Chapter Text
En quelques semaines Kelly Severide avait tout perdu, tout cela à cause des allégations d’une femme qui avait décidé d’avoir de l’avancement à ses dépens. Il n’avait pas tout de suite mesuré les implications de l’affaire mais quand il avait été convoqué à l’état-major et qu’il avait constaté que sa parole ne valait rien du tout face à sa réputation de coureur de jupons, il avait dû se rendre à l’évidence, il n’aurait pas gain de cause. Petit à petit ses amis avaient pris leurs distances, tous sauf Shay bien sûr. Elle était son roc, son pilier, elle était tout ce qui lui restait. Et s’il n’avait pas sombré dans l’alcool comme il le faisait à chaque fois qu’il avait un coup dur c’était parce que l’ambulancière veillait au grain.
Le verdict était tombé deux semaines plus tard, il avait été rétrogradé au rang de simple pompier, il gardait sa place dans le camion du Secours 3 mais il ne dirigeait plus l’équipe. Le chef Boden avait assuré l’intérim jusqu’à l’arrivée du nouveau lieutenant. En parlant du chef, il n’avait pas bronché quand la nouvelle était tombée, il n’avait rien tenté pour le défendre tout au long de cette affaire, il s’était contenté de dire qu’il avait les mains liées et de le menacer de lui retirer son commandement s’il essayait de nouveau de s’approcher de celle qui avait porté ces accusations mensongères. Il avait espéré qu’au moins lui et Casey le soutiendraient mais il s’était lourdement trompé.
En tout cas elle avait réussi, elle avait eu une promotion et un poste à l’état-major et sa carrière à lui avait été brisée net par des cols blancs qui s’inquiétaient plus de la mauvaise publicité que cette affaire pourrait leur apporter que de la vérité. Alors petit à petit Severide s’était refermé sur lui-même, il ne parlait plus à personne, il ne s’asseyait plus à la table des secours, ni à celle de la salle commune, il ne prenait plus ses repas avec les autres. Il restait le plus souvent dans le dortoir, assis sur le lit qu’il s’était vu attribué après sa rétrogradation. Il passait son temps à faire des mots croisés, des mots fléchés ou à lire un livre. Dès que la nuit tombait et que le reste de l’équipe venait prendre son quartier dans le dortoir, il quittait l’endroit et allait se réfugier dans la pièce où leur matériel était rangé. Personne mis à part Shay ne s’était aperçu de ce petit manège.
Le nouveau lieutenant prenait un malin plaisir à humilier Severide dès que l’occasion se présentait. Il le traitait comme s’il était un stagiaire, lui faisait nettoyer le camion, le matériel sans aucune aide de ses camarades. Même pendant les interventions, il le laissait souvent en arrière à tenir les cordes ou en charge d’apporter le matériel, cela faisait des semaines qu’il n’avait pas vu un feu ni une victime de près. A la grande surprise de tous qui s’attendaient à une explosion de protestations de sa part, il ne disait rien, il obéissait aux ordres silencieusement. C’était à croire que tout esprit de combativité l’avait abandonné. Il prenait sa garde, évitait tout le monde, effectuait son travail et rentrait chez lui sans avoir décroché plus de deux mots en vingt-quatre heure.
Un jour après sa garde alors qu’il était en train de se changer, il reçut un coup de poignard un plein cœur. Une partie de sa soi-disant famille était en train de parler de sa situation.
— De toute manière ça devait arriver un jour ou l’autre, dit Otis, il couche avec tout ce qui bouge.
— Peut-être mais ce n’est quand même pas juste, répliqua Herrmann, en essayant de prendre la défense de l’ancien lieutenant.
— Je suis même étonné que ce ne soit pas arrivé plus tôt, répondit Cruz, fermant la porte de son casier. Peut-être que maintenant il montrera un peu de respect envers les femmes.
— C’est exactement à cela que je pensais. Je ne pensais pas qu’il serait capable d’aller aussi loin, fit Hadley.
— Ça t’étonne, regarde ce qui s’est passé avec Nicki, c’est bien à cause de son comportement que la pauvre a démissionné, dieu sait ce qu’il lui a fait subir pour qu’elle en arrive là.
— N’empêche que ce n’est pas une raison, c’est un excellent pompier, dit Herrmann
— Vous êtes trop gentil Herrmann, ce genre de personne il faudrait les castrer, les mettre en prison et jeter la clé, déclara avec aplomb le nouveau lieutenant.
Severide n’en croyait pas ses oreilles. Sa propre famille le croyait coupable. Il n’avait même pas droit au bénéfice du doute. Une larme roula sur sa joue et il sortit du vestiaire sans bruit. Personne ne s’était aperçu de sa présence, personne mis à part Shay qui était juste à l’entrée. Elle avait entendu une partie de la conversation, elle était furieuse et était sur le point d’aller leur dire sa façon de penser. Il lui fit un signe de tête pour lui signifier de laisser tomber. Elle soupira et tous les deux sortirent de la caserne en silence.
Une fois dans l’appartement, il attendit que Shay rejoigne sa chambre puis il se laissa tomber sur le canapé, se prit la tête entre les mains et laissa enfin couler les larmes qu’il retenait depuis des jours. En haut de l’escalier, Leslie regardait son colocataire avec tristesse. Elle secoua la tête et se demanda ce qu’elle pouvait faire pour l’aider. C’est alors qu’elle eut une idée, Kelly allait sûrement lui en vouloir de se mêler de ses affaires mais ils avaient besoin d’aide et lui avait besoin de soutien et de réconfort. Elle entra dans sa chambre, prit son portable et chercha la personne dans sa liste de contact. Au bout de trois sonneries, une voix de femme répondit.
— Allo ?
— Salut c’est Leslie
— Salut ma belle qu’est-ce qu’il y a ? Il est arrivé quelque chose à Kelly ?
— On peut dire ça. Il ne va pas bien et il a besoin de ton aide.
— Tu me fais peur Shay ! Que se passe-t-il ?
— Tu as un peu de temps ?
— Oui je commence mon service un peu plus tard aujourd’hui.
La jeune femme raconta dans les détails tout ce qui s’était passé ces dernières semaines, tout ce que Kelly ne lui avait pas dit pour ne pas l’inquiéter. Dire qu’elle était furieuse était un euphémisme.
— Ok Shay, envoie-moi toutes les infos que tu as sur l’affaire, je vais l’étudier de près. Je vais voir mon patron de ce pas, je suis sûre qu’il ne me refusera pas quelques jours de congés, je prends l’avion le plus vite possible, je t’enverrai les infos de mon vol dès que je les aurais.
— Merci.
— Tu plaisantes ! Je n’arrive pas à croire qu’il ne m’ait rien dit de ce qui se passait vraiment
— Tu sais comment il est !
— Oui justement et je pensais qu’il avait dépassé le stade où il devait me protéger à tout prix.
— C’est dans ses gênes, tu ne le changeras pas de sitôt.
— Tu as raison, je te rappelle dès que j’ai des nouvelles.
Shay raccrocha soulagée. Connaissant son amie, elle allait mettre le feu aux poudres et gare à celui qui serait assez stupide pour se mettre en travers de son chemin.
A New York, au laboratoire de police scientifique, Jessica Ann Wardfield se dirigea vers le bureau de son supérieur d’un air décidé. Elle toqua et entra sans attendre la réponse.
— Mac ?
— Qu’y-a-t-il ? Vous n’avez pas l’air dans votre assiette.
— Il y a de quoi ! J’aurais besoin d’un énorme service. Je dois absolument aller à Chicago pour régler une affaire.
— Laissez-moi deviner, il n’y a qu’une seule personne qui vous met dans un état pareil : Kelly Severide.
— Exact, il se trouve qu’il a de gros problèmes et qu’il n’a pas jugé bon de m’en informer.
— Alors qui ?
— Shay bien sûr.
— De combien de temps avez-vous besoin ?
— Autant que vous pourrez me donner, je ne connais pas encore l’étendue des dégâts mais si ce que Shay m’a raconté est aussi grave que je le pense, il va me falloir beaucoup de chance et d’huile de coude pour le sortir du pétrin.
— Je comprends, je peux vous mettre en congé dès demain soir après votre témoignage dans l’affaire Stratton.
— Merci Mac.
— De rien, n’hésitez pas si vous avez besoin d’aide. Toute l’équipe sera heureuse de vous donner un coup de main.
— Je le ferai. Je retourne au labo j’ai encore quelques analyses à finir avant de préparer mon voyage.
L’inspecteur sortit du bureau le cœur plus léger. Elle retourna à son plan de travail pour lancer plusieurs analyses. Elle soupira tout en préparant les échantillons à tester. Elle vit sa collègue Lindsey Messer passer devant le labo où elle travaillait et elle l’interpella.
— Linds ! Tu as une minute ?
— Oui bien sûr, que se passe-t-il ?
— Ecoute je dois partir en urgence pour Chicago pour régler une affaire importante.
— Je suppose que ça concerne Kelly. Il n’y a que lui pour te mettre dans tous tes états. Qu’est-ce qu’il a fait cette fois ?
— Rien, c’est bien ça le pire. Shay doit m’envoyer toutes les infos qu’elle a et j’aimerai avoir ton avis avant mon départ.
— Et tu pars quand ?
— Après demain, je dois aller témoigner demain au tribunal
— L’affaire Stratton ?
— Oui c’est cela. Tu pourras reprendre mes dossiers en cours ?
— Tu travailles sur quoi ?
— Un cambriolage qui a mal tourné, la femme du propriétaire a été tuée.
— Mais… Je sens qu’il y a un mais…
— La manière dont la fouille de la maison a été menée ne colle pas avec une scène de crime typique d’un cambriolage. C’est trop… Parfait…
— Tu penses que c’est le mari qui a fait le coup ?
— C’est une possibilité que je n’ai pas encore écartée.
— D’accord, pas de problème.
L’ordinateur bipa signalant l’arrivée d’un mail. L’inspecteur l’ouvrit et commença à examiner les pièces jointes. Elle fut éberluée de voir l’inconsistance des arguments, la faiblesse des preuves présentées et pourtant cela avait suffi pour que Severide perde son grade et son poste. Elle sentit la colère monter.
— Non mais c’est une blague ! murmura-t-elle en passant d’un document à l’autre.
— Quoi ? demanda Lindsey.
— Attends, je vais tout imprimer. Tu vas voir c’est de la folie furieuse. Je sens qu’il y en a qui vont avoir des problèmes parce qu’ils vont avoir affaire à moi.
— Ne fais rien que tu puisses regretter.
— Je ne ferai rien que tu ne ferais pas une fois que tu auras lu le dossier. Tu sais ce qui est pire ? C’est que tous ses collègues, sa soi-disant famille de la caserne 51, et bien ils lui ont tous tourné le dos. D’après Shay, personne ne l’a soutenu, sauf peut-être son représentant syndical et encore c’était parce qu’il était obligé.
— Tu plaisantes ? Je croyais qu’ils étaient soudés.
— Dans tes rêves ma grande, il semblerait que dans cette caserne il y ait deux poids, deux mesures. Je suis sûre que si ça avait été Casey qui avait été mis en cause les choses ne se seraient pas passé de la même manière.
Jess alla à l’imprimante et prit le dossier qu’elle venait d’imprimer et le tendit à Lindsey. Celle-ci en lut le contenu rapidement et regarda son amie avec stupéfaction.
— Ils sont sérieux là ? demanda-t-elle.
— Oh que oui !
— T’as raison, rentre-leur dedans ! Au fait une de mes anciennes amies de fac a déménagé à Chicago il y a quelques années, elle travaille pour la police, elle s’appelle Erin Lindsay, tu devrais l’appeler elle pourrait te trouver des infos supplémentaires.
— Merci je le ferai, je pense qu’on va avoir besoin de toute l’aide possible.
— T’inquiète pas, on va le tirer de là et j’espère que cette pétasse va pourrir en enfer.
— Amen ma sœur.
Jessica avait hâte de retrouver Kelly. Cela faisait presque deux mois qu’ils ne s’étaient pas vus. Ils se parlaient quasiment tous les jours sauf quand il était de garde. Elle devait admettre qu’il était doué pour lui cacher la situation, elle n’avait rien vu venir. Ce pompier à l’air froid et insensible s’était révélé être quelqu’un de sensible et gentil. Cela n’avait pas été facile. Il lui avait volé son cœur au premier regard même si elle n’avait pas voulu l’admettre. Elle aurait pu se noyer dans ses yeux bleus et elle fondait littéralement quand il avait ce sourire mutin qui faisait briller son regard. Le chemin avait été semé d’embûches, mais finalement ils avaient réussi à se trouver. Cela faisait presque deux ans que les deux tourtereaux maintenaient une relation à distance en toute discrétion. Dès qu’il en avait l’occasion, il venait passer quelques jours à New York et elle le rejoignait à Chicago dès que son emploi du temps le lui permettait. D’ailleurs il était prévu qu’il vienne à New York pour leur deuxième anniversaire.
Notes:
N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez... Je suis ouverte à toute suggestion...
Chapter 2
Notes:
Voilà la suite des aventures de mon pompier préféré. C'est bien connu, on ne martyrise que les personnages qu'on aime.
Vos commentaires sont les bienvenus et attendus avec impatience, cela m'aiderait grandement pour la suite à donner.
Alors attachez vos ceintures et enjoy the ride
Chapter Text
Quarante-huit heures après l’appel de Leslie, Jessica Ann embarqua sur le premier vol en partance de la journée. Dans quelques heures, elle serait enfin sur place. La seule chose qui l’embêtait un peu c’était que Shay ne pouvait pas venir la chercher à l’aéroport, elle était de garde. Elle avait réservé un taxi et il était convenu qu’elle retrouvait l’ambulancière à la caserne. Toutes deux avaient décidé de ne dire à personne les liens qui l’unissaient à Severide. Officiellement elle était une amie de Leslie qui venait lui rendre visite, Shay avait même obtenu la permission du chef Boden pour que Jessica puisse passer les gardes à la caserne sous prétexte que l’appartement n’était pas vraiment adapté à une personne en fauteuil. Cela permettrait à la jeune femme de garder un œil sur tout ce petit monde.
A la caserne, Leslie regardait régulièrement sa montre. Elle bouillonnait littéralement d’impatience.
— Mais qu’est-ce que tu as ? demanda Dawson. On dirait que tu es montée sur ressorts.
— L’une de mes meilleures amies vient me rendre visite, elle ne devrait pas tarder à arriver. Tu verras c’est la meilleure !
— Ça fait longtemps que tu ne l’as pas vue ?
— Quelques mois, elle est flic à New York alors elle a un emploi du temps aussi rempli que le nôtre et beaucoup plus chaotique.
— Ah bon et elle travaille dans quel service ? demanda Otis soudain intéressé.
— Elle travaille au labo de police scientifique de New York, elle fait partie d’une des meilleures équipes.
— Et elle est jolie ?
— T’emballe pas Otis, elle est déjà prise, le stoppa net Leslie.
— Ah ben au moins comme ça Severide se tiendra à carreau, lança Cruz.
— Qu’est-ce que tu sous-entends Cruz ? demanda Shay en foudroyant le pompier du regard.
— Ben quoi tu sais très bien comme nous tous que c’est un coureur de jupons, alors ça ne m’étonnerais pas qu’il lui fasse son grand numéro.
— Et après ? En quoi ça te regarde ? On dirait que c’est toi qui es affecté par cette histoire ? Mais que je sache ce n’est pas toi qui a été mis en cause par une nana qui voulait prendre sa revanche parce qu’elle s’est fait virer avec perte et fracas et non contente de bousiller la carrière de Severide, elle a réussi à retourner tous ses soi-disant amis contre lui. Tu crois vraiment qu’il n’est pas au courant de se qui se dit derrière son dos ? He oui, il vous a entendu l’autre jour dans le vestiaire. Vous faites une belle brochette tiens, vous ne valez pas mieux que cette nana.
— Shay…
— Quoi Shay ? Ça vous fait mal d’entendre la vérité ?
Sur le moment personne ne répondit. Ce qui avait commencé comme une conversation anodine tournait à l’affrontement et l’ambulancière n’était pas femme à se laisser faire, ni à avoir sa langue dans sa poche. Le lieutenant Caldwell, lui, ne résista pas à son envie d’escalader encore la situation.
— La vérité c’est que votre petit copain Severide est un violeur en puissance. Il aurait dû être fichu à la porte. Il a de la chance d’avoir encore un boulot. De toute manière rien ne se serait passé s’il avait su garder ses bijoux de famille dans son pantalon, fit-il en souriant.
— Ah bon ? Et vous lieutenant, avez-vous gardé vos bijoux de famille dans votre pantalon quand vous avez raccompagné la petite rouquine hier soir ? répliqua Shay avec une fureur à peine contenue. Sans compter, votre incapacité à comprendre le mot non. Vous savez la blonde que vous avez harcelée avec votre technique de drague aussi lourde qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine et qui vous a dit non au moins trois fois avant que vous ne vous rabattiez sur la rouquine.
— Quoi ? Mais comment…
— Il se trouve que la jolie blonde est aussi ma petite amie du moment et elle m’a raconté avec beaucoup de détails la manière dont vous avez ignoré ses différents refus. Alors lieutenant ? Vous ne valez pas mieux que tous ces cols blancs. Severide couche peut-être à droite et à gauche mais lui au moins il respecte les femmes, pouvez-vous en dire autant ?
— Je ne vous permets pas !
— Oh mais je n’ai pas besoin de votre permission et si vous voulez me coller un blâme ne vous gênez pas, je me ferai un plaisir de répéter cette histoire à qui voudra bien l’entendre, assena Shay avec un sourire sarcastique.
— Que se passe-t-il ici ? demanda Boden en entrant dans la pièce. On entend vos cris jusqu’au bout du couloir.
— Rien chef, répondit Shay toujours en souriant, le lieutenant et moi avons une divergence d’opinion.
Sans plus rien ajouter, elle sortit de la salle commune laissant le reste de l’équipe pantoise. Ils n’avaient jamais vu la secouriste aussi en colère mais certains devaient admettre qu’elle avait de vraies raisons pour l’être. Soudain ils entendirent quelqu’un applaudir.
— Je savais que tu n’avais pas ta langue dans la poche mais c’est la meilleure répartie que j’ai entendue depuis longtemps ! s’exclama Jessica en faisant rouler son fauteuil plus près de son amie.
— Jess ! Enfin tu es là !
Dans la salle commune, les pompiers regardaient avec curiosité la jeune femme qui venait d’arriver. Elle portait un pantalon noir, un anorak bordeaux d’où dépassait un col roulé beige. Son teint clair contrastait avec ses cheveux noirs ébène qui lui descendaient dans le bas du dos et étaient simplement retenus par un large ruban en velours noir. Son sourire éclairait son visage et ses yeux bleus pétillaient avec amusement.
— Chef, laissez-moi vous présenter l’une de mes meilleures amies, Jessica Ann Wardfield. Merci de la laisser passer mes gardes ici à la caserne.
— Enchanté, fit le chef Boden avec sa grosse voix. Vous êtes la bienvenue.
— Merci, ne vous inquiétez pas chef, vous ne vous rendrez même pas compte de ma présence, je sais me faire toute petite.
— Où sont tes bagages ?
— Le taxi les a laissés près de la grande échelle.
— Je vais les chercher, fit Casey qui sauta sur l’occasion d’échapper à l’atmosphère pesante qui régnait dans la salle commune.
— Tu pourras les mettre près de mon lit s’il te plait, Casey ?
— Pas de soucis.
— Allez viens, on a beaucoup de choses à se dire, fit Shay en se dirigeant vers le dortoir et en ignorant royalement les membres du 51.
Kelly était en train de faire des mots croisés quand il entendit la voix de Shay et celle de la personne qu’il ne s’attendait pas à voir à Chicago. Quand elle entra dans la pièce, le pompier laissa tomber son journal. Il ne pouvait pas détacher son regard de celle qui lui avait volé son cœur, c’était grâce à elle qu’il se sentait enfin entier.
— Hey… Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il d’une voix douce.
Il se leva, s’agenouilla devant le fauteuil et l’embrassa tendrement.
— Shay m’a invitée, il paraît que mon meilleur ami a de gros ennuis et il n’a pas jugé bon de m’avertir, répondit-elle en caressant sa joue.
Shay toussota pour leur faire comprendre que ce n’était ni l’endroit ni le moment pour des câlins. Ils se séparèrent à regret. Severide se rassit sur son lit et se passa la main dans les cheveux, il avait du mal à croire qu’elle était là, devant lui.
— Je… Je ne voulais pas t’inquiéter, tu as déjà assez de problèmes à gérer.
— Ecoute Kelly, je suis peut-être en fauteuil mais je ne suis pas impotente. Mes neurones marchent très bien et ils sont très désireux de se mettre au travail parce que je n’ai pas l’intention de repartir pour New York avant d’avoir éclairci toute cette affaire.
— Je ne pense pas que tu puisses y faire quelque chose, ma belle.
— C’est ce que nous verrons, mais…
Elle s’arrêta de parler quand Casey entra avec ses bagages. Elle le remercia chaleureusement. Il n’avait cependant pas manqué de remarquer que la conversation s’était arrêtée net à son arrivée, il comprit bien vite qu’il n’était pas le bienvenu dans le dortoir pour le moment. Il secoua la tête tout en se demandant ce que ce trio atypique était en train de manigancer.
— Le déjeuner sera prêt d’ici peu, dit-il quand il fut à la porte.
— Qui cuisine ? demanda Shay par curiosité.
— C’est au tour de Mills.
— Cool au moins ce sera mangeable, répliqua Leslie avec un sourire un forcé.
Il sortit de la pièce tout en jetant un coup d’œil en arrière. La discussion avait repris de plus belle à voix basse.
— Comme je disais avant d’être interrompue par ton collègue, reprit Jessica, il vaut mieux que personne ne sache que toi et moi sommes un couple. Officiellement je suis une amie de Shay en vacances.
— Elle a raison tu sais. Vaut mieux ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. On ne sait pas vraiment à qui on peut faire confiance après ce qui s’est passé dans le vestiaire l’autre jour.
— Et puis tes collègues seront peut-être plus enclins à discuter avec moi si on les laisse dans l’ignorance.
— Ce n’est pas faux, admit Severide, mais je vais avoir un mal fou à ne pas te prendre dans mes bras et t’embrasser.
— Nous aurons tout le temps de le faire quand nous serons à l’appartement, n’est-ce pas Shay ? dit Jess en riant. Pour le moment, il faut trouver le plus d’info possible sur cette petite nymphomane et ce lieutenant si sympathique.
— Qui ça Caldwell ? demanda Kelly.
— Yep, je ne sais pas pourquoi mais je ne l’aime pas et pas seulement parce qu’il a pris ta place.
— C’est vrai qu’il est spécial. Le male alpha dans toute sa splendeur, répliqua l’ambulancière avec une moue de dégoût. Si on allait manger avant que la sonnerie ne se déclenche ?
— Allez-y, je n’ai pas vraiment faim, fit Kelly en secouant la tête, il n’avait aucune envie de faire face à ses anciens camarades.
— Ok mais je te ramène une assiette et tu vas me faire le plaisir de manger, tu ne peux pas aller en intervention l’estomac vide, fit Shay avec un ton autoritaire.
— Elle a raison tu sais, je n’ai vraiment pas envie d’aller te rendre visite à l’hôpital.
— D’accord, d’accord, répliqua-t-il résigné.
Les filles rejoignirent la salle commune où les autres membres du 51 discutaient tranquillement. Mills venait de finir de préparer le déjeuner et tout le monde se mit en file indienne pour se servir.
— Installes-toi au bout de la table je te ramène ton assiette, fit Shay
— Ok merci. En tout cas, ça sent super bon.
— Mills est un excellent cuisinier.
Casey retira la chaise au bout de la table et Jess manœuvra son fauteuil avec dextérité. Shay s’éclipsa discrètement pour apporter de la nourriture à Severide. Elle revint quelques minutes plus tard, elle se servit et remplit une assiette pour Jess et s’installa à sa gauche, Otis et Cruz sur sa droite, Casey prit place à côté de l’ambulancière, Dawson à ses côtés et le lieutenant Caldwell en face d’eux. Les autres se répartirent sur le reste des places restantes. Le repas commença dans un silence quasi-religieux. Le chef Boden remarqua l’absence de l’ancien lieutenant et fut surpris que personne ne s’en étonne. Ces dernières semaines avaient été bien remplies et il n’était sorti de son bureau que pour les interventions les plus compliquées.
— Alors Jess, comment vont les autres ? demanda Shay.
— Bien, bien, Danny et Lindsey se sont enfin mariés en petit comité. Il était temps, j’ai failli plus d’une fois les enfermer dans le labo d’EDNA pour les obliger à se parler.
— Qui est EDNA ? demanda Shay.
— Pas qui mais quoi. C’est le labo où il y a tous les échantillons organiques ADN pour comparaison.
— N’empêche qu’il était temps, et la petite Lucy ?
— Elle est trop mignonne, Danny en est complètement gaga. Tiens regarde, fit Jessica en lui tendant son téléphone
— Ohhhh elle est à croquer ! s’exclama Shay.
— Fais voir ! fit Dawson
— T’as raison elle est trop mimi. Je ne savais pas qu’il était permis que les couples travaillent ensemble.
— En théorie, ils ne peuvent pas surtout quand ils travaillent comme enquêteurs à la criminelle, aux mœurs, au stups ou dans d’autres services de ce genre, mais ce n’est pas une règle écrite. La police scientifique est un monde un peu à part, les règles y sont plus souples et puis on a de la chance d’avoir un patron compréhensif et qui nous donne un soutien sans faille, répondit-elle en jetant un œil au chef.
— Et tu travailles sur quel genre d’affaire ? Je suppose que ce ne doit pas être simple dans… Enfin… Je veux dire… bredouilla Otis.
— Dans un fauteuil, tu peux le dire je ne vais pas me vexer. Ce qui est bien avec ce travail c’est que même si je ne peux pas aller sur le terrain, je continue à résoudre des affaires et à mettre des criminels derrière les barreaux depuis mon laboratoire.
— Et comment c’est arrivé si ce n’est pas indiscret ? demanda Dawson.
— Gabby !
— Non Leslie laisse. Ce n’est pas un tabou, ni un secret. Ce fauteuil est quelque chose de provisoire, je devrais être sur pied dans deux ou trois mois. Une course poursuite qui s’est mal fini pour moi, j’ai fait un roulé boulé dans des escaliers en poursuivant un suspect. Il m’a tiré dessus et en voulant éviter les balles j’ai perdu l’équilibre et boum badaboum. Me suis réveillée vingt-quatre heures plus tard à l’hôpital. Ce sont les risques du métier, finit-elle en haussant les épaules.
— Certains métiers ne sont pas faits pour tout le monde, répliqua le lieutenant Caldwell avec un sourire sarcastique.
Shay allait répondre mais Jess lui pressa le genou sous la table et lui fit un signe discret.
— C’est clair, tout le monde n’est pas capable de tenir une arme et de tirer sur une autre personne tout en protégeant les personnes alentours pour éviter les dommages collatéraux, ni de faire des analyses ADN, ou de faire des relevés d’empreintes ou de les étudier tout en faisant de la compilation d’informations pour faire des recoupements pertinents, répondit Jess en souriant de plus belle.
Le lieutenant ne sut que répondre, il baissa les yeux et continua à manger en silence. Shay regarda Jess qui lui fit un clin d’œil, elle avait du mal à s’empêcher de rire, elle jeta un œil à Casey qui lui aussi avait du mal à garder son sérieux. Le reste du repas se passa dans le calme, Otis tenta une approche mais Shay lui rappela que son amie était déjà prise et qu’elle avait de la chance d’avoir trouvé l’homme de sa vie. Soudain la sonnerie se déclencha.
« Echelle 81, Engin pompe 51, Secours 3, ambulance 61, bataillon 25, structure en flammes au 6587 Alvin Street »
Tous les pompiers se mirent en action, elle croisa le regard de Severide et lui fit un signe de tête qu’il lui rendit avec un petit sourire. Il s’habilla et monta dans le camion. Tous les engins et l’ambulance partirent toute sirène hurlante à l’assaut du feu. Plus les informations arrivaient, plus Severide était inquiet. Il connaissait l’endroit. C’était un entrepôt désaffecté qui était souvent squatté par des sans-abri et des marginaux. Il savait que le nombre de victimes allait être élevé. En arrivant sur les lieux, Caldwell se rendit compte que cette fois il ne pourrait pas laisser Severide en arrière, l’endroit était trop grand et il allait falloir toute l’aide possible pour sortir les victimes.
Le lieutenant détestait les hommes comme Severide, forts, qui savaient gagner la confiance et le respect de leurs hommes en prenant les mêmes risques qu’eux. Il lui avait fallu un peu de temps mais il avait réussi à briser l’équipe et maintenant même ses hommes ne voulaient plus rien avoir à faire avec l’ancien lieutenant. Ce qu’il ne comprenait pas c’était pourquoi celui-ci ne s’opposait pas à lui, il avait espéré des confrontations à répétition qui lui aurait permis de le renvoyer dans ses foyers, mais Severide encaissait tout sans broncher et cela l’agaçait prodigieusement. La hiérarchie avait été claire avec lui s’il voulait garder son poste au 51, il devait faire en sorte que Kelly démissionne ou qu’il soit renvoyé pour des motifs valables. Malgré cela il aimait être pompier, c’était sa passion, il ne vivait que pour ça mais il n’avait pas les qualités pour diriger une équipe, il manquait cruellement d’empathie et de considération pour ses hommes.
Ils descendirent des camions. Casey, Kelly et Boden analysaient la scène. Des victimes sortaient par leurs propres moyens, mais ils savaient que beaucoup d’autres étaient piégés.
— 81 recherches au rez-de-chaussée, secours 3 à l’étage, engin 51 préparez quatre lignes et recherchez le foyer principal. 61 mettez en place le triage, ordonna Boden. Je n’aime pas cela, il va y avoir trop de victimes, dit-il à l’intention de Casey et de Severide qui se trouvaient à quelques pas de lui.
— Mouch et Herrmann vous prenez le coté nord, Otis et Cruz le coté sud, Mills avec moi, fit Casey en s’avançant vers la fournaise.
— Tony, Capp vous prenez le coté nord, Hadley, Severide avec moi, aboya Caldwell.
Ils s’accroupirent avant d’entrer et mirent leurs masques. La fumée était épaisse et ils ne voyaient pas grand-chose. Ils avançaient lentement tout en demandant aux gens de signaler leurs présences. Sur la droite de l’entrée, des escaliers métalliques menaient au premier étage où une passerelle faisait tout le tour de l’édifice et desservait plusieurs bureaux et plusieurs espaces de stockage. Le lieutenant répartit les zones à explorer et Kelly s’avança avec prudence sur la passerelle qui grinçait et crissait sous la chaleur de l’incendie. Il explorait pièce après pièce, passant les victimes aux autres pompiers de l’équipe des secours qui se chargeaient de les évacuer. La chaleur était intenable et la respiration devenait laborieuse à cause des efforts produits pour dégager les hommes et les femmes piégés dans les différents bureaux. C’était une tâche longue et laborieuse et le temps leur était compté. Le chef Boden demandait des nouvelles à intervalles réguliers et les pressaient de finir leur reconnaissance.
Dehors c’était un chaos organisé. Plusieurs ambulances ainsi qu’une autre grande échelle et un autre engin pompe étaient arrivés en renfort. Shay et Dawson s’occupaient du triage. Un ballet incessant d’ambulances allaient et venaient sans cesse dans un brouhaha incessant. Elles distribuaient des bouteilles d’eau, pansaient des plaies et des brûlures, et gardaient un œil sur leurs collègues qui faisaient des allées et retours en déposant de nouvelles victimes. Un peu à l’écart, la zone noire avait été installée et le nombre de morts ne cessait d’augmenter, on en comptait déjà une dizaine. Shay était inquiète, elle n’avait pas vu Severide depuis qu’il était entré dans l’entrepôt. Tous les autres étaient au moins sortis une fois pour changer leur bouteille d’oxygène. Elle regardait le chef qui faisait les cent pas, elle connaissait ce regard. Il était lui-même inquiet, la fumée devenait plus en plus épaisse et de plus en plus noire, il craignait un embrasement généralisé.
— Boden à toutes les équipes, il ne vous reste plus que deux minutes ! La structure ne tiendra plus longtemps.
Severide était arrivé au dernier espace de stockage encore non exploré. D’un coup de pied, il ouvrit la porte et entra en se baissant. Il pouvait entendre l’alarme de sa bouteille d’oxygène qui était quasiment vide. Il avait essayé de demander au lieutenant l’autorisation d’aller la changer au bas des escaliers mais celui-ci l’avait totalement ignoré. Ne voulant pas s’attirer de nouveaux ennuis, il avait continué son travail de recherche. Il entra en se baissant, les mains en avant, cherchant son chemin dans l’obscurité.
— Pompiers de Chicago, signalez-vous ! cria-t-il à plusieurs reprises.
Son temps était compté, il commençait à avoir du mal à respirer. Dans un coin, il remarqua une jeune femme roulée en boule qui pleurait.
— Hey madame, vous m’entendez, c’est les pompiers, venez, je vais vous sortir d’ici, dit-il sur un ton qu’il voulait calme.
Il tendit la main vers la femme qui le regarda avec frayeur, il sourit à travers son masque.
— Il faut y aller, ça devient dangereux. Allez, venez…
Elle hésita un moment mais finalement elle attrapa la main du pompier. Il la tira vers lui et ils commencèrent leur lente progression vers la sortie et la passerelle. Arrivé juste devant la porte, Severide sentit le sol se dérober sous ses pieds. Il se sentit tomber mais sa bouteille d’oxygène bloqua sa chute. Il était coincé les jambes dans le vide. La femme hurla et tenta de l’aider mais il était trop lourd pour elle.
— Sortez, un de mes collègues est un peu plus loin sur la passerelle. Dites-lui où je suis.
— Je ne peux pas vous laisser.
— Si vous pouvez ! Sortez d’ici ! ordonna-t-il.
— D’accord je vais chercher de l’aide, par pitié tenez bon ! Ne tombez pas.
— Je ferai de mon mieux fit-il en grimaçant, il sentait les flammes lécher ses bottes et le bas de son pantalon.
La femme partit en titubant et en toussant. Quelques mètres plus loin, elle vit un pompier qui sortait d’un bureau. Elle l’interpella, s’agrippa à lui mais elle toussait trop pour se faire comprendre. Hadley l’emmena vers la sortie et ne prêta aucune attention à ses protestations, elle voulait retourner auprès de son sauveur mais elle n’en avait pas la force. Excédé, Hadley la chargea sur son épaule et descendit les escaliers le plus rapidement possible, il était pressé de sortir de cette fournaise. Le lieutenant regarda autour de lui mais ne vit que les silhouettes de Capp et Tony et leur ordonna de descendre. Il avait totalement oublié la présence de Severide dans le bâtiment. Au rez–de-chaussée, l’équipe de l’échelle 81 terminait leur inspection, elle avait sorti trop de victimes qui d’après leur expérience ne survivraient pas à leurs blessures.
— Tout le monde dehors, entendit Casey dans sa radio.
— Vous avez entendu le chef, on y va !
Tout le groupe se dirigea vers la sortie quand Herrmann s’arrêta subitement. Il lui avait semblé entendre quelque chose.
A l’extérieur, Boden faisait mentalement le décompte des hommes qui manquaient à l’appel. Il s’approcha du lieutenant Caldwell d’un pas décidé.
— Où est Severide ? demanda-t-il d’une voix autoritaire.
— Il doit être quelque part là, je suis sûr qu’il est sorti avant tout le monde, si vous voyez ce que je veux dire, je vous l’ai dit on ne peut pas lui faire confiance.
Le chef ne répondit pas, ce n’était ni l’endroit, ni le moment pour dire au lieutenant le fond de sa pensée.
— Boden à Severide ! Répond !
— ……
— Boden à Severide ! Est-ce que tu me reçois ?
— ……
— Echelle 81, est-ce que quelqu’un a un visuel sur Severide ?
Shay était de plus en inquiète en entendant les appels urgents du chef. Elle était furieuse contre le lieutenant Caldwell qui faisait tout son possible pour discréditer Kelly et ne cessait de dire des mensonges dès qu’il le pouvait. La femme qu’elle était en train de traiter, lui attrapa la main et attira son attention. Entre deux quintes de toux, elle essayait de lui expliquer que son sauveur était en danger.
— Tout va bien madame, fit Dawson en replaçant le masque à oxygène sur le visage de sa patiente. Elle ne prêta aucune attention à ce qu’elle prenait pour les divagations d’une junkie.
— Non ! Pompier… Danger… murmura-t-elle. Tombé dans trou !
— Quoi ? demanda Shay. Quel pompier est tombé dans un trou ?
— Pompier… Danger… Ai tenté de le dire à son collègue mais pas écouté…
— Où est ce pompier ?
— En haut ! Dans trou ! Il va tomber !
— Dawson tu t’occupes d’elle !
— Mais où tu vas ?
— T’occupe !
Shay s’approcha en courant du chef qui continuait d’appeler le pompier manquant à l’appel, tout en dirigeant les recherches de l’équipe du 81.
— Chef ! Chef !
— Qu’y a-t-il Shay ?
— Je crois savoir où est Severide ! La dernière victime sortie par les secours dit qu’il y a un pompier en danger, qu’il est tombé dans un trou. Le plancher a dû céder sous son poids.
— Caldwell ! Où est-ce que vous avez trouvé la dernière victime ?
— Je ne sais pas c’est Hadley qui l’a sortie.
— Hadley ! appela le chef Boden
Le pompier approcha en courant. Il n’aimait pas le ton de la voix de son supérieur, il savait qu’il y avait des ennuis à l’horizon.
— La dernière victime que tu as sortie, elle était où ?
— Près de la dernière zone de stockage tout au bout de la passerelle, chef, elle était seule quand elle est venue vers moi.
— Casey, Severide est coincé quelque part au premier étage du coté sud du bâtiment, tout au bout de la passerelle près de la dernière zone de stockage.
— Bien compris on y va, répondit le lieutenant de l’échelle.
— Casey, vous n’avez pas plus d’une minute, si je vous demande d’évacuer vous le faites, me suis-je bien fait comprendre ?
— Compris chef…
Herrmann s’était arrêté. Il était sûr d’avoir entendu une voix appeler à l’aide sur sa gauche. Il s’avança et appela à son tour mais personne ne répondit et soudain la fumée se dissipa un peu, il leva la tête et vit deux jambes se balancer dans le vide à une hauteur de quatre ou cinq mètres et le feu se rapprocher d’elles. Il reconnut aussitôt le pantalon d’une tenue d’intervention de pompier.
— Casey ! hurla-t-il. Je l’ai trouvé !
— Ramène deux lances et avec Otis arrosez-moi ça ! Mills, Cruz avec moi ! Il faut qu’on le tire de là avant qu’il fasse le grand plongeon !
Ils montèrent les escaliers métalliques jusqu’à la passerelle. Ils entendaient l’immeuble craquer sous la chaleur et cela ne présageait rien de bon.
— Casey, pas sûr que la passerelle supporte notre poids, fit Cruz en avançant avec précaution, le métal chauffé par l’incendie semblait se déformer à leur passage
— On n’a pas le choix ! Si Severide tombe, il n’a pratiquement aucune chance de s’en tirer, répliqua Casey.
Kelly désespérait de voir l’aide arriver. Il n’avait plus d’oxygène mais il ne pouvait pas enlever son masque. Il entendait des voix dans la radio mais il n’arrivait pas à comprendre ce qu’elles disaient. Les muscles de ses bras et de son dos étaient tétanisés par l’effort qu’il faisait pour ne pas tomber, il remerciait le ciel que sa bouteille soit coincée sinon il aurait plongé d’au moins cinq à six mètre dans la fournaise. Il luttait de toutes ses forces pour ne pas perdre connaissance, ses poumons le brûlaient et les quintes de toux le laissaient à bout de souffle. Casey fut le premier à voir son camarade et constata qu’il était vraiment à bout de force.
— Kelly ! appela-t-il. Kelly ! Cruz aide-moi !
Les deux hommes prirent le pompier par-dessous les bras et tirèrent de toutes leur force mais celui-ci ne bougea pas. Il était bel et bien coincé.
— Allez, on réessaye, ordonna Casey.
— Attendez, répliqua Mills en sortant un couteau de la poche de sa veste. Tenez-le bien, je vais couper les attaches de sa bouteille.
— Bonne idée, mais dépêche-toi, il ne tiendra plus longtemps.
Après que Mills eut coupé les attaches, Casey et Cruz tirèrent et purent libérer Severide.
— Casey ! Evacuation immédiate ! La structure va lâcher !
— Bien compris, on a Severide, je répète, on a Severide.
Casey et Cruz avait chacun mis un bras de l’ancien lieutenant autour de leur cou tandis que Mills tenaient les jambes. Ils se déplaçaient aussi vite qu’ils le pouvaient.
Chapter 3
Notes:
Je ne suis pas médecin, mes connaissances je les tire des séries médicales que je regarde et de mes recherches sur internet.... Idem je ne suis pas pompier non plus, j'ai fait des recherches pour essayer d'être aussi exacte que possible.... Alors je m'excuse d'avance des imprécisions et des erreurs... Voici la suite des aventures de notre caserne préférée. Attachez vos ceintures et enjoy the ride...
Chapter Text
A l’extérieur, tous les regards étaient tournés vers l’entrée du bâtiment, Otis et Herrmann, venaient de sortir, ils avaient été soulagés quand ils avaient vu les jambes disparaître de leur vue. Dawson regardait la scène les bras croisés d’un air désintéressé, presque irrité, Severide devait toujours être le point de mire de tout le monde. Shay murmurait des encouragements même si elle savait qu’ils ne pouvaient pas l’entendre. Elle avait préparé la civière et était prête à agir au moindre signe. Enfin le petit groupe sortit en courant juste au moment où l’entrepôt céda et s’effondra sur-lui-même, le souffle les projeta à terre. Shay, Dawson et le chef furent les premiers à arriver. Casey, Cruz et Mills étaient en train de se relever tandis que Kelly restait à terre sonné. La première chose que Casey fit fut lui arracher son masque et Leslie lui en posa un autre et ouvrit l’oxygène à fond. Le pompier pouvait enfin respirer entre deux quintes de toux.
— Kelly ! appela l’ambulancière. Ça va ?
— Ça va, répondit-il le souffle court et les yeux dans le vague.
Il trouva la force de s’asseoir. Il ouvrit sa veste, il avait l’impression d’étouffer.
— Emmenez-le au Med.
— Mais chef, protesta l’intéressé.
— Tu vas aller te faire examiner et quand tu reviendras nous aurons une longue discussion sur ce qui s’est passé dans cet entrepôt. Me suis-je bien fait comprendre ?
— Oui chef, murmura le pompier avec résignation.
Dawson et Shay le chargèrent dans l’ambulance et Gabby se mit au volant. A l’arrière Shay surveillait les constantes de son ami. D’après son expérience, il devrait sûrement rester quelques heures à l’hôpital sous oxygénothérapie.
— T’inquiète pas je vais prévenir Jess. Elle ne pourra pas venir te voir si on veut garder le secret sur votre relation mais je ferai en sorte de la maintenir au courant à tout instant.
— Merci. C’est passé un peu trop près à mon goût, dit Kelly entre deux quintes de toux.
— Ouais je sais, mais ce qui m’agace le plus c’est que Caldwell n’était même pas préoccupé par ton absence, si la femme que tu as envoyé vers Hadley ne m’avait rien dit, dieu sait ce qui se serait passé.
— Ça ne m’étonne pas, Caldwell est un con, tout ce qui l’intéresse c’est de grimper les échelons au plus vite.
— Me demande qui le pistonne…
— Je ne sais pas mais il doit avoir de sacrées relations.
— Peut-être que notre amie commune pourra nous en dire plus.
Quand ils arrivèrent au Med, le Dr Halstead et Maggie la chef infirmière les attendaient déjà.
— Pompier 32 ans, inhalation de fumée, possible blessures au niveau des côtes, tension 9/6, saturation à 89%, récita Shay.
— Salle numéro 3, les dirigea l’infirmière en chef.
L’équipe transféra Severide sur le brancard de la salle de soin, une infirmière coupa son tee-shirt tandis qu’April Sexton lui remit un masque à oxygène et le rattacha à un moniteur cardiaque. Will interrogea son patient qui lui rapporta brièvement ce qui s’était passé. Une radio des poumons fut prise mais heureusement elle ne montrait pas dégâts importants. Le médecin l’ausculta, et grimaça en voyant les hématomes qui étaient en train de se former sur la cage thoracique de son patient.
— On peut dire que vous avez de la chance, fit Will Halstead. Vos poumons sont un peu irrités mais c’est normal, vous avez inhalé pas mal de fumée. Au vu des hématomes dus à votre chute, vos côtes vont être sensibles pendant quelques jours.
— Mais je vais pouvoir reprendre mon service ? demanda Kelly inquiet.
— Vous le pourrez dans quelques heures, une fois que votre saturation sera remontée au-dessus de 95%. Pour le moment, vous restez tranquille et vous gardez votre masque sur votre visage.
— D’accord, répondit-il en soupirant, il n’aurait visiblement pas gain de cause.
Le médecin sortit du box et trouva les deux ambulancières en train de finir de remplir la paperasse.
— Alors doc ? demanda Shay nerveusement.
— Il a de la chance, il a des bleus et des bosses, je vais le garder sous oxygène quelques heures jusqu’à ce que sa saturation revienne à la normale. Il devrait retourner à la caserne avant ce soir, expliqua Will. Ecoutez, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais je commence à connaître un peu Severide et il me semble un peu nerveux et en même temps effacé. Tout va bien au 51 ?
— Tout va aussi bien que possible, répondit Leslie avant que Dawson ne puisse faire une remarque déplacée. Disons qu’il traverse une passe difficile en ce moment.
— D’accord, gardez un œil sur lui, conseilla Will.
— Ne vous inquiétez pas doc, je veille au grain.
Jessica se sentait nerveuse depuis l’appel de Shay. Kelly était au Med et elle ne pouvait pas aller le rejoindre sans révéler leur relation. Quand elle avait vu les camions rentrer au bercail, elle avait été soulagée, mais le soulagement avait été de courte durée. Elle avait vu le chef et le lieutenant Casey revenir le visage fermé. Elle savait que quelque chose avait dû se passer et elle comprit assez rapidement que ce quelque chose concernait Kelly puisqu’il manquait à l’appel. Quand Shay l’avait appelée, elle avait eu toutes les peines du monde à garder son calme. Et maintenant elle ressemblait à un lion en cage, elle essayait vainement de se concentrer sur les dossiers d’affaires non classées que Mac lui avait confiés, il espérait qu’un œil neuf pourrait apporter de nouvelles pistes, mais elle n’y arrivait pas, elle entendait en boucles les mots de Leslie qui se voulaient rassurant. Enfin l’ambulance se gara dans le garage et les filles entrèrent dans la salle commune. Pratiquement toute l’équipe était là, les uns lisaient le journal, les autres discutaient ou grignotaient pour passer le temps. Dawson alla se servir un café tandis Shay alla s’asseoir à coté de Jessica.
— Shay comment va Kelly ? demanda Herrmann.
— Il a eu de la chance, ils vont le garder sous oxygène pendant quelques heures parce que sa saturation est un peu basse. Sinon il s’en tire avec des bleus et des bosses.
— Ah ben tant mieux, je préfère ça.
Les sorties se multipliaient, accidents domestiques, accidents de voitures, les malaises. Jessica observait tout ce petit monde et prenait des notes sur le comportement des uns et des autres. Elle se demandait à qui elle pouvait faire confiance : le chef Boden, possible, Casey, possible, Cruz, non, Otis, non plus même si elle trouvait sa maladresse amusante, Herrmann possible. Elle avait exclu d’office l’équipe des secours, même si elle avait mis Tony et Capp dans la catégorie des possibles. Quand à Dawson c’était un non définitif, elle n’avait échangé que quelques paroles avec la secouriste mais son signal d’alarme intérieur s’était déclenché.
Au retour de la dernière sortie de l’ambulance 61, juste avant le dîner, elle vit Kelly sortir de l’arrière du véhicule. Il avait l’air d’aller bien malgré la fatigue qui pouvait se lire sur son visage. Il lui fit un clin d’œil et se dirigea vers le vestiaire. Il n’avait qu’une envie prendre une bonne douche et se changer. Il avait réussi à dormir un peu à l’hôpital à la grande surprise de Maggie qui s’attendait à devoir se battre avec lui pour qu’il ne bouge pas du brancard. Il attrapa son nécessaire de toilette, une serviette et prépara une tenue propre. Les quelques minutes qu’il s’accorda sous le jet brûlant détendirent un peu ses muscles fatigués. Une fois séché et changé, il s’installa sur son lit avec des mots croisés. Cependant il n’avait qu’une envie, prendre Jess dans ses bras et l’embrasser. Il avait besoin de la sentir près de lui, avec elle il se sentait bien, à sa place. La savoir aussi près et aussi loin à la fois était une vraie torture. Connie apparut à la porte du dortoir, elle l’appela et lui demanda d’aller au bureau du chef. Il soupira, posa le journal et se leva. Quand il arriva devant le bureau, il prit une grande inspiration et toqua. Boden lui fit signe d’entrer.
— Assieds-toi… Comment ça va ?
— Bien, plus de peur que de mal, répondit Kelly en se demandant pourquoi le chef semblait soudainement s’intéresser à lui.
— Severide, que s’est-il passé dans l’entrepôt ?
— Je suis sûr que le lieutenant Casey et le lieutenant Caldwell vous ont déjà fait leurs rapports, qu’est-ce que je pourrais dire de plus ? répondit le pompier en haussant les épaules.
— Severide ! Je ne me répéterai pas deux fois ! Que s’est-il passé dans cet entrepôt ?
Kelly le regarda un moment en se demandant s’il pouvait lui faire confiance. Quelque chose en lui disait de tout lui dire, mais les liens qu’ils avaient tissé au fil des années avaient été mis à mal par cette histoire d’harcèlement où le chef semblait n’avoir strictement rien fait pour prendre sa défense.
— On est entré, on a monté les escaliers, une fois sur la passerelle le lieutenant nous a demandé de fouiller tous les bureaux et zones de stockage. On a trouvé plusieurs personnes, elles ont été évacuées. Arrivé au dernier espace de stockage, j’ai trouvé une femme recroquevillée dans un coin, elle était terrifiée et j’ai eu du mal à la décider de me suivre mais j’ai tout de même réussi. Juste avant de sortir de la pièce, le sol a cédé sous mes pieds et je suis resté coincé, j’ai envoyé la femme chercher de l’aide. Je ne sais pas combien de temps a passé et Casey est arrivé avec Mills et Cruz. Ils m’ont tiré de là, résuma Severide d’une voix monotone.
— C’est tout ? s’enquit le chef.
— Oui rien d’autre.
— Où étaient les membres du secours ?
— Sur la passerelle je suppose, je ne les voyais pas de là où j’étais.
— Tu ne les as pas appelés ?
— Si mais je suppose qu’avec le bruit ambiant, ils ne m’ont pas entendu.
— Et comment se fait-il qu’ils soient sortis sans vérifier si tu étais avec eux ?
— Je ne sais pas, répliqua Severide avec du sarcasme dans la voix et en haussant les épaules, je ne suis plus lieutenant, vous avez oublié ?
Le chef Boden regarda son homme, il avait l’impression d’avoir un inconnu en face de lui. Il ne reconnaissait plus son ancien lieutenant, quelque chose avait l’air de s’être éteint en lui en même temps qu’il avait été rétrogradé.
— Bien, tu devrais aller manger et te reposer avant la prochaine intervention.
— Ok chef, fit Severide en se levant et en quittant le bureau sans un regard pour son supérieur.
Le récit de Kelly ne correspondait pas vraiment avec le rapport que lui avait remis Caldwell et cela le gênait. Il savait que Severide ne lui avait pas tout dit loin de là, bien au contraire. Il avait appris à détecter les mensonges et les demi-vérités, cela faisait partie de son travail. Il n’aimait pas le nouveau lieutenant et ce n’était pas seulement parce qu’il lui avait été imposé par la hiérarchie mais il y avait des rumeurs qui courraient sur son compte. Au départ, il ne les avait pas écoutées car il voulait se forger lui-même son opinion mais plus les jours passaient et plus ce qu’il entendait au sujet de Caldwell semblait se confirmer. Il allait devoir prendre les choses en main et veiller au grain. Il devait faire en sorte de reconstruire sa relation de confiance avec Severide. Vu son attitude respectueuse mais froide et presque hostile, il n’en restait visiblement pas grand-chose. Il se doutait bien que cela allait prendre du temps car son ancien lieutenant était plus têtu qu’une mule.
Après le dîner, une bonne partie de l’équipe alla se coucher. Enfin seule avec Shay dans la salle commune, les deux amies en profitèrent pour parler un peu.
— Dis-moi la vérité comment il va ? demanda Jess avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
— T’inquiète pas il est solide, il a de gros hématomes au niveau du thorax mais aucune côte n’a été cassée mais il va quand même le sentir passer.
— Y a quelque chose que tu ne me dis pas…
— Eh bien c’est son attitude qui me préoccupe, Caldwell prend un malin plaisir à l’humilier à longueur de temps, et il ne réplique pas. Comme tu as pu le remarquer, il ne mange plus avec nous, il ne s’assoit plus à la table des secours. En même temps, je peux le comprendre, il n’a pas envie d’entendre ce lieutenant de pacotille déblatérer à tout bout de champs. En plus, il ne dort plus dans le dortoir, d’ailleurs je ne sais même pas s’il dort tout court quand on est de garde. Il s’est totalement isolé, il est sur la défensive, j’te jure j’ai essayé de le faire parler mais je me suis heurtée à un mur. Je crois qu’il ne fait plus confiance à personne, même plus au chef.
— Je crois que c’est compréhensible, avec tout le respect que je lui dois, le chef n’a pas vraiment été d’un grand soutien, sans compter tous les autres. Il essaye tout simplement de se protéger et de ne pas se faire virer. Tu sais très bien qu’être pompier c’est sa raison de vivre.
— C’est vrai, il serait perdu si on lui enlevait son travail, il n’a jamais voulu faire autre chose dans sa vie. On peut dire qu’elle a foutu un sacré bazar cette pétasse.
— T’inquiète pas, on l’aura et ce jour-là je serai heureuse de lui mettre mon poing dans la figure. Au fait s’il ne passe pas la nuit dans le dortoir, que fait-il ?
— Soit il vient ici pour regarder la télé, soit il se réfugie dans la pièce où on met nos tenues. Si on allait prendre un peu de repos avant que la sirène ne se déclenche encore une fois, fit Shay en baillant
— Ce n’est pas une mauvaise idée, la journée a été longue.
Les filles allèrent se coucher, Jessica dans le lit de Shay et Leslie dans celui de Severide. Tout était calme dans le dortoir, il y avait encore de la lumière dans le bureau de Casey, il avait fait un rapport préliminaire au sujet de l’incident dans l’entrepôt mais il avait du mal à se concentrer pour finir le rapport final. Caldwell lui avait suggéré de mettre la même version que lui, c'est-à-dire que Severide était le seul responsable de ce qui s’était passé. Mais le lieutenant de l’échelle n’était pas homme à se laisser manipuler. Il voyait clair dans le jeu son collègue, il cherchait clairement un moyen pour pousser Severide à la faute afin de pouvoir le virer ou le faire démissionner et il n’était pas prêt à le laisser faire. Même si Kelly avait pris ses distances, il le considérait encore comme son meilleur ami.
Jessica avait réussi à s’endormir, mais elle avait été réveillée par la sirène appelant l’ambulance sur un malaise en pleine rue. Elle vit Shay et Dawson partir tandis que tout le reste de l’équipe se rendormit rapidement. Tous sauf elle et Casey qui avait tout de même fini par s’allonger sur son lit. La jeune femme n’en pouvait plus d’être séparée de celui qu’elle aimait. Délicatement et sans faire de bruit, elle se transféra du lit à son fauteuil et partit en chasse de son petit ami. Elle ne tarda pas à le trouver dans la salle des équipements. Il était assis là entre les vestes et pantalons d’intervention, les casques et les bottes. La tête renversée en arrière contre le carrelage froid, les yeux fermés, il semblait perdu dans ses pensées.
— Hey, murmura-t-elle en entrant.
— Hey, tu n’es pas sensée dormir ?
— Je n’ai pas vraiment sommeil. Tu m’as fait peur tu sais. Quand Shay m’a appelé, j’ai eu toutes les peines du monde à garder mon calme, dit-elle en lui caressant le visage.
Elle essuya avec douceur les larmes qui avaient coulées sur le visage de l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde. Elle pouvait voir qu’il était vraiment à bout.
— Parle-moi… Que s’est-il passé dans cet entrepôt Kelly ? demanda-t-elle en avançant son fauteuil au plus près et en prenant ses mains dans les siennes.
Il soupira et commença son récit. Il lui raconta tout, comment Caldwell avait refusé qu’il aille changer sa bouteille parce qu’il lui restait encore cinq minutes d’oxygène, comment le lieutenant avait ignoré ses appels à l’aide quand Hadley lui avait dit qu’il avait entendu quelque chose. Dans l’embrasure de la porte à l’abri des regards des deux amants, Casey écoutait la conversation et il sentait la colère monter.
— Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer comme ça longtemps, Jess. Caldwell allait me laisser mourir. Je l’ai entendu clairement dire à Capp, qui demandait où j’étais, de ne pas se préoccuper, que j’étais déjà sorti. Comment continuer à travailler avec des personnes à qui je ne peux pas faire confiance ? termina-t-il les joues mouillées de larmes, il posa son front sur l’épaule de Jess qui lui caressa le dos en faisant des cercles pour le calmer.
— Il faut que tu tiennes, on va te sortir de là. Quant à Caldwell, je vais lui préparer un retour de karma aux petits oignons. Shay m’a dit que Boden t’avait convoqué dans son bureau, pourquoi tu ne lui a rien dit ?
— Parce que ça va être la parole Caldwell contre la mienne et au vu de ce qui s’est passé avec Tara, ma parole ne vaut rien du tout. Je suis même sûr qu’il ne me croira pas, pourquoi le devrait-il ?
— Kelly…
La sirène les interrompit. Ils s’embrassèrent et se quittèrent à regret. Le Secours 3 était appelé sur accident de la route. Casey rejoignit son bureau discrètement et attendit de voir si Jessica revenait. Celle-ci se glissa silencieusement dans le petit lit mais ne réussit pas à se rendormir. Il y avait tant de désespoir dans la voix de Kelly qu’elle avait peur qu’il ne finisse par faire une bêtise. Le Secours 3 revint une heure et demie plus tard, elle entrevit Severide et elle fut soulagée.
Enfin la fin de la rotation arriva, Jessica était plus que prête à rentrer à l’appartement, elle se sentait fatiguée et tout ce qu’elle voulait c’était se retrouver dans les bras de Kelly et dormir. Tous les trois s’arrêtèrent dans un café pour prendre un petit déjeuner bien mérité, puis une fois à destination, le pompier prit Jessica dans ses bras et la monta dans sa chambre. Ils se couchèrent l’un contre l’autre, trop fatigués pour faire autre chose que s’embrasser et s’endormir. Quelques heures plus tard, Jessica se réveilla et Kelly était là, la tête appuyé sur son poing à la regarder dormir.
— Salut la marmotte, dit-il en souriant.
— Salut, ça fait longtemps que tu es réveillé ?
— Non pas tant que ça, dit-il en l’embrassant. J’ai attendu ce moment depuis que tu es arrivée, rien que toi et moi. Tu m’as tellement manqué.
— Toi aussi, je suis tellement heureuse quand tu es là près de moi.
Les baisers devinrent caresses, tous deux redécouvraient le corps de l’autre. Ils vibraient à l’unisson. Ils ne faisaient plus qu’un, plus rien n’existait en dehors de cette vague d’amour qui déferlait et emportait tout sur son passage. Quand enfin ils descendirent dans la cuisine Shay était en train de préparer un déjeuner tardif.
— Salut les amoureux, fit-elle tandis que Kelly déposait sa bien-aimée dans son fauteuil. Bien dormi ?
— Comme un bébé, répondit Jess en s’approchant du plan de travail. Qu’est-ce que tu nous prépares de beau ?
— Le seul plat que je sache faire sans mettre le feu à la cuisine, des lasagnes.
— En tout cas, ça sent bon.
— Chocolat ? demanda Kelly en lui tendant une tasse.
— Merci. Je ne voudrais pas casser l’ambiance mais il est temps de se mettre au travail. Kelly, raconte-moi tout et n’omet rien. Si tu permets, je vais tout enregistrer, je travaille mieux avec un support audio.
— Ok, fit le pompier en s’asseyant à coté d’elle.
Il soupira et commença son récit par l’arrivée de Tara au 51. Au début elle ne s’était pas tout de suite intéressée à lui. C’était comme si elle étudiait qui dans la caserne était susceptible de devenir sa victime. Elle avait commencé à le provoquer mais il était resté distant. Il était l’homme d’une seule femme même si celle-ci était un secret mieux gardé que Fort Knox. Tara était même venue chez lui mais il avait gardé ses distances. Malheureusement pour lui, il n’avait aucun témoin, Shay était absente cet après-midi-là. Quand elle était rentrée, Tara était partie sans demander son reste. Quelques jours plus tard, le chef des ambulanciers avait mis fin à son contrat et c’est à partir de là que le cauchemar avait commencé. Boden l’avait convoqué dans son bureau où des cols blancs l’attendaient. Le chef l’informa de la plainte porté contre lui. Il en était resté sans voix, il avait tenté de se défendre mais personne ne semblait l’écouter. Il était passé devant une commission mais pareil personne ne semblait intéressé par la vérité. Tout ce qui les inquiétait c’était la mauvaise publicité que cela pouvait faire au département des pompiers de Chicago. Même Mouch ne l’avait pas vraiment défendu, il avait tenté d’intervenir mais sans grande conviction. S’il ne pouvait pas compter sur sa hiérarchie et son syndicat pour le défendre qui le ferait. Il avait tenté de parler à Tara mais cela ne lui avait valu que des remontrances de le part du chef. Le verdict était tombé deux semaines plus tard et son monde s’était écroulé. Il avait été rétrogradé au rang de simple pompier, il avait dû vider son bureau sous les yeux goguenards de certains de ses collègues.
— Personne ne t’a aidé ? demanda Jessica en sentant la colère monter. Note-moi sur ce calepin le nom des cols blancs présents à la commission. Combien de temps tu as pour faire appel de la décision ?
— Shay a été la seule à ne pas me laisser tomber. J’ai trois mois pour faire appel. Pourquoi ?
— D’accord et est-ce que c’est une personne du syndicat qui doit obligatoirement t’accompagner ou est-ce que ça peut être quelqu’un d’autre ?
— Ça ne doit pas forcément être un représentant du syndicat, répliqua Leslie, un avocat peut aussi l’assister.
— Parfait, Mac m’a donné le nom d’un de ses amis avocats, il devrait pouvoir nous aider. Tu as encore le temps de faire appel de la décision.
— Oui mais…
— Mais quoi ? demanda Jessica en voyant Kelly hésiter.
— Je n’ai aucune preuve contre Tara, ça ne servira à rien.
— Et bien nous allons en trouver. Lindsey m’a donné le numéro d’une ancienne camarade de fac avec qui elle a étudié et qui est flic. On pourra peut-être avoir des renseignements supplémentaires.
— J’ai déjà demandé à Antonio le frère de Dawson de faire son enquête, elle a déjà sévi dans le monde de la publicité. Un homme y a tout perdu, mais il refuse de témoigner parce qu’il a signé un accord de confidentialité.
— Tu sais un accord de ce genre peut être rompu si on peut prouver la préméditation, et tu veux que je te dise, je mettrais ma main au feu que cet homme et toi n’êtes pas ses seules victimes. Je suis pratiquement sûre qu’elle a sévi ailleurs.
— Et comment vas-tu le prouver ?
— Oh tu sais j’ai pas mal de contacts avec les labos de police scientifique dans tout le pays en dehors de New York, surtout Las Vegas et Miami. Je vais passer quelques coups de fils. Mais continue ton histoire…
— Ok, deux jours plus tard Caldwell a pris son poste. Il savait très bien ce qui s’était passé et pourquoi il avait obtenu le poste. Et il n’a pas caché bien longtemps ses intentions. Au début il a fait semblant d’être sympathique mais cela n’a pas duré. Un matin en arrivant, je l’ai trouvé assis sur mon fauteuil à la table des secours. Il souriait et discutait avec l’équipe.
Flash-back
Kelly entra dans la caserne, depuis sa rétrogradation, il n’avait pas vraiment envie de venir travailler. Il avait vu clair dans le jeu de Caldwell dès son arrivée. Il savait qu’il allait faire de sa vie un enfer pour casser la loyauté de l’équipe et les retourner contre lui et il ne s’était pas trompé. Cela faisait deux jours de suite qu’il arrivait à la caserne et qu’il trouvait le nouveau lieutenant assis dans son fauteuil et le reste de l’équipe ne semblait pas gêné le moins du monde. Il s’arrêta près de l’ambulance où Shay faisait un inventaire et observa la scène. Il soupira, ne dit pas un mot et alla au vestiaire déposer ses affaires. Il ne savait pas très bien comment se comporter. Il ressortit, alla jusqu’à la table des secours et attrapa le journal de la veille.
— Bonjour, Severide…
— Lieutenant…
— Je crois qu’il est temps que le camion soit briqué de fond en comble, il doit y avoir une inspection dans deux jours et je veux que tout soit nickel.
Severide hocha la tête et vit Capp et Tony se lever pour venir l’aider. Cependant ils furent interrompus par le lieutenant.
— Il est l’heure de prendre un bon petit déjeuner, Severide s’en tirera bien tout seul, c’est un grand garçon, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire moqueur.
Quand il vit le reste de l’équipe se lever et se diriger vers la salle commune, malgré la réticence de Capp et Tony, il comprit qu’il n’était plus un membre à part entière du Secours 3, il n’était même plus un pompier à leurs yeux, il n’était même plus un bleu. Il secoua la tête et se mit au travail.
— Tu sais, tu n’as pas à supporter ça, dit Shay en s’approchant de son meilleur ami.
— Ah et que veux-tu que je fasse ?
Depuis la baie vitrée, Connie l’assistante du chef surveillait la scène. Elle secoua la tête, tout ce qui se passait n’avait aucun sens pour elle. Comment la parole de cette femme qui n’avait travaillé à la caserne que quelques gardes avait-elle plus de valeur que celle d’un lieutenant qui était en poste depuis plus de cinq ans ? En plus elle détestait le nouveau lieutenant, il était arrogant et insensible. Elle avait failli aller à la table des secours et lui arracher les yeux quand elle l’avait vu installer dans le fauteuil de Severide. Elle devait trouver une solution. Elle ne pouvait pas laisser cet énergumène s’en prendre à Kelly sans rien faire. Son regard croisa celui de Shay qui semblait tout aussi désespérée qu’elle.
Deux jours plus tard après le retour du Secours 3 suite à un appel pour un accident de voiture, les membres de l’équipe eurent la surprise de trouver un tabouret ergonomique en lieu et place du fauteuil de Severide. Le lieutenant était littéralement furieux. Il croisa Connie dans le couloir en allant voir Boden pour essayer d’obtenir un siège plus confortable, celle-ci lui fit un signe de tête et alla s’asseoir à son bureau.
— Dites Connie, sauriez-vous où est passé mon fauteuil ?
— Ah celui de Severide ? Je suis navrée mais Plouch a décidé de faire ses besoins dessus, la totale vous voyez, il était irrécupérable, on a dû s’en débarrasser, répliqua-t-elle avec son plus beau sourire. Il se trouve qu’il restait un tabouret ergonomique dans le bureau bleu, je me suis dit que cela pourrait vous convenir, vous allez voir cela va vous changer la vie, vous n’aurez plus jamais mal au dos.
Le lieutenant avait des envies de meurtres, cette petite assistante avait dépassé les bornes. Il ne croyait pas un instant à son histoire mais il n’avait aucune preuve pour la contredire. Connie se tourna vers Shay qui se tenait dans l’embrasure de la porte du service administratif et lui fit un clin d’œil. Le fauteuil du véritable lieutenant des Secours était en sécurité sous une bâche dans un débarras où pratiquement personne n’allait jamais et même si un jour il était découvert, aucun des hommes n’avaient envie d’encourir les foudres de l’assistante de Boden. Quand Shay lui raconta la chose, Severide sourit en se disant que finalement il y avait peut-être un dieu dans l’univers.
Les brimades se succédaient, un jour il devait recommencer encore et encore le même exercice jusqu’à l’épuisement parce que Caldwell y trouvait toujours redire, un autre il devait faire la maintenance de tout le matériel à lui tout seul. La cerise sur le gâteau s’était passé environ trois semaines après l’arrivée du nouveau lieutenant. Otis était arrivé tout guilleret et s’était approché de Caldwell en le remerciant pour le barbecue qu’il avait fait chez lui, il avait passé un excellent moment avec toute l’équipe du 51. Severide qui était en train de vérifier une scie K12, sentit son cœur se serrer. Visiblement tout le monde avait été invité sauf lui. Le message était clair et net, il n’était plus un membre du 51. Casey était venu le voir quelques minutes plus tard. Kelly n’avait pas vraiment envie de lui parler.
— Hey… Les autres ne devraient pas t’aider à vérifier le matériel ?
— Nope. Caldwell pense que je suis assez « compétent » pour faire cela tout seul. Qu’est-ce que tu veux ?
— Je voulais juste savoir comment ça allait. J’ai été surpris de ne pas te voir au barbecue de Caldwell.
— C’est peut-être parce que je n’y ai pas été invité.
— Comment ça ? Caldwell a dit que tu avais décliné l’invitation parce que tu avais autre chose à faire.
— Alors c’est que ça doit être vrai, c’est un chic type, il ne peut pas mentir, répliqua-t-il avec du sarcasme dans la voix. Tu sais tu devrais faire attention, tu vas mal te faire voir si les autres te voient parler au paria.
— Arrête de dire des conneries Severide ! Tu es loin d’être un paria ! Je sais que c’est dur de perdre ton poste mais si tu y mettais un peu du tien…
— Non tu ne sais rien ! Ce n’est pas à toi que c’est arrivé ! D’ailleurs si c’était à toi que c’était arrivé tout le 51 t’aurait soutenu, n’aurait pas mis ta parole en doute et le chef t’aurais défendu bec et ongles. Tu vois, il y a deux poids deux mesures dans cette soi-disant famille et moi j’en suis le mouton noir. Alors va les rejoindre et fiche-moi la paix ! C’est prouvé par A+B que je ne peux faire confiance à personne !
Casey le regarda pendant un long moment, secoua la tête et alla rejoindre les autres à la salle commune. Les mots de Severide l’avaient blessé. Il avait pensé que leur amitié était sur le chemin de la guérison mais visiblement il s’était lourdement trompé.
Kelly remit la K12 dans son compartiment et continua l’inventaire des fournitures et leur entretien. C’est ce jour-là qu’il avait décidé de couper tous les ponts avec ses coéquipiers, le plus dur avait été de mettre de la distance avec son meilleur ami, mais celui-ci était tellement occupé par son histoire d’amour avec Hallie, qu’il semblait n’avoir rien remarqué. Les brimades et les humiliations avaient continué et étaient allées en s’accentuant et personne ne semblait disposé à y mettre le holà.
Fin flash-back
— Voilà tu sais tout. C’est à cause de cela que j’envisage sérieusement une mutation définitive, ou de rejoindre les intérimaires qui vont de postes en postes et de casernes en casernes, comme ça je n’aurai pas le temps de m’attacher à qui que ce soit.
— C’est hors de question ! intervint Shay avec véhémence. Le 51 c’est chez toi !
— Plus maintenant, ma belle, plus maintenant.
— Avant de prendre une décision aussi drastique, fit Jess en embrassant la joue de son amant, laisse-moi un peu de temps pour trouver des preuves non seulement faire payer cette pimbêche et les cols blancs mais aussi pour préparer un retour de karma digne de ce nom à ce cher Caldwell.
— D’accord, d’accord. Par quoi on commence ?
— D’abord tu vas contacter l’ami avocat de Mac et lui demander de présenter ton recours en appel. Pour le reste, je vais m’en occuper. J’ai toute une équipe à New York prête à me prêter main forte et je parie que Las Vegas fera de même. Je compte bien utiliser toutes les ressources mises à ma disposition.
Severide réfléchit un court instant. Jessica avait raison, il était temps de cesser de se morfondre et de reprendre la main dans cette affaire. La jeune femme fit rouler son fauteuil un peu plus loin dans l’appartement, elle avait mentalement déjà fait une liste des personnes à contacter. Elle chercha un numéro dans ses contacts, appela et attendit patiemment que son correspondant réponde.
— Caine…
— Bonjour lieutenant, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, Jessica Ann Wardfield, je travaille au laboratoire de police scientifique de New York avec Mac Taylor.
— Ah oui, on a travaillé ensemble sur l’affaire Travis. En quoi puis-je vous être utile ?
— J’ai besoin d’un service.
— Je vous écoute.
— Une certaine personne s’amuse à briser la carrière d’un pompier de Chicago en mentant effrontément. Je suis persuadée qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Est-ce que vous pourriez vérifier pour moi s’il vous plait ? Le temps nous est compté.
— J’aurais besoin de plus de détails.
Jessica expliqua la situation au lieutenant Caine et lui envoya la photo de Tara ainsi que ses empreintes, Shay avait réussi à mettre la main sur une copie d’une partie de son dossier avec l’aide de Connie. Celui-ci lui promit de la contacter rapidement. Elle contacta Dallas, Houston, Boston et Los Angeles, elle devrait attendre la nuit pour appeler son grand frère de cœur à Las Vegas. Vu l’heure, il devait encore être en train de dormir. Il ne lui restait plus qu’à patienter en croisant les doigts pour que les résultats soient à la hauteur de l’enjeu. Elle appela aussi l’amie de Lindsey qui accepta de la rencontrer à la fin de son service dans un café pas très loin de l’appartement.
Chapter 4
Notes:
Alors voilà on continue notre petit voyage dans l'univers de Chicago Fire et de ce pauvre Kelly qui est loin d'être tiré d'affaire.
Je ne suis pas avocate, ni médecin, ni pompier, ni policier donc je suis consciente qu'il peut y avoir des erreurs et des inexactitudes et même des inventions mais nous ne sommes pas dans le monde des fanfictions pour rien.
N'hésitez pas à commenter et à donner votre avis. Alors attachez vos ceintures et enjoy the ride...
Chapter Text
Dans un tout autre quartier, Matt Casey finissait de se préparer, il devait présenter un devis à un de ses clients mais avant il voulait parler au chef de ce qu’il avait entendu la nuit précédente. Il était encore troublé par les révélations de Severide. Il se rendait compte qu’il s’était laissé influencer et qu’il n’avait pas vraiment été un soutien pour celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Certes leur relation avait des hauts et des bas depuis la mort d’Andy mais ils travaillaient tous les deux à la reconstruire. Il mit une trentaine de minutes à arriver au domicile du chef. Il hésita un instant, devait-il vraiment tout lui révéler ? Il sortit de sa camionnette, il frissonna, il faisait froid en cette matinée de février. Il prit une grande respiration et alla sonner. Le chef Boden ouvrit et fut surpris de trouver son lieutenant à sa porte un jour de congé.
— Casey ?
— Chef vous avez un moment ?
— Oui bien sûr. Entre.
Il referma la porte et alla à la cuisine chercher deux tasses de café.
— Assied-toi. Que puis-je faire pour toi ? demanda-t-il en posant les mugs sur la table basse du salon.
— C’est à propos de Severide chef. Il ne va pas bien. Cette histoire avec Tara Little l’a totalement déstabilisé.
— Je sais mais les cols blancs ont pris leur décisions, je ne pouvais pas faire grand-chose, répliqua Boden avec un air désolé.
— Je me doute bien mais on est en train de le perdre chef, il ne fait plus confiance à personne dans l’équipe sauf peut-être à Shay. Il s’est totalement isolé, il ne parle plus à personne. Il se contente d’obéir aux ordres sans discuter et de passer ses gardes allongé sur son lit à faire des mots croisés jusqu’au soir, il ne mange plus dans la salle commune, j’ai remarqué que Shay lui ramenait son assiette dans la salle de briefing ou au dortoir. Il ne dort plus dans le dortoir, d’ailleurs je ne sais même pas s’il dort tout court pendant les gardes. Il est même jusqu’à aller me dire qu’il y avait deux poids deux mesures dans la caserne et que si ça avait été moi qui avait été accusé rien de tout cela ne se serait passé.
— Tu es sûr de ce que tu avances ?
— Totalement, j’ai été blessé par ses mots et cela m’a mis en colère, alors je l’ai ignoré pour ne pas faire monter la tension. Mais l’arrivée de l’amie de Shay m’a ouvert les yeux. C’est la première fois depuis le début de cette histoire que je l’ai vu vraiment sourire et parler avec animation. Et hier soir, j’ai entendu une conversation entre Jessica et Severide et ce qu’il a dit m’a fait dresser les cheveux sur la tête.
— Qu’a-t-il dit de si grave ?
— Caldwell… Caldwell l’aurait empêché de changer sa bouteille sous prétexte qu’il lui restait cinq minutes d’air. Il a empêché Hadley d’aller vérifier des appels au secours qu’il avait entendu et il a dit à Capp que Severide avait déjà quitté l’immeuble quand il a demandé si quelqu’un l’avait vu. Si ce type voulait la mort de Kelly, il ne s’y serait pas mieux pris.
— Pourquoi n’a-t-il rien dit quand je lui ai demandé de me faire son rapport ?
— Parce qu’il sait très bien que ce sera sa parole contre celle de Caldwell et après ce qui s’est passé avec Tara, il est convaincu que sa parole ne vaut rien et que personne ne va le croire, même pas vous puisque dans sa tête, vous n’avez rien fait pour le défendre.
— J’ai essayé, j’ai fait tout ce que j’ai pu pourtant, répliqua Boden abasourdi par ce qu’il venait d’apprendre.
— Je n’en doute pas mais aux yeux de Severide c’est comme si vous n’aviez rien fait. Surtout que le bureau du procureur ne va pas tarder à s’en mêler ce qui va sérieusement compliquer la situation.
Les deux hommes continuèrent de discuter pendant un long moment, chacun d’entre eux cherchait une solution pour sortir leur ancien lieutenant de cette situation sordide. Pourtant rien ne semblait convenir. Quand Casey partit l’après midi était déjà bien avancée.
A dix-neuf heure, Jessica et Severide retrouvèrent l’inspecteur Erin Lindsay dans un petit café. « Comme le monde est petit », pensa le pompier en reconnaissant l’un des policiers travaillant pour le sergent Voight.
— Severide ? fit Erin en le voyant s’approcher de la table.
— Vous vous connaissez ? demanda Jessica surprise.
— Erin travaille avec Antonio, le frère de Dawson, et on a eu quelques démêlés avec son patron le sergent Voight, expliqua le pompier. Erin je te présente Jessica Ann Wardfield, ma fiancée et CSI de niveau 3 au laboratoire de police scientifique de New York.
— Ta fiancée ? Waouh ! Qui aurait pensé qu’un célibataire forcené comme toi se laisserait attraper un jour ?
— En pourtant…
— Antonio m’a dit que quelqu’un du 51 avait des ennuis mais il n’a jamais fait allusion à toi.
— Je me doute, je lui ai demandé de rester discret. L’affaire est plutôt embarrassante.
— Mon amie Lindsey m’a appelé hier pour me prévenir de votre appel. En quoi puis-je vous être utile ?
— Tara Little… Cette demoiselle a porté des accusations très sérieuses contre Kelly, en conséquence elle a été promu et lui rétrogradé, expliqua Jessica en allant droit au but. Mais je suis sûre qu’elle cache des cadavres dans ses placards et j’ai besoin qu’on les trouve le plus vite possible. Le temps presse si on veut pouvoir faire appel de la décision et agir avant que le bureau du procureur ne s’en mêle. J’ai déjà contacté d’autres collègues à travers le pays.
— Vous savez que vous ne pouvez pas enquêter en dehors de votre juridiction, fit Erin.
— En fait si je peux, il se trouve que mon accréditation me permet de travailler dans n’importe quelle ville du pays, c’est une dérogation assez compliquée à obtenir et je veille à ce qu’elle reste toujours valide. Cependant dans le cas qui nous occupe même si j’enquête officiellement sur l’affaire, la défense de cette petite pimbêche pourra arguer le conflit d’intérêt du fait de ma relation privilégiée avec Kelly. Ils pourront demander au juge ou à la commission que toute preuve que j’obtiendrai soit irrecevable. Cependant si cela vient de vous, ils ne trouveront rien à redire.
— Pas bête effectivement.
— Evidement le summum serait d’avoir des aveux, continua Jessica. Mais Tara connaît Shay et Dawson et dans mon état, je ne suis pas vraiment en état d’être sur le terrain.
— Donc tu voudrais, fit Erin en tutoyant Jess le plus naturellement du monde, que je l’approche munie d’un micro et que je la pousse à parler.
— Exactement. Erin, il ne s’agit pas seulement de la carrière de Kelly mais de sa vie aussi. Au vu des derniers agissements du nouveau lieutenant du Secours 3, sa vie est en danger chaque fois que la sirène sonne.
Jessica lui fit passer le dossier avec tous les éléments dont ils disposaient y compris une retranscription de la conversation qu’ils avaient en début d’après-midi. Erin le parcourut et releva la tête. Elle était effarée de constater que la carrière d’un homme tenait à si peu de choses.
— Il nous faut rester très discret, je crains que cette Tara n’ait des relations dans différents services.
— D’accord mais il faut que je mette Voight au courant.
— Erin…
— Ecoute Kelly, je sais que les relations entre mon patron et le 51 ne sont pas vraiment au beau fixe en ce moment, mais si je dois m’embarquer dans cette histoire je vais avoir besoin de renforts. On ne sait pas à quel point cette femme peut être dangereuse.
— Ça ne me plait pas mais d’accord, répliqua Severide. Mais dis-lui bien de rester en retrait et le plus loin possible du 51 et surtout de Casey, il n’a pas encore digéré ce qui s’est passé.
— Je comprends. Ne t’inquiète pas, Voight a peut-être un sale caractère mais on peut lui faire confiance, c’est un sacré flic. Je lui dois la vie, je ne serai pas là où j’en suis sans lui.
— Ok. Voici mes coordonnées, dit Jess en lui tendant une carte de visite, je compte sur toi pour me tenir au courant, je ferai de même dès que j’aurais des retours des différents labos que j’ai contacté. Je vais continuer de chercher des renseignements sur les cols blancs qui ont siégés à la commission de discipline, j’ai dans l’idée que la délibération n’a pas vraiment été très impartiale, si tu vois ce que je veux dire, je pense que Caldwell n’a pas eu cette promotion par hasard.
— Peut-être mais comment vas-tu réussir à avoir des renseignements sur ces messieurs sans avoir accès au système informatique des pompiers de Chicago ? demanda Kelly inquiet.
— Je vais déjà commencer par compiler les données qui sont du domaine public, réseaux sociaux, articles de journaux etc.… Ce sera déjà un bon début, je ne veux pas me vanter mais je suis assez bonne à ce jeu-là, j’ai eu beaucoup de temps pour m’entraîner ces derniers mois.
Ils finirent de boire leurs cafés en essayant de mettre un plan au point pour coincer Tara et le nouveau lieutenant. Ils se quittèrent une heure plus tard en se promettant d’échanger leurs informations.
— Tu crois qu’on peut lui faire confiance ? demanda Kelly en montant en voiture.
— J’ai confiance en Lindsey, si elle me dit que je peux faire confiance à Erin alors je n’ai aucun doute.
— Tu veux aller manger un morceau ? s’enquit le pompier en entendant son estomac grogner.
— Je ne dirais pas non à un bon steak, répliqua Jess en se pourléchant les babines. Ça fait une éternité que je ne suis pas allée au restaurant.
— Ok je sais exactement où aller.
Après un bon dîner, et ils rentrèrent à l’appartement, Leslie avait laissé un mot pour les prévenir qu’elle avait rendez-vous avec sa petite amie et de ne pas l’attendre. Kelly prit Jess dans ses bras et la monta dans sa chambre. Il l’aida à se préparer pour la nuit. Allongés face à face, il parlèrent de tout et de rien comme ils avaient l’habitude de le faire, elle lui raconta des anecdotes du labo et Severide souriait béatement en écoutant sa douce voix. Elle pouvait paraître fragile au premier abord mais ses collègues ne l’avaient pas surnommée « l’ouragan Jessica » pour rien, elle savait ce qu’elle voulait et en général elle réussissait à l’obtenir. Plus tard dans la nuit, Kelly avait enfin fini par s’endormir quand Jess appela celui qu’elle considérait comme son grand frère de cœur.
— Salut grand frère ! s’exclama Jessica heureuse d’entendre la voix de celui avec qui elle avait passé une partie de son adolescence.
— Hey ma belle comment ça va ?
— Aussi bien que possible, j’ai hâte de pouvoir me débarrasser de Charlie.
— Charlie ?
— Oui mon fauteuil !
— Y a que toi d’assez dingue pour donner un nom à ton fauteuil roulant, répondit Nick Stockes en riant.
— Ben quoi ?
— Sinon plus sérieusement, comment va ton dos ?
— Ça va, je te promets. Y a des jours plus durs que d’autres.
— Je me doute bien.
— Dis-moi j’ai besoin d’un service.
— Tu as des ennuis ?
— Non pas moi, Kelly. Je suis à Chicago pour quelques jours pour essayer de résoudre une affaire. Une femme essaye de briser sa carrière en racontant des mensonges et non seulement elle a été récompensée par une promotion pour cela mais Kelly a été rétrogradé. Je mettrais ma main à couper qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Je t’ai envoyé par mails toutes les informations à ma disposition.
— Ça m’a l’air sérieux…
— Au vu des derniers éléments, ça l’est. Son nouveau lieutenant prend un malin plaisir à l’humilier et à le mettre en danger. Ça va mal se finir si on ne met pas le holà rapidement.
— Tu as déjà contacté Horatio ?
— Oui je l’ai fait ce matin et j’ai fait de même avec différents labos mais si tu pouvais diffuser le dossier, je t’en serai reconnaissante. J’ai un temps limité pour trouver des infos sinon on aura dépassé la date limite pour faire appel de la décision auprès des autorités concernées. Il faut qu’on arrive à réunir assez d’informations avant que le bureau du procureur ne s’en mêle.
— Je ne pensais que c’était aussi grave.
— Moi non plus au début mais le père d’une des filles qui a provoqué Kelly et qu’il a repoussé, a fait une déposition qui lui a causé beaucoup de tort, tout cela pour défendre l’honneur de sa fille, qui soit dit en passant était fiancée quand elle s’est jetée à son cou.
— Je comprends, je vais me mettre sur le coup tout de suite, et je suis sûr que les autres ne seront pas en reste. Ne t’inquiète pas, tu as ici une équipe prête à tout pour t’aider.
— Merci grand frère, je n’en attendais pas moins de toi, embrasse-les pour moi.
— De rien. Tu as appelé ton frère ?
— Oui c’est fait, il m’a promis de mettre Carlos sur le coup.
— D’accord, si tu allais te reposer maintenant, je suis sûr que tu es épuisée.
— Tu n’as pas tord. Tu me manques, j’espère bientôt venir vous rendre visite.
— D’accord, je t’attends de pied ferme. Sois prudente ma puce.
— Promis, toi aussi, pas de bêtises sur le terrain. Je t’embrasse fort.
— Moi aussi, allez, file au dodo !
— Oui papa, répliqua-t-elle en souriant.
Elle raccrocha et se sentit soudainement mieux, si quelqu’un pouvait trouver quelque chose, c’était bien son frère de cœur. Elle finit par s’endormir d’un sommeil agité. Le lendemain se passa à collecter toutes les informations qu’elle pouvait trouver et les classer dans différents dossiers. Kelly en profitait pour se prélasser sur le canapé avec Leslie en regardant de vieux films. Avec Jessica près de lui, il se sentait enfin calme et serein. Le portable de la jeune femme sonna.
— Allo ?
— Salut Jess !
— Linds ! Comment ça va au bureau ? demanda-t-elle.
— Tout va bien, je voulais t’informer que tu avais totalement raison pour l’affaire du soi-disant cambriolage. C’est bien le mari qui a monté toute l’affaire avec son frère pour toucher l’assurance-vie de sa femme.
— Je le savais ! Comment tu as pu le prouver ?
— Oh j’ai juste eu à les monter l’un contre l’autre. Je me suis bien amusée avec Danny.
— J’aurais aimé être là pour voir ça. A part ça tu as des nouvelles pour moi ?
— J’ai lancé des recherches mais cette Tara Little n’est pas dans notre système. Mac a contacté les pompiers de New York, ils doivent le recontacter demain normalement. Je te jure cet homme a autant de contacts que le président.
— Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.
— Quand est-ce que tu retournes à la caserne ? demanda Lindsey.
— J’y retourne demain pour une rotation de vingt-quatre heures. J’espère pouvoir discuter avec certains membres de l’équipe. J’ai besoin de me faire une idée de leurs caractères pour savoir à qui on va pouvoir faire confiance. On va avoir besoin d’aide et pas qu’un peu.
— Et l’avocat ?
— On doit le voir en fin d’après midi, il est au tribunal pour la journée. Il a accepté de venir nous voir à l’appartement. Ce sera plus simple et plus discret.
— Je comprends, en tout cas embrasse Kelly pour moi et dis-lui bien que toute l’équipe de New York le soutient et fera tout son possible pour le sortir de cette situation absurde.
— C’est promis. Dis à Mac qu’il aura un premier rapport sur les affaires non classées qu’il m’a confiées demain, j’aurais tout le temps de le rédiger pendant que Kelly et Shay seront sur le terrain.
— Ça marche. Tu as pu parler à Erin ?
— Oui hier soir, le monde est petit, elle connaît Kelly. Il semblerait que son patron ait eu des démêlées avec le 51.
— En effet drôle de coïncidence. Je file Danny m’attend, on a une nouvelle fusillade sur les bras, ces crétins de Vipers 21 ont décidé de déclencher une guerre de territoire avec les Crazy Heads.
— On n’a jamais dit qu’ils étaient les plus intelligents.
— Non c’est sûr. Je parie que je vais passer ma journée à analyser des balles.
— Bon courage à toi.
— Je t’envoie les résultats dès qu’ils arriveront
— Merci ma belle. A bientôt. N’hésite pas à me contacter si besoin.
Elle raccrocha et soupira. Cette affaire s’avérait beaucoup plus compliquée qu’elle ne l’avait pensée. L’envie ne lui manquait d’aller voir cette Tara pour lui dire en face ces quatre vérités et lui mettre son poing dans la figure mais elle savait que cela ne ferait que compliquer les choses. En fin d’après–midi, Franck Hanson, l’avocat recommandé par Mac arriva à l’appartement. Severide était sur des charbons ardents, il s’inquiétait de la suite des événements.
— Bonjour, je suis Leslie Shay, voici l’inspecteur Wardfield et le lieutenant Severide.
— Enchanté, Franck Hanson. Le lieutenant Taylor m’a fait parvenir le peu d’informations dont il disposait et je dois dire que je suis totalement effaré de la manière dont le département a traité cette affaire. Je sais que vous avez déjà sûrement dû raconter votre histoire mais j’ai besoin de l’entendre avec vos mots.
— Ecoutez, j’ai un enregistrement de notre conversation d’hier matin si cela peut vous aider ainsi que tous les éléments que j’ai pu accumuler jusqu’à maintenant, dit Jessica en lui tendant une clé USB.
— Merci, mais j’ai vraiment besoin de l’entendre de votre bouche directement, lieutenant.
— Je comprends, mais je vais avoir besoin d’un remontant.
— Je vais te chercher une bière, répliqua Shay en se levant, elle ne savait pas si elle se sentait capable de réentendre toute l’histoire encore une fois, elle se demandait comment Jess pouvait rester aussi imperturbable. Quelqu’un veut autre chose ?
— Je veux bien un chocolat s’il te plait.
— Et vous maître ?
— Appelez-moi Franck. Je ne serai pas contre un petit café si vous en avez.
— Ça marche.
Une fois sa bière en main, Kelly raconta son histoire avec force de détails, il pouvait sentir la main de Jess sur sa cuisse pour lui montrer qu’il n’était pas seul dans ce cauchemar. Quand il eut terminé, il avait les larmes aux yeux, il était si fatigué moralement par toute cette situation, qu’il se sentait à fleur de peau. Il devait faire des efforts considérables pour ne pas laisser sa colère exploser en plein milieu de la caserne. Heureusement la présence de Jessica l’aidait à tempérer cette frustration qui le rongeait de l’intérieur.
— Eh bien, je comprends mieux pourquoi Mac voulait tellement que je m’intéresse à cette affaire. S’il y a bien une chose que je déteste ce sont les préjugés. Je suppose que vous travaillez officieusement sur l’affaire Miss Wardfield.
— Je vous en prie, appelez-moi Jessica. Et oui vous avez raison, j’ai contacté plusieurs de mes collègues dans différentes villes parce que je suis persuadée que cette demoiselle n’en est pas à son coup d’essai. Il y a dans le dossier que je vous ai donné le nom d’un autre homme qui a été victime de ses manigances. Kelly a essayé de le contacter mais il refuse de parler à cause d’un accord de confidentialité. Et puis il sait que le bureau du procureur va s’en mêler et je pense qu’il a peur.
— Jessica je ne voudrais pas me montrer désagréable mais il existe un risque pour que toutes les informations que vous allez obtenir ne puissent pas être recevables devant une cours de justice.
— Je sais, il y a conflits d’intérêt, car je suppose que vous avez remarqué que Kelly et moi sommes proches.
— C’est exact, votre histoire dure depuis longtemps ?
— Deux ans dans deux semaines. Ecoutez Franck, mes collègues vont me transmettre des documents et des informations mais ceux-ci seront aussi transmis à un policier du service des renseignements, l’inspecteur Erin Lindsay. Toutes les informations que je pourrais dénicher, je les lui transmettrai directement, mon habilitation m’autorise à enquêter sur tout le territoire donc cela ne pourra pas être un argument pour le procureur. D’ailleurs je l’attends de pied ferme celui-là. Nous maintenons pour le moment notre relation secrète, seule Shay est au courant que nous sommes ensemble mais s’il n’est pas complètement stupide, il va le découvrir assez rapidement, et je vous parie un bon steak qu’il me citera à comparaître.
— On pourra vous préparer à cela si jamais cela arrive.
— Oh je sais que cela va arriver, en tout cas c’est ce que je ferai si j’étais à sa place.
— Pourquoi cela ? demanda Shay curieuse.
— Déjà il me considérera comme un témoin hostile donc il pourra être plus agressif avec moi, ensuite, si jamais ça arrive jusqu’au procès, il va vouloir faire croire au jury qu’en fait notre relation est un montage de toutes pièces pour disculper Kelly puisque j’habite New York et lui Chicago.
— Je vois que vous n’êtes pas une novice en la matière, fit l’avocat admiratif.
— Non, ce n’est pas mon premier rodéo. Je fréquente les tribunaux depuis une bonne dizaine d’années et je peux vous dire que peu d’avocats ont réussi à me mettre à mal.
— Ah bon ? demande Franck avec curiosité.
— J’ai toujours bien fait mes devoirs avant d’aller devant un juge, je me renseigne toujours sur l’avocat de la défense, sur le juge et même sur le substitut du procureur qui mène la danse. Cela me permet d’adapter mon attitude et mes réponses en fonction de ceux qui les posent.
— Je comprends, je dois avouer que je fais de même, j’aime savoir contre qui je me bats.
Le portable de Jessica sonna et celle-ci s’isola dans le coin cuisine. C’était l’amie d’un des policiers travaillant pour le laboratoire de Los Angeles et ce qu’elle lui raconta lui redonna le sourire. Elle revint quelques minutes plus tard alors que Franck, Kelly et Leslie parlaient stratégie.
— Excusez-moi mais je devais prendre cet appel.
— Qu’est-ce qu’il y a ? On dirait que tu viens de gagner le gros lot, dit Shay.
— Pas encore le gros lot mais on s’en approche. Il se trouve que je viens d’être contactée par Sue Blevins, elle est coordinatrice au centre des appels du 911 de Los Angeles. Notre amie Tara est passé par leur service il y a environ 4 ans, sauf qu’elle ne s’appelait pas Tara Little mais Tara Marshall. Elle a été formée à prendre les appels mais visiblement elle ne faisait pas l’affaire. Quand elle a senti le vent tourner, elle a déposé une plainte contre son superviseur pour harcèlement sexuel. Mais malheureusement pour elle et heureusement pour le superviseur, sa plainte n’a pas abouti. Elle n’avait pas compté sur un petit détail d’importance. Ledit superviseur est gay, mais mis à part sa coordinatrice et deux ou trois opérateurs, personne n’était au courant, mais cela l’a sauvé. Sue est d’accord pour m’envoyer le dossier et elle est prête à venir témoigner s’il le faut.
— Je suppose que ça devait être l’un de ses premiers essais, fit Franck en notant les informations sur son calepin.
— Je pense aussi, je vous transférerai toutes les informations dès que je les recevrai.
— Bien, je pense que c’est tout pour le moment, on va vous sortir de là Kelly, ne vous inquiétez pas. Surtout gardez votre calme et ne répondez à aucune provocation de votre lieutenant, il ne faudrait pas que vous vous mettiez en tort. Cependant je vous conseille de noter tous vos échanges. Je crois savoir que ce sont les lieutenants qui font les comptes-rendus d’intervention mais je souhaiterai que vous continuiez à les faire de manière officieuse. Plus nous aurons de détails sur les agissements de votre lieutenant, mieux nous pourrons le pousser à la faute pendant son audition.
— Une audition ? demanda Jess
— Ah oui c’est vrai, pendant que tu étais au téléphone, Franck a suggéré de signaler les mauvais agissements de Caldwell, expliqua Kelly, mais pas seulement pour le faire dégager du 51 mais aussi pour qu’il ne puisse plus mettre la vie d’autres pompiers en jeu avec sa gestion désastreuse d’une équipe.
— Hum oui un retour de karma au petit oignons… Très bonne idée !
— Merci Franck de nous aider, dit Shay soulagée de voir qu’ils avaient un allié de plus.
— Pas de soucis, j’adore un challenge quand j’en vois un et Mac vient de m’en fournir un sur mesure. Je vous souhaite une bonne soirée. On reste en contact.
L’avocat partit et la tension retomba petit à petit. Les trois amis discutèrent en mangeant une pizza qu’ils avaient commandée avant d’aller se coucher. La prochaine rotation allait être à n’en pas douter sous haute tension.
Chapter 5
Notes:
On dit bien que c'est les personnages qu'on aime le plus qu'on adore malmener et je ne déroge pas à la règle. Mettons en place quelque pions et compliquons encore un peu la situation... Comme toujours vos commentaires et conseils sont les bienvenus parce que ce "monstre" ne fait que grandir jour après jour. Alors si vous êtes prêts, attachez vos ceinture et enjoy the ride...
Chapter Text
Shay et Jessica arrivèrent ensemble à la caserne, elles continuaient à discuter stratégie. Severide était parti plus tôt, il avait besoin de brûler un peu d’énergie et il avait décidé de courir quelques kilomètres avant de venir travailler. Jess fit rouler son fauteuil dans la salle commune où une partie de l’équipe discutait.
— Bonjour Jessica, fit Dawson, ton séjour se passe comme tu veux ?
— Oh oui, ça fait du bien de retrouver Shay, on a pu papoter à loisir et elle m’a mise au courant des derniers potins, c’était très, comment dire… intéressant.
— Tu ne vas pas t’ennuyer pendant la garde ? demanda Otis avec curiosité.
— Oh non mon chef m’a donné du travail, il veut que je jette un œil sur des affaires non classées que d’autres équipes ont traitées, il pense qu’un regard neuf peut apporter de nouvelles piste à explorer.
— Pas sympa ton chef de te faire travailler pendant tes vacances, reprit Gabby.
— Non en fait c’est moi qui lui ai demandé, je savais que je ne pourrais pas rester à l’appartement, il n’est pas vraiment adapté à mes besoins, et comme je sais que la caserne 51 est l’une des casernes les plus actives de la ville, je savais qu’il allait me falloir quelque chose pour me tenir occupée pendant que Leslie est sur le terrain. Ce n’est pas comme si je pouvais l’accompagner.
— Je comprends, fit Dawson en souriant.
Elle ne savait pas pourquoi mais ce sourire fit frissonner Jessica. Du coin de l’œil elle vit Kelly arriver, il lui fit un discret signe de tête auquel elle ne répondit pas. Elle ne voulait pas risquer de se trahir aux yeux des autres pompiers. Le temps de la vérité n’était pas encore venu. Quelques minutes plus tard, tout le monde, même Jessica à sa grande surprise fut conviée, se réunit dans la salle de briefing où le chef Boden donna ses instructions pour la journée.
La première sonnerie retentit appelant l’Echelle 81 ainsi que l’ambulance. De son coté, Caldwell avait décidé de faire faire des exercices à son équipe. Enfin plutôt à Kelly qui comme d’habitude devait recommencer encore et encore sous la critique violente du lieutenant. Il serra les dents et repensa à ce que lui avait dit Franck, il ne devait absolument pas se mettre en tort. De son coté, Jessica s’approcha pour les observer et enregistrer la scène discrètement avec son portable. Après un petit moment, Caldwell en eut assez de martyriser l’ancien lieutenant et demanda au reste de l’équipe de faire l’exercice et comme par hasard tout le monde le réussit du premier coup. Jessica se retira sans faire de bruit et retourna à ses dossiers. Elle se concentra sur l’affaire en cours, elle examina les photos de la scène de crime et les différents témoignages. Elle nota sur plusieurs post-it les questions qui lui venaient en tête afin de pouvoir les reprendre dans le rapport qu’elle voulait transmettre à Mac en fin d’après midi. Elle appela aussi certains enquêteurs pour obtenir certaines précisions. Elle pianotait sur son ordinateur à la recherche de renseignements complémentaires. L’échelle et l’ambulance revinrent deux heures plus tard.
— Tout va bien ? demanda la jeune femme à son amie.
— Oui, oui, ça a été compliqué, on n’a pas pu tous les sauver. L’accident était grave, un camion contre une voiture ça ne pardonne pas. L’un des passagers est mort sur le coup et un autre au cours du transport à l’hôpital.
— Ah mince je suis désolée.
— Ça fait parti du métier, on ne peut malheureusement pas sauver tout le monde.
— Je sais, tu as de la chance tu peux tout de même essayer, nous on arrive toujours après les faits et parfois ce n’est vraiment pas joli, joli. Je me demande toujours comment l’homme peut être capable de faire autant de mal.
— Je me pose aussi la question tu sais. Tu veux un café ?
— Pas vraiment, t’as pas plutôt du chocolat ?
— Si j’en ai acheté exprès pour toi, je t’en prépare un tout de suite.
— Merci Leslie.
— Et toi tu avances sur tes affaires non classées ?
— Yep, mais tu sais c’est long de tout repasser au peigne fin mais si cela permet de relancer l’enquête je veux bien me dévouer.
— Eh dis-moi Jessica, ton petit copain, il n’est pas jaloux que tu passes tes journées entourée de beaux gosses ? demanda Cruz sur le ton de la plaisanterie.
— Aucunement, il a assez confiance en moi pour savoir que si quelqu’un avait un geste déplacé, je serai capable de le remettre à sa place. Je ne veux pas te faire peur Cruz ? C’est bien Cruz ? demanda-t-elle en feignant de ne pas être sûre de l’identité de la personne qui lui parlait, celui-ci hocha la tête. Mais je suis ceinture noire de karaté et de jujitsu alors même dans ce fauteuil, je suis encore capable de botter des fesses.
Elle jeta un regard glacial au lieutenant Caldwell qui la déshabillait du regard. Dieu qu’elle pouvait détester ce genre d’homme qui se croit tout permis parce que la nature l’avait gâté.
— Tiens voilà ton chocolat, dit Leslie en posant un mug sur la table.
— Merci ma belle.
— Tu travailles sur quoi ?
— Je finis de noter quelques questions et quelques pistes qui peuvent être intéressantes pour Mac sur le braquage d’une épicerie qui a mal tourné. Je dois lui envoyer un premier rapport tout à l’heure.
La sirène se déclencha de nouveau et cette fois-ci l’appel concernait l’ambulance et le Secours 3. Jessica sentit son estomac se nouer, elle avait peur que le lieutenant de pacotille, comme elle l’avait surnommé, ne fasse du mal à Kelly. Le chef Boden s’approcha de la jeune femme. Après la conversation qu’il avait eue avec Casey deux jours auparavant, il était curieux de connaître un peu mieux celle qui allait passer quelques gardes dans sa caserne.
— Tout va bien miss Wardfield ?
— Oh bonjour chef Boden, appelez-moi Jessica, répondit-elle avec un sourire innocent. J’espère que cela ne vous dérange pas que je passe les gardes de Shay à la caserne, l’appartement n’est pas vraiment aménagé pour accueillir un fauteuil roulant et j’aime avoir mon autonomie.
— Pas le moins du monde. Puis-je savoir sur quoi vous travaillez ?
— Oh ce sont de vieilles affaires non classées, ça va du meurtre à l’incendie volontaire, au cambriolage ou à la violence domestique. Je peux ainsi rester plus longtemps à Chicago.
— Alors vous comptez rester un moment dans les parages ?
— C’est exact, après cette blessure j’avais besoin de changer un peu d’air et quoi de mieux que de venir voir une de mes meilleures amies. J’ai pas mal de congés accumulés mais mon chef, le lieutenant Taylor, pense que je devrais les conserver pour vraiment en profiter. Alors il m’a proposé un marché, si je travaille sur les affaires non classées même à distance, c’est comme si je travaillais au labo mais avec moins de pression et plus de liberté sur mes horaires de travail.
— Ça me paraît un marché équitable, répliqua Boden, vous avez de la chance d’avoir un chef aussi compréhensif.
— Oui le lieutenant Taylor peut paraître un peu froid au premier abord mais c’est quelqu’un de droit et de juste, toujours prêt à faire son maximum pour défendre les gens de son équipe, fit-elle en envoyant une petite pique au chef qui ne sourcilla pas.
— Vous savez il y a un bureau juste en face de Connie, vous y seriez plus au calme pour travailler et surtout ce serai plus confortable pour vous.
— Je ne voudrais pas déranger votre assistante, je ne crois pas qu’elle m’ait à la bonne.
— Ne vous inquiétez pas, elle aboie plus qu’elle ne mord, répliqua Boden en souriant.
— Dites surtout que vous aimeriez garder un œil sur moi.
— Je vais être franc l’idée m’a traversé l’esprit.
— J’aime votre franchise et j’accepte votre proposition. Je m’y installerai dès la prochaine garde. Pour le moment, j’aimerai continuer à faire connaissance avec vos hommes si cela ne vous dérange pas. J’aime savoir avec qui je vais passer mon temps.
— C’est compréhensible, je vais vous laisser travailler. N’hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de quoi que ce soit.
— Merci chef, je le ferai.
Boden la regarda pendant un court moment, cette femme savait ce qu’elle faisait et elle l’avait vu venir gros comme une maison. Il secoua la tête et retourna dans son bureau. Il aurait bien aimé avoir plus de renseignements sur son invitée mais mis à part que c’était une amie de Shay, qu’elle travaillait dans la police et qu’elle avait été blessée dans l’exercice de ses fonctions, il ne savait pas grand-chose.
Jessica laissa échapper un soupir, cet échange avec le chef l’avait pris de court et elle avait bien failli mettre les pieds dans le plat. Elle devait se montrer plus prudente à l’avenir. Elle repensa à Kelly qui était partit en intervention et elle sentit son cœur s’emballer. Il fallait absolument qu’elle s’occupe sinon elle allait devenir dingue. Son esprit aiguisé ne cessait d’imaginer des scénarios plus catastrophiques les uns que les autres. Alors elle sortit de son sac à dos le dossier suivant, certains avaient été digitalisés, d’autres étaient sur papier. C’était le cas pour cet incendie volontaire d’un vieil immeuble qui avait fait trois victimes. Danny et Lindsey avaient travaillé sur cette affaire pendant qu’elle était clouée sur son lit d’hôpital. Danny était venu plus d’une fois dans sa chambre pour discuter de cette affaire, il était frustré parce que les indices étaient maigres et que les flammes avaient tout ravagé. Jess avait tenté de le soutenir en essayant de lui donner des idées sur les pistes qu’il pouvait suivre mais au bout du compte cela n’avait rien donné. Lindsey avait même contacté le service incendie des pompiers de New York mais ils n’avaient pas été d’un grand secours, car ils étaient en sous-effectifs et débordés. Elle posa le dossier sur ses genoux et alla jusqu’au dortoir où elle trouva Casey en train de remplir son rapport d’intervention. C’était une occasion unique de parler au lieutenant et de l’évaluer. Elle toqua à la porte.
— Jessica ? Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il en lui tenant la porte pour qu’elle puisse entrer dans son petit bureau.
— Vous pouvez me tutoyez vous savez, je ne mords pas.
— Alors que puis-je faire pour toi ?
— Eh bien lieutenant, je reprends une affaire non classée sur un incendie dans un vieil immeuble. Il a eu lieu il y a environ cinq mois et j’aimerai beaucoup avoir votre analyse, enfin si vous avez un instant.
— Appelle-moi Casey ou Matt, lieutenant c’est trop officiel.
— D’accord. J’ai ici toutes les photos, les déclarations des différents témoins, les différentes analyses et toutes les pistes qui ont été suivies, j’ai besoin de l’œil d’un professionnel.
— C’est à Severide qu’il faudrait demander, il a un don pour ce genre d’enquête.
— Je l’aurais bien fait, mais il n’est pas vraiment d’humeur en ce moment avec tout ce qui s’est passé. Je ne veux pas l’embêter avec ça.
— Qu’est-ce que tu sais de ses ennuis ? demanda Casey curieux.
— Rien d’autre que ce que Shay m’a raconté. Une fille a porté plainte contre lui pour harcèlement et il a été rétrogradé. Une sale affaire quoi, répondit-elle en restant le plus vague possible. On essaye d’en parler le moins possible quand on passe du temps tous ensemble à l’appartement, il est assez perturbé comme ça, on ne va pas en rajouter.
— Oui comme tu dis, répliqua le lieutenant un peu mal à l’aise, il avait l’impression qu’elle ne lui disait pas toute la vérité. Allons en salle de briefing on y sera plus à notre aise pour examiner le dossier.
— Avec plaisir, je dois dire que cette affaire a fait tourner en bourrique mes coéquipiers pendant un bon moment avant que Mac, notre chef, ne décide de la mettre dans la pile des affaires non classées.
Une fois installés en salle de briefing, Jessica étala les photos sur la table. Casey les examinait minutieusement. La jeune femme désigna un point sur une photo en expliquant que c’est à cet endroit qu’ils pensaient que l’incendie avait commencé.
— Tu as l’air d’en savoir beaucoup sur les incendies, constata Matt.
— Je suis curieuse de nature et j’aime apprendre de nouvelles choses, alors quand les pompiers de New York ont organisé des formations aux enquêtes sur les incendies, je m’y suis inscrite tout de suite. C’était très instructif, le chef Hallington sait très bien comment intéresser son auditoire. Et ça n’a pas été en vain, ce que j’ai appris m’a déjà servi dans plusieurs affaires, sauf celle-ci. Il y a quelque chose qui ne colle pas et j’ai beau étudier le dossier dans tous les sens, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
— Je te comprends, c’est frustrant. Tu peux me laisser les documents pendant un moment ? Je vais les étudier de plus près.
— Oui pas de soucis, ça va pas me faire du mal de faire une petite pause.
Elle croisa Herrmann dans le couloir, il semblait préoccupé. Il se dirigeait vers le dortoir et elle l’accompagna sans dire un mot. Quand il s’assit sur son lit, la jeune femme approcha son fauteuil au plus près.
— Hey, fit Jess, ça va ?
— Oh je suis juste ennuyé par tout ce qui se passe ici depuis quelques temps, tu sais le 51 c’est une famille et je n’ai pas l’impression que nous l’ayons été avec Severide. Bon c’est vrai que c’est un coureur de jupons mais jamais je ne l’ai vu manquer de respect à une femme. Et puis il y a le nouveau lieutenant, son comportement avec Severide est vraiment limite. Il aurait pu mourir dans ce feu à la dernière garde. Il n’a même pas demandé de ses nouvelles alors que c’est de sa responsabilité de veiller sur son équipe. Non ce n’est vraiment pas juste ce qui se passe.
— Ce qui n’est pas juste non plus c’est que personne ou presque ne lui ait donné le bénéfice du doute, tout cela parce que la demoiselle était jolie et que certains avaient, je suppose, très envie de fraterniser.
— Ah tu sais pour ça aussi ? demanda Christopher en rougissant.
— Je suis dans la police depuis un bon moment, une partie de mon métier consiste à observer, écouter et évaluer les situations, Shay m’a raconté les grandes lignes de l’affaire quand c’est arrivé, et le reste n’a pas été difficile à deviner en observant les différents comportements et commentaires des uns et des autres.
— Ouais, j’en suis malade. Cette famille part à vaux l’eau et je ne sais pas quoi faire pour rétablir la situation.
— Il n’y a pas grand-chose à faire pour le moment hélas. D’après Leslie, si Severide ne fait pas appel de la décision, elle va devenir définitive et cela brisera définitivement sa carrière. Il pourrait sauver le président qu’il n’aurait même pas droit à un merci. Maintenant à ce que j’ai compris la balle est dans son camp, c’est à lui de faire la démarche, seulement comme il ne sent pas soutenu, Shay ne pense pas qu’il fasse appel.
— Tu devrais peut-être lui en parler, vous avez l’air proche.
— Oh je ne le connais qu’à travers ce que me raconte Leslie, répondit-elle avec une certaine nonchalance, et puis on ne s’est que très peu vu lors de mes différentes visites. Tu sais je pourrais écrire un roman avec toutes les anecdotes que me raconte Shay, cette caserne n’est pas de tout repos.
Severide entra dans le dortoir et Jessica ne put retenir un soupir de soulagement. Ils devraient attendre la fin de la garde pour pouvoir parler en toute tranquillité.
— En tout cas arrête de te prendre la tête, tu ne peux pas faire grand-chose en ce moment.
— Si, je peux prendre sa défense devant les collègues, chose que j’aurais dû faire depuis le début.
— Tu sais il n’est jamais trop tard pour faire les choses correctement, Herrmann.
— Merci ma belle, tu es vraiment de bon conseil.
— De rien, à ton service, n’hésite pas à venir me parler si tu as besoin.
Severide regardait discrètement la scène et sourit intérieurement. Jessica était en train d’interroger tous les membres de l’équipe sans en avoir l’air. Elle était douée, vraiment douée.
Dans la salle de briefing, Matt examinait les photos et les déclarations des témoins et il se rendit compte que Jess avait raison quelque chose ne collait pas. Il ouvrit la porte et intercepta Otis qui passait et lui demanda d’aller chercher la jeune femme. Elle arriva quelques minutes plus tard accompagnée par Shay qui était rentrée de sa dernière mission.
— Alors tu as quelque chose ? demanda-t-elle.
— Oui je crois. J’ai examiné toutes les photos, les témoignages et les différents indices et je pense qu’effectivement quelque chose ne va pas. L’un des témoins dit qu’il a vu de la fumée au quatrième étage, un autre parle de fumée au niveau du toit, et pourtant le départ de feu que tu as identifié se trouve au deuxième étage, ça n’est pas logique.
— C’est vrai, on aurait dû voir de la fumée au deuxième.
— Et il n’y a pas que ça, regarde où les corps ont été retrouvés. Tous à des étages où il n’y avait supposément pas de flammes et pourtant ils ont été brûlés vifs.
— Comment c’est possible ça ?
— Je n’en ai aucune idée, il faudrait que je puisse voir les lieux.
— Ah ben ça, ça peut s’arranger, je peux demander à Danny d’aller y faire un tour, je suis sûre que le chef Hallington n’aura rien contre nous prêter un de ses hommes. Si tu veux, on essayera de se faire une Visio en direct et tu pourras lui dire quoi chercher.
— C’est une bonne idée mais est-ce que ton patron va être d’accord ? demanda Matt incertain.
— Mac ? Oui, sans problème, il n’aime pas que les affaires restent non résolues, tout comme nous d’ailleurs. Je mets ça au point et je te tiens au courant ça te va ?
A l’extérieur de la salle de briefing, le chef Boden observait la scène. Cette amie de Shay ne jouait pas franc jeu et il le savait mais tant que cela n’entravait pas la bonne marche de la caserne, il ne voulait pas intervenir. En fin d’après midi, un homme se présenta à la caserne avec une enveloppe dans les mains. Il regardait les différents camions garés autour de lui.
— Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? demanda Otis en s’approchant.
— Je cherche M. Severide.
— Il doit être au dortoir, je vais le chercher, fit-il avec dédain.
Il entra dans le bâtiment, il jeta un œil à la salle commune mais n’y trouva pas Kelly, sans hésiter il alla jusqu’au dortoir où Severide, assis sur sa couchette, discutait avec Shay des mots croisés à la main.
— Hey Severide, y a quelqu’un qui te cherche, dit Otis. Il est dans le garage.
— Merci Otis.
Mais celui-ci tourna les talons et ne lui répondit même pas. Kelly soupira et secoua la tête, il commençait légèrement à en avoir assez de l’attitude de certains membres du 51. Il se dirigea vers le garage accompagné par Leslie dont la curiosité avait été piquée.
— M. Severide ? demanda l’homme.
— Lui-même, que puis-je faire pour vous ?
— Je suis Lucius Harmond, je travaille au bureau du procureur.
— Alors comme ça, le procureur veut poursuivre cette affaire qui n’a ni queue ni tête, dit Shay en secouant la tête. Vous allez vous ridiculiser, vous le savez ça ?
— Shay, fit Severide en faisant un signe de tête à son amie.
— Ok, ok je n’ai rien dit.
— Le substitut du procureur m’a chargé de vous remettre ceci.
— Qu’est-ce c’est ?
— C’est une convocation pour un interrogatoire pour après-demain après midi. Je sais que c’est un délai très court pour vous organiser mais le bureau du procureur veut en finir avec cette désagréable histoire au plus vite. Bien sûr si cela ne vous convient pas nous pouvons changer le rendez-vous
— Je comprends. Je vais joindre mon avocat et je vous confirme le rendez-vous.
— Tenez voici ma carte. J’attends votre appel. Je vous souhaite une bonne soirée.
L’homme tourna les talons et s’en alla. Severide ne répondit pas, il semblait cloué sur place, sous le choc de cette visite inattendue. Jess avait suivi la scène depuis la baie vitrée, vu l’attitude de Kelly ce ne pouvait être qu’une mauvaise nouvelle. Elle se doutait que le visiteur devait venir du bureau du procureur. Casey passa devant elle et alla rejoindre son ami.
— Hey ça va ? demanda-t-il quand il fut à sa hauteur.
— …
— Kelly ?
— Hein quoi ?
— Tout va bien ?
— Non et ce n’est pas près de s’arranger.
— C’était qui ce type ?
— Des mauvaises nouvelles, il faut que je voie le chef.
Il tourna les talons et entra dans le bâtiment. Il alla jusqu’aux toilettes et se regarda dans la glace, il ne se reconnaissait pas, il avait l’impression d’avoir pris dix ans depuis le début de ce cauchemar et voilà que le procureur en rajoutait une couche. Il se passa un peu d’eau sur la figure. Jess entra dans la pièce et lui demanda s’il allait bien. Kelly regarda autour de lui pour être sûr qu’il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes et lui raconta ce qui venait de se passer. Il lui tendit l’enveloppe et elle l’ouvrit, elle y trouva la convocation ainsi qu’une mention des accusations portées contre lui.
— Faut que je parle au chef.
— Ok je m’occupe d’appeler Franck pour voir s’il est disponible.
— Merci, qu’est-ce que je ferai sans toi ?
— Tu ne le sauras jamais vu que je suis là pour longtemps, répondit-elle avec un petit sourire en coin.
Il sortit des toilettes et se rendit au bureau du chef le ventre noué pourtant il n’avait rien à se reprocher. Il toqua à la porte et Boden lui fit signe d’entrer.
— Ah Severide. Qu’est-ce qu’il y a pour ton service ? Assieds-toi.
— Chef, c’est…, fit-il en s’asseyant.
— Un problème ?
— On peut dire ça. Le bureau du procureur a décidé de me poursuivre suite aux accusations de Little et du chef Rutkowski. Je viens de recevoir une convocation, visiblement ils veulent m’interroger.
— Quand ?
— Après demain, d’après le messager, ils veulent boucler rapidement cette affaire.
— Il va te falloir un bon avocat, je vais voir avec le service juridique si…
— Pas la peine chef, j’ai déjà un très bon avocat qui a très envie d’en découdre avec le procureur.
— Je ne savais pas que tu en avais déjà un, fit Boden surpris.
— Oui un ami me l’a conseillé, il aime les défis et celui-ci est de taille. Je l’ai contacté parce que…
— Parce que quoi ? demanda Boden avec curiosité.
— Parce que je compte faire appel de la décision de la commission de discipline, je vais faire tout mon possible pour démontrer mon innocence et faire payer les cols blancs.
— Fais attention, si tu t’en prends à eux tu risques de le payer cher.
— Pas plus cher que si je ne fais rien. Regardez autour de vous chef, plus personne, mis à part Shay, ne veut avoir affaire à moi, je suis devenu un paria dans cette caserne! Je trouve que c’est assez cher payé pour les mensonges d’une femme que je n’ai jamais touché ! s’écria le pompier avec agacement.
Dans le dortoir, Jessica parlait avec Franck, il avait été décidé que celui-ci passerait à l’appartement le lendemain après midi et qu’il accompagnerait Severide à son rendez-vous. Elle exprima son envie de l’accompagner mais il l’en dissuada, il fallait qu’elle reste dans l’ombre encore un moment. Elle raccrocha avec un sentiment de frustration. Elle appela Erin dans la foulée pour l’informer du dernier développement. Celle-ci lui confirma qu’elle avait bien reçu le dossier envoyé par les services d’urgences de Los Angeles. Elle était justement en train de l’étudier. Elle venait de raccrocher quand Mac l’appela.
— Bonjour Mac, fit-elle en soupirant.
— Bonjour, Jessica, comment ça va ?
— Ça peut aller. On a eu une grosse frayeur lors de la dernière rotation mais il y a eu plus de peur que de mal, dit-elle tout en restant un peu vague.
— Vous êtes à la caserne ?
— Oui, et je ne peux pas dire que ce soit le monde des bisounours. Et les choses viennent de passer un niveau supérieur.
— Comment ça ?
— Certaines personnes ont décidé de poursuivre l’affaire si vous voyez ce que je veux dire. En tout cas votre ami Franck se frotte déjà les mains.
Otis entra dans le dortoir à la recherche du chargeur de son téléphone. Il regarda avec curiosité la jeune femme qui semblait bouleversée.
— Ne vous inquiétez pas Mac, je continue à travailler sur les affaires que vous m’avez confiées, j’ai même demandé de l’aide au lieutenant Casey pour l’incendie sur Wilson Street. Il pense comme moi, il trouve qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
Otis semblait intéressé par la conversation mais il ne trouvait pas de raisons valables pour rester dans le dortoir, il ressortit déçu. Il aurait bien voulu lier connaissance avec cette femme qu’il trouvait magnifique.
— Désolée Mac, il y avait des oreilles qui traînaient.
— Je suppose que vous ne pouvez pas parler librement.
— Pas trop, je ne sais pas à qui on peut faire confiance. Me faut un peu plus de temps pour le découvrir. Quand à l’incendie dont je vous parlais, est-ce qu’il serait possible que Danny aille sur place et qu’il fasse une visite virtuelle au lieutenant ? Il a besoin de plus d’éléments pour donner son avis.
— Ça doit être faisable, laissez-moi en parler à Hallington.
— Merci Mac. Sinon comment ça se passe au labo ?
— Comme toujours, trop d’affaires et pas assez d’effectifs, les heures supplémentaires vont crever le plafond ce mois-ci.
— Oh joie, les gros bonnets vont en avoir une crise cardiaque, répliqua-t-elle sur un ton plein de sarcasmes.
— J’ai eu le chef Carmody de la division enquête incendie, il semblerait que la demoiselle en question ait sévit ici aussi sous le nom de Tara Sorensen. Le pompier incriminé a été licencié pour comportement indécent. Il a crié au complot mais personne ne l’a écouté. Malheureusement il n’a pas supporté la situation et il a mis fin à ses jours, je viens de vous envoyer le dossier. Soyez prudente Jess, j’ai l’impression que cette femme est prête à tout pour s’en sortir.
— Merci Mac. J’espère pouvoir lui rendre son honneur en démontrant que ce n’est qu’une affabulatrice. Je vais transmettre tous ces éléments à l’inspecteur Lindsay et à Franck. Je dois dire qu’il est intéressant, je n’ai jamais vu un avocat se frotter les mains à l’idée de mettre le bureau du procureur à genoux.
Ils continuèrent à discuter pendant un bon moment avant que Mac ne soit appelé sur une scène de crime. Après le dîner, Boden convoqua Casey pour le mettre au courant des derniers développements de l’affaire. Ils arrivèrent à la conclusion qu’il fallait qu’ils montrent leur soutien à Severide. Ils décidèrent d’attendre les résultats de l’interrogatoire du procureur et la fin de la garde suivante pour aller lui rendre visite directement chez lui pour parler en toute tranquillité. Le reste de la rotation se passa calmement. Il y eu quelques appels mais rien de bien dangereux.
Chapter 6
Notes:
Entre le boulot, les tracas de la vie quotidienne, la chaleur ambiante et des problèmes de santé qui ne me laissent pas beaucoup de répit, ma muse a décidé de se mettre en grève lol J'ai tout de même réussi à faire avancer un peu notre petite histoire et les ennuis de ce pauvre Severide sont loin d'être terminés. J'espère que cela vous plaira. Comme toujours vos commentaires sont les bienvenus. Alors assez de blabla, attachez vos ceintures et enjoy the ride...
Chapter Text
Quand ils rentrèrent à l’appartement, ils montèrent prendre un repos bien mérité. Jessica n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Elle s’était glissée hors du dortoir au milieu de la nuit pour rejoindre Severide qui était assis dans la salle du matériel au milieu de leurs tenues de feu. Ils avaient discuté un petit moment des événements de la journée puis elle était retournée se coucher mais le sommeil l’avait fui. Elle prit une douche pour délasser ses muscles fatigués et retrouva Kelly qui l’attendait allongé dans le lit. Il ne la quittait pas des yeux, son regard la caressait, et elle se sentit rougir. Ils s’embrassèrent et s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Jessica fut réveillée par le lieutenant Caine.
— Allo ?
— Bonjour Jessica, je ne vous dérange pas j’espère.
— Non pas du tout lieutenant. Que puis-je faire pour vous ?
— Eric et moi nous sommes penchés sur le dossier que vous nous avez fait parvenir et effectivement vous avez raison, cette femme a sévit chez nous aussi, mais pas sous le nom de Tara Little mais sous celui de Tara Weathersby. Elle travaillait dans les bureaux administratifs du laboratoire. Une rumeur a couru que le chef Wade allait prendre sa retraite et elle était bien positionnée pour avoir la promotion, mais quand elle a vu que celle-ci allait être attribuée à quelqu’un d’autre, elle a accusé M. Wolfe d’harcèlement sexuel, l’inspection générale s’en est mêlée, Ryan a été mis à pied le temps de l’enquête tandis que cette chère Tara obtenait le poste convoité et une bonne compensation pécuniaire.
— Oh je parie que ce crétin de Stetler est arrivé à la charge trop content que votre équipe soit mise en cause.
— Oui mais malheureusement pour Stetler et heureusement pour M. Wolfe le soir de la soi-disant tentative d’abus, Ryan est allé à un dîner improvisé chez Alexx notre médecin légiste
— Vous pourriez m’envoyer le dossier de l’affaire ? Ça rajoutera un peu plus de poids au dossier que je suis en train de constituer. Le substitut du procureur a décidé de convoquer Kelly et il y a de fortes chances que cela ne se termine par une mise en accusation. Il a l’air de vouloir faire un exemple de cette affaire. Horatio une dernière chose, seriez-vous prêt à venir témoigner s’il le faut ?
— Ne vous inquiétez pas, vous pouvez compter sur moi.
— Merci beaucoup Horatio.
— C’est le moins que je puisse faire.
Elle raccrocha soulagée, elle avait maintenant quatre cas documentés des agissements de ladite Tara Little.
— Salut, fit Severide en baillant et en s’étirant comme un chat.
— Salut.
— Bien dormi ?
— Aussi bien que possible et toi ?
— Toujours bien quand je suis avec toi. C’était qui au téléphone ?
— Oh c’était le lieutenant Caine du labo de Miami, il semblerait que Tara ait fait une apparition là-bas aussi.
— Eh ben elle ne perd pas la nord celle-là, donc elle aurait déjà fait la même chose à trois autres hommes ?
— Quatre, hier Mac m’a confirmé qu’elle avait réussi à faire virer un pompier, malheureusement il ne l’a pas supporté et s’est donné la mort. Je devrais recevoir le dossier dans la journée, une copie va être transmise à Erin aussi.
— Merde ! s’écria Severide avec colère. C’est elle qui devrait être poursuivie et finir derrière les barreaux.
— Ça, ce serait le paradis.
— Sinon tu en es où de tes recherches ?
— Eh bien j’ai trouvé pas mal d’informations sur tes cols blanc, c’est fou ce qu’on peut apprendre sur les réseaux sociaux. Et le lieutenant de pacotille n’est pas en reste.
— Comment ça ?
— Eh bien il n’a pas l’air d’être au courant que son compte est totalement public et certains de ses publications sont très intéressants. Devine qui est son oncle ?
— Euhhh aucune idée.
— Le chef Miller, il a fait parti de ta commission de discipline et le chef Miller et le chef Mead ont été à l’académie ensemble.
— Attend le chef Mead ? C’est lui qui présidait la commission.
— Le monde est petit n’est-ce pas ? Et devine avec qui le chef Mead joue au golf ? Le chef Rutkowski.
— Attends tu crois que c’est une vengeance à cause de ce qui s’est passé avec Nicki ?
— C’est une possibilité, ça ne me semble pas très impartial tout ça. D’ailleurs je me demande si…
— Si quoi ? demanda Kelly ébahi par ce que Jess lui racontait.
— Si le chef Miller n’aurait pas truqué les dés pour que son neveu puisse avoir ton poste.
— Je ne pense pas, tu crois vraiment qu’il aurait fait une chose pareille ?
— Oh rien ne m’étonnerait de la part de ces politicards.
Le silence retomba dans la chambre, il ne fut rompu que par les grondements de l’estomac de Jessica qui n’avait pas vraiment dîné le soir antérieur. Après avoir pris une douche passionnée ensemble, ils descendirent à la cuisine pour se faire un bon petit déjeuner même s’il était près de 15h. Shay était pelotonnée sous une couverture sur le canapé du salon en train de siroter un bon en café en regardant un film.
— Salut les amoureux, s’écria-t-elle en voyant Severide déposer sa petite amie dans son fauteuil. Bien dormi ?
— Aussi bien que possible, répliqua Jessica en baillant. Et toi ?
— Oh moi, y a rien qui peut me réveiller quand je dors.
— Tu as faim ? demanda Severide.
— Pas trop.
— Qu’est-ce qu’il y a ? s’enquit Jess en s’approchant.
— Oh c’est rien, c’est cette histoire de procureur qui me prend la tête. J’ai peur que les cols blancs ne suspendent Kelly jusqu’à ce qu’il y ait un verdict. Et si jamais il est reconnu coupable, il ne pourra plus être pompier.
— Pourquoi cela ?
— Parce que toute personne ayant un casier judiciaire ne peut travailler ni comme pompier, ni comme ambulancier, expliqua Severide depuis la cuisine.
— Alors on n’a pas intérêt à rater notre coup.
— Allez les filles venez manger. Franck ne va pas tarder à arriver.
Ils se mirent à table et continuèrent à discuter de choses et d’autres. Aucun d’entre eux n’ignorait que l’avenir de Kelly allait se jouer le lendemain, si jamais le substitut du procureur s’entêtait cela pouvait avoir des répercutions sur toute la caserne 51, surtout si la presse s’en mêlait. Franck arriva à l’appartement en même temps que l’inspecteur Lindsay. Elle avait des informations supplémentaires sur Caldwell.
— Bonjour, asseyez-vous tous les deux, fit Shay. Vous voulez quelque chose à boire ?
— Un café ne serait pas de refus, dit Franck.
— Idem pour moi, ajouta Erin.
Severide s’installa sur un fauteuil, Jessica juste à coté de lui. Shay s’assit dans l’autre fauteuil tandis que l’avocat et Erin s’installaient sur le canapé. Franck fut le premier à prendre la parole.
— Bien j’ai étudié toutes les informations que Jessica m’a transmises et je dois dire que nous avons de quoi démonter la théorie du harcèlement.
Le portable de Jessica sonna et elle fut surprise de voir le nom de l’interlocuteur. Elle s’excusa auprès de ses invités et s’isola pour répondre au téléphone.
— Catherine ? Que me vaut l’honneur de ton appel ?
— C’est à propos du dossier que tu as envoyé à Nick. Et tu avais raison, cette femme a bien sévi ici.
— Sous quel nom ? demanda Jess.
— Tara Landford. Elle était dans l’équipe administrative d’Ecklie, mais elle transmettait des informations sur nos enquêtes à la presse contre compensation financière. Quand elle a senti qu’elle allait être démasquée elle s’en est pris à l’inspecteur Vartan. Je ne sais pas si tu te souviens de lui.
— Oui je vois qui c’est, elle n’a pas mauvais goût en matière d’homme.
— Bien sûr son chef l’a mis à pied le temps de l’enquête et c’est Warrick qui a découvert le pot aux roses. Autant te dire qu’elle a été mise à la porte avec pertes et fracas.
— Je vois mais pourquoi c’est toi qui m’appelle ? Où est Nick ?
— Il est occupé.
— Catherine, je te connais comme si je t’avais faite, je sais quand tu me caches des choses alors dis-moi ce qui se passe ! Il lui est arrivé quelque chose ?
— Rien de grave, je te promets. Mais une scène de crime a mal été sécurisée, le malfaiteur était toujours sur place et il a ouvert le feu, Nicky a été blessé mais rien de grave.
— Quels genres de blessures ?
— Il s’est cogné la tête quand le gars l’a poussé et une balle l’a éraflé au bras. Il est un peu groggy alors ils l’ont gardé en observation à l’hôpital jusqu’à demain. Ne t’inquiète pas Warrick est avec lui. Je lui dirais de t’appeler dès qu’il ira mieux.
— Y a intérêt ! Cath tu es sûre qu’il va bien ?
— Je te le promets, tu connais Nick, il a la tête dure.
— Ça je ne le sais que trop bien.
— Faut que j’y aille, je veux passer le voir avant de prendre mon service.
— Embrasse-le pour moi veux-tu ?
— Promis
— Sois prudente.
— Toi aussi, je t’ai fait parvenir le dossier par mail et pour devancer ta question, Warrick est prêt à faire le déplacement s’il le faut.
— Merci Catherine. A bientôt.
Elle raccrocha d’une main tremblante. Son grand frère était à l’hôpital et elle ne pouvait rien faire pour l’aider. Elle prit une grande inspiration qu’elle relâcha en comptant jusqu’à cinq et recommença l’opération quatre fois supplémentaires. Elle retourna voir les autres. Kelly sut immédiatement que quelque chose n’allait pas.
— Hey ça va ?
— Oui, oui, répondit-elle d’une voix tremblante. C’était le labo de Las Vegas. Tara a aussi sévi là-bas. Catherine va m’envoyer le dossier et Warrick est prêt à faire le déplacement si nécessaire.
— Eh bien on peut dire qu’elle ne fait pas dans la dentelle celle-là, fit Erin avec une mine de dégoût.
— Elle a surtout du sang sur ses mains, elle a accusé un pompier à New York qui a été viré sans autre forme de procès, il n’a pas supporté l’humiliation et il a mis fin à ses jours, répliqua Jess avec colère. Franck il faut absolument prouver sans doutes raisonnables que cette fille est une menteuse. Il est hors de question que Kelly perde son poste.
— Que craignez-vous ? demanda Franck surpris par le ton dur et froid de Jessica.
— Une mise à pied avant et pendant le procès mais surtout un non lieu ou une condamnation. Si le juge prononce un non-lieu, il subsistera toujours un doute ce qui le privera de toute promotion. Et si jamais il y a une condamnation, il peut dire adieu à son métier de pompier.
— Je pense qu’on a de grandes chances d’obtenir l’acquittement avec toutes ces informations que vous avez réunies si jamais on doit aller jusqu’au procès. Quand à l’appel, ce que vous m’avez transmis va nous être très utile. J’ai terminé de le rédiger et je compte le déposer demain au siège. Il faudrait tout de même savoir combien de temps Caldwell a attendu sa promotion, je crois savoir que celle-ci n’est effective que si un poste se libère, donc une personne peut attendre des mois voir des années une affectation.
— C’est exact, fit Severide, mais je ne vois pas comment obtenir ces informations.
— Pas la peine de chercher, Voight et moi avons trouvé quelques infos intéressantes sur ton lieutenant, déclara Erin en sortant un dossier de son sac. Il a passé son examen de lieutenant lors de la dernière session qui a eu lieu, il y a six mois à peine. Il a fait quelques remplacements et franchement les retours ne sont pas fameux, certaines casernes ne veulent même plus en entendre parler.
— Pourquoi ? demanda Shay avec curiosité.
— Parce qu’il ne sait pas diriger une équipe, tout ce qu’il sait faire d’après l’un des capitaines avec qui j’ai parlé c’est diviser pour mieux régner.
— Pourquoi ça ne m’étonne pas ! s’écria Severide. C’est exactement ce qu’il a fait quand il est arrivé au 51 et mon équipe a marché comme un seul homme.
— Tu as quelque chose sur sa famille ou ses relations ? s’enquit Jess. Je sais que son oncle faisait parti de la commission de discipline et que le chef de ladite commission joue au golf avec le père de cette chère Niki.
— Eh bien il est allé à l’université de Loyola, a obtenu un master en criminologie. Il a été recalé à l’académie de police, il n’a pas réussi les tests psychologiques, il s’est donc rabattu sur les pompiers. D’après le dossier que j’ai pu me procurer il a été exempté des examens d’entrée. Il n’a eu à passé qu’un oral dirigé par je vous le donne en mille : son oncle.
— Eh ben c’est une énorme entorse au règlement, je me demande qui l’a autorisé, murmura Kelly.
— Je ne sais pas, j’attends encore des infos, mais mon informateur au sein des pompiers a l’air sacrément remonté. Il a passé tous ses examens avec à peine la moyenne que ce soit à son examen final écrit et pratique ou son examen de lieutenant. Il n’a pas brillé par son intelligence. En tout cas, il n’était pas très aimé par les autres, surtout de la gent féminine. Il y a eu une plainte déposée contre lui mais elle a été classée sans suite.
— Une plainte pour quoi et par qui ?
— Je ne sais pas encore mais je vais continuer à chercher. L’affaire a été enterrée très profondément.
— Merci Erin, ça va beaucoup nous aider. Je vais aussi continuer mes recherches de mon coté.
— On pourrait demander de l’aide au chef, suggéra Shay.
— Je ne sais pas si on peut lui faire confiance, Leslie.
— T’inquiète pas Kelly on va trouver. Mais Shay a raison, ce n’est qu’une impression mais je pense qu’on peut lui faire confiance.
— Non, c’est trop risqué, s’entêta Kelly.
— Au fait comment s’appelle le substitut du procureur qui veut absolument se ridiculiser ? demanda Jess, j’ai besoin de savoir à qui on a affaire.
— D’après mes renseignements c’est le substitut Harrison Lawson qui est en charge du dossier, il est secondé par Lucius Harmond, répondit Erin qui suivait la conversation avec attention. Il est arrivé au bureau du procureur, il y a tout juste six mois, d’après moi il veut faire ses preuves.
— Possible mais il ne les fera pas sur le dos de Kelly, hors de question
— Franck comment ça va se passer demain ? demanda Severide
— Il va vous poser des questions, le genre de questions auxquelles on n’a pas envie de répondre, avec combien de filles avez-vous couché, combien de fois etc. Même si les questions sont gênantes, répondez. Gardez votre sang froid, je sais que vous allez avoir envie de lui fiche votre poing dans la figure. Il va tout faire pour vous provoquer et vous faire sortir de vos gonds pour prouver que vous êtes un prédateur. Alors quoi qu’il arrive vous répondez avec des phrases courtes et concises. Ne rentrez pas dans les détails sauf s’il vous le demande. Si vous n’êtes pas sûr de devoir répondre, regardez moi je vous guiderai.
— Donc il va chercher à me piéger, résuma Severide.
— C’est moche à dire mais oui. Il pourra aller jusqu’à vouloir négocier une peine pour ne pas aller au procès.
— Franck pas de négociations, je n’ai déjà pas cédé quand Tara a demandé des excuses publiques, ce n’est pas pour céder devant un substitut qui veut se faire les dents sur moi.
— Attention si vos réponses ne vont pas dans son sens, il va s’entêter et vouloir aller au procès avec toute la publicité que ça va entraîner.
— Je comprends.
— Je dois rencontrer mon contact dans deux jours, espérons qu’il nous donnera des infos qui pourront nous aider à boucler cette affaire, répliqua Erin.
— D’accord on se tient au courant, fit Jessica.
— Kelly, on se retrouve demain à 15h au bureau du substitut. Oh une dernière chose, mettez-vous en uniforme. Il ne faut pas qu’ils oublient que vous êtes un professionnel au service de la communauté qui risque sa vie pour sauver quiconque est en danger.
— Merci Franck.
— Y a pas de soucis. Je ferai tout mon possible pour vous sortir de là et si le substitut ne veut pas entendre raison alors nous ferons en sorte qu’il comprenne qu’il s’en prend à la mauvaise personne.
— Merci Franck, fit Jess en lui serrant la main.
— De rien Jessica, je vous l’ai dit j’aime les défis et je sens que je vais prendre un immense plaisir à mettre à terre nos adversaires. Prenez soin de vous.
Franck et Erin partirent laissant le petit groupe épuisé psychologiquement. Ils allaient devoir mener une guerre et la bataille commençait le lendemain. Jessica se mit aux fourneaux avec l’aide de Kelly et elle prépara un dîner simple mais délicieux. Ils n’étaient pas d’humeur à regarder un film alors les amoureux se retirèrent dans leur chambre tandis que Shay allait rejoindre sa petite amie du moment. Après une petite toilette tout deux se mirent au lit, aucun d’eux n’avait vraiment sommeil. Kelly prit Jess dans ses bras et l’embrassa fougueusement, elle caressait ce corps dont elle connaissait toutes les zones érogènes. Caresses après caresses, baisers après baisers, ils firent l’amour passionnément. Jessica se noyait dans les yeux bleu de son amant, il y avait dans son regard cette étincelle particulière qui allumait en elle un feu qui ne pouvait s’éteindre. Après avoir atteint l’extase ultime, ils se blottirent l’un contre l’autre.
— Que s’est-il passé tout à l’heure ? murmura Kelly. Quand tu es revenue cet après-midi, on aurait dit que quelqu’un t’avait piqué ton jouet préféré.
— Rien de très grave, je t’assure, répondit Jess en tendant sa main vers la table de nuit pour consulter son téléphone pour la énième fois.
— Dis-moi tout de même. Que s’est-il passé ?
— Je t’ai déjà parlé de Nick, n’est-ce pas ?
— Ah oui ton ancien collègue de Las Vegas et meilleur ami de ton frère.
— C’est ça, il a été blessé sur le terrain. Une scène de crime mal sécurisée, le suspect était encore sur les lieux.
— C’est grave ?
— Pas d’après Catherine, une balle lui aurait frôlé le bras et il se serait cogné la tête quand le type l’a bousculé quand il a tenté de s’enfuir. Mais j’ai essayé de l’appeler mais je tombe directement sur sa messagerie.
— Je suis sûr qu’il va te rappeler, le plus probable c’est qu’il soit un peu dans le coaltar.
— Possible.
Son téléphone sonna, son cœur se mit à battre la chamade en voyant le nom de son interlocuteur.
— Warrick ? Que se passe-t-il ? Nick va plus mal ? demanda-t-elle en mettant le téléphone sur haut parleur.
— Hey Jess, non t’inquiète pas. Il vient juste de s’endormir, mais il m’a demandé de t'appeler quand il a su que tu étais au courant. Je parie que tu as essayé de l’appeler mais tu as dû tomber sur sa messagerie.
— Exact. Qu’est-ce que tu ne me dis pas ?
— Ne va pas t’emballer.
— Warrick !
— Ok, ok Nick va me tuer.
— Sauf si je te tue avant alors dis-moi !
Severide écoutait l’échange avec un certain amusement. Il connaissait l’équipe de Las Vegas parce qu’il lui avait posé des questions quand il avait vu quelques photos dans l’appartement de la jeune femme. Elle avait peut-être quitté Las Vegas à la suite coupes budgétaires mais elle n’avait jamais vraiment quitté l’équipe de nuit, même si elle s’était reconstitué une famille à New-York. Il avait réalisé très vite que ce n’était pas pour rien qu'on l’avait surnommé « Ouragan Jessica », quand elle se mettait en mode «Maman Ours», rien ni personne ne pouvait lui résister.
— D’accord, d’accord, le gars a tiré sur Nick plusieurs fois, et il a eu de la chance d’avoir son téléphone dans la poche intérieure de sa veste. Il a arrêté l'une des balles sinon il ne serait plus parmi nous, il m’a foutu une de ces trouilles.
— Je le savais ! Nick est le plus grand trouble magnet de tous les temps.
— Dit celle qui attire tous les psychopathes de la terre.
— Oh je t’en prie Warrick.
— En tout cas, il a eu de la chance que ses côtes aient tenu le choc. Il a un sacré bleu.
— Tu m’étonnes. Et son bras ?
— Il a une dizaine de points de suture. Il va rester sur la touche quelques jours. Je vais veiller sur lui.
— Je voudrais pouvoir être là pour lui.
— Je sais mais tu as un pompier à sauver. Comment ça se passe ?
— Ça suit son cours, Kelly est convoqué par le substitut du procureur demain.
— Ça va bien se passer tu vas voir et pas besoin de te dire que si le gars s’entête, je prendrai avec plaisir le premier avion pour Chicago.
— Oui je sais, merci.
— Il est tard, essaye de te reposer, je veille sur ton grand frère.
— Merci Warrick. Sois prudent sur le terrain.
— Promis. A bientôt ma belle.
— A bientôt.
Elle raccrocha, même si elle se sentait rassurée, elle aurait préféré parler directement à Nick. Severide lui murmura des mots de réconfort et ils finirent par s’endormir d’un sommeil troublé. Tout deux craignaient l’audition du lendemain.
Le lendemain matin au bureau du procureur, Tara Little attendait dans le couloir de l’annexe du palais de justice où étaient situés les bureaux du procureur. Elle se sentait un peu inquiète, jamais elle n’aurait pensé que cette histoire irait aussi loin. Tout ce qu’elle voulait c’était gravir les échelons rapidement même si cela devait briser la carrière de Severide. Elle ne l’avait jamais vraiment supporté, elle l’avait choisi à cause de sa réputation de coureur de jupons, et elle pensait que ce n’était que justice qu’il paye pour cela. Elle avait préparé son témoignage avec l’aide d’un de ses amis avocats qui l’accompagnait. La porte du bureau s’ouvrit et Lucius Harmond lui fit signe d’entrer avec son avocat. Elle s’assit à la table de conférence et attendit, Lucius lui proposa un café qu’elle accepta. Le substitut se joignit à eux quelques minutes plus tard accompagné d’une greffière.
— Bien miss Little, je me présente Harrison Lawson, c’est moi qui suis chargé de suivre cette affaire. Je sais que cela est pénible mais racontez-moi comment vous en êtes arrivé à porter plainte.
— Je suis allée travailler pour quelques gardes à la caserne 51 en tant qu’ambulancière. Je sais que mon chef voulait que l’ambulancière en chef m’évalue. Le courant est bien passé c’est du moins ce que je pensais.
— C’est à ce moment-là que vous avez rencontré l’ancien lieutenant Severide…
— Oui c’est cela, il dirigeait l’équipe du Secours 3. Au début je dois avouer que je l’ai trouvé plutôt hautain et froid.
— Qu’est-ce qui a changé ? demanda le substitut.
— Je ne sais pas du jour au lendemain, il a cherché à me séduire, à me faire la conversation, c’était plutôt déconcertant. Il faisait exprès de me croiser dans les couloirs, c’était très subtil d’abord. Et puis il s’est montré de plus en plus entreprenant.
— Comment ça ? demanda l’assistant du substitut.
— Il me souriait, m’observait, et il ne se privait pas de me toucher, rien d’inapproprié d’abord et puis une fois qu’il a vu que j’avais compris, il m’embrassait dans le cou ou il essayait de me coincer dans les vestiaires ou le dortoir.
— Pouvez-vous préciser certains incidents ?
— Oui un soir un peu avant le diner…
— Quelle heure était-il ?
— Euh vers 20h…
— Ce n’est pas un peu tard pour diner Miss Little ? demanda le substitut du procureur
— C’était la mère et la sœur de l’aspirant pompier Mills qui étaient aux fourneaux et franchement ça valait le coup d’attendre un peu. Le camion des secours venait de rentrer, ils étaient partis pour un accident sur l’autoroute. Je suis allée à mon casier chercher des cachets pour mon mal de tête et il est arrivé avec seulement une serviette autour de la taille et sa trousse toilette. Il allait soi-disant prendre une douche et il m’a invité à la partager. Ça m’a mise mal à l’aise mais lui il n’avait pas du tout l’air gêné. Il était appuyé contre le casier voisin du mien et il s’est penché pour m’embrasser. Je l’ai repoussé et je lui ai suggéré de ne pas recommencer s’il ne voulait pas que je porte plainte. Ça a eu l’air de l’amuser. Et puis quand il a entendu des voix qui s’approchaient, il m’a envoyé un baiser et il est parti prendre sa douche.
— C’était quand ?
— Attendez, j’ai commencé mes rotations au 51 le 21 septembre c’était environ 15 jours plus tard.
— Donc aux alentours du 2 octobre.
— Non c’était le 1er octobre, je m’en souviens parce que c’était l’anniversaire de ma tante Susanne. Après ça, il s’est tenu tranquille pendant une semaine et puis il a recommencé son manège. Il a essayé de m’entraîner dans son bureau pour une gâterie, heureusement la sirène a sonné et on a dû partir en intervention. Il m’a invité à venir chez lui en me faisant croire qu’il faisait une soirée avec ses collègues, mais c’était un mensonge, quand je suis arrivée en fin d’après-midi, il était seul.
— Que vous a-t-il donné comme excuse ?
— Aucune. Il m’a dit qu’il voulait passer du temps seul avec moi. Il a pris les bières que j’avais apportées et les a mis sur le comptoir de la cuisine.
— Pourquoi ne pas être partie tout de suite ?
— Parce qu’il a insinué qu’il pourrait faire en sorte que mon contrat soit renouvelé. Je sais, c’était une erreur mais je ne pouvais pas me permettre de perdre mon travail. On a bu une ou deux bières, puis il m’a poussé contre le mur et il a essayé de m’embrasser, j’ai résisté mais j’étais coincée, il insinué ses mains sous mon t-shirt pour me caresser mais il n’a pas pu continuer. Sa colocataire Leslie Shay est rentrée à ce moment-là et j’ai pu m’enfuir, sinon je suis sûre qu’il aurait abusé de moi, termina-t-elle la voix tremblante.
Lucius Harmond prenait des notes mais il ne semblait pas très convaincu par le témoignage de Tara. Elle était trop calme et elle semblait surjouer sa déclaration. Il regarda son patron, celui-ci semblait avoir avalé le baratin de la jeune femme. Il secoua la tête, il travaillait au bureau du procureur depuis quelques années et il avait développé un sixième sens en ce qui concernait les mensonges contrairement à son chef. Il voulait tellement bien faire qu’il en oubliait parfois les objectifs. Le substitut posa encore quelques questions et laissa partir son témoin. La prochaine étape était de mettre en évidence les mensonges du pompier concerné par ces accusations. Avec le témoignage de Nicki Rutkowski et celui de Tara Little, il avait de bonnes chances de mettre à l’ombre un pervers. Son assistant avait insisté pour qu’il approfondisse l’enquête mais il avait refusé, tout semblait vraiment trop évident. Ce cas était gagné d’avance.
Chapter 7
Notes:
Ma muse ayant décidé de faire grève, j'ai beaucoup de mal à poursuivre les aventures de ce pauvre Severide. Voyons comment il affronte la situation face à un substitut du procureur déterminé.... Comme toujours vos avis et commentaires sont les bienvenus, ça m'aidera peut-être à surmonter ce blocage et à motiver ma muse, je veux savoir où elle va me mener. Attachez vos ceintures, enjoy the ride...
Chapter Text
Severide arriva en même temps que son avocat, dix minutes en avance. Franck lui rappela les quelques règles à respecter pour réussir son interrogatoire. Jessica lui avait donné une petite balle en caoutchouc mou en lui disant de la tenir dans le creux de sa main et de la malaxer quand il sentirait la pression monter. Lucius Harmond ouvrit la porte et les fit entrer. Le substitut était déjà assis en bout de table, le dossier ouvert devant lui. Son assistant prit place à ses côtés et l’interrogatoire débuta sans qu’il ait jeté un regard à l’accusé.
— Bien monsieur Severide, si nous commencions. Je me suis laissé dire que vous aviez une réputation de séducteur et de coureur de jupons, avec combien de femmes diriez-vous que vous avez couché ? demanda-t-il en entrant dans le vif du sujet.
— Un certain nombre.
— C’est cela représente combien ? Dix ? Vingt ? Trente ?
— Je n’en sais rien je ne tiens pas les comptes, répliqua Kelly avec une pointe d’agacement.
— Est-ce que toutes ces femmes étaient consentantes ?
— Oui.
— Toutes vraiment ? répliqua le substitut en regardant le pompier pour la première fois.
— Oui. On m’a appris très jeune la signification du mot non.
— Donc si une femme vous dit non, que faites-vous ?
— Rien.
— Et cela ne vous frustre pas quand une femme vous dit non ?
— Je ne vois pas pourquoi cela devrait me frustrer. Non veut dire non, il n’y a pas à discuter.
— Ne me dites pas que vous n’avez jamais insisté quand une femme vous a dit non ?
— Je crois que M. Severide a déjà répondu à votre question, intervint l’avocat fermement.
— Je crois savoir que vous avez maintenu une aventure avec mademoiselle Rutkowski, l’assistante de votre patron. Pouvez-vous m’en dire plus ?
— Faux, répondit Kelly en jetant un œil à son avocat. Je n’ai jamais eu d’aventure avec elle.
— Vous n’avez jamais couché avec elle ?
— Non jamais.
— Pourtant on vous a vu sortir de la salle des équipements en train de rajuster votre chemise.
— Parce qu’elle m’a sauté dessus. Elle m’a embrassé et a déboutonné ma chemise. Je l’ai arrêté avant qu’elle aille plus loin, je lui ai dit que je n’étais pas intéressé.
— Tiens donc, il y a donc des femmes avec qui vous ne couchez pas ?
— C’est ainsi. J’ai tenté de lui faire comprendre de ne plus me poursuivre de ses assiduités mais rien n’y a fait.
— Pourquoi ne pas avoir fait un rapport à votre hiérarchie ?
— Parce que Nicki est la fille d’un chef de district, je ne voulais pas faire de vagues, surtout que son père est venu me voir en m’avertissant de laisser sa fille tranquille parce qu’elle était fiancée. Quand j’ai tenté de lui faire comprendre que c’était sa fille qui me cherchait, il a menacé de détruire ma carrière.
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Quelques jours plus tard, Nicki est venue chez moi en sous-vêtements dissimulés sous une gabardine. Comme ma colocataire était à la maison, je l’ai fait monter dans ma chambre pour lui éviter une scène désagréable et préserver un peu de dignité mais aussi pour lui dire que je ne voulais plus jamais la revoir et que si elle insistait je porterai plainte. Quand elle a compris que je ne reviendrais pas sur ma décision, elle m’a traité de tous les noms d’oiseaux qui lui sont passés par la tête et elle est partie en pleurant.
— Combien de temps est-elle restée dans votre chambre ?
— Entre cinq et dix minutes.
— Cinq ou dix minutes ? Veuillez être précis, M. Severide, dit-il en regardant le pompier droit dans les yeux.
Kelly regarda Franck qui lui chuchota de ne pas se démonter, le substitut cherchait la petite bête. Il ferma les yeux se remémora la scène et évalua le temps qu’il avait mis à la renvoyer dans ses foyers.
— Monsieur Severide j’attends !s'impatienta le substitut.
— Désolé monsieur, mais je n’ai pas regardé la montre mais je pense que ça a duré cinq minutes pas plus.
— Vous pensez ou vous êtes sûr ?
— Je suis sûr monsieur.
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Rien elle a quitté son poste du jour au lendemain et je n’ai plus eu de nouvelles.
— Vous avez dit que vous aviez une colocataire ? C’est une femme ?
— Oui.
— Qui est-elle ?
— C’est une des ambulancières de la caserne 51, Leslie Shay.
— Et vous êtes en couple ?
— Absolument pas.
— Ah bon ? Pourquoi elle n’est pas à votre goût ?
— Ce n’est pas ça, fit Severide en souriant, Shay est une très belle femme mais il se trouve que je n’ai pas le bon sexe.
— Pardon ?
— Oui je n’ai pas de vagin… Shay est gay. C’est pour cela que c’est si facile d’être colocataires.
Lucius Harmond regarda le pompier et secoua la tête. Visiblement son patron avait encore tout faux sur toute la ligne. Si Shay était la jeune femme qu’il avait croisé à la caserne quand il avait apporté les papiers à Severide, il pouvait confirmer qu’elle était très belle.
Pendant ce temps-là à l’appartement, Jessica Ann rongeait son frein. Elle avait étalé le dossier sur lequel elle travaillait la table de la salle à manger mais elle avait du mal à se concentrer. Son téléphone sonna et elle fut contente de la distraction.
— Salut Danny, comment ça va ? Et comment va l’adorable petite Lucy ?
— La demoiselle va bien, elle a un appétit d’ogre. Elle s’ennuie de sa tatie. Et toi comment ça va ? Et ne me dis pas bien, je ne te croirais pas.
— Inquiète, sur des charbons ardents. Kelly est en train d’être interrogé par le substitut du procureur et ça ne s’annonce pas bien.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce que j’ai fait mes petites recherches. Ce mec a été nommé à ce poste il y a tout juste six mois. Il a perdu pratiquement tous ses procès à cause d’un trop plein d’arrogance et d’un manque flagrant de préparation, il a donc besoin d’un coup d’éclat alors quoi de mieux que de descendre un pompier.
— Tu comptes faire quoi s’il considère que les informations que tu as réunies ne sont satisfaisantes ?
— Le court-circuiter. Aller directement au procureur. Erin, l’amie de Lindsey, m’a dit que son patron pouvait m’aider à avoir un rendez-vous.
— Tu crois vraiment qu’il va vouloir aller au procès ?
— J’en suis quasiment certaine, Danny. D’après la rumeur, il est sur la sellette s’il ne gagne pas son prochain procès, il se fera virer.
— Eh bien bon vent !
— Je suppose que tu n’appelais pas seulement pour prendre de mes nouvelles, alors quoi de neuf ?
— La routine. Mac a eu confirmation de la part du bureau incendie, on pourra faire la visite virtuelle de l’immeuble dans trois jours si ton lieutenant est partant.
— Il est de garde demain, je lui en parlerai. Merci Danny.
— Non merci à toi, cette affaire me rend dingue.
On toqua à la porte et elle se demanda qui pouvait bien venir à l’appartement. Shay était partie courir, elle avait besoin de brûler un excès d’énergie.
— Attend, on toque à la porte, reste en ligne. Qui est-ce ? demanda-t-elle à travers la porte.
— Lieutenant Caldwell, le chef Boden m’a demandé de passer prendre des nouvelles de Severide.
— Un instant, j’arrive. Danny, c’est le lieutenant de pacotille. Je ne sais pas ce qu’il vient faire mais ce n’est sûrement pas pour prendre des nouvelles de Kelly, Boden sait pertinemment qu’il a rendez-vous chez le procureur.
— Tu veux que je reste en ligne ?
— Oh oui, je me sentirai plus rassurée.
— Je vais faire mieux je vais enregistrer la conversation, des fois qu’il dise des choses intéressantes.
Elle fit rouler son fauteuil près de la porte son portable sur ses genoux. Elle ouvrit et s’obligea à sourire.
— Bonjour lieutenant, que me vaut l’honneur de votre visite ?
— Appelez-moi William. Je sais que j’ai tendance à être très dur avec mon équipe mais cela n’empêche pas de me faire du souci pour elle. J’ai discuté avec le chef lors de la dernière garde et il m’a fait remarquer que Severide semblait un peu préoccupé alors je me suis dit que j’allais prendre sur mon temps personnel pour venir lui parler, il est là ?
— Je suis désolée mais il est sorti, il avait un rendez-vous urgent.
— Rien de grave, j’espère, dit-il d’une voix mielleuse.
— Non, non, il ne devrait pas tarder.
— Et Shay ? demanda-t-il en forçant le passage. Je croyais qu’elle ne vous quittait pas d’une semelle.
— Oh elle avait besoin de faire un peu d’exercice, elle a profité que je sois occupée par un dossier pour aller courir un peu. Je l’aurais bien accompagnée mais j’ai un rapport à remettre à mon lieutenant en fin d’après-midi.
Caldwell regardait autour de lui. Comment un pompier pouvait se payer un appartement de ce standing, ça devait payer d’être un gigolo.
— Vous permettez que je me serve un peu de café ? demanda-t-il en désignant la cafetière à moitié pleine.
— Je vous en prie, il doit rester des mugs propres sur le plan de travail.
— Merci, ma journée a été longue. Dites-moi ce n’est pas compliqué de travailler comme ça sur des dossiers abstraits sans aller sur le terrain ?
— Non pas tant que ça, et puis j’ai la chance d’avoir une super équipe qui sont mes jambes quand j’en ai besoin.
— J’ai du mal à concevoir la vie dans un fauteuil roulant.
— Comment ça ? s’enquit-elle mal à l’aise.
— Il doit y avoir beaucoup de choses que vous ne pouvez plus faire, comme par exemple aller sur le terrain, courir après les criminels, avoir une vie amoureuse active.
— Certes, répondit-elle, elle savait exactement où il voulait en venir. Bientôt il allait lui sortir les violons en lui demandant de sortir avec lui. Mais il y a encore pleins de choses que je peux faire vous savez. En plus ce fauteuil n’est que temporaire. Dans quelques mois, je serai sur pied et je pourrais de nouveau botter des fesses. C’est ma spécialité.
— Est-ce ça vous dirait de dîner avec moi un de ses soirs, j’aimerai beaucoup explorer ces différentes possibilités avec vous, cela ne peut qu’élargir mon horizon
Jessica avala sa salive, ce ton doucereux lui donnait envie de vomir. Elle se retint de justesse de lui envoyer son poing dans la figure.
— Je suis désolée mais j’ai déjà quelqu’un dans ma vie et je crois qu’il apprécierait moyennement que j’aille dîner avec un autre homme.
— Oh vous pouvez faire une exception, il n’en saura rien, ce qui se passe à Chicago reste à Chicago, fit-il en s’approchant dangereusement de la jeune femme. Je me suis toujours demandé comment une personne en fauteuil pouvait être « active », ce serait une bonne chose de le découvrir, vous ne pensez pas ?
Il allait l’embrasser quand la porte de l’appartement s’ouvrit sur Shay qui transpirait et avait le souffle court.
— Lieutenant ? Que faites-vous chez moi ?
— Euh je venais prendre des nouvelles de votre colocataire mais visiblement il est absent et j’en ai profité pour faire connaissance avec Miss Wardfield. Je dois dire que la discussion était intéressante. Je vais vous laisser, peut-être à une autre fois, fit avec un sourire prédateur avant de sortir de l’appartement.
— Yerk, il me donne envie de vomir, fit Leslie en secouant la tête.
— Dis-moi que tu as tout enregistré, Danny ? demanda Jessica d’une voix tremblante en reprenant son téléphone.
— Je n’en ai pas perdu une miette. Eh ben ce gars-là il n’est pas tout seul dans sa tête. Je n’ai jamais entendu un ego pareil.
— Brrr… Va falloir que je prenne une douche. Heureusement que tu es rentrée, sinon il aurait fallu que je joue des castagnettes parce qu’il était quelque peu entreprenant.
— Ecoute je t’envoie le fichier audio dès que j’ai un moment, dit Danny.
— Merci beaucoup je te revaudrai ça.
— Oh une petite séance de baby-sitting avec ta nièce préférée devrait le faire.
— Vendu. Fait attention à toi.
— Toi aussi.
Elle raccrocha. Elle tremblait encore en pensant à ce qui se serait passé si Shay n’était pas rentrée à temps. Elle prit une inspiration et la relâcha en comptant mentalement jusqu’à cinq.
— Tu as besoin d’un bon chocolat pour te remettre.
— Avec plaisir. Shay, ne dis rien à Kelly s’il te plait.
— Jessica ce n’est pas une bonne idée de lui cacher des choses.
— Je sais mais il est tellement à bout qu’il serait capable d’aller lui mettre son poing dans la figure et tous nos efforts seraient réduits à néant. Je lui en parlerai, je te promets, mais pas tout de suite.
Pendant ce temps, Kelly avait du mal à garder son calme. Il ne cessait de malaxer la petite balle rouge que Jess lui avait confiée. Il devait reconnaître que cela avait un effet bénéfique, il avait juste envie de lui mettre son poing dans la figure au lieu de vouloir lui arracher la tête. Le substitut cherchait la petite bête. Il avait résumé les différentes provocations de Tara pour qu’il finisse dans son lit.
— Donc vous dites que jamais vous n’avez eu de gestes déplacés envers Miss Little.
— Comme je vous l’ai dit les trois dernière fois que vous m’avez posé la question, la réponse est toujours non.
— Donc vous ne lui avez pas proposé de partager une douche après l’une de vos interventions.
— Non absolument pas. C’est totalement interdit par le règlement, répliqua-t-il outré. D’ailleurs quand est-ce qu’elle a dit que j’avais fait une telle chose ?
— Laissez-moi regarder. Le 1er octobre juste avant le diner.
Severide secoua la tête. Il se pencha vers Franck pour lui demander conseil, devait-il révéler l’existence de Jessica ? Cette date il n’était pas près de l’oublier, il en expliqua rapidement les raisons. L’avocat hocha la tête, cela pouvait être l’une des rares failles dans le témoignage de la plaignante.
— Ce n’est pas possible.
— Et pourquoi cela je vous prie ?
— Parce que je n’étais pas à Chicago ce soir-là.
— Et où étiez-vous ?
— En route pour New York pour me rendre au chevet de ma fiancée qui avait été blessée dans l’exercice de ses fonctions.
— Une fiancée ? Et comment se fait-il que vous n’en ayez pas parlé plus tôt.
— Parce je n’en voyais pas l’utilité, il s’agit de ma vie privée.
— Et comment s’appelle cette fiancée fantôme ?
— Elle s’appelle Jessica Ann Wardfield…
— Et que fait-elle dans la vie ?
— Elle est CSI de niveau trois, elle travaille au laboratoire de la police scientifique de New York. Son supérieur m’a appelé pendant mon service pour me dire qu’elle avait été blessée et qu’elle était à l’hôpital, j’ai demandé au chef Boden si je pouvais partir plus tôt pour cause d’urgence familiale, il a accepté alors je suis allé droit à l’aéroport pour prendre le premier vol disponible.
— Quelle heure était-il ?
— Il était aux environs de 21h quand je suis arrivé à l’aéroport. J’ai eu de la chance, j’ai réussi à avoir une place sur le dernier vol en partance vers 21h45.
— A quelle heure êtes-vous arrivé à l’hôpital ?
— Aux alentours de minuit et demi.
— Combien de temps êtes-vous resté à New York ?
— Quarante-huit heures, j’ai pris le dernier vol de la journée pour être de retour à temps pour reprendre mon service.
— Pouvez-vous le prouver ?
— Je suis sûr que le lieutenant Taylor et tous les autres collègues de Jessica ainsi que le personnel des urgences de l’hôpital Angel of Mercy pourront vous confirmer ma présence. Je suis certain que vous trouverez mon nom sur le manifeste de bord. Je dois encore avoir le talon de ma carte d’embarquement chez moi.
— Pourquoi personne autour de vous n’a l’air de savoir que vous êtes fiancé ?
— Ma colocataire Leslie Shay est au courant. Je tiens à mon intimité, je n’ai présenté personne du 51 à Jessica mis à part Shay et elle a respecté mon choix. Elle a choisi de me présenter à ses coéquipiers et j’ai respecté son choix, cela s’appelle le respect.
— Dites plutôt que cela vous arrange afin de pouvoir continuer à jouer les jolis cœurs.
— C’est tout à fait déplacé, fit remarquer Franck d’une voix tranchante.
— Bien greffier, effacez cette dernière remarque, répliqua le substitut avec amusement. Il prenait plaisir à titiller l’orgueil de ce gigolo de pacotille.
— Depuis combien de temps cette demoiselle et vous êtes ensemble ?
— Pratiquement deux ans.
— Comment vous êtes-vous rencontrés ?
— Est-ce vraiment important ? demanda l’avocat qui commençait à en avoir assez de l’attitude de Lawson.
— Tout à fait, M. Severide nous invente une fiancée de dernière minute, il est normal que nous vérifions son existence. Alors cette rencontre ?
Lucius Harmond secoua la tête, son patron jouait un jeu dangereux. Par son attitude, il était en train de donner des munitions à la défense. Il observait maître Hanson prendre des notes et ce n’était jamais bon signe. Il avait déjà eu affaire à lui et malgré son attitude calme et tranquille, quand il attaquait, l’adversaire avait beaucoup de mal à s’en remettre, son patron jouait un jeu dangereux.
— On s’est rencontré à lors d’un échange avec les pompiers de New York. J’ai passé trois mois là-bas. J’ai rencontré l’inspecteur Wardfield sur une scène de crime d’un incendie volontaire. J’ai travaillé avec son équipe pour résoudre l’affaire.
— Laissez-moi deviner ça a été le coup de foudre, répliqua Lawson sarcastiquement.
— Absolument pas, au début elle ne me supportait pas. La procédure de la police scientifique n’est pas la même que celle du bureau des enquêtes incendies. On a eu du mal à accorder nos manières de travailler, il y a eu pas mal de tensions mais finalement on a réussi à résoudre l’affaire. On a fini par réaliser qu’on avait des sentiments quand sa vie a été mise en danger pendant l’enquête.
— Alors comment se fait-il qu’après deux ans de relations, vous ne viviez pas ensemble ?
— A cause de notre travail, je ne veux pas quitter Chicago, ma vie et ma carrière sont ici, et je ne peux pas demander à l’inspecteur Wardfield de sacrifier sa carrière pour moi. Elle est douée dans son travail, très douée même. Et ce n’est pas comme si un poste de CSI de niveau 3 se libérait tous les jours dans la police de Chicago.
— Et comment ça marche alors ?
— Je vais à New York quand je peux et elle vient à Chicago quand son emploi du temps le lui permet. Sinon nous nous parlons tous les jours au téléphone ou par Visio et pour nous ça marche.
— Et connaissant votre réputation de coureur de jupons, elle n’a pas peur que vous la trompiez ?
— Question hors de propos, assena Franck.
— On parle ici d’harcèlement sexuel Maître. De deux femmes que votre client a molestées et qui ont porté plainte. J’aimerai comprendre comment sa fiancée peut supporter cela.
— Cela s’appelle la confiance, répondit Kelly, vous devriez essayer ça fait des merveilles.
— Revenons à ce qui pourrait être qualifié de tentative de viol. Avez-vous invité Miss Little à venir à votre appartement ?
— Non.
— Et pourtant elle était bien chez vous ?
— Oui elle s’est présentée d’elle-même avec un pack de bière à la main, elle voulait discuter. Je l’ai laissée entrer. Elle a commencé à flirter avec moi et je lui ai dit clairement que je n’étais pas intéressé. Elle a insisté pour qu’on boive une bière ensemble, ce qu’on a fait puis quand j’ai voulu la raccompagner vers la porte elle a essayé de m’embrasser, c’est à ce moment-là que je l’ai repoussée contre le mur.
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Rien, elle m’a jeté un regard furieux et Shay est rentrée, elle était en colère parce que j’avais raté un rendez-vous, et ça a été le moment parfait pour mettre Miss Little ou quel que soit son nom à la porte. Quelques jours plus tard, le chef des services ambulanciers a mis fin à sa période d’essai et trois jours plus tard elle portait plainte.
— Combien de temps est-elle restée dans l’appartement ?
— Une quinzaine de minutes tout au plus.
— Il m’a été rapporté que malgré l’interdiction qui vous a été faite de l’approcher, vous l’avez interpellée à plusieurs reprises en public.
— M. Severide n’a fait qu’essayer de comprendre pourquoi cette femme s’en prenait injustement à lui et à sa carrière. C’est ce que toute personne injustement accusé aurait fait. N’auriez-vous pas fait de même?
— Et qu’est-ce que cela vous a apporté ?
— La certitude que ce n’était qu’une menteuse arriviste, elle m’a dit qu’elle laisserait tomber les charges si je lui présentais des excuses publiques.
— Pourquoi ne pas l’avoir fait ?
— Parce que ça aurait été reconnaître que j’avais fait quelque chose de mal alors que c’est faux.
Lucius Harmond se pencha vers son patron pour demander la permission de poser une question, le substitut fit un signe d’assentiment.
— M. Severide, quelque chose a retenu mon attention. Vous avez dit, je cite, que votre colocataire était rentrée et que cela avait été l’occasion de mettre Miss Little ou quelque soit son nom à la porte. Qu’avez-vous voulu dire par là ?
— Permettez, dit Franck. Il se trouve que j’ai fait quelques recherches sur Miss Little et j’ai découvert que M. Severide ici présent n’est pas la seule victime de cette demoiselle mais à chaque fois elle s’est présentée sous un nom différent. Tara Weathersby au laboratoire de police scientifique de Miami, Tara Marshall au centre d’appels d’urgences de los Angeles, Tara Landford au laboratoire de police scientifique de Las Vegas et enfin Tara Sorensen chez les pompiers de New York. Il a eu un autre incident avec un autre homme à Chicago dont je n’ai pas la liberté de divulguer le nom. A chaque fois le même scénario quand les choses se gâtent, elle choisit un homme de son entourage professionnel et dépose plainte contre lui pour harcèlement. Bien sûr pour éviter le scandale, ledit harceleur est soit renvoyé, mis à pied ou comme dans le cas de M. Severide rétrogradé.
— Comment pouvez-vous être sûr qu’il s’agit de la même personne ?
— Parce que dans tous ces services, la photo d’identité ainsi que les empreintes sont enregistrées dans une base de données.
— Comment avez-vous eu toutes ces informations ? demanda le substitut soudain inquiet.
— Tout à fait légalement. Mais je vous invite à contacter l’inspecteur Lindsay des renseignements de la division 21 si vous voulez vous en assurer.
— Puis-je voir toutes ces informations ? demanda Lucius Harmond sous le regard furieux de son supérieur.
— Bien sûr en voilà des copies. Vous avez aussi les noms de toutes personnes prêtes à venir témoigner des agissements de cette femme si toutefois vous vouliez aller jusqu’au procès.
— Je ne crois pas qu’aller au procès donnerait une bonne image de l’institution des pompiers chère à la ville de Chicago, reprit le substitut. Si votre client plaide coupable, je propose une peine de six mois avec sursis. Vos allégations ne tiendront pas face aux témoignages des deux plaignantes.
— Hors de question, s’il plaide coupable il perdra son poste, car vous n’êtes pas sans savoir qu’il faut un casier vierge pour pouvoir être pompier.
— Eh bien il n’avait qu’à y penser avant. C’est mon offre finale, vous feriez mieux de l’accepter M. Severide.
— Pas question, répliqua Kelly. Si vous voulez vous ridiculiser devant la cours grand bien vous fasse, mais il est hors de question que je vous laisse mettre ma carrière en pièce pour faire avancer la vôtre.
— Je ne vous permets pas ! Bien puisque vous ne savez saisir une chance quand on vous l’offre, nous nous reverrons au tribunal alors ! fit Lawson en ramassant ses affaires.
Lucius Harmond raccompagna les deux hommes dans le couloir en secouant la tête. Son patron allait trop loin, rien qu’avec les informations qu’ils avaient sur Miss Little, ils étaient capables de démonter l’accusation. En revenant dans la salle de réunion, son patron l’interpella.
— Lucius, trouvez-moi toutes les informations sur cette supposée fiancée et convoquez-la.
— Ça va être compliqué si elle est à New York.
— Eh bien il n’y aura qu’à organiser une visioconférence avec les bureaux de New York, mais je veux lui parler !
— Bien monsieur, autre chose ?
— Contactez cet inspecteur des renseignements, je veux savoir comment ils ont eu les informations sur la plaignante.
— D’accord, mais monsieur, il serait plus sage d’envisager de laisser tomber l’accusation, si ce qu’ils disent est vrai alors Miss Little n’est pas un témoin fiable.
— Il sera très facile d’empêcher cet avocat de pacotille de verser ces pièces au dossier, surtout s’il les a obtenues de manière illégale.
Il sortit de la salle de réunion en claquant la porte. Lucius soupira, son patron était un imbécile aveuglé par son ambition. Il pouvait voir que Severide disait la vérité. Pas une seule fois, il ne s’était contredit dans son témoignage malgré la pression ambiante. Il ramassa ses dossiers et se rendit dans son bureau pour passer quelques appels. Il était curieux de savoir qui était cette mystérieuse fiancée. Il trouva sans grande peine le numéro du laboratoire de police scientifique de New York. Il appela, se présenta et demanda à parler au responsable.
— Taylor, fit une voix autoritaire au bout de la ligne.
— Bonjour, je suis Lucius Harmond, assistant du substitut du procureur Lawson de Chicago.
— Que puis-je faire pour vous M. Harmond ? demanda Mac intrigué.
— Je vous téléphone au sujet d’un de vos inspecteurs, Jessica Ann Wardfield.
— Que lui voulez-vous ?
— Il se trouve qu’elle a été citée comme témoin dans une affaire d’harcèlement sexuel. Nous aimerions beaucoup l’interroger. J’ai déjà contacté notre bureau à New York et ils sont d’accord pour mettre en place une visioconférence. Je souhaiterais aussi que vous me confirmiez quelques informations.
— L’inspecteur Wardfield n’est pas dans nos murs en ce moment, elle est pour une durée indéterminée à Chicago, vous pourrez la trouver sûrement au domicile de Melle Shay et M. Severide ou à la caserne 51.
— Est-il vrai que Miss Wardfield est fiancée à Kelly Severide ?
— Oh oui depuis au moins deux ans.
— Comment s’entendent-ils ?
— Aussi bien que tous les couples qui sont amoureux et qui ont un fort caractère.
— Pourtant ils ne vivent pas ensemble.
— Et alors ? Ce n’est pas un couple conventionnel mais cela ne les empêche pas d’être heureux.
— Pouvez-vous me confirmer que M. Severide était bien à New York le 1er octobre dernier.
— Oui, répondit Mac en commençant à perdre patience, l’inspecteur Wardfield a été blessée en poursuivant un suspect. La blessure était assez grave, j’ai donc appelé M. Severide.
— Quelle heure était-il ?
— Environ 18h00. Kelly a pris le dernier vol disponible.
— A quelle heure est-il arrivé ?
— Il est arrivé à l’hôpital vers minuit et demi, Jessica venait de sortir du bloc.
— Quand est-il reparti ?
— Il est reparti par le dernier vol en partance quarante-huit heures plus tard pour reprendre son service.
— Bien merci, notre bureau de New York prendra contact avec vous et votre équipe pour prendre vos dépositions officielles.
— Pas de problème, toute l’équipe sera plus qu’heureuse de venir en aide à M. Severide.
— Merci, je vous souhaite une bonne fin de journée, dit Lucius Harmond soudain mal à l’aise.
Il raccrocha et souffla. Ce lieutenant lui dressait les cheveux sur la tête. Il n’avait aucun doute que toute l’équipe serait là pour épauler leur camarade, et il ne serait pas étonné outre mesure qu’au moins leur chef fasse le déplacement si son patron continuait avec l’idée stupide d’aller jusqu’au procès
Franck avait raccompagné Kelly à l’appartement et ils firent un résumé de ce qui s’était passé dans l’après-midi. Jessica fut scandalisée quand elle entendit que le substitut ne lâchait pas l’affaire.
— Non mais il n’est pas bien ! s’écria-t-elle. Il tient tellement à se faire mousser auprès de ses supérieurs qu’il ne va pas hésiter à essayer de fiche en l’air la carrière de Kelly. Ce n’est pas logique ! Rien qu’avec la copie des dossiers avec les agissements de Tara, il aurait dû au moins baisser d’un ton.
— Il n’a même pas regardé les dossiers, c’est son assistant qui nous les a demandés, fit Kelly d’un air défait.
— Quel abruti, rajouta Shay outrée.
— En tout cas, il m’a semblé que son assistant n’était pas tout à fait sur la même longueur d’onde que son patron, dit Franck.
— Comment ça ? demanda Jessica.
— Je ne sais pas, c’est l’impression que j’ai eue, mais quand j’ai parlé des différentes identités de Tara, il a eu l’air très intéressé, par contre quand Lawson a proposé son marché, il avait l’air furieux et pas du tout d’accord avec les agissements de son patron.
— Intéressant, murmura Jessica. Je vais approfondir mes recherches, je trouverai peut-être quelque chose qui explique cet acharnement.
— D’accord mais faites attention, Lawson n’a pas l’air d’être du genre à laver son linge sale en public.
— Promis.
— Bien, je vais rentrer, la journée a été longue et demain vous êtes de service je crois. Essayez de vous reposer. Je vous recontacte dès que j’ai du nouveau. En attendant soyez prudent et prenez soin de vous. Je passerai demain matin déposer le dossier d’appel, je sais que je devais le faire ce matin mais j’avais quelques détails à revoir avant de pouvoir agir.
— Bonsoir Franck et merci, fit Severide en se levant et serrant la main de l’avocat.
Shay raccompagna l’avocat à la porte et lui promit de veiller sur son meilleur ami. De son côté Kelly et Jessica discutaient de la marche à suivre. Ils savaient tous les deux que le substitut allait la convoquer.
— Ce type me fiche la chair de poule, il est froid, imbu de sa personne et ne va pas hésiter à te pousser dans tes retranchements. Tu te rends compte qu’il a commencé l’interrogatoire en me demandant avec combien de femmes j’avais couché, comme si je tenais une comptabilité, s’écria Severide outré.
— Ne t’inquiète pas, j’en ai maté des plus durs que lui. Si j’ai survécu au substitut Johnson, je peux survivre à tout.
— Qui est le substitut Johnson ? demanda Shay avec curiosité.
— Tu ne veux pas le savoir, mais c’est le plus retord, le plus répugnant, le plus immonde et le plus ambitieux substitut qui ait été en poste à New York, il a réussi à se mettre toute la police à dos.
— Attends, je croyais que la police et le bureau du procureur travaillaient de concert, fit Shay étonnée.
— C’est le cas dans la majorité des affaires. Mais lui sait très bien appuyer sur les bons boutons pour me faire sortir de mes gonds quand les preuves ne vont pas dans le sens de sa théorie. Il a été suspendu récemment pour une histoire de corruption et de détournement de preuves. Si l’enquête en cours prouve sa culpabilité, il perdra sa licence et sera rayé du barreau. En tout cas, c’est ce que j’espère de tout mon cœur.
— Dites les amoureux, j’ai une faim de loup et je n’ai pas vraiment envie de cuisiner, ça vous dirait qu’on commande chinois ?
— Avec plaisir, je dois avouer que ce type m’a vidé de mon énergie, je me demande si ce n’est pas un vampire, soupira Kelly en se passant la main dans les cheveux.
— Qui sait ? fit Jess moqueuse.
Ils dînèrent tout en discutant de la meilleure stratégie de défense. Shay fit part de ses craintes concernant Caldwell. Elle s’inquiétait qu’il ne le mette de nouveau en danger. Jessica elle aussi était inquiète surtout après la conversation qu’elle avait eu avec le lieutenant l’après-midi même. Elle craignait sa réaction quand il apprendrait que Kelly faisait appel et que sa place au 51 était remise en question. Tous les trois allèrent se coucher, les prochaines vingt-quatre heures allaient être difficiles.
Chapter 8
Notes:
Les choses ne s'arrangent décidément pas pour ce pauvre Severide et ma muse étant toujours en grève, je n'arrive à aligner plus de deux phrases pourtant je sais ce qui va se passer mais les mots ne viennent pas. Assez de blabla, attachez vos ceintures et enjoy the ride...
Chapter Text
Le lendemain, les filles arrivèrent ensemble, Kelly était parti courir pour brûler un peu de cette rage qu’il ressentait. Courir le calmait et l’aidait à garder la tête froide. Jess s’installa en bout de table une tasse de chocolat à la main. Casey vint s’assoir près d’elle.
— Hey, ça va ? Tu as l’air bien songeur…
— Oh ce n’est rien, au fait si tu es libre après-demain vers 15h, mon collègue Danny pourra te faire visiter virtuellement l’immeuble incendié.
— Ouais pas de soucis.
— Hey Jessica, qu’est-ce que tu as fait de beau ces derniers jours ? demanda Otis en essayant de flirter avec elle.
— Oh pas grand-chose, j’ai pas mal de travail mais avec Shay, on en a tout de même profité pour se faire un resto et visiter un peu la ville.
— Faudra quand même que tu viennes faire un tour au Molly’s avant de repartir à New York, fit Herrmann.
— C’est une bonne idée mais est-ce que c’est accessible ? demanda-t-elle intéressée.
— Euh non pas vraiment, répondit Herrmann visiblement embêté. Je n’avais pas pensé à ce petit détail.
— Je pourrais construire une rampe amovible, s’empressa de dire Casey.
— Franchement ce n’est pas nécessaire, je n’aurai qu’à y aller quand je reviendrais voir Leslie et je ne serai plus en fauteuil à ce moment-là.
— Ça ne me gêne pas le moins du monde, ma boîte de construction tourne au ralenti avec ce temps, ça m’occupera et puis ça pourra servir à d’autres personnes.
— Bonne idée, répliqua Otis un peu trop enthousiaste.
Dawson entra en compagnie du lieutenant de pacotille, elle avait l’air de très bien s’entendre avec lui. Shay lui lança un regard noir mais ne dit rien. Jessica sentit son estomac se nouer quand celui-ci la regarda à la manière du loup de Tex Avery. Elle avala sa salive et elle eut envie d’aller prendre une douche, elle se sentait souillée par ce regard lubrique à peine dissimulé.
La sirène sonna alors qu’ils venaient de finir de petit-déjeuner. Heureusement cet appel ne concernait que l’Echelle et l’ambulance. Jessica alla s’installer au bureau en face de Connie après avoir fait un petit détour par le dortoir, elle avait besoin de savoir que Kelly allait bien. Elle l’avait observé à travers la porte et était allée rejoindre ses nouveaux quartiers. Elle devait bien avouer qu’elle appréciait le calme relatif des bureaux même si elle aimait être au cœur de l’action et à l’écoute des discussions des uns et des autres. Elle se remit au travail sur une affaire de violence domestique. Un mari était soupçonné d’avoir tué sa femme dans un accès de rage. Armée d’une loupe, elle examinait les photos de la scène du crime principale et de l’endroit où le corps avait été trouvé. Sur un cahier d’écolier, elle notait toutes les remarques qui lui passaient par la tête, elle ferait le tri plus tard. C’était un travail long et fastidieux mais cela lui permettait de ne pas trop penser à tout ce qui se passait. Elle restait cependant sur ses gardes. L’assistante de Boden l’observait du coin de l’œil, elle se serait crue sous un microscope. Après deux heures, l’Echelle et l’ambulance rentrèrent et elle en profita pour aller retrouver Shay dans la salle commune, elle avait besoin d’un bon chocolat. Elle commençait à avoir les yeux qui se croisaient à force de regarder ces photos.
— Alors ? demanda-t-elle à Leslie.
— Oh rien de très terrible, un petit carambolage sur l’autoroute. Quelques blessés légers et une maman en plein accouchement, heureusement on a eu de la chance, on est arrivé au Med à temps.
— Et alors fille ou garçon ? demanda Jessica amusée.
— Les deux, elle attendait des jumeaux.
— Mazeltov ! Tu as vu Kelly ? demanda-t-elle à voix basse.
— Il est en train de faire l’inventaire du matériel.
— Tout seul, je suppose ? soupira Jess avec frustration.
— Yep, les autres sont en train de jouer aux cartes à leur table.
— M’en serai doutée. J’ai une de ces envies de prendre les uns pour taper sur les autres. Je te jure ça me démange.
— Ne t’inquiète pas le temps viendra et je t’aiderai.
— Le temps viendra pour quoi ? demanda Otis avec curiosité.
— Pour que je sorte de ce fauteuil et que je puisse recommencer à botter des fesses. Je dois dire que ça me manque, répondit Jess avec un sourire inquiétant.
Otis avala sa salive et alla s’asseoir un peu plus loin. Shay et Jess se regardèrent et éclatèrent de rire. Du coin de l’œil, elle vit le lieutenant de pacotille entrer et parler au téléphone. Il était livide et en colère mais il était trop loin pour comprendre ce qu’il disait. Il faisait les cent pas dans le hall d’entrée.
— A ton avis, qu’est-ce qui lui arrive ? demanda Shay avec curiosité.
— Je te parie un dîner qu’il vient d’apprendre pour l’appel, murmura Jess nerveusement. Il bouge de trop pour que je puisse lire sur les lèvres. Faut prévenir Kelly, vu son attitude il pourrait bien s’en prendre à lui à la prochaine grosse intervention.
— Tu crois vraiment qu’il irait jusque-là ?
— Je dirai même au-delà. S’il se sent directement menacé, il est capable de tout.
— Tu sais que tu ferais un bon profiler ?
— J’en suis loin mais j’ai prévu de poursuivre ma formation en psychologie criminelle dès que je le pourrais.
— Ok je vais le voir, continue de surveiller ce crétin.
Shay alla rejoindre Kelly et l’informa des derniers événements. Elle le supplia de redoubler de vigilance. Il acquiesça et promit de faire attention.
Dans le hall, Dawson approcha Caldwell qui venait de raccrocher. Elle était curieuse de savoir ce qui mettait le lieutenant dans un tel état. Celui-ci lui expliqua que Severide avait fait appel de la décision et que sa place en tant que membre du 51 était compromise. Elle était scandalisée, Caldwell faisait du bon boulot mais surtout elle était contente de voir enfin quelqu’un remettre le grand Kelly Severide à sa place. Elle lui en voulait tellement qu’il ne se soit jamais intéressé à elle. Il lui avait plu au premier regard et sa réputation de mauvais garçon et de rebelle l’attirait. Elle lui avait même fait quelques avances mais il avait fait semblant de ne pas le remarquer. Dépitée, elle avait jeté son dévolu sur Casey mais n’avait pas eu plus de succès. Depuis qu’il était avec Hallie, il ne lui avait pas accordé la moindre attention autre que professionnelle. Caldwell, en revanche, lui prêtait un intérêt tout particulier et si elle jouait bien son rôle elle pourrait bientôt le glisser dans son lit. Elle remarqua le regard meurtrier que lui décocha sa coéquipière mais elle n’en avait rien à faire. Elle en avait assez de Shay et de sa morale à deux vitesses. Dawson lui en voulait car sa coéquipière voulait que les autres soient parfaits mais en vérité, elle considérait que Leslie ne lui arrivait pas à la cheville. Elle travaillait avec elle parce qu’elle était une excellente ambulancière et qu’elle n’avait aucune envie de former une nouvelle recrue, mais leur relation restait strictement professionnelle.
Quand la sirène sonna encore une fois, ce fut au tour du Secours 3 et de l’ambulance de partir. Jessica ne se sentait pas tranquille, elle avait vu le regard meurtrier que Caldwell avait lancé à son subordonné. Son téléphone sonna mais elle ne reconnut pas le numéro. En général elle ne répondait pas quand elle ne connaissait pas l’interlocuteur, mais elle avait besoin d’une diversion pour ne pas penser au danger que pouvait courir Kelly.
— Hey Jessica !
— Hey salut grand frère ! répondit-elle en reconnaissant la voix.
— Salut ma belle. Il paraît que tu as failli arracher la tête de Warrick la dernière fois que tu lui as parlé.
— Même pas vrai mais il ne voulait pas me dire ce qui se passait. Plus sérieusement comment tu vas ?
— Je vais bien, j’ai eu de la chance, je m’en tire plutôt pas mal. La seule victime collatérale est mon téléphone. Autant te dire que les gars de la patrouille en charge de la sécurisation du site se sont pris un de ses savons par Brass et Grissom. Je ne les avais jamais vus aussi en colère.
— Ils ont surtout eu de la chance que je ne sois pas dans le coin parce que ce n’est pas seulement un savon qu’ils se seraient pris !
— Arrête tu me fais peur !
— Ne crois pas que j’ignore que les collègues m’ont surnommée « Ouragan Jessica » quand je passe en mode « Maman Ours ».
— Je trouve que ça te va comme un gant, répliqua le jeune homme en riant.
— C’est bon de t’entendre rire, tu sais.
— Assez parlé de moi, je venais aux nouvelles. Tu en es où avec cette affaire ?
— Nulle part, ça suit son cours.
Jessica regarda autour d’elle, constata que la salle commune était vide et elle en fut soulagée. Elle remarqua le chef l’observer depuis la salle de briefing, il semblait très intéressé par sa conversation téléphonique.
— Kelly a été entendu par le crétin de substitut du proc.
— Vu la manière dont tu en parles, je suppose qu’il ne veut pas laisser tomber l’affaire.
— Exactement. Non seulement il ne veut pas laisser tomber mais il lui a proposé de plaider coupable en échange d’une peine de six mois avec sursis. Il croit encore au Père Noël s’il pense que Kelly va accepter, il va être déçu le pauvre. J’attends juste qu’il me contacte, je vais lui dire ma façon de penser.
— Ne t’emballe pas, il ne faudrait pas qu’il te condamne pour outrage à magistrat.
— Ne t’inquiète pas, l’avocat de Kelly a proposé de m’accompagner. J’attends juste la citation à comparaître qui ne saurait tarder.
— Ok tiens-moi au courant et fait attention à toi. Et le lieutenant de pacotille ?
— Caldwell ? Toujours aussi abruti. Figure-toi qu’il est venu à l’appartement pour me faire des avances. Il veut élargir son horizon, ces paroles pas les miennes.
— Il y en a qui ne doutent de rien, répliqua Nick avec dégoût.
Mu par sa curiosité, le chef Boden écoutait la conversation depuis l’embrasure de la porte de la salle de briefing et il n’aimait pas vraiment ce qu’il entendait. D’une part il ne comprenait pas pourquoi le procureur voulait parler à un inspecteur de New York et d’un autre côté, il n’aimait pas du tout ce que sous-entendait Jessica en parlant de Caldwell.
— Dis-moi que tu as enregistré la conversation ? demanda Nick inquiet.
— Mieux que ça, j’étais au téléphone avec Danny, c’est lui qui a enregistré la proposition indécente de ce type. Yerk rien que d’y penser j’en ai la nausée. Mais ce qui m’inquiète le plus c’est qu’il fasse du mal à Kelly.
— Et pourquoi il ferait ça ? Ce n’est pas dans son intérêt.
— Parce qu’il sait que Severide a fait appel de la décision et qu’il va être sur la sellette jusqu’à la fin de l’enquête, et si j’en juge par le degré de colère et d’hostilité que j’ai vu tout à l’heure quand il a eu le coup de fil lui annonçant la nouvelle, je ne donne pas cher de la peau de Severide.
— Tu crois vraiment qu’il va lui faire du mal ?
— Je suppose que ce n’est pas difficile de simuler un accident lors d’une de leurs interventions. On a vu des choses plus insensées quand on bossait ensemble.
— Tu devrais peut-être en parler au chef.
— Nan, ce sera ma parole contre la sienne et vu comment ça s’est passé pour Kelly, je ne suis pas vraiment sûre que je puisse lui faire confiance.
— Peut-être mais je ne pense pas que tu doives garder ce genre d’informations pour toi.
— D’accord, d’accord, j’en parlerai au lieutenant Casey dès que j’en aurai l’occasion.
— Garde la tête froide petite sœur, et sois prudente.
— Qu’est-ce qu’il pourrait m’arriver dans une caserne de pompiers, franchement !
— Te connaissant ? Tout et n’importe quoi ! répliqua-t-il en riant. Non plus sérieusement, fais tout de même attention à toi.
— Promis. Et toi tu reprends le boulot quand ?
— Dans quelques jours, dès qu’on m’aura enlevé mes points de suture au bras.
— Sois prudent, je ne supporterai pas de perdre un autre membre de la famille.
— Promis et tiens-moi au courant, si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, alors n’hésite pas à demander de l’aide.
— Promis. Je t’embrasse fort frangin, passe le bonjour à l’équipe.
— Ce sera fait, je dois y aller, je dois passer une radio de contrôle. Prend bien soin de toi. A bientôt ma grande.
— A bientôt.
Le chef se retira en silence. Il éprouvait des sentiments contradictoires par rapport aux informations qu’il venait d’avoir. Jessica, elle, soupira, elle savait que le chef Boden avait entendu une grande partie de la conversation. Mais c’était une manière comme une autre de le mettre dans la confidence même si elle devait reconnaître que ce n’était pas la meilleure façon de le faire. Maintenant il ne resterait plus qu’à attendre la réaction de cet homme qui était une figure paternelle pour son amant. Une heure plus tard, le Secours 3 et l’ambulance rentrèrent. Elle fut soulagée de voir que Kelly avait l’air d’aller bien. Elle le vit se diriger vers le dortoir où sûrement il allait se mettre à faire ses mots croisés. Mills était de corvée de cuisine et Jessica lui proposa son aide qu’il accepta avec joie. Il aimait partager son savoir et Jess avait toujours été quelqu’un de curieux et désireux d’apprendre. Le déjeuner se passa dans une ambiance plutôt amicale, il n’y avait que le lieutenant de pacotille qui semblait extrêmement tendu.
Après le déjeuner, la sirène sonna et cette fois-ci tous les engins étaient appelés sur le terrain. Jessica retint son souffle en voyant Severide monter en voiture. Elle pria pour que le lieutenant de pacotille soit débordé et le laisse faire son travail sans s’interposer. Une fois arrivé à destination, Severide eut un mauvais pressentiment. Deux étages d’un immeuble en construction s’étaient écroulés au dixième et onzième étage et des ouvriers étaient pris au piège. On soupçonnait une fuite de gaz d’être à l’origine de l’explosion qui avait secoué tout le quartier. Les maisons alentours avaient été endommagées. D’autres équipes étaient en chemin. Il fallait non seulement rechercher des survivants dans la structure abîmée mais aussi vérifier dans les maisons du quartier s’il n’y avait pas de blessés. Cela allait prendre des heures. Un homme affolé approcha le chef Boden, il s’agissait de l’entrepreneur qui s’en était sorti par miracle. Il était au bord de l’hystérie criant que son équipe était sous les décombres. Ils étaient une vingtaine d’ouvriers à travailler sur deux étages différents, les deux étages soufflés par l’explosion.
— Echelle 81 et Secours 3, vous commencez les recherches dans l’immeuble en construction, d’après nos informations, il y aurait entre vingt et vingt-cinq ouvriers coincés là-dessous. Shay, Dawson mettez en place le triage, commanda le chef. Otis, vois avec la compagnie du gaz, je veux qu’il soit coupé sur tout le pâté de maison le plus rapidement possible !
— Oui chef !
Casey et son équipe entrèrent dans le bâtiment par l’entrée principale, le Secours 3 par une entrée latérale. Les deux équipes avaient avec eux des cordes, des scies, des cales et des coussins de levage, il était trop dangereux de faire des allers retours pour chercher le matériel dont ils auraient besoin, une fois arrivés sur place. Caldwell ouvrait la marche en essayant de mettre un plan sur pied, Severide fermait la marche, il avait déjà un plan en tête mais il savait très bien que le lieutenant ne l’écouterait pas. Ils progressaient doucement, l’immeuble menaçait de s’écrouler à tout moment. Une fois au onzième étage ou du moins ce qu’il en restait, Caldwell dispatcha ses hommes et laissa Severide sans équipier ce qui allait contre les règles. Celui-ci considérait que les règles ne s’appliquaient pas à une personne aussi dépravée que l’ancien lieutenant. Kelly ne fit aucun commentaire et commença la recherche des victimes. Casey faisait de même à l’étage du dessous. Ils avaient déjà dégagé deux personnes et d’après les informations que l’une d’elle leur avait données, il restait sept autres ouvriers à sauver à cet étage. Severide, de son coté, avançait avec précaution, le sol menaçait de se dérober sous ses pieds à chaque moment. Il entendit un cri et se dirigea vers les appels au secours. Il trouva deux hommes en train d’essayer de dégager un troisième pris sous les décombres.
— Pompier de Chicago, signalez-vous ! cria-t-il pour la forme.
— Par ici, Johnny est coincé, hurla l’un des ouvriers visiblement en proie à la panique.
— D’accord, d’accord. Je vais voir ce que je peux faire. Comment vous appelez-vous ?
— Moi c’est Arthur et lui là Adam.
— Ok, moi c’est Kelly, reculez un peu que je puisse avoir une vue d’ensemble.
Il tourna autour de la victime en évaluant les chances qu’il avait de pouvoir la sortir sans aide supplémentaire.
— Bon on va essayer de le sortir de là. Arthur, prenez la barre de fer là-bas, positionnez-la sous ces gravas pour faire levier et soulevez, je vais faire de même avec ma Halligan, Adam préparez-vous à le tirer à mon ordre. Prêt ? On y va !
Kelly glissa sa Halligan sous le pan de mur qui emprisonnait l’ouvrier et appuya de toutes ses forces. Les débris bougèrent mais pas assez pour délivrer le malheureux ouvrier qui criait de douleur. Il dut relâcher son effort quand il fut à bout de souffle.
— Ok, ok, on réessaye une dernière fois, si on n’y arrive pas l’un de vous devra aller chercher de l’aide auprès de mes collègues.
— D’accord, firent les deux hommes.
— Allez un, deux, troissssssssssss !
Severide appuya de toutes ses forces sur sa Halligan et sentit les débris bouger.
— Allez-y Adam je ne vais pas tenir longtemps ! Tirez-le ! Allez !
L’ouvrier tira son compagnon de toutes ses forces et réussit à le sortir. Le pan de mur retomba dans un grand bruit et Kelly tomba à genoux à bout de souffle. Il ferma les yeux pour reprendre ses esprits.
— Laissez-moi regarder ses blessures, dit-il en se relevant et en s’approchant du blessé.
Il examina l’ouvrier mais celui-ci semblait n’avoir que des plaies superficielles.
— Est-ce que vous pouvez marcher ? demanda-t-il avec empressement, le bâtiment grognait et grondait et il n’aimait vraiment pas cela.
— Avec de l’aide oui, répondit l’homme.
— Ici Severide, j’ai trouvé trois ouvriers, j’aurais besoin de quelqu’un pour m’aider à les évacuer.
La radio resta silencieuse. La batterie semblait avoir rendu l’âme et pourtant il était sûr d’avoir rechargé l’appareil.
— Ici Severide, vous m’entendez ?
Il n’y eut aucune réponse. Il regarda son micro avec surprise, sa radio marchait pourtant très bien lors de sa dernière intervention.
— Ecoutez, vous allez prendre ce couloir et tourner à droite, vous trouverez des escaliers, descendez aussi vite que possible, ce château de carte ne va pas tarder à s’écrouler.
— Oui mais vous ? demanda Arthur.
— Je m’en sortirai. Je dois encore inspecter une partie de l’étage pour m’assurer qu’il ne reste plus personne. Si vous voyez l’un de mes collègues, dites-lui que ma radio est morte et donnez-lui ma position.
— Bien compris, merci. Soyez prudent, répliqua Johnny en secouant la tête.
Kelly continua ses recherches, mais il n’avait pas beaucoup de succès. Il espéra que ses anciens coéquipiers avaient plus de chance que lui. Il savait qu’il y avait une autre cage d’escalier à l’opposé de sa position, il essaya de nouveau de contacter ses collègues mais sa radio refusait obstinément de fonctionner. A l’étage du dessous, Casey avait fini son inspection et était prêt à sortir de ce piège infernal. Ils avaient frôlé par deux fois la catastrophe mais la chance avait été de leurs coté.
— Deux minutes ! L’immeuble n’en supportera pas plus, fit Boden à la radio. Echelle 81 où en êtes-vous ?
— On a terminé, toutes les victimes de cet étage ont été évacuées.
— Très bien, Secours 3 où en êtes-vous ?
— Deux ouvriers manquent toujours à l’appel, on a terminé de ratisser le côté nord, Capp et Tony s’occupent du côté est, Hadley et moi, on termine le côté ouest à l’instant.
— Et le côté sud ? demanda le chef qui sentait un malaise monter.
— Severide s’en occupe, continua Caldwell.
Deux hommes portant un troisième sortirent de l’immeuble avec précipitation. Dès qu’un ambulancier prit en charge le blessé, l’un des hommes s’approcha du chef.
— C'est vous qui êtes en charge ?
— Oui que puis-je faire pour vous ?
— Le pompier qui nous a sauvés... Sa radio est morte.
— Comment ça ?
— Il a essayé d’appeler des renforts pour l’aider à nous évacuer mais personne n’a répondu.
— Vous savez comment s’appelle ce pompier ?
— Oui, il a dit qu’il s’appelait Kelly.
— Eh merde ! s'écria le chef. Merci monsieur ?
— Arthur, Arthur Denton
— Je vais faire le nécessaire.
— Oui ce truc ne va pas tenir longtemps et votre homme est parti à la recherche d’autres collègues.
— Merci M. Denton, fit-il en reprenant sa radio. Caldwell, envoyez l’un de vos hommes à la recherche de Severide pour lui dire de dégager, sa radio est morte.
— Bien compris chef.
Caldwell secoua la tête, il était hors de question qu’il risque un homme de valeur pour sauver une petite frappe comme Severide, surtout si celui-ci menaçait sa position au 51. Il n’avait qu’à se sortir de ce merdier tout seul.
— On finit de ratisser le secteur, on s’occupera de Severide ensuite, dit-il à Hadley qui haussa les épaules.
En entendant cela, Casey tenta d’appeler Kelly à plusieurs reprises mais la radio resta muette. Il avait un mauvais pressentiment.
— Herrmann avec moi, les autres vous sortez. On va chercher Severide.
— Mais lieutenant, protesta Otis.
— Quoi Otis ? Tu as quelque chose à redire ?
— Non, rien, lieutenant, murmura le pompier en baissant la tête.
— Alors vous sortez tous autant que vous êtes ! Me suis-je bien fait comprendre ?
L’équipe hocha la tête et se dirigea vers la cage d’escalier la plus proche tandis qu’Herrmann et le lieutenant se dirigeaient vers l’escalier du côté sud de l’immeuble. C’était par là qu’ils auraient le plus de chance de retrouver l’ancien lieutenant.
A l’extérieur le ballet des ambulances battait son plein, malgré cela Shay restait attentive à ce qui se passait. Quand elle entendit le chef annoncer la panne de radio de son meilleur ami, elle se mit à trembler. Non, non, ce n’était pas possible ! La radio de Severide marchait très bien lors de leur dernière intervention.
— Ça va ? demanda Dawson.
— A ton avis ? fit Shay. Kelly n’a plus de radio et en plus il n’a pas d’équipier pour l’épauler.
— Arrête de t’inquiéter comme ça, c’est un grand garçon, il va s’en sortir, d’ailleurs, il s’en sort toujours.
— Oui jusqu’au jour où sa chance tournera et il finira en soins intensifs au Med ou pire à la morgue.
— Ne sois pas défaitiste, tu vas voir, tout va bien se passer, fit Gabby en haussant les épaules.
Elle n’arrivait pas à croire l’attitude désinvolte de Gabby. Depuis que cette histoire avec Tara avait commencé, Dawson montrait un visage qu’elle ne lui connaissait pas. C’était à croire qu’elle en voulait à l’ancien lieutenant mais elle ne savait pas pourquoi.
Au onzième étage, Severide avançait avec précaution. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il lui restait deux pièces à explorer avant de rejoindre la cage d’escalier sud. Il se signalait par intermittence mais pour le moment, ses appels étaient restés sans réponses. Il entra dans l’avant-dernière pièce et en fit le tour rapidement, il n’y avait personne. Il allait sortir quand les murs commencèrent à trembler, des morceaux de plafond tombaient ci et là. Il analysa rapidement la situation, ses chances d’atteindre la porte étaient minces surtout maintenant qu’elle était pratiquement totalement obstruée par des débris. Les fissures sur les murs et le plafond s’agrandissaient à vue d’œil, l’immeuble semblait grogner de douleur. Le grondement se faisait plus fort et le tremblement plus grand. Kelly repéra dans le coin sud de la pièce, à l’opposé de la porte, des palettes et des fûts en métal. Il parcourut les quelques pas qui le séparait de ce qui allait devenir sa seule chance de survie. Il déplaça les fûts pour faire un demi-cercle et posa les palettes au-dessus. La proximité des murs aidait à maintenir l’ensemble. Il eut tout juste le temps de se glisser dans sa cachette et de se rouler en boule, les bras sur sa nuque pour protéger les parties vitales de son corps. Le grondement se fit assourdissant et d’énormes morceaux de plafond et de murs s’écroulèrent. Sous le coup de la montée d’adrénaline, Severide ferma les yeux et hurla. Il pria pour que son petit refuge tienne bon. Après un temps qui lui parut une éternité, mais en fait cela n’avait duré même pas deux minutes, le silence revint. Il tenta de sortir de sa cachette mais comme il s’y était attendu ce n’était pas possible. Il était enseveli sous des tonnes de gravats. Heureusement par miracle les palettes avaient tenu le coup. Il respira doucement pour essayer de se calmer. Si les secours tardaient trop, il manquerait d’oxygène. Il était dans l’obscurité la plus totale. Son détecteur d’immobilité se déclencha et même si cette sirène le rendait dingue, elle était la seule chose qui pouvait aider ses collègues à le retrouver. Enfin si Boden donnait l’autorisation de mener des recherches parce qu’au vu de ce qui venait de se passer, il doutait que le chef envoie ses hommes à une mort quasi-certaine.
Capp, Tony, Hadley et Caldwell étaient dans le hall d’entrée avec les deux derniers ouvriers manquants quand tout l’immeuble se mit à trembler. Ils se mirent à courir vers l’extérieur pour se mettre à l’abri. Ils arrivèrent à hauteur du chef à bout de souffle.
— Tout va bien ? demanda-t-il
— C’est ok chef, répondirent-ils à tour de rôle.
— Où est Severide ?
— Encore à l’intérieur, dit Caldwell, on n’a pas eu le temps de le prévenir, tout s’est passé vraiment trop vite et il fallait qu’on dégage les deux victimes restantes.
Le chef ne répondit pas, mais quelque chose lui disait que le lieutenant ne lui disait pas la vérité surtout quand il vit la surprise sur le visage de Capp et Tony. Hadley regarda Caldwell mais celui-ci lui fit signe de se taire. Il haussa les épaules et attrapa une bouteille d’eau qu’un infirmier lui tendait.
Chapter 9
Notes:
Désolée d'avoir tant tardé à publier la suite mais les choses sont compliquées en ce moment à la maison, entre mon travail et m'occuper de ma maman de 95 ans, il ne me reste plus beaucoup de temps ni d'énergie pour écrire les aventures de ce cher Severide qui comme vous vous en souvenez est dans les ennuis jusqu'au cou. Ses collègues vont-ils réussir à le sauver, telle est la question. Alors attachez vos ceintures et enjoy the ride
Chapter Text
Dans la cage d’escalier, Casey et Herrmann s’étaient baissés et adossés à l’un des murs tout en se protégeant le visage. Le lieutenant avait un sentiment d’urgence. Il fallait retrouver le pompier manquant à l’appel rapidement. Une fois le silence revenu, ils montèrent les quelques marches qui les séparaient du palier du onzième étage.
— Boden à Casey ! Evacuez l’immeuble tout de suite ! cria une voix dans la radio.
Casey ne répondit pas et s’engagea dans le couloir, suivi de près par Herrmann. Il y avait des décombres partout, cela allait prendre des heures pour retrouver Severide dans tous ces gravats.
— Severide ! cria Casey. Severide !
Christopher entra dans la première pièce sur sa droite mais celle-ci semblait intacte comparée à celle qui se trouvait juste en face. Le plafond ainsi qu’une partie des murs s’étaient partiellement effondrés.
— Kelly ! Répond ! continua de crier Casey.
Dans son abri de fortune, Kelly entendit les appels de son ami. A cause de toute la poussière, il avait du mal à respirer et ses appels et son alarme d’immobilité ne semblaient pas passer les obstacles environnants. Il était effrayé à l’idée que Matt abandonne sa recherche et le laisse mourir sur place. En son for intérieur, il savait que son ami ne ferait jamais une chose pareille mais les événements des dernières semaines avaient mis sa confiance à rude épreuve. Il tâtonna et trouva sa Halligan qu’il avait eu tout juste le temps de jeter dans cet espace réduit avant de s’y glisser. Il commença à taper sur les fûts en espérant faire assez de bruit pour attirer l’attention de ses collègues. Herrmann continuait de chercher inlassablement quand il entendit des coups frappés contre quelque chose de métallique.
— Casey ! Par ici ! Ecoute !
Ils se turent mais on entendait que les craquements de l’immeuble. Et puis les coups recommencèrent et tous deux se précipitèrent à l’entrée de la pièce d’où provenait le bruit. Ils déblayèrent les gravats qui bloquaient la porte. Une partie du plafond et des murs s’étaient effondrés rendant leur travail compliqué. Cependant ils étaient tous les deux résolus à sortir leur camarade de là. Au fur et à mesure de leur avancée, ils entendirent non seulement des bruits métalliques mais aussi l’alarme d’immobilité de manière étouffée.
— Kelly tu m’entends ? appela Casey en continuant d’enlever des gravats. Kelly répond !
Il lui sembla entendre la voix de son ami mais il n’en était pas sûr. Il continua à enlever les morceaux de béton, et de briques en faisant attention de ne pas aggraver la situation.
— Casey, il nous faut de l’aide, on va mettre des heures à nous tous seuls, et je ne suis pas sûr qu’il tienne aussi longtemps.
— Tu crois qu’il est blessé ?
— Je ne l’espère pas mais il y a des chances avec tout ce qui lui est tombé dessus.
— Chef ! On a retrouvé Severide, on a besoin d’aide pour le dégager.
— Bien reçu, sortez tout de suite de là, l’immeuble peut s’écrouler à tout moment.
— J’en suis conscient mais je refuse de l’abandonner. Chef on a besoin de bras. Plus vite on le dégagera, plus vite on pourra sortir d’ici.
A l’extérieur le chef Boden faisait les cent pas. Au vu de la situation, il ne pouvait pas risquer la vie de ses hommes, mais il ne pouvait pas non plus laisser son ancien lieutenant mourir. Il devait admettre que ses deux équipes ne semblaient pas non plus pressées d’aller secourir le pompier manquant. C’était un dilemme qu’il ne savait pas comment résoudre. S’il envoyait des pompiers et que l’immeuble s’effondrait, il devrait faire face à la perte de beaucoup d’hommes mais s’il n’envoyait pas de renfort, il perdrait sans aucun doute le peu de confiance que Severide avait encore en lui ou, pire encore, le pompier allait y laisser sa vie et jamais il n’aurait la chance de se disculper. Mills s’approcha avec Mouch, Capp et Tony. Caldwell, Hadley, Cruz et Otis en revanche restèrent en arrière.
— Chef, je suis volontaire ! dit Mills.
— Et nous aussi, répliquèrent les autres.
— C’est beaucoup trop hasardeux. Je ne peux pas…
— Peut-être mais c’est bien vous qui avez dit qu’on ne laissait jamais tomber l’un des nôtres ? fit Mills en regardant le chef droit dans les yeux.
— Ecoutez chef, fit le capitaine de l’Echelle 48, mes gars sont prêts à monter dès que vous en donnerez l’ordre, ils sont tous volontaires.
— Les miens aussi, répliqua le chef du Secours 6.
Le chef sembla réfléchir un court instant et se tourna vers les hommes qui s’étaient rassemblés autour de lui avec une certaine fierté.
— D’accord, l’aspirant Mills a raison, on prend soin des nôtres. Vous êtes tous conscients des risques ?
— Oui, crièrent les pompiers qui entouraient le chef.
— Alors allons-y !
Le chef attrapa sa Halligan ainsi qu’un sac d’outils et se dirigea, suivi par les autres pompiers, vers l’entrée latérale de l’immeuble. Il ne laisserait pas ses hommes risquer leurs vies pour sauver l’un des leurs sans faire de même. Si ses hommes y allaient, il y allait aussi. Il avait remarqué qu’une partie de son équipe était restée en retrait et ne participait pas à ce sauvetage. Il nota dans un coin de sa tête qu’il allait devoir avoir une longue conversation avec certains d’entre eux.
— Casey, je ramène des renforts. Tu as pu entrer en contact avec Kelly ?
— Non chef tout ce qu’on entend ce sont des bruits métalliques comme si quelqu’un tapait avec une barre de fer contre quelque chose et son détecteur d’immobilité.
— Continue de lui parler, tu ne l’entends peut-être pas mais lui le peut peut-être.
— Bien compris chef.
Casey reprit espoir. Ils allaient sortir son ami de là et après il ferait en sorte de lui faire comprendre qu’il n’était pas seul et qu’il pouvait compter sur lui. Il était temps de remettre les pendules à l’heure, il était hors de question qu’il perde encore un ami surtout pas après la perte douloureuse d’Andy.
— Tu m’entends Kelly ? Les renforts arrivent, on va te sortir de là rapidement. Tiens bon !
Il se remit au travail avec un regain d’énergie. Herrmann et lui travaillaient aussi vite qu’ils le pouvaient mais c’était loin d’être simple sans matériel. Enfin les renforts arrivèrent et Casey fut surpris de voir des hommes d’autres casernes se joindre au sauvetage, cependant il fut stupéfié de ne pas voir Otis et Cruz parmi les sauveteurs. Cela le déçut beaucoup, mais il avait bien l’intention de leur faire comprendre leur erreur et s’ils n’étaient pas capables de faire abstractions de leurs sentiments personnels pour aider l’un de leur camarade, alors ils n’avaient pas leur place au 51.
Shay était furieuse de voir Cruz, Otis et Hadley assis contre le camion du Secours 3, comment pouvaient-ils être aussi lâches ? Elle n’avait pas été surprise par la réaction de Caldwell mais les autres étaient impardonnables à ses yeux. Son téléphone sonna et elle avala sa salive quand elle vit le nom de l’interlocuteur. Elle décrocha même si ce n’était pas une conversation qu’elle avait envie d’avoir à ce moment très précis.
— Salut Jess ! répondit-elle mal à l’aise.
— Je regarde les infos, ça a l’air moche. L’une des journalistes a dit qu’un pompier était porté manquant et j’ai vu le chef Boden entrer dans l’immeuble. Dis-moi que j’ai tort et que ce n’est pas Kelly qui manque à l’appel !
— Jess…
— Dis-moi Shay !
— Tu n’as pas tort. Kelly est bien coincé dans l’immeuble, mais le chef et deux autres compagnies de pompiers sont partis rejoindre Casey et Herrmann qui sont déjà sur place.
— Tu crois qu’il est toujours en vie ? demanda Jessica au bord des larmes.
— Oui, Matt a dit qu’il entendait quelqu’un faire du bruit sous les décombres et comme tous les ouvriers ont été sortis, ça ne peut être que lui.
— Est-ce que tu crois que ce lieutenant de pacotille a quelque chose à voir avec ce nouvel incident ?
— Je n’en sais rien, tout ce que je sais c’est que la radio de Kelly est en panne alors qu’elle marchait très bien lors de la dernière intervention. Caldwell était censé envoyer quelqu’un le prévenir qu’il fallait évacuer mais d’après lui, il n’en a soi-disant pas eu le temps parce qu’il devait évacuer les deux dernières victimes.
— Quel enfoiré ! Il faut qu’on fasse quelque chose, il va finir par le tuer que ce soit intentionnellement ou pas.
— Je sais et tu sais la meilleure, lui, Hadley, Cruz et Otis ne sont pas montés avec l’équipe de sauvetage, répliqua Shay en fusillant ses collègues du regard. Ils sont tranquillement assis contre le camion du Secours 3.
— Quoi ? Non mais il y a des claques qui se perdent.
— Ne t’inquiète pas, je compte bien leur dire ma façon de penser. Faut que j’y retourne. Je t’appelle dès qu’il sera dehors.
— Tu promets ?
— Promis.
Shay raccrocha et soupira. Elle lança un regard assassin à Cruz et Otis qui se sentaient de plus en plus mal à l’aise.
— Vous comptez rester plantés là comme des abrutis ou vous allez faire votre boulot ! s’écria-t-elle avec exaspération.
— Hey je ne vous permets pas de parler à mes hommes comme ça ! cria Caldwell excédé.
— D’abord ce ne sont pas vos hommes ce sont ceux du lieutenant Casey. Et ensuite chacun d’entre eux a été sauvé par Severide plus d’une demi-douzaine de fois au cours des dernières années. Je savais que vous ne le portiez pas en haute estime les gars mais jamais je n’aurais pensé que vous agiriez aussi lâchement. Priez pour qu’il n’arrive rien à Kelly parce que sinon je ne donne pas cher de votre peau. Je vais m’assurer d’être aux premières loges quand le chef et Casey vous diront leur manière de penser ! Sans compter « l’ouragan Jessica » qui allait les réduire en petits morceaux, pensa-t-elle.
Elle alla rejoindre Dawson qui s’occupait des blessés qui continuaient d’affluer. L’explosion initiale avait fait plusieurs victimes dans les maisons avoisinantes et les pompiers qui restaient continuaient leur labeur de recherche et de secours. Hadley, Otis et Cruz se regardèrent, remirent leur équipement et allèrent rejoindre leurs collègues. Shay avait raison sur un point, ils ne seraient plus de ce monde si Severide n’avait pas risqué sa vie pour les sauver. Caldwell les suivit en se demandant s’il ne pouvait pas faire en sorte de saboter le sauvetage.
Au onzième étage, les pompiers travaillaient en silence. Ils entendaient les coups mais ceux-ci devenaient de plus en plus faibles.
— Il faut se presser, fit Casey, il ne va pas tenir longtemps, chef.
— Je sais mais il faut qu’on fasse attention, un seul faux mouvement et tout peut s’écrouler sur nous.
— Je sais chef, je suis inquiet c’est tout. Deux incidents d’importance en trois rotations ça fait beaucoup.
— Oui, c’est bien ce qui me préoccupe.
— Vous croyez que Caldwell a quelque chose à y voir ?
— Je ne sais pas mais j’ai bien l’intention de le découvrir.
Kelly entendait des bruits et des voix mais il n’arrivait pas à savoir ce qu’ils se disaient. Il avait de plus en plus de mal à respirer et ses oreilles bourdonnaient. Il luttait de toutes ses forces pour continuer à taper sur l’un des fûts avec sa Halligan. La seule chose qui le faisait tenir c’était son amour pour Jessica, il voulait la revoir, il voulait pouvoir la demander en mariage une fois que tout ce cauchemar serait terminé. Il repensa à leur première rencontre qui avait tourné à la confrontation. Il sourit dans l’obscurité en l’entendant encore demander pourquoi on lui avait mis cet emmerdeur dans les pattes.
Herrmann retira un bloc de béton et enfin il aperçut les fûts en métal.
— Kelly ! Kelly ! Tu m’entends ? appela le pompier en retenant son souffle.
— Hermann ? C’est toi ? répondit Kelly avec soulagement.
— Ouais c’est moi mon frère, comment ça va ? Tu es blessé ?
— Je ne crois pas mais j’ai du mal à respirer.
— Un peu de patience, on arrive !
— Continue de lui parler, fit Casey.
Il se remit au travail avec encore plus de détermination. Celui-ci parut surpris de voir Hadley, Cruz, Otis et Caldwell rejoindre les autres pompiers présents. Le lieutenant ne put rien faire car Casey le surveillait de près, il poussa un soupir de frustration. Il allait falloir qu’il trouve autre chose. Cela dit ce n’étaient pas les occasions qui lui manqueraient au cours des différentes interventions à venir. Il fallut encore pratiquement une bonne heure pour réussir à tirer Kelly de sa cachette. La première chose que fit Casey fut de le prendre dans ses bras sous les hourras des autres pompiers, il était content que son frère d’arme s’en sorte sans trop de casse. Cependant il était resté tellement de temps recroquevillé sur lui-même que ses jambes avaient du mal à le porter. Casey et le chef l’attrapèrent par les épaules et le descendirent le plus rapidement possible. Tous les volontaires suivaient dans un brouhaha inintelligible. Quand enfin ils atteignirent l’extérieur, Shay se tenait prête avec une civière. Casey et le chef déposèrent Kelly dessus.
— Hey ça va ? demanda-t-elle avec douceur.
— J’ai vu mieux, répondit-il en toussant.
— Tu as mal quelque part ?
— A l’épaule, j’ai heurté le sol avec un peu trop de force quand je me suis mis à l’abri.
— Shay, emmène-le au Med, ordonna Boden.
— Mais chef je vais très bien, protesta Severide.
— Je m’en doute mais je veux en être sûr, des tonnes de gravats te sont tombés dessus, ce n’est pas une chose anodine.
— Bien chef.
— Allez viens je t’emmène en balade. Dawson on y va ! appela-t-elle
Dawson qui discutait avec Caldwell soupira. Elle trouvait que ce n’était pas nécessaire d’emmener ce pompier en disgrâce à l’hôpital pour si peu. De son point de vue, il ne cherchait qu’à se faire remarquer pour qu’on le prenne en pitié. Shay avait placé un masque à oxygène sur le visage de son ami, celui-ci était tellement exténué qu’il ne protesta même pas. Tout ce qu’il voulait c’était retourner à la caserne pour rassurer Jessica. Il n’avait pas manqué de remarquer les camions des télévisions locales. Il était sûr que sa fiancée était en train de se faire un sang d’encre.
— Ne t’inquiète pas pour Jessica, je lui ai envoyé un message pour la rassurer dès que l’ambulance a démarré, fit Leslie en devinant ses pensées.
— Merci Shay.
— Qu’est-ce qui s’est passé avec ta radio ? Elle marchait très bien ce matin.
— Aucune idée. Mais je n’ai pas vraiment eu le temps de l’examiner.
— Donne-la-moi. J’y jetterai un œil dès qu’on sera arrivés au Med. T’inquiète, je mettrai des gants et si je vois quelque chose d’anormal, j’appellerai Erin et Jessica.
— Attention à Jess, elle risque de passer en mode « Maman Ours » et personne ne veut voir ça, répliqua Severide avec un petit sourire taquin.
Il ne voulait pas l’avouer mais non seulement tout son corps était endolori mais il se sentait totalement vidé de toute énergie. Tout ce qu’il voulait c’était que ce cauchemar se termine. Il était à bout, et si Jessica n’avait pas été là… Non il ne pouvait pas penser comme ça, il ne pouvait pas les laisser gagner. Finalement ce ne serait pas une mauvaise idée que Jess passe en mode « Maman Ours ». Ils arrivèrent finalement au Chicago Med. Maggie fit la grimace quand elle reconnut le pompier sur la civière.
— Qu’est-ce qu’on a ? demanda-t-elle.
— Pompier, 32 ans, a été pris dans un effondrement de structure, se plaint d’une douleur à l’épaule, tension 9/5, saturation à 92%.
— Salle deux, répliqua Maggie. Tu sais Kelly, si on te manque tant que ça, tu peux nous rendre visite, pas la peine de te mettre dans tous tes états pour ça.
— J’y penserai, Maggie, j’y penserai, répliqua le pompier en souriant en fermant les yeux.
Le Dr. Halstead entra dans la salle de trauma et examina son patient. Après une radio et un scanner de contrôle, il en conclut que mis à part des hématomes qui allaient lui faire un mal de chien, il allait bien.
— Severide, il faut vraiment que vous commenciez à prendre soin de vous. Votre métier est dangereux, je le sais mais si vous continuez à ce rythme vous allez vous retrouver aux soins intensifs ou même pire à la morgue, fit le médecin avec un peu d’exaspération dans sa voix
— Ce n’est pas ce que je veux, je vous le jure. Mais pour le moment, je ne peux pas vraiment contrôler ce qui se passe pendant les interventions.
— Que voulez-vous dire ? demanda Will soudainement inquiet.
— Que pour le moment, je ne peux faire confiance à personne mis à part Shay à la caserne. Je ne sais pas si ce qui se passe est intentionnel ou pas mais je vous promets que je vais faire en sorte que cela ne se reproduise pas ou du moins pas dans un futur proche.
— Bien, je vais vous garder quelques heures le temps de vous réhydrater un peu et que votre saturation remonte. Cela vous permettra de vous reposer un peu, vous êtes épuisé et pas seulement physiquement.
— J’avais espéré reprendre ma garde, doc. Je ne peux vraiment pas me permettre de m’absenter trop longtemps même pour des raisons médicales. Je suis sur la sellette et à la moindre erreur je risque de perdre mon poste.
— Ne vous inquiétez pas Kelly, je vais parler au chef Boden, Maggie m’a fait dire qu’il est dans la salle d’attente avec quelques-uns de vos collègues. Voulez-vous que je le fasse entrer ?
— Non pas vraiment, soupira le pompier à bout de force. Je ne pense pas être en état de faire la conversation et de répondre à leurs questions.
— D’accord essayez de vous reposer. Je vais dire à Maggie et April de garder un œil sur vous.
Dans la salle d’attente, le chef Boden, Casey et Herrmann attendaient des nouvelles avec Shay et Dawson. Leslie avait caché la radio de Kelly dans sa veste d’intervention, elle avait déjà appelé Erin et celle-ci lui avait promis de passer à la caserne sous prétexte de venir voir Jessica avec qui elle était « amie ». Ils se levèrent en voyant le médecin sortir des urgences et les rejoindre dans la salle d’attente.
— Alors doc ? demanda Herrmann
— Il s’en sort bien, il a de la chance, il aurait pu y rester. Je vais le garder quelques heures, il a un hématome de la taille de l’Alaska au niveau de l’épaule, ça va être douloureux pendant quelques jours. Il est déshydraté et sa saturation laisse un peu à désirer.
— Il nous a fait peur, répliqua Casey en se passant la main dans les cheveux. Il y a quelque chose qu’on peut faire pour lui ?
— Gardez un œil sur lui, il est épuisé et pas seulement physiquement, je ne sais pas ce qui se passe mais cela est en train de le mener tout droit au burn-out.
— Merci Dr Halstead, on fera en sorte qu’il n’en arrive pas là, répondit le chef avec conviction.
— Je compte sur vous.
— On peut le voir ? demanda Casey.
— Je ne préfère pas, je lui ai donné un léger sédatif et un relaxant musculaire pour qu’il puisse se reposer un peu, j’espère qu’ainsi il dormira pendant trois ou quatre heures, ce qui n’est pas du luxe dans son état.
— D’accord mais dites-lui bien qu’on est avec lui quoi qu’il arrive, dit Herrmann avec conviction.
— Pas de problème, je le lui dirais.
Les pompiers partirent tout en discutant, le chef, Casey et Herrmann dans la voiture du chef et les filles montèrent dans l’ambulance. Il y régnait un silence glacial.
— Tu vois je te l’avais dit, il n’y avait pas de quoi en faire tout un fromage, dit Dawson en jetant un œil à sa coéquipière.
— Pour cette fois-ci mais tu as entendu Will, s’il continue comme ça, ça finira mal.
— Oh ne dramatise pas ! Il a plus de vies qu’un chat !
— Mais enfin qu’est-ce qui te prend Dawson ? On dirait que tu n’en as rien à fiche de lui.
— C’est vrai, ce n’est qu’un gamin immature qui ne sait faire qu’une chose : utiliser les femmes et les jeter comme des kleenex une fois qu’il a fini de s’en servir. Finalement je suis bien contente qu’au moins une de ses victimes ait eu le courage de parler.
— Non mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu préfères croire une inconnue plutôt que quelqu’un que tu côtoies depuis des années ? Que se passera-t-il quand il sera prouvé que cette nana a menti ? Tu pourras encore te regarder dans la glace ?
— Encore faut-il qu’il le prouve ! Je sais qu’il a fait appel de la décision et je peux te dire que c’est la pire chose qu’il pouvait faire parce qu’il va se retrouver à la rue et sans boulot, c’est moi qui te le dis. Depuis le temps tu devrais savoir que les cols blancs n’aiment pas qu’on leur montre qu’ils ont commis une erreur, si tant est qu’ils en aient fait une. Il aurait dû se contenter de sa rétrogradation et remercier le ciel qu’ils aient été cléments.
— Ah parce que tu trouves qu’ils ont fait preuve de clémence ! Non mais vaut mieux être sourde que d’entendre ça.
— Quoi on a enfin un lieutenant qui sait faire son boulot et qui traite son équipe équitablement.
— Dis surtout que tu veux le mettre dans ton lit pour avoir tes entrées dans certaines sphères.
— N’importe quoi, William est quelqu’un de bien.
— Ah oui il est tellement bien qu’il a failli tuer Severide par deux fois en trois rotations, bravo il fait un chef d’équipe formidable !
Shay gara l’ambulance et en sortit en fulminant, Dawson resta en arrière pour faire l’inventaire. Elle était l’ambulancière en chef et cette tâche lui revenait. Elle vit Erin et Jessica discuter dans la salle commune. Cruz et Otis essayait avec la discrétion d’un éléphant d’écouter la conversation des deux femmes.
— Alors ? demanda Erin en se levant et en prenant l’ambulancière dans ses bras.
— Le docteur Halstead a dit qu’il a eu de la chance, ils vont le garder quelques heures, il est épuisé et déshydraté et sa saturation est limite.
— Ouf tant mieux.
— Je suis contente de te revoir, fit Leslie avec un sourire forcé.
— Oui j’ai entendu dire que « l’ouragan Jessica » était en ville et je n’ai pas pu résister à l’envie de venir la saluer.
— Venez, les filles on va essayer de se trouver un endroit tranquille pour discuter, je veux tout savoir sur ton nouveau fiancé.
L’inspecteur Lindsay souleva un sourcil, elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait mais elle improvisa sans trop de problèmes. Si les filles ne voulaient pas dire de quoi il retournait devant les autres, elles devaient avoir leurs raisons. Elles s’installèrent dans le dortoir désert à cette heure de la journée. Après une intervention aussi importante, les équipes inspectaient le matériel avant d’aller se changer et manger un morceau.
— Alors que se passe-t-il ? demanda Erin.
— Il se passe qu’on pense que quelqu’un a saboté la radio de Kelly, fit Shay en sortant l’appareil de sa veste d’intervention après avoir mis des gants.
— Ça t’embêterait d’aller me chercher mon kit dans ton coffre ? s’enquit Jess
— Ton kit ?
— Oui le sac noir que j’ai mis dans le coffre de ta voiture. Il contient tout le nécessaire pour faire des prélèvements. Je ne voyage jamais sans lui.
— D’accord je reviens tout de suite.
La voiture du chef rentra au bercail alors que Leslie revenait avec le sac. Personne ne lui posa de questions, Hermann alla se poser dans la salle commune où Mills avait commencé à faire le dîner et se servit un café. Le chef s’enferma dans son bureau, il devait digérer les événements de l’après-midi et Casey s’installa directement à son bureau pour remplir sa paperasse. Il remarqua le petit groupe assis sur les lits de Shay et Severide. La discussion menait grand train, mais il ne comprenait pas ce que les filles pouvaient bien se dire.
Jess enfila des gants et commença à examiner l’appareil. Elle sortit un petit appareil photo pour documenter la procédure, elle prendrait des photos à chaque étape. Tout semblait normal à part une petite chose mais qui avait son importance. Elle ouvrit le compartiment où se logeait la batterie mais celle-ci était manquante.
— Pas étonnant que sa radio soit en panne, fit Shay déroutée.
— C’est sûr que ça marche beaucoup moins bien sans batterie, répliqua Jess.
— Y a un moyen pour savoir qui a fait le coup ? demanda Erin.
— Un petit instant, je vais voir si je trouve des empreintes. En revanche je me demande si je ne vais pas pouvoir récupérer un peu d’ADN ici dans la cache de la batterie, les bords sont assez affilés, murmura Jess.
Elle ouvrit une petite sacoche, prit un coton-tige qu’elle retira de son emballage et qu’elle passa dans tous les endroits où elle pensait qu’elle pourrait retrouver des cellules épithéliales. Ensuite elle choisit une poudre rose fluo et un pinceau. Elle imprégna le pinceau de poudre et passa la radio au peigne fin, aucun endroit ne resta inexploré. Puis elle sortit des plaquettes de rubans adhésifs et releva les quatre empreintes qu’elle avait trouvées. Elle tendit l’appareil à Erin.
— Bon maintenant faut pouvoir les comparer avec nos principaux suspects, fit Jessica en examinant ses prélèvements
— On va forcément trouver mes empreintes et celle de Severide, constata Shay.
— Ce qui est normal, la radio est à Kelly et tu l’as tenue quand tu l’as récupérée. Reste à savoir à qui sont les deux autres empreintes, expliqua Jess.
— Ça je m’en occupe, répliqua Erin. Tu as de quoi sceller la radio ? Il ne faudrait surtout pas qu’elle disparaisse.
— Pas de soucis, donne-la-moi, répliqua Jess en sortant un sac plastique, elle y plaça la radio puis scella le tout, laissant l’inspecteur Lindsey mettre ses initiales. Si jamais ton labo ne va pas assez vite, contacte Linds à New York ou Nick Stockes de l’équipe de nuit du labo de Las Vegas, les deux équipes sont au courant de l’affaire et ne demandent qu’à aider.
— Ok merci. Il va falloir garder un œil sur Severide, on dirait que quelqu’un fait tout son possible pour le faire disparaître.
— Ça ne pose pas trop de problème quand il est ici, à la caserne, mais c’est beaucoup plus difficile quand il est en intervention, dit Shay. Surtout qu’on ne sait pas à qui faire confiance dans l’équipe. Ils ont tous été si prompts à se retourner contre lui.
— Une idée de qui peut lui en vouloir à ce point ? demanda l’inspecteur
— Le lieutenant de pacotille, murmura Jess.
— Qui ?
— Le remplaçant de Severide, William Caldwell, expliqua Shay.
— Je suis en train d’effectuer des recherches sur lui, et ce que je trouve est loin d’être réjouissant. Mais je n’ai encore rien de concret mis à part un enregistrement où il me fait des avances plus que déplacées.
— J’ai mis tous mes indics sur le coup. Vu ce que vous m’avez raconté, il va falloir tout de même trouver un allié dans la maison rapidement sinon je ne donne pas cher de sa peau, répondit l’inspecteur Lindsay. Je vais retourner au bureau, je vous tiens au courant. Inutile de vous dire de faire attention à vous.
— Merci Erin.
La jeune femme quitta la caserne sous le regard curieux des pompiers qui se trouvaient dans la salle commune. Ils savaient tous qui elle était et ils se demandaient ce que la police pouvait bien vouloir à Shay et Jessica. Mills avait battu le rappel des troupes pour le dîner. Chacun se servit et alla s’installer à table.
— Hey, ce n’était pas l’inspecteur Lindsay qui est venue vous voir ? demanda Dawson avec curiosité.
— Si, si elle a appris que j’étais en ville et elle est passée me voir, expliqua Jessica avec naturel.
— Je ne savais pas que tu la connaissais, continua Gabby bien décidée à avoir des informations.
— Oh tu sais le monde de la police est très petit. Il se trouve qu’elle a fait ses études universitaires avec ma collègue et amie Lindsey Messer. On s’est rencontré quand Linds a eu son bébé et on s’est tout de suite bien entendu. On est resté en contact et on se parle souvent, en particulier quand on a des enquêtes difficiles.
Caldwell regarda Jessica. Il ne croyait son histoire qu’à moitié. Cela lui semblait bizarre qu’elle ait autant de contacts partout. Casey lui aussi avait des soupçons mais pas pour les mêmes raisons. Il avait parlé de la situation avec Hallie et celle-ci avait suggéré que peut-être Jessica était plus qu’une amie non pas pour Shay mais pour Kelly. Quand il lui avait demandé pourquoi elle pensait cela, elle lui fit remarquer que la conversation qu’il avait entendu entre Jess et Severide dans la salle des équipements ne ressemblait pas vraiment à une conversation entre deux amis mais entre deux amants. Même s’il n’y avait pas cru au départ, maintenant qu’il observait leurs interactions, il avait dans l’idée que sa fiancée n’avait pas tout à fait tort, s’ils n’étaient pas amants ils allaient le devenir bientôt.
Quelques heures plus tard Severide revint à la caserne. Il passa par le dortoir pour rassurer discrètement Jessica puis il alla prendre une douche pour essayer de délasser ses muscles totalement noués et enlever la crasse qui lui collait à la peau. Il grimaça quand il vit les différents bleus qu’il avait sur le torse et l’épaule, le Dr. Halstead avait raison, il allait le sentir passer dans les prochains jours. Puis il se présenta au chef qui voulait savoir comment il allait.
— Entre, assieds-toi.
— Merci
— Comment vas-tu ?
— J’ai vu pire, courbaturé mais rien qu’un peu de repos et une bonne douche ne puisse réparer.
— Casey et Caldwell m’ont déjà remis leurs rapports mais je veux avoir ta version.
Severide hésita un moment, ce qui n’échappa pas au chef, Casey avait raison ils étaient en train de le perdre. Kelly ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait raconter au chef. Erin était allée le voir au Med après son passage à la caserne pour le mettre au courant des derniers développements. Le sabotage de sa radio lui faisait craindre le pire pour les prochaines gardes. Finalement, il se décida à faire un résumé aussi précis que possible des événements sans toutefois incriminer qui que ce soit.
— En ce qui concerne ta radio, est-ce que tu as une idée de ce qui a pu se passer ?
— Absolument pas, mentit-il. Elle marchait très bien lors de l’intervention précédente. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer, je suis toujours très soigneux avec mon matériel.
— Tu sais où elle est ? J’aimerai bien y jeter un œil.
— Aucune idée, chef, je pense l’avoir perdue lors de l’effondrement, mentit-il de nouveau. Vous savez tout s’est passé tellement vite.
— En tout cas, c’est passé un peu trop près à mon goût, deux incidents majeurs en trois rotations, ça va finir par attirer l’œil des cols blancs.
— Chef, je… Je voulais vous remercier d’être venu me chercher. Je ne donnais pas cher de ma peau.
— Je dois reconnaître que j’ai hésité à envoyer des hommes. L’immeuble était vraiment trop instable et je n’étais pas prêt à perdre plus d’hommes encore. Deux compagnies étaient prêtes à foncer tête baissée pour aller te chercher et Mills m’a rappelé la première de toutes les règles : on ne laisse jamais tomber l’un des nôtres. Et il avait totalement raison.
— Je comprends chef, mais je suis content que vous soyez venu à la rescousse. Ce n’est que quand j’ai entendu la voix d’Herrmann que je me suis dit que tout n’était pas perdu.
— Kelly, l’espoir est la dernière chose que tu dois perdre. Je ferai toujours tout mon possible pour assurer tes arrières et te soutenir.
— Merci chef.
— Maintenant va manger. Essaye de te reposer.
Severide hocha la tête et sortit du bureau. Il avait été touché par la franchise du chef et il était prêt à lui laisser le bénéfice du doute. Le reste de la garde se passa assez tranquillement, le Secours 3 ne fut appelé que deux fois avec l’Echelle 81 pour des accidents de la circulation bénins. Quand enfin il fut l’heure de partir, Severide était des plus heureux de quitter l’atmosphère pesante de la caserne. Ni lui, ni Jess n’avaient réussi à dormir, ils étaient parvenus à voler un moment dans la salle des équipements au milieu de la nuit. Mais cela n’avait pas duré longtemps à cause de la sirène l’appelant sur le terrain. Quand ils arrivèrent à l’appartement, Shay monta directement se coucher. De leur côté les amoureux se retrouvèrent devant un problème de taille, Kelly n’était pas en mesure de porter Jess à l’étage, son épaule était trop douloureuse pour cela. Ils décidèrent donc de transformer le canapé en lit et d’essayer de dormir quelques heures avant de discuter de choses sérieuses.
En fin d’après-midi, Leslie descendit et trouva le couple endormi dans les bras l’un de l’autre sur le canapé-lit. Elle n’en fut que très peu surprise. Elle se doutait bien que Kelly ne pourrait pas porter Jess, elle n’avait fait aucune remarque pour ne pas le mettre mal à l’aise. Elle passa dans la cuisine et prépara du café ainsi qu’un repas frugal. Malgré sept heures de sommeil, elle se sentait encore épuisée. Elle jeta un œil au salon et Kelly lui fit un clin d’œil, il venait tout juste de se réveiller. On toqua à la porte et Shay alla ouvrir. Elle eut la surprise de voir le chef Boden et Casey à sa porte.
— Chef, Casey ? Que faites-vous là ?
— On vient prendre des nouvelles de Kelly, répondit le chef, et puis je crois qu’on a pas mal de choses à se dire.
— Entrez, je vais les prévenir.
Elle alla jusqu’au salon où elle trouva Severide en grande discussion avec Jessica. Il avait reconnu la voix du chef et il se demandait ce qu’il pouvait bien venir faire chez lui. Il mit rapidement son tee-shirt et son pantalon de pyjama tandis que Jessica passa la robe de chambre qui traînait au pied du lit. Elle se transféra sur son fauteuil tandis que Shay et Kelly repliaient le canapé-lit.
— Asseyez-vous tous les deux. Désolé du bazar mais…
— Il était trop fatigué et son épaule était trop douloureuse pour me porter à l’étage en toute sécurité quand on est rentré ce matin, expliqua Jessica. Shay tu veux bien aller me chercher de quoi me rendre présentable ?
— Pas de soucis, tu as une préférence ?
— Non aucune, prends ce qui te tombe sous la main.
— Ça marche, répliqua Shay en s’éclipsant à l’étage.
— Si vous voulez bien m’excuser, fit Jessica en se dirigeant vers la salle d’eau du rez-de-chaussée.
— On a du café frais, vous en voulez ? demanda Kelly
— Volontiers, répondit le chef.
— Un pour moi aussi s’il te plaît, fit Casey.
Shay descendit avec des vêtements et une trousse de toilette qu’elle donna à Jessica.
— Tu appelles si tu as besoin d’aide, dit Leslie.
— Ça va aller ne t’inquiète pas, je suis rodée.
Kelly alla à la cuisine et s’appuya un instant contre le plan de travail. Il s’était attendu à beaucoup de choses mais pas à retrouver sur le pas de sa porte le chef et Casey. Il ne fallait pas être devin pour se rendre compte qu’ils étaient là à la recherche de réponses. Il rapporta les cafés avec l’aide de Shay.
— Je suppose que ce n’est pas une visite de courtoisie.
— Pas vraiment, il se passe des choses étranges dans ma caserne et je veux avoir le fin mot de l’histoire, alors quoi de mieux que de venir chercher les renseignements à la source, répliqua le chef d’une voix ferme.
Il était là pour avoir des réponses, car il n’arrivait pas à remettre les pièces du puzzle dans l’ordre et cela avait le don de l’agacer prodigieusement.
— Kelly, tu as failli mourir deux fois en trois rotations, tu admettras que ce n’est pas normal, continua Casey. Tu as eu la visite de l’assistant du substitut du procureur et l’inspecteur Lindsay est venue à la caserne.
— Je… fit Severide qui ne savait pas vraiment par où commencer.
— Je crois qu’il est temps de tout leur dire, déclara Jessica en avançant son fauteuil jusqu’à être à la hauteur de son amant et en lui prenant les mains.
— Tu es sûre ?
— Aussi sûre que je puisse l’être.
On toqua à la porte et Shay alla répondre. Un homme se présentant comme l’assistant du substitut du procureur la salua.
— En quoi puis-je vous aider ? demanda Shay d’une voix hostile.
— Je crois savoir que Mlle Wardfield vit chez vous pendant son séjour à Chicago. Serait-il possible de lui parler ? répliqua-t-il poliment.
— Un instant. Jess c’est pour toi !
— Qui est-ce ? fit-elle en s’approchant.
— L’assistant de l’abrutit qui veut casser du pompier, répondit-elle avec dédain.
— Bonjour, excusez mon amie, mais elle ne porte pas votre patron dans son cœur.
— Pas de soucis, répondit-il mal à l’aise.
— Je suppose que vous venez me remettre ma convocation ?
— Oui enfin je… Comment ?
— Votre patron est tout sauf imprévisible, et je suis flic depuis assez longtemps pour savoir comment les choses se passent. Quand veut-il me voir ?
— Demain après-midi si cela vous convient.
— Je préviens Maître Hanson pour voir s’il est libre et je vous confirme le rendez-vous.
— Vous savez la présence d’un avocat n’est pas obligatoire.
— Oh si elle l’est, croyez-moi sur parole. J’espère que vos locaux sont accessibles sinon nous allons avoir un gros problème.
— Ne vous inquiétez pas, nous ferons en sorte qu’il n’y ait pas de problèmes. Bien, bonne soirée. J’attends votre confirmation.
Jessica ferma la porte, prit le temps d’appeler Franck pour l’informer de ce nouveau développement. Celui-ci lui promit de passer à l’appartement une heure avant le rendez-vous afin de pouvoir préparer l’interrogatoire. Elle retourna auprès des autres dans le salon. Kelly la regarda avec appréhension.
— Alors ?
— Alors, comme on l’avait prévu, ce crétin veut me voir demain après-midi, Franck est d’accord pour m’accompagner. Et non je préfère que tu restes ici. Moins tu le verras, mieux tu te porteras, répliqua-t-elle en embrassant Severide.
— Alors comme ça Hallie était dans le vrai, toi et Jessica vous êtes ensemble ? fit Casey en souriant.
— Hallie ? Et comment elle l’a deviné ? demanda Severide surpris
— Le premier soir où Jessica était là je n’arrivais pas à dormir, je suis allé faire un tour dans les locaux pour essayer de me vider la tête et je vous ai entendu discuter dans la salle des équipements. J’en ai parlé à Hallie qui en a déduit que vous étiez ensemble.
— Elle est maline, elle ne s’est pas trompée, on est effectivement ensemble.
— Depuis combien de temps ? demanda le chef en levant un sourcil.
— Deux ans dans quelques jours, répondit Jessica en prenant la main de Kelly dans la sienne, elle se sentait un peu nerveuse.
— Comment vous êtes-vous rencontré ? s’enquit Boden curieux.
— Lors de l’échange avec les pompiers de New York, on s’est retrouvé sur la même scène de crime d’un incendie volontaire, raconta Severide. On s’est immédiatement détestés, tout nous opposait.
— Ça tu peux le dire, tu marches à l’instinct et moi aux preuves scientifiques, on ne peut pas faire plus opposé.
— On dit que les opposés s’attirent, répliqua Casey avec un petit sourire en coin.
— Et ils ont raison mais il a tout de même fallu que je me retrouve en danger pour qu’on finisse par s’avouer nos sentiments, fit Jess en rougissant.
— Ton urgence familiale, il y a quelques mois c’était Jessica ? demanda Casey.
— Ouais, fit Kelly en se passant la main dans les cheveux, rien que d’y repenser, il en avait la chair de poule. Le lieutenant Taylor, son patron, m’a appelé pour me dire qu’elle avait été blessée lors d’une fusillade et que c’était sérieux. Je devais y aller. Le plus dur a été de la quitter pour venir reprendre mon service quarante-huit heures après.
— Pourquoi ne pas avoir prolongé ton absence ? s’enquit le chef.
— Parce qu’il y aurait eu inévitablement des questions, questions auxquelles je ne voulais absolument pas répondre.
— Mais pourquoi ? Pourquoi nous avoir caché ta relation ? demanda Casey qui ne comprenait pas.
— Parce que Jessica était mon jardin secret. On partage beaucoup de choses les uns avec les autres à la caserne, c’est inévitable, on vit les uns sur les autres. Mais Jess ne faisait pas partie de ce monde et je ne voulais pas l’y mêler, du moins pas dans les premiers temps. C’est grâce à elle que je n’ai pas plongé quand Andy est mort, quand Heather m’a reproché sa mort et m’a interdit de voir les garçons. Elle est mon roc, mon pilier. Elle est la seule chose stable dans cette vie complètement dingue qu’on affronte tous les jours.
— Mais cela ne veut pas dire que Kelly ne me parlait pas de vous. Quand je suis arrivée à la caserne, je savais exactement qui était qui mais je ne pouvais pas le montrer. Tout comme il connaît l’équipe avec laquelle je travaille à New York. Contrairement à lui j’ai décidé de ne pas cacher notre relation.
— Pourquoi ne pas avoir révélé votre relation lors de votre arrivée, pourquoi cette comédie ? s’enquit le chef.
— Shay m’a appelée après un incident dans les vestiaires, elle m’a expliqué la situation parce que Kelly n’avait pas jugé utile de me donner tous les détails sur ce qui se passait. Je ne savais pas à quel point c’était grave et après avoir lu les différentes pièces du dossier, je me suis dit que quelque chose n’allait pas. J’ai donc décidé de venir mais comme je ne savais pas à qui on pouvait faire confiance, on a monté ce stratagème.
— Je suppose que vous n’avez pas seulement travaillé sur des affaires non classées ? demanda Boden.
— Non pas vraiment, j’ai pris le temps de contacter plusieurs de mes collègues dans différents laboratoires de police à travers le pays et ceux-ci ont contacté d’autres collègues et ainsi de suite. Et cela s’est révélé payant.
Jessica expliqua ce qu’elle avait déniché sur Tara Little, les membres de la commission disciplinaire ainsi que sur Caldwell. Elle n’omit aucun détail, le chef et Casey n’en revenaient pas. Le portable de Jess sonna et elle haussa les sourcils en voyant le nom de son interlocuteur. Sans attendre elle répondit, si son supérieur l’appelait cela devait être important.
— C’est mon patron, dit Jess en décrochant. Bonjour Mac.
— Comment ça va Jessica ?
— Disons que la journée d’hier a été compliquée.
— Et Kelly ?
— Toujours parmi nous, dieu merci. Vous avez des infos pour moi ?
— Oui et pas des moindres.
— Attendez, je vous mets sur haut-parleurs, je suis avec Kelly, Shay, le chef Boden et le lieutenant Casey.
— Je suppose qu’on peut leur faire confiance ?
— Je le pense. Je vous écoute Mac.
— L’amie de Lindsey nous a transmis les empreintes et l’ADN que vous avez prélevés. Le labo de Chicago est débordé et en sous-effectif.
— Et ?
— Danny travaille encore sur les prélèvements ADN, les résultats vont mettre encore quelques heures à arriver. Par contre pour les empreintes, comme on s’y attendait, l’une appartient à Kelly et l’autre à Leslie, en revanche les deux autres empreintes appartiennent à un certain William Caldwell.
— Le lieutenant de pacotille ? Pourquoi cela ne m’étonne même pas, répliqua Jessica en contenant à peine sa fureur. Mais comment se fait-il que ses empreintes soient dans le système ?
— D’après Flack, il a été soupçonné dans une affaire de tentative de viol sur deux étudiantes lors d’un échange universitaire entre Loyola et Columbia. Comme par miracle, les filles ont retiré leurs plaintes après que certaines personnes aient rémunérés leur silence. Le problème c’est qu’on n’a aucune preuve de cette subornation de témoins.
— On a une idée de qui est intervenu pour les faire taire ?
— Non malheureusement, le dossier a été classé sans suite. Je vous en ai envoyé une copie ainsi qu’à l’inspecteur Lindsay.
— Merci Mac.
— Le substitut du procureur a pris contact avec vous ?
— Oui, son assistant est venu me donner ma convocation en main propre il y a une heure. Franck est prévenu et va m’accompagner, je ne vais pas vous le cacher Mac mais j’ai hâte de me frotter à lui. D’ailleurs prévenez Danny que la visite virtuelle se fera sans moi mais avec Kelly et Casey.
— Ce sera fait mais Jessica, faites attention la dernière fois vous avez frôlé l’outrage à magistrat.
— Promis je ne ferai rien que vous ne feriez dans une situation aussi absurde.
— Je vous reconnais bien là, soyez prudente et prenez soin de vous. Et si vous avez besoin, n’oubliez pas que vous avez toute une équipe prête à se battre à vos côtés. Une dernière chose, Danny m’a fait écouter l’enregistrement et cela ne me dit rien de bon. Avez-vous votre arme de service ?
— Je l’ai emmenée mais je ne la porte pas sur moi surtout quand je suis à la caserne.
— Et votre matraque télescopique ?
— Rangée à sa place avec les menottes.
— Jessica, à partir de maintenant portez votre arme en toutes circonstances
— Mais Mac…
— Il n’y a pas de mais… Est-ce que c’est clair ? demanda-t-il d’une voix froide et tranchante
— Comme de l’eau de roche, soupira Jess.
— Bien, ouvrez l’œil et redoublez de vigilance.
— Bien compris. Merci Mac, soyez prudent sur le terrain. A bientôt
— A bientôt.
Elle raccrocha et le silence retomba comme une chape de plombs, aucun d’eux n’aurait jamais imaginé que Caldwell puisse avoir déjà eu affaire à la justice. Jessica avait les mains qui tremblaient. Kelly la prit dans ses bras et l’embrassa. Shay se leva et alla à la cuisine et revint quelques minutes plus tard avec un chocolat chaud. Cette boisson apportait presque toujours du réconfort à la jeune femme.
— Merci Shay, dit-elle en en buvant une gorgée.
— De rien ma belle.
— Je m’attendais à tout mais pas à ça, fit Casey, comment a-t-il pu passer les tests ?
— Sûrement parce que son oncle a fait du forcing, répliqua Jess. Quand on est chef de district, on a droit à des passes droits.
— Jessica, d’où viennent les empreintes et l’ADN qui ont été transmis à New York ? demanda Boden.
— Chef, je ne vous ai pas vraiment tout dit hier, avoua Kelly en passant sa main sur le visage. En fait je n’ai pas perdu ma radio, Shay l’a récupérée quand on était en route pour le Med pour essayer de comprendre pourquoi elle ne fonctionnait plus. C’est pour ça qu’Erin est passé à la caserne. Jessica a découvert que la batterie de ma radio avait été enlevée. C’est pour ça qu’elle ne fonctionnait plus.
— C’est vrai quelqu’un a enlevé la batterie entre les deux interventions et Kelly n’avait aucune raison de vérifier son matériel puisqu’il fonctionnait correctement lors de l’intervention précédente, expliqua Jess. J’ai tout documenté en présence d’Erin et de Shay pour que personne ne puisse m’accuser d’un quelconque conflit d’intérêt.
— Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ?
— Parce que je n’étais sûr de rien chef. Comme toujours, tout se résume à ma parole contre celle de Caldwell et vous devez admettre que celle-ci ne vaut pas grand-chose auprès des cols blancs.
— En tout cas va falloir des preuves en bêton armé pour réussir à faire plier la commission et virer Caldwell, murmura Casey comme s’il se parlait à lui-même.
— Chaque chose en son temps, répliqua Jessica avec un sourire en coin. On va déjà commencer par arrêter ce substitut du procureur.
— Et comment vous allez faire ?
— Je ne sais pas encore mais je compte bien lui fermer son clapet et s’il refuse d’entendre raison, j’irai voir le procureur en personne. Erin m’a dit qu’elle pourrait m’obtenir un rendez-vous assez rapidement. J’ai au moins trois autres personnes qui travaillent avec moi dans trois labos différents.
— New York je comprends mais les autres ? demanda Shay.
— Las Vegas où j’ai fait mes premières armes et où travaille l’un des meilleurs amis de mon frère et Miami, j’ai travaillé avec leur lieutenant sur une affaire de pornographie infantile et on a bien accroché. Le lieutenant Caine est quelqu’un qui déteste l’injustice et les magouilles politiciennes alors il est tout acquis à notre cause.
— Je vois, fit le chef impressionné.
— La police est une grande famille et quand on touche à l’un des leurs ils sortent leurs griffes.
— Un des leurs ? demanda Casey.
— Kelly fait partie de ma famille, il connaît l’équipe avec qui je travaille, il nous a même aidé à résoudre quelques affaires d’incendies criminels lors de ses visites. Il n’a pas hésité à se mettre en danger pour me tirer d’un ou deux mauvais pas. Il a donc été officiellement adopté par le labo de la police scientifique de New York. Et mon patron le lieutenant Mac Taylor prend un soin tout particulier de sa famille.
— Jess de quel enregistrement parlait Mac ? Pourquoi veut-il que tu sois armée ? s’enquit Kelly inquiet.
Jessica soupira et lança un regard perdu à Shay, elle aurait préféré que Severide ne sache rien de la visite de Caldwell.
— Jess ? Qu’est-ce que tu me caches ?
— Promets-moi de ne pas faire de bêtises.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce que je te connais et que tu vas vouloir lui casser la figure.
— A qui ?
— Au lieutenant de pacotille. Il est passé à l’appartement pendant que tu étais avec le substitut, il m’a dit que le chef l’avait envoyé prendre de tes nouvelles.
— Qu’est-ce qu’il voulait ? demanda Kelly avec colère.
— Me draguer et insinuer qu’il aimerait bien coucher avec moi pour « élargir son horizon ». J’étais au téléphone avec Danny quand il est venu et il a enregistré toute la conversation. Il n’a pas pu aller plus loin car Shay est rentré à ce moment-là de son jogging, ce qui l’a grandement contrarié et a mis fin à l’entretien.
— Le salopard, je vais…
— Tu ne vas rien faire du tout Kelly Benjamin Severide ! Souviens-toi qu’il n’attend qu’une occasion pour te virer, ne lui fais pas ce plaisir, sinon tout ce qu’on est en train de faire ne servira à rien.
— Elle a raison Severide, fit le chef. Je ne veux pas perdre un membre de mon équipe.
— Chef, on a un autre problème, dit Shay, si Caldwell s’en est pris à Kelly pendant la dernière rotation, il peut recommencer à tout moment. Il ne tentera rien à la caserne mais s’il veut s’en prendre à Severide pendant une intervention, on ne pourra rien faire pour l’en empêcher. Et vous savez ce qu’on dit : jamais deux sans trois.
— Tu penses vraiment qu’il va tenter quelque chose ? demanda Casey.
— J’en suis sûre à deux cents pour cent. Vous auriez dû voir son regard quand vous êtes montés le chercher. Il était en colère que vous ne l’abandonniez pas à son sort. Je parie que c’est pour cela qu’il a saboté la radio, pour empêcher Kelly d’appeler à l’aide.
— C’est une accusation très grave que tu portes là.
— C’est bien pour ça que pour le moment on n’a encore rien dit à personne sauf à vous deux, répliqua Shay.
— Je vais réfléchir à une stratégie pour que Kelly soit le moins en contact avec Caldwell, mais ça ne va pas être simple puisque c’est lui qui dirige les opérations. En tout cas, je vous remercie de votre confiance, je me doute que cela n’a pas été facile de nous mettre dans la confidence, déclara le chef. Et ne vous en faites pas je garderai votre secret, mais à l’avenir tenez moi au courant de ce qui se passe dans ma caserne.
— On fera au mieux chef, c’est promis, dit Jessica.
— Essayez de prendre du repos, demain sera une longue journée pour tout le monde.
— Merci chef, fit Severide ému.
Le chef et Casey prirent Kelly dans leurs bras pour le rassurer, il n’était plus seul maintenant. Ce soir-là Severide emmena Jess dîner au restaurant tandis que Shay rejoignit sa petite amie du moment. Ce qu’elle avait omis de dire aux autres c’était qu’Amelia était journaliste au Chicago Tribune et qu’elle avait bien l’intention de rendre l’affaire publique si jamais les choses ne tournaient pas en leur faveur.
Chapter 10
Notes:
En ce soir de réveillon quelque peu solitaire avec mon fidèle ordinateur pour seul compagnon, je dépose ici la suite des aventures de Kelly, Jessica et de la grande famille du 51 car ils ont encore beaucoup de choses à dire. Je vous souhaite un bon noël à tous et toutes.
Prenez bien soin de vous. Attachez vos ceintures et enjoy the ride...
Chapter Text
Le lendemain, Franck arriva en avance pour discuter de l’interrogatoire avec Jessica qui était bien décidée à en découdre avec le substitut Lawson. A la suite de travaux d’aménagements dans le bureau du procureur, les lieux des convocations avaient été changées et avaient été provisoirement transférés dans les locaux du nouveau tribunal. Ils arrivèrent quelques minutes en avance.
— Je sais que vous êtes très remontée contre Lawson, il va chercher vos points faibles et s’en servir. Ne rentrez pas dans son jeu. Restez calme, essayez de faire des réponses courtes et concises. Faites en sorte de lui donner le moins d’informations possible, faites-le travailler pour avoir des précisions, ne lui servez pas tout sur un plateau.
— En somme vous voulez qu’il soit obligé de batailler pour chaque information qu’il voudra me soutirer.
— C’est cela, rendez-lui la tâche ardue.
— Dans quel but ?
— Je connais ce genre de personnes, plus vous allez lui compliquer la tâche, plus il va avoir tendance à s’énerver et c’est là qu’il va faire des erreurs qui pourront nous servir. Comme vous dites si bien ce n’est pas votre premier rodéo mais faisons en sorte que ce soit le dernier pour Lawson.
— Avec plaisir.
L’assistant sortit de la salle de conférence, les salua et les fit entrer. Le substitut Lawson parut contrarié par la présence de l’avocat de Severide mais il ne fit aucun commentaire.
— Bonjour je suis le substitut Lawson, nous sommes là afin d’éclaircir certains points de la déposition de M. Severide.
— Alors éclaircissons, répliqua Jessica avec aplomb ce qui fit sourire Franck et l’assistant du substitut.
— Si vous le permettez je vais enregistrer cet entretien.
— Mais faites je vous en prie, nous allons faire de même, n’est-ce pas Maître Hanson ?
— Tout à fait, fit-il en sortant un petit dictaphone numérique et en le posant sur la table. Cela irrita le substitut un peu plus.
— Vos nom, prénom, date de naissance et profession ?
— Jessica Ann Wardfield, née le 09 septembre 1980. CSI de niveau 3 au laboratoire de police scientifique de New York.
— Hum policier… Quand avez-vous intégré la police ?
— Il y a un peu plus de dix ans.
— A New York ?
— Non, j’ai commencé ma carrière dans le deuxième meilleur labo du pays, Las Vegas.
— Si je puis me permettre, s’enquit l’assistant, qui est le premier ?
— Quantico, dit-elle en souriant en repensant à Grissom qui avait fait la même réponse à l’équipe de nuit.
— Depuis combien de temps connaissez-vous M. Severide ?
— Un peu plus de deux ans.
— Et depuis quand êtes-vous en couple ?
— Deux ans dans quelques jours.
— Comment vous êtes-vous rencontrés ?
— Sur une scène de crime d’incendie volontaire.
— Ici à Chicago ?
— Non à New York, il y était en poste provisoirement suite à un programme d’échange.
— Et je suppose que ça a été le coup de foudre.
— Non tout le contraire, nos manières de procéder sont totalement à l’opposé les unes des autres ce qui a provoqué certaines frictions.
— Saviez-vous que votre petit ami est un prédateur sexuel ?
Franck allait intervenir mais Jess lui fit un signe de tête. Si quelqu’un devait remettre ce crétin à sa place, ce serait elle.
— Dans vos rêves seulement M. le substitut. M. Severide est quelqu’un de très respectueux des femmes, je ne peux pas dire autant de certaines autres personnes.
— Et pourtant deux femmes ont été victimes de ses avances déplacées.
— C’est ce qu’elles disent mais je serai vous, je vérifierais mes sources. C’est la première chose qu’on apprend à l’académie de police.
— Donc vous ne croyez pas à ces accusations ?
— Pas le moins du monde.
— Pourtant si j’ai bien compris vous n’habitez pas Chicago, vous ne voyez M. Severide que quand vos emplois du temps vous le permettent alors comment pouvez-vous être sûre qu’il ne vous trompe pas ?
— Parce que je lui fais confiance tout simplement.
— Ça me semble bien léger.
— Hum pas à moi mais à chacun son point de vue.
— Et pourquoi ne vivez-vous pas ensemble ?
— D’abords parce qu’on n’en a jamais parlé, ensuite parce que je sais qu’il ne quittera jamais Chicago et qu’il est très difficile de trouver un poste équivalent ici pour moi.
— Revenons-en aux accusations…
— Oh mais je vous en prie, répondit-elle avec un grand sourire et un brin d’insolence dans sa voix.
— Miss Little affirme qu’il l’a agressée à la caserne dans les vestiaires mais M. Severide nie. Il affirme être allé à votre chevet parce que vous avez été blessée. C’était le 1er octobre dernier.
— En effet, une course poursuite a mal fini, je me suis retrouvée à l’hôpital pour quelques jours et dans ce fauteuil pour quelques mois.
— Pourquoi n’est-il pas resté à votre chevet ? Pourquoi est-il reparti au bout de quarante-huit heures ?
— Parce que cela n’aurait pas manqué de soulever des questions au sein de la caserne, chose qu’il voulait éviter à tout prix.
— Comment se fait-il que personne au 51 ne sache que M. Severide a une petite amie ?
— Parce que c’est sa vie privée et qu’il n’avait pas envie de la partager avec ses collègues.
— Pourtant si j’ai bien compris, vous lui avez présenté les vôtres ?
— Oui je ne vois pas où est le problème, nous gérons notre relation comme nous le voulons, ce n’est pas un crime que je sache !
— Mais cela donne toute liberté à votre petit ami d’harceler des femmes, dieu sait combien de victimes il y a.
Jessica soupira et se pencha vers Franck.
— Je lui colle mon poing dans la figure tout de suite ou j’attends encore un peu ? murmura-t-elle.
— Gardez votre calme, souvenez-vous de l’objectif.
— Dommage, répliqua-t-elle. La seule victime ici c’est M. Severide et vous le savez, vous êtes seulement trop arrogant pour l’admettre.
— Vous semblez très sure de vous. Mais je suis sûr qu’un jury verra clair dans le jeu de M. Severide et le condamnera durement pour les faits qui lui sont reprochés. Vous devriez le convaincre d’accepter de plaider coupable, cela économiserait du temps et de l’argent aux contribuables de la ville de Chicago.
— Vos accusations ne tiendront jamais devant un jury, je le sais et vous le savez aussi.
— Ah bon ? Et pourquoi en êtes-vous aussi convaincue, en dehors du fait que l’amour vous aveugle totalement ?
— J’y vois très clair bien au contraire. Si vous aviez fait vos devoirs, vous sauriez que le témoignage de Mlle Rutkowski a été fait plus ou moins sous la contrainte, son père en étant à l’origine pour éviter le scandale après que le fiancé de sa fille a appris ses agissements. Quant à Miss Little, elle est la spécialiste en fausses accusations, et elle a la mort d’au moins une personne sur la conscience, si tant est qu’elle en ait une, mais vous le savez déjà Maître Hanson vous a remis les différents dossiers. Plusieurs personnes sont prêtes à venir témoigner de ces faits. Alors dites-moi M. Le substitut quels autres atouts avez-vous encore dans votre manche ?
Lucius Harmond regardait avec intérêt l’échange entre le témoin et son patron, il avait enfin trouvé un adversaire à sa taille. Il était admiratif de cette femme qui ne se laissait pas impressionner et qui répondait du tac au tac à son chef. Elle avait raison sur le dernier point, avec les éléments accumulés par la défense jamais le dossier ne tiendrait devant un jury et pourtant il regardait son patron s’enfoncer de plus en plus dans son entêtement.
— Oui j’ai pris connaissances de ces dossiers mais vu la manière dont ils ont été obtenus ils ne sont pas recevables, vous n’êtes pas autorisée à enquêter dans l’Etat de l’Illinois et puis n’oublions pas qu’il y a un conflit d’intérêt.
— Vous avez faux sur toute la ligne, ces dossiers ont été obtenus en toute légalité puisque, voyez-vous, mon accréditation m’autorise à enquêter n’importe où dans le pays, vous le sauriez si vous vous étiez correctement renseigné sur moi. Quant au conflit d’intérêt, ces dossiers ont été transmis à la police de Chicago qui a eu la bienveillance de nous en faire une copie. Autre chose pour votre service ? demanda Jessica avec un sourire satisfait.
Le substitut était furieux, il avait espéré retourner la situation en sa faveur mais il ne s’attendait pas à ce que son témoin soit aussi solide. Soudain ils entendirent des coups de feu en provenance du couloir. Personne n’osa bouger dans la pièce. Jess fit rouler son fauteuil jusqu’à la porte et l’entre-ouvrit. Au bout du couloir, elle pouvait voir un homme en combinaison orange de prisonnier tenir un gardien en otage, une arme sur la tempe. Elle referma la porte mais fut surprise de ne pas pouvoir fermer celle-ci à clé.
— Que se passe-t-il ? demanda Franck en s’approchant.
— Un prisonnier a décidé de se faire la belle et retient un gardien en otage, je pense qu’il a dû lui prendre son arme. Faut bloquer la porte, je n’ai aucune envie de me retrouver au milieu de ce merdier.
— Mais vous êtes flic ! s’exclama le substitut.
— Et je suis aussi en fauteuil, ce qui veut dire que ma mobilité est réduite ! Le but c’est de s’en sortir vivant, pas de jouer au héros, s’écria Jessica incrédule. Franck et vous l’assistant…
— Lucius, Lucius Harmond.
— Bien Lucius, Franck essayez de pousser ce meuble devant la porte, ça ralentira notre assaillant s’il a la mauvaise idée de vouloir entrer dans cette pièce.
Lawson s’était recroquevillé dans un coin de la salle de conférence en marmonnant des propos inintelligibles. Jessica attrapa son sac qu’elle avait posé au sol et en sortit son arme de service qu’elle plaça dans le creux de ses reins.
— Mais vous êtes armée ? cria le substitut. Vous n’avez pas le droit !
— Si j’ai le droit, je suis flic, vous l’avez oublié ?
L’avocat et l’assistant déplacèrent à grand peine le meuble désigné par Jess devant la porte.
— Bien, maintenant on va retourner ces deux tables cela devrait faire bouclier.
— Et après ? demanda Lucius.
— On se cache derrière et on prie pour qu’il ne nous trouve pas.
Elle sortit son téléphone de la poche de sa veste et appela Erin.
— Désolée Jessica mais ce n’est pas vraiment le moment, je suis en route pour le tribunal, un type retient un gardien en otage…
— Oui je sais, je suis au tribunal, il est juste au bout du couloir et il a déjà fait feu à plusieurs reprises.
— Où es-tu exactement ?
— Salle 403 au quatrième étage côté nord du bâtiment.
— Est-ce que tu es en sécurité ?
— Autant qu’on puisse l’être quand une pièce ne ferme pas à clé. On a bloqué la porte avec un meuble, on a retourné des tables et on se planque derrière.
— Vous êtes combien ?
— Quatre, le substitut, son assistant, l’avocat de Severide et moi.
— Ok, faites-vous le plus discrets possible. Et ne sortez sous aucun prétexte de la pièce, on va faire au mieux pour vous tirer de là rapidement.
— Bien compris, je compte sur vous pour me tenir au courant de l’évolution de la situation.
— Tu as prévenu Kelly ?
— Non, à l’heure qu’il est, il fait une visite virtuelle d’un immeuble incendié à New York avec un de mes collègues, j’espère que cela le tiendra occupé jusqu’à ce que ce cirque soit fini.
— Ça marche, je dois te laisser on arrive.
— D’accord mais prudence.
Elle raccrocha et soupira, elle posa son téléphone sur l’une des tables encore debout par automatisme. Elle fit le tour de la pièce une dernière fois avant de se laisser glisser de son fauteuil sur le sol et de s’appuyer contre le mur. Il ne restait plus qu’à attendre et à croiser les doigts pour que le prisonnier en fuite ne cherche pas refuge dans leur salle de conférence.
— Et maintenant ? demanda Lucius
— On patiente, la police vient d’arriver, il ne nous reste plus qu’à attendre qu’ils fassent leur boulot.
De longues minutes passèrent en silence. Ils entendaient des cris dans le couloir mais ils ne parvenaient pas à comprendre ce qui se disait mais les coups de feu avaient cessé.
Les négociations semblaient aller bon train, cela faisait plus d’une heure qu’ils étaient enfermés.
— Vous croyez que ça va durer encore longtemps ? demanda le substitut avec agacement.
— Ça prendra le temps qu’il faudra pour qu’il n’y ait pas de victimes. Pourquoi vous avez un autre rendez-vous ?
— On étouffe ici vous ne trouvez pas ? continua Lawson desserrant sa cravate.
— Non pas spécialement, répliqua Jessica qui commençait à s’inquiéter, si le substitut se mettait à paniquer, il risquait de les mettre tous en danger.
— Si, si, on ne peut pas respirer, faut qu’on sorte d’ici ! fit-il la voix et les mains tremblantes.
Il se leva et alla jusqu’à la porte bien décidé à sortir de cet endroit. Il commença à pousser le meuble mais il fut arrêté par Franck et Lucius. Il se débattait comme un beau diable en hurlant qu’il fallait qu’il sorte sinon ils allaient tous mourir.
— Taisez-vous ! s’exclama Jess. Vous ne voulez pas mourir alors n’attirez pas l’attention sur nous !
— La ferme ! Vous êtes flic et vous vous contentez de vous cacher au lieu d’agir !
— Je ne fais que suivre les ordres de la police alors vous pourrez vous plaindre à eux quand tout ceci sera terminé mais maintenant vous vous asseyez et vous la fermez !
Malheureusement le mal était fait et ils entendirent des bruits de course dans le couloir. Quelqu’un tambourina à la porte en lançant des menaces.
— Plaquez-vous au sol, c’est la meilleure chance qu’on ait de s’en sortir si jamais il décide de tirer, dit Jess en s’allongea sur le sol en position de tir.
Il y avait un petit espace entre les tables qui lui permettrait de se défendre si jamais la porte cédait. Elle pria de toutes ses forces de ne pas avoir à se servir de son arme. Elle préférait de beaucoup le combat au corps à corps mais dans sa situation, elle ne pouvait pas se défendre comme elle l’aurait fait en temps normal. Et comme elle l’avait prévu des coups de feu retentirent à travers la porte. Les balles la traversaient comme dans du beurre. Des éclats de bois et de verre volaient dans tous les sens. Elles ricochaient de toutes parts menaçant de blesser les quatre occupants de la pièce. Jess et ses compagnons d’infortune se protégeaient du mieux qu’ils pouvaient.
— Pourquoi vous ne vous servez pas de votre arme ! Vous êtes flic non ? hurla le substitut complètement paniqué.
— Parce que je n’ai qu’un chargeur et que j’aimerai bien savoir sur qui ou sur quoi je tire !
Elle essaya de trouver son téléphone. Si la police n’intervenait pas, il allait finir par y avoir des blessés. Elle se souvint qu’elle l’avait laissé sur l’une des tables encore debout. Elle se releva tout doucement mais l’une des balles atteignit le fameux appareil, l’endommageant sans espoir de réparation. Elle aurait de la chance si quelqu’un du labo réussissait à récupérer quelque chose. Heureusement ses documents les plus importants étaient sauvegardés dans un Cloud sécurisé. Tout aussi soudainement que les tirs avaient commencé, ils cessèrent. Le silence se fit et on entendit quelqu’un tambouriner à la porte.
— Inspecteur Wardfield ? C’est l’inspecteur Lindsay vous pouvez ouvrir ?
— Tout va bien dehors ?
— Le suspect a été appréhendé.
— Franck vous voulez bien nous libérer ?
— Avec plaisir.
L’avocat poussa le meuble avec l’aide de l’assistant du substitut et ouvrit la porte. Jessica se réinstalla dans son fauteuil et rangea son arme dans son sac à main.
— Enfin ce n’est pas trop tôt ! s’écria le substitut.
— Tout le monde va bien ici ? demanda Erin en entrant dans la pièce avec un autre homme, un policier vu la plaque qui pendait à son cou.
— Non ! On a failli se faire tuer et cette fliquette n’a même pas essayé de nous défendre !
— Je comprends que vous soyez énervé mais Miss Wardfield n’a fait que suivre le protocole. Elle n’avait aucune raison d’utiliser son arme, surtout que si elle l’avait fait, elle aurait pu blesser l’un de nos collègues, expliqua Erin avec calme.
— Mouais, en tout cas nous n’en avons pas fini, Miss Wardfield.
— Ah bon je croyais que tout avait été dit, mais si ça peut vous faire plaisir que je vous botte l’arrière-train encore une fois, je n’ai rien contre.
— Jessica… fit Franck.
— Oui vous avez raison Franck. Partons d’ici, tout ceci m’a épuisée. Inspecteur, on peut y aller ?
— Oui ne vous inquiétez pas je passerai prendre votre déposition. Antonio tu veux bien la raccompagner ?
— Pas de soucis, venez avec moi.
Antonio Dawson observa la jeune femme faire rouler son fauteuil avec habileté, il ne pouvait qu’imaginer tous les défis qu’elle devait affronter chaque jour, la ville n’étant pas forcément accessible aux personnes à mobilité réduite même si la mairie faisait des efforts. Après avoir dit au revoir à l’avocat qui était pressé de rentrer auprès de sa femme et de ses enfants, elle se transféra avec aisance sur le siège côté passager de la voiture du policier. Celui-ci rangea le fauteuil à l’arrière.
— Bonjour, je suis Antonio Dawson, police de Chicago, se présenta-t-il en s’installant côté conducteur.
— Jessica Ann Wardfield, police de New York. Dawson ? Vous avez un lien de parenté avec une secouriste qui travaille à l’ambulance 61 ?
— C’est ma sœur. Vous la connaissez ?
— Oui, j’ai fait sa connaissance, il y a trois gardes, répondit-elle avec un certain dédain dans la voix. Voyez-vous l’appartement de Shay n’est pas vraiment équipé pour m’accueillir alors le chef a accepté que je passe les gardes à la caserne.
— Vous n’avez pas l’air de la porter dans votre cœur.
— Oh je n’ai rien contre elle spécifiquement mais je trouve, excusez-moi si vous pensez que ce ne sont pas mes affaires, qu’elle file un mauvais coton à fréquenter les mauvaises personnes.
— Quelles personnes ? demanda-t-il intéressé
— Un certain lieutenant qui aimerait bien que son rival ait un accident si possible mortel.
— Ecoutez ma sœur est une sorte de bulldozer mais elle ne ferait pas de mal à une mouche.
— Si vous le dites.
— Vous n’avez pas l’air d’être d’accord avec moi.
— Oh je vous crois pour le coté bulldozer mais quant au fait de ne pas faire de mal, permettez-moi d’en douter. Vous voyez elle a eu des mots très crus à propos de Kelly Severide, c’est à croire qu’elle lui en veut personnellement. Et ça ne m’étonnerait qu’à moitié qu’elle soit au courant des plans d’un certain lieutenant.
— Vous mentionnez un certain lieutenant, je crois avoir deviné de qui vous parliez, mais êtes-vous sûre de ce que vous avancez ?
— Quelles sont les chances qu’un pompier subisse deux incidents majeurs en trois rotations ? Elles sont pratiquement nulles et pourtant les faits sont là.
— C’est grave comme accusation.
— Je sais et c’est pour cela que je vous saurais gré de ne rien dire à personne, du moins pour le moment.
— Pourquoi défendre Severide bec et ongles ? demanda-t-il avec curiosité.
— Parce que c’est mon fiancé.
— Donc vous ne cherchez qu’à le protéger ?
— Je cherche surtout la vérité quelle qu’elle soit mais la tâche est vraiment ardue.
— Je n’aurai jamais cru que Severide aurait une fiancée, dit-il surpris. Je comprends mieux pourquoi Erin est nerveuse depuis quelques jours et encore plus pendant la prise d’otages.
— Et ce serait bien que cela reste entre nous, personne ne le sait à la caserne, on fait ça pour éviter les psychodrames, si vous voyez ce que je veux dire.
— Oh oui tout à fait, le 51 me fait penser à une grande famille italienne.
— Je ne l’avais pas vu sous cet angle-là mais vous n’avez pas tort.
— Ça fait longtemps qu’Erin et vous vous connaissez ?
— Depuis mon arrivée à Chicago, en fait c’est l’amie d’une collègue avec qui je travaille à New York. C’est elle qui nous a mis en relation.
— J’ai du mal à imaginer Severide autrement que célibataire.
— C’est qu’il joue très bien son rôle alors, répliqua-t-elle en souriant de plus belle.
A l’appartement Kelly tournait en rond, il avait fini la visite virtuelle avec Danny et Casey, ils avaient réussi à trouver de nouvelles pistes prometteuses sur les causes de l’incendie et sa propagation. Visiblement quelqu’un s’inspirait du film Backdraft pour produire des flash-overs dans différents endroits du bâtiment. Tous les trois avaient convenu que leur suspect devait être quelqu’un qui s’y connaissait en pyrotechnie. Même s’ils n’aimaient pas cette possibilité, ils avaient discuté de l’éventualité d’un pompier pyromane. Quand ils s’étaient déconnectés, Severide avait, par habitude, allumé la télévision sur la chaîne d’information juste à temps pour voir un reportage en direct depuis le palais de justice et la prise d’otage. Casey avait eu le plus grand mal à dissuader son ami de se rendre sur place. Il l’incita à appeler Erin qui le rassura. Jessica était en sécurité et elle allait faire tout son possible pour la sortir de là. Plus le temps passait, plus l’inquiétude montait. Le téléphone sonna et enfin il poussa un soupir de soulagement. Jessica était en route pour l’appartement. Erin lui avait expliqué que le téléphone de sa dulcinée était une victime collatérale de la fusillade et que c’était pour cela qu’elle n’avait pas pu l’appeler pour le prévenir. La porte de l’appartement s’ouvrit enfin et Jessica entra. Kelly s’agenouilla près d’elle et la prit dans ses bras, il l’embrassa avec passion. Plus rien n’existait à ce moment-là, il n’y avait plus que lui et celle qui lui avait volé son cœur.
— Ne recommence plus jamais ça, souffla-t-il en nichant son visage dans son cou.
— Ça je ne peux pas te le promettre mais je ferai de mon mieux.
— J’ai bien cru que je t’avais perdue.
— Il en faut bien plus pour venir à bout d’une tête de mule comme moi.
— Content de voir que tu vas bien, fit Casey avec un sourire bienveillant. Je crois qu’il est temps pour moi de rentrer. On va avoir du boulot demain.
— A demain, sois prudent sur la route, dit Jess en souriant.
— A demain Matt et merci.
— C’est fait pour ça les amis, répliqua-t-il en refermant la porte.
— Au fait où est Shay ?
— Avec sa petite amie, elles avaient prévu une après-midi spa et une soirée entre filles. Toute cette affaire la stresse plus qu’elle ne veut l’admettre.
— J’espère juste qu’elle ne va pas rentrer trop tard sinon bonjour les dégâts demain.
— T’inquiète pas Shay est une grande fille. Ça te dit qu’on commande quelque chose à manger et qu’on s’installe devant la télé.
— Avec plaisir mais j’aimerai bien me débarbouiller un peu, tu crois que tu pourrais me descendre quelques affaires.
— Si tu veux, je peux te porter à l’étage.
— Kelly, ton épaule est loin d’être complètement remise et dieu sait ce que tu vas devoir affronter demain pendant ta garde, alors vaut mieux que tu restes raisonnable.
— Je…
— Je, rien du tout. Ecoute on aura de la chance si le lieutenant de pacotille ne fait pas encore des siennes demain. J’ai besoin de te savoir au mieux de ta forme. Tu as déjà grillé quelques-unes de tes vies.
— D’accord, je vais chercher de quoi te changer, toi tu commandes le dîner.
— Chinois ça te va ?
— Yep, les menus sont dans la cuisine, premier tiroir de l’îlot central sur ta droite.
Kelly se pressa tandis que Jess examinait les différents menus. Elle attrapa le portable de Kelly et passa la commande. Après le repas, elle appela Mac pour le mettre au courant des derniers développements de l’affaire et de sa mésaventure de l’après-midi ainsi que du destin funeste de son téléphone portable. Celui-ci lui promit qu’il lui en ferait parvenir un neuf dès le lendemain par coursier. Jessica le remercia et lui rappela qu’elle serait à la caserne puisque Kelly était de garde. Le reste de la soirée se passa tranquillement et quand Shay rentra elle trouva les deux amoureux endormis sur le canapé. Elle avait entendu parler de la prise d’otage mais elle n’avait pas réussi à joindre ni Severide, ni Jessica. En désespoir de cause, elle avait appelé Casey qui lui avait confirmé que tout s’était bien terminé et que son amie était revenue à l’appartement saine et sauve. Elle eut un sourire attendri puis elle monta se coucher en espérant pouvoir dormir. Depuis le début de cette absurde histoire, elle avait beaucoup de mal à regagner les bras de Morphée. Elle ne cessait de se demander comment la situation avait pu dégénérer à ce point et si elle aurait pu faire quelque chose pour l’éviter.
A l’autre bout de la ville, le substitut du procureur Lawson faisait les cents pas dans son bureau un verre de whisky à la main. Il n’arrivait pas à croire tout ce qui s’était passé au courant de l’après-midi. D’abord cette petite peste de flic qui lui avait tenu tête et qui semblait bien décidée à sauver son petit ami envers et contre tous, puis cette tentative d’évasion et la fusillade qui s’en était suivie. On toqua à la porte, il leva la tête et fut surpris de voir l’un de ses meilleurs amis. Il lui fit signe d’entrer.
— Hey Harrison, désolé de passer à l’improviste mais j’ai vu les infos et je voulais voir comment tu allais. J’ai appelé chez toi mais ta mère m’a dit que tu n’étais pas encore rentré.
— A ton avis ? C’est dingue tout de même qu’un prisonnier puisse s’échapper aussi facilement.
— En tout cas tu as eu de la chance, tu t’en sors sans une égratignure.
— On peut dire ça comme ça mais j’ai eu la peur de ma vie. Franchement même si les flics ont réussi à l’arrêter, ils ont pris tout leur temps. J’ai été coincé dans cette salle de réunion pendant plus d’une heure !
— Il n’est pas près de sortir ce type.
— Je n’espère pas. Sinon quoi de neuf pour toi ? demanda Lawson en versant un verre de whisky à son ami.
Caldwell prit le verre et en but une gorgée. Le liquide ambré lui brûla la gorge. Lucius Harmond avait hâte de rentrer chez lui pour retrouver sa femme et sa petite fille. Même s’ils s’étaient parlé au téléphone, il ne se sentirait mieux que quand il pourrait les serrer dans ses bras. Il avait fini son rapport sur l’incident de l’après-midi, avait retranscrit la déposition de la petite amie du pompier, il ne lui restait plus qu’à tout remettre au substitut Lawson ou à lui déposer les dossiers sur son bureau. Il ne s’attendait pas à ce que son patron ait de la visite à une heure aussi tardive. La porte du bureau était entre-ouverte.
— Ce petit con de Severide a fait appel. Je me retrouve sur la sellette, fit Caldwell la voix pleine de colère.
En entendant le nom du pompier, Lucius décida de ne pas entrer tout de suite et d’écouter la conversation. Il sentait bien que son patron filait du mauvais coton et que si les choses se passaient mal, il ferait en sorte que la faute retombe sur quelqu’un d’autre. Il avait déjà fait renvoyer une secrétaire parce qu’elle avait soi-disant perdu un dossier alors que c’était son patron qui l’avait détruit par inadvertance. Lucius avait appris dès son plus jeune âge à faire confiance à son instinct et il était sûr que ces deux-là tramaient quelque chose et rien de bon. Par réflexe, il sortit son portable et commença à enregistrer la conversation.
— Je doute qu’il retrouve son poste aussi facilement. Il y a trop de preuves contre lui, répliqua Lawson avec assurance. Et tu sais très bien que les instances supérieures détestent reconnaître qu’elles ont commis une erreur.
— Je sais mais les rumeurs vont bon train. On dit même qu’il a un avocat.
— Yep et un bon. Il a accompagné Severide lors de sa déposition. C’est le genre qui aboie peu mais dont la morsure peut faire très mal.
— Il faut absolument trouver une solution pour le virer et qu’il finisse avec une condamnation ou mieux encore derrière les barreaux.
— Un peu de patience, William. J’y travaille et je suis sûr de mon coup, il va plonger.
— De toute manière si jamais tu n’y arrives pas, il y a d’autres moyens de l’enlever de l’équation, ce n’est pas pour rien qu’on dit que pompier est un métier dangereux.
— A quoi tu penses ?
— A un accident pendant une intervention, ce serait si simple.
— Attends, tu ne penses pas vraiment ce que tu dis ? Tu ne vas tout de même pas le tuer.
— Le tuer ? Non loin de moi l’idée de l’envoyer ad patres, mentit-il, mais une blessure grave qui mettrait définitivement fin à sa carrière pourquoi pas ! Je ne peux pas perdre ce boulot, dieu sait quand un nouveau poste de lieutenant va se libérer ! Mon oncle part à la retraite dans six mois et il n’aura plus son mot à dire sur les attributions de postes. Il y a des lieutenants plus âgés et plus expérimentés que moi qui attendent depuis des lustres et les nouvelles opportunités seront pour eux.
— Si jamais tu te fais prendre, tu sais que ce sera la porte et la prison qui t’attendront.
— Pas s’il n’y a pas de témoins. Ce sera toujours la parole de Severide contre la mienne et nous savons tous les deux que la mienne a plus de poids. Tu vois, il a déjà frôlé la mort deux fois pendant les dernières gardes. La première fois c’était involontaire mais cela m’a donné des idées, c’est pour cela que la deuxième fois j’ai donné un coup de pouce au destin en enlevant la batterie de sa radio. Mais ce type a autant de vies qu’un chat, il a réussi à s’en sortir in extremis mais je suis sûr que sa chance va tourner et je serai là pour l’y aider.
— Ça pourrait marcher et si en plus on peut le faire condamner ce sera la cerise sur le gâteau. Tu n’es pas le seul sur la sellette, je n’ai pas gagné un seul de mes derniers procès et mon patron est furieux. Si je perds ce procès-ci je peux dire adieu à ma carrière au bureau du procureur.
— Je m’occupe de l’accident et tu t’occupes de le faire condamner.
— Deal, dit Lawson en serrant la main de son ami.
Lucius se sentait scandalisé. Il rangea son portable et s’éloigna en silence. Il devait faire quelque chose avant que le pompier ne finisse à l’hôpital ou pire à la morgue. Il se réfugia dans son bureau. Il n’arrivait pas à croire ce qu’il venait d’écouter. Peu de temps après il entendit les deux hommes quitter le bâtiment en discutant de choses et d’autres. Il fallait qu’il parle au procureur, il fallait qu’il mette un terme aux agissements de son patron. Il ouvrit la porte de son bureau, regarda d’un côté et de l’autre et fut satisfait de voir que le couloir était désert. Le bureau du procureur était un étage plus haut, avec un peu de chance il serait encore là. Dossiers sous le bras, il monta quatre à quatre les marches vers le cinquième étage avec détermination. Il n’avait jamais été homme à fuir ses responsabilités. Voir de la lumière dans le bureau du procureur Morton le soulagea grandement. Il toqua à la porte et fut invité à entrer.
— Ah Lucius, il est tard vous devriez rentrer chez vous après une journée pareille.
Lucius Harmond respectait énormément cet homme de presque soixante ans. Il était grand et imposant, toujours en costume, toujours tiré à quatre épingles. Ses cheveux grisonnants, son visage avenant, ses yeux vert émeraude pleins d’énergie le faisaient paraître plus jeune. Il avait dû faire tourner bien des têtes dans sa jeunesse. Celui-ci avait été dans les forces de l’ordre avant de changer de carrière après une blessure ne lui permettant plus de travailler sur le terrain, son but ultime étant d’arriver à être chef de la police. Il pensait que pour changer les choses, il fallait le faire de l’intérieur et il avait bien l’intention de secouer le système pour le faire évoluer dans la bonne direction.
— Vous avez quelques minutes ? J’aimerai porter quelque chose de grave à votre attention.
— Ne me dites pas que Lawson fait encore des siennes.
— Je crains bien que ce ne soit le cas, monsieur. J’ai surpris une conversation tout à l’heure qui me fait craindre le pire.
— Ah je savais bien que c’était une mauvaise idée de l’embaucher mais son père est conseiller municipal et en plus il est dans les petits papiers du maire, on ne m’a pas vraiment laissé le choix. J’ai su dès le premier jour qu’il allait nous apporter que des ennuis. Qu’a-t-il fait cette fois-ci ?
— Vous êtes au courant de l’affaire pour harcèlement sexuel d’un pompier, Kelly Severide ?
— Oui l’affaire semblait assez simple non ?
— Pas vraiment monsieur, M. Severide a été interrogé et je dirais de manière assez agressive par le substitut mais son avocat et lui nous ont apporté la preuve que les personnes ayant porté plainte n’étaient pas vraiment dignes de confiance. Il aurait suffi de passer quelques coups de fils pour s’en assurer mais il ne l’a pas fait parce que selon lui ces pièces ne sont pas recevables.
— Mais elles le sont, n’est-ce pas ?
— Oui et j’ai pris sur moi de passer ces appels pour confirmer les informations qui nous avaient été transmises, et au moins quatre personnes sont prêtes à faire le déplacement depuis les quatre coins du pays pour témoigner sur les agissements de l’une des plaignantes : Miss Little. De plus le témoignage de cette demoiselle comporte des incohérences puisque pour l’une des soi-disant agressions, Severide n’était pas à Chicago. Le substitut Lawson sait très bien que cela ne tiendra pas devant un jury c’est pour cela qu’il lui a proposé un marché : six mois de prison avec sursis s’il plaide de coupable, chose que M. Severide a bien sûr refusé.
— Je vois. Vous avez dit qu’il n’était pas à Chicago lors d’une des agressions, où était-il ?
— A New York au chevet de sa fiancée qui a été blessée en service.
— C’est un policier ?
— Oui elle travaille pour le labo de police scientifique sous les ordres du lieutenant Mac Taylor. Je lui ai parlé et franchement il m’a fait dresser les cheveux sur la tête mais il a confirmé la version de Severide.
— Je connais Taylor, c’est un excellent flic, il a perdu sa femme le 11 septembre. Il a un taux d‘élucidation que bien des services lui envient.
— Sa fiancée, qui est provisoirement à Chicago, a été entendue cet après-midi. Je peux vous dire que j’ai rarement vu un témoin se comporter avec autant d’assurance. Elle l’a constamment contré sur toutes les questions. S’en était presque comique. On voyait que ce n’était pas sa première fois face à ce genre de personnage. Vous auriez dû la voir chef. Et plus elle restait calme et contrait Lawson, plus celui-ci s’énervait.
— Hum, je dirais que c’est une bonne stratégie.
— Excellente, continua Lucius admiratif. Et pendant la prise d’otage, malgré le fait qu’elle soit en fauteuil roulant, elle a pris les choses en main. Elle a gardé la tête froide. C’est elle qui nous a ordonné de bloquer la porte et de retourner les tables pour nous protéger. Elle était armée et prête à faire feu si la porte cédait.
— Et Lawson ?
— Il a totalement paniqué. D’ailleurs si le forcené a voulu défoncer la porte et a tiré au travers, c’est parce que Lawson a totalement perdu les pédales et a commencé à hurler qu’il voulait sortir parce qu’il étouffait.
— Je vois. Mais il y a autre chose que vous ne m’avez pas dit parce que je suppose que tout ce que vous m’avez raconté est dans les différents dossiers que vous avez posé sur mon bureau, je me trompe ?
— Oui, j’allais remettre ces dossiers à Lawson avant de rentrer chez moi mais quand je suis arrivé, il n’était pas seul. La porte était entre ouverte, j’allais m’en aller quand j’ai les ai entendu parler de Severide.
— Qui cela ?
— Dawson et son ami
— Quel ami ?
— Je n’ai entendu que son prénom : William. Mais d’après ce que j’ai compris c’est lui qui a pris la place de Severide quand il a été rétrogradé.
— Et ?
— Je ne sais pas pourquoi mais par reflexe j’ai enregistré la conversation. Ecoutez, vous comprendrez pourquoi je suis aussi inquiet pour la sécurité de M. Severide.
Sans plus attendre, il sortit le téléphone de sa poche et appuya sur le bouton play. On entendait clairement les deux hommes comploter contre le pompier. Quand l’enregistrement se termina, le procureur se leva et alla se servir un verre. Il cachait une bouteille de whisky dans son vieux classeur métallique. Il offrit un verre à Lucius qui refusa. Il ne buvait jamais d’alcool même pour les grandes occasions, son père avait été un alcoolique et rien que l’odeur des boissons alcoolisées lui donnait des hauts le cœur.
— Vous vous rendez compte de la gravité des faits ? fit le procureur en buvant une gorgée du liquide ambré.
— Oui monsieur, c’est pour cela que je ne pouvais pas attendre demain pour vous informer. D’après ce que j’ai compris, M. Severide sera de garde demain et dieu sait ce qui peut se passer.
— Je comprends parfaitement, envoyez-moi une copie de cet enregistrement et rentrez chez vous. Vous êtes épuisé après ce qui s’est passé et moi j’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir à la meilleure manière de traiter ce problème parce qu’il est hors de question que Lawson entache la réputation de ce service. Je vous tiendrai au courant du déroulé des prochains événements pour que vous ne soyez pas pris au dépourvu.
— Merci monsieur. A demain.
— C’est à moi de vous remercier. Saluez votre femme pour moi. A demain.
Lucius sortit du bureau avec la satisfaction du devoir accompli. Avec un peu de chance, cela mettrait non seulement fin aux poursuites contre le pompier Severide mais aussi aux agissements plus que discutables de son supérieur. Le procureur se plongea dans les dossiers que venait de lui transmettre son subordonné. Il consulta d’abord les états de service de Severide. Ils étaient excellents, il avait même déjà reçu plusieurs médailles pour acte de courage. Il avait été blessé à plusieurs reprises mais avait repris son poste à chaque fois. Il n’y avait rien qui entachait son dossier mis à part cette rétrogradation pour conduite inconvenante. Il s’attaqua ensuite aux déclarations des plaignantes, il fut surpris de voir la faiblesse de leurs témoignages et des preuves. Tout n’était qu’affirmations et ouïe dires. Il étudia avec attention les différents dossiers concernant les agissements de la principale plaignante. Ils étaient édifiants. Il fut totalement outré de voir que ses mensonges et manipulations avaient provoqué la mort d’un homme. Celui-ci laissait derrière lui une femme et un enfant en bas âge. Il passa ensuite à la transcription des interrogatoires du pompier et de sa petite amie. Lucius avait raison, la fiancée savait comment gérer un interrogatoire. Il pouvait presque imaginer la scène et cela le fit sourire. Il saisit son téléphone et écouta de nouveau la conversation que son subordonné lui avait transmise. Il se demanda qui pouvait être ce William, peut-être devait-il appeler la caserne pour se renseigner. Il regarda l’heure, la soirée était déjà bien avancée. Il se dit qu’il pouvait attendre le lendemain mais renonça. Si ce qu’il avait entendu sur l’enregistrement était vrai, alors Severide courait un grand danger, chaque sortie pouvait mal tourner. Il ne pouvait pas appeler directement le pompier sans commettre une faute. Mais il pouvait essayer d’alerter son supérieur. Il se résolut à appeler la caserne, il se présenta au pompier de garde et demanda à parler au chef de bataillon pour une question urgente. Il lui fut répondu qu’il ne pouvait pas lui transmettre les coordonnées personnelles du chef mais que s’il laissait son numéro de téléphone, il ferait en sorte qu’il le recontacte au plus vite. Il raccrocha et attendit. Quelques minutes plus tard le téléphone sonna.
— Bonsoir
— Bonsoir, ici le chef Boden, on m’a dit que vous auriez des informations concernant l’un de mes hommes.
— Ici le procureur Morton. Il a en effet été porté à mon attention des informations inquiétantes concernant la sécurité de l’un de vos pompiers, Kelly Severide.
— Quelles informations ? demanda Boden intrigué.
— L’un de mes subordonnés a entendu une conversation entre l’un de mes substituts et une personne prénommé William. Il s’agirait de la personne qui remplace M. Severide à son ancien poste.
— Vous parlez du lieutenant Caldwell ?
— Si c’est lui qui a remplacé Severide à la tête de son équipe alors oui c’est lui. Il semblerait que le fait que votre homme fasse appel de la décision qui a été prise à son encontre ne fasse pas vraiment plaisir à son nouveau lieutenant. Et je crains hélas qu’il ne veuille s’en prendre à lui. Il a déjà fait une tentative lors d’un précédent sinistre en sabotant la radio de votre homme.
— Je suis au courant de ce sabotage, nous avons la preuve qu’il a bien enlevé la batterie de la radio de Severide, ses empreintes ainsi que de l’ADN qui est en cours d’analyse ont été retrouvés sur l’appareil en question.
— Et où est cet appareil ?
— Il a été mis sous scellé par l’inspecteur Lindsay des renseignements du 21ème district. Nous avons la chance d’avoir parmi nous un inspecteur travaillant pour le laboratoire de police scientifique de New York ce qui nous facilite la tâche.
— Je comprends, je voulais vous informer que le lieutenant Caldwell a exprimé l’intention de s’en prendre au pompier Severide. Cependant, il va en falloir plus pour pouvoir l’arrêter, nous n’avons que des empreintes sur une radio et l’enregistrement d’une conversation.
— Je comprends, je vous remercie de votre sollicitude. Je vais faire en sorte de garder un œil sur Severide. De votre côté, j’espère que vous ferez le nécessaire pour le blanchir. Vous savez très bien que cette accusation ne tient pas la route. Je sais que Maître Hanson vous a transmis toutes les informations que différents services ont envoyées à la police de Chicago.
— En effet, je viens d’en prendre connaissance. Je vais en parler avec l’inspecteur Lindsay pour m’assurer que tout a été fait dans les règles. Si je dois réhabiliter votre homme, je dois avoir un dossier en béton que personne ne pourra contester. Cela devrait prendre quelques jours tout au plus.
— Merci de m’avoir informé de la situation, je savais qu’elle était grave mais je ne me rendais pas compte à quel point.
— Gardez un œil sur Severide. Je vous souhaite une bonne soirée. Vous avez mon numéro, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez des questions ou si vous avez de nouvelles informations concernant les agissements de ce lieutenant.
— Je le ferai. Encore merci.
— De rien, je ne fais que mon devoir.
Le procureur raccrocha en soupirant et nota sur son calepin de demander à Lucius d’effectuer des recherches sur ce lieutenant. Plus il aurait d’informations, plus il serait à même d’agir le plus rapidement possible. Il nota dans son agenda de convoquer le substitut Lawson ainsi que les deux plaignantes, il voulait les réinterroger lui-même. Il regarda l’heure, il était plus de 22h. Heureusement sa femme était en visite chez sa sœur, sinon elle lui aurait gentiment, mais pas si gentiment que ça, fait remarquer qu’il avait dépassé son couvre-feu. Il sourit, sa femme voulait qu’il lève le pied surtout après sa dernière alerte cardiaque. De toute manière, c’était son deuxième et dernier mandat en tant que procureur général. S’il menait bien sa barque et tirait les bonnes ficelles, il pourrait décrocher le grade suprême de surintendant de police. Il lui restait encore pas mal de travail pour cela. Il enferma ce dossier sensible dans son coffre, éteignit la lumière de son bureau avant de rentrer chez lui pour un repos bien mérité. Demain serait une longue journée, il avait des personnes à interroger et des décisions urgentes et importantes à prendre.
Chapter 11
Summary:
Un malheur n'arrive jamais seul et Jessica va en faire l'amère expérience...
Notes:
Tout d'abors je voudrais vous souhaiter une très bonne année 2025. que les puissances supérieures soient avec vous et ne vous apportent que joie et lumière.
Les choses de la vie font que mon cerveau est en overdrive pratiquement 24/24h ces derniers temps ce qui ne laisse pas beaucoup de loisirs à mon cerveau pour concocter la suite de cette histoire à laquelle je me suis attachée. Ce gros bébé n'a pas encore fini de nous surprendre. Comme toujours tous vos commentaires et idée sympathique sont les bienvenus . Alors attachez vos ceintures et enjoy the ride.
Chapter Text
Le matin arriva trop tôt, Shay, Jessica Ann et Severide arrivèrent ensemble une demi-heure plus tôt qu’habituellement. En effet la voiture de Kelly était au garage pour cause de révision, ils avaient donc décidé de faire du covoiturage. De plus le chef leur avait laissé un message leur indiquant qu’il avait de nouvelles informations pour eux. Otis discutait avec Cruz près de la grande échelle, et quand ils virent la proximité que Jess et l’ancien lieutenant essayaient de cacher, ils ne purent s’empêcher de soupirer. Il leur semblait bien que la jeune femme était en train de tomber dans les griffes de ce prédateur sans cœur. Ils se demandaient parfois s’il n’aurait pas mieux valu renvoyer ce pompier en disgrâce dans ses foyers définitivement. Otis lui en voulait particulièrement parce qu’il avait fait du mal aux deux femmes sur qui il avait craqué. Il était persuadé qu’il aurait eu toutes ses chances si Severide ne s’était pas interposé sur son chemin.
— Tu as vu ? demanda Otis avec une moue de dégout. On dirait que le grand Severide a encore frappé.
— Il ne peut vraiment pas s’en empêcher ! surenchérit Cruz. On dirait que toute cette histoire ne lui a pas servi de leçon.
— Ils auraient dû le mettre directement à la porte. Pauvre Jessica, elle ne sait vraiment pas sur quel genre de gars elle est tombée, continua Otis.
— On devrait peut-être lui en parler et la mettre en garde, suggéra Cruz.
— Parler à qui et mettre en garde contre quoi ? demanda Herrmann qui n’avait pas manqué d’entendre la conversation, le comportement de ses deux amis commençait à l’énerver.
— Parler à Jessica, dit Otis. Tu n’as pas remarqué comment elle regarde Severide. Je parie qu’il lui a sorti le grand jeu et qu’elle est tombée dans ses griffes.
— Et alors ? Jessica est majeure et vaccinée et elle a le droit de faire ce qu’elle veut ! Ça suffit maintenant ! Ce que font Jessica ou Severide ne sont pas vos affaires !
— Comment tu peux prendre sa défense après ce qu’il a fait ! s’exclama Otis outré.
— Et toi comment peux-tu croire les allégations d’une femme qui n’a travaillé ici que quelques gardes ? Tu n’as même pas donner le bénéfice du doute à un collègue avec qui tu travailles depuis des années ! Si je me souviens bien, il t’a déjà tiré de mauvais pas une bonne demi-douzaine de fois ! assena Herrmann. Si je vous entends de nouveau débiter vos bêtises, ce n’est pas à moi que vous aurez affaire mais au lieutenant et à mon avis il sera beaucoup moins compréhensif que moi. Compris ?
Herrmann planta là ses camarades et secoua la tête en s’éloignant tout en maugréant. Cette histoire allait trop loin. Il aurait dû prendre la défense de l’ancien lieutenant dès le début mais comme tout le monde, il avait été sous le choc. Il avait été enclin à suivre l’avis des autres sans réfléchir, surtout que le remplaçant de Severide n’avait rien fait pour arranger les choses, bien au contraire. Il se rendit à la salle commune se servir un café, s’il devait se battre il allait avoir besoin de beaucoup de caféine.
Caldwell était assis à la table des Secours et regarda le trio avec une colère non dissimulée. Il avait tout fait pour isoler le pompier et cela avait marché avec pratiquement tous les membres de la caserne même ceux de la première et troisième équipe. Néanmoins il semblait qu’il lui restait encore des amis fidèles et il doutait de réussir à les retourner contre l’ancien lieutenant en aussi peu de temps. De toute manière, il se débarrasserait de son problème dès que l’occasion se présenterait. Cela lui laisserait le champ libre pour mettre Jessica Ann dans son lit mais aussi de montrer à Shay que si elle était lesbienne c’était parce qu’elle n’avait pas trouvé un homme, un vrai. Connie intercepta le trio et leur demanda d’aller au bureau du chef dès qu’ils se seraient changés. Jessica alla poser son sac sur le bureau en face de celui de l’assistante du chef et fut surprise de trouver un post-it avec les codes d’accès au système du département des pompiers de Chicago. Elle regarda d’un côté et de l’autre mais mis à part l’assistante du chef aucun des autres personnels administratifs étaient arrivés. Connie revint à son bureau deux tasses dans les mains, un café et un chocolat chaud qu’elle posa sur le bureau de sa nouvelle compagne de travail en lui faisant un clin d’œil. Jess comprit d’où venait ce coup de pouce inattendu, elle répondit par un signe de tête et se mit au travail, il lui restait encore quelques dossiers en souffrance. Elle jeta un œil au bureau du chef et celui-ci était en grande conversation avec le lieutenant Casey. Quelques minutes plus tard, Severide et Shay se présentèrent au bureau. Jessica hésita, elle ne savait pas si elle était invitée à cette petite réunion impromptue avant l’appel.
— Ben alors vous attendez quoi pour les rejoindre ? Quand j’ai dit qu’il vous attendait tous les trois, je vous comptais dans le lot, fit Connie d’une voix autoritaire.
— J’y vais, merci Connie !
Elle dissimula le petit post-it dans la pochette secrète de son sac à main, fit rouler son fauteuil, toqua au chambranle de la porte et entra. Casey ferma la porte du bureau. Elle remarqua que le lieutenant semblait nerveux.
— Bonjour chef, fit Jess un peu intimidé par cet homme qui dégageait cette aura d’autorité qu’on ne pouvait pas ignorer.
— Qu’est-ce qu’il y a chef ? demanda Shay inquiète.
— J’ai eu une conversation intéressante avec le procureur hier soir. Il semblerait que nos soupçons sur le lieutenant Caldwell soient fondés, il veut bien mettre Kelly hors d’état de nuire.
— Comment est-il au courant ?
— L’un de ses collaborateurs a entendu une conversation entre le substitut Lawson et Caldwell, il semblerait que ces deux-là soient des amis de longue date.
— C’est bien ma veine, murmura Severide, le monde est vraiment trop petit.
— Caldwell a admis devant Lawson qu’il avait saboté ta radio et qu’il avait bien l’intention de provoquer un « accident » afin de te mettre définitivement hors course.
— La poisse, comment je vais faire ? Ce n’est pas comme si j’avais la liberté de désobéir à ses ordres pendant les interventions. Il n’attend qu’un seul faux pas pour me faire virer.
— C’est vrai, je n’ai pas cessé de me creuser la tête mais pour le moment je ne trouve pas de solution qui soit satisfaisante. Il va falloir que tu redoubles de prudence, garde toujours ta radio à portée de main, et si quelque chose te paraît louche, tu appelles Casey à la rescousse.
— Bien chef mais je ne suis pas sûr que cela suffise. J’aurais beau vérifier et revérifier mon matériel, rien ne l’empêchera de le saboter dès que j’aurai le dos tourné et il me laissera mourir sans aucun remord.
On toqua à la porte et c’était le chef de district Tiberg qui apportait la convocation de Kelly pour son nouveau passage en commission.
— Je ne pensais pas que vous auriez le courage de faire appel, fit le chef Tiberg, ces choses-là arrivent rarement. Pensez à prévenir votre représentant syndical.
— Je n’en aurais pas besoin, je serai accompagné par un avocat spécialisé dans ce genre d’affaire, répliqua Severide avec une assurance qu’il était loin de ressentir.
— Voilà qui est hautement inhabituel, murmura le chef Tiberg un peu pris au dépourvu.
— La commission est prévue pour quand ? demanda Kelly.
— Jeudi de la semaine prochaine. Je sais que vous serez de garde mais je pense que le chef pourra se passer de vous pendant une demi-journée.
— Savez-vous déjà qui siégera ? s’enquit le chef Boden.
— Pourquoi cette question ?
— Simple curiosité, éluda-t-il.
— Je comprends, je peux tenter de vous trouver cette information. Vous savez malgré ce que vous pouvez penser Severide, bon nombre d’entre nous ne croyons pas un mot de ces accusations. Être un coureur de jupons n’est pas une raison suffisante pour croire que vous êtes un prédateur sexuel.
— Merci chef, répondit Severide reconnaissant et ému.
— Je vous téléphone dès que j’ai les renseignements demandés. J’espère que vous en ferez bon usage.
— Bien compris, répliqua Kelly soulagé.
Le chef Tiberg se retira laissant les pompiers présents songeurs. Jessica fut la première à réagir.
— Tu devrais appeler Franck pour le prévenir. Si la composition de la commission ne nous plait pas, je serai d’avis d’aller taper plus haut.
— Plus haut comment ? demanda Casey.
— Le chef des pompiers ou son adjoint, je pense que ce sera peut-être plus productif surtout si nous pouvons prouver la partialité des membres de la commission, répondit Jessica.
— Ça risque de faire du bruit, rétorqua Severide un peu inquiet.
— Possible mais on ne va tout de même pas permettre que ta carrière soit jetée aux orties parce que certaines personnes ne jouent pas selon les règles. Et puis cela aura peut-être un impact plus grand surtout si nous y ajoutons les menaces et les mauvais agissements du lieutenant de pacotille, expliqua Jess.
— Elle n’a pas tort Severide, je préfère encore que tu te fasses réprimander pour l’audace de ta fiancée que de te voir finir six pieds sous terre, répliqua Casey admiratif du calme dont faisait preuve Jessica.
— En tout cas Severide, je ne peux que te conseiller de vérifier ton matériel encore et encore.
— Je le ferai chef.
— Bien si nous allions faire l’appel et prendre un petit déjeuner avant que la sirène ne se déclenche, proposa le chef.
— Merci mais je n’ai pas vraiment faim, répliqua Kelly en baissant les yeux.
Le chef le regarda en croisant les bras sur sa poitrine, il en avait assez que Severide sente la nécessité de se cacher. Il n’avait pas manqué de remarquer les cernes présentes sur le visage de son ancien lieutenant ainsi que la fatigue qui semblait peser sur ses épaules. Il se doutait que Kelly n’avait pas vraiment un sommeil réparateur. Il n’était pas difficile d’imaginer à quel point cette situation et cette tension permanente faisait des ravages sur la santé mentale de son homme et cela malgré la présence rassurante de Jessica Ann et de Shay à ses côtés. Le chef mit fin à la réunion et Jess rejoignit son bureau, elle était bien décidée à trouver toutes les informations utiles maintenant qu’elle avait accès au système.
Dans la salle de briefing, le chef informa toutes les équipes que ce qu’il avait vu lors de l’intervention sur la fuite de gaz et l’explosion du bâtiment qui avait eu lieu lors de la rotation précédente ne lui avait pas plu. Et il trouvait le comportement de certaines personnes inadmissible. Ceci était leur premier avertissement et il n’attendrait pas le troisième pour les transférer vers une autre caserne, si possible la plus éloignée de la 51.
— Cette caserne est une famille. Certaines personnes semblent croire que tous ses membres n’ont pas la même valeur et qu’ils ont le droit à ce titre de ne pas aller leur porter secours. Ses personnes se reconnaîtront, je n’ai pas besoin de les citer, fit le chef Boden en regardant avec insistance Cruz, Otis, Hadley et Caldwell, les deux premiers rougirent, Hadley ne se sentait pas vraiment concerné, il n’avait jamais apprécié la manière dont Severide dirigeait l’équipe de toute façon, mais Caldwell serra les dents et fusilla son rival du regard. Si je revois ou j’entends ne serait-ce que des rumeurs d’un tel comportement, non seulement j’enverrai un blâme à la hiérarchie mais je ferai en sorte de les transférer aussi loin que possible d’ici. Cette famille est là pour s’entraider dans les coups durs, pour soutenir les personnes en difficultés et non pas pour les humilier, les blesser ou les ignorer. Quelques soient vos opinions, vous les laissez à la porte avant d’entrer dans ma caserne. Me suis-je bien fait comprendre ? Bien cela étant dit, soyez prudent là dehors et prions pour ne pas avoir d’incident majeur aujourd’hui.
La salle se vida dans un brouhaha presque silencieux. Pour certains c’était une évidence que le chef parlait de leur manque d’empathie envers Severide. Mais comment pouvaient-ils avoir de l’empathie pour un homme qui manipulait les femmes pour les glisser dans son lit ? Ils allèrent dans la salle commune où Mills avait presque terminé de préparer le petit déjeuner. Shay se chargea d’apporter une assiette à Severide qui rechigna à la manger arguant son manque d’appétit mais l’ambulancière ne l’entendait pas de cette oreille. Jessica était installée à son poste habituel en bout de table dégustant son petit déjeuner et un chocolat. Elle faisait semblant d’étudier les photos d’une affaire dont elle avait posé le dossier sur un coin de la table, mais en réalité elle écoutait attentivement tout ce qui se passait autour d’elle et prenait des notes sur les autres membres du 51. Elle remarqua que Cruz et Otis se sentaient concernés par le discours du chef. Ils parlaient à voix basse à la table ronde à l’autre bout de la pièce.
— Alors sur quel genre d’affaire tu travailles aujourd’hui ? demanda Dawson avec une certaine curiosité malsaine, cette nouvelle amie de Shay lui tapait sur les nerfs.
— Une fusillade dans un immeuble de bureau. Il y a eu plusieurs morts et des dizaines de blessés. Même si on a réussi à arrêter le tueur, nous sommes certains qu’il n’est pas assez intelligent pour avoir tout planifié. Alors je repasse le dossier au peigne fin à la recherche du moindre indice qui pourrait nous mettre sur la voie du cerveau de cette affaire.
— Ça a l’air personnel pour toi, remarqua Casey.
— Ça l’est parce que c’est cette fusillade qui m’a mise dans ce fauteuil alors je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas mis la main sur le vrai responsable, répondit Jess avec force.
— Dis-moi, fit Herrmann, tu dois le garder encore longtemps ton fauteuil ?
— Charlie ? Au minimum encore trois mois…
— Charlie ? demanda Otis qui s’était rapproché de la grande table. Tu as donné un nom à ton fauteuil ?
— Ben oui, suis obligé de vivre avec alors autant lui donner un petit nom. Ne me regardez pas comme ça ! Je ne suis pas encore tout à fait dingue. Disons que c’est un moyen de gérer ma frustration.
— Frustration ? demanda Dawson.
— A ton avis ? Il y a un tas de choses que je ne peux plus faire pour le moment comme aller sur le terrain, botter les fesses des criminels, pratiquer les arts martiaux ou rester seule à l’appartement même si j’aime beaucoup être ici au cœur de l’action, alors oui je suis frustrée.
— Mais tu as bien dit que c’était temporaire, reprit Otis.
— Oui en théorie. J’en saurais plus après avoir passé une IRM de contrôle demain après-midi à l’hôpital Gaffney.
— Au Med ? Tu verras ils sont très bien là-bas, commenta Herrmann.
— C’est ce que m’a dit mon patron, c’est lui qui s’est occupé de me prendre le rendez-vous. Il paraît qu’ils ont un très bon neurochirurgien le Dr….
— Abrams ? suppléa Casey
— Oui c’est cela. D’après mon neurochirurgien le Dr. Philips, c’est le meilleur dans cette partie du pays.
— Ouais il a une sacrée bonne réputation, confirma Herrmann.
— Excusez-moi ? fit un jeune coursier en s’avançant avec incertitude.
— Qui y a-t-il mon petit gars ? demanda Herrmann
— Je cherche Mlle Wardfield, j’ai un paquet pour elle.
— C’est moi, fit Jessica en s’avançant.
Elle signa le reçu et donna un pourboire au coursier qui s’en alla comme s’il avait le diable aux trousses.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Dawson avec curiosité.
— Sûrement mon nouveau téléphone, le mien a eu un accident et il est irrécupérable. Mac, mon patron, m’avait dit qu’il ferait le nécessaire.
— Il a l’air très attentionné pour un patron, insinua l’urgentiste.
— Il n’aime pas nous savoir injoignable et vulnérables surtout par les temps qui courent. Un accident est si vite arrivé. Cet appareil m’a sauvé la vie un nombre incalculable de fois, répliqua Jess sèchement.
La sirène mit fin à la discussion et aux insinuations de l’ambulancière en chef. L’échelle et l’ambulance étaient appelées sur les lieux d’un accident de voitures. Heureusement Shay n’avait pas été témoin de l’échange sinon elle aurait passé un savon à sa coéquipière. Jess soupira, plus elle connaissait Dawson moins elle l’appréciait. Elle déballa son nouveau joujou et elle sourit en voyant que celui-ci avait été configuré à l’identique de son ancien appareil, y compris l’application alertant qu’un policier était en difficulté. A New York cette application envoyait un message avec la localisation de l’officier en danger sur tous les portables des policiers en service, en dehors de l’état, elle composait automatiquement le numéro des urgences. Elle envoya un court message à Mac pour lui signaler que son paquet était bien arrivé. Heureusement toutes les photos et documents importants qu’elle avait dans le téléphone qui avait succombé aux balles étaient sauvegardés dans un Cloud sécurisé, elle pouvait donc y avoir accès à tout moment. Avant de rejoindre son bureau, elle fit le tour de la caserne sous prétexte de se dérouiller les roues à défaut des jambes. Elle en profita pour filmer Severide en plein nettoyage en solo du camion et ses compagnons assis bien tranquillement en train de se moquer de lui. Enfin c’était surtout Hadley et le lieutenant de pacotille qui envoyaient des piques.
— Hey Severide ! De combien d’anciens lieutenants a-t-on besoin pour nettoyer un camion ? D’un seul ! s’exclama le lieutenant en riant.
Hadley se mit à rire à cette soi-disant blague. Il prenait vraiment beaucoup de plaisir à voir l’humiliation de son ancien patron. Le dos tourné Kelly se retenait de répondre aux provocations.
— Dis Hadley, tu crois qu’il serait joli garçon si on lui mettait un tablier et une coiffe de soubrette ?
— Oh c’est vrai qu’il serait tout mignon !
Les deux hommes éclatèrent de rire de plus belle, l’ancien lieutenant serra les poings et continua son travail. Tony et Capp se regardèrent et secouèrent la tête discrètement. Malheureusement pour eux, il n’y avait pas grand-chose qu’ils pouvaient faire pour protéger leur ancien lieutenant. Ils avaient ouvert les yeux sur le comportement toxique de leur nouveau chef pendant la dernière intervention qui avait failli coûter la vie à Severide. Le fait qu’il ne se soit pas porté volontaire pour aller chercher l’un de ses hommes, qu’il n’ait pas pris de ses nouvelles alors qu’il avait été emmené aux urgences les avait profondément choqués. De plus les remontrances du chef le matin même au briefing n’avaient fait que confirmer ce dont ils avaient discuté le soir précédent au Molly’s. Ils avaient décidé d’un commun accord de garder un œil sur leur nouveau lieutenant et sur Severide. Ils avaient tous les deux un mauvais pressentiment.
Jessica était furieuse si seulement elle avait pu remettre ce lieutenant de pacotille à sa place, elle l’aurait fait avec un immense plaisir. Elle était à deux doigts de passer en mode « Maman Ours » et lui envoyer un coup de poing dans une partie très sensible de son anatomie, elle était juste à la bonne hauteur mais elle réussit à se retenir de justesse. Elle retourna s’installer au bureau avec détermination et une nouvelle mission : mettre genoux à terre à ce soi-disant lieutenant. Elle ouvrit son ordinateur portable, se connecta au réseau des pompiers de Chicago et commença discrètement à compiler toutes les informations qu’elle pensait pouvoir lui être utile pour la suite des événements. Elle se sentait inquiète pour Severide et le fait de ne pas pouvoir passer du temps avec lui pendant les gardes ne faisait rien pour apaiser ses craintes. Le danger était réel. Elle ne supportait pas l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose en intervention et qu’elle ne puisse rien faire pour le protéger. Il avait réussi là où toutes ses anciennes relations avaient échoué. Elle avait depuis toujours eu une peur maladive de l’engagement, elle se doutait que cela était dû à son enfance atypique. Mais Kelly avait fait preuve de patience, il avait tenu bon malgré tous les stratagèmes qu’elle avait déployés pour l’éloigner d’elle. Il avait pris le temps de la rassurer, de l’écouter et de lui montrer par ses actes qu’elle avait elle aussi le droit d’être aimée, qu’elle aussi avait droit au bonheur. Sa vie en avait été bouleversée mais avec lui elle se sentait enfin en sécurité, à sa place. Si elle devait le perdre, elle ne savait pas si elle s’en remettrait, il était toute sa vie. Tout en jetant un œil discret à ce qui l’entourait, elle continua ses recherches. Tout y passa, des dossiers individuels aux états de services, aux différentes commissions et services internes du siège. Elle dénicha le dossier complet de Tara Little, on ne pouvait pas dire qu’elle faisait des étincelles à son nouveau poste. Elle avait déjà été rappelée à l’ordre deux fois pour colportage de rumeurs infondées et insubordination. Elle déterra aussi le dossier des Rutkowski père et fille, de Caldwell et de tous les membres qui avait siégés à la commission de discipline. Elle sortit aussi la liste des lieutenants en attente d’affectations. La liste faisait au moins deux pages et il y avait des lieutenants beaucoup plus expérimentés qui attendaient depuis plus longtemps que Caldwell leur nouveau poste. Elle chargeait tous ces documents dans son Cloud sécurisé. Elle voulait être capable d’étudier ces dossiers à l’abri des regards indiscrets. Cela faisait près de trois heures qu’elle travaillait d’arrache-pied quand enfin l’ambulance rentra. Elle verrouilla son ordinateur et alla rejoindre Shay.
— Alors ?
— Oh rien de transcendant, un camion transportant du shampoing s’est couché sur les quatre voies de l’autoroute, un vrai bordel. Plusieurs voitures ont eu du mal à s’arrêter et se sont encastrés les unes dans les autres mais il n’y a eu heureusement que des blessés légers.
— Tant mieux.
— Et toi ?
— Oh moi je continue de chercher des indices sur mon affaire.
— Celle de la fusillade ?
— C’est cela…
— Et ça avance ?
— Pas autant que je le voudrais.
— Tu ne devrais pas t’occuper de cette affaire, cela te fait du mal.
— Bien au contraire Shay, cela me permet de mieux comprendre ce qui s’est passé. Tu sais j’ai eu de la chance dans mon malheur, je suis en vie.
— Tu as raison… Mais si tu as besoin de parler ou d’une paire d’yeux supplémentaire…
— Merci Shay. Un coursier a déposé mon nouveau téléphone, je t’ai envoyé mon nouveau numéro.
— Mills c’est toi qui es de corvée pour le déjeuner ? demanda Otis
— Oui ma mère a mis au point une nouvelle recette, vous allez m’en dire des nouvelles.
— J’en salive d’avance.
Le chef vint se servir une tasse de café, toute cette paperasse lui montait à la tête, c’était la partie de son métier qu’il aimait le moins. Voyant la jeune femme discuter avec les autres pompiers du 51, il eut envie de se mêler à la conversation, il ne savait pas grand-chose d’elle et il était curieux. Elle avait l’air de quelqu’un de fort et de fragile à la fois qui ne s’en laissait pas compter. Il avait conscience que Jessica était armée à la demande de son patron et même si cela le mettait mal à l’aise, il pouvait comprendre l’inquiétude du policier New Yorkais.
— Alors Miss Wardfield, est-ce que vous vous plaisez parmi nous ? demanda-t-il en lui faisant un signe de tête ce qui attira l’attention de tous les pompiers présents.
— Je suis loin d’être dépaysée en voyant cette grande famille que vous avez réunie au sein de votre caserne chef. J’ai aussi une famille comme cela qui m’attend à New York. Pas aussi étendue que la vôtre mais une famille tout de même.
— Je suppose que vous n’avez pas un travail de tout repos.
— Vous supposez bien, notre emploi du temps est chaotique. New York est une ville qui ne s’arrête jamais. Le crime ne dort jamais que ce soit les petites incivilités ou les crimes de masse, rien ne nous est épargné.
— J’ai entendu dire que votre équipe a un taux d’élucidation que beaucoup de laboratoires vous envient.
— En effet, le laboratoire de New York est dans les cinq premiers du pays, mais pour cela il ne faut pas compter ses heures et ne pas hésiter à prendre des initiatives un peu risquées.
— Et que dit votre patron de cela ?
— Oh Mac est quelqu’un de très respectueux des règles. Tant qu’on les respecte, il nous soutient bec et ongles.
— Ce doit être agréable de se savoir soutenu, murmura Shay assez fort pour que tout le monde l’entende.
— Dites chef, reprit Jessica, vous croyez que je pourrais vous emprunter votre salle de briefing pendant cette garde. Je travaille sur une fusillade et j’aurais besoin d’un peu de place pour étudier tous les documents. Je vous promets que je remettrais tout en ordre avant la fin de la garde, promis.
— Si cela peut vous aider à résoudre votre affaire, pourquoi pas…
— Merci chef.
Jessica retourna à son bureau tout en faisant un détour par le dortoir pour s’assurer que Kelly allait bien. Après avoir fini le nettoyage du camion, il s’était installé sur son lit et faisait des mots croisés. Il releva la tête comme s’il avait senti sa présence et lui fit un clin d’œil. Elle lui fit un signe de tête en retour. Soulagée Jessica prit le dossier sur le bureau, son ordinateur et s’installa en salle de briefing avec des post-it et des stylos de différentes couleurs et du scotch. Elle accrocha sur un mur les photos des différents suspects, sur un autre celles des victimes, sur les tables de droite elle y étala les différentes photos des différentes scènes de crimes. Sur le tableau elle afficha un plan des différents étages où le tueur avait sévi. Enfin sur les tables de gauche elle y mit les différents témoignages qu’elle voulait étudier.
Dans son bureau, le lieutenant Caldwell ruminait sa colère. Son oncle l’avait appelé pour lui annoncer la date à laquelle la commission disciplinaire se réunirait. Il avait une semaine pour mettre son rival hors d’état de nuire. Contrairement à ce qu’il avait confié à son ami Harrison Lawson, il n’avait aucunement l’intention de le blesser mais il voulait l’éliminer de façon permanente de l’équation. C’était la seule solution qu’il voyait pour garder définitivement son poste à la caserne 51. Il devait réussir à tout prix, il ne pouvait pas se permettre un nouvel échec. Dans sa famille, on était pompier de génération en génération et tous ses prédécesseurs avaient réussi à atteindre des postes à responsabilités que ce soit sur le terrain ou au quartier général.
A l’heure du déjeuner, Jessica rejoignit les autres pompiers qui discutaient de tout et de rien. Elle s’installa en bout de table et essaya de se faire le plus discrète possible. Elle voulait juste observer et écouter les différentes équipes parler. Shay s’installa à côté d’elle après avoir emmené son assiette à Severide qui s’était encore une fois plaint de son manque d’appétit, mais il connaissait assez Leslie pour savoir qu’elle n’était pas femme à accepter un non comme réponse.
Caldwell ne quittait pas Jess des yeux, il avait l’air de chercher quelque chose mais elle resta neutre même si elle bouillait à l’intérieur. Elle avait dû dès son plus jeune âge affronter des hommes du genre de ce lieutenant, des hommes qui se croient supérieurs et plus intelligents que les femmes et qui ne supportent pas que celles-ci les surpassent ou les contrarient. Ce genre de personnage était machiste à l’extrême, elle plaignait sa copine si jamais il en avait une. Mais vu comment il dévorait les femmes de la caserne des yeux, y compris elle, elle se doutait bien qu’il était célibataire et qu’il ne rêvait que d’une chose : les mettre dans son lit. En y regardant de plus près, Dawson ne demandait que cela, sa manière de lui parler, de s’asseoir tout près de lui, de murmurer à son oreille, de le toucher étaient des signes évident qu’elle souhaitait avoir une relation avec lui. Jessica n’avait jamais compris la fascination que pouvait avoir certaines femmes pour ce genre d’hommes dont le but était de coucher et de ne jamais s’engager sauf s’il y trouvait son intérêt.
Son attention se porta ensuite vers les membres du Secours 3 et tout de suite elle remarqua le changement d’attitude de Capp et de Tony. Elle en fut soulagée, cela voulait dire que Severide avait une chance de plus de s’en sortir si jamais Caldwell s’en prenait à lui. Otis et Cruz semblaient partagés mais toujours sur la défensive. Elle avait remarqué leur moue de dégoût quand Severide était venu se servir un café après avoir fini de nettoyer le camion. L’échelle venait juste de rentrer de son intervention et les deux pompiers discutaient de celle-ci assis à la table ronde un peu en retrait de la grande table. Elle sourit à Herrmann qui racontait les dernières facéties de ses enfants. Sa femme était une sainte à s’occuper seule de quatre enfants quand son mari était sur le terrain à sauver des vies. Le repas se passa dans une ambiance bonne enfant, même le chef se joignit à eux, celui-ci voulait garder un œil sur ses équipes.
La sirène se mit à sonner appelant tous les équipages sur le terrain. Il ne restait à la caserne que les deux pompiers de permanence et le personnel administratif. Jessica retourna travailler dans la salle de briefing. Il fallait absolument qu’elle s’occupe pour ne pas laisser libre cours à son imagination. Elle ne voulait pas penser à ce qui pouvait mal tourner sur le terrain.
Le camion du Secours 3 était exceptionnellement silencieux. Severide avait discrètement vérifié son matériel, tout semblait en ordre. Quand ils arrivèrent sur place, une maison brûlait, une femme hurlait que son fils et son mari étaient encore à l’intérieur. Boden examina la situation et demanda à l’échelle de vérifier l’étage tandis que les Secours s’occuperaient du rez-de-chaussée et du sous-sol. Caldwell désigna Capp et Tony pour explorer le sous-sol tandis que lui et Hadley s’occuperaient du rez-de-chaussée. Il ignora tout simplement la présence de Severide, il devait juste rester en arrière pour amener du matériel si besoin. Il n’en prit pas ombrage bien au contraire, plus loin il se trouvait de son lieutenant mieux il se portait. Caldwell savait qu’avec un incendie d’un bâtiment de deux étages à peine, il lui serait impossible de faire quoi que ce soit pour éliminer son adversaire. Il devait prendre son mal en patience, il était persuadé que son plan allait réussir. Si jamais il échouait, son ami Harrison lui avait promis une condamnation ce qui marquerait de toute manière la fin de la carrière du fameux Kelly Severide.
Pendant ce temps au bureau du procureur, les choses évoluaient assez vite. Le procureur Morton avait réinterrogé le père de Nicki Rutkowski toute la matinée. Le chef de district avait maintenu ses déclarations et il ne pouvait pas cacher la haine qu’il avait pour Severide. Il ne pouvait pas admettre que sa chère petite fille était celle qui avait poursuivi le pompier de ses assiduités et que si le fiancé avait annulé le mariage et avait mis fin aux fiançailles, c’était son petit ange qui en était la cause. Non pour lui Severide était le seul coupable de toute cette situation. Malgré les nombreuses questions posées par le procureur, le témoignage de chef Rutkowski n’avait pas varié d’un iota. Sa fille était une sainte et Severide était le diable en personne.
A la caserne, Jessica était totalement plongée dans son affaire. Elle allait d’un témoignage à l’autre mettant des petits points de différentes couleurs sur le plan de l’immeuble. On toqua à la porte et Erin entra accompagné par Antonio le frère de Gabby.
— On te dérange ? demanda l’inspecteur Lindsay.
— Oh non pas du tout, une petite pause ne me fera pas de mal. Inspecteur Dawson.
— Tu travailles sur quoi ?
— Oh une fusillade qui a lieu il y a quelques mois, j’essaye d’avoir une vue d’ensemble c’est pour cela que j’ai demandé au chef si je pouvais m’installer ici. Vous êtes là pour prendre ma déposition ?
— Oui, désolée on voulait attendre jusqu’à demain mais la hiérarchie fait pression sur notre chef pour qu’on boucle l’affaire.
— Où sont les autres ? Je trouve la caserne bien trop calme, demanda Antonio qui s’était attendu à ce que sa sœur le bombarde de questions.
— Ils sont en intervention, l’incendie d’une maison d’après ce que m’a dit Shay.
— Et Severide ?
— Il a été laissé en arrière près du camion pour cette fois mais tu sais très bien que cela ne va pas durer, dès qu’il le pourra ce lieutenant de pacotille agira et dieu sait ce qui peut passer par la tête de ce genre de personne.
— Je sais mais tu vas voir ça va bien se passer. Si tu nous racontais ta mésaventure d’hier après-midi, demanda Erin.
Sans perdre de temps, elle raconta tout ce dont elle se souvenait, des coups de feu dans le couloir au blocage de la porte et à la crise de panique du substitut qui avait attiré l’attention du forcené. Celui-ci avait vu là l’occasion d’avoir de nouveaux otages. Antonio était admiratif du calme que projetait la jeune femme, à croire qu’elle se retrouvait dans ce genre de situation tous les jours.
— Autre chose dont tu te souviens ? demanda Lindsey.
— Rien pour le moment mais je ne manquerai pas de te le faire savoir.
— Merci Jessica. Tiens tu trouveras sur cette clé USB toutes les informations que j’ai pu réunir. J’ai eu un coup de fil du procureur, il voulait avoir quelques renseignements sur toi et notre relation, je ne sais pas ce qui se passe mais ça a l’air bon signe.
— Tu crois ? demanda Jessica un peu soulagée
— Oh je connais Morton depuis quelques années et il n’est pas du genre à se laisser faire.
— Tant mieux, espérons qu’il mette un terme à ce non-sens.
— Dis-moi qu’est-ce que tu essayes de faire avec ce plan ? demanda Antonio en examinant le tableau.
— J’essaye d’avoir une vue d’ensemble des endroits où le tueur est passé à l’acte. Les points noirs représentent les morts, les rouges les blessés et les bleus l’endroit où certaines personnes se sont cachées. Je ne sais pas si cela va servir à quelque chose mais qui sait j’aurai peut-être de la chance pour une fois.
— On va te laisser à tes recherches mais si tu as besoin d’aide n’hésite pas à appeler des renforts.
— Sans faute, répliqua la jeune femme.
Les deux inspecteurs repartirent ne croisant que Connie qui apportait un chocolat chaud à Jess. L’assistante de Boden aimait bien la jeune femme, elle se doutait bien qu’elle n’était pas là que pour rendre visite à une amie. Elle avait observé les quelques interactions dont elle avait été témoin entre la jeune femme et le pompier, ils s’aimaient cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle était rassurée de savoir que Severide n’était plus seul pour affronter ces accusations qu’elle jugeait infondées.
Au bureau du procureur Lucius Harmond regardait son patron s’attaquer à la fille du chef. Celui-ci espérait la faire craquer. Il ferait durer l’interrogatoire autant de temps qu’il le faudrait pour obtenir enfin la vérité. Il savait que le chef avait menti, mais l’homme était empli de tant de haine qu’il était incapable de reconnaître qu’il avait tort. Après près de quatre heures d’un interrogatoire intensif, elle finit par avouer en larmes que c’était son père qui l’avait poussée à mentir sous serment pour étouffer le scandale des fiançailles rompues. Il laissa repartir la jeune femme, en l’avertissant qu’elle et son père étaient susceptibles d’être poursuivis pour faux témoignage.
Tous les véhicules revinrent à la caserne deux heures plus tard, Jess fut soulagée de voir passer Severide dans le couloir. Shay l’avait tenu au courant de l’évolution de la situation via texto. L’ambulancière et Casey vinrent la rejoindre en salle de briefing, tous deux étaient curieux de voir sur quoi Jessica travaillait. Sur un tableau blanc que Connie avait réussi à lui dénicher dans le bureau bleu, la jeune femme avait affiché les photos des différentes scènes de crimes.
— Ouah ça en fait des éléments à étudier, murmura Shay en passant d’une photo à une autre.
— Oui c’est plutôt une grosse affaire. On a décompté dix morts et soixante-huit blessés.
Elle les mit au courant des éléments qu’elle avait en sa possession. Ils étaient tranquilles pour le moment, Dawson faisait l’inventaire de son ambulance, quant au reste de l’équipe de l’échelle, il faisait de la maintenance sous la surveillance d’Herrmann. Les Secours étaient en train de jouer à leur table, tous sauf Severide, qui comme l’imposait le règlement après toute intervention, vérifiait le matériel de l’ensemble du camion à lui tout seul après être allé se passer un peu d’eau sur le visage. Il lui avait fallu des trésors de patience pour ne pas sauter à la gorge du lieutenant pendant l’intervention. Celui-ci avait pris un malin plaisir à l’humilier devant ses hommes en faisant des remarques quant à ses compétences qu’il disait « limitées » et que c’était la véritable raison pour laquelle il avait été rétrogradé. Capp et Tony avait essayé d’intervenir mais Severide leur avait fait un signe de tête leur demandant de garder le silence. Lui-même n’avait pas répondu aux provocations de Caldwell, il était resté silencieux tout du long, ce qui avait conforté le lieutenant dans son sentiment de supériorité.
Dans la salle de briefing, Casey et Leslie y allaient de leurs théories. Jessica appréciait de pouvoir parler de l’affaire avec des personnes de l’extérieur qui avaient un point de vue différent de ceux de son équipe.
— Mais à ton avis où s’est-il procuré autant d’armes parce que d’après ce que tu as dit il avait non seulement un fusil d’assaut mais aussi une carabine et au moins deux armes de poing ? demanda Casey.
— Eh bien les deux flingues et la carabine il les a eus légalement, il les a achetés dans une armurerie pas très regardante sur les antécédents de l’acheteur, par contre le fusil d’assaut fait partie d’un lot volé à la police. Ces armes étaient destinées à la destruction.
— D’accord, fit Shay, des indices sur le vol ?
— L’inspection générale enquête, elle soupçonne une complicité interne.
— Un flic pourri ?
— Comme il y en a dans toutes les villes. C’est le quatrième chargement qui a été volé en dix-huit mois. Le problème c’est qu’il n’y a aucun point commun entre ces vols, ils ont eu lieu dans différents secteurs de la ville, ils n’ont pas utilisé le même mode opératoire et ils n’ont laissé aucun indice, pas d’empreintes, pas d’ADN, rien du tout ! expliqua Jessica.
— Ça voudrait dire que ce ne sont pas les mêmes voleurs ? s’enquit Shay.
— Ce serait tout de même une drôle de coïncidence d’avoir quatre bandes de voleurs d’armes dans la même ville non ?
— Ouais c’est un peu gros tu as raison, acquiesça Shay.
— Et pourquoi ton patron pense que le tueur n’a pas agi seul ?
— Parce que tout était trop bien coordonné, on aurait dit qu’il avait un but même si on n’a toujours pas trouvé lequel. Le type qu’on a arrêté est un petit cambrioleur de bas étage qui ne volait que des petites superettes ou des appartements vides. Alors comment est-il passé d’un criminel sans envergure à un tueur de masse ? En plus il n’avait aucun lien avec les diverses entreprises qu’il a attaqué. Je veux dire ce gars vivait dans les bas-fonds, il n’a jamais fini le collège, c’est un alcoolique et un ancien junkie. Et l’immeuble qu’il a attaqué à des vigils, des systèmes de sécurité, il faut un laisser-passé pour accéder aux étages non commerciaux. Il aurait pu faire un carnage dans les différentes boutiques du centre commercial qui se trouvent au rez-de-chaussée, alors pourquoi monter dans les étages ? Ça n’a aucun sens.
— Vu comme ça c’est clair qu’il n’a pas choisi la facilité, constata Casey.
— En plus il savait très bien où était le bureau de la sécurité, où se postaient les vigiles, où étaient les caméras de surveillance, les escaliers et les différentes sorties de secours.
— Si ce que tu nous dis est vrai, effectivement il y a de quoi se poser des questions.
— Le chef de la police Sinclair veut que Mac laisse tomber parce qu’on a eu le tueur et qu’il ne veut pas que les gens paniquent, ce qui est mauvais pour les affaires et le tourisme. Mais Mac est persuadé que cette fusillade n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend et j’ai tendance à le croire.
Le portable de Jessica sonna mettant fin provisoirement à la conversation, elle sourit en voyant le nom de son interlocuteur s’afficher.
— Hey salut Linds quoi de neuf ? demanda-t-elle
— …
— Lindsey ? Qu’est-ce qu’il y a ?
— On… On a perdu Angell, répondit-elle des sanglots dans la voix.
— Comment ça vous avez perdu Angell ? Lindsey ?
— Elle est morte…
— Attends qu’est-ce qui s’est passé ?
— Elle a été tuée ce matin, elle accompagnait un témoin au tribunal. Une fusillade. On n’a rien pu faire.
— Ce n’est pas vrai, pas Angell ! Non pas elle ! Et Flack ?
— Il fait le fort mais il est dévasté. Jess, il en était raide dingue !
— Je sais… Je ne l’avais jamais vu aussi heureux… Qui a fait ça ? Y a des pistes ?
— Tout le monde y travaille et quand je dis tout le monde c’est tout le monde. Personne ne prendra de repos tant qu’on n’aura pas retrouvé les responsables !
— Je devrais peut-être… murmura Jessica des larmes coulant sur son visage.
— Non ! Surtout pas ! Tu as ton pompier à sauver ! Il est hors de question qu’on perde encore un membre de notre famille ! Tu connaissais Angell aussi bien que moi, elle te botterait les fesses si seulement il te venait à l’idée d’abandonner l’amour de ta vie ! Et puis la situation n’est pas très claire pour le moment, toute menace n’est pas encore levée. Tu seras plus en sécurité à Chicago.
— Plus en sécurité ? Tu es sûre ?
— Non pas vraiment mais tu as pratiquement toute une caserne de pompiers, à quelques exceptions près, prête à te venir en aide en cas de problèmes.
— D’accord, tu n’as pas tort, mais tiens moi informée, je veux tout savoir.
— Promis. Mais toi, fais ce qu’il faut et tire Kelly de là. J’ai besoin d’avoir au moins une bonne nouvelle dans cet enfer qui vient de se déchaîner.
— Ok, sois prudente là-dehors.
— Toi aussi fais attention à toi.
Jessica raccrocha, laissa tomber son téléphone sur ses genoux et couvrit ses yeux. Elle ne voulait pas pleurer mais les larmes coulaient sans qu’elle puisse les arrêter. Elle venait de perdre non seulement une collègue mais aussi une amie.
— Jessica ? fit Shay en s’accroupissant près de la jeune femme. Qu’est-ce qu’il y a ?
Elle ne répondit pas, elle continuait de pleurer sans pouvoir s’arrêter. Dire qu’elles s’étaient vues juste avant son départ pour Chicago au tribunal pour le dossier Stratton. Elles avaient pris le temps de discuter notamment des accusations contre Severide, Angell lui avait ordonné de botter les fesses de toutes les personnes qui se dresseraient sur son chemin et l’empêcheraient de sauver son preux chevalier. C’est ainsi que l’inspecteur de la criminelle avait surnommé Kelly à cause de sa tendance à venir en aide à sa dulcinée même si elle était capable de se défendre toute seule.
— Jess ?
— On a perdu Angell.
— Qui est Angell ? demanda Casey avec douceur.
— Une collègue et une de mes meilleures amies, elle a été tuée ce matin dans une fusillade.
— Je suis désolée ma belle, je sais combien il est dur de perdre un ami, répliqua Shay en embrassant Jess sur le front.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Herrmann en entrant dans la pièce et en voyant Jessica dans les bras de l’ambulancière. Ça ne va pas ?
— Une de ses collègues a été tuée ce matin, l’informa Casey.
— Oh mince, je suis désolé.
— Merci Herrmann. C’est dur de ne rien pouvoir faire c’est tout. Excusez-moi.
Jessica s’éloigna et alla aux toilettes. Elle avait besoin de se rafraîchir un peu. Elle entendit des pas derrière elle mais elle ne se retourna pas.
— Shay vient de me dire, je suis désolée ma puce, fit Severide en prenant sa fiancée dans ses bras après avoir vérifié qu’ils étaient seuls.
— Je n’arrive pas à y croire. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle ne sera plus là quand je rentrerai à New York, qu’on ne sortira plus ensemble boire un verre ou même qu’on ne s’entraînera plus ensemble. Avec Lindsey c’était ma meilleure amie.
— Je sais. Et comment va Flack ? demanda Severide qui avait sympathisé avec le policier lors de ses divers séjours à New York.
— Mal mais tu le connais, il essaye de le cacher. C’est tellement injuste. Tu sais qu’il s’était enfin décidé à la demander en mariage ?
— Non, mais j’aurais aimé voir ça. Faire sa demande à une femme aussi forte qu’Angell c’est s’exposer à un risque non négligeable.
— Oh oui Badass Jessica ne se serait pas laissée convaincre aussi facilement, répliqua la jeune femme en souriant à travers ses larmes.
— Tu devrais aller te reposer un peu, tu es exténuée.
— Non je pense que je vais me remettre au travail, j’ai besoin de m’occuper l’esprit.
— D’accord mais ne force pas trop. Je sais que tu es une grande fille et que tu peux prendre soin de toi mais je t’aime et je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour toi.
— Je sais et c’est pour ça que je t’aime mon preux chevalier.
Il l’embrassa sur le front avant de se retirer dans le dortoir. Il n’avait rien laissé paraître mais lui aussi était affecté par cette mort injuste. Il se souvint de la dernière fois où toute l’équipe était sortie dîner. Ça avait été une soirée mémorable, ils avaient ri aux larmes aux anecdotes racontées par chacun des policiers sur les enquêtes les plus improbables qu’ils avaient eu à résoudre. A aucun moment, il ne s’était senti exclu parce qu’ils avaient fait en sorte de l’intégrer à la famille en l’encourageant à raconter lui aussi ses interventions les plus loufoques et dieu sait qu’il en avait vécu un paquet. Il s’assit sur son lit et sortit une petite boîte fermée à clé du tiroir de sa table de nuit. Il chercha un peu et trouva une photo qui avait justement été prise ce soir-là. Il regarda les visages souriants et pleins de vie de ceux qu’il considérait comme une deuxième famille, celle qui ne le jugeait pas et l’acceptait tel qu’il était avec ses qualités et ses défauts. Depuis le début de ce cauchemar et le comportement de ses soi-disant amis, il se posait des questions. Allait-il pouvoir continuer à travailler avec eux s’il n’arrivait plus à leur faire confiance ? Ne ferait-il pas mieux d’envisager un transfert vers les pompiers de New York et enfin vivre son amour au grand jour avec Jess ? Oui toutes ces questions le maintenaient éveillé la nuit. Casey entra dans le dortoir et vint s’asseoir sur le lit de Shay qui était juste à côté de celui de Severide.
— Ça va ? demanda-t-il
— Ouais. Ça a été un choc. Jessica Angell était une force de la nature tu sais et quand elle faisait équipe avec Jess sur une enquête rien ne pouvaient les arrêter. Je les ai vues en action une fois, c’était… Je ne trouve même pas les mots. Elles étaient à deux contre cinq mecs, tous des mastodontes sous stéroïdes si tu vois ce que je veux dire. Et ça n’avait aucunement l’air de les effrayer. Jess m’a balancé son téléphone en me demandant d’appuyer sur le bouton qui alerte qu’un officier est en danger, m’a ordonné de rester dans la voiture et de baisser la tête. Quand la bagarre a éclaté, j’ai halluciné, ces deux bouts de femmes étaient en train de mettre une dérouillée à cinq mecs armés jusqu’aux dents. Ils ont commencé par tirer dans tous les sens mais les filles ont vite fait de les désarmer. Coups de poing, coups de pieds, prise de karaté, de jujitsu et d’aïkido tout y est passé. C’était comme une danse chorégraphiée. Tu comprends j’ai déjà vu Jess s’entraîner au dojo près de son bureau mais en combat réel c’est tout autre chose.
— Et tu n’as rien fait ?
— J’avoue que ça a été mon premier réflexe. Mais en les regardant se battre, j’ai réalisé qu’elles se complétaient à merveille et que si j’intervenais je pouvais faire plus de mal que de bien. Et crois-moi ça n’a pas été facile, mon instinct me disait de sortir de la voiture et de courir les secourir. Quand Mac, Flack et les autres sont arrivés, les cinq mecs étaient tous ko au sol.
— Je n’avais pas réalisé que tu connaissais l’équipe de Jess aussi bien, murmura le lieutenant.
— Je ne vais pas te mentir, ça n’a pas été une chose simple parce que Mac et son équipe sont des gens très méfiants. Mais petit à petit ils ont vu que j’étais sérieux et que Jessica était heureuse alors ils m’ont en quelque sorte adopté.
— Je crois me souvenir que Jess a dit que tu avais aidé à résoudre quelques affaires aussi.
— C’est vrai, tu sais Jessica ne peut pas toujours prendre des congés quand je vais la voir, alors je les aide surtout avec les affaires d’incendies criminels, à croire qu’ils les gardent pour mes visites.
— Tu y vas souvent ? demanda Casey avec curiosité.
— Dès que j’ai des congés et aussi de temps en temps je prends un avion après ma garde et je passe les quarante-huit heures de repos là-bas, juste pour passer quelques heures avec elle. Elle est tout pour moi, Matt. Je n’ai jamais ressenti ça tu sais, même avec Renée. Tiens regarde, cette photo a été prise lors du dernier dîner de l’équipe auquel j’ai participé. Là tu as Mac avec qui tu as parlé au téléphone, lui c’est Danny et là sa femme Lindsey.
— Oui c’est elle qui a annoncé la nouvelle à Jessica.
— Ici tu as le geek de l’équipe Adam, là c’est le doc, Sheldon, c’est un ancien légiste qui est passé enquêteur sur le terrain. Celle qui a les cheveux bouclés c’est Stella le bras droit de Mac, elle a un sacré caractère et vaut mieux ne pas la contrarier. Lui c’est Sid le médecin légiste, il a un sens de l’humour tout particulier. C’est elle Angell et à coté son petit ami Don Flack, termina-t-il la voix tremblante.
— Sacré équipe…
— Tu n’as pas idée Casey, répondit Kelly en se passant la main dans les cheveux.
— Attends, tu n’envisages tout de même pas d’aller t’installer là-bas ? demanda le lieutenant soudain inquiet.
— Je ne vais pas te mentir, j’y ai pensé depuis que toute cette histoire a commencé. Je me suis même renseigné sur la procédure à suivre pour un transfert.
Otis et Cruz entrèrent dans le dortoir, ils avaient envie de prendre un peu de repos avant la prochaine intervention, mettant fin à la conversation. Casey alla s’enfermer dans son bureau. Il était troublé par les aveux de Kelly, jamais il n’aurait pensé que son ami se remettrait en question au point de vouloir quitter les pompiers de Chicago. Il pensait vraiment que la caserne 51 était une grande famille mais il se rendait compte que celle-ci était quelque peu dysfonctionnelle. Il avait des dossiers en retard mais il avait du mal à se concentrer, la conversation qu’il venait d’avoir avec Kelly tournait en boucle dans sa tête. Et puis il avait remarqué à quel point Severide semblait heureux sur cette photo. Son sourire éclairait littéralement son visage, il y avait longtemps qu’il ne l’avait pas vu sourire ainsi, ici à la caserne. En fait il réalisa que depuis la mort d’Andy, Kelly présentait la façade que tout le monde attendait de lui, un lieutenant, un pompier se donnant corps et âme à son métier sans que personne ne fasse vraiment attention à ce qu’il pouvait vraiment penser ou ressentir. Il devait admettre que son ami était bon, vraiment très bon pour cacher ses sentiments. Dire qu’il était en couple depuis deux ans et que personne ne s’était jamais douté de rien. Il regarda discrètement Severide, il avait rangé la photo dans sa boîte à secrets et s’était allongé sur son lit, même s’il avait les yeux fermés il savait que celui-ci ne dormait pas.
Entre deux sorties de l’ambulance, Shay gardait un œil sur Jessica. La nouvelle de la mort de sa collègue s’était répandue comme une traînée de poudre dans la caserne. Presque tous les membres du 51 étaient venus lui présenter leurs condoléances. Un peu avant le dîner, le chef Boden entra dans la salle de briefing, la jeune femme était en ligne avec son patron. Il ne pouvait entendre que ce que Jess disait mais il lui semblait que l’affaire avait été résolue en un temps record.
— C’est vrai Mac ? Vous les avez eus ?
— ….
— C’est fantastique. Comment va Flack ?
— …
— Je comprends, il lui faudra du temps mais il y arrivera. On l’y aidera même s’il ne le veut pas.
— …
— Oui je sais bien mais c’est notre ami, on ne le laissera pas tomber.
— …
— Et l’enterrement ?
— …
— Je vais essayer de faire l’aller-retour, je ne vous laisserai pas affronter tout ça tout seul.
— …
— Ça tombe entre deux gardes, ça ne devrait pas poser de problème.
— …
— Jeudi de la semaine prochaine, le chef Tiberg va essayer de nous avoir les infos. Au pire j’irai moi-même au sommet de la montagne, cela ne me fait pas peur. Je pense que Franck ou même le chef seront enchantés de m’accompagner s’ils le peuvent.
— …
— Buvez un verre à sa santé de ma part. J’aurais voulu vous accompagner.
— …
— Oui on se verra à l’enterrement. Soyez prudent là dehors Mac.
Elle raccrocha et essuya une larme qui avait coulée. Elle se sentait soulagée de savoir les assassins d’Angell derrière les barreaux. Elle espérait qu’ils prendraient la peine maximum et qu’ils ne ressortiraient jamais de prison.
— Ça va ? demanda le chef.
— Mieux maintenant qu’ils ont appréhendé les assassins d’Angell. Ils vont boire un verre à sa santé dans l’un de ses bars préférés. J’aurais aimé pouvoir y aller.
— Je comprends. J’ai perdu bien des amis et des collègues au cours de ma carrière et ce n’est jamais simple. Ils laissent un vide que personne ne pourra remplir mais on continue d’aller de l’avant parce que c’est ce qu’ils voudraient.
— Je sais, j’en connais un rayon sur la perte des gens aimés. Et comme vous dites si bien on ne peut les remplacer mais on continue tout de même notre chemin. Et un jour on peut penser à eux sans ressentir ni douleur, ni tristesse, on peut se souvenir de tout le bien qu’ils nous ont apportés.
— Venez le dîner va être prêt, Casey est aux fourneaux ce soir et vous allez voir c’est un bon cuisinier.
— D’accord, mais avant d’y aller je peux vous demander un service ?
— Dites-moi jeune fille.
— Gardez un œil sur Kelly. Je sais que la mort d’Angell l’a touché, ils se connaissaient et s’appréciaient. Elle l’appelait « le preux chevalier » parce qu’il essaye toujours de me protéger au mieux, pourtant dieu sait que je suis une grande fille et que je sais me défendre. Ils se chamaillaient souvent comme le font les frères et les sœurs. La situation étant ce qu’elle est, je ne peux pas être auprès de lui autant que je le voudrais, surtout ici.
— Je comprends, ne vous inquiétez pas, je veillerai sur lui, si vous le permettez je demanderais à Casey et Shay de faire de même.
— Merci chef.
Ils sortirent de la salle de briefing pour se rendre dans la salle commune. Une bonne odeur de viande rôtie flottait dans l’air.
— Hum miam, ça sent super bon, dit Jessica en s’approchant du comptoir.
— Spécialité de la maison, je me suis dit qu’un bon repas te ferait du bien.
— Tu n’as pas tort. En tout cas mon estomac est d’accord.
Otis et Cruz entrèrent à leur tour dans la salle commune en discutant à voix basse. Il leur avait semblé voir l’ancien lieutenant cacher des larmes quand ils étaient dans le dortoir. Ils ne comprenaient pas pourquoi il pouvait être bouleversé par la mort d’un policier qu’il ne connaissait même pas. Kelly avait silencieusement quitté le dortoir pour prendre l’air sur le parking de la caserne malgré le froid qui régnait, puis alla trouver refuge dans la pièce où toutes leurs tenues de feu étaient rangées. C’était le seul endroit de la caserne où il se sentait en sécurité et en paix. Dans le silence de cette pièce, il pouvait réfléchir et ordonner ses pensées en toute tranquillité.
Le dîner se passa dans un calme relatif, les pompiers conversaient de choses et d’autres mais pour une fois sans élever la voix. Même Caldwell gardait ses remarques acerbes pour lui. Une fois la vaisselle faite et la cuisine rangée, Jessica retourna dans la salle de briefing pour continuer d’éplucher les dossiers de la fusillade. Elle fut interrompue par Mills qui ouvrit la porte brusquement.
— Hey, Mouch m’envoie te chercher, ils parlent d’une fusillade en plein New York.
— Oh non pas encore une autre. J’arrive.
Elle fit rouler son fauteuil jusqu’à la salle commune où les pompiers s’étaient rassemblés pour regarder les informations. Jessica se plaça juste à côté du canapé et scruta les images. Elle avait un mauvais pressentiment. Le présentateur parlait de deux morts et de plusieurs blessés dont trois dans un état grave.
— Pitié, pitié, pitié, murmura-t-elle à voix basse.
Shay posa une main sur son épaule, elle savait très bien à quoi pouvait penser Jess. Elle craignait que ses collègues ne se retrouvent au milieu de ce chaos. Severide avait quitté la salle des équipements pour aller se chercher un café. Il avait réussi à échapper au dîner mais il avait besoin de caféine pour se maintenir éveillé. Il avait hésité à entrer dans la salle commune quand il avait vu tout le monde réuni devant la télévision. Mais il lui avait suffi de voir le visage de Jess pour comprendre que quelque chose de grave était en train de se passer.
— Non, non, non ! fit Jess en regardant l’écran.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Shay
— Là, derrière le journaliste, c’est Mac !
— Tu en es sûre ?
— Positive, je passe près de 12 à 14h avec lui au boulot, je pourrais le reconnaître entre mille, c’est lui !
— Essaye de l’appeler comme ça tu sauras ce qu’il en est.
— Shay a raison, tu sais, fit Casey.
Elle sortit le téléphone de la poche de son gilet et appela son patron, tout en priant pour qu’elle se soit trompée. Severide s’approcha, s’appuya contre la grande table, restant à distance de ses collègues. Il pouvait voir le désarroi sur le visage de sa dulcinée. Puis son regard se tourna vers le téléviseur et effectivement Mac était bien en arrière-plan, il parlait avec animation avec plusieurs policiers.
— Vous êtes bien sur le répondeur de Mac Taylor, je ne peux vous répondre pour le moment, laissez-moi un message et vos coordonnées et je vous rappellerai.
Jessica raccrocha sans laisser de message et essaya de joindre Sheldon, Lindsey, puis Danny mais à chaque fois elle tombait sur leur répondeur. En désespoir de cause elle appela Stella. Elle mit le téléphone sur haut-parleur, ses mains tremblaient tellement qu’elle avait dû poser l’appareil sur ses genoux. Il régnait un silence de mort dans la salle commune, tous les pompiers étaient à l’écoute. Mine de rien une bonne partie du 51 avait adopté la jeune femme. De son côté, Severide avait beaucoup de mal à ne pas aller prendre Jessica dans ses bras. C’était une douleur quasiment physique de ne pas pouvoir lui apporter le réconfort dont elle avait besoin.
— Allez, réponds, réponds…
— Allo ?
— Stella dieu merci tu vas bien.
— Jess, je suis désolée mais je n’ai pas beaucoup de temps.
— Je me doute, tu es en plein chaos à ce que je peux voir. Il m’a semblé entrapercevoir Mac en arrière-plan mais il ne répond pas.
— Mais tu sais pour la fusillade ?
— La nouvelle a voyagé jusqu’à Chicago, suis devant les infos. Dis-moi que les autres vont bien, j’ai essayé de les appeler mais je n’ai réussi à joindre personne !
— Jess je…
— Dis-moi Stella ! Tu sais très bien que tôt ou tard je saurais la vérité et il vaut mieux que ce soit plus tôt que tard !
— D’accord, tout le monde va bien mis à part Danny, il a été touché quand il a jeté Lindsey à terre.
— Et merde ! C’est grave ?
— Assez. Jess, il ne sent plus ses jambes, il a perdu pas mal de sang. Lindsey est parti dans l’ambulance avec lui. Nous, on travaille sur la scène de crime. Ce n’est pas beau à voir.
— Ils disent qu’il y a eu des morts…
— Oui un barman et l’une des serveuses.
— Si je peux vous aider, même d’ici, n’hésitez pas et dis à Lindsey que je suis de tout cœur avec elle.
— Ne t’inquiète pas je suis sûre qu’elle t’appellera dès que Danny sera hors de danger.
— D’accord. Sois prudente là dehors.
— Promis. Prends soin de toi, j’ai hâte de te revoir parmi nous, tu nous manques.
— A moi aussi vous me manquez.
Jessica raccrocha soulagée mais inquiète, son regard croisa celui de Kelly et aucun d’eux n’avait besoin de mots pour savoir ce que l’autre ressentait. Danny ne pouvait pas finir comme elle, cela allait le tuer. Il adorait travailler sur le terrain, courir après les criminels et les coffrer.
— Ça va aller jeune fille ? demanda Herrmann.
— Je ne sais pas, tout est trop…
— Récent…
— Ouais, c’est ça. D’abord Angell et maintenant Danny, on pourrait croire qu’on nous a jeté un mauvais sort.
— Ne me dis pas que tu crois à ce genre de foutaises ? s’enquit Shay qui avait gardé le silence jusque-là.
— Non, je suis une scientifique pure et dure. Ça c’est plutôt le rayon d’Adam.
— Adam ?
— Oui notre geek de service.
— Tiens, bois ça, fit Casey en lui tendant une tasse de chocolat chaud. Ça va te faire du bien.
La sirène sonna appelant tous les engins sur un feu d’appartements. Elle les regarda partir le cœur serré, elle se demanda si c’était la dernière fois qu’elle voyait Severide. Elle avait vraiment besoin de lui. Elle voulait qu’il la rassure en lui disant que tout allait s’arranger et que Danny allait s’en sortir. Elle resta seule dans la salle commune et continua à regarder les infos pendant un long moment dans l’espoir de voir l’un de ses collègues en arrière-plan. Malheureusement le reportage se termina sans qu’elle n’ait pu voir qui que ce soit. Frustrée, elle éteignit le poste et alla dans la salle de briefing. Si elle n’avait pas été dans ce putain de fauteuil, elle aurait pu évacuer sa colère et sa peine en s’entraînant sur un tatami. Avant de se remettre au travail, elle envoya un texto à Lindsey pour la soutenir dans cette nouvelle épreuve. Elle regarda autour d’elle pour tenter de se replonger dans l’affaire et fut surprise de trouver une radio posée sur l’une des tables. Elle l’alluma, et elle se rendit compte qu’elle était branchée sur la fréquence qu’utilisaient les équipes du 51 pour communiquer entre eux. Elle pouvait ainsi suivre l’évolution de la situation. Elle ne savait pas qui avait eu cette idée mais elle le remercia silencieusement.
Chapter 12
Summary:
Le lieutenant de pacotille fait une nouvelle tentative, va-t-il réussir ?
Notes:
C'est ma journée hôpital aujourd'hui pour remettre un peu d'huile dans mon moteur bien fatigué et comme le temps passe trop doucement je me suis dit que ce serait sympa de partager avec vous la suite des aventures de ce pauvre Severide. Que va encore inventer le lieutenant de pacotille pour le mettre hors course ?
Comme toujours tous les commentaires et critiques bienveillantes sont les bienvenus.
Attachez vos ceintures et enjoy the ride
Chapter Text
La tension était palpable au sein de l’équipe des Secours. Pourtant personne ne disait un mot. Capp et Tony jetait un œil inquiet à leur ancien lieutenant, il semblait bouleversé par la mort de ce policier et la fusillade à New York. Pourtant à leur connaissance, Severide ne connaissait personne là-bas mis à part les pompiers avec qui il avait passé trois mois deux ans auparavant et avec qui il était resté en contact. Kelly, lui, repassait dans sa tête toutes les vérifications de son matériel qu’il avait effectuées, tout semblait en ordre et pourtant son instinct lui disait qu’il avait manqué quelque chose.
Dans le camion de la grande échelle, la discussion allait grand train.
— C’est tout de même dingue ça ! Pauvre Jessica… fit Otis.
— Je n’ose pas imaginer ce qu’elle doit ressentir d’être aussi loin et de ne rien pouvoir faire pour aider ses amis, répliqua Cruz en secouant la tête.
— C’est pour ça qu’il faut qu’on veille sur elle, répondit Otis, sous-entendu ne pas laisser le pompier joli cœur s’approcher d’elle.
— Hey les gars, fichez-lui la paix, fit Herrmann. Elle vient de perdre une amie et un autre est à l’hôpital alors elle a surtout besoin qu’on la laisse tranquille et surtout pas que deux lourdauds comme vous l’embêtent.
— Mais enfin… protesta Otis.
— Herrmann a raison, répliqua Casey. Il vaut mieux la laisser tranquille, Shay la connaît mieux que nous et elle saura l’aider du mieux qu’elle pourra. Vous ne voudriez tout de même pas vous attirer les foudres de notre ambulancière préférée ?
Mills et Herrmann eurent du mal à garder leur sérieux en voyant la mine déconfite des deux pompiers mais Casey n’avait pas tort, mieux valait ne pas mettre Shay en colère. Tout comme elle n’avait pas hésité à les rappeler à l’ordre par rapport à leur comportement avec Severide, elle n’hésiterait pas à faire de même pour son amie.
Une fois arrivés sur place, ils se préparèrent à entrer dans l’immeuble. Il n’y avait pas de flammes visibles, juste de la fumée. Boden dispatcha les équipes contrairement à d’habitude, Caldwell sourit c’était encore mieux que ce qu’il pensait. Pendant que tout le monde était réuni dans la salle commune, il en avait profité pour réviser à sa manière l’ARI de Severide. Le chef avait mis l’ancien lieutenant en binôme avec Casey, ce qui lui allait très bien. Il aurait bien aimé être présent pour voir mourir son rival mais c’était mieux comme cela. « Bien, pensa-t-il, personne ne soupçonnera quoi que ce soit. ». Il entra dans l’immeuble avec Hadley et monta au dernier étage. Ils commencèrent à le fouiller à la recherche d’éventuelles victimes. Les autres équipes faisaient de même dans les différents étages. Casey et Severide s’occupaient de passer au peigne fin le sous-sol, cela ressemblait à un vrai labyrinthe et il était facile de se perdre. C’est pour cela qu’ils décidèrent de ne pas se séparer. Il faisait sombre, il y avait de la fumée partout et ils ne distinguaient pas grand-chose malgré leurs puissantes lampes de poche. Ils empruntèrent le couloir à leur droite, il y avait des portes de chaque côté des murs et cela prenait un temps non négligeable de toutes les ouvrir pour s’assurer qu’il n’y avait personne. Soudain Severide commença à se sentir vaseux, il avait mal à la tête, n’avait plus les idées très claires mais surtout il avait l’impression que sa poitrine allait exploser. Il s’appuya contre le mur pendant un court instant en essayant de respirer profondément mais au lieu de se sentir soulagé c’était tout le contraire. Il regarda sa jauge pour vérifier l’état de sa bouteille mais celle-ci marquait qu’elle était au trois quarts pleine. Matt regarda en arrière et vit son ami immobile appuyé contre le mur. Il revint sur ses pas.
— Hey ça va ? demanda-t-il inquiet.
— Sais pas. Me sens bizarre. J’ai du mal à respirer.
— Ta bouteille est peut-être défectueuse.
— Je viens de regarder la jauge elle est pleine aux trois quarts.
La vision de Kelly se voila, il lutta de toutes ses forces pour rester conscient.
— Il vaudrait peut-être mieux qu’on sorte d’ici.
— Non, non, il faut finir de vérifier l’endroit, protesta Severide. Laisse-moi une minute ça va aller…
Il tenta de reprendre sa progression mais il avait les jambes en coton. Il n’avait pas fait cinq mètres qu’il s’écroula sur le sol inconscient.
— Severide ! appela Casey en s’agenouillant auprès de son coéquipier. Severide !
Il appuya et frotta avec force le sternum de Kelly avec son poing mais il n’obtint aucune réponse. Les murs se mirent à trembler, la structure n’allait pas tenir longtemps. Il fallait qu’il sorte de là le plus vite possible.
— Eh merde. Mayday, mayday pompier à terre, je répète pompier à terre.
— Casey ? demanda Boden
— C’est Severide, il a perdu connaissance.
— Sors-le de là le plus vite possible, ça va tomber.
— Je vais faire au mieux.
Des bouts de plafonds et de murs commençaient à tomber. Casey réalisa que jamais il n’aurait le temps de rejoindre les escaliers, surtout que la fumée était de plus en plus dense et il avait du mal à s’orienter. Il repéra l’une des pièces qu’ils avaient inspectées, elle se trouvait dans le coin nord-ouest du bâtiment. En s’y refugiant ils auraient peut-être une chance de s’en sortir car ils seraient entourés de murs porteurs sur trois côtés de l’espace de stockage.
— Chef on n’aura pas le temps de sortir, tout est en train de s’écrouler. Faites évacuer tout le monde. Je pense avoir trouvé un endroit sûr.
— Et Severide ? demanda le chef
— Inconscient, il ne répond pas aux stimuli !
— Soyez prudent, on va venir vous chercher dès qu’on aura stabilisé la structure.
Casey passa une sangle sous les aisselles de son ami et le tira aussi vite qu’il le put à l’abri. Il ferma la porte de la pièce où ils avaient trouvé refuge. Il ne restait plus qu’à attendre les secours, cependant il était inquiet, Severide était toujours inconscient.
A la caserne, Jessica suivait le déroulement des événements et était au bord de la crise de nerfs. Kelly était de nouveau en danger et cette fois-ci cela semblait grave. Elle se demanda ce qui avait pu se passer puisque l’intervention se déroulait normalement. Elle passa en revue mentalement les équipements dont ils avaient besoin. Jess savait que Kelly avait vérifié son matériel plusieurs fois dans la journée. Elle sortit de la salle de briefing, la radio sur ses genoux et alla dans la pièce où étaient rangés les équipements non utilisés en intervention. Elle avait une intuition qu’elle voulait vérifier. Elle passa en revue tout le matériel, elle ne savait pas très bien ce qu’elle cherchait mais elle trouverait, elle en était sûre. Depuis qu’elle était en couple avec Severide, elle en avait appris le plus possible sur le matériel utilisé par les pompiers. Plus elle en savait, plus cela la rassurait. Elle s’attaqua aux bouteilles d’oxygènes qui avaient été laissées là en attendant qu’elles soient révisées et remplies. L’une d’entre elle attira son attention. Elle était un peu différente des autres. Jessica l’attrapa et l’examina de plus près et soudain elle comprit. Elle cacha la bouteille du mieux qu’elle put, sortit de la pièce, prit son téléphone et appela Shay.
— Jess ? Y a un problème ?
— Je sais ce qui se passe avec Kelly.
— Comment ?
— Quelqu’un a laissé une radio dans la salle de briefing, je suis l’intervention depuis le début. Shay, il faut absolument que Casey enlève le masque de Kelly !
— Il y a trop de fumée ça va le tuer !
— Non c’est son ARI qui est en train de le tuer. Je pense que quelqu’un a saboté sa bouteille d’oxygène.
— Tu en es sûre ?
— Pratiquement, j’ai trouvé une bouteille de monoxyde de carbone cachée dans la pièce des équipements. Elle n’a rien à faire là.
— Merde !
— J’ai besoin de tes clés de voiture, je dois sécuriser les preuves avant que quelqu’un ne les fasse disparaître.
— Dans mon sac, dans mon casier !
— Et maintenant fait en sorte que Casey lui enlève son foutu masque !
Elle raccrocha, elle alla récupérer les clés de voiture de Shay, tout en écoutant la suite des événements.
Sur le terrain, Leslie courut voir le chef pour le mettre au courant de ce que Jessica avait découvert à la caserne.
— Casey comment ça se passe ? demanda-t-il en jetant un œil au reste du 51, Hadley et Caldwell étaient en grande conversation tandis que le reste des pompiers présents étaient entièrement focalisés sur l’immeuble où deux de leurs collègues étaient piégés.
— La fumée est toujours aussi dense et Severide est toujours inconscient.
— Il a toujours son masque ?
— Oui sa bouteille n’est qu’à moitié pleine.
— Enlève-le-lui tout de suite !
— Mais il va mourir asphyxié.
— Il mourra encore plus vite si tu ne le lui enlèves pas, fit le chef avec exaspération, il ne pouvait pas lui expliquer ce qui se passait vraiment, pas avec Caldwell à portée d’oreille. Il va falloir que tu partages ce qu’il te reste d’oxygène avec lui, l’incendie est pratiquement éteint. Il y a des chances que la structure tienne et qu’on puisse venir vous chercher. Et Casey, fais en sorte de ne pas perdre son ARI de vue, je vais devoir y jeter un œil.
— Bien compris, chef, répondit Casey qui ne comprenait pas ce qui se passait mais il avait une confiance aveugle en son supérieur.
Le lieutenant ne perdit pas de temps et enleva le masque de Severide. Il retira son propre masque et le posa sur le visage de son ami. Il compta jusqu’à vingt puis remit le masque sur son visage. Il recommença encore et encore espérant que cela réveille son camarade, mais il gardait les yeux clos. Il ne sut pas combien de temps, ils restèrent ainsi. Enfin la porte s’ouvrit et le chef, Herrmann, Cruz et Otis étaient là.
— Casey ?
— Ça va mais il n’a toujours pas repris connaissance ! Il faut l’emmener tout de suite aux urgences.
— Herrmann à toi de jouer. Casey donne-moi son ARI, dit le chef sur un ton sans appel.
Ils sortirent rapidement et mirent Severide sur le brancard. Shay les attendait avec impatience, elle mit tout de suite un masque à oxygène sur le visage de l’ancien lieutenant.
— Matt, vaudrais mieux te faire examiner aussi, tu as respiré pas mal de fumée ! s’exclama Shay.
Boden acquiesça et le lieutenant monta à la suite de Leslie. Le chef ferma les portes et tapa dessus pour signaler à Dawson qu’elle pouvait démarrer.
— Je ne comprends pas ce qui s’est passé, fit Matt mettant un masque à oxygène sur son visage.
— Plus tard, murmura Shay en jetant un œil à Dawson.
Casey comprit tout de suite que l’ambulancière ne voulait pas parler devant sa coéquipière. Les signes vitaux de Severide se maintenaient, il n’y avait rien que Leslie pouvait faire sinon surveiller la situation et veiller à ce qu’elle ne s’aggrave pas. Elle envoya un message à Jessica pour lui faire savoir qu’ils étaient en route pour le Med et que le chef avait récupéré l’appareil respiratoire de Kelly. Quand ils arrivèrent, Maggie et le Dr. Halstead les attendaient déjà.
— Pompier 32 ans, tension 9/5, saturation à 82%, probable intoxication au monoxyde de carbone, récita Shay.
Matt et Gabby relevèrent la tête en entendant cette dernière information. Casey comprit pourquoi le chef avait tenu à ce qu’il lui enlève son masque.
— Et le lieutenant Casey a aussi besoin d’être examiné pour une inhalation prolongée de fumée, ajouta l’ambulancière.
— Bien merci Shay, on va prendre le relais, répliqua Maggie désolée de revoir le pompier aux urgences.
Le médecin examina Severide et l’envoya directement passer quelques heures dans un caisson hyperbare. Casey, lui, avait été sommé de rester sous oxygène jusqu’à ce que sa saturation remonte à un niveau normal. Il maugréa mais se tut quand il vit le regard assassin de l’infirmière April Sexton, une amie de Kelly. Dawson ne se sentait absolument pas concernée par l’état de santé de Severide bien au contraire, cela finirait peut-être de le convaincre qu’il n’avait plus sa place chez les pompiers. Elle alla faire le plein de l’ambulance pendant que Shay restait un moment encore avec le lieutenant.
— Tu peux m’expliquer maintenant ? demanda-t-il avec une certaine impatience.
— Jess m’a appelée, quelqu’un a laissé une radio dans la salle de briefing et elle a pu suivre toute l’intervention. Peu de temps après que tu nous aies avertis du malaise de Severide, elle m’a appelé en me disant qu’elle soupçonnait quelqu’un d’avoir saboté sa bouteille d’oxygène. Elle a trouvé une bouteille de monoxyde de carbone dans la pièce où on range le matériel.
— Caldwell !
— Possible mais on n’a pas de preuve pour le moment.
— Je comprends mieux pourquoi le chef voulait récupérer son ARI.
— Ouais et Jess a sécurisé la bouteille de monoxyde de carbone.
— Faut contacter l’inspecteur Lindsay pour la mettre au courant.
— Ne t’inquiète pas, je pense que Jessica l’a déjà fait.
Dawson entra dans le box tout sourire. Elle déploya tout son charme.
— Ça va Matt ? demanda-t-elle d’une voix mielleuse qui hérissa le poil de Shay.
— Oui, ne t’inquiète pas. J’ai prévenu Hallie et elle ne devrait pas tarder. Vu l’heure, je ne pense pas qu’ils me laisseront sortir avant la fin de la garde.
En entendant le nom de la fiancée de Matt, Dawson fit la grimace. Elle ne la supportait pas, elle la trouvait trop mielleuse et insignifiante pour un homme comme Casey. Il méritait une femme comme elle qui savait ce qu’elle voulait faire de sa vie.
— Suis contente que tu n’aies rien, répondit-elle avec une moue boudeuse. Shay on y va ?
— Je viens.
Matt posa la main sur celle de l’ambulancière pour l’inciter à garder son calme avec sa coéquipière, les enjeux étaient trop grands pour qu’elle se laisse déborder par ses émotions. Ce geste n’échappa à Dawson qui regarda Leslie avec curiosité. Celle-ci ne fit aucun commentaire et se dirigea vers l’ambulance non sans avoir demandé à Casey de la tenir au courant de l’évolution de la situation.
A la caserne, Jessica regarda sa montre, il était près de trois heures du matin et aucun des engins n’était encore rentré. Leslie lui avait envoyé les dernières nouvelles sur la santé de Kelly, il lui avait fallu faire un effort quasi surhumain pour ne pas craquer et aller directement à l’hôpital. De plus elle ne pouvait parler avec personne de son équipe de ce qui venait de se passer, tout le monde était occupé avec la fusillade et Lindsey ne lui avait toujours pas donné des nouvelles de Danny. Elle se sentait tellement seule, c’était comme si son monde s’écroulait. Elle essuya rageusement les quelques larmes qu’elle avait laissé couler. Elle aurait tout le temps de pleurer quand ce cauchemar serait terminé. Elle était dans la salle de briefing, elle rangea tous les éléments de l’enquête et remit un peu d’ordre pour remettre la pièce dans le même état où elle l’avait trouvée comme elle l’avait promis au chef. Cela lui permit de s’occuper l’esprit. Juste après avoir appelé Shay, elle avait contacté Erin qui était venue récupérer la bouteille de monoxyde de carbone. Elle lui promit de lui donner aussi l’appareil respiratoire de Kelly pour analyse, mais avant elle y jetterait un œil. Elle supposait que le chef voudrait faire de même. Enfin elle entendit du bruit venant du garage. Visiblement tous les engins rentraient en même temps. Elle entendit un brouhaha et les pompiers se traînèrent vers le dortoir. Ils avaient l’air totalement exténués. Elle prit le sac où elle avait rangé ses dossiers ainsi que la radio et sortit. Herrmann s’arrêta étonnée de la voir encore debout à une heure aussi tardive.
— Insomnie ? demanda-t-il
— Ouais, disons qu’aujourd’hui n’a pas été un bon jour. Pour la caserne non plus à ce que je peux constater. Comment vont vos deux lieutenants ?
— Oh aussi bien que possible, répondit Christopher en soupirant. Ils sont en vie et vont s’en remettre c’est tout ce qui compte.
— Vous avez raison Herrmann. Vous devriez aller vous reposer avant que la sirène ne se remette en marche.
— Merci jeune fille. Tenez bon la rampe, je suis sûr que les choses vont finir par s’améliorer.
— Je n’en doute pas, j’espère juste que le prix à payer ne sera pas trop élevé.
— Je l’espère aussi.
Elle vit Boden s’approcher un sac à la main. Lui aussi avait l’air d’avoir mené une rude bataille. Il lui fit signe de le suivre jusqu’à son bureau. Il ferma la porte, ferma les persiennes et se laissa tomber sur le canapé qu’il y avait dans un coin de la pièce non sans s’être servi un verre de bourbon avant.
— Ça va chef ? demanda la jeune femme inquiète.
— Sale journée, mes deux lieutenants sont à l’hôpital et l’un d’eux est dans un caisson hyperbare et je ne peux rien faire pour améliorer la situation.
— Je sais, Shay m’a envoyé un message pour me prévenir, j’irai à l’hôpital dès la fin de la garde. Je ne peux pas rester loin de lui. De toute manière j’ai rendez-vous pour une IRM, j’ai une excuse toute trouvée pour être sur place au cas où quelqu’un de la caserne irait prendre de ses nouvelles ce dont je doute beaucoup.
— Je ne sais pas comment vous faites. Vous semblez si calme.
— Ce n’est qu’une façade chef, si je m’écoutais… Mais je suis obligée de jouer avec les cartes que l’on m’a données. Avez-vous pu récupérer l’appareil respiratoire de Kelly ?
— Je l’ai ici dans le sac. Je suppose que vous avez appelé l’inspecteur Lindsay ?
— Oui elle a déjà récupéré la bouteille que j’ai trouvée. Elle attend mon appel pour venir chercher l’ARI mais je pense qu’il serait plus discret de le lui remettre hors de la caserne. Il ne faut pas que le lieutenant de pacotille se doute de quoi que ce soit.
— Vous pensez vraiment que c’est Caldwell qui est à l’origine de cet incident ?
— Qui d’autre à votre avis ?
— J’ai du mal à concevoir qu’un lieutenant puisse vouloir la mort de son subordonné…
— Quand ce subordonné a toutes les chances de récupérer le poste qu’il occupe je dirai que c’est un mobile des plus plausibles. J’ai vu des choses bien plus curieuses vous savez. Si on jetait un œil à cet appareil.
Boden le sortit du sac qu’il avait posé à ses pieds. A première vue, l’appareil avait l’air en état de marche. Le manomètre semblait ne pas avoir été trafiqué.
— Difficile de dire si quelque chose ne va pas avec cet appareil, murmura le chef
— Certes il faut un laboratoire et du matériel pour analyser le contenu de la bouteille, en revanche, je peux toujours chercher des empreintes et de l’ADN. J’ai laissé mon kit dans le casier de Leslie.
— Faites, ça nous avancera peut-être un peu.
— D’accord je vais le chercher.
Jessica n’eut pas le temps de quitter le bureau, on toqua à la porte et le chef rangea rapidement l’appareil dans le sac à ses pieds.
— Entrez, fit-il de sa grosse voix.
Il fut surpris de voir Shay accompagné d’Herrmann, tous deux avaient l’air perturbés.
— Qu’y a-t-il ? Il est arrivé quelque chose à Casey ou Severide ? demanda-t-il avec une certaine impatience.
— Non, non tout va aussi bien que possible, Casey doit rester sous oxygène encore quelques heures. Quant à Severide, eh bien le Dr. Halstead est optimiste, il devrait pouvoir sortir du caisson dans six ou sept heures et ensuite ils devraient le garder en observation pendant au moins vingt-quatre heures, expliqua Shay. Halstead est d’avis qu’il ne devrait pas reprendre le travail tout de suite. Il trouve qu’il a eu trop d’accidents ces derniers temps et il s’inquiète des effets que ces multiples traumatismes vont avoir sur sa santé physique et mentale.
— Mais je suppose que ce n’est pas ça qui vous amène, fit le chef. Entrez et fermez la porte.
— Pas vraiment chef, fit Herrmann en se balançant d’un pied sur l’autre.
Le téléphone de Jessica se mit à sonner et elle décrocha rapidement en voyant le nom de son interlocuteur. Ses mains tremblaient tellement qu’elle dut poser son téléphone sur ses genoux et mettre le haut-parleur. Cela faisait des heures qu’elle attendait cet appel.
— Lindsey… Dis-moi qu’il va bien…
— Il est sorti de chirurgie il y a une demi-heure. Il a perdu pas mal de sang et ils ont dû le transfuser. Les médecins ont fait tout ce qu’ils ont pu pour réparer les dommages.
— Mais il va s’en remettre…
— Ça va prendre du temps, il n’a plus aucunes sensations dans les jambes, Jess.
— Mais c’est temporaire…
— Oui, d’après le médecin, il a de grandes chances de remarcher mais pas tout de suite, il lui falloir de la patience. Tu connais Danny, il n’a pas une grande confiance en lui et je crains qu’à un moment ou à un autre, il ne lâche l’affaire.
— Ne t’inquiète pas si jamais ce moment arrive, je me ferai un devoir de lui botter les fesses. Parce que j’ai bien l’intention de bientôt larguer Charlie.
— Je n’en doute pas. Merci Jess… Je sais qu’il est tard mais j’avais besoin de parler à une amie.
— Pas de problème, je ne dormais pas de toute manière. Toute cette journée est un cauchemar et malheureusement ce n’est pas fini.
— Attends ne me dis pas que ce lieutenant de pacotille a remis ça ! Comment va Kelly ?
— Je ne te le dirai pas alors, mais Kelly est au moment où on se parle en caisson hyperbare pour une intoxication au monoxyde de carbone.
— Comment ?
— Je ne sais pas, je n’ai que des suppositions mais dès que j’en saurais plus tu seras la première à le savoir. De toute manière, on se verra à l’enterrement d’Angell.
— Tu comptes faire le déplacement ?
— Absolument, je veux avoir l’occasion de lui dire au revoir et à bientôt.
— Je serai heureuse de te voir, tu nous manques. Faut que je te laisse Mac et Stella viennent d’arriver avec du ravitaillement.
— Ça marche, prend soin de toi ma belle et appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.
— Ce dont j’ai besoin, c’est de savoir que Kelly va bien et qu’il a retrouvé son poste de lieutenant.
— Ne t’inquiète pas Linds, j’y travaille de pied ferme.
Elle raccrocha en poussant un soupir de soulagement. Danny allait s’en sortir, il était hors de danger.
— Ça va Jess ? demanda Shay.
— Ouais, mais ça ira mieux quand je pourrais voir Kelly de mes propres yeux, répliqua Jessica oubliant qu’Herrmann était dans la pièce.
— Attends, fit le pompier en écarquillant les yeux. Toi et Kelly ? Toi et Kelly vous êtes…
— Ensembles ? En couple ? compléta la jeune femme en souriant. Oui Herrmann.
— Mais enfin depuis quand ? Comment ? Pourquoi il n’a rien dit ? Pourquoi il nous a laissé croire cette histoire de coureur de jupon, je ne comprends pas.
— Parce que c’était plus facile pour cacher notre histoire, on est ensemble depuis deux ans maintenant. Et même à distance ça marche.
— C’est pour lui que tu es venue, pour l’aider…
— Oui et j’aimerai beaucoup que cela reste entre nous Christopher. Personne à part les personnes dans cette pièce et le lieutenant Casey n’est au courant des liens qui m’unissent à Severide et il vaut mieux pour ma sécurité et pour celle de Kelly que cela reste ainsi.
— Je comprends mais si je m’attendais à ça…
— En revenant à l’affaire qui nous occupe, Shay tu pourrais aller me chercher mon kit ? Il est dans ton casier, je voudrais essayer de trouver des empreintes sur l’ARI de Kelly.
— Je reviens tout de suite.
Herrmann semblait perturbé par ce qu’il venait d’apprendre mais cela donnait un sens à certaines choses qu’il avait remarqué depuis l’arrivée de la jeune femme. Shay arriva quelques minutes plus tard avec un sac noir. Jessica en sortit de quoi faire des prélèvements ADN et d’empreintes, à chaque étape elle prenait des photos pour documenter la procédure.
— Dis-moi Herrmann qu’est-ce qui t’as amené dans mon bureau en premier lieu ? demanda le chef avec curiosité.
— Ah oui. Je me suis rendu compte que mon téléphone était resté dans le camion alors je suis allé le chercher. Je discutais avec Shay près de l’ambulance quand on a entendu le lieutenant Caldwell, il avait l’air très en colère.
— Laissez-moi deviner, fit Jessica en continuant de travailler. Il était en colère parce que Severide s’en est tiré.
— C’est cela, j’en ai eu des frissons dans le dos. Il y avait tellement de haine dans sa voix.
— Vous avez entendu à qui il parlait ? demanda le chef.
— Un certain Harrison.
— Le substitut du procureur, celui qui nous a interrogé Kelly et moi.
— Quoi ? Pourquoi vous avez été interrogé par le substitut du procureur ?
— A cause des accusations de Tara Little, il veut faire de cette histoire un exemple.
— En tout cas, ils ont l’air d’être des amis proches si j’en juge par la manière dont ils se parlaient, ajouta Herrmann.
— Ça m’étonne qu’il n’ait pas laissé échapper ma relation avec Severide.
— Quoi ? Vous étiez au courant ? demanda le pompier abasourdi.
— Qu’ils étaient amis ? répondit le chef. Oui le procureur nous en a informé hier matin.
— C’était hier matin ? demanda Jessica, j’ai l’impression que ça fait beaucoup plus longtemps. La bonne nouvelle c’est qu’il est bien décidé à aller jusqu’au fond des choses. J’espère qu’il aura disculpé Kelly avant la commission de jeudi, ce serait un argument de poids pour qu’il récupère son poste.
— Tu as trouvé quelque chose ? demanda Shay
— Yep plusieurs empreintes, sur la bouteille et le harnais. Je ne suis pas sûre pour l’ADN, faudra voir ça avec le labo, en espérant qu’ils puissent presser les choses.
— Je vais aller me débarbouiller un peu, fit Herrmann. Vous devriez vous reposer un peu jeune fille, la journée a été longue.
— Il a raison Jessica, va t’allonger un peu dans le bureau de Casey, tu y seras tranquille.
— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de rester seule avec le lieutenant de pacotille dans les parages, pas après les avances qu’il m’a faites.
— Tu as raison, je n’avais pas pensé à cela. Prends le lit de Kelly, je suis sûre qu’il ne t’en voudra pas.
— Comment ça des avances ? Tu veux dire que le lieutenant Caldwell t’a dragué ? fit Herrmann scandalisé en tutoyant Jess sans y faire attention.
— Non seulement draguée mais il lui a fait des propositions indécentes si tu vois ce que je veux dire, répliqua Shay.
— Je ne sais pas vous mais ça me donne envie de vomir.
— Oh tu n’es pas le seul. Allez viens Jess, on va essayer de se reposer un peu avant que la sirène ne se remette en marche.
La jeune femme essaya de protester mais elle savait qu’elle n’aurait pas le dessus face à l’ambulancière. Et puis elle devait bien admettre qu’elle se sentait vidée de toute énergie. Quand elles entrèrent dans le dortoir après avoir fait une toilette sommaire, la moitié des lits étaient déjà occupés. Le bureau de Casey était plongé dans le noir, mais Jess remarqua le regard de Caldwell posé sur elle. Elle frissonna, elle pouvait y voir du désir, de l’envie mais aussi de la cruauté. Shay l’aida à s’allonger, ce n’était pas le plus confortable des lits mais au moins elle pourrait reposer ses pauvres muscles fatigués. Malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à calmer ses pensées. Elle était effrayée à l’idée de perdre Kelly, effrayée des résultats de l’IRM du lendemain. De cet examen dépendait son avenir au laboratoire. La rumeur courrait que le chef de la police Sinclair en avait après son patron. Elle savait qu’ils avaient besoin d’un enquêteur à plein temps qui pourrait aller sur le terrain et non pas d’un spécialiste cantonné dans les laboratoires. Avec la blessure de Danny, le labo se retrouvait avec un autre enquêteur en moins. Elle regarda sa montre, il était près de 4h30 du matin, plus que quelques heures et elle pourrait retrouver Kelly. Il lui tardait de pouvoir le prendre dans ses bras, de sentir sa peau contre la sienne.
De son côté, le chef n’arrivait pas non plus à trouver un peu de repos. Assis sur le canapé, il ne cessait de se repasser le déroulement des derniers événements. Il n’arrivait toujours pas à comprendre comment un pompier pouvait éprouver tant de haine au point de souhaiter la mort d’un collègue et de passer à l’acte. Il avait informé l’inspecteur Lindsay qu’il passerait au commissariat après sa garde pour lui apporter l’appareil respiratoire incriminé pour le faire expertiser.
Dans son bureau, le lieutenant Caldwell rongeait son frein. Il attendait avec impatience que tout ce beau monde s’endorme pour aller se débarrasser des preuves l’incriminant : la bouteille de monoxyde de carbone qu’il avait caché dans la pièce des équipements et l’ARI de Severide qui devait être dans le camion avec les autres. Son regard se porta sur Shay et Wardfield qui discutaient. Il passa sa langue sur ses lèvres, une fois Severide éliminé, elles tomberaient toutes les deux dans ses filets. Les deux jeunes femmes finirent par se coucher. Il attendit encore quelques minutes avant d’aller dans la salle des équipements. Il chercha et chercha encore mais il ne trouva pas trace de la bouteille. Il alla ensuite jusqu’au camion et fouilla tous les compartiments. Tous les appareils respiratoires étaient là sauf celui de son rival. Il était pourtant sûr de l’avoir vu quand Severide avait été sorti de l’immeuble par le chef. Il se creusa la tête mais aucune idée ne lui vint en tête. Personne ne pouvait savoir, il avait été très prudent. Il était certain que personne ne l’avait vu manipuler l’ARI. Tous les autres étaient devant le poste de télévision quand il avait saboté le matériel. Avec la rage au ventre, il retourna dans son bureau. Jessica, qui avait remarqué son manège, sourit dans l’obscurité. Elle ne pouvait qu’imaginer ce que ce lieutenant de pacotille pouvait penser en voyant que ce qu’il cherchait n’était plus à sa place.
La garde était enfin terminée et Jessica en était soulagée. Elle n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Certes elle avait somnolé, mais chaque bruit, chaque soupir, chaque mouvement dans le dortoir l’avait fait sursauter. Shay et elle avaient prévu d’aller directement au Med pour prendre des nouvelles de Severide. Jess était impatiente. L’hôpital ne les avait pas contactés ce qui était bon signe, du moins elle l’espérait. Lindsey lui avait envoyé un message l’informant que Danny était réveillé et déjà en train de râler. Elle fit rouler son fauteuil jusqu’à la voiture de Shay où elle s’installa sans trop de difficultés. Son IRM était programmée pour le début de l’après-midi. La journée allait être longue. Quand elles arrivèrent à l’hôpital, elles croisèrent le Dr. Halstead qui se rendait justement au chevet du pompier.
— Bonjour Shay, j’aurais dû me douter que tu viendrais dès la fin de ta garde. Qui est ton amie ?
— Jessica Ann Wardfield, elle travaille pour le labo de police scientifique de New York.
— Alors c’est vous que Severide appelait… murmura le médecin.
— Je vous demande pardon ? demanda Jessica.
— Severide a repris brièvement connaissance avant qu’on le descende et qu’on le mette dans le caisson avant de sombrer de nouveau dans l’inconscience. Il n’arrêtait pas de demander une certaine Jessica. Mais…
— Mais vous ne saviez pas qui contacter, suppléa Jess.
— C’est cela.
— Et quelles sont les nouvelles, doc ? demanda Shay.
— Son séjour dans le caisson se passe bien. Il a repris connaissance il y a deux heures.
— Quand est-ce que vous allez l’en sortir ? s’enquit Leslie.
— On va le savoir tout de suite. Cependant, je vous demanderai de m’attendre dans le bureau adjacent.
— Pas de soucis tant qu’on a des nouvelles, fit Jess en soupirant. Elle se sentait totalement vidée de toute énergie.
— Vous êtes sûre que tout va bien ? fit le médecin en détaillant la jeune femme du regard.
— Ça a été une très longue journée. Et elle n’est pas près de se finir malheureusement, du moins pas tant que je n’aurais pas vu Kelly de mes propres yeux, répliqua Jessica avec une force qu’elle était loin de ressentir.
Laissant les deux jeunes femmes dans le bureau, il entra dans la pièce où se trouvait le caisson. Il vérifia les constantes du pompier et fut satisfait de ce qu’il voyait. La période critique était passée, son taux d’oxygène était revenu pratiquement à la normale. Tout ce dont il avait besoin, c’était de repos. C’est pour cela qu’il était bien décidé à le garder en observation encore vingt-quatre heures. Il fit signe aux deux infirmiers présents de sortir Kelly de sa prison de métal. Une fois à l’extérieur, il fut placé immédiatement sous oxygène, il fallait aider ses poumons à se remettre de ce nouveau traumatisme.
— Alors comment ça va ? demanda Will Halstead.
— Comme si j’étais passé sous un camion. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Il semblerait que vous ayez été exposé à du monoxyde de carbone.
— Je ne comprends pas, murmura-t-il le souffle encore un peu court. J’ai porté mon appareil respiratoire tout du long.
— D’après le peu que je sais c’est de là que viendrait le problème. Mais je pense que vos amies pourront vous en dire plus…
— Mes amies ?
— Oui Shay est là accompagné par une jeune femme en fauteuil.
— Jessica.
— Oui c’est cela. On va vous installer dans une chambre, je vais vous garder encore une journée pour m’assurer que vos poumons n’ont pas subi de dommages. On vous fera passer quelques examens et si tout va bien vous pourrez sortir dès demain. Cependant il serait plus raisonnable de vous arrêter quelques jours pour permettre à votre corps de se remettre de ces multiples traumatismes. Je ne veux pas dire mais vous avez atterri aux urgences trois fois en quatre gardes.
— Ce n’est pas vraiment possible, je suis sur le fil du rasoir et le nouveau lieutenant se servira de toute faiblesse de ma part pour me mettre à la porte et je ne peux pas me le permettre.
— Ce n’est pas raisonnable.
— Je sais doc, mais on touche pratiquement au but. D’ici jeudi, je devrais savoir ce qu’il en est.
— Désolé mais je ne suis pas sûr de tout comprendre. Je suppose qu’il est inutile d’essayer de vous faire changer d’avis.
— Non pas vraiment, je vous promets doc, je serai aussi prudent que possible étant donné la situation.
— Bien je vais demander que vous passiez une radio avant qu’on vous installe dans votre chambre.
— Doc… Je pourrais voir Jess… S’il vous plaît…
— Deux minutes pas plus…
Will alla chercher les jeunes femmes qui attendaient avec impatience des nouvelles du pompier.
— Alors ? demanda Shay en voyant le médecin entrer dans la pièce.
— Il va aussi bien que possible, je vais l’envoyer passer une radio avant qu’il soit installé dans une chambre pour les prochaines 24h. Je vais vous permettre de le voir mais pas plus de deux minutes.
— Merci doc.
Le Dr. Halstead accompagna les deux jeunes femmes dans la salle où se trouvait le caisson. Jess ne put retenir ses larmes quand enfin elle put voir Kelly. Elle lui prit la main y déposa un baiser.
— Hey, je vais bien, murmura-t-il
— J’ai eu tellement peur… J’ai cru te perdre encore une fois, murmura-t-elle en laissant couler les larmes qu’elle avait retenues depuis le soir précédent.
— Oui mais je suis là…, répondit-il en lui caressant le visage, ils ne pouvaient s’embrasser car la civière était trop haute mais il tenait à la rassurer le plus possible. Tu devrais rentrer à l’appartement te reposer.
— Non, je ne te quitte pas, je n’arriverai pas à dormir avec tout ce qui s’est passé. Et de toute manière tu sais très bien que j’ai une IRM programmée en début d’après-midi.
— Des nouvelles de Danny ?
— Il est hors de danger.
— Tant mieux, soupira-t-il satisfait.
Un peu plus loin, Shay regardait les amoureux tout en discutant avec le médecin.
— Il a eu de la chance, fit Will en secouant la tête. C’était vraiment limite.
— Il a surtout une fiancée qui veille au grain. Croyez-le ou non c’est elle qui a découvert d’où venait le problème, c’est à elle seule qu’il doit la vie.
— Je suis tout de même inquiet, cela fait trois incidents majeurs en peu de temps. Je ne suis pas sûr que son corps puisse continuer à supporter une telle pression.
— C’est compliqué Doc, il est sur la sellette, le moindre faux pas peut lui coûter son poste.
— Ce n’est pas une raison pour mettre sa santé à si rude épreuve.
— Je sais mais on y est presque, s’il abandonne maintenant tout ce qu’on aura fait aura été en vain.
— Je comprends, j’espère juste ne pas le revoir dans mon service de sitôt.
— J’espère aussi…
Le médecin sourit à l’ambulancière, même s’il ne connaissait ni les tenants, ni les aboutissants de toute l’affaire, il comprenait que la carrière du pompier était en jeu. Il s’approcha avec Shay du couple qui bavardait à voix basse.
— Faut y aller, fit le médecin en interrompant les deux amoureux.
— Merci Dr. Halstead, dit Jessica.
— Vous avez l’air épuisé toutes les deux, vous devriez aller manger quelque chose à la cafétéria.
— Oui mais… objecta Shay.
— Ne t’inquiète pas, j’enverrais April vous chercher quand il sera installé.
— D’accord…
Shay entraina Jess à la cafétéria, elles avaient besoin de manger quelque chose si elles voulaient tenir sur la distance. Jessica choisit une table un peu à l’écart et attendit Leslie qui revint avec un plateau chargé de victuailles.
— Ah ne me dis pas que tu n’as pas faim ! s’exclama l’ambulancière en voyant son amie commencer à objecter. Tu vas me faire le plaisir de manger, le diner est déjà loin et la nuit a été longue. Tu vas avoir besoins de forces si tu veux continuer ta bataille contre comment tu l’appelle déjà ? Ah oui le lieutenant de pacotille ainsi que ses acolytes.
— Je sais, je sais mais tout est si… Compliqué… Comment dire ? Je suis venue pour aider l’homme que j’aime à se sortir d’une situation ubuesque et j’ai failli le perdre à trois reprises. Le pire c’est que je ne peux rien y faire et ce n’est pas parce que je suis en fauteuil, c’est parce qu’une certaine personne veut se débarrasser de lui et qu’on n’en a pas la moindre preuve.
— On va le contrer et on va réussir à le virer. Crois-moi foi de Leslie Shay, si jamais il retouche à Severide, je ne donne pas cher de sa peau.
— T’inquiète, je t’aiderai même à cacher le cadavre s’il le faut, répliqua Jess en esquissant un sourire. Mais il n’y a pas que Kelly, y a aussi Mac, Danny et toute l’équipe. Je me sens coupable de ne pas pouvoir les aider. Angell était mon amie.
— Comment était-elle ?
— Par certains côtés elle me fait penser à toi. Elle avait un caractère de chien, elle savait ce qu’elle voulait et elle mettait tout en œuvre pour l’obtenir. Et puis elle n’avait pas sa langue dans sa poche. Tout comme toi elle n’hésitait pas à remettre à sa place quiconque se mettait sur son chemin. Valait mieux ne pas se la mettre à dos. On l’avait surnommé Badass Jess.
— Vous faisiez la paire, je crois me souvenir que Kelly m’a dit qu’on t’avait surnommée « l’ouragan Jessica ».
— Ouais… Parait que je suis terrifiante quand je passe en mode « Maman Ours ».
— « Maman Ours » hein… Je serai curieuse de voir ça.
— D’après les collègues il ne vaut mieux pas, continua Jessica en secouant la tête. La dernière fois que c’est arrivé, avec Angell, on a mis au tapis cinq types, genre mastodontes sous stéroïdes. Ils avaient tabassé un groupe d’ados pour un regard mal interprété. Ils les ont envoyés à l’hôpital sans aucun remords alors on leur a rendu la pareille.
— Tu déconnes…
— Non tu pourras demander à Kelly, il était là. C’était lors de sa dernière visite avant que je ne sois blessée.
— Et il n’est pas intervenu ?
— Je ne lui ai pas vraiment laissé le choix tu sais. Tu aurais dû voir sa tête quand il est enfin sorti de la voiture quand les renforts sont arrivés. Il nous a regardées comme si on était des extra-terrestres. Oh Shay tu aurais adoré Angell, vous vous seriez très bien entendues…
— J’aurais aimé la connaitre. Tu sais, je ne sais pas grand-chose de toi mis à part ce que Kelly a bien voulu me raconter. Mais ce que j’ai vu depuis que tu es arrivée confirme ce que je savais déjà, il a de la chance de t’avoir. Il suffit de voir comment il te regarde. C’est un miracle que personne n’ait rien remarqué à la caserne.
— C’est moi qui aie de la chance, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs et pourtant il est toujours là, à mes côtés.
Finalement elles mangèrent tout ce que Leslie avait ramené. Au bout d’une heure, une infirmière vint les chercher.
— Shay, il est installé. Chambre 345 en pneumologie.
— Merci April. Je te présente Jessica, Jess voici April…
— Sexton… l’interrompit-elle. Kelly m’a déjà parlé de vous, c’est à vous qu’il doit d’avoir eu un peu de paix et de tranquillité pendant ses jeunes années. Merci d’avoir été une amie aussi précieuse pour lui.
— De rien, je n’ai jamais pu résister à ses yeux de chien battu, répliqua-t-elle avec un petit sourire en coin.
— A qui le dites-vous… Il sait très bien en jouer, le sacripant, je me fais avoir à chaque fois.
Les trois femmes quittèrent la cafétéria en discutant. April était inquiète pour Severide, elle craignait que sa chance ne finisse par tourner.
— Je vous comprends April, fit Jessica en prenant la main de l’infirmière dans la sienne. Et je vous promets que je vais faire tout mon possible pour mettre un terme à tout ça aussi vite que possible. Il va juste nous falloir encore un peu de temps et de chance.
Quand Shay et Jessica entrèrent dans la chambre, elles furent choquées de voir à quel point Kelly semblait fragile dans ce lit d’hôpital. Son visage était creusé et il avait perdu pas mal de poids même s’il était parvenu à le dissimuler aux yeux de tous. Seule Jessica l’avait remarqué mais elle n’avait pas vraiment osé aborder le sujet. Il était tellement à fleur de peau qu’elle ne voulait pas déclencher une dispute qui pouvait mal se finir. Il avait fermé les yeux mais il ne dormait pas. Il essayait de calmer son esprit agité. Il avait du mal à se faire à l’idée que quelqu’un, et qui plus est un pompier, voulait l’éliminer. Il ouvrit les yeux en entendant la voix de Shay
— Hey comment ça va ? demanda Leslie en entrant accompagnée par Jessica qui s’approcha et prit sa main dans la sienne.
— Comme si j’étais passé sous un camion. Halstead dit que j’ai été intoxiqué par du monoxyde de carbone, mais je ne comprends pas, j’ai porté mon ARI pendant toute l’intervention.
— Et c’est justement l’ARI le problème, dit Shay en jetant un œil à Jess qui frissonna en repensant aux événements de la nuit.
Shay entreprit de lui expliquer tout ce qui s’était passé pendant l’intervention, et plus elle parlait et plus Severide se rendait compte que sa vie n’avait tenu qu’à un fil.
— Tu as eu de la chance que Jess ait réussie à identifier le problème rapidement.
— Je savais bien que tu étais un petit génie, taquina-t-il la jeune femme qui était au bord des larmes.
— J’ai surtout eu de la chance que quelqu’un laisse une radio en salle de briefing, c’est grâce à ça que j’ai su ce qui se passait.
— Comment ça quelqu’un a laissé une radio dans la salle de briefing ? demanda Severide.
— Ouais après votre départ, je suis retournée à mon enquête, j’avais besoin de m’occuper l’esprit pour ne pas devenir tout à fait dingue et j’ai trouvé une radio sur l’une des tables. Et surprise ! Quand je l’ai allumée, elle était branchée sur votre canal. J’ai pu suivre l’intervention en direct et quand Casey a dit que tu avais eu un malaise, j’ai eu un mauvais pressentiment. Et je ne me suis pas trompée vu ce que j’ai trouvé. Je ne sais pas comment ce lieutenant de pacotille s’y est pris mais je suis sûre que c’est lui qui a trafiqué ton appareil respiratoire.
— Où est-il ?
— Ton ARI ? C’est le chef qui l’a, il doit le donner à Erin dans la matinée, quant à la bouteille de monoxyde de carbone, elle est déjà venue la récupérer cette nuit avant que les camions ne rentrent à la caserne.
— Et tu crois qu’ils vont trouver quelque chose ? demanda Kelly avec incertitude.
— J’ai relevé quelques empreintes, je ne sais pas si on aura de la chance de trouver de l’ADN. Par contre, pour le reste rien n’est moins sûr. Tu sais très bien comment ça marche. Tu m’as déjà regardé travailler plusieurs fois.
— Ouais… soupira-t-il en fermant les yeux.
Il se sentait totalement vidé de son énergie, il ne voulait pas dormir mais il était si fatigué. Il sentit la caresse de Jessica sur son visage, et sa voix qui lui murmurait des paroles rassurantes. Sans même s’en rendre compte, il sombra dans un sommeil sans rêves.
— Enfin, murmura Jessica, j’ai bien cru qu’il ne s’endormirait jamais. Leslie tu devrais rentrer prendre une douche et te reposer. Tu es sur les rotules, ne me dis pas le contraire.
— Je ne vais tout de même pas te laisser toute seule, s’insurgea l’ambulancière.
— Ne t’inquiète pas ça va aller. Et puis il va avoir besoin de quelques affaires pour se changer, son sac est resté dans son casier. J’y serai bien allée mais j’ai un léger problème technique, argua-t-elle avec un sourire fatigué.
— D’accord, d’accord mais tu m’appelles au moindre problème !
— Il n’y aura aucun problème, je veille au grain, tu peux dormir sur tes deux oreilles. Et puis ça ne m’étonnerait pas que le chef, Casey ou Herrmann passent lui rendre visite.
Shay s’en alla à regret, elle détestait abandonner son meilleur ami mais Jessica avait raison, elle était épuisée et n’avait plus vraiment les idées claires. Elle laissa son numéro à l’infirmière de garde au cas où il y aurait une urgence et elle rentra à l’appartement.
Chapter 13
Notes:
Ma muse me pose bien des soucis, elle n'a pas très envie de travailler et je ne sais pas quand je pourrais poster le prochain chapitre alors croisez les doigts pour qu'elle veuille bien coopérer, je voudrais venir à bout de cette histoire.
Ce pauvre Severide n'est pas au bout de ses peines et je suis sûre que je vais trouver comment lui compliquer la vie (et la mienne aussi au passage lol).
Attachez vos ceintures et enjoy the ride
Chapter Text
De son côté, le procureur continuait son enquête, il avait passé une partie de sa matinée au téléphone avec toutes les personnes concernées par les différentes accusations de Tara Little. Témoignage après témoignage, il pouvait voir un mode opératoire se dessiner. Le plus dur avait été de parler avec la veuve du pompier qui s’était donné la mort suite aux accusations de la demoiselle. Il regarda sa montre. Il était presque 10h. Elle n’allait pas tarder à arriver. Tara avait été surprise et contrariée d’être à nouveau convoquée au bureau du procureur. Elle voulait mettre cette histoire aux oubliettes et continuer avec sa vie. Elle avait entendu dire que l’une des secrétaires de l’un des chefs adjoints du grand ponte allait prendre sa retraite, et elle s’était mise en tête d’obtenir ce poste coûte que coûte. Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Elle faisait les cent pas depuis dix bonnes minutes dans le couloir sous les yeux désabusés de son avocat. Quand Lucius Harmond la fit entrer dans le bureau du procureur Morton, elle frissonna. Le regard de cet homme la transperçait, elle aurait pu jurer qu’il pouvait lire dans son esprit. La conversation avait commencé de manière plaisante, le procureur faisant un résumé de sa déposition initiale et lui demandant s’il n’y avait pas d’erreur. Elle confirma sans hésitation et avec aplomb toute l’histoire.
Alexander Morton l’observait et souriait intérieurement, tout se passait exactement comme il l’avait prévu. Cette femme était d’une arrogance sans limite. Il secoua la tête et passa à la seconde phase de son interrogatoire. Il ouvrit les quatre dossiers concernant ses autres mensonges. Il commença à détailler ses fausses accusations une par une, donnant des lieux, des dates et des témoins prêts à faire le déplacement des quatre coins du pays pour corroborer ce qu’il y avait dans les dossiers. Tara se décomposa au fur et à mesure se rendant compte qu’elle était piégée et que ses actions passées étaient en train de la rattraper. Elle se demanda comment le procureur avait eu accès à toutes ces informations. Après près de six heures d’interrogatoire, elle craqua et en versant des larmes de crocodile, elle avoua qu’elle avait menti sur toute la ligne et que Severide n’avait rien fait mis à part repousser ses avances. Lucius Harmond assistait le procureur, et il était bluffé de voir comment son patron avait manipulé la situation à son avantage. Il restait encore un entretien à venir et celui-là serait le plus déplaisant, l’interrogatoire du substitut Lawson. Ensuite ils pourraient définitivement blanchir le pompier Severide ce qui n’était pas fait pour leur déplaire.
Jessica s’était installée sur le fauteuil à côté du lit de Severide et avait fini par s’endormir, sa main dans celle de son bien aimé. April qui était passé voir le couple avait ramené une couverture qu’elle avait étendue sur la jeune femme. Elle avait du mal à imaginer Kelly engagé dans une histoire d’amour sérieuse mais à juger par ce qu’elle voyait, ces deux-là s’aimaient vraiment. Severide se réveilla un peu désorienté, puis son regard se posa sur Jessica et il sourit. Elle était si belle et semblait si paisible quand elle dormait.
— Hey, murmura April doucement pour ne pas réveiller la jeune femme. Comment tu te sens ?
— Un peu mieux. Quelle heure est-il ?
— Presque quatorze heures. Je n’ai pas voulu vous réveiller pour le déjeuner, alors j’ai gardé deux plateaux bien au chaud. Tu as faim ?
— Pas trop ces derniers temps.
— Je vois. Kelly que se passe-t-il ? Tu es quelqu’un de prudent en général et là tu as eu trois incidents majeurs en quatre gardes. Ça fait beaucoup. Et puis c’est quoi cette histoires d’harcèlement sexuel et de rétrogradation ?
— C’est une longue histoire très moche, April.
— Kelly ? fit Jessica la voix pleine de sommeil.
— Je suis là ma puce.
— Comment tu te sens ?
— Beaucoup mieux, mentit-il.
En vérité, il se sentait totalement épuisé et ce n’était pas seulement de la fatigue physique. Son corps et son esprit étaient proches du burn-out. Il ne savait pas combien de temps encore il pourrait supporter cette tension. Il avait du mal à l’admettre mais il était terrifié pas seulement pour lui mais aussi pour la sécurité de Jessica. Si jamais Caldwell apprenait le rôle qu’elle jouait, il était capable de s’en prendre à elle, de lui faire du mal et cela il ne le supporterait pas.
— Il est quelle heure ? demanda-t-elle en se passant la main dans sa natte à moitié défaite.
— Presque quatorze heures.
— Hey mince, faut que j’y aille, j’ai mon IRM à passer et je dois voir le Dr. Abrams après.
— Si vous voulez, je vous accompagne, proposa April
— C’est gentil mais je ne voudrais pas vous retarder.
— Il n’y a pas de problème. Je te la ramène dès qu’elle a terminé, répliqua-t-elle en s’adressant au pompier.
— Merci April, je te la confie, prend bien soin d’elle.
— Promis.
Jessica passa dans la salle de bain pour se débarbouiller et se recoiffer, histoire de se rendre présentable, pendant que l’infirmière ramenait le plateau repas à Severide. Comme elle le lui avait promis, l’infirmière accompagna la jeune femme jusqu’à l’IRM. Elle était contente de ne pas devoir s’y rendre seule parce que l’hôpital ressemblait à un vrai labyrinthe. Elles avaient traversé tant de couloirs et de services, pris au moins deux ascenseurs différents, elle n’était pas sûre qu’elle serait arrivée à destination sans encombre.
— Salut Jack, fit April à l’infirmier de l’accueil, je te confie Mlle Wardfield, appelle-moi dès qu’elle a fini, elle a une consultation avec le Dr. Abrams après.
— Pas de soucis, April. Mlle Wardfield, je vous demanderai de bien vouloir remplir ces papiers, je viens tout de suite pour vous poser le cathéter.
— Merci
— Ne vous inquiétez pas ça va bien se passer.
— Merci April.
April repartit laissant la jeune femme seule en salle d’attente. Elle se sentait très nerveuse. Elle aurait tant voulu que Kelly soit là, avec elle, pour la soutenir et lui éviter de penser à tous ces scénarios catastrophes qui tournaient en boucle dans sa tête. Elle sentit une main se poser sur son épaule et elle sursauta, elle eut la surprise de trouver Herrmann à ses côtés.
— Herrmann ? Mais qu’est-ce que ?
— Le chef, Casey et moi on est venu voir Severide. C’est lui qui m’envoie, il ne voulait pas que tu sois toute seule pour ton IRM. Oh et puis Cindy a fait quelques cookies, Kelly a dit que tu n’avais rien mangé, alors je suis venu te ravitailler.
— C’est gentil, Christopher, fit la jeune femme en prenant le petit container avec les gâteaux fait maison.
Elle en prit un et mordit dedans à pleines dents. C’est vrai qu’elle était affamée mais son cerveau surchargé ne l’avait pas remarqué.
— Comment ça va, jeune fille ? demanda le pompier en observant Jessica.
— Si je dis bien, tu ne me croiras pas, n’est-ce pas ? fit-elle en détournant le regard.
— Tu as raison, je ne te croirais pas. Alors dis-moi, comment ça va ?
— La vérité ? Je n’en suis pas sûre, je ressens tellement de choses que tout est brouillé. Je n’arrête pas de me dire que peut-être la prochaine fois la chance de Kelly tournera et que je vais le perdre.
— C’est quelqu’un de fort tu sais…
— Oui mais tout le monde a son point de rupture. Je le connais assez pour savoir qu’il n’en est pas loin même s’il sait très bien le cacher, dit-elle avec frustration. Je me sens si fatiguée, si impuissante mais aussi si triste et en colère. Mais surtout j’ai peur de ce que l’avenir nous réserve, les choses vont aller beaucoup plus mal avant d’aller mieux. Et j’ai beau essayé de me raisonner, je n’ai qu’une envie le prendre dans mes bras et ne plus le lâcher.
— Je te comprends tu sais, je serai perdu si jamais il arrivait quelque chose à Cindy. Je n’ose pas imaginer ce qui te passe par la tête, mais sache qu’avec Casey, Shay et le chef, on va faire tout notre possible pour qu’il te revienne après chaque garde, c’est une promesse que je te fais.
— Une promesse presqu’impossible à tenir et tu le sais.
— En tout cas je ferai tout mon possible et même plus.
— Merci Herrmann, répondit-elle au bord des larmes.
— Mlle Wardfield ? fit l’infirmier. On va pouvoir y aller.
— D’accord.
— Ne t’inquiète pas je reste là.
— Merci, murmura-t-elle en déposant un léger baiser sur la joue du pompier.
Elle suivit l’infirmier qui l’aida à se déshabiller et à passer l’une des blouses de l’hôpital. Elle grimaça quand elle sentit l’aiguille transpercer sa peau au pli du coude. Puis il l’installa dans l’appareil et elle ferma les yeux.
— Essayez de bouger le moins possible. L’examen ne devrait pas durer plus d’une vingtaine de minutes.
— D’accord merci.
La porte de la salle se ferma et l’appareil se mit en route. Le son était épouvantable, par moment cela lui donnait l’impression qu’elle était en train d’être découpée en fines lamelles. Elle sourit à cette pensée absurde.
Dans la chambre de Severide, le chef et Casey essayaient de distraire le pompier. Celui-ci était impatient de connaitre les résultats de l’IRM. Il voulait au moins avoir une bonne nouvelle. Le téléphone de Jessica sonna, elle l’avait oublié sur le fauteuil.
— Casey, tu veux bien regarder qui appelle ?
— Attends… Lindsey…
— Passe-moi le téléphone… Hey salut ma belle ! dit-il en décrochant.
— Kelly ? Où est Jessica ?
— Elle passe une IRM. Comment va Danny ?
— Aussi bien que possible. Il a fini par s’endormir. Les médecins ont dit que sa paralysie était temporaire, tout comme pour Jessica mais, lui, le prend avec beaucoup moins de philosophie. Et toi ? Jess m’a dit pour le caisson hyperbare.
— Ouais, j’ai eu de la chance.
— Des nouvelles du labo ?
— Pas encore mais d’après Erin ils sont en sous-effectifs et submergés de travail.
— Je n’arrive pas à croire que ce crétin ait tenté de te… Mon dieu…
— Hey, hey, je vais bien, les médecins me gardent encore quelques heures par précaution.
— Tant mieux, je ne supporterai pas une autre perte.
— Ne t’inquiète pas Linds, j’ai la peau dure. Je te promets de faire attention, et puis je ne suis plus seul maintenant, Jess, Casey, le chef et même Herrmann sont avec moi. Et puis si je n’étais plus là qui ferait enrager ton mari avec des théories fumeuses ? Alors tu vois… Tu n’as pas de raisons de t’inquiéter. Prends soin de toi, de Danny et de mini-toi. Et on se voit dans quelques jours pour le dernier voyage de Badass Jessica.
— Prends soin de toi et de Jess. Je vous embrasse fort.
— Moi aussi.
Il raccrocha et soupira. Lindsey avait l’air à bout. Il envisagea d’appeler Mac mais se ravisa. Le lieutenant savait comment prendre soin de son équipe. Il était sûr qu’il finirait par convaincre la jeune femme de rentrer se reposer et d’embrasser sa fille.
— Ça va ? demanda Casey.
— Ouais. Lindsey se fait du souci.
— Comment va son mari ?
— Il va s’en sortir mais ça va prendre du temps pour s’en remettre. Il va lui falloir de la patience et ce n’est pas un domaine dans lequel il excelle malheureusement.
— L’essentiel c’est qu’il s’en remette, fit le chef
— Je suis bien d’accord avec vous. Mais ça va être compliqué. Heureusement son équipe sera là pour le soutenir, et si Jessica passe en mode « Maman Ours », il n’a aucune chance.
— « Maman Ours » ? demanda Casey.
— Tu ne veux pas savoir, je te promets, fit Kelly en secouant la tête.
Le temps semblait s’être arrêté et Jessica tardait à revenir ce qui inquiétait le pompier d’autant plus. Il regarda la montre accrochée au mur face à lui. Cela faisait plus d’une heure que la jeune femme avait disparu dans les méandres de l’hôpital.
Herrmann patientait dans la salle d’attente à côté du bureau du Dr. Abrams. Jess avait voulu y aller seule et il avait respecté ce choix. Pourtant il n’avait pas manqué de remarquer à quel point elle était nerveuse. Jessica Ann Wardfield n’était pas femme à être facilement effrayée et pourtant elle était au bord de la crise de panique. Cet examen allait décider de la suite des événements pour les prochains mois. Elle était consciente que sa récupération prenait plus de temps que prévu. Mais tant que l’hématome ne se serait pas suffisamment résorbé, elle ne pourrait pas commencer les séances de physiothérapie et de kinésithérapie. Elle essayait de se convaincre qu’elle allait quitter ce fauteuil qui l’empêchait de vivre et travailler normalement. Elle était tremblante quand enfin elle pénétra dans le bureau du médecin accompagné par April.
— Miss Wardfield, je suis content de faire votre connaissance. Mon collègue le docteur Philips m’a fait un compte-rendu complet de votre situation. Si j’en juge par ce qui est écrit ici, vous auriez dû commencer votre rééducation il y a un mois déjà.
— Je sais mais d’après le doc, l’hématome est beaucoup plus étendu que ce qu’il avait anticipé d’où une guérison lente, très lente.
— Je comprends votre frustration mais la médecine, même si elle a fait d’énormes progrès, n’est pas une science exacte. Deux personnes ayant eu les mêmes blessures vont guérir de manière tout à fait différentes et à un rythme qui leur est propre.
— Je sais le Dr. Philips me l’a expliqué, je sais même qu’il existe un risque infime que je ne puisse jamais abandonner ce fauteuil parce que la pression de l’hématome aura fait des dégâts irréparables.
— Nous n’en sommes pas encore là, laissez-moi examiner les clichés et nous pourrons décider de la suite à tenir.
— J’ai hâte de pouvoir retrouver ma vie, ma vraie vie docteur, ça fait déjà plus de cinq mois et j’en suis toujours pratiquement au même point.
— Je vais déjà commencer par vous examiner, infirmière Sexton pourriez-vous aider Mlle Wardfield à se dévêtir et à monter sur la table ?
April aida la jeune femme à se dévêtir, ne gardant que ses sous-vêtements et l’installa sur la table d’examen. Pendant ce temps-là, le Dr. Abrams examina les différents clichés. Force était de constater que les choses évoluaient de manière beaucoup plus lente que ce qu’il avait pu espérer. L’hématome s’était certes résorbé mais pas autant qu’il l’aurait souhaité. La jeune femme allait devoir encore patienter quelques semaines pour pouvoir commencer sa rééducation.
— Bien voyons voir, sentez-vous le contact de ma main sur vos jambes.
— C’est très léger, un peu comme une plume.
— Bien c’est un progrès. Ressentez-vous des picotements ou des fourmis ?
— Oui par intermittence.
— Bien cela veut dire que les nerfs transmettent encore des signaux.
— C’est bon signe alors ?
— Tout à fait. Voyons voir le dos maintenant. Est-ce douloureux quand j’appuis là ? demanda-t-il en exerçant une pression sur certaines parties de son dos.
— Aïe oui, là ça fait un mal de chien, fit-elle en serrant les dents.
— Depuis quand est-ce douloureux ?
— Depuis ma chute, la douleur est toujours présente mais j’arrive à la gérer.
— Que prenez-vous comme antidouleur ?
— Du paracétamol ou de l’ibuprofène. Je mets aussi soit du froid ou du chaud. Cela aide parfois.
— Rien de plus fort ?
— Non pas depuis quatre mois.
— Bien rhabillez-vous et venez me rejoindre à mon bureau.
April aida la jeune femme à se rhabiller et à s’assoir sur son fauteuil. Jessica était nerveuse. L’infirmière posa sa main sur son épaule pour la rassurer.
— Alors ? demanda-t-elle le cœur battant en manœuvrant son fauteuil face au bureau du médecin.
— Eh bien la bonne nouvelle c’est que l’hématome continue de se résorber. Il a diminué de près de 10%...
— Mais parce qu’il y a un mais, n’est-ce pas ?
— Ce n’est pas encore assez pour vous permettre de commencer les exercices. Si nous commençons trop tôt, on risque de faire plus de mal que de bien et endommager certains nerfs vitaux pour votre guérison.
— Mais…
— Je sais que ce n’est pas ce que vous vouliez entendre mais il faut nous montrer prudent. Le fait que vous ayez des sensations et des paresthésies dans vos jambes est bon signe. Par contre je n’aime pas trop cette douleur au niveau de vos lombaires.
— Combien de temps encore doc ?
— Difficile à dire mais si cela continue à évoluer à ce rythme, je dirais encore deux bons mois.
— Quoi ? Mais c’est beaucoup trop ! répliqua-t-elle au bord des larmes.
— Ecoutez, tout espoir n’est pas perdu. Vous êtes sur la bonne voie et vu les premiers scans que le Dr. Philips m’avait envoyés, j’étais beaucoup plus pessimiste.
— Tout ceci est tellement frustrant !
— Je comprends mais comme dit il vous faut faire preuve de patience. Ce n’est pas un petit traumatisme que vous avez subi. Vous avez tout de même dévalé les escaliers, sur plus de deux étages, dans un roulé boulé incontrôlé après avoir pris une balle dans votre gilet. Sachant que vous avez déjà été sérieusement blessée au dos il y a quelques années, vous avez de la chance que la paralysie ne soit pas définitive. Continuez le massage au niveau des jambes et du bas du dos. Je vais vous prescrire un petit décontractant musculaire. Vous êtes beaucoup trop tendue. Je vous donne aussi quelque chose de plus fort pour la douleur au cas où cela s’aggraverait et je compte sur vous pour me contacter moi ou le Dr. Philips si c’est le cas.
— Je le ferai, mais disons seulement que ma vie n’est pas un long fleuve tranquille en ce moment, confia la jeune femme.
— Alors essayez de vous reposer le plus possible. Ne poussez pas votre corps à bout ce serait contreproductif.
— Je vais essayer doc.
— Bien, vous devrez repasser une autre IRM de contrôle dans deux mois. Je me charge de faire un compte rendu à votre neurochirurgien et c’est lui qui fixera le rendez-vous.
— Ok merci doc.
— Je suis désolé de ne pas avoir pu vous donner les nouvelles que vous espériez.
— Ce n’est pas votre faute si mon corps prend tout son temps pour se réparer.
— Voici mes coordonnées, n’hésitez pas à me contacter si jamais vous ressentez des douleurs ou des sensations inhabituelles.
— Merci doc.
Elle sortit de la consultation les larmes aux yeux. Elle ne voulait pas pleurer, elle voulait se montrer forte, surtout devant Kelly. Elle ne pouvait pas se permettre de rajouter son angoisse aux siennes, il était assez perturbé comme ça. Mais elle avait besoin d’externaliser tous ces sentiments qui bouillonnaient en elle. Une première larme coula le long de sa joue, puis une autre et elle dût s’arrêter de rouler car sa vision était brouillée. April fit un signe à Herrmann qui s’approcha d’elle et s’accroupit pour être à sa hauteur. L’infirmière en profita pour rejoindre les urgences, Maggi venait de la biper, plusieurs blessés dans un accident de voitures étaient en chemin.
— Hey, ça va jeune fille ? demanda Herrmann en lui tendant un paquet de mouchoirs.
— Oui, je suis désolée.
— Mauvaises nouvelles ?
— Pas tant que ça, je m’y attendais un peu, c’est juste dur à avaler. J’avais espéré me débarrasser de ce colocataire encombrant d’ici trois mois mais malheureusement il semble que cela va prendre quelques mois supplémentaires. Il ne reste plus qu’à prier que ce délai n’ait pas de conséquences irréparables.
— Je suis sûr que tout va bien se passer, la rassura Herrmann. Et si nous allions voir Severide ? Il doit être impatient de te retrouver.
— Merci, je veux bien, mais je ne suis pas sûre de pouvoir retrouver mon chemin dans ce dédale de couloirs.
— Il n’y a pas de problème, j’ai passé tellement de temps ici que je fais pratiquement parti des meubles, répliqua-t-il avec le sourire.
Ils refirent le chemin inverse en silence. Les propos du Dr. Abrams tournaient en boucle dans la tête de Jessica. Elle se sentait si perdue. Que se passerait-il si jamais elle ne récupérait pas sa mobilité ? Elle serait sûrement obligée de quitter son travail dans la police et c’est une chose à laquelle elle ne se sentait pas prête. Elle avait travaillé tellement dur pour en arriver là. Quand ils arrivèrent à la chambre, Jessica vit le lit vide et paniqua.
— Où est Kelly ? demanda-t-elle à Casey qui était assis tranquillement sur le fauteuil près du lit.
— Ne t’inquiète pas, le Dr Halstead l’a emmené refaire une radio, et il lui a refait une analyse des gaz du sang. Il semblerait qu’il aille mieux que ce qu’il pensait. Si la radio et les analyses sont bonnes, il pourra rentrer à l’appartement. J’ai déjà appelé Shay, elle est en route avec quelques affaires.
— Merci mon dieu, j’ai cru pendant un instant que…
— Hey, il va bien, fit Matt en s’accroupissant pour être à sa hauteur.
— Merci Matt. Où est le chef ?
— Il avait une réunion à l’état-major, il semblerait que le fait que Severide veuille faire appel fasse un peu de remue-ménage.
— Je vais leur en donner du remue-ménage moi si jamais ils osent priver Kelly de ses droits ! Parce que je suppose que c’est ce qu’ils veulent, qu’il ne fasse pas appel et se taise comme un bon petit soldat ? répliqua Jessica avec un brin de colère dans la voix.
— Je ne sais pas mais je connais assez le chef pour savoir qu’il ne se laissera pas marcher sur les pieds, répondit Casey en se demandant si « Maman Ours » n’était pas en train de se réveiller.
— Je l’espère. Je mettrais ma main à couper que le lieutenant de pacotille est derrière tout ça, dit Jessica
— Tu crois vraiment qu’il a le bras assez long pour ça ? demanda Herrmann qui avait gardé le silence jusque-là.
— Lui non mais son oncle oui, d’après ce que j’ai découvert il est à six mois de la retraite, il a donc tout intérêt à ce que Kelly s’écrase pour que son neveu puisse garder son poste.
— Oui mais je ne le ferai pas, affirma Severide en entrant dans la pièce accompagné de Will Halstead
— Alors doc ? Comment va cette tête de mule ? demanda Jessica en essayant de sourire.
— Il a récupéré étonnamment vite. Les dernières radios sont plus que satisfaisantes. Je devrais avoir les résultats des gaz du sang dans quelques heures et si tout est revenu à la normale, je pourrai le relâcher à condition qu’il se repose. Je suppose qu’il est impossible de vous convaincre de vous arrêter quelques jours pour récupérer.
— Désolé doc, si les circonstances avaient été différentes j’aurais peut-être considéré cette option, fit Severide
— Menteur, murmura Jess avec un petit sourire en coin. Tu es comme moi, tu ne t’arrêtes jamais sauf si tu y es obligé.
Kelly se glissa dans le lit et ferma les yeux, il ne voulait pas l’admettre mais il se sentait vraiment épuisé. Toute cette tension accumulée ces dernières semaines pesaient sur ses épaules, il ne pouvait pas se permettre de perdre le contrôle, pas quand il était aussi près du but. Il fallait qu’il tienne encore et encore. Il sentit la main de Jessica sur son visage.
— On va vous laisser, fit Casey, Shay ne devrait pas tarder.
— Ouais tu as raison, Cindy a son club de lecture ce soir et elle va m’arracher la tête si je ne prends pas le relai.
— Rentrez bien tous les deux et merci pour tout, dit Jessica en souriant.
— De rien jeune fille, la famille ça sert à ça, tu as bien fait de nous le rappeler.
Les deux pompiers partirent laissant les deux amoureux seuls. Jessica prit la main de Kelly et y déposa un baiser. Son pompier était un homme fort avec un cœur en or. La vie ne l’avait pas épargné et il avait construit une forteresse autour de ce cœur pour le protéger. Il pouvait compter sur les doigts d’une seule main les personnes à qu’il avait permis de voir à travers ses défenses et Jessica était celle qui en savait le plus sur lui. Il n’avait pratiquement aucun secret pour elle. Après la mort d’Andy, son ami d’enfance, et le rejet d’Heather la femme de celui-ci, c’est Jess qui l’avait sauvé de la spirale infernale et destructrice dans laquelle il s’était enfermé. Elle l’avait tout simplement kidnappé à la sortie d’une garde et l’avait emmené au Texas, dans le ranch des parents de Nick, son grand frère de cœur, pour qu’il remette ses idées en ordre. Le plein air et les chevaux avaient été sa bouée de sauvetage. Jess avait été présente pour lui sans rien lui demander en retour. Jour après jour, il avait repris goût à la vie avec son aide et ses conseils parce que mine de rien, elle en connaissait un rayon sur le deuil. Tous les soirs, ils s’installaient sur la terrasse devant le brasero et ils regardaient le soleil se coucher. Ce spectacle avait le pouvoir de calmer son esprit tourmenté et il pouvait enfin libérer sa parole parce qu’il savait qu’il ne serait pas jugé. Il lui avait tout raconté, le mariage raté de ses parents, l’abandon de son père et ses allées et venues dans sa vie qui ne faisaient que le blesser plus encore, les moments de paix qu’il avait trouvé au sein de la famille Sexton pendant son adolescence, ses nombreuses aventures d’un soir, sa peur de l’engagement parce qu’il ne voulait pas devenir comme son père qui sautait de famille en famille, ses fiançailles avec une certaine Renée qui l’avait trompé avec son témoin. Tout, vraiment tout y était passé et Jessica l’avait écouté, consolé et même engueulé quand il disait ce qu’elle considérait comme des non-sens. La jeune femme avait fait de même, elle lui avait raconté son enfance malheureuse, son détour par le système et les différentes familles d’accueil plus catastrophiques les unes que les autres, jusqu’à son adoption par un pasteur qui l’avait surpris à voler dans le tronc des pauvres. Elle lui avait même présenté son grand frère, Trenton Malloy. Ils s’étaient bien entendus. Kelly avait eu des discussions intéressantes avec le détective privé qui avait tout appris à Jessica en termes de self défense. Severide avait regardé avec fascination leurs entrainements, la répétition de katas suivis par des séances de combats au corps à corps. Cela avait pris près de trois semaines pour le remettre sur le chemin de la guérison. Il avait de lui-même décidé de retourner à Chicago et avait repris le chemin de la caserne avec un calme qu’il avait rarement ressenti.
— Hey, qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il en voyant le regard triste de sa compagne. Les nouvelles ne sont pas bonnes ?
— Elles ne sont pas mauvaises non plus mais elles ne sont pas ce que j’espérais.
Severide se leva et alla s’installer sur le fauteuil invitant la jeune femme à s’approcher. Quand elle fut enfin devant lui, il se pencha pour l’embrasser, il mourait d’envie de le faire depuis le matin. Le baiser fut doux puis se fit plus passionné. Il prit ses mains dans les siennes et planta son regard dans le sien.
— Dis-moi ma puce…
— Il y a une amélioration sensible, l’hématome a diminué de 10% mais ce n’est pas encore assez pour commencer ma rééducation, ça veut dire que je vais garder Charlie deux mois de plus. Je me sens tellement frustrée, dit-elle en détournant le regard et en laissant couler ses larmes. Je veux retrouver ma vie d’avant, je veux pouvoir retourner sur le terrain, je veux pouvoir poser mes pieds sur un tatami et enchainer les katas. J’ai tellement peur que cela n’arrive jamais et que… Que… Que tu…
— Hey, regardes-moi. Je sais que tu es effrayée et je le serais tout autant si j’étais à ta place, mais je suis là et je serai là jusqu’au bout. Tu crois vraiment que je vais te laisser tomber si tu dois rester dans ce fauteuil toute ta vie ?
— Je... commença Jessica en baissant les yeux.
— Je ne suis pas tombé amoureux de toi pour ton physique, enfin si un peu tout de même, tu as des jambes à tomber et un regard qui transperce l’âme, plaisanta-t-il et fut soulagé de voir sa bien-aimée sourire à travers ses larmes. Je t’aime toi Jessica Ann Wardfield, toi en tant que personne, toi en tant qu’un tout. Je me fiche totalement que tes jambes fonctionnent ou pas, je me fiche totalement de ce que les gens vont bien pouvoir penser. Je t’aime toi, j’aime ton esprit vif, ton intelligence, qui soit dit en passant dépasse largement la mienne mais qu’importe, ton humour, ta douceur et ta force. J’aime cette petite moue que tu fais quand tu es concentrée sur un problème qui te résiste, j’aime que tu me tiennes tête et que tu n’hésites pas à me dire mes quatre vérités quand je dépasse les bornes. En résumé je t’aime Jessica Ann Wardfield et s’il faut que je te le répète tous les jours pour que tu me crois alors je ne le ferai pas une fois par jour mais dix fois par jour.
Il prit la jeune femme dans ses bras et la laissa pleurer dans le creux de son cou, lui-même sentait des larmes perler au coin de ses yeux.
— Chuttt, ça va aller ma puce. Toi comme moi on va s’en sortir, tu vas voir.
— Je t’aime tellement, murmura Jess.
Severide fut surpris, Jessica avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’elle ressentait, elle était encore pire que lui malgré les efforts qu’elle faisait pour s’améliorer. Ces mots elle ne les disait quasiment jamais. Il aurait pu compter sur les doigts de ses mains le nombre de fois où elle les lui avait dits. Cela ne gênait pas le pompier car sa dulcinée savait très bien lui montrer ses sentiments par ses actes.
— Je t’aime aussi ma puce.
Ils restèrent dans les bras l’un de l’autre pendant un moment. C’est ainsi que Shay les trouva. Un sourire se dessina sur son visage en voyant le couple ensemble.
— Hey, je vous dérange ?
— Absolument pas, fit Jessica en relevant la tête. T’as meilleure mine que ce matin.
— Et toi tu as l’air épuisée, tu as pu te reposer un peu ?
— Oui un peu. T’as entendu la bonne nouvelle ? On attend le Dr. Halstead avec les résultats.
— Kelly comment tu te sens ?
— Mieux, bien mieux. Hâte de sortir d’ici. Des nouvelles d’Erin ? demanda Severide.
— Oui elle devrait passer ce soir à la maison. Il semblerait qu’elle ait les résultats du labo concernant ton ARI.
Severide regarda la montre accrochée au mur et constata qu’il était déjà près de dix-huit heures. Il soupira, tout comme Jessica, il voulait reprendre le contrôle de sa vie. Il voulait enfin sortir de ce cauchemar. La situation se compliquait de jour en jour. On toqua à la porte et Will entra un dossier sous le bras.
— Alors doc ? demanda Severide.
— Comment vous vous sentez ?
— Mieux, je me sens presqu’humain, répliqua-t-il avec un petit sourire forcé.
— Bien, les résultats sont arrivés. Vous allez pouvoir rentrer chez vous à une condition.
— Laquelle doc ? s’enquit le pompier en soulevant un sourcil.
— Un repos complet jusqu’à votre prochaine garde vu que vous ne pouvez pas vous arrêter.
— Ne vous inquiétez pas doc, fit Shay, Jess et moi on va faire en sorte qu’il ne bouge pas du canapé.
— Bien je compte sur vous. Voilà vos papiers de sortie.
— Merci doc.
— Prenez soin de vous.
— Promis.
— Ne vous inquiétez pas Dr. Halstead, je vous assure qu’on va tout faire pour qu’il se tienne tranquille, déclara Jessica un sourire en coin.
Le Dr. Halstead sortit de la chambre tandis que Kelly allait se changer dans la salle de bain. Il avait hâte de rentrer, de prendre une bonne douche, mais surtout il avait hâte de passer du temps avec Jessica. Il avait besoin de sa présence pour ne pas se laisser aller aux idées noires qui l’assaillaient quand il s’y attendait le moins. Une heure plus tard, les trois amis étaient installés devant la télévision tout en dégustant une pizza. Ils venaient de finir de diner quand on toqua à la porte. Shay alla ouvrir et eut la surprise de trouver non seulement Erin mais aussi le chef à sa porte.
— Chef ? Entrez tous les deux, fit Leslie en ouvrant la porte en grand et en les laissant passer.
Elle les accompagna jusqu’au salon où les deux tourtereaux discutaient à voix basse. En voyant le chef, Kelly voulut se lever.
— Restez assis, Halstead m’a appelé pour me dire qu’il vous avait relâché.
— Oui on dirait que je suis plus résistant qu’il n’y parait, répliqua-t-il en soupirant. Erin, content de te revoir.
— Moi aussi mais j’aimerai que ce soit dans de meilleures circonstances. Shay m’a tenue au courant de l’évolution de la situation. Je suis contente que cela se termine bien pour cette fois.
— Tu as du nouveau ? demanda Jessica.
— J’ai mis la pression au labo et il semblerait que ce lieutenant ne regarde pas de documentaires sur le travail de la police scientifique.
— Attend ne me dis pas que…
— Si, si, Jess…
— Que voulez-vous dire ?
— Eh bien chef, le labo a confirmé que la bouteille d’oxygène de l’ARI de Severide a bien été sabotée. Il y avait assez de monoxyde de carbone dans cette bouteille pour tuer la moitié de votre équipe. Tu as de la chance que Jessica ait identifié le problème aussi rapidement Kelly.
Severide ne savait que dire, il se contenta de serrer plus fortement Jess contre lui. Il avait frôlé la mort une fois de plus mais cette fois ce n’était pas accidentel mais bel et bien intentionnel.
— Ils ont aussi identifié les empreintes que tu nous as données, il y a celles de Kelly bien sûr mais aussi celle d’une tierce personne.
— Laisse-moi deviner, le lieutenant de pacotille ?
— Exactement. Ils ont retrouvé les mêmes empreintes sur la bouteille de monoxyde de carbone. Avant d’arriver ici, le labo a matché l’ADN aussi, il correspond bien au lieutenant Caldwell.
— Ça veut dire qu’on a assez de preuves pour pouvoir lancer une enquête interne, dit le chef.
— Non chef, fit Jessica en soupirant, il pourra toujours arguer que ses empreintes et l’ADN sont sur l’appareil respiratoire de Kelly parce qu’il l’a vérifié. On en revient toujours au même, ce sera notre parole contre la sienne et avec les appuis qu’il a, tout sera balayé sous le tapis et Kelly sera le méchant qui cherche à se venger du lieutenant qui l’a remplacé.
— Je crains que vous n’ayez raison. Les cols blancs sont vraiment mécontents de ta décision de faire appel. J’ai passé une partie de l’après-midi à les écouter me demander de te raisonner et de laisser tomber la procédure. Tu comprends cela donnerait une mauvaise image des pompiers. Ce à quoi j’ai répondu que je ne pouvais pas t’obliger à faire quoique ce soit, parce que ce serait te priver de tes droits et qu’alors tu pourrais les attaquer. Cela attirerait immanquablement l’attention des médias
— Hum ça n’est pas un mensonge, murmura Leslie.
— Comment ça ? demanda Erin.
— Vous savez Amelia, ma petite amie, eh bien elle travaille au Chicago Tribune.
— Ne me dis pas que tu lui as parlé de l’affaire ? fit Severide soudain inquiet.
— Non t’inquiète pas, je lui ai juste dit qu’il y avait des problèmes à la caserne et qu’une de mes amies était venue depuis New York pour me rendre visite. Mais je suis sûre qu’elle serait intéressée par l’histoire si jamais on devait en arriver là. Vous savez qui est derrière tout ça ? demanda Shay.
— Je n’en suis pas sûr mais je pense que le chef Rutkowski y est pour quelque chose. Je l’ai croisé dans les couloirs quand j’arrivais au quartier général.
— Rassurez-moi, vous ne les avez pas laissés vous convaincre ? s’enquit Jess en regardant le chef droit dans les yeux.
— Il n’y a aucune chance. Le 51 est ma famille, tout le monde y est traité de la même manière et je la défendrai bec et ongles.
— Merci chef, murmura Severide.
— Oh Jessica, ton patron m’a appelé.
— Mac ? Qu’est-ce qu’il te voulait ?
— Que je garde un œil sur vous deux. Il dit que ce lieutenant ne va pas laisser tomber et que s’il se sent acculé il risque de s’en prendre à vous. Alors soyez sur vos gardes. J’essayerai de passer le plus souvent possible à la caserne avec Antonio du moins jusqu’à ce qu’on ait les résultats de la commission. Je vais demander à Voight de nous adjoindre le nouveau, il s’appelle Jay et c’est un excellent flic. De votre côté, ouvrez l’œil. Dis Jessica tu as des nouvelles de Lindsey ? Je n’arrive pas à la joindre. J’ai vu un reportage sur une fusillade en plein New York sur une chaîne d’info et il m’a semblé voir un membre de l’équipe en arrière-plan.
— Ah mince, avec tout ce qui s’est passé, j’ai totalement oublié de t’en parler, je suis désolée. Les choses ont été mouvementées à New York ces dernières 24h, un inspecteur de la criminelle a été tué hier matin alors qu’il emmenait un témoin au tribunal. Heureusement ils ont réussi à retrouver les tueurs rapidement. L’équipe est allée prendre un verre pour lui rendre hommage et il y a eu une fusillade. Le mari de Lindsey, Danny, a été touché mais il est tiré d’affaire, maintenant il a une longue convalescence qui l’attend. Je pense qu’elle t’appellera dans quelques jours, quand toute cette pression sera un peu retombée.
— Je suis désolée pour tes collègues.
— Merci, c’était un excellent flic et l’une de mes meilleures amies.
— Je vais vous laisser, je t’appelle dès que j’ai du nouveau. J’ai lancé des recherches pour savoir où Caldwell s’est procuré la bouteille de monoxyde de carbone.
— Bonne idée, plus on aura de preuves, plus on aura de chance de l’envoyer derrière les barreaux. De mon côté, j’aurais peut-être des infos pour toi demain.
— Ça marche, bonne soirée.
— Je vais me retirer aussi. La journée a été longue pour tout le monde. Shay, Jessica je compte sur vous pour que Severide se tienne à carreau jusqu’à la prochaine garde.
— Ne vous inquiétez pas chef, je veille au grain, fit Jess avec force.
L’ambulancière les raccompagna à la porte. Elle s’appuya contre celle-ci quand elle la referma et ferma les yeux. Elle se sentait frustrée par la situation, malgré les preuves qui s’accumulaient, ils n’avaient toujours pas ce qu’il fallait pour mettre Caldwell hors d’état de nuire. Elle revint vers le salon et sourit en voyant les amoureux.
— Bon allez, il est l’heure de se coucher et de dormir, aucun de vous deux n’a eu une nuit décente depuis plus de 24h. Jess je t’ai descendu tes affaires de toilette tout à l’heure et une chemise de nuit propre. Avec Severide on va préparer le canapé.
— Merci Leslie, c’est vrai qu’il y a un moment que je ne m’étais pas sentie aussi fatiguée.
— Allez file.
Jessica sourit et secoua la tête. Shay était une force de la nature et mieux valait ne pas la mettre en colère. Elle alla dans la salle d’eau et ferma la porte. Elle fit une toilette rapide, cependant elle aurait donné n’importe quoi pour une douche mais celle-ci se trouvait à l’étage et Severide n’était pas en état de la porter. Quand elle sortit de la salle d’eau, les lumières avaient été tamisées et Shay était montée dans sa chambre. Kelly était assis sur le canapé lit et l’attendait en souriant. Sans dire un mot, il l’aida à se mettre au lit puis il s’allongea à ses côtés. Tous deux étaient épuisés mais ils n’arrivaient pas à trouver le sommeil, ils avaient besoin de se reconnecter. Le pompier embrassa doucement sa fiancée, les baisers se faisaient plus pressants et passionnés. Ils étaient affamés l’un de l’autre mais savaient qu’ils n’avaient pas l’énergie suffisante d’aller plus loin. Quand ils se séparèrent à bout de souffle, Severide prit Jess dans ses bras et commença à caresser doucement son dos. Elle mit sa tête sur sa poitrine et laissa le rythme de son cœur et de sa respiration la bercer. Ils n’avaient nul besoin de se parler, sentir le corps de l’autre était suffisant. Ils finirent enfin par s’endormir d’un sommeil pour une fois réparateur.
Chapter 14
Summary:
Amour au premier regard ou pas telle est la question... Petit retour en arrière pour découvrir la première rencontre de nos deux tourtereaux.
Notes:
Enfin un nouveau chapitre des aventures de la caserne 51. Désolée mais les choses sont devenues très compliquées pour moi et toute mon énergie est dépensée à m'occuper de ma maman de 95 ans à pleins temps, quand je termine ma journée j'ai mon cerveau en marmalade et les idées et les mots ne viennent pas. Tout ça pour vous dire que pour le moment toutes mes histoires sont en pause. J'espère juste que les choses vont bientôt se normaliser et je pourrais retrouver le plaisir d'écrire et de vous faire hurler de frustration mes amis lecteurs.
Assez de bla bla, attachez vos ceintures et enjoy the ride
Take care
Chapter Text
Ce soir-là au Molly’s, Cap et Tony étaient en grande discussion. Ils ne savaient pas ce qui se tramait mais aucun des deux n’aimaient la tournure que prenaient les événements.
— Tu crois vraiment que le lieutenant en veut à Severide ? demanda Cap.
— J’en suis certain. On travaille depuis assez longtemps avec lui pour savoir qu’il est toujours très prudent pendant les interventions. Cela fait quand même trois fois qu’il se retrouve aux urgences en peu de temps, répondit Tony en lançant un regard à leur lieutenant qui avait pris ses quartiers au bar.
— Et qu’est-ce qu’on peut faire ?
— Mis à part surveiller Severide comme le lait sur le feu, je ne sais pas.
— Tu ne crois pas qu’il faudrait en parler au chef ?
— Lui dire quoi ? Hey chef notre lieutenant veut tuer Severide… Il va nous prendre pour des fous. On a aucune preuve mis à part notre intuition. Non mais regarde-le Cap, il se croit vraiment le roi du monde.
— Il est surtout le roi des ringards, c’est au moins le troisième râteau qu’il se prend, répondit-il.
— Qu’est-ce que vous regardez avec autant d’attention ? demanda Otis en s’asseyant à leur table avec Cruz.
— La technique de drague du lieutenant, commenta Tony, elle est plutôt originale, au lieu d’attirer les filles, elles prennent leurs jambes à leurs cous.
— Je savais que je n’étais pas une lumière mais lui il nous bat tous, répliqua Otis.
— Ça nous laisse un peu d’espoir, murmura Cruz qui désespérait de se trouver une copine.
— L’espoir est la dernière chose que tu dois perdre, répliqua Herrmann qui avait entendu la conversation alors qu’il débarrassait la table d’à côté.
— Facile à faire tu as déjà trouvé la perle rare. En tout cas, ce dragueur en série de Severide n’est plus là pour accaparer l’attention de toutes les filles, commenta Otis.
— Il a d’autres chats à fouetter, répliqua Cruz d’une voix acerbe.
— Ouais, parait qu’il a fait appel et qu’il repasse devant la commission jeudi. Il va se faire laminer, continua Otis.
— En tout cas, là c’est sûr on ne l’aura plus dans les pattes, parce que je doute que les gros pontes le laissent au 51 après ce dernier coup d’éclat, d’ailleurs ce sera un miracle s’il garde son boulot, dit Cruz en secouant la tête.
— Hey ! Arrêtez de parler du lieutenant comme ça ! s’exclama Tony. C’est un bon gars ! Le meilleur !
— Y a que la vérité qui blesse ! répondit Cruz.
— La vérité ? Tu es sûr que c’est la vérité ? Parce que personnellement j’en doute fortement.
— Cap a raison. Deux nanas que Severide a rejeté portent plainte et hop tout de suite c’est lui le grand méchant loup. On oublie tout le bien qu’il a fait, toutes les fois où il vous a défendu face à Boden ou les fois où il vous a sauvé la vie. Dis-moi Cruz combien de fois t’a-t-il sorti du pétrin ? Et toi Otis ? répliqua Herrmann qui avait suivi la conversation. Tout le monde lui a tourné le dos !
— Il n’a pas vraiment cherché à se défendre ! contra Otis.
— Il ne devrait pas puisque nous sommes censés être sa famille, ses amis. Mais on n’a pas été à la hauteur loin de là, au lieu de le soutenir, on l’a enfoncé. A ton avis pourquoi il ne prend plus ses repas avec nous ? Ou pourquoi ne dort-il pas dans le dortoir et il préfère passer ses nuits dans la salle commune ou dans la salle des équipements ?
— Je ne sais pas, peut-être par honte, s’entêta Otis.
— Ou peut-être parce qu’il est profondément blessé par notre comportement et qu’il ne veut pas nous le montrer, répliqua Herrmann.
— En tout cas ce n’est pas avec le comportement du nouveau lieutenant que les choses vont s’arranger. Il prend un malin plaisir à l’humilier quotidiennement. Je me demande comment il fait pour ne pas lui mettre son poing dans la figure, fit remarquer Tony.
— C’est ce que Caldwell cherche. Il fait tout pour provoquer Severide, pour le pousser à la faute, répondit Herrmann.
— Pourquoi ferait-il une chose pareille ? demanda Cruz
— A ton avis, gros bêta, rugit Herrmann. Mais pour pouvoir le virer et garder son poste au 51. Severide est un meilleur lieutenant et meneur d’hommes que Caldwell ne le sera jamais. Tu n’as qu’à l’observer demain pendant la garde et tu vas voir que j’ai raison.
Herrmann alla servir d’autres clients à l’autre bout du bar laissant ses collègues perplexes. Ils ne s’étaient pas attendus à ce que Christopher défende l’ancien lieutenant avec autant de véhémence. Cela donnait certainement à réfléchir. Peut-être avaient-ils été trop prompts à croire aux déclarations des deux victimes, peut-être était-il vraiment innocent. Et Herrmann avait raison, Severide leur avait sauver la vie bon nombre des fois.
Le lendemain matin, Leslie trouva les deux amoureux endormis dans les bras de l’autre. Un sourire se dessina sur son visage, elle ne se lassait pas de les voir s’aimer avec autant de passion. Comment était-il possible que personne à la caserne n’ait remarqué ? Elle ne put s’empêcher de sortir son téléphone de sa poche et de prendre une photo. Ils semblaient si paisibles tous les deux. Elle alla jusqu’à la cuisine pour préparer le petit déjeuner, café, chocolat, œufs brouillés, pancakes… Ils allaient avoir besoin de cela et plus encore pour se remettre des dernières émotions. Elle frissonna en repensant à la dernière mésaventure de Severide. Jessica avait raison, les choses allaient aller plus mal avant d’aller mieux. Shay sentit quelqu’un derrière elle, c’était Kelly, les yeux encore embrumé par le sommeil. Il l’embrassa sur la tempe et se servit une tasse de café.
— Ça va ? demanda-t-elle. Bien dormi ?
— Etonnamment bien.
— Et Jessica ?
— Elle aussi je crois, en tout cas je ne l’ai pas senti se relever cette nuit.
Il lança un regard vers le salon où sa fiancée dormait encore. Il secoua la tête en souriant. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’elle ait tout laissé tomber pour venir à la rescousse. Par moment, il se disait qu’il ne la méritait pas. Elle était belle, intelligente, douce et dotée d’une force de caractère qu’il avait rarement vu. Elle savait ce qu’elle voulait et il avait du mal à croire que c’était sur lui qu’elle avait jeté son dévolu, que c’était avec lui qu’elle voulait passer le reste de sa vie, lui le bad boy au cœur soi-disant d’acier. Elle l’avait fait fondre d’un seul regard, ce jour-là à New York.
— A quoi tu penses ? murmura Leslie.
— Jess. Qui aurait dit que notre désastreuse première rencontre se finirait par une histoire d’amour qui dure maintenant depuis presque deux ans ?
— Comment ça ? Je croyais que ça avait été l’amour au premier regard.
— Euh non pas vraiment, répliqua-t-il en riant et en se passant la main dans les cheveux.
Flash-Back
En ce matin glacial de décembre à New York, les pompiers finissaient de sécuriser un immeuble où d’après toute vraisemblance un incendie d’origine criminel avait eu lieu. Le lieutenant Severide, tout juste arrivé de Chicago pour un échange avec les pompiers de la ville, faisait le tour des différentes pièces notant mentalement les éléments qui lui sautaient aux yeux. Depuis qu’il avait intégré les pompiers, il avait toujours eu un instinct très développé en ce qui concernait les incendies volontaires. D’ailleurs, le bureau enquêtes incendies de Chicago avait déjà essayé de le débaucher mais il n’était pas intéressé. Il préférait le terrain, porter secours aux victimes, combattre les incendies, le travail de bureau très peu pour lui. Un jour peut-être mais pas maintenant. Un jour lointain, très lointain, il deviendrait éventuellement un enquêteur chevronné comme son père mais cela n’était pas pour tout de suite. Cependant cela ne l’empêchait pas de donner un coup de main quand il le pouvait. Il entendit des pas derrière lui et quand il se retourna il vit la plus belle femme qu’il avait jamais vue. Elle était élancée, ses longs cheveux noirs remontés en un chignon contrastaient avec son teint clair. Quant à ses yeux… Ses yeux bleu océan lui transperçaient l’âme, il avait l’impression qu’elle pouvait lire en lui. Elle était vêtue d’une combinaison bleu marine portant l’écusson des policiers de la ville, en dessous on pouvait lire CSI et elle avait un appareil photo dans une main et une mallette dans l’autre.
— Qui êtes-vous et que faites-vous sur ma scène de crime ? Vous n’avez rien à faire ici !
— Oh je suis le lieutenant Severide des pompiers de Chicago.
— Vous êtes bien loin de chez vous lieutenant. Mais ça ne répond pas à ma question que faites-vous ici ?
— J’ai rejoint les pompiers de New York pour trois mois dans le cadre d’un échange, et j’ai aidé à éteindre cet incendie. Ce que j’ai vu pendant l’intervention m’a interpelé et je n’ai pas résisté à l’envie de venir jeter un œil pour confirmer ma théorie : c’est bien un incendie criminel.
— Vous êtes peut-être intervenu sur cet incendie mais c’est ma scène de crime, je vous demanderais donc de bien vouloir vous en aller avant que j’appelle les agents qui sont en poste à l’entrée.
— Un problème Jessica ?
Un homme entra dans la pièce, une mallette à la main. Severide le regarda avec respect, il avait cette même aura d’autorité que son chef à Chicago. D’après sa façon de se mouvoir et d’interagir avec sa subordonnée, il était convaincu qu’il avait été militaire dans une autre vie.
— Juste un invité surprise sur notre scène de crime. Lieutenant Severide, mon patron le lieutenant Mac Taylor. Le lieutenant Severide est pompier, il est intervenu sur cet incendie et pense que c’est un incendie volontaire.
— Ah ? Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? demanda Mac avec curiosité, jamais il n’avait vu Jess se mettre dans un tel état à cause d’une personne non autorisée sur une scène de crime.
— Vous voyez ça ? répondit le pompier en s’accroupissant près de ce qui restait d’un fauteuil en désignant un fil de fer en forme de spirale. C’est ce qui reste d’un système de mise à feu.
— Intéressant, fit Mac en s’accroupissant près du pompier.
Jessica s’approcha et prit en photo le bout de métal avant de le placer sous scellé. Mac continua sa discussion avec le lieutenant pendant que la jeune femme continuait d’examiner la pièce à la loupe tout en restant attentive à ce qui se disait autour d’elle. De temps en temps, elle jetait un œil au lieutenant Severide. Elle ne pouvait nier ressentir quelque chose mais c’étaient surtout ses yeux bleus qui l’attiraient comme un aimant. Elle pouvait y voir une myriade de sentiments qu’il cachait vraiment très bien. Il avait cette même aptitude qu’avait son patron à se cacher derrière une façade tellement renforcée que personne ou presque ne semblait pouvoir voir à travers. Pourtant leurs yeux parlaient pour eux à qui savait y regarder de plus près.
— J’ai trouvé un autre dispositif ici, dit-elle en le montrant aux deux autres. Et il y en avait un autre derrière la porte. Ça fait un peu beaucoup je trouve non ?
— Le feu était vraiment intense ici, s’il voulait faire disparaitre quelque chose, il semble y avoir réussi, répondit Severide en croisant les bras.
— Pas forcément, je n’ai pas encore fini mes prélèvements. Contrairement à ce que l’on pourrait croire le feu ne détruit pas tout.
— Bien je retourne au laboratoire, Jess je vous laisse finir ici avec le lieutenant Severide. Lieutenant, je compte sur votre aide. Ceci est le troisième incendie de ce type. Nous avons eu de la chance jusque-là et il n’y a eu aucune victime mais cela risque de changer rapidement.
— En effet ce genre de pyromane va en vouloir de plus en plus. Si vous le permettez je vais prendre contact avec notre service enquête incendie, peut-être qu’ils pourront trouver des points communs avec d’autres incendies.
— Pas de problème, tenez-nous au courant de ce que vous trouvez. Il serait dangereux de faire cavalier seul.
— Je comprends, voici mes coordonnées. Je reste à votre disposition.
— Jess je vous revois au labo.
— Ok, à tout à l’heure.
La jeune femme continua d’examiner la pièce centimètre par centimètre, Kelly ne la quittait pas des yeux. Il y avait une telle détermination à trouver des réponses qu’il en était impressionné. Quand elle en eut terminé avec la pièce ou le feu avait commencé, elle passa à la pièce suivante recommençant le processus.
— Vous n’avez pas autre chose à faire ? demanda-t-elle un peu agacée par la présence du pompier.
— Non pas vraiment, j’ai terminé mon service, répondit-il avec un sourire taquin.
La jeune femme soupira mais continua son travail. Kelly, lui, continua d’observer la scène de crime mais il était continuellement attiré par cette femme. Il avait du mal à la quitter du regard. Soudain il aperçut quelque chose derrière ce qui semblait être les restes d’une commode. Il s’approcha et regarda de plus près, on aurait dit une pochette à rabats en plastique. Elle était en mauvais état, la chaleur l’avait déformée et le plastique avait fondu par endroit.
— Hey, l’interpela Jessica, ne touchez à rien et si vous ne pouvez pas vous en empêcher mettez ces gants.
Elle lui lança une paire de gants qu’il mit et regarda la pochette de plus près. Il semblait y avoir des papiers à l’intérieur. Jess s’approcha posa un marqueur numéroté et prit quelques photos. Elle prit avec précaution la pochette mais ne tenta pas de l’ouvrir. Elle préférait attendre d’être au laboratoire pour avoir le matériel adéquat.
— Vous n’allez pas regarder ce qu’il y a dedans ? demanda-t-il interloqué quand il la vit mettre la pochette dans un sac en plastique et le sceller.
— Désolée mais je ne veux pas risquer de perdre des preuves. Si les documents tombent en morceaux ce n’est pas vous qui allez vous faire taper sur les doigts.
— Mouais… N’empêche que ça pourrait aider de savoir ce que disent ces documents pour boucler votre enquête.
— Raison de plus pour attendre d’être au laboratoire. Désolée M. Le Curieux. Non mais pourquoi Mac m’a collé cet emmerdeur dans les pattes ! murmura-t-elle à voix basse.
Elle fit encore quelques relevés dans les pièces adjacentes et fut rejoint par un autre policier de son équipe, celui-ci avait travaillé à l’étage du dessus.
— T’en es où ? demanda-t-il en entrant dans la pièce
— Je viens juste de finir.
— Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ?
— Yep on a du pain sur la planche.
— C’est qui ton invité ?
— Oh un pompier, il a travaillé sur cette intervention et maintenant il tape l’incruste.
— Kelly Severide, se présenta-t-il en tendant la main.
— Danny Messer. On y va Jess ? J’ai hâte de prendre une douche, j’en peux plus de cette odeur de cramé.
— Avec plaisir. Lieutenant, je ne peux pas dire que cela ait été un plaisir. Ne le prenez pas mal mais j’espère ne pas vous revoir.
Elle tourna les talons et sortit sans jeter un regard en arrière. Il la regarda partir en souriant. Il avait des raisons de penser qu’il ne lui était pas indifférent et que c’était pour cela qu’elle le maintenait à distance. De son côté, Jess monta en voiture avec Danny qui se mit au volant.
— Eh ben tu ne l’as pas raté celui-là ! Qu’est-ce qu’il t’a fait pour te mettre en colère.
— Être sur ma scène de crime sans y être invité, et faire la grande scène de l’acte 2 à Mac qui lui a demandé son aide pour résoudre l’affaire.
— Tu veux dire qu’on va être amené à le revoir ?
— Il semblerait oui, murmura Jess en secouant la tête.
Jessica n’arrivait pas à se sortir le pompier de la tête. À chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle pouvait sentir son regard posé sur elle et cela la perturbait. Elle se sentait troublée par ces yeux azurs qui avaient tant de choses à dire. Une fois rentrés au laboratoire, les deux inspecteurs se mirent au travail et Jessica oublia pour un moment le pompier qui l’avait tant agacée. Les machines tournaient à plein régime, et tous les éléments étaient minutieusement examinés.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Lindsey qui faisait une pause, elle travaillait depuis la nuit antérieure sur un cambriolage qui avait mal tourné.
— Une pochette à rabat que j’ai trouvé sur les lieux de l’incendie. J’allais justement voir ce qu’elle contient. Ça te dirait de me donner un coup de main ?
— Oui pourquoi pas, ça me changera, j’ai passé la moitié de la nuit et de la matinée à examiner des douilles suite au cambriolage chez Rossi & Co.
Elles se mirent à travailler à l’unisson pour récupérer les papiers dans la pochette. Ce n’était pas chose facile, le papier menaçait de tomber en miette à tout moment. Les gestes étaient lents et mesurés. Les deux femmes retenaient leur souffle.
— Qu’est-ce que c’est à ton avis ? demanda Lindsey en examinant les documents une fois ceux-ci sécurisés.
— On dirait un code… Mais je ne m’y connais pas assez dans ce domaine.
— On devrait demander à Mac, il a été un marine, peut-être que ça lui parlera ?
— Bonne idée et je vais aussi voir avec Adam. Peut-être aura-t-il un logiciel de déchiffrage dans son arsenal…
— Bon ce n’est pas que je m’ennuie mais je pense qu’il est temps de retourner à mes comparaisons balistiques. N’hésite pas si tu as encore besoin d’aide.
— Merci Lindsey.
Jessica continua son travail et croisa ses résultats avec ceux de Danny. Ils avaient la preuve que l’incendie était intentionnel, ils savaient comment l’incendiaire procédait et maintenant il ne leur restait plus qu’à lancer une recherche pour trouver des incendies similaires. Les deux inspecteurs étaient convaincus qu’ils avaient un incendiaire en série sur les bras et cela n’allait absolument pas plaire aux instances supérieures. Tout ce qui était en série que ce soient des tueurs, des cambrioleurs, des violeurs ou dans ce cas un incendiaire avait tendance à déchainer la panique et le déni auprès des cols blancs, le chef Sinclair étant le premier à nier qu’il y eut un quelconque problème.
Les jours suivants se passèrent dans l’attente des résultats des recherches d’Adam qui ne réussissait pas à casser le code. Le lieutenant Severide était passé au bureau une fois à la demande de Mac. Il lui donna toutes les informations qu’il détenait y compris une copie des codes. Il promit de les étudier et de le contacter si jamais il trouvait quelque chose. La base de données avait répertorié six incendies en tout avec le même mode opératoire. A chaque fois ils avaient eu lieu dans des immeubles anciens et délabrés habités par des familles qui n’avaient pas les moyens d’habiter ailleurs. Tous étaient situés dans le même secteur. Les patrouilles avaient été doublées et les casernes alentours avaient été prévenues de la situation. Comme ils s’y attendaient, le pyromane avait remis ça plus vite qu’ils ne l’avaient prévu. Danny et Jessica arrivèrent sur les lieux alors que les pompiers finissaient d’éteindre les flammes. Par réflexe, Jessica sortit son téléphone et commença à filmer discrètement la foule. Elle était sûre que leur suspect était là, à profiter du spectacle.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Danny.
— J’observe… Juste une intuition, ce n’est peut-être rien mais…
— Une intuition hein ? Ne jamais sous-estimer ton intuition… La dernière fois que tu l’as fait ça a tourné à la catastrophe… Tu ferais mieux d’envoyer le fichier à Adam pour qu’il commence à l’étudier.
— C’est fait, Flack a eu la même idée. Adam va avoir du pain sur la planche, peut-être que Lindsey pourra lui donner un coup de main une fois qu’elle aura fini l’affaire sur laquelle elle travaille. Elle doit interroger un suspect avec Stella.
— Aïe, aïe, aïe je plains notre suspect, il va se faire dévorer tout cru.
Jessica se contenta de sourire. Le capitaine des pompiers en charge de l’incendie vint les retrouver et les autorisa à commencer leurs investigations. La jeune femme saluait les pompiers qu’elle croisait et qui sortaient, leur travail était terminé, il était l’heure pour les enquêteurs de prendre le relai. Danny et elles s’étaient partagés l’immeuble, Danny s’occuperait des trois derniers étages, elle des trois premiers. Mac viendrait les rejoindre plus tard quand il aurait fini de calmer les instances supérieures. Elle entendit des pas derrière elle et se retourna.
— Tiens lieutenant, que me vaut le plaisir ?
— Ah vraiment c’est un plaisir ? Kelly ne put s’empêcher de la taquiner.
— Non pas vraiment, ce n’est qu’une manière de parler, répliqua-t-elle avec un mouvement d’épaule.
— J’ai trouvé deux dispositifs dans la pièce d’à côté… Et non je n’y ai pas touché, fit-il en levant les bras en signe de reddition.
— Bien montrez-moi ça
Il l’accompagna et lui montra l’endroit où il avait trouvé les dispositifs. Jessica examina la pièce avec attention. Ce n’était pas logique. S’il voulait faire des dégâts importants pourquoi mettre ces engins incendiaires là où ils ne pourraient pas tout détruire. Ça n’avait aucun sens.
— Vous avez l’air perplexe… commenta Kelly.
— Un peu. Si vous vouliez mettre le feu et faire un maximum de dégâts comment vous y prendriez-vous ? demanda-t-elle soudainement.
— Eh bien, déjà j’aurais placé mes dispositifs dans les escaliers, ils sont en bois, cela aurait compliqué sérieusement notre intervention. Ensuite j’en aurai mis près des aérations pour nourrir le feu et enfin j’aurai fait en sorte d’embraser le local technique et la chaudière. L’immeuble serait parti en fumée et on n’aurait quasiment rien pu faire. Cela aurait déstabilisé la structure à tel point qu’aucun chef n’aurait envoyé ses hommes dans la fournaise.
— Je comprends. Donc il veut mettre le feu mais pas trop. Ça n’a aucun sens.
— Vu comme ça non effectivement.
— Vous avez tiré quelque chose des dossiers que vous a donnés mon boss ?
— Rien ne vous échappe à ce que je vois.
— Rarement. Alors ? demanda-t-elle tout en gardant ses distances.
— Le code ressemble à un vieux code qu’on utilisait du temps où j’étais à l’académie, il a été mis hors service y a 4 ou 5 ans. J’ai appelé mon chef pour qu’il m’envoie la documentation, je sais qu’il en a gardé une copie.
— Donc notre incendiaire viendrait de Chicago et ne serait plus tout jeune ?
— Possible à moins que les pompiers New Yorkais aient le même style de code.
— Je ne sais pas, mais je ne manquerais pas de leur demander, répliqua-t-elle.
Elle continua son travail, Severide l’observait. Dieu qu’elle était belle avec ses yeux d’un bleu océan et ses cheveux long et noir. Il y avait de la grâce dans ses mouvements. Plus il l’observait, plus il se rendait compte que son travail ressemblait à une chorégraphie mainte fois répétée.
— Vous n’êtes pas sensé retourner à la caserne ? demanda-t-elle un brin agacé.
— Pas tout de suite, le capitaine m’a donné l’ordre de rester jusqu’à ce que vous ayez fini.
— Il craint qu’on se perde ?
— Non, mais enquêter dans un immeuble incendié peut être dangereux.
— Je suis une grande fille vous savez, je sais me débrouiller toute seule.
— Je n’en doute pas mais je ne fais que suivre les ordres, répondit-il avec un petit sourire en coin. Vous ne voudriez tout de même pas que j’ai des ennuis avec mon chef ?
Jessica soupira et se remit au travail. Elle passa au peigne fin le premier étage et était en train de finir d’examiner le deuxième quand elle trouva une autre chemise à rabats en plastique. Celle-ci semblait moins abîmée que la précédente. Elle l’emballa soigneusement malgré la curiosité qu’elle ressentait.
— Du nouveau ? demanda Mac en entrant dans la pièce sa mallette à la main.
— Encore une pochette, j’espère que ce n’est pas encore un message codé.
— Où est Danny ?
— Il finit le cinquième étage. On a trouvé plusieurs engins incendiaires mais leurs emplacements ne sont pas logiques mais je pense que le lieutenant Severide pourra vous en dire plus. Je monte au troisième.
Mac leva un sourcil, jamais il n’avait vu la jeune femme se comporter avec une telle froideur envers un autre collègue qu’il soit policier, pompier ou même ambulancier, c’était même tout le contraire. Alors pourquoi la présence du lieutenant la mettait-elle dans tous ses états ?
— Ça va lieutenant Taylor ? demanda Kelly.
— Oui, oui et si vous m’expliquiez ce que vous trouvez étrange dans ces incendies ?
Severide lui rapporta la conversation qu’il avait eue avec Jessica sur l’emplacement des engins incendiaires. En voyant la manière dont le pompier parlait de sa subordonnée, il comprit ce qui se passait et son visage s’éclaira d’un sourire qu’on lui voyait trop rarement. Ces deux-là ressentaient des choses l’un pour l’autre et connaissant Jessica et sa peur de l’engagement, elle était en train de déployer les grands moyens pour décourager le pompier, pompier qui d’ailleurs semblait tout à fait immune à ses pics et sa mauvaise humeur. De son côté, Jessica commença à examiner le troisième étage. Ce lieutenant Severide l’énervait au plus haut point avec sa sollicitude et son sourire en coin. Elle ne comprenait pas pourquoi Mac s’obstinait à le garder sur l’affaire. Elle emballa les quelques indices qu’elle avait trouvé et alla retrouver Danny qui discutait avec Mac et Kelly.
— Franchement je ne comprends pas sa logique, disait-il sur un ton exaspéré. Tous ses incendies auraient dû faire beaucoup plus de dégâts. Ce n’est vraiment pas normal.
— J’ai terminé avec le troisième étage et j’y aie trouvé deux autres engins incendiaires. Mais comme pour tous les étages, ils étaient placés de manière que le feu ne fasse pas beaucoup de dégâts. Danny a raison, ce n’est pas logique. Un incendiaire aime le feu, plus il y a de flammes et de fumée et plus il est heureux. Pourtant ici c’est tout le contraire.
— Il faut trouver à quoi il joue avant qu’on ait des victimes.
— Comptez sur nous Mac, allez viens Danny on retourne au labo. M’est d’avis qu’on ne va pas aller se coucher tôt ce soir.
— Dommage, j’avais prévu un bon petit diner avec Montana.
Ils quittèrent l’immeuble tout en discutant. Encore une fois, Jessica regarda autour d’elle, elle avait la nette impression que leur suspect se trouvait dissimulé dans la foule. En arrivant au laboratoire, Jessica passa au vestiaire pour y prendre une douche. Elle détestait l’odeur de fumée qui s’était incrusté dans ses vêtements et cheveux. L’équipe se mit au travail, cela allait être une tâche longue et fastidieuse.
Quelques jours plus tard, ils en étaient toujours au même point. Les indices ne les avaient menés nulle part. Mais l’inspecteur Wardfield n’était pas femme à lâcher l’affaire. Elle continuait sans cesse ses recherches, étudiait et réétudiait les indices, essayait de trouver un sens aux documents récupérés dans les deux pochettes, car oui la deuxième pochette trouvée sur les lieux de l’incendie contenait elle aussi des feuilles couvertes de chiffres. Elle se sentait frustré et encore plus quand elle voyait traîner le lieutenant Severide dans les locaux discutant tantôt avec Mac, tantôt avec Danny ou même Flack. Elle jouait les autruches mais elle savait très bien pourquoi elle se comportait comme ça. Ce pompier l’attirait, dès qu’elle le voyait son cœur s’emballait, ses jambes se mettaient à trembler et elle avait des papillons à l’estomac. Personne ne semblait avoir remarqué son trouble mis à part l’intéressé qui en jouait. Mac semblait amusé par la situation, ce qui la mettait encore plus sur la défensive. Lindsey, grande romantique dans l’âme, essayait de la convaincre de donner une chance au pompier ce qui était hors de question. Toutes ses histoires d’amour n'avaient jamais dépassé le cap des six mois et s’étaient finies en catastrophes. De son côté, Severide ne pouvait s’empêcher de penser à la jeune femme malgré ses rebuffades, c’était presque devenu une obsession. Il ne pouvait nier ce qu’il ressentait dès qu’il la voyait. Il avait l’impression de redevenir un collégien, lui le tombeur se prenait râteau sur râteau avec Jessica. Pourtant il n’avait aucunement l’intention d’abandonner, bien au contraire. Ce n’était pas une question d’orgueil mal placé mais il savait tout au fond de lui que c’était la femme de sa vie. S’il abandonnait maintenant il le regretterait pour le restant de son existence.
Assise à son bureau, la jeune femme était pensive face à son écran d’ordinateur. Elle n’aurait su dire en quoi cette affaire était différente des autres mais elle l’était. Elle était sûre qu’elle manquait quelque chose. Et puis soudain, Jessica eut une idée, elle afficha un plan du secteur où les incendies avaient eu lieu et marqua les emplacements. Elle consulta la base de données du cadastre pour trouver les propriétaires des immeubles dont elle nota les noms. Elle rechercha une autre information et ce qu’elle trouva confirma son idée première. Un grand promoteur voulait lancer une rénovation du quartier et pour cela il avait déjà acquis presque la moitié des vieux immeubles qui étaient habités par des personnes à revenus très modestes. Ces bâtisses étaient en mauvais état voire insalubres pour certaines mais elles étaient le seul abri qu’avaient ces familles. La première chose qu’il avait faite avait été d’expulser tous les locataires. Elle appela un à un tous les propriétaires et tous confirmèrent qu’ils avaient reçu une proposition de rachat d’un montant qu’ils jugeaient inacceptables. Ils lui donnèrent tous le même nom : Malcom McGready. Sans attendre elle entra le nom dans la base de données et ce qu’elle trouva lui donna des frissons dans le dos. Ce type avait un casier long comme le bras : trafics en tout genre, extorsion, tentative de viol, agressions. C’était le genre d’homme qui, pour de l’argent, était capable de couper sa mère en petits morceaux. Il avait été libéré de la prison de Rikers six mois plus tôt et était en liberté conditionnelle. Jessica ne perdit pas de temps et contacta son agent de probation qui lui donna sa dernière adresse connue et celle de son travail. En théorie, il travaillait sur un chantier justement en plein milieu de la zone des incendies. Elle attrapa sa veste, son badge et son arme et sortit du bureau le téléphone à l’oreille. Elle se résolut à appeler Flack, Danny était de repos, Mac était à une réunion budgétaire. Le policier et elle avaient des rapports tendus mais restaient professionnels, alors dès qu’elle le pouvait elle l’évitait. Il avait tenté de la séduire quand elle était arrivée à New York mais elle n’avait pas été très réceptive bien au contraire. Elle lui avait fait comprendre en des termes très crus qu’elle ne voulait rien avoir affaire avec lui. Elle venait d’être licenciée pour des raisons budgétaires du laboratoire de Las Vegas, elle n’était vraiment pas d’humeur à entamer une relation amoureuse avec qui que ce soit. Flack n’avait pas très bien pris son refus et depuis il était professionnel mais glacial avec elle.
— Hey Flack, j’ai des infos sur les incendies, retrouve-moi au 2565 Wilmore Street. Je t’expliquerai sur place.
— Je serai là dans 10mn.
Sans plus attendre, elle monta en voiture et démarra en trombe. En général elle détestait conduire dans New York et laissait ce plaisir à ses coéquipiers. Quand elle arriva sur place Flack venait tout juste d’arriver. Contrairement à son habitude, il sourit en la voyant se garer.
— Qu’est-ce qu’on a ? demanda-t-il avec curiosité.
— Malcom McGready, un casier long comme mon bras. Il semblerait qu’il joue les intermédiaires pour le promoteur qui veut s’en mettre plein les poches en rénovant le quartier. Tous les propriétaires dont les immeubles ont brulé ont été contactés par McGready. Il leur a proposé de racheter leur immeuble bien en dessous de la valeur du marché, ils ont tous refusé et maintenant ils se retrouvent avec un tas de cendres. La moitié d’entre eux n’ont même pas d’assurance.
— Et tu crois que c’est ce type qui met le feu aux immeubles ?
— Il pourrait. Dans son dossier, il est dit qu’il est qualifié pour manier des explosifs et si ce n’est pas lui qui agit, je mettrais ma main à couper qu’il a engagé l’incendiaire. Un incendiaire d’un genre un peu spécial, je dois dire.
— Comment ça ?
— Il met le feu pour virer les locataires mais il fait en sorte que la structure reste intacte.
— Je dois reconnaître que c’est vicieux comme méthode.
— Tu l’as dit.
— Et on est où ici ?
— Chez lui on va voir s’il y est, j’ai appelé son boulot en chemin et il n’a pas pris son poste ce matin.
— A ton avis combien d’immeubles sont concernés par ces projets de rénovations ? demanda Flack curieux.
— Au moins encore une bonne dizaine.
— Ce qui veut dire que notre incendiaire est loin d’avoir fini son travail, répliqua le policier.
— Je n’aurais pas mieux dit.
— Au fait Jessica, je voulais m’excuser. Je ne suis qu’un triple idiot.
— C’est oublié, on ne peut pas dire que j’ai fait dans la dentelle et je m’en excuse mais tu comprends je n’étais pas vraiment dans mon état normal.
— Amis ? fit-il en tendant la main
— Amis, répondit-elle en souriant.
Les deux policiers entrèrent dans l’immeuble et montèrent au cinquième étage, ils longèrent un couloir à la peinture décrépie et d’un blanc douteux. Ils arrivèrent devant la porte de l’appartement 53.
— Ouvrez ! Police ! cria Flack en tambourinant à la porte.
Tous deux attendirent mais la porte resta fermée. Le policier tambourina une nouvelle fois incitant le locataire à ouvrir. Une porte voisine s’ouvrit et une vieille dame apparut. Elle était vêtue d’une robe de chambre molletonnée à fleurs tout droit sortie des années cinquante.
— Si c’est ce crétin de Malcom que vous cherchez il n’est pas chez lui. Il n’est pas revenu depuis trois jours.
— Bonjour madame, inspecteur Wardfield police scientifique. Vous savez si quelqu’un est venu le voir ces derniers jours ?
— Son abruti de frère, Brady, un bon à rien de la pire espèce. Ils sont partis ensemble et depuis il est aux abonnés absents.
— Et vous savez où on peut le trouver ce Brady ?
— Sûrement dans ce bouge sur Ashton, Le Cygne Noir que ça s’appelle. C’est là-bas qu’ils vont se bourrer la gueule et préparer leurs mauvais coups.
— Bien merci beaucoup madame, fit Jess, voici ma carte, n’hésitez pas à m’appeler si jamais l’un des deux frères réapparait.
— Je n’y manquerai pas. Vous savez c’était un immeuble tranquille avant que cette racaille ne s’installe ici. Demandez à vos collègues en uniforme, ils ont dû intervenir au moins dix fois depuis le début de l’année.
— Merci pour votre temps madame.
— Oh vous savez à mon âge le temps ce n’est pas ce qui manque. Prenez soin de vous mademoiselle, vous êtes trop gentille pour vous mêler à ce genre de malotrus.
— Ne vous inquiétez pas madame je sais me défendre, répondit-elle en souriant.
Flack faillit éclater de rire, on avait traité Jessica de bien des choses mais pas de quelqu’un de « trop gentil ». Elle n’avait pas été surnommée « Ouragan Jessica » pour rien. Il en avait fait les frais plus d’une fois et il espérait que cela ne se reproduirait plus maintenant qu’ils avaient fait la paix. La vieille dame referma sa porte en bougonnant. Jessica jeta un coup d’œil à son partenaire et le fusilla du regard.
— Pas un mot, Flack ! Je t’interdis !
— Excuse-moi mais c’est trop drôle, répliqua-t-il en riant. On voit qu’elle ne t’a jamais vu passer en mode « Maman Ours »
— Hey ! Ce n’est pas beau de te moquer. Allez viens, je crois qu’il est l’heure d’aller faire un tour dans les bas-fonds de ce quartier.
— Mais avec plaisir. Allons noyer notre peine et notre chagrin au Cygne Noir.
Ils descendirent les escaliers quatre à quatre et montèrent en voiture. Le bar se trouvait à deux pâtés de maisons. Flack le connaissait, il avait déjà fait des descentes dans l’établissement du temps où il était encore en uniforme. Il se demanda si Jerry était encore derrière le bar ou si c’était son idiot de fils qui avait repris les rênes de l’affaire.
— Eh ben, il ne paye pas de mine ce bouge, fit Jessica en faisant la grimace.
— Attends de voir l’intérieur tu vas avoir l’impression de retourner au siècle dernier
— Ça ne donne pas envie du tout.
Quand ils entrèrent dans le bar toutes les conversations s’arrêtèrent. Flack avait raison, on se serait cru dans un bar au temps de la prohibition, le comptoir était tellement vieux qu’on n’aurait su dire de quelle couleur il était. Il y avait de la sciure de bois sur le sol ainsi que des crachoirs disposés à des endroits stratégiques pour les habitués qui chiquaient du tabac. La peinture des murs d’une couleur douteuse s’écaillait. Ça sentait l’alcool, le tabac froid et le rance.
— Regardez ce que la marée nous ramène, de la bleusaille, s’exclama un homme aux cheveux blancs qui essuyait des verres derrière le comptoir.
— Jerry ! Vieille canaille, toujours à servir de la piquette à tes habitués !
— Hey, il ne paye peut-être pas de mine mais c’est un établissement respectable ici !
— Ben voyons, Harmitage des stups m’a demandé de te passer le bonjour et de te rappeler que la prochaine descente aura lieu bientôt. Alors tu ferais bien de nettoyer ton « établissement respectable » de fond en comble, continua Flack en s’approchant du bar tout en gardant un œil sur la salle.
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Jerry en essuyant un verre qui avait perdu son éclat.
— Des infos… Tu as entendu parler des incendies ?
— Tu parles que j’en ai entendu parler, ça ne cause que de ça dans le quartier. Mon cousin Burt a tout perdu parce que son appartement a entièrement cramé.
— Alors tu devrais pouvoir nous aider, on cherche les frères McGready, parait qu’ils viennent souvent préparer leurs mauvais coups chez toi.
— Ces petits merdeux ? Je les ai foutus à la porte, il y a de cela trois semaines. Ces petits cons ont essayé de m’escroquer !
— Comment ça ? demanda Flack.
— Ben le Malcom il travaille en sous-main pour un type qui veut faire de ce quartier un paradis pour gens friqués. Tu vois ce que je veux dire ?
— Oui tout à fait.
— Il a proposé de me racheter le bar pour une misère, je n’aurai même pas de quoi me payer une nouvelle voiture avec ce qu’il m’offre.
— Je vois, je suppose que tu as refusé ?
— Tu parles que j’ai refusé, plutôt mourir que de lui refiler le travail de toute une vie. Ça lui a pas plu au Malcom, il est revenu avec son frère juste avant la fermeture et il a menacé de tout cramer avec moi et ma Betty à l’intérieur. Alors je te les ai vite fait déguerpir à coup de batte dans les fesses. Personne ne menace Jerry !
— Merci Jerry, pas la peine de te dire d’être prudent, ces deux lascars ne plaisantent pas.
— T’inquiète pas la bleusaille, ils ne reviendront pas, mais s’ils reviennent, je les accueillerai comme ils le méritent à coup de fusil à pompe.
— Ce n’est pas une bonne idée, ces deux types ne sont pas des plaisantins, ils n’en sont pas à leur premier méfais. Je te laisse ma carte, appelle-moi si jamais ils se pointent.
— Attend, tu crois que c’est eux qui ont foutu le feu ?
— Trop tôt pour le dire Jerry mais appelle-moi si tu les vois.
— Compris la bleusaille.
Flack rejoignit Jessica qui était restée postée près de la porte pour surveiller la salle. Quand elle sortit, elle soupira. Ils n’étaient pas plus avancés qu’avant mais les dires de ce Jerry ne faisaient que confirmer ce dont elle se doutait déjà, les frères McGready étaient mouillés jusqu’au cou dans cette affaire.
— He ben c’est un sacré numéro ce Jerry.
— Ouais il était en forme aujourd’hui. Mais tout cela ne nous dit pas où sont nos suspects.
— On devrait peut-être aller parler à l’entrepreneur, suggéra Jessica. Juste pour voir quels mensonges il va nous débiter.
Le téléphone de Flack se mit à sonner. Il jeta un œil à la jeune femme et répondit. A la vue de la colère qui se reflétait sur son visage elle sut, elle sut qu’ils avaient remis cela et que cette fois-ci il y avait des victimes.
— Alors ?
— Un autre incendie à quatre pâtés de maisons.
— Laisse-moi deviner il y a des victimes cette fois.
— Une mère et ses trois gosses, le plancher s’est effondré avant que les pompiers ne puissent intervenir, deux pompiers ont été blessés, ils sont en route pour l’hôpital.
En entendant cela, le cœur de Jess se serra et son estomac se noua. Elle savait que c’était la caserne où le lieutenant qui occupait toutes ses pensées travaillait et elle craignait qu’il ne fasse parti des victimes. Les deux policiers montèrent en voiture, et toute sirène hurlante se dirigèrent vers le lieu du sinistre.
Quand ils arrivèrent sur place, il régnait un chaos organisé. Mac était déjà là et discutait avec le chef de bataillon en charge de la scène de crime et le lieutenant Severide. Jessica poussa un soupir de soulagement, certes il lui portait sur les nerfs mais elle ne lui souhaitait aucun mal, elle le voulait juste aussi loin que possible d’elle. Elle ne voulait en aucun cas s’investir dans une relation surtout avec un homme qui allait partir dans quelques semaines à près de 1300km d’elle. Kelly fut le premier à les voir arriver, il ne put s’empêcher de sourire à la vue de celle qui hantait ses nuits.
— Ah Jess, Flack, où étiez-vous passés ? demanda Mac en remarquant leur présence.
— On suivait une piste, j’ai des raisons de croire que les frères McGready sont derrière les incendies. L’ainé Malcom travaillerait en sous-main pour l’entrepreneur. C’est lui qui est chargé de convaincre par tous les moyens les propriétaires de vendre.
— Vous en êtes sûre ?
— Oui, je les ai tous appelés et ils m’ont tous raconté la même chose. McGready arrive, leur fait une offre bien en-dessous du marché et quand ils refusent leurs immeubles partent en fumée quelques temps plus tard. Ils ont fait de même avec un bouge de dixième catégorie « Le Cygne Noir », ça ne m’étonnerait pas qu’il soit maintenant en haut de la liste, expliqua Jessica. On est passé à son appartement mais il n’est pas rentré chez lui depuis que son frère est passé le voir il y a quelques jours. Flack a lancé un avis de recherche. J’espère qu’on leur mettra la main dessus avant qu’il n’y ait d’autres victimes. Ce serait bien si on pouvait surveiller le bar pour le cas où nos deux suspects y reviendraient.
— Bon boulot. Je vais voir ce que je peux faire. Une fois que le chef nous aura donné l’autorisation, on inspecte l’immeuble de fond en comble. Plus on en saura sur leur manière d’agir, plus on aura des chances de leur mettre la main dessus.
Ils durent encore attendre une bonne heure avant de pouvoir se mettre au travail. Jessica examinait chaque pièce à la loupe, elle ne voulait rien laisser passer. Elle voulait plus que tout mettre la main sur ceux qui étaient responsable de la mort de cette mère et de ses trois enfants. Elle était révoltée par ces décès inutiles, tout cela pour qu’un entrepreneur puisse se remplir les poches. Elle se jura de tout faire pour mettre fin aux agissements de cette bande de criminels. Severide la regardait travailler avec détermination. Il détestait ces interventions où ils ne pouvaient sauver tout le monde et dieu sait qu’ils avaient essayé, mais tout s’était joué à quelques secondes près. Il était sur le pas de la porte en train de s’équiper quand le plancher avait cédé et il avait vu cette famille disparaitre dans les flammes de l’étage inférieur sans rien pouvoir y faire.
— Ça va ? demanda Jessica. Vous êtes bien silencieux.
— Ce n’est jamais facile de ne rien pouvoir faire pour sauver certaines victimes, surtout quand il s’agit d’enfants.
— Je comprends, ce sont ces affaires que je déteste le plus mais que je mets le plus de cœur à élucider, les enfants c’est sacré.
Kelly ne répondit pas, il n’y avait rien de plus à dire. Elle avait raison, les enfants c’était sacré et il le savait d’autant plus que son enfance et son adolescence n’avaient pas été un long fleuve tranquille. Si April Sexton et sa famille n’avaient pas été là pour le soutenir quand la situation devenait compliquée avec ses parents, les choses auraient sûrement très mal fini pour lui. Mac l’appela et il quitta la pièce à regret. Jessica venait de trouver les restes d’un engin incendiaire dans un coin de la pièce quand elle entendit un craquement sous ses pieds. Elle se releva et regarda autour d’elle mais ne remarqua rien de spécial. Elle reprit l’examen de l’engin incendiaire, le prit en photo et l’emballa dans un sac en plastique qu’elle scella. Un craquement plus important se fit entendre et le sol commença à trembler. Elle sentit la peur monter, elle était trop loin de la porte pour l’atteindre avant que le sol ne cède. Elle était sûre que c’était ce qui était en train de se passer. Jess s’approcha de la fenêtre la plus proche espérant ainsi avoir un espoir de s’en sortir.
— Mac ! Lieutenant ! appela-t-elle en tentant de garder son calme.
— Jess ? fit Mac en s’approchant.
— Non n’entrez pas ! Le plancher est prêt à s’écrouler.
— Jessica, je veux que tu gardes ton calme, je vais tout faire pour te sortir de là, dit Kelly en essayant de rester aussi imperturbable que possible même si son cœur battait à 1000 à l’heure.
Il examina la pièce et effectivement put constater que le béton était en train de céder par endroit.
— Ici le lieutenant Severide, j’aurai besoin de l’aérienne au niveau de la fenêtre nord-est du deuxième étage du bâtiment. Le sol commence à céder et l’un des policiers est coincé à ce niveau.
— Bien compris mais ça va prendre un peu de temps, l’aérienne doit être déplacée, elle est mal positionnée, on ne peut pas atteindre la fenêtre depuis son emplacement actuel.
— Combien de temps ?
— Entre cinq à dix minutes.
— On n’a pas cinq à dix minutes chef, est-ce que quelqu’un peut me monter des gants, deux harnais et des cordes.
— A quoi vous pensez ?
— Je ne sais pas encore mais je vais trouver.
— D’accord, j’envoie Duncan avec le matériel mais pas d’imprudence, je ne veux pas subir les foudres du chef Boden si jamais il vous arrive quelque chose.
— Bien compris, répliqua-t-il en remettant la radio à sa place. Jessica, je veux que tu t’approches doucement de la fenêtre. Avec ta veste, tu vas enlever le verre cassé, ensuite je veux que tu t’accroches au chambranle le plus fort possible.
— Mais je…
— Ecoute je sais bien que je suis la dernière personne à qui tu veux avoir affaire en ce moment mais désolé il n’y a que moi. Jessica regarde-moi, tu vas t’en sortir. Maintenant fais ce que je t’ai dit.
Tout en tremblant, elle fit ce que le pompier lui avait demandé. Un grondement venu au plus profond de l’immeuble résonna faisant trembler les murs et soudain le sol s’affaissa d’un coup dans un bruit assourdissant.
— Jessica ! hurla Mac en essayant de se faire entendre malgré le vacarme.
— Mac !
Le silence se fit enfin et la poussière retomba. Severide ne perdit pas de temps et évalua la situation. La jeune femme était accrochée au rebord de la fenêtre les deux jambes dans le vide. Elle ne tiendrait pas longtemps. Duncan arriva juste à ce moment-là et jura entre ses dents en voyant l’inspecteur accroché à la fenêtre. Kelly remarqua le petit rebord qui faisait le tour de la pièce, visiblement il s’agissait là de poutres de soutènement.
— Jessica essaye de te hisser et de poser les pieds sur le petit rebord, tu seras plus en sécurité pour attendre l’aérienne.
— J’essaye mais je n’y arrive pas je glisse !
— Chef, dit-il dans sa radio, combien de temps encore ?
— Cinq minutes, les choses sont compliquées ici. Je vous dirais dès que nous serons en place.
— Bien compris.
— Qu’est-ce que vous allez faire lieutenant ? demanda Mac inquiet.
— Ce que je fais de mieux, improviser, répliqua-t-il avec assurance. Duncan, le harnais et la corde. Tu as des gants pour le lieutenant Taylor ?
— Oui j’en ai pris une paire supplémentaire.
— Bien, Duncan et vous lieutenant allez être mon point d’ancrage. Quoi qu’il arrive, ne lâchez pas la corde.
Le pompier acquiesça. Severide enleva sa veste et son pantalon d’intervention, il avait besoin d’une liberté de mouvement que ne lui permettaient pas ces vêtements. Il s’harnacha et attacha la corde solidement. La traversée allait être longue et périlleuse. Duncan s’assit au sol et cala ses pieds contre le chambranle de la porte, Mac prit place derrière lui et s’appliqua à respirer calmement.
— Jessica ? Ça va ? Tu tiens bon ? demanda-t-il avant de se lancer.
— J’ai vu mieux mais je ne sais pas combien de temps encore je vais tenir.
— Reste calme et respire. Concentre-toi sur le lieutenant Taylor. Mac, essayez de lui parler, murmura-t-il.
Il posa un pied sur la corniche, et tout en se plaquant contre le mur, il commença à avancer. Pas à pas, sans faire de mouvements brusques, il avançait.
— Vous êtes dingue, lieutenant ! Vous allez vous tuer ! cria-t-elle.
— Pas de panique je sais ce que je fais, dit-il sur un ton confiant.
Tout son corps était tendu, de la sueur coulait le long de son visage mais il continuait d’avancer par petits pas. Tout ce qu’il espérait, c’était que la corniche tienne assez longtemps pour lui permettre de rejoindre la jeune femme.
A l’extérieur, il régnait un chaos organisé, les pompiers essayaient tant bien que mal de mettre l’aérienne en place mais l’échelle ne voulait pas se déployer.
— Chef, y a pas moyen ! Le moteur a grillé ! cria le pompier en charge de l’échelle.
— Manquait plus que ça, répliqua le chef. Severide, l’aérienne est HS, je répète, l’aérienne est HS.
En entendant cela, le lieutenant arrêta un moment sa progression. Il pouvait sentir ce petit bout de béton craquer sous son poids, jamais il ne supporterait leurs deux poids combinés pour le retour. Il devait trouver une solution et vite. Jessica se fatiguait à vue d’œil et il pouvait voir du sang couler de ses mains et de ses avant-bras à cause des débris de verres que la jeune femme n’avait pas réussi à déloger à temps.
— Vous avez entendu lieutenant ? On fait quoi maintenant ? demanda Duncan tout en retenant la corde de toutes ses forces.
— Ouais j’ai entendu. Demande-leur de mettre le matelas de sauvetage en place.
— Quoi ? Vous êtes dingues, hurla Jessica, on ne va pas sauter ! On va se tuer !
— Non il est prévu pour ça et puis je serais là tout du long, répliqua Kelly en reprenant sa progression tandis que Duncan relayait les ordres du lieutenant.
Mac serrait les dents. Severide lui avait demandé de parler à Jess mais il connaissait assez la jeune femme pour savoir qu’elle ne l’écouterait pas et qu’elle paniquerait encore plus. Il semblait que la voix calme du pompier ait l’effet souhaité. Jessica continuait d’essayer de se hisser mais elle n’arrêtait pas de glisser. Elle avait envisagé d’enlever ses chaussures pour voir si elle avait une meilleure prise mais elle avait renoncé en voyant les bords tranchants des aspérités de ce qui restait du plancher. Du coin de l’œil, elle surveillait la progression de Severide. Plus d’une fois il avait failli glisser, l’un de ses pieds se retrouvant dans le vide, mais il avait tenu bon et retrouvé son équilibre. Elle avait brièvement jeté un œil vers le bas et elle avait senti les cheveux se dresser sur sa tête. Si elle tombait c’était la mort assurée, il en serait de même pour le pompier. Il arriva enfin à sa hauteur.
— Hey ça va ? demanda-t-il d’une voix calme et douce
— J’ai vu mieux, répondit-elle en soupirant.
— Duncan ? Ils sont prêts en bas ?
Le pompier relaya la demande et transmit la réponse positive. Jessica frissonna, elle avait chaud et froid en même temps. Elle était peut-être une enquêtrice expérimentée mais elle était terrifiée.
— Prête ? demanda Kelly.
— Non, mais on n’a pas vraiment le choix, n’est-ce pas ?
— Non pas vraiment. Je vais t’aider à passer sur le rebord extérieur de la fenêtre. Une fois qu’on y sera tous les deux…
— On fera le saut de l’ange, dit-elle la voix tremblante.
— Ne t’inquiète pas tout va bien se passer. Je ne vais pas te lâcher. Tu as le vertige ?
— Euh jusqu’à présent non.
— Excellent, allez un petit effort, l’encouragea-t-il en l’attrapant par l’élastique dans le dos de sa combinaison.
Il l’aida non sans difficulté à monter sur le rebord extérieur de la fenêtre où il la rejoignit après s’être débarrassé de la corde. Il jeta un œil en bas et vit le matelas installé juste en dessous d’eux. Il prit la jeune femme par le bras, lui fit un signe de tête et ils sautèrent. Jessica ne put s’empêcher de hurler à plein poumon. La chute lui parut durer une éternité pourtant elle ne dura que quelques secondes.
— Hey ! Ça va ? demanda-t-il à la jeune femme qu’il tenait dans ses bras
— Je crois, répondit-elle en cachant son visage contre la poitrine de son sauveur, elle ne voulait pas qu’il la voit pleurer.
— Allez viens, on sort d’ici ! Michelle ! Tu peux examiner ses mains et son bras s’il te plait.
Il l’aida à descendre du matelas avec le renfort de ses coéquipiers. Quand elle tenta de se mettre debout, ses jambes se mirent à trembler et si Severide ne l’avait pas retenue, elle serait tombée à la renverse. Il passa un bras sous ses genoux et la porta jusqu’à la civière où une ambulancière la prit en charge.
— Hey Kelly ? Merci, dit-elle en lui souriant pour la première fois.
— Je te retrouve à l’hôpital, répliqua-t-il en sentant son cœur s’emballer, son regard bleu azur lui transperçait l’âme. Michelle va très bien s’occuper de toi, c’est l’une des meilleures.
Mac arriva à ce moment-là accompagné par Flack qui était blanc comme un linge, ils avaient assisté impuissants au saut dans le vide de leur coéquipière.
— Jessica ça va ? demanda Mac inquiet en voyant l’ambulancière lui bander les mains.
— Je suis vivante, murmura-t-elle encore sous le choc.
— On l’emmène à l’hôpital, il faut qu’un médecin voit ses blessures, il n’est pas impossible que des morceaux de verre soient encore incrustés dans les plaies, répliqua Michelle.
— Quel hôpital ?
— Angel of Mercy.
— Chouette, marmonna Jessica, Betty va encore me sermonner. Vous savez Mac, je devrais y louer une chambre à l’année vu le nombre de fois où j’atterris là-bas.
Mac secoua la tête, la jeune femme n’avait pas tort. Elle ne le faisait pas exprès mais elle semblait attirer les criminels comme un aimant. Le coéquipier de l’ambulancière l’aida à mettre le brancard dans l’ambulance et ferma la porte. Ils partirent toute sirène hurlante.
— Tout va bien Flack ? demanda Mac avec curiosité au policier qui avait l’air sincèrement bouleversé.
— Ouais, j’ai enfin fait la paix avec Jess et j’ai déjà failli la perdre. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point elle fait partie de notre vie.
— Il était temps.
— Oh je sais Mac, vous me l’avez répété assez souvent, j’ai laissé parler mon égo blessé. Jessica a toujours été très claire avec moi. Elle ne voulait pas d’une relation quand elle est arrivée et encore moins avec quelqu’un avec qui elle allait devoir travailler de manière régulière. Et puis…
— Et puis ?
— Elle ne m’a jamais regardée comme elle regarde ce lieutenant. Je ne comprends pas pourquoi elle le tient à distance. En tout cas, il n’a pas l’intention d’abandonner à ce que j’ai pu constater et pourtant Jess n’est pas tendre avec lui.
— Je sais, je crois tout simplement qu’elle a peur de s’engager, peur de s’ouvrir à quelqu’un.
— Vous croyez que quelqu’un l’a blessée ?
— Ça, il n’y a qu’elle qui le sache mais j’espère qu’elle va enfin se laisser tenter, elle mérite un peu de bonheur.
Les deux hommes laissèrent les pompiers en charge de la scène de crime, il était trop dangereux d’y envoyer une autre équipe pour le moment. Ils se rendirent aux urgences de l’hôpital où l’infirmière en charge les attendait.
— Bonjour Mac, y avait longtemps, elle est au box 3, le docteur Summerland est avec elle. Je vais finir par lui louer un box à l’année
— Merci Betty. Mais j’espère que ce ne sera pas nécessaire.
Ils se dirigèrent vers le box où Jess attendait patiemment d’être emmenée pour faire une radio. Le médecin lui faisait la leçon comme à chaque fois qu’elle atterrissait aux urgences.
— Allez quoi Steven, ce n’est pas si grave ! Ça aurait pu être pire si le lieutenant Severide n’était pas intervenu.
— C’est à croire que tu es un aimant à…
— Problèmes ? A criminels ? Oui je sais on me l’a déjà dit. Mais que veux-tu ? Ils ne peuvent pas résister à mon charme, répliqua-t-elle en espérant calmer le médecin.
— Alors comment va-t-elle ? demanda Mac en entrant dans le box.
— Aussi bien que possible, on a nettoyé les différentes plaies mais avant de pouvoir les refermer, je l’envoie faire des radios pour voir si on n’a pas oublié d’enlever des morceaux de verres. Ensuite, l’une de nos internes lui fera quelques points de sutures. Mac faites en sorte qu’elle reste tranquille pendant au moins une bonne semaine, histoire que les plaies cicatrisent correctement et ensuite pas de travail sur le terrain pendant encore au moins deux semaines.
— Mais Steven, je t’assure ce ne sont que des coupures ! protesta la jeune femme.
— Assez profondes pour certaines.
— Jessica Ann ! fit Mac sur un ton autoritaire.
— D’accord, d’accord.
Plusieurs heures plus tard, le lieutenant Severide arriva aux urgences. Mac avait dû partir sur une scène de crime. Il avait demandé au pompier de raccompagner la jeune femme chez elle, celui-ci avait été plus que ravi de rendre ce service au policier.
— Hey salut, fit-il en entrant dans le box les mains dans les poches.
— Lieutenant ? Que faites-vous là ? demanda-t-elle surprise.
— Comment ça va ? dit-il en évitant de répondre à la question.
— J’ai vu mieux. Ils ont dû s’y reprendre à deux fois pour enlever tous les morceaux de verre.
Elle leva la tête et leurs regards s’accrochèrent. Ni lui, ni elle n’arrivaient à détourner les yeux. Ceux-ci semblaient avoir une conversation silencieuse. Comme mu par une force invisible, Kelly s’approcha et caressa le visage de la jeune femme. Il ne pouvait nier ce qu’il ressentait. Elle l’avait littéralement ensorcelé. Leurs lèvres se touchèrent, le baiser fut si doux qu’ils ne semblaient pas vouloir le terminer. Quand enfin ils se séparèrent, ni l’un ni l’autre ne dirent un mot mais le sourire sur leurs visages en disait long.
— Prête ? demanda-t-il.
— Oui, je dois avouer que toute cette aventure m’a épuisée. Cette affaire ne nous laisse pas beaucoup de temps libre.
— Je comprends, c’est comme un puzzle dont il manque des pièces et les pièces manquantes sont dispersées dans toute la ville.
— C’est à peu près cela. On a tout de même fait quelques progrès, j’espère que Mac et Flack pourront confirmer mes soupçons.
— Je n’en doute pas, le lieutenant Taylor a l’air de savoir mener sa barque même dans la tempête. Allez viens, il est temps de regagner tes pénates.
— Ça m’embête tout de même de ne pas pouvoir finir cette affaire, j’ai l’impression de les laisser tomber.
— Jessica, je te comprends, je suis tout autant attaché à mon métier que tu l’es au tien, mais avec ces blessures, il te sera difficile de manipuler le matériel nécessaire.
— Je sais, je sais mais…
Il ne la laissa pas finir sa phrase et l’embrassa de nouveau. Cette fois-ci le baiser fut plus passionné. Quand ils se séparèrent, Kelly sut, il sut qu’elle venait de lui ouvrir la porte de son cœur. Une infirmière arriva avec un fauteuil roulant et le pompier le poussa jusqu’à la voiture. Une fois sur la route, il ne pouvait pas s’empêcher de la regarder au risque de provoquer un accident. Elle avait fermé les yeux mais elle ne dormait pas, elle semblait plongée dans ses pensées. Arrivés à destination, elle l’invita à monter chez elle et lui proposa un café. Ils s’installèrent sur le canapé et discutèrent de tout et de rien mais surtout pas de l’enquête. Petit à petit, la fatigue gagna Jessica qui s’endormit. Kelly la couvrit avec une couverture et se contenta de la regarder dormir. Il savait qu’il y avait encore des obstacles à surmonter, mais maintenant qu’ils étaient unis il n’avait nullement l’intention de la laisser partir.
Fin flash-back
Severide regarda Shay qui semblait surprise par ce qu’il venait de lui raconter. Elle avait toujours cru que cela avait été l’amour au premier regard.
— Et voilà comment tout a commencé.
— Ben ça alors, je n’y crois pas tu as trouvé plus têtu que toi, fit-elle en secouant la tête. Et finalement ils ont attrapé l’incendiaire ?
— Oui mais pas avant qu’il ne piège Jessica et Flack dans un entrepôt et y mette le feu. On a réussi à les sortir in extrémis, en revanche l’incendiaire, lui, ne s’en est pas sorti. Il voulait tellement les voir périr dans les flammes qu’il a tardé à sortir de l’entrepôt et une partie de la structure s’est effondré sur lui. En fouillant son appartement, ils ont trouvé suffisamment de preuves pour incriminer l’entrepreneur. Il en a pris pour vingt ans.
— Hé ben, on dirait que sa vie n’est pas un long fleuve tranquille.
— Oh non loin de là et je la soupçonne de minimiser certaines choses pour que je ne m’inquiète pas.
— Tu peux parler, si je ne l’avais pas appelée elle n’aurait jamais su à quel point la situation est sérieuse.
— Je reconnais, y en a pas un pour rattraper l’autre pourtant je te promets je fais des efforts.
— Ça je n’en doute pas. Je ne t’avais jamais vu comme ça avec une femme, même pas avec Renée et tu allais faire le grand saut.
— Comme ça comment ? demanda Kelly intéressé.
— Attentionné, aimant, patient et surtout prêt à parler et partager ce que tu as ici, répondit Shay en mettant la main sur la poitrine de son ami.
Severide ne répondit pas tout de suite. Il n’avait jamais réfléchi à l’impact positif qu’avait Jessica sur lui.
— Kelly ? appela Jess depuis le canapé.
— Oui ?
— Tu peux rapprocher mon fauteuil, s’il te plait, il semblerait que je n’ai pas bien serré les freins hier et je n’arrive pas à l’atteindre.
— Je viens tout de suite ma puce.
Il alla la rejoindre, s’assit sur le canapé à côté d’elle et l’embrassa avec une passion exacerbée.
— Non pas que je me plaigne mais c’est en quel honneur ?
— Juste parce que je t’aime et que je ne te le dis pas assez souvent.
Un sourire illumina son visage. Malgré la tension des derniers jours, elle commençait à retrouver l’homme qu’elle aimait. Ses yeux recommençaient à prendre vie et parler leur propre langage, langage qu’elle n’avait aucun mal à comprendre.
— Si tu allais te débarbouiller, Shay nous a fait un petit déjeuner pantagruélique.
— Hum avec plaisir, je suis affamée.
Elle fila dans la salle d’eau et fit un brin de toilette. Il fallait vraiment qu’elle trouve une solution pour pouvoir prendre une douche. Elle avait besoin de ce moment privilégié pour se vider la tête.
Chapter 15
Notes:
Voici un tout petit chapitre des aventures de Severide et Jessica. Je vous remercie de votre patience. Ca a été très laborieux d'écrire entre la situation compliquée dans laquelle je me trouve, une santé pas bien brillante, des problèmes qui s'accumulent mais surtout cette fatigue qui me prive de toute énergie H24.
Il risque d'y avoir quelques modifications dans le texte par la suite mais rien de majeur.
Comme toujours tout commentaire, toute critique bienveillante sont les bienvenus
Alors attachez vos ceintures et enjoy the ride
Chapter Text
Après un délicieux petit-déjeuner, Shay et Kelly s’installèrent sur le canapé tandis que Jessica examinait tous les dossiers qu’elle avait téléchargés quarante-huit heures auparavant. Elle notait toutes les informations importantes sur un bloc-notes. Elle lisait avec attention tous les rapports des différentes commissions surtout les disciplinaires. Le chef Tiberg avait raison, presqu’aucune décision prise n’avait été contestée. Quand elle l’avait été, le pompier qui avait osé les remettre en question avait été systématiquement renvoyé sans vraiment de motifs valables. La commission disciplinaire était composée de 4 adjoints de chefs de districts et chapotée par un chef de district. La commission d’appel était, elle, composée par 4 chefs de district et dirigée par un commissionnaire adjoint. Jess examina avec attention la composition des différentes commissions disciplinaires. Les mêmes noms revenaient à chaque fois et comme par hasard leur jugement était rarement en faveur du pompier inculpé même si les preuves et les arguments étaient en sa faveur. A croire que le verdict était décidé bien en amont avant même la convocation de la personne mise en cause et cela durait depuis un certain nombre d’années. Elle établit une liste de ceux qui avaient été renvoyés pour des motifs douteux. Il allait falloir les contacter le plus rapidement possible pour avoir leurs versions des faits. Sur une autre feuille elle nota le nom de tous les cols blancs concernés par ses recoupements, elle allait devoir se replonger dans les dossiers de la base de données des pompiers dès le lendemain. Il ne lui restait plus beaucoup de temps vingt-quatre voire quarante-huit heure tout au plus. Elle avait besoin de plus d’infos. De plus il lui fallait encore préparer leur voyage à New York, Kelly avait insisté pour l’accompagner arguant qu’Angell était aussi son amie. Elle soupira, jamais elle n’aurait le temps de tout faire, c’était quasiment mission impossible. Et puis elle avait un nœud à l’estomac rien qu’en pensant à la prochaine garde et à ce que le lieutenant de pacotille allait encore inventer pour faire du mal à celui qu’elle aimait plus que tout.
— Hey ça va ? demanda Shay en s’asseyant près d’elle.
— Pas vraiment, ça peut paraître paradoxale mais j’ai trop et pas assez d’informations et surtout pas assez de temps pour tout traiter. J’aurais besoin d’au moins trois autres paires de bras.
— Pourquoi ne pas demander de l’aide à tes collègues ? demanda Leslie.
— Après ce qui vient de se passer, ils sont overbookés. J’y ai pensé tu sais mais ils ont besoin de tous les moyens à leur disposition pour retrouver ceux qui ont tiré sur Danny. Et puis il y a l’enterrement d’Angell… Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle nous a quittés. J’appréhende un peu mon retour à New York.
— Pourquoi ?
— Parce que je n’ai jamais été très à l’aise avec les adieux et les aurevoirs. Ça va être très dur, tu sais.
— Tu veux que je vous accompagne ?
— Tu es déjà épuisée avec tout ce qui s’est passé ces derniers jours, je ne voudrais pas t’imposer encore ça.
— Tu ne m’impose rien du tout puisque je te le propose. Tu as déjà pris tes billets ?
— Non pas encore. Je comptais m’en occuper un peu plus tard.
— Laisse-moi faire. Je m’occupe de tout. Tu connais un bon hôtel pas trop cher où je pourrais loger ?
— Ne sois pas stupide j’ai une chambre d’ami qui n’attend que toi. L’idéal serait de prendre un vol directement après la garde. Cela nous fera gagner du temps de partir de la caserne.
— D’accord bonne idée.
— Je demanderai à Mac de nous envoyer quelqu’un de l’équipe pour nous ramener à la maison comme ça je pourrais directement être mise au parfum des derniers évènements.
— Pour en revenir à ton problème de traitement de données, est-ce que ton ami de Las Vegas ne pourrait pas nous aider ?
— Il est en arrêt maladie, il a été blessé sur une scène de crime.
— C’est grave ?
— Non pas trop heureusement, c’est son téléphone qui a morflé.
— Il n’y a personne d’autre ?
Jessica réfléchit un instant. Il était hors de question de demander quoi que ce soit à son équipe pour le moment, même si elle pouvait entendre les remontrances de Mac dans sa tête. Nick était en maladie à la suite de son agression et si jamais il posait ne serait-ce qu’un pied au laboratoire, Catherine allait lui tomber dessus comme la misère sur le monde. Elle ne connaissait pas assez le lieutenant Caine pour lui demander ce service. Son téléphone sonna et elle sourit, quand on parlait du loup…
— Salut grand frère !
— Salut Jess comment ça va ?
— A vrai dire j’ai vu mieux.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il soudain inquiet.
— Tu te souviens d’Angell ?
— Badass Jess ? Oui elle m’avait bien fait rire la dernière fois que je suis venu te voir à New York.
— Elle a été tuée dans une fusillade avant-hier matin et Danny a été blessé dans une autre fusillade le soir même.
— Je suis désolé ma puce. C’est grave pour Danny ?
— Assez mais il va s’en sortir.
— Comment va Kelly ?
Elle se retourna et vit son amant endormi sur le canapé. Même au repos, il semblait tendu. Son visage était marqué par la fatigue et la préoccupation.
— Il est épuisé, toute cette affaire est un cauchemar. Je commence à me dire qu’il ne s’en sortira pas sans dommages.
— Pourquoi tu dis cela ?
— Tu te souviens du lieutenant de pacotille ?
— Oui, d’ailleurs vaux mieux pas que je lui mette la main dessus à celui-là. Qu’est-ce qu’il a encore fait ?
— Il a dans l’idée d’éliminer Kelly pour avoir définitivement son poste. Il a saboté sa bouteille d’oxygène lors de la dernière garde.
— Il a laissé des indices ?
— Oui mais il pourra toujours arguer que ses empreintes sont sur son appareil respiratoire parce qu’il l’a vérifié.
— Pas faux. Et tu en es où de tes recherches ?
— Paradoxalement j’ai trop et pas assez d’infos. La commission d’appel est dans quatre jours et je ne vais pas avoir matériellement le temps de tout traiter et de passer tous les appels. Demain Kelly sera de garde et je serai à la caserne, je ne peux pas continuer mon enquête là-bas si je veux que cela reste discret. Je dois faire un aller-retour à New York pour l’enterrement après la prochaine rotation.
— De quoi as-tu besoin concrètement ?
— Idéalement il faudrait pouvoir contacter une liste de pompiers et leur poser des questions sur leurs commissions disciplinaires, rechercher des informations sur certains col blancs. J’ai encore pas mal de dossiers à examiner.
— Envoie-moi ta liste et les questions à poser, je vais voir avec l’équipe si on peut t’aider.
— Nick si tu vas au labo tu vas te faire manger tout cru par Catherine.
— Ne t’inquiète pas si c’est pour t’aider je suis sûr qu’elle ne dira rien. Tu sais très bien que tu es comme une petite sœur pour elle, elle ne peut rien te refuser.
— Je sais mais je ne voudrais pas abuser de votre temps libre.
— Tu sais très bien que l’équipe est là pour ça. Alors envoie-moi les informations et on va faire en sorte que d’ici la fin de la prochaine garde tu aies tes réponses.
— Merci Nick, je t’en dois une…
— Non tu ne me dois rien du tout. Les grands frères sont là pour ça. Maintenant fait une pause, mange un morceau, passe un moment avec Kelly et quand tu auras de nouveau la tête claire, replonge-toi dans les dossiers mais pas avant.
— Depuis quand es-tu devenu la voix de la sagesse ? demanda Jessica amusée.
— Depuis que j’ai rencontré par hasard un agent du NCIS lors de la dernière conférence à laquelle j’ai participé. Son mantra c’est travailler moins mais travailler plus efficacement. C’est sûr que ce n’est pas simple tous les jours mais c’est une question d’organisation. Warrick n’arrête pas de se moquer de moi mais depuis que j’applique ce conseil ma paperasse me semble beaucoup plus facile à faire.
— Si tu le dis.
— Jess, tu sais que je vous soutiendrais Kelly et toi quoi qu’il arrive…
— Je sais, merci grand frère.
— Je te tiens au courant dès que j’ai du nouveau. Prends soin de toi ma belle
— Toi aussi, fais attention là dehors.
Elle raccrocha, elle se sentait un peu plus apaisée. Shay la regarda avec curiosité.
— On dirait que ton problème a été réglé.
— Ouais, il est adorable.
— Attention Kelly va finir par être jaloux.
— De Nick ? Aucune chance. Nick c’est mon grand frère de cœur. Il veille sur moi depuis des années, depuis que j’ai été adoptée par le père de son meilleur ami. Ils sont comme les trois mousquetaires, Nick, Carlos et mon frère Trent. À force de m’incruster dans leur petit trio, ils ont fini par m’accepter et gare à celui qui s’en prendrait à moi. A la mort de mon père adoptif, les choses se sont compliquées pour moi, alors j’ai pris la route et j’ai rejoint Nick à Las Vegas. Il venait de commencer au labo sous les ordres de Grissom. C’est lui qui m’a obtenu le poste d’assistante de son chef, faut dire que Grissom et la paperasse ça fait deux. C’est lui qui m’a encouragé à reprendre des études, ça n’a pas été simple mais j’ai obtenu mon diplôme en sciences médico-légales, je me suis spécialisée dans la balistique.
La conversation fut interrompue par des suppliques provenant du canapé, visiblement Severide était en plein cauchemar. Le pompier, épuisé par tout ce qui s’était passé ces derniers jours, avait fini par s’endormir devant un vieux film qu’il avait vu une bonne centaine de fois.
La salle du tribunal était pleine à craquer de monde et de journalistes. Kelly avait été amené jusqu’à la table de la défense habillé d’une combinaison orange et des baskets en toile noir bon marché. Il était pieds et poings liés. A ses cotés siégeait un avocat commis d’office. Il se retourna et put voir tous ses collègues entourer Nikki et Tara les félicitant de leur courage. Non ce n’était pas possible même Shay était parmi eux. Le juge entra dans la salle et s’installa à son perchoir. Paniqué Kelly demanda où était Franck son avocat et Jessica. Son défendeur l’informa que son avocat s’était récusé et que sa pseudo-fiancée avait déclaré devant la cour que tout n’était qu’un stratagème pour le sortir de ce mauvais pas. Il lui avait promis de l’argent, beaucoup d’argent mais comme elle n’avait pas reçu le paiement convenu elle était rentrée à New York. Elle en avait assez de se promener en fauteuil pour rien puisqu’elle pouvait très bien se tenir debout sur ses deux jambes. Le procès fut mené d’une façon expéditive, dans un grand brouhaha. Plusieurs témoins disaient mensonges sur mensonges et bien sur son abruti d’avocat n’avait rien à répondre. Il laissait dire avec un sourire béat et quand Kelly essayait de prendre la parole personne ne l’écoutait. Le jury se retira pour délibérer et revint cinq minutes plus tard avec le verdict.
— Accusé levez-vous. Vous avez été reconnu coupable d’harcèlement sexuel et de tentative de viol sur les personnes de Tara Little et Nicki Rutkowski. Etant donné que vous êtes un grand prédateur sexuel et que vous avez tout fait pour ne pas faire face à vos responsabilités allant jusqu’à payer un témoin pour qu’il mente sur vos agissements, cette cour vous condamne à trente ans de prison avec une peine de sureté de quinze ans. Vous purgerez votre condamnation à la prison de Stateville dans le bloc de haute sécurité ! Qu’on l’emmène, qu’on l’enferme et qu’on jette la clé ! La séance est levée.
— Non ! Non ! Non ! Non ! répétait-il en boucle…
Il y eut un rugissement de jubilation dans la salle du tribunal et un tonnerre d’applaudissement salua la décision du juge. Ses collègues sifflaient et riaient à gorges déployés. Caldwell s’approcha de lui et lui murmura à l’oreille
— Tu vois Severide, je gagne toujours, non seulement je garde ton poste mais tu vas finir tes jours en taule. T’inquiète pas j’ai des potes qui ont hâte de te faire ta connaissance et surtout de partager leur douche avec toi. Fais attention à ne pas te faire mal au dos en te penchant en avant.
Un policier le prit par le bras pour l’emmener mais il commença à se débattre comme un beau diable. Il n’avait rien fait, il était innocent, criait-il encore et encore.
Il sentit une main sur son visage et une voix l’attirait vers la lumière. Il connaissait cette voix.
— Kelly, réveille-toi ! C’est un cauchemar, juste un cauchemar, dit Jessica avec douceur. Je suis là avec toi, je ne te quitte pas.
Severide se réveilla en sursaut, des larmes coulaient sur son visage. Il regarda autour de lui s’attendant à être enfermé dans une cellule de trois mètres sur deux.
— Hey ! fit Jess en lui caressant le visage.
— Jess… Tu es là ? Tu es bien là ? Je ne rêve pas ? murmura-t-il en approchant et en mettant sa main sur la sienne.
— Oui, je suis là avec toi. Tu as fait un sacré cauchemar, tu veux m’en parler ?
— Non pas tout de suite, répondit-il en frissonnant.
— Tiens, fit Shay en lui tendant une bouteille d’eau.
— Merci.
— Allez pousse-toi, laisse-moi un peu de place, fit Jessica.
Avec aisance elle s’installa sur le canapé et prit le pompier dans ses bras. Celui-ci cacha son visage au creux de son cou. Il ne voulait pas craquer mais toute cette pression lui pesait plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Elle passa sa main dans le dos en faisant des cercles pour l’apaiser. Elle murmura à voix basse des mots de réconforts. Il lutta mais c’était comme si les vannes avaient cédé. Son corps était secoué par des sanglots.
— C’est cela laisse toi aller. Faut que ça sorte, je suis là tu n’as rien à craindre.
— Ne me laisse pas, murmura-t-il avec un tel désespoir dans la voix ce qui fit craindre le pire à Jessica si jamais ils ne réussissaient pas à l’innocenter.
— Aucune chance. Je t’aime trop pour cela.
Shay regardait la scène les larmes aux yeux. La dernière fois qu’elle avait vu Severide dans un tel état de détresse, c’était après la mort d’Andy. Il avait disparu près de trois semaines puis il était revenu apaisé. Elle comprit que Jessica avait dû intervenir d’une manière ou d’une autre, elle en était intimement persuadée. Severide finit par se calmer, et raconta d’une voix tremblante son cauchemar.
— Ça n’arrivera pas, on ne te laissera pas tomber. N’oublie pas que le chef, Casey, Shay et maintenant Herrmann sont au courant et sont disposés à nous aider.
— Mais la voilà la solution ! s’exclama Shay en prenant son portable.
— Attend qu’est-ce que tu fais ?
— Je bats le rappel des troupes. Tu as besoins de bras et on en a !
Elle composa un numéro avant que Jessica ou Kelly ne puissent dire quoi que ce soit.
— Chef ? C’est Shay, on a besoin d’aide.
Elle expliqua à Boden la situation. Elle savait que Jessica était épuisée et après ce qu’elle venait de voir, son meilleur ami était tout près de son point de rupture. Elle appela ensuite Casey et Herrmann. Elle ne fut pas surprise de leur réponse, ils allaient tous se mettre en route et venir donner un coup de main. Cela allait laisser un peu de répit aux amoureux.
— Et voilà problème résolu, ils sont en route, Casey a dit qu’il passait prendre le déjeuner.
— Mais…
— Mais rien du tout, on est une famille et une famille ça se soutient contre vents et marées. Vous allez pouvoir souffler un peu tous les deux. Jessica tu n’as pas eu un seul moment de vrai repos depuis ton arrivée. Alors maintenant on va être tes bras et tes jambes. Tu n’auras qu’à nous dire ce qu’on doit faire et te reposer sur nous. Et si on n’arrive pas à tout faire avant la rotation de demain tu pourras faire entrer en jeu tes renforts de Las Vegas.
Une demi-heure plus tard, le chef, Herrmann et Casey arrivèrent en compagnie d’Erin et d’Antonio que Boden avait contacté en pensant qu’avoir des policiers avec eux valideraient leurs recherches de manière légale. Après avoir déjeuné, Jessica expliqua ce qu’elle attendait de tout le monde, elle avait établi une liste de questions à poser pour les aider à diriger les interrogatoires. Jess commençait à voir un mode opératoire se dessiner. Tous les postes des pompiers interrogés qui avaient été renvoyés avaient été proposés à des membres ou des amis de la famille des différents membres des commissions. Les coups de téléphones se succédaient à un rythme effréné, toutes les histoires se ressemblaient plus ou moins.
Boden réussit à persuader le couple d’amoureux de se retirer dans leur chambre à l’étage pour quelques heures, ils avaient besoin de se retrouver et cela se sentait. Casey porta la jeune femme tandis qu’Herrmann monta le fauteuil. Une fois qu’ils se retrouvèrent seuls, ils n’échangèrent pas une seule parole. Kelly déshabilla amoureusement sa dulcinée, révélant un peu plus ce corps qui l’appelait. Ses doigts traçaient des arabesques sur la peau de Jess qui, allongée sur le lit, avait fermé les yeux. Elle sentait son corps vibrer sous ses caresses. Il l’embrassa avec une passion exacerbée, il voulait la faire sienne. Il voulait enfin ne faire qu’un avec elle.
— Aime-moi, chuchota-t-elle à son oreille.
Le peu de contrôle qu’il avait céda et il la posséda avec une douceur et une force qui les menèrent tous les deux à l’extase. Après avoir repris leurs esprits, ils restèrent tous les deux allongés dans le lit. Kelly examinait le visage de Jessica, elle souriait et elle semblait tout à fait détendue pour la première fois depuis qu’il avait atterri à l’hôpital.
— Tu es tellement belle… murmura Severide.
— Tu n’es pas mal non plus, répliqua-t-elle en plongeant dans le regard amoureux de son amant.
— Je ne sais pas ce que je ferai si jamais il t’arrivait quelque chose.
— Que veux-tu qu’il m’arrive dans une caserne remplie de pompiers ? Il est bien trop lâche pour attaquer de face. C’est à toi qu’il en veut. C’est toi qui cours le plus grand danger.
— Je ferai attention je te le promets.
— Si on se rendait présentables avant de descendre rejoindre les autres ? suggéra Jessica qui se sentait un peu coupable de laisser tout le travail au reste de leur équipe improvisée.
— Avec plaisir.
Ils se glissèrent sous la douche et pour une fois Jess laissa Kelly s’occuper d’elle. Avec une douceur que peu lui connaissaient, il la savonna de la tête aux pieds, puis avec beaucoup de patience, il entreprit de laver ses longs cheveux ébène. C’était l’une des choses qu’il aimait faire pour la jeune femme. Cela avait un vrai effet apaisant sur elle. C’était par ses petits gestes du quotidien que Kelly lui montrait son amour. Elle n’avait pas besoin de grandes déclarations, ni de diners fastueux, ni de cadeaux de grande valeur pour sentir l’amour qu’il avait pour elle. Il l’avait acceptée comme elle était avec ses forces et ses faiblesses, son sale caractère, ses blessures passées qui faisaient d’elle la femme qu’elle était. Il ne lui demandait rien d’autre que d’être elle-même, ce flic un peu teigneux capable de le remettre à sa place quand il dépassait les bornes. Assise sur le lit, elle avait fermé les yeux et laissait Severide lui brosser sa longue chevelure, une fois tous les nœuds dénoués, il entreprit de faire une longue natte.
— Ça va ? demanda-t-il une fois qu’il eut terminé sa tâche.
— Magnifiquement bien, merci. Je t’aime, j’espère que tu le sais, murmura-t-elle en l’embrassant tendrement.
— Je sais mais j’aime te l’entendre dire ça m’aide à garder la tête froide et les pieds sur terre. Merci d’être venue, je suis désolé de ne rien t’avoir dit, je ne voulais pas t’inquiéter.
— Je m’inquièterai toujours pour toi, ça fait partie du jeu.
— Prête à rejoindre les autres ?
— Aussi prête que je puisse l’être, allons-y.
Ils sortirent de la chambre et Severide descendit les escaliers, il avait bien meilleure mine après ces quelques heures d’intimité. Le chef Boden monta chercher la jeune femme tandis que Casey descendit le fauteuil. Il y déposa Jess avec délicatesse.
— Merci chef. Alors on en est où ? demanda-t-elle en entrant dans le vif du sujet.
— Tu avais raison, commença Erin, tous les pompiers que nous avons interrogés nous ont raconté la même histoire. Ils se sont fait virer soit pour des infractions mineures soit à cause de fausses accusations. Il va nous falloir un mandat si on veut pouvoir examiner les dossiers.
— On a appelé pratiquement tous les pompiers de ta liste. Il nous en manque encore une bonne demi-douzaine, continua Herrmann. Il faudra vérifier dans la base de données qui a été affecté à leur place et quels sont leurs liens avec les cols blancs de la commission.
— Vous êtes remontée sur cinq ans, reprit Boden, mais j’ai dans l’idée que ce trafic d’influences dure depuis beaucoup plus longtemps. D’ailleurs comment avez-vous eu accès à toutes ces informations ?
— J’ai eu une aide bienveillante et anonyme, répondit Jessica en souriant.
Le chef Boden souleva un sourcil mais ne fit aucun commentaire, il se doutait bien d’où venait cette aide providentielle. Quand toute cette affaire serait terminée, il veillerait à ce que cette personne soit récompensée.
— Il se fait tard on y aller, dit Erin. Ne t’inquiète pas Jessica, Antonio et moi, on va finir d’interroger les quelques personnes sur ta liste qu’on n’a pas réussi à joindre. Mais si tu peux nous avoir d’autres noms ce serait bien. Plus on en aura, plus notre dossier aura du poids.
— Pas de soucis, je vais faire au mieux. Et merci à tous pour votre aide.
— Ça sert à ça la famille, jeune fille, répliqua Herrmann en souriant.
On toqua à la porte et Shay alla ouvrir. Elle fut surprise de voir Cindy la femme d’Herrmann avec plusieurs Tupperware emplis de toutes sortes de gâteaux.
— Cindy ?
— Je viens récupérer mon mari et par la même occasion vous apporter quelques douceurs. J’ai fait une après-midi pâtisserie avec les enfants.
— Ah, fit Christopher en embrassant sa femme. Dans quel état est la cuisine ?
— Ne t’inquiète pas mon chéri, elle a survécu.
— Merci c’est gentil, il n’y a rien de tel que de bons gâteaux pour remonter le moral, dit Jessica en souriant.
— Cindy je te présente Jessica, la fiancée de Severide.
— Vous avez bien du courage, dit la femme d’Herrmann avec un sourire bienveillant.
— Ne t’inquiète pas avec elle je suis doux comme un agneau, répliqua Kelly en souriant vraiment pour la première fois depuis des semaines.
— Je confirme, rajouta Shay.
Tout le monde parti d’un grand rire. Ils se dirent au revoir et l’appartement retrouva un calme tout relatif. Avec l’aide de Kelly, Jess se mit au fourneau, il fallait qu’elle brûle un peu de ce trop-plein d’énergie et à défaut de pouvoir faire des katas, cuisiner marchait presque aussi bien. Pendant tout le diner ils parlèrent de tout et rien, de tout sauf de l’affaire. Jessica évoqua la mémoire d’Angell et leur raconta quelques anecdotes croustillantes. Sa disparition lui brisait le cœur, mais elle la connaissait assez pour savoir qu’elle préférait qu’on célèbre sa vie et non sa mort. D’ailleurs si jamais elle les observait de là où elle était, elle devait mener la vie dure à St Pierre pour qu’il la laisse redescendre sur terre pour botter quelques fesses. Puisque c’était la soirée des confidences, Shay leur avoua son envie de devenir mère. Elle en avait parlé longuement avec Amelia qui n’était pas opposée à l’idée. Kelly était dubitatif, leur métier leur prenait beaucoup de temps. C’était presque un sacerdoce. Mais il ne voulait pas la décourager. Si être mère la rendait heureuse alors il la soutiendrait contre vents et marées.
Jessica regarda son amant, l’idée d’avoir un enfant lui avait traversé l’esprit, elle était femme et elle sentait son horloge biologique se rappeler à son bon souvenir. Cependant elle ne se sentait pas prête à plonger dans les couches et les biberons. Elle avait encore tant de choses à accomplir dans sa vie professionnelle, il y avait tant de voies à explorer. Un jour viendrait où ils en parleraient mais ce n’était le moment pour aucun d’entre eux. Kelly, lui, pour l’instant évitait de se projeter dans l’avenir. Il craignait trop que ses plans ne tombent à l’eau si jamais toute cette affaire ne se réglait pas en sa faveur. Il avait toute confiance en Jessica mais même elle ne pouvait pas faire de miracles. Il se refusait à réfléchir à un autre avenir, à un changement de carrière. Il était pompier, c’était dans ses gênes, dans son sang et était partie intégrante de son identité. Sans cela il n’était rien, il était perdu. Shay et Jessica le comprenaient très bien, elles ressentaient plus ou moins la même chose. Ils décidèrent d’aller se coucher, il se faisait tard et le lendemain une longue journée de travail les attendait.
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