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Your Heart Ain't Cold (Cause It Burns), fr

Summary:

Où Mayuzumi Chihiro obtient contre son gré un travail aux Akashi Industries, va en Amérique, rencontre Nijimura Shuuzou et Kiyoshi Teppei, fait un road-trip pour découvrir les secrets d’une secte, et questionne ses choix de vie tout du long.

« L’Histoire de Nijimura » de la série Désignation : Miracle.

Notes:

NdA :
Cette histoire n’a que cinq chapitres ! Donc le nombre de chapitres que vous voyez est très trompeur. Après le premier chapitre, il y aura un petit interlude qui accompagne chaque chapitre que je vais poster (donc ça ressemblera à deux chapitres postés en même temps) et ensuite il y a un épilogue après le cinquième chapitre. Cette fic est complètement terminée !

Elle a des notes *très* longues et importantes qui seront dans la section de fin. S’il-vous-plaît, lisez ces notes ! Parce qu’il y a certaines choses que vous devriez savoir à propos de cette histoire très étrange.

Elle fait partie de l’univers de Désignation : Miracle, et vous aurez besoin de connaître cet univers pour lire cette fic. Et aussi, si vous n’avez pas lu ‘We’re Never Coming Back (to Your Filthy Halls)’ une graaaaaaande partie de cette histoire n’aura pas beaucoup de sens.

Et ahahah, oui, j’ai déjà utilisé une variation de ce titre pour une histoire courte mais c’était super approprié pour cette histoire donc je l’ai réutilisé ! Il vient de ‘And We Run’ de Within Temptation ft. Xzibit.

The secret beta fish a été la beta de cette fic, toutes les erreurs qui restent sont les miennes =D

NdT: Les chapitres seront normalement postés tous les samedis et les interludes tous les dimanches. Je ferai de mon mieux pour m'en tenir au programme.

Comme d'habitude, les titres venant de chansons ne sont pas traduits, si vous trouvez quelque chose de bizarre, des tournures de phrases qui ne sont pas exacts, dites-le moi, et si vous aimez, n'hésitez pas à aller envoyer un commentaire en anglais à l'auteur - umisabaku.

Bonne lecture ! Et prenez soin de vous :)

(See the end of the work for more notes.)

Chapter Text

Mayuzumi Chihiro descend de l’avion en se sentant fatigué, ronchon, et ayant vaguement des envies de meurtre. Il regrette énormément tous les événements de sa vie qui l’ont mené à ce moment. Il cligne des paupières aux premières vues de Los Angeles et décide là et maintenant qu’il va détester tout de ce pays.

« Mr. Mayuzumi ? »

Mayuzumi regarde son interlocuteur avec l’hostilité à moitié-endormie de quelqu’un qui vient d’être dans un avion pendant dix heures et qui n’a pas dormi. Il voit deux hommes blonds en costumes qui l’attendent sur le tarmac.

« Vous êtes Chihiro Mayuzumi ? » répète l’un des hommes.

« Oui, c’est ça, » répond Mayuzumi en anglais.

« Ryder Kade Stevens. Voici mon partenaire, Vincent Gallagher. On est là pour t’escorter à ton hôtel. »

« Merci, » dit Mayuzumi après leur avoir serré la main. Il se rappelle que ce n’est pas leur faute s’il est là, donc il ne devrait pas leur en vouloir d’exister.

« Sauf si vous préférez aller directement à l’établissement ? » propose Vincent.

« Nope. L’hôtel, c’est bien. » S’il doit aller au travail là maintenant, il pourrait bien vraiment tuer quelqu’un.

Si les deux hommes sont surpris par son manque d’éthique professionnelle, ils sont trop polis pour le dire.

*

« Vous êtes pas un peu jeune pour être un Directeur Général Adjoint ? » demande enfin Vincent quand ils sont dans la limousine.

« Vous pouvez pas être beaucoup plus âgé que moi, » dit Mayuzumi de la banquette arrière.

« C’est pas moi le Directeur Général Adjoint. Stevens ? Toi, t’es un Directeur Général Adjoint ? »

« Nope, je suis un homme de main professionnel, » dit joyeusement Ryder. Ryder conduit la limousine, et les deux hommes portent un étui à l’épaule. Mayuzumi travaille pour cette compagnie depuis assez longtemps pour savoir qu’aucun de ses employés n’est ce que les apparences sous-entendent.

« Je vous en pris » dit-il. « Vous êtes tous les deux des touche-à-tout. J’imagine que vous êtes tous les deux infiniment plus éduqués et talentueux que moi. »

« Et pourtant c’est vous qui vous faîtes les gros billets, » dit Stevens, secouant la tête, comme s’il avait honte. « Donc vous êtes quoi ? Un petit génie ? Un ninja secret ? »

« Un niveau bac, » lance Mayuzumi avec un grand sourire.

« Donc, un génie ? » dit Ryder.

« Non, j’avais des notes suprêmement moyennes. »

« Alors, les arts martiaux ? » Les yeux de Vincent le regardent de haut en bas, septique.

« Décidément pas. Je suis un humain très normal sans aucun talent et avec exceptionnellement peu d’ambition. » Mayuzumi pense à imprimer sa biographie sur sa carte de visite. Ça lui ferait gagner beaucoup de temps.

« Si vous voulez pas nous le dire, vous êtes pas obligé, » dit Ryder, levant les yeux au ciel.

« Je vous dis la vérité. »

« Le Boss engage pas de gens normaux, » dit Vincent, sa voix sèche. « Et vous pouvez pas être l’un des bras droits de Masaomi Akashi en étant moyen. Si vous êtes si normal, comment vous avez eu le job ? »

« Par népotisme, en gros, » dit Mayuzumi. « Et un peu en profitant du malheur des autres. »

*

C’était complètement de la faute d’Akashi Seijuurou. En regardant en arrière, si Mayuzumi avait su le genre de problèmes que son passe-temps de basket allait lui amener dans la vie, il serait retourné dans le temps et il aurait giflé son lui de quatorze ans avant qu’il puisse attraper sa première balle de basket.

Il avait su depuis le début que la vie universitaire, ce n’était pas pour lui. Son plan après le lycée, c’était de trouver un travail – quelque chose qui avait des horaires fixes et qui ne demandait pas trop d’efforts. Ça n’avait pas besoin d’avoir un bon salaire, juste assez pour payer un studio et en laisser assez pour les courses et des livres.

Tout ce qu’il voulait vraiment, c’était une vie simple et silencieuse. Aller au travail, rentrer, lire, dormir, recommencer le jour suivant. Et on aurait dit qu’il allait établir une vie très confortable.

Et puis Akashi est arrivé.

*

« Mayuzumi-san, c’est inacceptable. »

Mayuzumi força un sourire. « Est-ce que Client-san voudrait passer une commande ? Sinon, Client-san devra arrêter de bloquer la file. »

« Je prendrai un numéro deux, » dit Akashi, avec la plus faible des moues. « Mayuzumi-san, c’est très bouleversant. Il existe de meilleurs emplois– »

« Est-ce que Client-san aimerait prendre le menu large ? » dit Mayuzumi.

« Mayuzumi-san, » dit Akashi, sa voix commençant à prendre ce sous-entendu de commandement impérieux dont Mayuzumi se souvenait si bien de ses jours au club de basket. « J’avais l’impression que tu allais étudier à l’université. »

« Oui, tu avais cette impression, et c’était hilarant. J’adore quand tu as tort. Client-san. S’il-vous-plaît laissez la place pour les autres de la file. »

L’œil d’Akashi a presque un tic. « Tu n’as pas besoin de travailler ici. »

Mayuzumi souffle et laisse enfin tomber son personnage du serveur. « J’aime travailler ici. » Il était devenu complaisant avec l’idée qu’Akashi ne découvrirait jamais qu’il travaillait dans un Maji Burger, parce qu’Akashi ne mettrait jamais, jamais les pieds dans un Maji Burger.

Ce qu’il avait oublié, c’est que Nebuya irait dans un Maji Burger, et fréquemment, et que le Roi Sans Couronne était une sale balance qui disait tout à Akashi.

« C’est un gâchis de tes talents, » dit Akashi.

« OK, tout d’abord, sois pas condescendant envers les gens dévoués de l’industrie de la restauration. Il y a beaucoup de gens ici qui travaillent très dur pour offrir un service dont le public a besoin donc ravale ton mépris. Je ne suis pas l’un de ces gens, mais tu devrais quand même pas être un connard, et ça m’amène à mon deuxième point, quels talents ? » dit Mayuzumi, offensé au nom de ses collègues tout en maintenant simultanément une impression réaliste de lui-même en tant qu’employé. « Je n’ai pas de licence, j’avais des notes de merde au lycée, et oh ouais, je n’ai aucune envie d’avoir une carrière épanouissante. Je suis exactement là où je devrais travailler. Je ne veux rien de plus de la vie que ce que j’ai maintenant. »

Akashi lui lança un regard lourd de reproches. « Je suis déçu de toi, Mayuzumi-san. »

« Heureusement pour toi et pour tout le monde sur cette terre, je n’en ai pas vraiment grand-chose à faire de ce que le capitaine de mon ancien club de basket pense de moi. »

« Je peux t’obtenir un travail dans la compagnie de mon père, » continua Akashi, comme si Mayuzumi n’avait rien dit. « Le salaire est meilleur et tu n’as pas à travailler avec de la nourriture congelée. »

« Non, merci, » dit Mayuzumi. « Je suis bien là où je suis. »

« Laisse-moi me corriger. Je t’ai obtenu une position dans la compagnie de mon père, et tu commenceras lundi. »

« Akashi, crois-moi quand je te dis que je sais à quel point ça sonne absurde, mais : t’es pas mon boss. J’ai eu mon diplôme. Je suis plus obligé de t’obéir. »

Akashi sourit et brilla en rouge. « En fait, si. Si, tu es obligé. »

*

Mayuzumi travaillait aux Akashi Industries depuis deux semaines avant de réaliser ce qu’il s’était passé. Il était déterminé à présenter sa démission à la seconde parce que bordel de merde, il avait sa fierté et il n’allait plus être le soldat de plomb d’Akashi.

Mais ensuite il reçut sa première paye et, eh bien.

En fait il ne tient pas tant que ça à sa fierté.

*

Et s’il devait être brutalement honnête, ce n’était pas entièrement de la faute d’Akashi Seijuurou.

Akashi Masaomi avait aussi une bonne part des responsabilités.

*

Il découvrit qu’il aimait le travail de bureau. Ça avait des horaires fixes, et c’était surtout des entrées de données machinales, et ça payait infiniment mieux que le Maji Burger.

Il trouva un endroit bien pour s’échapper pendant ses pauses-déjeuner, un endroit avec une alcôve à l’ombre près des bureaux et où il n’avait ordinairement pas besoin de côtoyer des gens.

C’était une cour plaisante, avec l’inconvénient malheureux d’être à l’entrée des Bureaux de la Direction. Ce qui n’est devenu malheureux que le jour où Masaomi et sa Directrice Générale ont commencé à se disputer pour sur sujets personnels.

« Vous ne pouvez pas continuer de renvoyer les personnes que j’engage, Masaomi-san. »

« Si, je peux ! Je suis ton boss ! Et aussi, arrête d’engager des gens incompétents. »

« Heiwajima-kun était parfaitement compétent ; il avait une liste d’accomplissements de la taille d’une– »

« Très bien, alors arrête d’engager des gens ennuyeux. Si je dois supporter un autre mouton bruyant je vais hurler. Pourquoi j’ai besoin d’un autre assistant, de toute façon ? »

« Vous n’en avez pas besoin, j’ai besoin d’un assistant. »

« Sottises, Akane-chan, tu es entièrement capable de gérer tout ce que je t’envoie- »

« Néanmoins, si vous insistez sur la grande variété de tâches que vous estimez que ma position doit prendre en charge, j’aurai besoin d’un assistant pour certaines des tâches les plus communes. »

« Est-ce que c’est parce que je t’ai demandé d’aller chercher mes affaires au pressing ? Très bien, ne vas pas chercher mes affaires au pressing ; nous allons trouver quelqu’un pour chercher mes affaires pressing. Hey, toi ! Pêche ! Vas chercher mes affaires au pressing. »

Puisque Mayuzumi était en train de mordre une pêche, il n’y avait que peu de doute quant à qui Masaomi avait appelé. Donc il avala sa bouché et dit d’une manière décontractée : « Non, je ne vais pas faire ça. »

Sa réponse était apparemment tellement surprenante qu’elle dérailla complètement la dispute alors que Masaomi et de sa Directrice Générale s’arrêtèrent tous les deux pour fixer Mayuzumi, qui continua de manger sa pêche.

« Tu travailles bien ici, n’est-ce pas ? » demande Masaomi, en haussant un sourcil.

« Oui, c’est exacte. »

« Et tu sais bien qui je suis, n’est-ce pas ? »

« Il y a une photo immense de vous accrochée à chaque étage, donc oui, j’ai une assez bonne idée de qui vous êtes. »

« Alors vas chercher mes putain d’affaires au pressing. »

Mayuzumi pointa à sa montre. « Mince, mais on dirait que je suis en pause-déjeuner, ce qui signifie que je ne suis officiellement pas en service. Je ne peux pas vous aider. »

Pendant ce temps, Masaomi s’était rapproché de lui, le regardant de haut avec sa présence imposante de Goliath. « Tu comprends qu’avec un seul mot de ma part je peux m’assurer que tu ne travailles jamais dans un autre endroit qu’un Maji Burger ? »

Mayuzumi haussa les épaules. « Du Maji Burger je suis venu, au Maji Burger je peux retourner. »

Et, en toute honnêteté, il espérait peut-être être renvoyé. Il ne pouvait pas démissionner en toute bonne conscience (quand il y avait autant d’argent en jeu) mais franchement, ça l’irritait toujours qu’Akashi l’ait Ordonné à ce poste contre sa volonté.

Masaomi continua de le fixer, avec une aura tellement intense que Mayuzumi s’inquiéta brièvement de si cet homme allait en fait le faire exécuter.

Mais c’est alors que Masaomi éclata de rire. « Oh, je t’aime bien. Akane-chan, engage ce gosse. »

« Accordé, » dit la femme, regardant Mayuzumi avec un intérêt froid. C’était une jolie femme, avec des yeux noirs, des cheveux bruns attachés consciencieusement en chignon, et des lunettes fines qui lui donnaient un air distinctement ‘bibliothécaire’. « Mayuzumi Chihiro, analyste au niveau d’entrée de données, exact ? »

« Oui ? » dit-il avec prudence. Ça, ça faisait légèrement peur. Après Masaomi et son fils, Hinamori Akane était la personne la plus importante de l’entreprise. Comment savait-elle qui il était ?

« Félicitation, vous avez été promu. »

« Non, merci, » dit Mayuzumi, surpris.

« Vous n’avez pas le choix, » dit-elle.

Et Mayuzumi s’était hérissé, complètement préparé à lui dire ce qu’elle pouvait faire de sa promotion, mais ensuite elle lui dit ce qu’allait être son nouveau salaire.

Mayuzumi aimerait vraiment que ce ne soit pas une tactique aussi efficace.

*

Donc il devint un Directeur Général Adjoint. Officiellement, il était l’assistant administratif de Hinamori Akane. Officieusement, il était le nouveau sbire de Masaomi.

Ça devint rapidement clair que Masaomi avait un certain type quand il fallait choisir des employés : il aimait les gens grandement efficaces et ambitieux qui maîtrisaient un grand éventail de compétences, allant de capacités aux combats à la programmation d’ordinateur. Il aimait les gens qui pouvait lui tenir tête, mais pas autant qu’il appréciait la compétence.

Puisque que Mayuzumi était la cinquième personne à être engagé à ce poste en l’espace de trois mois, il pensait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne soit viré comme le reste d’entre eux. Il n’était en aucun cas aussi qualifié que la plupart des gens dans l’entourage de Masaomi (même l’agent d’entretien se faisait une quantité incroyable d’argent et, Mayuzumi suspectait, était un ninja secret.)

Et il aurait probablement été viré assez rapidement, sauf qu’Akashi refit surface.

*

« Père, tes dépenses en Amérique sont devenir hors de contrôle, et elles se prouvent de plus en plus être de mauvais investissements. »

« Je t’ai dit de laisser mes comptes américains tranquilles, » dit Masaomi avec véhémence.

« Je l’aurais fait, si tu t’étais prouvé être compétent avec ces comptes. Je les suspends. »

« Tu peux pas faire ça ! »

« En tant que ton Directeur Financier, tu découvriras que je peux faire ça. »

« Alors je te vire. »

« Tu trouveras aussi ça exceptionnellement difficile, mon contrat est irréprochable. »

« Akane-chan, vire mon fils. »

« Seijuurou a tout-à-fait raison, son contrat est en béton. J’ai aidé à le constituer. »

« Eh bien, tu es virée. »

« J’ai aussi constitué mon contrat, Masaomi-san. »

« Tout le monde est viré ! » dit Masaomi, envoyant ses mains en l’air et se laissant tomber dans son fauteuil de cuir. « Pêche, t’es viré. Tu peux te virer toi, pas vrai ? »

« Faîtes-le s’il-vous-plaît, » dit Mayuzumi, calculant déjà combien il toucherait en indemnité de licenciement.

Mais avant que Masaomi ne puisse le rendre officiel, Akashi remarqua enfin sa présence dans la pièce. « Mayuzumi-san ? Que fais-tu là ? »

« Je suis l’Adjoint de la Directrice Générale, » dit Mayuzumi. « Ou je l’étais. Je suis viré maintenant, donc je suppose que je vais– »

« Absolument pas. Si tu es actuellement sans emploi, tu seras transféré dans ma division. »

« Ah ah ah. Non. Jamais de la vie. »

« Ne sois pas absurde, Mayuzumi-san. J’ai besoin d’un Directeur Adjoint, c’est parfait. »

« Oh mon Dieu, non. Akashi, je ne vais pas être ton assistant personnel. »

« Je pourrais te l’Ordonner, » dit Akashi.

Mayuzumi haussa un sourcil. « C’est ce que tu vas devoir faire. »

Il n’y eut qu’un léger souffle de silence, avant qu’il ne soit brisé par Masaomi. « Vous vous connaissez ? »

Mayuzumi cligna de surprise. Il avait pensé que Masaomi savait ça, c’était vraiment la seule explication quant à pourquoi il travaillait toujours ici. « On jouait au basket ensemble au lycée. Vous n’avez pas été voir les matchs de votre fils ? »

« Oh, et je suis quoi, Président des parents d’élèves ? »

« S’il-te-plaît ne dis pas de sottises, Mayuzumi-san. »

Le père et le fils avaient l’air si mutuellement horrifiés par cette suggestion que ça rendait facile d’oublier qu’ils n’avaient pas de lien du sang.

« Attends, c’était l’année où tu as perdu, Seijuurou ? » dit Masaomi, ravi. « L’année où tu as apporté une immense honte au nom des Akashis à cause de ton infériorité athlétique colossale ? »

Akashi ne fit que sourire, comme s’il maniait un couteau. « Je suis certain de ne pas avoir pu ternir le nom des Akashis autant que ça. J’ai vu des photographies de toi quand tu avais mon âge. »

« Quoi ? Où ça ? » glapit Masaomi, alarmé. « Je les ai toutes faites détruire ! »

Akashi ne fit que continuer à sourire, comme s’il avait attendu pour utiliser cette arme-ci. « Et c’est sans surprise, j’aurais également été embarrassé si j’avais été aussi maigrichon que toi un jour. »

« Je me battais avec mon esprit à l’époque ! » se défendit Masaomi. « Et puis, ne t’éloigne pas du sujet. Pêche, tu connais Seijuurou ? »

« Malheureusement, » répondit Mayuzumi sans réfléchir. Puis il se dépêcha d’ajouter : « Mais ne laissez pas ça vous empêcher de me renvoyer, c’était un très bon plan– »

« Sottises, ça change tout. Pêche, je pensais que tu étais juste un tire-au-flanc sarcastique et sans ambition– »

« –C’est exactement ce que je suis, ne changez pas d’avis maintenant. »

« Mais apparemment tu as des facettes cachées ! Comme c’est glorieux. »

« Mayuzumi-san sera transféré dans ma division, père, » dit Akashi, avec une force que ne laissait de place pour aucun argument, ordinairement.

Masaomi ne fit que sourire. « Oh ho ? Ça te dérange que Pêche travaille comme mon assistant, pas vrai ? »

« Ne sois pas absurde, » dit Akashi, peut-être une seconde trop rapidement.

Masaomi rejeta sa tête en arrière et éclata de rire. « Oh, c’est merveilleux. Il est quoi, ton ex ? »

Mayuzumi s’étouffa sur une toux. Le regard d’Akashi était glorieusement méprisant.

« Bien sûr que non. Mais il est l’un des membres de mon club, et je ne te laisserai pas ruiner ce qui m’appartient. »

« Que c’est grossier ! Je suis exceptionnellement bienveillant avec mes employés ! Pêche, ne suis-je pas bienveillant avec toi ? »

Mayuzumi dut s’arrêter pour réfléchir à à quel point sa vie était devenue étrange pour que deux Akashis se disputent pour lui. Sa vie était déjà assez compliquée quand il ne devait en supporter qu’un seul, et maintenant il a un peu l’impression d’être un os que deux chiens mordent de chaque côté.

« Ai-je besoin de vous rappeler que Mayuzumi-kun ne travaille pour aucun d’entre vous, » interrompit Akane d’un ton sec. « Il est mon assistant et il le restera. »

« Ce qui signifie toujours juste qu’il est mon assistant, » se vanta Masaomi.

« En fait, je me souviens distinctement que vous m’avez renvoyé– » commença Mayuzumi.

« Tu as 200 % d’augmentation, » dit Masaomi, l’air de rien.

Mayuzumi sourit. « Oui, bien sûr, je travaille pour Masaomi-san. »

Il aimerait vraiment que ce ne soit pas aussi efficace.

*

« Aller à l’école avec le gosse du boss te fait avoir un taf comme celui-là ? » dit Ryder, toujours avec une couche de doute.

« Apparemment, » répond Mayuzumi en haussant les épaules. « Cela dit, ça n’aurait pas marché si Akashi n’avait pas voulu que je travaille dans sa division. Ces deux-là ont… une relation chelou. »

Vincent émet un ronflement moquer. « Tu l’as dit. Les gens riches, ils sont fous. »

Mayuzumi est d’accord.

*

Les deux touche-à-tout déposent Mayuzumi à son hôtel.

« T’es sûr que tu veux pas allez au bureau ? » demande Vincent avant de partir, d’une voix septique, comme s’il n’arrivait pas à croire que Mayuzumi ne va vraiment pas tout de suite au travail.

Considérant que presque tout le monde travaillant pour les Akashi Industries a tendance à être extrêmement accros au travail, Mayuzumi comprenait d’où la confusion venait. Il fallait habituellement un moment pour que ses collègues le croit quand il disait que, non vraiment, il est un tire-au-flanc complètement ordinaire et sans ambition. « Nope. Je vais y aller demain matin, » dit Mayuzumi avec bonne humeur. « On se voit demain ! »

Il sort rapidement avant que les deux autres puissent dire quoi que ce soit. Il sait très bien qu’ils n’iront pas loin – Masaomi aimait assigner des gardes-du-corps à Mayuzumi quand il était en voyage d’affaire (« parce que soyons honnêtes, Pêche, si tu étais attaqué tu serais inutile au combat et complément niqué. Les gardes-du-corps sont bien moins chers que des compensassions pour accident de travail. ») mais il ne veut vraiment plus avoir à être sociable.

Comme toujours, Masaomi lui a réservé la Suite présidentielle de l’hôtel, ce qui fait que la chambre de Mayuzumi est presque dix fois plus grande que son appartement au Japon (il n’a jamais vu l’intérêt de déménager de son T1, juste parce qu’il se fait plus d’argent qu’il ne peut en dépenser. Le fait que ses habitations perturbent à la fois Masaomi et Akashi n’était qu’un petit bonus.)

Il enlève immédiatement sa cravate et sa veste de costume, avant de se laisser tomber sur le lit énorme, le visage dans les coussins.

Malgré le fait qu’il souffre incroyablement du décalage horaire et qu’il soit épuisé du vol, il ne s’endort pas immédiatement comme il l’aurait pensé. Il bouge son visage pour ne plus s’étouffer contre les oreillers, et regarde à travers la fenêtre absurdement grande qui lui offre une vue excellente des silhouettes de Los Angeles.

Il se demande ce qu’il fait ici.

*

« Tu sais ce que tu fais ici ? »

« Honnêtement ? Non. Considérant le fait que nous sommes seuls dans votre bureau après les heures de travail, vous allez soit me faire une proposition indécente soit me tuer. »

Masaomi émit un ronflement moqueur. « Ne te surestime pas, gamin, tu ne mérites pas mon temps pour l’un ou pour l’autre. »

« Je trouve ça incroyablement rassurant, merci, » répondit sèchement Mayuzumi. « Mais ça soulève la question – qu’est-ce que je fais ici ? »

Etre le bras droit de Hinamori Akane (qui était le bras droit de Masaomi) signifiait que ses heures étaient généralement bien moins structurées que ce qu’il préférerait ordinairement. Son job est déjà devenu quelque chose de compliqué et de plus varié que ce qu’il s’était originellement imaginé.

« Tu bois ? » demanda Masaomi, se versant un vers de scotch.

« Je n’ai pas l’âge, » objecta Mayuzumi.

Masaomi haussa un sourcil. « C’est pas ce que j’ai demandé. »

Mayuzumi y réfléchit et haussa les épaules. « Pourquoi pas, je voudrais un scotch avec glaçons. »

Après que les verres aient été remplis et qu’ils aient pris une gorgée, il y eut un long silence pendant lequel Mayuzumi se demanda s’il allait peut-être se faire assassiner.

« Tu dois avoir deviné maintenant que tu n’es pas le genre de personnes que j’aime engager d’habitude, » dit Masaomi, sans préambule.

« Oui, j’avais deviné, » répondit Mayuzumi. La phrase ‘tire-au-flanc sarcastique et sans ambition’ restait entre eux, tacite.

« Sais-tu pourquoi j’ai décidé de te garder ? »

« Franchement, je pensais que c’était parce que ça agace votre fils. »

Masaomi esquissa un grand sourire. « Eh bien, oui, c’était un bonus. Et je dois dire, Seijuurou est l’une des raisons principales pour lesquelles tu es toujours ici, mais pas de la manière dont tu le penses. »

« D’accord, » dit Mayuzumi, parce qu’on aurait dit que Masaomi attendait qu’il dise quelque chose.

« Je te garde parce que tu es étonnamment fascinant. »

Mayuzumi ne répondit rien à ça. Il ne savait pas quoi répondre à ça. Ça semblait inutile de dire : « Non, en fait, je ne suis pas du tout fascinant, » même s’il savait que c’était vrai. Étonnamment, il eut des flash-backs de sa première rencontre avec Akashi. Akashi était la seule personne à l’avoir remarqué, et il n’aimait pas particulièrement qu’on le remarque, pas plus qu’il n’aime qu’on le remarque maintenant. Il ne peut pas s’empêcher de penser qu’Akashi et son père étaient tous les deux les mauvaises personnes pour remarquer quelqu’un.

« Le truc, Pêche, c’est que Seijuurou travaille en fait très dur pour apparaître humain quand il est en présence des autres. Je trouve ça fascinant qu’il n’en prenne pas la peine en ta présence. Je pourrais même penser que vous êtes amis. »

Masaomi attendit, mais Mayuzumi ne répondit pas immédiatement. Il pensa à Hayama, qui avait une fois dit qu’Akashi ne les considérait peut-être pas comme des amis, mais qu’ils étaient quand même les amis d’Akashi. Pour d’autres raisons, Mayuzumi avait tendance à ne pas considérer Akashi comme son ami, mais seulement parce qu’il n’était pas le genre de personne à appeler qui que ce soit son ami. Ça n’avait jamais été son style.

« Je suppose, » dit-il finalement, parce que Masaomi pourrait attendre une éternité pour une réponse et alors Mayuzumi ne pourrait jamais rentrer chez lui.

Les lèvres de Masaomi tiquèrent, mais c’était difficile d’y lire quoi que ce soit.

« Je mets un point d’honneur à étudier les réactions de tout le monde en présence de Seijuurou. Appelle ça un hobby. Et sais-tu ce que presque tout le monde fait quand ils sont en présence de Seijuurou ? »

« Ils lui obéissent, » répondit presque automatiquement Mayuzumi, réalisant seulement plus tard que Masaomi n’attendait pas de réponse.

Masaomi eut l’air d’être à deux doigts de tapoter la tête de Mayuzumi et de dire « bon garçon. » Au lieu de ça, il pointa juste Mayuzumi de son index comme s’il tirait un coup de feu. « Exactement. Ils lui obéissent. Peu importe de quel genre de personne il s’agit – j’ai vu les personnalités plus dominantes de chefs de meute obéir instantanément à Seijuurou sans hésitation. J’ai vu les soldats les plus forts, les plus athlétiques, les plus entraînés être sur leur garde en présence de Seijuurou : il fait peur aux gens. Et avec raisons. Seijuurou est très effrayant. »

Mayuzumi pensa que c’était une manière étrange de parler de son fils. « Je ne suis pas sûr de voir où vous voulez en venir. »

« J’en viens au fait que toi tu n’es pas logique, Pêche. Tu n’es pas du genre chef de meute et tu n’es pas un dur-à-cuire. Je supposerais aussi que tu n’es pas particulièrement courageux. Dans le monde des loups et des moutons, tu es sans aucun doute un mouton. Donc sur tous les tableaux, ta réaction face à Seijuurou n’est pas logique. »

Cette évaluation de sa personnalité était tellement factuelle que Mayuzumi pouvait difficilement se vexer. « Je pense, » dit Mayuzumi avec prudence, « que vous me donnez bien trop de crédit pour quelque chose qui n’est pas du tout impressionnant. Il y a beaucoup d’autres humains qui sont bien plus à l’aise avec Akashi que moi. » Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour mentionner le petit-ami d’Akashi, mais Masaomi balaya cela d’un geste.

« Je te donne exactement le crédit que tu mérites, et pas plus. J’ai regardé quelques enregistrements de vos matchs après que tu les aies mentionnés – tu n’étais clairement pas digne d’être titulaire. Ça ne t’a jamais dérangé que Seijuurou ait fait de toi un remplacement de Kuroko ? »

Ça ne le surprend pas que Masaomi ait pu comprendre ça avec seulement quelques matches, même si c’est la première fois que quelqu’un lui parle de ce sujet aussi franchement. Même Kuroko avait été réticent à aborder le sujet.

« Ça m’a dérangé, » reconnut Mayuzumi.

« Donc quoi, t’aimais juste tellement le basket que t’étais près à jouer de n’importe quel style ? »

Mayuzumi ne put pas s’empêcher de ronfler moqueusement. « Pas du tout. »

« Oui, je le pensais bien. Donc, pourquoi le faire ? »

Mayuzumi y réfléchit pendant une demi-seconde avant de demander : « Est-ce que ça vous dérange de ne pas savoir ? »

« Légèrement. »

« Alors je ne vais pas vous le dire, » dit Mayuzumi, un grand sourire aux lèvres.

Masaomi hocha seulement la tête, comme s’il s’y attendait. « Tu aimes être contrariant. »

« Pas particulièrement. Je n’ai juste jamais compris le genre de personnes qui insistent que le monde peut être facilement divisé entre les loups et les moutons. Ça me fait toujours me demander où sont tous les autres animaux. » Mayuzumi prit une gorgée de son scotch. « Sans mentionner la généralisation absurde de caractéristiques animales qui rend toute cette métaphore erronée de façon inhérente. Il y a plein de loups vraiment très paresseux là dehors. Sans parler des moutons assez agressifs. »

A ce stade, Masaomi rejeta sa tête en arrière et éclata de rire. C’était en fait la chose la plus perturbante qu’il ait jamais faite.

« OK, je peux voir pourquoi il te garde, » dit Masaomi, en gloussant toujours.

« Est-ce que c’était ça que vous vouliez savoir ? » demanda Mayuzumi.

« Pas tout à fait, » Masaomi redevint sérieux. « Le truc, Pêche, c’est que c’est en fait incroyablement difficile de trouver quelqu’un qui a le bon comportement en présence de ceux avec des super-pouvoirs. Quelqu’un qui n’a pas peur d’eux, je veux dire. »

« C’est important ? » demanda Mayuzumi.

« Ça dépend, » dit Masaomi pensivement. « Tu es bon en anglais ? »

*

A un certain moment, Mayuzumi a dû s’endormir, parce qu’il se réveille en se sentant incroyablement groggy – désorienté et un peu comme s’il était dans une réalité alternée. Il s’étire, faisant craquer son dos, et sort du lit.

C’est le soir maintenant. Mayuzumi regarde l’heure et voit qu’il a dormi environ six heures.

Les yeux à moitié-ouverts, il sort un petit carnet en cuire et il ouvre les pages pour voir sa propre écriture en pattes de mouches.

Sagittaire – soldats ; vitesse, force améliorées ; résistance à la douleur ?

Capricorne – personnes-poissons. Respirent sous l’eau ; vitesse et force améliorées sous l’eau

Balance – manipulation des émotions

Gémeaux – jumeaux ; lien télépathique entre eux

Ça sort tout droit d’une œuvre de science-fiction et Mayuzumi n’arrive pas à croire que c’est sa vie. Il ferme le carnet et le glisse dans sa veste. Plus il regarde ses mails et soupire alors qu’il envoie un message.

Il est temps de se mettre au travail.

*

Les deux touche-à-tout l’attendent dans le hall. Mayuzumi suppose qu’ils sont probablement restés là tout ce temps.

« Je vais rendre visite à un ami, » dit Mayuzumi. « Pas besoin de m’escorter. »

Vincent hausse un sourcil mais ne dit rien. Ils savent probablement tous les deux que Mayuzumi va faire bien plus que juste rendre visite à un ami, tout comme Mayuzumi sait qu’ils vont tous les deux le suivre de toute façon. Mais ils entretiennent tous les trois cette apparence et Mayuzumi sort avec l’illusion d’être seul dans une ville étrangère.

*

« Mayuzumi-san, c’est bon de te revoir. »

Kiyoshi Teppei parle avec une douce sincérité qui fait penser qu’il le pense probablement et qu’il ne dit pas juste ça pour être poli, malgré le fait que leur seule interaction l’un avec l’autre ait été pendant un seul match de basket et que ce n’est pas comme s’ils avaient eu une conversation.

« Pareil pour moi, » dit Mayuzumi. « Merci d’avoir accepté de me voir. Je sais que mon mail est un peu sorti de nulle part. »

« Pas du tout, c’est toujours sympa de voir un visage familier, » dit Kiyoshi, avec la même sincérité qui réussit presque à faire Mayuzumi se sentir coupable d’exister. « Désolé, je suis mal poli ; voici mon ami Nijimura Shuuzou. » Il fait un geste vers le jeune homme qui se tenait à l’écart de leur réunion initiale, et qui s’avance avec un sourire après que Kiyoshi ait parlé.

« Appelle-moi Shuuzou, » dit Nijimura, serrant la main de Mayuzumi. « Je me suis habitué aux manières de faire des Américains. Ça te va si je t’appelle Chihiro ? »

« Bien sûr, » dit facilement Mayuzumi, même s’il grimace intérieurement. La dernière personne à l’avoir appelé par son prénom juste après l’avoir rencontré avait été ‘l’autre’ Akashi Seijuurou, et ça n’avait pas exactement laissé la meilleure des impressions.

Pendant ce bref échange, Mayuzumi ne peut pas s’empêcher de penser que tout ça s’est passé bien plus facilement que ce à quoi il s’attendait. « Donc, qu’est-ce que vous faîtes tous les deux pour vous amuser par ici ? »

Les deux autres échangent un regard, et des sourires à moitié-amusés, comme s’ils partageaient une inside-joke.

« Rien de particulièrement intéressant, » dit Nijimura.

« Tu aimerais aller boire un café ? Quand t’es aux États-Unis, tu dois beaucoup de café, » dit Kiyoshi.

« Un café, ça sonne bien, » dit Mayuzumi.

*

« Donc tu vas rester longtemps aux États-Unis ? » demande Kiyoshi.

« Juste quelques semaines, » dit Mayuzumi.

« C’est tellement cool que tu aies de la famille qui vit dans le coin, » continue Kiyoshi. « C’est tellement une agréable coïncidence. »

Mayuzumi sirote son café et se demande si Kiyoshi est sarcastique. Les gens appelaient souvent Kiyoshi ‘le joueur de basket le plus honnête’ et dressaient le portrait du bon type ultime. Mais Mayuzumi avait rencontré les autres Rois Sans Couronne, et il a l’impression que c’est impossible que ce mec soit aussi franche que ce que tout le monde dit. Aucun des Rois Sans Couronne n’est jamais que ce il a l’air d’être en apparences.

« Ouais, ma tante et mon oncle aime que Los Angeles ait une grande population asiatique, » dit Mayuzumi, gardant son histoire de couverture. « Comment va ton genou ? Kuroko m’a demandé d’essayer de voir comment ta convalescence se passe, même s’il s’attendait probablement à ce que je sois plus subtil. »

Kiyoshi rit et sa main se pose sur son genou, presque inconsciemment. « Ah, Kuroko est un bon gosse, » dit-il avec affection. « Ma convalescence se passe bien, même si je ne suis pas sûr de quand je pourrais revenir. »

Mayuzumi prend une autre gorgée de son café et il réfléchit à ces mots. Peut-être qu’il a juste des préjugés à cause d’une surexposition à trois des cinq Rois Sans Couronnes, mais il a la distincte impression que Kiyoshi ne dit que la moitié de la vérité là maintenant.

« T’as déjà goûté un pop-cake, Mayuzumi-san ? » demande Kiyoshi, abruptement.

« Je peux pas dire que c’est le cas, » répond Mayuzumi.

« Je devrais aller en chercher, j’aime vraiment ça, » Kiyoshi se lève et retourne faire la queue ce qui, Mayuzumi ne peut pas s’empêcher de le remarquer, a atteint des proportions épiques de longueur.

« Il a fait ça pour moi, » dit Nijimura, attirant l’attention de Mayuzumi sur lui. « Il sait à quel point je voulais te parler. »

Mayuzumi hausse les sourcils, surpris. « Tu voulais me parler à moi ? »

« Depuis que Teppei m’a dit que tu venais, » dit Nijimura avec un grand sourire.

« A cause d’Akashi, » réalise Mayuzumi.

« Tu dis ça avec tellement de conviction. »

Mayuzumi hausse les épaules : « Il n’y a pas beaucoup d’autres raisons pour lesquelles tu voudrais me parler. »

« Tu te sous-estimes, » dit Nijimura.

« Vraiment pas. Donc. Tu veux savoir quoi ? »

Nijimura s’arrête, retroussant son nez en réfléchissant. « Comment il est ? »

« Akashi ? »

« C’est de qui on parle, oui. »

Mayuzumi hausse juste les épaules. « Pas mal, je suppose. »

« Il était comment au lycée ? »

« Un peu un con, » dit Mayuzumi, faisant rire Nijimura. « Distant, mais aimé. » Mayuzumi se sent obligé de répondre avec plus de considération. « C’était difficile de s’approcher de lui, mais tout le monde se sentait toujours plus en sécurité autour de lui. »

« Eh. C’est presque difficile à imaginer, » dit Nijimura, plus pour lui-même qu’autre chose. « Et il a vraiment un petit copain maintenant ? » Mayuzumi acquiesce. « Lui, il est comment ? »

« Kiyoshi pourrait sûrement te parler plus de lui que moi, » dit Mayuzumi. « C’est– »

« L’un des kouhai de Teppei, je sais. Je suppose que je voulais dire, comment est Akashi avec lui ? Il est un bon petit ami ? »

Mayuzumi ne peut pas s’empêcher de penser que c’est un fil de conversation bizarre, et il se demande si Nijimura est jaloux. Il n’a pas l’air jaloux – juste curieux. « Ouais, je pense que c’est un bon petit ami. Akashi est bon à tout ce qu’il fait, j’imagine que la romance, ce n’est pas différent. »

Cette réponse fait pauser Nijimura pour une certaine raison. « T’es son ami. »

« Qu’est-ce qui te fais penser ça? » demande Mayuzumi, se demandant pourquoi tout le monde continue de l’accuser d’être l’ami d’Akashi.

« C’est juste une impression que j’ai. T’es un mec plutôt intéressant, Chihiro. »

Mayuzumi a des flash-backs de sa conversation avec Masaomi et Akashi, et il veut vraiment savoir ce qu’il fait mal pour donner à tout le monde l’impression erronée qu’il est intéressant.

« Pas comme toi, » se risque-t-il, presque imprudemment. Il devrait probablement être plus subtile avec ça, mais il pense qu’il pourrait tout simple tout déballer. « Tu es l’une des seules personnes dont j’ai entendu Akashi parler avec respect. Tu dois le connaître bien mieux que moi. »

Nijimura secoue la tête. « Je connais ‘Red’ – 0102 était une personne très différente. »

Mayuzumi se radosse à son siège et étudie l’homme assis en face de lui. Il n’y a rien à propos de Nijimura Shuuzou qui vous pousserez à croire qu’il n’est pas humain. Il n’a pas les cheveux et les yeux des couleurs inhabituelles des Miracles ; il n’a même pas une présence intimidante. Mayuzumi a toujours pensé que même si on teignait leurs cheveux et qu’on leur donnait des lentilles de couleur, les gens comme Akashi Seijuurou ou Murasakibara Atsushi auraient toujours l’air extraordinairement aliens.

Mais l’homme assis en face de lui a l’air d’être un Japonais tout à fait normal. En fait, entre eux deux, c’est Mayuzumi ressemble probablement le plus à un Projet de Teiko, avec ses cheveux et ses yeux clairs.

« Le garçon que je connaissais n’aurait jamais eu d’amant humain, » continue Nijimura, quand Mayuzumi ne dit rien. « Il n’aurait pas eu de père humain, et il n’aurait pas eu un ami humain comme toi. Aucun des Miracles n’en aurait eu – entendre Teppei parler d’eux me fume, parfois. Je suis presque désolé d’avoir manqué l’occasion de voir ce changement de moi-même. J’aurais vraiment aimé savoir comment ils ont arrêté d’être Teiko. »

C’est une façon étrange de dire ça, pense Mayuzumi. « Tu pourrais leur rendre visite. »

Nijimura secoue simplement la tête. « C’est mieux pour nous tous si je reste loin de ces gars-là. »

Mayuzumi a du mal à accepter ça. Il ne peut pas s’empêcher de penser que c’est quelque chose de mauvais que la seule personne qui puisse empêcher les Miracles d’utiliser leurs pouvoirs vive dans un autre pays. Et il a confiance en les Miracles – il est persuadé qu’aucun d’entre eux ne va abuser de leurs pouvoirs.

Mais le monde n’est plus sûr – il y a tous genres de gens là dehors et aucun d’entre eux ne sont aussi restreints que les Miracles.

« Eh bien, si tu cherches une sorte de source sur Akashi, t’as pas de chance. On a joué au basket ensemble, mais on avait pas vraiment de conversations profondes où on mettait nos âmes à nues, » dit Mayuzumi.

« Non, j’imagine que non, » dit Nijimura. « Red n’a jamais fait confiance à personne. Pas après que Gold soit mort. »

Mayuzumi n’est pas sûr de pourquoi Nijimura n’arrête pas d’appeler Akashi ‘Red’ même si ce n’était pas difficile de comprendre que c’était une référence à l’Akashi de l’époque de Teiko. Il a l’impression que dans cette situation il est censé demander ‘Qui est Gold ?’ mais il ne le fait pas. Par principe, il refuse de demander quoi que ce soit quand l’autre personne veut si évidemment que la question soit posée. Il déteste ça quand les gens s’amusent à être délibérément vagues.

« Eh bien, voilà. Je peux pas t’aider pour avoir des infos à propos d’Akashi. »

« C’est pas grave. Je voulais pas vraiment parler de lui, » sourit Nijimura.

Mayuzumi hausse un sourcil et réalise que Nijimura n’a jamais dit qu’il voulait parler d’Akashi. Mayuzumi avait supposé et Nijimura l’avait suivi. « Oh ? Alors de quoi tu voulais parler ? »

« De toi, » dit Nijimura, son sourire s’agrandissant. « Donc, dis-moi, pourquoi Akashi Masaomi t’a envoyé ici ? »

*

Le silence qui suit est profond et gênant. Kiyoshi revient en portant un trio de choses joliment glacées qui ressemblent à des sucettes. Il s’assoit et les dévisage tous les deux, avant de se risquer : « Je devrais retourner faire la queue ? Je pourrais acheter des cookies. »

« Si tu savais que je travaille pour Akashi Masaomi, tu aurais pu le dire depuis le début, » dit Mayuzumi, sa voix légère. « Ça m’aurait sauvé beaucoup d’efforts pour le subterfuge. »

« Oh, tu lui as déjà dit ? » demande Kiyoshi à son ami.

« Je voulais voir comme tu mentais, » répond Nijimura à Mayuzumi. Puis, à Kiyoshi, il dit : « Au final, plutôt bien. Je pensais qu’il n’y avait plus d’intérêt à garder l’illusion. »

« Je suis surpris de toi, » dit Mayuzumi à Kiyoshi. « Tu as la réputation d’être tellement honnête. »

« Seulement pendant les matchs de basket, » répond Kiyoshi. « Si tu avais demandé à n’importe qui de Seirin, ils t’auraient donné une description très différente de ma personnalité. »

« Tu as contacté Teppei parce que tu savais d’une manière ou d’une autre qu’il était mon ami, » dit platement Nijimura, sa bonne humeur complètement disparue. « Ce qui, tu dois admettre, est un coup de pute. »

Mayuzumi hausse simplement les épaules. Les ‘coups de pute’ étaient une technique de travail assez standard aux Akashi Industries. Heureusement pour Mayuzumi, il avait déjà vendu sa capacité d’avoir honte quand il avait accepté ses plusieurs promotions. « Ça semblait être la meilleure approche. Comment tu savais pour qui je travaille ? Je suis pas listé sur les sites. » Masaomi s’était assuré que Mayuzumi ne puisse pas être relié aux Akashi Industries quand il l’avait envoyé en infiltration.

« J’avais mes soupçons quand Teppei a dit qu’un ancien camarade d’Akashi l’avait contacté de nulle part. Il y avait d’autres signes, mais ils ont pas été confirmés jusqu’à ce que des gardes-du-corps entrent. »

« Mes quoi ? » Mayuzumi tend le cou et voit Ryder Stevens et Vencent Gallager qui font la queue pour un café. « Oh pour l’amour de– ils étaient censés rester à l’hôtel. »

Ils n’étaient plus en costume – ils avaient l’air d’être des étudiants normaux, ce qui doit être pourquoi ils ont été sélectionnés pour le rôle, malgré leur jeune âge. Donc quand Mayuzumi repose son regard sur Nijimura, il doit demandé. « Comment t’as su pour eux ? »

« J’ai été entraîné militairement, il était une fois, » dit Nijimura, prenant une gorgée de café. « Je sais quoi chercher. »

« Eh bien, ce sont pas des gardes-du-corps. Ce sont des touche-à-tout, » dit Mayuzumi, décidant ici et maintenant que maintenant que sa couverture est fichue, la seule façon de sauver la situation est d’être complètement honnête.

« Des touche-à-tout ? » demande Kiyoshi.

« Des polyvalents. Le set spécial d’employés de Masaomi qui peuvent faire à peu près tout, » explique Mayuzumi. « Écoute, je voulais pas être ici, crois-moi. Et t’es un peu secondaire, de toute façon. En fait, je suis là pour enquêter sur l’Héritage. »

Il laisse ça remplir l’air du petit café bondé, tout ce qu’il a à faire, c’est de se radosser et de voir si Nijimura répond. Masaomi avait dit que c’était impossible que Nijimura ne soit pas au courant pour l’Héritage, mais c’était combien Providence en savait qui l’intéressait. Si Providence était allié avec l’Héritage (et apparemment, ils ne le sont pas) ou s’ils ne sont pas intéressés par l’Héritage, alors Nijimura coupera la conversation tout de suite.

Mais s’ils sont une ressource potentielle contre l’Héritage…

« Quelle coïncide, » dit Nijimura. « C’est aussi quelque chose sur quoi je voulais en savoir plus. On pourrait peut-être travailler ensemble. »

« Génial. Je veux voir Providence, » dit directement Mayuzumi, pensant qu’il n’y a aucun intérêt à à subtil dans ses négociations.

« Et je veux voir le Centre, » rétorque Nijimura, arquant un sourcil. « Donc, qu’est-ce que t’en dis ? Je te montre la mienne si tu me montres la tienne. »

Mayuzumi sourit. « Ça me va. Je parie que la mienne est plus grande. »

Chapter 2: Interlude 1~ La Prophétie des Kings ~

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Il est mort treize fois avant qu’ils choisissent de l’épargner.

Alors qu’il était allongé sur le sol, accablé par ses treize morts, ressentant quelque chose au-delà de la douleur – il est vide et brisé : comme s’il avait été dépecé, éviscéré, et laissé comme créature amorphe, trop abrutie pour reconnaître sa propre peine – il pouvait les entendre parler.

« Je déteste gâcher un Rainbow ; ils sont tellement utiles, et ils ne sont pas faciles à faire. »

« Ce serait un trop grand risque. Mieux vaut s’en débarrasser maintenant. »

« On doit vraiment arrêter d’inclure des Rainbows dans les Générations de toute façon, ça ne se passe jamais bien. »

« Fascinant, n’est-ce pas ? Oh ! C’est ça ! On devrait le mettre avec Miracle. 1101 a tué 1367 l’autre jour, et ils ont besoin de contrôle. »

« Ce Rainbow ? Non, donne à Miracle l’un des sans Génération. King était une mauvaise idée depuis le début. »

« Non, non, je suis sûr que ce Rainbow est différent. Les Rainbows ne sont pas comme les autres, ce serait intéressant de voir comme il survit seul. »

« C’est trop risqué– »

« On va le tester. Toi, c’est quoi ton nom ? »

Il ne reste plus rien de lui. Ils l’ont tué, encore et encore et encore. Mais il y a des déclics : Miracle. Nom. Tu dois t’en souvenir.

Donc il dit : « GK-R1365. »

« Voilà, tu vois ? Je te l’avais dit. Les Rainbows sont différents. Ramasse-le et nettoie-le. Ensuite, amène-le à Miracle, qu’on voit ce qui se passe. »

Il est soulevé du sol et il pense Shuuzou. Mon nom, c’est Shuuzou.

*

Ils étaient la seule Génération à avoir choisi des noms pour eux-même : Shuuzou, Agata, Chidori, Noriko, Hajime, Hisomu, Nico, Honoka, Yuta, Izo, Tomoe, Tamiyo, Sotaru et Tsukasa. C’était des noms secrets, privés, et personne n’était censé savoir qu’ils les avaient, mais les scientifiques l’avaient découvert quand même. Mais pas avant que Tsukasa ait sa prémonition.

« Teiko tombera, » dit-il, et il raconta sa prophétie à tout le monde, mais il ne regarda que Shuuzou quand il parla. « Au moment où on parle, Teiko construit sa propre destruction. »

« Comment ? » demanda Nico. « Comment ? Comment ? »

« Miracle, » répondit Tsukasa, regardant toujours Shuuzou. « Miracle sera une Réussite, et Teiko sera réduit en cendres. »

« Donc les Réussites les détruiront ? Que c’est ironique, » dit Hajime.

« Non, » corrigea Tsukasa. « Ce sera un Black, un échec. Il y a un Black qu’ils essayent d’entraîner comme un Rainbow, mais en faisant ça, ils vont tomber. »

« Un Black comme un Rainbow ? » demanda Noriko, clairement amusée. En tant que Black de leur Génération, c’était quelque chose qui lui plaisait. Elle regarda Shuuzou, comme pour l’inviter à partager son amusement, mais Shuuzou ne détourna pas les yeux de Tsukasa.

« Ça va pas marcher, » dit Shuuzou. « Si tu l’as vu, d’autres Golds le verront. Un des autres Golds le dira aux scientifiques. »

« C’est justement ça, ils ne le diront pas. Ils ne le peuvent pas. Même s’ils le voient, ils l’oublieront. C’est pour ça que ce Black est différent. Il n’est pas comme Noriko : il ne manipule pas la lumière, il manipule la mémoire. Les autres Golds vont l’oublier dès qu’ils le sauront, et c’est pour ça que ce Black va réussir. »

« Pourquoi toi tu t’en souviens, alors ? » demanda Yuta.

« A cause de Shuuzou, » dit Tsukasa. « Shuuzou, tu es important pour Miracle. Je m’en souviens, parce que je me souviens de toi. Tu dois t’en souvenir, OK Shuuzou ? Tu dois le dire aux autres Rainbows. »

« Quoi ? » demanda Shuuzou. « Sois pas fou, je parle pas aux autres Rainbows. »

« Tu leur parleras. Et tu leur diras. »

« Et ensuite eux ils le diront aux scientifiques. Les autres Rainbows ne sont pas comme moi, tu te rappelles ? »

« Ils ne le diront pas, » dit fermement Tsukasa. « Promets-moi que tu t’en souviendras, Shuuzou. C’est important que les Rainbows Thirteens sachent que Teiko va tomber. »

« Et on sera libres, alors ? » demanda Nico. « On sera dehors et on nous fera plus jamais de mal. »

Mais Tsukasa l’ignora juste. « Promets-le moi, Shuuzou. »

« OK, » dit-il. « Je te le promets. »

*

Il avait dû savoir, réalise Shuuzou. Quand il jette un coup d’œil aux corps assassinés de sa Génération il réalise que c’est quelque chose que Tsukasa avait prédit.

La Génération King était destinée à mourir, et Shuuzou est seul.

Notes:

NdA : Les Kings ont été lourdement inspirés par l’anime Kiznaiver, donc j’ai décidé d’utiliser tous les noms des personnages de Kiznaiver pour les noms de King (ils venaient tous avec des cheveux de couleurs différentes, donc c’était aussi pratique) mais malgré le fait qu’ils ont les mêmes noms et la même apparence dans ma tête, ils ne sont pas les personnages de Kiznaiver et ce n’est pas un crossover avec cette série. Au cas où quelqu’un se demandait =P

Chapter 3: Chapitre 2

Chapter Text

Kiyoshi Teppei a parfois l’impression que sa vie est définie par sa présence à la périphérie de la grandeur. C’est quelque chose qui aurait pu déranger quelqu’un d’autre, mais Kiyoshi n’a jamais voulu de la grandeur ; à la périphérie ou autre.

Au collège, on lui a donné le nom de ‘Coeur d’Acier’ et le titre de ‘Roi Sans Couronne’ – pour signifier comment à une autre époque il aurait pu être quelque chose d’extraordinaire, s’il avait vécu à une époque où ‘extraordinaire’ n’avait pas été si incroyablement redéfini par l’existence des Miracles. Kiyoshi détestait et le nom et le titre, mais il n’avait jamais réussi à détester les Miracles.

*

« Vous avez ramené des cigares ? »

« Non, le bon docteur m’a dit que je devais arrêter de t’en procurer, » répond Nijimura.

« Quoi ? Et tu l’as écouté ? Pas cool, gamin. Cette trahison me blesse profondément. » Bobo observe Kiyoshi.

« Je n’ai pas non plus de cigares, » dit-il, sans qu’on lui demande.

« Peh. Je sais que toi t’es une cause perdue, » grogne Bobo.

« C’est quoi ce bordel, » dit Mayuzumi. « Non. Sérieusement. C’est quoi ce bordel ? »

« Et t’es qui, toi ? » exige Bobo.

« Bobo, voici Chihiro. Chihiro, rencontre Bobo Haha. »

« Pourquoi le singe parle ? » exige de savoir Mayuzumi en japonais.

« Faire parler le singe n’est pas un problème, » blague Nijimura. « C’est faire taire le singe qui est presque impossible. »

« Allez vous faire foutre, » dit Bobo en japonais.

« Il parle japonais ? » sursaute Mayuzumi.

« Juste des insultes, » dit Bobo, retournant à l’anglais. « Sérieusement, Shuu, où tu les trouves, ces gars-là ? »

« Grâce à la magie du basket et de l’amitié, » répond Nijimura.

Bobo lève un œil au ciel – l’autre qui est couvert par un cache-œil qui rend le geste encore plus dramatique. « White est d’une de ces humeurs, donc fais gaffe à toi. »

« White est toujours d’une de ces humeurs, » dit Nijimura affablement.

« Il est à l’intérieur avec le Comité. »

« Ah. Je vais rester hors de leurs pattes. Mieux vaut s’assurer que Rex garde profile bas – ça vaut encore plus pour toi, le singe. »

« Le chimpanzé, » corrige Bobo, comme il le fait toujours. « Et regarde ce visage – est-ce que c’est vraiment le visage des ennuies ? »

« Ouais, ouais, » dit Nijimura alors que Bobo s’éloigne avec nonchalance.

« OK, donc, Providence gagne clairement l’oscar du ‘c’est quoi ce bordel’ pour les établissements d’expériences humaines, » dit Mayuzumi, regardant le chimpanzé partir.

Nijimura émet un ronflement moqueur. « Oh mec, t’as encore rien vu. »

*

Nijimura avait été bien plus sympa quand il avait présenté Providence à Kiyoshi – il lui avait parlé de Bobo et des autres EVOs avant.

« Providence travaille sur la nanotechnologie, pas sur les expériences humaines, » avait-il expliqué depuis le début. « C’est presque tragique quand t’y réfléchis – toutes les vies que Providence a ruinées, c’était par accident, pas par malice. Ils essayent de garder les EVOs contenus, et de les aider quand ils le peuvent. Mais ouais, qui aurait su que la science pouvait mal tourner de tellement de façons ? »

Kiyoshi avait pensé qu’il était sarcastique à ce stade-là, mais c’était parfois dur à dire avec Nijimura. En tout cas, Kiyoshi pensait que, toutes choses considérées, Providence était plus tragique. Il avait vu des EVOs – ceux qui devaient être contenus parce qu’ils ne pouvaient pas être sauvés, pas pour l’instant – et ils étaient comme des montres affamés et absents, tout droit sortis d’un film d’horreur.

Ça lui faisait mal au cœur de penser qu’ils étaient autrefois des gens ordinaires comme lui.

*

« Non, sérieusement, c’est quoi ce bordel ? » demande Mayuzumi, après avoir vu les hommes de Providence amener un EVO. « Comment ça se fait que ça ait pas encore été aux infos ? »

« Par chance, surtout. Certains tabloïds et évidemment des sites de conspirations ont compris de choses, mais jusqu’ici personne n’y croit pour l’instant, » dit Nijimura.

« Et tu me dis que c’est à cause de robots ? »

« Nanites, » précise Nijimura sympathiquement.

« OK, » dit Mayuzumi, fronçant légèrement les sourcils. Puis il hausse les épaules, intégrant les informations bien plus vite que Kiyoshi. « Très bien. Peu importe. Vous êtes dingues. C’est quoi votre lien avec l’Héritage ? »

Ils ont avancés vers la cafétéria, et maintenant ils sont assis pour un dîner tardif. Kiyoshi ne fait que triturer sa nourriture – il ne s’est pas encore complètement ajusté à manger de la nourriture occidentale tout le temps et parfois la maison lui manque vraiment.

Il ne devrait pas être là. Etudier Mayuzumi Chihiro a été un peu fascinant. Kiyoshi n’avait jamais connu le Troisième Année de Rakuzan – pas plus qu’il connaissait les personnes contre qui ils jouaient au basket. Mais malgré certaines similarités avec Kuroko et le style de basket de Kuroko, Mayuzumi était l’une des personnes les plus ordinaires du tournois de la Winter Cup. C’est un peu irréel de le voir ici, à Providence, en train de parler avec Nijimura sur un pied d’égalité. C’est seulement du business maintenant – et c’est un business très étrange – et alors qu’il observe Mayuzumi, Kiyoshi pense que l’autre homme est probablement très bon à son travail.

« Eh bien, c’est un peu une question compliquée, » élude Nijimura, et Kiyoshi grimace. « Qu’est-ce qui intéresse Akashi Masaomi chez l’Héritage ? »

Les deux hommes se fixent, et Kiyoshi pense que c’est un peu comme deux chiens qui se rencontrent pour la première fois. Ils se tournent autour, ils reniflent l’air, et ils n’ont pas encore décidé si ce nouveau chien est un ami ou un ennemi. Kiyoshi pense que ce n’est pas tellement un test pour établir qui est le plus dominant que c’en est un pour le plus entêté. Ni Mayuzumi ni Nijimura ne veut être le premier à capituler.

« Tu devrais juste lui montrer, Shuuzou, » dit Kiyoshi avec douceur. Il a l’impression que ces deux-là sont assez entêtés pour que tout ça dure une éternité, à moins qu’il s’en mêle. « Il devrait comprendre ce qui est en jeu. »

Nijimura lui lance un regard de côté, comme pour dire, Vraiment ?

Evidemment, Kiyoshi n’est pas bien placé pour avoir une opinion sur quoi que ce soit. Il n’est qu’un étranger à cette histoire, et il ne devrait pas être là du tout.

*

Il n’aurait même pas rencontré Nijimura, sauf qu’Alexandra Garcia aidait Kiyoshi avec son opération et sa rééducation, et qu’elle l’a vu par chance une fois où ils mangeaient dehors.

« Oh, Shuuzou ! C’est tellement bon de te revoir. »

« Salut, Alex, » dit Nijimura, clairement plaisamment surpris de la revoir.

« Shuuzou, voici Teppei. Oh les gars, c’est comme les six degrés de Kevin Bacon. Teppei, Nijimura Shuuzou est un vieil ami de Tatsuya, Teppei est dans la même équipe de basket que Taiga, tu sais– »

« Le ‘frère’ de Tatsuya. Ouais, je l’ai rencontré récemment. T’es dans l’équipe de Kuroko ? »

Même Alex eut l’air surprise par cette question.

« Tu connais Kuroko ? » demanda Kiyoshi.

Nijimura fit un grand sourire, une expression un peu tordue. « Ouais, on peut dire ça. Je le connaissais quand il était gosse. »

« Mais Kuroko– » n’a jamais été gosse, s’empêcha de dire Kiyoshi. Kuroko avait grandi à Teiko, et ce n’était pas possible que cet homme l’ait connu là-bas. Sauf qu’ensuite il pense à à quel point Nijimura rentre dans le certain pattern qu’un certain groupe de gens ont dans leurs noms de famille, et il se tait.

« Content de te rencontrer, » dit enfin Kiyoshi. « On devrait traîner ensemble parfois – ça me manque de parler japonais. Alex me fait m’entraîner à l’anglais quand je suis avec elle. »

« Tu me l’as demandé, » dit vivement Alex. Et si elle pense aux mêmes implications que Kiyoshi à propos de la backstory de Nijimura, elle ne le révèle pas.

« Ce serait sympa, » dit Nijimura. « J’aimerais entendre plus parler de Kuroko. »

*

Nijimura aime dire qu’il n’a que très peu d’influence à Providence, mais il se déplace dans l’établissement avec deux étrangers sur les talons et personne ne questionne jamais leur présence ici, donc Kiyoshi a réalisé depuis longtemps que peu importe le rôle de Nijimura ici, il lui offre beaucoup de liberté.

Kiyoshi ne s’attendait pas vraiment à ce que Nijimura l’écoute, donc il est un peu surpris quand ils finissent dans l’un des hangars ouverts, avec l’EVO que les hommes de Providence ont amené plus tôt.

Cet EVO a l’air d’un mille-pattes, se débattant violemment, ressemblant à quelque chose tout droit sorti d’un cauchemar. Les soldats de Providence essayent toujours de le maîtriser, le gardant plaqué au sol avec des cordes épaisses, tenant leurs pistolets (programmés sur paralysant) à leurs côtés, prêts pour tout.

« Est-ce que c’est censé prouver quelque chose ? » demande Mayuzumi.

« Tais-toi et regarde, » dit Nijimura.

« Arrête de bouger ! » quelqu’un crie d’en dessous. « J’essaye de t’aider ! »

Un garçon saute sur le dos de l’EVO mille-pattes, et il lève les mains en l’air. Peu importe combien de fois Kiyoshi l’a vu, ça lui coupe toujours le souffle quand l’EVO brille et disparaît, laissant derrière lui un homme nu et tremblant.

Mayuzumi hausse un sourcil, comme si regarder un monstre redevenir un homme était juste un peu inhabituel, mais rien de bien extraordinaire. « Bon, d’accord. C’est impressionnant. C’est quoi ? »

« C’est Rex, » dit Nijimura. « Il a aussi été infecté avec des nanites, mais il peut contrôler les siennes. Plus important, à peu près 90 % du temps il peut retransformer les EVOs en leurs formes humaines. »

« Pratique, » dit Mayuzumi.

« Incroyablement pratique, » acquiesce Nijimura. « Donc tu peux voir pourquoi on est un peu alarmés que l’Héritage semble avoir une politique de ‘le seul bon EVO est un EVO mort’. »

« Ah, » dit Mayuzumi, reportant sur regard sur l’homme confus, maintenant enroulé dans une couverture de survie. « Oui. Je vois pourquoi ça pourrait être perturbant. »

Kiyoshi se demande ce qui s’est passé au juste dans le vie de Mayuzumi pour que tout ça lui semble si normal. Kiyoshi avait passé des nuits blanches, après avoir entendu parlé des Chasseurs. La première fois qu’ils avaient trouvé un EVO mort dans le désert, Kiyoshi en avait été complètement malade, pensant à comment c’était une personne, une personne qu’on aurait pu aider, et–

« Shuuzou, on en a parlé, » dit une nouvelle voix, interrompant les pensées de Kiyoshi et le faisant sursauter légèrement. « Ce n’est pas ton spectacle personnel, ici. »

« Agent Six, » dit Nijimura, souriant jusqu’aux oreilles au grand homme en colère qui porte un costume et des lunettes de soleil. « Je ne briserais jamais le protocole pour m’amuser. Voici Chihiro Mayuzumi, il travaille pour les Akashi Industries. Chihiro, salue s’il-te-plaît le sixième mercenaire le plus dangereux au monde, ou c’est ce qu’il dit. Tu peux l’appeler Six. »

« Charmé, » dit Mayuzumi.

« Pareillement, » dit sèchement Six. « S’il travaille pour Masaomi Akashi, alors il a encore moins de raisons d’être ici que ton ami. » Six désigne Kiyoshi du pouce, donc il n’y a que peu de doute de qui il parle. « On a déjà parlé de ça– »

« Et je ne suis pas d’accord avec toi, » dit Nijimura.

« Providence a assez d’ennemis sans ta vendetta contre l’Héritage, » dit Six.

« Ouais, eh bien, si tu voulais pas que l’Héritage soit en rogne contre nous alors t’aurais vraiment pas dû tuer l’Aîné des Capricornes, n’est-ce pas ? » renvoie Nijimura.

« Vous avez tué Yamazaki Seiji ? » dit Mayuzumi, sonnant légèrement intrigué.

Nijimura et Six le regardent tous les deux. « C’est intéressant que tu connaisses ce nom-, » dit Six.

« C’est intéressant que vous ayez tué cette personne-là, » retourne Mayuzumi. « J’ai entendu dire que ces Yamazakis étaient dur à descendre. » Les trois hommes se dévisagent, sur leurs gardes, et Kiyoshi se rappelle encore une fois qu’il n’a pas vraiment sa place ici.

« Providence a en effet assez d’ennemis, » dit silencieusement Nijimura, brisant le silence. « Et l’Héritage est sur cette liste, que ça te plaise ou non, donc il est temps qu’on ait des alliés. »

Six ne quitte pas Mayuzumi des yeux, et Kiyoshi se demande ce qu’un mercenaire voit quand il le regarde. Kiyoshi avait tout de suite su qu’il tombait dans la catégorie de ‘pas une menace’ ; il avait pu voir Six le congédier lors de leur première rencontre. Six ne congédie pas Mayuzumi aussi facilement.

« Masaomi Akashi t’a envoyé toi pour négocier avec Providence, » dit Six, sonnant tellement septique que ça ne pouvait même pas être appelé une question.

« En fait, il m’a envoyé espionner Nijimura, » dit Mayuzumi. « Le truc de Providence est en grande partie une coïncidence. Mais je peux vous mettre en contact avec ma patronne si vous êtes intéressé. Elle peut négocier n’importe quoi. »

Six a l’air distinctement pas amusé, et il part sans rien dire d’autre. Mayuzumi se tourne vers Nijimura et dit : « Je te laisserai sa carte de visite. Si tu veux parler à Masaomi, Hinamori Akane est la personne à qui tu veux vraiment parler. »

« C’est bon à savoir, merci, » dit Nijimura. « Mais en fait, j’ai une autre idée. Quelque chose avec quoi je pense que tu peux m’aider. » Il envoie un regard à Kiyoshi. « Vous pouvez m’aider tous les deux. »

*

« Tu vois, l’Héritage a sa propre branche de rebelles– »

« Serpentaire, oui je sais, » dit Mayuzumi.

Nijimura cligne, parce qu’évidemment lui ne savait pas qu’ils avaient un nom, mais il s’en remet assez vite pour que Kiyoshi pense que Mayuzumi ne l’ait pas remarqué. Ils marchent autour du périmètre de Providence depuis une heure maintenant, (Nijimura pensant que c’était peut-être mieux de ne pas attirer plus d’attention) et ils n’arrivent aux choses intéressantes que maintenant. « C’est ça, donc, ce sont les gens les plus logiques pour aider avec le reste de l’Héritage. Et j’essaye de les contacter, mais le truc, c’est qu’ils ne font pas exactement confiance à Teiko. »

« Vraiment ? Ceux que Kise et Akashi ont rencontrés n’avaient pas vraiment de problème avec eux, » dit Mayuzumi. « Et de toute façon, c’est ça le problème ? Tu peux te faire passer pour un humain. »

« C’est le truc, je peux pas me faire passer pour un humain, pas avec l’Héritage. Et OK, d’accord – ils me font pas confiance, » accepte Nijimura. « C’est un truc de Rainbow. »

Mayuzumi lui lance un regard qui indique que ça ne va clairement pas suffire si Nijimura veut l’aide de Mayuzumi. Nijimura soupire, et Kiyoshi aimerait pouvoir intervenir – il sait que c’est un sujet sensible pour Nijimura, même s’il ne comprend pas pourquoi. Mais il a l’impression que c’est quelque chose que Mayuzumi a besoin de comprendre s’ils vont travailler ensemble, donc il reste silencieux.

« C’est comme des aimants, » dit Nijimura, tout comme il explique toujours ça aux gens. « Si tu mets deux aimants ensemble, ils se repoussent. C’est la même chose avec les Rainbows et les autres Projets– c’est extrêmement inconfortable d’être près l’un de l’autre. Malheureusement, c’est la même chose avec les lignées-Héritage ; ils savent instantanément ce que je suis et ça les rend mécontents. »

Mayuzumi regarde Nijimura avec une expression distinctement spéculative. « Ça veut dire que toi tu sais quand tu es en présence d’un lignée-Héritage. »

Nijimura sursaute mais ensuite il sourit lentement. « Tu comprends vraiment vite. Oui, exactement. L’Héritage a mis un point d’honneur à infiltrer presque toutes les organisations gouvernementales majeures du monde. C’est important pour eux de ne pas être reconnus. Tu peux voir pourquoi ils ne seraient pas trop contents de l’existence de quelqu’un qui peut reconnaître ce qu’ils sont au premier regard. »

« Oui, je peux voir ça, » autorise Mayuzumi. « Donc. Comment on entre en scène ? » Il jette un coup d’œil à Kiyoshi, reconnaissant que l’autre homme fait toujours partie de la conversation.

« Je veux entrer en contact avec les rebelles des lignées-Héritage, mais je peux pas faire ça tout seul. Providence ne fait confiance à personne de l’Héritage, donc ils veulent pas m’aider. Les rebelles pourraient faire confiance à Akashi Masaomi, donc c’est là que tu entres en scène. Mais en tous cas, deux humains ont plus de chance d’établir le contact que moi. »

Kiyoshi n’est pas certain de pourquoi il est inclus là-dedans, et il se demande si c’est juste Nijimura qui prend pitié de lui. Ce n’est pas quelque chose qui le concerne vraiment au final, et il n’est pas sûr d’avoir quoi que ce soit à offrir à une tâche aussi importante.

« Et tu sais comment les contacter ? Ils sont dans ton répertoire ? » demande sarcastiquement Mayuzumi.

« Je sais ils sont, » rétorque Nijimura. « Il y a une base Serpentaire au Colorado. Si on les rencontre sur le territoire, ils seront peut-être plus enclins à écouter ce qu’on a à dire et à nous aider. Sauf si t’es en contact avec les rebelles du Japon ? »

Même si on ne voit rien sur son visage (Kiyoshi pense que s’entraîner avec le style de basket de Kuroko doit être une compétence utile dans le monde de l’entreprise) Mayuzumi débat clairement combien d’informations il souhaite révéler.

« Non, pas exactement, » admet finalement Mayuzumi. « Pour être honnêtement, ils n’ont pas été particulièrement ouverts avec leurs informations. Et ils n’ont pas été vraiment intéressés par l’idée de discuter avec Masaomi-san. Je ne sais pas vraiment si ton plan va réussir. »

« Il va réussir, » insiste Nijimura. « Donc, t’en es ? »

« Pourquoi voyager au hasard avec toi au Colorado ? »

« Ouais ? »

Mayuzumi hausse les épaules. « OK, pourquoi pas ? »

« Génial. Je veux quand même voir le Centre, par contre. »

« Viens demain aprèm. Techniquement, j’y suis pas allé non plus. Je devrais probablement pointer présent, » dit Mayuzumi.

« Parfait. Teppei, ça marche pour toi ? »

Kiyoshi regarde Mayuzumi d’un air interrogatif, pour voir s’il va s’opposer à son inclusion dans cette invitation, mais l’expression de Mayuzumi ne change jamais. « Ouais, je fais rien. Ça a l’air fun. »

« Cool, » dit Nijimura, tapant sur son épaule. « On a un plan alors. »

*

« Tiens, » Mayuzumi tend une enveloppe à Kiyoshi avant de sortir de Providence. « J’ai promis à Kuroko que je te donnerais ça. »

Kiyoshi baisse les yeux sur l’enveloppe avec surprise, voyant l’écriture soignée de Kuroko sur le devant. « T’as vraiment parlé à Kuroko ? »

« Bien sûr. Juste parce que vous avez découvert ma couverture super tôt, ça veut pas dire que j’y ai pas mis beaucoup d’efforts, » dit Mayuzumi. « J’ai vraiment parlé avec Kuroko pour te voir. Pour lui, je visite ma tante et mon oncle. Probablement. Il a peut-être vu à travers mon excuse, lui aussi. Difficile à dire, avec ce mec. »

« C’est gentil de ta part de me remettre la lettre, merci, » dit Kiyoshi.

Mayuzumi ne fait que ronfler. Il ne regarde pas Kiyoshi quand il dit l’air de rien : « Tu sais, Kuroko pense que tu es toujours en train de te rétablir d’une opération du genou. »

« Je le suis, » proteste Kiyoshi, blessé.

« Ah ouais ? » dit Mayuzumi. « On marche depuis plus d’une heure et t’as pas du tout levé le pied. Même pas boité une petit peu. »

Les yeux de Mayuzumi sont fixés sur lui, et c’est au tour de Kiyoshi de détourner le regard. « Il faut plus qu’une balade pour user mon genou, » dit-il, faiblement.

« Ouais, OK, » dit Mayuzumi, levant pratiquement les yeux au ciel alors qu’il s’éloigne. « Ça va être tellement marrant d’aller à une mission secrète avec vous les gars. Je prédis plein de silences gênants. »

« Je l’aime bien, » sourit positivement Nijimura après que Mayuzumi ait quitté Providence. « Il est bien plus perceptif que ce que j’aurais pensé. »

« Ouais, » dit Kiyoshi, ses main touchant sa jambe, un presque complexé. Les docteurs de Providence avaient fait des merveilles – tellement que Kiyoshi s’inquiétait légèrement d’avoir des petits robots dans son corps. (Ils lui avaient tous assuré que non).

« Tu veux vraiment que je vienne avec ? » demande Kiyoshi, espérant changer le sujet et ne plus parler de son genou.

« Oui, » dit Nijimura, revenant sérieux. « Ecoute, Teppei. T’es pas obligé – ça pourrait être dangereux, et je veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. Mais je pense que ta perspective pourrait vraiment nous être précieuse avec tout ça. »

« Mais je suis qu’un humain ordinaire, » proteste Kiyoshi. « Je suis pas connecté aux Miracles ou à Providence ou quoi. »

« C’est parce que tu es ordinaire que je pense que t’es important, » insiste Nijimura. « T’es pas comme les gens qui sortent avec les Miracles, et tu travailles pas pour un établissement extérieur comme les Akashi Industries ou Providence. T’es juste un mec. Et je pense qu’on va avoir besoin de gens qui n’ont pas à penser à leurs propres intérêts là-dedans. »

C’est assez logique, même si Kiyoshi pense toujours que Nijimura essaye juste de le faire se sentir inclus.

« Oh, par ici, » dit Nijimura, et ensuite ses bras sont enroulés autour du cou de Kiyoshi et il se penche tout près, inclinant la tête près du visage de Kiyoshi – pour que d’un certain angle on puisse croire qu’ils s’embrassent.

Ce n’est pas la première fois que Nijimura devient tout à coup tactile avec lui, et depuis le temps Kiyoshi sait ce qui a causé cette soudaine affection.

« Shuuzou-kun, si tu n’es pas ici pour travailler, alors toi et ton ami ne devraient pas être sur la base, » dit une voix sèche et froide.

Nijimura recule légèrement, toujours accroché au cou de Kiyoshi. « Oh, Himuro-san. C’est bon de vous revoir. Vous avez eu une bonne réunion du comité ? »

Le bel homme japonais habillé avec élégance fronce les sourcils en le regardant tous les deux. Kiyoshi ne dit rien, pensant que c’est mieux de rester silencieux en présence de Himuro Ryuichiro.

« White Knight a gardé un contrôle admirable d’une situation terrible, » dit raidement Ryuichiro. « Malgré certains éléments très imprédictibles. »

« Hmm, » dit Nijimura, ses mains se déplaçant encore plus bas sur le dos de Kiyoshi.

Le visage de Ryuichiro se tord de désapprobation et il incline la tête raidement avant de partir.

« Pourquoi t’aimes le chercher comme ça ? » demande Kiyoshi quand il est hors de vue.

« C’est ce que Tatsuya voudrait, » dit solennellement Nijimura, laissant tomber ses mains et s’écartant.

Pour autant que Kiyoshi pouvait le dire, Himuro Ryuichiro était l’un de ces hommes homophobes qui n’étaient pas ouvertement agressifs avec leur homophobie, mais qui étaient distinctement mal à l’aise en présence d’homme ouvertement gays. Ce qui était certainement malheureux pour son fils ouvertement gay, mais Kiyoshi était aussi tristement conscient que les circonstances auraient pu être bien pire pour Himuro.

« Il n’a vraiment pas l’air de t’aimer beaucoup, » fait remarquer Kiyoshi.

« Il pense que j’ai baisé son fils, » dit Nijimura.

« C’est le cas ? »

Nijimura sourit. « Non, mais il a pas besoin de savoir ça. »

« Est-ce que Himuro sait que son père est l’un des partenaires de business de Providence ? » demande Kiyoshi, puisque la question le titille depuis qu’il a découvert que Himuro Ryuichiro était au Comité Exécutif.

« Je pense pas, » dit Nijimura. « Pauvre Tatsuya. Il voulait tellement vivre dans un roman de science-fiction qu’il n’avait aucune idée que tellement de gens dans sa vie en faisaient déjà partie d’un. »

« Il est certainement impliqué maintenant, » remarque Kiyoshi, se souvenant que Himuro Tatsuya sortait maintenant avec Murasakibara Atsushi.

« J’arrive toujours pas à croire qu’il sort avec 989. C’est tellement dingue. Le monde est tellement petit parfois. »

Kiyoshi regarde Nijimura avec curiosité – Nijimura semblait utiliser délibérément les ‘désignations’ des Miracles, comme s’il pensait ne pas avoir le droit d’utiliser leurs noms. (Kiyoshi n’avait même pas réalisé que les Miracles avaient des désignations, jusqu’à ce que Nijimura ne commence à appeler Kuroko ‘452’. Ça ajoutait une couche de tristesse à ce que les Miracles avaient traversé, tellement qu’il aimerait que Nijimura ne les appelle pas comme ça. Mais il pense que Nijimura doit avoir ses propres raisons pour utiliser les nombres par défaut, et Kiyoshi n’a pas vraiment le droit d’insister).

« T’as dit que tu connaissais 989 quand il était à la base de la FSDJ, pas vrai ? » demande abruptement Nijimura.

« Ouais, c’est ça. Mon équipe au collège a arrangé un match amical contre les Miracles. Ça s’est pas bien fini. »

« Non, j’imagine que non. Teppei, t’es sûr que tu veux aider ? Je suis pas sûr que tu réalises à quel point c’est dangereux. »

*

Kiyoshi pense beaucoup à cette première rencontre avec Murasakibara Atsushi ; c’est un regret à lui qui reste de ne pas avoir fait plus. Quand ils ont joué contre les Miracles, ce n’est pas comme si c’était une surprise qu’ils perdent, même si certaines personnes de son école avaient été amères après coup comme s’ils s’attendaient à gagner.

« Pourquoi t’essayes si dur ? » avait demandé Murasakibara. « Tu sais que tu vas perdre. » Et Murasakibara avait semblé si en colère de la réponse de Kiyoshi que c’était resté dans l’esprit de Kiyoshi pendant des mois (et des années) après coup. Ça avait semblé presque insupportablement triste que ce garçon s’oppose si fort à ce que quelqu’un se batte contre la futilité.

Sur le moment, il avait voulu retourner à la base. Il avait entendu qu’ils invitaient des ados humains à la base pour se sociabiliser avec les Miracles, et il voulait se porter volontaire. Ce n’était pas vraiment possible, à cause de là où il vivait, mais c’était une idée qui était resté dans sa tête quand même.

Il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il y avait beaucoup de solitude là-dedans, et il voulait faire ce qu’il pouvait pour effacer un peu de la douleur. Mais il ne fit rien. Rencontrer Kuroko, et les autres Miracles, et Nijimura, n’avait fait que solidifier l’impression qu’il avait raison – il y avait probablement beaucoup de douleur chez les Miracles à l’époque. Et il avait eu l’occasion d’essayer de faire ce qu’il fallait, mais il avait laissé cette occasion filer.

Ça le dérange beaucoup, maintenant, de ne rien avoir fait à l’époque. Qui pourrait dire s’il aurait pu forger un lien – qu’il aurait pu faire la moindre différence dans leurs vies – mais ça le dérange beaucoup de ne même pas avoir essayé.

*

C’est pourquoi il dit : « Shuuzou, je serais content de faire n’importe quoi pour aider, tu sais ça, pas vrai ? »

Nijimura grimace. « Ouais, Teppei, je sais. C’est un peu pour ça que je m’inquiète. Ça pourrait être dangereux. Je veux pas pendre avantage du fait que t’es un mec bien. »

Kiyoshi ne répond pas tout de suite, réfléchissant à comment il déteste ça quand les gens l’appellent un mec bien, ou honnête, ou n’importe quelle autre vertu qu’il finit par considérer comme une descriptions incroyablement infidèle de son caractère.

Mais, alors, il se souvient à quel point il détestait le nom Coeur de Fer, et il réalise qu’il n’aimait pas trop ça quand le surnom était un peu trop proche de la réalité. Apparemment, il n’était juste jamais content.

« Tu ne prends pas avantage de moi, je veux sincèrement aider, » insiste Kiyoshi. Il ne peut toujours pas imaginer comment il pourrait possiblement aider, et il suspecte toujours que l’offre de Nijimura est offerte par pitié.

« Teppei, je veux que tu viennes. Mais j’ai aussi un peu l’impression que si toi tu le veux, ça dépend de ta réponse à une question assez indélicate. »

Kiyoshi ne montre pas sa surprise. « Je te dirai tout ce que tu veux savoir, Shuuzou. »

« Très bien, » dit Nijimura, avec un doute prononcé par rapport à sa déclaration. « Pourquoi tu retournes pas au Japon ? »

Kiyoshi ne peut pas s’empêcher de grimacer, et il a peur d’avoir déjà perdu. « Je sais pas pourquoi ça c’est important. »

Il y a une silence très lourd, alors que Nijimura continue de regarder Kiyoshi avec un doute prononcé. Clairement, lui pense que la réponse est importante, même si Kiyoshi n’arrive pas à imaginer pourquoi.

Mais Nijimura a été un bon ami pendant ces derniers mois – un meilleur ami ce que Kiyoshi mérite probablement – et donc ce n’est pas difficile de lui offrir une partie de la vérité. « Ça devenait un peu dur de rester au Japon, » commence-t-il, et même s’il est à l’aise avec Nijimura c’est surprenamment difficile de parler de ça.

« Il y a cette fille, » dit Kiyoshi, se frottant la nuque et détournant le regard. Il espère que c’est tout ce qu’il a à dire, mais l’expression de Nijimura lui dit que ça ne va pas suffire. « Je suis amoureux d’elle. Et mon meilleur ami aussi. C’était mieux si j’étais pas dans le coin. »

Voilà. La vérité. (Pas toute la vérité, murmure une voix sombre. Mais certainement la vérité).

Nijimura soupire. « Ouais, je pensais que c’était quelque chose du genre. C’est exactement pourquoi ça m’inquiète de t’emmener pour un voyage comme celui-là, Teppei. T’as tendance à penser que si quelqu’un doit souffrir, ça doit être toi. »

« C’est quoi le mal là-dedans ? » dit Kiyoshi, presque un peu rancunier. Il préférerait de loin être celui qui souffre, plutôt que de voir quelqu’un d’important pour lui être blessé. Et il ne voit pas pourquoi c’est une mauvaise chose.

« C’est un peu égoïste, déjà, » dit Nijimura. « Et ça va finir par te faire tuer, d’une manière ou d’une autre. » Il donne un tape sur l’épaule de Kiyoshi avant de sortir de Providence. « Réfléchis à ça, Teppei. Il y a plein de gens dans ta vie qui ne veulent pas te voir toi être blessé. »

*

C’était un peu injuste pour Nijimura de lui dire qu’il était égoïste pour faire essentiellement ce que Nijimura faisait lui-même tout le temps. Nijimura Shuuzou était perpétuellement sur ses gardes pour prendre soin des gens. Kiyoshi avait souvent pensé que Nijimura aurait fait un excellent capitaine de basket.

Quand Mayuzumi lui avait envoyé un mail de nulle part, ça ne serait pas venu à l’esprit de Kiyoshi de suspecter une arrière-pensée derrière cette action. Il avait seulement mentionné que Mayuzumi venait en visite parce qu’il pensait que Nijimura pourrait être intéressé de rencontrer quelqu’un qui avait été dans la même école d’Akashi.

Mais dès qu’il en parla à Nijimura, l’autre homme se tut et dit ensuite : « Et tu lui as jamais parlé avant ? »

« Non, pas vraiment, » avait répondu Kiyoshi, ne suivant pas du tout le fil de ses pensées. « Je savais même pas qu’il était en contact avec Kuroko. Mais c’est logique d’envoyer un message, tu penses pas ? »

« Ouais, c’est logique, » dit Nijimura, sa voix toujours étrange. « Et il est allé à l’école de 0102 ? A Kyoto ? »

« Ouais ? » dit Kiyoshi, réalisant enfin que Nijimura était très suspicieux de ce contact soudain. « Pourquoi c’est si étrange ? »

« Parce que 0102 a été adopté par Akashi Masaomi, » dit Nijimura. « Désolé, Teppei. Ça pourrait franchement être rien, mais je vais faire un peu de recherches. C’est un peu une trop grande coïncidence. »

Apparemment, Nijimura s’inquiétait depuis un moment que quelqu’un essaye d’utiliser Kiyoshi pour atteindre Providence. Et il avait été froidement furieux quand il avait été capable de trouver quelques traces qui prouvaient que Mayuzumi avait travaillé pour Akashi Masaomi. Il avait été tellement furieux, en fait, que ça avait été difficile de croire son expression accueillante et souriante quand il avait finit par rencontrer Mayuzumi – Kiyoshi était allé à cette rencontre en pensant qu’il aurait à intervenir avant que les choses ne deviennent trop violentes. Mais peu importe ce dont ils avaient parlé quand il était allé chercher des pops cakes, ça avait dû rassurer Nijimura.

Nijimura tient beaucoup aux gens dans sa vie. C’est pour ça que c’est aussi difficile de comprendre pourquoi il a invité Kiyoshi à cette mission – est-ce qu’il veut qu’il soit là ? Est-ce qu’il veut qu’il ne soit pas là ? C’est trop dur à dire.

Kiyoshi ne sait même pas si il veut aller à cette mission, ou si, comme Nijimura l’en accuse subtilement, il veut juste échapper à ses propres problèmes.

*

Quand il retourne à l’appartement d’Alex, il sort la lettre de Kuroko. Il ronfle moqueusement quand il la lit – Mayuzumi n’avait vraiment jamais eu de chance d’avoir une couverture réussie.

Cher Kiyoshi-senpai,

Je ne suis pas certain si Mayuzumi lira cette lettre avant de te la donner ou non, mais je pensais que je devrais au moins de mettre en garde quant à ses motivations. Je ne suis pas certain de croire sa raison de visiter de la famille en Amérique, bien que si cela s’avère vrai, je m’excuse pour mes doutes.

J’espère que tu te portes bien et que ton genou guérit correctement. J’espère que tu pourras revenir bientôt. Les nouveaux Premières Années sont très gentils, mais Seirin n’est pas pareil sans toi.

Envoie s’il-te-plaît un mail à Coach et au capitaine. Ils ne le disent pas, mais je sais qu’ils sont très inquiets de ne pas avoir eu de nouvelles de toi depuis un moment.

Dis ‘bonjour’ à Nijimura-san et à Alex-san pour moi.

Sincèrement,

Kuroko Tetsuya.

Alors qu’il replie la lettre avec précaution il pense à comment Kuroko sait certainement comme mettre du sel dans les plaies.

Il sort son portable et regarde les derniers mails qu’il a reçu de Hyuuga et de Riko. Idiot, tu rends Riko triste et : Réponds s’il-te-plaît, Teppei, tout le monde s’inquiète.

Il voulait répondre à ces deux mails dès qu’il les a reçus. Tout comme il voulait répondre tous les jours depuis qu’il les a eus. Tous les jours, il pensait, Aujourd’hui je réponds et ensuite la fin de journée venait et il ne l’avait toujours pas fait.

Il devrait le faire maintenant, mais il envoie un mail à Kuroko à la place.

J’ai eu ta lettre. Mayuzumi est un mec bien. Dis à tout le monde que je vais bien.

Il éteint son téléphone immédiatement après avoir appuyé sur ‘envoyer’ et il s’allonge sur le lit. Il est si tard qu’il est techniquement tôt, et Kiyoshi n’a aucune idée de ce qu’il fait.

Il sait une chose, par contre. Peu importe ce que Nijimura a prévu, il veut aider. Parce qu’il ne veut absolument pas retourner au Japon.

Chapter 4: Interlude 2 ~ L’Histoire que Tu ne Peux pas Effacer ~

Chapter Text

Quand Shuuzou se réveille encore une fois, il souffre toujours tellement, mais étrangement l’air autour de lui est plus agréable qu’il ne l’a jamais été. Il ressent immédiatement une vague de culpabilité si intense qu’elle le rend nauséeux. T’es content qu’ils soient morts ?! Et il commence à hyperventiler.

« Ah. Tu t’es réveillé. Félicitation. »

La voix froide et sans émotion est comme une seau d’eau glacé qui lui tombe dessus et elle calme la respiration de Shuuzou. Une fille s’agenouille – elle a des cheveux noirs et des yeux noirs comme lui, elle le fixe avec une expression absolument indéchiffrable. « 54 ne pensait pas que tu survivrais. Mais je pensais que tu le pourrais. »

Il se relève, se sentant toujours comme une blessure ouverte. L’air est plus léger, et maintenant il comprend pourquoi. « Qui es-tu ? » Sa voix est enrouée, comme s’il avait crié pendant un très long moment, et sa question sonne ainsi plus abrasive qu’il ne le voulait.

« 62, » se présente-t-elle, indifférente face au ton de sa voix.

« Quoi– De quelle Génération tu viens ? » Il n’a jamais rencontré le Rainbow Jabberwocky, mais toutes ses rencontres avec Jabberwocky lui ont mené à croire qu’il n’apprécierait pas la rencontre.

La fille penche la tête. « Je suis l’une des sans Génération. »

La phrase ne veut rien dire pour lui. Sans plus de questions, elle soulève sa blouse et lui montre sa cuisse nue, qui annonce 1362. Marqué sur sa propre peau on voit GK-R1365. Les deux premières lettres sont la connexion qui le liait si fort aux autres Kings.

« Ne connais-tu vraiment pas ta propre histoire ? » demande-t-elle, sa voix toujours vide de ces petites indications d’humanité – des choses comme les emphases, les modulations, et la curiosité qui sont ordinairement présentes quand quelqu’un parle.

Il n’y a pas d’histoire à Teiko, donc il n’est pas sûr de ce dont elle parle. Il pense qu’elle doit parler de l’histoire des Rainbows, mais ça ne l’a jamais intéressé. Il n’en a rien à faire, des Rainbows. Il ne s’est jamais préoccupé que des Kings.

(Et ils ne sont plus là. Il est seul. Leurs morts sont toujours avec lui. Il se fiche de tout maintenant.)

« Les Rainbows sont des antithèses. Nous ne somme pas censés être inclus dans les Générations, et nous ne le sommes typiquement pas. De temps en temps, les scientifiques aiment expérimenter et mettre l’un d’entre nous dans une Génération, mais ça ne se termine jamais bien. »

« Je sais pas–je sais pas de quoi tu parles. »

Des yeux sombres se fixent sur lui. Toujours plats et indéchiffrables, c’est comme être fixé par le ciel nocturne. « Si. Tu le sais. Nous ne sommes pas censés interagir avec les autres Projets pour de longues périodes de temps. Habituellement, nous mourrons. Laurel, Jabberwocky, Indomptable, Heaven. Ils sont tous morts, en l’espace de quelques années d’exposition à leur Génération. »

Il ne savait pas ça, et ça le rend encore plus triste d’être vivant alors que les autres ne le sont pas. Il ne devrait pas être ici. C’est lui qui devrait être mort, pas eux.

« Jusqu’ici, les seuls à avoir survécu étaient toi et Miracle. »

« Miracle– » Shuuzou sursaute, quelque chose tirait sur sa mémoire.

« Mort, maintenant. Il a survécu à l’exposition, mais il en est devenu un peu fou, et ainsi sa Génération l’a tué. »

« Ils l’ont tué ? » dit Shuuzou, horrifié. Il ne peut pas imaginer quelque chose de pareille – de tuer sa propre Génération, de trahir sa propre Génération – il aurait préféré mourir mille fois que de blesser quelqu’un de sa famille.

« Il avait des tendances violentes et sadiques. Ou masochistes, selon le point de vue. »

Miracle. Ça commence à lui revenir. Tu dois t’en souvenir. « Ils vont me mettre avec Miracle. »

« Oui, je crois que c’est leur intention, » répond 62.

Tu dois t’en souvenir. Tu dois le dire aux autres Rainbows.

« Pour que Miracle me tue moi aussi ? » demande amèrement Shuuzou. Il n’en a rien à faire. Laissez donc Miracle le tuer.

« Pour voir ce qui se passera. C’est pourquoi ils font tout ce qu’ils font, » dit 62. « Tu devrais savoir ça mieux que quiconque, 65. Les scientifiques se sont approchés avec Jabberwocky, mais cette Génération était trop violente et instable. Laurel était trop douce, trop passive, trop faible. King était leur tentative de créer un lien entre les Projets, pour voir si la cohésion boosterait les pouvoirs individuels– »

« Ferme-la ! » dit Shuuzou. « Ferme-la, tu sais pas de quoi tu parles ! »

La fille n’a pas l’air dérangée le moins du monde par son exclamation. « C’est ton histoire, GK-R1365. L’histoire que tu ne peux pas effacer. »

Tu dois le dire aux autres Rainbows.

Mais il ne veut pas leur dire, pas encore. Il ne peut pas se forcer à faire confiance à cette fille étrange et sans émotion. Pas tout de suite, quand il peut encore sentir la mort de sa famille dans sa chaire.

« Je m’appelle Shuuzou, » dit-il avec fatigue. Il s’appelle Shuuzou, et c’est ça qu’il ne va pas oublier, quoi qu’il arrive.

Chapter 5: Chapitre 3

Notes:

NdT: désolée pour les délais entre les publications et la qualité du texte. Je n'ai pas le temps de faire autant de relecture et ma béta-lectrice non plus... N'hésitez pas à me dire si vous voyez des fautes! Encore désolée pour ça.

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

James ‘appelez-moi Jamie’ O’Reilly est l’homme le plus plaisant que Mayuzumi ait jamais rencontré, et c’est incroyablement déconcertant, considérant qu’il soit aux commandes d’un des établissements de Masaomi. Mayuzumi a l’habitude d’un genre particulier de garce impitoyable en ce qui concerne les gens en qui Masaomi avait confiance pour diriger l’une de ses compagnies, et ça ne correspondait pas du tout avec cet homme brun souriant avec des fossettes qui avait des photos de sa femme et de ses enfants sur tout son bureau.

« Je suis tellement heureux que tu sois là, Chihiro, on fait vraiment de bonnes choses ici et je suis impatient de t’en parler, » s’illumine Jamie, souriant jusqu’aux oreilles et parlant rapidement.

« J’ai hâte, » dit Mayuzumi, se demande ce que Masaomi avait dit à cet homme quant à sa présence ici. « J’ai entendu beaucoup de bien de, euh, SAPRRCOE ? »

« Le Shiori Akashi Physical Rehabilitation Research Center of Excellence, » dit Jamie d’un air aimable.

« C’est doit être horrible à mettre sur les cartes de visites, » fait remarquer Mayuzumi.

« Ouais, » dit Jamie, s’affaissant légèrement. Il retrouve sa joie en quelques secondes. « Le secteur Markéting y travaille. On a eu beaucoup de résultats positifs. »

« Est-ce qu’il l’a nommé après sa mère ou quoi ? » demande Mayuzumi, ayant du mal à imaginer Masaomi avec ce genre de dévotion filiale.

« Non ? » dit Jamie, l’air perplexe. « Il l’a nommé après sa femme, vous ne le saviez pas ? »

« Il a une femme ? » s’exclame Mayuzumi, horrifié. Ça ne lui était honnêtement jamais venu à l’esprit que Mayuzumi puisse être marié ; il avait tellement l’air d’un célibataire.

« Il avait une femme, » corrige Jamie. « Elle est décédée il y a quelques années. Son portait est dans le hall.

Découvrir que Masaomi était un veuf était, pour certaines raisons, encore plus étrange que de découvrir qu’il était marié. Mayuzumi trouvait aussi ça particulièrement étrange qu’il nomme un établissement – surtout cet établissement – après sa femme décédée. Masaomi n’est pas quelqu’un qui fait des choses pour des raisons sentimentales, donc il doit y avoir des raisons cachées derrière cette décision, mais même si sa vie en dépendait Mayuzumi ne pourrait pas penser à une seule chose que ça pourrait accomplir.

« Donc, vous voulez voir le Centre ? » demande Jamie, sonnant peu sûr tout à coup. Comme s’il réalisait peut-être que ce jeune homme debout devant lui n’a aucune idée de ce qui se passe ici.

« Bien sûr, » dit Mayuzumi, souriant et faisant de son mieux pour avoir l’air professionnel. Il aimerait vraiment savoir ce que Masaomi avait dit à ces gens quant à la raison pour laquelle il est ici.

*

« Donc par là c’est l’air de jeu, » dit Jamie, faisant un mouvement vers la gauche. « C’est là où les enfants peuvent se détendre. Nous avons les Xboxes et les PlayStations standards et d’autres dispositifs de divertissement, mais aussi, comme vous pouvez le voir, des espaces pour nos membres plus portés sur l’athlétisme. »

« Je vois, » dit Mayuzumi, observant au mur d’escalade impressionnant et à la cage à poule élaborée.

Plusieurs ados étaient en train de descendaient une tyrolienne.

« Beaucoup des jeunes n’aiment pas trop sortir, donc on essaye d’amener l’extérieur à eux, » explique Jamie. Mayuzumi pense que cet homme est fier avec raison de ce qu’ils font ici, mais il se demande pourquoi le Président et CEO lui fait faire le tour du propriétaire.

« Et voilà notre labo – les gosses ne viennent pas beaucoup ici, sauf s’ils le veulent, bien sûr. Certains des enfants sont intéressés par la science et la médecine, donc ils sont naturellement encouragés à travailler avec les chercheurs. »

« C’est très… coloré. » Mayuzumi pense que la plupart de techniciens de laboratoire ne porteraient pas de blouse teintes, ou utiliser l’équipement de labo de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Tout et tout le monde est en couleurs vives, jusqu’aux microscopes.

« M. Akashi pensait que les enfants ne se sentiraient pas à l’aise dans une pièce toute blanche, » dit solennellement Jamie.

Mayuzumi hoche la tête. C’était le genre de minutie que Mayuzumi était venu à associer avec Masaomi. Contrairement à la croyance populaire, Akashi Masaomi n’était pas un milliardaire sans cœur fixé sur le capitalisme destructif et sur l’exploitation. Il s’intéressait à ses employés et il voulait qu’ils soient heureux.

C’était juste logique, vraiment, que Masaomi s’assure que les enfants qui avaient été enlevés par des savants-fous se sentent à l’aise de vivre dans un environnement avec des laboratoires.

« Je suis surpris qu’autant d’eux veulent bien vivre ici, » remarque Mayuzumi l’air de rien. En fait, il est surpris que la FSDJ et le publique l’aitautorisé. Mais Akashi Masaomi avait une manière d’obtenir ce qu’il voulait, et il avait voulu construire un endroit où les enfants qui avaient été secourus du deuxième Teiko pourraient vivre et s’y sentir en sécurité.

« Beaucoup d’entre eux n’avaient nulle part où aller, » dit Jamie tristement. Il semblait être le genre d’hommes qui ont du mal à cacher ce qu’ils ressentent, ce qui rend ça encore plus étrange de le trouver dans une position de pouvoir dans l’une des compagnie de Masaomi. « Ils n’avaient pas de famille, ou les familles qu’ils avaient n’étaient pas en position de prendre soin d’eux. M. Akashi savait que le gouvernement ne financerait jamais un endroit pour eux, donc il a décidé que lui si. »

« Et s’il peut pas les étudier de près c’est gagnant-gagnant, » dit sèchement Mayuzumi.

« Oh, bon Dieu non, » dit Jamie, ses yeux verts écarquillés. « Je veux dire, oui, mais ce n’est pas comme ça. Les jeunes veulent savoir ce qui leur est arrivé. Ils veulent contrôler leurs capacités, ou peut-être même redevenir capable de vivre comme des humains ordinaires un jour. Ils sont plus investis que quiconque pour découvrir comment leur biologie fonctionne. »

Mayuzumi y croit, mais il a aussi connu le Masaomi qui obtient exactement ce qu’il veut, tout en faisant penser aux autres que c’est ce qu’ils veulent.

« Vous pouvez parler aux jeunes vous-même, » dit Jamie. « On a rien à cacher ici. »

« Je suis certain que vous faîtes un excellent travail, » Mayuzumi, apaisant une partie de la rancune qui s’était glissée dans la voix du président. « Mais j’aimerais parler à certains des jeunes, si ça ne vous dérange pas. Ça fait partie du job, vous savez. » C’était un pari, puisqu’il ne sait toujours pas exactement ce que Jamie O’Reilly croit que Mayuzumi fait comme job.

« Bien sûr, » acquiesce Jamie. « Suivez-moi, je vais vous présentez à certains d’entre eux. »

*

« Donc, sois honnête avec nous, tu baises Masaomi Akashi ? »

Mayuzumi pense que c’est probablement une bonne chose qu’il ne soit pas en train de manger ou de boire, parce que sinon il se serait étouffé et il serait probablement mort de pure horreur face à cette question.

Il a passé un an à copier le style de basket d’un gosse inexpressif, donc son visage reste froidement neutre quand il répond : « Non. Bordel de merde, il est assez vieux pour être mon père, c’est dégoûtant. »

Charlie Lancaster ne fait qu’éclater de rire. « Quoi, tu te fois de moi ? Ce mec est gaulé. Et il est pas si vieux que ça. Il a été voté DILF numéro un sur tumblr. »

Mayuzumi essaye d’imaginer ça et échoue. Il ne comprendra jamais comment la libido fonctionne. Il avait un problème similaire à chaque fois que quelqu’un parlait de stars de cinéma.

« T’es même pas obligé d’être gay pour dire que tu te ferais Masaomi, » offre Charlie. « Je pense qu’il faut être assez à l’aise avec sa masculinité pour admettre qu’il y a une blinde de sex-appeal qui irradie de Masaomi Akashi. Pas vrai, Zane ? »

Le jusqu’ici silencieux Zane Monart ne fait que hocher pensivement la tête.

« Donc tu peux nous l’admettre, nous on va rien dire, » dit Charlie.

« Je ne couche pas, je n’ai jamais couché, et je ne coucherai jamais avec Masaomi Akashi. Pourquoi tu penserais ça ? »

Charlie hausse juste les épaules. « T’as, quoi ? Vingt ans ? Comment t’aurais eu ce taf autrement ? »

Mayuzumi hausse un sourcil. « Ma personnalité agréable. »

Charlie ignore complètement cette option. « J’ai pensé, soit t’es un génie soit t’es passé sous le bureau pour monter en grade. » Charlie fait passer ses yeux sur lui. « Et t’as pas l’air d’un génie. »

« Merci. Je suis flatté que tu penses que j’ai l’air de quelqu’un qui pourrait s’en sortir en utilisant que son sex-appeal, » dit Mayuzumi, faisant rire Charlie.

Les deux adolescents – la Charlie assez androgyne et le silencieux, grand Zane – semblent bien trop fins, et malgré leurs sourires il y a quelque chose chez eux qui fait penser qu’ils ont traversé un traumatisme. Les enfants qui ont été secourus du deuxième Teiko étaient soit incroyablement musclés comme des super-soldats ou avaient, comme ces deux-là, l’air incroyablement frêles, comme si un bourrasque de vent pourrait simplement les briser.

« Allez, » cajole Charlie, attirant l’attention Mayuzumi. « Tu peux me le dire. Qu’est-ce que tu fais vraiment ici ? »

Mayuzumi ouvre la bouche pour répondre mais ensuite Zane lui donne une petite tape sur le bras, attirant son regard vers le plus grand adolescent et déraillant le fil de ses pensées.

« Charlie, » réprimande Zane, fronçant les sourcils à son amie. « Le Boss n’aimerait pas ça. »

« Oh très bien, mais t’es pas marrant, » Charlie lève les yeux au ciel et Mayuzumi est surpris de réaliser qu’il était sur le point de dire à Charlie la vérité sur pourquoi il était ici.

Un soupçon malaisant arrive, et Mayuzumi invente une raison polie quant à pourquoi il doit s’en aller et parler à deux filles qui sont assises à une table avec un microscope violet.

« Est-ce que Charlie a essayé de te donner un Ordre ? » dit l’une de fille, levant les yeux vers lui. Elle a l’air japonaise, sauf pour ses yeux verts, ce qui surprend Mayuzumi un peu parce que la plupart des enfants japonais secours du deuxième Teiko ont choisi de resté au centre de réhabilitation de la FSDJ. Elle parle anglais sans accent, pourtant, donc elle est peut-être américaine.

« Oui, elle a essayé, » dit Mayuzumi.

« Il aime faire ça, » dit la deuxième fille, sa voix presque un murmure.

« Il ? » demande Mayuzumi. « Mais je pensais– » Jamie avait été celui qui avait dit : « Charlie et Zane sont deux de nos plus anciens résidents. Tu peux demander n’importe quoi à Charlie, elle est très sociable, » dit Mayuzumi avait suivi Jamie quant au genre de Charlie.

« Iel aime changer de pronom pour perturber les gens, » répond la fille aux yeux verts. « Iel pense que c’est marrant de regarder les gens être contrariés à cause de ça. »

« Ah, compris, » dit Mayuzumi sagement. Les deux filles semblent un chouïa surprises par sa réponse blasée, et il ne ressent pas le besoin d’expliquer qu’il a été à l’école avec Mibuchi Reo, qui avait fourni des leçons très longues et informatives par rapport à tous les détails de la fluidité du genre.

« Red Heart et Black Heart, » dit la fille silencieuse aux cheveux blancs. Elle porte de grandes lunettes de soleil qui couvre la plus grande partie de son visage.

« Charlie peut te donner un Ordre si tu lo regardes, » explique la fille aux yeux verts. « Mais si tu fermes les yeux, c’est pas aussi efficace. C’est ce que je fais. »

« C’est bon à savoir. Zane a un cœur de Black ? »

« Ouais. Fais un jeu de mot pourri si tu veux, mais c’est lui le plus sympa des deux, » dit la fille aux yeux verts. « Il peut manipuler la lumière, donc le pouvoir de Charlie ne marche pas sur lui. »

« J’allais pas faire de blague, je savais juste pas qu’ils avaient pris la peine de transférer des Projets Blacks, donc j’étais surpris. Les Blacks n’étaient pas une catégorie de Projets Réussis. » Et il ne peut pas s’empêcher d’avoir un intérêt spécial pour les Projets Blacks – Akashi l’avait entraîné à mimiquer Kuroko, après tout.

« Les Whites non plus, » dit doucement la fille pâle.

Mayuzumi la regarde vraiment pendant un moment. Elle agrippe le bras de son amie, plus comme soutien que comme un geste affectueux, et elle a beaucoup de bleus, comme si elle tombait beaucoup.

« Je suis Chihiro Mayuzumi, » dit-il doucement, conscient qu’il ne s’est pas encore présenté.

« Marie White. Marie, pour Marie Curie, White pour– » elle hausse les épaule. « Ou S10-984. Si tu veux. »

« Marie est un joli nom, » dit Mayuzumi, réalisant qu’elle doit être l’un des enfants qui n’ont jamais réussi à retrouver leur nom ou leur passé. Les jeunes ne se souvenaient de rien de leurs vies d’avant – ou au moins, pas souvent – donc si leurs empreintes n’étaient pas dans un système fédéral ou s’il n’y avait jamais eu de déclaration de disparition remplis à leur nom, ils restaient perdus.

« Mari Hoshizou, » dit la fille aux yeux verts. « S7-768. Green Heart, Green Eyes. »

Mayuzumi ne peut pas s’empêcher de penser que c’est un peu flippant qu’ils semblent s’identifier par les organes qui ont été mis à l’intérieur d’eux. (Mais en fait, pourquoi pas ? Si tu n’as rien d’autre pour t’identifier). « Marie et Mari. C’est mignon. »

« Pourquoi t’es là ? » demande soudainement Mari, l’hostilité qui était là depuis le début éclatant enfin.

« Pas de raison, » dit Mayuzumi avec un haussement d’épaules. « Je voulais voir si vous vous plaisez ici, je suppose. »

« T’es quoi, une assistante sociale ? »

« Tu te moques de moi ? Tu pense que je pourrais m’offrir un costume aussi chic avec un salaire de fonctionnaire ? »

Mari éclate de rire, et Marie sourit juste timidement. « Donc tu es l’un des mecs de Masaomi. Pourquoi t’es là ? »

« Je suis vraiment là pour observer le Centre. » Ensuite, parce qu’il pense que ça pourrait les mettre à l’aise, il dit : « Je connaissais Akashi Seijuurou au lycée. On était… amis, quand il a été enlevé. »

Mari ronfle moqueusement. « Ah, tu veux dire, la seule raison pour laquelle les gens en avaient quelque chose à foutre de ce qui nous ait arrivé. »

Mayuzumi n’essaye pas de défendre les gens qui ont secouru les enfants du deuxième Teiko – toutes choses considérées, il pense qu’un majorité de gens en avait quelque chose à faire – mais il comprend d’où ça vient.

« Vous vous plaisez ici ? »

« C’est pas vraiment tes affaires, pas vrai ? » défie Mari et les objets autour d’elle comment à trembler comme s’il y avait un tremblement de terre.

« T’as raison, » dit Mayuzumi, gardant sa voix plate. « Mais je connais quelques personnes qui pourrait vous aider si vous ne vous plaisez pas ici. »

« Je me plais ici, » dit Marie.

« C’est chez nous, » dit Mari, sa voix toujours silencieuse, mais ferme. Les objets arrêtent de bouger autour d’eux. « Pour certains d’entre nous, c’est le seul chez nous qu’on ait jamais eu. » Ce qui, toutes choses considérées, doit être vrai, puisque la majorité des enfants ne se souvenaient pas de leurs vies avant Teiko.

« Compris. Je me retire alors. » Il se lève pendant que c’était assez d’interactions sociales pour la journée.

Il s’arrête quand quelque chose attrape sa veste. Marie lève la tête vers lui, les yeux cachés derrière ses lunettes. « Tu connais les Miracles, » dit-elle.

« J’en ai rencontré certains, » clarifie Mayuzumi, perturbé par ce qui se passe. « Je ne les connais pas tous. »

« Je me souviens d’eux, » dit-elle silencieusement. Mayuzumi fronce les sourcils, et pense qu’elle doit parler de quand les Miracles ont débarqué au deuxième Teiko. « Parfois, je rêve d’eux, » continue Marie, sa voix lointaine. « Et je me souviens d’eux. Je me souviens du Caire. Tu peux leur dire ça ? »

« Bien sûr, » dit lentement Mayuzumi, complètement perdu. « Je peux faire ça. »

« Tu le promets ? »

« Ouais, je le promets. Je leur dirai que tu te souviens du Caire. » Ce qui n’a aucun sens, puisque le deuxième Teiko était sur une île près de Hawaï.

« Merci, » dit Marie, relâchant sa prise sur sa veste de costume.

Mayuzumi s’éloigne.

*

« Vous avez un établissement très impressionnant, » dit Mayuzumi à Jamie après s’être réunis, puisque qu’un rapport semble nécessaire.

« Merci. Je suis juste les directives de M. Akashi, » dit modestement Jamie. Puisque Mayuzumi a vu Masaomi quand il est aux commandes de quelque chose, il tend à penser que cet homme est juste humble. Masaomi n’est jamais organisé comme ça, et de loin.

« Quelques amis à moi vont passer tout à l’heure, » dit Mayuzumi.

« Bien sûr, tout ce que vous voulez. Quels sont leurs noms ? Je vais faire en sorte qu’ils aient des passes de visiteurs. » Jamie tape déjà sur son iPad.

« Teppei Kiyoshi et Shuuzou Nijimura. »

Les doigts de Jamie se figent, il lève les yeux, les sourcils froncés. « Le gars de Providence ? »

« Vous le connaissez ? » dit Mayuzumi, surpris.

« On a eu déjà des prises de bec avec Providence. » Jamie retrousse les lèvres, l’air le plus troublé que Mayuzumi l’a vu être de la journée. « Nous sommes un Centre de Réhabilitation, » explique Jamie, sa voix sterne et légèrement désapprobatrice. « Le travail qu’on fait ici, Chihiro, c’est comprendre ce qui est arrivé à ces enfants et les aider. Nous ne sommes pas un établissement génétiques. M. Akashi a été très ferme là-dessus. »

« Oui, je sais. »

*

Masaomi avait été particulièrement clair là-dessus. « L’ingénierie génétique ne m’intéresse pas, » avait-il dit. « J’essaye juste de comprendre ce qui existe ; développer mes propres innovations ne m’intéresse pas. »

« Vous faîtes une distinction assez fine, » avait répondu Mayuzumi. Et considérant le fait que son sang avait récemment coulé pour le projet de recherche privé de Masaomi, il pensait que la distinction était peut-être seulement une question de sémantique. « Je ne vois pas pourquoi vous pinaillez. Ce n’est pas comme si quelqu’un pensait que vous seriez comme Teiko, si vous voulez inventer le nouvel humain, dites-le simplement. »

« Non, » dit Masaomi, sa voix dure. « Ce n’est pas le cas. Et ça ne le sera pas. Jamais. » Une partie de la tension disparue alors, alors que Masaomi repris consciencieusement une attitude plus insouciante. « Mais j’aime savoir des choses. Et c’est là où tu entres en scène, Pêche. »

*

« Et je dois dire, je n’aime pas comment ils font les choses à Providence, » dit Jamie, brisant les rêveries de Mayuzumi.

« Vraiment. Ils semblent être dans la réhabilitation, eux aussi. On peut dire, » répond Mayuzumi, pensant à la façon dont le garçon appelé Rex pouvait retransformer des monstres en humains.

« Pour certains, » dit critiquement Jamie. Ses sourcils sont toujours froncés de mécontentement, mais ensuite il soupire. « Si c’est ce que vous voulez, Chihiro, je lui ferai avoir un passe. »

« Merci, » dit Mayuzumi, se demandant encore une fois ce que Masaomi a dit ces gens quant à la présence de Mayuzumi ici.

*

« Et c’est là où tu entres en scènes, Pêche, » avait dit Masaomi, quand il avait présenté le projet à Mayuzumi. « Je suppose que tu as lu les dossiers que je t’ai donnés. »

« A propos de la secte familiale de tarés super-secrète ? » avait demandé Mayuzumi. « Oui, ça se lit comme un light novel particulièrement mal écrit. Vous me dîtes vraiment que des humains avec des super-pouvoirs existent naturellement ? »

« Est-ce vraiment aussi difficile à croire ? Quand on considère que des super-humains existent de façon ‘non naturelle’ ? »

« Non, je suppose que non, » dit Mayuzumi. « On dirait juste que s’ils sont là depuis aussi longtemps que vous le dîtes, on le saurait depuis le temps. »

« C’est pour ça que la secte familiale de tarés est ‘super-secrète’, » dit sèchement Masaomi. « Apparemment, ils mettent un point d’honneur à choisir leurs meilleurs membres pour infiltrer des agences à travers le monde. Puisque, pour la plupart, on ne les trouve passi pratiquement de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, c’est difficile de savoir si tu parles à quelqu’un de l’Héritage ou pas. »

« Ce qui veut dire qu’il pourrait y avoir un lignée-héritage dans votre propre compagnie, » dit Mayuzumi.

« T’es un gamin vraiment malin, pourquoi t’es pas allé à la fac ? »

« Wow, vous sonniez juste comme ma mère là. »

« Ah ! Tu aimerais bien. L’important, c’est que j’ai besoin de plus d’informations. Les rebelles de la Lignée-Héritage à qui je parlais se sont renfermés assez vite quand ils ont compris qui j’étais. Apparemment, j’ai l’air indigne de confiance. »

« Je ne peux pas imaginer où ils ont eu cette impression, » dit Mayuzumi.

« Fais gaffe, gamin, c’est toujours moi qui signe tes chèques. »

« En fait, c’est Hinamori-san qui signe mes chèques– »

« Personne me respecte ici. Pêche, j’essaye de te dire ce que tu fais ici, donc ferme-la et laisse-moi t’expliquer, tu veux bien ? »

Mayuzumi fit mine de fermer ses lèvres avec une fermeture éclaire.

Masaomi souffla moqueusement et leva les yeux pour regarder le plafond, comme s’il implorait le ciel de l’épargner de la jeunesse. « J’ai besoin que tu découvres ce que les huit autres lignées-Héritage peuvent faire. »

Mayuzumi attendit que Masaomi finisse d’expliquer, mais quand il ne dit rien d’autre, Mayuzumi s’exclama : « Attendez, c’est tout ? »

« C’est tout, » dit Masaomi.

« Et vous avez besoin de moi pour ça, » dit Mayuzumi. « L’un des vos plus récents employés ? Tout droit sorti du lycée ? Vous ne voulez pas quelqu’un de plus qualifié ? »

« J’ai un million de personnes plus qualifiées que toi, Pêche. A peu près tous les employés que j’ai sont plus qualifiés que toi. Le gars qui m’apporte mon café le matin est plus qualifié que toi, nos fabuleux traiteurs qui font le déjeuner tous les jours sont plus qualifiés que toi– »

« Oui, merci, excellent travail pour mettre l’accent sur ma raison de refuser votre– »

« Je n’ai pas fini. J’ai des gens plus qualifiés que toi, mais comme tu l’as fait remarqué il y a deux minutes, je n’ai aucun moyen de vérifier s’ils sont lignée-Héritage ou non. »

Mayuzumi commençait à suspecter qu’il parlait à une personne folle. « Qu’est-ce qui vous fait penser que je n’en suis pas ? »

« Tu veux vraiment savoir ? » demanda Masaomi, et il le dit d’une manière qui impliquait que Mayuzumi ne voulait probablement pas savoir.

« Je pense que si je vais ne serait-ce que considérer votre job de malade, je dois insister de savoir, » dit Mayuzumi.

« Parce que tu es un tire-au-flanc sans ambition à qui mon fils a dû Ordonner de quitter un emploi dans un Maji Burger. Si tu étais une taupe de l’Héritage, tu aurais montré plus d’initiatives. »

Mayuzumi y réfléchit et se demanda s’il devait se sentir insulter. Il décida que non.

« J’ai, malheureusement ici, des standards pour mes employé. J’aime embaucher des prodiges et des savants, tout comme j’aime embaucher des individus naturellement athlétiques, ou extrêmement dévoués, des travailleurs avec de l’ambition. Avec ces standards à l’esprit, n’importe lequel de mes millions d’employés pourrait secrètement être lignée-Héritage. La seule dont je sois certain qu’elle n’est pas de l’Héritage est Akane-chan, et elle a une présence bien trop publique en tant que Directeur Exécutif pour réussir à s’infiltrer. Ça me laisse toi. »

« Donc, » dit Mayuzumi d’une voix traînante, « mon incompétence générale assure de mon humanité et fait de moi le seul qui puisse découvrir ce que vous voulez ? »

« Essentiellement. »

« Et pourquoi vous ne pouvez pas juste enquêter ? » demanda Mayuzumi, toujours certain à 85 % de ne pas se sentir insulter. « Je vous ai vu hacker le Pentagone. »

« Hacker le Pentagone est surprenamment facile, » dit Masaomi. « Tu sais ce que je ne peux pas hacker ? Une secte de tarés. En fait, quand t’es une secte vielle d’un millier d’années, t’es pas super fan de garder des archives électroniques. Je parie qu’ils gardes toutes leurs archives écrites sur des rouleaux quelque part gardés par des moines. »

« Comment osent-ils être aussi inefficaces, » murmura Mayuzumi.

« Tout à fait. Et comme je le dis depuis le début : c’est là où tu entres en scènes. »

*

« Wow, je vois carrément les avantages de la privatisation, » dit Nijimura après avoir fait le tour du Centre.

« Akashi Masaomi est ouvert pour un partenariat, » fait remarquer Mayuzumi, comme un bon employé d’entreprise.

Nijimura fait une grimace. « Non, merci. Je pense que c’est un peu comme faire un pacte avec le diable. »

Mayuzumi doit admettre que ce n’est pas une comparaison totalement inexacte.

« Même la nourriture est bonne, » remarque Kiyoshi. L’aire de restauration du Centre n’est en rien comme la cantine de Providence. Kiyoshi est en train de savourer les produits d’un bar à sushi très extravagant.

« Eh bien. T’avais raison. La tienne est plus grande, » dit Nijimura, souriant malicieusementà Mayuzumi.

« Tu sais ce qu’ils disent : c’est pas le taille qui compte, c’est ce que tu fais avec, » dit Mayuzumi, retournant son sourire.

Kiyoshi tousse légèrement, et se réajuste dans son siège. Nijimura sourit avec tendresse à son ami, et ramène la conversation vers quelque chose qui a moins de sous-entendus sexuels. « Donc, t’es toujours partant pour un road-trip alors ? »

Les sourcils de Mayuzumi se froncent. « Ouais, si par ‘road-trip’ tu veux dire : sauter dans un avion avec vous jusqu’au Colorado. »

« Non, je veux dire sauter dans ma Toyota Corolla et prier qu’elle tienne tombe pas en rad entre ici et le Colorado, » corrige Nijimura.

« Ah ah ah. Non. » Mayuzumi n’a jamais fait de road-trip pour plus de quelques heures, mais il est persuadé de ne pas pouvoir imaginer quelque chose qu’il voudrait moins. « Si c’est un problème d’argent, je peux acheter vos billets. »

« Oh ho, voyez-vous M. Argent. Balance pas aussi rapidement des sacs de thunes, Grand Dépensier. Ça rend nous autres les pauvres employés du gouvernement jaloux. »

« J’avais prévu d’utiliser l’argent de Masaomi, en fait. Je suis sûr que ça tombe dans la catégorie de dépenses professionnelles. » Pas qu’il ne pourrait pas se permettre les billets d’avions lui-même. Même si c’était quand même toujours un peu étrange de réaliser qu’il était dans une position où il pouvait s’offrir des choses comme ça.

« T’appelles ton boss par son prénom ? » demande Nijimura, sa voix étrange.

Mayuzumi affiche un air renfrogné, et se demande si encore une autre personne se demande s’il couche avec son patron. « Pas devant lui. Je peux pas m’en empêcher, j’ai déjà un Akashi dans ma vie, et il était là d’abord. »

« Hm, » dit Nijimura. « Bah, de toute façon, c’est pas l’argent le problème. Mais si tu pouvais nous avoir plein de cash à dépenser pendant notre voyage, ça nous aiderait beaucoup, M. le Richou. Le problème, c’est que les cartes de crédit peuvent être tracées par des hackers. »

« Tu t’attends à ce qu’il y ait beaucoup de hackers dans la secte de tarés ? » demande Mayuzumi.

Nijimura hausse les sourcils. « Tu te fous de moi, pas vrai ? T’as pas rencontré la lignée-Poisson ? »

« Non, » dit Mayuzumi, essayant de n’avoir l’air que légèrement intrigué. « C’est la lignée de hackers ? »

« Plus ou moins. Ils peuvent manipuler l’énergie. Ça les rend très bons avec les ordinateurs. »

Mayuzumi se concentre sur son repas. Il avait aussi décidé de prendre des sushis. Il y avait un maki particulièrement obscène qui était frit, et Mayuzumi avait décidé qu’il devait le goûter. Le maki frit est surprenamment bon, même si c’est une abomination. « Tu connais beaucoup d’autres lignées ? » demande-t-il l’air de rien, pensant que si il en connaît beaucoup ils pourraient juste annuler ce stupide voyage.

« Non. Si j’en connaissais beaucoup on aurait pas besoin de faire ce voyage. » Nijimura fait écho aux pensées de Mayuzumi si parfaitement que Mayuzumi fait presque tomber l’un de ses makis, mais il ne pense pas que Nijimura s’en rende compte. « Je veux dire, si j’en savais assez sur l’Héritage pour connaître toutes leurs lignées, ça voudrait dire qu’ils sont déjà nos alliés, pas vrai ? »

« Ouais, bien sûr, » dit Mayuzumi. « Mais t’en as rencontrés ? »

« Des prises de becs ici et là avec la lignée-Poisson, » dit Nijimura. « Et il y a eu ce fiasco avec la lignée-Sagittaire il y a quelques mois, quand Six a tué Yamazaki Seiji. Je suppose que tu connais la lignée-Sagittaire ? »

« Les super-soldats, » dit Mayuzumi, hochant la tête.

« Après ça, je connais seulement la lignée-Taureau. Ils peuvent augmenter la densité. »

« Ça veut dire quoi ? Ils rendent les trucs lourds ? »

« Ouais, temporairement. » Nijimura prends une longue gorgée de son Pepsi et fixe Mayuzumi. « A ton tour. »

« La lignée-Sagittaire est partout au Japon, » dit facilement Mayuzumi, puisqu’il s’attendait à cette question. « Après ça, je ne connais que la lignée-Capricorne. » Il se lance dans une description précise de gens-poissons (il n’en a pas rencontré, mais les notes de Masaomi avaient été complètes) et c’est assez long pour que les deux autres semblent le croire quand il dit qu’il ne connaît aucune autre lignée.

Il se sent un peu mal de mentir, sauf qu’il a vu la façon dont Kiyoshi a levé la tête quand Nijimura a dit qu’il ne connaît que la lignée-Taureau en plus des deux autres. Si Nijimura ne révèle pas encore toutes ses cartes, alors Mayuzumi non plus.

« Fascinant. Et inhabituel, la plupart des autres lignées semblent toutes être largement psychiques, au lieu d’affecter leurs propres corps avec de la métamorphose, » Nijimura réfléchit à voix haute. « En tout cas, tu vois pourquoi on peut pas prendre l’avion. »

C’est sur le bout de sa langue de recommander de prendre l’un des jets privés de Masaomi, et il est en fait un peu atterré par sa propre pensée. (Est-ce vraiment devenu aussi facile pour lui de dépendre de choses luxueuses?)

Il s’arrête quand il réalise que’’il ne sait pas lui-même comment piloter un jet, et il pense que Nijimura et Kiyoshi ne le savent pas non plus, donc c’est un peu une impasse. Masaomi avait été clair qu’ils ne pouvaient faire confiance à personne, tout le monde pouvait être lignée-Héritage. (Nijimura, se souvient-il, peut savoir quand quelqu’un est lignée-Héritage, mais Mayuzumi est instinctivement récalcitrant à l’idée de dépendre entièrement de l’autre homme pour lui dire à qui faire confiance. Il commence à penser qu’il a absorbé trop de la manière de penser paranoïaque de Masaomi, et qu’il devrait peut-être vraiment commencer à chercher un nouveau travail).

« D’accord. Est-ce qu’on peut au moins prendre une des voitures de fonction de Masaomi ? Elles sont vraiment bien. »

« Nope, trop voyantes. On prend ma Toyota Corolla 99 et on va kiffer, Richou. » Nijimura lui tapote l’épaule. « Mais j’étais sérieux en disant que tu financerais notre essence. Trouve-nous des tonnes de liquides. »

Mayuzumi se renfrogne, agacé par l’épithète ‘Richou’ même si c’est maintenant techniquement vrai.

« Je ramènerai des snacks, » dit joyeusement Kiyoshi. « On a besoin de plein de snacks, pour un road-trip. »

*

« J’aime pas ça. »

Mayuzumi lève des yeux fatigués vers Vincent Gallagher (Ryder Stevens le visage mécontent juste derrière lui) et pense qu’il est bien trop tôt pour gérer des Américains en colère. « C’est noté. Qu’est-ce qui te dérange ? »

« Que tu t’en ailles seul avec ce mec de Providence. On est censés être tes gardes-du-corps, on devrait venir avec toi– »

« Je sais pas ce que Masaomi vous a dit exactement, » interrompt Mayuzumi, « mais je suis vraiment pas assez important pour que vous vous inquiétiez pour moi. Vous pouvez lui dire si vous voulez. Je vous promets que je vais pas m’attirer d’ennui. »

Ryder le regarde de haut en bas avec doute. « Est-ce que tu sais comment utiliser un pistolet, au moins ? »

« Tu pointes et tu tires, pas vrai ? Ça peut pas être bien difficile, » réplique Mayuzumi sans merci.

« Oh bordel, » dit Vincent. « Non. OK, tu dois appeler ce mec de Providence tout de suite– »

« Relaxe, » dit Mayuzumi, levant les yeux au ciel. « Je vous promets que si je meure vous serez pas virés. »

« C’est pas pour ça qu’on s’inquiète, » dit Ryder. « OK, c’est pas entièrement pour ça qu’on s’inquiète– »

« Je vous enverrai une carte postale, » dit Mayuzumi joyeusement, alors qu’une Toyota Corolla vert sombre très vieille et en mauvais état se gare. En ignorant les protestations de ses gardes-du-corps il grimpe à l’arrière après avec mis sa valise dans le coffre.

« Cette chose ferait mieux d’avoir la clim, » gronde-t-il alors qu’il s’attache.

« On a la clim ! » dit Nijimura, bien trop joyeux pour 6h30 du matin. « Mais elle galère. Traverser l’Arizona va être fun. »

« Oh bordel, » dit Mayuzumi, il s’affale et ferme les yeux. « Réveillez-moi quand on est au Colorado, OK ? »

« Ouais, ouais, » dit Kiyoshi depuis le siège avant.

*

Toutes choses considérées, une grande partie de la mauvaise humeur de Mayuzumi vient du fait qu’il n’a pas bien dormi la nuit dernière. Il souffrait toujours du décalage horaire et il était aussi étrangement anxieux donc il est resté réveillé presque toute la nuit. D’abord, il a mis son carnet à jour.

Sagittaire – soldats ; vitesse, force améliorées ; résistance à la douleur ?

Capricorne – personnes-poissons. Respirent sous l’eau ; vitesse et force améliorées sous l’eau

Balance – manipulation des émotions

Gémeau – jumeaux ; lien télépathique entre eux

Poisson – manipulation d’énergie

Taureau – augmente/diminue la densité

Il a aussi inclu des notes générales sur Nijimura au cas où – des choses qu’il a appris sur les Rainbows Thirteen avec lesquelles Akashi et les autres avaient été surprenamment peu bavards. (Les Miracles, avait compris Mayuzumi, n’aimaient pas parler des Rainbows Thirteen).

Puis il a appelé Hinamori Akane, qui n’a pas trouvé ça bizarre que Mayuzumi soit réveillé à 3 heures du matin et qui a été heureuse de répondre à son appel après le travail. (Mayuzumi suspectait secrètement cette femme de ne jamais dormir, ou de ne jamais être ‘hors service’). « Je vais faire un road-trip avec quelques amis, » dit-il, conscient même avant que Nijimura l’ait expliqué que les téléphones et les ordinateurs n’étaient pas le moyen le plus sécurisé de transmettre des informations.

« Donnez régulièrement de vos nouvelles, s’il-vous-plaît, » dit Akane avec son attitude froide et professionnelle. « Je m’inquiéterais pour mon pauvre kouhai, sinon. »

« Naturellement, » dit Mayuzumi. Il se souvint alors que Hinamori Akane était la seule personne que Masaomi a dit savoir qu’elle n’était pas de l’Héritage, et il se demanda ce qui rendait Masaomi si confiant au juste. Elle était, après tout, la plus capable de tous les employés ambitieux et prodigieux de Masaomi.

« Chihiro-kun, » dit alors Akane, sa voix neutre. « Vous êtes conscient que vous n’êtes pas obligé d’aller à ce voyage, exacte ? Si vous préférerez rentrer au Japon, je suis certaine que votre oncle et votre tante comprendraient. »

« Tout ira bien, Senpai, » répondit Mayuzumi. « J’ai hâte d’y aller. » Et ce qui était étrange c’est qu’il était sincère. Il avait un peu hâte de faire ce voyage. De façons différentes, Nijimura et Kiyoshi le fascinaient tous les deux.

« Si vous arrivez à court d’argent, n’hésitez pas à m’appeler. Je suis sûr que je pourrais vous transférer de l’argent sans délai. »

Mayuzumi ricana. Il savait qu’elle parlait en code – appelle si tu es en danger – mais considérant la déclaration de Nijimura qu’il financerait ce voyage, ce serait bien plus probable que s’il appelle, ce soit pour demander de l’argent. « Compris, Senpai. »

Il raccrocha en pensant à à quel point il admirait son efficacité froide. Il n’avait jamais été le type d’étudiants qui adoraient la dynamique ‘senpai-kouhai’ et habituellement ça l’agaçait quand quelqu’un essayait d’agir comme son mentor.

Mais, toutes choses considérées, si tout ça finissait vraiment par être son parcourt professionnel, il y avait de pires exemples à suivre que Hinamori Akane.

Il était toujours bien trop réveillé après cette discussion, donc il passa le reste de la nuit à faire des CDs pour le road-trip pour se mettre dans le bon état d’esprit.

*

Mayuzumi se réveillé en suffocant légèrement. Il a aussi un mal de cou terrible, et il lui faut un moment dans le brouillard avant de réaliser qu’il est dans une voiture, avec deux hommes pratiquement étrangers, en route pour le Colorado.

Il regarde sa montre et voit qu’il a dormi pendant presque cinq heures. Il regarde avec fatigue à travers la vitre et voit les grands cactus tordus qu’il n’a vus que dans des films et dans des dessins animés, et en déduit qu’ils doivent être en Arizona. (Ça explique sa suffocation – cette caisse est unefournaise).

« Tu dors comme un ange, » dit Nijimura depuis le siège de devant.

« Vas te faire, » répond Mayuzumi, en se frottant les yeux.

Nijimura ne fait que rire, et Kiyoshi jette un coup d’œil derrière. « Tu peux me passer quelques snacks derrière mon siège ? J’ai un creux. »

« J’ai faim, » ronchonne Mayuzumi, fouillant le sac que Kiyoshi a mis derrière son siège. « Tu veux des chips ou des bonbons ? »

« Les deux, » répond Kiyoshi, et Mayuzumi lui envoie le paquet de cheetos et de la réglisse rouge.

« On s’arrête pas pour manger avant de s’arrêter pour la nuit, » prévient Nijimura. « Donc tu vas faire avec ce qu’on a ici. »

Mayuzumi jette un coup d’œil aux chips, bonbons et boissons énergétiques qui restent. « Donc, vous pensiez pas que la nutrition ce serait important ? »

« T’es tellement un vieux, » rit Nijimura.

« Des chips et des bonbons, c’est la base pour les road-trips. C’est la règle, » dit solennellement Kiyoshi.

« Urgh, » se plaint Mayuzumi, mais il ouvre un paquet de Ranch Doritos et commence à mâcher. « Et c’est quoi exactement, votre vendetta contre s’arrêter dans un endroit correct pour manger ? »

« Je suis chef de voyage, donc c’est moi qui fais les règles, » déclare Nijimura. « On va bientôt avoir besoin d’essence, donc tu peux remplir le stock quand on arrive à la station. Mais ce sera plus ou moins la même chose. Et aussi, j’espère sincèrement que t’as amené du cash. »

« Oui, espèce de Croqueuse de Diamants, je me suis rappelé de prendre mes douzaines de sacs d’argent. »

« Génial, je savais qu’on t’avait emmené pour une raison. »

*

« Putain de merde, » jure Mayuzumi quand il sort de la voiture. La suffocation dans la voiture, pense-t-il avec du recul, ne l’avait vraiment pas bien préparé pour la suffocation à l’extérieur de la voiture. Rien n’aurait pu le préparer pour cette chaleur – il n’a vraiment honnêtement jamais ressenti quoi que ce soit de pareil.

« Oh ouais, t’es de Kyoto, pas vrai ? » dit Nijimura, un chouïa compatissant avant qu’il ne retrouve son grand sourire face à la souffrance de Mayuzumi. « Eh bah, au moins l’air est sec. »

« On peut pas passer cet état ? » grogne Mayuzumi. « Je veux être ailleurs. »

« Arrête de faire ta fleur délicate, » dit Nijimura, toute sa compassion de plus tôt disparue. « Vas à l’intérieur et achète des snacks, il y aura la clim. » Mayuzumi n’a pas besoin qu’on lui dise deux fois, il file vers la supérette et Nijimura appelle : « Et dis au caissier qu’on est sur la pompe deux ! Souviens-toi, c’est toi qui payes ! »

*

Mayuzumi fixe la sélection d’options qui ne sont pas de la merde avec profonde consternation. Il voulait quelque chose d’un peu plus calant que des chips, mais il semble que ses seules options sont des bretzels, des nachos et des hot-dogs d’une nature douteuse. »

« Il y a des sandwichs dans le frigo, » dit Kiyoshi, arrivant derrière lui. « Mais tu serais sûrement plus safe avec les hot-dogs, pour être honnête. »

« Tu t’es vite habitué, » dit Mayuzumi, en l’observant.

« Je suis là depuis quelques mois, » fait remarquer Kiyoshi.

« Quand même. Tu dois te plaire ici, vu que tu rentres pas au Japon. »

Kiyoshi esquisse un sourire ironique. « T’es toujours convaincu que je suis pas encore totalement guéri ? »

Mayuzumi l’observe. Tâtonner le terrain est quelque chose que Masaomi ferait. Poser une question comme si c’était absurde, sans vraiment nier l’accusation. Mais peut-être qu’il travaille juste pour Masaomi depuis trop longtemps – à voir des subterfuges là où il n’y en a pas.

Il reporte son attention sur les hot-dogs. Les hot-dogs semblent demander plus d’attention de toute façon.

La porte tinte, signalant que quelqu’un d’autre vient d’entrer dans le magasin. Mayuzumi ne détourne pas le regard de la sélection de déjeuners, pas avant que quelqu’un ne commence à hurler.

Puis il laisse tomber le hot-dogs et fait volte-face, seulement pour être confronté à une femme blonde avec des tâches de rousseurs qui sourit. « Salut, » dit-elle, désarmante, et ensuite avec des réflexes plus rapides que l’éclair elle tend la main et attrape son bras nu.

Ensuite son corps tout entier lui donne l’impression de brûler.

*

C’est, sans conteste, le moment le plus douloureux de la vie de Mayuzumi. C’est comme si un millier d’abeilles l’avaient piqué en même temps, et comme si ces abeilles avaient des tasers attachés à leurs dards, et il se contorsionne sur le sol, à peine conscient de ce qui se passe.

« Ah ah, » dit la femme. « Pas toi, lover boy. On a besoin de toi comme appât. Je veux dire, si tu veux utiliser la manière forte, on peut, mais c’est teeeeeellement plus facile quand tu te tiens droit. »

Mayuzumi est toujours en train de convulser sur le sol – son corps tressaille de l’après-choc de la douleur alors qu’il essaye de se reprendre et de voir ce qui se passe. La femme blonde a un pistolet pointé sur Kiyoshi, qui a les bras levés dans la position des stéréotypes de ‘les mains en l’air’. Mayuzumi tourne les yeux vers l’entrée du magasin (ne voulant pas attirer l’attention en bougeant la tête, et aussi, il n’est pas entièrement sûr de pouvoir bouger la tête) et il voit un garçon avec des cheveux roux bouclés perché sur le comptoir. Le caissier est évanoui sur le sol, et Mayuzumi est prêt à parier qu’il a dû être frappé à pleine puissance par ce qui a touché Mayuzumi. Le garçon aux cheveux roux bouclés est aussi armé, mais il ne pointe pas son pistolet pour l’instant.

« Combien de temps tu penses qu’il lui faudra pour venir voir ce que vous faîtes ? » dit la femme en chantonnant. Sa voix est différente pour une certaine raison, et il faut un moment au cerveau embrouillé par la douleur pour comprendre qu’elle parle avec un accent différent. Anglaise, il pense. « Dix minutes ! Vingt minutes ? J’espère pas pour toi, love, je suis pas aussi patiente. »

« Vous vous êtes trompée, » dit Kiyoshi, avec son anglais haché. « On est pas amants– »

« Non ? Alors tu penses qu’il s’en foutra si je te tire juste dessus ? Ivan, tu penses quoi ? Tu penses qu’on devrait juste leur tirer tous les deux dessus là tout de suite ? »

« Tu as qu’à le dire, Vy, » dit le roux, avec encore un autre accent. Russe, si les séries-télé de Mayuzumi lui ont donné des informations correctes.

« Hmmm, tentant. Vous avez roulé pendant une éternité. Et Ivan a des goûts horribles en musique, c’était insupportable. Je pense un peu que je devrais tuer l’un d’entre vous par principe. » Elle donne un coup de pied à Mayuzumi. « Peut-être le beau gosse ici. Il a pas l’air indispensable. »

« Non, faites pas ça ! » s’écrie Kiyoshi. « Prenez-moi, mais lui faîtes pas de mal. »

« Oh darling, qu’est-ce qui te fais penser que je peux pas vous faire du mal à tous les deux ? »

« Moi. »

La voix est froide, en colère, et presque inhumaine. Nijimura est là, debout dans l’encadrement de la porte, et sa furie est quelque chose de visible.

*

« Baisse ton arme, Vy, » ordonne Nijimura.

Le truc étrange, c’est que la présence de Nijimura affecte clairement les deux inconnus. Ils s’affaissent tous les deux, ayant du mal à garder leurs armes levées, comme s’ils luttaient contre une pression invisible.

Mayuzumi, d’un autre côté, se sent bien mieux. Il reste au sol, sans bouger, à part pour regarder ce qui se passe.

En regardant de plus près, Nijimura a l’air d’irradier. L’air autour de lui est légèrement distordu, mais pas d’une manière qui serait ouvertement remarquable sauf si on se tenait juste à côté de lui. Mayuzumi réalise que Nijimura doit être en train de briller, de la manière dont Akashi brille en rouge quand il utilise sa capacité d’Ordre Absolu. Mayuzumi est légèrement déçu que Nijimura ne brille pas de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Nijimura bouge alors – tellement vite que Mayuzumi peut à peine suivre ses mouvements. Il frappe l’homme aux cheveux roux et a son arme dans les mains pointée sur le Russe tellement vite que personne ne peut réagir.

« Ah ah, continue et lover boy ici est foutu, » dit Vy, appuyant son pistolet contre Kiyoshi comme emphase.

« Alors Ivan meure, » dit calmement Nijimura.

« Vanya est un soldat, » dit froidement Vy. « Il connaît les risques. »

Personne ne semble savoir ce qu’ils sont censés faire après ça. Vy a son arme sur Kiyoshi et Nijimura a son arme sur Ivan et Mayuzumi prend des petites respirations, prétendant être un fantôme.

« Où sont le reste des Chasseurs ? » interroge Nijimura, sa voix toujours tendue, sans ton. Pratiquement méconnaissable de l’homme avec qui Mayuzumi a voyagé. « Les Scorpions voyagent toujours en meute, mais je sens personne d’autre. Ils vous ont laissés ? »

« On est ici pour récupérer le bon appât pour la bonne proie, » dit Vy, grimaçant avec son sourire vicieux.

« Donc vous avez tiré la courte paille, alors, » dit Nijimura. « C’est soit ça, soit ils vous aiment juste pas. »

« C’était un honneur d’aller à ta poursuite ! » crie Vy, bougeant son arme pour la pointer sur Nijimura, tenant toujours Kiyoshi avec une poigne de fer. « Je vais juste te tuer maintenant, monstre. »

« Ton contact est du poison, » dit Nijimura, une pointe de moquerie dans sa voix. « C’est pas moi le monstre ici. »

« La lignée-Scorpion a une origine fière qui remontre a un millier d’année, espèce de monstre, » rugit Vy. « Et toi tu es une abomination parmi les abominations. Teiko était particulièrement perverti quand ils t’ont conçu, créature. Tes capacités ne sont pas naturelles. »

« Merci, » dit Nijimura provoquant encore plus Vy.

« On va tuer jusqu’au dernier d’entre vous, les monstres annulateurs, tu piges ? On va vous pourchasser jusqu’au bout de la terre, jusqu’à qu’il ne reste rien de votre race. »

« Teiko vous a devancés, » dit Nijimura avec légèreté. « Je suis le dernier de ma race. »

« Eh bien, » ricane Vy. « Si c’est vrai, alors il y a plus– »

A ce moment, Mayuzumi balaye ses jambes et la fait tomber.

*

« Je peux retourner au Maji Burger maintenant ? Les classes d’auto-défense, c’était pas obligatoire au Maji Burger. »

Akane ajusta ses lunettes de cette manière qui était clairement réprobatricemalgré le fait qu’elle ne dise rien. Ils étaient tous les deux dans un des gymnases de l’entreprise – dans ce cas-ci, un dojo, parce qu’apparemment les Akashi Industries avaient un dojo dans chaque bâtiment – portant le gi standard. Akane avait fourni à Mayuzumi une ceinture blanche, et, il ne pouvait s’empêcher de le remarquer, elle en portait une noire. « Masaomi-san croit que tout savoir a ses mérites et est particulièrement insistant quant au fait que tous ses employés connaissent au moins quelques manœuvres de base d’auto-défense. »

« Je pense que ça donne des connotations suprêmement dérangeantes à cette compagnie, franchement, » dit Mayuzumi.

« Si vous vivezvotre vie sans jamais avoir besoin d’utiliser ces connaissance, je vous enverrai des excuses personnelles pour vous avoir fait perdre votre temps, » dit Akane. « Maintenant, commençons. »

*

Il n’est pas doué au jujitsu, et de loin. La majorité de son ‘entraînement’ a consisté en Hinamori Akane l’envoyant au matelas et s’assurant qu’il savait comment tomber et rouler.

Mayuzumi balaye les jambes de Vy, et la seule chose que ça fait, c’est donner à Nijimura l’opportunité de bouger. En quelques secondes, Nijimura a complètement immobilisé à la fois Ivan et Vy.

« Fais-le, » crache Vy, regardant le canon de son propre pistolet. « D’autres vont venir. Tu seras jamais en sécurité, monstre. »

« L’histoire de ma vie, » dit Nijimura, armant le pistolet.

« –oui, bonjour, il y a un braquage dans une station-essence ? Je pense qu’ils ont tasé le caissier. Oui, eh bien, je suis pas sûr– »

« T’appelles qui ? » exige de savoir Nijimura, son attention ne quittant jamais Vy.

« La police » dit Mayuzumi en raccrochant.

« Quoi ? » hurlent Vy et Nijimura.

« Donc je pense qu’on devrait partir maintenant, pas toi ? » dit Mayuzumi, regardant Nijimura.

« Pourquoi t’appellerais les flics, bordel ? » demande Nijimura, un couche de menace dans la voix.

« Parce que je pense que ce sera marrant qu’ils essayent d’expliquer ça aux autorités, » dit Mayuzumi avec légèreté. « Kiyoshi, passe-moi le gros scotch de l’étagère, tu veux bien ? Oh, très bien, on laissera de l’argent pour le payer, arrête de me regarder comme ça. »

*

« Tu peux conduire ? » demande impérieusement Nijimura quand ils s’échappent dans la voiture.

« Oui, » dit automatiquement Mayuzumi, mais ensuite Nijimura lui lance les clefs et il dit : « Pas aux Etats-Unis ! J’ai jamais conduit de l’autre côté de la route. »

« On est dans le désert, » gronde Nijimura. « Il y a que deux routes, de ce côté et de l’autre côté. Tant que tu appuies sur le champignon et que tu diriges la voiture dans une direction, c’est bon pour toi. » Il grimpe dans la voiture du côté passager et fait claquer la porte.

Mayuzumi et Kiyoshi partagent un regard défait. Mais les flics seront bientôt là, donc il n’y a pas de place pour de l’hésitation. Kiyoshi grimpe sur la banquette arrière, et la moitié d’un battement plus tard, Mayuzumi grimpe sur le siège conducteur.

Notes:

NdA : Dans l’ordre d’apparition :

James ‘Jamie’ O’Reilly a été créé par par howshouldiknowboutlife

Charlie Lancaster a été créé(e) par catielynnelove, (pseudo AO3 QueenofStarlight)

Zane Monart a été créé par allebooklover

Marie White a été créée par cordialcuddle, et dans sa fiche de personnage il était mentionné qu’elle aurait besoin d’un ou d’une amie pour l’aider, et je n’avais pas d’autre proposition de personnage qui correspondait à ce rôle, donc j’ai décidé de faire revenir Mari Hoshizou, qui m’appartient, et cookies spéciaux à ceux qui se souviennent où elle a fait sa première apparition =D

Une fois encore, Vincent Gallagher appartient à mist-me et Ryder Kade Stevens appartient à I-don’t-understand-anything-ever

Vy DeMier a été créée par mysenpaiisdead (pseudo AO3 TalkingIsJustAWasteOfBreath)

Ivan ‘Vanya’ Vasil’yevich Simoniv a été créé par nofriggingclue.

Merci à tous ceux qui ont proposé des personnages pour cette histoire =D

NdT : Alors. Ce chapitre comporte une personne non-binaire. C'est quelque chose que je n'avais jamais rencontré en français donc j'ai fait des recherches sur les pronoms utilisés et j'ai trouvé plusieurs pronoms mais iel/lo était la combinaison qui revenait le plus, donc j'ai utilisé ça. (On adore l'académie française, pas vrai *rire sarcastique*). Si vous voulez, voilà un article que j'ai lu pendant mes recherches. Si une personne non-binaire passe par là et a quelque chose à dire, n'hésitez pas!

Chapter 6: Interlude 3 ~ Pour Ne Pas Brûler ~

Chapter Text

Il passe ses journées avec la Génération Miracle, et la nuit il retourne au Secteur Rainbow.

Miracle est une Génération étrange, et au début, Shuuzou ne les aime pas du tout. Ils étaient prêts à tuer l’un des leurs, après tout. On ne pouvait pas faire confiance à une Génération comme ça.

Leur Gold n’était pas comme Tsukasa. Tsukasa avait été sage et omniscient ; ce Gold était calculateur et autoritaire. Leur Red n’était en rien comme Chidori – Chidori riait beaucoup, et rougissait beaucoup, et se souciait des gens ; leur Purple était grognon et fainéant, pas comme Hisomu qui était un peu un masochiste mais qui prenait soin de ses amis.

Leur Black n’était en rien comme Noriko. Noriko qui souriait et qui disparaîtrait derrière un écran de lumière et qui vous pousserait parfois dans les escaliers si c’était pour votre bien. Mais Shuuzou n’interagit pas tant que ça avec le Miracle Black. Il a peur que s’il parle au Black, tout le monde saura ce que Tsukasa lui a dit.

Il y a un Black qu’ils essayent d’entraîner comme un Rainbow, mais en faisant ça, ils vont tomber.

Il les fait filer droit, il offre des conseils quand il le peut, mais il n’arrêtera jamais de les comparer à King.

Et puis, ça devient trop de se tenir à côté d’eux. Il est content de ne pas devoir utiliser ses capacités sur eux souvent (ils sont tous extraordinairement bien disciplinés. Leur Red et leur Gold ont tous les deux une autorité stricte). Il a entendu dire que le Miracle Rainbow les disciplinait souvent, et il pense que ce mec devait juste être fou.

*

« Ça devient trop pour toi, » dit 62.

Il est allongé sur son lit de camp, se couvrant les yeux avec un bras.

« Mmm, juste fatigué, » marmonne-t-il. « C’est pas si mal. »

Elle s’assoit à côté de son lit de camp, assise proprement sur ses genoux, son dos droit. « 103, 104 et 105 s’inquiètent pour toi, » dit-elle.

« Les triplets ? » dit-il, ouvrant le yeux. Ils se tiennent tous les trois un peu en arrière de 62, le fixant avec des expressions vides identiques.

« Tu ne devrais pas les appeler comme ça, » dit 62. Chez une autre personne, son ton serait réprobateur.

Ils ne savaient pas ce qu’étaient des triplets, pas avant qu’il ne le leur explique. Ils étaient deux filles et une garçon, et ils avaient le même visage ; ils avaient été faits dans le même lot. Pas que quiconque sache ce qu’étaient des frères et sœurs, avant que Shuuzou ne leur dise.

Mais 62 a raison. Il ne devrait pas les appeler comme ça. C’était parce qu’ils s’appelaient frère et sœur et famille que les scientifiques pensaient que King devait mourir.

« Je vais bien, » dit-il aux plus jeunes, qui ne montrent aucun signe d’accepter cette déclaration. Ils se tournent et regardent à travers la porte, comme s’ils montaient la garde.

« Tu ne survivras pas longtemps, si tu continues d’aller à des missions avec Miracle. »

Et pourquoi voudrait-il survivre ? pense-t-il amèrement. « Pourquoi tu en aurais quelque chose à foutre ? »

62 le fixe le regard vide. Ils sont tous des créatures tellement vides, il ne les comprendra jamais. Il ne voulait pas penser qu’il était ne serait-ce qu’un peu comme eux. (Et tu l’es pas, tu l’es pas, se dit-il. T’es un King d’abord, un Rainbow ensuite). C’est à cause d’eux que les scientifiques peuvent punir les Projets. A chaque fois que l’un d’eux est envoyé dans la Chambre 101, il y a un Rainbow, se tenant le regard vide, arrêtant ses pouvoirs. A chaque fois qu’un Projet est battu, ou fouetté, ou électrocuté, il y a un Rainbow pour l’empêcher de se défendre, pour s’assurer que sa volonté reste brisée. Shuuzou peut à peine endurer de limiter Miracle – il ne peut pas imaginer se tenir à côté de tellement de punissions comme une poupée vide. Comment peuvent-ils le supporter ?

Voir son visage si intentionnellement vide le fait craquer. Il se jette en avant et commence à lui hurler dessus.

« Tu t’en fous ! Tu t’en fous de tout ! T’es horrible ! Vous feriez mieux de mourir parce que vous êtes même pas humains ! Voilà pourquoi les autres Projets nous détestent. »

Un liquide chaud lui pique les yeux et il essuie ses larmes. Quelque chose passe devant son visage et c’est 104, l’une des triplets. Elle lui tend une poche de glace et un mouchoir. Il prend les deux, sans croiser son regard.

« Je suis désolée que tu aies mal, 65, » dit doucement 104, son ton tout aussi plat que celui de 62. Puis elle retourne avec son frère et sa sœur à la porte.

Il tient la poche de glace, peu sûr de ce qu’il est censé en faire, mais se sentant profondément honteux.

« Je devrais pas être vivant, » dit-il, ayant l’impression que tous ses sens sont atténués. « J’arrive pas à croire que je peux parler à Miracle comme si la mort de King n’importait pas. Je suis horrible. »

« Nous sommes froids, » dit doucement 62. « Et nous devons être froids pour ne pas brûler. »

Chapter 7: Chapitre 4

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Mayuzumi a passé la première heure à conduire avec des phalanges blanches à travers le désert avant de finir par accepter que Nijimura avait raison – ce n’était que de la route pendant des kilomètres. Tout ce qu’il avait à faire, c’était appuyer sur l’accélérateur. Si le modèle de la voiture de Nijimura l’avait permis, il l’aurait juste mis le régulateur de vitesse.

Maintenant, le soleil s’est couché, et il fait sombre. Bien plus sombre que toutes les nuits dont Mayuzumi se souvient. Il n’a jamais été dans un endroit sans aucun lampadaire, sans aucune ville, sans aucun éclairage à part les rares chauffeurs qui osent conduire de l’autre côté de la route pour le croiser.

Kiyoshi est endormi sur la banquette arrière, ronflant légèrement. Le son de sa faible respiration est le seul bruit dans la voiture. Nijimura est réveillé, il est resté réveillé depuis le début, et il crée ce qui est possiblement le silence le plus gênant de l’histoire des silences gênants.

Nijimura est assis, son dos complètement droit, et il a à peine bougé pendant toutes ces longues heures sombres. Il n’a pas parlé non plus, et c’est impossible de deviner ce à quoi il pense.

En général, Mayuzumi n’a pas de problème avec les silences gênants. S’il devait choisir entre un silence gênant ou une conversation insignifiante gênante, il choisira le silence à chaque fois. Ce qui est principalement la raison pour laquelle ils sont restés assis pendant des heures sans aucun bruit de fond.

Mais il fait si sombre dans le désert ; l’obscurité intensifie le silence de la voiture. Il sait que Nijimura est toujours en colère, mais l’obscurité le pousse à briser le silence.

« Donc tu vas juste rester vénère pour toujours, ou quoi ? »

Nijimura ronfle moqueusement. « Merci pour ta sensibilité éloquente. »

« Quand tu veux. »

Nijimura est toujours rigide – comme une statue, contracté et inflexible. Mayuzumi a l’impression qu’il essaye très fort de rester composé parce qu’il pense que sinon il pourrait se perdre complètement.

« C’était ma faute, » dit Nijimura, sa voix toujours usée. « Ils me voulaient parce que tous les monstres doivent mourir, et les Scorpions l’ont visé à cause de moi. Comme toi tu l’as fait»

« C’est pas ta faute s’ils pensaient que c’était ton petit-ami, » offre Mayuzumi.

« Si. Parfois– il y a un mec au travail qui est un peu un connard homophobe, tu vois ? Donc parfois je le fais chier en flirtant avec Teppei – il doit y avoir une taupe à Providence. »

« C’est possible, mais pas très probable. Tu as dit que tu les aurais senti s’ils étaient près, ouais ? »

« Ils ont des partisans humain. »

Hm, eh bien, ça c’était bon à savoir. Mayuzumi enregistre ça pour plus tard. Pour l’instant, il ne fait que hausser les épaules. « Remets-toi. »

« C’est facile à dire pour toi, » rétorque Nijimura.

« Eh bah, ouais. J’ai jamais vraiment vu l’intérêt de me complaire dans l’auto-culpabilisation et dans les remords. Ça semble être un attitude inutile. Ça n’accomplit rien. Si tu te tiens responsable pour ce que les autres font alors ça diminue l’importance des remords que tu devrais ressentir quand tu es vraiment le responsable. »

Nijimura ne répond pas et la voiture est à nouveau emplie d’un silence tendu et en colère.

Il ne devrait probablement pas forcer. Il a déjà titillé Nijimura plus qu’il ne l’aurait dû. Mais il ne peut pas s’en empêcher et il doit briser le silence une nouvelle fois.

« Est-ce que ça fait mal quand t’utilises tes capacités ? »

Il se concentre toujours sur la route, l’obscurité immense tout autour d’eux, comme s’ils étaient au milieu du néant. Mais il sent quand Nijimura le regarde, même si ça devrait être impossible de deviner quelle expression il a sur le visage.

« Oui, » dit Nijimura, sa voix toujours rauque et usée, comme s’il avait attendu pendant très longtemps que quelqu’un lui pose cette question, et qu’un immense fardeau venait d’être enlevé de ses épaules.

« A chaque fois ? » demande Mayuzumi.

« Oui, à chaque fois. C’est comme prendre feu. Peu importe combien de temps a passé. Je m’y suis jamais habitué. » Nijimura se détend enfin sur son siège, une partie de la tension qu’il portait depuis les Scorpions commence à s’effacer. « Comment t’as su ? »

Mayuzumi tapote le volant. Ce n’est pas son style d’être honnête avec qui que ce soit, encore moins depuis qu’il a commencé à travailler pour Masaomi. Mais, il pense, après la journée que Nijimura a eue, il pourrait tout aussi bien lui dire la vérité. « Ma grand-mère a eu un accident de voiture quand elle était plus jeune. Elle s’est cassé le dos et elle ne s’est jamais vraiment totalement remise. Depuis que je la connais, elle a toujours bougé avec raideur. Elle faisait flipper sa race quand j’étais un gosse – elle s’énervait vite mais elle était toujours froide et contenue le reste du temps. C’est seulement plus tard que j’ai découvert qu’elle avait mal tout le temps. Chaque jour de sa vie était une agonie intense. Tu me la rappelles. »

Nijimura émet un son de respiration – quelque chose entre un soupire et un ronflement. « Tu es vraiment trop perceptif. Personne d’autre n’a jamais remarqué, tu savais ça ? Même pas les autres Projets. Et Miracle avait des gens assez observateurs. Même si, pour leur défense, ils n’ont jamais vraiment porté beaucoup d’attention aux Rainbows. »

« Donc c’était pas juste toi ? »

« Nope, c’était une particularité très spéciale, réservée seulement aux Projets Rainbows. » Le ton de Nijimura est à moitié-moqueur, avec un côté acerbe qui avertit ostensiblement de faire attention à ce qu’il dit.

Mayuzumi n’a jamais parlé de Teiko avec Akashi. Il ne lui a jamais demandé ce que ça faisait d’avoir été conçu, et il ne pense pas qu’il aura un jour cette conversation. Il en sait un peu sur Teiko, uniquement grâce aux informations qui lui ont été communiquées après qu’il ait commencé à travailler pour Masaomi, et il en sait assez pour pouvoir s’aventurer à dire : « Est-ce qu’ils voulaient que ça fasse mal ? Les scientifiques ? »

« Non, c’était assez dérangeant, toutes choses considérées, » dit Nijimura, et Mayuzumi est surpris qu’il en parle. « Mais c’était apparemment trop compliqué de trouver comme régler ça. Et pourquoi s’embêter ? On fonctionnait de la manière dont ils voulaient, donc ils n’avaient pas besoin de perdre du temps et de la main d’œuvre à régler quelque chose qui n’était pas un problème.

« Donc ils n’ont pas arrêté la douleur. C’était bien, bien plus facile d’arrêter tout le reste. D’arrêter nos émotions, nos désirs, notre empathie, notre sens du libre-arbitre ; les autres Rainbows étaient comme des robots – on ne pouvait jamais savoir quand ils étaient en colère ou heureux. Ils étaient juste– vides. Insensibles et vides. »

« Comme Kuroko, » dit Mayuzumi, légèrement mécontent de la description de Nijimura. Il n’était pas non plus le mec le plus expressif, et il n’avait jamais été doué pour forger des liens avec les gens. Et c’était un sujet sensible pour lui. T’es tellement insensible. T’es même pas humain. Il repousse le souvenir.

« Exactement comme Kuroko. Ils ont essayé de l’entraîner à être ce qu’ils avaient construits chez les Rainbows. Ils ont agi en suivant les mêmes théories, aussi. Cause assez de douleur et les émotions dérangeantes disparaîtront simplement. »

Mayuzumi n’est pas tout à fait sûr de ce que ça signifie pour Kuroko. Rien de bien, probablement. « Pourquoi toi t’es différent ? »

Nijimura se tait. C’est probable, pense Mayuzumi, qu’il a enfin trouvé une question à laquelle Nijimura ne veut pas répondre.

« King, » dit-il, surprenant Mayuzumi encore une fois. « Ma Génération. On a été conçus différemment. On avait un lien psychique les uns avec les autres. Et on partageait notre douleur. Tout ce que je ressentais, ils le ressentaient. Notre douleur était la douleur de tout le monde. Je suis différent à cause de ce lien. »

Mayuzumi est trop malin pour demander ce qui est arrivé à la Génération de Nijimura. Il sait qu’il n’y a plus rien de Teiko.

« Je l’ai senti quand ils sont morts, » dit Nijimura doucement, faisant ciller Mayuzumi parce qu’au final il ne voulait vraiment pas savoir. « Quand Teiko les a tués, je l’ai senti comme s’ils me tuaient moi. Parfois je le sens toujours. »

Il n’y a absolument rien que Mayuzumi puisse répondre à ça. Une tentative de sympathie ne sonnerait que vide et pathétique.

« Les autres Rainbows, » commence Nijimura et il s’arrête. Il regarde dans l’obscurité maintenant. Il n’y a rien à voir, sauf s’il peut voir dans le noir (et qui sait, peut-être qu’il le peut). « Ils ressentaient probablement plus, eux aussi. Ils brûlaient à l’intérieur. Je n’ai jamais été juste avec eux. Tous les jours ils suivaient docilement les ordres de Teiko, sachant à quel point ce serait douloureux. Je vis dans un autre pays que les seuls personnes qui restent de mon passé parce que je ne veux plus ressentir cette douleur. Et comme j’ai de la chance, la Lignée-Héritage existe. »

« Alors pourquoi le faire ? » demande Mayuzumi. « Pourquoi utiliser tes pouvoirs ? »

« Oh, donc j’aurais dû laissé les Scorpions te torturer ? »

« Eh bien, tu aurais pu, » dit Mayuzumi. Et ensuite c’est trop pour lui, tout à coup. L’obscurité, le silence, les confessions. Il a besoin de s’éloigner de tout ça. « Même si je pense que ça devrait être noté que tu savais clairement ce que la lignée-Scorpions pouvait faire avant et que tu ne les as pas mentionnés. »

Nijimura s’esclaffe légèrement mais il n’a plus la même aura qu’avant. « Ouais, les Chasseurs de Monstres du coin. Ils aiment tuer des EVOs. Mais alors, tu ne m’as pas dit tout ce que toi tu savais non plus, pas vrai ? »

« Non, mais puisque mes cachotteries ne viennent pas d’essayer de nous tuer, j’ai encore bonne conscience. »

Nijimura ricane, et Mayuzumi a enfin l’impression de pouvoir recommencer à respirer. « Je te l’accorde. Hey, gare-toi à la prochaine sortir, tu veux ? Il y a un motel. »

« Je vais essayer, mais c’est plus que conduire dans une seule direction. Si on a un accident et qu’on meure, saches que ce sera ta faute. »

« Je vais essaye de ne peut me complaire dans le comportement inutile de la culpabilité, » dit Nijimura, et Mayuzumi sourit d’un air narquois alors qu’il essaye de voir comment tourner.

*

Malgré le fait qu’il soit épuisé, il ne dort pas beaucoup dans le motel miteux. Il n’a jamais été fan des lits occidentaux, pour commencer, et la pièce a l’air d’un endroit où quelqu’un pourrait être assassiné, pour finir.

Il met à jour son carnet et vérifie ses mails. Il y a un mail d’un compte factice qu’il associe avec Masaomi. Mayuzumi n’était pas censé contacter Masaomi électroniquement mais il avait dû envoyer un message à Akane pour nettoyer le bordel de la station-essence.

Après avoir envoyé des nouvelles rapides (et avoir aussi ajouté : Scorpion – douleur intense au toucher (fait un mal de chien!!) à sa liste des lignées Héritage), il s’allonge enfin. Kiyoshi était toujours à moitié-endormi et il avait perdu le pierre-feuille-ciseaux dont lui et Nijimura sont allongés sur un lit et Mayuzumi réquisitionne l’autre. (Nijimura, avait déclaré Mayuzumi, n’a jamais de choix quant à partager un lit, parce qu’il ne les avait pas mis en garde pour les Scorpions. Nijimura avait juste levé les yeux au ciel donc Mayuzumi ne se sent pas trop mal d’exploiter sa culpabilité restante).

Enfin, Mayuzumi dort.

*

« Je déteste tout, » dit Mayuzumi.

« La nourriture est meilleure qu’elle en a l’air, » dit Nijimura, bien trop joyeux pour une heure aussi matinale. « Je vais prendre mes galettes de pommes de terre à l’étouffer, » dit-il à la serveuse avec un grand sourire. Et ensuite il commence à chantonner un air enjoué qui fait lever les yeux à la serveuse.

« On me l’a faite un million de fois, » dit-elle.

Elle prend le reste de leur commande – Nijimura et Kiyoshi commandent tous les deux une quantité obscène de nourriture, chacune à la consonance plus étrange que la précédente (biscuits avec sauce, gaufre aux pépites de chocolat, galettes de pommes de terre ; à l’étouffer, coupées en dés, en tranches. C’est presque comme une incantation).

Mayuzumi commande un café et réitère le fait qu’il déteste tout.

« Pète un coup, Chihiro, » dit Nijimura. « Tu peux pas faire un road-trip aux Etats-Unis sans t’arrêter au moins une fois à un Waffle House. C’est la règle. »

« On prend les road-trips très au sérieux, » acquiesce solennellement Kiyoshi.

« Donc est-ce qu’on a un plan ou un truc du genre pour le reste du voyage ? » demande Mayuzumi. « Ou est-ce qu’on continue juste de conduire à l’aveugle ? »

Nijimura redevient sérieux, se sentant peut-être toujours coupable à propos d’hier. « J’ai des contacts au Nouveau-Mexique qui peuvent nous donner la localisation de la base rebelle– »

« Attends, tu la connaissais pas ? »

« Je sais que c’est au Colorado ! Et rencontrer mes contacts a toujours fait partie du plan. »

Mayuzumi refuse de réagir à ça. Ce serait trop prévisible. « Est-ce que c’est pour ça qu’on prend la plus longue route inimaginable pour atteindre le Colorado ? Parce qu’on doit d’abord aller au Nouveau Mexique ? »

« Ça, c’est juste parce que je voulais prolonger le plaisir de ta compagnie, » dit froidement Nijimura.

« Est-ce qu’on peut prendre l’avion maintenant ? La Lignée-Héritage nous traque déjà, » dit Mayuzumi, refusant de mordre à l’hameçon.

« Ils nous traquaient pas, ils nous ont suivis depuis L.A., » dit Nijimura. « Une fois qu’ils ont perdu notre trace, ils pourront pas la retrouver. »

« Tu savais qu’ils nous suivaient ? » Pour une fois, la question incrédule vient de Kiyoshi.

« J’ai vu leur voiture mais je pensais pas– écoutez, quand il n’y a qu’une seule route qui ne va que dans une direction pendant des kilomètres, c’est un peu difficile de dire si quelqu’un te suit ou non et s’ils vont juste dans la même direction, OK ? Je ferai plus attention la prochaine fois. »

C’est un peu malencontreux que, parmi eux trois, Nijimura soit le seul à avoir eu un entraînement militaire. Mayuzumi a juste assez de temps pour regretter ne pas avoir pris Vincent et Ryder avec lui après tout, avant de se sentir atterré que ce genre de pensées soit devenu aussi naturel pour lui.

« Tu sais quoi, je révoque ton statut de chef de voyage. Tu as pris trop de mauvaises décisions, » dit Mayuzumi. « A partir de maintenant, c’est moi qui choisis la musique. »

« Bonne chance pour trouver une radio ici, » s’esclaffe Nijimura.

Mayuzumi sourit d’un sourire particulièrement vicieux. « Oh, t’inquiète pas. J’ai fait plein de compiles avant de partir. »

*

« Putain de merde, est-ce que tout cet album est rempli d’Openings et d’Endings d’anime ? »

« Mais oui, bien sûr. J’ai aussi deux autres disques. »

« T’es un sadique. »

« Tu sais, t’es pas la première personne à me le dire. »

*

Il pleut au Nouveau Mexique.

Sur tout le Nouveau Mexique.

C’est soit ça, soit il y a un orage qui les suit. Il a fait tellement chaud en Arizona, le froid et la pluie et les vents en rafales semblent être impossibles. C’est difficile de croire qu’il est toujours dans le même pays. Mais c’est peut-être seulement difficile à croire parce qu’il n’a jamais sillonné sa propre nation avant.

Ils s’arrêtent dans hôtel Best Western pour la nuit, Mayuzumi insistant sur quelque chose d’une qualité légèrement meilleure. Quand l’hôtesse lui lance un regard étrange quand il lui tend du cash il réalise qu’il y avait certain avantage à l’indifférence des établissements douteux des bleds paumés d’Arizona. Payer en cash est probablement inhabituel dans la plupart des endroits. Il parle dans un anglais délibérément haché et avec quelques tournures de phrases en japonais et elle hoche la tête, satisfaite qu’il doit être un touriste.

Nijimura disparaît pour trouver ses mystérieux contacts. « Ils viendront pas si vous venez avec moi, » explique-t-il avant de partir dans la nuit avec leur seul moyen de transport.

« C’est un peu déconcertant, » fait remarquer Mayuzumi, n’aimant pas le fait d’avoir été essentiellement abandonné dans une ville inconnue du Nouveau Mexique.

« Pas particulièrement, » dit Kiyoshi. « C’est toi qui a tout l’argent. »

« C’est pas faux, » s’illumine Mayuzumi.

*

Evidemment, maintenant ça veut dire qu’il est seul dans une chambre d’hôtel avec le gars qu’il a manipulé pour ses propres bénéfices. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi étrange que ça – c’est distinctement bizarre de penser que Nijimura est devenu un bon médiateur. Probablement parce qu’il n’y a aucune culpabilité dans ses interactions avec Nijimura – ils cachaient tous les deux des choses à l’autre.

« Désolé, » dit-il enfin, parce qu’il décide qu’il ne veut pas être un connard fini. « Pour tous– les mensonges. »

« Oh, c’est pas– je t’ai aussi caché des trucs, après tout. » Kiyoshi a l’air sincèrement gêné par l’excuse de Mayuzumi.

« Ouais, mais seulement parce que Nijimura te l’a demandé. On t’a tous les deux impliqués. »

« Je suis pas une princesse, » dit Kiyoshi, son ton à la limite de l’irritation. « Je sais ce dans quoi je me suis lancé. Toi et Shuuzou, vous avez pas besoin– »

Il s’arrête mais Mayuzumi ne le laisse pas s’en sortir aussi facilement. « Nijimura est du genre à se sentir coupable. Je vais pas me prendre la tête avec ça, j’ai juste pensé que je devais m’excuser. Même si t’aurais pu parler hier soir. T’étais pas obligé de faire semblant de dormir. »

Kiyoshi grimace. « Tu savais ? »

« Ta respiration a changé. »

« Je faisais pas– je faisais pas semblant. Je dormais. Je me suis juste, à moitié réveillé quand Shuuzou a commencé à parler. J’étais à moitié-endormi et à moitié-réveillé. J’essayais pas d’écouter aux portes, j’étais vraiment fatigué– »

« Bien sûr, bien sûr, je te crois, » dit Mayuzumi. « C’est pas grave. » Il le croit vraiment. Il a été dans cet état à moitié-conscient quand tu es assez réveillé pour savoir ce qui se passe mais pas assez réveillé pour participer aux conversations.

Et puis. Il pense qu’il a jaugé Kiyoshi maintenant. C’est un mec honnête, mais il est occasionnellement malhonnête d’une façon honnête. Il se sent probablement toujours coupable pour ça aussi. Quel comportement épuisant.

« Mais tu as raison. Tu n’as pas non plus été honnête avec moi. Dans ce cas, je révoque mes excuses. »

Il ne fait que le chercher maintenant, et Kiyoshi répond facilement avec : « Je t’ai jamais directement menti. »

« T’as menti sur ta raison de rester aux Etats-Unis, » dit Mayuzumi, sans manquer un battement.

« Shuuzou te l’a dit ? »

« Non, je suis juste pas idiot. Quand est-ce qu’il me l’aurait dit ? T’as été avec nous tout le temps. »

Kiyoshi rougit d’un rouge vif, et il a l’air détruit. Assez pour que Mayuzumi recommence à se sentir mal.

« Je suis amoureux de la même fille que mon meilleur ami, » dit Kiyoshi avec défiance.

« Oh, » dit Mayuzumi. « Tu dis de la merde. »

« Qu-quoi ? » dit Kiyoshi, blessé et indigné.

« Je dis que tu me racontes de la merde, » dit Mayuzumi, pensant encore une fois qu’il a trop été en contacte avec Masaomi. « Est-ce que c’est la fiancée de ton meilleur ami ? Est-ce qu’ils sortent ensemble ? Non ? Alors personne au monde ne fuirait dans un autre pays juste à cause de ça. »

« Tu me connais pas, » dit Kiyoshi, sa voix plate.

Il y a juste assez de tension dans sa voix pour rappeler à Mayuzumi que Kiyoshi est allé face-à-face contre Nebuya Eikichi et Murasakibara Atsushi et les a combattus d’égale à égale. En termes de force brute, Kiyoshi est clairement supérieur aux muscles dérisoires de Mayuzumi.

« T’as raison. Je te connais pas, » reconnaît Mayuzumi. « Mais je sais que t’es un athlète avec un sens très fort du fair-play. Si toi et ton meilleur ami vous aimez la même fille et qu’il n’y a aucune relation pré-existante nulle part, j’ai du mal à croire que tu prendrais juste pas ton courage à deux mains pour laisser la fille choisir entre vous deux. »

« Ça pourrait ruiner notre amitié, » proteste Kiyoshi.

« Ah. Alors que partir à l’autre bout du monde préserve bien l’amitié. Oui, je vois ta logique. »

Les poings de Kiyoshi se serrent. Pas dans un prélude pour un coup (espérons), mais comme quelqu’un qui se sent en colère et mis au pied du mur. (Donc il y aura peut-être des coups. Mayuzumi est content de ne pas se tenir près de Kiyoshi. Il se rapproche de la porte, juste au cas où).

Abruptement, la tension disparaît. Kiyoshi soupire et ensuite il sourit juste avec ironie. « Ouais. T’as raison. Et je suis désolé pour t’avoir sous-estimé, Mayuzumi-san. T’es un mec intéressant. »

Mayuzumi aimerait vraiment que les gens arrêtent de dire ça. Mais au moins il ne va pas se faire frapper après tout.

« Je suis amoureux de mon meilleur ami. »

Mayuzumi lève les yeux, surpris seulement par le fait que Kiyoshi parle. Kiyoshi croise son regard avec détermination, rendant clair le fait qu’il a choisi cette confession. Il n’a pas été poussé à ça. « Donc, pas la fille ? »

« Non, » dit Kiyoshi, souriant amèrement. « Elle aussi. Je suis amoureux des deux. »

« OK, » dit Mayuzumi. Si Kiyoshi pense qu’il peut le choquer avec ses confessions potentiellement salaces, il n’a vraiment aucune idée de ce que c’est d’être un titulaire de Rakuzan. Mayuzumi a perdu toute capacité à être choqué par le sex il y a longtemps. « Demande-leur tous les deux de sortir avec toi, alors. C’est quoi le problème ? »

Ce n’est décidément pas la réaction que Kiyoshi attendait. « Tu te fous de moi ? »

« Non ? » dit Mayuzumi. « Je te préviens, mes connaissances de comment les relations polyamoureuses fonctionnent ne sont que purement théoriques, mais j’ai lu plein d’articles intéressants. Je pourrais te trouver des liens, si tu veux– »

« C’est pas drôle, » dit Kiyoshi, l’air en colère à nouveau.

« Et je blague pas ? C’est pas une relation conventionnelle, je te l’accorde, mais c’est pas aussi inhabituel que ça. » Il arrête de parler quand il réalise à quel point tout ça tourmente Kiyoshi, et ensuit il se maudit pour son manque de tact.

Il réessaye. « Tu sais que c’est bon, pas vrai ? T’as– tu as le droit. »

Les poings de Kiyoshi sont de nouveau serrés, et sa mâchoire est tellement crispée que ça doit faire mal. Il ne regarde pas Mayuzumi quand il dit : « Donc je leur dis juste ça ? Sortons ensemble. Allons à des rendez-vous et embrassons-nous, tous les trois, parce que je suis sûr que ça sera normal pour les gens qui passent. Personne n’y trouvera rien de bizarre.

« Et je vais juste dire à mes grands-parents, alors – à l’homme et la femme au grand cœur qui m’ont élevé, que je veux sortir avec une fille et un garçon en même temps et est-ce que c’est bon s’ils viennent pour manger parfois ? Vous inquiétez pas, mamie, papy, j’ai le droit. »

C’est la première fois que Mayuzumi le voit être aussi vicieux. Son amertume et son agonie sont douloureuses à entendre. Mayuzumi reste silencieux parce qu’il n’a aucune idée de ce qu’il est censé dire. Ce n’est pas comme s’il pouvait dire quelque chose qui améliorerait les choses.

« Il y a pas de fin heureuse, tu vois pas ? Même si je pouvais un jour leur demander tous les deux de sortir avec moi, il n’y a aucun scénario où on pourrait être tous ensemble comme je le veux. »

« Ce serait plus dur, » reconnaît Mayuzumi. « Mais pas impossible. »

Kiyoshi le fusille du regard. « Toi tu sortirais avec deux personnes en même temps ? »

C’était l’une de ces questions gênantes auxquelles il est presque impossible de répondre honnêtement.

« Je n’y suis pas opposé, en théorie, » dit Mayuzumi. Mais ce n’est pas assez. Ce mec vient d’arracher son âme pour la mettre à nue devant Mayuzumi ; le moins que Mayuzumi puisse faire, c’est de renvoyer l’ascenseur. « Je suis asexuel, donc moi personnellement je ne sortirai avec personne, jamais, mais si c’était théoriquement une option, et s’il y avait deux personnes hypothétiques avec lesquelles je voulais être, je serais pas opposé au polyamour. »

« T’es asexuel ? » dit Kiyoshi.

Il sonne perdu, donc Mayuzumi ressent le besoin de s’expliquer : « Je ne ressens pas d’attraction sexuelle. »

« Oh. » Il y a un battement. « La chance. »

C’est le genre de réponse qui file habituellement les jetons à Mayuzumi quand il parle aux gens de sa sexualité. Oh, t’as tellement de chance ! J’aimerais bien être comme toi ! Mais Kiyoshi sonne si sincère et Mayuzumi pense à à quel point les désirs sexuels de Kiyoshi lui ont fait fuir le pays, et toutes choses considérées, Kiyoshi retirerait probablement ses désirs, s’il le pouvait. Donc Mayuzumi laisse couler.

« Oui, eh bien, c’est ce que j’ai toujours pensé. » Ce qui était vrai. La romance, ça n’avait l’air d’apporter que des migraines sans fin. S’il devait choisir, il choisirait l’asexualité à chaque fois. « J’essaye pas d’être un connard. Pour une fois. Mais tu peux pas continuer comme ça. T’es misérable. »

Kiyoshi se tait, comme un homme qui pense peut-être mériter d’être misérable.

Ce n’est pas le genre de personne qu’est Mayuzumi. Le genre cœur-à-cœur. Et s’il ne se sentait pas impossiblement mal pour ce gars, il arrêterait cette conversation maintenant.

« Il y a beaucoup de mauvaises façons d’aimer quelqu’un, » dit Mayuzumi lentement, et Kiyoshi cille. « Non, écoute-moi, il y a beaucoup de mauvaises façons d’aimer quelqu’un, mais ça, ce n’en est pas une. Tu veux que vous soyez heureux ensemble tous les trois, et c’est pas mauvais. »

« Et par curiosité, c’est quoi ta définition d’une mauvaise façon d’aimer ? »

Mayuzumi baisse les yeux. « N’importe quelle façon où une seule personne peut être heureuse. » Cette sincérité et ce sérieux sont trop pour lui donc il hausse les épaules. « Ou, tu sais, n’importe quoi qui implique des enfants ou une absence de consentement. Mais je suppose que tu sais ça. »

« Oui, merci, » dit Kiyoshi. Mais ensuite quelques secondes passent et il dit d’un ton différent : « Merci. »

« C’était un truc d’une seule fois, » préviens Mayuzumi. « Je ne suis pas ton love guru asexuel. Je donne assez de ça avec Akashi. L’ironie à elle seule est trop lourde à porter. »

« Mais tu donnes de si bons conseils, » dit Kiyoshi d’un ton rassurant. « Tu pourrais être thérapeute. »

« Non, nope, on a fini de partager maintenant, » dit Mayuzumi, et il s’allonge sur le lit et décide aussitôt qu’il en a fini avec les interactions humaines pour la soirée.

*

La nuit, il écoute la pluie.

Nijimura n’est pas encore revenu et Mayuzumi se demande s’il devrait être inquiet.

Il continue de penser à Uchida Saori. C’est probablement pour ça qu’il a du mal à dormir maintenant. Penser à Saori l’a toujours tellement agité qu’il en perdait le sommeil. D’une manière, c’est la faute de Saori s’il est dans un hôtel inconnu au Nouveau Mexique, à écouter la pluie. Parce que Saori est la raison pour laquelle il a accepté de changé son style de basket pour être le joueur qu’Akashi voulait.

Saori était la raison de beaucoup de choses, il pense distraitement. Ils ont grandi ensemble, les amis d’enfance stéréotypiques. Et au collège elle a dit : « Je t’aime, Chihiro. On devrait sortir ensemble, » et il a dit : « Oh putain, non. »

Il avait dû expliquer alors, qu’il ne voulait sortir avec personne. La réponse de Saori avait été de demander : « T’es gay ? » Et Mayuzumi avait dû y réfléchir sérieusement avant de pouvoir dire, assez honnêtement : « Non. Je veux vraiment pas embrasser ou sortir avec qui que ce soit. »

« Tu peux pas, » avait-elle dit. « Tu tomberas amoureux de quelqu’un un jour. Tu veux pas te marier ? »

Elle n’avait pas vraiment compris quand il avait dit que non, il était assez sûr qu’il ne se marierait pas. Tout comme elle n’avait pas complètement compris quand il lui avait dit qu’il n’était pas gay. Il était persuadé, même au collège, que s’il avait eu des désirs pour le même sexe il était assez conscient de lui-même pour l’admettre ; mais il ne voulait fondamentalement embrasser personne. Elle continua d’essayer de trouver une explication – est-ce que quelqu’un t’a fait des attouchements quand tu étais enfant ? Est-ce c’est un traumatisme ? – et elle avait dû battre en retraite quand il avait dit : Bon sang, Saori, t’étais quand j’étais enfantest-ce que j’avais l’air traumatisé pour toi ? Ils se voyaient presque tous les jours quand ils étaient enfants ; elle connaissait ses parents, la plupart de sa famille éloignée. Même elle devait admettre qu’il n’y avait pas eu de moment charnière sur pourquoi il ne voulait sortir avec personne. Le Mayuzumi d’alors était tout à fait le Mayuzumi de maintenant.

Ils ne furent plus aussi proches après ça. Et d’ici à ce qu’ils arrivent au lycée, ils étaient à peine des connaissances. Elle commença à traîner avec les gens populaires et il commença à manger sur le toit, où il pouvait lire en paix.

Et si son ex-petit-ami n’avait pas commencé à la stalker, ils n’auraient plus jamais rien eu à voir l’un avec l’autre. Mais Hayashi la stalka. Mayuzumi la regarda s’amaigrir, la regarda cacher les bleus sur son visage et sur ses bras, la regarda avoir des crises en cours à priori sans raison, regarda tous ses amies chuchoter dans son dos qu’elle devenait folle.

Enfin, il dut dire quelque chose. « Pourquoi tu dis pas aux profs ce que Hayashi fait ? »

Soari sursauta, et ne le nia pas. « J’ai essayé. Ils ne font rien. »

« Il te fait du mal, » dit Mayuzumi.

« Il m’aime, » dit-elle amèrement. « Et je devrais me sentir flattée et pas aussi coincée. »

Elle se tourna vers lui soudainement. Elle aurait essayé de l’embrassé mais elle fut tellement choquée qu’il trébucha et tomba. Elle le suivit dans sa chute, agrippant son haut. « Chihiro, tu peux pas m’aider ? »

« Comment ?! » dit-il, incrédule, et toujours ébahi par la tentative de baiser.

« Juste– sois mon petit-ami. Juste de nom ! Pour le faire arrêter. Ou– tabasse-le, ou n’importe quoi. Force-le juste à me laisser tranquille. »

Elle commença à sangloter, et Mayuzumi ne pouvait rien faire du tout. Il était complètement figé. « Je peux pas. Saori, il y a rien que moi je puisse faire. Je suis pas– »

Elle se leva à ce moment-là, le poussant violemment. « T’es tellement insensible. T’es même pas humain. »

« Saori ! » l’appela-t-il, mais elle était partie. Il n’essaya pas de la suivre parce qu’il n’y avait vraiment rien qu’il aurait pu faire.

Un mutant aux cheveux rouges lui demanda de changer son style de basket après ça. Et il dit : « J’ai ma fierté, » mais la vérité, c’était qu’il n’en avait pas envie. Il ne voulait pas être titulaire, il ne jouait pas au basket pour être une star.

Mais ensuite le même mutant aux cheveux rouges Ordonna à Hayashi de partir. Mayuzumi était là quand ça arriva, parce qu’Akashi l’avait fait pendant le cours d’EPS de la classe de Mayuzumi. « Tu ne te rapprocheras plus jamais de cette fille, » avait Ordonné Akashi. « Tu ne lui adresseras la parole en aucune façon. Et si j’entends que tu harcèles encore une fille, je te ferai du mal, compris ? »

Ça n’était pas venu à l’esprit de Mayuzumi de demander l’aide d’Akashi, même s’il avait Ordonné ce pervers qui harcelait des Premières Années. Peut-être que s’il avait demandé l’aide d’Akashi, il n’aurait pas autant l’impression d’avoir une dette envers lui. Mais Akashi avait volontairement fait ce que Mayuzumi était incapable de faire, donc après ça, Mayuzumi accepta d’être un titulaire. Il lut même un livre sur la misdirection dans les trucs et astuces des magiciens, juste pour comprendre mieux Kuroko.

Et maintenant il est là. Dans un hôtel, à écouter la plus.

*

Son téléphone sonne, ce à quoi il ne s’attendait pas. Ce n’est pas un numéro qu’il reconnaît, ce qui est habituellement synonyme de Masaomi. Mais Masaomi ne l’appellerait pas ; c’était sa règle.

« Bonjour ? » dit-il en anglais, comme un pari.

« Salut ! » dit joyeusement Nijimura. « Donc, c’est une histoire marrante. J’ai été kidnappé. Est-ce que tu peux amener de l’argent en rançon ? »

« Oh Seigneur, » dit Mayuzumi.

« C’est rien de sérieux, » se dépêche de dire Nijimura. « T’as pas besoin d’appeler la cavalerie ou quoi. Mes contacts pensent qu’ils devraient être compensés. Ce avec quoi je suis 100 % d’accord ! Je suis totalement prêt à payer tout ce qu’ils veulent– »

« Tu veux dire que tu es prêt à me laisser payer pour tout ce qu’ils veulent, » dit Mayuzumi.

« –c’est la même chose. Mais ils me font pas confiance pour me laisser partir. Toi et ton argent, est-ce que vous pouvez venir me chercher ? »

*

Mayuzumi sort du taxi et fronce les sourcils à la pluie. Il n’aime pas vraiment être mouillé.

Il se dirige immédiatement vers l’entrepôt – qui a certainement l’air d’un endroit pour déposer une rançon – et se demande s’il devrait peut-être appeler Akane après tout.

(Nijimura avait sonné si joyeux au téléphone que Mayuzumi pensait qu’il disait la vérité quant à l’absence de danger. Mais il avait laissé un mot et un numéro de téléphone à Kiyoshi, si Kiyoshi se réveillait et qu’ils n’étaient toujours pas revenus).

Un couteau à la gorge l’accueille quand il entre.

« Salut, » dit une voix basse dans son oreille, « j’espère que tu as l’argent. »

« Haruka ! » réprimande une autre voix, et Mayuzumi la voit en première – une fille de petite taille à l’air douce, avec des cheveux blonds et des yeux noisette. Elle a un nœud bleu qui retient ses cheveux en arrière et elle a l’air d’être tout droit sortie du lycée. « Sois pas méchante. »

« J’suis pas méchante, » celle que Mayuzumi suppose être Haruka passe un bras autour des épaules de Mayuzumi d’une manière amicale. « Je vais juste droit à l’essentiel. Tu penses pas que je suis méchante, pas vrai, Mr. Mayuzumi ? »

Elle a des cheveux blond vénitien et des yeux étrangement argent, mais elle sourit assez amicalement, malgré le fait qu’elle tient un couteau (même s’il n’est plus pointé vers Mayuzumi).

Ses bras sont assez relâchés pour que Mayuzumi puisse se dégager s’il le voulait, ou au moins, sa prise est assez relâchée pour lui faire penser qu’il pourrait se dégager. Mais quelque chose lui dit de ne pas essayer ce qu’il avait fait avec Vy. Il suspecte que ces filles ne vont pas le sous-estimer comme les Scorpions.

« Non, mais c’est un peu malpoli de zapper complètement les banalités, » dit Mayuzumi avec insouciance. « Tu aurais au moins pu me parler du temps. »

« Il fait beau dehors ? » demande tout de suite la petite blonde.

« Il fait pas beau du tout, » répond Mayuzumi. « Vous êtes pas un peu jeunes pour être dans l’extorsion ? »

« L’extorsion, c’est un mot tellement moche, » dit la plus petite.

« Mais c’est le mot qui convient, » dit Haruka, toujours accrochée à Mayuzumi. « T’as ramené l’argent ? »

« Oui, mais vous étiez un peu évasives sur combien vous vouliez, » dit Mayuzumi. « Et Nijimura, il y a une raison pour laquelle tu parles pas ? T’as pas l’air d’avoir été bâillonné. »

« Tu te débrouille très bien tout seul, » dit modestement Nijimura de là où il est attaché à une chaise. Une troisième fille se tient à côté de lui, montant clairement la garde. Elle n’a rien dit depuis le début, elle a juste regardé avec des yeux bleus un peu absents. Elle est très jolie, avec de longs cheveux sombres qui lui donne l’air d’une typique Yamoto Nadeshiko que Mayuzumi a toujours apprécié d’une manière purement esthétique.

« Donc t’es pas attaché à une bombe ou un truc du genre ? » demande Mayuzumi.

« Pas que je sache, » dit Nijimura.

« On ferait jamais de mal à Shuuzou, » dit la petite blonde avec sincérité. Mayuzumi est prêt à parier qu’elle est le chef, basé sur la manière dont les deux autres se fixent sur sa position. « C’est un vieil ami à nous. Je suis Riku, et tu as rencontré Haruka, et c’est Reiko qui tient compagnie à Shuuzou. »

« Enchanté de vous rencontrer, » dit Mayuzumi. « Je me présenterais, mais vous avez clairement entendu parler de moi. »

« Oh oui, Shuuzou nous a beaucoup parlé de toi. »

« Comme du fait que t’es blindé, » dit Haruka joyeusement.

« C’est pas ce que j’ai dit ! » proteste Nijimura quand Mayuzumi le fusille du regard. « J’ai dit que tu travailles pour les Akashi Industries, et elles ont extrapolé le côté blindé par elles-même. »

« Donc, si ça te dérange pas, on aimerait un million de dollars maintenant, » sourit Riku.

« Ha ! » s’esclaffe Mayuzumi, comprenant un peu mieux le dynamique maintenant. Nijimura ne les voient clairement pas comme des ennemis, sinon il aurait essayé de s’échapper par lui-même. « Moi aussi. Je n’aurais pas besoin de travailler si j’avais ce genre d’argent en liquide. Malheureusement, même si je suis bien trop payé considérant le fait que je suis un fier tire-au-flanc sans ambition auto-proclamé, je ne suis pas aussi bien payé. Je peux vous donné 500 $. »

« Ton boss a ce genre d’argent, » dit Riku, en souriant et sans attendre une seconde.

« Et je pourrais l’impliquer, mais ça prendrait bien trop de temps, et vous ne verriez l’argent qu’après au moins une semaine. Je suppose que vous êtes plus intéressées par un reçu plus immédiat ? » bluffe Mayuzumi.

« D’accord, » dit Riku avec regret. « 10 000 $. »

« Toujours plus que ce que j’ai sur moi, » dit Mayuzumi. C’était techniquement tout ce qu’il avait sur lui, et il préférerait ne pas tout vider d’un seul coup. Et puis… « Je suis pas sûr que ça en vaille la peine. Vous nous donnez juste des coordonnées, pas vrai ? Ça vaut genre, 1 000 $, max. »

« Et on te rend ton ami sain et sauf, » fait remarque Haruka.

« 1 200 pour les coordonnées et vous pouvez garder Nijimura. »

« Hey ! »

« 8 000, » dit Riku.

« 6 000 et c’est ma dernière offre. »

Riku considère ça avant d’hocher la tête. « Oui, OK. Rei ? »

Reiko relâche Nijimura, qui se frotte immédiatement les poignets et fusille la fille du regard. « Pas cool. Est-ce que c’est comme ça que tu traites quelqu’un qui est pratiquement de ta famille ? »

Reiko hausse les épaules et dit doucement, « Ce sont elles, ma famille. »

« Je sais, » dit Nijimura, souriant avec tendresse.

Haruka le relâche enfin alors que Mayuzumi commence à sortir l’argent. « Donc il se passe quoi entre vous deux ? J’ai jamais vu Shuuzou voyager avec quelqu’un. Vous sortez ensemble ? »

« Je suis super asexuel, » dit Mayuzumi, assez fatigué pour que l’honnêteté sorte toute seule alors qu’il tend les billets. « Et il me coûte trop d’argent de toute façon. »

Haruka ricane. « C’est pas faux. »

*

Une fois que les billets sont comptés et que les coordonnées sont écrites, il y a un échange d’au-revoir assez long et familial entre Nijimura et ses supposés kidnappeurs.

Riku penche la tête et dit : « T’as déjà été à Veracruz ? »

« Au Mexique ? » dit Nijimura. « Non, je peux pas dire que j’y ai déjà été. J’ai vécu à Tijuana pendant un moment mais je suis jamais allé plus au Sud de ça. »

« Je pense que tu devrais y aller un jour. »

« Pourquoi ? » dit-il, sonnant amusé.

Elle hausse les épaules. « C’est juste une pensée que j’ai eue. »

« L’offre tient toujours, tu sais, » dit Nijimura.

Le sourire de Riku est fragile et douloureux à regarder. « On sait, Shuuzou. Mais c’est bon. On a pas besoin que tu nous sauves. » Et elles disparaissent dans la pluie.

Mayuzumi grimpe sur le siège passager et fait claquer la porte.

« Eh bien, c’était productif ! » dit joyeusement Nijimura alors qu’il monte dans la voiture et s’attache. « Merci d’être venu à ma rescousse, Chihiro. »

Mayuzumi ne dit rien.

« Je savais pas que t’étais asexuel, c’est cool ! Est-ce que t’es aussi aromantique ? » Mayuzumi le fixe. « Parce qu’il y a une différence, tu sais, si t’es aromantique, tu– »

« Je sais, » dit sèchement Mayuzumi. « Et oui. Même si je pense personnellement que faire la différence est stupide. »

« Eh bah, ça l’est pas, pas vraiment, c’est assez logique– »

« Quand je dis que je suis asexuel ce n’est pas une invitation pour que tu m’interroges sur ma vie romantique. »

La voiture est une fois encore emplie d’un silence gênant. L’humeur de Nijimura change alors qu’il dit : « T’es en colère contre moi. »

Mayuzumi émet un ronflement moqueur. « Déduction brillante. »

« Pour ma défense, c’est très difficile de lire en toi. »

« Tu veux bien démarrer la voiture ? » claque Mayuzumi.

« Non, » dit calmement Nijimura. « T’es en colère et on a une longue route qui nous attend demain et je fais pas de road-trip avec des gens qui sont en colère contre moi. »

« Très bien. Alors je me débrouillerai pour aller au Colorado. » Mayuzumi commence à ouvrir la porte mais Nijimura attrape son poignet pour l’empêcher de partir. Il a une poigne puissante, ce qui n’est pas surprenant du tout.

« Chihiro, sois pas stupide. Parle-moi. Je suis désolé, mais je peux pas m’excuser correctement si tu me dis pas ce que j’ai fait– »

« J’aime pas être manipulé, » claque Mayuzumi. « Et je suis pas ta banque, peu importe ce que tu peux penser. »

« T’es en colère parce que t’as dû les payer ? » dit incrédulement Nijimura.

Mayuzumi claque une nouvelle fois la porte parce qu’il n’aime pas être mouillé. « Très bien, je vais te l’épeuler. Je suis pas stupide. Tu les connaissais clairement, et t’es même en bon terme avec elles. Tu aurais pu t’échapper toi-même, j’ai dû mal à croire qu’elles t’auraient attaché sans ton accord. Si tu veux de l’argent dis-le, de préférence avant de partir de l’hôtel au lieu de me réveiller au milieu de la nuit et d’organiser toute une putain de mascarade. »

Nijimura absorbe ça silencieusement. Mayuzumi tremble légèrement parce qu’il est furieux.

Il sait ce que les titulaires de Rakuzan pensaient. Il sait que ce que tous les joueurs qui ont affronté Rakuzan pensaient de lui. Ils pensaient qu’il était le sbire d’Akashi Seijuurou, la marionnette qui avait abandonné son propre style de jeu pour suivre les besoins d’Akashi. Et tout ça était vrai mais c’était ce qu’il avait choisi. Comme maintenant. Masaomi l’avait envoyé sur cette stupide mission mais Mayuzumi avait accepté. Il n’a jamais été contre le fait d’être le sbire de quelqu’un, mais seulement s’il est d’accord.

« Reiko a un cœur de Rainbow, » dit silencieusement Nijimura. « Le seul avantage que j’ai quand je fais face à des gens avec des super-pouvoirs, c’est que je peux annuler leurs capacités. Mais ça ne fonctionne pas aussi bien s’ils ont l’habitude des Rainbows. »

Mayuzumi lui lance un long regard, parce qu’il y croit pas.

« Riku a du Gold en elle et Haruka est un Silver – un Silver qui a été fait de Blue, Purple et Orange. Elles ne sont vraiment pas des gens qui tu peux sous-estimer. Mais oui. Je voulais les payer et je les ai pas combattues sérieusement. Et j’aurais dû te dire depuis le départ que je voulais les payer donc je suis désolé. Je le referai plus. »

« Non, tu le referas plus. » Mayuzumi remet sa main sur la poignée de la portière parce qu’il en a assez de cette merde. Il a les coordonnées, il n’a plus besoin de Nijimura.

« Elles ne sont pas libres, » dit rapidement Nijimura, surprenant une fois encore Mayuzumi.

« Quoi ? »

« Elles ne sont pas libres. Elles ne se sont pas échappés quand le Deuxième Teiko a été découvert comme les autres gosses, elles avaient déjà été vendues. Une autre organisation les possède maintenant. Une compagnie américaine qui aime acheter des humains aux super-pouvoirs et qui adorent les utiliser pour faire leur sale boulot. »

« Quoi ? C’est– c’est quoi le nom de cette compagnie ? Masaomi doit savoir. »

« Elles ont dit qu’elles ne voulaient pas être sauvées, » dit Nijimura. « Tu les as entendues. Je veux les aider depuis des années mais ça sert à rien. »

« Masaomi doit quand même savoir, » dit Mayuzumi.

« Comment tu sais qu’il le sait pas déjà ? »

La question suffit à le faire s’arrêter. Parce que Masaomi devrait au moins savoir qu’ils existaient. Il savait pour l’Héritage après tout, malgré le fait qu’ils n’aient pas de présence digitale. Mais il ne doit pas savoir pour les filles. De ça, Mayuzumi est certain. Masaomi est un connard, mais il n’aime pas que les gens fassent du mal à des enfants.

« Il peut aider, » répète Mayuzumi.

« Quand on rentre je te donnerai toutes les infos que j’ai, » dit Nijimura.

« Tout couvre beaucoup de choses. »

« Je te dirai tout ce que je sais, » dit Nijimura, son regard et son ton lourds et solennels. Il sait exactement ce qu’il est en train d’accepter et putain il sait que Mayuzumi ne peut pas tourner le dos à une offre comme celle-là.

Ça fait vraiment que mettre Mayuzumi encore plus en rogne parce qu’on le manipule toujours et il ne peut pas s’en sortir cette fois. Il veut vraiment ces infos.

« Deal. » Il se détend sur son siège, communiquant avec son langage corporel qu’il ne va pas sauter hors de la voiture. « Maintenant lâche-moi. »

Nijimura baisse les yeux vers sa main comme s’il avait complètement oublié qu’il tenait toujours Mayuzumi. « Désolé. » Il démarre la voiture, et retourne à l’hôtel.

« Pourquoi elles avaient des noms japonais ? » demande Mayuzumi comme de rien, puisqu’il se posait la question. « Elles n’avaient pas particulièrement l’air japonaises. »

« Hm ? Oh, ces trois-là ? Je sais pas. Elles changent de noms à chaque fois que je les vois. »

« Oh, OK, » dit Mayuzumi.

« Je faisais ça, avant, » dit de nulle part Nijimura.

« Changer ton nom ? »

« Ouais, au début quand je me suis échappé. J’arrêtais pas de prendre des noms de famille différents. Je comprenais que les gens étaient censés avoir deux noms mais j’avais pas fait le lien avec l’ethnie et les noms de famille. J’ai utilisé Shuuzou Hernandez pendant tellement longtemps, et je comprenais pas pourquoi les gens me regardaient bizarrement. »

Mayuzumi sourit, malgré le fait qu’il sois toujours un peu agacé. « Mais toujours ‘Shuuzou’ ? »

« Ouais, » dit Nijimura, redevenant sérieux. « Ma Génération a choisi des prénoms. On était les seuls à avoir jamais fait ça. »

Et Teiko n’avait pas apprécié, devine Mayuzumi.

« Depuis combien de temps tu es ‘Nijimura’ ? »

« Depuis que les Miracles se sont échappés et ont choisi des noms. Ils choisissaient tous des trucs du genre Murasakibara et Kuroko et Kise, donc j’ai pensé que Nijimura serait approprié, et c’est finalement resté. »

Ils sont presque de retour à l’hôtel quand Nijimura dit : « Donc tu devrais vraiment m’appeler Shuuzou. C’est le seul nom qui a toujours été le mien. »

Mayuzumi ne dit rien.

*

La Colorado est incroyablement vert et Mayuzumi en a tellement marre de ce pays. Il n’a aucune logique. Après tout ça, il décide qu’il n’est pas un fan des voyages.

Le trajet a été silencieux mais pas malaisant. Kiyoshi a semblé comprendre que quelque chose était arrivé la nuit précédente mais il ne pose pas de questions.

« Donc tu as un plan ? » demande Mayuzumi. « Ou est-ce qu’on va juste se balader une fois qu’on arrive et commencer des conversation au hasard. ‘Hey, toi, est-ce tu es un rebelle d’une lignée ancienne de timbrés avec des super-pouvoirs ?’ »

« Ça pourrait être bonne entrée en matière pour toi, » dit Nijimura. « Dis-moi comment ça marche. »

« Pour moi ? » répète Mayuzumi.

« Bah, évidemment, je t’ai dit que moi je peux pas être le premier à les rencontrer, ils me feraient pas confiance. »

« Et entre moi et Kiyoshi, c’est moi le plus remplaçable ? » demande Mayuzumi.

« Non, entre toi et Teppei, c’est toi le plus résistant. »

Mayuzumi hausse les deux sourcils.

« Certaines personnes le sont, tu sais, » dit Nijimura l’air de rien. « Elles sont légèrement résistantes aux gens avec des super-pouvoirs– »

« Oui, je sais, » interrompt Mayuzumi. « Elles ont le gène R1-HK1 et il produit une résistance aux capacités psychiques. Et oui, je l’ai. Masaomi m’a fait tester. »

« Oh bordel, quoi, » dit Nijimura, exaspéré. « Le gène quoi ? »

« R1-HK1. »

« Depuis quand ça existe ? »

« Depuis six mois, quand Masaomi l’a découvert. Il a dit qu’il l’a découvert en premier donc c’est à lui de lui donner un nom. »

« C’est comme ça que fonctionne la science, » dit Kiyoshi, intrigué.

« Il est essentiellement inutile, » dit Mayuzumi. « ‘Résistance légère’, c’est pas une vraie immunité. Je suis juste curieux de comment toi tu savais que je l’ai. »

« Eh bah, je savais pas que c’était génétique, » dit Nijimura, secouant la tête. « C’est à cause des Scorpions. La plupart des gens s’évanouissent à cause de la douleur. »

« Je me suis évanoui, la premier fois que l’un d’eux m’a touché, » ajoute Kiyoshi.

Mayuzumi observe l’autre homme et pense que c’est un témoignage de sa loyauté qu’il traîne toujours avec Nijimura après ça. Ou de masochisme, l’un ou l’autre.

« Exemple parfait : c’est inutile, » remarque Mayuzumi. « Ça fait quand même un mal de chien. »

« Exemple parfait : t’as été capable d’aider pendant le combat. Une résistance légère, c’est plus utile que ce que tu pense et tu devrais l’apprécier. »

« Ça sonne légèrement mal placé dans la bouche d’un gars qui a une immunité complète, » dit Mayuzumi.

« J’annule, je suis pas immunisé, » corrige Nijimura.

« C’est quoi la différence ? Les pouvoirs fonctionnent quand même pas contre toi. »

« La différence, c’est que c’est mon pouvoir. Je suis aussi psychique, tu te souviens ? »

« Hmf, » dit Mayuzumi. « Est-ce que ça veut dire que je suis légèrement résistant à ton annulement ? »

« C’est un bonne question, » sourit Nijimura.

*

« Ça alarme personne, le manque total de civilisation ? » demande Mayuzumi.

« Pas particulièrement, ça résume tout notre road-trip, » dit Kiyoshi.

« Oui, mais on est censés être tout près. Et je dois pisser. »

« Je peux me garer, » dit Nijimura.

Mayuzumi fusille l’arrière de la tête de Nijimura. « Je suis pas un animal. »

« T’es tellement une princesse d’entreprise, » dit Nijimura.

« Cette princesse d’entreprise finance cette excursion, tu te souviens ? » dit Mayuzumi d’un ton menaçant.

« Est-ce que c’est un signe que je devrais faire de détour de vingt kilomètre vers cette petite ville qui n’apparaît même pas sur le GPS ? » dit Nijimura.

« Oui, oui, c’en est un, » dit Mayuzumi, alors qu’ils passent la seule indication qu’il y a une ville depuis des kilomètres.

*

Mayuzumi se précipite dans la station-essence à la vitesse de la lumière et remet en question ses scrupules quant à faire pipi à la sauvage.

Et ensuite, à cause d’un sens bizarre d’’égalité, il cherche quelque chose à acheter pour justifier son utilisation des toilettes et se décide à prendre une bouteille d’eau.

« Eh bah, toi t’es vraiment pas d’ici, » dit la caissière. Elle fait une bulle avec son chewing-gum et la fait exploser bruyamment. Elle est petite et sans conteste asiatique (Mayuzumi ne veut pas supposer qu’elle est aussi japonaise) et elle observe Mayuzumi d’une manière vaguement hostile qui a l’air assez ridicule, en fait.

« Je fais que passer, » dit Mayuzumi.

Elle abaisse ses lunettes de soleil et le fixe. « Vraiment ? Donc tu fais juste un road-trip, alors ? »

« Non, je suis sur une mission secrète pour trouver une lignée rebelle d’une secte super-secrète, » répond Mayuzumi, se sentant vaguement fatigué tout à coup.

« Sans déconner ! C’est un truc de dingue ! T’es un mec des théories du complot ou un agent du gouvernement ? »

« Du secteur privé, » répond Mayuzumi d’un air absent.

« Eugh. Pas l’une des compagnie américaines, je parie. Les Akashi Industries ? »

« Oui, c’est ça. »

« T’es tout seul ? »

« Non, je suis avec des amis, » dit Mayuzumi.

« Ils travaillent aussi pour AI ? »

« Non, » Mayuzumi commence à se sentir coupable. « Non, je devrais pas– »

« Pas de problème », dit rapidement la fille. « Oublie-les. Qu’est-ce que tu veux avec les rebelles ? Tu cherches à acheter un psychique ? »

« Non, je veux juste des infos, » dit Mayuzumi.

« C’est super pourris, mec. »

« Et peut-être leur aide, » ajoute Mayuzumi. Et puis il fronce les sourcils. « De quoi on parlait ? »

« On parlait de directions, » dit la fille, remettant ses lunettes de soleil. « Tourne à gauche et continue tout droit et tu finiras sur l’auto-route pour Denver. »

« Merci, » dit Mayuzumi, sortant avec sa bouteille.

*

Il grimpe sur la banquette arrière, et Kiyoshi et Nijimura se disputent à propos de la direction à prendre.

« C’est à gauche puis tout droit, » dit Mayuzumi d’un air absent.

Nijimura s’arrête. « De quoi ? »

« L’auto-route pour Denver. »

Nijimura le fixe. « Pourquoi on irait à Denver ? »

« Je suis pas sûr, » dit Mayuzumi en fronçant les sourcils. Il baisse les yeux vers ses mains et voit une bouteille d’eau. Il n’est pas certain de pourquoi il la tient.

« Chihiro ? Ça va ? »

« Oui. Non, » dit Mayuzumi. Il essaye de repenser à la dernière chose dont il se souvient. « Tu sais comment je suis légèrement résistant aux interférences psychiques ? »

« R1-HK1, » dit Nijimura. « Oui, on en a parlé il y a juste quelques heures. »

« Eh bah, » dit Mayuzumi, luttant pour rester calme. « Je crois que quelqu’un vient de trafiquer ma mémoire. »

« Oh putain de merde, » dit rapidement Nijimura. « T’as dû rencontrer un lignée-Cancer. »

« Un quoi ? » demande Kiyoshi.

« Ils t’hypnotisent pour que tu dises la vérité et ensuite ils effacement l’interaction de tes souvenirs. »

« C’est, euh, aussi une chose que tu aurais dû mentionner, » dit Kiyoshi avec reproche.

Mayuzumi devrait probablement être en colère. « Voyons les choses du bon côté, ça veut dire qu’on est au bon endroit. »

Notes:

NdA : Il y a des OCs appartenant à d’autres personnes qui sont apparus pour la première fois dans ce chapitre, et qui vont restés sans source pour l’instant parce que leurs noms n’ont pas encore été révélés dans ce chapitre (mais ils le seront bientôt!) Je voulais juste reconnaître que les personnages sont là, pour l’instant sans noms, mais qu’ils reviendront ! Avec les bonnes sources !

Haruka et Reiko appartiennent à key-ei et Riku appartient à shxjobrave. Ces deux créateurs ont toute une backstory et des textes et des arts pour leurs personnages donc vous devriez allez voir si vous le pouvez !

Chapter 8: Interlude 4 ~ Nous Ne Désobéissons Pas ~

Chapter Text

Après Beyrouth, tout change encore une fois.

Les scientifiques sont secoués, mais ils s’assurent de garder leur calme devant les Projets. Ils ne s’embêtent pas à rester composés devant les Rainbows, parce qu’ils ne pensent pas en avoir besoin, donc Shuuzou les regarde dans leur agitation.

Il prend l’habitude de porter le masque inexpressif des autres Rainbows. C’est une nécessité, à la fois pour éviter d’attirer l’attention des scientifiques, mais aussi parce que s’il n’est pas vide il serait sûrement en train de crier tout le temps. Ce n’est pas facile d’être à proximité de Miracle, pas comme ça l’était quand il partageait la douleur avec sa Génération. Il a tout le temps mal.

Il comprend que Jabberwocky a eu une mission a Beyrouth, et qu’elle a fini très, très mal. Sept Projets – tout ce qui restait de Jabberwocky – ont été envoyés à Beyrouth, et seuls trois sont revenus. Et peu importe ce qui s’est passé là-bas, ça a fait flippé les scientifiques. Beaucoup.

La dernière mission qui s’est passée aussi mal avait été la mission de Miracle au Caire, pense Shuuzou. Mais au moins la plupart de Miracle était revenu, et ça n’avait pas autant dérangé les scientifiques. Ce qui était arrivé avec Jabberwocky, ça leur avait fait peur.

« On les met aux ordures, » Shuuzou entend les scientifiques dire. « On prend leurs organes– »

« Tu déconnes ? C’était un bain de sang. On en garde rien d’eux. »

« Ce n’est pas comme si la personnalité se transfère avec– »

« Considérant le dédoublement de personnalité qui s’est produit chez 0102, on peut pas en être certains. Débarrassons nous d’eux, brûlons les corps et salons toute la putain de terre. Jabberwocky doit être effacée. »

« Peut-être, » dit un troisième scientifique, et il avait clairement plus d’autorité que les autres. « Mais nous sommes un peu dans un cul-de-sac, chers confrères. Trop de gens sont morts – trop de nos gens sont morts. Nous avons besoin d’acheter un peu bonne volonté, pour ainsi dire. Une grande partie de nos sponsors se retirent, et nous allons avoir besoin de fonds. Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? »

« Vous voulez les vendre ? » glapit quelqu’un. « Ce serait comme vendre à quelqu’un un ours enragé ! Qui serait assez stupide pour– » Il se tait, pensif.

« Exactement, » dit la troisième homme. « Peut-être pouvons-nous faire d’une pierre trois coup. Samezuka veut un Projet, et considérant leur part dans ce qui s’est mal passé, ils pourraient toujours être prêts à… négocier une trêve, si vous voulez. »

« Et les Américains veulent vraiment un Gold, » dit pensivement un autre scientifique. « On pourrait y ajouter le Silver. »

« Même les Américains ne vont pas être assez stupides pour acheter ces deux-là sans un moyen pour les contrôler, » fait remarquer quelqu’un.

Il y a un soupire. « Alors, nous leur vendrons un Rainbow. A un prix très haut. Nous avons besoin de fonds. »

Et Shuuzou sait que sa vie va encore changer. Parce que soyons réalistes – quel autre Rainbow allaient-ils envoyer ?

*

« Prends soin de ta famille, » dit-il au Miracle Red avant de partir.

« Je n’ai besoin de personne pour me rappeler de veiller sur ma Génération, » répond 0102.

Shuuzou sourit. Le Miracle Red dit des choses comme ça à chaque fois que Shuuzou essaye de lui parler de l’importance de la famille. Ça le dérangeait au début – c’était une froideur qu’il détestait chez tous les Miracles. Mais maintenant il pense que ce n’est pas que Miracle n’en a rien à faire, ils ne savent juste pas comment en avoir quelque chose à faire.

Et qui sait ? Peut-être qu’un jour ils apprendront.

« Je sais, » dit-il. « Il n’y a personne de mieux que toi pour diriger les autres. Je te fais confiance. »

Le regard que Red lui envoye est offensé et légèrement hilarant.

*

Pendant sa (toute) dernière nuit à Teiko, il dit enfin aux autres Rainbows ce que Tsukasa lui a dit. Il n’est toujours pas sûr de leur faire confiance, mais il le fait parce que c’est la dernière promesse qu’il a faite à quelqu’un de sa Génération et il ne va pas la trahir.

Les Rainbows accueillent l’information avec le manque de réponse vide qui les caractérise tous.

« Pourquoi nous dis-tu cela ? » interroge 62.

« Parce que j’ai promis à Tsukasa que je le ferais, » répond-il instantanément.

« Et que sommes-nous censés faire de cette information ? Sommes-nous censés empêcher la tentative de Miracle ? »

Cette pensée n’était jamais venu à l’esprit de Shuuzou. Etait-ce ça que Tsukasa avait prédit ? « Teiko doit tomber. »

« Et nous ? » demande 62. « Sommes-nous censés tomber avec eux ? »

La question le surprend, mais seulement parce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un Rainbow la pose. Mais il suppose que même un Rainbow doit avoir un instinct de préservation.

« Peur-être, » dit Shuuzou. « Peut-être qu’on devrait tous mourir. On ne devrait pas exister. Mais, » il pense à tous les Projets. « Mais je veux vire. » Est-ce que Tsukasa voulait que Miracle soit arrêtée ? Pourquoi pensait-il que c’était aussi important que les autres Rainbows sachent ? « Vous pourriez les aidez, » dit-il tout à coup.

C’est toujours impossible pour lui de deviner ce qu’ils pensent rien qu’en les regardant. « Miracle. Vous pourriez les aider à réussir. Ils pourraient– avoir besoin de quelqu’un de leur côté. S’ils vont réussir. »

Est-ce qu’ils voulaient aider Miracle ? Leur premier instinct avait été de les arrêter.

« Ton Gold a dû savoir qu’il allait mourir, » dit 62, faisant tressaillir Nijimura. Il peut toujours sentir le moment où Tsukasa est mort…

« Il savait qu’il allait mourir mais il a vu un futur qui valait la peine de mourir, » continue 62. « Une chose pour laquelle il pensait que même les autres Kings devaient mourir. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut ignorer. »

Shuuzou retient son souffle parce qu’il n’y a jamais pensé comme ça avant et maintenant ça le tue. Tsukasa était mort pour ce futur. Les Kings étaient morts pour ce futur. Et quand il regarde les Rainbows, il sait qu’ils essayent de décider s’ils devraient eux aussi mourir pour ce futur. Et ils le feront. Tsukasa l’a prédit. C’est obligé. Il a vu les Rainbows se sacrifier pour Miracle.

« Vous pouvez faire ce que vous voulez de cette information. Arrêter Miracle, ne pas arrêter Miracle. Quoi qu’il arrive, je suis en Amérique. » Il essaye de ne pas sonner amer à la fin de cet échange. Ça semble injuste que Miracle puisse être libre un jour et pas lui. C’est injuste que Miracle puisse vivre alors que personne d’autre ne le peut. Est-ce que Miracle saura combien de personnes sont mortes pour leur liberté ? Est-ce qu’ils en auront quelque chose à faire ?

62 touche son bras et il la regarde avec surprise. Sa paume est à plat sur son avant-bras gauche.

« Nous n’avons pas d’explosif de sécurité, » dit-elle de sa voix sans ton. « Pas comme les autres Projets. C’était inutile. Nous ne quittons pas l’établissement. Nous ne désobéissons pas. »

« Oui, je sais, » dit Shuuzou, perdu. Il avait eu un explosif mais ils l’avaient enlevé quand ils avaient assassiné sa Génération et qu’ils l’avaient gardé confiné à Teiko. (Et comment, se demande-t-il inutilement, est-ce que Miracle contournera cet obstacle-là ? Il souhaiterait presque être là pour le découvrir).

« Nous avons des traqueurs, » continue 62 comme si elle ne l’avait pas entendu. « Et ils les mettent juste ici. »

« Oh, » dit Shuuzou, baissant les yeux vers sa main sur son bras. Il ne savait pas où étaient les traqueurs. Elle le regarde et après un moment il dit : « Oh. »

Ensuite elle enlève sa main et s’en va. Les autres Rainbows la suivent.

Il ne les revoient jamais.

*

A mi-chemin de Los Angeles il sort un canif qu’il a volé et se l’enfonce plusieurs fois dans le bras. Ça fait incroyablement mal, mais il est un Rainbow. Il a l’habitude d’avoir mal.

Il se faufile hors de la soute de l’avion quand personne ne regarde et disparaît dans les foules de L.A.

Chapter 9: Chapitre 5

Notes:

NdT: Désolée d'avoir mis autant de temps pour poster ce chapitre. 2020-2021 est passée sans que je m'en sois rendue compte. Je me doute que ça a pas été facile pour beaucoup de monde. Et la prochaine année scolaire arrive à grands pas. Je vais essayer de finir la traduction de la série, mais ce sera surement difficile. En tout cas, je vais finir de poster cette fic. Rdv samedi pour le dernier chapitre.

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Nijimura les emmène à l’hôtel le plus proche – qui est seulement à quelques pâtés de maisons de la station-essence. (Mayuzumi suspecte que cette ville toute entière est sur cette seule rue) – et il est si tendu pendant ce temps que Mayuzumi décide de ne pas trop le faire chier pour ne pas avoir parlé plus tôt d’encore une autre Lignée-Héritage qui est apparue. (Il va carrément faire ça plus tard).

« J’aimerai une chambre, » gronde Nijimura à la réceptionniste.

C’est une autre jeune fille, avec des cheveux noirs mi-longs, des yeux marron et une peau marron clair caractéristique des sud-asiatiques.

« Nous n’avons plus qu’une chambre, » dit-elle en les regardant tous les trois.

« Je n’en veux qu’une, » rétorque Nijimura.

« Elle n’a qu’un lit. »

« Je n’en veux qu’un. »

« Pour vous trois ? » dit-elle, septique.

« On sort ensemble, » dit Nijimura.

« Avec lequel ? » demande la fille, plus curieuse qu’autre chose.

« Avec les deux, » claque Nijimura. « Je peux avoir la chambre maintenant ? »

Elle hausse les épaules et commence à taper rapidement sur l’ordinateur. « Vous en avez jamais assez, hein. »

Nijimura se concentre sur la fille, donc il ne voit probablement pas la façon dont Kiyoshi se contracte, même si Mayuzumi l’a remarqué. Mais Nijimura répond avec légèreté : « Non, pas du tout, c’est un amour très partageur. La chambre ? »

« Soyez pas impatient, » répond-elle sèchement, avant de lui donner un jeu de clefs (de vraies clefs, au lieu des cartes que la plupart des hôtels du 21ème siècles utilisent. Mayuzumi est tellement atterré). « Vous êtes dans la chambre 13. »

« Merci, » dit Nijimura, toujours de cette manière sèche qui est à la limite de l’hostile.

« Qu’est-ce que t’as ? » demande Mayuzumi une fois qu’ils sont dans la chambre. Comme promis, il n’y a qu’un lit.

« Elle est de l’Héritage, » dit Nijimura.

« Vraiment ? » dit Mayuzumi, il aurait dû faire plus attention. « Je pensais que t’avais dit qu’elle serait capable de savoir ce que tu es, elle aussi. »

« Elle le sait. Je suis prêt à parier que c’est pour ça qu’il n’y a qu’une seule chambre. Je doute aussi que ce soit une coïncidence que ce soit la chambre treize. »

Mayuzumi décide de ne pas demander. « Eh bien, je ne sais pas vraiment pourquoi tu étais aussi enthousiaste, parce que je ne vais pas partager un lit avec vous deux. »

« On va pas vraiment dormir dedans, » répond Nijimura l’air de rien.

« Pervers. Et je passe, mais amusez-vous bien, Kiyoshi et toi. »

Nijimura ouvre la bouche avant de la fermer. « Ordinairement, j’adorerais échanger de vannes de nature sexuelle avec toi, mais là maintenant, on a des choses plus importantes à faire, donc arrête de me distraire. »

Mayuzumi fait un geste de je t’en pris.

« On dirait qu’on est accidentellement tombés sur la cachette de la lignée-Serpentaire, guidés uniquement par les coordonnées de mes contacts et par la vessie de Chihiro. »

« Je savais que ma vessie servait à quelque chose, » murmure Mayuzumi.

« Comment tu sais que c’est les rebelles ? » demande Kiyoshi, les ramenant sur le sujet. « Et si c’était, tu sais, les autres ? »

« J’imagine qu’on serait morts maintenant si c’était le cas. »

« Oh, » dit Kiyoshi.

« Donc on est là. Hourra, » dit Mayuzumi. « Tu as un plan après ça ? »

« Oui. Vas nous chercher à manger. »

« Si je te donnes quelques centaines de dollars en plus, tu arrêteras de me traiter comme ton serviteur ? »

« Je voulais dire sors et essaye de parler avec des gens. C’est pour ça que je vous ai amené tous les deux, tu te souviens ? Pour que vous parliez à la lignée-Héritage sans que je sois là. Même si je ne dirais pas non, par principe, à quelques centaines de dollars. »

« Je devrais y aller aussi ? » demande Kiyoshi.

Nijimura hésite avant de dire : « Non, pas encore. Je pense pas qu’on devrait tous se séparer pour l’instant. »

« Donc tu m’envoies moi parce que je suis remplaçable, » ronfle Mayuzumi. « Merci. » Il se lève et fait craquer son cou. « Très bien, mais je choisis ce qu’on mange. » Il attrape son porte-feuille et son portable et commence à se diriger vers la porte.

Quand il est à mi-chemin il entend : « Attends. »

Et quelque chose attrape son poignet. Nijimura se tient plus près que ce que Mayuzumi supporte généralement des gens dans son espace vitale, mais ce n’est pas dérangeant.

« Fais attention, » dit Nijimura d’une voix basse. « Tu n’es pas remplaçable. »

Nijimura, décide Mayuzumi, est très tactile. C’est inhabituel. La plupart des Miracles que Mayuzumi a rencontrés n’aiment pas vraiment toucher les gens. Akashi n’aime certainement pas ça. Mais en y réfléchissant, Nijimura n’est pas un Miracle.

« Tout ira bien pour moi, » dit Mayuzumi. Il le sait d’une manière ou d’une autre – Nijimura l’envoie en premier parce qu’il pense qu’il a de meilleures chances à prendre soin de lui-même.

Nijimura déglutit, ne lâchant toujours pas le poignet de Mayuzumi. « Si il y a un problème, tu t’enfuis, OK ? »

« J’ai un bon instinct de survie, » rassure Mayuzumi.

« OK, » dit Nijimura, le lâchant enfin. « Reviens dans une heure. Peu importe si tu as établi le contact ou non. »

« Punaise, t’es chiant, » se plaint Mayuzumi. « J’ai révoqué ton statut de chef de voyage, tu te souviens ? » Mais il sourit, soutenant le regard inquiet de Nijimura. Et puis il sort.

*

Mayuzumi s’assoit dans un McDo tout en ressentant une vague de nostalgie pour son ancien travail. Il passe beaucoup de temps à penser à l’invisibilité.

Il a étudié Kuroko parce qu’Akashi lui a dit d’étudier Kuroko. Changer son style de basket n’était pas aussi différent que ce qu’il aurait pensé : Mayuzumi était déjà assez doué pour ne pas attirer l’attention des gens.

Le truc avec les foules, pense Mayuzumi, c’est que les gens te voient. C’est juste un fait. La clef, c’est de ne pas attirer leur attention. Tout le monde voit des centaines de gens tous les jours et les oublient instantanément, parce que c’est comme ça que l’esprit humain fonctionne. Tu vois quelqu’un, et si cette personne ne présente rien d’inhabituel, tu l’oublies.

Donc toutes choses considérées, c’est très révélateur que pas une seule personne dans le McDo ne regarde Mayuzumi. C’est un homme japonais dans une petite ville au milieu des Etats-Unis. Les gens devraient le remarquer.

Mais tout le monde ne le regarde très délibérément pas quand il se lève et jette ses déchets. Ils ne le regardent pas quand il sort non plus. C’est en fait un peu flippant.

« Salut toi, » appelle quelqu’un en anglais. Mayuzumi voit approcher un homme blond qui lui sourit, qui est probablement à la fin de la quarantaine. « T’as l’air perdu. »

« Je ne suis pas perdu, » répond Mayuzumi, tendu.

« Non, on dirait que non. Je pense que t’es juste là où tu dois être. Je m’appelle Ronald. »

« Chihiro, » répond Mayuzumi, suivant l’approche de l’Américain d’utiliser les prénoms.

« Chihiro, » dit-il, en exagérant la prononciation des syllabes. « C’est dur à dire. Je peux t’appeler Chuck ? »

« Bien sûr. Je vous appellerai Ryuzaki. »

L’homme éclate de rire. « T’es tordant, Chuckie. Maintenant, j’ai besoin que t’appelles ton boss et que tu lui dises de venir ici tout de suite, compris ? »

Mayuzumi commence à appeler le numéro de Masaomi.

*

Il est sur la banquette arrière d’un fourgon quand il commence à se demander pourquoi. Il m’a dit d’appeler Masaomi, donc je l’ai fait, pense l’esprit embrouillé de Masaomi. J’ai dit à Masaomi de venir ici tout de suite et je lui ai donné des coordonnées que je n’avais pas avant. Et ensuite je suis monté sur la banquette arrière d’une fourgon parce qu’un Américain désagréable m’a dit de le faire. Merde, ça ne sonne pas comme quelque chose que je ferais normalement.

Son téléphone est équipé d’un bouton d’alarme. Mais il n’a plus l’air d’avoir son téléphone.

Donc tu t’es fait enlevé, Chihiro, se dit-il Tu as toujours su que c’était une possibilité.

Ce qui est important, c’est de rester calme et de s’assurer que rien ne se voit sur son visage.

Heureusement, il est très doué pour ça.

*

Quand la voiture s’arrête, Mayuzumi se contracte. La portière arrière s’ouvre et Mayuzumi réagit – frappant l’homme à la gorge et se mettant à courir.

« Arrête-toi ! » ordonne l’homme et Mayuzumi s’arrête et hésite pendant cinq secondes avant de penser : Pourquoi tu l’écoutes, cours ! Et il recommence à courir.

Le retard de cinq secondes était tout ce dont l’homme avait besoin ; il tacle Mayuzumi au sol et l’attrape par la nuque.

« Oh, » dit-il, haletant. « Donc t’es l’un de ces types résistants ? J’aurais dû le savoir. Eh bien, au moins ce sera pas une totale perte, même si le plan capote. Je connais un mec qui est super intéressé par les gars comme toi. »

Puis il frappe Mayuzumi sur la nuque, le rendant inconscient.

*

Nijimura est en train de faire les cents pas. Il fait les cent pas depuis une demi-heure. Le truc étrange, c’est, vraiment, le fait qu’il est clairement agité depuis qu’il a envoyé Mayuzumi dehors. Malgré leurs chamailleries, Nijimura doit avoir décidé que Mayuzumi était une autre personne sur laquelle il avait besoin de veiller.

« Je suis sûr qu’il va bien, » dit Kiyoshi, essayant de sonner raisonnable (il pense un peu devoir faire remarquer que Nijimura les a amenés ici pour une raison, mais il ne pense pas que ça aiderait beaucoup).

« Il aurait dû donner des nouvelles depuis le temps, » marmonne Nijimura.

« Peur-être, » dit Kiyoshi. « Peur-être qu’il a eu une rencontre réussie et qu’il ne veut pas l’interrompre. »

« Est-ce qu’on devrait aller le chercher ? » demande Nijimura.

« Pourquoi pas, » offre Kiyoshi. Il se sent légèrement blessé que Nijimura ne l’ai pas envoyé dès le départ, mais seulement légèrement.

« Mais ils ne vont pas bien réagir si je suis là, » dit Nijimura, bouleversé.

« Alors on reste ici. » Il est légèrement amusé parce que, malgré le fait que Nijimura lui parle, il n’est en fait pas un élément nécessaire à cette conversation. Kiyoshi pense que même s’il n’était pas là, Nijimura aurait exactement ce même débat avec lui-même.

Les lèvres de Nijimura se serrent. « Ça fait longtemps. Peut-être qu’on devrait– »

Un coup sur la porte interrompt le train de ses pensées, faisant sauter Nijimura vers la porte. « Enf- » il s’arrête, avec une main sur la poignée et dit : « Teppei, mets-toi derrière moi. » Kiyoshi obéit rapidement, légèrement alarmé.

Nijimura ouvre la porte d’un coup et deux filles se tiennent là – la réceptionniste de tout à l’heure et une fille asiatique avec des lunettes de soleil.

« Quoi ? » gronde Nijimura.

« Votre ami a été kidnappé, » dit la réceptionniste. « On a juste pensé– c’était pas nous, monstre ! »

Elles reculent d’un pas alors que Nijimura se jette en avant. Kiyoshi place une main sur l’épaule de son ami pour l’arrêter. Les filles ne sont pas armées. Si elles font partie de la lignée-Héritage, elles n’ont pas nécessairement besoin d’être armées pour avoir des armes, mais leurs capacités ne fonctionneraient pas sur Nijimura ici présent.

« Qu’est-ce qui lui est arrivé ? » demande Kiyoshi, parlant aux filles.

Elles gardent un œil inquiet sur Nijimura mais elle répondent à la question.

« Un homme appelé Ronald Amos l’a pris, » dit la réceptionniste.

« On vous l’aurais pas dit, » dit l’asiatique. « On était pas obligées, vous savez. Mais Maya pensait que ça pourrait causer plus de complications. Donc maintenant vous savez et notre bonne action de la décennie est faite, et on va partir maintenant. »

« Non, vous partez pas, espèce de– »

Kiyoshi tire une nouvelle fois sur Nijimura, un peu plus fermement cette fois. Nijimura n’a pas encore activé ses capacités pour autant que que Kiyoshi puisse le dire, mais il est assez sûr que les choses ne feront que s’empirer s’il le fait.

« S’il-vous-plaît, nous sommes juste venus pour vous parler, » dit Kiyoshi. « Nous n’allons pas vous faire de mal. Mais si quelqu’un de dangereux a notre ami, ça nous aiderait beaucoup si vous pouviez nous donner un peu plus d’infos. Nous n’allons pas vous embêter, je le jure. »

Cette déclaration est un peu atténuée par la façon donc Nijimura les fusille du regard. Les filles le fusillent du regard en retour.

« S’il-vous-plaît, vous voudriez bien entrer ? » demande Kiyoshi, faisant un geste vers l’intérieur de la chambre. « Nous avons des Twizzlers. Et des Milk Dubs. »

Les deux filles continuent de les observer avec méfiance mais ensuite la réceptionniste – Maya, Kiyoshi devine – soupire et dit : « D’accord. Je pourrais manger des Milk Dubs. »

*

La pièce n’est pas si grande que ça et le lit unique prend une grande partie de l’espace disponible. Les filles se présentent en tant que Maya Kalani et Kei, et elles prennent les deux chaises de la pièces qui sont à côté du bureau.

« Parlez, » dit Nijimura, la mâchoire serrée.

« On était pas obligées de vous dire quoi que ce soit ! » claque Kei. Elle n’a pas enlevé ses lunettes de soleil, ce que Kiyoshi trouve étrange puisqu’ils sont à l’intérieur. « On aurait pu vous laissez attendre. »

« Nous apprécions que vous soyez venues nous parler, » coupe rapidement Kiyoshi, avant que Nijimura ait la chance de gronder autre chose. « Mais ça nous aiderait d’avoir un peu plus d’infos. Qui est Ronald Amos ? Est-il… l’un d’entre vous ? »

Kei ronfle de dérision. « Vraiment pas. Si tu veux dire – est-ce qu’il est de la lignée-Héritage, alors oui, c’est comme ça qu’il a eu votre gars. Mais il fait pas partie de Serpentaire, si c’est ce que vous pensiez. Ronald se préoccupe que de Ronald. »

« C’est pour ça qu’on a pensé qu’on devait vous le dire, » dit Maya, gardant ses yeux fixés sur Nijimura de la manière dont quelqu’un pourrait fixer le cobra dans la pièce pour s’assurer qu’il n’aille nulle part. « Il est pas en bons termes avec l’Héritage, mais il cherche toujours de le monnaie d’échange. Je pense qu’il voulait votre ami parce qu’il veut l’argent de Masaomi Akashi, mais il pourrait aussi impliquer Archer, ce qui en fait notre problème. »

« Comment vous savez pour qui notre ami travaille ? » exige de savoir Nijimura.

« S’il-te-plaît, » balaye Maya. « Pose-moi une question difficile. »

« T’es lignée-Poisson, » dit Nijimura.

Maya hausse les épaules. « Je plaide coupable. »

Les hackers, se souvient Kiyoshi. Même si Nijimura avait expliqué que c’était la manipulation de l’électricité qui les rendait juste bons avec les ordinateurs, au lieu du contrôle technopathe que les Pinks Two comme Momoi Satsuki pouvaient avoir. Ça semblait important pour Nijimura que les Pinks Two étaient supérieurs avec cette capacité.

« Donc il ne va pas faire de mal à Mayuzumi, » coupe Kiyoshi.

Kei incline la tête. « Définis ‘faire du mal’. »

« C’est pas drôle, » bouillonne Nijimura.

« On vous a pas demandé de venir ici, » rétorque Kei. « En fait, vous n’avez fait que ramener des problèmes, donc toutes choses considérées, on devrait juste laisser Ronald tuer votre ami, et vous, et– »

« Archer, » interrompt Kiyoshi, parce qu’il ne fait pas ça, Nijimura pourrait vraiment les attaquer. « Tu as dit que Ronald pourrait impliquer Archer. »

« Oui, » dit Kei avec mauvaise humeur. « C’est juste une pensée que j’ai eu quand j’ai parlé à votre ami plus tôt. Il est un peu résistant, pas vrai ? »

« C’était toi à la station-essence, » dit Nijimura, faisant le lien avant Kiyoshi. « La lignée-Cancer. »

« Quoi, tu veux un bon point ? » répond la fille.

« Qu’est-ce que la résistance de Mayuzumi a à voir avec Archer ? » demande Kiyoshi, essayant toujours d’éviter que la situation n’escalade.

Les deux filles se regardent et haussent les épaules. « Archer a une théorie comme quoi si les résistants existent, la véritable immunité existe aussi, » explique Maya.

« Ça n’existe pas, » dit Nijimura, fronçant les sourcils, et pour la première fois, il n’est pas en colère contre les filles. « La véritable immunité, c’est un mythe. J’en aurais entendu parlé depuis le temps si ça existait. »

« Moi, j’en aurais entendu parlé depuis le temps si ça existait, » corrige Maya. « Et Archer aussi, qui travaille avec Fisher – l’Aîné des Poissons– »

« Ouais, j’ai compris, » dit Nijimura, même si Kiyoshi aurait certainement apprécié l’explication.

« Et à travers le réseau d’archives digitales du monde entier, il n’y a jamais eu de preuve qu’un humain immunisé existe. Mais Archer est convaincu qu’une personne comme ça doit exister. »

« Pourquoi ? » dit Nijimura.

« Parce que tu existes, » dit facilement Maya, haussant un sourcil. « Rainbow existe. Si Teiko a pu créer une fausse capacité psychique d’annulation, alors la véritable immunité doit exister chez les humains. Et Archer en veut un, et jusqu’à ce qu’il mette la main sur l’un d’eux pendant ce temps il collectionne les résistants. »

« Qu’est-ce qu’il fait d’eux ? » s’exclame Nijimura.

« Je sais pas et je m’en fous, » dit Kei.

En même temps, Maya ajoute : « J’ai entendu dire qu’il les disséquait et qu’il créait un genre de sérum. »

« Mais on ne veut pas d’Archer ici et honnêtement, si vous amené l’attention d’Archer sur cette ville je vais être tellement en rogne, » dit Kei.

« Dîtes-moi où ce Ronald est et ce sera pas un problème, » dit calmement Nijimura.

Les deux filles l’observent avec méfiance et Kiyoshi ne peut pas vraiment leur en vouloir cette fois. Il y a quelque chose à propos du calme de Nijimura qui suggère fortement qu’il a une approche très précise en tête pour s’assurer que Ronald n’appelle pas Archer.

« En fait, » dit lentement la lignée-Cancer, « je pense qu’il y a quelque chose que vous pouvez faire pour nous. Du donnant-donnant si vous voulez. »

« Kei ! » siffle Maya. Kiyoshi devine qu’elle sait ce dont parle son amie et qu’elle n’approuve pas.

« Très bien, » dit Nijimura. « Dîtes-moi où est notre ami et je ferai tout ce que vous voulez. »

Kei plisse les paupières. « Non. Comment on pourrait te faire confiance ? T’es l’un de ces monstres annulateurs. Si on te dit où est ton ami tu pourrais revenir et tous nous tuer. »

« Ou je pourrais tous vous tuer maintenant, » dit doucement Nijimura.

Kiyoshi sursaute en entendant ça. C’est comme si l’air avait changé, et que la personne debout à côté de lui était un étranger. Quand ils étaient à la station-essence pendant l’attaque des Scorpions, Kiyoshi avait pensé la même chose : Je ne connais pas cet homme.

C’est quelque chose de facile à oublier – que Nijimura était à Teiko. Comme les Miracles, il est dangereux.

« Alors tu retrouveras jamais ton ami, » dit platement Kei, ne battant pas en retraite. « Et Ronald le vendra à Archer, qui le découpera probablement en mille morceaux. »

« S’il-vous-plaît, » dit Kiyoshi, désespéré de changer l’atmosphère de la pièce. « Vous voulez qu’on fasse quoi ? »

« Pas toi, » dit Kei avec un ronflement moqueur. Elle fait un mouvement sec du menton vers Nijimura. « Lui. L’un de son espèce a tué un de nos amis. Son meurtrier est probablement encore ici, et si ce mec s’en débarrasse pour nous, alors on vous dira où Ronald retient votre ami. »

« Il n’y a pas ‘de mon espèce’, » dit amèrement Nijimura. « Les Rainbows sont morts à Teiko. »

« J’ai pas dit Rainbow, pas vrai ? » défie Kei. « C’était un monstre de Teiko, c’est ce que je voulais dire. »

« Oh, s’il-vous-plaît, » dit Nijimura. « Il y a pas d’autres Projets de Teiko aux Etats-Unis. »

Ce qui, pense Kiyoshi, n’est pas entièrement vrai, et Nijimura le sait. Mais puisque les seuls autres Projets de Teiko aux Etats-Unis sont enfermés à Providence, Kiyoshi est prêt à admettre que ça ne sert à rien pinailler.

« Eh bah, y’en a au moins un, » dit Maya.

« Qu’est-ce qui t’en rend si sûre ? »

« On a trouvé le corps de Ryan, » répond Maya, déglutissant. « Le légiste a dit qu’il était mort depuis au moins une semaine quand on l’a trouvé. »

« Et alors ? » dit Nijimura.

« Alors on venait de lui parler ce matin-là, » répond Maya.

« ...Oh, » dit Nijimura. « Il y a sûrement une lignée-Héritage qui peut faire ça... »

« Bien essayé, mon pote, » dit Kei. « La seule lignée-Héritage qui peut se métamorphoser c’est la lignée-Capricorne, et eux ils se transforme que légèrement en poissons. C’était un Yellow Six. Obligé. »

« Et il est probablement toujours là, » dit Maya mal à l’aise. « Honnêtement, la seule raison pour quoi on a décidé de venir ici, c’est parce qu’on savait que toi t’étais pas le Yellow Six. On a cette certitude avec personne d’autre. »

Nijimura soupire. Il n’essaye pas de dire que ce impossible qu’un Yellow Six soit ici à tuer des gens, ce qui pousse Kiyoshi à croire que Nijimura doit savoir que c’est une possibilité.

« OK, écoutez, je vous promets que je m’en occuperai, » dit Nijimura. « Mais je peux pas me permettre de perdre de temps. Mon ami– »

« Alors tu ferais mieux de régler notre problème rapidement, pas vrai ? » dit Kei.

Il y a un autre de ces moments où Kiyoshi est légèrement inquiet que Nijimura soit sur le point de faire quelque chose d’incroyable violent. Kiyoshi est soudainement content d’être venu avec lui pour ce voyage, parce qu’il a l’impression que c’est seulement sa présence qui empêche Nijimura de retomber dans son ancien entraînement.

Les filles semblent le sentir aussi, et d’après leurs apparences, elle n’ont pas été entraînées au combat depuis l’enfance.

« Il fera pas de mal à votre ami, » dit rapidement Maya. « C’est pas son style. Tant qu’il pense que votre ami peut lui apporter de l’argent, il va rien lui faire. »

« Tant qu’il a de la valeur, » répète Nijimura. « Et après ça, quand Ronald décide qu’il n’en a plus ? »

« Ça prendra pas autant de temps, » dit Maya. « Cette nuit on a une– une sorte d’assemblée générale. S’il y a une imposteur parmi nous, il sera à cette réunion. Tout ce que tu as à faire, c’est te montrer, nous dire lequel est le Yellow Six, et voilà. »

« Et si l’imposteur n’est pas à cette réunion ? » demande Nijimura.

« On te dira où es ton ami, » dit Maya, avant que Kei puisse intervenir avec ce qui n’est probablement pas une réponse aussi généreux.

« D’accord, » dit Nijimura, une note d’amertume dans sa voix. « Pourquoi pas ? J’ai toujours nettoyé le bordel de Teiko. C’est ce pourquoi je suis là. »

Il plie et déplie ses doigts, ayant l’air d’essayer de rester composer. Ensuite, avec beaucoup de nonchalance, Nijimura dit : « Si Chihiro meure je vais massacrer votre ville toute entière. »

Même Kiyoshi n’est pas certain que ce soit du bluff.

*

Mayuzumi se réveille menotté à une chaise de salle à manger.

Ce n’est pas la situation la plus optimale, mais il se dit que ça aurait pu être bien pire.

« Oh, c’est bien, t’es réveillé. Je commençais à m’inquiéter de t’avoir frappé trop fort. »

Mayuzumi fixe ses yeux mal réveillés sur Ronald, mais ensuite il se remet à détailler ce qui l’entoure. On dirait qu’il est dans l’un de ces films d’horreur américains – où la maison est assez normale toutes choses considérées avec juste quelques décorations qui sont juste assez étranges pour que les spectateurs sachent que c’est une maison de mort flippante et que les cinq ados cons qui se sont retrouvés dans ce chalet vont mourir. Dans ce cas, c’est la quantité de choses mortes empaillées et accrochées au mur, ou le portant à armes à feu, et les meubles de bois sculpté qui créent une image vraiment flippante.

« J’adore ce que vous avez fait de l’endroit, » dit gaiement Mayuzumi.

« Merci, ma femme aime décorer. »

« Oh, il y a une Madame Maison de Mort Flippante ? C’est cool. »

Ronald sourit comme un homme qui n’est pas entièrement sûr de s’il est en train d’être insulté. « Ecoute, Chuck, j’ai vraiment rien contre toi, » dit-il avec une voix traînante sincère. « Mais j’ai entendu la petite lingée-Poisson dire que tu travaillais probablement pour Masaomi Akashi, et je savais que je pouvais pas laissé cette opportunité filer. »

Lignée-Poisson. Les hackers. On repassera pour les plans bien pensés de Masaomi.

« Oh non, je ne vous en voudrais jamais pour ça. Qu’est-ce qu’un petit kidnapping entre hommes d’affaires ? » demande Mayuzumi.

« Exactement, » sourit Ronald. « C’est que les affaires. »

« C’est quoi exactement, votre plan ? Une rançon ? » demande Mayuzumi. Masaomi paierait probablement la rançon. Et ensuite il irait détruire cet homme et tout ce à quoi il tient, et au moins Mayuzumi pourra apprécier cet instant.

« Je pensais plus quelque chose du genre il me donne son argent et tout ce qu’il possède. »

Mayuzumi ne peut pas s’en empêcher – il éclate de rire. Ronald fronce les sourcils parce qu’il est clairement le genre d’hommes qui n’aiment pas qu’on se moque d’eux, peu importe la situation.

« Vous vous attendez à ce qu’il vous donne juste tout son argent ? » demande Mayuzumi.

« J’ai juste besoin qu’il soit là, » dit Ronald, montrant les dents. « Je peux être très convainquant. »

« Donc je suis l’appât ? » s’exclame Mayuzumi, toujours incrédule.

« Eh bien tu étais l’appât. Maintenant t’es mon plan B. Je connais un mec qui est vraiment intéressé par les types résistants comme toi. Archer payera une bonne somme pour toi. »

« Archer comme Kenji Yamazaki ? » lâche Mayuzumi sans réfléchir.

Ronald incline la tête. « Comment tu connais un nom comme celui-là ? »

« Je sais beaucoup de choses. Pourquoi il veut des gens résistants ? »

Ronald hausse les épaules. « Il veut un humain immunisé. J’sais pas pourquoi. Ça me semble un peu pervers, mais vous les Japs vous êtes chelous. »

Mayuzumi est d’avis que les gens qui vivent dans des maisons flippantes pleines d’animaux morts n’ont pas le droit de dire ce qu’ils trouvent flippant, mais il garde ça pour lui. Il se demande aussi combien de stéréotypes de salaud un homme a le droit de remplir. (C’est comme une check-list : Animaux morts dans la maison, check. Raciste, check. Mayuzumi parie que Ronald est aussi homophobe et qu’il aime frapper les chiots). Il y a plusieurs de couches d’ironie là-dedans mais Ronald ne pourrait pas comprendre. « Aussi content que je le sois d’avoir apparemment de la valeur par moi-même, je suis toujours un peu perdu à propos de la première partie de votre plan. Vous pensez vraiment que Masaomi Akashi va juste rappliquer en Amérique parce que je lui ai demandé au téléphone ? Pourquoi vous penser qu’il ferait ça pour un employé ? »

« Je sais pas pourquoi exactement, » dit pensivement Ronald. « Ça a pas de sens pour moi, c’est sûr. Sauf s’il te baise comme un genre de pervers, ce qui est la seule raison que je peux trouver. » Mayuzumi résiste à l’envie de vomir. C’est vraiment ce que tout le monde pense ? (Aussi, check. Ça fait du bien d’avoir raison sur les stéréotypes de salauds). « Dans tous les cas, on peut tous les deux lui demander quand il arrive, puisque d’après mes caméras de sécurité qu’il est en train de se garer dans mon allée. »

« Quoi ? » dit Mayuzumi, certain d’avoir mal compris quelque chose.

« Je suppose que je devrais aller le saluer, pas vrai ? » dit joyeusement Ronald. « Toi, tu bouges pas, Chuck. » Et comme un loser, il rit à sa propre mauvaise blague alors qu’il sort.

*

Environ quinze minutes plus tard, Masaomi et Akane ont tous les deux rejoints Mayuzumi à la table, menottés à leurs chaises.

« C’est quoi ce bordel ? » siffle Mayuzumi. Ronald n’est pas dans la pièce pour l’instant (pas que ce soit vraiment important, puisque Mayuzumi doute grandement que cet homme parle japonais).

« Je ne vois pas pourquoi tu es aussi indignée, Pêche. C’est toi qui t’es fait prendre en premier, » fait remarquer Masaomi.

« Et ça aurait dû être évident que c’était un piège quand je vous ai appelé ! » dit Mayuzumi.

« Bien sûr que c’était évident, » dit joyeusement Masaomi. « C’est pour ça que je suis venu. Tu pensais pas que j’étais venu pour une raison ennuyeuse, pas vrai ? »

« Donc il y a des renforts qui viennent ? » s’illumine Mayuzumi.

« Oh non, il n’y a que nous. Pas vrai, Akane-chan ? »

« Masaomi-san pensait que c’était pour le mieux si nous ne disions à personne où nous allions, » dit Akane, ayant l’air particulièrement ennuyée par leur capture. Cela dit, c’était son expression habituelle, mais Mayuzumi espère un peu que ce qui se passe la déconcerte.

« Pourquoi ? » demande Mayuzumi, la mâchoire serrée.

« Parce que tout ça implique des accords pas très nettes, » dit directement Masaomi. « Le moins de personne sont au courant, le mieux c’est. »

« Et comment vous êtes arrivés aussi vite ? » demande Mayuzumi avec suspicions. « Vous étiez déjà en Amérique ? »

« Euh. Tu me croirais si je disais que j’étais juste dans le coin ? »

Mayuzumi n’est pas entièrement sûr de pourquoi ça le dérange tellement. Peut-être parce qu’il ne peut pas s’empêcher de penser que cette aventure a été une perte colossale de temps. « Vous me suiviez. »

« On te traquait, » corrige Masaomi. « Il y avait quoi au Nouveau-Mexique ? C’était un détour pour y aller. »

« Si vous vouliez traquer la Lignée-Héritage tout seul vous auriez pour le faire vous-même, » dit Mayuzumi.

« Ne sois pas ridicule. Le gosse Rainbow ne m’aurait jamais emmené moi pour un road-trip. Tout d’abord, tu peux imaginer à quel point ça aurait été gênant pour un homme d’âge moyen de cohabiter avec un groupe de gosses de la vingtaine ? »

« Et maintenant on est tous kidnappés ensemble, » dit Mayuzumi. Il ne peut pas en dire plus parce qu’une belle femme blonde entre dans la pièce, tenant un pichet de limonade.

« Vous devez avoir soif, » dit-elle. « Ronald m’a dit que je devrais vous ramener quelque chose à boire. »

« Vous devez être Madame Maison de Mort Flippante, » dit Mayuzumi. Elle le fixe d’un air vacant.

« Merci pour votre hospitalité, » dit Mayuzumi.

« Oh, oui, de rien. » Elle leur verse à tous un verre de limonade avant de quitter la pièce. Ils fixent tous les trois les verres en face d’eux. Ils sont toujours menottés à des chaises.

« Femme charmante, » dit Masaomi.

« Est-ce que vous avez un plan ? » demande Mayuzumi.

« Pas le moins du monde ! » sourit Masaomi. « Comment je pourrais en avoir un ? Je n’avais aucune idée de ce dans quoi je me laçais. Et une lignée-Héritage hypnotique, c’est pas mal. Je me demande laquelle c’est. »

« Bélier, » dit Mayuzumi d’un air absent.

« Ah, il te l’a dit ? »

« Non, mais il y a des têtes de béliers gravées dans tous les meubles de bois flippants. »

« Que c’est malin de ta part, » dit Masaomi, en regardant autour de lui. « Je dois l’admettre, j’étais plus fasciné par les choses mortes accrochées au mur. C’est quoi le truc des Américains avec les animaux morts ? »

« Je crois que c’est une démonstration des prouesses de chasses, Masaomi-san, » explique Akane.

« Ah ! Je dis toujours que la chasse n’est pas un sport sauf si– »

« Ce n’est pas le moment, Masaomi-san. »

« Oh, très bien. Hey, Pêche, pourquoi t’as l’air si déprimé ? »

« Notre hôte n’aime pas quand ses capacités se dissipent, » dit Mayuzumi, abandonnant complètement la possibilité de faire en sorte que Masaomi prenne la situation au sérieux. Si Akane n’essaye pas pus fort de le garder concentré, alors ça ne doit être si sérieux que ça.

« Ça se dissipe rapidement, n’est-ce pas ? » dit Masaomi avec triomphe. « Je l’ai remarqué aussi – c’est plus comme une suggestion subconsciente, comme un véritable hypnotisme. L’Ordre Absolu est bien plus puissant. »

Mayuzumi le regarde bouche-bée. « Est-ce que vous êtes en train de vous vanter de votre fils ? »

« Quoi ? Bien sûr que non ! Je dis juste, la supériorité de l’Ordre Absolu sur l’hypnotisme est un véritable témoignage du triomphe de la science sur la sélection naturelle. »

« Vous êtes en train de vous vanter de votre fils. Vous vous vantez que votre fils a des capacités de manipulation mentale. »

« Je ne fais que dire des faits objectifs, ne t’excite pas, Pêche. »

Mayuzumi est épargné de devoir répondre par le retour de Ronald et de sa femme.

« Désolé de vous avoir laissés seuls pendant aussi longtemps, les amis. Je devais préparer la paperasse, » dit Ronald, semblant extraordinairement content de lui.

Il s’assoit à la table en face de Masaomi et pousse une poignée de feuilles de papier vers lui. « Je vais avoir besoin que tu signes ça. »

« Comment, exactement ? En utilisant le pouvoir de mon esprit ? »

« Evidemment, que c’est bête de ma part. Honey, enlève-lui les menottes. Seulement une main, c’est ça ma chérie. Maintenant, Masaomi, signe tous ces papiers qui déclarent que je possède tous tes biens. »

*

Nijimura a toujours l’air d’être sur le bord de l’homicide, et Kiyoshi n’est pas vraiment sûr de ce qu’il peut dire pour le faire se sentir mieux. « Mayuzumi sait se débrouiller, » essaye-t-il. « Je suis sûr qu’il va bien. »

Les lèvres de Nijimura se crispent. « S’il meure, ce sera ma faute. Et Teppei– tu ne devrais même pas être ici. Tout ce truc, c’était une erreur. »

Kiyoshi ne peut même pas se sentir rancunier de ce commentaire. Il ne devrait pas être ici. Mais ce n’est pas la faute de Nijimura, c’est entièrement la sienne. En fait, Nijimura avait fait de son mieux pour lui dire que ce serait dangereux, et c’était comme si Kiyoshi ne l’avait pas cru. Ou peut-être qu’il s’en fichait.

Mais Mayuzumi avait été kidnappé, et ils sont – eh bien, pas exactement aux mains des ennemis, mais pas entièrement sains et saufs non plus. Alors qu’ils se dirigent vers un endroit secret avec des gens qui pourraient avoir une raison de les tuer, Kiyoshi commence à penser à toutes les choses auxquelles il aurait vraiment dû penser plus tôt, quand Nijimura lui a dit la première fois que ce serait dangereux.

Et si tu ne retournes jamais au Japon ?

Il a passé tellement de temps à essayer d’éviter de rentrer mais il n’avait jamais pensé à comment ce serait s’il ne revenait jamais. Ses grands-parents seraient absolument dévastés – ça pourrait tuer son grand-père, qui a un cœur fragile.

Alexandra Garcia se sentirait également énormément coupable. Elle l’avait emmené aux Etats-Unis pour l’aider, et elle était très généreuse, malgré son apparence fière et vantarde. Elle ne se pardonnerait jamais même si c’est entièrement la faute de Kiyoshi.

Il ne jouerait plus jamais au basket avec Seirin. Il n’a même pas eu l’occasion de dire au-revoir aux Premières Années qui sont maintenant des Deuxièmes Années. Ou de rencontrer les nouveaux Premières Années qui ont l’air d’être un groupe intéressant même s’il n’y avait pas de surprises inattendues comme Kagami ou Kuroko.

Et. Il ne reverrait plus jamais Hyuuga ou Riko. Il n’a jamais eu l’occasion de dire à l’un ou à l’autre ce qu’il ressent – il n’a jamais pu embrasser même un seul d’eux, et ça semble plutôt injuste maintenant. Même si, s’il avait une préférence sur le sujet, ça aurait été bien de les embrasser tous les deux au moins une fois avant de mourir.

« Et si le Yellow Six n’est pas là ? » dit fort Nijimura. « Est-ce que je suis censé rencontrer tous le monde dans ce bled paumé un par un pour vérifier qu’ils ne sont pas des métamorphes ? »

« Ce nous aiderait immensément, merci, » dit Kei.

Kiyoshi est persuadé que ce sera un miracle s’ils s’en sortent sans que Nijimura ne frappe personne.

« Ecoute, t’as rien à faire, juste à nous le montrer du doigt, » dit Kei.

« Je veux dire, tout le monde va savoir qui tu es, et ça va pas bien passer, » dit Maya rapidement. « Donc si tu pouvais être aussi discret que possible, ça nous aiderait beaucoup. »

« C’est stupide tout ça, » dit Nijimura alors qu’ils ouvrent les portes. « Sans mentionner que c’est une perte colossale de temps. Je sais pas pourquoi vous penser que ça va être facile, je– oh, c’est lui. L’homme avec les lunettes, cheveux gris. »

Les deux filles et Kiyoshi se tournent vers là où Nijimura montre du doigt l’air de rien, mais ils n’ont pas besoin de faire ça. L’homme jette un regard à Nijimura et commencer à hurler.

*

Tout se passe bien plus rapidement que ce à quoi Kiyoshi se serait attendu. Il y a une flash de jaune et ensuite il y a une fille très belle (et au visage très familier) avec des cheveux jaunes et des yeux jaunes qui essaye de faire son mieux pour fuir dans une pièce bondée.

Elle ne va pas très loin – le peu de gens qui fusillaient l’apparition soudaine de Nijimura du regard semblent reconnaître la menace la plus grande et ils se referment sur elle rapidement. Elle se débat mais son cœur n’y est pas. Finalement, ell se laisse tomber au sol, en pleures, et même les gens qui la retiennent la regarde avec pitié.

« Pourquoi ? » dit-elle. « Pourquoi toi tu existes toujours ? »

Le visage de Nijimura se durcit une nouvelle fois – le transformant en cet étranger froid que Kiyoshi reconnaît à peine.

« Bonjour, 623, » dit-il, sa voix tendue. Elle sursaute au son de sa voix, tout son corps tremblant alors qu’elle sanglote.

Kiyoshi ressent une quantité immense de tristesse pour elle. Il se souvient vaguement que toutes choses considérées, elle a probablement tuer un homme, peut-être deux considérant qu’elle a l’apparence de quelqu’un de nouveau, et qu’elle n’est pas exactement quelqu’un qui mérite beaucoup de pitié. Mais quand même. Il a de la pitié pour elle.

« Maya, Kei, qu’est-ce que ça signifie tout ça ? » demande une femme au visage sévère.

« On pensait qu’il y avait un Yellow Six dans le coin, » dit Kei en haussant les épaules. « On avait raison. »

« Et lui ? » Tout le monde regarde Nijimura.

« Ça va être dur à croire, étant donné les circonstances, mais je vous l’assure, ma présence en même temps qu’elle était une pure coïncidence. »

« C’est plutôt une grosses coïncidence, » dit quelqu’un, septique. Nijimura ne fait qu’hausser les épaules comme pour dire, Qu’est-ce qu’on peut y faire ?

« Je suis là, que vous me croyiez ou non, pour essayer de négocier une alliance entre Serpentaire et Providence. Mais pour l’instant, j’ai des choses plus pressantes à régler, et je crois qu’on avait un accord ? » Il se tourne vers Kei.

Elle redresse le menton. « Il vit à Ramtop – la seule maison sur la colline, tu peux pas la manquer. »

« Merci. Teppei ? »

« Il reste ici, » dit Kei.

Nijimura devient immobile et froid encore une fois. « Là, ça ça ne faisait pas partie de notre accord. »

« Nous n’en avons pas fini ici, » dit Kei, montrant du doigt le Yellow Six qui est toujours en train de pleurer sur le sol. « Et je te fais pas confiance pour pas chopper ton ami et partir. Si lui il reste ici, on sait que tu vas revenir. »

Nijimura s’avance et Kiyoshi place une main sur sa poitrine, pour l’arrêter. « C’est bon, Shuuzou. Ça me dérange pas. Je leur fais confiance, ils vont pas me faire de mal. »

Kiyoshi peut voir la mâchoire de Nijimura se serrer alors qu’il pèse ses options. Ce qui est étrange, c’est que son visage devient impassible plus il réfléchit, et Kiyoshi commence à reconnaître le froid et l’impassibilité comme un masque pour sa fureur.

« C’est vraiment bon, Shuuzou. Tu dois aller sauver Mayuzumi-san. Je te promet que tout ira bien. » Ce n’est pas une promesse qui est vraiment en son pouvoir de tenir et ils le savent tous les deux, mais Kiyoshi pense que tant qu’il reste composé il peut s’assurer que Nijimura ne fasse rien qu’ils regretteront.

« OK, Teppei, » dit silencieusement Nijimura. Il regarde Kei, en tant que porte-parole par défaut. Il ne dit rien – il ne lance plus aucune menace, il ne dit même pas au-revoir. Kiyoshi est persuadé qu’il ne serait pas capable de partir s’il disait quoi que ce soit. Donc Nijimura se tourne simplement et part.

Kiyoshi relâche son souffle et il est persuadé de ne pas être le seul. L’air autour de Nijimura était assez intense. Il regard Kei et sourit faiblement. « Eh bien, après tout ça, j’espère vraiment que vous allez pas me tuer. »

« Non, » dit Kei, considérant ça. « Mais on va devoir te mettre dans la prison de la ville. Juste le temps que ton ami revienne, tu comprends. » Elle baisses les yeux vers le Yellow Six, qui ne pleure plus, mais qui tremble toujours. « On va vous mettre dans des cellules séparées. »

« Mais notre prison commence à se remplir, » dit Maya. « Ça va être une réunion vraiment gênante. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demande Kiyoshi, fronçant les sourcils et n’aimant vraiment pas le concept de ‘prison’.

Maya hausse les épaules. « On a eu quelques nouveaux habitants ce matin. Ça a été quelques jours assez stressants. »

Kiyoshi n’est pas certain de ce que ça signifie, mais il a un très mauvais pressentiment à propos de tout ça.

Ce mauvais pressentiment se prouve être justifié quand il voit ses compagnons de cellules.

C’est Ivan et Vy.

*

Mayuzumi souhaiterait que l’acte de Masaomi cédant sa fortune d’une signature ne soit pas aussi horrifiant, sauf qu’il est convaincu que ça signifie qu’ils vont tous mourir bientôt.

Ronald rassemble les papiers avec une étincelle triomphante dans les yeux. Masaomi cligne des paupières alors qu’il reprend le contrôle de lui-même.

« Hm, ça ne dure pas aussi longtemps que l’Ordre Absolu non plus, » dit Masaomi. « Vraiment, Mr. Amos, vous devriez vous intéresser à des améliorateurs de performance. La science prendra soin de ça pour vous. »

« J’ai fait le travail, pas vrai ? » rétorque Ronald, ses yeux brillant de colère aux sous-entendues de Masaomi.

« Hm. Akane-chan, est-ce que je viens de céder tous mes biens ? »

« Oui, Masaomi-san, vous l’avez fait. »

« Huh. Tu lui as dit que ça ne marchera jamais ? »

« Il n’a pas demandé, Masaomi-san. »

Ronald se fige, inquiet. Puis il pousse un ronflement moqueur. « Bien essayé. Ce sont des documents notariés. Ils vont marcher. »

« Oh, OK, » dit Masaomi, levant les yeux au ciel. « Continue, alors. »

« Ils vont marcher ! » dit Ronald.

Masaomi ne fait que rire. « Est-ce que tu sais avec qui je vis ? Allez, mon gars. Réfléchis-y. »

« Ce monstre de Teiko, » dit Ronald avec irritation. « Qu’est-ce que ça a à voir avec nous ? »

Masaomi pousse un soupire très profond et interminable – le genre de soupire qui indique qu’il est fatigué de parler avec des gens qui ont une intelligence faible. « Ça veut dire que je vis avec quelqu’un qui, à n’importe quel moment, pourrait m’Ordonner de faire tous genres de vilaines choses, et que j’ai pris certaines précautions que certaines choses comme, oh, disons, ma signature sur un document où je céderais toute ma fortune et tous mes biens, soit totalement bidon en terme de vraiment céder ma fortune. »

« C’est votre fils, » dit Ronald, perplexe.

« Je te l’assure, il se sentirait insulté si je rendais les choses faciles pour lui. En fait, ma signature est pratiquement sans valeur ces derniers temps. Tout ce qui est vaguement légal implique un processus tellement complexe que je ne comprends même pas ce qu’il implique totalement. Je ne pourrais littéralement pas céder ma fortune avec une signature si je le voulais, c’est pas vrai ? Akane-chan ? »

« C’est exacte, Masaomi-san. J’ai pris beaucoup de mal à m’assurer que vous ne puissiez pas accidentellement mettre en faillite votre compagnie et ses millions d’employés. »

« C’est toujours une inquiétude ! Je prends des décisions très imprudentes– »

Un hurlement interrompt Masaomi alors que Ronald jette les papiers au sol avant de pointer sur pistolet directement à la tête d’Akane.

« Toi t’as l’air de savoir comment ça fonctionne alors. Dis-moi comment je peux avoir son argent, » exige Ronald.

« Vous comprenez toujours mal la situation, » dit Akane calmement ; et personne ne pourrait deviner qu’il y a un pistolet pressé contre sa tempe. « Il n’y a aucun façon de faire ça. Si vous aviez demandé une rançon, Masaomi-san aurait pu retirer de l’argent à la banque, mais c’est légalement impossible pour lui de céder ses biens avec une signature. »

Mayuzumi est terrifié, même si Akane ne l’est pas. Il croit sincèrement que Ronald va tirer sur Akane, et ensuite probablement sur lui, et ensuite sur Masaomi. Comme Akane, il est convaincu que rien ne se voit sur son visage, mais à part avec une intervention miraculeuse, il n’est pas sûr de comment ils peuvent s’en sortir.

Les mains de Ronald tremblent – pas de peur, mais d’une fureur à peine contenue. Il est à quelques secondes de tirer sur Akane en pleine tête, et personne ne l’arrête. Même sa femme fixe le vide d’un air vacant, comme si elle s’ennuyait.

« Eh bien, d’accord, » dit Ronald, baissant son arme. « Je peux au moins tirer cinq mille d’Archer pour le gosse. J’ai pas encore décidé pour vous deux, mais c’est pas une perte. »

« Archer serait Kenji Yamazaki, exact ? » demande Masaomi, sonnant un peu trop nonchalant. « Il a une prédilection pour acheter de beaux jeunes hommes ? »

« Qui sait ? » dit Ronald avant de quitter la pièce une nouvelle fois.

« Il achète des résistants, » dit Mayuzumi l’air de rien, la banalité de cette phrase aidant à masquer sa propre horreur face à cette situation. « Je ne pense pas qu’il sache comment identifier R1-HK1 pour l’instant. »

« J’espère bien, c’était du codage génétique de qualité, si je peux le dire moi-même, » dit Masaomi. « Pourquoi il voudrait des résistants ? Vous faites pas grand-chose. »

« Apparemment, il cherche un humain immunisé. Immunisés aux interférences psychiques, » clarifie-t-il en voyant l’expression perdue de Masaomi.

« Un humain immu– ça n’a aucun sens ! Tu pourrais en créer génétiquement, je suppose, mais ça devrait être un pouvoir psychique en soi– »

« Les Rainbows, » offre Mayuzumi.

« Oui, naturellement. Quoi, il pense que des milliers d’années d’évolution humaine auraient juste produit un humain immunisé sorti de nulle part ? R1-HK1 ne fonctionne même pas comme ça. Je pense même pas que ce soit possible. Un humain immunisé aurait– »

Masaomi arrête abruptement de parler. Mayuzumi l’a déjà vu faire ça – son cerveau fonctionne à plusieurs niveaux complètement différents et il peut intégrer une quantité intense d’informations. Il travaille actuellement sur cinq couches d’informations génétiques, de math et de probabilités statistiques. « Pourquoi il en veut un, de toute façon ? » demande Masaomi quand il recommence à parler.

« Aucune idée, » dit Mayuzumi. « Mais apparemment il en veut un vraiment fort. »

« Hm. Akane-chan, quand on retourne au bureau, vois pour trouver un humain immunisé, tu veux ? »

« Oui, Masaomi-san. Je le mettrai sur mon calendrier. »

« Quoi, vous allez lui en vendre un ? » demande Mayuzumi.

« Ne sois pas absurde, Pêche. La clef de n’importe quelle bataille, c’est trouver ce que ton ennemi veut et de t’assurer de l’avoir. Si Yamazaki Kenji veut un humain immunisé, je vais m’assurer d’en trouver un en premier, n’est-ce pas ? »

« C’est un plan excellent, » dit Mayuzumi. « Je ne peux pas m’empêcher de faire remarque qu’il a le léger hic que nous sommes tous menottés à des chaises et qu’on va probablement mourir bientôt. »

« Oh, maintenant tu es juste stupide, » dit Masaomi. « Je te paye pour être plus intelligent que ça, Pêche. »

« Donc on ne va pas mourir ? » Mayuzumi doit l’admettre, il se sent bien mieux avec l’assurance de Masaomi. Si Masaomi pense qu’ils vont s’en sortir, alors ils vont probablement s’en sortir.

« Eh bien, moi non. Il n’y a que deux façons acceptables pour moi de mourir, et ce n’est pas l’une d’entre elles. »

Mayuzumi ressent un effroi grandissant. « J’ai l’impression que je vais regretter de poser la question, mais ces deux morts ‘acceptables’ seraient… ? »

« La première est si j’ai transféré ma conscience sur un système d’intelligence artificielle, atteignant ainsi l’immortalité malgré la décomposition inévitable de ma chaire mortelle. »

« ...Naturellement... »

« La seconde est si Seijuurou me tue. Peu importe laquelle arrive en premier. »

« Que votre fils vous tue est une façon acceptable de mourir ? » s’exclame Mayuzumi. « Vous voulez qu’il vous tue ? »

« Bien sûr que non ! Mais je refuse d’être tué par quelqu’un qui n’est pas mon égal, et Seijuurou est le seul à être un adversaire digne de ce nom. »

« Vous… me dérangez, » dit Mayuzumi.

« Tu n’es pas le premier à me dire ça, » dit Masaomi. « En tous cas, je ne peux pas mourir maintenant. Si je meure sans avoir rencontré le petit-ami de Seijuurou, Seijuurou gagne, et putain si je vais laisser ça arriver. »

« Vous n’avez pas rencontré Furihata ? » dit Mayuzumi, surpris.

Masaomi tourne immédiatement la tête vers lui. « Toi, tu l’as rencontré ? »

« Bien sûr, » dit Mayuzumi en haussant les épaules. « C’est un gosse gentil. J’ai aucune idée ce qu’il voit chez votre fils. »

« Oh, pour l’amour de– c’est pas juste. »

Rencontrer Furihata avait en fait été un accident, les ayant croisé tous les deux dans une librairie à Kyoto. Akashi n’avait pas été content que cette rencontre ait eu lieu. Mayuzumi sait qu’Akashi ne veut pas que trop de gens rencontrent Furihata, surtout pas son père, et même si Mayuzumi ne le comprend pas tout à fait, il ne lui a fallu que quelques semaines à travailler pour Masaomi pour réaliser que si Masaomi était son père, il ne voudrait carrément pas que l’hypothétique amour de sa vie rencontre ses parents non plus.

Donc même si c’est quelque chose qu’Akashi garde sous silence à dessin, il ne peut pas s’empêcher de mettre un peu de sel sur la plaie. « J’arrive pas à croire que vous ne l’avez pas encore rencontré ! Akashi a dit que c’était important pour lui que toutes les personnes importantes de sa vie se connaissent. »

« T’inventes, Seijuurou n’aurait jamais dit ça. »

« Je sais qu’il a prévu de l’épouser, donc c’est vraiment choquant que vous n’ayez pas rencontré votre futur beau-fils. Même si je pense que c’est adorable que rencontrer votre beau-fils soit sur votre liste de choses à faire. J’ai hâte de dire à Akashi à quel point son père l’aime– »

« Je veux pas lui donner cette satisfaction ! Fais pas ton connard, Pêche. »

« Tout d’abord vous vous vanter de votre fils, et maintenant vous dîtes que vous pouvez pas mourir avant d’avoir rencontré votre beau-fils, vraiment, c’est touchant– »

Une inspiration rapide interrompt leur petite dispute ; le son de quelqu’un qui pleure arrête complètement les actions de tout le monde. Ils se fixent tous les trois, vérifiant que personne ne pleure. Et ensuite ils se tournent et regardent la femme de Ronald, qui était assise dans un coin tout ce temps.

C’est clair que Mayuzumi n’est pas le seul à avoir oublié qu’elle était là. Et maintenant elle tremble, des larmes coulant le long de ses joues.

« S’il-vous-plaît, » dit-elle, sa voix brisée. « S’il-vous-plaît tuez-moi. »

Mayuzumi est complètement figé. C’est comme si son cerveau avait arrêté d’intégrer les informations.

« S’il-vous-plaît, » répète-t-elle. « Ma famille me manque. Mon mari, mes enfants– je peux pas. Je peux plus vivre comme ça. Il veut pas me laisser partir. »

« Vous, » Masaomi parle en premier. « Vous n’êtes pas la femme de Ronald Amos. »

« Non, » la femme sanglote encore plus fort, enfouissant son visage dans ses mains.

Mayuzumi pense qu’il se souviendra probablement de ça toute sa vie : comment il s’est senti malade, à quel point il avait envie de vomir, et comment il voulait juste retourner au Japon et ne plus jamais quitter son appartement.

Mais surtout, il se souviendra à quel point Masaomi a eu l’air horrifié. Il n’a jamais vu cette expression sur le visage de Masaomi avant.

*

« T’es là aussi, tombeur ? Il est où le monstre ? » demande Vy.

« On sort vraiment pas ensemble, » dit Kiyoshi avec légèreté, entrant dans sa propre cellule avec plus de grâce qu’il s’en aurait cru capable à ce moment.

« Rui ! » dit un troisième homme – il a des cheveux roses et il occupe la cellule à côté de celle de Vy et d’Ivan. Maintenant avec Rui dans l’une et Kiyoshi dans l’autre, la zone de détention de la mairie est complètement pleine.

« Donc tu es un traître, » dit Kei.

« Non, je te l’ai dit, » dit l’homme aux cheveux roses. « Je suis– » il regarde la fille aux cheveux jaunes, qui est toujours pâle et qui fixe toujours dans le vide. L’homme aux cheveux roses déglutit et dit : « Je suis– j’étais là pour l’arrêter. »

« Et pourtant tu ne nous as pas parlé de ses capacités, » dit Maya.

L’homme aux cheveux roses grimace. « Je pensais pas– Rui-chan, tu vas bien ? »

« T’as menti, » dit faiblement Rui. « Kisumi, t’es un putain de menteur. T’étais Serpentaire depuis le début, pas vrai ? »

« Oui, mais– Rui-chan, je voulais juste– »

« Arrête ça ! Tu me fais penser que je peux te faire confiance ! Je peux pas ! Juste– juste arrête ! »

« Il a essayé ça sur nous aussi, » dit Kei joyeusement. « Le truc marrant quand tu penses soudainement pouvoir faire confiance à un lingée-Balance, c’est que c’est habituellement un assez bon indicateur que tu peux en fait pas faire confiance à la Lignée-Balance. »

Kisumi fait une moue. « C’est pas juste. Mes pouvoirs ne marchent pas comme ça. Tout le monde a toujours juste des préjugés sur la Lignée-Balance. »

« Parce qu’on peut pas vous faire confiance, » dit Kei.

« Oh, dit la putain de lignée-Cancer, » crie Vy, claquant ses mains contre les barreaux. « La Lingée-Cancer est la pire. »

« Tu dis juste ça parce que je t’ai battu tellement facilement, » dit Kei.

« Je vais sortir d’ici, et le monde entier saura où vous êtes– »

« Ah ! T’as cru, salope ! Tu t’en souviendras jamais, » dit Kei en tirant la langue.

« Argh ! » Vy donne un nouveau coup de pied à la cellule. « Je déteste la Lignée-Cancer. »

« T’es littéralement un taser sur pattes et tu penses que la Lignée-Cancer est la pire ? » demande Maya.

« La ferme ! »

Kiyoshi se sent très partagé. D’un côté, il se sent toujours distinctement malheureux quand des gens se disputent autour de lui. D’un autre côté, cette situation a créé un aperçu très unique de la Lignée-Héritage qu’il pense que même Nijimura ignore. Ils étaient partis du principe tout ce temps que les douze lignées étaient une organisation unie avec des buts similaires, mais même en prenant en compte le fait que Maya et Kei sont des rebelles, ce n’est clairement pas le cas.

« Allons, allons, » dit-il, son dégoût inhérent pour les disputes étant plus fort que sa curiosité, et il adopte délibérément le ton joueur qu’il sait que Hyuuga déteste : « Essayons tous de bien s’entendre, OK ? Ça sert à rien de se disputer. »

Comme il s’y attendait, tout le monde se tourne juste vers lui pour hurler : « Ta gueule ! » et Kiyoshi se sent très fier de lui-même.

« Est-ce qu’elle va bien ? » demande Kisumi, regardant toujours à son (amie ? Sa petite-amie ?)

« Elle a rencontré un Rainbow, » explique Maya, et Kisumi grimace et murmure : « Oh, Rui-chan. Je suis tellement désolé. »

Vy souffle moqueusement. « OK. Est-ce qu’on peut tous être d’accord que les Rainbows sont le putain de pire ? »

Tout le monde acquiesce, décidant que c’est, apparemment, la chose sur laquelle ils peuvent tous se mettre d’accord.

Ce n’est pas la place de Kiyoshi de défendre Nijimura – il ne sait rien de ces gens, ou de ce que ça veut dire pour eux d’être privés leurs capacités. Mais alors qu’il les regarde – les gens en cages et les gens dehors – il pense que c’est un peu tragique qu’ils ne puissent pas s’entendre.

« Donc, Kisumi-san, c’est ça ? Tu es aussi de la Lignée-Serpentaire ? »

« Oui, c’est vrai, » dit Kisumi, souriant faiblement. « Elles pourraient appeler l’Aîné Serpentaire pour le vérifier, si elles le voulaient. »

« Uh, même si tu l’es, c’est pas comme si on était pareils, » dit Kei.

« Vous l’êtes pas ? » demande innocemment Kiyoshi.

« Non. Les Serpentaires japonais mènent le combat. Nous on veut juste qu’on nous laisse tranquilles. Est-ce que c’est vraiment trop en demander ? »

« Donc vous êtes juste des lâches, » dit dédaigneusement Vy. « Je pourrais au moins respecter les rebelles qui se battent pour leurs idéaux. »

« Et c’est ce que vous faîtes, » dit Kiyoshi, avant que Kei puisse répondre. « Vous tuez des EVOs et vous chassez Shuuzou parce que vous pensez que c’est la bonne chose à faire. »

Vy hausse les épaules. « Certaines choses ne devraient pas exister dans ce monde. Comme ça. » Elle désigne d’un coup de tête Rui, qui semble toujours être catatonique.

Kiyoshi y réfléchit. Le dédain est réel, mais sa nonchalance transmet un manque de conviction, comme un soldat qui ‘suit juste les ordres’ plutôt qu’un véritable fanatique de la cause. Ce qui n’est pas plus pardonnable, surtout pas pour les EVOs morts que les Chasseurs ont tués. Mais s’ils étaient de vrais fanatiques, ce serait impossible de leur faire changer d’avis.

« Pourquoi ? » demande-t-il, empêchant toute trace de jugement de transparaître dans sa voix.

Vy le regarde. Pareil pour tout le monde sauf Rui. « Parce que c’est des monstres, voilà pourquoi. »

« D’accord, » dit Kiyoshi. « Mais pourquoi vous devez être ceux qui les chassent ? »

« Parce qu’on est lingée-Scorpion ! C’est ce que les Scorpions font ! » crie Vy. « On est des chasseurs. On a toujours été des chasseurs, c’est pour ça qu’on existe. C’est l’ordre naturel des choses, OK ? Et on fait partie de cet ordre et ce n’est pas notre place d’être différent juste parce qu’on en a envie. »

Les autres semblent satisfaits de regarder cet échange se dérouler. Maya et Kei, en particulier, ont des expressions pensives alors qu’elles regardent.

Kiyoshi déglutit. Il pense que c’est probablement la nature humaine d’essayer de créer des liens avec les autres en retrouvant leurs problèmes chez des événements de leur propre vie. Et c’est absurde – Kiyoshi ne pourrait jamais comprendre ce que quelqu’un de l’Héritage doit vivre. Suggérer ça serait une insulte à leurs vécus.

Mais. Quand même. Il s’y retrouve modérément.

Il a aussi eu des réticences à être différent.

Et c’est pour ça qu’il dit : « Ça a l’air d’une vie où on se sent très seul. »

Parce que c’est comment il se sent. Seul. Il a fui ses sentiments parce il avait trop peu d’admettre vouloir quelque chose et maintenant il y a une solitude énorme qui lui déchire le ventre et qui lui laisse une coquille vide là où son âme devrait être.

Il ne s’attend pas à se que Vy s’écarte en titubant, frappée. Elle serre les poings et ne dit rien et c’est seulement là que Kiyoshi pense à toutes les choses que les gens ont dit sur les Scorpions. Ton contact est du poison. T’es un taser sur pattes. Et il réalise qu’ils se sentent probablement seuls.

« Je suis un peu fatigué de chasser, Vy, » dit Ivan de manière inattendue.

« Ivan ! » crie Vy.

Il hausse les épaules. « Ils nous ont envoyé contre un Rainbow par nous-même. Toi t’es pas fatiguée d’être remplaçable ? »

« Arrête ça, Vanya. C’est un discours de Serpentaire. »

Ivan hausse les épaules mais il ne répond pas. Kisumi, qui a tout regardé avec une grande fascination, offre : « Le truc cool avec Serpentaire, c’est que tu peux choisir ta propre rébellion. Si tu veux te battre, alors tu peux te battre. Si tu veux qu’on te laisse tranquille, tu peux faire ça aussi. »

« Oh, kumbaya, » dit Vy, croisant les bras et se déplaçant vers le coin de sa cellule pour bouder.

« C’est une opportunité, » dit Kisumi, seulement maintenant il regarde Rui une nouvelle fois. « Et dans nos vies, nous devons saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous. C’est pas souvent que ça arrive. »

Kiyoshi aime l’idée d’opportunité. Il en a probablement raté beaucoup. Et il espère vraiment d’en avoir une autre.

*

Ronald revient en sifflant. « Voili voilou. J’ai un appel vidéo avec Archer de programmé, donc Chuck, c’est fait. Pour toi, je vais demander une rançon, » dit-il, hochant la tête en direction de Masaomi, et ensuite il regarde Akane. « Toi je vais probablement te flinguer. Rien de personnel, ma puce. »

Le visage de Masaomi est resté froidement neutre depuis la révélation de la ‘femme’ de Ronald.

Maintenant, il regarde Ronald avec une expression étrange. « Tu laves le cerveau de toutes les femmes pour qu’elles couchent avec toi ? Par simple curiosité. »

Ronald éclate de rire. Il passe un bras autour de la femme et l’enlace près de lui. « Sois pas aussi vulgaire. J’aime Honey. Je te rends heureuse, pas vrai, Honey ? »

« Oui, chéri, » dit Honey, revenant à une sorte vacante de sourire complaisant. « Très heureuse. »

Masaomi est indéniablement bouche-bée. « C’est pas ça, l’amour ! »

« J’ai pas besoin que toi tu me fasses la moral, » dit Ronald en levant les yeux au ciel. « Tu achètes tout ce que toi tu veux. On est pas tellement différent. C’est quoi le but de l’amour si tu peux pas avoir ce que tu veux ? »

Le visage de Masaomi est toujours étrangement fermée et indéchiffrable. Sa voix prend une intonation bizarre quand il dit : « Je te l’assure, je n’ai jamais eu ce que je voulais en ce qui concerne l’amour. »

Malgré le danger de la situation, Mayuzumi ne peut pas s’empêcher de faire une fixette sur cette phrase- et de se demander ce qu’elle signifie. Ronald ne fait que sourire d’un air suffisant et dire : « Et c’est pour ça que t’es dans cette chaise et pas moi. »

Masaomi le regarde platement avant de se tourner abruptement vers Akane. « OK, tu peux nous sauver maintenant. »

Akane incline la tête d’un air inquisiteur. « Vous êtes sûr ? Vous avez dit– »

« Oui, oui, je sais ce que j’ai dit, sauve-nous quand même. Si tu pouvais le tuer, je l’apprécierais beaucoup. »

« Vous vous en sortirez pas ! » claque Ronald, levant son pistolet. Mais c’est inutile.

Akene se jette en avant, cassant la chaîne de ses menottes comme si c’était une brindille. Elle s’avance vers Ronald avec la grâce d’un serpent qui s’apprête à frapper, projetant le pistolet hors de ses mains et balayant les pieds de Ronald pour le faire tomber.

« Arrête ! » ordonne Ronald. « Arrête de bouger et rassis-toi ! »

Mais Akane ne s’arrête pas – elle continue de manipuler Ronald dans une position restrictive, ignorant ses efforts continues pour lui ordonner d’arrêter.

Elle est comme un Rainbow, pense Mayuzumi alors qu’il regarde avec grande attention. Sauf que – non. Elle n’a pas cette aura rayonnante mais invisible que Nijimura a quand il utilise ses pouvoirs. Elle ne brûle pas comme lui.

C’est comme si elle était immunisée.

*

« Eh bien, il m’a fallu longtemps pour réaliser que j’étais pas jaloux, pas exactement. Je savais qu’il l’aimait. Et je savais que je l’aimais aussi. Je pensais que je voulais peut-être pas agir parce qu’il était mon ami, et ensuite j’ai fini par réaliser que je l’aimais lui aussi et les choses sont devenues compliquées. »

Ce n’est pas quelque chose que Kiyoshi auraitpensé dire un jour – encore moins à des étrangers qu’il a rencontré dans une cellule de prison. Mais il a réalisé que les choses étaient tendues entres les lignées-Héritage, et le seul moyen de les empêcher de se disputer était de garder leur attention sur lui.

Donc il a trouvé un moyen très efficace de garder leur attention sur lui.

« Je pense juste pas que ça peut fonctionner, » s’exclame Maya. « Personne serait jaloux ? C’est pas inévitable, ça ? »

« Eh bien, je ne sais pas – je pense pas que je serais jaloux. »

« Mais vous pourriez pas vous marier, » fait remarquer Maya.

« Oui, je sais que ce n’est pas idéal. C’est pour ça que j’ai fui le pays, » dit sèchement Kiyoshi.

« Non, mec, non, » dit Kisumi. « Tu devrais pas penser ça ! Tu devrais absolument avouer tes sentiments ! Ça peut fonctionner ! »

« Comment ? » dit Maya.

« Ça peut marcher, c’est tout, » boude Kisumi. « Si je pouvais être dans un ménage à trois, je le ferais totalement. »

« Ça s’appelle un triade. Ou un ‘throuple’ si tu veux être relou. »

Tout le monde s’arrête au son de cette voix très irritée et regarde Vy.

« Et c’est parfaitement normale, » dit-elle défensivement. « Mes grands-parents étaient dans une triade et c’était le mariage le plus heureux que j’ai jamais connu, OK ? »

« Je savais pas ça, » dit curieusement Ivan.

« Bah tu sais pas tout de moi, » claque Vy. « Une triade heureuse est un million de fois mieux que beaucoup de couples monogames toxiques que je connais, donc essaye même pas de me dire que y’en a un qui est mieux. »

« Merci, » dit Kiyoshi, sa voix se brisant un peu.

« Oh pleure pas, bordel, » dit Vy.

« Je vois ça, » dit Ivan. « Je connais des couples assez toxiques. »

Tout le monde y réfléchit. Kiyoshi aimerait que Rui participe à la conversation. Elle est la seule à ne pas le faire – ses bras sont toujours enroulés autour de ses genoux, et sa tête est posée dessus. Elle ressemble tellement à Kise Ryouta que c’est troublant.

« Donc tu vas leur demander de sortir avec toi, alors ? » demande Kei, faisant sortir Kiyoshi de ses pensées.

« Je dois d’abord retourner au Japon, » fait remarquer Kiyoshi. « Ce qui veut dire que vous devrez me laisser sortir de prison. »

« On va pas te garder pour toujours, » rassure Maya.

« Est-ce vous allez me laisser moi partir ? » demande Kisumi avec espoir.

« On va d’abord appeler Serpentaire, mais probablement. Même si je suis un peu rancunière, à cause de ton amie meurtrière ici présente. Qu’on ne va pas laisser partir. »

Le visage de Kisumi s’attriste. Mais même lui semble reconnaître qu’il ne peut pas argumenter pour qu’elles laissent Rui partir.

« Et nous ? » demande Vy.

« Quoi, vous ? » rétorque Kei.

« Je veux rester, » annonce Ivan.

« Vanya ! »

« Vy, je veux plus faire ça. Toi si ? »

« Ugh, » dit Vy, envoyant ses mains en l’air. « Très bien. Soyons des rebelles. »

« Hmm. Malheureusement, c’est pas aussi facile, » dit Kei.

« Quoi ? On doit remplir un formulaire ? » réplique Vy.

« C’est génial ! » dit Kiyoshi avec enthousiasme. « Vous voyez, il y a aucun raison qu’on ne s’entende pas tous. »

« Oh, ta gueule, » dit la pièce en chœur, et Kiyoshi sourit à pleines dents. C’est un bon groupe de personnes. Il n’y a pas de raison de penser qu’ils ne puissent pas tous s’entendre.

Avec le temps.

*

Akane laisse Ronald correctement attaché et indisposé avant de libérer Masaomi et Mayuzumi de leurs liens.

« Voilà, tu vois, Pêche ? Pas la peine de s’inquiéter. »

Mayuzumi jette un coup d’œil à Akane. Elle est une question qu’il ne pense pas encore devoir poser. « Dans le futur, vous pouvez être un peu plus rapides avec vos missions de sauvetage. C’était une perte de temps totale. »

« De quoi tu parles ? C’était très informatif, » dit Masaomi. « Moi, personnellement, j’ai appris beaucoup de choses sur– »

Des coups de feu l’empêchent de finir sa phrase. Mayuzumi se jette instinctivement sous la table et il lui faut un long moment pour comprendre que 1) on n’entend plus de coup de feu et 2) il n’est pas mort.

Quand il se relève pour regarder autour de lui, il voit Honey debout devant le corps de Ronald, tenant son pistolet.

Puis elle commence à pleurer.

*

Le cerveau de Mayuzumi est un peu coincé dans un état permanent de bordel de merde mais Masaomi et Akane se déplacent avec une efficacité remarquable, comme si les cadavres étaient une partie de leur quotidien d’entreprise. Akane désarme Honey avec douceur et l’emmène sur le côté pour lui offrir du réconfort et des mots apaisants que Mayuzumi n’est certainement pas capable de donner donc c’est bien qu’il n’ait pas à le faire.

« Eh bien, c’est un peu un désagrément, mais ce n’est pas surprenant, » fait remarque Masaomi.

« Euh. Vous allez appeler la police ? » demande Mayuzumi, puis il grimace immédiatement, puisqu’il sait que c’est une question stupide.

« Et laisser cette pauvre femme faire l’expérience du traumatisme du système judiciaire américain ? Non, ne sois pas stupide, Pêche. J’ai des gars pour ça. »

« Des gars de nettoyage de corps, » dit Mayuzumi.

« Toutes les bonnes entreprises ont des employés pour toutes les situations possibles, » dit Masaomi.

Mayuzumi y réfléchit avant d’annoncer : « Je veux une augmentation. »

Masaomi hausse un sourcil. « Dis donc, Pêche, tu es en train de me faire du chantage ? »

« Quoi ? Oh non. Je pense juste que si ma description d’emploi inclus maintenant de couvrir des meurtres je devrais me faire bien plus d’argent. »

Masaomi ricane et dit : « Mon garçon, tu vaux à peine l’argent que je te paye maintenant. Est-ce que tu as seulement trouvé ce que tu étais censé trouvé avant te faire kidnapper ? »

« J’ai tout à part trois Lignées-Héritage, » réplique Mayuzumi. « Et je suis sûr que je peux les trouver quand je retourne en ville. »

« Hm. C’est un taux de succès de 75 %. Quoi que tu en avais déjà quatre, donc je suppose que c’est techniquement plus proche d’un taux de succès de 63 % . Eh. Je suppose que ça aurait pu être pire pour ta première mission. »

« Vous devriez pas appeler ces gars maintenant ? »

« Pas encore, » dit Masaomi avec un grand sourire. « Cet homme a dit qu’il avait un rendez-vous vidéo avec Archer. Ce serait malpoli de laisser Archer appeler et que personne ne réponde, tu ne trouves pas ? »

Akane tourne vivement la tête de là où elle réconforte toujours Honey. « Masaomi-san, je ne crois pas que ce soit sage. »

« Sottises. J’ai toujours voulu rencontrer cet homme. Je vais aller explorer cette maison flippante. Pêche, ne touche à rien, c’est une scène de crime. Akane-chan, je laisse la situation entre tes mains. » Masaomi s’en va d’un pas nonchalant avec un calme extraordinaire pour quelqu’un qui vient de regarder un homme mourir juste devant ses yeux.

Bordel, Mayuzumi vient de regarder un homme mourir juste devant ses yeux. Il ne l’a pas encore bien réalisé. Ses yeux se posent là où le corps de Ronald Amos est toujours allongé, et il doit vite détourner le regard, se sentant nauséeux.

« Chihiro-kun, vous allez… bien ? »

Il est sûr que non. « Ça va, Senpai. » Et c’est à cause Akane qu’il reste calme maintenant. Jouer avec le style de Kuroko peut vraiment être utile. Ça le fait aussi se détester.

Akane ne laisse pas la femme, qui a visiblement plus besoin d’elle que lui. Mais il peut voir qu’elle en a envie, et Mayuzumi ne supporte pas ça. Il pense que si quelqu’un essaye de le réconforter maintenant il pourrait s’effondrer complètement.

Il ne veut aussi pas rester dans une pièce avec un cadavre. Tous les animaux morts sur les mur le fixe d’une manière sinistre et il commence à penser qu’ils ont l’air affamés. Il commence à sortir de la pièce.

« Chihiro-kun ! »

« Je vais rien toucher, » répond-il. Il a besoin de sortir de cette pièce et de s’éloigner de toutes ces choses mortes.

Il veut sortir de la maison. Mais il finit d’une manière ou d’une autre par s’y enfoncer, jusqu’à ce qu’il entende les échos de voix et qu’il les suive.

« –essayer de tracer cet appel. Vous n’en serez pas capable. »

« ...Oui, je vois ça. Vous réputation vous précède, Akashi-san. »

« Tout comme la votre. »

« L’Héritage n’a aucun désaccord avec vous, Akashi-san. Vous avez choisi d’accueillir l’une de ces… choses, mais vous avez toujours semblé être un homme sensé. »

Masaomi éclate de rire et Mayuzumi a un peu envie de faire de même – personne qui a rencontré Masaomi ne dirait qu’il est ‘sensé’. Mayuzumi jette un coup d’œil à l’angle du mur et voit l’homme sur l’écran et il lui faut un temps d’arrêt. Au début il pense que c’est Kasamatsu Youji – mais non, cet homme est bien plus âgé que le Sergent populaire de la FSDJ. Mayuzumi retourne derrière le mur, n’attendant pas d’attirer l’attention de l’un des deux hommes. Il savait que Yamazaki Kenji était le frère du Sergent Kasamatsu, mais la ressemblance est perturbante.

« Ce n’est pas une guerre que vous voulez mener, » dit Archer, qui n’aime peut-être pas qu’on se moque de lui.

Ça semble rendre son sérieux à Masaomi qui dit : « Oh, Yamazaki-san. Vous n’avez aucune idée des guerres que je mène. »

Il y a une pause mesurée et Mayuzumi aimerait pouvoir voir les deux hommes.

« Akashi Masaomi, » dit pensivement Archer. « J’avais plutôt l’impression que nous vous étions redevables pour avoir couvert l’incident à Iwatobi, mais ensuite j’ai entendu dire que vous étiez venu avec mon petit frère. Quel est votre relation avec Youji exactement ? »

« Hm, » dit Masaomi. « Non. »

« Non ? »

« Non, ça ne sert à rien de parler de Youji avec vous. Parlons de Kasamatsu Hinami. »

« L’épouse ? » Mayuzumi peut dire de ce ricanement incrédule qu’Archer ne s’attendait pas à ça. Masaomi est très doué pour aborder des sujets auxquels on ne s’attend pas. « Cette femme a souillé la lignée Yamazaki avec son sang. C’était une femelle vulgaire et anormale. »

« Kasamatsu Hinami, » dit Masaomi, sa voix étrange, « était une bonne personne. Ne me méprenez pas, je haie les bonnes personnes. On ne s’est jamais entendus. Quelqu’un m’a un jour dit que dans la vie, même si c’est incroyablement rare, on rencontre parfois des héros, et parfois on rencontre des dragons. Hinami était un héros. Ce preux chevalier qu’on ne voit habituellement que dans la fiction.

« Ce qui est la raison pour laquelle j’ai toujours trouvé ça fascinant qu’elle vous détestait tellement. Je pense vraiment qu’elle vous aurait tué, si elle avait été une personne différente. »

« Comme si elle en aurait été capable, » dit Kenji avec dédain.

« Oh, je ne sais pas. Elle vous a cassé le nez, pas vrai ? Et je vois que ça n’a jamais vraiment bien guéri. Ce qui est très intriguant, considérant le fait que la Lignée-Sagittaire est censée être capable de guérison accélérée, vous ne pensez pas ? C’est presque comme si vous ne pouvez pas bien guérir les fractures. »

Il y a une très long silence, assez long pour que Mayuzumi réfléchisse aux implications de ce qui vient d’être dit. Il se demande si c’était vraiment sage de laisser l’ennemi savoir que tu connais l’une de leurs faiblesses potentielles. Mais alors, Masaomi n’a jamais suivi les règles.

« Vous ne voulez pas que je sois votre ennemi, Akashi, » dit Archer.

« Oh, Kenji. Je peux vous appeler Kenji ? Vous ne m’écoutez pas. Vous avez mis Kasamatsu Hinami en colère. Vous avez mériteson dédain. Elle ne vous a jamais tué parce qu’elle était un héros, et que ce n’est pas ce que les héros font.

« Mais je ne suis pas un héros. Je ne suis pas votre ennemi, Kenji. Je suis le dragon. »

Mayuzumi n’est pas sûr de comment il est arrivé à être témoin d’une confrontation tout droit sortie d’un comics, mais il commence à penser que c’est une vraiment mauvaise idée pour lui d’être là. Les choses ne finissent jamais bien pour ceux qui écoutent aux portes dans les comics.

Donc il part silencieusement.

*

Il trouve Akane et Honey sur le porche. Honey est en boule dans une sorte de chaise longue, endormie.

Akane suit son regard et dit : « Elle a passé quelques mois très stressants. Je pense que ça l’a rattrapée. »

L’estomac de Mayuzumi se tord encore une fois à la pensée de mois. « Qu’est-ce qui va lui arriver ? »

« Masaomi-san s’assurera qu’on prenne bien soin d’elle avec les meilleures ressources de rétablissement possibles. »

Mayuzumi se demande si elle va finir à SAPRRCOE. Ils s’y connaissent en rétablissement de traumas là-bas.

« Est-ce que Masaomi est amoureux de Kasamatsu Youji ? »

La question sort juste de lui, et il n’est même pas sûr de pourquoi il la pose avant de la poser. Ça ne lui était pas venu à l’esprit quand il écoutait la conversation et il intègre lentement comment Masaomi n’a pas parlé de Youji, toutes les choses que Masaomi n’a pas dites dans cette conversation, et soudainement toutes les pièces s’assemblent.

Akane ne dit rien, et rien n’est visible sur son visage. Quand elle se met à parler elle dit : « Ce serait peut-être mieux si vous étiez réassigné à l’un des établissements américains pendant un moment, Chihiro-kun. »

« Quoi ? » s’exclame Mayuzumi. « Merde non, je veux retourner au Japon. »

« Je pense que vous conviendriez bien au Centre, Chihiro-kun. Ces enfants ont besoin de quelqu’un comme vous. Et nous allons avoir besoin d’un agent de Liaison intérimaire avec Providence et Serpentaire, je pense que tout le monde sera d’accord que tu es le mieux placé pour cette position. Ce travail viendra, naturellement, avec une augmentation significative. »

« Je suis pas sûr que des augmentations soient encore une bonne motivation, » dit Mayuzumi.

« L’idée te déplaît ? »

Mayuzumi s’arrête avant avant de donner une confirmation automatique et il y réfléchit. L’idée ne déplaît en fait pas. Son bref aperçu de SAPRRCOE lui a donné une image d’une carrière en laquelle il aurait probablement beaucoup de fierté. Les gens qu’il a rencontrés là-bas – des employés très capables comme Jamie, Vincent et Ryder, aux enfants qu’ils essayent tellement fort de sauver, Charlie, Zane, Mari et Marie – tous genres de personnes avec qui Mayuzumi pense pouvoir travailler et être fier de ce qu’il fait. Et il pense à ces filles au Nouveau-Mexique et à quel point ça avait semblé être une affaire pas finie. Peut-être qu’il ne pourrait pas faire une réelle différence pour aucun de ces enfants qui ont survécu à Teiko, mais il y a des choses que même les gens ordinaires comme lui peuvent faire, et c’est ce que SAPRRCOE représente. Et, eh bien. Il ne déteste pas l’idée de continuer de travailler avec Nijimura.

« Non, je suppose qu’elle ne me déplaît pas, » admet-il.

« Bien, » dit Akane. Et elle ne le regarde pas quand elle dit : « Masaomi-san n’apprécie pas que des gens connaisses ses points vulnérables. Je ne pense pas qu’il te ferait vraiment du mal, mais ce serait mieux si vous étiez hors de sa vue pendant un moment. »

Mayuzumi cligne. Il ouvre la bouche avant de la fermer. Ceux qui écoutent au portes finissent vraiment mal dans les comics. Il commence à penser qu’être réassigné en Amérique est une idée excellente.

Il regarde en coin sa supérieure et pèse le pour et le contre de poser une question. Mais ensuite il se dit, bordel, il en sait déjà trop.

« Vous avez maîtrisé Ronald même quand il a utilisé ses capacités sur vous, » dit-il avec nonchalance. « Vous êtes une humaine immunisée ? »

Akane le regarde et dit : « Non, je ne le suis pas. »

« Vous n’êtes pas immunisée ? »

Elle fait quelque chose qu’il ne l’a jamais vu faire avant : elle sourit. Elle lui tapote la joue, avant de rentrer, vraisemblablement pour aller chercher Masaomi.

Elle ne dit rien, mais Mayuzumi l’entend très clairement.

Je ne suis pas humaine.

Ouais. C’est probablement une bonne idée de rester loin du Japon pendant un moment.

*

Il a tout juste assez de temps pour se demander comment il est censé partir d’ici avant qu’il tourne à un coin de mur et qu’il rencontre Nijimura.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » dit Mayuzumi, surpris mais content de le voir.

« Euh. Je suis là pour te sauver, » dit Nijimura, pris de court, mais ensuite il se peint d’amusement. « Même si j’aurais clairement pas dû m’inquiéter. T’es apparemment capable de te sauver toi-même. »

« Tu m’accordes trop de crédit, cette demoiselle a déjà été sauvée. »

« Oh ? »

« Par mon boss, » dit Mayuzumi.

« Akashi Masaomi est ici ? »

« Oui, mais maintenant cette demoiselle a besoin qu’on la conduise en ville, donc tu es arrivé à point nommé. »

« Ah, eh bien. Si je peux pas être un preux chevalier, je vais me contenter d’être un chauffeur. »

« C’est ça l’idée, » dit Mayuzumi, lui donna une tape sur le dos. « C’est infiniment plus utile qu’un preux chevalier, je l’ai toujours pensé. »

Nijimura sourit à pleines dents mais son sourire s’efface rapidement et il hésite. Puis il déglutit et dit : « Je suis vraiment content que tu ailles bien, Chihiro. Si quelque chose t’étais arrivé– »

« Oh, sois pas niais, » dit Mayuzumi, en se dirigeant vers la voiture. « C’est dégoûtant. »

« Ah. Très bien. Allons nous assurer qu’ils ont pas jeté Teppei en prison. »

*

« Ils t’ont jeté en prison ? » crie Nijimura et Mayuzumi sourit d’un air suffisant parce que c’est marrant de regarder Nijimura crier.

C’est un peu la cohue quand ils arrivent en ville, parce qu’apparemment un Yellow Six s’est échappé. (Rui, devine Mayuzumi. Elle a été mentionné dans les dossiers de Masaomi sur la débâcle d’Iwatobi. Il prend note de mettre à jour les dossiers).

« C’était vraiment plus une cellule de détention, et j’ai passé un moment assez plaisant, » dit Kiyoshi. Et ensuite il grimace. « Jusqu’à ce que Rui s’échappe, en fait. »

« Et qu’est-ce qu’ils font ici, eux ? » Nijimura montre Vy et Ivan ; Mayuzumi doit l’admettre, il se le demande aussi.

« Vas te faire enculer, espèce de monstre, » dit Vy.

« Seulement dans tes fantaisies les plus folles, madame, » rétorque Nijimura.

« Allons, allons, » dit Kiyoshi. « On est tous du même côté. »

« Depuis quand ? » s’écrit Nijimura.

« A peu près trente minutes, » dit Ivan. « Pas vrai, Vy ? »

La femme lève les yeux au ciel mais ne dit rien.

« Même si je regrette vraiment de vous avoir laissé sortir, » dit sombrement Kei. « Puisque le Yellow Six s’est enfui. »

« Elle reviendra pas ici, » dit tristement Kisumi. « Elle cherchait juste un moyen de retourner dans les bonnes grâces d’Archer. »

« C’est pas rassurant parce qu’elle sait où on est ! Et maintenant Archer le saura ! » dit Kei.

« Il lui parlera pas, » dit Kisumi, l’air toujours triste. « Elle n’a nulle part où aller. »

« Et toi ? »

Kisumi hausse les épaules. « Je peux plus être agent double, donc je suppose que je vais retourner à Iwatobi. Et toi, Teppei ? »

« Ouais, » dit Kiyoshi. « Il est probablement aussi temps pour moi de retourner au Japon. »

Cette phrase surprend à la fois Mayuzumi et Nijimura.

« Wow. La prison, ça t’a changé, » fait remarquer Nijimura.

« Pour le meilleur, je pense, » dit Kiyoshi, et ses yeux se tournent vers Mayuzumi. « J’ai décidé d’arrêter de fuir. »

Et Mayuzumi est surpris d’à quel point ça le rend heureux. Pas qu’il le dirait un jour. Mais quand même. Il prend note de garder contact avec Kuroko pour découvrir si Seirin a un triangle polyamoureux de pouvoir heureux dans son futur.

« Génial. Magnifique. Entre temps, Archer est toujours une menace pour tout le monde dans cette ville, » dit Kei.

« On dirait que vous avez besoin d’un allié, » dit Mayuzumi avec aisance. « Puis-je vous proposer un partenariat avec les Akashi Industries ? »

La lignée-Héritage l’observe avec méfiance et Mayuzumi ne fait que sourire.

Parce que merde. Il est bon à son job. Donc il pourrait tout aussi bien le faire correctement.

Notes:

NdA : comme les chapitres précédents, ce chapitre contient des OCs qui m’ont été gentiment proposés par d’autres personnes. Dans l’ordre d’apparition il y a :

Maya Kalani a été créée par desikauwa

Kei a été créé par kooro_icy (ice_flow sur ao3). Kei a fait sa première apparition sans crédit dans le chapitre quatre !

Vy DeMier a été créée par mysenpaiisdead (TalkingIsJustAWasteOfBreath sur ao3)

Ivan ‘Vanya’ Vasil’yevich Simonov a été créé par nofriggingclue.tumblr.com

D’autres OCS, comme ceux qui sont maléfiques, ont été créés par moi =D

Merci d’avoir lu, les amis !

Chapter 10: Somewhere Over The Rainbow (Blue Birds Fly)

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Ça avait été en fait assez impressionnant de regarder Mayuzumi réussir à obtenir tout ce qu’il voulait. A la fin, Shuuzou eut ce que lui voulait, et il avait fait très peu d’efforts pour l’obtenir.

En fait, il se sentait un peu mal d’à quel point il avait peu participer pour que tout se passe bien. Ce qui était arrivé pendant que Kiyoshi était dans la cellule de détention avait laissé la plupart de la Lignée-Héritage avec une bonne quantité de bonne volonté. Et ils semblaient prêts à parler avec Mayuzumi. Même si c’était précisément la raison pour laquelle Shuuzou les a amenés tous les deux, mais il se sent quand même perdu du peu qu’il a fait pour influencer la situation.

Il ne se plaint pas trop, cependant. Tout le monde s’en est sorti sains et saufs. Kiyoshi va retourner au Japon, et même s’il va manquer à Shuuzou, il est content pour son ami.

« Je suis amoureux des deux, » avait expliqué Kiyoshi ; et même si l’explication avait été inattendue, ça n’avait pas vraiment été une surprise. Être amoureux de deux personnes en même temps n’était pas quelque chose qui aurait dérangé Shuuzou, personnellement, mais c’était exactement le genre de choses qui aurait faire fuir le pays à quelqu’un comme Kiyoshi. Kiyoshi, qui croit que si quelqu’un doit souffrir ça devrait être lui, et qui n’ose jamais vouloir quoi que ce soit qui pourrait le rendre heureux.

« Tu sais ce que tu vas faire ? » demanda Shuuzou.

Kiyoshi secoua la tête. « Non. Aucune idée. Mais peu importe ce que je vais faire, je peux pas le faire à l’autre bout du monde. »

« C’est ça l’idée, » dit Shuuzou.

« Merci pour tout, Shuuzou, » dit Kiyoshi. Et Shuuzou pensa intérieurement qu’il n’avait pas fait grand choses et que ça devrait être lui qui remercie Kiyoshi. Mais il aurait du mal à convaincre Kiyoshi de ça, donc il accepta le remerciement avec grâce.

Donc Kiyoshi va retourner au Japon, et Mayuzumi reste aux Etats-Unis, au moins pendant un moment. Et même si Shuuzou est triste pour l’un de ces amis, il est très, très heureux pour l’autre.

Et maintenant il est de retour à Providence, à faire son travail, qui n’est pas toujours plaisant, mais c’est un travail qui doit être fait.

Il y a une aile privée à Providence dont Shuuzou n’a pas encore parlé à Mayuzumi, et il se sent coupable pour ça. C’est là où ils gardent les EVOs que Rex ne peut pas guérir. Et même si Providence rend les choses aussi confortables que possible pour ces âmes perdues, c’est quand même une rangée de cages avec des scientifiques qui les étudient, et ça rappelle un peu trop Teiko à Shuuzou pour son confort. Il ne descend pas ici souvent.

Bien sûr, peut-être que c’est parce Caesar Salazar est ici, à étudier les EVOs et à essayer de trouver un remède pour eux. Ça, ça n’avait pas été une réunion plaisante. Shuuzou avait donné un coup de poing au visage de Caesar quand il était réapparu (et il n’avait pas été la dernière personne qui avait eu cette réaction à la vue du frère aîné de Rex).

Plus tard, Caesar avait essayé d’expliquer : « J’étais juste intéressé par la science. Je ne savais pas ce qu’ils faisaient aux enfants. »

« Ils étaient pas subtiles, Caesar. Tu aurais savoir ce qu’ils faisaient, » avait dit Shuuzou.

Mais Caesar Salazar était exactement le genre de scientifiques tête-en-l’air qui ne réaliseraient pas que des enfants meurent tout autour de lui. Shuuzou n’aime pas travailler avec un ancien scientifique de Teiko, mais il s’y fait. Quand même, ce n’est pas quelque chose qu’il pourrait expliquer à la Génération Miracle.

Donc non, il ne vient pas dans cette section souvent. Mais voir le Yellow Six et savoir qu’elle est toujours là dehors le force à descendre ici.

« Si tu voulais nous torturer, il y a d’autres moyens préférables. »

« Je suis pas là pour vous torturer, Nash. J’ai juste pensé que je passerais dire bonjour. »

Nash Gold Jr. émet un ronflement moqueur. Jason Silver est de l’autre côté, allongé sur son lit à faire semblant de dormir. Shuuzou sait qu’il ne dort pas – ils ne dorment jamais quand il est dans la pièce.

« La torture, c’est mieux que te voir, » dit Nash. « Dis-moi, Shuuzou, tu prétends toujours être une bonne personne ? »

Shuuzou ne sait pas vraiment pourquoi il a pris la peine de venir ici. « Je n’ai jamais prétendu être une bonne personne, Nash. Je suis juste une meilleure personne que toi. »

Nash éclate de rire. « Continue de te dire ça, Rainbow. »

Il n’y avait pas d’intérêt à venir ici. Nash Gold et Jason Silver sont juste deux monstres de plus qu’ils ne savent pas encore comment guérir. Donc il se tourne et part et essaye de ne pas penser à quel genre de personne il est.

*

En haut, Caesar Salazar regarde à travers un microscope. « Rex te cherchait tout à l’heure, » fait remarquer Shuuzou.

« Ah, » dit Caesar. « Dis-lui que je reste là. Agent Six et Dr. Holiday ont pensé que je devrais pas me balader pendant que tes amis te rendent visite. »

« Bonne décision, » fait remarquer sèchement Shuuzou. « Il te tuerait. Sans aucun doute. »

« Hm. Tu penses que ça aiderait si je m’excusais ? »

« Ça m’a jamais aidé. Et il est bien plus intransigeant, » dit Shuuzou, en sortant.

Il tourne à un couloir pour entendre la voix glaciale et exaspérée de Himuro Ryuichiro qui dit : « –à court d’hommes humains ? »

« Peut-être, Père, mais apparemment il y a tout un éventail d’hommes pas humains avec qui j’aurais pu sortir. Tu allais me dire un jour que tu travaillais pour un établissement d’expériences humaines ? »

« Je ne travaille pas pour eux, nous sommes associés. Et honnêtement, Tatsuya, si c’est ce que tu fais au Japon, il est peut-être temps pour toi de rentrer à la maison. »

« Hey, hey, Murochin, c’est ton père ? »

Le père et le fils s’arrêtent tous les deux pour fixer Murasakibara, qui se tient debout d’une manière paresseuse et qui observe le père de Himuro. « Il est tout petit. »

La menace n’est pas exactement là. Mais ça pousse Ryuichiro à s’arrêter net avant de soupirer. « Je désapprouve, Tatsuya. »

« Et je m’en fiche, Père, » dit Himuro. « Bonjour, Shuu. »

« Me laisse pas vous déranger dans cette réunion de famille touchante, » dit Shuuzou.

« C’était déjà assez mal quand tu sortais avec lui, » dit Ryuichiro, montrant Shuuzou de la main avant de partir.

« On sortait pas ensemble ! » glapit Shuuzou quand Murasakibara tourne son attention vers lui. « On est jamais sortis ensemble ! » Il penserait presque que Ryuichiro a fait ça exprès.

« Pas parce que j’ai pas essayé, » dit joyeusement Himuro. « J’ai offert de coucher avec Shuu plein de fois. »

« Pourquoi t’es comme ça ? » demande Shuuzou. Murasakibara est grand et assez fort pour être une menace imposante même sans ses super-pouvoirs.

« Hmph, » dit Murasakibara. « Je m’ennuie, Murochin. L’Amérique, c’est ennuyant. »

« On va aller à plus de confiseries plus tard, » promet Himuro. « Et je connais une boutique de donut qui a plus de 180 sortes de donuts. »

Murasakibara hoche le tête comme si c’était une offrande acceptable et il s’en va. Himuro observe Shuuzou d’une manière indéchiffrable qui lui est propre. « Et toi tu as certainement négligé de me dire que tu connaissais mon père. »

« Pardon, » dit Shuuzou, pas particulièrement désolé. « Je suis surpris que tu n’aies pas fait le lien après que tu aies compris qui j’étais. » Jeune Himuro n’avait été dans les alentours de Providence qu’à cause des affaires de son père. Himuro ne fait qu’hausser les épaules, comme pour dire qu’on peut difficilement le blâmer pour ne pas avoir tout compris.

« Hey, Tatsuya, comment t’as découvert que j’étais un Rainbow ? Mon nom de famille à lui tout seul aurait pas dû suffire. »

C’était quelque chose qu’il se demandait depuis cet appel à l’aide. Himuro avait dit : « 989, » et Shuuzou avait rigolé et dit : « Tu les as toujours aimé grands et larges, » oubliant pendant une seconde que c’était impossible pour lui de savoir quel Miracle été 989, parce que les désignations n’ont jamais été rendues publiques.

Et Himuro avait juste dit : « Hey, Shuu– j’ai une question étrange à te poser… est-ce que t’es un Rainbow ? »

C’était une question tellement inattendue et tellement formulée avec brio pour le prendre par surprise que tout ce qu’il put faire, c’était rire et dire :  « Comment t’as compris ça ? » Parce que même s’il avait essayé de le nier, il aurait été pris juste à cause du fait qu’il en savait assez pour nier. S’il avait eu le temps de réfléchir, il aurait feint l’ignorance, mais Himuro était très doué pour le prendre par surprise.

Himuro n’avait jamais expliqué le comment, il n’avait fait que continuer d’expliquer pourquoi ils avaient besoin de son aide.

« Hmm. Je suis pas sûr de pouvoir vraiment l’expliquer, » confesse maintenant Himuro. « Il y avait toujours des petits trucs qui étaient juste un peu bizarres – des références d’enfance que tu captais pas, ou des petites coutumes que tu connaissais pas. »

« J’étais un étranger en Amérique, » fait remarquer Shuuzou.

« Moi aussi. Et c’est probablement pour ça que j’étais le seul à le remarquer. Et de toute façon, une fois qu’ils ont expliqué pour les Rainbows c’était juste logique. Il y a toujours eu quelque chose de mystique chez toi, Shuu. »

Shuuzou secoue la tête parce que ça ça semblait être une déclaration absurde de la part de Himuro Tatsuya, qui était trop joli et trop indéchiffrable pour être un lycéen normal et qui en était pourtant un. Mais il laisse couler.

« Et, » Himuro penche la tête, le regardant. « Parfois il y avait cette… tristesse chez toi. Atsushi et les autres – ils avaient ça aussi. »

« Hm, » dit Nijimura. Oui, c’est probablement vrai. Mais il veut dépasser ça. « Eh bien, essaye de pas trop irriter ton père, on a besoin de son argent. »

« Je peux pas te promettre ça, » dit sereinement Himuro.

*

Shuuzou veut trouver Mayuzumi mais finit d’une manière ou d’une autre par trouver Akashi Masaomi en train de titiller Himuro Ryuichiro et Agent Six. L’homme d’affaire et l’ancien mercenaire ont tous les deux l’air d’être en train d’envisager les mérites d’assassiner le magnat.

« Eh bien, c’est certainement un endroit pittoresque que vous avez là les garçons, » dit Masaomi avec allégresse. « Un peu décrépit mais vous pouvez difficilement faire autrement avec votre budget. Ah ! Tout juste le Rainbow que je voulais voir. »

Shuuzou grimace parce qu’il ne peut pas s’empêcher de se mettre à la place de Six et de Ryuichiro dans cette situation – Masaomi n’est vraiment pas quelqu’un par qui on veut être remarqué. Il ne le prend même pas personnellement quand Agent Six et Ryuichiro prennent tous les deux l’occasion de s’enfuir. Il aurait fait la même chose à leur place.

« Bonjour, Rainbow, » dit Masaomi.

« Bonjour, Mégalomane, » dit Nijimura.

« Quel genre de personne s’enfuit d’un établissement qui fait des expériences humaines et en joint volontairement un autre ? »

« Providence travaille avec la nanotechnologie, » dit tout de suite Shuuzou.

« Ouais, c’est adorable, » dit Masaomi, avec un sourire condescendant qui a le don d’agacer Shuuzou.

« Vous avez une raison pour être ici ? » demande Shuuzou.

« Pour te parler, » répond Masaomi. « Et aussi pour prendre des nouvelles de Pêche. Il est un atout important pour les Akashi Industries, et je dois m’assurer qu’il soit bien installé. »

Shuuzou a déduit que ‘Pêche’ est Mayuzumi, et il a un léger spasme à l’entente du petit surnom. Il n’est pas certain de pourquoi ça le dérange, mais ça le dérange.

D’accord, il ne fait aussi pas tout à fait confiance à cet homme en ce qui concerne Mayuzumi. Mayuzumi avait dit : « Apparemment, je fois rester en Amérique pendant un moment. Il y a de bonnes chance que Masaomi puisse décider que je suis mieux mort, et j’aime vivre. »

Il ne l’avait pas dit d’une manière nerveuse – en fait il semble remarquablement peu dérangé par cette possibilité. Et pourtant Shuuzou n’avait pas eu l’impression que Mayuzumi blaguait et il n’aimait pas l’idée que Masaomi s’approche de Mayuzumi à cause de ça.

« Qu’est-ce que vous voulez de Chihiro ? » demande Nijimura, insistant sur le nom.

Masaomi le regarde, légèrement amusé. « Eh bien, rien. J’ai beaucoup d’estime pour Pêche. »

Shuuzou pèse le pour et le contre de laisser couler, mais ensuite il se dit qu’Akashi Masaomi n’était pas quelqu’un avec être subtil avait des mérites. « Je pense que vous êtes une menace pour la plupart des gens que vous connaissez, Akashi-san. Vous ne le connaissiez même pas depuis longtemps quand vous l’avez envoyé dans une mission dangereuse. »

« Qu’il a exécuté avec brio, toutes choses considérées, » rétorque Masaomi. « Il a complété sa mission à mon entière satisfaction. J’ai beaucoup d’attentes pour lui. »

« Arrêtez, » dit Shuuzou. « Laissez-le en dehors de ça. »

Masaomi hausse un sourcil. « Dis donc, Nijimura-kun. Essaye-tu d’avoir une place dans son lit ? Parce que je suis persuadé que tu perds ton temps. Je sais de source sûre que Pêche ne veut que lui-même dans son lit.

« Merci pour cette estimation, » dit sèchement Shuuzou, et il décide d’ignorer complètement la question. « C’est mon ami. Et je pense que vous détruisez les gens. »

Masaomi sourit à pleines dents, pas du tout perturbé par cette description de son caractère. « Peut-être. Mais. J’aime avoir des pions, Nijimura. Et Pêche est un pion très utile. »

Il y a une étincelle très particulière dans les yeux de Masaomi, et Shuuzou réprime l’envie de soupirer. Il savait que Masaomi voulait quelque chose dès que cette conversation a commencé. C’était pour ça qu’il s’était assurer que ce soit clair depuis le début qu’il voulait aussi quelque chose de Masaomi. Maintenant c’est juste une histoire de voir à quel point il est doué pour faire un pacte avec le diable. « Vous voulez quoi ? »

Masaomi sourit à pleines dents, appréciant sûrement les négociations. « J’ai deux questions pour toi. Eh bien, en fait une seule question, mais elle vient en deux parties. »

« Allez-y, » dit Shuuzou avec méfiance.

Masaomi redevient sérieux, comme si ce n’était plus amusant, et Shuuzou se contracte à cause de ça. Il y a quelque chose dans le sérieux de Masaomi qui donne aux questions l’air encore plus dangereuses.

« Je veux que tu me dises tout ce que tu sais à propos de deux missions de Teiko. »

Shuuzou hausse les sourcils – il ne peut pas s’en empêcher, ce n’est pas ce à quoi il s’attendait de la part de Masaomi. « Je ne peux pas vous garantir de savoir quoi que ce soit. King a été comparativement à très peu de missions. Mais je serai heureux de vous dire tout ce que je sais. » A un prix, reste tacite, mais compris. Masaomi acquiesce, indiquant qu’il sait qu’un accord vient d’être passé.

« J’ai besoin que tu me dises tout ce que tu sais sur une mission qui s’est passée il y a neuf ans à Beyrouth, » le regard de Masaomi le cloue sur place. « Et sur une mission qui s’est passée il y a onze ans au Caire. »

Shuuzou fronce les sourcils. L’air autour d’eux est lourd et dangereux. Il ne comprend pas ce qui se passe mais il sait d’instinct qu’il doit faire attention à ce qu’il va dire. « Beyrouth était une mission de Jabberwocky qui a mal fini. Je peux vous dire ce que je sais, mais c’est vraiment pas beaucoup. Et je sais pas exactement pourquoi vous me demandez à moi pour le Caire. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demande Masaomi.

Le cœur de Shuuzou se met à battre plus vite, il a l’impression qu’il est probablement en train de faire une erreur ou commettre peut-être une trahison. « Le Caire, c’était une mission de Miracle. Votre fils en saurez plus sur le Caire que moi. »

C’est impossible de dire ce que Masaomi pense. « Que dis-tu de me raconter tout ce que tu sais sur les deux quand même ? »

Shuuzou hésite pendant juste une seconds, avant de le faire.

*

Mayuzumi baisse les yeux sur son carnet et il se sent immensément fier de lui-même.

Sagittaire – soldats ; vitesse, force améliorées ; résistance à la douleur ?

Capricorne – personnes-poissons. Respirent sous l’eau ; vitesse et force améliorées sous l’eau

Balance – manipulation des émotions

Gémeau – jumeaux ; lien télépathique entre eux

Poisson – manipulation d’énergie

Taureau – augmente/diminue la densité

Scorpion – douleur intense au toucher (fait un mal de chien!!)

Cancer – compulsion de dire la vérité et effacement de mémoire

Bélier – hypnose

Vierge – télékinésie

Verseau – hydrokinésie

Lion – influence la vélocité

Et ouais, il n’a pas vraiment fait beaucoup d’interrogatoires subtils pour obtenir les dernières infos, mais il a marchandé les négociations, et vraiment, il s’est senti très victorieux du résultat.

« Tu sais, plus personne utilise de carnet. C’est un peu nul, » fait remarquer Nijimura, arrivant derrière lui.

« Je sais, » dit Mayuzumi, refermant et rangeant son carnet. « C’est pour ça que je les utilise. Les carnets, ça peut être hackés. »

« C’est pas faux, » autorise Nijimura.

Mayuzumi l’observe. « Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as l’air perturbé. »

Nijimura lève les yeux, surpris, mais ensuite il sourit doucement. « Peu de personne aurait pu le remarquer. »

Mayuzumi affiche un air renfrogné, parce qu’il n’aime vraiment pas la façon dont Nijimura n’arrête pas d’agir comme s’il avait fait quelque chose d’extraordinaire. « Tu évites la question, et tu penses que je vais pas le remarquer si tu prétends que je suis spécial. »

« Tu es spécial, » dit Nijimura avec tendresse. « Et j’évite pas. Je suis perturbé. Je parlais avec ton boss. »

« Ah. Pas besoin d’en dire plus. »

« Oh ? »

« Masaomi a tendance à tirer cette réaction de la plupart des gens à qui il parle. »

« Ouais j’en doute pas, » dit Nijimura. Il soupire, et Mayuzumi peut le voir réarranger ses pensées, repoussant la discussion qu’il a eue avec Masaomi hors de son esprit. Ensuite il sourit à Mayuzumi, étincelant et sincère. « Je suis vraiment content que tu restes pendant un moment, Chihiro. »

Mayuzumi fronce les sourcils. « Arrête ça. »

« Arrête quoi ? »

« De faire semblant de flirter. C’est chiant. »

Nijimura éclate d’un rire tremblant. « Oh, mec. Je m’y suis clairement mal pris. Je fais pas semblant. Je flirte avec toi depuis qu’on s’est rencontré. Me dis pas que t’as pas remarqué ? »

« Euh, » dit Mayuzumi, ne s’attendant pas à ce changement de conversation. « Généralement je le remarque pas. » Il fronce les sourcils et Nijimura fait ce petit arc avec les siens qui est étrangement suggestif.

« Je t’ai dit que je suis asexuel, » dit Mayuzumi, pensant toujours que Nijimura joue peut-être à une sorte de jeu. Mais puisqu’il n’a aucune idée quel jeu c’est, il doit le prendre au mot et lui donner une réponse honnête.

« Ouais, moi aussi. Je te propose pas un coup rapide dans le placard à balais, j’essaye de te dire que j’aimerais sortir avec toi. »

« Quoi ? » dit Mayuzumi, son cerveau s’arrêtant net.

« Euh. Quelle partie t’as perdu ? » demande Nijimura, fronçant légèrement les sourcils.

« T’es pas asexuel. »

« Si, je suis assez sûr que si ? » dit Nijimura, le regard toujours d’un être interrogatif. « Je te l’ai dit. »

« Quand ? »

« Quand je t’ai parlé des Rainbows ? On était tous asexuels. »

« T’as pas dit ça ! » dit Mayuzumi avec indignation. Mais il décide que ce n’est pas vraiment le problème. « Donc pourquoi tu me demandes à moi de sortir avec toi ? »

« Eh bien, tu vois, c’est pour ça que c’est important de faire la distinction entre asexuel et aromantique– » à la vue du regard noir de Mayuzumi il se dépêche de dire. « Même si j’admets que mon timing était mauvais quand je t’ai posé la question. Tu veux vraiment jamais sortir avec personne ? »

« Historiquement parlant, non, » dit Mayuzumi, fixant Nijimura et réalisant soudainement qu’ils ne jouent pas un jeu mais il n’a aucune idée de ce qu’il est censé faire. « Je vais jamais coucher avec toi. »

« Je te le demande pas, » dit Nijimura, sonna t toujours légèrement amusé. « Le sex, ça me dérange pas si c’est ce que mon partenaire veut, mais si ça l’est pas, je suis parfaitement content sans. »

« Alors c’est quoi l’intérêt ? » s’exclame Mayuzumi. « On est amis, en quoi sortir ensemble ce serait différent ? »

« Je pourrais t’appeler mon petit-copain et on sortirait occasionnellement et on ferait des câlins– » Nijimura éclate de rire, mais c’est un rire un peu dur, et il détourne le regard. « Wow, OK, cette expression en dit beaucoup. Aïe. »

Mayuzumi n’est pas sûr du genre d’expression qu’il a mais il peut probablement deviner. « C’est pas– une chose à laquelle j’ai pensé un jour. »

« Je veux pas te mettre mal à l’aise, » dit doucement Nijimura. « Je vais arrêter de demander si tu détestes vraiment l’idée. Je t’aime juste vraiment beaucoup, Chihiro, et je voulais que tu le saches. »

Mayuzumi s’empêche de demander Pourquoi ? parce qu’il est terrifié à l’idée que s’il pose la question Nijimura pourrait vraiment lui dire et ce serait infiniment embarrassant.

Ce n’est pas qu’on lui a jamais demandé de sortir avec lui. Mais les gens battent ordinairement en retraite quand ils découvrent que le sex n’est pas une option. Et la romance – les câlins, faire des sortie – ce n’est pas quelque chose que Mayuzumi a un jour voulu. C’est difficile pour lui d’imaginer un futur dans lequel ce serait quelque chose qu’il pourrait vouloir. Mais. Personne ne lui a jamais offert de faire ça selon ses termes avant, et il découvre que c’est un peu perturbant. Tellement qu’il ne veut pas tout à fait (il est surpris de le découvrir) donner le refus automatique qui vient ordinairement avec tellement de facilité quand il est dans cette position.

« On s’est juste rencontrés il y a, genre, deux semaines, » fait remarquer Mayuzumi.

« Je sais, » dit Nijimura, souriant encore à pleines dents. « Je suis tombé très rapidement. »

« Oh, bordel, » dit Mayuzumi, se couvrant le visage, parce que c’est probablement la chose la plus embarrassante que quelqu’un lui ait jamais dite. « Je dis pas– je dis pas non, pas exactement. Je vais être en Amérique pendant un moment et je vais continuer de– travailler avec toi. Mais deux semaines c’est ridicule, je te connais à peine. Je suis même pas sûr de vraiment t’apprécier. Même si je te déteste pas, et que ça te différencie de 90 % des gens que je rencontre. Donc. Si t’es toujours intéressé, redemande-moi dans un an ou quoi, et on verra si on peut négocier les termes à ce moment-là. »

Nijimura éclate de rire. « T’es un vrai romantique, toi. C’est la proposition la plus sexy que j’ai jamais entendue, Mr Sacs de Thunes. »

« Arrête ça. »

« Non, non, c’est cool, je vais te négocier à fond, ça va être incroyable. »

« Je m’en vais. »

« Il pourrait même y avoir des contrats certifiés et des tableurs excels. »

« J’aime en effet les contrats correctement certifiés, » dit Mayuzumi, cédant enfin. « Je vais m’attendre à des tableurs qui ont l’air vraiment chics, Shuuzou. »

Les yeux de Nijimura s’écarquillent et ensuite il sourit, une fois encore une expression sincère d’allégresse. « J’ai hâte d’y être, Chihiro. »

Mayuzumi émet un ronflement moqueur, ne le croyant pas tout à fait. Beaucoup de choses peuvent arriver en un an, et toutes choses considérées Nijimura perdra sûrement son intérêt.

Mais en attendant, Mayuzumi a toujours un travail à faire. Et il est vraiment doué à ça.

*

Il faut trois semaines de plus avant que Shuuzou aille à Veracruz.

Il y a eu beaucoup détails à régler, et les supérieurs à Providence n’aimaient pas trop l’idée qu’il disparaisse une fois encore dans un endroit inconnu.

Et franchement, il n’a aucune idée de ce qu’il fait ici. Sauf que Riku a des morceaux d’un Gold à l’intérieur d’elle. Et parfois il s’imagine savoir quel Gold, mais ce serait impossible d’en être certain sans voir quelques dossiers de Teiko. Et peut-être qu’il ne veut pas en être certain ; c’est bien mieux d’être capable de prétendre que Tsukasa vit à l’intérieur d’elle.

Mais en tout cas, sa vie a changé une fois à cause d’une prophétie de Gold, et il pense que dans tous les cas, Riku a dit tu pourrais trouver quelque chose là-bas et c’est quelque chose qu’il prend très sérieusement.

Et. Il a une théorie. Un théorie folle, impossible et douloureuse. Mais il ne pourra pas se reposer tant qu’il ne sait pas. Donc il est à Veracruz, et il n’a aucune idée de ce qu’il est censé trouver ou comment il est censé le chercher, même s’il devait le trouver. Donc il ne fait que errer, se sentant un peu idiot.

Un petit enfant le bouscule, le faisant presque tomber. « Oomph, » dit-il, l’attrapant par instinct.

« Désolé, monsieur ! » dit-elle rapidement en espagnol.

« Ana est tellement maladroite, » charrie un garçon.

« La ferme ! » dit-elle, tapant des pieds et le poursuivant alors qu’il éclate de rire.

Shuuzou les fixe, se demande s’il est en train d’halluciner. Elle a des cheveux violets, et des yeux violets. Le garçon qu’elle poursuit a des cheveux et des yeux magenta. Et ça ne devrait rien dire, pas vraiment. Ça existe, les lentilles de couleur et la teinture à cheveux.

« T’es perdu, Nii-san ? » dit quelqu’un en japonais, et il ne pense pas à à quel point c’est bizarre d’entendre ça au Mexique, il répond juste dans la même langue : « Non, je suis pas perdu, je– »

Il s’arrête quand son interlocuteur. Sa gorge est tout à coup très sèche. Il s’humecte les lèvres, et il a l’impression qu’on vient de le frapper au visage avec un mulet. « 104 ? »

« Kazusa, » dit-elle, un grand sourire aux lèvres. « Là-bas il y a Azusa et Kazuto. » Elle montre l’endroit où un homme et une femme avec des visages similaires au sien se tiennent. « Nous t’attendons depuis très longtemps, Shuuzou. »

« Pas que nous pensions que tu allais venir, » dit Kazuto, sa voix grave.

« Mais nous pensions que tu le pourrais, un jour. Nee-san pensait que tu le pourrais, » dit Azusa. 103 était l’aînée des triplets, donc ‘Nee-san’ doit être quelqu’un d’autre…

Il déglutit. « Vous vivez dans le coin ? »

« Oh oui, » dit Kazusa. « Suis-nous, Nii-san. »

*

Il s’était préparé pour le vue de 62, maintenant une jeune femme digne avec des cheveux courts et un chapeau d’été.

Il ne s’attend pas aux enfants.

Les triplets les laissent seuls. Shuuzou regarde autour de la villa et il y a des enfants et des jeunes adultes aux cheveux sombres partout. Des enfants avec des cheveux jaunes, rouges, verts, bleus, roses, blancs, bleu clair – même des enfants avec des cheveux oranges qui jouent dans le ciel, et argents et dorés et gris et magenta ; toutes les couleurs de Teiko, riant et jouant.

« Je comprends pas, » dit Shuuzou. C’est la première chose qu’il dit à 62 après presque neuf ans, pensant qu’il ne la reverrait jamais, elle ou aucun des autres Rainbows. Pensant qu’ils étaient morts.

« C’est toi qui nous as dit ce que Miracle ferait, » dit 62.

Il baisse les yeux vers son bras et voit une cicatrice qui est assortie à celle qu’il cache sur son bandeau de bras. Ils doivent tous l’avoir, il réalise.

« C’est bien moi, » dit-il, sa gorge toujours serrée et douloureuse. « Les enfants ? »

62 ne le regarde pas. Elle observe les enfants qui jouent. « Nous ne désobéissons pas. Donc ils ne s’attendaient pas à de la désobéissance. Nous avons commencé à faire passer clandestinement des enfants juste après que tu sois parti. D’abord, ceux qui étaient marqués pour les ordures. Ensuite ceux qui étaient faits en lot, quand personne ne suspecterait quelques manquants. Nous leur avons trouvé des foyers au début.

« Ensuite quand Teiko a commencé à brûler nous avons retiré nos traqueurs, attrapant chacun tous les enfants que nous pouvions porter, et ensuite nous avons fui.

« Nous ne pouvions pas tous les sauver. Il y eut quand même tellement de morts. Tellement.

« Mais nous avons sauvé ce que nous avons pu. »

Il a l’impression d’être dans une sorte d’état dissocié. Il peut entendre les cris et les rires des enfants, il peut entendre les gens qui parlent autour d’eux, mais c’est comme s’il était dans un autre endroit que dans son corps. C’est trop pour qu’il l’intègre. Il n’est pas sûr de pouvoir un jour intégrer cette information. C’est ce que Tsukasa a vu. C’est le future que King est mort pour protéger.

« Pourquoi ? » sa voix se brise enfin.

« Ils méritent de vivre, » dit 62, le regardant enfin.

« Mais– » il n’a aucune idée de ce qu’il essaye de demander, ce qu’il essaye de dire. Il ne sait même pas ce qu’il ressent. « Pourquoi vous les avez sauvés ? »

« C’est une question étrange venant toi, Shuuzou. C’est à cause de toi. »

Il n’a jamais rien fait d’aussi bien. Il n’aurait pas pu être l’inspiration de ceci.

« Nous étions leurs cauchemars, » dit 62. Sa voix est tout aussi neutre qu’elle l’a toujours été. Mais il ressent une immense quantité de gentillesse venant d’elle. « Nous étions leur faiblesse, leurs punissions, leurs monstres ; nous étions tout ce qu’on leur avait appris à craindre.

« Mais toi, Shuuzou. Ils n’avaient pas peur de toi. King t’aimait. Même Miracle te respectait. Et ça nous a poussés à vouloir être quelque chose d’autre pour eux. »

« Est-ce que ça fait mal ? » dit Nijimura. Parce qu’il se sent étourdi, et ce n’est pas entièrement à cause des révélations qu’il expérimente. Il n’a pas été autant d’autant de Projets depuis qu’il a aidé Miracle a descendre Jabberwocky, et ça lui donne un peu le tournis.

« Pourquoi ça devrait faire mal ? Nous ne sommes pas là pour les restreindre. »

Il a vécu en paix avec les autres Projets, autrefois.

« Ça ne peut pas être une véritable surprise pour toi. »

Il rit presque au point de l’hystérie. « Je te l’assure, je suis très surpris. C’est– au-delà de ce que j’étais capable d’imaginer. »

« Mais tu savais pour nous, » dit 62.

Il secoue la tête. « Une partie de moi s’est toujours demandé si vous vous en étiez sortis. Et la Lignée-Héritage n’arrêtait pas de parler d’à quel point les Rainbows sont horribles, et de comment on devrait tous mourir, et j’ai pensé qu’ils ne pouvaient pas parler que de moi... »

« Ça nous a aidé que tu sois là dehors à attirer l’attention loin de nous, » admet 62. « Mais Shuuzou, tu es chez toi ici, si tu le souhaites. »

Shuuzou a du mal à garder le contrôle de son expression faciale. « Merci, » dit-il, sa voix rauque. « Je le pense vraiment. Mais j’ai déjà un chez moi. »

Elle hoche la tête, comme si elle s’y attendait. « C’est un secret qui doit être protégé à tous prix, Shuuzou. »

« Je le dirai à personne, je le jure. » Il se demande s’il devrait mentionner Miracle mais il balaye cette idée. Ils ne doivent pas vouloir que Miracle sachent, et il ne leur en veut pas. D’une certain manière, Miracle est toujours trop comme Teiko.

« Je le jure sur ma Génération, je protégerai ce secret. » C’était la promesse la plus forte qu’il connaisse.

« Ta parole me suffit, Shuuzou. »

« Je– » il se sent toujours un peu perdu. « Je connais pas ton nom. »

Elle sourit alors, juste la plus petit des courbes de ses lèvres. « Anri. Nijimura Anri. Je pensais que ça ne te dérangerait pas. »

« Ça ne me dérange pas, » dit-il. « J’en suis honoré. »

Elle était ce qu’il avait de plus proche d’une grande sœur. Ce qui lui restait de plus proche d’une famille.

Soudainement, c’est un peu trop pour lui. Il commence à pleurer, et elle le tient dans ses bras, et il s’enfonce dans son épaule, parce qu’il a voyagé tellement loin et il a été si seul depuis que King est morte.

Et maintenant il a de nouveau une famille.

Notes:

NdA : Azusa, Kazusa et Kazuto ont été proposés par quelqu’un utilisant le nom sumesume, mais je crois pas que c’est relié au tumblr que j’ai trouvé avec le même nom ? Donc on dirait que c’est une proposition anonyme, ce que je ne savais pas qu’on pouvait faire, mais mon ami.e, si tu lis ceci, fais-moi savoir comme te donne crédit pour leur apparition =)

Merci à *tout le monde* qui a lu cette histoire ! Vos kudos, commentaires et votre soutien silencieux est très important pour moi ! Merci tellement !!

NdT: Je ne sais pas quand je pourrais publier la fin de cette série. Je suis toujours en train de travailler dessus, mais la dernière histoire est très longue. Je n'abandonne pas ! Mais ce ne sera certainement pas pour tout de suite...

Notes:

NdA : Ça va être des notes assez long, donc supportez-moi une minute, désolée les amis ! Cette histoire a mis beaucoup de temps à être écrite et sa structure est un peu bizarre. Elle inclut un crossover random avec le cartoon américain Generator Rex mais c’est un crossover incroyablement mineur et absolument aucune connaissance de Generator Rex n’est nécessaire pour lire cette fic. Je l’ai surtout fait pour le fun, et aussi parce que c’était un peu pratique d’avoir un établissement déjà tout prêt.

Cette histoire inclut aussi beaucoup de personnages originaux qui n’ont pas été créés par moi. Il y a un bail sur tumblr j’ai décidé que ceux qui lisent cette histoire ne le font certainement que parce qu’ils aiment vraiment Désignation : Miracle, et que si c’était le cas, je voulais faire quelque chose pour ces personnes qui aiment cette série, donc j’ai créé cette offre ici pour que les gens propose leurs propres personnages originaux qui apparaîtraient dans l’histoire. Je vais créditer ces personnages et parfois leurs rôles sont très secondaires, mais c’était un très grand honneur pour moi d’utiliser les personnages que d’autres personnes ont créé et voulaient voir dans cet univers.

Dans le premier chapitre, Vincent Gallager appartient à mist-me et Ryder Stevens appartient à i-dont-understand-anything-ever.

J’ai encore une fois choisi de ne pas utiliser les archive warnings parce que la situation est un peu compliquée. Cette histoire est, à mon avis, bien plus légère que certaines des autres histoires qui sont apparues dans cette série et le genre de violence qui apparaît vraiment est très standard par rapport à la violence qui est apparue dans la série jusqu’ici. *Cependant* il y a certaines choses mentionnées/impliquées qui sont arrivées à des personnes orignaux secondaires qui pourraient potentiellement déranger certaines personnes. J’ai créé une page ici sur tumblr pour parler de ces choses au cas où quelqu’un s’inquiète et veut être prévenu, mais je ne voulais pas mettre des spoils ici.

Aussi je veux rien spoiler, mais, même si cette histoire est techniquement une fic Gen, il y a des problème de relations qui arrivent dans cette histoire que j’espère avoir transmis d’une manière respectueuses, mais dont on peut aussi parler sur cette page dans le lien ci-dessus au cas où quelqu’un veut vérifier en avance.

Oh mon dieu, pardon pour ces notes de fin massives.

Comme toujours, merci tellement d’avoir lu ! Les commentaires et les kudos sont sérieusement la raison pour laquelle je continue d’écrire plus d’histoire, donc merci tellement ! Et merci à tous les lecteurs silencieux, je vous aime aussi !! =D N’hésitez pas à me trouver sur tumblr pour des reblogs d’anime sans fin et des écrits et plus de fun de Désignation : Miracle.

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