Hellooooo !
Nouveau chapitre, et des nouveaux personnages, encore ! Mon but est de faire apparaître tous les persos de RPZ au moins une fois. C'est faux.
J'espère que vous allez aimer ce chapitre !
Bonne lecture !CW : agression au couteau, sang
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Au volant de sa voiture, sur le trajet du retour, Marcello ne se sentait pas très bien. Il avait l’impression d’être bloqué. Bloqué entre ce que les différentes personnes autour de lui lui disaient. Marius semblait avoir un avis bien tranché sur Liam. Un avis… Apparemment pas vraiment positif. Marcello pouvait voir que le rouquin avait une personnalité assez particulière, qui ne devait pas plaire à tout le monde. Toutes les personnes de son entourage n’étaient pas obligées de bien s’entendre. Ça arrivait partout, ce genre de situation, dans toutes les familles, dans tous les groupes d’amis. Et Liam n’avait pas l’air d’apprécier beaucoup Marius non plus. Mais, de là à ce que Marius soit contre leur mariage ? Et cette remarque sur la bague. C’est vrai que Marcello se posait la question depuis qu’on lui avait appris qu’il était marié. MT lui avait donné une raison, qui lui semblait crédible sur le coup. Mais s’il enlevait son alliance avant chaque casse, où était-elle maintenant ? Et celle de Liam ?
Et si… Et si Liam avait menti ? Et tous les autres aussi ? Pas sur le mariage, non, ce serait trop gros comme mensonge. Trop grave. Mais si, en réalité, la situation était loin d’être rose entre eux deux, et que Liam profitait de son amnésie pour lui faire croire que tout allait bien entre eux ? Et s’il s’était passé quelque chose de grave entre eux et que Liam s’était dit que sa perte de mémoire était une aubaine pour tenter le tout pour le tout… Non… Non. C’était impossible. Liam savait de toute façon que son amnésie n’était pas permanente. Marcello finirait pas retrouver l’intégralité de ses souvenirs. Ce serait stupide, de mentir sur ça, tout en étant pertinemment au courant que cette situation n’était pas éternelle. Il devait y avoir une autre raison, autre chose qui avait poussé Marius à dire ce qu’il avait dit. Marcello était en train de se monter la tête tout seul, avec toutes ces histoires. Après tout, était-il aussi proche que ça de Marius ? Pouvait-il vraiment lui faire confiance ? Liam lui avait bien dit qu’il travaillait beaucoup avec les Vagos. Les Vagos… à quel point étaient-ils leurs ennemis, ceux-là ? Marcello avait un vague souvenir d’avoir travaillé avec eux. Ou alors l’inventait-il ? Son cerveau, en manque de vrais souvenirs, était-il en train de lui en créer de toutes pièces ?
Il allait finir par devenir fou, à force de se poser des questions. Peut-être qu’il devrait passer à l’hôpital. Faire un check-up. Voir si tout allait bien. Voir si la commotion n’était pas plus grave qu’elle n’avait paru à la première radio. La docteure avait-elle pu se tromper ? Et s’il ne retrouvait jamais ses souvenirs ? Ou pas tous, en tout cas ? Et s’il se mettait à avoir d’autres troubles ?
Il sentait l’angoisse monter. Heureusement, il était bientôt arrivé. Si ce n’était pas le cas, il aurait été obligé de s’arrêter sur le bas-côté, le temps de se calmer. Seulement, un mal de crâne commençait également à pointer le bout de son nez, de plus en plus fort. Marcello se gara, en vitesse et du mieux qu’il put. Il allait sortir de la voiture quand la douleur s’intensifia soudainement. Il se prit la tête entre les mains, manquant de se cogner contre le volant, ce qui n’aurait pas arrangé sa situation. Difficilement, il ouvrit la portière et s’extirpa du siège conducteur. La douleur ne cessait d’accroître, c’est à peine s’il arrivait à garder les yeux ouverts. Il se tenait à la voiture, attendant que ça passe, les yeux fermés car trop ébloui par le soleil qui ne faisait qu’empirer la brûlure qui lui vrillait le crâne. Il entendit les voix de Thomas et Liam qui discutaient, et qui semblaient s’approcher de lui. Il voulut ouvrir les yeux, mais sa vue était maintenant brouillée par des taches lumineuses, comme des sortes de flash rapides de lumière.
- …cello ? Marcello ?
- Oh, Marcello tu nous entends ?
Il ne put que laisser échapper un grognement de souffrance. Il sentit des mains l’agripper, mais il ne comprit qu’après que c’était parce qu’il était en train de tomber.
- Putain, Marcello qu’est-ce que t’as ? Tu me fais peur !
La voix de Liam, paniquée, lui parvenait encore, mais elle lui semblait de plus en plus lointaine. Des bourdonnements commencèrent à envahir ses oreilles, comme lorsqu’il s’était relevé après son accident. Il eut seulement le temps d’entendre Liam dire à Thomas d’appeler le LSMS, avant de s’évanouir.
Lorsqu’il se réveilla, il se demanda où il avait atterri. Il était allongé dans un lit, et le lit bougeait. Non, tout bougeait, autour de lui. Il avait l’impression d’être en mouvement. Il ouvrit les yeux, sa vision était redevenue plus ou moins normale, bien qu’encore floue, mais son mal de tête ne le quittait pas. Il avait l’impression d’avoir le crâne fendu en deux, désormais. Il pouvait distinguer trois personnes autour de lui. L’une d’elle était plus en retrait, assise dans un coin. Au-dessus de lui, deux visages, deux rouquins. Enfin, une rouquine et un rouquin. La femme devait être Vanessa, il arrivait à distinguer son uniforme blanc. L’autre était sans aucun doute Liam. Après avoir vu qu’il s’était réveillé, Liam s’était penché sur lui, les sourcils froncés, le regard inquiet.
- Marcello ? Marcello, ça va ? lui demandait-il.
Mais, l’interpellé n’avait pas la force de répondre. Liam lui tenait la main, la lui broyait plus exactement. Il la lâcha quelques secondes pour dégager les quelques mèches de cheveux collées au front de Marcello à cause de la sueur, puis la lui reprit.
- Il ne va pas vous répondre, Lili. Laissez le un peu respirer, il vient de s’évanouir, dit la docteure à Liam. Marcello, reprit-elle en se tournant vers lui, rendormez-vous. Vous êtes dans une ambulance, en direction de l’hôpital. Tout va bien.
Il ne se fit pas prier. Il ferma les yeux, et sombra aussitôt.
Son repos fut de courte durée. Il fut interrompu lorsqu’il sentit que l’ambulance s’arrêtait et qu’on le sortait pour l’emmener à l’intérieur de l’hôpital.
- Marcello, on va réaliser plusieurs examens, pour comprendre ce qui s’est passé.
Il tenta de hocher la tête, pour montrer qu’il comprenait, mais elle lui faisait trop mal.
- Ne remuez pas trop, surtout la tête. Tout va bien se passer.
Une grande fatigue l’envahit soudainement. Il voulait se rendormir. La douleur était trop forte, elle l’empêchait de penser. Il ferma les yeux. Il voulait que la douleur s’arrête.
- Je suis désolée, Marcello, mais je vais vous demander de rester éveillé, pour les examens. On fera au plus vite, et juste après on vous donnera quelque chose pour la douleur, et vous pourrez vous reposer.
Ainsi, il s’efforça à garder les yeux ouverts. Il ne comprenait pas tout ce qui se passait. Liam et Thomas avaient dû l’abandonner, à un moment. Il ne les voyait plus. Il aurait voulu que Liam continue de lui tenir la main. Ses angoisses semblaient prendre vie. Et si on lui diagnostiquait quelque chose de grave ?
Les minutes suivantes passèrent comme dans une brume. Il fit plusieurs examens, notamment une IRM, ce qui prit le plus de temps. Finalement, il put être emmené dans une chambre. Il resta seul un court moment, avant d’être rejoint par Vanessa, qui semblait décidément être sa docteure attitrée. Instinctivement, il se redressa dans son lit, avide de connaître les résultats de ses examens, de comprendre ce qui lui arrivait.
- Rallongez-vous, Capone. C’est un ordre.
Vanessa avait un air pincé. Elle semblait agacée. Marcello avait l’impression qu’il allait se faire gronder, comme lorsqu’il était petit, à l’école.
- C’est grave ? osa-t-il tout de même demander.
Le docteur Martoni soupira. Elle avait un dossier entre les mains, qu’elle lâcha sur les jambes de Marcello. Il s’en saisit immédiatement, essayant de déchiffrer les résultats qui s’y trouvaient.
- Je… Je suis pas sûr de comprendre…
- Rien. Il n’y a rien. Vous n’avez rien, Marcello, enfin rien de plus que ce que vous n’aviez déjà.
- Alors, pourq-
- Parce que vous ne m’avez pas écouté, voilà pourquoi ! le coupa-t-elle. Le mal de crâne, les troubles de la vision, les bourdonnements, l’évanouissement, ce ne sont que les conséquences de votre commotion cérébrale. Seulement ça ne devrait pas arriver, ou du moins pas aussi fort. Mais comme vous refusez de faire ce que je vous demande, voilà où on en est, vous dans un lit d’hôpital, et moi qui vous engueule comme si j’étais votre mère ! Je vous avais pourtant dit qu’il allait vous falloir du repos, beaucoup de repos ! Éviter de travailler, éviter les efforts, éviter les endroits bruyants, éviter les situations stressantes. Ce genre de choses !
Elle venait de décrire plus ou moins les dernières 48h qui s’étaient écoulées pour Marcello.
- Oh…
- Oui, oh ! Vous pouvez le dire. Maintenant, si vous ne savez pas vous reposer, j’ai le regret de vous informer qu’on va vous garder en observation, Marcello. Au moins cette nuit, et la journée de demain.
- Mais, je-
- Ce n’est pas négociable. Vous êtes dans un environnement dans lequel il est pratiquement impossible de se reposer. Le bruit incessant des basses dans votre quartier… Ce n’est pas vraiment l’endroit idéal pour se remettre d’une commotion cérébrale. Alors, vous resterez à l’hôpital.
Marcello n’osa rien répondre. Il savait qu’elle avait raison. Il commençait seulement à se rendre compte de la dangerosité de son comportement, de la façon dont il n’avait pas pris ses consignes au sérieux.
Vanessa lui lança un dernier regard, puis se retourna pour quitter la pièce. Avant de sortir, elle rajouta :
- Il se fait tard, ni moi, ni les autres médecins en service ne vous dérangeront plus ce soir. Si vous avez besoin de quelque chose, sonnez. Je repasserai demain matin. Bonne soirée, Marcello.
Il était vrai qu’il n’avait pas vu les heures passer, avec tous ses examens qui s’étaient rapidement enchaînés, mais le soleil était déjà en train de se coucher. Il soupira. Le silence de la chambre d’hôpital était pesant. En même temps, le moindre bruit réveillait sa migraine.
A un moment, alors qu’il commençait à s’endormir, à force d’ennui, le léger grincement de la porte le réveilla. Il rouvrit les yeux, et malgré le manque de lumière, reconnut la silhouette de Liam, suivie de celle de Thomas, qui se faufilaient dans sa chambre, avec autant de discrétion dont ils étaient capables, c’est-à-dire pas beaucoup.
- Liam-
- Chut, il dort peut-être déjà.
Marcello se racla bruyamment la gorge.
- Bon, il dort pas.
- Sans blague.
- Qu’est-ce que vous foutez là ? demanda Marcello, surpris de les voir.
- J’ai l’autorisation de Vanessa, annonça fièrement Liam.
- Vraiment ?
- Il lui a promis qu’on arrêterait de voler des ambulances et des camions de pompier, avoua Thomas. Et il a un service à lui rendre, quand elle lui demandera, ajouta-t-il.
- La ferme Thomas !
Marcello sourit. Il était content de les voir. Passer la nuit seul dans une chambre d’hôpital le déprimait un peu.
- Je vous manquais trop, c’est ça ?
- Tu nous as fait peur, stupido ! s’exclama Liam, en reprenant son expression fétiche. Je voulais te laisser tranquille, mais Thomas était inquiet, alors je me suis dit que c’était une bonne idée qu’il te voit.
- N’importe quoi, j’étais pas inquiet, bougonna l’adolescent.
Même dans l’obscurité, Marcello pouvait voir ses oreilles qui rougissaient.
- Allez, à qui tu veux faire croire ça ? le taquina Liam en ébouriffant ses cheveux.
Il ne savait pas si c’était son malaise et tous ses examens, ou sa tête qui le faisait encore souffrir et le faisait délirer, mais à cet instant présent, il n’avait que faire de ce que Marius avait dit. Ses paroles n’avaient plus d’importance. Pas quand son cœur gonflait de bonheur face à cette vue.
Marcello leur fit un signe de la tête, pour leur indiquer de s’approcher. Ils prirent chacun une chaise, et s’installèrent de chaque côté du lit d’hôpital.
- Vous avez prévenu MT ? Et les autres ? demanda Marcello.
- Ouais. Pendant que t’étais avec les docs, lui apprit Liam.
- MT a dit que t’étais un crétin, précisa Thomas.
Marcello grogna.
- Et il te dit de prendre soin de toi, aussi.
- Hm.
- Et d’arrêter d’en faire qu’à ta tête. Et d’écouter les médecins.
- Oui, bon ça va aussi, oh ! C’est pas que de ma faute, je vous signale ! Si j’avais eu le temps de me reposer, je l’aurais fait, mais j’avais pas une seconde pour respirer, avec vous !
Thomas se tut. Liam avait un air coupable.
- Désolé. C’est ma faute. J’aurais dû dire aux autres que c’était une mauvaise idée d’aller au Unicorn. Et tout le reste.
Liam avait les yeux baissés sur ses mains, qu’il triturait entre elles. Marcello les saisit, pour qu’il arrête.
- C’est bon, Liam. C’est pas ta faute. Je suis assez grand pour dire non. Je suis allé voir Marius, cette après-midi, c’est moi qui l’ai décidé, pas toi. Donc arrête de te sentir coupable.
Liam releva la tête. Il lui fit un petit sourire, que Marcello lui rendit.
Thomas, à côté, faisait semblant d’avoir envie de vomir face à cette scène. Marcello tenta de le frapper, mais il évita aisément le coup.
- Petit con.
Et ce dernier avait le culot de se marrer, en plus.
- Tu devrais dormir, lui dit alors Liam. Sinon Vanessa va encore t’engueuler. Si ça se trouve, elle a un détecteur de personne éveillée.
- N’importe quoi, dit Thomas.
- J’suis pas fa-, commença Marcello, mais il fut interrompu par son propre bâillement.
Liam lui lança un regard en coin, d’un air de dire « vraiment ? ».
- Bon, d’accord. Vous savez, vous êtes pas obligés de rester là, je devrais survivre une nuit tout seul.
- Thomas, si tu veux, tu peux rentrer. Je vais rester. J’ai déjà connu pire.
- Non c’est bon, je veux rester aussi.
- Thomas…, commença Marcello.
- S’il te plaît. Laisse-moi rester.
Marcello le regarda, un instant. Il avait l’air vraiment déterminé. Peut-être qu’il s’était inquiété plus qu’il ne le pensait. Si ça suffisait à le rassurer, Marcello ne pouvait pas lui refuser ça.
- D’accord. Mais tu viendras pas te plaindre parce que t’as mal partout demain.
- Promis, assura Thomas, tout sourire.
- Maintenant dors ou je t’assomme, intervint Liam.
- Pas sûr que ça aide beaucoup ma situation, ça.
- Dors !
Marcello retint un rire, et obéit, enfin. Il ferma les yeux, et en à peine quelques minutes, il s’endormit.
Il rêva. Il ne se souvenait plus d’une nuit où il avait autant rêvé. Il fit plusieurs types de rêves.
Certains, très réalistes, s’apparentaient plus à des souvenirs. Il se vit, très jeune, en prison, les menottes aux poignets. La tête baissée, il avançait. Il relevait la tête, et croisait le regard d’un homme, qui avait l’air de se demander ce qu’un gamin comme lui foutait là.
Il était dehors. Il pleuvait. Il était complètement trempé, mais il se sentait soulagé. Liam était là, plus jeune, lui aussi. Il lui faisait un check. On aurait dit qu’ils se disaient au revoir. Le rouquin riait, mais son regard était triste.
Puis, il se retrouvait dans un avion. Il regardait par le hublot. Il laissait tout derrière lui. Dans sa main, il tenait un prospectus touristique de la ville de Los Santos, qu’il avait trouvé à l’aéroport. Il le serrait dans son poing. Il sentait son cœur cogner contre sa cage thoracique, même en rêve. Il se demandait s’il avait fait le bon choix.
Ensuite, ses rêves se transformèrent. Les visages des gens, jusque là plutôt ressemblants, changèrent. Les Families et les Pichon avaient les traits déformés, ils lui parlaient, mais Marcello ne comprenait pas ce qu’ils disaient. En même temps, il entendait la voix de Marius dans sa tête, qui lui répétait encore et encore qu’il ne pouvait pas leur faire confiance, qu’ils allaient causer sa perte. Il se bouchait les oreilles, ne voulait pas l’écouter. Il s’efforçait de se concentrer sur les visages devant lui, persuadés qu’ils finiraient par redevenir normaux. Il tendait une main devant lui, essayant de toucher les personnes, les attraper, mais elles disparaissaient, comme de la fumée entre ses doigts. Enfin, il se tournait vers Liam, ou celui qui semblait être Liam puisqu’il ne distinguait que la couleur de ses cheveux, et celui-ci s’approchait de lui. Il lui parlait. Sa voix commençait à devenir plus nette, ses contours moins flous. Peu à peu, il arrivait à distinguer ce qu’il lui disait.
- Alors ? On t’a bien eu, hein ?
- Quoi ? demandait-il.
- C’était une bonne blague, tu trouves pas ?
- Qu’est-ce que tu racontes ?
Liam éclatait de rire. Il riait, il riait, encore et encore. Il semblait ne jamais s’arrêter.
- T’y as cru, en plus ! T’y as tellement cru ! Attends, me dis pas que t’y crois encore ? Me dis pas que t’as toujours pas compris ?
- Je comprends rien !
Marcello criait, mais il n’entendait pas sa propre voix. Elle était étouffée par le rire de Liam.
Liam ne riait pas seulement, il se moquait ouvertement de Marcello, maintenant. Son rire, qui semblait normal au début, qui ressemblait à celui du vrai Liam, devenait de plus en plus méchant, de plus en plus méprisant. Enfin, après ce qui lui avait semblé être une éternité, il s’arrêta. Il ne riait plus du tout. Son visage ne portait plus l’ombre d’un sourire. Il posa une main sur l’épaule de Marcello, il appuya, tellement fort, que Marcello avait l’impression de s’enfoncer dans le sol. Il baissa les yeux. Ce n’était pas qu’une impression. Le sol était désormais tout mou, on aurait dit… des sables mouvants.
- T’es vraiment con, ma parole. T’es vraiment complètement stupido, lâcha Liam, un sourire narquois se dessinant, le ton acéré. On peut te faire croire n’importe quoi, c’est fou. Je sais pas comment t’as pu devenir Families. Moi, je voulais pas que tu me suives. Je voulais rentrer dans le gang tout seul, je voulais enfin avoir une bonne raison de t’abandonner. Que tu me lâches les basques, une bonne fois pour toutes. Mais non, fallait que tu me suives, encore. Et que MT t’accepte, en plus de ça. Il a dû avoir pitié de toi. C’est sûr, même. Il s’est dit que de toute façon, tu durerais pas longtemps. Et tu sais quoi ?
Marcello était tétanisé. Il ne pouvait plus bouger, mais il n’était pas sûr que c’était à cause des sables mouvants qui le bloquaient. Liam s’approcha de lui, encore un peu plus.
- Il avait raison, putain.
Sans crier gare, Liam sortit son couteau et lui planta dans le ventre. Marcello ouvrit la bouche, comme pour hurler, mais aucun son n’en sortit. Liam enfonça un peu plus la lame, de quelques centimètres, le sourire aux lèvres, en le regardant dans les yeux. Puis, il finit par la retirer d’un coup sec. Il l’essuya nonchalamment contre le t-shirt de Marcello, lui fit un clin d'œil, et se retourna pour s’en aller, sans un mot de plus.
Marcello porta ses deux mains à la plaie béante. Il sentait le sang, chaud, couler abondamment. Il voulait crier à l’aide, appeler les secours, mais sa voix avait disparu. Il ne tiendrait pas longtemps, comme ça, il perdait trop de sang.
Il ouvrit les yeux. Son cœur battait à mille à l’heure. Il était trempé de sueur, ses vêtements lui collaient à la peau. Il dirigea son regard vers son ventre, s’attendant à voir une énorme tache écarlate traverser les draps blancs de l’hôpital. Mais rien. Il glissa sa main sous la couette, tâtant l’endroit où, quelques secondes plus tôt, un couteau l’avait planté, mais il ne sentit rien. Aucune plaie, aucune blessure. Il allait bien. Un rêve. Un cauchemar plutôt. Il avait du mal à se réveiller totalement, il avait l’impression de rêver encore. Un bruit le fit revenir sur terre. Il regarda à sa gauche. Thomas était là, endormi. Il était toujours sur le même fauteuil, mais avait enlevé ses chaussures et avait replié ses pieds sous lui. Sa tête dodelinait sur le côté, la bouche ouverte, il ronflait. Cette vue le calma. C’était un rêve. Un simple rêve. Horrible et extrêmement flippant, mais juste un rêve. Il prit soudainement conscience d’un poids sur ses jambes. Trop affolé en se réveillant, il n’avait même pas remarqué Liam, de l’autre côté du lit. Il avait rapproché sa chaise et était encore endormi, sa tête reposant sur ses bras, qui eux-mêmes reposaient sur les jambes de Marcello.
Il dormait profondément, et Marcello n’avait pas vraiment envie de le réveiller, mais l’image du Liam de son rêve lui restait en tête, et il avait besoin de s’assurer que tout allait bien. Il le secoua légèrement.
- Liam… Lili…, chuchota-t-il.
Heureusement, il se réveilla assez rapidement. Il s’étira, puis regarda autour de lui, confus. Il semblait se demander où il était. Enfin, il se tourna vers la voix qui l’appelait et la compréhension s’afficha sur son visage.
Marcello l’observa, quelques secondes. Il cherchait la lueur de démence qu’il avait aperçue dans les yeux du Liam de son rêve. Il soupira discrètement, soulagé de ne pas la trouver. Du moins pas quand il regardait Marcello.
- Qu’est-ce qu’il y a Pep’ ? demanda Liam, en bâillant. T’as besoin de quelque chose ? Tu veux que j’appelle un médecin ?
- Non. Non, c’est bon, merci. J’ai juste… J’ai fait un cauchemar, avoua-t-il, rougissant de sa propre faiblesse.
Marcello détestait se sentir aussi mal à cause d’un simple rêve. Ce n’était pas la réalité, pourquoi est-ce que ça le touchait autant ?
- Tu veux en parler ?
- Non, c’est bon, ça va. Merci.
Ils parlaient à voix basse, pour ne pas réveiller Thomas, qui dormait toujours. Marcello le regarda, songeur.
- Je sais pas comment il fait. Il est tordu dans tous les sens, ça doit être hyper inconfortable. T’as pas trop mal dormi ? s’enquit Marcello, en se tournant de nouveau vers Liam.
- Ça va. Tu fais un super coussin, sourit-il.
- J’ai vu ça…
Ils restèrent un moment dans le silence, le temps de se réveiller complètement. Marcello en profita pour regarder son téléphone portable. Il avait des dizaines d’appels en absence, la plupart de Bénédicte, et une bonne vingtaine de messages non lus. Quelques-uns de MT, qui l’insultait, des Pichon, et beaucoup de Bénédicte, encore une fois. Elle se contentait plus ou moins de l’engueuler, puis de s’inquiéter, puis de l’engueuler à nouveau. Il faudrait qu’il lui réponde.
Thomas ne se décida à se réveiller que lorsqu’une infirmière vint apporter le petit-déjeuner. Vanessa avait dû avoir son mot à dire, car il y avait trois plateaux.
- C’est bien un ado, ça, ça ronfle et ça se réveille que quand y’a de la bouffe, dit Liam.
Thomas ne répondit rien, se contentant de lui faire un doigt d’honneur et de se saisir d’un verre de jus d’oranges.
- Oh, sois poli avec ton père, dit Marcello, ironique.
Il s’attendait à tout moment que Thomas réplique, en disant qu’il n’était pas son père mais il ne dit rien. Marcello lança un regard en coin à Liam. Celui-ci souriait. Marcello haussa les épaules.
Soit. Apparemment ils avaient vraiment adopté un adolescent sans faire exprès.
Vanessa passa peu après que les plateaux furent retirés, pour vérifier que tout allait bien. Elle ne se priva pas de quelques remarques cinglantes envers Liam et Marcello, qui n’osèrent rien répondre, ce qui fit glousser Thomas.
Au bout d’un moment, l’ennui se fit sentir.
- Bon, puisque vous êtes décidés à rester ici, faites quelque chose, je sais pas moi, divertissez-moi, lança l’Italien.
- Eh on n’est pas tes bouffons ! protesta Liam.
- Le seul bouffon ici c’est toi, Lili, répliqua Marcello, goguenard. Thomas, t’as pas un truc à raconter ? On s’emmerde, là, reprit-il, sans faire attention à Liam qui s’indignait dans son coin.
Thomas réfléchit un moment, puis se mit à raconter sa journée de la veille. Il expliqua qu’il était allé chercher quelques caisses d’armes, et qu’il ne s’était presque pas brûlé ! Il s’améliorait. Puis, il était allé chercher Julien au commissariat le midi, pour qu’ils aillent manger ensemble. Liam et Marcello s’étaient regardés d’un air entendu, mais Thomas avait fait semblant de les ignorer. Il continua de raconter sa journée, qui consistait essentiellement en des « Et avec Julien… » ou encore des « Puis Julien a dit… ».
- Et sinon, est-ce que t’as une anecdote qui concerne pas Julien ? le taquina Liam.
Thomas rougit.
- Je t’en supplie, Tom, dis-moi que tu vas lui dire. Ça fait que deux jours, enfin plus j’imagine, mais je me souviens que de ces deux derniers jours, et j’en peux déjà plus de ton petit air rêveur quand tu parles de Julien. Et tu parles tout le temps de Julien.
- Lui dire quoi ? demanda Thomas, innocemment.
- Lui avouer que t’as des sentiments pour lui, idiot !
- Oui, voilà, ça, approuva Marcello.
- Mais j’ai pas de-
- Si tu finis cette phrase, je te jure que je te déshérite, le menaça Liam.
- Je savais pas que j’étais sur ton testament, remarqua Thomas.
- La ferme. Tu m’épuises. C’est épuisant, les gosses.
- J’suis pas un gosse ! protesta le gosse.
- Alors prouve-le et assume un peu ! Montre que t’es un homme !
- Ooooh, les gars, doucement, j’ai toujours mal à la tête, je vous signale !
Les deux se mirent alors à discuter vivement, mais tout en chuchotant, ce qui était… assez ridicule.
- Bon ok. Peut-être, commença Thomas, que j’ai des sentiments plus qu’amicaux pour Julien, finit-il à toute vitesse.
- Miracle ! Enfin ! Bon maintenant que ça c’est fait, comment tu vas lui dire ? Il faut établir un plan ! Oh, je vais appeler Béné !
Liam était déjà en train de sortir son téléphone, quand Marcello le stoppa.
- Du calme, Liam. Le petit doit déjà se remettre de ce qu’il vient de réaliser.
Thomas était en train de se ronger les ongles, visiblement stressé.
- Eh, Tom. Ça va aller. T’es pas obligé de lui dire tout de suite. Et je suis sûr que quand tu lui diras, ce sera réciproque. Ça se voit qu’il en pince pour toi aussi.
- Des fois, j’ai l’impression que… Que lui aussi… Enfin, tu vois. Mais ensuite, je m’imagine lui dire, et je peux pas m’empêcher de penser qu’il va me rejeter. La honte que ce serait… J’oserais même plus être son pote.
- Écoute. Je pense pas que Julien te rejettera. Mais honnêtement, s’il te dit non, et qu’il veut plus être ami avec toi, faudra que tu te dises qu’il te méritait pas. Et que c’était pas un si bon ami que ça.
- Mais j’veux pas… J’veux même pas y penser à ça, dit Thomas, d’une voix faible.
- Je sais. On veut jamais y penser à ce genre de trucs. Mais, parfois, ça arrive. Ça reste une éventualité. Tu peux pas forcer quelqu’un à t’aimer. Tu peux pas forcer quelqu’un à être plus que ton ami, ou même ton meilleur ami.
Liam baissa la tête. Les paroles de Marcello faisaient douloureusement écho à ses propres pensées d’il y a quelques jours.
- Et dans tous les cas, peu importe ce qui se passe. Sache qu’on sera là pour toi. Nous tous.
- Et qu’on cassera la gueule de Julien, rajouta Liam.
- Non !
- Ok, on cassera pas la gueule de Julien. On se contentera de l’abîmer un peu.
- Non plus, Liam !
Liam leva les yeux au ciel.
- Z’êtes pas marrants. Bon, Thomas, je sais pas dire des belles paroles, ça c’est le truc de Marcello. Il réussit très bien, et je vais pas tout gâcher en racontant de la merde. Juste, sache que… Je sais ce que c’est.
Il ne développa pas plus, mais Thomas comprit. Il lui fit un signe discret de la tête. Liam lui sourit, tristement. Marcello ne se rendit compte de rien, il devait penser que Liam parlait de leur situation d’avant.
- Alors, si t’as besoin de parler, ou quoi que ce soit, j’suis p’t’être pas le meilleur pour donner des conseils, mais je sais écouter.
- Merci, les gars. Heureusement que… Enfin, j’suis content de vous avoir, avoua Thomas, timidement.
Un court silence accueillit sa déclaration, rapidement brisé par Liam.
- Ooooh, regardez-le il est trop mignooon ! dit-il en se précipitant à côté de Thomas pour le prendre dans ses bras, avant qu’il ne puisse s’échapper.
- Arrête Liam ! Tu m’étouffes ! se plaignit Thomas, en essayant de s’extraire de l’étreinte, sans succès.
Marcello leva les yeux au ciel, amusé. Ces deux-là n’arrêteraient probablement jamais de se chamailler.
Le reste de la journée se passa tranquillement. Liam et Thomas essayaient tant bien que mal de distraire Marcello de son ennui, mais même eux commençaient à être à court d'idées.
L’après-midi, Bénédicte vint leur rendre visite, bien qu’elle était déçue d’avoir été interdite de crier par Vanessa.
- Pourtant tu le mériterais, bougonna-t-elle.
Marcello avait répliqué qu’il s’était déjà bien assez fait engueuler par Vanessa, qu’il n’avait pas besoin de plus. Bénédicte avait eu un sourire satisfait, en entendant cela.
Bénédicte réussissait à les occuper car elle avait toujours beaucoup de choses à raconter.
- Dis Liam, tu veux pas être utile et aller nous chercher un café ? Je commence à avoir la gorge sèche, réclama-t-elle, au bout d’un moment.
- Normal, tu la fermes jamais, répliqua Liam. Lâche cette lampe Béné, elle ne t’a rien fait.
Liam sortit tout de même, pour se diriger vers le rez-de-chaussée où était la machine à café. Deux personnes s’y trouvaient déjà. Deux personnes avec qui… il avait déjà fait affaire, dira-t-on. L’un était le docteur Traoul, et l’autre son ami, l’ancien barman du Paradise qui avait fini comme garde du corps de Montazac. Aucun des deux ne pouvait témoigner avoir eu une bonne expérience avec les Families. Enfin, surtout avec Liam…
Il se dit qu’il allait se contenter de les ignorer, et que s’ils étaient assez intelligents, ils feraient de même.
C’était peut-être un peu trop espérer.
- Ah tiens, Liam, qu’est-ce que vous faites ici ? commença le médecin.
Liam le jaugea de haut en bas.
- Vous êtes pas censé travailler ici ? lui demanda-t-il, un sourcil haussé.
Traoul bégaya un instant, avant de répondre.
- Euh, je, bah, si, enfin, je connais pas forcément les raisons de la présence de chaque patient à l’hôpital… Enfin… Je-
- Relax, j’vais rien t’faire. On est dans un lieu public, ajouta Liam, tout en lui faisant un sourire étrange.
- Ah… Haha, toujours aussi marrant, vos… vos blagues, Liam.
Ce dernier ne comprenait pas pourquoi Traoul lui parlait, si ça le mettait dans un tel état de stress. Il devait avoir une idée derrière la tête. Son ami aux cheveux rose restait en arrière, observateur. Il ne disait rien, mais Liam pouvait sentir toute l’antipathie qui émanait du garde du corps, envers lui. Il lui en voulait probablement toujours pour l’histoire avec Lucy. Ou il s’était simplement fait monter la tête par les Vagos, comme tout le monde.
- Dites-moi Liam…
Ah, voilà la raison qui avait poussé Traoul à lui taper la discute.
- J’ai entendu parler d’un… d’un… comment dire, euh… d’une… union, au sein des Families ? finit-il par lâcher, sa voix montant dans les aigus sur le dernier mot.
Le terme « union » donna envie à Liam de pouffer, mais il se retint. Il n’eut aucun mal à deviner d’où il avait entendu cette information. Kiddy était le toutou de Montazac, connu pour bosser avec les Vagos, qui étaient au courant. Liam était d’ailleurs étonné que l’information n’ait pas encore fait tout le tour de la ville, avec eux. Enfin, elle devait avoir eu le temps de circuler auprès de la moitié des habitants de Los Santos, seulement.
- Hm.
- Et euh, j’me demandais… Enfin, ça m’a étonné de- d’entendre ça…
- J’te coupe tout de suite. Tu veux en venir où, au juste ?
- Oh euh, oui,… Juste, je me demandais, enfin, on n’en a pas entendu parler en ville et… c’est sorti un peu de nulle part, alors je me demandais… enfin… Vous et Marcello ?
Liam croisa les bras, et s’adossa à la machine à café. Il observait le médecin. Kiddy, derrière, semblait écouter attentivement. Ce dernier devait être l’instigateur de cette question. Enfin, les Vagos devaient en avoir parlé, et avaient dû lui demander d’en savoir plus, histoire de chercher le moindre petit élément qu’ils pourraient utiliser contre eux. Sinon, jamais Traoul n’aurait demandé cela. Rien qu’à le voir, les gouttes de sueur perlant sur son front, Liam devinait qu’il aurait préféré se tenir le plus loin possible de lui et de quiconque qui portait du vert. Kiddy lui avait sans doute dit de le faire à sa place, lui avait dit que si c’était lui qui demandait, Liam ne lui répondrait jamais, car il connaissait ses liens avec les Vagos. Mais Liam n’était pas con, pas au point de ne pas réussir à comprendre leur plan débile. Les deux étaient colocataires, si Liam se souvenait bien. Ils étaient même très proches.
- Qu’est-ce que ça peut te foutre, Traoul ? T’as un problème avec ça ? finit par demander Liam, après avoir laissé mariner le médecin quelques secondes.
Traoul bégaya, ne sachant pas quoi répondre.
Voyant son ami en galère, Kiddy finit par intervenir. Finalement, il n’était pas si inutile que ça, pensa Liam.
- On se demandait juste d’où ça sortait, c’est tout. Du jour au lendemain, on entend parler d’un mariage, et comme par hasard ça coïncide avec le braquage que vous avez fait habillés en jaune et l’accident de Marcello. Et aujourd’hui, ton pote…enfin ton mec… est à l’hôpital.
- Et donc ? demanda Liam, s’approchant un peu.
- Et donc, rien. On trouve ça bizarre, c’est tout, répondit Kiddy, sur la défensive.
- Au risque de me répéter les gars, qu’est-ce que ça peut vous foutre ? Vous êtes concernés ? Vous voulez vous opposer ? Nan parce que c’est un peu trop tard pour ça.
- Même si on avait voulu s’opposer, on n’aurait pas pu, vu qu’on n’était même pas au courant. Bizarre, quand même, un mariage qui passe inaperçu à Los Santos, ça doit être rare, tu crois pas ?
- Kiddy…, commença Traoul, comme pour l’empêcher de continuer.
Liam eut un petit rire sec.
- Dis-donc, il s’est senti pousser des couilles, ton pote ? demanda-t-il au docteur. C’est depuis qu’il traîne avec ses nouveaux potes ? Ou depuis qu’il est devenu la serpillère de Montazac ?
Kiddy s’approcha, ayant l’air de vouloir répliquer.
- Eh, j’ai pas dit « au pied ». Reste à ta place.
- Liam, je suis sûr qu’on peut trouver un arrangement… Kiddy s’interroge seulement, y’a rien de mal à ça, tenta de le défendre Traoul.
- Les gars, faut savoir un truc. Enfin, plusieurs. Premièrement, on n’est pas vos potes. Deuxièmement, j’m’en fous que vous vous « interrogiez ». C’est pas vos histoires. Et enfin, si j’ai dit que j’allais rien faire parce qu’on est dans un lieu public, eh bah, plot twist les gars, j’ai menti. J’en n’ai rien à foutre d’être en pleine rue, à l’hôpital, ou j’sais pas où. Si j’dois vous planter pour que vous compreniez que vous devez vous mêler de votre cul, j’hésiterai pas.
Kiddy avait son téléphone sorti, serré dans son poing. Traoul était devenu blanc comme un linge.
- Qu’est-ce que tu fais, avec ton portable ? Tu veux appeler tonton Miguel ? T’auras qu’à lui dire que si les Vagos veulent savoir des trucs, ils ont qu’à nous demander directement.
- J’allais pas-
- Ouais c’est ça, à d’autres. Tu veux dire que tu t’intéresses à nous, juste comme ça ? T’étais deg’ de pas être invité au mariage, c’est ça ?
Kiddy souffla, visiblement agacé.
- Laisse tomber, Liam. Didier, viens, on y va, lâcha l’homme aux cheveux roses, en tournant les talons pour sortir de l’hôpital.
Traoul le suivit, mais Liam put l’entendre répliquer.
- Mais Kiddy ! Je travaille ici ! Je peux pas partir comme ça ! Kiddy !
Liam haussa les sourcils. Vraiment étranges, ces deux-là.
Après qu’ils soient partis, Liam se servit à la machine à café, puis remonta.
- T’en as mis du temps, Lili ! fit remarquer Bénédicte.
- Ouais, ouais, j’ai croisé des… connaissances.
- Qui ?
- Traoul, le doc’, et son pote Kiddy.
- Oh Traoul celui que t’as planté ?
- Ouais, celui-là, ouais.
- Et Kiddy, celui que vous avez enlevé avec MT ?
- Exact.
Marcello écoutait, incrédule.
- Celui que quoi qui comment ??
- Euh, ouais. Tu t’en rappelles pas ? T’étais pas là, pour l’enlèvement, en même temps.
- Mais… Pourquoi on a fait ça ?
Liam soupira.
- Honnêtement, c’est une trop longue histoire. Je préfère attendre que tu t’en souviennes de toi-même.
- Ah… D’accord, si tu le dis.
Un silence s’abattit sur la salle. L’enlèvement de Kiddy était lié à l’affaire Lucy, et Liam n’avait franchement pas envie d’en parler. D’ailleurs, « enlèvement » était un bien grand mot. Il s’était livré à eux. Il s’était jeté dans la gueule du loup. Liam ne voulait pas y penser. Tout était trop compliqué.
Voilà, maintenant il était de mauvaise humeur, et plus personne n’osait parler. Liam regardait par la fenêtre, songeur. Il semblait perdu dans ses pensées. Marcello l’observait, du coin de l’oeil. Il se demandait ce qui pouvait bien se tramer, dans cette tête. Ce qui s’y cachait. Au bout d’un moment, Bénédicte et Thomas se remirent à discuter, tout bas.
Le reste de la journée passa, dans cette tranquillité qui s’était instaurée. Marcello s’ennuyait. Il en avait marre d’être enfermé dans cet hôpital. Il ne savait pas quand le médecin passerait pour faire son dernier check-up et décider s’il pouvait sortir, mais il n’en pouvait plus de l’attendre.
Enfin, vers 17h, quelqu’un toqua à la porte pour prévenir de son arrivée, puis entra. Liam crut à une blague. Le médecin chargé de vérifier que tout allait bien pour Marcello était Traoul. Celui-ci ne semblait pas enchanté d’être là non plus.
- Ah, bonjour, je- je viens faire les derniers examens de Monsieur Capone…
- Vanessa est pas là ? demanda abruptement Thomas.
- Euh, non, non… Elle a fini son service.
Liam soupira.
- Eh bah, vas-y docteur, fais ce que t’as à faire.
- Je… Je vais vous demander de sortir, s’il vous plaît.
Avec un dernier regard de travers, Liam se leva, et se dirigea, lentement, vers la porte. Bénédicte et Thomas le suivirent.
Une fois la porte refermée, Marcello entama la discussion.
- C’est vous Traoul, c’est ça ?
- Oui, c’est moi, répondit-il distraitement, alors qu’il commençait à s’affairer.
- Liam vous aime pas beaucoup, hein ?
- C’est pas le seul, vous inquiétez pas.
- Oh, je suis sûr que vous exagérez. Votre tête me rappelle quelque chose. Je crois pas que je vous déteste.
- C’est normal Marcello, vous ne détestez personne. Tout comme personne ne vous déteste.
- Vraiment ?
- Hm. Plus ou moins, en tout cas.
- C’est bon à savoir, ça.
Traoul ne répondit pas, et commença à l’examiner. Il fit passer une petite lampe devant ses yeux, qui lui brûla la rétine. Lui posa diverses questions, sur comment il se sentait, sur sa mémoire, pour savoir s’il commençait à la retrouver. Marcello expliqua que certains souvenirs lui revenaient, mais que tout se mélangeait dans sa tête. Il lui dit que beaucoup de ses souvenirs lui revenaient en rêve, et qu’il ne savait pas toujours distinguer le vrai du faux. Il lui expliqua aussi que certains souvenirs remontaient lorsqu’ils étaient déclenchés par quelque chose en particulier. Une parole, un geste, une personne en particulier.
- Tout à l’heure, Liam était vachement silencieux. Il avait l’air… pensif. Il avait un air un peu coupable aussi. J’ai eu l’impression de l’avoir déjà vu comme ça. Après une histoire de gamine enlevée, ou quelque chose comme ça. Je me souviens pas encore bien.
- Ça va finir par vous revenir, lui assura le docteur.
Marcello ne comprenait pas l’animosité que Liam ressentait envers Traoul. Il avait pourtant l’air d’être une bonne personne.
Il lui fit une dernière prise de sang, lui prit sa tension, puis lui annonça que tout avait l’air bon, et qu’il pourrait probablement partir le soir-même, après avoir reçu les résultats de la prise de sang. Marcello soupira de soulagement. Il ne s’imaginait pas passer une deuxième nuit ici.
- Je vais vous laisser maintenant. Vos amis doivent s’impatienter.
Mais, alors qu’il allait effectivement partir, son regard sembla attiré quelque part. Il hésita quelques secondes, mais la curiosité prit le dessus.
- Vous avez enlevé votre alliance pour les examens ?
Marcello baissa les yeux sur sa main. C’est donc ça, que le docteur regardait. Malgré lui, les paroles de Marius lui revinrent en tête. Il voulait les ignorer, mais il n’y arrivait pas. Il pensait pouvoir passer outre, mais maintenant que sa tête le faisait moins souffrir, ses idées étaient plus claires. A cela s’ajoutaient certains souvenirs qui lui étaient revenus, et qui ne coïncidaient pas totalement avec ce qu’on lui avait dit.
- Euh, oui. Oui, c’est ça, mentit Marcello, au bout d’un moment.
Traoul eut un air étrange. Puis il lui dit qu’il reviendrait plus tard pour lui affirmer qu’il pouvait partir, et sortit.
Marcello devait parler à Liam.
Notes:
Pour être en bonne santé, mangez 5 fruits et légumes par jour et n’oubliez pas de bully Kiddy régulièrement.
Merci d'avoir lu, BISOUUUUUUUUUUUUUS
Chapter 9: Éclatement
Summary:
La vérité finit toujours par se savoir.
Notes:
Bonjour !
Nouveau chapitre ! Tout part en couilles ! Bonne lecture !CW : self-harm involontaire, sang
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Lorsqu’il revint dans la chambre d’hôpital de Marcello, celui-ci le regardait étrangement. Liam avait un mauvais pressentiment. Traoul avait-il parlé ? Avait-il fait une gaffe ? Ou était-ce autre chose ?
Il allait devoir lui dire. Le temps était écoulé, pensa sombrement Liam. Le jeu était fini. Il avait perdu.
Le temps qu’il restait à attendre avant de pouvoir quitter l’hôpital lui parut incroyablement long. Marcello ne parlait presque pas. Il se contentait de jouer avec ses mains, de triturer les draps du lit d’hôpital, ou de se ronger les ongles.
Enfin, il fut autorisé à sortir. Bénédicte appela MT pour qu’il vienne les chercher, car c’est lui qui l’avait déposée. Les trois sortirent pendant que Marcello remplissait les derniers papiers nécessaires. MT les attendait devant l’hôpital. Ils entrèrent dans la voiture, silencieusement, Thomas devant, Liam et Bénédicte à l’arrière.
- C’est quoi ces têtes de déterrés les gars ? Il est où Luigi ? Il est mort ou quoi ?
- Il arrive, répondit Thomas.
- Bah alors, qu’est-ce que vous avez ?
Bénédicte regardait Liam, un pli soucieux s’était formé entre ses sourcils.
- Je vais lui dire, lâcha Liam, après un instant de flottement.
MT le dévisagea dans le rétroviseur.
- Pardon ? T’as dit un truc refré ?
- J’ai dit que j’allais lui dire.
- Dire quoi à qui ?
- Fais pas semblant MT, t’as très bien compris. Je vais avouer à Marcello que le mariage c’était une blague.
- Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Il s’est passé un truc ?
- Il est bizarre, intervint Thomas. Marcello, il est super bizarre, un coup on dirait que tout va bien, et cinq minutes plus tard il parle plus, il nous regarde comme s’il nous connaissait pas…
- Je crois qu’il se doute de quelque chose, rajouta Bénédicte. Sa mémoire doit commencer à lui revenir.
- Je préfère lui dire avant qu’il ait retrouvé toute sa mémoire. Avec un peu de chance, si c’est moi qui lui dis, il m’en voudra moins… finit Liam, sans avoir l’air vraiment convaincu de ce qu’il avançait.
Les autres ne répondirent pas. Liam pensa qu’ils étaient peut-être enfin en train de réaliser qu’il n’exagérait pas, quand il disait que ce mensonge allait foutre la merde plus que prévu.
Enfin, Marcello sortit et se dirigea vers la voiture. Il s’installa à l’arrière, à côté de Liam.
- Ça va Luigi ? demanda MT, avant de démarrer.
- Tout va bien. On peut rentrer, répondit-il simplement.
Sa voix était bizarre, comme celle d’un étranger, ou plutôt celle de quelqu’un qui parlait à des étrangers. Ce n’était pas la voix de quelqu’un qui s’adressait à sa famille. Il se tenait étonnamment droit et regardait par la fenêtre. A un moment, il sembla se rendre compte que sa cuisse touchait celle de Liam, du fait de la proximité forcée liée à la voiture, et se décala un peu plus vers la portière. Liam fit semblant de n’avoir rien remarqué. Il fit aussi semblant de ne pas sentir le pincement qui lui picota le cœur. Bénédicte avait vu ce qui venait de se passer. Discrètement, elle prit la main de Liam dans la sienne. Il la serra. Il était stressé. Plus stressé qu’avant le braquage de la Pacific, plus stressé que face à n’importe quel flic ou n’importe quel Vagos.
- Ça va aller, lui murmura-t-elle, si bas, que Liam se demanda un instant s’il ne l’avait pas imaginé.
Enfin, ils arrivèrent à destination. Tout le monde descendit de la voiture. A peine avait-il fait quelques mètres en direction de l’appartement, que Liam entendit la voix de Marcello l’appeler. Il s’arrêta pour l’attendre.
- Est-ce qu’on peut parler ? lui demanda Marcello de but en blanc.
Maintenant ? Sérieusement ? Liam avait prévu de lui dire la vérité, mais demain, peut-être, pas là, alors qu’ils venaient de rentrer de l’hôpital. Pas là, ce soir. Pas déjà. Égoïstement, Liam aurait voulu profiter d’une dernière nuit, où il aurait prétendu que tout allait bien. Avant que tout s’écroule. Mais Marcello voulait parler. Maintenant. S’il lui refusait ça, qui sait comment il réagirait ? Liam avait la gorge nouée.
- Ok. Viens, on va parler à l’intérieur, réussit-il tout de même à répondre.
Ils rentrèrent donc. Ils avaient seulement franchi la porte que Marcello commença, sans qu’ils aient le temps de se poser cinq minutes.
- Je comprends rien, Liam. Pourquoi… Pourquoi est-ce que tout le monde est bizarre ? Pourquoi les gens réagissent bizarrement quand on parle du mariage ? Pourquoi on en parle autant d’ailleurs, c’est si important que ça ? Enfin, oui, c’est important mais… Je comprends pas… Pourquoi personne n’a l’air au courant, et ceux qui le sont n’ont pas l’air de vraiment l’être ?
- …
- Je… J’ai des souvenirs qui me reviennent et… C’est super confus… J’ai l’impression que certains trucs collent pas avec ce que vous m’avez raconté… Et Marius… Il m’a dit quelque chose aussi, qui… qui m’a fait réfléchir, et auquel j’arrête pas de penser…
Tout en parlant, Marcello faisait les cent pas dans l’appartement, et s’agitait de plus en plus. Il n’arrêtait pas de passer ses mains dans ses cheveux, tirant dessus parfois. Liam avait peur qu’il finisse par se les arracher. En entendant le nom de Marius, Liam oublia un instant tout ce que Marcello avait dit.
- Qu’est-ce qu’il t’a dit, Marius ? demanda-t-il, froidement.
Si l’ivrogne n’avait pas respecté sa parole… Liam n’aurait plus qu’à mettre sa menace à exécution.
- Je sais plus exactement… Avec mon malaise et tous les examens, j’avais un peu mis ça de côté, mais maintenant que ça va mieux… Il m’a parlé de… Il m’a dit que si j’avais pas d’alliance, c’était pas pour rien, je crois… Et tout à l’heure le docteur m’a fait la remarque aussi… C’est peut-être qu’un détail mais… Ça me tracasse, Liam.
Liam ne répondit pas. Il ne savait pas comment lui dire la vérité. Devait-il lui répondre que s‘il n’avait pas d’alliance, c’est parce que le mariage n’existait pas ? Qu’ils n’étaient même pas ensemble ?
Marcello avait arrêté de marcher et semblait planté dans le sol, déterminé à comprendre ce qui se passait. Il regardait Liam, de ses yeux perdus.
- Liam, reprit Marcello. Réponds-moi honnêtement. Pourquoi est-ce que j’ai pas de bague ? Et toi non plus, d’ailleurs ? Pourquoi est-ce que personne semble au courant qu’on est mariés ? Pourquoi est-ce que tout le monde est bizarre ? C’est quoi ce bordel, en fait ? Je… J’ai l’impression que… J’ai des souvenirs qui me reviennent, et je sais pas, je crois que…
Marcello s’arrêta, le regard baissé, réfléchissant. Sa voix avait commencé à se briser, vers la fin.
- Est-ce que… est-ce que tu me mens ? Liam ? Est-ce que tu m’as menti ?
- Marcello…, commença Liam.
Voilà. Ce qu’il redoutait depuis ces derniers jours arrivait enfin. Honnêtement, il ne pensait pas que ça durerait si longtemps.
- Non. Commence pas. Essaye pas de… essaye pas de m’embrouiller l’esprit comme tu le fais depuis trois jours, s’énerva-t-il brusquement, la voix étranglée.
- Je t’embrouille pas l’esprit, Marcello, je… Enfin, c’est pas ce que je voulais, je voulais juste-
- Qu’est-ce que tu voulais ? Qu’est-ce que tu voulais, Liam ?!
On aurait dit qu’il voulait le secouer comme un prunier, pour faire sortir la vérité, mais qu’il se retenait.
- J’allais t’en parler. J’allais t’en parler, ok ?
Marcello se calma subitement.
- Mais me parler de quoi ? demanda-t-il, d’une toute petite voix.
- Je crois que tu ferais mieux de t’asseoir.
- Tu m’inquiètes, là.
- Ouais, c’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter, murmura-t-il pour lui-même.
Marcello fit ce que Liam lui avait conseillé et s’assit. Il restait sur le bord de la chaise, comme prêt à bondir à tout moment. Liam se dit qu’il ferait mieux de suivre son propre conseil. Il ne savait pas comment Marcello allait réagir, et s’il restait debout il avait peur que ses jambes ne le lâchent.
- Je… Comment dire…, commença-t-il, difficilement.
Il avait la gorge sèche. Toute volonté d’être honnête était en train de le quitter. Ne pouvait-il pas continuer à mentir ? Était-ce vraiment si important que Marcello sache la vérité ?
Non, bien sûr que le mensonge ne pouvait pas perdurer indéfiniment. Marcello était son meilleur ami. La personne qui le connaissait le mieux au monde, celle qu’il aimait plus que tout. Il lui devait la vérité.
Marcello attendait, patiemment, du moins aussi patiemment qu’il le pouvait. Liam voulait pouvoir imprimer ce visage sur sa rétine, celui qui croyait encore être son mari, celui qui croyait être amoureux de lui. Celui qui croyait à son mensonge.
- D’abord, avant de t’expliquer, je veux te dire que… Que c’était pas censé partir aussi loin, et que… C’est pas… C’est pas…
- Liam. Dis-moi juste… Juste, qu’est-ce qui se passe ? le coupa Marcello.
Liam inspira profondément.
- Le mariage… est faux.
Il s’efforçait de continuer à le regarder, pour ne pas lui faire l’affront d’éviter son regard, comme il aimerait éviter cette discussion. Un grand silence suivit. Marcello ne réagissait pas. Au bout d’un moment, il se demanda même s’il avait entendu ce qu’il avait dit, ou s’il se l’était répété tellement de fois dans sa tête qu’il avait l’impression de l’avoir dit à voix haute, mais que ce n’était pas le cas.
- Marcello ? demanda-t-il, au bout d’un moment. T’as enten-
- Qu’est-ce que t’as dit ? le coupa l’Italien, comme s’il venait de redescendre sur terre.
Liam déglutit. Il aurait préféré éviter de se répéter.
- J’ai dit… J’ai dit que le mariage était faux. Tout est faux. On n’est pas mariés. On n’est même pas en couple. C’était… C’était une blague, une… Juste pour… Enfin… Comme tu te souvenais de rien, MT a dit qu’on était mariés, pour rire, et moi… Moi j’ai suivi, déballa-t-il.
Malgré le stress qu’il ressentait, Liam pouvait aussi sentir un poids qui s’ôtait de sa poitrine. Ce mensonge commençait à lui peser fortement.
Encore une fois, Marcello ne répondit pas. Il le fixait, sans bouger, sans même cligner des yeux. Liam aurait presque eu l’impression qu’il n’avait encore une fois pas entendu, si ses mains qui étaient posées sur ses cuisses n’étaient pas en train de serrer le tissu de son pantalon, si fort, que ses jointures devenaient blanches.
- C’était une quoi ? Je te demande pardon ? Une blague ?
- Je… Oui… On… C’était pas notre meilleure blague, c’est vrai mais-
- Mais quoi ? Mais quoi ??
Marcello se leva soudainement, faisant tanguer dangereusement sa chaise qui faillit se renverser en arrière.
- Une blague, vraiment ? Tu trouves ça drôle ?? Depuis le début tu… Vous… Tu te fous de ma gueule en fait, c’est ça ?
Liam se leva à son tour.
- Non ! Non pas du tout, c’est… J’me fous pas de ta gueule !
- Ah bon ? Si c’était pas pour se foutre de ma gueule, c’était pour quoi ? Ah, vous vous êtes bien amusés, à me raconter toutes ces histoires sur la cérémonie, et je sais pas quoi d’autre ! Ça vous a fait marrer, hein, de me voir y croire dur comme fer ? Ça vous a fait marrer de, de-
Il ne finit pas sa phrase, étranglé par l’émotion. Il lui tourna le dos, les bras croisés, le regard fixé dehors, à travers la fenêtre.
Ce qui était en train d’arriver était exactement ce que craignait Liam. Il n’osait plus rien dire, de peur d’énerver encore plus Marcello. Il avait peur que peu importe ce qui sortirait de sa bouche, ça aggraverait son cas. Pourtant, il avait tellement de choses à lui dire. Il voulait lui dire qu’il était désolé, tellement désolé, il voulait s’excuser mille fois, tout en sachant que ce ne serait pas suffisant. Il voulait dire que ça n’avait jamais été son but de se moquer, qu’il avait perdu le contrôle de la situation, et qu’il ne savait pas quoi faire pour tout arrêter, tout arranger. Mais les mots restaient bloqués dans sa gorge.
Marcello finit par se retourner, pour le regarder. Ses yeux brillaient légèrement. Les bras croisés comme ça, les épaules légèrement remontées, on aurait dit qu’il se recroquevillait sur lui-même.
- T’as rien d’autre à me dire ? lui demanda-t-il, la voix beaucoup plus faible, après son éclat de voix.
- Je… Je suis désolé. Je suis tellement désolé, Marcello, je te jure, je voulais pas me foutre de toi. Je pensais pas que ça irait aussi loin, je pensais que-
- Tu pensais pas, hein ? Mais tu vois, Liam, c’est bien ça, ton problème. T’agis avant de réfléchir. Tu penses jamais, asséna-t-il, avant de sortir de l’appartement précipitamment, en choppant ses clés de voiture au passage, et de claquer la porte derrière lui.
Liam n’avait même pas la force de lui courir après. Il resta planté là, abasourdi. Il se laissa tomber sur la chaise qu’il avait quittée quelques instants plus tôt, et se prit le visage dans les mains. Il n’arrêtait pas de revivre la discussion dans sa tête. Il ne s’était jamais détesté autant qu’en cet instant précis. Plus il y pensait, plus il s’énervait, contre lui, contre MT d’avoir inventé cette histoire de mariage, contre tous les autres pour y avoir participé. Il se leva à nouveau, brusquement, envoyant valser sa chaise. Il se mit à faire des allers-retours, de long en large de l’appartement, tout en s’énervant de plus en plus. La colère et la tristesse lui coupaient le souffle, il avait l’impression de ne plus réussir à respirer. Il s’arrêta un instant, et regarda autour de lui. Il aperçut sur la table du salon une bouteille de bière presque vide, dans laquelle restait un fond. Elle devait être là depuis quelques jours déjà. De rage, il s’en saisit et la lança avec violence contre un mur. Il espérait que ça lui ferait du bien, qu’il laisserait un peu de son amertume s’évaporer en même temps que le reste de bière s’écoulait sur le sol et le mur. Mais rien. Il sentait que son cœur était toujours aussi serré, sa mâchoire toujours aussi contractée. Il n’avait plus qu’à ramasser les bris de verre, maintenant. Pitch s’approcha, intriguée, et Liam siffla pour qu’elle s’éloigne. Il avait l’impression qu’elle comprenait. Il avait l’impression qu’elle le jugeait.
Il se mit alors à ramasser les morceaux de bouteille, à mains nues. Inconsciemment, avant de les jeter dans la poubelle, il les serra, dans ses deux poings. Ses sens étaient engourdis, il ne sentait même pas le verre coupant qui s’enfonçait de plus en plus dans sa chair. Ce ne fut que quand il sentit le sang tiède couler entre ses doigts, qu’il le remarqua.
Il finit par jeter le verre. Il avait mis du sang partout, en plus de la bière. L’appartement était dans un état lamentable. Il se passa les mains sous l’eau, avant d’aller chercher le kit de premier secours dans la salle de bain. Il tenta tant bien que mal de retirer lui-même les bouts de verre insérés sous sa peau, mais c’était compliqué, avec ses deux mains blessées, qui tremblaient qui plus est. De plus, il n’arrêtait pas de saigner, et il ne voyait rien de ce qu’il faisait.
Soupirant, il arrêta de se charcuter, et observa le massacre. Il eut l’impression de rester longtemps, ainsi, à regarder son sang couler lentement de ses blessures, mais il ne se passa sans doute pas plus de quelques minutes, sinon il aurait fini par s’évanouir. Quelqu’un frappa à la porte. Pendant une fraction de seconde, il eut l’espoir que c’était Marcello qui revenait, avant de se rendre compte qu’il ne prendrait pas la peine de frapper. Il ne répondit pas. Il ne voulait voir personne.
- Liam ? Liam, ça va ?
C’était Bénédicte. La voix de MT se fit entendre également.
- Ouvre, Lili.
Il soupira, avant de crier que c’était ouvert. Sa voix était éraillée.
Les deux entrèrent, et s’arrêtèrent immédiatement, en voyant le carnage qui s’était créé.
- Putain, Liam, qu’est-ce qui s’est passé ? cria Bénédicte, en se précipitant vers lui.
Il ne dit rien. Il n’avait pas envie de parler. Il voulait se rouler en boule comme un enfant, et dormir. Peut-être pleurer un peu, il ne savait pas. Il se sentait con, ridicule, il avait l’impression d’être le pire des enfoirés. C’était Marcello, qui avait été blessé dans cette histoire. Mais c’était lui qui avait envie de chialer, de s’apitoyer sur son sort.
Bénédicte lui prit ses mains pour observer les dégâts, elle semblait parler à MT. Liam n’entendait pas ce qu’elle disait, ses oreilles avaient commencé à bourdonner. Il se sentait faible. Peut-être qu’il avait perdu trop de sang. Peut-être qu’il allait mourir. Bah. Au moins, Marcello serait débarrassé de lui. Il ne manquerait à personne.
Il vit du coin de l'œil MT revenir de la salle de bain, alors qu’il ne l’avait même pas vu partir, avec des serviettes propres dans les bras. Bénédicte prit la trousse de soins qui était toujours sur la table, s’assit à côté de Liam, et sortit une pince à épiler de la trousse. Ah. Peut-être que Liam ferait mieux de s’évanouir. Ça n'allait pas être une partie de plaisir.
Trop tard, Bénédicte avait déjà commencé à retirer chaque petit bout de verre qui était resté planté dans sa chair. Pendant ce temps, MT essayait de lui parler.
- Oh, Liam. Liam ! Tu m’écoutes ou quoi mon reuf ?
Étourdi, Liam tourna son regard vers son boss. Il ne lui répondit pas, cependant. Il l’observa, comme si MT était un inconnu.
- T’es shooté ou quoi ?
Non, malheureusement. Liam aurait préféré. Il aurait plus ou moins eu les mêmes effets, la perte de sang en moins.
- Oh !
MT finit par perdre patience, et gifla Liam. Cela eut pour effet de le réveiller quasi instantanément.
- Boss ! Ça va pas ou quoi ! le réprimanda Bénédicte, toujours concentrée sur son travail.
- Il me répondait pas ! se justifia MT. Comme ça, il tombera pas dans les vapes.
- MT… ? finit par demander Liam.
- Ouais, mon frère. C’est quoi ce putain de bordel ?
- Je…
Liam réfléchit. Qu’est-ce qui s’était passé déjà ? Il sentit les picotements dans sa main. Il baissa les yeux. Oh. Du sang. Ses mains étaient dans un sale état. Il regarda autour de lui. Il vit la chaise renversée, la tache sur le mur, les restes de morceaux de verre qu’il n’avait pas ramassés, les gouttes de sang sur le sol.
Il vit Pitch, cachée dans un coin, qui le regardait. Marcello. Il était parti. Liam entendait encore sa voix, lui dire qu’il lui avait menti, qu’il s’était foutu de lui. Ses yeux lui piquèrent. Il cligna des yeux à répétition, pour empêcher les larmes de couler. Il voulut porter sa main à sa bouche, alors qu’il réalisait de nouveau ce qui s’était passé, mais Bénédicte l’en empêcha.
- Arrête de me compliquer la tâche…, bougonna-t-elle, alors qu’elle commençait à désinfecter soigneusement les plaies, après avoir retiré tous les bouts de verre.
Cependant, elle releva la tête lorsqu’elle entendit un reniflement. Elle lança un regard inquiet à MT, qui fronçait les sourcils. Elle se dépêcha de finir de désinfecter, afin de mettre un bandage sur chaque main, très serré pour éviter que les plaies ne s’ouvrent à nouveau. Elle garda les mains de Liam dans les siennes un instant. Il avait la tête baissée, elle ne voyait pas ses yeux.
- Liam… ? finit-elle par demander.
Il laissa échapper un soupir tremblotant.
- Je lui ai dit.
Les deux ne réagirent pas, attendant la suite. Liam finit par relever la tête. Ses yeux étaient brillants.
- J’ai dit à Marcello que… Que c’était faux, expliqua-t-il, la voix cassée. Je lui ai dit que tout était faux, le mariage… Tout. Je crois…Je crois qu’il- qu’il a pas trop apprécié, finit-il avec un faux sourire tremblant, en haussant légèrement les épaules.
- C’est quand même pas lui qui…, commença Bénédicte en pointant ses mains.
- Non ! la coupa immédiatement Liam. Non, ça c’est moi, j’ai… euh… un peu vrillé, avoua-t-il, son regard se dirigeant vers le mur contre lequel s’était explosée la bouteille.
- Oh… Oh, Liam, dit Bénédicte, avant de s’approcher de lui et de l’enlacer.
Liam la laissa faire. Il ne lui rendit pas son accolade. Il restait là, les bras ballants. Il regardait MT, sans vraiment le voir.
- Je suis désolée, lui chuchota-t-elle, le visage enfoui dans son cou.
- Je vous l’avais dit. Je vous l’avais dit, putain.
Bénédicte s’écarta, pour le regarder. Un pli anxieux barrait son front.
- Je savais qu’il allait réagir comme ça, je vous l’ai dit !
Il se leva, peut-être un peu trop vite après avoir perdu autant de sang, puisqu’il sentit sa tête tourner, et se tint au dossier de la chaise.
- Je sais que je suis pas innocent dans tout ça, mais j’ai essayé de vous dire que c’était une mauvaise idée ! Qu’il allait pas réagir comme à une simple blague ! Il est pas comme ça, Marcello, il est… Je crois que… Je crois que ça l’a blessé… Non, j’en suis sûr même ! Il croit que je me suis foutu de sa gueule ! Et il a pas tort dans un sens ! Mais je voulais pas, je… Je voulais pas faire ça ! J’aurais pas dû, j’aurais dû insister et vous dire qu’il fallait arrêter, j’aurais dû… C’est peut-être qu’une blague pour vous, mais moi… Moi ça me… S’il veut plus me parler à cause de cette connerie, s’il me pardonne pas, je… Je sais pas ce que je vais faire ! Je sais pas quoi faire, les gars !
Bénédicte se mordillait les lèvres, de culpabilité. MT avait croisé les bras.
Il ne savait pas. Il ne savait pas que sa blague partirait aussi loin. Il n’aurait jamais pu s’en douter. Il s’était dit qu’au pire, ça durait quelques heures et ça n’avait aucune incidence, au mieux ça durait un peu plus longtemps et ça mettait un coup de pied aux culs de ces deux idiots. Finalement, Liam s’était surtout pris le retour de bâton en pleine face.
Liam se laissa à nouveau tomber sur sa chaise. Les trois se regardèrent, sans savoir quoi dire.
Marcello ne s’était jamais senti aussi con. Il était sorti en précipitation, seulement en ayant le temps de prendre les clés de son Itali GTO. Il n’avait pas voulu reprendre la voiture de Liam. Il ne voulait plus penser à lui. Plus pour le moment. Rien que l’évocation de son nom le blessait. Marcello était humilié. Tout ça n’avait été qu’une vaste blague. Ce mariage, cette relation, tout n’était que mensonge. C’est pour ça, que personne n’était au courant en ville. Pour ça, qu’il y avait eu tant de situations gênantes quand ils disaient qu’ils étaient mariés, ou quand Marcello posait une question sur ça.
Comment avait-il pu y croire ? Maintenant qu’il y repensait, même sans ses souvenirs, il aurait dû le voir, que tout était une invention. Il aurait dû comprendre plus tôt que c’était une simple blague. Une connerie, qu'il avait avalée sans problème. Pourquoi ne s’était-il pas posé plus de questions ? Il avait eu des œillères. Quand quelque chose le tracassait, comme cette histoire de bague, il avait préféré l’ignorer, éviter d’y penser. Comme s’il ne voulait pas qu’on lui dise la vérité. Parce qu’il voulait y croire. Il avait voulu y croire, à ce mariage. Il avait voulu croire qu’il était avec Liam. Pour de vrai.
Parce qu’il était véritablement amoureux de lui. Maintenant que presque tous ses souvenirs étaient revenus, il s’en rendait compte. Peut-être que le faux mariage avait aidé à cette réalisation. Peut-être que d’avoir été marié à Liam pendant trois jours l’avait fait réaliser que c’est ce qu’il voulait vraiment. Pas forcément d’être mariés, juste… Être avec lui. Lui tenir la main, quand il en avait envie. L’embrasser, devant tout le monde.
Quand il y pensait, il se disait que Liam avait dû le voir. Il avait dû se rendre compte de ses sentiments. Et il s’était dit que ce serait marrant, de lui faire croire qu’ils étaient mariés. Que comme ça, Marcello se rendrait compte que ce n’était pas réciproque. Que Marcello se sentirait tellement gêné d’avoir pu croire à ce mariage, qu’il n’oserait pas lui avouer ses vrais sentiments.
Au volant de sa voiture, Marcello allait de plus en plus vite. Il ne se rendait plus vraiment compte d’où il était, ni d’où il allait. Il avait juste envie de s’éloigner. S’éloigner de Liam, de MT, des Families et des Pichon, de Forum Drive. Il n’arrivait pas à croire qu’ils lui avaient tous menti. N’étaient-ils pas censés être une famille ? Est-ce que ça les avait vraiment fait rire, de le voir y croire dur comme fer, comme ça ? Est-ce que, une fois qu’il avait le dos tourné, ils se foutaient de sa gueule, tous ensemble ? Même Bénédicte ? Même Thomas ? Peut-être qu’il aurait dû s’attendre à quelque chose de ce genre de MT et Liam. MT aimait le charrier, et il aimait faire des allusions à leur soi-disant relation de couple, et Liam était le premier à le suivre quand il s’agissait de le faire chier. Comment passer à côté de cette occasion rêvée… Mais les autres ? Tout ce qu’ils lui avaient raconté, sur le mariage, sur la cérémonie, sur la demande… Tout était inventé ? Est-ce qu’ils avaient improvisé sur le coup ? Ou avaient-ils tout préparé avant ? Marcello préférait la première option. Si tout était un coup monté dans son dos, une gigantesque blague pour bien se foutre de sa gueule, c’était mille fois pire.
Marcello ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était arrêté. Il regarda autour de lui. C’était un miracle qu’il soit arrivé en vie. Il avait l’impression d’avoir laissé son corps conduire en mode automatique, tandis que sa conscience dérivait et pensait à tout ce qui s’était passé ces derniers jours. Il ne savait même pas où il était. Il était garé sur un parking, avec une plage déserte qui s’étalait devant ses yeux. Il ne reconnaissait pas l’endroit. Il regarda son GPS. Apparemment, il avait atterri dans le nord de l’île.
Le soleil commençait à se coucher, désormais. La journée avait paru interminable à Marcello. La nuit allait l’être encore plus. Comment allait-il pouvoir dormir ? Il ne faisait que ressasser encore et toujours la même chose. On lui avait menti. Pire que tout, Liam lui avait menti. On avait joué avec ses sentiments. On avait profité de son amnésie, de son accident. Marcello avait le regard fixé sur l’horizon, toujours enfoncé dans le siège conducteur de sa voiture. Il se mordait les lèvres, encore et toujours, bientôt jusqu’au sang. Une heure passa. Puis deux. Puis trois. La nuit était tombée maintenant. Seule la lune éclairait encore la plage, toujours aussi déserte. Son téléphone sonna. Il avait sonné à plusieurs reprises, depuis qu’il était parti. Liam, MT, Bénédicte, Thomas. Surtout Liam. Il ne répondait pas. Cette fois-ci c’était un message, de Liam également.
"Marcello réponds stp je m’inquiète”
Il ne répondit pas. Un autre message suivit à peine cinq minutes plus tard.
“Dis-moi juste que tu vas bien et après je te laisse tranquille”
Marcello ricana. Maintenant, il se préoccupait de lui, de comment il allait ? Il prit son portable et sortit de la voiture, enfin. Il claqua la portière, plus fortement qu’il ne voulait. Il s’excusa auprès de sa voiture. Elle n’avait rien fait. Puis, il se rappela que c’était un cadeau de Liam. Marcello aurait bien donné un coup de pied dedans, si elle ne valait pas plus que tout le reste de ses possessions.
Il s’avança sur la plage. Il s’assit, à même le sable, non loin de l’eau. On n’y voyait vraiment rien. Son téléphone sonna encore. Il n’avait pas encore fini de sonner, que Marcello le lança à la mer.
Puis il se rendit compte de ce qu’il avait fait.
- Merde. Stupido, s’insulta-t-il lui-même.
Il aurait pu simplement l’éteindre. Bah, ça lui avait fait du bien. C’était déjà ça. Il s’allongea sur le sable. Peut-être que les vagues le berceraient.
Ou le réveilleraient. Il avait fini par s’endormir sur la plage. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était la marée qui montait le matin, et qui vint le réveiller en le noyant presque. Bon, d’accord, l’eau n’était montée que jusqu’à sa taille. Mais c’était déjà trop. Il était maintenant trempé, collant, il avait froid, et il était encore plus de mauvaise humeur. Et il n’avait plus de portable. Le jour commençait à peine à pointer le bout de son nez. Il tenta tant bien que mal de retirer les résidus de sable avant de remonter dans sa voiture. Il était 5h30. Pas une heure pour se réveiller. Pas non plus une heure pour se retrouver seul au milieu d’une plage, trempé et grelottant, sans moyen de communication. Il soupira, puis mit le contact. Il allait bien devoir finir par rentrer.
Marcello prit soin d’emprunter la plus longue route pour rentrer à son appartement, et il ne dépassa pas les limitations de vitesse, loin de là, contrairement à l’aller. Arrivé à Forum Drive, il hésita. Devait-il vraiment rentrer ? Il n’était pas prêt à affronter Liam et ses excuses. Mais il ne pouvait aller nulle part d’autre, étant donné que tous étaient au courant, et qu’il n’était pas prêt à leur parler à eux non plus. La perspective de finir sa nuit dans sa voiture ne l’enchantait guère. Il était épuisé. Mentalement et physiquement. Il voulait retrouver son lit. Et des vêtements secs. Il se décida finalement à rentrer. Il espérait que Liam ne s’y trouvait pas, mais s’il y était, il n’aurait qu’à l’ignorer.
Malheureusement pour lui, Liam était bien là. Il eut beau ouvrir la porte le plus discrètement possible, Liam le vit, car il ne dormait pas du tout. Lorsque Marcello entra, Liam se précipita sur ses pieds, alors qu’il était en train de se ronger les sangs, assis en tailleur sur le lit.
- Marcello ! T’es rentré !
Marcello le regarda un instant, ou plutôt le dévisagea, puis passa à côté de lui sans répondre, en le poussant légèrement pour se rendre dans la salle de bain, dans laquelle il s’enferma. Il commença à retirer ses vêtements mouillés, lorsqu’il entendit de nouveau la voix de Liam, qui lui parlait à travers la porte.
- Marcello, je… Ça va ? Tu… Tu m’as fait peur. Pourquoi t’es trempé ? T’étais où ?
Marcello leva les yeux au ciel. Il se mordit l’intérieur des joues très fort pour s’empêcher de répondre. De quel droit Liam lui demandait où il était passé ? Pour qui se prenait-il ? Son mec ? Ça le faisait bien rire. Marcello inspira. Il essayait de garder son calme. S’il répondait, il avait peur de se mettre à hurler, ou de fondre en larmes, au choix. Il restait obstinément muet.
- Marcello… Je suis désolé. Je peux tout expliquer, tout… Je sais que ça paraît con de dire ça, mais c’est vrai, c’est pas ce que tu crois ! Tout est… Ça a dérapé mais… C’était pas… Marcello…
La voix de Liam était de plus en plus faible, et elle était étouffée à cause de la porte en plus de cela. Marcello s’arrêta un instant pour écouter. Son cœur battait un peu trop fort.
- Il faut que… Faut que tu m’écoutes, Marcello. J’t’assure que c’était pas mon intention de te blesser. J’te jure…
Marcello serra les dents. Malgré lui, entendre Liam ainsi lui retournait l’estomac, comme un vieux réflexe de son corps, son propre corps qui le trahissait.
- S’il te plaît. Marcello… S’il te plaît, pardonne-moi.
Il eut du mal à entendre la fin de sa phrase tant sa voix était faible, et légèrement étranglée. Le silence emplit l’appartement pendant quelques instants. Marcello était appuyé contre le lavabo, le regard tourné vers la porte comme s’il attendait une suite. Une explication. Une raison, une bonne raison de lui pardonner. Quelque chose. Mais il n’en trouva pas.
Notes:
J'espère que ça vous a plu :D
J'adore écrire des scènes très dramatiques très clichées héhé
BISOUUUUUUUUUS
Chapter 10: Questionnements
Summary:
Marcello se pose des questions. Les Families montent un plan.
Notes:
Omg le chapitre 10 !!! Et dire qu'à la base ça devait être un OS... haha.... (c'est pour ça que mes titres de chapitre sont de plus en plus nuls oui)
En plus mes chapitres sont de plus en plus longs j'suis désolééée lqnckj j'espère que ça vous dérangera pas trop
Bonne lecture !CW : agression "légère", mention de sang
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Chapter Text
Marcello était retourné se coucher, après avoir pris une douche. Il avait dormi dans l’autre lit. Son lit, en fait. Quand il était sorti de la salle de bain, Liam n’était plus là.
Il n’avait pas bien dormi, bien sûr. Et pas très longtemps non plus. A 8h, il était de nouveau debout. Liam n’était toujours pas là. Il avait cessé de l’appeler depuis un moment, maintenant.
Qu’était-il censé faire maintenant ? Devait-il partir ? Devait-il écouter les explications de Liam ? Après tout, il n’arrêtait pas de répéter qu’il pouvait tout expliquer. Mais quelle raison était assez bonne pour justifier un tel mensonge, une telle « blague » ? Ça n’avait rien d’une blague. Une blague était censée être drôle. Une blague n’était pas censée vous briser le cœur. Une blague n’était pas censée vous faire tout remettre en question.
Liam était, jusque-là, la personne dont il était le plus proche. Celle sur qui il pouvait compter, celle sur qui il pouvait se reposer. Quelqu’un en qui il avait toute confiance. Son camarade de prison, son compagnon de voyage, son acolyte, son complice, son meilleur ami. Pendant un temps, il n’avait eu plus que lui. Puis, il avait trouvé une famille. Et Marcello avait élargi son cercle de confiance. Avait-il bien fait ? Les autres étaient-ils à l’origine de cette blague foireuse ? Liam avait-il changé à cause d’eux, s’était-il senti poussé des ailes ? Avait-il commencé à se sentir supérieur à Marcello ? Pensait-il que Marcello était devenu un poids, et qu’il fallait s’en débarrasser ? Marcello ne savait pas s’il allait beaucoup trop loin, ou si la situation était vraiment telle quelle. Jusqu’où pouvait-on aller, quand on inventait un faux mariage à son meilleur pote amnésique, en lui faisant croire à des souvenirs inventés de toutes pièces, tout en impliquant plusieurs personnes de son entourage ?
Marcello se dit qu’il devait se changer les idées. Penser à autre chose. Peut-être qu’à tête reposée, en revenant sur le sujet un peu plus tard, il y verrait plus clair. Peut-être qu’il serait prêt à écouter Liam. Ou alors à partir.
Il nourrit Pitch, lui donna quelques caresses, la pauvre devait se sentir délaissée, et sortit. Il partit à pied, cette fois. Il n’était pas vraiment en état de conduire. Il sortit du quartier. Les volets de chez MT étaient encore baissés. Ce n’était pas vraiment une heure pour que le boss des Families soit réveillé. Il marcha quelques instants, sans savoir où il allait. Bientôt, il se rendit compte d’où il avait atterri, quand il vit que de plus en plus de véhicules jaunes étaient présents. Il se dit qu’il ferait mieux de faire demi-tour, quand soudainement il sentit quelque chose appuyer entre ses omoplates.
- Bah alors, Marshmallow, on s’est perdu ?
Il leva les mains lentement.
- Je veux pas de problème.
- Qu’est-ce que tu fous là ? Ta mémoire te revient pas ? Tes copains t’ont pas rappelé qu’il fallait pas que tu viennes ici ?
Tout en posant ses questions, le chef des Vagos, puisque c’était bien lui, appuyait un peu plus le canon de son arme.
- J’étais juste dans mes pensées. J’ai pas fait attention où j’allais, padre.
Le terme fit tiquer Lenny. Il décolla un peu son arme, tout en le gardant pointé.
- Comment ça se passe l’amnésie ?
- J’ai presque retrouvé tous mes souvenirs, si ça t’intéresse.
- Ah ouais ? Tu te souviens de moi et de mes gars du coup ? Tu te souviens qu’on peut pas se saquer ?
- Hm.
- Et est-ce que tu te souviens, commença Lenny en s’approchant de l’oreille de Marcello, que t’as failli être un Vagos ? lui murmura-t-il.
Il finit par baisser son arme.
- Retourne-toi.
Marcello obéit.
- Maintenant, réponds sérieusement. Qu’est-ce que tu fous chez moi ?
L’Italien soupira. Il se passa une main fatiguée sur le visage.
- Je te l’ai dit. J’ai pas fait gaffe. C’est pas de la provoc’, ok ?
- Mouais. Si tu le dis. T’as une sale gueule, Marcello.
L’emploi de son vrai nom le fit presque sursauter. Alors qu’il allait répondre, une voix au fort accent hispanique se fit entendre.
- Jefe ! T’es où ?! Rah, il est parti où encore celui-là, j’étais en train de lui parler et il se barre comme ça !
Ledit jefe leva les yeux au ciel.
- J’suis là, Miguel ! Qu’est-ce que tu veux ?
- Aaaaah, bah vous étiez parti où patron ? Oooh Marcello, qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce qu’il fait là, jefe ? demanda Miguel en se tournant vers Lenny.
- T’as qu’à lui demander toi-même.
- J’me baladais, c’est tout. J’allais faire demi-tour quand j’ai vu… tout le jaune. J’ai pas envie de chercher les emmerdes, là. J’ai autre chose à penser, laissa-t-il échapper.
Ses deux interlocuteurs se regardèrent. Ils avaient l’air soudainement très intéressé. Marcello aurait probablement mieux fait de se taire.
- Ah ouais ? Genre quoi ? demanda Lenny.
- C’est vrai que t’as pas l’air bien, Marcello ! Y’a de l’eau dans le gaz avec Liam ? Tu veux quitter les Families ? Si tu veux y’a toujours de la place chez nous, plaisanta Miguel, comme il avait l’habitude. Oh, sinon tu sais quoi ! On quitte nos gangs, et on en crée un nouveau, à deux ! Je te l’avais déjà proposé, mais je sais pas si tu t’en souviens ! Qu’est-ce que tu penses du violet comme couleur de gang ?
- Miguel…
Cela tira un sourire à Marcello. Il avait oublié, mais c’est vrai qu’il ne s’entendait pas trop mal avec Miguel, qui lui avait proposé à plusieurs reprises de quitter leur gang respectif pour s’allier.
- Non, c’est juste…, commença Marcello, sans savoir ce qu’il allait pouvoir leur dire.
- Tu peux nous le dire si ton mariage bat de l’aile, tu sais, insista Miguel, en lui donnant des petits coups de coude.
La mention du mot « mariage » fit remonter un goût amer dans la bouche de Marcello. Lui qui avait envie de penser à autre chose, c’était raté. Les deux Vagos virent tout de suite à l’expression de Marcello que Miguel avait mis le doigt sur quelque chose.
- Bah t’en tires une de ces tronches ! La vie de marié se passe pas comme tu le pensais ? C’est pas tout rose, tout beau ? demanda Lenny, légèrement moqueur.
Marcello se pinça l’arête du nez, agacé.
- Si vous pouviez arrêter de- Juste arrêtez de parler de mariage, demanda, ou plutôt ordonna Marcello, le ton sec.
- Ah ! Donc y’a bien un problème avec Liam ! Ça sent le divorce, ça, pas vrai Miguel ?
- Comment ça un divorce ? Qui c’est qui divorce ? s’incrusta Haylie, qui observait la scène de loin depuis le début et qui s’était approchée pour mieux entendre.
- Y’a pas de divorce ! Y’a pas de divorce, parce que y’a pas de mariage ! lâcha Marcello.
Il se rendit compte à leurs expressions qu’il n’aurait peut-être pas dû dire ça aux Vagos.
- Comment ça, y’a pas de mariage ? C’était quoi cette histoire en sortant de prison, alors ? s’enquit Lenny.
- Ah bon ça me rassure alors, parce que ça m’aurait vraiment vexé de pas avoir été invité, fit remarquer Miguel, songeur.
- Tss, c’était sûr, encore un mytho de l’autre roux, dit Haylie, pas étonnée le moins du monde. Attends, laisse-moi d’viner. J’parie qu’il t’a fait une blague parce que t’étais amnésique !
En voyant la tête de Marcello, Haylie sut qu’elle avait visé dans le mille. Elle ne put retenir un rire, un de ses rires clairs, bruyants, qui donnait envie de rire à son tour quand on était son ami, ou de lui exploser le crâne contre un mur quand on était son ennemi.
- Naaaaan, l’bâtard ! Eh, c’est une idée ou ça te fait chier que ce mariage existe pas ?
Lenny haussa les sourcils, étonné.
- Oh ! Bah alors, t’es amoureux ou quoi, Marshmallow ? De l’autre taré de rouquin ? Vraiment ? Bah, chacun ses goûts on va dire !
Marcello rougit, de colère, de gêne, de honte. Il n’avait aucune arme, et était complètement seul, alors il n’osait pas vraiment répliquer. Il ne savait même pas quoi dire. Il ne savait pas quoi dire parce qu’au fond, ils avaient raison. Et ça, ça le faisait chier. Ces putains de Vagos avaient raison. C’était ridicule, c’était à mourir de rire. Si ça arrivait à quelqu’un qu’il n’aimait pas, lui aussi n’hésiterait pas à se moquer.
- C’est bon, là ? J’peux m’en aller maintenant ? finit-il par demander, la gorge serrée. Ou vous avez d’autres questions ? Vous voulez des détails, peut-être ? s’emporta-t-il.
- Oh, de ouf ! renchérit Haylie.
Marcello la regarda comme si elle était folle. Il n’avait jamais eu autant envie de faire du mal à quelqu’un qu’en ce moment-même. Il serra les poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes. Il aurait vraiment dû se taire. Peu lui importait le mensonge, le faux mariage, à cet instant présent, personne n’avait le droit de juger leur situation. Et surtout pas les Vagos. Ils ne savaient rien.
Mais qu’y avait-il de plus à savoir ? Qu’y avait-il de plus à savoir, que leur gang ennemi était composé d’un amnésique et de son soi-disant meilleur pote qui lui faisait croire qu’ils étaient mariés ? Et que ledit amnésique était en réalité réellement amoureux de son meilleur pote, et que l’histoire de ce faux mariage lui avait brisé le cœur, et tout ce qu’il y avait d’autre à briser. Leur amitié, leur confiance, tout. Quelle image de gang donnaient-ils à leurs adversaires ?
- Je… Je vais y aller, dit Marcello, ayant soudainement perdu toute colère.
Lentement, comme dans un rêve, il fit demi-tour pour se mettre à faire le chemin inverse. Il entendait la voix des jaunes dans son dos, mais il ne les écoutait.
- Bah qu’est-ce que t’as Marshmallow ? T’es tout pâle !
- Marcello, reviens ! J’étais sérieux pour le gang ! J’ai entendu que Grove Street était un quartier super sympa ! Tu veux pas qu’on s’installe ? lui criait Miguel.
Marcello ne prit même pas la peine de répondre. Il quitta Jamestown Street, ne sachant pas vraiment où aller. Il s’en voulait. Il en voulait à Liam aussi. Mais était-ce une raison pour laver son linge sale en public ? D’autant plus quand le public était constitué de Vagos ?
Il avait juste eu besoin de parler, de vider son sac. Sa chance avait fait qu’il était tombé sur les personnes à qui il ne fallait absolument rien dire en premier. Est-ce que ça allait lui retomber dessus ? Sur le reste des Families ? Mais qu’est-ce qu’il en avait à faire du reste des Families ? Ne voulait-il pas tout quitter, il y a encore cinq minutes ?
Bien. Il fallait qu’il parle à quelqu’un. Quelqu’un qui ne soit ni un Families, ni un Vagos (en même temps, qu’est-ce qui lui était passé par la tête de tout balancer à un Vagos), ni un flic si possible. Il sortit son téléphone, et envoya un message.
Si Liam ne pouvait pas réparer les choses, s’il ne pouvait pas arranger la situation avec Marcello, il pouvait au moins se venger. L’autre poivrot de patron de Gruppe 6 n’avait pas respecté sa parole. Il allait lui faire regretter.
Il était compliqué de tomber sur Angelo Grimaldi tout seul. Mais c’était possible. Liam ne le lâchait pas d’une semelle, depuis qu’il était parti de l’appartement. Il allait bien finir par ne plus être accompagné de ses chiens de garde. Pendant au moins une minute. Rien qu’une minute lui suffirait. Même s’il devait le chopper assis sur les chiottes, il le ferait.
Heureusement, il n’aurait pas à aller jusque-là. Grimaldi avait fini par être seul finalement. Ils étaient rentrés au dépôt tous ensemble et le blondinet était reparti seul, avec sa voiture. Liam se mit à le suivre discrètement. Lorsqu’il vit qu’ils approchaient de la villa de Grimaldi, il se gara un peu plus loin, avant de descendre de sa voiture et de l’observer avec la caméra de son téléphone. Le fils à papa se gara devant chez lui. Il allait sans doute rentrer. Liam devait passer à l’action dès maintenant. Il s’approcha, et attendit qu’il sorte de sa voiture. Il le laissa aller jusqu’à sa porte d’entrée, fouiller dans sa poche pour ses clés, mais ne lui laissa pas le temps d’insérer la clé dans la serrure.
Silencieusement, il s’était faufilé derrière lui. Délicatement, il glissa la lame de son couteau sous sa gorge, avant de couvrir sa bouche de son autre main, pour l’empêcher de crier. Les bandages qui entouraient ses mains le gênaient un peu, mais ils ne l’empêcheraient pas de faire ce qu’il avait à faire. Contrairement à ce qu’il croyait, Angelo ne se débattit pas du tout. Lorsqu’il avait senti la fraîcheur de la lame contre son cou, il avait ouvert la bouche, mais à peine Liam l’avait-il empêché de faire le moindre bruit, qu’il s’était résigné immédiatement. Il restait parfaitement immobile, comme attendant la suite.
- Bien. J’aime quand les gens sont dociles, et qu’ils savent rester à leur place, lui murmura Liam. Maintenant tu vas me suivre bien gentiment.
Il guida Angelo pour qu’il se retourne et se mette à marcher vers la voiture de l’Irlandais.
- J’espère que t’as bien fermé ta caisse, fit remarquer Liam en passant à côté de la voiture de Grimaldi. Bon, je vais te lâcher cinq secondes le temps de te passer les zips. Pas de geste brusque. Tu risquerais de le regretter.
Il enleva sa main de sa bouche, mais garda celle avec le couteau en place. D’une main, il sortit un zip tie de sa poche arrière.
- Pas bouger, rappela Liam, en baissant son couteau pour pouvoir lui enserrer les mains.
Malheureusement, Grimaldi n’était pas si docile que ça. A peine Liam avait-il retiré sa lame que le blond peroxydé tenta de l’assommer d’un coup de tête, que Liam évita facilement. D’un geste rapide, il retourna Angelo avant de le plaquer brutalement contre le capot de sa voiture, à la manière d’un flic. On lui avait fait assez souvent pour qu’il sache reproduire la manœuvre sans problème. La tête d’Angelo avait claqué bruyamment contre la tôle, il avait le visage de côté et lançait un regard noir à Liam. Si des yeux pouvaient tuer, Liam serait mort depuis longtemps. Liam s’appuya de tout son poids contre Angelo. Il saisit son visage de sa main, enfonçant ses doigts dans ses joues. Il lui murmura, tout près de sa figure :
- Si tu veux la jouer agressif, ça me dérange pas. J’aime bien ça aussi, dit Liam d’un ton lubrique.
Il se décolla et lui fit passer les mains derrière le dos pour lui enfiler les zips, qu’il serra plus fort que nécessaire. Dommage pour Grimaldi. Ça aurait pu être beaucoup plus agréable pour lui, s’il n’avait pas fait le malin. Il le saisit par l’arrière de son col et le tira pour qu’il se relève. Angelo avait un air mauvais. Il regarda Liam, avant de cracher du sang à ses pieds. Liam haussa un sourcil, peu impressionné. Il ouvrit la portière arrière.
- Monte, ordonna Liam, en forçant Grimaldi à rentrer dans la voiture. Regarde, j’te mets ta ceinture. J’suis sympa, hein ? Ce serait con que tu crèves d’un accident de voiture avant que j’ai le temps de te vider de ton sang devant ton papa, tu crois pas ?
Il prit le soin de vérifier qu’Angelo n’avait pas d’arme sur lui, puis s’installa à la place du conducteur, avant de démarrer. En conduisant, il sortit son téléphone, et appela Rotarez, qui décrocha presque immédiatement.
- Allô ?
- T’es où.
Ce n’était pas vraiment une question, plutôt un ordre.
- Pourquoi tu veux savoir ça ? demanda Marius, tout de suite sur la défensive.
- Réponds. Ou tu diras pas au revoir à ton fiston.
- Qu’est-ce que t’as fait, espèce de-
- Réponds !
- Je suis au comico là. Un taf pour eux.
- Ok. Quand t’as fini ton truc, envoie une position. Isolée, évidemment. Fais pas le con en prévenant les flics.
Puis il raccrocha. Liam continua de tourner en ville en voiture, en attendant le message de Marius. Angelo à l’arrière était silencieux. Il observait son ravisseur dans le rétroviseur. Son regard insistant le mettrait presque mal à l’aise. Enfin, Marius envoya une position en dehors de la ville à Liam. Il s’y rendit, en roulant le plus normalement possible. Ce n’était pas le moment de se faire arrêter par les flics, avec un otage dans sa caisse. L’endroit était près de la mer, dans un coin où personne ne venait jamais. Il y avait un petit ponton en bois, qui semblait manquer de s’effondrer à tout instant. Marius l’attendait là.
Il se gara, sortit de la voiture, et fit sortir Angelo. Puis, il le poussa pour qu’il avance. Avant même que Liam n’ouvre la bouche, Marius était déjà en train de s’insurger.
- C’est quoi ce bordel ?!
- T’as pas respecté le deal, Marius. T’étais censé fermer ta gueule. Te mêler de ton cul. Tu l’as pas fait.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ! J’ai rien dit ! Angelo, ça va ? demanda-t-il ensuite.
- C’est bon, il va bien, j’lui ai rien fait. Pas encore. Maintenant dis-moi. Qu’est-ce que t’as raconté à Marcello ?
- Mais rien ! J’ai rien dit, j’ai même pas parlé du mariage, j’ai fait ce que tu m’as demandé ! Angelo a rien à voir là-dedans, laisse-le partir.
- J’en n’ai rien à foutre. Marcello m’a avoué que t’avais dit un truc qui l’avait fait réfléchir. Un truc par rapport à une bague.
Marius se renfrogna.
- J’ai respecté ma part du marché, Liam. Tu m’as juste dit de pas dire à Marcello que le mariage était faux. Rien d’autre. Marcello, c’est mon pote. Je pouvais pas lui mentir comme ça.
- ALORS QU’EST-CE QUE T’AS DIT ?? s’énerva brusquement Liam, en secouant Angelo comme un prunier, le tenant par la nuque.
- Putain, Marius, fais pas le con, dis-lui ce qu’il veut, dit Angelo, qui parlait pour la première fois. Il est complètement fou, je sais pas ce qu’il me veut celui-là, mais si t’as fait une connerie, je veux pas mourir à cause de ça bordel !
- La ferme ! On t’a pas demandé de l’ouvrir, le blondinet.
- Je lui ai juste dit que s’il avait pas d’alliance, c’était pas pour rien. Je voulais lui faire comprendre qu’il y avait quelque chose qui clochait entre vous. Mais j’ai rien dit sur le mariage. Techniquement, j’ai respecté le deal. Alors lâche le fiston.
Liam ricana. Évidemment, Rotarez avait réussi à contourner l’accord. Il l’avait prévenu, qu’il ne pourrait pas mentir à Marcello.
- Pourquoi ? reprit Marius. Il a enfin découvert que tu lui avais menti ?
Menti, menti, menti. Ce terme résonnait dans la tête de Liam. Il avait menti. On ne cessait de lui rabâcher les oreilles avec ça. Il commençait à en avoir marre. Ça le rendait dingue. Ça ne pouvait pas être parti aussi loin. C’était une simple blague ! Une putain de blague !
- Je lui ai dit, ok ?
- Ouais, parce qu’il était en train de comprendre que c’était qu’une vaste blague, ce mariage, railla le patron de Gruppe 6.
- Non, je… J’allais lui dire, de toute façon ! Je… J’ai pas menti, putain ! Oui, c’était une blague ! Mais c’est que ça ! Une blague, bordel !
- Mais c’est pas qu’une blague ! C’était pas qu’une blague pour lui, idiot !
Cela eut pour effet de lui faire lâcher légèrement la poigne qu’il maintenant sur la nuque d’Angelo.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
Marius leva les yeux au ciel.
- C’est pas parce que t’es un sociopathe qui aime jouer avec les sentiments des autres, que tout le monde est comme ça ! Tu crois que c’est normal, de faire ce genre de trucs à son soi-disant meilleur ami ?
- Mais quels sentiments ! Et je suis pas un putain de sociopathe !
Liam commençait à en avoir marre qu’on le traite de noms qui finissent en « -pathe ». Marius devait encore être bourré, d’où sortait-il cette histoire de sentiments ?
- Oh pitié… Réglez vos histoires entre vous, bon sang ! Et arrête avec Angelo, tu vas quand même pas tuer quelqu’un pour ça ?!
- J’ai déjà tué pour moins que ça, j’te signale.
Tout en affirmant cela, il sortit son couteau, pour faire danser la pointe le long de la joue d’Angelo, l’effleurant à peine. Marius blanchit.
- Euh, ok… Liam. Écoute. Tu m’aimes pas et c’est réciproque. Mais tu crois vraiment que Marcello aurait jamais découvert la vérité ? Même si j’avais rien dit, cette situation pouvait pas durer. Tu pensais qu’il retrouverait jamais ses souvenirs, peut-être ? Tu vas me dire que ça te ferait pas chier qu’il se souvienne plus de rien, même de tout ce que vous avez vécu ensemble ?
Liam serra les dents. Le pire, c’est qu’il savait que Marius n’avait pas tort. Même s’il disait ça juste pour que Liam relâche Grimaldi, il avait raison.
- Honnêtement, c’est mieux que ça se soit fini maintenant, et que ça n’ait pas duré plus longtemps. Il doit t’en vouloir. Et c’est pas en menaçant… ou en tuant… des gens, que ça va s’arranger. Au contraire, je pense qu’il apprécierait pas trop. Alors relâche Angelo.
Liam appuya plus fort la lame de son couteau contre la peau d’Angelo. Il serrait le manche tellement fort, qu’il crut sentir les blessures de sa main se rouvrir. Il finit par retirer sa lame. Quelques gouttes de sang perlèrent sur la peau pâle de Grimaldi. Il avait un œil au beurre noir, de sa rencontre avec le capot de la voiture de Liam de tout à l’heure, et sa nuque porterait quelques temps les traces des doigts de Liam. Mis à part ça, il était presque intact. Liam le lâcha, et le poussa brutalement vers Marius. Il manqua de se casser la gueule, n’ayant pas tout son équilibre avec les mains toujours attachées dans le dos.
- Je vois que tu sais être raisonnable, en conclut Marius.
- La ferme. Crois pas que je fais ça pour toi. Ça me servirait à rien de planter ton fils, à part pour ma satisfaction personnelle.
- Je sais bien que tu fais pas ça pour moi. Ni pour personne d’autre.
Liam avait déjà commencé à faire demi-tour pour retourner à sa voiture, sans prendre la peine d’écouter Marius.
- C’est pour toi que tu le fais. Comme d’habitude, Liam. Peut-être qu’un jour tu sauras ce que c’est que de penser à autre chose qu’à ta propre personne, lui lança Marius.
Liam remonta dans sa voiture et claqua la portière plus fort que nécessaire. Il resta quelques minutes à regarder dans le vide, en serrant son volant de ses deux mains. Il s’arrêta, lorsqu’il remarqua que le blanc de ses bandages était en train de se teindre de rouge.
- Fait chier, jura-t-il.
Il allait encore se faire engueuler par Bénédicte. Il soupira, et démarra.
Marius avait tort. Liam n’était pas l’égoïste, l’égocentrique qu’il pensait. Oh, il ne se mentait pas à lui-même. Liam n’en avait rien à foutre de la plupart des gens. Les civils, les flics, les autres criminels. Peu lui importait qu’ils vivent ou qu’ils crèvent. La seule différence que ça pouvait faire, c’était au niveau du business, à la limite. Mais rien n’arrêtait le business bien longtemps. Par contre, il tenait à sa famille. Et sa famille, c’était MT, Thomas, Bénédicte… et Marcello, évidemment. Il considérait que les Pichon en faisaient partie aussi, même si moins proches. C’était une famille de cœur, une famille dysfonctionnelle, mais une famille quand même. Et il fera tout pour réparer sa famille.
Il rentra chez lui, puis s’appliqua tant bien que mal à refaire ses bandages. Il fallait qu’il réfléchisse. Mais quatre cerveaux valaient mieux qu’un.
- Bon. Les gars. On a merdé. Genre grave. Et je veux bien prendre la plus grosse part de responsabilité, mais on fait tous partie du problème.
- Nan, mon frère. Pourquoi c’est toi qui serais plus responsable, alors que c’est moi qui ai lancé le truc ? C’est de ma faute si on en est là.
- Non, c’est de ma faute, c’est moi qui t’ai convaincu que Marcello t’en voudrait pas, dit Bénédicte.
- Non, c’est moi, j’aurais pas dû inventer tous ces trucs à Marcello sur toi et lui parce que ça m’amusait, ajouta Thomas.
- Oh les gars ! On va pas s’en sortir si on s'apitoie sur notre propre sort en voulant prendre tout le blâme pour soi-même ! On a tous merdé, ok ? Mais avouez que je suis celui qui en a le plus profité, ça m’arrangeait bien… Bon, bref. Déjà, il faut qu’on s’excuse tous.
- Mais pour s’excuser, faudrait déjà qu’il nous écoute, remarqua Thomas, penaud.
- Oui, et t’as déjà essayé de t’excuser Liam, rajouta Bénédicte.
- Non, je- Elles étaient nulles mes excuses. Je dois faire mieux que ça. Je dois lui faire comprendre que je voulais pas le blesser. Jamais j’aurais voulu faire ça.
- On sait, Lili.
- Et c’est surtout moi, qu’il veut pas écouter. Vous… Peut-être qu’il acceptera.
- Ok ! s’exclama Bénédicte, en tapant dans ses mains tout en se levant du canapé sur lequel elle était assise.
Elle avait un air déterminé sur le visage. Liam savait ce que ça voulait dire. Ils le savaient tous.
- Mettons en place le plan « Excuses à Marcello pour qu’il nous pardonne et qu’il veuille bien sortir avec Liam pour de vrai » !
- C’est beaucoup trop long, Béné, soupira Liam.
- Ils sont toujours aussi nuls, tes noms de plan, dit Thomas.
- Moi j’aime bien, ajouta MT, s’attirant les regards noirs de Liam et Thomas, et le regard brillant de Bénédicte.
- Super ! Si le boss aime bien, vous avez rien à dire, les nuls !
- On aura qu’à l’appeler le plan EAMPQNPEQVBSALPDV, dit MT.
- Non ! dirent-ils tous en chœur.
Puis ils le dévisagèrent, tous les trois.
- Comment t’as fait pour sortir ça aussi rapidement ? lui demanda Liam, incrédule.
- Il est pas vraiment humain. C’est un extraterrestre, en fait, dit Thomas, sûr de lui.
- Hm… Bref. Et de toute façon, il est faux ton nom de plan. Je veux pas que « Marcello veuille sortir avec moi ». Je veux juste qu’il me pardonne et que tout redevienne comme avant. Ce sera très bien, et ce sera déjà énorme. J’lui en demanderai pas plus.
- Bon, dans ce cas ce sera le plan « Excuses à Marcello pour qu’il nous pardonne mais surtout à Liam sinon il va être triste », affirma Bénédicte.
- Le plan EAMPQNPMSALSIVET, ajouta MT, en partageant un regard entendu avec la jeune femme.
- Non mais c’est pas possible… Arrêtez avec vos noms de plan ! On n’a pas le temps. Chaque minute qui passe, Marcello nous en veut de plus en plus.
- Comment tu le sais ? lui demanda Thomas, un sourcil haussé, visiblement sceptique.
- Je le sais. On a une connexion télépathique. Et elle est de plus en plus faible…, soupira Liam, l’air tragique.
- Oh pitié, la ferme Liam, dit Bénédicte, en levant les yeux au ciel.
- Vous préférez que je chiale ou quoi ? J’essaye de relativiser, là !
- Non, chiale pas sinon je chiale aussi ! le prévint Bénédicte.
- Chiale pas sinon je serais mal à l’aise, dit Thomas.
- Chiale pas sinon j’te frappe, refré, menaça MT.
- Ok, ok, j’ai compris ! Je chiale pas ! Je chiale pas là, si ?
Les autres le regardèrent comme s’il était stupide.
- Bon bref ! Arrêtons de s’éloigner du sujet. C’est quoi le plan ?
- Comment ça « c’est quoi le plan » ? C’est ton plan !
- C’est toi qui lui as donné son nom ridicule, c’est ton plan ! renchérit Liam.
- Mais c’est toi qui as eu l’idée !
- Non, moi j’ai juste dit qu’il fallait qu’on s’excuse tous !
- C’est pas un plan ça !
- J’ai jamais dit que c’en était un !
- FERMEZ-LA ! leur ordonna MT, de sa grosse voix de chef de gang.
Bénédicte et Liam se turent immédiatement.
- J’vais parler à Luigi. Il aura pas le choix de m’écouter, parce que c’est toujours moi son boss. Ensuite, on avisera.
Les trois hochèrent la tête.
- J’vais essayer de l’appeler. Il a intérêt à répondre s’il veut pas que j’le renomme Pasta.
- Tu commences déjà très mal MT…
- Oh c’est bon, on peut plus rire ou quoi !
- Évite de rire avec lui en tout cas !
MT appela donc Marcello. Il avait déjà essayé, bien sûr pas autant que Liam, mais l’Italien n’avait jamais répondu. Il n’avait répondu à aucun d’entre eux.
Les autres attendirent en silence, comptant presque les tonalités qui résonnaient dans la pièce. Au bout d’un moment, alors que MT allait probablement bientôt tomber sur la messagerie et raccrocher, une voix fatiguée se fit entendre.
- Allo ?
Marcello ne savait pas s’il avait bien fait de répondre. Il ne savait pas s’il était prêt à entendre qui que ce soit.
Mais il avait écouté le conseil de Marius. Il s’était dit que Marius n’aurait pas une vision biaisée, puisqu’il était extérieur aux Families. Et puis, c’était son ami. Après coup, il s’était rendu compte qu’il avait peut-être eu tort, car Marius ne portait pas Liam dans son cœur, et qu’il avait déjà eu des problèmes avec MT. Heureusement, il savait visiblement faire la part des choses. Il lui avait dit clairement ce qu’il pensait de cette histoire, et de ce que Liam et les autres avaient fait. Mais il lui avait dit aussi qu’il ne devrait pas prendre de décision sans leur avoir parlé avant. Qu’il avait le droit d’être en colère, d’être vexé, mais qu’il n’avait peut-être pas tous les éléments en main. Marius était étonnamment de bons conseils, lorsqu’il n’était pas bourré.
« Je sais pas ce qui se passe entre vous, et je t’avoue que j’ai pas forcément envie de savoir. J’ai rien contre vous, les Families, à la base. Tu sais que t’es mon pote, Marcello. Tu sais aussi que je m’entends pas forcément bien avec Liam. On a eu quelques petits… accrochages, on va dire. Mais je sais aussi que tu tiens à lui, et je pense que lui aussi tient à toi, même si ça me fait mal au cul de l’admettre, je t’avoue ! Mais bon, eh, dans tous les cas, vous devriez parler, tous ensemble. T'emballe pas trop vite Marcello. »
- Luigi ? T’es où ?
- Pourquoi ?
- Pour te parler.
- On parle, là, dit Marcello, froid.
MT soupira. Ça n'allait pas être facile. Marcello pouvait être vraiment têtu quand il le voulait.
- Je préférerais qu’on se voie en vrai, refré. J’ai des trucs à te dire.
- Envoie un point.
Puis il raccrocha.
- Putain il m’a raccroché au nez ce-
- Oh, oh, doucement avec les noms d’oiseaux hein, boss ? dit Bénédicte, en riant nerveusement.
MT grogna. Il envoya une position GPS à Marcello, non loin du quartier, mais pas à l’intérieur tout de même. Il se rendit immédiatement sur place.
Marcello se rendit à l’endroit que MT lui avait indiqué. Il n’avait pas sa voiture, alors MT attendrait un peu. Ça lui ferait les pieds. MT était encore son chef, il ne se voyait pas l’ignorer pour toujours, mais rien ne l’empêcherait d’être le moins coopératif possible. Celui qui était en tort ici, ce n’était pas lui. Il finit par arriver, au bout de vingt minutes. Il était plus loin qu’il croyait du lieu de rendez-vous, et il avait pris son temps.
- Putain, j’ai failli t’attendre Luigi ! s’exclama MT, en le voyant arriver.
Ledit Luigi ne répondit pas.
- Ok, je vois que t’es hyper heureux d’être là.
- Tu devrais déjà être content que j’ai accepté de venir.
- T’allais bien être obligé de venir un jour ou l’autre. Ça sert à rien de bouder, dans ton coin, faut parler si on veut régler les choses.
- Je boude pas ! s’emporta Marcello immédiatement, à l’entente de ce terme.
Comme si Marcello était un gamin qui faisait un caprice. Ça le faisait grincer des dents. Il croisa les bras.
- Putain de merde, MT, si tu crois que ça m’amuse de vous ignorer !
- Bah alors pourquoi tu nous ignores ? demanda MT, la voix toujours posée, calme.
- Parce que- Parce que je- vous- J’ai pas à me justifier ! C’est pas à moi de m’excuser, ou de m’expliquer.
- Ça j’suis bien d’accord, mon frère. Mais si tu veux que je m’excuse, si tu veux qu’on s’excuse tous, faut nous écouter.
- Je suis là, non ? fit remarquer Marcello, cassant.
- Ok. Luigi, je sais que tu nous en veux tous, mais surtout à Liam. Pourtant, c’est moi qui ai lancé cette blague. Je sais pas si tu te souviens, quand on était en cellule, c’est moi t’ai fait croire que t’étais marié à Lili.
- Ouais, je m’en souviens. Mais toi t’as fait « que » ça. C’est Liam ensuite qui a approuvé, et qui a renchéri.
- Liam… Il prend pas toujours les bonnes décisions. Et puis, j’ai pas fait que ça, j’ai continué après. J’aurais pas dû faire ça, et j’m’excuse Luigi. Vraiment. J’pensais juste faire une petite blague, comme on en fait tout le temps à trois. Comme on en faisait, avant que Béné et Thomas nous rejoignent. J’me disais que si ça vous permettait de vous faire réaliser les sentiments que vous avez l’un pour l’autre en même temps, bah c’était ça de gagné.
Marcello faillit s’étouffer.
- Quels sentiments ? demanda-t-il, d’une voix étranglée, les joues rouges.
MT leva les yeux au ciel.
- Et allez, ça recommence… Fais pas l’con, Luigi, je sais que t’es amoureux de Lili, et qu’il est amoureux de toi. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. C’est insupportable, cette tension entre vous. T’sais, dans la street, on a l’habitude de dire « no zob in job », dit MT, un sourire narquois se dessinant sur son visage.
Marcello avait l’air d’avoir envie de s’enfoncer dans le sol.
- Mais j’vous fais confiance, reprit-il plus sérieusement. Et surtout, j’vous connais. Je sais que c’est pas ça qui foutra la merde au sein des Families, ou qui vous empêchera de faire le taf. Par contre, ce qui vous en empêche, c’est vos chamailleries de vieux couple marié, vos non-dits, votre drague incessante et ça commence à me souler, refré. Mais j’pensais pas que ça irait aussi loin. C’était juste une blague.
- … Ok. De toi MT, ça m’étonne pas vraiment. Mais Liam… T’es persuadé, qu’il est… qu’il a… des sentiments pour moi, commença Marcello en se râclant la gorge. Mais tu crois que… Qui fait ça à la personne qu’il aime, en fait ?! C’est pas- Je sais pas ce qu’il pensait faire en me faisant croire ça ! Il me connaît ! J’me suis juste senti con, quand il m’a dit que c’était faux, après m’y avoir fait croire pendant trois jours ! J’me suis senti comme le plus gros des idiots !
- Oh tu sais, il se sent très con aussi. Et il s’en veut.
- Mais je- J’m’en fous ! J’en n’ai rien à foutre ! C’est humiliant ! C’est blessant ! s’exclama Marcello, la voix partant dans les aigus contre son gré.
Il s’était mis à faire des grands gestes des bras, comme il avait l’habitude de faire. MT se dit que c’était bon signe, qu’au moins, il n’était plus fermé comme au début.
- Pourquoi tu dis ça ? lui demanda MT.
Il avait une idée du pourquoi, mais il voulait que Luigi aille au fond de sa pensée.
- Parce que je- J’y ai cru, bordel de merde !
- Ouais, c’était le but je crois.
- Non, j’veux dire que… Que j’voulais y croire. Parce qu’au fond de moi, même sans mes souvenirs, je sentais bien qu’il y avait quelque chose de bizarre. La réaction des autres… Pourtant, j’ai tout ignoré. J’ai tout ignoré parce que-
- Parce que t’es amoureux de lui, conclut MT.
Marcello croisa à nouveau les bras sur son torse, détournant le regard, gêné.
- Ouais. Un truc comme ça. Mais c’est pas réciproque, visiblement.
- Mais bien sûr que si !
- Vraiment ? Liam se doutait pas que j’allais mal le prendre, ce mensonge, cette histoire de mariage ? Il se doutait pas que j’allais me dire qu’il se foutait de ma gueule ? C’est complètement con !
- Liam est con.
- Oui ! Oui il est con ! Et j’peux pas lui pardonner ! Pas comme ça ! C’est trop facile, tu- tu peux pas jouer avec les sentiments des gens comme ça, et espérer t’en tirer sans problème !
- Et… Du coup ? Tu comptes l’ignorer jusqu’à la fin de tes jours ? Tu comptes quitter les Families ? Non, parce que tu sais qu’il y a une seule manière de quitter ce quartier.
- Ouais, ouais. J’vais pas mourir pour ça, ce serait complètement stupide. Je sais pas, MT. Je vais réfléchir. Il s’est pas encore expliqué, d’ailleurs. Il arrête pas de dire qu’il peut tout expliquer, mais il explique rien du tout !
- En même temps tu réponds pas quand il t’appelle !
- Il a qu’à envoyer un mail ! répliqua Marcello, de mauvaise foi.
- Un mail, vraiment mon reuf ? pouffa MT.
- Ouais ! Même une lettre, un pigeon voyageur, j’en sais rien ! S’il veut que je lui pardonne, il a qu’à montrer qu’il s’en veut vraiment !
- Oh la la, quelle dramaqueen… Vous vivez ensemble, j’vous rappelle !
- Je- C’est pas une raison !
MT allait finir par rester bloqué, à force de lever les yeux au ciel. Ces deux-là étaient insupportables, autant l’un que l’autre.
- Fais ce que tu veux Luigi. Mais attends pas trop longtemps quand même, j’voudrais pas que Lili se jette du haut d’un pont. Même s’il est con, il est utile des fois. On est ok, nous deux ?
- Ouais. On va dire ça.
- Hm. Pas très convaincant.
- C’est tout ce que j’peux faire pour l’instant.
- Ça me va. On se voit plus tard, Luigi.
- Ouais, ouais. Boss.
Et maintenant ? Que devait-il faire ? Devait-il vraiment pardonner à Liam ? MT disait qu’il était amoureux de lui, mais d’où sortait-il cette information ? Comment pouvait-il en être aussi sûr ? Liam le considérait comme son pote, son meilleur pote. Rien d’autre. C’est vrai qu’il y avait eu cette histoire de rêve, où Liam s’était littéralement jeté sur lui au réveil… Est-ce que ça faisait partie de la blague ? Ou est-ce qu’il rêvait vraiment de lui… de cette manière ? Est-ce qu’on rêvait de ses potes de cette manière ?
Tout en réfléchissant, il emprunta le chemin du retour. Il ne pouvait pas éviter son appartement pour le restant de ses jours. Lorsqu’il entra, il vit que Liam, Thomas et Bénédicte étaient là. Ils étaient installés à table, semblant réfléchir à quelque chose, et Bénédicte avait un carnet dont les pages ouvertes étaient noircies, un crayon à la main. Lorsqu’ils levèrent la tête et virent Marcello, ils ouvrirent tous leur bouche d’une façon comique. Bénédicte s’empressa de refermer son carnet et de poser ses deux mains dessus. Marcello haussa un sourcil.
- Tieeeenns, salut Marcello ! dit-elle, beaucoup trop enthousiaste.
- Salut Béné… commença Marcello, suspicieux. Salut Thomas.
L’adolescent lui fit un petit signe de la main hésitant. Liam observait la scène, il n’osait pas bouger, comme si, s’il faisait le moindre geste, Marcello se mettrait à lui hurler dessus. Ce dernier les dévisagea un instant, avant de se baisser pour caresser Pitch, qui miaulait à ses pieds.
- Ciao, mia bella. Papa t’a manqué ?
Il resta ainsi, à la câliner et à lui parler avec une voix ridicule pendant au moins deux minutes. Puis il se releva, perdant son sourire. Un silence s’installa. Marcello avait salué tout le monde dans la pièce, même Pitch, sauf…
- Salut, Liam.
Le concerné sursauta presque, en entendant son nom, ne s’attendant pas à ce que Marcello lui adresse la parole. Bénédicte lui donna un coup de pied sous la table, ce qui eut pour effet de le faire jurer.
- S-Salut, finit-il par répondre avec un sourire hésitant, que son interlocuteur ne lui rendit pas.
Puis, sans un mot de plus, Marcello se dirigea vers sa chambre, Pitch derrière lui, et ferma la porte, sans la claquer, ce qui lui demanda beaucoup d’efforts.
Le silence régna pendant quelques minutes. Les trois Families se regardaient, intrigués, ne sachant pas quoi faire. Bénédicte finit par prendre la parole.
- Bon… C’est… Un début.
- Il t’a pas ignoré au moins ! dit Thomas à Liam.
- Il a fait passer le chat avant moi, répondit Liam, se renfrognant.
- Tu devrais aller lui parler, lui conseilla Bénédicte.
- Maintenant ? Il s’est enfermé ! Il veut probablement qu’on lui foute la paix !
- Il va bien falloir que tu te lances, un jour ou l’autre !
- J’arrête pas de me lancer ! Il m’envoie chier à chaque fois ! Va lui parler, toi ! T’es en tort aussi, j’te signale.
- Thomas a qu’à aller lui parler ! Hein Thomas ? Il te dira rien à toi, t’es un peu comme son fils !
- Pourquoi moi ?!
- Parce que t’es un pauvre gamin abandonné par ses parents, il peut pas être méchant avec toi.
- Aïe.
- Béné ! la réprimanda Liam.
- QUOI ? C’est vrai ! Désolée Thomas. Mais je t’assure que Marcello te dira rien. Je suis même sûre que tu es la seule personne qu’il acceptera de voir pour l’instant.
Thomas soupira fortement, puis se leva et se dirigea vers la pièce où était enfermé Marcello, tout en traînant les pieds. Il toqua.
- C’est qui ?
- Thomas. J’peux entrer ?
Le silence lui répondit. Puis il entendit du mouvement à l’intérieur, et la porte finit par s’ouvrir, révélant un Marcello blasé.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- On peut parler ? De… De tout ça.
- C’est Liam qui t’envoie ?
- Non, assura-t-il.
- Béné ?
- Pas du tout, mentit-il.
- Hm. Viens.
Marcello retourna à l’intérieur, suivi de Thomas. Ils n’eurent même pas le temps de s’asseoir que Thomas commença à parler.
- J’suis désolé.
- Pourquoi ?
- Pour avoir participé à cette histoire de mariage, pour t’avoir menti. C’était pas bien.
- Qu’est-ce que t’aurais pu faire ? Me dire la vérité et balancer les autres ?
- J’aurais pu… J’aurais dû les convaincre que c’était nul comme idée. J’ai même pas essayé. Et je t’ai raconté tous ces trucs sur Liam, juste pour me venger de lui parce qu’il m’avait soulé avec Julien, alors que c’était même pas vrai.
- Oui, comme tout le reste. Est-ce qu’il y avait quelque chose de vrai dans cette histoire ?
- Euh… Je…
- Quoi ? Tu vas pas faire comme MT ? Me dire que Liam est en fait follement amoureux de moi et qu’il a fait ça parce qu’il a pas réfléchi aux conséquences ?
- J’veux pas parler à sa place…
- Hm. Oui, ou alors tu veux pas mentir, encore une fois.
- Non ! Enfin oui ! Je veux pas mentir, je veux plus mentir, pas à vous en tout cas. Les blagues c’est bien seulement quand tout le monde peut vraiment en rire… Mais… Je pense que Liam a été emporté par le mensonge. Plus ça allait, plus les autres ajoutaient des trucs, et continuaient de l’enfoncer… Je crois qu’il savait pas comment se tirer de là. Il a essayé de nous prévenir, tu sais ? Il nous a dit que t’allais mal réagir, et qu’il fallait te dire la vérité. Mais on l’a pas écouté…
Marcello ne répondit pas. Il observait le jeune homme, qui lui n’osait pas le regarder.
- Je pense que tu devrais nous en vouloir à nous, plutôt qu’à lui…
- Vraiment ?
- Oui. Tu peux me faire la gueule autant que tu veux Marcello et même à Béné ou MT, mais… Mais pas à Liam.
- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous voulez tant que je me réconcilie avec Liam ? Pourquoi ça vous tient tant à cœur que je lui pardonne ?
- Parce qu’il fait partie de la famille ! Et toi aussi ! Et une famille, ça se pardonne, que tu le veuilles ou non. Une famille ça s’engueule, mais ça trouve des solutions ! Il faut que vous trouviez une solution ! Parce que- parce que c’est Liam ! Et c’est toi ! Vous êtes meilleurs amis depuis hyper longtemps, vous êtes super proches ! Vous êtes… Vous êtes…, finit Thomas, difficilement, en regardant ses pieds.
- On est… ?
- Vous êtes ma famille, affirma l’adolescent, en relevant la tête, les yeux brillants.
Marcello ne sut que dire sur le moment. Il ressentit un petit pincement au cœur devant l’état de Thomas. Il voulait le réconforter, mais il n’avait pas fini de parler.
- Et je sais que… Je sais que c’était qu’un mensonge, ce mariage… Mais… Mais moi aussi, pendant trois jours, j’en ai profité, comme Liam. Parce que pour la première fois, j’avais l’impression… J’avais l’impression de faire partie d’une famille. De… Tu vas me prendre pour un idiot mais… J’avais l’impression d’avoir des parents…
- Oh, Thomas…
L’Italien s’approcha et prit dans ses bras celui qu’il considérait comme son fils. Ce dernier resta tout d’abord immobile, surpris, puis lui rendit son étreinte. Il le serrait peut-être même un peu trop fort, pour être honnête, mais Marcello ne dit rien.
Au bout d’un moment, Marcello s’écarta, parce qu’il avait l’impression que Thomas ne le lâcherait jamais.
- C’est pas qu’une impression, Tom. On est ta famille, ok ? Je te l’ai dit à l’hôpital, on sera toujours là. Même si maintenant je sais que ce mariage est faux, ça change rien à ce que j’ai dit.
- Alors tu vas pardonner à Liam ?
- Je… Je vais lui parler, d’accord ?
Thomas hocha la tête. Il s’essuya les yeux.
- J’suis désolé, ajouta-t-il, après un silence. J’voulais pas pleurer. J’aime pas pleurer. Surtout devant les autres.
- T’inquiète pas, va, lui dit Marcello, en posant sa main sur son épaule pour la serrer légèrement, d’une manière paternelle.
- Bon je vais… Je vais rejoindre les autres. Si… Si tu veux venir hésite pas.
Marcello lui sourit, mais ne lui répondit pas. Il ne sentait pas encore prêt à se retrouver entouré de toutes les personnes qui lui avaient menti, qui l’avaient vu croire à ce mariage dur comme fer. Il était gêné, il avait l’impression qu’on lisait en lui comme dans un livre ouvert. Marcello était généralement quelqu’un d’expressif, mais ce n’était pas pour autant qu’il voulait que la terre entière sache qu’il avait des sentiments pour Liam. Quand il repensait au nombre de personnes à Los Santos qui l’avaient vu jouer le rôle du parfait petit époux, il avait envie de s’enterrer six pieds sous terre. Il était sûr que les Vagos n’avaient pas fini de se foutre de sa gueule.
Au bout d’un moment, quelqu’un d’autre toqua à la porte. Contrairement à Thomas, Bénédicte n’attendit pas de réponse avant d’entrer.
- Ça va pas de rentrer comme ça ??
- Oh c’est boooon ! J’en n’ai pas pour longtemps.
Marcello soupira.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Comme tous les autres, je veux m’excuser. Je suis désolé qu’on t’ait fait croire ça, c’était pas drôle, et on n’aurait pas dû. En tout cas pas aussi longtemps.
- Vous auriez pas dû tout court !
- Ok, ok, on n’aurait pas dû ! Avoue que c’est marr-
- Non c’est pas marrant ! Je croyais que tu voulais t’excuser ??
- Oui, pardon, pardon ! Je suis désolée, ok ? C’était complètement con, mais tu sais comment on est, à nous tous on a à peu près un cerveau et demi.
- Oh, c’est la bonne excuse ça !
- Mais c’est vrai ! Combien de fois on a fait des trucs débiles comme ça ! Regarde, rien que l’idée de s’habiller en jaune pour faire une banque !
- Oui, bon, d’accord.
- Enfin bref, je vais pas te déranger plus longtemps. T’es pas obligé de me pardonner, de nous pardonner, mais on devait s’excuser.
- Vous vous êtes concertés, c’est ça ? Vous vous êtes dit que vous alliez tous vous excuser, un par un ?
- Euh… Peut-être.
Marcello soupira.
- Vous avez préparé un plan et tout le bordel je parie ? Comme tu fais d’habitude ?
- Je vois pas de quoi tu parles.
- Béné ! Arrêtez d’essayer de me voir comme… Comme un problème qu’il faut régler ! Comme si vous alliez tous vous excuser un par un et que j’allais vous pardonner bien gentiment, et ensuite c’est bon, on n’en parle plus, c’est ça ?
- Mais non, pas du tout Marcello ! On s’excuse tous sincèrement, parce qu’on sait qu’on a eu tort.
- Vraiment ? C’est sincère ? C’est pas juste pour que j’accepte de parler à Liam ? C’est vous tous, qui vous excusez, sans arrière-pensée ?
- Bien sûr ! Tu nous prends pour qui !
- Des criminels !
- Toi aussi t’en es un, j’te signale !
- Je sais ! C’est pour ça que je vous connais, vous et vos magouilles, vous et vos plans ! Enfin, toi et tes plans plutôt. J’parie que t’en avais monté un aussi pour cette histoire de mariage.
Bénédicte regarda soudainement ailleurs, semblant grandement intéressée par une mouche qui se cognait à répétition contre la fenêtre.
- J’en étais sûr…
- Oh, mais ! Le prends pas comme ça ! C’était juste pour aider Liam !
- L’aider à quoi ?? A me mentir ?
- Non ! Putain, Marcello, passe à autre chose ! Tu crois pas qu’il y a un truc plus important qui se cache derrière cette histoire de mariage ?
- Que je passe à… Non mais je rêve !
- Écoute, laisse tomber. Te mentir, te faire croire que t’étais marié, c’était débile. On s’en veut tous, on sait que t’es blessé, et c’est normal. Mais dis-toi bien que t’es pas tout seul dans cette histoire.
Puis elle tourna les talons et claqua la porte derrière elle.
Marcello resta bouche bée.
Est-ce qu’il venait juste de se faire engueuler par la personne qui devait lui présenter ses excuses ?
Notes:
Et voilààà ! J'espère que ça vous a plu !
Bisouuuuuuuuuuuuuuus
Chapter 11: La demande
Summary:
Il pleut.
Notes:
Bonjouuur,
Je sais plus quoi dire dans ces notes de début.
Bonne lecture !CW : blague sur les idées suicidaires
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
L’ambiance était étouffante, dans l’appartement. Les trois Families n’osaient pas faire trop de bruit, de peur de s’attirer les foudres de Marcello, qui n’était toujours pas sorti de sa chambre. Ils avaient entendu les « excuses » de Bénédicte.
- Béné, c’est quoi ton problème ? On avait dit qu’il fallait s’excuser, pas l’engueuler !
- Alors premièrement, je me suis excusée ! Plusieurs fois ! Et deuxièmement, ça fait partie du plan, ajouta-t-elle en chuchotant. Il faut qu’il culpabilise un peu aussi ! Qu’il se rende compte qu’il n’y a pas que lui qui est touché là-dedans, et que Liam aussi, bien que ce soit EN GRANDE PARTIE de sa faute et qu’il s’en veut beaucoup, est triste de cette situation !
- Merci, ça fait plaisir, grogna Liam.
- Donc… Ton but… C’est qu’il se dise qu’il est en tort aussi… Alors que pas du tout ? demanda Thomas, plus que sceptique.
- Pas en tort ! Juste… Qu’il prenne conscience que la réconciliation de notre FAMILLE, dit-elle en appuyant bien sur ce terme, ne tient qu’à lui.
- S’tu l’dis, approuva Liam à moitié.
- J’te l’dis, mon pote ! dit Bénédicte en donnant une grande claque dans le dos de Liam.
Liam regarda l’heure. Il avait besoin de prendre l’air. S’il restait plus longtemps enfermé à attendre que Marcello daigne sortir de sa chambre, il allait devenir fou. Il commençait déjà à jouer avec les bandages de ses mains, et Bénédicte lui lançait des regards sévères.
- Je sors, lança-t-il, en se levant et en partant, sans attendre de réponse.
Marcello avait parlé à tout le monde, sauf à lui. Il avait accepté d’entendre tout le monde, sauf lui. Combien de temps cette situation allait durer ?
Il sortit une de ses voitures du garage, mais pas n’importe laquelle, la seule, l’unique, la Lilimobile. La voiture qui était là pour lui depuis le début, et qui le serait probablement jusqu’à la fin. Le bruit de son moteur et l’odeur de ses tissus le réconfortaient.
Il se mit à rouler, sans but précis, il voulait simplement penser à autre chose, ce qui n’était pas gagné. Alors qu’il arrivait vers les docks, il aperçut au loin de la fumée rouge.
- Intéressant, ça, se dit-il à lui-même.
Il se gara, et s’approcha. Bingo, une caisse d’armes était ici, attendant celui qui l’avait commandée, et ce n’était pas lui. Liam se dit qu’il était possible que ce soit MT, mais au pire des cas c’était les Vagos et ça lui ferait plaisir de leur voler cette caisse. Ça lui remonterait le moral, même. Il se dirigea vers le fumigène rouge, faisant attention à ne pas se brûler, quand une voix l'interpella.
- Eh !
Liam se retourna. Deux Vagos. Kim et Haylie.
- J’peux savoir ce que tu comptais faire au juste ? lui demanda Kim, jouant avec son couteau.
- Baaah, ça se voit non ?
- Ouais. Justement. Elle est à nous.
- Ah ouais ? Y’a pas votre nom dessus pourtant ?
Kim fit claquer sa langue contre son palais, agacée. Haylie avança un peu plus.
- Laisse, Kim. Il fait exprès d’être con. Enfin j’crois. Maintenant dégage, Dunne.
- Pourquoi je ferais ça, James ? demanda-t-il, l’appelant par son nom de famille, comme elle l’avait fait.
- Euh, je sais pas, parce qu’on est deux, qu’on est armées, commença-t-elle en sortant un uzi, et que toi t’es seul avec ta bite et ton couteau ?
- Hm. Des arguments intéressants, dit Liam, faisant semblant de réfléchir à ce qu’elle venait de dire.
Haylie leva les yeux au ciel. Elle commençait à s’impatienter.
- Bon. Tu bouges maintenant ou bien ?
- Je sais pas, l’endroit est à tout le monde, je crois.
- Si tu veux pas bouger, on s’en occupera. Ce serait con quand même, pour une caisse dont tu connais même pas le contenu. Si ça se trouve y’a des zip-ties et des 9 millimètres là-dedans, intervint Kim.
- Ouais, et si ça se trouve y’a un RPG et des AK, là-dedans, répliqua Liam.
Il ne voulait pas vraiment leur prendre la caisse. Enfin, il l’aurait fait si elles n’étaient pas arrivées, évidemment. Mais il ne comptait pas se prendre une balle pour ça. Il était simplement d’humeur à faire chier du Vagos. Ça le détendait.
- T’es suicidaire ou quoi ? Ton copain t’a largué, du coup tu veux en finir, mais tu veux pas faire le sale boulot toi-même ? demanda Haylie, goguenarde.
Liam se tourna vers elle.
- Qu’est-ce que t’as dit, là ? demanda-t-il sèchement.
Elle afficha un rictus moqueur. Kim à ses côtés avait un sourire en coin.
- J’crois que t’as très bien entendu.
- Où est-ce que t’as entendu ça ?
- Du concerné lui-même. Enfin, d’après ce que j’ai compris, une histoire de faux mariage, ou je sais pas quoi. C’est compliqué vos trucs. Vous êtes vraiment dérangés, vous les Families, conclut-elle.
Marcello avait raconté ça aux Vagos ? Vraiment ? Qu’est-ce qui lui était passé par la tête !
Liam serra les dents.
- Y’a aucun rapport, là.
- Peut-être, mais si tu veux nous faire chier, nous aussi on peut, dit Kim. Alors ? Comme ça on est amoureux de son meilleur pote et du coup on lui fait croire qu’on est marié avec ? Laisse-moi deviner, tu tirais les cheveux des filles dont t’étais amoureux en primaire, toi, non ? Enfin, des mecs j’imagine.
- Qu’est-ce que ça peut vous foutre, cracha Liam.
- Oh nous ? Pas grand chose. Mais c’est pas de notre faute si ton pote vient se plaindre auprès de n’importe qui. Bon, ok, j’crois que c’était pas vraiment son intention. Il devrait faire attention à savoir tenir sa langue. Enfin, j’imagine qu’il est très touché par tout ça, et qu’il a pas pu s’empêcher de lâcher le morceau quand le jefe a parlé de mariage, soupira Kim, faussement dramatique. Vous avez une conception de l’amour et de l’amitié étrange, j’me trompe ?
- Tss. C’est toi qui dis ça ? C’est pas ton mari qui t’a écrasée avec un camion et t’a épousée alors que t’étais inconsciente ?
Kim perdit son sourire. Elle haussa les sourcils, un air dédaigneux se peignant sur son visage.
- Et alors ? demanda-t-elle froidement.
- Rien. Faudrait p’t’être penser à balayer devant sa porte avant de se mêler des affaires des autres, mon pote.
- Casse-toi de là, fit Kim, sa patience ayant atteint ses limites.
- Ouais, dit Liam.
Il s’avança pour les dépasser, bousculant légèrement Haylie qui resserra sa prise sur son arme.
- A plus les Vagos. Toujours un plaisir, dit-il avec un signe de la main, sans les regarder.
Il pouvait encore sentir le regard brûlant de Haylie et celui assassin de Kim dans son dos.
Ok. Liam avait retenu la leçon. Il allait arrêter de fuir cette situation. Il fallait régler le problème une bonne fois pour toutes, avant que toute la ville ne soit au courant. Si elle ne l’était pas déjà.
Il rentra, Bénédicte et Thomas étaient toujours là, sauf que cette fois-ci ils étaient affalés dans le canapé devant une série. Liam fit un signe de la tête vers la porte de la chambre de Marcello, et les deux répondirent par la négative. Il souffla. Puis d’un pas décidé, alla toquer à la porte.
Évidemment, personne ne répondit. Mais il insista. Encore et encore. Enfin, la porte s’ouvrit. Liam avait tout préparé dans sa tête. Il allait tout déballer d’un coup, comme ça. Mais la tête d’un Marcello qui avait l’air de sortir du sommeil l'en empêcha.
- Oh. Je- je dérange peut-être ?
- Oui, répondit-il franchement.
- Tu t’étais endormi ? demanda Liam, avant de se frapper mentalement en se rendant compte de la stupidité de sa question.
Marcello se frotta les yeux, longuement. Puis il bailla.
- Ça se voit non ? demanda-t-il après un instant de flottement.
- Euh… Oui, oui, en effet. C’est pour ça que t’es pas sorti de la journée, du coup ?
- Oui.
- Et pas… parce que tu voulais pas nous voir ?
- Non.
- Oh.
- Ouais. Pourquoi t’as frappé ?
- Je venais voir si…
« Si t’étais dispo’ pour qu’on parle. Marcello, cette situation peut plus durer, j’en ai marre, tout part d’une blague débile, et c’est de ma faute. Mais s’il te plaît écoute-moi, je supporte pas que tu me fasses la gueule. » C’était ça, qu’il devait dire.
- … Si tout allait bien.
- Tout va bien.
- Ok. Ok, ok. Super. Tant mieux.
- C’est tout ?
- Ouais. Rien d’autre. Rien du tout. Mon pote.
Marcello le regarda bizarrement. Puis il commença à refermer la porte. Mais Liam la bloqua avec son pied. Marcello la rouvrit. Il regarda Liam un instant, qui lui offrit un petit sourire contrit. Celui-ci n’attendit pas que Marcello l’invite à entrer, et entra de lui-même.
- En fait ! Je suis pas venu que pour ça. Je… Désolé Marcello, mais il faut absolument qu’on parle.
- Maintenant ?
- Oui. Oui, maintenant. Ça sert à quoi d’attendre ? Les choses vont pas évoluer si on fait rien. Je sais que là, tout de suite, tu me détestes, et t’as tout sauf envie de m’écouter, mais… Eh ben il va bien falloir que tu m’écoutes un jour, mon pote, finit Liam en croisant les bras, l’air déterminé.
- M’appelle pas comme ça.
- Oh euh ok…
Marcello semblait se retenir très fort de lever les yeux au ciel. Ça allait vraiment être compliqué.
- Et donc ? reprit-il au bout d’un moment, faisant signe à Liam de parler.
- Et donc… Marcello, je sais que t’en as marre de l’entendre. Mais il faut que je te le dise, parce que tu m’écoutais pas les deux premières fois. Et t’avais tout à fait le droit. Je remets pas ça en cause, ok ?
- « Ça » quoi ?
- Ta colère. J’la comprends. Je la mérite, aussi. Mais s’il te plaît, écoute-moi quand même.
- …Ok.
- Je suis désolé. Je sais, je sais, fais pas cette tête, tout le monde est venu te voir pour te dire ça, pour te présenter leurs excuses, et j’imagine que ça doit te paraître… forcé, et peut-être pas si sincère que ça. Mais je t’assure que ça l’est. Et mes excuses le sont d’autant plus, parce que je suis probablement celui qui regrette le plus cette situation…
Marcello le dévisageait, et Liam essayait de soutenir son regard, mais c’était de plus en plus compliqué. Il finit par craquer, et regarda ailleurs.
- Vraiment Marcello, aucun mot sera probablement assez fort pour te dire à quel point je suis désolé, à quel point je me sens con d’avoir fait ça. Je sais que tu t’en fous de mes états d’âme, et t’as raison. Mais vraiment, je veux que tu saches qu’à aucun moment, j’ai pensé à te faire du mal en faisant ça et je regrette.
- Hm.
- C’était qu’une blague à la base, et c’était pas censé aller aussi loin, et je- je pensais pas que ça t’affecterait autant, pour être honnête.
- Pourquoi ? Tu croyais quoi ? Que ça allait me faire rire ? Que rien ne me touche ?
- Non !… Juste… Enfin, c’est pas la première fois qu’on blague sur ça… entre potes…, dit Liam, se raclant la gorge.
Cette fois-ci, c’est Marcello qui détourna le regard.
- Ouais… Mais cette fois-ci, c’était pas pareil. J’avais plus de souvenirs ! Je me souvenais de rien, j’avais une commotion cérébrale, on était en cellule, et le premier truc que tu fais, c’est me faire une blague en me faisant croire qu’on est mariés !
- Euh, c’est MT qui a…
- Je sais ! Mais t’as continué ! Quand il a dit qu’on était mariés, pourquoi t’as pas dit que c’était faux, tout de suite ? Pourquoi est-ce que t’as rajouté tous ces détails, pourquoi t’as fait croire à tout le monde qu’on était ensemble ! Même aux putain de Vagos, bordel de merde !
Marcello s’était mis à faire des allers-retours entre sa fenêtre et Liam, tout en faisant des grands gestes des bras.
- Parce que je…
« Parce que je voulais que ce soit vrai. Je voulais que toute cette histoire, ce mariage, notre relation, ce soit vrai. Et pendant un instant, j’ai vu l’opportunité que ça le devienne, même juste un temps. Même juste quelques heures, quelques jours. Pendant un moment, tu m’as regardé autrement, t’as vu autre chose que Liam, ton pote, autre chose que celui qui parle trop fort, qui fait des blagues de merde, qui te fait chier tout le temps. T’as vraiment cru qu’on était ensemble, et c’était moi qui arrivais pas à y croire. Moi qui me disais que c’était pas possible, que même sans souvenirs t’allais te dire que c’était inconcevable que tu sois marié à un type comme moi. Parce que regarde-moi, Marcello. Je suis… Je suis pas comme toi. Les gens croient que je suis un psychopathe, croient que je passe mon temps à planter des gens, que je suis cinglé. Quand on parle des Families, on parle de toi. On parle même pas de MT, ils ont trop peur de lui, non, on parle de toi. Parce que toi t’es… T’es toi. Les gens, les flics, les jaunes, ils veulent pas avoir affaire à nous. Ils veulent te parler à toi. Y’a que toi, et je comprends ces gens, Marcello. Je les comprends parce que je suis pareil. Y’a que toi. Alors j’ai fait cette blague de merde, et c’était n’importe quoi et j’aurais pas dû. Mais je peux pas revenir en arrière. Alors je veux juste que tu saches que tout n’était pas faux. Parce que je suis véritablement amoureux de toi. »
- Parce que j’ai été con. Tu sais comment je suis, hein ?
Marcello se tourna à nouveau vers lui. Il laissa tomber ses bras. Il avait l’air dépité.
- Vraiment, Liam ? C’est tout ce que t’as à dire ?
- Je… Ouais. Encore une fois, Marcello, je suis désolé. Je voulais pas qu’une blague débile te fasse autant de mal, ça a jamais été mon intention. Je te le jure.
Marcello ne répondit pas. Il renifla.
- Tu peux sortir, s’il te plaît ?
Le cœur de Liam se brisa. Il avait encore tout foiré. Silencieux, il obéit et sortit. Derrière la porte, Thomas et Bénédicte l’attendaient, et semblaient avoir tout écouté. Bénédicte fut assez patiente et attendit qu’il referme la porte avant de lui sauter dessus.
- Liam ! T’es complètement con ou quoi ! Pourquoi t’as dit ça ! Pourquoi tu lui as pas dit que t’avais fait ça parce que tu l’aimes ! l’engueula-t-elle en chuchotant.
- J’ai pas pu.
- Comment ça, t’as pas pu ?? T’es vraiment con ! Elle est nulle ton excuse, il va jamais te pardonner comme ça !
Liam resta silencieux un moment, tout en s’éloignant de la porte. Les deux le suivirent.
- Thomas tu peux nous laisser cinq minutes ?
Le jeune homme acquiesça et sortit de l’appartement. Liam reprit en se tournant vers Bénédicte.
- Parce que tu crois qu’il me pardonnerait si je lui disais la vérité ? Tu crois pas que ce serait encore pire, si je lui disais que j’ai menti parce que, quelque part, ça me plaisait bien qu’il croit être marié à moi ? Tu trouves pas que c’est super dérangeant ?? demanda-t-il, à toute vitesse. C’était ultra égoïste de ma part, et tu crois que c’est mieux que je lui dise ça, plutôt que lui dire que c’était une simple blague débile ?
- Mais imbécile ! Il t’aime aussi ! Et il te connaît ! Il sait que t’es chelou ! Il aurait fini par te pardonner !
- Mais putain !
Liam commençait sérieusement à s’énerver. Il se força à baisser d’un ton.
- Pourquoi est-ce que vous êtes aussi sûr de ça, tous ! Vous êtes dans sa tête, peut-être ?
- Mais tout le monde le sait, Liam ! Tout le monde sait que vous avez des sentiments l’un pour l’autre, vous êtes vraiment pas discrets. Marcello l’est peut-être un peu plus que toi, mais ça crève les yeux quand même.
- Et si vous vous trompez tous, hein ? Et si, non seulement je passe pour un con, et en plus je perds mon meilleur ami à cause de cette connerie ?
- Tu comptes faire quoi, sinon ? Attendre que ça passe ? Refouler tes sentiments pour toujours ? Ça va finir par te bouffer, Liam. Si c’est pas déjà fait. Fais-moi confiance, bordel.
- Et je suis censé faire quoi, maintenant ? Retourner à l’intérieur et lui dire « non mais en fait j’ai fait ça parce que je t’aime » ? Pour avoir l’air encore plus con ? Il risquerait encore de pas me croire.
- Mais non, crétin ! Fais ça bien !
Liam soupira. Il se passe une main sur le visage, puis dans les cheveux, fatigué.
- Comment je « fais ça bien » au juste ? Comment je fais pour pas tout foirer, Béné ?
- Faut juste que tu sois sincère Lili. Rien d’autre. Arrête de te voiler la face. C’est pas aussi compliqué que tu le crois.
L’Irlandais resta pensif un instant. Bénédicte lui donna une tape sur l’épaule, avant de sortir de l’appartement à son tour. Tout devint beaucoup plus silencieux, soudainement. Le silence lui permit de réfléchir. Il pensa, à tout ce qu’il avait déjà dit à Marcello, à tout ce qu’il voulait encore lui dire. Les autres avaient-ils vraiment raison ? Serait-il possible que Marcello prenne cette histoire aussi mal parce qu’il avait des sentiments pour Liam, et qu’il avait l’impression que ce dernier s’était foutu de sa gueule avec cette histoire de mariage ? Pensait-il vraiment que Liam était capable de faire ça ? C’était légèrement blessant, pour être honnête. Mais maintenant qu’il y réfléchissait plus posément, Liam se rendit compte que ce n’était pas si étrange que ça. De plus, la façon dont il avait dit la vérité et dont il s’était excusé la première fois pouvaient vraiment porter à confusion. On aurait dit un gamin qui se rendait compte de la bêtise qu’il venait de faire. Quel idiot avait-il été, pour se justifier ainsi. Pourquoi n’avait-il pas juste avoué la vérité, toute la vérité, dès le début ? C’était comme si les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche, comme s’ils restaient coincés dans sa gorge. Il n’hésitait jamais à parler de tout et de rien à Marcello, mais là, c’était plus compliqué. C’était beaucoup plus compliqué. Il avait tellement peur de le perdre en lui avouant ses sentiments. Mais il n’avait pas le choix. Il risquait aussi de le perdre avec cette situation. Il se leva, et décida de se rendre au Unicorn. Il aurait besoin d’un peu de courage, s’il voulait faire ça.
Dans le bar, il vit Gérard, qui était occupé à discuter avec certains clients. Quand il remarqua Liam, il se dirigea vers lui.
- Eh, salut Liam ! Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
- Ah, salut Gégé. Je viens noyer mon désespoir, répondit-il, beaucoup trop premier degré.
- Ah. Euh, ça va toi ?
- Non, pas vraiment, Gérard.
- Qu’est-ce qui se passe ? Dis-moi tout.
- Oh, tu sais, cette histoire de mariage. Marcello a retrouvé ses souvenirs et il m’en veut de lui avoir menti. De lui avoir fait croire… tout ça, finit-il en faisant des gestes vagues de la main.
- Je vois. Un peu normal, en même temps. Et du coup tu comptes faire quoi ?
- M’excuser, encore et encore, j’imagine.
Un blanc accueillit cette phrase.
- Et tu vas pas lui dire que t’as fait ça parce que tu veux le-
- Stop, Gérard ! Ne finis pas cette phrase.
Liam avait failli recracher sa bière.
- Je, euh…, commença-t-il, avant de soupirer. Si, j’imagine, oui…
- Eh bah voilà ! Et tout est bien qui finit bien, Liam.
- Hm. Si tu le dis.
- Allez, va, je t’offre ta bière. Mais bois pas trop non plus, hein. Tu sais quoi ? Je fournirai l’alcool à votre vrai mariage.
Cela fit pouffer Liam.
- Ouais, super ça, mon pote ! J’ai hâte, dit-il, ironique.
- Sois pas si défaitiste !
- C’est pas d’être défaitiste de penser que je vais pas me marier avec Marcello. C’est être réaliste.
- Tu sais pas de quoi seront faits les lendemains !
Liam leva les yeux au ciel, amusé. Au moins il était légèrement plus détendu maintenant. Il resta environ une heure au bar, avant de partir. Lorsqu’il sortit, le ciel s’était assombri, de gros nuages s’étaient amoncelés. Il faisait lourd dehors, on aurait dit qu’un orage allait éclater. Liam se dit que ça collerait à son humeur, au moins.
Alors qu’il allait rentrer chez lui, il trouva Marcello de l’autre côté de la porte, qui s’apprêtait visiblement à sortir.
- T’allais sortir ?
- Je sors, oui.
- On peut parler avant ?
Marcello ne répondit pas, et passa à côté de lui pour sortir. Liam referma la porte et le suivit.
- S’il te plaît Marcello. J’ai quelque chose à te dire.
- Encore ? T’as toujours pas fini tes excuses ? lança Marcello, le ton acerbe.
- Je… Si… Enfin, non. Je sais que je pourrai jamais m’excuser assez, que ça te suffira jamais.
Tout en parlant, Marcello descendit les escaliers de chez eux, puis se mit à marcher dans le quartier, suivi de près par Liam.
- Ah ouais ? demanda Marcello. T’en sais des trucs, dis-donc.
- Non c’est pas ce que je voulais dire ! Tu me facilites pas la tâche non plus, là.
- Parce que je dois te la faciliter ? demanda à nouveau Marcello, en continuant de marcher.
- Non ! Marcello, arrête-toi.
Ce dernier soupira, puis obéit, avant de se retourner. Il croisa les bras.
- Ok. Tu vois ce que je t’ai dit tout à l’heure, quand tu m’as demandé pourquoi… pourquoi j’avais fait tout ça, pourquoi je t’avais menti et fait croire à ce mariage… Et que je t’ai répondu… Enfin, je t’ai pas donné de réponse, vraiment. Je… C’est parce que… Marcello, j’ai une vraie réponse à te donner, une vraie explication. Mais j’étais pas prêt à te la donner. Je sais toujours pas si j’le suis, honnêtement…, expliqua Liam, les yeux rivés sur le sol.
Marcello continuait d’écouter, patiemment. Il se disait qu’il allait enfin avoir les réponses à ses questions, la vraie raison de ce mensonge. Il avait l’impression que le temps s’était arrêté, comme si Liam mettait des heures à s’expliquer, alors qu’il ne s’était déroulé que quelques minutes depuis le début de la conversation. Quelques gouttes de pluie avaient commencé à tomber, mais rien ni personne ne pourrait les faire bouger de l’endroit où ils étaient, en ce moment-même. Liam ne pensait pas qu’ils auraient eu cette discussion-là, en plein milieu de Forum Drive, le ciel menaçant de craquer à tout instant. Mais de toute façon, il n’avait plus la force de bouger. Voyant que Marcello ne l’interrompait pas, il continua. Il avait légèrement envie de vomir.
- Si j’ai menti… Si j’ai continué la blague de MT, c’est parce que… Au départ, je l’ai vraiment fait pour la blague. Enfin, c’est ce que je pensais. Je l’avoue, je pensais juste te faire une blague, comme on l’habitude de te faire, tu sais comme MT aime bien nous taquiner sur… notre relation. Du coup, j’me suis dit que ça serait pas différent de d’habitude. Enfin, c’était l’excuse que je me donnais à moi-même. Sauf qu’ensuite, j’ai réalisé que je voulais pas arrêter la blague.
Liam avait l’impression que s’il s’arrêtait de parler, il ne continuerait jamais son explication, mais il fût forcé de prendre une pause tout de même pour reprendre sa respiration. Il se força à lever les yeux vers Marcello, qui fronçait légèrement les sourcils.
- J’me suis rendu compte que… Marcello… Ce jour-là, en cellule, quand tu m’as pris les mains, et que tu m’as regardé comme tu l’as fait… J’me suis rendu compte que je voulais pas que ça s’arrête, avoua-t-il, un rire nerveux menaçant de quitter ses lèvres.
- Qu-
- Non, s’il te plaît, m’arrête pas. J’ai- j’ai pas fini. Je voulais pas me l’avouer au début, je continuais de me dire que c’était juste pour la blague, que quelques heures à peine plus tard, je te dirais que c’était faux, on en rirait et ça serait fini. Et j’serais passé à autre chose. Le problème, c’est que j’ai su que j’arriverais pas à passer à autre chose. Du coup… du coup j’ai continué. On a continué, tous ensemble. Mais je t’assure que rien n’était prévu, personne n’était au courant, ils ont tous joué le jeu, pour une raison qui m’échappe. Et moi, en voyant qu’ils continuaient à parler du mariage, à rajouter des détails, à inventer des nouveaux trucs, je… Je savais pas quoi faire. Je te jure que toute cette- cette situation a dérapé hors de mon contrôle, et que je savais pas quoi faire pour l’arrêter. Et je savais, je savais pertinemment que t’allais mal réagir et pourtant j’ai continué. Parce que j’ai été égoïste, Marcello. J’ai été un putain d’égoïste. Et plus le temps passait, moins j’avais envie de t’en parler. J’voulais… J’voulais que ça reste comme ça. Je sais, c’est horrible, et je comprendrais que tu me détestes, parce que pendant un instant j’me suis même demandé ce que ça ferait si tu retrouvais jamais tes souvenirs.
Liam pouvait voir que Marcello se retenait de répondre. La pluie était encore légère, mais l’odeur du bitume mouillé commençait déjà à se faire sentir.
- Et je sais que c’est… horrible, d’accord ? En plus, je voulais vraiment que tu retrouves ta mémoire, je voulais retrouver le Marcello que je connais, même si c’était aussi retrouver le Marcello qui était… pas… marié à moi. C’est vraiment chelou, je sais. T’as le droit de dire que j’suis fou. Mais je… Enfin, je voulais pas perdre cette relation qu’on avait, même si elle était fausse, et qu’elle allait forcément se finir un jour. J’ai été con, vraiment. A la place, c’est toi que j’vais peut-être perdre, et je regrette tellement, si tu savais. Marcello, je sais que ce que je vais te dire va peut-être briser notre amitié, mais maintenant j’peux plus reculer.
Le silence accueillit ses paroles. Au loin, l’orage gronda. La pluie tombait de plus en plus fort, ils commençaient à être trempés.
- Je t’aime. Je suis amoureux de toi, Marcello. Et je sais que c’est pas une excuse, mais c’est pour ça que j’ai fait tout ça. C’est pour ça que j’ai menti, pour ça que je voulais pas mettre fin à ce faux mariage. Parce que pendant quelques jours, j’ai pu voir ce que c’était que de pouvoir t’embrasser, et dormir avec toi, et être proche de toi… euh, plus qu’avant. J’comprends tout à fait si tu t’en fous, si tu veux plus me parler, si tu veux me frapper… Peut-être que tu devrais me frapper, vas-y, frappe-moi, je-
- Liam, le coupa Marcello.
Liam s’arrêta pour regarder Marcello. Celui-ci avait un petit sourire étrange.
- Je vais pas te frapper, Liam.
- Pourquoi ? Tu devrais, ça te ferait du bien je pense, et après si tu veux, on oublie tout, toute cette histoire de mariage, de sentiments, on fait comme si rien s’était jamais passé, on redevient comme av-, débita-t-il, un peu désespéré, avant de se faire interrompre à nouveau par Marcello.
- La ferme Liam ! Je veux pas te frapper ! Et pourtant je devrais ! s’exclama-t-il.
- Pourquoi tu veux pas, alors ? demanda Liam d’une petite voix.
- Parce que ! Parce que je- ! se coupa-t-il lui-même.
Il se retourna soudainement, se prenant la tête dans les mains et laissant échapper un grognement de frustration. Il inspira, puis fit de nouveau face à Liam.
- Parce que je t’aime aussi, stupido ! Je t’aime, et t’es vraiment le plus grand crétin de cette terre, et j’ai vraiment cru que tu te foutais de ma gueule et de mes propres sentiments avec cette histoire de mariage ! Mais maintenant que t’as dit ça, je… J’arrive pas trop à y croire. Je peux pas m’empêcher de me dire que c’est encore un mensonge.
Liam, les yeux légèrement écarquillés, la bouche entrouverte, perdit son sourire qui était en train de se former.
- Comment… Comment je pourrais te croire Liam ? Comment je peux être sûr que c’est la vraie raison, cette fois-ci ? Comment je peux être sûr que tu me dis pas ça pour te foutre encore plus de ma gueule ?
- Marcello, à aucun moment j’ai voulu me foutre de toi, à aucun moment j’ai voulu te blesser. Et je sais que je l’ai fait, mais je voulais pas, putain. Je suis juste… Je sais pas comment ça marche, avec les personnes qu’on… qu’on aime. Je te jure que c’est pas une blague Marcello, cette fois-ci rien de tout ça n’est une blague, tout est vrai. Je sais pas quoi faire pour te le prouver, mais s’il faut je te le redirai, encore et encore, tous les jours, toutes les heures, à chaque fois que tu me le demanderas. Je t’aime, et je suis désolé. Et je suis con, et si tu m’aimes vraiment, comme tu le dis, je suis le plus heureux de cette terre et j’arrive pas trop à y croire, parce que je te mérite pas, vraiment pas. Je ferai ce que tu veux pour me faire pardonner, autant de fois qu’il le faut, je-
Il s’arrêta en pleine phrase, ses yeux s’illuminèrent soudain. Il avait eu une idée. Une idée complètement folle, complètement stupide aussi.
Le sol était mouillé, une flaque s’était formée à leurs pieds, mais il s’en fichait.
Il posa un genou à terre. Il regarda Marcello et lui prit la main. L’orage était de plus en plus fort, alors il dût presque crier.
- Marcello, je t’aime, plus que tout, et depuis longtemps. Et je suis désolé pour cette histoire de faux mariage. Et je t’aime. Euh, je te l’ai déjà dit ça, je crois. Est-ce que tu veux m’épouser ? Pour de vrai, cette fois ?
Marcello était complètement estomaqué. Il était tellement stupéfait, qu’il resta figé. Un éclair zébra le ciel.
- Je…, finit-il par dire, au bout d’un moment.
- Je sais que c’est peut-être idiot. Et, on n’est même pas ensemble, rit à moitié Liam, la voix un peu étranglée.
Ses mains tremblaient, il ne savait pas si c’était le froid et la pluie, le stress ou l’euphorie.
- Mais je veux vraiment que tu comprennes que… ce mariage il était faux. Mais il peut être vrai, aussi. Enfin, si tu veux. J’ai toujours pas de bague, mais je peux arranger ça, je braquerai une banque demain si tu veux, je volerai toutes les bagues de fiançailles et tu choisiras celle que tu veux ! C’est- c’est encore mieux, tu trouves pas ? déclara-t-il, une pointe de détresse dans la voix.
Marcello ne parlait toujours pas. Liam posa alors son autre genou à terre, et tira légèrement sur la main de Marcello, presque suppliant. Suppliant de lui pardonner, suppliant qu’il accepte ses excuses, son amour, sa demande. Marcello leva la tête vers le ciel. Puis il regarda à nouveau Liam, qui n’avait pas bougé, qui attendait. Il se laissa tomber à genoux aussi, au niveau de Liam. Il lui fit lâcher sa prise, difficilement, puis encadra son visage de ses deux mains. Il l’embrassa, longuement. Liam, qui se rendait enfin compte de ce qu’il se passait, sortit de sa stupeur, et passa ses bras autour de la taille de Marcello, pour le serrer plus fort que jamais.
Enfin, Marcello brisa le baiser. Puis, toujours son visage entre ses mains, toujours aussi proche de lui, et tout en le regardant dans les yeux, Marcello répondit :
- Non.
Le rouquin revint sur terre. Il s’écarta légèrement.
- Hein ?
- Non, Liam. Je veux pas t’épouser.
Liam perdit son sourire.
- Oh.
- Je veux juste être avec toi, pour l’instant. C’est tout.
Liam laissa échapper un soupir de soulagement, qui était tout sauf discret. Marcello sourit.
- Ok ça me suffit. On se marie pas. Pas aujourd’hui, en tout cas.
- Pas demain non plus.
- Après-demain ? demanda Liam, à moitié blagueur, le sourire aux lèvres.
Marcello leva les yeux au ciel, souriant lui aussi.
Ils se regardèrent, quelques instants. Tous les deux, assis dans des flaques, comme des idiots. Ils allaient chopper la crève, c’était sûr. Peu importait. Marcello finit par se relever, puis aida Liam à faire de même. La pluie commençait à se calmer.
- On rentre ? Je suis gelé.
- Hm, approuva Liam, toujours le sourire aux lèvres, comme un enfant.
Il ne savait pas s’il arriverait à arrêter de sourire un jour. Alors que Marcello allait se diriger vers leur appartement, Liam le retint par la main. Il se retourna, le regard interrogateur. Sans un mot, Liam l’attira à nouveau à lui. Il l’enlaça, plongeant cette fois-ci son visage dans le creux de son cou. Liam ferma les yeux.
Il inspira.
- Liam ? demanda Marcello, au bout d’un moment.
L’Irlandais recula.
- Ça va ? s'inquiéta Marcello.
- Oui. Oui, ça va super, affirma Liam.
Si on lui demandait pourquoi ses joues étaient mouillées, il n’aurait qu’à dire que c’était la pluie.
Notes:
OMG ! Finally ! J'en peux plus. J'aime le drama.
J'ai fini ce chapitre sur Lover de Taylor Swift, c'est pas incroyable ça ?
Il reste 1 ou 2 chapitres après celui-là et après c'est la fin :///
J'espère que ça vous a plu !
Bisouuuuuuus
Chapter 12: Dans la joie comme dans la peine
Summary:
Jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Notes:
BONSOIR BONJOUR
PUREE
C'est la fin
C'est le dernier chapitre
C'est la fin de cette fanfic
C'est la première fois que j'écris quelque chose d'aussi long, et surtout que je m'y tiens, que j'arrive à le finir. J'en suis vraiment contente, elle est probablement pas parfaite, mais je l'aime beaucoup, et je suis un peu triste que ce soit déjà fini. J'espère que vous avez aimé la lire, autant que j'ai aimé l'écrire.
Je tiens aussi à remercier Rowen, sans qui cette fanfic n'aurait jamais existé puisqu'elle est basée sur un de ses nombreux et incroyables hc/au !
Bonne lecture :)CW : sous-entendus sexuels, blessure par balle, sang, consommation d'alcool, mention de vomi (qui n’arrive pas)
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Liam n’avait jamais aussi bien dormi de sa vie. Lorsqu’il se réveilla, il avait mal à la gorge, et peut-être de la fièvre aussi, mais il s’en fichait. Actuellement une bouillotte humaine lui tenait chaud, et il se sentait plus heureux que jamais. Marcello était encore en train de dormir, alors Liam se sentait libre de l’observer autant qu’il le voulait. Il n’arrivait pas à croire que la discussion d’hier était vraiment arrivée. Il n’arrivait pas à croire que Marcello l’aimait vraiment, le vrai Marcello, celui qui avait ses souvenirs, celui qui connaissait Liam. Bien sûr, il se doutait qu’il ne lui avait pas encore complètement pardonné. Mais Liam lui laisserait tout le temps qu’il lui fallait. Il regagnerait sa confiance, par tous les moyens possibles.
Malheureusement, ils ne purent profiter bien longtemps de ce moment paisible, car quelqu’un fit irruption dans l’appartement. Liam s’extirpa du lit pour voir qui osait les déranger à cette heure si matinale.
- Thomas ! Qu’est-ce que tu fous là ?! Depuis quand t’as les clés ? chuchota Liam, pour ne pas réveiller Marcello qui n’avait pas été dérangé le moins du monde par le raffut qu’avait provoqué l’adolescent.
- Mais c’est toi qui me les as données ! Et pourquoi tu chuchotes ??
Liam ne lui répondit pas, et lui fit signe de baisser d’un ton, mais il était trop tard. Marcello sortit de la chambre que venait de quitter Liam, en baillant.
- Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda l’Italien.
Thomas regarda Marcello, puis Liam, puis Marcello. Les connexions semblèrent se faire dans son cerveau.
- Ooooooh ! Je vois ! Enfin je crois. Est-ce que c’est bien ce que je crois que je vois ?
Liam soupira, Marcello semblait confus.
- C’est-à-dire, Thomas ? lui demanda Liam, bien qu’il sût très bien où Thomas voulait en venir.
Le jeune homme tentait tant bien que mal de s’empêcher de sourire.
- … Vous êtes ensemble ? C’est ça ? Pour de vrai, cette fois ? Dites-moi que j’ai raison, s’il vous plaît, je supporte pas de vous voir vous disputer ! finit-il, avec un air de chiot battu.
Les deux concernés se regardèrent. Marcello haussa les épaules.
- Oui… Oui Thomas, on est ensemble, confirma Liam, après avoir laissé mariner Thomas un petit moment.
- Enfin, putain !
Liam n’eut pas le temps de le réprimander pour sa vulgarité, ce qui serait d’ailleurs assez hypocrite de sa part, que Thomas se jeta à son cou pour lui faire un câlin. Ce dernier tourna ensuite la tête vers Marcello, pour lui faire signe de les rejoindre, ce qu’il fit. Liam faisait semblant d’être agacé, mais en réalité, il était plus heureux que jamais, même s’il était en train de se faire à moitié étrangler par un gamin de 18 ans, qui n’avait pas conscience de la force que son enthousiasme lui donnait.
- J’suis trop content pour vous ! J’suis trop content ! répétait-il.
Marcello avait un sourire tendre. Affectueusement, il ébouriffa les cheveux de Thomas, puis il s’écarta. Thomas daigna enfin les lâcher, puis, soudainement, il leur tourna le dos. Ils entendirent des reniflements.
- Tom ? commença prudemment Marcello. Tu pleures ?
- Non je pleure pas ! protesta Thomas, la voix tremblotante.
- Tu pleures là, constata Liam avant de se tourner vers Marcello, il pleure là.
Marcello hocha la tête, les sourcils froncés.
- Qu’est-ce que t’as Tom ? Tu me fais peur, là, dit Marcello.
- Oh le papa poule, ici, commenta Liam, un sourire en coin.
Marcello lui jeta un regard noir. Thomas se retourna, enfin. Il semblait essayer de retenir ses larmes, difficilement.
- Je pleure pas !
- Non mais Thomas… On te voit, là.
- … Bon, ok, je pleure. Mais c’est des larmes de joie ! Et de soulagement !
Liam se retint de rire. Le petit avait visiblement du mal à contrôler ses émotions.
- Mais faut pas pleurer pour ça !
- Je fais pas exprès, figure-toi ! J’ai juste… J’avais peur, ok ? J’avais peur que ça s’arrange pas entre vous, et que le groupe éclate, ou que l’un de vous parte, ou que-
- Eh, c’est bon Tom, calme-toi. Ça va pas arriver, d’accord ?
Thomas hocha la tête, tout en reniflant. Liam et Marcello lui laissèrent le temps de se remettre de ses émotions, puis tout à coup, il sembla se rappeler de quelque chose.
- Oh ! Il faut prévenir tout le monde ! Bénédicte arrête pas de me faire chier depuis hier, toutes les cinq minutes elle m’envoyait un message pour me demander « et là, tu crois que Liam lui a dit ? », « et là, tu crois que c’est bon ? », imita-t-il avec une voix aiguë insupportable. Je l’appelle tout de suite ! dit-il en sortant son téléphone.
- Euh…, commença Marcello en tendant sa main comme pour empêcher Thomas d’utiliser son portable, mais Liam la lui baissa.
- Laisse-le, va. J’crois que rien peut l’arrêter, là.
Thomas ne faisait même plus attention à eux, il était trop occupé à appeler Bénédicte et à tout lui raconter. Tout le monde put entendre la jeune femme hurler de joie quand Thomas lui apprit la nouvelle, alors qu’elle n’était même pas sur haut-parleur.
- J’veux les détails ! cria-t-elle, visiblement consciente que tout le monde l’entendait.
- Comment ça, les détails ?? demanda Liam, interloqué.
- Bah tout ! Tu t’es mis à genoux, j’espère ? demanda-t-elle en riant.
Liam rougit, alors que Marcello se retenait de rire.
- Oh nan ! Me dis pas que c’est vrai ! s’exclama Thomas.
- QUOI ?? hurla Bénédicte.
- La ferme Béné !
- J’arrive pas à y croire, tu t’es mis à ge-
Mais la jeune femme n’eut pas le temps de finir sa phrase, que Liam vola le téléphone de Thomas et raccrocha à sa place.
- Mais Liam !
- Oui bah c’est bon ! Si elle veut en savoir plus elle a qu’à venir !
- Ok je lui envoie un message !
- NON !
- Liam, laisse-le, de toute façon dis-toi qu’on peut pas lui échapper… Autant en finir rapidement. C’est comme arracher un pansement, tu vois.
Liam fronça les sourcils. Il n’avait pas de problème à arracher ses pansements, et Dieu sait qu’il en avait souvent, mais Bénédicte, c’était autre chose. C’était pas comme arracher un pansement, c’était plus comme… arracher une bande de cire. Il le sait, il avait déjà essayé. À cause de Bénédicte. Ça piquait, c’était chiant, et parfois ça faisait crier aussi.
Malheureusement, il savait que Marcello avait raison. Bénédicte se ramena donc dans l’appartement, fonçant pratiquement dans la porte pour l’ouvrir. Elle était essoufflée et toute rouge, comme si elle avait couru pour venir jusqu’ici.
- LIAM ! MARCELLO !
Les deux concernés n’eurent même pas le temps d’ouvrir la bouche que la jeune femme se précipita vers eux pour les entraîner dans un câlin collectif. Puis elle se mit à les frapper en les insultant.
- Aïe, aïe, aïe ! Pourquoi tu fais ça ! demanda Liam, éberlué.
- Parce que vous êtes des crétins ! J’ai bien cru qu’on allait devoir vous enfermer à double tours dans un placard jusqu’à ce que vous avouiez vos sentiments !
- Oui, oui, bon ça va, oh. Tu pouvais pas t’arrêter au câlin, fallait que tu nous frappes aussi ? râla Marcello.
- Vous le méritiez, j’vous signale. Mais maintenant que c’est fait…
Elle se jeta à nouveau sur eux pour les étrang- les enlacer. Elle se mit même à sautiller et à lâcher des petits cris surexcités.
- Mais arrête ! C’est pas si incroyable que ça ! protesta Liam, qui en avait marre d’être secoué dans tous les sens.
- Comment ça, « c’est pas si incroyable » ?! Vous allez vous marier !
- Quoi ? Mais non !
- Qu’est-ce que tu racontes, Béné, enfin ?? Tu vas pas recommencer avec cette histoire de mariage quand même, stupida ?
Cela eut pour effet de calmer instantanément Bénédicte. Sa joie retomba comme un soufflé. Puis, les poings sur les hanches, elle se tourna vers Liam.
- Pourquoi tu t’es mis à genoux alors ? bougonna-t-elle.
Liam perdit son air incrédule, pour laisser un sourire grivois étirer ses lèvres.
- A ton avis ? demanda-t-il en haussant les sourcils de manière exagérée.
Bénédicte ouvrit la bouche, visiblement outrée, mais avant qu’elle ne se remette à leur casser les oreilles, Marcello frappa Liam derrière la tête.
- Arrête de dire des conneries, stupido !
Marcello avait les joues qui rougissaient légèrement. Liam se frotta l’arrière du crâne, laissant échapper de faux gémissements de douleur.
- Aïe, euh !
- Bon laissez tomber, j’veux plus rien savoir ! Gardez vos détails pour vous, bande de pervers.
- Oh ça vaaa Béné, c’était une blague !
Bénédicte bouda, environ cinq minutes, avant se de remettre à les harceler de question. Liam et Marcello espéraient que MT ne serait pas aussi enthousiaste, à l’annonce du couple. Celui-ci finit par s’incruster, en début d’après-midi, après avoir passé la matinée à se demander où étaient ses gars, et pourquoi ils ne bossaient pas. Heureusement, il n’avait pas surréagi, comme Bénédicte. Il s’était contenté de les féliciter notamment de « s’être enfin sorti les doigts du cul ». Très classe, comme d’habitude.
A la fin de la journée, Bénédicte et MT daignèrent repartir chez eux. Thomas leur fit ses yeux de chien battu, et ils le laissèrent rester. Ils avaient la sensation que la chambre d’ami deviendrait bientôt la chambre officielle de Thomas… Il faudrait lui rappeler les règles dans ce cas. On participe aux tâches. On ne laisse pas ses caleçons sales traîner. On change le rouleau de papier toilette quand il est vide. Bon, c'était déjà des règles que Marcello devait rappeler à Liam… Mais aussi, on prévient si on veut inviter quelqu’un. Surtout si c’est Julien. S’ils sont à deux dans la chambre de Thomas, on laisse la porte toujours entrouverte. Thomas allait mourir de gêne. Liam se frottait les mains d’avance.
- T’es vraiment mesquin, fit remarquer Marcello à Liam.
- Franchement je pourrais faire pire. Je pourrais lui faire un cours d’éducation sexuelle en lui montrant comment enfiler une capote sur un concombre.
- Pitié, fais pas ça.
Liam rit. Les deux avaient enfin pu se retrouver seuls, ou presque. Pitch était installée entre eux sur le lit, ronronnant. Tant bien que mal, Liam passa sa main au-dessus du chat pour se mettre à faire courir ses doigts sur le bras de Marcello. Pitch sembla comprendre le message et descendit du lit. Liam en profita pour se tourner complètement vers son copain, se rapprochant.
- Gentille fille, dit Liam à Pitch, avant de reprendre, en parlant à Marcello. Dis, en parlant de capote sur un concombre…
- Oh, mon Dieu. T’es plus sexy quand tu la fermes.
Liam pouffa. Marcello leva les yeux au ciel. Il ne pouvait cependant pas empêcher un petit sourire de se dessiner, bien qu’il essayât de toutes ses forces.
- C’est faux, reprit Liam, t’adores tout ce qui sort de ma bouche. Et tu sais ce que t’adorerais aussi ?
- Hm, non ?
- Ce que je peux y faire rent-
- La ferme, Liam ! le coupa l’Italien.
- T’as qu’à me faire taire, murmura Liam, se rapprochant encore plus.
Marcello le prit au mot et l’embrassa. Liam sourit contre ses lèvres, ayant obtenu ce qu’il voulait. Il se releva légèrement, appuyé sur un coude, et glissa sa main libre derrière la nuque de Marcello pour approfondir le baiser. Puis, Marcello brisa le contact, avant de faire un petit sourire à Liam, et de se recoucher, tournant le dos au rouquin.
- Bonne nuit, Lili.
Ledit Lili resta figé un instant, les lèvres entrouvertes. Puis il prit un air outré, fixant le dos de Marcello.
- Qu- Comment ça « bonne nuit » ??
- Bah bonne nuit, quoi. Tu sais plus ce que ça veut dire, la fièvre t’a grillé le cerveau ? marmonna-t-il, la voix empreinte de sommeil.
- Mais- Comme ça, là ?
- J’suis malade.
- Moi aussi j’suis malade ! On peut mélanger nos microbes !
- Tu me dégoûtes, Liam. C’est de ta faute en plus si on est malades. De toute façon, pas le premier soir.
Liam faillit s’étouffer.
- Pas le premier soir ?! Ça fait genre 15 ans qu’on se connaît !
- Justement, c’est pire.
- Comment ça c’est pi- on était mariés y’a encore 2 jours !
- Tu fais bien de le rappeler, j’t’en veux encore. Tu crois quand même pas que ça va être aussi facile…, finit Marcello, la voix étouffée par l’oreiller.
Il bailla et s’emmitoufla un peu plus sous les couvertures, à tel point que Liam ne voyait plus que le haut de son crâne.
Au bout de quelques minutes de silence, durant lesquelles l’Irlandais semblait en pleine réflexion sur l’entièreté de sa vie, ce dernier finit par éteindre la lumière puis soupira fortement, à plusieurs reprises, faussement dramatique.
- Ta gueule, râla Marcello, presque endormi.
- Moi aussi je t’aime ! répliqua Liam.
- Hmm… M’oui… Je t’aime… Laisse-moi dormir maintenant.
Liam ne put empêcher un sourire de fendre son visage. Il avait encore envie de glousser comme une adolescente dont le crush était réciproque. Il ne savait pas s’il s’habituerait un jour. Il se pencha sur Marcello et claqua un smack sonore sur sa joue avant de retourner à sa place et de tenter de dormir, à son tour. Mais avant ça, il se colla à son amoureux, le nez contre son t-shirt, inspirant son odeur. Sa main alla chercher celle de Marcello, pour la saisir. Ce dernier la serra en retour.
Ça ne faisait que quelques heures qu’ils étaient ensemble, pour de vrai, cette fois. Mais, écoutant la respiration profonde de Marcello qui l’apaisait, sa peau chaude contre la sienne, froide, Liam savait déjà qu’il voulait passer le restant de ses jours comme ça.
////
Marcello avait fini par pardonner complètement à Liam, bien sûr. Peu importait les efforts qu’il y mettait, il ne pouvait pas lui en vouloir bien longtemps. Il était tout simplement trop amoureux de lui.
Tout se passait bien, pour les Families, aussi bien que ça pouvait se passer pour un gang en tout cas, avec les péripéties habituelles. Les braquages, la prison, les prises d’otage, les fusillades avec les Vagos. Les prises de tête dans le groupe, les soirées au Unicorn, les disputes de famille et les réconciliations. Personne ne s’ennuyait. Tout le monde avait oublié cette histoire de mariage.
Enfin, Liam n’avait pas tout à fait oublié. C’était stupide, vraiment. Ils n’avaient pas besoin de mariage pour savoir qu’ils s’aimaient. Ils se le prouvaient tous les jours. Quand Liam restait discret le matin pendant que Marcello dormait, lui qui était si bruyant. Quand Marcello forçait Liam à manger plus sain, parce que c’était meilleur pour sa santé. Quand Liam faisait encore un peu plus de place dans l’armoire pour toutes les nouvelles fringues que Marcello achetait. Quand Marcello faisait beaucoup plus attention à sa conduite quand il était au volant des voitures de Liam, contrairement à quand il conduisait n’importe quelle autre voiture, même les siennes. Quand Liam profitait d’un braquage de bijouterie pour piquer spécifiquement cette montre sur laquelle Marcello louchait depuis un certain temps.
Quand Marcello se jetait devant Liam pour prendre une balle à sa place, alors qu’ils portaient tous les deux des gilets pare-balles. Quand Liam lui hurlait dessus de ne plus jamais refaire ça. Quand Marcello lui répondait que s’il le fallait, il le referait tous les jours. Quand Liam passait la nuit éveillé, incapable de dormir, à veiller sur Marcello, alors que le docteur avait assuré que la balle s’était bien arrêtée au kevlar.
Non, vraiment. Ils n’avaient pas besoin de mariage.
Mais tout de même. C’était… agréable, d’y penser. De repenser à cette idée de demande, sur un bateau, au milieu de l’eau bleue, loin de la ville. De s’imaginer dire « oui ». Même si ça n’arriverait jamais, pas après ce mensonge qui, s’il restait le début de leur véritable histoire, était aussi la seule et unique fois où Liam avait failli perdre la confiance de Marcello. Il préférait ne plus jamais prononcer ce mot. Il fallait arrêter d’y penser. Ça n’arriverait pas.
Cela faisait bientôt un an, depuis le braquage de la fleeca habillés en jaune. Et depuis l’amnésie de Marcello. Ils n’avaient plus jamais reporté les couleurs de leurs ennemis, c’était une trop mauvaise idée.
Cela faisait donc bientôt un an qu’ils s’étaient mis ensemble. Marcello voulait fêter ça, mais il ne savait pas comment. Comme souvent, ils trainaient au Unicorn pour en assurer la sécurité. Ils ne savaient pas vraiment pourquoi ils étaient là, l’endroit était quasiment désert. Ils étaient quatre sur le toit, pendant que Bénédicte était en bas, à faire la causette aux quelques clients. Liam et Marcello étaient assis au bord du toit, les jambes dans le vide. Liam avait prêté son couteau à Thomas pour qu’il apprenne à faire des mouvements « trop stylés comme toi Liam », mais ce n’était pas très concluant. Liam ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil furtifs en arrière pour vérifier qu’il ne se blessait pas, ou qu’il ne tuait pas quelqu’un sans faire exprès. MT était allongé, plus loin, son AK posée à côté de lui, sa fidèle casquette sur son visage, l’abritant du soleil.
- J’vois pas pourquoi tu veux fêter ça, qu’est-ce qu’il y a à fêter, au juste ? grogna Liam, qui n’était pas d’humeur à faire la fête, en ce moment.
- Avoir réussi à te supporter pendant une année entière, répliqua Marcello.
- C’est pas comme si ça faisait des années qu’on se connaissait, tu m’as toujours supporté, ronchonna l’Irlandais.
- Ouais, mais maintenant on dort dans le même lit et je dois me battre toutes les nuits pour garder un bout de couverture, se défendit Marcello, enfonçant un doigt accusateur dans le bras de Liam.
- T’as pas besoin de couverture, t’es un radiateur ambulant !
- J’en ai besoin parce que toi tu te colles à moi alors que t’es tout froid, on dirait un cadavre !
- Oh arrêtez de vous engueuler, les gosses là ! râla MT, qui se relevait en baillant, avant de s’approcher d’eux. J’ai entendu parler d’une fête, les reufs ?
- Non, non y’a pas de fête.
- Si, il y a une fête. Enfin, peut-être, ajouta Marcello, avant de se tourner vers Liam, tirant la moue, pourquoi tu veux pas fêter notre anniversaire ? C’est pas important, pour toi ?
Liam soupira.
- C’est pas ça, c’est que… J’ai connu un couple qui fêtait leur anniversaire tous les ans. Ça s'est pas bien fini pour eux. J’en ai vécu une seule, de fête comme ça. C’était… un anniversaire de mariage, même. C’était… c’était pas joli à voir, finit Liam, détournant le regard, les souvenirs remontant.
- De qui tu parles ? demanda Marcello, doucement.
- Mes parents.
- Oh.
- Ouais.
Un ange passa.
- Mais on n’est pas tes parents, Lili, reprit Marcello, posant sa main sur le genou du rouquin afin de le serrer légèrement dans une tentative de geste réconfortant.
- Je sais, répondit Liam.
MT s’assit à côté d’eux.
- Moi j’ai une idée, les hirondelles, dit-il.
- On dit les tourtereaux MT, fit remarquer Marcello.
- Ouais bah ça pourrait être les pigeons, alors fais gaffe.
- Bah super, boss…
- C’est quoi ton idée, MT ? demanda Liam.
- On peut fêter ça sans vraiment faire une fête…
- Euh…
- On va…, commença MT, comme s’il voulait leur faire deviner.
Les deux le regardèrent, attendant visiblement la suite.
- Putain faites un effort les mecs ! On va braquer la Pacific !
- Ah ! s’exclama Marcello.
- Putain, l’idée de merde.
- Comment ça, l’idée de merde, refré, j’te permets pas ! Et en plus tu sais quoi, Lili ?
- … Non, mais je suis pas sûr d’avoir envie de savoir.
- C’est toi qui vas l’organiser !
- Quoi ?? Mais pourquoi ?!
Marcello se retenait visiblement de rire à côté.
- Parce que si tu veux pas organiser de fête pour Luigi, tu peux bien faire ça.
- Mais ! C’est pas que je veux pas c’est que- Oh. C’était un piège, c’est ça ? réalisa Liam, une expression blasée sur son visage.
- Ouais, j’me doutais que t’allais pas vouloir faire de fête. Bon, j’avais pas prévu la touche dramatique que t’as ajoutée, avoua Marcello.
- Euh, oups ? Bon… Du coup… La Pacific, là ? Vraiment ?
- La Pacific Lili !!! cria Marcello en le secouant par les épaules, des étoiles dans les yeux.
- J’ai entendu parler d’une Pacific ? demanda Thomas, qui était toujours intact, et qui s’approchait d’eux, l’air intéressé.
- On va faire une Pacific, Tom ! Pour notre anniversaire ! expliqua Marcello en passant un bras dans le dos de Liam et en le secouant à nouveau comme un prunier.
- Attendez, attendez…, dit Liam, après que Marcello l’eut lâché. Vous voulez que Thomas participe ?
- Bah oui pourquoi ? demanda Marcello, intrigué.
- C’est quoi le problème Lili ? ajouta MT.
- Ouais, moi j’veux participer !
Liam les dévisagea un instant.
- Mais euh… Enfin… C’est- c’est dangereux, dit-il, au bout d’un moment, les regardant comme s’ils étaient fous.
- Ouais, comme tous les trucs qu’on fait ou presque, quoi, fit remarquer Marcello, un sourcil haussé.
Thomas avait perdu son sourire.
- Tu vas pas m’empêcher de participer quand même, Liam ! D’habitude, ça te dérange pas, que j’sois là !
- Oui, mais… Mais là, là…, commença Liam, en se relevant, avant de se mettre à arpenter le toit du Unicorn. C’est… C’est pas pareil, c’est la Pacific, c’est plus… C’est plus dangereux, Thomas. Je sais pas si j’veux te voir là-dedans, avoua-t-il. C’est pas une petite banque, il nous faudra beaucoup plus d’otages, beaucoup plus de monde aussi, on peut pas faire ça à 4 ou 5 comme d’habitude… Et… Et les flics seront plus nombreux, plus lourdement armés, aussi, et ils sortiront probablement les blindés, et- et il faut être très organisé, on peut pas improviser comme on a l’habitude, et ça peut vite partir en couilles, la Pacific ça déconne pas…
Marcello s’était levé à son tour, et avait attrapé Liam pour qu’il s’arrête.
- Hey, hey. Qu’est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-il, en prenant son visage entre ses mains, parlant tout bas.
- Euh… Je panique ?
- Y’a pas de raison de paniquer, Liam. Rien n’est encore fait, on va bien préparer ça, ok ? Et je croyais que tu voulais en faire une, de Pacific ? C’est l’un des premiers trucs que tu m’as dit quand je t’ai rejoint à Los Santos, lui rappela-t-il.
- Oui… Oui… Mais…, commença-t-il, le regard fixé sur un point imaginaire au sol.
Mais tout avait changé, depuis. Liam ne savait pas s’il se sentait capable de prendre de tels risques, maintenant qu’il avait une famille, une vraie. A vrai dire, il avait peur. Peur de perdre quelqu’un, Marcello, Thomas, n’importe qui. Il ne voulait pas mettre l’adolescent en danger plus que de raison. Il s’en voulait, parfois, il se disait qu’ils avaient entraîné Thomas plus profondément dans la criminalité avec eux, alors qu’ils auraient peut-être pu encore le faire changer d’avis. Le faire retourner sur le droit chemin, auprès de Julien. Mais maintenant, c’était trop tard. Et Thomas n’était pas un enfant. Il voulait participer, à tout, il détestait être laissé de côté parce qu’il était plus jeune. Liam comprenait ça. Mais il ne voulait juste pas que Thomas meure. Il ne le supporterait pas. Et Marcello. S’il lui arrivait quelque chose… Liam préférait ne pas y penser. Mais il y était obligé, s’ils allaient faire une Pacific.
Et… il avait peur de mourir, aussi maintenant. Ce qui n’était pas le cas avant.
- Liam… Tu peux pas l’empêcher de venir. C’est pas un gosse.
- Mais c’est… C’est notre…
« C’est notre gosse. » Ce gamin, c’était comme leur fils, maintenant. Marcello hocha la tête, doucement.
- Hm… Je sais, amore. Mais c’est ce qu’on a choisi, Liam. Cette vie. Tu veux pas trouver un job dans un bureau, une maison pavillonnaire et troquer tes voitures de sport pour un break familial, si ?
Liam remua la tête de droite à gauche. Il aimait sa vie. Il ne voulait pas qu’elle change, pour rien au monde. Mais c’était difficile, parfois.
Marcello déposa un baiser dans les cheveux de Liam, qui regardait toujours obstinément le sol, avant de l’enlacer.
- Ça va bien se passer, j’en suis sûr. On s’en sort toujours, Lili, lui chuchota-t-il.
- Même si c’est moi qui organise ? demanda-t-il en laissant échapper un petit rire nerveux.
- Ce sera encore mieux, même.
Liam finit par relever la tête, pour offrir un petit sourire à Marcello.
- Ok.
- Ok ?
- On va la faire. On va s’la faire cette Pacific, affirma Liam.
////
Le plan était parfait. Il avait été revu des centaines et des centaines de fois. Tout était calculé au millimètre près. Et Thomas resterait à l’intérieur. Il sortirait seulement à la fin. Le pire qu’il risquait serait un accident lors d’une course poursuite. Les Families étaient au grand complet, avec les Pichon, qui étaient tout aussi enthousiastes de participer. Ils avaient réussi à choper six otages. C’était plus que ce que Liam avait espéré. Liam et Gérard s’occuperaient des négociations. Personne d’autre ne sortirait. Ils avaient posé du C4 partout dans la banque. Si les flics tentaient quoi que ce soit, ils feraient tout exploser, les otages avec. L’excitation et le stress faisaient battre le cœur de Liam à cent à l’heure. Marcello avait le sourire jusqu’aux oreilles. Tout allait bien se passer.
Quand les deux firent exploser le premier coffre de la banque, et que les billets se mirent à déborder, Marcello attira Liam à lui pour l’embrasser.
- Joyeux anniversaire.
- Joyeux anniversaire, Marcello.
Puis Liam repartit. Il gérait ce braquage d’une main de maître. MT l’observait, un sourire fier derrière son masque.
Ils arrivaient bientôt à la fin du braquage. Les sacs étaient remplis à ras bord, il ne restait plus que deux otages. Malheureusement, ces deux otages étaient particulièrement gênants. Ils semblaient s’être mis en tête d’emmerder le plus de monde possible. Liam inspira. Puis expira. Il fallait juste les ignorer. Éviter de les tuer. Pas quand ils étaient si proches de sortir de la banque.
En réalité, les deux otages devaient être défoncés. L’un des deux répétait qu’il ne voulait pas mourir, qu’il ne voulait pas exploser, les yeux injectés de sang.
Liam était à la porte de la banque qui était entrouverte, il criait aux flics ses dernières instructions. Il entendait les chuchotements des otages dans son dos, mais il n’y prêtait pas attention. Jim et Bernard les surveillaient.
Le message avait été clair. Si les Families ne respectaient pas leurs engagements, s’ils touchaient aux otages, c’était feu à volonté. Aucun problème. Personne n’allait tirer. Personne n’allait être blessé ce soir. Mais ce que Liam n’avait pas prévu, c’était que l’un des otages, celui qui répétait qu’il ne voulait pas mourir et qui était visiblement plus rapide qu’il n’en avait l’air, se jette vers la porte pour essayer de sortir. Liam se retourna brusquement pour pointer l’otage et l’empêcher de bouger davantage, sans tirer. Les flics, ayant vu le grabuge, s’étaient mis à viser Liam. Seulement, au moment où Liam enfonçait son arme contre les côtes de l’otage pour le faire rentrer à nouveau, celui-ci tomba, trébuchant sur les marches de l’entrée de la banque. En même temps, le dernier coffre de la banque explosa. Liam eut à peine le temps de se tourner à nouveau vers les flics.
Tout se passa en quelques secondes.
Il eut le souffle coupé. C’est comme si tout l’air avait quitté ses poumons, d’un coup. Ses oreilles bourdonnaient, il n’entendait rien, mais il pouvait voir le capitaine au loin qui criait quelque chose à ses hommes, qui semblèrent baisser leurs armes. Liam baissa les yeux. C’est là qu’il vit. Qu’il vit le sang écarlate, s’écouler abondamment de son abdomen. Son arme lui glissa des mains. Il se sentit tomber en arrière, mais il avait l’impression que le temps s’était ralenti. Il percevait le mouvement autour de lui, la panique. Ses oreilles sifflaient maintenant, mais il ne savait pas si c’était lui, ou si c’était les hurlements de la personne qui s’était précipitée à ses côtés. Difficilement, il essaya d’appuyer sur la blessure, mais ses forces le quittaient rapidement. Sa vision se troublait aussi, mais il arriva à reconnaître le visage paniqué de Marcello, au-dessus de lui. Il fut traîné à l’intérieur, alors qu’il était encore à moitié à l’extérieur de la banque, dans une position très inconfortable. Le haut de son corps fut surélevé, afin de reposer sur les cuisses de Marcello, qui se mit à appliquer de la pression à son tour sur la plaie, qui n’arrêtait pas de saigner. Il semblait crier des ordres à qui voulait bien l’écouter. MT hurlait aux flics d’amener un médecin, Thomas semblait figé, et Bénédicte s’était assise à côté de Marcello et avait saisi la main de Liam, qui était pleine de sang.
Liam essaya de parler, mais sa voix était tellement basse que Marcello dut se pencher pour entendre. Il voulait qu’ils se barrent. Qu’ils profitent du bordel ambiant pour le laisser et emporter le fric. Un médecin viendrait de toute façon. Marcello l’engueula, l’insulta même, lui dit qu’il était complètement fou, qu’il était hors de question qu’ils le laissent. Liam lui dit que s’il mourait, il ne voulait pas que ce ne soit pour rien, il ne voulait pas que ce braquage soit un fiasco. Tout était si bien parti… Tout avait été presque parfait… Marcello lui répliqua qu’il n’allait pas mourir. Puis il ordonna aux Pichon de partir et d’emmener Thomas avec eux, qui était encore sous le choc.
Dehors, les sirènes retentirent, et les pneus crissèrent sur le bitume. Liam voulait juste qu’ils le laissent, qu’ils s’enfuient. Mais aucun des Families n’allait l’abandonner, et Thomas avait dû être emmené de force. Liam ne quittait pas Marcello des yeux, il avait peur que ce soit la dernière fois qu’il le voyait. Il délaissa la main de Bénédicte pour aller la poser mollement contre la joue de Marcello en y laissant une trace de sang, avant de la laisser retomber.
- Ça va aller, Liam. Ça va aller, ok ? Tout va bien se passer, j’te l’promets.
- Hm…
- Reste avec nous. Ne ferme pas les yeux, faut surtout pas que tu t’endormes, indiqua Marcello, en appuyant encore plus sur la plaie.
Deux médecins entrèrent dans la banque, après un temps qui avait semblé interminable. L’un des deux était le docteur Martino, il s’occupa des deux otages restants, qui n’avaient rien, et les fit sortir de la banque, tout en lâchant une floppée d’insultes, et de menaces de « coups de fer 9 ». L’autre médecin était le docteur Maison. Il évalua la situation, et appela des renforts, afin de pouvoir transporter Liam rapidement aux urgences. Liam avait perdu beaucoup de sang, il était sur le point de s’évanouir. Lorsqu’il fut transporté sur le brancard pour entrer dans l’ambulance il réussit néanmoins à indiquer au docteur qu’il voulait que Marcello l’accompagne en tirant avec insistance sur sa manche. Il ne voulait pas se retrouver tout seul dans cette ambulance, ni à l’hôpital. Il voulait que Marcello lui tienne la main, qu’il continue de lui dire que tout allait bien se passer, même si c’était faux. Un masque à oxygène fut placé sur son visage, mais il eut l’impression d’encore moins bien respirer avec. Le médecin le calma, de son ton sérieux et posé, il lui expliquait ce qu’il faisait, même si Liam ne comprenait pas tout. Il fallait d’abord voir si la balle pouvait être extraite, puisqu’elle n’était pas ressortie. Il allait probablement devoir être endormi, et opéré. Liam sentit la panique monter en lui, ce qui fit s’affoler l’électrocardiogramme à côté de lui.
Marcello, installé à côté de lui, lui prit la main et se remit à lui parler. Liam tenta tant bien que mal de se concentrer sur sa voix. Tout ce qu’il arrivait à voir, c’était le sang sur son visage et ses vêtements. Son sang.
- Calme-toi, Lili. Ça va aller. C’est des professionnels, ok ? Ça arrive tout le temps à Los Santos, cette ville de fous, hein, doc ? Des blessures par balle ?
- Bien sûr, répondit distraitement le docteur Maison, en continuant de s’affairer.
Liam ne savait pas s’il disait ça pour le rassurer ou si c’était vrai, mais même si ça ne l’était pas, le mensonge était le bienvenu.
Ses paupières étaient lourdes. Il savait qu’il devait lutter contre le sommeil, mais c’était de plus en plus dur.
- Ne vous endormez pas, cher ami. On est presque arrivés. Continuez de lui parler, s’il vous plaît, monsieur Capone.
Marcello continua de lui parler, de tout et rien, du braquage, de comment Thomas s’en était sorti comme un chef, tout en lui glissant entre deux des « ça va aller » ou des « tout va bien se passer ». Alors que Liam fermait les yeux, et qu’il n’arrivait plus à les rouvrir, car dormir était trop tentant, Marcello sut ce qu’il devait dire pour le réveiller.
- Liam. Liam. Réveille-toi.
Le docteur Maison mit des petites tapes sur les joues de Liam pour le réveiller. Le rythme de son cœur était de plus en plus faible. Le médecin faisait preuve de sang-froid, et ne laissait rien paraître. Aucun des deux n’avait remarqué quoi que ce soit.
- Liam, reste éveillé. Tu vas pas mourir, d’accord ? Tu vas pas mourir, et tu sais pourquoi ?
Faiblement et extrêmement lentement, Liam fit « non » de la tête, le masque l’empêchant toujours de parler.
- Parce qu’on n’a pas encore eu le temps de se marier, Liam.
Avait-il bien entendu ? Était-il mort ? Avait-il des hallucinations ? Il fronça les sourcils.
Marcello eut un petit sourire penaud, avant de serrer encore plus la main de Liam dans la sienne.
- Je voulais te faire la surprise… Après le braquage, je… Je voulais te demander de m’épouser…, avoua-t-il en fouillant un instant dans la poche intérieure de sa veste, pour en sortir une petite boîte.
Cela eut pour effet de faire repartir le cœur de Liam.
- Attention cher ami, vous allez lui faire faire une crise cardiaque, et ce n’est pas ce que nous souhaitons, plaisanta le docteur Maison.
Marcello sourit au docteur avant de regarder à nouveau Liam.
- La surprise est un peu ratée, je crois, rit-il légèrement. Liam. Liam, regarde-moi.
Liam avait la tête qui tournait. Il ne savait pas si c’était ce que Marcello venait de dire, ou la perte de sang. Probablement les deux. Il tenta de se concentrer à nouveau sur le visage de Marcello, qui était plus flou que jamais.
- Est-ce que tu veux m’épouser, Liam ? lui demanda-t-il doucement en ouvrant la boîte, révélant un anneau doré.
Liam avait envie de rire, et de pleurer. C’était une blague, n’est-ce pas ? Marcello le demandait en mariage, et il n’allait peut-être même pas survivre à cette nuit. Tant bien que mal, il hocha la tête, lentement. Marcello lui offrit un sourire un peu tremblant, ou peut-être étaient-ce ses yeux qui étaient mouillés et qui brouillaient encore plus sa vue, avant de lui passer la bague sur sa main pleine de sang séché. Il la porta ensuite à ses lèvres pour l’embrasser.
Enfin, ils arrivèrent aux urgences. Liam fut transporté à l’intérieur, poussé par le médecin urgentiste qui les avait conduits jusqu’ici, le docteur Maison d’un côté, Marcello de l’autre. Malheureusement, on demanda à ce dernier de rester à l’accueil, car Liam allait être opéré. Contre son gré, il lâcha la main de son fiancé, et le regarda s’éloigner.
- Liam, tu peux pas mourir, d’accord ? lui cria-t-il. On doit encore se marier alors tu peux pas- t’as pas le droit de mourir !
Liam sortit de son champ de vision. Marcello se laissa tomber sur une des chaises en plastique inconfortables de l’accueil des urgences. A peine quelques minutes plus tard, Bénédicte et MT firent irruption dans l’hôpital. Ils cherchèrent Marcello des yeux un instant avant de se précipiter vers lui.
- Ça va ? Il est comment ? lui demanda MT.
La gorge serrée, Marcello avait usé de toute son énergie pour parler à Liam dans l’ambulance, et plus aucun mot ne daignait sortir, alors il fit un signe négatif de la tête. Puis, à l’expression d’horreur qui se dessinait sur les visages de ses amis, il comprit que cela pouvait porter à confusion. Alors, il se força à parler.
- Non, non, je... Pardon, je sais pas. Il va se faire opérer.
- Oh putain, tu m’as fait peur Luigi.
Ce dernier souffla du nez, avant de renifler.
- Désolé boss.
- T’es plein de sang, lui dit Bénédicte en sortant un mouchoir pour frotter vainement le visage de Marcello.
Puis, elle vit la petite boîte que Marcello serrait dans sa paume. La surprise se peignit sur son visage.
- Tu… Tu lui as demandé ?
- Hm.
- Et… ?
- Il a dit oui.
Bénédicte se précipita à son cou pour le serrer dans ses bras.
- C’est génial ! C’est super Marcello !
- Félicitations, mon frère, lui dit MT en lui donnant une tape dans le dos.
Marcello avait un peu de mal à se réjouir, pour le moment.
- Pourquoi tu fais cette tête ? lui demanda Bénédicte.
- On sait même pas si… On sait pas si…, commença-t-il, sans parvenir à prononcer ces mots.
Les larmes lui montèrent soudainement aux yeux, pour la première fois depuis qu’il avait vu Liam tomber au sol. Elles coulèrent sur ses joues, laissant des trainées rouge pâle sur leur passage.
- Dis pas n’importe quoi, Marcello ! Il va s’en sortir ! Le docteur Maison est le meilleur ! T’inquiète pas, ok ?
Marcello hocha difficilement la tête, il voulait croire Bénédicte de toutes ses forces, mais il avait peur.
- Il va sortir de cet hôpital, et quand il sera remis sur pieds, vous pourrez vous marier. Et ce sera fantastique. J’te l’promets.
Bénédicte pouvait y croire pour deux.
////
- En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi, je vous déclare maintenant unis par les liens du mariage ! Félicitations ! Vous pouvez vous embrasser.
Les applaudissements retentirent bruyamment dans l’église. Bénédicte et Thomas pleuraient toutes les larmes de leur corps, alors que Liam et Marcello s’embrassaient. Un peu trop fougueusement, d’après MT, qui leur fit la remarque.
- Wow, wow, wow les reufs, c’est bon vous allez pas faire ça devant le pasteur quand même ?
Liam, les yeux fermés, la bouche toujours collée à celle de Marcello, fit un doigt d’honneur à MT, que ce dernier lui rendit. Le pasteur quant à lui indiqua au chef des Families qu’il « en avait vu d’autres ».
Ce n’était pas un très grand mariage. Tout Los Santos n’avait pas été invité, contrairement à un certain mariage de Vagos… Qui se mariait en même temps qu’un flic, de toute façon ? Enfin, les Families se moquaient, mais quelques policiers étaient bien présents au mariage des deux verts. Officiellement, c’était pour « la sécurité ». Officieusement, Marcello avait absolument voulu inviter le lieutenant Kuck, qui s’essuyait actuellement les yeux, en reniflant de temps à autres. Bien sûr, Kuck était accompagné du capitaine Boid et de Vanessa. Et Panis était là aussi, pour être « en renfort ». Et Chloé Sterling, qui accompagnait « Monsieur Panis ». Elle avait fait des insinuations tout le long du mariage, pour faire passer un message subliminal, que le sergent avait visiblement du mal à comprendre. Peine aussi était là, parce qu’il était « le seul flic compétent de tout ce commissariat qui faisait correctement son travail ». Et Michael, parce que c’était un mariage « a-mé-ri-cain » et que d’après lui on pouvait tirer à l’intérieur de l’église à la fin. Liam avait dit à l’officier Rixzy que s’il osait porter la main à son arme, à son mariage, il lui ferait personnellement bouffer le drapeau américain. Michael était évidemment accompagné de Jean Némard. Sarah Carter se tenait à côté de Franck Peine, et ne cessait d’applaudir, très enthousiaste. Peine lui lançait des petits regards, retenant un sourire attendri. Julien aussi était là, évidemment, mais lui avait été invité par Thomas. Finalement, c’était presque tout le commissariat qui s’était incrusté au mariage. Ils s’étaient d’ailleurs cotisés pour offrir un énorme cadeau de mariage, et aussi pour s’excuser d’avoir failli tuer l’un des mariés.
Liam avait survécu. La nuit où il s’était fait opérer avait été la plus longue que Marcello avait connue de toute sa vie. Toutes ces heures passées, à ne pas savoir. Puis, alors que l’aube pointait le bout de son nez, le docteur Maison avait annoncé à Marcello que Liam allait s’en sortir. Marcello avait lâché quelques larmes, de soulagement cette fois. Thomas, qui avait été autorisé à les rejoindre entre temps, avait sangloté bruyamment. Il avait eu très peur, encore une fois, de perdre sa famille. MT et Bénédicte s’étaient réveillés en sursaut en entendant Thomas, et Bénédicte avait d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Elle avait frappé Thomas en comprenant que Liam n’était, en fait, pas mort du tout.
Liam avait eu besoin de beaucoup de repos. Sa convalescence avait été longue. Mais tout allait mieux, maintenant. A cause de sa situation, et parce qu’il avait été blessé par le LSPD sur un malentendu, il avait échappé à une peine de prison suite au braquage, et Marcello, MT, Bénédicte et Thomas avaient tous eu une réduction de peine. Les Pichon s’en étaient étonnamment tous sortis. Une fois que Liam fut sorti de l’hôpital, les Families avaient fêté cela, et en avaient profité pour partager l’argent. Une bonne partie avait servi à organiser le mariage.
Le LSMS également était présent, et Liam avait encore une fois remercié le docteur Maison de l’avoir sauvé.
- Ce n’est que mon devoir, cher ami. Encore félicitations à vous deux. C’était une très belle cérémonie.
- Ah oui, le docteur Maison c’est vraiment le meilleur hein ! Félicitations aux mariés, d’ailleurs, bien sûr ! Que diriez-vous d’un peu de champagne pour fêter ça ? Normalement c’est 1000 la bouteille bien sûr, mais comme vous m’êtes très sympathique et que c’est votre mariage, j’vous la fais à 800 !
- Quelle générosité, Monsieur Dalmatien…
- Donatien, tout le vin qui est servi ici vient déjà de chez toi, tu vas pas nous arnaquer d’une bouteille en plus, quand même ? demanda Liam, dépité.
- Vous arnaquer ? Moi ? JAM- Tiens, Pichon, vous êtes là vous aussi.
- Ah Dalmatien, t’as été invité…
- Évidemment ! Je suis Donatien de Montazac, je vous rappelle ! Vous avez Alzheimer, monsieur Pichon ?
- Oh, toi alors…
Les nouveaux mariés s’éloignèrent rapidement avant d’être mêlés à ça. Tout le monde vint les féliciter. Bernard leur fit une blague douteuse sur leur nuit de noces. Kuck les félicita en pleurant, et Marcello se mit à pleurer aussi, tout ça en continuant de parler, mais plus personne à part eux ne comprenait ce qu’ils se disaient. Liam et Boid les observaient, déconcertés. Une fois que les larmes furent séchées, Boid les félicita également, tout en s’excusant à nouveau auprès de Liam, au nom de tous ses hommes. Liam lui demanda d’arrêter de s’excuser, sinon il allait lui donner une bonne raison de le faire. Boid lui indiqua que ce n’était pas parce que c’était son mariage qu’il ne pouvait pas l’emmener en cellule.
- Oh arrêtez d’être grognon, mon capitaine ! Vous pouvez pas être heureux pour une fois ? Regardez comme c’est beau, l’amour ! Ça vous fait pas rêver, mon capitaine ? demanda Kuck, de sa voix naise.
Vanessa levait les yeux au ciel tandis que Boid se raclait la gorge.
- Si, si, c’est magnifique, ça fait rêver, ouais. Il pleut là non ?
A nouveau, Liam et Marcello s’éloignèrent discrètement. Le iench les félicita aussi en leur filant de l’ecstasy, 20 000 balles, des préservatifs et du viagra.
- Euh… Merci le iench.
- Oui, merci, merci… Viens on y va, ce chien me fait peur, avait marmonné Liam entre ses dents.
Ils avaient été arrêtés par Marius, qui avait été évidemment invité, mais qui n’avait pas confirmé sa présence.
- Marius ! Je pensais pas que tu viendrais !
- Évidemment que je suis venu, oh, Marcello ! J’avoue, j’ai hésité, mais j’allais pas manquer ça, quand même ! Bravo, hein, dit-il en souriant, avant de se tourner vers Liam. Et toi là. Fais gaffe à ce que tu fais.
- Il va bien ton fiston, Rotarez ? demanda Liam.
- Oh putain… T’as de la chance que c’est ton mariage, espèce d’enfoiré, et qu’il y a des flics partout.
Liam lui fit un sourire poli, quoiqu’un poil hypocrite, avant d’attirer Marcello ailleurs.
La cérémonie étant terminée, la fête put démarrer, dans un mélange d’ambiances italienne et irlandaise, ce qui donnait un rendu assez exotique. Les membres des Families se lâchèrent particulièrement. Heureusement, la cérémonie ne dérapa presque pas. Il y eut tout de même ce moment où MT lança des cocktails molotov et des fusées de détresse et où il faillit se faire arrêter. Il expliqua aux flics que c’était pour remplacer les feux d’artifice et étrangement, ils acceptèrent son excuse sans problème.
Vers 4h du matin, Liam, complètement bourré, surprit Thomas et Julien en train de s’embrasser dans un coin. Il les avait vus, durant la cérémonie, se tenir la main, mais il n’avait rien dit bien sûr. Thomas avait vu son regard et celui de Marcello et avait rougi, tandis que Julien ne remarquait rien. Marcello lui avait fait un sourire rassurant, tandis que Liam avait plissé des yeux.
- OH ! Je crois que j’vais vomir.
- Liam ! s’était écrié Thomas d’une voix aigüe en se détachant de Julien.
- Oh, ah, m’sieur Dunne ! Vous- vous allez bien ?
- C’est Dunne-Capone, gamin, j’te ferais dire, d’abord, mon pote.
- Ah, ah oui, pardon.
- Mais appelle-moi donc Liam puisque-
Il fut arrêté par un hoquet.
- -puisque t’as la langue fourrée dans la gorge de mon fils ! s’exclama-t-il.
- Liam ! répéta Thomas, visiblement scandalisé.
- « Liam ! Liam ! » tu sais dire que ça ? C’est toi qui l’as transformé en perroquet ? demanda-t-il en pointant un doigt accusateur vers Julien.
- Ah mais non, mais non, pas du tout !
- Liam ! s’exclama une autre voix.
- QUOI ? cria-t-il, agacé d’entendre son nom, avant de se retourner et de voir que c’était Marcello. Oh ! Mon époux. Mon mari. Mon conjoint.
Puis il pouffa comme un idiot, avant de manquer de tomber en avant, rattrapé de justesse par ledit mari.
- Qu’est-ce que tu fous, Liam, ça fait une demi-heure que je te cherche !
- Baaaah, j’me balade ! J’prends soin de mes invités ! J’leur demande comment ils vont, et tout…
- En leur vomissant dessus ?
- J’ai pas vomi !
- Pas encore, dit Thomas.
Marcello soupira.
- Presque tous les invités sont partis, Liam. Tu veux pas qu’on y aille ?
- Maaiiis, la fête ! Elle est où la fête ?
- Elle est finie la fête.
- C’est jamais fini la fête ! déclara Liam, avant de marcher d’un pas résolu vers la piste de danse, en ne tanguant presque pas. WOOOOOOH !
- Oh, pitié. Thomas, ça va ? T’as pas trop bu, tu vas pouvoir rentrer ? Sinon MT et Bénédicte sont encore là.
- Euh… Je pensais rester encore un peu… Avec Julien.
- …Ok. Faites attention dans ce cas. Et protégez-vous, hein ! lança-t-il en se retournant.
Il entendit vaguement Julien et Thomas bafouiller et dire que « non mais non enfin, c’est pas comme ça, enfin, qu’est-ce que tu racontes, euh, pff, n’importe quoi l’autre, ici » avant d’être trop loin pour entendre la suite.
Il repartit à la recherche de Liam, qu’il avait déjà perdu de vue mais qu’il retrouva rapidement, assis à même le sol. Marcello le rejoint. Liam laissa lourdement tomber sa tête sur son épaule. Il avait visiblement perdu toute son énergie, aussi vite qu’elle était arrivée. Il bailla.
- Je t’aime, marmonna-t-il.
- Oui moi aussi je t’aime. On devrait rentrer, je pense. T’es plus en état.
- Non mais je t’aime, Marcello.
Liam se décolla de l’épaule de son mari et se tourna vers lui.
- Est-ce que tu comprends ?
- Oui, Liam, je comprends. Je t’aime aussi.
- Même quand j’suis bourré et insupportable ? demanda-t-il.
- Tu vois, tu dois pas être si bourré que ça puisque t’en es conscient. Mais oui, même quand t’es bourré et insupportable.
- Mais est-ce que tu m’aimerais… Si j’étais… Si j’étais… un ver de terre ?
- Ok j’ai rien dit, t’es complètement pété. Euh… Oui ? Tu serais mon ver de terre de compagnie. Allez, tu viens ?
Liam ne répondit pas, et se laissa hisser sur ses pieds par Marcello. Il laissa tomber sa tête contre son torse, passant ses bras autour de sa taille. Puis il se mit à danser, d’un pied sur l’autre, entraînant Marcello avec lui. La musique était beaucoup plus basse, et beaucoup plus calme aussi. Ils dansèrent, lentement, pendant quelques minutes, seuls au milieu de la piste. C’était un peu ridicule, mais aucun des deux ne s’arrêterait, pour rien au monde.
- Ça va ? demanda Marcello, au bout d’un moment, alors que la musique se finissait.
- Hm’oui.
Ils arrêtèrent de danser et restèrent ainsi, dans les bras l’un de l’autre. Marcello embrassa le front de Liam, puis s’écarta un peu, avant de lui demander :
- Tu vas pas vomir dans la voiture ?
- Non…
- Tu vas pas me vomir dessus ?
- Nooon…
Marcello aida alors Liam à sortir, puis à se rendre vers leur voiture et à le faire monter à l’intérieur. L’air frais leur fit du bien à tous les deux. Il fut arrêté par Bénédicte qui lui courait après, ses talons claquant dans la nuit.
- MARCELLOOOO !
Derrière, MT la suivait, toujours aussi tranquillement. Bénédicte s’arrêta devant la voiture des jeunes mariés, essoufflée, les mains sur les genoux, penchée en avant.
- Vous partez ?
- Bah, oui ? On va pas rester là toute la nuit.
- On n'a même pas eu le temps de vous donner votre cadeau !
- Oh… C’est quoi ?
Bénédicte sortit une minuscule boîte d’une poche de sa veste et la lui présenta.
- Allez, ouvre-le, ouvre-le ! C’est de la part de nous tous.
Marcello ouvrit la boîte, alors que Liam ronflait dans la voiture. C’était une clé. Enfin, trois, plus précisément.
- On s’est dit que maintenant que Thomas habite officiellement avec vous, et qu’il allait ramener souvent Julien sans doute…
- M’en parle pas, la coupa Marcello.
- Ce serait mieux d’avoir un peu plus de place, lui dit-elle, tout sourire.
- C’est… C’est un appartement ?
- Eh ouais, Luigi. Il est un peu en dehors du quartier, mais pas loin. Il est un peu plus grand, et surtout moins miteux que le vôtre.
- Bordel, mais fallait pas, oh !
Il les enlaça tous les deux, même MT qui se laissa faire, en ne rechignant presque pas.
- Fallait bien qu’elle serve à quelque chose cette Pacific, mon frère.
Marcello rit. En effet, Liam avait failli y perdre la vie, alors elle avait intérêt à être utile. Il leur souhaita bonne nuit, et leur dit de faire attention à Thomas et Julien qui étaient encore à l’intérieur, avant de monter dans la voiture et de rentrer chez eux.
Arrivés à Forum Drive, Marcello réveilla Liam, qui finit par ouvrir les yeux, difficilement.
Le bras passé autour de ses épaules, Marcello aida Liam à monter les marches jusqu’à leur appartement. Liam était tellement fatigué que si Marcello lui disait qu’ils avaient un nouvel appartement, il n’était même pas sûr qu’il réagisse. Il l’aida à se déshabiller, lui enlevant ses chaussures alors que Liam s’appuyait sur lui, puis lui retirant sa veste de costume et sa chemise, même s’il était déjà très débraillé, ainsi que son pantalon. Liam était tellement silencieux que Marcello avait l’impression qu’il dormait debout. Enfin, le rouquin se laissa tomber sur le lit, et Marcello le rejoignit rapidement, épuisé, mais heureux. Il n’avait même pas eu la force de fermer les rideaux. La lumière de la lune se reflétait légèrement sur l’alliance de Liam. Marcello sourit.
Comme souvent, il avait sa main posée sur le ventre de Liam, plus précisément sur sa cicatrice, là où la balle l’avait perforé. Il sentait la peau qui était légèrement en relief. Parfois, il faisait encore des cauchemars de cette nuit, et lorsqu’il se réveillait, il se penchait sur Liam pour vérifier qu’il respirait encore. Puis, il effleurait sa cicatrice du bout des doigts, pour vérifier que c’était bien ça, une cicatrice, et non pas un trou béant d’où le sang s’échappait indéfiniment, comme dans ses rêves.
Mais tout allait bien. Liam était toujours là, bien vivant, à ses côtés, chaque nuit, et chaque matin.
- Bonne nuit, amore.
Liam soupira de contentement dans son sommeil. Marcello ferma les yeux.
Notes:
J'espère que ça vous a plu ! Merci à vous tous, qui lisez et commentez <3 sans vous les auteur.ice.s de fanfic ne sont rien !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
BISOUUUUUUUUUUUUUUUUUS

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